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    Plan détaillé Texte intégral 1. Localisation du site dans l’espace urbanisé 2. Contexte de l’intervention archéologique 3. État des connaissances. Rappels et mises à jour 4. Méthodologie 5. Chronologie du site 6. La communauté humaine de Saint-Chéron durant le haut Moyen Âge Conclusion Bibliographie Notes de bas de page Auteurs

    L’archéologie des ve-xiie siècles en région Centre-Val de Loire

    Ce livre est recensé par

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    Table des matières

    L’habitat des viie-ixe siècles du site de Saint-Chéron à Chartres. Structures et mobilier

    The 7th-9th century settlement of the Saint-Chéron site in Chartres. Structures and furniture

    Dominique Joly, Ingrid Renault, Julie Rivière et Jean-François Goret

    p. 51-72

    Résumés

    Le site de Saint-Chéron, à Chartres, a livré, entre autres, des vestiges datés des viie-ixe s. : fonds de cabanes, fosses, fossés, four, témoins d’un habitat morcelé et très modeste situé en dehors des limites habitées et symboliques de la ville antique, sans doute accolé à l’une des premières abbayes de la ville. Le mobilier céramique, peu abondant, comprend majoritairement des formes locales et d’autres importées depuis l’Île-de-France. Les animaux consommés (bœuf, capriné, porc auxquels il faut ajouter quelques équidés, coqs, oies et chiens) sont probablement élevés sur place. Un petit atelier a fabriqué des peignes en os et bois de cerf. Un squelette de lynx fut enfoui dans une fosse.

    The site of Saint-Chéron, in Chartres, has delivered, among other things, vestiges dated to the 7th-9th centuries: sucken hut, pits, ditches, ovens, witnesses of a fragmented and very modest habitat located outside the inhabited and symbolic limits of the ancient city, probably adjacent to one of the first abbeys of the city. The ceramic furniture, not very abundant, includes mostly local forms and others imported from the Île-de-France. The animals consumed (beef, goats, pigs, plus a few equines, roosters, geese and dogs) were probably raised on site. A small workshop made combs from bone and deer antlers. A lynx skeleton was buried in a pit.

    Entrées d’index

    Mots-clés : VIIe-IXe s., fond de cabane, fossé, fosse, four, poterie commune, artisanat de l’os et du bois de cerf, lynx

    Keywords : 7th-9th centuries, sucken hut, ditch, pit, oven, common pottery, bone and antler crafts, lynx

    Texte intégral 1. Localisation du site dans l’espace urbanisé 2. Contexte de l’intervention archéologique 2.1. Étude d’impact et protection 2.2. Fouille 3. État des connaissances. Rappels et mises à jour 3.1. Les sources textuelles 3.2. Révision des interprétations archéologiques 3.3. Révision des datations des tombes du très haut Moyen Âge 4. Méthodologie 4.1. Les données des structures 4.2. Données quantitatives et critères de datation de la céramique 5. Chronologie du site 5.1. Une grande nécropole, milieu ve-1re moitié du viie s. (phase 3) 5.2. Développement d’un habitat 2e moitié du viie s. (phase 4) 5.3. Réduction de l’espace funéraire et extension de l’habitat (phase 5, deuxième moitié du viie-ixe s.) 5.4. Le mobilier associé 5.4.1. Un lot de céramique domestique (phases 4 et 5) 5.4.2. Des restes osseux animaux domestiques (phases 4 et 5) 5.4.3. Le mobilier en matière dure animale 5.4.4. Un lynx boréal captif 6. La communauté humaine de Saint-Chéron durant le haut Moyen Âge 6.1. Des céramiques locales et d’autres importées 6.2. Alimentation et activités de transformation des matières animales Conclusion Bibliographie Sources Bibliographie Notes de bas de page Auteurs

    Texte intégral

    1. Localisation du site dans l’espace urbanisé

    1Le site dit “Saint-Chéron Lycée” se situe, à Chartres, sur le plateau est, en rive droite de l’Eure, qui coule à plus de 800 m de là, environ 25 m en contrebas (Fig. 1). Durant l’Antiquité, ce secteur de la ville n’est pas urbanisé et se trouve à l’extérieur du grand fossé dit “augustéen” qui matérialise les limites urbaines du Haut-Empire (Joly et Gibut 2009). L’abbaye Saint-Chéron y est établie à partir du vie s. Elle subsiste jusqu’à la Révolution, devient le Petit Séminaire, puis est transformée, en 1906, en orphelinat. Les bâtiments subsistant en 1989 font actuellement partie intégrante, depuis sa création en 1991, du lycée Fulbert.

    Fig. 1 - Localisation du site de Saint-Chéron (no 7) dans la ville de Chartres vers 950.

    En haut à droite, carte des provinces ecclésiastiques en Gaule à l’époque mérovingienne et, à l’est avec cercle à fond blanc, les provinces reconstituées à l’époque carolingienne, d’après Dubois 1965.

    DAO : D. Joly.

    2. Contexte de l’intervention archéologique

    2.1. Étude d’impact et protection

    2En 1989, le projet de construction du lycée Fulbert a justifié la prescription d’une étude d’impact couvrant une superficie de 8,3 ha dont un tiers était alors boisé (Fig. 2). Cette opération a mis en évidence la présence, dans la partie ouest du terrain, d’un groupe de tombes à crémation, mais surtout, dans la partie est du site, d’environ 6 000 sépultures à inhumation (estimation à partir des densités rencontrées dans les tranchées durant l’étude d’impact). La prescription de fouille qui a suivi fut assortie de dispositions techniques visant, par endroits, à exhausser le niveau du sol afin de protéger la majeure partie des vestiges. Ainsi, seuls les secteurs immédiatement menacés par les constructions ont été fouillés.

    Fig. 2 - Localisation du site de Saint-Chéron dans le cadastre actuel et emprise prescrite pour l’étude d’impact.

    Emprises des tranchées et des secteurs fouillés.

    (DAO : D. Joly).

    2.2. Fouille

    3La fouille s’est déroulée de juin 1989 à octobre 1990, concentrée dans quatre secteurs dénommés nord, est, principal et logis de l’abbé (Fig. 2), soit environ 4 300 m2 décapés pour environ 2 200 m2 fouillés1. Cette opération a mis au jour des vestiges appartenant à plusieurs grands ensembles successifs : des tombes à crémation antique, un grand ensemble d’inhumations, un habitat rural du haut Moyen Âge, une occupation liée à l’abbaye jusqu’à la Révolution. La présente publication concerne les seuls vestiges d’habitat alto-médiévaux. Cependant, il convient auparavant de donner les éléments qui permettent d’établir l’enchaînement chronologique de ces structures, en particulier grâce à de nouvelles études de mobilier et à l’utilisation de méthodes de datation qui n’étaient pas disponibles à l’époque de la fouille et de la rédaction du rapport préliminaire en 1992 (Joly 1992).

    3. État des connaissances. Rappels et mises à jour

    3.1. Les sources textuelles

    4L’existence, en 836, d’une église et d’une communauté chrétienne sur le site de Saint-Chéron est bien établie par les textes. Lors du passage à Chartres des reliques de saint Liborius du Mans, les membres du cortège furent conduits “vers le site caché du temple de saint Chéron, là où repose son corps non loin de la ville” (traduction de la Translatio S. Liborii, in Picard 1992 : 40).

    5Mais à quelle période remonte cet établissement ? Nous pouvons nous référer, d’une part, au texte qui relate la vie de saint Chéron, écrit au xe s. : “À l’époque de l’évêque Pappolus [573-585], un aristocrate du nom de Sechranus aurait construit sur sa tombe [celle de saint Chéron] une basilique où l’évêque aurait installé une communauté monastique” (Picard 1992 : 41). Cette vie fait de Caraunus-Chéron un missionnaire tué et décapité par des voleurs alors qu’il se rendait de Chartres à Paris et qui aurait porté sa tête jusqu’au lieu actuel dit “Saint-Chéron” où il souhaitait être inhumé.

    6Puis, dans les Acta Sanctorum (éd. de 1688 pour saint Chéron) est cité le prêtre Leodegesilus, accompagnant, à la demande du roi Clotaire II (mort en 628), son fils malade pour aller prier, à Tours, sur le tombeau de saint Martin. Ils s’arrêtent à Chartres et sont accueillis dans le monastère qui existe donc à cette époque (avant 628).

    7Par ailleurs, la toponymie suggère que le “caraunus sacré” primitif serait une “butte sacrée” où l’on inhumait les morts et qui a donné naissance à la légende d’un saint compagnon de saint Denis, comme lui céphalophore, contribuant ainsi à christianiser une nécropole païenne2 (Villette 1975).

    3.2. Révision des interprétations archéologiques

    8La relecture des données archéologiques atteste bien l’existence de tombes antiques, à proximité desquelles est fondé un vaste cimetière chrétien. Cependant, la nécropole antique évoquée par les auteurs récents depuis les découvertes de tombes et de stèles funéraires en 1869 (Lecocq 1870) ne se situe pas à l’emplacement de la fouille de 1989-90 mais dans le “parc”, soit dans la partie sud-ouest du quartier Saint-Chéron, actuellement boisée, au sud des tombes à crémation observées durant l’étude d’impact (Fig. 2). Les tombes mises au jour durant la fouille dans les secteurs nord, est et principal, appartiennent donc à une nécropole pour laquelle se pose la question à la fois de sa genèse et de son recrutement. Est-elle liée à la communauté religieuse fondée (peut-être) par l’évêque Pappolus au vie s. ? Les inhumés sont-ils issus de celle-ci ou bien des laïcs vivant à proximité ?

    9Le présent travail corrige donc, pour les vestiges appartenant au domaine funéraire, les interprétations antérieures – le grand ensemble funéraire à inhumation est chrétien et non une nécropole païenne – en particulier les mentions publiées dans la carte archéologique de la Gaule en 1995 (Joly et Sellès 1994) et dans divers articles (Joly et Goustard 1991 ; Joly 1992, 1 ; Joly 1998), mais ne répond pas à la question du statut des inhumés.

    3.3. Révision des datations des tombes du très haut Moyen Âge

    10La publication, dans cet article, des vestiges appartenant au haut Moyen Âge fut aussi l’occasion de revoir les datations des structures proposées peu de temps après la fouille, en particulier celles des tombes contenant du mobilier de cette période. L’usage de la chronologie normalisée du mobilier funéraire mérovingien en Normandie et Lorraine (Legoux, Périn et Vallet 2009) a resserré les fourchettes de dates. Les tombes concernées contenant du mobilier datant (au nombre d’onze) sont désormais à situer entre 520 et 640 ap. J.-C. Les relations stratigraphiques, une série de quatorze monnaies et une douzaine d’analyses radiocarbones situent les autres tombes entre les bornes extrêmes suivantes : 129-318 pour la plus ancienne et 625-775 pour la plus récente, ce qui étire encore un peu dans le temps l’utilisation de cet ensemble funéraire. Il faut signaler aussi la présence, dans la tombe 562 datée par radiocarbone (Ly-10308) entre 625 et 775, d’un sarcophage en plomb décoré d’une représentation moulée d’Hercule ivre (unicum dans ce matériau) dont la place dans une nécropole des vie-viiie s. est, semble-t-il, peu courante.

    4. Méthodologie

    4.1. Les données des structures

    11Toutes les structures archéologiques observées sont renseignées dans la base de données informatisée SysDA3. Chacune d’elles est décrite en détail, documentée par un plan et un profil, un ou plusieurs clichés, mise en relation avec le mobilier qu’elle contenait, etc. Ces structures sont réparties dans onze phases dont trois seulement (phases 4 à 6, soit 74 structures) appartiennent à la période concernée par cet article, mais il n’a pas été possible (faute de place) de les représenter toutes. Les figures sont donc composées de planches synthétiques illustrées par les structures typologiquement les plus caractéristiques. Il a cependant paru utile de présenter brièvement les phases antérieures (cf. infra).

    4.2. Données quantitatives et critères de datation de la céramique

    12Le mobilier du site de Saint-Chéron a livré, pour le haut Moyen Âge, un total de 990 fragments (NR) pour 151 individus (NMI). Les ensembles retenus pour les phases 4 et 5 réunissent un lot de 705 fragments représentant un NMI de 68 vases, inégalement répartis dans 35 structures (structures semi-excavées, fosses, fossés, foyer, four). Aucune céramique n’a été retrouvée en contexte funéraire. Les comblements de ces structures révèlent un mobilier de rejet très fragmenté, la majorité des fragments ne mesurant que quelques centimètres. Peu de vases présentent un profil reconnaissable. Cette forte fragmentation atteste la présence d’éléments accumulés par des rejets successifs, que côtoient des formes céramiques plus complètes.

    13Toutes les structures du haut Moyen Âge ont été étudiées (Fig. 3), mais n’ont pas toutes livré du mobilier, et même, pour certaines, ont fourni uniquement du mobilier résiduel romain ou plus ancien. La céramique résiduelle, présente dans toutes les structures, ne sera pas évoquée puisqu’elle constitue un bruit de fond constant et chronologiquement hors sujet.

    Fig. 3 - Site de Saint-Chéron. Répartition par type de structure, pour le secteur est et pour le secteur principal, du nombre de restes de céramiques, pour les phases 4 (viie s.) et 5 (deuxième moitié viie-ixe s.).

    Relevés et DAO : I. Renault.

    14La quantification des céramiques repose sur le protocole établi lors de la table ronde de Bibracte en 1998 (Arcelin et Tuffreau-Libre 1998). Les typologies utilisées pour cette étude sont celles de Normandie (Adrian 2002 ; 2006a ; 2006b) et d’Île-de-France (Lefèvre et Mahé 2004). Ces référentiels typo-chronologiques des régions voisines sont fondés sur la découverte d’ateliers ou de structures datées. Ils sont la base de nos datations, en l’absence d’une typologie chartraine bien établie pour cette période. Il faut aussi noter que la datation des structures repose sur la lecture stratigraphique du site et sur les datations radiocarbones qui assurent à l’assemblage céramique son homogénéité. La céramique du site, pour cette période du haut Moyen Âge, malgré sa fragmentation, présente un assemblage homogène et cohérent par rapport aux autres contextes contemporains de Chartres et autorise donc de premières comparaisons.

    5. Chronologie du site

    15Le quartier Saint-Chéron a livré de fugaces indices archéologiques qui témoignent de la probable fréquentation de ce secteur aux époques protohistorique et antique en dehors du périmètre de la ville d’Autricum, à 200 m au sud de la voie supposée reliant Chartres-Autricum à Paris-Lutetia. Toutes les phases sont présentées schématiquement sur un fond de plan du quartier (Fig. 4).

    Fig. 4 - Site de Saint-Chéron. Schéma d’évolution des occupations du ier au xxe s.

    Les phases concernées par la publication sont en gras.

    DAO : D. Joly.

    16Sur le site de Saint-Chéron, les phases du haut Moyen Âge lato sensu (phases 3 à 5) sont précédées par un petit groupe de dépôts de crémations dans des vases4 datés de la seconde moitié du iie s. avec un débordement possible au tout début du iiie s. (phase 2), peut-être à rattacher à d’autres témoins funéraires du Haut-Empire comprenant des sépultures et des stèles signalées à proximité “au milieu des allées du parc”, en 1870, mais non localisées précisément (Lecocq 1870).

    17Durant les phases 6 et 7 suivantes, assez longues (ixe-xive s.), seul le secteur nord montre de rares traces d’occupation (Fig. 4), matérialisées par cinq fosses sans caractéristique particulière. On peut signaler, dans la partie supérieure du comblement de l’une d’elles, un cavalier d’échecs en bois de cerf (Grandet et Goret 2012 : 97 et fig. 14) dont la datation ne peut pas être antérieure à la fin du xe s. ce qui correspond à la date d’introduction du jeu dans le royaume de France.

    18La reprise de l’occupation du secteur, datée de l’époque moderne (phases 8 à 10), marque l’extension de l’abbaye.

    5.1. Une grande nécropole, milieu ve-1re moitié du viie s. (phase 3)

    19Au milieu du ve s., au plus tard, un grand espace funéraire est installé dans toute la partie est du site (secteurs nord, est et principal, Fig. 4). Il s’organise selon des rangées approximativement parallèles, de direction nord-sud. Les recoupements et superpositions de tombes permettent d’identifier deux groupes d’inhumations qui se succèdent à peu d’intervalle dans le temps et se distinguent par la présence (groupe A) ou l’absence (groupe B) de cales en terre cuite architecturale placées, dans la plupart des cas, aux quatre angles, sous les coffres en bois. Dans le premier groupe se trouvent quelques tombes maçonnées autour desquelles l’espace est dégagé ou entouré d’un enclos en pierre, ce qui les différencie des autres sépultures et montre qu’une attention particulière leur fut accordée. La quasi-totalité des inhumations (514 tombes fouillées) ont eu lieu dans des contenants en matériaux périssables. Ils appartiennent à trois types distincts : les cercueils cloués, les contenants non cloués et les coffrages (Joly et Goustard 1991). Les dernières inhumations se situent avant le milieu du viie s. On peut signaler une pièce de parure particulière : une paire de fibules en argent de tradition germanique, de la culture de Cernjahov (c. 375-454)5, donc déjà ancienne pour cette phase (Kazanski 2022).

    20Au nord-est d’un mur formant abside (ce mur appartient-il à l’église primitive ? Il fut observé sommairement durant l’étude d’impact), est installé, parmi les sépultures précédentes un petit groupe de dix tombes datées par le mobilier métallique entre 600 et 710 ap. J.-C. (Fig. 4). Trois autres tombes contemporaines occupent le secteur est et le mobilier d’une autre provient du secteur dit “du logis de l’abbé”. Ce groupe de tombes plus tardives marque la fin des inhumations dans cette partie du site.

    5.2. Développement d’un habitat 2e moitié du viie s. (phase 4)

    21Durant la 2e moitié du viie s., le secteur principal perd donc sa fonction funéraire et reçoit des structures à usage domestique : douze fonds de cabanes, neuf fosses, un foyer et six tronçons de fossés. Ces fossés, de direction est-ouest, scindent l’espace occupé au moins en trois possibles parcelles (Fig. 5). Au nord, le groupe de fossés 105, 73 et 81 ; au sud, le fossé 17, d’au moins 20 m de long, environ 45 cm de large et 25 cm de profondeur. Les fonds de cabanes se présentent sous la forme de creusements peu profonds (20 à 50 cm conservés), de plan rectangulaire aux angles arrondis ou oblongs, et couvrent des superficies comprises entre 5 et 11 m2 (moyenne 6,8 m2). Leurs longueurs varient de 2 à 4,60 m (moyenne 3 m), leurs largeurs d’1,80 à 3 m (moyenne 2,20 m). Six sont dotées de deux à trois poteaux axiaux. Des poteaux latéraux sont présents dans trois cas, ainsi que des piquets (Fig. 6). Ces configurations sont courantes, en comparaison, par exemple, avec le site de Bonneuil-en-France (Ben Kaddour 2022, vol. 1 : 251 et 261) ou les cas cités dans la synthèse de Peytremann 2003 : 274-279.

    Fig. 5 - Site de Saint-Chéron. Secteur principal. Localisation des structures d’habitat des phases 4 (VIIe s.) et 5 (milieu viie-ixe s.).

    DAO : D. Joly.

    Fig. 6 - Site de Saint-Chéron. Plans et profils des fonds de cabanes durant la phase 4 (viie-viiie s.) dans le secteur principal sud (nb 9) et nord (nb 3) et durant la phase 5 (milieu viie-ixe s.), dans le secteur principal sud (nb 3), principal nord (nb 1), est (nb 2) et nord (1).

    DAO : D. Joly.

    22Les restes osseux animaux présentent un excellent état de conservation. Quelques os erratiques, mal conservés, viennent ponctuellement se mêler aux corpus qui constituent des lots homogènes dans la grande majorité des cas. La structure semi-excavée 9 et le fossé 17 ont livré des rejets primaires de boucherie, notamment des tronçons de vertèbres débitées qui portent de fines incisions liées à la levée de la viande (échine, filets).

    23Quelques objets particuliers sont à signaler : une petite épingle à renflement en alliage cuivreux (1018.1) dans la structure semi-excavée 4, un fragment de dalle calcaire portant une inscription (1527.16) et un anneau en bronze moulé (1527.4) dans la structure semi-excavée 7, une fibule zoomorphe (1373.1) dans la fosse 30, une ligula (cuillère) en alliage cuivreux (2094.1) dans la structure semi-excavée 52.

    5.3. Réduction de l’espace funéraire et extension de l’habitat (phase 5, deuxième moitié du viie-ixe s.)

    24La phase 5 est, dans le secteur principal, dans la continuité de la phase précédente. Sa date de début est postérieure au milieu du viie s. et sa date de fin est à placer à la fin du ixe s. Elle se traduit par l’installation de trois nouveaux fonds de cabanes, dans des emplacements alors inoccupés, et par le creusement de fosses ou de fossés qui recoupent des structures de la phase 4 (Fig. 5). Le fossé FSE 1-5, de plus de 40 m de longueur, recoupe au moins quatre fonds de cabanes (3, 4, 7 et 26) et un fossé préexistant (FSE 6).

    25Dans le secteur nord, à l’emplacement des sépultures de la phase 4, seuls un fond de cabane (FDC 113) et une fosse (FOS 117) sont alors témoins d’une occupation (Fig. 7).

    Fig. 7 - Site de Saint-Chéron. Secteurs nord et est. Localisation des structures d’habitat de la phase 5 (milieu viie-ixe s.)

    DAO : D. Joly.

    26Dans le secteur est, qui n’était pas occupé durant la phase antérieure, sont installés deux grands fonds de cabane, un four domestique et une série de quatorze fosses (Fig. 7). Deux fonds de cabane (75 et 142) et un four (121) sont regroupés dans la partie nord du secteur. Il faut noter que le second fond de cabane, à deux poteaux axiaux, réutilise l’emprise d’une grande tombe maçonnée (SEP 414) en y aménageant, après destruction du mur ouest, un accès en gradin. L’autre fond de cabane (75), situé 5 m au nord, comporte trois poteaux axiaux.

    27Le four 121 (Fig. 8) est composé d’une aire de cuisson circulaire d’environ 1,40 m de diamètre, d’une bouche d’entrée (foyer) d’environ 0,40 m de longueur et d’une fosse d’accès d’environ 1,70 m de long, conservée sur environ 25 cm de profondeur. L’ensemble mesure donc, du nord-ouest au sud-ouest, 3,40 m de longueur. L’aire de cuisson adopte un profil en forme de cuvette d’environ 30 cm de profondeur. La gueule du four est constituée de petits moellons calcaires aux faces dressées (20 x 30 cm environ). Elle est en légère pente vers le sud-est et la fosse d’accès, et fortement rubéfiée. Sa partie supérieure, qui vraisemblablement formait une coupole, est détruite. L’aire d’accès est marquée, dans sa moitié sud-est, par un surcreusement partiel d’environ 20 cm de profondeur. Au nord, on note une extension de la fosse d’accès d’environ 1,70 × 0,50 m. Dans sa partie sud, contre le rebord du creusement de l’aire d’accès, est implanté un petit poteau dont le trou d’installation mesure 26 cm de profondeur. Toujours au sud de la fosse d’accès et à quelques centimètres de celle-ci se trouve un deuxième trou de poteau, plus grand (62 cm de diamètre). Sur le fond de l’aire d’accès, sans doute durant l’utilisation du four, sont déposés deux lits d’argile cuite, avec silex et cendres pour la première, avec limon pour la seconde. Le comblement de l’aire de cuisson comprend également de l’argile cuite et de la cendre mais aussi des fragments de calcaire qui proviennent sans doute de la gueule du four. Le dernier dépôt qui scelle l’abandon de la structure est constitué de très nombreux éléments d’argile cuite provenant de l’effondrement des parois du four. Ce dernier est comparable à celui du site du Radray à Gellainville (Wavelet, Delhoofs et Ben Kaddour 2008) et aux structures 2543 et 4267 de Bonneuil-en-France (Ben Kaddour 2022, 5 : 218 et 229).

    Fig. 8 - Site de Saint-Chéron. Secteur nord, phase 5 (milieu viie-ixe s.) : a) plan et profils du four 121 (DAO : D. Joly) ; b) photo du four 121, avec couche cendreuse, vu vers l’ouest (la mire mesure un mètre) (cliché Hervé Sellès).

    28La structure 118, située au sud-ouest du four 121, est une fosse de plan sub-rectangulaire aux angles arrondis d’environ 2,30 × 1,70 m. Elle est marquée, dans sa partie sud, par un léger surcreusement d’un peu moins d’1 m de largeur. Dans sa partie nord fut déposé, sur le flanc droit, le cadavre d’un lynx boréal (Lynx lynx7) (Fig. 9 et voir infra § 5.4.4), accompagné de fragments de poteries. La partie avant de l’animal, à l’exception de la tête, a disparu. Il est difficile de déterminer si cette carcasse appartient au remplissage de cette fosse creusée alors peut-être afin de l’enfouir, ou s’il s’agit d’un creusement antérieur arasé, car les ossements sont en connexion mais le squelette est incomplet. Dans la partie sud du creusement, dans le fond d’une légère dépression, se trouvait, en outre, un crâne humain8. Le bord nord de la fosse est assez mal défini. Son comblement est composé en majorité de blocs de silex et de mortier. Le mortier ressemble à celui qui compose les murs de la structure maçonnée voisine et antérieure (SEP 414).

    Fig. 9 - Site de Saint-Chéron. Secteur nord, phase 5 (milieu viie-ixe s.). Localisation, dans la fosse 118 des restes du lynx boréal en cours de dégagement. Le crâne, présent à la fouille, est ici déjà enlevé.

    Cliché V. Goustard ; DAO : D. Joly.

    29En dehors de quatre fosses situées à l’ouest (127) et à l’est (100, 118, 119) du fond de cabane 142, les autres creusements se répartissent au sud de celui-ci sur une bande de terrain large d’environ 3 m. Il semble, malgré la faible superficie observée, qu’il soit possible de distinguer, dans ce secteur, au nord, un espace d’habitat et, au sud, un espace de rejets, même si ceux-ci sont peu denses.

    30Quelques objets particuliers sont à signaler : dans la fosse 21, une boucle d’oreille en alliage cuivreux (1011.1) ; dans la structure 163, une lame de couteau (1297.2) et un polissoir en pierre (1308.1) ; dans la structure semi-excavée 2, un ardillon de boucle en fer (1518.1).

    5.4. Le mobilier associé

    5.4.1. Un lot de céramique domestique (phases 4 et 5)

    31La céramique a exclusivement été retrouvée en contexte domestique. Durant la phase 4 du site (viie s.), 90 % (en NR) de la céramique est issue des comblements des fonds de cabane, alors que, durant la phase 5 (viie-ixe s.), la céramique se retrouve à parts égales dans ce type de structure et dans les fosses.

    32La céramique fine de table représente pratiquement 10 % des vases (NMI). Le reste appartient à des céramiques culinaires (de préparation et pots à cuire) cuite en mode oxydante ou réductrice. La céramique de table se compose surtout de gobelets biconiques ou plus ou moins cylindriques à lèvre droite. La vaisselle culinaire semble évoluer d’une phase à l’autre puisque, si les pots restent majoritaires dans chacune des phases, la lèvre des pots à cuire se transforme entre le vie et le ixe s. (Fig. 10 et 11). Entre les deux phases, des formes disparaissent, comme les marmites, au profit de nouvelles formes comme les cruches à becs “pontés”, ou des pots à lèvre plate allongée. Ce type apparaît seulement dans des contextes du viie s. et perdure jusqu’au viiie s.

    Fig. 10 - Site de Saint-Chéron. Formes céramiques de la phase 4.

    Relevés et DAO : I. Renault.

    Fig. 11 - Site de Saint-Chéron. Formes céramiques de la phase 5.

    Relevés et DAO : I. Renault.

    33Les céramiques de ces dépotoirs domestiques secondaires révèlent un mode décoratif homogène pour chaque phase, qui se retrouve en Normandie mais aussi en Île-de-France, soit trois types de décors : Legoux 413 à décors géométriques enchevêtrés, Legoux 428 à décor en arcades et Legoux 414 à décor de petits casiers (Legoux, Périn et Vallet 2004 : 49 et 50), ce dernier étant prépondérant à Saint-Chéron.

    34Les différents vases ont donc deux destinations, le service de table, avec une majorité de gobelets, et les vases culinaires, avec des pots en pâte claire ou sombre destinés à la cuisson des aliments, des marmites également de cuisson et des jattes-mortiers destinées à la préparation culinaire, voire à la cuisson (certains fragments présentent des traces de flammes).

    5.4.2. Des restes osseux animaux domestiques (phases 4 et 5)

    35Les restes animaux liés à l’occupation sont issus de deux corpus chronologiquement distincts et de faibles volumes (822 NRT9 pour la phase 4 et 514 NRT pour la phase 5), et dont le taux de détermination à la famille ou à l’espèce oscille entre 75 et 77 % (NRD 616 pour la phase 4 et NRD 400 pour la phase 5). Ces corpus présentent des compositions proches, quasi exclusivement constitués par les traditionnelles espèces domestiques issues de l’élevage, et présentent une absence totale d’espèces sauvages, exception faite de quelques restes de batraciens et de malacofaunes terrestres, sans doute naturellement intrusifs (Fig. 12). La grande majorité de ces vestiges animaux provient de fonds de cabane pour la phase 4 (vie-viie s.) et/ou de fosses pour la phase 5 (viiie-ixe s.). Quelques petits tronçons de fossés, proches des structures en creux, ont aussi livré une petite centaine de restes dont la composition est identique aux autres assemblages, ce qui témoigne en faveur de dynamiques de rejet similaires.

    Fig. 12 - Site de Saint-Chéron. Proportions spécifiques des restes animaux pour les phases 4 (viie-viiie s.) et 5 (milieu viie-ixe s.).

    DAO : J. Rivière).

    36La présence, dans toutes les structures du haut Moyen Âge, de quelques fragments de céramiques antiques en position résiduelle laisse pressentir qu’une partie des restes animaux pourrait dater aussi de cette période. L’examen des quelques données ostéométriques acquises sur les restes de bovins montre toutefois que ceux-ci accusent bien une baisse de hauteur au garrot, en accord avec l’infléchissement historique largement observé sur l’ensemble du territoire pour le haut Moyen Âge (Clavel et Yvinec 2010 ; Duval 2017), dont la moyenne se situe alors localement à 1,15 m. Cette indication nous autorise à bien les considérer comme des vestiges d’activités de l’occupation du haut Moyen Âge. En outre, les ossements présentent des qualités de conservation remarquables et un faible taux de fragmentation (entre 30 et 250 g en moyenne par structure archéologique), contrairement aux vestiges céramiques, rarement constitués de pièces entières et dont les fragments présentent un fort degré d’érosion. Cette situation peut s’expliquer en grande partie par des origines et des dynamiques de rejet différentes. Au sein des structures en creux, la majorité des ossements est composée de rejets massifs qui se sont constitués rapidement après la dernière étape d’utilisation des aménagements (Fig. 13).

    Fig. 13 - Profils de représentation des parties anatomiques de bovins (% MR) dans les principales occupations du très haut Moyen Âge à Chartres et dans ses environs.

    DAO : J. Rivière.

    37Certaines structures offrent en outre la possibilité de distinguer deux épisodes de rejets, de composition et de nature différentes (fonds de cabane 4 et 9). Les déchets de consommation, essentiellement composés de restes de petits mammifères domestiques et parfois de volaille, peuvent ainsi être recouverts par des rejets massifs et homogènes issus du débitage primaire de carcasses de bovins. Cette catégorie de rejet semble aussi se constituer durant un temps court, contrairement aux reliefs culinaires dont on mesure parfois l’hétérogénéité de qualité de conservation et de nature (restes brûlés mêlés à des restes exempts de traces de chauffe). Ils constituent le témoignage d’une exploitation de la découpe et du désossage de la viande préalablement à l’exploitation in situ des ossements comme support pour la confection d’objets.

    38Le travail des matières dures animales10, attesté sur le site du vie au ixe s., a livré, outre des objets manufacturés (peignes, aiguilles-alènes, éléments de placage), 70 déchets de débitage d’os longs et de côtes de grands mammifères ou rebuts de façonnage (Fig. 14), qui assurent donc ce lien certain entre l’abattage des bovins et l’exploitation de leurs ossements à ces fins. Les rejets massifs issus de l’exploitation de ces carcasses bovines sont présents au sein de trois fonds de cabane et d’un petit tronçon de fossé. Leur examen permet d’écarter leur identification comme simples restes de squelettes. Ces dépôts sont parfois issus de l’exploitation de plusieurs individus rejetés au sein d’une même structure (FDC 9 : NMI de 3) et sont très majoritairement composés de vertèbres, de côtes, de crânes ou d’éléments de ceintures pelviennes et scapulaires qui portent essentiellement des traces de découpes réalisées au couteau. Rares sont en effet les marques de débitage, visibles uniquement sur des tronçons de côtes et sur des éléments du tarse, qui visent la découpe de l’extrémité des membres. Une utilisation du couteau, qui prévaut aussi pour les opérations de désarticulation et de désossage des membres, est ici largement déficitaire, à l’exception de métapodes en phase 5. L’utilisation de la scie est attestée pour l’exploitation de la corne de bovins (sur cheville osseuse) mais aussi pour la section de supports osseux liés à la fabrication de peignes. Dans le registre artisanal, la peau et/ou la fourrure de chien semble aussi être exploitée, ce que permet de déduire de fines incisions observées sur un crâne (en phase 4). À ceci s’ajoutent des traces de découpe observées sur trois ossements d’équidés (un fragment de côte en partie mésio-proximale et en face exothroracique, impacts de débitage en partie mésio-proximale sur un fémur, ainsi que sur une partie mésio-distale d’humérus). Ces traces peuvent conduire tout autant à une interprétation de restes de consommation du cheval, alors renaissante (Clavel et Lepetz 2022) que de pratiques artisanales, pour lesquelles un fragment de côte est identifié parmi les déchets de production du travail de l’os (US 4004).

    Fig. 14 - Site de Saint-Chéron.

    A : Cavalier d’échecs en bois de cerf (partie supérieure de la structure 102, voire décapage). B : Fragments de déchets de débitage liés au travail des matières dures animales. B1 : déchets de débitage d’os longs, dont métapodes de bœuf. B2 : côtes de bœuf. B3 : os plat de grand mammifère indéterminé. B4 : côte de petit mammifère cf. capriné. B5 : côte d’équidé. C : Trace de chauffe sur la tête d’un humérus de bovin rejeté dans les comblements d’abandon d’un foyer (83) associé au fond de cabane 7 peu de temps après sa dernière utilisation.

    Clichés J. Rivière et D. Joly.

    5.4.3. Le mobilier en matière dure animale

    39Les objets en matières dures animales se répartissent au sein de deux ensembles. Le premier rassemble des pièces usuelles, généralement à l’état fragmentaire, qui relèvent de types communément découverts sur les sites du haut Moyen Âge : peignes composites en os ou bois de cerf, outils sur fibula de porc et plaquages aux destinations incertaines prélevés dans des côtes de grands herbivores. Des déchets de taille en os et bois de cerf forment le second ensemble.

    40Plusieurs éléments participent à l’assemblage des peignes composites à une ou deux rangées de dents : deux plaques dentées (4001, phase 5 et 4024.1, phases 4 ou 5 ; Fig. 15, nos 5 et 6) et un fragment d’une probable barrette transversale (3002.1, phase 4). Cet ensemble est complété par un peigne mieux conservé dont subsiste une partie des deux traverses, décorées par des doubles lignes gravées obliques ou inscrites sur la largeur, une plaque d’extrémité au bord marqué par quatre encoches et dotée d’un trou de suspension, ainsi que quatre plaques dentées (1262.1 ; Fig. 15, no 1). L’assemblage était assuré par des rivets de fer, aujourd’hui disparus, qui venaient se loger dans des forages traversant les barrettes et les différentes plaques. Ce peigne a été mis au jour lors du décapage et ne peut donc pas être rattaché à l’une ou l’autre des phases d’occupation, ni à une structure. Il présente des caractères propres aux peignes de l’Antiquité tardive (traitement de la plaque d’extrémité, section des barrettes transversales aux bords chanfreinés) et d’autres qui témoignent de l’évolution que connaissent ces instruments au début du haut Moyen Âge (format plus allongé et diminution de la profondeur des dents, décors moins élaborés). Dès lors, il est difficile de le rattacher à une période précise, d’autant que les évolutions observées pour les peignes entre le ive s. et le viie s. sont des tendances et non des critères permettant de distinguer clairement les productions d’une période à l’autre (Petitjean 1995). À défaut d’examen approfondi, la simple observation visuelle des éléments ne permet pas de se prononcer définitivement sur le matériau mis en œuvre et seule la présence de fines alvéoles de matière spongieuse sur plusieurs éléments incite à identifier l’emploi du bois de cerf.

    Fig. 15 - Site de Saint-Chéron. Objets en matières dures animales.

    1 = 1262.1 (passe mécanique), 2 = 3680.1 (fond de cabane 57, phase 4), 3 = 1031.1 (fosse 53, phase 5), 4 = 1276.1 (fond de cabane 3, phase 4), 5 = 4000.1 (fond de cabane 75, phase 5), 6 = 4024.1 (peignes, fossé 99, phase indéterminée), 7 = 4007.1 (outil, fond de cabane 75, phase 5), 8 = 3002.7 (plaque ornée, fond de cabane 12, phase 4), 9 = 4004.24 (tout le reste fond de cabane 75, phase 5), 10 = 4004.10, 11 = 4004.5, 12 = 4004.9, 13 = 4004.20, 14 = 4004.11 et 15 = 4004.12 (rebuts de taille).

    Dessins J.-F. Goret à l’exception de 1262.1, Jamal Ben Bouabid.

    41Les peignes en os et en corne représentent un second type d’instrument de toilette de facture sommaire, très répandu dans le nord de la France et dans les îles britanniques du début de la période médiévale à la fin du xiie s. Il est représenté ici par trois éléments certains (3680.1, 1031.1 et 1276.1 ; phases 4 et 5 ; Fig. 15, nos 2 à 4), auxquels on peut ajouter trois autres fragments qui semblent aussi correspondre à de simples plaques ornementales de coffret au stade d’ébauche (3002.7, 4004.1 et 4 ; phases 4 et 5 ; Fig. 15, no 8). Leur montage consiste en l’association de trois éléments, une plaque centrale et trapézoïdale en corne – ici évidemment absente – dotée de deux rangées de dents opposées, sur laquelle sont fixées, de part et d’autre, deux traverses en os, courtes et étroites, taillées dans la table interne des côtes de grand herbivore (Chaoui-Derieux et Goret 2010). La corne ne se conservant généralement pas dans les contextes archéologiques, seuls les éléments en os ont été découverts sur les sites, parfois encore liés par des rivets métalliques. Les plaques présentent généralement des décors sommaires sur la base de lignes gravées selon des trames variées (croisillons de lignes obliques sur les trois pièces de Saint-Chéron) ainsi que des encoches peu profondes sur les longs bords, inscrites lors du façonnage des dents. À notre connaissance, les deux seuls exemplaires complets livrés par l’archéologie proviennent l’un de Londres et l’autre de York (xie-xiie s. ; MacGregor 1985 : 95).

    42Deux outils présentent pour point commun d’être taillés dans des fibulas de porc (4007.1 et 1515.1 ; phases 4 et 5 ; Fig. 15, no 7). Le choix de cet ossement particulier est dû à sa forme élancée, proche de l’objet voulu, puisqu’il suffit d’aménager une pointe sur l’une des extrémités pour rendre l’outil fonctionnel. Une fonction d’aiguille a parfois été proposée à partir de la présence d’un chas perçé dans l’extrémité opposée à la pointe (comme c’est le cas sur l’exemplaire le mieux conservé de Saint-Chéron). Toutefois, le caractère non systématique de ce forage nous incite à en reconsidérer la fonction. Il pourrait s’agir d’un simple trou de suspension permettant, par exemple, d’accrocher l’outil à sa ceinture à l’aide d’une cordelette. Ainsi, avec ou sans forage, la fonction précise de ces objets demeure assez floue et de nombreuses hypothèses ont été formulées ces dernières années sans véritable fondement (poinçon sur matière molle, réparation des filets de pêche, vannerie, broche de tissage, etc.). En définitive, seul un protocole d’analyse des traces d’usure des pointes permettrait de préciser la ou les fonctions de ces objets, comme c’est le cas pour d’autres outils communément nommés “broche de tisserand” (Goret et Chaoui-Derieux 2016 : 82-83).

    43Enfin et surtout, l’intérêt du lot repose sur la mise en évidence de rebuts de taille en os et bois de cerf dans le fond de cabane 75 (Secteur est. US 4000 et 4004). Cet ensemble témoigne d’une activité pratiquée sur place aux viie-ixe s., intervalle de temps durant lequel les données artisanales livrées par l’archéologie sont très rares en France, quel que soit le contexte abordé (Goret 2020). Si la modestie du corpus – 38 rebuts en os et 34 en bois de cerf (4000, nos 2 à 9 ; 4004, nos 2, 3 et 5 à 28 ; Fig. 15, nos 9 à 15) – invite à une grande prudence d’interprétation, plusieurs commentaires peuvent être formulés à partir de la provenance et de l’examen détaillé de l’ensemble des rebuts. En premier lieu, une partie des éléments provient d’une couche d’occupation charbonneuse observée au fond de la structure (US 4004). On peut en déduire qu’une activité de taille a bien été pratiquée au sein de la cabane et que la présence des rebuts ne traduit pas, comme c’est souvent le cas, une utilisation opportuniste de la structure en tant que dépotoir après son abandon. Le volume des rebuts recueillis est le reflet d’une activité très modeste. Il s’agit donc sans doute d’une utilisation ponctuelle de cet espace en tant qu’atelier et en aucun cas d’un bâtiment édifié pour accueillir une activité pérenne. L’analyse des rebuts en bois de cerf témoigne de la volonté d’extraire des matrices rectangulaires plus ou moins allongées dans l’épaisseur de corticale exploitable et dans les différentes parties des ramures. Ceux-ci comptent aussi de nombreuses esquilles liées au retrait du tissu rugueux de surface des bois et de la matière spongieuse interne. Par analogie avec des éléments mis au jour dans des ateliers de fabrication fouillés dans les emporia du nord de l’Europe (par exemple, Birka en Suède ou Ribe au Danemark : Goret 2020), plusieurs plaques, dotées d’un bord oblique opposé à un bord droit, permettent de supposer une production de peignes. Les petites plaques sciées pourraient correspondre aux extrémités retranchées de plaques préalablement extraites dans des côtes de grands herbivores et dont les dimensions ont dû être ajustées en fonction de leur utilisation (plaque ornementale de coffret ou barrette transversale de peigne en os et corne). À défaut de certitudes sur la nature des productions, ces éléments traduisent la présence ponctuelle sur le site d’au moins un artisan spécialisé dans le travail des matières dures animales.

    5.4.4. Un lynx boréal captif

    44Le squelette partiellement conservé du lynx boréal découvert dans le fond du creusement 118 (Fig. 9) appartient à celui d’un individu juvénile dont le sexe n’a pu être déterminé. Les datations radiocarbones réalisées sur un os du tarse livrent une datation comprise dans l’intervalle 766-899 ap. J.-C. (Ly-17462). L’enfouissement de cet animal est donc contemporain des structures de la phase 5. La présence de cet animal en ces lieux et l’enfouissement de son cadavre, sur lequel aucune trace d’intervention humaine n’est observée, pourrait s’expliquer par son statut d’animal captif, à l’origine probable de sa mort prématurée (le stress induit une restriction environnementale, une privation maternelle, une séparation sociale, une proximité humaine imposée, etc. Clubb et Mason 2003). Espèce autochtone des territoires européens mais très discrète car de mœurs essentiellement forestières, le lynx a été plutôt méconnu par les populations qui ont vécu dans son aire de répartition naturelle (à quelques exceptions près, cf. Gaston Phébus ; Halna-Klein 1995, Trachsler 2017 : 8), fortement réduite à partir du deuxième âge du Fer (Callou 2011 : 19 et 21). Le recueil des données bioarchéologiques compilées au sein de l’Inventaire national du patrimoine naturel du territoire (MNHN-OBF, 2003-2022) atteste la récurrence mais surtout la rareté des découvertes des restes de cette espèce pendant tout l’Holocène, pour des contextes archéologiques diversifiés11.

    45La présence d’un lynx à Saint-Chéron conduit à s’interroger sur son rapport avec l’implantation d’une communauté religieuse, notamment pour le rôle qu’aurait pu jouer l’exhibition d’une telle espèce, emblématique du monde sauvage et porteuse de contre-valeurs religieuses (Trachsler 2017 : 15), pour l’édification des fidèles (Voisenet 1994 : 208-207) dans un contexte chronologique où se forgent encore “les outils que l’on met au service de la foi” et où s’élabore une vision chrétienne de l’animal et de la nature assujettis à l’homme, qui va fixer pour longtemps les représentations de ce dernier dans la culture occidentale (Baratay 2011).

    6. La communauté humaine de Saint-Chéron durant le haut Moyen Âge

    6.1. Des céramiques locales et d’autres importées

    46Si l’on compare les productions identifiées à Saint-Chéron avec celles d’autres sites chartrains, pour cette période comme au-delà, on constate des ressemblances, et, en particulier, une prédominance des productions locales. On retrouve une pâte sableuse (argiles yprésiennes) déclinée en cuisson oxydante. En cuisson réductrice, la pâte est grise, lissée ou non. Si un approvisionnement à partir d’une production locale est attesté, certains fragments semblent importés. Il s’agit notamment de certaines pâtes différentes, granuleuses, dont une lampe naviforme issue d’une structure semi-excavée qui ressemble aux productions de l’atelier de Vanves (Jaffrot et Nadeau 2012 : 210). Cette lampe en pâte semi granuleuse claire présente un décor à la molette (décor de petits casiers) de type Legoux 414 (Legoux, Périn et Vallet 2004 : 49). Un autre élément intéressant est une pâte apparemment identique à celle retrouvée sur le site du Bourgneuf à Chartres (pâte rouge et surface sombre, Viret et Acheré 2020) et qui serait attesté en Île-de-France.

    6.2. Alimentation et activités de transformation des matières animales

    47La hiérarchie des taxons animaux déduite du nombre de restes accorde classiquement aux espèces de la triade une place prépondérante, marquée par un certain équilibre entre les proportions de chacune. L’estimation du nombre minimum d’individus donne toutefois aux caprinés (onze individus, contre six pour les bovins et cinq pour les porcins) une place dominante au sein d’un élevage qui repose sur des stratégies d’exploitation mixte incluant l’abattage d’individus de réforme mais aussi de jeunes bêtes de moins de deux ans pour l’acquisition de viande.

    48Cette configuration qui accorde aux caprinés une place importante au sein des productions, contrairement à la majorité des sites du nord de la France (Frère et Yvinec 2009 ; Clavel et Yvinec 2010), a déjà été reconnue pour le nord de l’actuelle région Centre-Val de Loire. Elle résulte sans doute des choix agropastoraux anciens qui ont contribué à modeler le paysage agraire local (Bayle et al. 2016) et qui pourraient préfigurer des spécificités de production propres à certaines communautés, tel que permet de le penser la timide augmentation des proportions de caprinés au cours des viiie-ixe s. sur le site de Saint-Chéron. À l’intérieur de ces tendances générales, partagées par un petit ensemble de sites locaux qui se caractérisent par un équilibre dans la composition des élevages entre les principales espèces consommées, s’observent toutefois des différences qu’il est possible de déduire de la lecture des profils de représentation anatomique des restes de bovins (supra, Fig. 13). Ces derniers, permettent en effet de distinguer des occupations aux rejets majoritairement composés de côtes interprétés comme des profils strictement consommateurs (Le Bourgneuf à Chartres, Viret et Acheré 2020), des sites producteurs/consommateurs pratiquant une économie très locale comme Le Radray à Gellainville (Wavelet, Delhoofs et Ben Kaddour 2008) ou “l’Enclos-la-Couture” à Mainvilliers (Verneau et Fissette à paraître), avec des profils à l’équilibre entre les différentes parties anatomiques, des sites comme celui de Saint-Chéron où se pratiquait probablement l’élevage, mais surtout des activités de transformation et peut-être de revente des produits animaux (surreprésentation des rejets de première découpe, déficit des parties porteuses de viande) et caractérisés par une localisation qui a pu tirer profit de réseaux économiques hérités ou de l’implantation toute proche de communautés relativement dense en terme de population (cf. l’origine des céramiques).

    Conclusion

    49Les structures du haut Moyen Âge du site de Saint-Chéron comprises entre le début du vie et la fin du ixe s. sont peu nombreuses : des fonds de cabane associés à des fossés parcellaires et des fosses-dépotoirs, ainsi qu’un four, soit les témoins d’un habitat morcelé et très modeste. Elles sont situées en dehors des limites habitées et symboliques de la ville antique, le long de la voie supposée reliant Chartres à Paris. Elles sont en partie contemporaines et font suite à une très grande nécropole de plusieurs milliers de tombes, succédant elle-même, par l’intermédiaire de l’invention d’un martyr céphalophore, saint Chéron, à une nécropole du Haut-Empire.

    50L’étude des restes osseux met en évidence la pratique d’activités de transformation des produits issus d’animaux probablement élevés sur place (viande et confection de peignes en os et en bois de cerf, quant à eux non élevés). La céramique est peu abondante et relativement ordinaire mais se démarque des occupations contemporaines connues à Chartres. La présence de formes importées, au sein d’un répertoire de composition majoritairement locale, tend à démontrer l’existence ou la persistance de circuits d’échanges avec l’actuelle Île-de-France, contrairement aux autres occupations alentour qui livrent seulement des productions céramiques locales.

    51L’activité de cette petite communauté se caractérise par une forme de spécialisation artisanale dont l’ampleur de la diffusion reste inconnue, mais qui rejoint des modèles de productions agricoles, pastorales ou manufacturières perçus ailleurs et propres à cette période (Leturcq et Mazel 2021 : 240). Il est vraisemblable que ce site livre les vestiges d’un habitat et des activités d’une communauté de laïcs installés près d’une des premières abbayes de la ville de Chartres et en dépendant peut-être12.

    Bibliographie

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    Joly et Goustard 1991. Joly D. et Goustard V. - Quatre briques pour un cercueil ! Utilisation de matériaux de construction dans l’aménagement des architectures funéraires en matériaux périssables ; premières réflexions sur les sépultures de la nécropole antique de Saint-Chéron (Chartres), Méthodes d’étude des sépultures, compte-rendu de la table ronde (8-10 mai 1991), CNRS, Talence : 151-153.

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    Joly 1998. Joly D. - Essai de définition des sépultures à inhumation en coffrages : l’exemple de la nécropole du ve s. de Saint-Chéron à Chartres (Eure-et-Loir), in : Guy H. (dir.), Rencontre autour du cercueil, compte rendu de la journée d’étude du 28 janvier 1997, Groupe d’anthropologie et d’archéologie funéraire en Île-de-France, Bulletin de liaison, no spécial 2 : 65-71.

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    Legoux, Périn et Vallet 2004. Legoux R., Périn P. et Vallet F. - Chronologie normalisée du mobilier funéraire mérovingien entre Manche et Lorraine, Bulletin de liaison de l’Association française d’Archéologie mérovingienne, hors-série, 62 p.

    Legoux, Périn et Vallet 2009. Legoux R., Périn P. et Vallet F. - Chronologie normalisée du mobilier funéraire mérovingien entre Manche et Lorraine, Bulletin de liaison de l’Association française d’Archéologie mérovingienne, hors-série, 3e édition revue et augmentée, 65 p.

    Leturcq et Mazel 2021. Leturcq S. et Mazel F. - Une dynamique d’expansion (viiie-xie s.), in : Mazel F. (dir.), Nouvelle histoire du Moyen Âge, Seuil, Paris : 229-243.

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    Viret et Acheré 2020. Viret J. et Acheré V. - De la préhistoire au faubourg moderne de Saint-Maurice, 6000 ans d’occupation sur la rive gauche de l’Eure à Chartres (28), Site 033.28.085.0352, opération 2, vol. 3 périodes moderne et industrielle, Rapport de fouille, Direction de l’archéologie de Chartres Métropole, 357 p.

    Voisenet 1994. Voisenet J. - Bestiaire chrétien. L’imagerie animale des auteurs du haut Moyen-Âge (ve-xe s.), Presses Universitaires du Mirail, Toulouse, 386 p.

    Wavelet, Delhoofs et Ben Kaddour 2008. Wavelet D., Delhoofs H. et Ben Kaddour C. - Une occupation rurale, gallo-romaine et mérovingienne. Une nécropole mérovingienne. “Le Radray” Gellainville (28), vol. 1 : établissement agricole gallo-romain. Site 033.28.177.0009, Rapport de fouille, Direction de l’archéologie de Chartres Métropole, 258 p.

    Notes de bas de page

    1La différence de superficies est due aux parties détruites, principalement durant la période moderne.

    2Extraits des notes de l’abbé G. Villette († 1991), consultables aux Archives Nationales et à la médiathèque de Chartres : Chéron, et sa variante Chiron, appartiennent aux représentants de signification topographique de la base KAR. Le groupe (parfois suffixe) -aun- se rencontre dans des mots gaulois : ainsi Alauna (divinité de source ? qui serait à l’origine de toponymes du type Allonnes), launo- (joyeux), vellauno- (très joyeux), ligauno-, agaunus (pierre), acaunum, agaunum (rocher). Il est très plausible que caraunus ait signifié comme nom commun, “butte ; amas de pierres ou de rochers”, parallèlement à agaunus, “pierre”. Tel est bien, en tout cas, le sens de chéron en toponymie, qu’il vienne de car-aunus ou de car-io. Cependant, Xavier Delamarre donne, pour caros, carantos, caratos… = “cher, ami, aimé, aimable” mais le suffixe “-aun” n’est pas pris en compte.

    3Le Système Documentaire en Archéologie (SysDA) fut créé par Dominique Joly en 1988, dans le cadre d’une Action Thématique Programmée initiée par les Ministères de la Culture et de la Recherche. Il collecte et organise, depuis cette époque, dans une base de données informatisée, toutes les données recueillies dans l’agglomération chartraine.

    4Les vases contenants les ossements brûlés couvrent deux fourchettes chronologiques. Les productions les plus anciennes (vases 6015, 6051 et 6035) se situent entre 70-75 et 150-250. Les productions les plus récentes (vases 6033, 6048 et 6040) sont datées entre 125-150 et 250-300 (fiches d’étude Pierre Perrichon 2022).

    5Ces fibules représentent, pour cette phase, le plus ancien artefact daté.

    6Fragment triangulaire de dalle, de 12 sur 15 cm environ, inscrite sur une face, en trois lignes successives : O / M ( ?) / S (ou C) A (ou N).

    7Identification Sophie Krausz, Université de Bordeaux.

    8Provenant d’une sépulture antérieure recoupée.

    9NRT (nombre de restes total) et NRD (nombre de restes déterminés).

    10Voir infra, § 5.4.3 pour les productions.

    11La présence du Lynx boréal (Lynx lynx) est attestée dans d’autres sites occupés durant le premier Moyen Âge : à Hornaing (Nord, communication T. Oueslati), sur le site de la “Rue des semailles” à Escaudain (Nord, MNHN et OBF (éd.) 2003-2022. Inventaire national du patrimoine naturel (INPN), Site Web : https://inpn.mnhn le 20 mai 2022) ou encore sur le site de Chanteloup à Moissy Cramayel (Seine-et-Marne, cité dans Hurard 2017) et pour le Bas-Empire, sur le site “le Poirier de Sauge” à Thymert-Gatelle (Eure-et-Loir, Perrichon en cours).

    12La présence d’un squelette de lynx boréal daté du ixe s., ainsi que d’un pion d’échecs daté des xie-xiie s., constituent les seuls indices de pratiques sociales et symboliques d’une communauté de rang social supérieur et de confession chrétienne (note Jean-François Goret).

    Auteurs

    Dominique Joly

    Direction de l’archéologie de Chartres Métropole (2003-2015).

    Ingrid Renault

    Direction de l’archéologie de Chartres Métropole, UMR 8167 Orient et Méditerranée.

    Julie Rivière

    Direction de l’archéologie de Chartres Métropole, UMR 7209 AASPE-MNHN.

    Jean-François Goret

    Département d’Histoire de l’Architecture et d’Archéologie de Paris, pôle archéologie.

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      1La différence de superficies est due aux parties détruites, principalement durant la période moderne.

      2Extraits des notes de l’abbé G. Villette († 1991), consultables aux Archives Nationales et à la médiathèque de Chartres : Chéron, et sa variante Chiron, appartiennent aux représentants de signification topographique de la base KAR. Le groupe (parfois suffixe) -aun- se rencontre dans des mots gaulois : ainsi Alauna (divinité de source ? qui serait à l’origine de toponymes du type Allonnes), launo- (joyeux), vellauno- (très joyeux), ligauno-, agaunus (pierre), acaunum, agaunum (rocher). Il est très plausible que caraunus ait signifié comme nom commun, “butte ; amas de pierres ou de rochers”, parallèlement à agaunus, “pierre”. Tel est bien, en tout cas, le sens de chéron en toponymie, qu’il vienne de car-aunus ou de car-io. Cependant, Xavier Delamarre donne, pour caros, carantos, caratos… = “cher, ami, aimé, aimable” mais le suffixe “-aun” n’est pas pris en compte.

      3Le Système Documentaire en Archéologie (SysDA) fut créé par Dominique Joly en 1988, dans le cadre d’une Action Thématique Programmée initiée par les Ministères de la Culture et de la Recherche. Il collecte et organise, depuis cette époque, dans une base de données informatisée, toutes les données recueillies dans l’agglomération chartraine.

      4Les vases contenants les ossements brûlés couvrent deux fourchettes chronologiques. Les productions les plus anciennes (vases 6015, 6051 et 6035) se situent entre 70-75 et 150-250. Les productions les plus récentes (vases 6033, 6048 et 6040) sont datées entre 125-150 et 250-300 (fiches d’étude Pierre Perrichon 2022).

      5Ces fibules représentent, pour cette phase, le plus ancien artefact daté.

      6Fragment triangulaire de dalle, de 12 sur 15 cm environ, inscrite sur une face, en trois lignes successives : O / M ( ?) / S (ou C) A (ou N).

      7Identification Sophie Krausz, Université de Bordeaux.

      8Provenant d’une sépulture antérieure recoupée.

      9NRT (nombre de restes total) et NRD (nombre de restes déterminés).

      10Voir infra, § 5.4.3 pour les productions.

      11La présence du Lynx boréal (Lynx lynx) est attestée dans d’autres sites occupés durant le premier Moyen Âge : à Hornaing (Nord, communication T. Oueslati), sur le site de la “Rue des semailles” à Escaudain (Nord, MNHN et OBF (éd.) 2003-2022. Inventaire national du patrimoine naturel (INPN), Site Web : https://inpn.mnhn le 20 mai 2022) ou encore sur le site de Chanteloup à Moissy Cramayel (Seine-et-Marne, cité dans Hurard 2017) et pour le Bas-Empire, sur le site “le Poirier de Sauge” à Thymert-Gatelle (Eure-et-Loir, Perrichon en cours).

      12La présence d’un squelette de lynx boréal daté du ixe s., ainsi que d’un pion d’échecs daté des xie-xiie s., constituent les seuls indices de pratiques sociales et symboliques d’une communauté de rang social supérieur et de confession chrétienne (note Jean-François Goret).

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      Joly, D., Renault, I., Rivière, J., & Goret, J.-F. (2024). L’habitat des viie-ixe siècles du site de Saint-Chéron à Chartres. Structures et mobilier. In B. Bazin, F. Capron, A. Corrochano, & S. Joly (éds.), L’archéologie des ve-xiie siècles en région Centre-Val de Loire (1‑). Fédération pour l’édition de la Revue archéologique du Centre de la France. https://doi.org/10.4000/13ibc
      Joly, Dominique, Ingrid Renault, Julie Rivière, et Jean-François Goret. « L’habitat des viie-ixe siècles du site de Saint-Chéron à Chartres. Structures et mobilier ». In L’archéologie des ve-xiie siècles en région Centre-Val de Loire, édité par Bruno Bazin, Capron François, Alexis Corrochano, et Stéphane Joly. Tours: Fédération pour l’édition de la Revue archéologique du Centre de la France, 2024. https://doi.org/10.4000/13ibc.
      Joly, Dominique, et al. « L’habitat des viie-ixe siècles du site de Saint-Chéron à Chartres. Structures et mobilier ». L’archéologie des ve-xiie siècles en région Centre-Val de Loire, édité par Bruno Bazin et al., Fédération pour l’édition de la Revue archéologique du Centre de la France, 2024, https://doi.org/10.4000/13ibc.

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      Bazin, B., Capron, F., Corrochano, A., & Joly, S. (éds.). (2024). L’archéologie des ve-xiie siècles en région Centre-Val de Loire (1‑). Fédération pour l’édition de la Revue archéologique du Centre de la France. https://doi.org/10.4000/13ib9
      Bazin, Bruno, Capron François, Alexis Corrochano, et Stéphane Joly, éd. L’archéologie des ve-xiie siècles en région Centre-Val de Loire. Tours: Fédération pour l’édition de la Revue archéologique du Centre de la France, 2024. https://doi.org/10.4000/13ib9.
      Bazin, Bruno, et al., éditeurs. L’archéologie des ve-xiie siècles en région Centre-Val de Loire. Fédération pour l’édition de la Revue archéologique du Centre de la France, 2024, https://doi.org/10.4000/13ib9.
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