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    Plan détaillé Texte intégral 1. Localisation et présentation du site 2. L’habitat du haut Moyen Âge 3. L’ensemble funéraire 4. Quelle place accordée à cet ensemble au sein du maillage territorial d’Eschau ? Conclusion Bibliographie Notes de bas de page Auteurs

    Se vêtir au premier Moyen Âge

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    Table des matières

    Vivre et mourir à Eschau (Bas-Rhin) : l’habitat mérovingien du site de la rue des Fusiliers Marins et sa nécropole

    Living and dying in Eschau in the early Middle Ages : the Merovingian settlement of the “rue des Fusiliers Marins” and its funerary ensemble

    Géraldine Alberti et Amélie Pélissier

    p. 213-225

    Résumés

    La fouille d’archéologie préventive réalisée au printemps 2018 dans le cadre de l’aménagement d’un Parc d’Activités, rue des Fusiliers Marins, à Eschau, a occasionné la découverte d’une importante occupation du haut Moyen Âge. Le caractère exceptionnel de ce site réside dans la présence d’un habitat et d’un ensemble funéraire, distants d’une trentaine de mètres seulement, et présentant une même orientation globale. Ces deux espaces ont fonctionné en même temps au viie s. L’abandon total du secteur intervient aux viiie-ixe s.

    The preventive archaeology excavation carried out in spring 2018 as part of the development of a Parc d’Activités, rue des Fusiliers Marins, in Eschau, led to the discovery of a major occupation from the early Middle Ages. The exceptional character of this site lies in the presence of a habitat and a funerary complex, only thirty metres apart, and with the same overall orientation. These two areas functioned at the same time in the 7th century. The area was completely abandoned in the 8th/9th centuries.

    Entrées d’index

    Mots-clés : haut Moyen Âge, mérovingien, carolingien, habitat rural, ensemble funéraire, chapelle funéraire, sépultures, enclos, élite

    Keywords : Early Middle Ages, Merovingian, Carolingian, rural settlement, burial ground, burial chapel, burial, funeral enclosure, elite

    Texte intégral 1. Localisation et présentation du site 2. L’habitat du haut Moyen Âge 2.1. Présentation générale des vestiges 2.2. Les composants de l’habitat 2.2.1. Les bâtiments sur poteaux 2.2.2. Les autres structures 2.3. Interprétation 2.4. Éléments de datation 2.5. Organisation de l’habitat 3. L’ensemble funéraire 3.1. Présentation générale des vestiges et topographie 3.2. Un espace funéraire du premier Moyen Âge 3.2.1. Typologie architecturale des tombes et gestes funéraires 3.2.2. Les enclos fossoyés circulaires 3.2.3. Les données biologiques 3.2.4. Le pillage 3.3. Un espace funéraire réservé à une élite locale ? L’ensemble fossoyé 1292 4. Quelle place accordée à cet ensemble au sein du maillage territorial d’Eschau ? Conclusion Bibliographie Notes de bas de page Auteurs

    Texte intégral

    1. Localisation et présentation du site

    1La ville d’Eschau est installée dans la plaine d’Alsace, à une quinzaine de kilomètres au sud de Strasbourg. Elle est construite sur une terrasse de galets discontinue, traversée par plusieurs générations de paléo-méandres. Elle surplombe à l’ouest la nappe alluviale de la plaine de l’Ill et, à l’est, la nappe de la plaine du Rhin.

    2L’environnement archéologique de la commune est relativement riche avec une vingtaine de mentions, couvrant toutes les périodes depuis la Protohistoire. Cependant, la plupart de ces mentions relèvent de découvertes anciennes, approximativement localisées et peu documentées, les premières opérations d’archéologie préventive datant de 2015.

    3Le secteur de la rue des Fusiliers Marins est connu depuis 1979, suite à la découverte, par René Goguey, lors de la réalisation d’une campagne de photographies aériennes, d’un ensemble composé d’un bâtiment à deux carrés emboîtés, d’un fossé à entrée curviligne et d’un grand nombre de fosses. Ces éléments ont été identifiés comme étant les restes d’un fanum antique (Goguey 2010). Des images satellites de l’IGN, notamment celles réalisées en 2015, de très bonne qualité, sont depuis venues confirmer l’existence de cet ensemble. Ainsi, le projet de création d’un Parc d’Activités dans cette zone sensible a motivé la prescription d’un diagnostic qui s’est révélé très positif et qui a essentiellement livré des sépultures et des trous de poteau (Steiner 2018). Il a tout naturellement débouché sur une fouille qui a concerné une surface de près de 1,5 ha. Réalisée entre avril et juin 2018, elle a permis la mise au jour d’environ 2 000 structures appartenant à plusieurs occupations : le fossé d’enclos du temple gallo-romain, une zone d’habitat et un ensemble funéraire distants d’environ 35 m, tous deux datés du haut Moyen Âge (Fig. 1).

    Fig. 1 - Localisation du site et plan général des vestiges.

    G. Alberti, Inrap.

    4Les vestiges se trouvent à une trentaine de centimètres seulement sous le sol actuel. Si les structures sont nettement lisibles, la conservation des ossements est quant à elle médiocre. On note un déficit en mobilier, tant pour la céramique que pour les ossements de faune par exemple et ce, pour l’ensemble du site.

    2. L’habitat du haut Moyen Âge

    2.1. Présentation générale des vestiges

    5Les vestiges d’habitat sont concentrés dans la moitié est du terrain et viennent partiellement s’installer sur le fossé d’enclos et dans l’emprise du sanctuaire romain. Si sa limite ouest est bien identifiée, les limites sud, est et nord se trouvent en dehors du périmètre de fouille, et n’ont, de fait, pas pu être circonscrites. La densité des structures est très importante dans la partie nord de la zone étudiée avec un enchevêtrement de trous de poteau et la superposition de plusieurs bâtiments entre lesquels peu de relations stratigraphiques ont pu être observées. Au sud, la densité de construction est plus lâche, ce qui a permis une meilleure compréhension des constructions (Fig. 2).

    Fig. 2 - Plan d’ensemble des structures d’habitat.

    DAO : G. Alberti.

    2.2. Les composants de l’habitat

    2.2.1. Les bâtiments sur poteaux

    6Les plans des bâtiments sont particulièrement bien conservés : quinze se dessinent clairement, tandis que trois autres sont plus hypothétiques (bâtiments 16 à 18). Les constructions identifiées présentent une grande homogénéité architecturale. Il s’agit de bâtiments à nef unique d’orientation globalement nord/sud, construits de plain-pied, généralement de dimensions importantes, entre 10 et 15,50 m de long pour une largeur allant de 5,50 à 8 m : la plupart d’entre eux, couvrant une superficie comprise entre 70 et 99 m². Seules deux constructions (17 et 18) présentent une surface inférieure à 50 m². Ces dimensions sont clairement supérieures à celles rencontrées sur la majorité des sites en Alsace, mais aussi dans la moitié nord de la France. En effet, les dimensions moyennes des bâtiments de plain-pied sur poteaux sont de 10 à 12 m de long pour une largeur de 5 à 6 m, pour une surface comprise entre 50 et 70 m² (Peytremann 2003 : 281).

    7L’ossature de l’ensemble des bâtiments relève de la même technique. Ils sont constitués d’un grand nombre de poteaux dont l’espacement n’est ni complètement constant, ni complètement régulier. Cette constatation révèle peut-être l’absence de poteaux disparus. L’écartement minimum entre deux supports est d’une trentaine de centimètres, et l’espacement le plus courant se situe entre 0,30 et 0,50 m, ce qui en fait des constructions à poteaux rapprochés.

    8Le niveau de conservation et les dimensions des trous de poteau sont très variables. Certains ne sont profonds que de quelques millimètres, tandis que d’autres mesurent encore près de 0,60 m, mais la profondeur rencontrée la plus fréquente est comprise entre 0,15 et 0,30 m. La même constatation peut être faite à propos de leur diamètre, qui s’échelonne entre 0,18 et 1 m, mais la majorité variant de 0,15 à 0,30 m. Les constructions 3, 6, 12 et 13 possédaient des tranchées de fondation, conservées sur une dizaine de centimètres au maximum, dans lesquelles les poteaux étaient ensuite installés.

    9La présence de plusieurs lignes de poteaux parallèles dans les bâtiments 9 et 10 pourrait indiquer l’existence de deux phases de construction dont la chronologie est impossible à établir. On peut néanmoins supposer qu’il s’agit de bâtiments de plus petites dimensions (8,50 m à 9,30 m de long pour 5 m à 5,50 m de large) agrandis dans un second temps (Alberti et Pélissier 2022 : 79-80, fig. 41 à 43).

    10Près de la moitié de ces bâtiments (2, 3, 4, 5, 7, 8, 9, 12 et 14) présente une interruption de poteaux large de 2 à 3,50 m, qui pourrait marquer l’emplacement d’une porte. Elle se trouve dans tous les cas centrée dans la façade est. Dans les constructions 2, 3, 4, 5, 7 et 12, une paire de poteaux supplémentaires, située de part et d’autre de cette interruption, matérialise au sol cet accès.

    11Ce mode de construction à poteaux rapprochés n’est, à l’heure actuelle, que peu représenté. Les seuls autres exemples de bâtiments de grandes dimensions, à poteaux rapprochés, ont été mis au jour à Marlenheim (Bas-Rhin). Il s’agit des bâtiments BAT Ap1 et BAT Hof1 mesurant respectivement au moins 15 et 18 m de long et 5,5 et 6 m de large (Châtelet et al. 2018 : 59-68).

    2.2.2. Les autres structures

    12Quatre structures quadrangulaires excavées aux angles plus ou moins arrondis, d’une surface comprise entre 6 et 9 m2, ont été fouillées. Elles appartiennent toutes à la période mérovingienne. D’une profondeur conservée de 0,20 à 0,40 m, elles peuvent être interprétées comme des cabanes excavées. Toutes ont livré les fondations des poteaux axiaux ou des poteaux corniers qui supportaient leur charpente. Elles se répartissent au sein de la zone d’habitat, à des distances de 25 à 35 m, et sont installées selon un axe globalement perpendiculaire à celui des bâtiments. Ces structures sont celles qui ont livré le plus de mobilier (environ 70 tessons au total).

    13Un puits a également été identifié. Il s’agit d’une structure circulaire de 1,60 m de diamètre, aux parois verticales, qui atteint le niveau de la nappe phréatique à 2,20 m de profondeur. Elle n’a livré ni mobilier, ni élément pouvant témoigner de la présence d’un cuvelage. Sa datation repose sur une analyse radiocarbone de charbons qui donne une fourchette comprise entre 539 et 682 AD (2 σ)1.

    2.3. Interprétation

    14L’interprétation de la fonction de ces bâtiments sur poteaux est problématique, dans la mesure où aucun niveau de circulation, ni aucun aménagement, de type foyer par exemple, ne sont conservés. De plus, la quantité de mobilier recueilli sur le site est réduite. En effet, seules trois des quatre cabanes excavées, une petite fosse et quatre trous de poteau ont livré un total de 91 fragments appartenant à 29 pots en céramique. Aucun objet métallique, ni aucun objet en lien avec une activité artisanale n’ont été découverts. Cette difficulté à proposer une interprétation fonctionnelle aux bâtiments est courante pour les occupations du haut Moyen Âge (Peytremann 2003 : 291). Tout au plus peut-on proposer de voir dans l’ensemble 18, qui est de petite taille (37 m²) et qui dispose vraisemblablement d’un espace de stockage, un bâtiment annexe et non une habitation.

    15Les cabanes excavées sont en général interprétées comme des structures dévolues au travail artisanal ou à des activités domestiques. Cependant, là encore, l’absence de niveaux de sol et d’aménagements internes, conjuguée à la pauvreté du mobilier recueilli, ne permet pas de préciser la fonction de l’ensemble de ces cabanes. De plus, au regard de l’important nombre de bâtiments mis au jour, le nombre de cabanes excavées peut paraître restreint.

    16Enfin, les données issues de l’étude carpologique nous indiquent seulement la présence de végétaux caractéristiques d’une activité agricole, sans plus de précision2.

    2.4. Éléments de datation

    17Si les données disponibles sont minces, elles permettent cependant de proposer une datation relativement précise de l’habitat. Quelques observations stratigraphiques nous permettent d’affirmer que le site a connu au moins trois phases d’occupation. Tout d’abord, le puits se trouve dans l’emprise du bâtiment 5, ce qui atteste l’existence de deux périodes de construction, sans qu’il soit possible de savoir lequel de ces deux aménagements est antérieur à l’autre. Le même raisonnement peut être fait au niveau des bâtiments 3 et 4, situés dans la partie sud de l’emprise, et des bâtiments 8 et 9, pour lesquels on remarque des superpositions. Les bâtiments 9 et 10 semblent quant à eux comporter deux phases d’occupation. Mais seules les constructions 3 et 4 ont livré une information attestant l’antériorité du bâtiment 3 par rapport au bâtiment 4. En effet, lors de la fouille, un trou de poteau appartenant au bâtiment 4 a été identifié dans la tranchée de fondation du bâtiment 3. Enfin, les bâtiments 11, 12 et 13 sont clairement enchevêtrés et le fait qu’ils se succèdent dans le temps est indiscutable. Mais là encore, l’ordre de construction des trois ensembles ne peut pas être déterminé.

    18La datation donnée par la céramique recueillie (91 tessons pour 29 individus) est très homogène et couvre le viie s., jusqu’au plus tard le début du viiie s.3. Des analyses radiocarbone ont été réalisées pour compléter ces datations. Cent quarante-cinq échantillons ont été récoltés dans les trous de poteau, les cabanes et les puits pauvres en matériel. Seuls 23 n’étaient pas stériles et quatorze d’entre eux ont pu être datés. À l’exception de deux échantillons, leur fourchette chronologique inclut le viie s. (Fig. 3). Les deux charbons de bois datés des ve-vie s. (TP1815 et 1889) pourraient être résiduels compte-tenu de la présence d’une occupation antique sur le site.

    Fig. 3 - Tableau récapitulatif des datations données par la céramique (en bleu) et les analyses radiocarbone (en orange, datation à 95,4 % - 2 σ).

    19La confrontation des datations issues du mobilier et des analyses radiocarbone permet ainsi de rattacher l’habitat à l’époque mérovingienne, et plus précisément au viie s. Le diagnostic réalisé depuis à l’est et au sud-est de l’habitat a confirmé cette datation (Alberti 2023).

    2.5. Organisation de l’habitat

    20Le fait que les différents ensembles identifiés ne puissent être rattachés à une phase en particulier perturbe grandement les réflexions sur l’organisation de cet habitat.

    21Les bâtiments, orientés NNE-SSO à une exception près, semblent plus ou moins alignés les uns à côté des autres. Plusieurs d’entre eux montrent une large ouverture centrale sur leur façade est, devant laquelle il est tentant de restituer des espaces de circulation, notamment à l’est des bâtiments 1 et 2 dans l’espace vide de structures, mais peut-être également à l’est des constructions 3, 5, 7, 8, 9 et 10. Des alignements de poteaux dans la partie sud de l’emprise de fouille (19 et 20) peuvent être interprétés comme des limites de parcelles fonctionnant avec les bâtiments 3 ou 4 et avec les ensembles 8 ou 17.

    22En l’état de nos connaissances, il n’est pas possible de dresser des comparaisons avec d’autres sites d’habitat du haut Moyen Âge fouillés en Alsace ou dans les régions limitrophes. En effet, même si le plan renvoie à une occupation dense, voire organisée, il faut garder à l’esprit que ces constructions se sont succédé sur un ou un peu plus d’un siècle, sans que les différentes étapes de leur mise en place et de l’évolution de cet habitat groupé aient pu être identifiées. De plus, il faut garder à l’esprit qu’un grand nombre d’éléments comme des silos, des greniers ou encore des structures de séchage qui pourraient nous renseigner sur la fonction de cette occupation, sont totalement absents de la zone fouillée.

    23L’occupation mise au jour à Eschau s’inscrit dans la continuité des recherches sur l’habitat rural du premier Moyen Âge en Alsace, pour lequel le nombre de sites fouillés ne cesse d’augmenter.

    3. L’ensemble funéraire

    3.1. Présentation générale des vestiges et topographie

    24L’ensemble funéraire est situé dans la partie nord-ouest de la parcelle fouillée (Fig. 4), à environ 35 m de la zone d’habitat. Il se compose de 140 sépultures à inhumation, dix enclos fossoyés, dont neuf sont circulaires, et d’un bâtiment sur poteaux. Il a vraisemblablement été saisi dans son intégralité. En effet, ses limites est et sud ont été circonscrites, mais un petit doute subsiste quant à son extension ouest, avec la présence de quelques sépultures en limite d’emprise et surtout au nord du fait de la présence de deux tombes excentrées.

    Fig. 4 - Plan d’ensemble de l’espace funéraire.

    DAO : G. Alberti.

    25L’espace funéraire est constitué de deux secteurs distincts, distants d’une quinzaine de mètres. Le groupe nord compte 44 sépultures, deux enclos circulaires et un enclos quadrangulaire 1292. Il occupe une surface de près de 500 m². Les tombes, implantées de manière assez lâche, forment des petits groupes séparés les uns des autres de quelques mètres. Le groupe sud, d’environ 1 500 m², est plus important : il compte 96 sépultures, sept enclos circulaires et un bâtiment sur poteaux. Ce secteur semble être subdivisé en deux pôles séparés par une bande de 3,50 m de large et long de 45 m environ, vide de toute structure, qui pourrait correspondre à un espace de circulation. À l’ouest de ce dernier, on ne trouve que 27 tombes et deux enclos. La moitié est correspond à la partie la plus densément occupée de la nécropole. Les tombes y sont en effet beaucoup plus resserrées et de nombreuses superpositions y ont été observées. De plus, trois des cinq enclos de ce secteur paraissent constituer des zones d’attraction privilégiée du fait de la densité des sépultures découvertes.

    26L’état de conservation des restes osseux est globalement médiocre. En effet, la faible profondeur d’enfouissement de nombreux corps et la matrice sablo-graveleuse du sol ont fortement impacté la pérennisation des éléments organiques. Le squelette axial, à l’exception du crâne, et les extrémités des membres sont réduits à l’état d’esquilles dans la majorité des cas, ou ont totalement disparu ; les individus immatures sont particulièrement touchés par ce phénomène. Leur présence a en effet été souvent révélée grâce à la seule conservation des germes dentaires ou du mobilier associé. Les restes de bois liés à l’architecture funéraire n’ont jamais été conservés, même si les observations taphonomiques ont permis parfois d’attester l’utilisation de contenants en bois. Cependant, plusieurs restes de matériaux organiques (textile, cuir, fourrure, bois et corne) ont été conservés et identifiés sur le mobilier métallique pour onze tombes4.

    27L’étude de cette nécropole ne sera complète qu’une fois terminée l’analyse génomique, engagée pour l’année 2023. En effet, dans le cadre du projet ANR Ancestra, Mélanie Pruvost5 nous a permis d’intégrer une quarantaine d’échantillons osseux issus de sujets inhumés dans un même enclos ou associés stratigraphiquement. L’objectif est de vérifier la présence d’éventuels regroupements familiaux de ce vaste ensemble funéraire.

    3.2. Un espace funéraire du premier Moyen Âge

    28À l’échelle régionale, l’aire sépulcrale d’Eschau a une place prépondérante puisqu’elle s’érige au sixième rang des sites qui ont livré le plus d’effectifs (Barrand Emam, Abert et Chenal 2021), juste derrière ceux d’Odratzheim “Sandgrube, Lotissement du Wehland” (Koziol 2012) et d’Erstein “Untergrasse, route de Krafft” (Abert et al. 2022), avec respectivement 145 et 144 tombes décomptées. Néanmoins, les groupes sépulcraux découverts à Eschau se démarquent chronologiquement des autres grands ensembles funéraires alsaciens. En effet, ces derniers sont globalement créés au cours du vie s., voire à la fin du ve s. L’aire sépulcrale d’Eschau apparaît plus tardivement puisque la sépulture la plus ancienne du site est datée par son mobilier de la période comprise entre 600/10 à 630/40 (MR1, selon Legoux, Périn et Vallet 2016). La répartition spatiale des tombes révèle une organisation polynucléaire classique en Alsace, avec la présence de plusieurs groupes de sépultures au fonctionnement synchrone. Ces rassemblements d’individus pourraient refléter des regroupements de type familial, au sens le plus large, organisation spécifique déjà mise en évidence notamment au sein de l’ensemble funéraire contemporain d’Artzenheim (Barrand Emam, Chenal et Fischbach 2013). La totalité de l’espace sépulcral suit toutefois globalement un même alignement nord-nord-est/sud-sud-ouest, sans doute contraint par des éléments constitutifs du paysage, tels que des axes de circulation ou un réseau parcellaire.

    3.2.1. Typologie architecturale des tombes et gestes funéraires

    29Les formes architecturales adoptées et les gestes funéraires observés sont typiques des ensembles funéraires alsaciens d’époque mérovingienne. En effet, fosses étroites, larges et bipartites sont présentes sur tous les sites, toutefois dans des proportions qui méritent une attention particulière. La fosse étroite est la forme architecturale majoritaire sur le site d’Eschau et son usage est permanent sur toute la période d’utilisation de l’espace funéraire. Au contraire, les chambres funéraires de type Morken6 sont assez rares, elles sont concentrées dans le secteur méridional et apparaissent principalement dans les premiers temps de fonctionnement de l’aire sépulcrale. Les sépultures constituent principalement des dépôts primaires individuels, où les défunts sont allongés sur le dos, les membres en rectitude, la tête orientée préférentiellement entre le nord-ouest et l’ouest. Ils sont inhumés dans des contenants en bois, ajustés au plus près de leur morphologie. Les défunts sont vraisemblablement habillés, parfois parés d’armes et d’objets, accompagnés d’ustensiles et plus rarement de vaisselles. Les dépôts de mobilier sont d’une richesse relative, où l’or est absent et l’argent rarement représenté, avec toutefois quelques pièces remarquables. Ils reflètent des modèles de la période tardive de l’époque mérovingienne, nettement sous l’influence des coutumes et traditions d’outre-Rhin. Aucun dépôt alimentaire d’origine animale n’est par ailleurs attesté dans les sépultures d’Eschau. Les observations taphonomiques indiquent que certains individus semblent avoir été affublés d’une enveloppe souple supplémentaire, linceul, couverture ou autre tissu emmaillotant le corps. Des éléments en matière périssable ont quelquefois été identifiés à l’intérieur du contenant en bois, aménageant une sorte de matelas végétal sur lequel reposait le défunt, ou simplement un coussin surélevant sa tête. Ces quelques différences de pratiques funéraires, que l’analyse pluridisciplinaire a soulignées, semblent principalement en lien avec la datation tardive du site d’Eschau.

    3.2.2. Les enclos fossoyés circulaires

    30Neuf enclos fossoyés circulaires ont été reconnus sur le site, chacun accueillant entre une et quatre tombes. De taille variable, leur diamètre varie de 5,80 m pour les plus petits (enclos 3 et 9) à 10,50 m pour le plus important (enclos 1). Ces ensembles sont classiques, mais leur aspect initial est toujours délicat à restituer, du fait de l’arasement général du site. Ainsi, aucun tertre funéraire n’est attesté, de même qu’aucune interruption des fossés, pouvant constituer une entrée, n’a formellement été identifiée.

    31Leur usage semble continu depuis le début du viie s. jusqu’au début du viiie s. au moins. Ils servent vraisemblablement d’élément polarisant et regroupent des défunts apparentés ou entretenant un lien social fort jusqu’à l’abandon du site. Toutefois, certains de ces éléments semblent disparaître du paysage au cours de la période carolingienne, du fait de l’installation de plusieurs tombes recoupant les fossés des enclos 1 et 5.

    3.2.3. Les données biologiques

    32La pauvreté des données biologiques obtenues à partir de l’étude archéo-anthropologique n’a pas permis de caractériser exhaustivement la population inhumée à Eschau durant sa période d’utilisation (viie-viiie-ixe s.). Des observations classiques et récurrentes au corpus alsacien ont été réalisées, à savoir un déficit démographique des plus jeunes enfants, âgés au décès de moins de 5 ans, une répartition homme-femme a priori équilibrée et un état sanitaire qui ne se démarque pas d’une population rurale du premier Moyen Âge. La reconnaissance de variations anatomiques non pathologiques a confirmé l’homogénéité des groupes humains installés dans la région et a permis de proposer quelques possibles rapprochements familiaux. Il est à espérer que l’intégration du site d’Eschau au projet ANR Ancestra dirigé par M. Pruvost, puisse apporter un lot de résultats intéressants, enrichissant la caractérisation de ce groupe humain et permettant de mieux appréhender les dynamiques d’implantation des sépultures au sein de cet ensemble funéraire.

    3.2.4. Le pillage

    33À l’instar de ce qui est généralement observé sur le corpus alsacien (Chenal et Barrand Emam 2014 ; Châtelet 2017 ; Chenal et Barrand Emam 2017), le pillage des tombes est une pratique attestée à Eschau, où 19,3 % des sépultures présentent des indices probants d’intrusions pendant la durée de fonctionnement du site funéraire. Le mode opératoire des pilleurs est bien défini grâce à une connaissance précise du type et de la localisation du mobilier recherché. L’accès menant au corps paraît toujours restreint et le rapt semble cibler particulièrement les armes (épée et scramasaxe), les parures (fibule et bracelet) et les garnitures de ceintures portées par les défunts, en n’épargnant aucun groupe selon des paramètres biologiques. Le format des fosses sépulcrales, notamment les chambres funéraires de type Morken, et leur emplacement au sein d’enclos fossoyés paraissent attirer particulièrement la convoitise des pilleurs. Cette pratique est observée systématiquement au sein des tombes les plus anciennes, elle diminue drastiquement à partir du milieu du viie s. pour disparaître complètement au tournant des années 700. Ce phénomène est conditionné par le déclin progressif des dépôts de mobilier à la fin de la période mérovingienne.

    3.3. Un espace funéraire réservé à une élite locale ? L’ensemble fossoyé 1292

    34Aux environs de la seconde moitié du viie s., un nouveau pôle de sépultures paraît s’établir à 16 m au nord-est du premier secteur funéraire (Fig. 5). Les tombes les plus profondément enfouies (sépultures 1703, 2155 et 2182) présentent toutes des signes d’intrusion. Ce phénomène pourrait possiblement être un élément déclencheur pour la mise en place d’un système particulier d’enclos fossoyés, probablement palissadés (ensemble 1292) en raison des quelques trous de poteau observés sur le fond. Cet enclos accueille un groupe de 17 sépultures, composé de neuf adultes et huit sujets immatures, où neuf individus ont été reconnus de sexe féminin, quatre de sexe masculin et cinq restent de sexe indéterminé. Cet ensemble est constitué de deux espaces quadrangulaires accolés, chacun délimité par un fossé continu. L’accès se fait sans doute au nord via un point d’entrée qui dessert la partie occidentale d’une emprise au sol de 30 m² où sept défunts sont inhumés. Dès le seuil franchi, il semble que ce premier secteur puisse encore accueillir quelques individus supplémentaires, en raison de l’espace laissé vide au nord des défunts 1299 et 2154. Un second passage, cette fois interne, aménagé entre deux fossés, permet d’accéder à l’espace oriental, où sur une surface de 40 m² les sépultures alignées de 10 sujets ont été découvertes.

    Fig. 5 - Plan et vue zénithale de l’ensemble 1292, photographie de la tombe 1296.

    DAO : G. Alberti ; clichés : Archéologie Alsace.

    35À ce jour, la configuration spécifique de cet ensemble est unique et n’a trouvé aucune comparaison tant au niveau régional que national. Par ailleurs, plusieurs questions restent en suspens concernant sa genèse, son élaboration et sa possible évolution au fil du temps. Quoi qu’il en soit, l’enclos fossoyé 1292 et les sépultures qu’il renferme se démarquent à plusieurs égards au sein de cet ensemble funéraire.

    36Cet agencement architectural inédit accueille les sépultures d’individus privilégiés, notamment par le volume et la qualité du mobilier déposé. Il faut noter que la partie occidentale de l’enclos semble moins riche, seules trois tombes sur les sept recensées ont livré du mobilier. A contrario, l’espace oriental détient les deux tombes ayant livré le plus de mobilier sur le site, où respectivement 18 et 13 objets ont été décomptés associés aux défunts 1296 et 1297. De plus, seule la sépulture de l’adolescent 1309 paraît moins fournie, où néanmoins la position fléchie de sa jambe droite pourrait suggérer l’existence d’un élément périssable qui se serait dégradé. Cet ensemble fossoyé 1292 est également original, du fait de la découverte de plusieurs pièces de mobilier rarement mis en évidence en Alsace, dont des modèles comparables extrarégionaux font encore défaut dans la littérature. Par exemple, les garnitures de jarretières et de chaussures portées par les défunts 1296, 1297 et 2155, les grandes clés, la garniture de ceinture et certaines perles de la tombe 1296, ainsi que la hache et le couteau pliant accompagnant le sujet 1297, font partie des éléments particulièrement remarquables découverts sur le site.

    37Cependant, tous les défunts inhumés dans l’enclos fossoyé 1292 ne semblent pas revêtir le même statut dans le groupe. En effet, les sujets des sépultures 1296 et 1297 se distinguent nettement du fait de la profusion d’objets de qualité déposés à leur contact. L’adolescent 1297, âgé au décès entre 15 et 19 ans, est caractérisé par le port d’un costume funéraire reflétant l’image d’un guerrier. Il était paré de plusieurs pièces d’armement, placées en position fonctionnelle sur son cadavre (un scramasaxe dans son fourreau, une hache et cinq pointes de flèches), son poignet droit était orné d’un bracelet en fer, deux ceintures (une boucle simple en fer et en alliage cuivreux) et un couteau pliant lui sont associés, une aumônière renfermant l’étui d’un peigne était placée dans son dos, et il disposait de garnitures à ses jarretières. L’abondant parement de la femme adulte 1296, âgée au décès de plus de 30 ans, est également remarquable. Elle était dotée de boucles d’oreille, d’un collier de perles, dont certaines formes et dimensions sont originales, d’une fibule en argent avec chaînette et d’une paire de bracelets en alliage cuivreux, une châtelaine était suspendue à sa ceinture à la garniture en bronze, où étaient attachés une plaque-boucle damasquinée, deux grandes clés, des forces, un couteau et un long ferret, et elle portait des garnitures de jarretière et de chaussure ostentatoires fixées chacune sur une peau recouverte de fourrure. Elle était également vêtue d’un élément textile composé de toiles fines, probablement un vêtement long couvrant. Un tissu de cette qualité n’a été identifié que pour cet individu. L’opulence du costume funéraire de la défunte associée à la présence des deux grandes clés, objet hautement symbolique de pouvoir et de responsabilité, esquisse l’image d’une femme d’un statut social élevé au sein du groupe. Ces deux tombes riches sont placées par ailleurs à l’entrée menant à l’espace oriental et délimitent ainsi le lieu en deux parties distinctes, où l’implantation des sépultures répond à une règle stricte dictée par l’âge au décès des défunts. Ainsi, au sud de l’adolescent 1297, le secteur est uniquement dédié à l’ensevelissement des enfants, où deux alignements de sépultures ont été créés, possiblement suite à l’étroitesse de l’espace réservé. Aucun individu adulte n’est présent entre eux, ils sont inhumés au nord et à la droite de la défunte adulte 1296. Cette séparation de l’espace oriental et le nombre de sujets immatures plaident en faveur d’un espace funéraire de type familial. La recherche de variations anatomiques similaires sur les squelettes des défunts a permis de confirmer en partie cette hypothèse, en restituant une parenté proche entre les deux femmes adultes 1295 et 1296, inhumées côte à côte.

    38Les données obtenues de l’analyse pluridisciplinaire de l’enclos fossoyé 1292 permettent de conclure que cet ensemble architectural original pourrait correspondre à une chapelle funéraire privée, sans doute fondée pour un petit groupe d’individus de parenté proche et appartenant à la classe sociale élitaire d’Eschau. Pour cette période du viie s., la profusion de mobilier associée aux corps, la qualité et l’originalité des pièces constitutives du costume funéraire, ainsi que l’emplacement stratégique des tombes attribuent sans doute un rôle ou un statut majeur au défunt 1297, mais encore plus particulièrement à la femme 1296, au sein de cette population.

    4. Quelle place accordée à cet ensemble au sein du maillage territorial d’Eschau ?

    39La continuité du fonctionnement de l’ensemble funéraire d’Eschau pendant la période carolingienne serait possiblement en lien avec l’établissement ancien et le rayonnement local d’une famille aristocratique, dont plusieurs membres ont été inhumés dans l’enclos fossoyé 1292. En effet, la christianisation des campagnes s’impose progressivement à partir du ixe s. par la mise en place d’un système paroissial et le contrôle des espaces funéraires par l’Église. Les inhumations doivent avoir lieu en terre consacrée attenante à un édifice de culte (Lauwers 2010 : 308). Toutefois, certaines familles élitaires laïques érigent des édifices à caractère religieux dans leur domaine pour continuer à y ensevelir leurs défunts, afin d’assurer un ancrage territorial fort et renforcer leur pouvoir face à l’Église. Cette période de transition charnière, entre les grands ensembles funéraires collectifs mérovingiens et la création des cimetières paroissiaux, est assez méconnue sur les bans de la commune d’Eschau, malgré la richesse de son passé médiéval (Steiner 2018 : 54).

    40La première mention historique du village d’Eschau, sous le toponyme “Hascgaugia” et signifiant littéralement “l’île aux frênes”, provient du Testament de l’évêque Remi de Strasbourg, daté du 15 mars 778 (Bornert 2010 : 353-418). Cet acte relate que l’évêque Remi (avant 778-782/783) lègue à l’église cathédrale Sainte-Marie de Strasbourg, l’île d’Eschau, petit hameau situé au milieu de la rivière de l’Ill, qu’il a reçu auparavant par l’intermédiaire d’un don de l’abbesse Adala et de la religieuse Roduna. Remi précise qu’à l’emplacement d’une ancienne petite église, il y a fait ériger une basilique consacrée au martyr saint Trophime, premier évêque d’Arles, et un monastère de moniales sous le patronage de la vierge Marie et de sainte Sophie. En effet, la légende raconte que Remi, en voyage à Rome, aurait reçu du pape Hadrien Ier (772-795) les reliques de la martyre romaine sainte Sophie, et les aurait déposées et conservées dans l’église récemment construite. Cette pratique répandue dans tout l’Occident chrétien depuis le haut Moyen Âge constitue un trait caractéristique des usages liturgiques (Barth 1960 : 1323-1325). C’est sans doute la symbolique forte de ce dépôt qui va permettre au lieu de culte de se développer et d’assurer sa prospérité durant tout le Moyen Âge. Fonder un tel complexe religieux sur ce territoire laisse penser que le secteur était déjà densément peuplé à la fin de la période mérovingienne. En effet, Eschau occupe une place stratégique importante au niveau local puisque sa proximité avec des voies de communication romaines, desservant Strasbourg depuis le sud de l’Alsace, est un élément attractif pour l’installation des groupes humains.

    41Les recherches archéologiques récentes ont confirmé l’importance de ce territoire pendant le premier Moyen Âge par la découverte d’un second ensemble funéraire au lieu-dit “Extension du Parc d’Activités Neuhard”, également localisé sur les bans de la commune d’Eschau (Habasque-Sudour et al. 2020). Cet ensemble funéraire n’a cependant été appréhendé que partiellement, en raison du faible nombre de sépultures mises au jour et de l’emprise réduite de la fouille. En effet, seuls deux enclos circulaires associés à trois sépultures sont comptabilisés et attribués par l’analyse radiocarbone à une large période allant de la fin du vie jusqu’aux viiie-ixe s. Il est ainsi délicat de caractériser le fonctionnement et le statut de ce petit groupe funéraire. Néanmoins, situé à environ 700 m à l’ouest de l’aire sépulcrale de la “rue des Fusiliers Marins”, il renforce l’image d’un secteur occupé de manière dense, où la pérennité de ces deux ensembles funéraires est assurée au moins jusqu’aux viiie-ixe s. La pluralité d’espaces sépulcraux contemporains sur un territoire réduit correspond sans doute à l’existence de plusieurs hameaux d’habitations bien séparés les uns des autres et administrés par des familles élitaires (Schweitzer 1984 : 172). L’édification de l’abbaye Sainte-Sophie d’Eschau, à environ 1,4 km au nord-ouest des deux ensembles funéraires, a sans doute joué un rôle fédérateur pour attirer les populations environnantes vers le centre du village. Ainsi dans ce contexte de renforcement du clergé, il serait possible d’imaginer que pour maintenir son ancrage territorial, une famille élitaire a fait ériger sur ces propres terres “rue des Fusillés Marins” et en lien avec un espace sépulcral ancien un petit édifice à caractère religieux. Localisé au sein du groupe méridional et proche de l’enclos 3, le petit bâtiment sur poteaux 1757 pourrait ainsi correspondre aux vestiges d’un modeste lieu de culte rural. Toutefois, l’absence d’indices chronologiques et l’arasement des vestiges laissent cette réflexion très hypothétique.

    Conclusion

    42L’intérêt majeur du site de la rue des Fusiliers Marins est lié à l’étude conjointe lors d’une même fouille, d’une partie d’un habitat et d’un ensemble funéraire, distants d’une trentaine de mètres et tous deux rattachés au haut Moyen Âge. En effet, malgré la multiplication au cours des vingt dernières années des fouilles d’archéologie préventive qui ont conduit à la découverte de nombreux sites alto-médiévaux, peu d’entre elles ont livré les deux à la fois. L’opération menée à Roeschwoog en 2010 était la première et restait jusqu’alors un cas isolé (Koziol 2010). Un second exemple relève d’un diagnostic effectué en 2014 à Ichtratzheim (Fossurier 2014).

    43La présence d’une élite locale, attestée par l’ensemble fossoyé 1292, ne se reflète pas dans les constructions dégagées dans le secteur d’habitat. Cependant, un diagnostic, réalisé en 2023, sur près de 2 ha sur les parcelles voisines, a permis de confirmer, au nord-est, à l’est et au sud-est, l’extension de cette occupation qui semble tout aussi dense que celle mise au jour en 2018 (Alberti 2023). Ainsi, les données sur ce secteur seront prochainement complétées et enrichies par les résultats de l’analyse génomique et probablement par une fouille menée sur la suite de l’habitat.

    Bibliographie

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    Notes de bas de page

    1Poz-113963 : 1390 ±35 BP.

    2Priscille Dhesse, Archéologie Alsace, est l’auteur de l’analyse carpologique (Alberti et Pélissier 2022 : 98-108).

    3L’étude de la céramique a été réalisée par Élise Arnold, Archéologie Alsace (Alberti et Pélissier 2022 : 94-98).

    4L’étude du mobilier métallique a été effectuée par Franck Abert, Archéologie Alsace (Alberti et Pélissier 2022 : 194-233) et celle des restes organiques minéralisés par Hélène Huysseune, Archéologie Alsace (Alberti et Pélissier 2022 : 234-269).

    5Chargée de recherche au CNRS, Université Bordeaux, UMR 5199 PACEA.

    6Une chambre funéraire de type Morken est une fosse sépulcrale aménagée d’un coffrage en bois et obturée par un système de couverture, dégageant un large espace interne où l’organisation du dépôt funéraire est bipartite. Le défunt, placé dans un contenant rigide, est déposé le long de la paroi nord et le mobilier, ainsi que les dépôts alimentaires, occupent la moitié sud de l’espace. Cette architecture funéraire altomédiévale est fréquente en Alsace et fait référence au site éponyme allemand publié par K. Böhner en 1959 (Böhner 1959).

    Auteurs

    • Géraldine Alberti

      Inrap Grand Est, UMR 7044 ArcHiMèdE.

    • Amélie Pélissier

      Archéologie Alsace.

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      2Priscille Dhesse, Archéologie Alsace, est l’auteur de l’analyse carpologique (Alberti et Pélissier 2022 : 98-108).

      3L’étude de la céramique a été réalisée par Élise Arnold, Archéologie Alsace (Alberti et Pélissier 2022 : 94-98).

      4L’étude du mobilier métallique a été effectuée par Franck Abert, Archéologie Alsace (Alberti et Pélissier 2022 : 194-233) et celle des restes organiques minéralisés par Hélène Huysseune, Archéologie Alsace (Alberti et Pélissier 2022 : 234-269).

      5Chargée de recherche au CNRS, Université Bordeaux, UMR 5199 PACEA.

      6Une chambre funéraire de type Morken est une fosse sépulcrale aménagée d’un coffrage en bois et obturée par un système de couverture, dégageant un large espace interne où l’organisation du dépôt funéraire est bipartite. Le défunt, placé dans un contenant rigide, est déposé le long de la paroi nord et le mobilier, ainsi que les dépôts alimentaires, occupent la moitié sud de l’espace. Cette architecture funéraire altomédiévale est fréquente en Alsace et fait référence au site éponyme allemand publié par K. Böhner en 1959 (Böhner 1959).

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      Alberti, G., & Pélissier, A. (2024). Vivre et mourir à Eschau (Bas-Rhin) : l’habitat mérovingien du site de la rue des Fusiliers Marins et sa nécropole. In B. Bazin, F. Capron, A. Corrochano, & S. Joly (éds.), Se vêtir au premier Moyen Âge (1‑). Fédération pour l’édition de la Revue archéologique du Centre de la France. https://doi.org/10.4000/13ias
      Alberti, Géraldine, et Amélie Pélissier. « Vivre et mourir à Eschau (Bas-Rhin) : l’habitat mérovingien du site de la rue des Fusiliers Marins et sa nécropole ». In Se vêtir au premier Moyen Âge, édité par Bruno Bazin, Capron François, Alexis Corrochano, et Stéphane Joly. Tours: Fédération pour l’édition de la Revue archéologique du Centre de la France, 2024. https://doi.org/10.4000/13ias.
      Alberti, Géraldine, et Amélie Pélissier. « Vivre et mourir à Eschau (Bas-Rhin) : l’habitat mérovingien du site de la rue des Fusiliers Marins et sa nécropole ». Se vêtir au premier Moyen Âge, édité par Bruno Bazin et al., Fédération pour l’édition de la Revue archéologique du Centre de la France, 2024, https://doi.org/10.4000/13ias.

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      Format

      Bazin, B., Capron, F., Corrochano, A., & Joly, S. (éds.). (2024). Se vêtir au premier Moyen Âge (1‑). Fédération pour l’édition de la Revue archéologique du Centre de la France. https://doi.org/10.4000/13ib1
      Bazin, Bruno, Capron François, Alexis Corrochano, et Stéphane Joly, éd. Se vêtir au premier Moyen Âge. Tours: Fédération pour l’édition de la Revue archéologique du Centre de la France, 2024. https://doi.org/10.4000/13ib1.
      Bazin, Bruno, et al., éditeurs. Se vêtir au premier Moyen Âge. Fédération pour l’édition de la Revue archéologique du Centre de la France, 2024, https://doi.org/10.4000/13ib1.
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