Le réseau hydrographique ancien de Beauvais (Oise). L’origine des canaux urbains Sainte-Marguerite et Saint-François (ier-xve s.)
The historic network of water-courses at Beauvais (Oise). The origin of the urban canals of Sainte-Marguerite and Saint-François (1st-15th c.)
p. 225-238
Résumés
L’établissement des canaux urbains Sainte-Marguerite et Saint-François dont il est question dans cet article est généralement daté de l’époque médiévale, plus précisément parfois du xie s. Le tracé de ces canaux, qui ont aujourd’hui totalement disparu du paysage urbain, est connu par différents plans et vues dont les plus anciens ne sont pas antérieurs au xvie s. L’homogénéité de leur tracé a amené à supposer une mise en place simultanée et à y voir un projet d’urbanisme planifié.
Aux indications fournies par la documentation textuelle, dont la valeur informative peut apparaître assez faible, s’ajoutent aujourd’hui des données archéologiques relativement nombreuses qui apportent un éclairage nouveau. L’enquête menée depuis 2020 révèle en effet un réseau hydrographique antérieur au xve s. sensiblement différent de celui visible sur les plans modernes et largement hérité, contre toute attente, de l’époque romaine.
The establishment of the Sainte-Marguerite and Saint-François canals referred to in this article is generally dated to the Middle Ages, more precisely to the 11th c. The route of these canals, which have now completely disappeared from the urban landscape, is known from various plans and views, the oldest dating from the 16th c. The articulation of their layout led to an assumption that they belonged to the same period and a single campaign of urban planning. However, to the documentary evidence, of relatively little use, has now been added substantial archaeological data which sheds new light on the subject. Indeed the survey carried out since 2020 reveals a network of water-courses preceding the 15th c., significantly different from those visible on modern plans, and largely inherited, against all expectations, from the Roman period.
Entrées d’index
Mots-clés : canal, fossé, réseau hydrographique, moulin, enceinte urbaine
Keywords : canal, ditch, watercourses networks, mill, town walls
Texte intégral
1La ville de Beauvais est établie dans la plaine alluviale du Thérain, rivière affluente de l’Oise, à un endroit où les versants sont nettement asymétriques. Celui du sud est très abrupt et forme une falaise plus ou moins continue dont le sommet domine de 50 m environ le fond de la vallée large d’un peu plus de 1,2 km. Celui du nord est beaucoup moins marqué et disposé en pente douce. La ville historique s’étend au point de confluence du Thérain et de l’Avelon situé au pied du versant droit, et légèrement en aval du confluent avec la Liovette qui entaille le versant gauche (Fig. 1). Les plus anciens témoins d’une occupation de type urbain (Caesaromagus) remontent à la période augusto-tibérienne.
Fig. 1 - Le réseau hydrographique actuel et les canaux urbains aux xvie-xviiie s.

S. Lefèvre, Service archéologique municipal de Beauvais.
2La question du réseau hydrographique ancien de Beauvais constitue depuis 2020 l’un des axes de recherche privilégiés du service archéologique. Les données acquises amènent d’ores et déjà à porter un nouveau regard sur la ville romaine où l’eau apparaît beaucoup plus présente que ce qui était envisagé jusqu’à présent. Son omniprésence a en revanche toujours été une caractéristique établie de la ville médiévale mais cette vision s’appuie essentiellement sur des plans légèrement postérieurs, des xvie-xviiie s., les plus anciens à notre disposition. Or il ressort de notre enquête des différences sensibles qui témoignent d’une évolution des tracés jusque-là ignorée.
3Cet article est consacré à l’origine des rivières urbaines et plus particulièrement celles dites de Sainte-Marguerite et Saint-François.
1. Un sujet peu abordé
4La question du réseau hydrographique ancien et notamment de l’origine des canaux urbains a globalement assez peu retenu l’attention du fait sans doute du faible apport des sources écrites, peu nombreuses et assez peu prolixes2. Quelques auteurs l’ont bien évoquée mais le niveau des preuves avancées reste souvent insuffisant.
5Concernant le Merdançon, l’idée d’une mise en place contemporaine de la construction du castrum est assez unanimement admise (Fig. 2). Le canal Gonard constituant la seule source d’alimentation en eau, l’aménagement de ce dernier est fixé à la même époque sans preuve (Leblond 1915 : 26-27, Bourgès 1996 : 26-31, Guillerme 1983 : 68, Legay 2002 : 135, etc.)3. L’établissement des canaux intra muros est généralement daté du Moyen Âge. La théorie la plus originale est sans conteste celle d’André Guillerme selon lequel ils suivraient l’emplacement d’anciennes chaussées empierrées antiques qui auraient permis leur étanchéité difficile à garantir autrement (Guillerme 1983 : 70-73)4 ; le principal argument avancé est la régularité du tracé qu’ils dessinent (observation partiellement juste) qui ne pouvait être héritée que de celle de ces axes viaires. A. Guillerme a proposé de fixer leur aménagement autour des années 1015-1030, conjointement à celui des fossés de la grande enceinte représentée sur les plans et vues du xvie s., l’auteur ne concevant pas l’existence d’un ou plusieurs états intermédiaires5. L’intervalle chronologique, 1015-1030, semble avoir été défini à partir de l’apparition dans un texte de 1037 des moulins Saint-Laurent et Saint-André qu’il plaçait respectivement le long des fossés défensifs nord et est de l’enceinte6. La preuve de l’existence des canaux intra muros reposait sur l’idée qu’un aménagement plus tardif aurait inévitablement entraîné une baisse du rendement des deux moulins et que le souvenir de ce préjudice se trouverait consigné dans la documentation écrite disponible. Cette datation a depuis été reprise assez largement bien que l’auteur reconnaisse lui-même la fragilité de sa démonstration (Guillerme 1983 : 70)7.
2. Principales caractéristiques du réseau hydrographique récent (xvie-xxie s.)
6En amont de Beauvais, à partir du « Grand Relais », le Thérain se divise en deux branches (Fig. 1). La plus au nord, le « canal Gonard », qui reçoit les eaux de la Liovette, suit le pied du versant gauche de la vallée. Son tracé est quasi rectiligne jusqu’aux abords de la ville où il forme un coude à angle droit vers le sud jusqu’au confluent avec l’Avelon (canal du Limaçon). La seconde branche, peu après sa naissance, au niveau du « Petit Relais », se divise à nouveau pour former deux bras d’eau, la rivière Saint-Quentin au nord et la rivière de Saint-Just au sud, qui se jettent aujourd’hui dans l’Avelon. En aval du centre urbain, un peu en retrait du pied du versant nord, apparaissent de manière assez énigmatique deux petits bras convergents d’un ruisseau, le Wage qui conflue avec le Thérain à Wagicourt (com. de Therdonne), à près de 3 km.
7Les plans anciens montrent un réseau beaucoup plus dense8. Outre des variations parfois assez sensibles du tracé des principaux cours d’eau, ils révèlent en outre, à l’extérieur de la ville, un système complexe de simples filets d’eau destinés à assécher la plaine marécageuse et à rationaliser l’irrigation des parcelles. S’ajoutaient les fossés défensifs totalement en eau qui bordaient l’intégralité des remparts urbains (Fig. 2)9. La plupart étaient artificiels et exclusivement alimentés par le canal Gonard. Seule la portion sud, immédiatement en aval des confluents de l’Avelon et des rivières de Saint-Quentin et de Saint-Just, qui se dédouble jusqu’à l’ancienne Porte de Paris ouverte dans l’angle sud-est de l’enceinte, semble située sur l’emplacement d’un bras primitif du Thérain10. Apparaît également sur ces plans un système assez complexe de fossés autour du réduit fortifié dit de Craoul de l’évêque-comte de Beauvais immédiatement à l’extérieur de l’enceinte urbaine, vers l’ouest (Fig. 2).
Fig. 2 - Proposition de restitution du réseau hydrographique urbain antérieur au xve s.

S. Lefèvre, Service archéologique municipal de Beauvais.
8À l’intérieur de cette enceinte, les plans anciens montrent des canaux dont il ne subsiste plus rien de visible aujourd’hui, à savoir les rivières dites du Merdançon, Sainte-Marguerite et Saint-François qui s’étendaient au total sur près de 3,6 km (Fig. 1 et 2)11. L’espace intra muros atteignait alors 78 hectares environ. La mise en place de cette enceinte, dans son intégralité, est généralement datée du xiie s., sous Philippe Auguste. Elle succèderait au castrum antique (± 11 ha), sans état intermédiaire12.
9Les rivières du Merdançon et Sainte-Marguerite présentaient un tracé géométrique, très régulier. Leurs orientations respectives apparaissent fort similaires. Le Merdançon ceinturait le castrum établi à la fin du iiie ou au début du ive s. au nord, à l’est et au sud, à une distance de 10 à 20 m depuis le pied des courtines. Il était alimenté par la portion du canal Gonard déviée vers le sud qui longeait le mur d’enceinte ouest. Celle de Sainte-Marguerite constituait le prolongement vers l’est du canal Gonard et conservait son orientation sur 380 m environ. Elle formait ensuite un coude à angle droit et continuait en droite ligne ou presque le long notamment de la rue des Tanneurs, puis celles des Teinturiers ou encore du Moulin à Huile, jusqu’au Thérain qui renforçait la défense du flanc sud des fortifications.
10Le parcours de la rivière dite Saint-François apparaît beaucoup plus sinueux. Une grande portion se plaçait à l’intérieur du renflement que formait l’enceinte urbaine au sein duquel furent fondés la plupart des couvents entre le xiiie s. et le xviie s. Le tracé de la rivière en reprenait les contours, assez nettement en retrait des courtines au nord, plus près vers le sud. La rivière prenait naissance à l’intérieur de la ville, à l’endroit où celle de Sainte-Marguerite formait un coude vers le sud. La rivière Saint-François la prolongeait vers le nord, à contre-pente, et enserrait un îlot d’habitat où fut établi le Bureau des pauvres peu après le milieu du xviie s. Elle obliquait vers l’est, longeait la limite nord du couvent des Ursulines et passait au sein de celui des Sœurs grises. Elle se dirigeait ensuite vers le sud, coulait au milieu de l’ancienne rue Saint-André, traversait les jardins du couvent des Jacobins puis celui des Cordeliers et rejoignait le Thérain un peu en aval du débouché de la rivière Sainte-Marguerite, après avoir franchi le mur de courtine vers l’extrémité sud-est de l’enceinte13. Ce parcours fut modifié au début du xixe s. et rapproché du canal de ceinture, non loin de l’emplacement des courtines alors démantelées14. À partir de 1869, les rivières Sainte-Marguerite et Saint-François furent couvertes et servirent d’égout (Lemaire s. d. : 6).
3. La rivière Sainte-Marguerite
3.1. Un canal urbain attesté par les textes à partir du xie s. (Fig. 2)
11Le nom de ce canal urbain provient de l’église Sainte-Marguerite qui apparaît pour la première fois dans la documentation écrite dans un acte daté de 1181 (Cartulaire de l’Hotel-Dieu de Beauvais, p. 8)15. Les premières attestations explicites de la rivière du même nom ne sont pas antérieures au xiiie s. La mention la plus ancienne recensée date de 1219 (Cartulaire de la maladrerie de Saint-Lazare de Beauvais…, p. 100)16. Plusieurs des ponts qui l’enjambaient, bien identifiables, apparaissent dans des textes de la même période, le pont Saint-Sauveur en 1234 (Cartulaire de la maladrerie de Saint-Lazare de Beauvais, p. 193), le pont Pinard en 1244 (Cartulaire de l’Hotel-Dieu de Beauvais, p. 233-234), le pont de Male Parole en 1207 (Cartulaire de la maladrerie de Saint-Lazare de Beauvais…, p. 44-45), le pont de Poivre Bouilli en 1224 (Cartulaire de l’Hotel-Dieu de Beauvais, p. 128) et le pont de Pierre en 1271 (ADO G 862)17. Ces occurrences ne constituent pas les plus anciennes preuves de l’existence de la rivière Sainte-Marguerite fournies par les textes. Quelques mentions de moulins édifiés le long apparaissent en effet plus précocement.
12Selon les dires des chanoines de la collégiale Saint-Laurent, consignés dans un texte du xvie s., le moulin du même nom localisable sur le canal Sainte-Marguerite leur aurait été cédé en 1037 par Drogon, évêque de Beauvais (ADO G 45). Les premiers textes ne contiennent pas d’indications précises relatives à son emplacement. Sur les quelques plans du xvie s. existants, les plus anciens à notre disposition, il est représenté le long du tronçon ouest/est de la rivière, à l’endroit où il s’élevait encore au début du xxe s., et non, comme l’a proposé A. Guillerme, à l’extérieur de la grande enceinte urbaine, le long du fossé défensif nord. Rien dans la documentation ne justifie de le placer à cet endroit. Un texte de 1237, le plus ancien à notre connaissance comportant quelques indices utiles à sa localisation, suggère que c’est bien le long de la rivière urbaine qu’il se trouvait. La maison d’un certain Philippe de Beaulévrier est située en-dessous du moulin Saint-Laurent et au-dessus de l’eau18. Le terme « aqua » employé ici est en effet celui généralement utilisé pour désigner les canaux ainsi que les bras naturels, celui de « fossa » étant privilégié pour évoquer les fossés défensifs. La présence de plusieurs maisons à proximité immédiate du moulin Saint-Laurent, comme l’atteste un texte de 1271, conforte l’idée d’un positionnement à l’intérieur de la ville, l’habitat extra muros étant souvent plus lâche, surtout sur le flanc nord de l’enceinte19.
13L’existence du moulin Saint-Laurent dès 1037 pourrait donc bien constituer un terminus ante quem crédible pour l’aménagement du canal Sainte-Marguerite. La présence de ce dernier, et avec le parcours qu’on lui connaît par les plans anciens, est plus fermement attestée encore avec l’apparition dans les sources écrites de la première moitié du xiie s. de deux autres moulins édifiés le long de sa portion nord/sud. Le premier, le moulin Ratel, est mentionné dans un texte de 1109 (ADO H 26). Il était bâti vers son extrémité sud, devant le mur de courtine de la grande enceinte fortifiée, juste en amont du débouché vers le Thérain. Dans une bulle du pape Urbain III de 1186, il est fait référence à un second moulin, édifié celui-là à proximité de l’église Saint-Sauveur20. Cette indication autorise à le situer le long du même tronçon de rivière, à l’est du chevet. Les revenus qui lui sont liés figurent parmi ceux acquis avant le milieu du xiie s.
3.2. Un canal qui succède à d’anciens fossés défensifs ?
14L’essentiel du tracé de la rivière Sainte-Marguerite pourrait être hérité des fossés d’une extension du castrum peut-être établie vers les ixe-xe s. Le tracé que dessine cette rivière à l’intérieur de la ville nous a en effet amené dès 2009 à proposer l’existence d’une ligne de fortification, en plus des deux parfaitement avérées à savoir le castrum du Bas-Empire et la grande enceinte urbaine attestée par un texte dès 1179 qui coïnciderait en totalité avec celle représentée sur les plus anciens plans disponibles (Lefèvre 2009). Cette enceinte inédite, antérieure au xiie s., étendrait le castrum vers le nord et l’est et doublerait la surface protégée (Fig. 2).
15L’existence d’une enceinte intermédiaire agrandissant le castrum a déjà été évoquée par P. Louvet, un historien du xviie s. Celui-ci n’évoquait qu’une extension vers l’est, dans le prolongement des murs de courtine nord et sud (Louvet 1631 : 508-509). Cette information est fournie sans aucune indication la justifiant. Peut-être s’appuyait-elle sur des indices tangibles encore présents à l’époque ou des données écrites disparues depuis mais rien ne l’assure.
16La découverte d’un tronçon de fossé en 1987, Place Clémenceau, long de 60 m, conforte l’hypothèse d’une extension au moins vers l’est comme indiqué par P. Louvet (Fig. 2, site c et 3). Cette structure, en eau à l’origine – la nature des dépôts qui en comblaient le fond le démontrait –, se situe en effet dans l’alignement du tronçon sud du Merdançon placé au-devant de la courtine du castrum (Desachy 1991 : 63). Celle-ci a été interprétée au moment de sa découverte comme un simple « cours d’eau aménagé » mais l’hypothèse d’une ligne de défense semble mieux convenir. Bien qu’identifiée après la phase de fouille, au cours de la surveillance des terrassements pratiqués pour la construction d’un parking souterrain, la largeur du fond de ce fossé a pu être estimée à au moins 10 m (celle à l’ouverture n’a pas été définie), lui conférant ainsi un calibre qui excède largement celui des canaux urbains connus à Beauvais. Il se prolongeait assurément à l’extérieur de l’emprise du chantier, à l’est et à l’ouest. Ce fossé a été daté du haut Moyen Âge, peut-être de l’époque carolingienne, sans plus de précision, à partir du mobilier en céramique contenu dans la vase fine qui en nappait le fond. Il a été observé en outre que son creusement recoupait la totalité des vestiges gallo-romains reconnus et que son comblement était scellé par un îlot bâti daté du xiie s., situé entre la rue Saint-Christophe et la petite rue de l’Ecu aujourd’hui disparues. Ce comblement pourrait donc être intervenu au moment de l’édification de l’enceinte attestée par le texte de 1179.
17Le cadastre de 1832 de Beauvais semble conserver la trace d’une portion du tracé de cette enceinte qui étendait le castrum vers l’est (Fig. 3). Le parcellaire urbain présente en effet sur son emplacement présumé une disposition qui se distingue totalement du reste de la trame. Cette forme très singulière se compose de deux rues, très faiblement éloignées l’une de l’autre, qui présentent un tracé parfaitement parallèle sur plus de 300 m de long. Elles délimitent ainsi des îlots bâtis beaucoup plus réduits qu’ailleurs, d’une vingtaine de mètres de large tout au plus. L’espace total entre les deux rues, de 25 à 30 m environ, pourrait ainsi correspondre à la largeur du fossé de cette extension du castrum. Cette forme parcellaire en fossiliserait l’angle sud, la section la plus courte orientée nord-ouest/sud-est se plaçant très exactement dans le prolongement de la portion de fossé retrouvé en 1987, avec la même orientation que la courtine correspondante du castrum. Sur le tracé du fossé oriental de l’agrandissement restitué se plaçait le canal Sainte-Marguerite qui pourrait donc avoir été aménagé à partir de cet ancien fossé défensif.
Fig. 3 - Traces conservées sur le cadastre de 1832 (coll. part.) de l’enceinte qui agrandissait le castrum vers l’est.

S. Lefèvre, Service archéologique municipal de Beauvais.
18L’extension vers le nord du castrum, non proposée par P. Louvet, est également envisageable. Elle est délimitée par la rivière Sainte-Marguerite qui succèderait là aussi à son ancien fossé. Il n’entre pas dans le cadre de ce travail de faire la démonstration complète de cette hypothèse qui s’appuie sur des indices assez nombreux et de natures variées. L’un des arguments les plus convaincants, outre le tracé de cette rivière, est l’emprise des paroisses Sainte-Marguerite et Saint-Laurent, à l’extérieur de l’extension présumée, qui, par un effet de paroi bien marqué, paraissent en dessiner, la première, l’angle nord-ouest, et la seconde, la limite nord. Le tracé de l’ancienne rue Sainte-Marguerite, depuis l’angle nord-ouest du castrum jusqu’à la rivière du même nom, apparaît également très significatif. Il prolonge le mur ouest du castrum comme si la rue avait été aménagée sur l’emplacement de la courtine et du fossé de cette extension. Il est également révélateur que vers le nord, au-delà du point de contact avec la rivière, le tracé de la même rue perde complètement son caractère rectiligne. À l’intérieur de cet agrandissement ont également été retrouvés, immédiatement sur les niveaux gallo-romains, des vestiges témoignant d’une occupation structurée des xe-xie s. peu représentés ailleurs que dans le castrum (Haaz 2019 : 14-15). Cet agrandissement de l’espace fortifié pourrait ainsi résulter d’un regain de population. À l’intérieur se trouvaient les églises Saint-Martin et Saint-Sauveur qui, avec celles au sein du castrum, et l’église Saint-Étienne, à l’extérieur, appartiennent aux plus anciennes de la ville. La place du marché mentionnée pour la première fois dans un acte des années 1089-1095 se trouve également incluse (Monuments historiques, p. 74).
19Un diagnostic mené en 2005 sur la Place des Halles actuelles (Fig. 2, site d) a donné l’occasion d’appréhender une petite section de la rive orientale de la rivière Sainte-Marguerite, le long de l’ancienne rue des Tanneurs implantée sur le tracé des fossés défensifs supposés (Lefèvre 2014 : 12-13). Le premier aménagement de berge a pu être fixé autour des xiiie-xive s. d’après le mobilier en céramique. Les fossés sur l’emplacement desquels a été aménagé le canal ont peut-être ainsi été conservés un temps sans modification majeure après l’édification de la nouvelle enceinte du xiie s. Leur réduction et l’aménagement du canal, d’un gabarit plus réduit, seraient un peu plus tardifs que le comblement de la section découverte en 1987. La première référence à la rue des Tanneurs recensée dans les textes corrobore cette datation puisqu’elle date de 1265 (Cartulaire de l’Hotel-Dieu de Beauvais, p. 345).
20Des découvertes archéologiques montrent que la portion ouest/est de la rivière Sainte-Marguerite, et peut-être même sa portion nord/sud, pourraient avoir été aménagées dès l’époque gallo-romaine. L’extension du castrum aurait donc été calée sur ses bras d’eau préexistants, intégrés de manière opportuniste au système défensif.
3.3. La rivière Sainte-Marguerite, un bras d’eau d’origine gallo-romaine
3.3.1. La portion ouest/est, une section d’un grand canal gallo-romain ?
21Aucune investigation archéologique n’a été menée sur le canal Gonard ou sur le tracé de la portion ouest/est de la rivière Sainte-Marguerite, qui le prolonge au sein de la ville, tel qu’il apparaît sur les plans anciens disponibles. En revanche, un fossé repéré en 1995 (Fig. 2, site e), à une soixantaine de mètres au nord du canal Sainte-Marguerite, peu après son entrée dans la ville, marque peut-être l’emplacement de son cours primitif (Brouillard 1995 : 7). Il a été mis au jour très partiellement mais ce qui en a été observé, une section depuis sa rive gauche, témoigne de ses dimensions assez importantes totalement compatibles avec cette hypothèse. Son comblement a été daté du ier s. de notre ère.
22C’est surtout la découverte en 2011-2012 (Fig. 2, site f) d’un fossé en aval de la portion ouest/est de la rivière Sainte-Marguerite, sur le même axe, qui constitue la donnée la plus précieuse (Fémolant, Boudeau et Bouniol 2018 : 64-107). Avec le ruisseau du Wage situé à l’est, c’est un canal long de plus de 6,5 km au total qui semble se dessiner (Fig. 2). L’idée que le Wage ait constitué le prolongement du canal Gonard et de la rivière Sainte-Marguerite n’est pas nouvelle. Elle a été formulée à plusieurs reprises21. Elle ne reposait pas sur d’autres éléments que la position de ces cours d’eau, argument déjà très convaincant à lui seul.
23Le fossé exhumé se situe entre l’extrémité de la portion ouest/est de la rivière Sainte-Marguerite, à 170 m environ, et l’apparition du petit bras nord du Wage, à environ 600 m, qui se positionne exactement dans le prolongement (Fig. 2)22. Les limites de plusieurs parcelles représentées sur quelques plans anciens semblent rappeler son cours et permettent de prolonger ce dernier vers la ville au moins jusqu’à l’ancienne rue Saint-André. Le mouvement des lits successifs du fossé retrouvé au cours de cette fouille, sous l’action de facteurs naturels et surtout anthropiques, a été assez limité. Il s’agit de déplacements systématiquement latéraux qui s’inscrivent dans un secteur très réduit. Les tracés se placent tous très précisément sur le passage de l’axe théorique dessiné sur le plan avec une orientation légèrement décalée ce qui pourrait suggérer que, comme ce qu’il en subsiste aujourd’hui, le canal ne devait pas dessiner un trait parfaitement rectiligne. La trace la plus ancienne du fossé remonte à la première moitié du ier s. de notre ère. Le fossé atteignait alors une largeur à l’ouverture d’un peu plus de 4,5 m pour une profondeur de 1,5 m environ. Les analyses géomorphologiques ont permis de déterminer la dynamique d’écoulement de l’eau au sein de ces lits successifs. Elles ont révélé une grande variation des débits, parfois limités, voire quasi nuls, jusqu’à relativement rapides. Le fossé atteignait au cours de la seconde moitié du ier s. jusqu’à plus de 3,2 m de large. Un pont en bois permettait son franchissement et a été daté par dendrochronologie de l’année 64. Le fossé était alors contigu à un autre, parallèle, moins large (1,4 m), qui bordait une rue. Il n’en subsistait plus qu’un, au cours de la seconde moitié du iie s., large de 1,35 m seulement, renforcé sur ses parois par des pieux et des planches. Au début du iiie s., sa largeur à l’ouverture dépassait 5 m et sa profondeur était d’un peu plus de 1 m. Celui-ci paraît avoir été comblé dans le courant de la seconde moitié du iiie s.
24Ce grand canal apparaît ainsi plus précoce que supposé et sans lien avec l’édification du castrum. La date du comblement du tronçon retrouvé questionne en revanche à propos d’une possible relation entre la construction du rempart, vers la fin du iiie s., et un éventuel abandon partiel du bras d’eau. Une baisse sensible de son débit consécutive aux modifications apportées au tracé du canal, conçues de manière à alimenter en eau les fossés creusés devant les murs, pourrait en être la cause. Mais rien n’assure que le castrum fut bien doublé de fossés défensifs et ce, dès cette époque23. Quelques éléments tendent de plus à témoigner de la présence de ce grand canal dans son intégralité bien après.
3.3.2. Un grand canal ouest/est conservé au moins jusqu’au xiie s. ?
25Au cours de la même fouille ont été découverts deux autres fossés dans le même secteur que les précédents. Ces structures, parfaitement parallèles, présentaient une largeur à l’ouverture de près de 4 m pour une profondeur au maximum de 1,2 m (Fémolant, Boudeau et Bouniol 2018 : 112). Leur fonction et la datation de leur aménagement n’ont pas été déterminées. Rien n’atteste leur contemporanéité. Assurément postérieurs à l’occupation antique, l’un était recoupé ou associé au fossé défensif de l’enceinte établie au xiie s. Le comblement de l’autre a livré quelques tessons de céramique datables des xive-xve s.24. Le hiatus chronologique qui se dessine ici est trop important pour garantir la pérennité de l’intégralité du tracé du canal sans interruption surtout qu’aucun niveau attestant une circulation en eau n’y a été observé. Les deux présentent pourtant une orientation parfaitement concordante avec celle du canal Gonard et de la rivière Sainte-Marguerite en amont et celle du Wage en aval. Des curages successifs pourraient avoir entraîné la disparition d’éventuels dépôts hydromorphes d’autant que l’un des deux fossés montre un probable recreusement25.
26La possibilité que la partie manquante de ce grand canal restitué, telle qu’elle apparaît aujourd’hui, ait été conservée bien après l’époque gallo-romaine – hypothèse n’excluant pas une éventuelle période d’abandon – est envisagée avec plus d’assurance à partir du tracé significatif, déjà signalé, que dessinaient encore au xixe s. dans le parcellaire des limites de propriété successives depuis le petit bras nord du Wage jusqu’aux abords de la ville (Fig. 2). Surtout, cette idée repose sur la présence d’un moulin localisable avec de bonnes présomptions sur cette portion, juste à l’est de la fouille évoquée plus haut (Fig. 2). Un acte de 1195 le situe dans une rue dite « de la Couture »26, qu’un historien du xixe s. a localisée sans preuve au sein de la ville, non loin de l’ancienne place du marché (Labande 1892 : 203). Pourtant, un espace assez vaste au sein de la paroisse Saint-André, juste à l’extérieur du fossé de l’enceinte urbaine, conviendrait beaucoup mieux. Cet endroit était en effet dénommé anciennement « La Couture » comme sur un plan daté de 170727. La présence de ce moulin démontrerait donc la permanence de la totalité du grand canal au moins jusqu’au xiie s., aucune trace de ce moulin n’ayant été relevée dans les sources écrites plus récentes28.
3.3.3. La portion nord/sud, un bras d’eau au cœur de la ville antique ?
27Aucune investigation archéologique d’ampleur n’a été conduite sur la portion nord/sud de la rivière Sainte-Marguerite telle qu’elle apparaît sur les plans anciens. La découverte en 2020 d’un bras d’eau artificiel à proximité immédiate de son extrémité sud conduit toutefois à émettre l’hypothèse d’une mise en place durant l’époque romaine (Fig. 2, site g). Selon l’emplacement de ce bras d’eau, il pourrait s’agir d’une ramification du canal ou même de son lit primitif, cette seconde possibilité étant très plausible. L’orientation de la section retrouvée la place en effet très exactement dans le prolongement de la rivière Sainte-Marguerite avant que celle-ci ne bifurque très nettement vers le sud, vers le moulin Ratel. Les dégagements de ce bras d’eau n’ont été que très partiels et rendus complexes par la remontée d’eau de la nappe alluviale. L’étude post-fouille étant en cours, les interprétations sont encore très provisoires. La largeur mesurée à la surface du comblement de la structure avoisine au minimum 4 m. La profondeur n’a pas été définie, la cote de fond de fouille à atteindre se plaçant au-dessus, mais un sondage a montré qu’elle excédait assurément 1,50 m. Le comblement pourrait être intervenu durant l’époque antique, peut-être vers la fin du ier ou le début du iie s.
4. La rivière Saint-François
4.1. Un tracé largement modifié au xve s.
28Le nom de cette rivière semble lié au couvent des Sœurs Grises, dites aussi de Saint-François, établi à cet endroit à partir de 1480 (Coll. Bucquet t. XXVI : 340), là où s’élevait celui des Béguines attestées depuis 1247 (ADO H 9700). Aucune mention ancienne de cette rivière n’a toutefois été retrouvée dans les sources écrites.
29À la différence de la rivière Sainte-Marguerite dont le tracé paraît avoir peu évolué depuis au moins les xie-xiie s. jusqu’à sa disparition, celui de la rivière Saint-François a été modifié très sensiblement non seulement au xixe s., comme évoqué plus haut, mais également dès le xve s. et profondément (Fig. 2)29. Cette transformation n’est donc pas détectable à partir de la documentation iconographique à notre disposition, aucune vue n’étant antérieure au xvie s.
30Un acte de 1431 signale en effet qu’un certain Jean du Sauchoy obtint l’autorisation à cette date de construire un moulin à taillant sur un nouveau cours d’eau aménagé né de la déviation de la portion ouest/est de la rivière Saint-François, située en amont, le long de l’ancienne rue des Béguines. Le nouveau cours, dit le texte, commençait par passer au travers d’une maison du couvent des Béguines édifiée à l’extrémité de cet établissement, franchissait ensuite successivement deux jardins puis se prolongeait vers la rue Saint-André. Aucun détail n’est donné sur le reste du parcours mais tout laisse à penser qu’il s’agit du tronçon nord/sud de la rivière Saint-François tel qu’il apparaît sur les plans des xvie-xviiie s. Le même document précise que cette déviation entraîna l’abandon de la portion ouest/est du canal, en aval du couvent, qui se prolongeait, sans doute en droite ligne, jusqu’aux remparts de la ville qu’elle franchissait « par-dessous » pour rejoindre les fossés. Ce texte révèle également que sur la portion ouest/est subsistante se trouvait un moulin, à tan et huile celui-là (original dans Coll. Bucquet T. XXI : 413-41530). Dans un autre texte de 1425, qui concerne le bail de ce moulin, on ne trouve aucune trace de la déviation : le tracé complet ouest/est était encore celui du canal (ADO G 85631).
31Aucune donnée n’infirme l’information apportée par le texte de 1431. Aucun moulin ni aucun pont ou passage d’eau quelconque ne sont attestés avant cette date le long de la grande portion nord/sud de la rivière Saint-François32. Deux chantiers archéologiques se sont déroulés sur ce tracé (Fig. 2, sites h et i). Aucune de ces investigations n’a apporté de données étayant l’hypothèse d’A. Guillerme selon laquelle son aménagement se placerait vers 1015-1030, comme celui de la rivière Sainte-Marguerite. Celui au 100, rue des Jacobins n’a livré aucun élément datant. Il a été observé que le lit du canal atteignait dans son état le plus ancien reconnu une largeur de 4 m pour une profondeur de 2 m environ (Goret 1999 : 9). Au 25, rue Villiers de l’Isle-Adam, le cours primitif n’était conservé que sur 1,10 m de large depuis la rive nord, le reste ayant été détruit lors du réaménagement du canal au xixe s., les deux se superposant en grande partie ici. La stratigraphie apparaît peu complexe (Fémolant 2001 : 7-8). Les tessons les plus précoces retrouvés dans la strate qui tapissait le fond du creusement proviennent de céramiques peintes (2 Nmi) et de grès du Beauvaisis (3 Nmi) datables des xive-xve s.
4.2. Un tracé primitif attesté dès le xiie s.
32Conformément à ce qui est avancé dans le texte de 1431, l’origine de la portion ouest/est, située le long de l’ancienne rue des Béguines, peut être fixée avant le xve s. (Fig. 2). Un moulin à tan, probablement celui mentionné dans ce texte et celui de 1425, y est en effet avéré dès 1247 (ADO H 9700) ou encore en 1290 (ADO G 85633). Les sources écrites démontrent également la présence sur ce tronçon de deux ponts, localisables, dès la première moitié du xiiie s., le pont Godard en 1227 et un petit pont dit de « Porte Chair » en 1244 (Cartulaire de l’Hotel-Dieu de Beauvais, p. 149-150 et 232). Un tronçon long de 20 m de cette portion de rivière a été étudié au cours d’une fouille entreprise entre 1992 et 1993 dont les limites incluaient une grande partie des anciens couvents des Béguines et des Sœurs Grises (Fig. 2, site j). La rivière a été reconnue lors de cette opération sur une longueur totale d’environ 110 m incluant les 60 premiers mètres de la bifurcation nord/sud mais les observations n’y ont été que très sommaires du fait des contraintes liées au chantier de construction mené parallèlement aux investigations archéologiques (Fémolant et al. 1993 : 32). Le petit tronçon appréhendé plus en détail a montré de multiples indices de recreusements entrepris à la suite de phases successives de comblement, naturel et le plus souvent anthropique (Fig. 4). Cette stratigraphie complexe suggère une longue durée d’utilisation confirmée par le mobilier prélevé au sein de ces dépôts. Les artéfacts ramassés au sein des premiers niveaux d’envasement ont été datés du xiie s. confirmant ainsi l’antériorité de cette portion ouest/est de la rivière. Les divers recreusements ont empêché de déterminer précisément ses dimensions successives. Dans l’un de ses états primitifs, la largeur du lit du canal devait avoisiner 5 m et la profondeur au moins 2 m34.
Fig. 4 - Coupe stratigraphique du canal Saint-François xiiie-xixe s.

S. Lefèvre, Service archéologique municipal de Beauvais, d’après Fémolant et al. 1993.
33Il n’est pas certain que la partie de l’enceinte urbaine qui forme une extension vers l’est, où coule une partie de la portion ouest/est ainsi que toute la bifurcation nord/sud de la rivière Saint-François et où se trouvent regroupés la majorité des couvents de Beauvais, appartienne à celle mise en place au xiie s. (Fig. 2). Plusieurs indices de diverses natures autorisent à y voir un agrandissement plus tardif, peut-être mis en œuvre dans le courant du xive s. (Lefèvre 2015 : 58-61). Le détail des arguments qui justifient la remise en question de la concordance parfaite entre l’enceinte dite de Philippe Auguste et celle représentée sur les plans les plus anciens disponibles n’a pas sa place dans le cadre de cette étude mais elle amène toutefois à formuler deux remarques qui intéressent directement le sujet traité ici. Tout d’abord l’idée de placer ce secteur à l’extérieur de la ville ceinturée par l’enceinte fortifiée présente l’avantage d’expliquer ce qui était jusque-là considéré comme une particularité difficile à concevoir qu’était l’appartenance du moulin à tan situé dans la rue des Béguines à des propriétaires privés aux xiiie-xive s. alors que tous les autres de la ville intra muros relevaient du chapitre35. Sa localisation hors les murs primitivement permet de lever l’ambigüité. Le fait que cette portion de l’enceinte soit plus tardive, et notamment le fossé défensif, demande également à déterminer le parcours qu’empruntait la rivière Saint-François en aval de la rue des Béguines, avant l’aménagement de cette extension. Le réseau hydrographique encore visible amène à penser qu’elle se rattachait au Wage, comme la rivière Sainte-Marguerite. Le petit bras sud conservé de ce ruisseau se place en effet précisément dans le même axe que cette portion ouest/est de la rivière Saint-François (Fig. 2)36. Il n’est pas impossible d’ailleurs qu’un autre moulin se plaçait alors le long de ce bras d’eau, légèrement en aval de celui de la rue des Béguines37.
34Il s’agit du moulin Saint-André dont la première mention date de 1232 (Recueil de documents inédits concernant la Picardie, p. 32-33). À cause de sa destruction dès 1429 et de l’insuffisance des données textuelles, sa localisation demeure incertaine38. Les quelques détails relevés permettent toutefois de le situer extra muros et à l’écart de l’habitat, vers les parcelles cultivées (« les Aires »)39.
35Peu d’informations relatives à la première portion de la rivière Saint-François, qui enserrait l’ancien Bureau des pauvres, ont été collectées pour le moment. Au cours d’un diagnostic réalisé en 2019 a été identifiée (Fig. 2, site k), dans un bâtiment édifié le long de la rue Buzanval, une séquence stratigraphique épaisse de 1,20 m, parfois extrêmement litée, composées de plusieurs couches hydromorphes, parfois très fines, susceptibles de correspondre à des dépôts d’envasement et de remplissage du cours d’eau. L’exiguïté du sondage n’a pas permis d’acquérir d’autres indices. Le mobilier en céramique associé a été daté des xiiie-xive s. (Lefèvre 2019 : 38-41). De l’autre côté de la rue, dans un sondage ouvert en 2011 (Fig. 2, site l), a été mis au jour un probable fossé exutoire de la rivière qui aurait été comblé dans le courant du xviie s. (Boudeau et Fémolant 2011 : 26-27).
36Les indices sont moins nombreux mais il est envisageable que la rivière Saint-François, comme la rivière Sainte-Marguerite, trouve son origine durant l’époque romaine. L’opération qui a été menée à l’emplacement des anciens couvents des Béguines et des Sœurs Grises a en effet révélé, le long de la berge nord de la rivière Saint-François, une portion d’un fossé gallo-romain (Fig. 5). Celui-ci, qui se prolongeait au-delà de l’emprise de fouille, traversait l’atrium d’une domus. Ses dimensions étaient beaucoup plus modestes que celles des précédents, 0,90 m de large au maximum et 0,50 m de profondeur en moyenne (Fémolant et al. 1993 : 25). Son tracé, de même orientation que celui de la rivière, dessinait une courbe assez ample. Son aménagement a été placé entre la fin du iie et le milieu du iiie s. Aucun dépôt hydromorphe n’y a été détecté mais le profil en U et la régularité du creusement ont conduit à supposer la présence d’une canalisation.
Fig. 5 - Les trois fossés retrouvés lors de la fouille de la Caserne Taupin.

S. Lefèvre, Service archéologique municipal de Beauvais, d’après Fémolant et al. 1993.
Conclusion
37Ce travail de reprise de données amorcé depuis peu apporte déjà un éclairage nouveau sur la question du réseau hydrographique ancien, plus précisément sur l’origine des canaux urbains Sainte-Marguerite et Saint-François.
38Il en ressort que rien ne conforte l’idée d’une mise en place ex nihilo au cours du Moyen Âge. Tout indique que le premier fut établi dès l’époque gallo-romaine et qu’une portion de celui-ci se rattachait à un long canal, peut-être constitué à partir d’un bras naturel du Thérain. La présence de l’eau dans la ville apparaît ainsi beaucoup plus prégnante à cette période que ce qui était jusque-là supposé. Cette étude montre aussi que cette rivière Sainte-Marguerite servit ensuite de fossé défensif à une extension du castrum du Bas-Empire récemment identifiée, établie au cours des ixe-xe s. Le même phénomène a été identifié dans d’autres villes comme à Douai (Salamagne 2001 : 22-23) ou Valenciennes (Maliet et Tixador 1993 : 81). Sa canalisation, telle qu’elle apparaît sur les plans les plus anciens disponibles, des xvie-xviiie s., n’est pas postérieure aux xiiie-xive s. Le tracé du second, le canal Saint-François, visible sur les mêmes représentations, est beaucoup plus récent puisqu’il n’est pas antérieur au xve s. Il résulte de la modification du parcours d’un bras d’eau primitif, présent au xiie s., peut-être même dès l’époque gallo-romaine également, et parallèle au grand canal, sans doute né d’une diffluence de ce dernier. L’aménagement de cette déviation à la fin du Moyen Âge appartient à une série de travaux d’urbanisme qui dénotent d’une évolution structurelle de la ville encore sensible à la fin du Moyen Âge et au début de l’époque moderne depuis peu mis en lumière là où seuls une densification de l’habitat urbain et un développement des pôles de peuplement suburbains étaient perçus.
39Le dossier est déjà alimenté par une opération archéologique supplémentaire menée à la fin de l’année 2021 qui révèle la présence d’un bras d’eau, totalement ignoré jusque-là, au sein de la ville antique. D’autres interventions programmées à ce jour devraient également apporter de nouvelles informations notamment sur le Wage, en aval de la ville.
Bibliographie
Documents d’archives
Bibliothèque nationale de France
Ms NAL 1934 (https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b10038924c) : Cartulaire de la commanderie de Sommereux (1201-1300).
Archives départementales de l’Oise
Plan 100 : Plan de la ville indiquant le découpage des parcelles (xviiie s.)
Plan 151 : Plan des terres relevant du chapitre cathédral de Beauvais, situées dans les faubourgs nord, Marissel et le faubourg Saint-Jacques (1707).
Plan 161 : Plan de la ville avec le tracé de l’alignement des rues, l’indication et le numéro de chaque maison (1849).
Série G
- 38 : Notes sur l’histoire du moulin à tan sis derrière l’église de Saint-Thomas, fondé en 1526 par Nicolas Boileau, le jeune, démoli en 1569 par suite du remaniement des fortifications, rétabli un peu plus loin en 1590.
- 45 : Requête présentée à l’évêque par les chanoines de Saint-Laurent pour être maintenus dans leurs anciens droits lésés par l’établissement de moulins à tan et à huile sur le cours d’eau qui faisait tourner leur moulin, dit moulin de Saint-Laurent, et reconnaissance par eux qu’ils possèdent ce moulin par donation de l’évêque Drogon, en 1037… (1573).
- 856 : Vente par Evrard de Lis et Marie, sa femme, veuve de Pierre de Cus, à Jean de Paris, clerc, pour 35 livres, d’un moulin à tan près de la maison des Béguines (1290).
- Bail du moulin à huile situé près du couvent des Béguines par le chapitre à Jean du Sauchoy et Jean Trompe, tanneurs, moyennant 100 sous parisis (1425).
- 862 : Vente par Philippe Le Goulier, bourgeois de Beauvais, à l’hôpital de Saint-Thomas des Pauvres Clercs, moyennant 60 sous, pris sur l’aumône faite à l’hôpital par Emeline, veuve d’Adam Babouin, d’un cens annuel de 4 sous sur une maison sise au pont de pierre, derrière l’hôtel de Beaupré… (1271).
- 5252 : Aire contre la ruelle, qui est derrière le moulin à blé de Saint-André (1234).
Série H
- 26 : Moulin Ratel (1109).
- 9700 : Les Béguines. Maison paroisse St-André sous le moulin Tanerès (1247).
L’Armarium, la bibliothèque numérique des Hauts-de-France (https://www.armarium-hautsdefrance.fr).
Coll. Bucquet aux Cousteaux
- XXI : Établissement du moulin proche Saint-André (1431).
- XXVI : Mandement du roi pour l’établissement de religieuses du tiers-ordre de Saint-François (1480).
Sources imprimées
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Cartulaire de la maladrerie de Saint-Lazare de Beauvais comprenant 406 chartes conservées aux archives hospitalières de cette ville, Leblond V., Champion, Picard, Paris, 1922.
Catalogue des actes d’Henri Ier, roi de France (1031-1060), Soehnee F., Honoré Champion, Paris, 1907.
Inventaire analytique des chartes des xie, xiie, xiiie siècles de l’abbaye de Saint-Quentin de Beauvais, Rendu A., D. Père, Beauvais, 1880.
Monuments historiques, J. Tardif, J. Grave, Paris, 1866.
Obituaires des églises Saint-Nicolas et Saint-Michel de Beauvais, Leblond V., E. Champion, A. Picard, Paris, 1923.
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Notes de bas de page
2Se distingue dans la bibliographie l’important travail de P. Bourgès sur l’hydraulique médiévale beauvaisienne qui comprend une partie importante consacrée au réseau hydrographique ancien (Bourgès 1996). Ce travail repose largement sur les sources écrites, les données archéologiques étant alors encore peu abondantes.
3Aucune mention très précoce du canal n’a été retrouvée dans les sources écrites. Un lieu-dit nommé « Gonard » situé près des vignes de l’abbaye Saint-Quentin apparaît dans un texte de 1274 (Inventaire analytique des chartes…, p. 3-4). Pour R. Lemaire, le canal Gonard aurait été aménagé dès la fondation de la ville et aurait participé à l’assèchement de la plaine alluviale (Lemaire 1986 : 81-82).
4Pour Michel Roblin, les canaux pourraient être antiques, Roblin 1978 : 214 note 15.
5Par là même, A. Guillerme faisait remonter la mise en place de la grande enceinte urbaine bien avant ce qui est habituellement avancé, la première mention validant son existence datant de 1179 (cf. supra).
6L’emplacement du moulin Saint-Laurent n’apparaît pas clairement sur la carte versée par l’auteur ni dans le texte contrairement à celui du moulin Saint-André placé le long de la contrescarpe du fossé défensif oriental. Un symbole employé pour la représentation des moulins apparaît sans dénomination le long du fossé défensif nord juste au-dessus de l’église Saint-Laurent ce qui nous amène à y reconnaître le moulin du même nom.
7Le document cité pour valider l’existence des moulins Saint-Laurent et Saint-André en 1037 n’a aucun rapport avec eux ni avec aucun autre. L’information en question figure dans un autre document qui ne concerne que le moulin Saint-Laurent (cf. supra). Aucun texte n’atteste l’existence du moulin Saint-André à cette date. Cette confusion a déjà été signalée (Bourgès 1996 : 78 note 10 et 199).
8Les plans d’un degré de précision au moins satisfaisant ne sont pas antérieurs au xviiie s.
9À partir de 1804, après le comblement des anciens fossés défensifs en eau, fut construit un canal de ceinture autour de la moitié nord-est de la ville, depuis l’ancienne porte du Limaçon, sur la courtine ouest du castrum, jusqu’à l’angle sud-est de la grande enceinte. D’un gabarit nettement inférieur aux fossés, il fut établi le plus souvent sur leur emplacement, parfois légèrement à l’extérieur.
10C’est là que se placent les moulins les plus anciennement attestés de Beauvais. L’information figure dans une charte de Drogon, évêque de Beauvais (1035-1058), rédigée vers 1040, qui précise que son prédécesseur Hervé (987-997) avait fait construire deux moulins à proximité de celui de l’abbaye Saint-Symphorien (acte cité dans Louvet 1635 : 634). Le moulin Saint-Symphorien se trouvait juste en contrebas de l’abbaye selon un diplôme de 1035 [Catalogue des actes d’Henri Ier, roi de France (1031-1060), p. 37-39].
11Les noms de ces rivières sont assez variables. Grand Thérain pour Sainte-Marguerite par exemple, Petit Thérain ou Thérinet pour le Merdançon comme sur le cadastre de 1832 (coll. part.) ou un plan de la ville de 1849 (ADO plan 161).
12La première mention écrite attestant une nouvelle fortification à Beauvais date de 1179 (Cartulaire de l’Hotel-Dieu de Beauvais, p. 3).
13L’extrémité de la rivière, à l’extérieur des remparts, a été mise au jour en 2004 au cours d’un suivi de chantier. Celle-ci formait un couloir maçonné long de 6 m à l’origine et couvert d’une voûte en berceau, puis prolongé de 9 m et surmontée d’une voûte surbaissée (Fig. 2, site a).
14Le nouveau tracé apparaît seulement sur les plans du xixe s. comme sur la carte de l’état-major des environs de Paris (1818-1824).
15Cette église se situait à cette époque à l’extérieur de l’espace défendu par les remparts urbains. Elle a été reconstruite à l’intérieur, là où il en reste quelques vestiges, dans le courant du xvie s.
16« […] quos habebat super aquam Sancte Margarete, in vico qui dicitur Baailles, de quibusdam cameris cum fun-do earum, … ». La rue dite de Baailles n’est pas précisément localisée. Il est probable qu’elle tire son nom d’un patronyme et qu’elle se situait dans la paroisse Saint-Sauveur. Un acte de 1235 évoque une maison appartenant à un certain Noel de Baailles qui relevait de cette paroisse et qui était édifiée le long d’un bras d’eau (BnF Ms NAL 1934, f o 40 r o).
17Des vestiges du pont Saint-Laurent, mentionné dans un obit de 1326 (Obituaires des églises Saint-Nicolas et Saint-Michel de Beauvais, p. 128), ont été observés lors d’un suivi de travaux en 2000 au croisement des actuelles rues Gambetta et Ricard (Fig. 2, site b).
18« […] domus que fuit quondam Philippi de Bello Leporario, site in Belvaco, subtus molendinum Sancti Laurentii Belvacensis, super aquam, versus domum Petri de Bello Leporario… » (BnF ANL 1934, f o 39 v o).
19« […] duodecim solidos censuales super domum que fuit Philippi Billart, sitam subtus molendinum Sancti Lau-rencii Belvacensis, inter domum dicti magistri Petri, ex una partent, et domum Eustachii Scissoris, ex altera », Cartulaire de l’Hotel-Dieu de Beauvais, p. 384.
20« duos alios in molendino quod est iuxta ecclesiam S. Salvatoris… », acte transcrit dans Louvet 1631 : 293.
21Le premier à avoir évoqué la possibilité que le Wage puisse constituer une portion d’un ancien bras nord du Thérain est peut-être M. Roblin (Roblin 1978 : 214, note 15). Puis Lemaire 1986 : 82 et Bourgès 1996 : 26 et 36.
22La réflexion d’ensemble portée sur le réseau hydrographique ancien n’ayant pas encore été engagée, ces fossés successifs ont été assimilés à de simples fossés de drainage.
23L’existence d’un fossé creusé immédiatement devant les murs du castrum apparaît peu probable. Un sondage ouvert au pied de la face extérieure de la courtine est, à proximité de la tour d’angle nord-est, a en effet révélé l’absence de tout creusement de ce type et de niveaux hydromorphes (Boudeau et Fémolant 2014 : 20-21 et planche 16).
24Ce comblement est peut-être en relation avec la construction d’une extension vers l’est de l’enceinte urbaine du xiie s. (Fig. 2).
25Un déplacement de son tracé en dehors de l’emprise de la fouille peut également être envisagé.
26Il est précisé aussi qu’il tombait en vétusté « […] molendinum fullonum in vico culture vetustace fere… », ADO G 856. Un obit de Barthélemy de Montcornet, évêque de Beauvais (1162-1175), figurant dans le second nécrologe de la cathédrale, fait mention du même moulin parmi d’autres (Labande 1892 : 203 note 7).
27ADO Plan 151. Une rue de la Couture est représentée sur des plans plus récents notamment sur le cadastre de 1832 (coll. part.) grossièrement à la perpendiculaire du fossé de l’enceinte, le long de la limite nord de cet espace.
28La disparition dans les sources écrites de ce moulin après 1195 paraît difficilement imputable à la mise en place de l’enceinte du xiie s., la construction de cette dernière paraissant au moins largement avancée, peut-être même achevée dès 1179. Celui-ci devait donc, si l’hypothèse est juste, s’élever en retrait du fossé défensif, vers l’est.
29Cette modification du tracé de la rivière Saint-François a également été repérée par P. Bourgès à partir du même document (Bourgès 1996 : 35).
30« … possesseurs du moulin a tan et huile […] sur la rivière descendant du Pont Godart droit et assez près de l’hostel des Béguines […] nouvellement ladicte rivière estre tournée en delaissant son cours ancien qui estoict par dessoulz les murs de la forteresse de ladicte ville et luy baille nouveau cours commençant au bout de l’hostel et manoir des dictes Beguines en passant au travers d’une petite maison a elles appartenant […] et donne congé de faire ou faire faire et ediffié pour luy et ses ayant causes un moulin a esmoudre taillant en son dit jardin sur ledict nou-veau cours qui passe par iceluy jardin appartenant audict Jean Saussoy…».
31« […] preneurs pour eulx leurs hoirs et ayants cause au temps avenir un moulin a uille avec toutes les maisons jardins et appartenances dicelui sicome ils se comportent situez et assis en nostre terre seigneurie et juridiction en la rue de Beguines audit Beauvais joignant dune part au ruissel qui court en descendant par l’ostel du beguinage hors des murs de ladite ville d’austre part a ladite rue et de lautre part au jardins des hoirs feu guerard le Rat avecques une petite plachette appartenans a nous… ».
32Après la construction du moulin à taillant accordée en 1431, un second moulin fut édifié en 1526 sur le même tronçon nord/sud de la rivière Saint-François, vers l’église Saint-Thomas (ADO G 38).
33« […] concessisse Johann dictto de parisius clerico molendinum ad tamnum prope beguinas belvacensis cum curticulo retro dictum molendinum… ».
34Au cours de la même opération a été retrouvé à une quinzaine de mètres au nord un autre fossé d’une largeur de 4 m environ pour une profondeur de 1,50 m (Fig. 5). Son tracé n’a pas été parfaitement reconnu mais le tronçon identifié présente une inflexion bien marquée. Le mobilier associé à son comblement ne semble pas se distinguer de celui contenu dans les premiers niveaux d’envasement du fossé décrit précédemment. Ce tronçon de fossé appartient vraisemblablement à une ancienne sinuosité de la rivière Saint-François dont le tracé aurait été redressé ensuite.
35Cette particularité n’a pas manqué d’étonner P. Bourgès dans son étude consacrée aux moulins de Beauvais, Bourgès 1996 : 194. C’est seulement peu après 1410 que ce moulin fut acquis par les chanoines de la cathédrale.
36Au début du xixe s., ce petit bras se prolongeait plus vers l’ouest, jusqu’au canal de ceinture nouvellement établi. Carte de l’état-major des environs de Paris (1818-1824), Graves s. l. n. d : 11.
37Les caractéristiques actuelles de ce ruisseau s’accordent mal a priori avec l’installation de moulins mais les sources écrites démontrent la présence en 1203 d’un autre moulin sur le même ruisseau, en aval de la ville, dans l’ancien village de Bracheux (Cartulaire de la maladrerie de Saint-Lazare de Beauvais…, p. 46).
38Sa destruction pourrait être en relation avec l’agrandissement de l’enceinte au cours du xive s.
39« aream […] sitam iuxta ruellam qu’est retro molendinum ad bladum Sancti Andree Belvacensis », acte de 1234 (ADO G 5252). « […] super quamdam peciam terre quam ipsi venditores habent, ut dicitur, sitam in Aeriis Bel-vacensibus, inter terram Johannis dicti Quadrigarii et Ricardi dicti Boi Vin, ex una parte, et rippariam currentem de molendino ad bladum, ex altera… », acte de 1313 (Cartulaire de la maladrerie de Saint-Lazare de Beauvais…, p. 469-470).
Auteur
Service Archéologique Municipal de Beauvais.

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