Le bourg Saint-Sulpice-lès-Bourges et l’aménagement des rivières berruyères de la fin du xiie s. au début du xvie s. (Cher)
The medieval suburb of Saint-Sulpice-lès-Bourges and the courses of the rivers of Bourges between the late 12th c. and the early 16th c. (Cher)
p. 71-82
Résumés
L’abbaye Saint-Sulpice, qui s’élevait hors les murs de Bourges (Cher), à la confluence de tous les cours d’eau berruyers, est à l’origine de nombreux aménagements liés au contrôle et à la maîtrise de l’eau (fossés, ponts, pont-canal, moulins, écluses, pêcheries, etc.). Son bourg, dont l’extension maximale est atteinte au début du xvie s., se développe avec et autour de l’eau.
Cette contribution propose ainsi de présenter l’interaction entre l’abbaye, son bourg et le site de la confluence durant un large bas Moyen Âge en s’appuyant sur des sources archéologiques et principalement archivistiques, compilées dans la base de données relationnelles et géoréférencées de Bourges et ses alentours, La Berruyère.
Ce travail collaboratif, axé sur le dépouillement de sources primaires et le géoréférencement des entités topo-historiques structurantes, permet ainsi d’appréhender spatialement les terres relevant de l’abbaye en proposant une cartographie de la juridiction de Saint-Sulpice, des anciens cours d’eau, de leurs moulins et du tissu urbain du bourg.
The abbey of Saint-Sulpice used to stand outside the walls of Bourges (Cher), at the confluence of the town’s water-courses. The abbey initiated numerous developments related to controlling and harnessing water (ditches, bridges, canal bridges, mills, locks, fisheries, etc.). Its suburb or ‘bourg’, which reached its maximum extent in the early 16th c., developed along with these water-courses. This study aims to consider the interaction between the abbey, the bourg, and junction of the water-courses during the Middle Ages, drawing on archaeological but principally archival sources entered into a relational database georeferenced to Bourges and its surroundings, known collectively as La Berruyère.
This collaborative work, focused on the exploitation of primary sources, enables a spatial understanding of the abbey’s lands and offers a map-based presentation of its local jurisdiction, its former water-courses, its mills and the urban layout of the bourg.
Entrées d’index
Mots-clés : Bourges, abbaye Saint-Sulpice, confluence, rivière, bourg, moulin, archives
Keywords : Bourges, Saint-Sulpice Abbey, confluence, river, medieval suburb, water mill, archives
Texte intégral
1Le bourg de Saint-Sulpice-lès-Bourges, situé hors les murs de la cité, à la confluence de tous les cours d’eau berruyers, relevait de la justice de la puissante abbaye Saint-Sulpice dont la fondation remonterait au viie s. (Fig. 1). Appelé autrefois l’abbaye de la Nef en raison de sa proximité avec le port de la ville de Bourges, le monastère est à l’origine de plusieurs aménagements liés au contrôle et à la maîtrise de l’eau qui restent aujourd’hui mal connus et mal localisés (fossés, ponts, pont-canal, moulins, écluses, pêcheries, etc.). L’appel à communication du présent colloque fut l’occasion de constituer un groupe de travail sur la question de l’aménagement des rivières au sein du bourg et de la justice de Saint-Sulpice-lès-Bourges, entre la fin du xiie et le début du xvie s., et de réunir les historiens et archéologues dont les précédents travaux avaient mis en exergue, d’une part, la nécessité d’étudier la gestion de l’eau à Bourges et dans ses abords immédiats et, d’autre part, le grand potentiel historique et topographique des archives de l’abbaye5.
Fig. 1 - Plan de situation de l’abbaye, du bourg et de la justice de Saint-Sulpice (xve-début xvie s.), à la confluence des rivières berruyères sur lesquelles sont établis divers moulins.

La Berruyère, par S. Bourocher, M. Fondrillon, P. Poulle, X. Rolland.
2Les objectifs de l’étude étant de tenter de comprendre les modifications apportées par les moines aux cours d’eau situés dans leur justice, de localiser des ponts et des moulins et de proposer une cartographie évolutive du bourg durant un large bas Moyen Âge, l’analyse des sources fut dirigée pour alimenter une base de données relationnelles et géoréférencées développée sur le territoire de Bourges et sa proche campagne : La Berruyère. Celle-ci, permet de cartographier des éléments topographiques sur la base du thésaurus du Centre National d’Archéologie Urbaine (fonctions, rubriques, termes) à partir de mentions documentaires (vestige archéologique et mention textuelle, iconographique ou cartographique). Elle s’appuyait jusqu’à présent presque exclusivement sur des références bibliographiques de seconde main et des sources archéologiques lacunaires sur les bourg et justice de Saint-Sulpice-lès-Bourges6. Le dépouillement des fonds de l’abbaye était donc aussi l’occasion de travailler pour la première fois à partir des sources elles-mêmes et rigoureusement à l’échelle du quartier.
1. Histoire et sources
1.1. Saint-Sulpice-lès-Bourges : une abbaye, un bourg, une justice
3L’abbaye Saint-Sulpice, attestée à partir du viie s. (vers 620), fut fondée hors les murs de la ville de Bourges, à la confluence de l’Yèvre, de l’Yèvrette ou Aurette, de l’Auron et du Moulon et à l’emplacement probable d’un Portus Navigii qui aurait été à l’origine de sa première appellation, Notre-Dame-de-la-Nef, avant que le vocable ne rende hommage à saint Sulpice, évêque de Bourges, inhumé dans l’édifice en 646-647 (Fig. 1)7. Ce portus aurait fait partie des premiers aménagements des rivières berruyères parmi lesquels la création de la rivière artificielle de l’Yèvrette, alimentée par une dérivation de l’Yèvre à l’est de la ville, ou la domestication des zones marécageuses datées de l’époque carolingienne voire mérovingienne.
4L’abbaye bénédictine fut l’une des plus riches et des plus puissantes abbayes du diocèse de Bourges. Elle reçut protection, droit de justice (haute, moyenne et basse) et privilèges des rois pendant tout le Moyen Âge, ce qui lui permit de se développer et d’accumuler biens et possessions dont le bourg de Saint-Sulpice, les marais et prairies adjacents, mais aussi les rivières traversant et délimitant leur justice. Les droits sur les eaux entourant le monastère auraient été accordés aux moines entre 650 et 820, la seconde date correspondant à leur confirmation par Louis le Débonnaire. Ils furent maintenus pendant toute la vie du monastère, tout comme les droits sur le bourg définitivement fixés par un arrêt du parlement du 26 juin 1350 (Thaumas de La Thaumassière 2005 : 241).
5Le terrain sur lequel furent édifiés l’abbaye et son bourg était donc humide, mouvant et constamment réaménagé par l’homme. De surcroît, l’abbaye Saint-Sulpice, non protégée par les murs de la ville, même après l’érection d’une nouvelle enceinte vers 1180 (Fig. 1), subit plusieurs attaques jusqu’aux guerres de Religion qui entraînèrent des destructions et des reconstructions. L’abbaye fut pillée et incendiée une première fois par les Normands en 867-868. Puis elle fut endommagée à plusieurs reprises au cours de la guerre de Cent Ans : en 1356, lorsque Bourges repoussa la chevauchée du Prince Noir, et particulièrement en 1412, lorsque Charles VI et Jean Sans-Peur assiégèrent la ville où s’était réfugié le duc Jean de Berry. L’abbaye fut alors en partie brûlée et plusieurs de ses moulins détruits. Enfin, en 1562, elle fut ardemment saccagée par le seigneur d’Ivoy, chef des protestants qui occupaient Bourges. Le bourg fut incendié pour faire barrage à l’armée royale. Seuls les moulins de l’abbaye, dits Saint-Sulpice, furent conservés pour moudre le grain pendant le siège qui s’annonçait (Poulle 2021).
6L’abbaye sut à chaque fois se relever. Elle se réforma même à deux reprises, ce qui lui permit de maintenir son pouvoir et les limites de sa justice, en s’unissant à la congrégation de Chezal-Benoît en 1497 et en s’associant à la congrégation de Saint-Maur en 1636, avant d’être démantelée à la Révolution.
1.2. Les documents iconographiques anciens et les fonds de l’abbaye
7L’abbaye Saint-Sulpice et son bourg, à proximité immédiate de l’enceinte du xiie s. et, plus précisément « de la grand porte de la ville de Bourges, par laquelle on entre du bourg dudit Saint Sulpice en ladite ville de Bourges, et laquelle antiennement estoit appellee la porte de Sainct Gregoire et de present la porte de Sainct Sulpice »8, figure sur les plans de la ville et les vues de Bourges prises depuis l’ouest dont les plus anciens remontent au xvie s. L’extrémité gauche de la gravure du Pourtraict de la ville de Bourges, publiée dans l’Histoire de Berry de Jean Chaumeau en 1566, présente les bâtiments de l’abbaye avant leur destruction par le seigneur d’Ivoy (Chaumeau 1566 : 227) (Fig. 2). Ces derniers sont entourés d’arbres implantés sur une terre délimitée par deux cours d’eau, la rivière d’Auron qui porte plusieurs embarcations et un bras qui semble réunir l’Auron au fossé de la ville et qui sépare l’abbaye du « lieu où abordent les bateaux ». Le vray pourtraict de la cité de Bourges métropolitaine qui illustre la Description Générale du Païs et Duché de Berry de Nicolas de Nicolay en 1567 montre également l’abbaye encore debout (Nicolay 1567) (Fig. 3). Les tracés des cours d’eau qui l’entourent y sont plus lisibles. Celui qui contourne l’abbaye par le sud pour rejoindre l’Auron est en réalité le prolongement de l’Yèvrette qui traverse la ville de Bourges, sort de l’enceinte au sud de la tour Clément et passe sous la route ou grand chemin d’Orléans, face à la porte Saint-Sulpice et parallèlement au fossé. Les moulins Saint-Sulpice, à l’ouest de l’abbaye, s’inscrivent sur l’Yèvre juste avant sa confluence avec l’Auron et le Moulon.
Fig. 2 - Détail du Pourtraict de la ville de Bourges, publiée dans l’Histoire de Berry de Jean Chaumeau en 1566.

AA-Hôtel-Dieu ; BB-Chapelle Saint-Grégoire ; CC-Abbaye Saint-Sulpice ; DD-Lieu où abordent les bateaux ; FF-Chaussée d’entre le fossé de la ville et la rivière ; GG-Fossés de la ville.
AD du Cher, 4 FI Bourges A 4.
Fig. 3 - Détail du Vray pourtraict de la cité de Bourges métropolitaine publié dans Description Générale du Païs et Duché de Berry de Nicolas de Nicolay en 1567 : flanc ouest de l’enceinte de la ville, au-devant des portes Saint-Ambroix, Saint-Sulpice et de la Chappe.

AD du Cher, 4 FI Bourges A 21.
8Sur le Plan de la ville et des fauxbourgs de Bourges dressé par Nicolas de Fer en 1705, l’Yèvrette s’arrête et se jette dans le fossé de la ville (Fig. 4). Elle ne parcourt plus le bourg Saint-Sulpice majoritairement compris entre l’enceinte, l’Yèvre et l’Auron. Un ravelin, construit en 1567, devance la porte Saint-Sulpice à l’emplacement du pont qui enjambait autrefois l’Yèvrette. Cet ouvrage fortifié est à son tour détruit et remplacé par une place sur le Plan du fauxbourg de Saint Sulpice levé pour les religieux en 1748 par Jean-Baptiste Mornon (Fig. 5)9. Ce plan précis figure les bâtiments et les jardins de l’abbaye réédifiée après les guerres de Religion comme les maisons du bourg et les parcelles de terres séparées par des rues, des chemins, des canaux et des cours d’eau. Aux rivières d’Auron et d’Yèvre s’ajoute le Moulon dont le tracé avait été souvent tronqué dans les documents antérieurs. Enfin, le cadastre napoléonien, terminé en 1814, conserve le souvenir de cours d’eau situés au-delà du bourg du Moyen Âge ou du faubourg du xviiie s., en limite de l’ancienne justice de Saint-Sulpice tel « l’ancien lit de la noue de Saint-Pierre » (Fig. 1 et 6)10.
Fig. 4 - Détail du plan de Nicolas de Fer de 1705 présentant le faubourg de Saint-Sulpice.

AD du Cher, 4 FI Bourges A 11 bis.
Fig. 5 - Détail du Plan du fauxbourg de Saint Sulpice levé pour les religieux en 1748 par Jean-Baptiste Mornon.

AD du Cher, 4 H 69, no 5.
9Les transformations perçues grâce aux croisements des sources iconographiques doivent être éclairées et complétées, mieux datées et localisées par l’étude des nombreuses sources textuelles conservées. En effet, si le seigneur d’Ivoy commanda de brûler les titres et papiers de l’abbaye laissés par les moines en 156211 et si les archives départementales du Cher subirent un incendie qui endommagea une partie de ses fonds en 1859, les documents de l’abbaye Saint-Sulpice, classés dans la sous-série 4 H des archives départementales, constituent une masse documentaire considérable répartie en 822 cotes. Du cartulaire A, brûlé en 1859 mais restitué par l’historien Louis de Kersers, sont issues les sources parmi les plus anciennes : une charte de 1168 confirmant les privilèges de l’abbaye par Louis VII, dont les droits sur les rivières, et un bornage de la justice et du bourg de Saint-Sulpice de 1391 (Kersers 1913 : 164-166 et 242-243). Les inventaires des titres, rédigés par les religieux en 1754, ont permis de sélectionner les liasses et pièces utiles aux problématiques topographiques liées à l’aménagement des rivières et du bourg et datant principalement des xve et xvie s.12 Ont été retenus un bornage de la justice de 1555, des visites des rivières de 1545 et 1548 et des déclarations du temporel de l’abbaye de 1454 et 1547 qui indiquent les limites et la composition de la justice de Saint-Sulpice ; puis les acenses des rivières et des moulins entre 1215 et 1571 qui renseignent les modifications et les fonctions des ouvrages ; enfin les terriers du bourg de Saint-Sulpice de 1528 et 1541-1543 qui décrivent et situent le parcellaire13.
10L’histoire de l’abbaye et les sources dont nous disposons nous invitent donc à borner l’étude entre la fin du xiie s. qui vit l’achèvement de l’enceinte médiévale de Bourges et la première moitié du xvie s., précédant les destructions des guerres de Religion.
2. La justice de Saint-Sulpice-lès-Bourges
2.1. Les limites et les rivières
11Le bornage de 1391 se réfère à des points précis, des portes, des moulins et un pont qui, reliés les uns aux autres sans qu’il y ait pour autant d’indication explicite de routes, chemins ou rivières, délimitaient la justice de Saint-Sulpice : « de la Porte St Grégoire jusques au moulin de St Ambroy, du moulin de St Ambroy jusques au pont St Martin, lequel pont est assis sur la preriee de St Sulpice sus la riviere de Molon. D’icelluy pont St Martin parmi les Aynes14, prez et Auberoy15 jusques au moulin de Aloys, du molin de Aloys jusques au molin Nohet, de molin Nohet jusques au molin et portau16 de Characes, dou moulin et portau de Characes au lonc des murs de Bourges jusques à la porte de Saint Marz et d’icelle porte de S. Marz jusques à ladite porte de S. Gregoire » (Kersers 1913 : 242-243). Le périmètre forme une boucle dont les points de départ et d’arrivée correspondent à la porte Saint-Grégoire soit la porte Saint-Sulpice au xve s. Il commence par le nord (moulin Saint-Ambroix) avant de se diriger vers l’ouest (pont Saint-Martin), de descendre vers le sud-est (porte de Charasse ou de la Chappe) et de remonter (Fig. 6).
Fig. 6 - Proposition de restitution des parcours de la visite de bornage de la justice de Saint-Sulpice des 22 et 23 octobre 1555 sur fond du cadastre napoléonien.

S. Bourocher, M. Fondrillon, P. Poulle, X. Rolland.
12Les bornages, visites et déclarations des xve et xvie s. reprennent la plupart des références de 1391, y compris le moulin d’Alouy détruit entre-temps, et suivent, toujours en partant de la porte Saint-Sulpice, des itinéraires commençant tantôt par le nord tantôt par le sud. Le document le plus prolixe est sans conteste le procès-verbal de la visite de bornage de la justice de Saint-Sulpice des 22 et 23 octobre 1555, conduite par Claude Duvergier, bailli exerçant la justice au nom de l’abbaye (Fig. 6)17. Il y est précisé que c’était à « la grille de ladite porte [Saint-Sulpice] respondant au liveau18 et pied des murs de la ville de Bourges […] [que commençait] la justice desdits venerables » incluant les fossés en eaux de la ville de part et d’autre de la porte. Le circuit de la première journée de visite en bateau se concentra sur la moitié sud, en descendant les fossés le long de l’enceinte, devant la porte Saint-Médard, close et murée, et la porte aux Oyes (correspondant à la porte de la Chappe), puis en passant au-dessous du « sault des molins appelez les molins de la Chappe et anciennement les molins de Charrasse ». Si le saut faisait partie intégrante de la justice, les moulins en étaient exclus et marquaient la borne sud. La visite se poursuivit vers l’ouest et en remontant vers le nord, le long de l’Auron « jusqu’au lieu et place ou anciennement il y avoit un moulin appelé le moulin d’Alloy ». Ce dernier semble avoir constitué la borne ouest puisque le bateau opéra un demi-tour pour « retorne[r] le long de ladite riviere par ou sommes descenduz a icelluy molin d’Alloy et entrez par une poincte en la riviere de Molon, ladite poincte faisant la separation desdites riviere de Molon et Orron19 » soit désignant la confluence des deux rivières. La journée s’acheva sous le pont du Moulon après avoir aperçu un cours d’eau reliant l’Yèvre au Moulon.
13Le second jour de visite, le bateau partit du moulin d’Alouy pour se rendre dans une prairie au cœur de la justice, appelée l’Île Longue, qui longeait la rivière d’Yèvre, et pour reprendre le bornage. L’itinéraire est alors plus difficile à suivre, empruntant des cours d’eau appelés Petite ou Grande Nohé, entre des prés et aubrois dont les noms des propriétaires ne sont malheureusement pas d’une grande aide pour leur localisation. C’est d’ailleurs sans doute parce qu’il n’y avait pas d’entité remarquable dans ce secteur que, « suivant la requeste dudit procureur desdits freres, [Claude Duvergier ordonna] pour la demonstration de ladite justice et conservation d’icelle sera mys […] une pierre dure, haulte et apparente a laquelle seront gravees les armoyries desdits frères [de Saint-Sulpice] ». Cette borne était destinée à marquer le nord voire le nord-ouest « du cousté du grant chemyn tendant de Bourges a Mehun sur Evre ». Puis le parcours suivit une petite noue jusqu’au pont Saint-Martin, « tout au long du viel bié20 de la riviere de Molon, faisant la separation des prez desdits seigneurs qui sont en leur justice et des prez du reverendissime arcevesque de Bourges ». Il traversa enfin les prés Saunier et Pellorde, immédiatement à l’est de la route d’Orléans, avant de remonter le cours du Moulon jusqu’à l’écluse du Petit Yèvre, comprise dans la justice, et de rejoindre les moulins de Saint-Ambroix et les murs de la ville (Fig. 6)21.
14La limite orientale, le long de l’enceinte entre les moulins Saint-Ambroix et de la Chappe, est parfaitement restituable. Au sud c’est l’Auron puis l’Yèvre, dans lequel il se jette, qui constitue une limite naturelle. Celle-ci s’arrête au moulin d’Alouy disparu dont la localisation est éclairée par deux citations. Dans le bornage de 1555, il est dit « distant de ladite porte aux Oyes et molins de la Chappe de quart de lieue ou environ » tandis que la visite des rivières et pêches de 1545 le place à « la separation des ryvieres et droictz des eaues et rivieres desdits religieulx, abbé et couvent de Sainct Sulpice et des venerables de Sainct Pierre le Puillier »22. Il est alors possible de restituer son emplacement à la confluence de l’Yèvre – grossi par le Moulon et l’Auron – et de « la noue de Saint-Pierre » indiquée sur le cadastre napoléonien (Fig. 1 et 9). Cette noue, qui pourrait être la Petite Nohé décrite en 1555, aurait en partie constitué la limite occidentale voire septentrionale, longeant prés et aubrois, jusqu’au pont Saint-Martin sur la route d’Orléans et l’ancien cours du Moulon encore présent sur le plan de 1748 (Fig. 5)23.
15Outre des mentions complémentaires, les procès-verbaux de visitation et les baux des rivières apportent des informations sur les cours d’eau qui parcourent la justice, sur les îles et îlots ou sur les ponts24. En 1548, on comptabilisait, en plus des ponts Saint-Martin et du Moulon (appelé aussi pont de la Périsse du nom de la route d’Orléans), deux ponts sur le Moulon appartenant à Guillaume Colombeau, cinq ponts sur le Petit Yèvre dont le petit pont de la Bastille qui traversait le cours d’eau lorsqu’il rejoint l’Yèvre, et dix ponts sur le Grand Yèvre, dix propriétés de riches particuliers25.
2.2. Des moulins détruits au cours de la guerre de Cent Ans
16Dans l’aveu et dénombrement de l’abbaye du 15 mars 1454, au moins neuf moulins sont mentionnés : « deux molins a arnoys, […] ung molin a escorce […], les moulins a blé assis oudict bourg […], ung molin a pappier […], le sault du molin Nohet, le sault du molin de Covieille et le sault des deux moulins d’Alouys, lesquelz sont destruicts pour la guerre »26. Les moulins à harnois et à écorces, comme les moulins à blé et à papier correspondant aux moulins Saint-Sulpice, dans le bourg, étaient encore en activité tandis que les moulins Nohet et d’Alouy, cités dans le bornage de 1391, avaient été détruits, au même titre que le moulin Covieille, au cours de la guerre de Cent Ans et probablement du siège de 1412. Ne restaient que leurs sauts pour signaler leur emplacement.
17Le souvenir du moulin ou des moulins d’Alouy fut conservé dans les textes du xvie s. puisqu’il constituait un point de repère essentiel pour le bornage de la justice de Saint-Sulpice. La visite de 1555 nous informe qu’au « lieu et place ou anciennement y avoit ung molin appelé le molin d’Alloy […] [des] pecheurs […] ont dit avoir au fond de ladite riviere quantité de palyz27 piquez qui denottent et demonstrent apparence de bastymens et molins anciens » (Fig. 6 et 9)28. Les moulins remontaient effectivement au moins au xiiie s. Ils furent donnés à vie par les religieux de Saint-Sulpice à André Maréchal en septembre 1215, puis à Gils de Tornelle en janvier 123229.
18Du moulin Nohet, nous ne savons pas grand-chose. Il semble qu’il ait été acquis par l’abbaye de Saint-Sulpice en 1210 après achat des droits du chapitre de Saint-Ursin de Bourges sur le moulin30. Sa localisation reste imprécise mais le bornage de 1391 permet de la restituer en limite de justice, sur l’Yèvre ou sur l’Auron, entre le moulin d’Alouy et le moulin de la Chappe (Fig. 1 et 9). Le moulin Covieille n’est, quant à lui, aucunement mentionné dans les bornages. Faut-il comprendre qu’il n’était pas encore construit en 1391 et que sa vie fut rapidement abrégée autour de 1412 ? Ou qu’il était situé plus dans les terres et proche du bourg ? Cette deuxième hypothèse semble la plus vraisemblable puisque dans les terriers du xvie s., une rue Covielle traverse le bourg jusqu’à un cours d’eau qui sépare la pointe sud de l’abbaye d’un pré, le pré de la Petite Chappe (Fig. 7 et 9).
Fig. 7 - Proposition de re- constitution schématique du parcellaire du bourg Saint-Sulpice réalisée à partir de l’étude des articles des terriers de 1528 et 1541-1543 et de leurs confronts.

S. Bourocher, M. Fondrillon, P. Poulle.
Fig. 8 - Dénombrement de l’activité d’après le terrier de 1541 (AD Cher 4 H 24) et le rôle de 1558.

AM de Bourges, CC 9.
Fig. 9 - Plan du bourg de Saint-Sulpice et de ses alentours immédiats présentant les entités qui ont pu être localisées (xiie s.-première moitié xvie s.).

La Berruyère, par S. Bourocher, M. Fondrillon, P. Poulle, X. Rolland.
3. Le bourg de Saint-Sulpice-lès-Bourges
3.1. Le cours de l’Yèvrette et ses moulins
19L’Yèvrette n’est mentionnée qu’incidemment dans les procès-verbaux de bornages de la justice Saint-Sulpice qu’elle traversait alors qu’elle jouait un rôle considérable dans le développement et l’économie du bourg. C’est au haut Moyen Âge que cette rivière artificielle, née d’un détournement de l’Yèvre à une dizaine de kilomètres en amont à l’est de Bourges, a été aménagée. Elle s’écoulait aux abords nord de l’enceinte urbaine du ive s., avant de rejoindre la zone de confluence des rivières berruyères à proximité de l’abbaye Saint-Sulpice qui a très certainement contribué à son creusement (Fig. 1).
20En assainissant les zones marécageuses qui entouraient la ville et en lui permettant de se doter de moulins à proximité de ses murs d’enceinte, l’Yèvrette a contribué à l’essor et au développement de Bourges. Au xiie s. les faubourgs qui s’étaient établis le long de ses berges furent englobés dans la nouvelle enceinte, à l’exception du bourg Saint-Sulpice qu’elle traversait une fois sortie des remparts à côté de la tour Clément, la première tour au nord de la porte Saint-Sulpice (Fig. 3). Elle débouchait hors les murs par un « antrioux », en forme d’arc en pierre de taille muni d’une grille de fer, avant de franchir la petite rivière descendant des moulins Saint-Ambroix – les fossés de la ville – par un écheneau de bois large de huit pieds qui, de tout temps, a été assis et dressé sur les fossés31. La présence de ce pont-canal, attesté par des documents datés de 1460 et 152632, remonte vraisemblablement à la construction de la nouvelle enceinte. Il permettait à la rivière de poursuivre son cours en direction de l’abbaye où elle alimentait les viviers monastiques et servait d’égout aux fosses d’aisances et aux cuisines du monastère avant de rejoindre l’Auron (Fig. 7 et 9).
21L’étude des terriers a permis de restituer assez précisément son tracé au travers du bourg jusqu’à l’abbaye (Fig. 7). L’Aurette, qui est le nom sous lequel elle est désignée dans tous les documents consultés parce qu’elle rejoignait l’Auron, se dirigeait vers le sud une fois sortie de la ville. Elle passait sous le premier pont construit sur la rue publique – la route d’Orléans –, longeait les fossés jusqu’au pont Merlan, établi sur la rue Covielle, puis se dirigeait vers l’ouest pour entrer dans l’enclos abbatial. Si bien que l’itinéraire qu’elle suivait correspondait plus ou moins à celui qui figure sur le Pourtraict de Nicolas de Nicolay (Fig. 3).
22Sur son cours, entre l’abbaye et les murs de la ville, on dénombrait au moins trois moulins : le moulin appelé à Bonnet, un moulin à draps situé aux pieds de l’enceinte entre les fossés et la rue Covielle, un moulin à écorces et, enfin, un moulin à harnois soit un moulin à battre le fer. À ces trois moulins s’ajoutaient ceux de l’abbaye proprement dits, établis sur l’Yèvre à proximité de la porte d’entrée de l’enclos abbatial (Fig. 7).
23Les textes montrent que la position de ces moulins et leur fonction varient fréquemment. Les moulins Saint-Sulpice qui comprenaient trois moulins à blé et un moulin à papier à la fin du xve s.33 furent déplacés et réédifiés à la demande des religieux en 150634. À partir de 1527, si les moulins à blé furent conservés, le moulin à papier fut remplacé par un moulin à draps. De même en 1488, une place sur le bief du moulin à Bonnet fut concédée pour que soit édifié un moulin à harnois, reconstruit par Thévenin Mery en 150735. Enfin, en 1545, Gaston Méry, fourbisseur, probablement le fils de Thévenin, transféra avec l’accord des religieux le moulin à harnois à l’emplacement du moulin à Bonnet36.
3.2. Le parcellaire
24Peu de variations ont été recensées entre les terriers de 1528 et de 1541-1543. C’est donc sur le dernier, qui compte 123 articles et quelque 90 déclarants, que nous nous sommes appuyés pour tenter de restituer le tissu urbain et le parcellaire tels qu’ils se sont développés entre les cours d’eau et les quatre principales rues qui parcourent le bourg : la « Grande Rue Publique » – la route de Bourges à Orléans – qui sortait de la ville en direction de l’ouest avant de virer vers le nord et de prendre le nom de « route de la Périsse » ; la « rue du Dos d’Âne aux Moulins Saint-Sulpice » qui longeait les murs de la ville entre les portes Saint-Sulpice et Saint-Ambroix ; et les rues Naudin et Covielle qui desservaient la partie sud du bourg comprise entre les murs de la ville et l’enclos abbatial (Fig. 7).
25Le bourg comptait 111 maisons avec leurs dépendances. À la sortie de la ville, entre la porte Saint-Sulpice et l’entrée de l’abbaye, là où les différentes rues se raccordaient à la grande rue publique, le parcellaire était particulièrement dense. Les maisons étaient associées à des granges ou des étables à côté des boucheries, du four banal, de la boulangerie, du pressoir et de deux hôtelleries, l’Écu de Bretagne et la Cloche Rouge (Fig. 7). Dans ce même secteur, les maisons implantées à l’angle de la grande rue et du chemin du Dos d’Âne s’organisaient autour de cours, le long du Grand Yèvre, et comprenaient plusieurs fouleries ainsi qu’une teinturerie.
26Plus on s’éloigne du noyau central pour gagner la périphérie du bourg, plus les habitations déclarées vont de pair avec des jardins, des prés ou des aubrois, des pièces de terre plantées d’arbres. C’est le cas le long des routes d’Orléans et du Dos d’Âne et dans la zone sud du bourg, comprise entre les murs de ville et l’abbaye, là où coule l’Aurette (Fig. 7).
3.3. L’activité économique
27Si les différents bâtiments signalés permettent de se faire une idée des activités économiques pratiquées dans le bourg, on peut tenter d’évaluer leur importance relative en s’appuyant sur les professions des déclarants quand elles sont connues. C’est le cas pour 41 d’entre eux dont 37 résidaient sur place. Ces données, qui ne concernent que les déclarants (propriétaires), peuvent être complétées et corroborées par celles fournies par un rôle fiscal de 155837 qui donne le métier de 60 des 125 feux du bourg (Fig. 8).
28Les plus nombreux étaient les vignerons, au nombre de 24 dans le rôle de 1558. Ils résidaient dans le bourg mais n’étaient généralement pas propriétaires puisque seuls quatre vignerons figurent parmi les déclarants du terrier. Leur récolte était portée au pressoir de l’abbaye et un tonnelier fabriquait les tonneaux qu’ils utilisaient pour stocker le vin qu’ils produisaient.
29Ensuite, et comme on pouvait s’y attendre avec la présence du moulin à drap de l’abbaye et du moulin à Bonnet, le secteur du textile tient la meilleure place. Les chiffres du terrier et ceux du rôle concordent : une douzaine de foulons auxquels s’ajoutent quelques tisserands, cardeurs, cordiers et tondeurs.
30Apparaît également toute une activité liée à la circulation des biens et des personnes, avec les tenanciers des différentes hôtelleries, les voituriers ou charretiers qui se chargeaient des transports des marchandises et les charrons, bourreliers, selliers et maréchaux qui entretenaient véhicules et chevaux qui les tiraient.
31Les métiers de bouche étaient peu nombreux : deux à trois bouchers, un pêcheur, un boulanger et le meunier des moulins Saint-Sulpice qui tenait de l’abbaye le monopole des grains à moudre dans le ressort de sa justice.
32L’industrie métallurgique était aussi représentée par les deux fourbisseurs d’épées qu’étaient Gaston Mery et Antoine Bertin. Le premier possédait deux maisons, l’une rue Naudin et l’autre rue de la Périsse, et on sait qu’il tenait le moulin à harnois. Le second déclara quatre maisons avec leurs appartenances situées à la sortie du bourg en direction d’Orléans, dont une chambre à cheminée qui pourrait avoir accueilli une forge. Il s’agissait d’entrepreneurs dont la production et les conditions dans lesquelles elles étaient réalisées restent à appréhender. Ils employaient sans doute les deux faiseurs de pointes qui résidaient en ville, paroisse Saint-Médard, que mentionne le rôle de 1558.
33Enfin, le terrier et le rôle signalent quelques artisans (un cordonnier, un menuisier et un parcheminier) et trois mendiants.
Conclusion
34L’exploitation des sources écrites relatives à la justice de Saint-Sulpice, intégrées à la base de données La Berruyère, a permis d’en dresser une carte, de retracer les rivières et les noues qui la délimitaient et de localiser plusieurs moulins attestés dès le xiie s. (Fig. 9). Ces derniers, établis à quelque distance de la ville, sur l’Auron et l’Yèvre, furent détruits pendant la guerre de Cent Ans. Lors des reconstructions du xve s., leurs emplacements, dont la mémoire est conservée dans les textes, ne furent pas réinvestis. De nouveaux moulins à draps et à fer sont édifiés dans un secteur mieux protégé des assauts, entre l’abbaye et la ville, sur l’Yèvrette ou l’Aurette, la rivière artificielle qui traversait le bourg Saint-Sulpice jusqu’à l’Auron, après avoir parcouru Bourges, franchi l’enceinte et enjambé le fossé grâce à un pont-canal. Les terriers de 1528 et de 1541-1543 rendent compte de cette nouvelle organisation. Leur étude approfondie permet, aujourd’hui, de se faire une image assez précise du bourg, du schéma à la carte (Fig. 7 et 9), restituant le cours de l’Aurette et la disposition de l’habitat formant le parcellaire. Elle offre également plusieurs indices, corroborés par un rôle de 1558, sur les activités économiques, liées à l’eau ou non, qui animaient le bourg. Celui-ci atteignait une densité d’occupation qu’il ne retrouvera qu’après la fin de l’Ancien Régime. En effet, il fut presque entièrement détruit pendant les guerres de Religion au point de devoir être reconstruit en changeant de visage.
Bibliographie
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Troadec 1996. Troadec J. (dir.) - Bourges, Documents d’évaluation du patrimoine archéologique des villes de France no 14, Association pour les fouilles archéologiques nationales, Paris, 128 p.
Notes de bas de page
5Pascal Poulle a réalisé une première étude documentaire sur l’abbaye Saint-Sulpice pour le seul diagnostic archéologique pratiqué dans son enclos et dirigé par Alexis Luberne en 2004 (Poulle et Luberne 2004). Certains documents exhumés à cette occasion ont ensuite mené les deux archéologues de l’Inrap à travailler sur les conflits opposant la ville de Bourges et les abbayes alentour au sujet de la maîtrise de l’eau et, en particulier, sur les moulins de l’abbaye Saint-Ambroix, voisins de la justice et du bourg de Saint-Sulpice (Luberne et Poulle 2020). Quant à Mélanie Fondrillon, archéologue du service archéologique de Bourges Plus, elle co-dirigea en 2009 et 2010 les fouilles du site de la ZAC Avaricum, en amont du secteur que nous avons retenu pour cette communication, et sur lequel a été mis au jour un moulin du xiie s. construit sur la rivière d’Yèvrette (Fondrillon et Marot [dir.] 2013 ; Marot et al. 2016). Soucieuse de développer des recherches sur la thématique des moulins et des aménagements hydrauliques plus en aval, elle confia à Solveig Bourocher, historienne, une évaluation documentaire sur l’abbaye et le bourg de Saint-Sulpice en 2019 (Bourocher 2019).
6Avec pour travail de référence : Troadec 1996.
7Sur l’histoire de l’abbaye voir : Brimont 1905 ; Buhot de Kersers 1883 ; Deshoulières 1906 ; Devailly 1973 ; Laugardière 1951 ; Raynal 1845-1847 ; Soyer 1896 et 1900.
8Archives départementales (AD du Cher), 4 H 133, pièces nos 3 et 4, Déclaration du temporel de l’abbaye, 20 juillet 1547. La première mention de la porte Saint-Sulpice relevée dans les fonds de l’abbaye à l’occasion de cette étude est contenue dans la pièce no 2 de la même liasse, un Aveu et dénombrement du 15 mars 1454.
9AD du Cher, 4 H 69, plan no 5, 1748.
10AD du Cher, 3 P 2472, Section F des Moulins Bâtards, feuille no 1, 1814.
11AD du Cher, 4 H 133, pièce no 1, Enqueste des tiltres de Sainct Sulpice comme ilz furent bruslés par le seigneur d’Ivoy en l’année 1562, 1584.
12AD du Cher, 4 H 1 et 4 H 2, 1754. Les inventaires sont aussi de formidables sources secondaires lorsque les pièces originales ont disparu puisqu’ils ne se contentent pas d’énumérer les titres et livrent des analyses précises voire des transcriptions des documents.
13AD du Cher, 4 H 183, pièce no 6, Procès-verbal de la visite de bornage de la justice de Saint-Sulpice, 22 et 23 octobre 1555 ; 4 H 201, Rivières - Baux des rivières de Saint-Sulpice, Limite des rivières, Levées de corps de personnes noyées, 1538-1747 ; 4 H 133, Dénombrement du temporel de l’abbaye, 1464-1640 ; 4 H 205, Moulins de la justice de Saint-Sulpice, 1210-1655 ; 4 H 22, Terrier de la ville et du bourg de Saint-Sulpice reçu par Claveau et Gaultier, 1528 ; 4 H 24, Terrier du bourg de Saint-Sulpice reçu par Millet, 1541-1543.
14À rapprocher du terme aulne qui signifie « lieu humide dans lesquels poussent des arbres ».
15Pour aubrois qui désigne un lieu humide planté d’arbres et plus particulièrement de peupliers.
16Pour portail.
17AD Cher, 4 H 183, no 6, op. cit., 22 et 23 octobre 1555.
18Vient de livel pour niveau.
19Le Moulon ne se jette pas dans l’Auron mais dans l’Yèvre.
20Pour bief qui désigne ici le lit d’une rivière.
21Le pré Saunier porte encore ce nom sur le cadastre napoléonien.
22AD Cher, 4 H 201, nos 17 et 18, Procès-verbal de visitation des rivières et pêches, 19 avril 1545.
23Le Plan geométrique de la Prairie de Saint Sulpice ou l’on voit tant les prés qui sont dans le censif et la justice de Saint Sulpice, que ceux qui sont hors lesdits censif et justice, également levé par Jean-Baptiste Mornon en 1748, vient effectivement compléter celui du bourg entre la route d’Orléans et l’Yèvre, comprenant la noue sinueuse de Saint-Pierre (AD du Cher, 4 H 69, plan no 7).
24AD du Cher, 4 H 201, op. cit., 1538-1747.
25Ibid., pièce no 19, Procès-verbal de visite des rivières et mesure des ponts du 30 mai 1548. Les ponts sur le Moulon et le Petit Yèvre faisaient 10 à 12 pieds de longueur tandis que ceux sur le Grand Yèvre mesuraient entre 12 et 22 pieds de long en fonction de leur emplacement.
26AD du Cher, 4 H 133, Aveu et dénombrement de l’abbaye, 15 mars 1454.
27Pieux.
28AD du Cher, 4 H 183, no 6, op. cit., 22 et 23 octobre 1555.
29AD du Cher, 4 H 205, nos 2 et 3, Acenses des moulins d’Alouy, septembre 1215 et janvier 1232. L’acense concernait également des prés, des aubrois, des écluses, un chésal, des terres, une vigne et d’autres dépendances des moulins.
30AD du Cher, 4 H 205, no 1, Acte de vente des droits du chapitre de Saint-Ursin sur le moulin de Nohet aux religieux de Saint-Sulpice, novembre 1210.
31AD du Cher, 4 H 200, no 3, Procès-verbal touchant à la démolition de l’écheneau de bois, 18 juillet 1560.
32AD du Cher, 4 H 200, no 1 et no 2, Acense d’une place appelée le Boullevard, 8 juillet 1460, et Sentence de bailliage sur la destruction de l’écheveau sur l’Aurette, 18 janvier 1526.
33AD du Cher, 4 H 1, op. cit., 1754, f° 345.
34Ibid., f° 345 v°.
35AD du Cher, 4 H 205 no 8, Acense faite à Thévenin Mery, 30 juillet 1507.
36AD du Cher, 4 H 205 no 10, Cession et desistement de l’adcense de la maison et molin a harnoys avec une adcense du molin a bonetz, 12 décembre 1545.
37AM de Bourges, CC 9, Assiette faite sur les bourgeoys manants et habitants de la ville de Bourges de leur part de la solde des cinquante mille hommes de pieds, 1558.
Auteurs
Cheffe du service de la recherche et du patrimoine, Direction des archives départementales et du patrimoine du Cher, UMR 7323 CESR.
Inrap, UMR 7324 CITERES-LAT.
Service archéologique de Bourges Plus, UMR 7324 CITERES-LAT.
Service archéologique de Bourges Plus.

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