• Contenu principal
  • Menu
OpenEdition Books
  • Accueil
  • Catalogue de 15902 livres
  • Éditeurs
  • Auteurs
  • Facebook
  • X
  • Partager
    • Facebook

    • X

    • Accueil
    • Catalogue de 15902 livres
    • Éditeurs
    • Auteurs
  • Ressources numériques en sciences humaines et sociales

    • OpenEdition
  • Nos plateformes

    • OpenEdition Books
    • OpenEdition Journals
    • Hypothèses
    • Calenda
  • Bibliothèques

    • OpenEdition Freemium
  • Suivez-nous

  • Lettre d’information
OpenEdition Search

Redirection vers OpenEdition Search.

À quel endroit ?
  • Eur’Orbem Éditions
  • ›
  • Histoire(s)
  • ›
  • Militaires et diplomates français face à...
  • ›
  • Face à la nouvelle Europe
  • ›
  • La Mission militaire française à Prague,...
  • Eur’Orbem Éditions
  • Eur’Orbem Éditions
    Eur’Orbem Éditions
    Informations sur la couverture
    Table des matières
    Liens vers le livre
    Informations sur la couverture
    Table des matières
    Formats de lecture

    Plan

    Plan détaillé Texte intégral Archéologie d’une histoire Les débuts de la Mission militaire française Le tournant de 1925 Le hiatus des années 1933-1938 L’épilogue de 1938 Conclusions Notes de bas de page Auteur

    Militaires et diplomates français face à l’Europe médiane

    Ce livre est recensé par

    Précédent Suivant
    Table des matières

    La Mission militaire française à Prague, une médiatrice privilégiée

    The French military mission in Prague, a special mediator

    Antoine Marès

    p. 119-137

    Résumés

    L’histoire de la Mission militaire française (MMF) à Prague et de ses acteurs a fait l’objet de nombreuses études tant du côté tchéco-slovaque que du côté français. Son activité a été placée sous de multiples éclairages, souvent laudateurs, parfois critiques. Cette contribution rappelle son rôle en la replaçant dans le cadre plus global des relations franco-tchécoslovaques de l’entre-deux-guerres et en évaluant l’évolution de son poids. La MMF a bénéficié d’une situation exceptionnelle de médiation dans l’histoire de l’entre-deux-guerres puisqu’elle est restée en place pendant vingt ans. Il s’agit ici d’analyser aussi comment cette longue présence a joué dans la construction des savoirs français tout au long de cette période, depuis l’arrivée de la Mission dans une période critique en 1919 jusqu’au dénouement tragique des accords de Munich de septembre 1938.

    Several studies, Czechoslovakian as well as French, have been devoted to the history of the French military mission in Prague and the persons involved; its activities have been presented from several angles, often laudatory but sometimes critical. Its role is described herein by setting it in the more global framework of Franco-Czechoslovakian relations between the two World Wars and assessing its impact. Since it stayed in place for twenty years, this French mission profited from an exceptional situation as mediator during the interwar period. How did this long presence affect the construction of French knowledge during this period, from the mission’s arrival at a critical time in 1919 till the tragic Munich Agreement in September 1938?

    Entrées d’index

    Mots-clés : relations franco-tchécoslovaques, mission militaire française

    Keywords : Franco-Czechoslovakian relations, French military mission

    Index géographique : Prague

    Personnes citées : Maurice (général) Pellé, Louis Eugène (général) Faucher

    Texte intégral Archéologie d’une histoire Les débuts de la Mission militaire française Le tournant de 1925 Le hiatus des années 1933-1938 L’épilogue de 1938 Conclusions Notes de bas de page Auteur

    Texte intégral

    1L’histoire de la Mission militaire française (MMF) à Prague et de ses acteurs a fait l’objet de nombreuses études tant du côté tchéco- slovaque que du côté français1. Son activité a été éclairée sous de multiples éclairages, souvent laudateurs, parfois critiques. Il s’agira ici de rappeler son rôle en la replaçant dans le cadre plus global des relations franco-tchécoslovaques de l’entre-deux-guerres et en évaluant son poids dans la construction des savoirs français sur l’Europe centrale.

    Archéologie d’une histoire

    2Dans les relations franco-tchèques, la rupture qui intervient en novembre 1918 en raison du passage de rapports officieux et largement associatifs à des rapports interétatiques est le premier point à souligner. Ce changement implique que les acteurs ne sont plus les mêmes : les gymnastes, les édiles municipaux, les professeurs d’université, les publicistes sont remplacés par des diplomates, des hommes politiques aux fonctions éminentes et des militaires. De ce point de vue, la guerre a été une sorte de sas à l’intérieur duquel a commencé ce processus de transition d’élites privées à des élites étatiques autour de deux points de cristallisation : la reconnaissance d’une entité politique en exil (le Conseil national tchécoslovaque, fondé sous le nom de Conseil national des Pays tchèques au printemps 1916) et la création, en décembre 1917, d’une armée tchécoslovaque subordonnée politiquement audit comité et militairement au commandement suprême interallié.

    3Quelles sont les expériences des militaires français des choses tchèques au moment de l’armistice ? Pour l’avant-guerre, une hypothèse serait à approfondir : depuis les années 1870, on s’intéresse aux Slaves dans les milieux militaires. La percée qu’effectuent par exemple les travaux et les enseignements de Louis Leger, qu’il s’agisse des espaces russe ou slaves du Sud (serbe et bulgare) ou de sa vision de la question austro-hongroise, en est un indice2. Il faudrait approfondir cette piste d’une sensibilisation des milieux militaires aux Slaves centraux par le biais des Slaves orientaux et méridionaux, notamment à travers les enseignements de l’École de guerre ou les contacts directs avec les Slaves. Pendant la guerre, la sensibilisation passe par le 2e bureau, via Louis Eisenmann – et ses informateurs – qui a identifié la double dimension politique (le rôle des Slaves dans la déstabilisation de la monarchie bicéphale) et technique (le potentiel de l’armement lourd de Škoda) que peuvent représenter les Tchèques3.

    4Plus ponctuellement et plus symboliquement, les militaires sont intéressés par la formation d’unités tchécoslovaques sur les fronts alliés : français (5 000 hommes), italien (18 000 hommes), russe (30 à 60 000 hommes), même si les espérances fondées sur un large recrutement aux États-Unis ne se concrétisent pas4.

    5Enfin, il y a l’argumentaire antigermanique développé depuis 1915 par les exilés tchécoslovaques, auquel les militaires ne peuvent être insensibles. Quand l’idée de barrière antigermanique se double de l’idée de barrière antibolchevique, cela ne peut que renforcer la sympathie des responsables français pour les propositions tchécoslovaques de réaménagement de l’Europe médiane.

    6Cet ensemble de réalités et de perceptions explique l’accueil que réserve le général Pellé à sa nomination comme responsable de la Mission militaire française à Prague au début de l’année 1919. Ce très brillant polytechnicien, ancien attaché militaire à Berlin, proche collaborateur de Joffre pendant la guerre, va pouvoir déployer ses qualités, quasiment sans entraves, tant les circonstances lui sont favorables. En effet, Edvard Beneš, le ministre des Affaires étrangères tchécoslovaque, cherche à accélérer l’envoi d’une mission française en Bohême, qu’il a évoqué pour la première fois le 9 novembre 1918. Dans une de ses lettres au président du Conseil, Beneš est explicite sur ses motivations et les décisions à prendre :

    L’Italie souffre de myopie politique, elle voudrait jouer un grand rôle et le fait maladroitement […] il faut se rendre compte que la politique française est d’une plus grande envergure […] Il est nécessaire de donner à la France une influence dans l’Europe centrale telle qu’elle lui appartient. En dehors de cela, le système militaire français est incontestablement supérieur à celui de l’Italie… nous en tirerons beaucoup plus d’avantages à tout point de vue5.

    7Il s’agit d’évincer progressivement la présence italienne en 1919. La demande officielle en est faite le 17 décembre. Fortement encadrées sous la direction du général Luigi Giuseppe Piccione, les troupes tchéco-italiennes récemment arrivées visent à assurer l’influence de Rome, à tel point que des bruits courent d’un commandement italien de l’armée tchécoslovaque que Beneš doit formellement démentir. Au contraire, il détaille en décembre 1918 un plan pour étouffer cette présence, avec un recrutement massif en Bohême d’hommes placés sous l’autorité d’un général français. Les négociations sont très rapides, d’autant que Beneš souhaite se débarrasser des affaires militaires avant l’ouverture de la Conférence de la Paix. Foch notifie son accord le 8 janvier ; le 10, le contrat relatif aux cadres français détachés dans l’armée tchécoslovaque est signé ; le 20, le contrat sur l’envoi de la mission donne satisfaction au ministre des Affaires étrangères tchécoslovaque et le 26, l’accord sur les attributions de la Mission militaire française est approuvé par les deux parties6. Le premier échelon de la Mission arrivera à Prague le 13 février 1919, suivi d’un second début mars.

    8Après l’accord de Clemenceau et de Foch le 8 janvier 1919, différentes conventions sont conclues pour mettre en place la mission. L’instruction donnée au général Maurice Pellé – choisi de préférence au général Maurice Janin retenu en Sibérie – souligne qu’il devra « faire prédominer l’influence française en créant dans la mesure du possible les organes militaires tchécoslovaques sur les bases adoptées en France. »

    Les débuts de la Mission militaire française

    9La correspondance intime du général Pellé illustre la situation exceptionnelle dans laquelle il se trouve7 :

    21 janvier 1919 : De toutes parts il naît un monde nouveau. Dans cette création une œuvre m’incombe. Peut-on refuser l’action quand elle s’offre sous cette forme ?
    Départ le 12 février via Bâle, l’Inn.
    16 février. Arrivée le 15. Dès la frontière, discours et marseillaises. Beaucoup d’émotion à Prague : 4 ministres. Le soir, bal. « Une sympathie qui ne me semble vraiment pas de commande. J’ai vu les gens pleurer en nombre quand j’évoquais les souvenirs de la protestation du peuple tchèque en 1871 ».
    15 février 1919. Conférences avec le Président de la République, le ministre de la Défense nationale etc. Je me trouve en face d’hommes qui semblent disposés à me laisser les plus grands pouvoirs et à faire tout ce que je leur dirai. Mais le pays est en pleine crise malgré la sagesse de la population.

    10Très vite, la Mission n’est pas simplement vouée à une action de soutien et d’organisation, mais à des événements militaires qui diffèrent de sa mission originelle et renforcent sa légitimité. En remplaçant la mission italienne à la tête de l’armée tchécoslovaque en Slovaquie, l’encadrement militaire français va jouer un rôle capital dans le refoulement des Hongrois de la République des Conseils au printemps 1919. C’est dans la foulée de ces événements que sont engagées les discussions pour l’organisation de l’armée : la douloureuse expérience slovaque, la prise de conscience de la nécessité de défendre des milliers de kilomètres de frontières, le ralliement du ministre de la Défense Václav Klofáč aux idées françaises amènent les Tchèques à abandonner l’idée initiale de milice. Et, en un an, l’armée est organisée avec 12 divisions réparties sur l’ensemble du territoire tandis que le ministère de la Défense est structuré sur le modèle français, la Mission mettant aussi sur pied l’enseignement supérieur militaire. Les cadres de l’armée tchécoslovaque seront ainsi profondément imprégnés par les conceptions françaises dont l’enracinement sera pérennisé par leur formation sur place ou en France.

    11Si la France est au cœur de la pensée des intellectuels et des décideurs tchèques, elle n’est pas forcément encore centrale dans les masses. Pourtant, en quelques mois, le renversement est rapide : « Il semble régner ici en ce moment un amour véritable de la France, on me reçoit un peu comme le Messie ; ils semblent tout prêts à faire ce que je dirai, mais aussi à tout attendre de moi : c’est une situation un peu gênante », écrit le général Pellé8.

    12Ainsi devient-il avec ses collaborateurs de la Mission le fondateur de l’armée tchécoslovaque, le vainqueur du conflit hungaro-tchécoslovaque, l’organisateur de cette armée, l’inspirateur de sa doctrine et l’un des acteurs majeurs des relations franco-tchécoslovaques. Il n’hésite pas d’ailleurs à déborder d’un cadre strictement militaire : dessinateur de talent, il s’intéresse également à l’enseignement ou aux arts. Il exerce notamment son activité de médiateur en encourageant Zdenka Braunerová à organiser à Paris une grande exposition ethnographique. Quand il quitte Prague le 1er janvier 1921, appelé pour une ultime mission comme plénipotentiaire en Turquie, il est admiré par tous, et vivement regretté.

    13Le succès de Pellé est certes lié à ses qualités personnelles, alliant à la fois diplomatie et fermeté, et à ses réseaux en France, mais aussi à des circonstances étonnamment favorables qui justifient que les effectifs de la MMF soient passés de 40 à 135 en moins d’un an. Les menaces de déstabilisation territoriale qui pèsent sur l’État tchécoslovaque d’où découle la confiance des autorités locales – qu’il s’agisse du président Masaryk, du ministre des Affaires étrangères, Beneš, ou de la Défense, Klofáč – expliquent largement son succès.

    14Pourtant, il faut nuancer ce dernier sur le plan international. En effet, même s’il a assez largement convaincu sa hiérarchie d’appuyer les revendications tchécoslovaques, le général Pellé ne réussira pas à pousser ses interlocuteurs praguois à la conclusion d’un traité bilatéral et automatique semblable à celui que Paris signe en 1921 avec Varsovie. Par ailleurs, comme les officiers supérieurs en poste en Europe centrale, il s’est largement « nationalisé » (ce que lui reprochaient d’ailleurs les diplomates français de la Légation) et, partant, il a perdu un peu de sa crédibilité auprès de Paris. Célibataire endurci, il a marqué sa proximité avec son poste en épousant une Tchèque de la bourgeoisie praguoise, ouvrant ainsi une lignée de relations franco- tchèques durable.

    15Pellé a dû quitter Prague contre son gré, car la tâche était loin d’être terminée. Il revient à son adjoint et successeur le général Eugène Mittelhauser de prendre la relève. S’il manifeste la même fermeté et les mêmes compétences que son prédécesseur, Mittelhauser n’a pas sa diplomatie et, malgré l’appui du général Otakar Husák, le nouveau ministre de la Défense, les circonstances lui sont moins favorables avec l’éloignement des dangers. Certes, on ne revient pas sur la mise sur pied d’une armée de métier (au départ, les Tchécoslovaques imaginaient une milice, comme le préconisait initialement Masaryk), mais la réalisation des projets français est entravée par deux réalités omniprésentes : d’une part, les socialistes, qui restent puissants malgré la scission entre sociaux-démocrates et communistes, conservent leurs réserves face aux militaires et au militarisme (on le voit lors du conflit polono-soviétique de 1920 pendant lequel Prague bloque l’approvisionnement militaire de la Pologne et profite de l’occasion pour tourner l’affaire de Teschen à son avantage) ; d’autre part, si le gouvernement tchécoslovaque veut rompre le front du refus de son importante minorité allemande (23,6 % de sa population), il ne peut tisser des liens militaires trop voyants avec une France qui pense essentiellement à ses alliances à revers contre Berlin. La Tchécoslovaquie observe ainsi une grande prudence pendant la crise de la Ruhr, cherchant à jouer un rôle de médiation entre les anciens membres de l’Entente, et il faut attendre janvier 1924 pour qu’un traité franco-tchécoslovaque soit signé et accompagné de clauses militaires secrètes.

    16Mais c’est en même temps le chant du cygne des militaires. L’échec politique et financier de la Ruhr, puis le changement de majorité parlementaire modifient la donne. Les réunions se multiplient et le Quai d’Orsay comme les autorités militaires poussent les Polonais et les Tchécoslovaques à se rencontrer, sans succès9. De fait, Mittelhauser se plaint de n’être ni entendu ni écouté à Prague : « J’ai l’impression d’être comme un bouchon sur la houle », écrit-il à Foch le 12 janvier 192410. Beneš lui bat froid. C’est en février 1924 que sont échangées les lettres confidentielles11 qui précisent les conditions dans lesquelles les états-majors des deux pays continueront de collaborer tant en ce qui concerne l’établissement de plans concertés pour parer à une attaque dirigée par un ennemi commun qu’en ce qui touche l’étude des moyens à mettre en œuvre. Mittelhauser s’efforce de faire ajourner les projets de réduction du service militaire et suggère une invitation à Paris du ministre de la Défense, l’agrarien František Udržal, pour faciliter l’affaire12. L’atmosphère praguoise vis-à-vis des affaires militaires peut être résumée par cette déclaration de Masaryk reproduite dans Le Temps du 31 octobre : « L’heure présente est tout à fait propice au remplacement de la force des armes par celle d’une légalité morale. » Or, le maréchal Foch n’a cessé de plaider pour une attitude très ferme à l’égard de l’Allemagne entre 1922 et 1924, Mittelhauser étant totalement aligné sur ses positions. Et Foch de préconiser à Poincaré l’alliance des riverains de l’Allemagne, peut-être élargie à l’Angleterre, alors que ce dernier est sur le point d’être remplacé le 14 juin par Herriot qui suivra une autre politique13.

    17Le changement de caractère de la Mission à la fin de l’année 1925 a des conséquences indiscutables sur la nature de la coopération militaire14. Le général Faucher est désormais conseiller de l’État-Major et joue un rôle beaucoup plus technique que politique. La preuve en est le problème soulevé par l’inspectorat de l’armée : le poète Svatopluk Machar a dû quitter ses fonctions en 1924 et il n’est pas remplacé. C’est en avril 1927 qu’est annoncée, malgré l’opposition publique du général Faucher, la nomination du général Podhajský à ce poste15. Cet officier de l’ancienne armée austro-hongroise formé à l’École de Guerre de Vienne au début des années 1890 illustre la « remontée » du corps de formation autrichienne au sein de l’armée.

    Le tournant de 1925

    18C’est donc une nouvelle phase qui a commencé en 1925, celle des « illusions » de Locarno, celle des symboles plus que des réalisations, même si les autorités de Prague ont tenu à tout prix à conserver la Mission en 1928-1929, alors que le général Faucher avait déjà envisagé sa disparition en raison de sa marginalisation. Beneš a insisté directement auprès de Briand tout au long de décembre 1929 : « J’en ai besoin pour des raisons politiques », dit-il16, malgré (ou à cause de ?) l’opposition allemande. En fait, le gouvernement de Prague, pour des raisons de politique intérieure et extérieure, ne souhaite pas développer les relations militaires avec la France. Le général Faucher l’explique en 193117 et il souligne que, depuis 1927, aucune manœuvre ou voyage d’état-major n’ont été entrepris au voisinage de la frontière germano-tchécoslovaque. De plus, on annonce en mai 1932 la réduction pour l’automne du service militaire de 18 à 14 mois18. Les contraintes extérieures (par exemple la volonté de Beneš d’apparaître comme un partisan de la paix à la conférence du Désarmement à Genève en février 193219) et intérieures (la pression des communistes et des socialistes, voire des agrariens, en vue de privilégier les budgets sociaux, à quoi se sont ajoutées les exigences du ministère des Finances lors de la mise en place du budget 1932 en automne 193120) conduisent alors à sacrifier le budget militaire. Prague essaie de suivre une double politique de désarmement et de maintien de sa sécurité21 et il y a un décalage patent entre les préoccupations françaises et tchécoslovaques en 193222. Pourtant, en juillet, à l’issue de la première session de la Conférence de Désarmement où il occupe la fonction de secrétaire général, Beneš se rend à l’État-Major général à Prague et, en présence du ministre de la Défense Bohumír Bradáč, déclare que l’échec n’est pas exclu ; dans ce cas, annonce-t-il, « la crise arrivera vraisemblablement en 1936 ou 1937. La République doit être tout à fait prête d’ici-là sur le plan militaire23 ». C’est un revirement qui va prendre rapidement de la consistance.

    Le hiatus des années 1933-1938

    19Il n’est pas question d’aborder ici en détail la période 1933-1938, sinon pour en dessiner les traits principaux, et pour souligner le renversement de la situation par rapport à celle de 1919-1924. À la mi-janvier 1933, le général Jan Syrový demande un entretien au général Maurice Gamelin pour parler de collaboration en cas de conflit, alors qu’a été créé en décembre 1932 à Prague un Conseil supérieur de la Guerre qui sera bientôt suivi, le 6 octobre 1933, par la fondation du Conseil supérieur de la Défense nationale, institution que les Français appelaient de leurs vœux depuis les années 1920. Tout au long de l’année 1933, le ministre à Prague Léon Noël et le général Faucher vont signaler à Paris le nouvel « esprit militaire », qui s’accompagne d’un mouvement de personnel important et de l’appui constant d’Edvard Beneš à Bradáč, même s’il faut attendre juin 1933 pour que l’État-Major tchécoslovaque étudie pour la première fois l’hypothèse d’un conflit entre l’Allemagne et la Tchécoslovaquie24.

    20Si les Tchécoslovaques deviennent demandeurs, les Français sont prudents. Plusieurs études ont été menées du côté français sur « la conduite de la guerre en Europe centrale dans les différentes hypothèses de conflits ». Il est frappant de constater la nature des corrections françaises sur les minutes de ces discussions dans le sens d’une minimisation des engagements25 : on se contente finalement de convoquer Faucher à Paris avec le chef de l’État-Major tchécoslovaque, le général Ludvík Krejčí. Il est aussi symptomatique que les services de renseignement français n’aient intégré dans leurs recherches une menace italienne ou allemande contre la Pologne, la Tchécoslovaquie et la Yougoslavie qu’en décembre 193426.

    21L’année 1934 va apporter une certaine détente bilatérale avec la multiplication des échanges, tenus secrets, au plus haut niveau entre les généraux Krejčí et Gamelin27. Ce dernier séjourne lui-même deux semaines en Tchécoslovaquie en septembre et les flux des missions s’accélèrent. Le jugement français sur l’état de l’armée tchécoslovaque est mitigé : un excellent potentiel, mais beaucoup d’efforts à accomplir encore28. Les autorités tchécoslovaques sont désormais clairement engagées dans un discours de défense patriotique : jusque-là rétif aux choses militaires, le pays se transforme. C’est le constat que font quotidiennement les observateurs et que souligne Faucher de Prague. En novembre 1934, le service militaire est porté de nouveau à deux ans. La question de la collaboration avec l’URSS se pose à partir de l’automne 1934 quand les Soviétiques font état de leur désir de collaborer avec la France et la Tchécoslovaquie : les autorités tchécoslovaques restent très prudentes et il est clair que l’alliance avec Moscou ne suscite pas l’enthousiasme des militaires français29.

    22La contribution du général Faucher à la bonne image de la Tchécoslovaquie est alors indéniable : qu’elle se soit lancée dans un ambitieux programme d’armement largement autofinancé et qu’elle fasse preuve d’une remarquable stabilité au milieu de la crise économique plaide en sa faveur. Son système de renseignement s’est par ailleurs renforcé en concentrant son activité sur l’Allemagne30. La seule ombre au tableau, ce sont les élections de mai 1935 qui voient le triomphe du Sudetendeutsche Partei (SdP), devenu la première force politique du pays. Cela réactive le souci éveillé par une armée multinationale, au sein de laquelle toutefois 93,74 % des officiers sont tchèques et slovaques, souligne Faucher31. Mais cela ne semble pas convaincre le 2e bureau sur l’absence de répercussions militaires de cette hétérogénéité : « Il faut faire crédit à ce pays qui est l’avant-garde de l’Occident et qui peut se fortifier si les événements lui laissent le temps de consolider sa structure32. »

    23Étudiant l’hypothèse d’une nouvelle tentative d’Anschluss, le Bureau des Opérations militaires souligne que la Tchécoslovaquie est, des trois pays de la Petite Entente, « celui où l’influence française, en particulier au point de vue militaire, est la mieux assise. On peut normalement compter, en cas de conflit avec l’Allemagne, voir jouer à fond le traité d’alliance et d’amitié conclu en 192433. » Les manœuvres de l’automne 1935 sont fortement appréciées.

    24L’année 1936 est cependant un tournant où le décalage entre la volonté tchécoslovaque dont le général Faucher se fait l’écho et l’attitude française se manifeste de manière flagrante. Le ministre des Affaires étrangères tchécoslovaque est d’ailleurs très inquiet sur les implications de l’affaire rhénane et la construction de fortifications allemandes qui compromettent le soutien français34. La doctrine alors élaborée doit tenir compte des 4 104 km de frontières tchécoslovaques, dont 70 % sont potentiellement menacés : la défense devrait de plus se dérouler sur deux fronts (allemand et hongrois) et dans trois directions (ouest, nord et sud-ouest). De là découlent la fortification de nouvelles frontières et un projet ambitieux de réorganisation et de modernisation de l’armée. L’effort financier est considérable : de 11,50 % en 1925, la part du budget national consacré à la défense passera à 20,8 % en 1938. Un des aspects importants de la collaboration technique franco-tchéco-slovaque porte sur ces fortifications inspirées par la ligne Maginot que la MMF a soutenues et qui consomment une part considérable de ce budget. Quelles que soient ses alarmes, il y a chez Beneš une sorte de pédagogie de l’optimisme à l’égard de ses interlocuteurs : « Le pays est en pleine santé et debout, sur ses gardes35 ».

    25Quand le sous-chef d’état-major, le général Schweisguth, assiste aux manœuvres tchécoslovaques d’août 1936, il a l’occasion de refaire un constat positif sur l’état de l’armée tchécoslovaque, constat qui n’exclut pas l’identification de faiblesses persistantes au niveau du haut commandement36. Par la voix du général Faucher, le président tchécoslovaque reste prudent quant à son orientation vers l’URSS. Il explique qu’il s’est tourné vers Moscou en raison de l’attitude de la Pologne qui a refusé sa proposition d’alliance en 1934, mais qu’il demeure d’une extrême méfiance, le général Krejčí ayant pour ordre d’écouter seulement les propositions soviétiques et de ne pas prendre d’engagement, la grande hantise de Beneš étant toujours un accord germano-soviétique. Dans le même temps, on peut constater que les Soviétiques font preuve d’une prudence équivalente37. Cette prudence, le général Faucher lui-même affirme qu’elle est scrupuleusement observée par ses partenaires tout en réaffirmant qu’il est du devoir de Paris et de Prague d’étudier en commun la question d’un rapprochement avec l’URSS38.

    26La remilitarisation de la Rhénanie et la dénonciation du Traité de Locarno par l’Allemagne au printemps 1936 bouleversent indiscutablement les positions militaires françaises. La conséquence majeure de l’opération allemande de mars 1936 n’est-elle pas d’«  établir une couverture fortifiée face à la France de façon à rendre impossible toute action en faveur de ses alliés d’Europe centrale39 » ? Pierre Cot estime le 23 juillet dans une lettre au ministre de la Guerre que, désormais, seule une offensive stratégique aérienne serait envisageable, l’emploi des forces terrestres en Europe centrale étant subordonnée à une trop hypothétique alliance italo-yougoslave. « La sécurité de la France apparaît ainsi strictement subordonnée à la puissance de son armée de l’air par rapport à celle de l’Allemagne. » D’où la nécessité d’une concertation avec l’URSS, la Tchécoslovaquie, la Yougoslavie, la Roumanie, la Pologne, voire la Grande-Bretagne et les États-Unis. On peut s’étonner qu’Yvon Delbos ne réponde que le 23 septembre à cette demande capitale, mais on comprend mieux quand il précise qu’il ne faut « fournir aucun prétexte de réaction allemande contre l’entreprise diplomatique en cours pour la réalisation d’un accord entre puissances occidentales… devant l’opinion britannique40 ».

    27Le 2e bureau de l’armée de terre a une analyse différente de celle du ministre de l’Air : il prend acte que les buts de Hitler sont contenus dans Mein Kampf et que le seul moyen de l’arrêter est de relancer l’étude d’une action commune en reconstituant le front de Stresa, en réorientant la Petite Entente contre l’Allemagne et en rapprochant Prague de Varsovie. « Quant à l’URSS, son concours ne peut être que limité, tardif et incertain41. » La question du passage par l’Italie, traitée en décembre 1936, mène à des conclusions beaucoup plus pessimistes qu’en mai42. Effectivement, fin 1936 et au début de l’année 1937, l’abandon définitif de l’Autriche par Mussolini se confirme par différents canaux tout comme la perspective de l’Anschluss.

    28Le point de divergence majeur entre Paris et Prague demeure la vision de l’URSS. Du côté français, les réticences diplomatiques ont vidé de sa substance le projet de Louis Barthou. Il en est de même chez les militaires dont les missions (le général Schweisguth43, Paul de Villelume) ont donné lieu à des rapports plutôt négatifs sur les capacités de l’Armée rouge44. Léon Blum, comme Édouard Daladier (encore qu’il soit hésitant sur le sujet), sans parler de Gamelin, sont d’une prudence extrême. Du côté tchécoslovaque, la confiance dans l’URSS est grande, malgré les purges de 1937. Ce sont essentiellement les contraintes diplomatiques – c’est-à-dire l’alignement sur Paris – qui freinent le développement des contacts.

    29Dans les affaires militaires avec l’Europe centrale, en dehors de l’approfondissement des questions techniques, l’année 1937 apparaît, comme sur le plan politique, comme une « année creuse », même si les signaux d’alerte n’ont pas manqué. En février, le maréchal Göring parle à André François-Poncet à propos des Sudètes de « cette appendicite qu’il faudra bien se résoudre à opérer45 ». Et l’attaché militaire à Berlin, le général Renondeau annonce au ministre de la Guerre Daladier que l’Allemagne « ferait sauter le Tchécoslovaquie à l’automne 193846 ». Pourtant rien n’a avancé pour rapprocher Prague et Varsovie47, pas plus que l’extension des accords de la Petite Entente à l’assistance de la Tchécoslovaquie au cas où celle-ci serait attaquée par l’Allemagne et encore moins un pacte d’assistance générale des États de l’Est européen en cas d’attaque de l’Allemagne. Dans ses « réflexions sur un conflit éventuel en Europe », le colonel Gauché, responsable du 2e bureau, évoque deux scénarios face à une Allemagne « d’ores et déjà en mesure de déclencher une guerre d’agression puissante et rapide contre un pays de moindre résistance de l’Europe centrale ou orientale » : soit la neutralité qui écartera définitivement la France de la zone et ne fera que « retarder l’échéance d’un conflit franco-allemand qu’une telle manifestation d’impuissance rendrait inévitable », soit un engagement offensif par l’Allemagne du Sud, en raison de la capacité réduite de résistance de la Tchécoslovaquie (quelques semaines)48. Ici encore, l’analyse lucide ne débouche sur aucun résultat concret.

    L’épilogue de 1938

    30Au lendemain de l’Anschluss, l’effort pour construire une stratégie d’encerclement fait long feu et laisse place à « un désespérant laisser- faire ». Quant à la capacité de résistance de la Tchécoslovaquie49, deux éléments contradictoires sont venus nuancer les opinions françaises : l’Anschluss fait que le dispositif tchécoslovaque est considérablement exposé sur son flanc sud. En revanche, la mobilisation réussie du 21 mai donne raison à ceux qui, comme le général Faucher50, ne cessent de souligner la solidité de l’édifice tchécoslovaque. Cette hésitation se reflète dans des analyses qui subordonnent l’attitude de Prague à celle des grandes puissances : « Si elle était incertaine sur l’appui à recevoir de ses alliés, des conceptions pacifistes (théorie du patriotisme culturel sous une domination étrangère) pourraient se faire jour et nul ne peut savoir si elle opposerait alors une résistance vigoureuse par les armes à l’envahisseur51. »

    31Les correspondances du printemps et du début de l’été 1938 traduisent un double mouvement : d’une part une grande lucidité, par éclipse, du général Gamelin sur les conséquences de l’axe Rome-Berlin. D’autre part, une grande incapacité à entreprendre. Au cours de l’été, les services de renseignement français semblent persuadés que la Tchécoslovaquie se défendra52. Quand Beneš recommande en juillet de développer les rapports avec l’URSS en spécifiant une nouvelle fois qu’il se conformera entièrement à la position française, Gamelin est d’accord, et renvoie la balle à Daladier53. Il faut un mois entre la demande de Beneš transmise par le général Faucher et la réponse de l’État-Major, puis un mois encore pour celle du général Vuillemin, le 16 septembre 1938 ! Entre-temps, les généraux Faucher et Fiala ont eu à Paris des entretiens avec le général Dentz (sous-chef d’état-major) et les responsables des 2e bureaux des Armées pour « étudier en commun la valeur de l’aide militaire que pourrait procurer, le cas échéant, l’URSS54 ». Pendant ce temps, des bruits de plus en plus insistants, en provenance surtout de Berlin et de Bucarest, courent sur le rapprochement militaire entre Prague et Moscou55. De Prague, le général Faucher ne peut que protester contre l’idée d’un abandon de la Tchécoslovaquie par la France lancé dans la presse et par celle d’un hypothétique immobilisme tchèque. La mobilisation de mai 1938 renforce son argumentation en ce sens.

    32Pourtant, l’hypothèse du sacrifice de Prague évoquée au printemps 1938 devient une certitude en septembre. Une étude très secrète du 13 septembre56 destinée à Daladier précise que le but immédiat de nos forces est d’assurer l’intégrité du territoire national et le maintien de nos communications tandis que le but final est l’écrasement de l’Allemagne. Puis : « L’affaire tchécoslovaque, bien qu’importante en soi, ne sera en effet que le casus belli. Nous ne pouvons pas avoir l’illusion d’apporter à ce pays une aide puissante assez immédiate pour être efficace et de coopérer utilement à la défense de ses frontières. » Le général Faucher, qui est cantonné à Prague dans un rôle de technicien, est profondément désespéré par l’orientation de la politique française.

    33Cet abandon sanctionné par les accords de Munich le conduit à la démission : haute figure morale, il préfère se retirer et se mettre au service de l’armée tchécoslovaque plutôt que de trahir ses idéaux. Cette attitude résistante, qui sera également la sienne pendant la guerre, lui a attiré à juste titre une sympathie durable des Tchèques. Pour les antimunichois, il a été l’un des hommes qui ont sauvé l’honneur de la France.

    Conclusions

    34Si nous tentons de résumer l’histoire de la MMF en termes de construction des savoirs, nous sommes en présence d’une situation exceptionnelle de médiation dans l’histoire de l’entre-deux-guerres puisque la Mission est restée en place pendant vingt ans. Elle a incontestablement témoigné d’une relation politique bilatérale remarquable : l’alliance avec la Tchécoslovaquie a été apparemment sans nuage et Prague est restée une alliée « commode » pendant tout ce laps de temps. Comme nous l’avons vu, par l’intermédiaire de la MMF, les officiers français ont joué un rôle de commandement (commandement en chef de l’armée puis chef d’état-major général jusqu’au 1er janvier 1926, sans parler des commandements régionaux) et de formation (le général Le Blevec dirige l’École supérieure de Guerre tchécoslovaque jusqu’en septembre 1929 et des cours supérieurs un an encore) ; ils ont contribué aussi à l’organisation et à l’instruction de l’armée et du ministère de la Défense. Comme conseiller technique du ministre, le général Faucher a continué à avoir un rôle indéniable, qu’il devait plus à son empathie avec la société tchécoslovaque qu’à la définition de ses compétences strictes, même avec des moyens considérablement réduits : la Mission comptait 135 officiers au 1er janvier 1920 ; elle n’en a plus que 4 en 193857. Il assiste aux audiences militaires du Président de la République et au Conseil consultatif de l’armée. Surtout, cette armée a été profondément influencée par la doctrine française, même si celle-ci a été adaptée aux conditions d’un repli éventuel sur le réduit morave et slovaque.

    35A contrario, le maintien de cette mission – les responsables tchèques ont beaucoup insisté pour qu’elle soit pérennisée – a créé une sorte de hiatus dans la représentation des liens de la France avec la Tchécoslovaquie : en effet, elle semblait illustrer un engagement indéfectible de Paris en faveur de Prague alors qu’il y a eu basculement de la politique française au milieu des années 1920 et déconnexion entre les engagements politiques du début des années 1920 et la réorientation stratégique qui a accompagné les traités de Locarno et ses suites.

    36En termes de flux de savoirs, la MMF a connu trois périodes distinctes : en 1919 et au début des années 1920, elle transmet les savoirs français au sein de l’armée tchécoslovaque et elle conforte Paris dans la conviction que Prague doit avoir une place centrale dans le système d’alliances orientales. À partir de 1924-1925, elle se trouve en difficulté face à l’évolution des relations franco-allemandes qui marginalisent les alliances offensives. De 1933 à 1938, la MMF fonctionne à sens unique : les signaux de fermeté praguoise qu’elle envoie à Paris se heurtent, d’une part, aux conséquences de l’inaction des années précédentes et, d’autre part, au pacifisme qui a saisi la société française et débouche sur les contradictions d’une époque que Jean-Baptiste Duroselle a justement qualifiée de « décadence58 ».

    37Pourtant, la situation institutionnelle exceptionnelle de la MMF et la personnalité remarquable des chefs de mission (le général Faucher a lui aussi épousé une Tchèque, fondant une autre lignée franco-tchécoslovaque, comme ce sera également le cas pour le futur attaché militaire à Prague le général Julien Flipo, lui-même membre de la MMF dans l’entre-deux-guerres) ont permis à Paris d’avoir une information de qualité pour évaluer l’armée et la société alliée, même si cette évaluation s’est faite dans le cadre plus général de celle des alliés orientaux de la France, qui n’était, elle, pas favorable59.

    38Il faudrait certainement analyser plus en détail comment le savoir de ces dizaines d’officiers de la mission s’est ensuite disséminé au sein de l’appareil militaire français. La prise en compte de ces précieux renseignements par les décideurs est une autre affaire : ils ont été relativisés, d’une part, par la crainte de la guerre, d’autre part par une vision clivée du républicanisme tchécoslovaque dans une France elle-même en guerre civile larvée au cours des années 1930, enfin par le sentiment qu’avait le haut-commandement que les hommes en poste étaient acquis unilatéralement à la cause tchécoslovaque et que, par conséquent, leurs informations étaient susceptibles de manquer d’objectivité. Une telle interprétation était évidemment un alibi commode pour couvrir les choix pusillanimes qui ont été faits60. Il est significatif que les analystes parisiens se sont évertués à masquer la réalité : ce n’est qu’en mars 1939 que le 2e bureau a précisé que les opérations menées contre la Tchéco-Slovaquie « ont valu à l’Allemagne une augmentation de son potentiel militaire terrestre équivalent à 80 divisions », envisageant alors non seulement les pertes pour la France, mais aussi les gains pour l’Allemagne61.

    39Un dernier point mérite d’être noté : les chefs et certains membres de la MMF ont continué à être très engagés à titre personnel (et parfois même professionnel) en faveur de la Tchécoslovaquie après leur départ de leurs fonctions : en témoignent les correspondances ou les contacts qu’ils ont entretenus avec le président Beneš jusqu’en 194862. Ce sera en particulier le cas du général Faucher.

    Notes de bas de page

    1  Parmi les études relativement récentes, Radko Břach, General Maurice Pellé. První náčelník hlavního štábu čs. branné moci [Le Général Maurice Pellé. Premier chef d’état-major des forces armées tchécoslovaques], Prague, Ministerstvo obrany České republiky, 2001, et l’essai de Richard Francis Crane, A French Conscience in Prague : L. E. Faucher and the Abandonment of Czechoslovakia, Boulder, East European monographs, 1996 ; Antoine Marès, Les relations franco-tchécoslovaques 1918-1938, Paris, mémoire d’habilitation Université Paris 1, 2003 ; Idem, « Mission militaire et relations internationales : l’exemple franco-tchécoslovaque 1918-1925 », Revue d’Histoire moderne et contemporaine (RHMC), n° 4, 1981, pp. 559-586 ; Idem, « La mission militaire française à Prague 1926-1938 », Revue d’Histoire de la Deuxième Guerre mondiale, n° 111, 1978, pp. 45-71. Sur le rôle de la MMF dans le triangle Paris-Varsovie-Prague, Isabelle Davion, Mon voisin, cet ennemi. La politique de sécurité française face aux relations polono-tchécoslovaques entre 1919 et 1939, Bruxelles, Peter Lang, 2009.

    2  Antoine Marès, « Louis Leger et Ernest Denis. Profil de deux bohêmisants français au xixe siècle », La France et l’Europe centrale (ed. Bohumila Ferenčuhová), Slovanské studie, n° 2, 1995, pp. 63-90.

    3  Michaël Bourlet, « Des normaliens dans les services de renseignement du ministère de la guerre (1914-1918) », Revue historique des armées, n° 247, 2007, pp. 31‑41. Antoine Marès, « Louis Eisenmann et l’Europe centrale (1897-1937) », Revue du Nord, collection Histoire, n° 10 : « Regards sur l’indomptable Europe du Centre-Est du xviiie siècle à nos jours », 1996, pp. 223-242.

    4  Ivan Šedivý, Češi, České zemĕ a velká válka (1914-1918) [Tchèques, Pays tchèques et Grande Guerre], Prague, Nakl. Lidové noviny 2001 ; Karel Pichlík-Bohumil & Klípa-Jitka Zabloudilová, Českoslovenští legionáři (1914-1920) [Les légionnaires tchéco- slovaques (1914-1920)], Prague, Mladá fronta, 1996.

    5  Lettre du 24 décembre 1918, Archives du Musée national, fonds Kramář, correspondance avec Beneš. Sur le conflit franco-italien, Petr Prokš, « Soupeření francouzské a italské vojenské mise v Československu v r. 1919 » [La rivalité entre les missions militaires italienne et française en Tchécoslovaquie en 1919], Slovanský přehled, n° 5, 1988, pp. 374-384.

    6  A. Marès, art. cit., RHMC, 1981 et Mission militaire française auprès de la République tchécoslovaque 1919-1939, Vincennes, SHAT ; Prague, Historický ústav Armády ČR, 1999, 120 p.

    7  « Lettres à l’inconnue », Archives familiales Pellé.

    8 Lettre du 14 février 1919 de Maurice Pellé à sa belle-sœur Jeanne, in Jean Le Chatelier, Lettres et souvenirs, éd. privée, 1984.

    9  Service historique de la Défense, armée de terre (désormais SHD/DAT) 7 N 2520, 4 N 93, 7 N 3446.

    10  SHD/DAT, ancien Tchécoslovaquie n° 2.

    11  SHD/DAT, EMA 3e bureau 1923-1939, 7 N 3446, chemise 2, MAE à Guerre le 14 février 1924.

    12  SHD/DAT, 4 N 93, note n° 130 bis/2 du 3 mars 1924 pour le maréchal Foch. Il viendra effectivement en septembre 1924, en particulier pour traiter des problèmes d’aviation.

    13  SHD/DAT, 4 N 93, note du 25 avril 1924 adressée à Poincaré. Et les mêmes dans Les relations franco-britanniques de 1935 à 1939, Paris, Éditions du CNRS, 1975, pp. 149-178.

    14  Outre les archives du SHD, les archives du Cabinet militaire de la Présidence de la République, Prague, (désormais VKPR) 1926 confidentiel n° 28, dossier sur la Mission.

    15  SHD/DAT, ancien MMF n° 2, lettre de Faucher à Guerre du 9 mai 1927. Il restera en poste jusqu’en 1933.

    16  Archives du ministère des Affaires étrangères – La Courneuve (désormais AMAE), Tchécoslovaquie vol. 21, p. 329 sqq. En janvier 1930, l’affaire est réglée ; Faucher sera reconduit en 1936. C’est en octobre 1937 que le général Gamelin envisage la suppression de la Mission et la nomination d’un attaché militaire (SHD/DAT, ancien MMF vol. 10, Gamelin à Guerre du 22 octobre 1937).

    17  Dépêches du 26 avril et du 28 décembre à Guerre (SHD/DAT, ancien Tchécoslovaquie n° 2).

    18  En fait, comme en France, la réduction de la durée du service national coûte cher.

    19  AMAE, SDN n° 1087, les multiples dépêches de François Charles-Roux déjà en octobre et novembre 1931 (n° 276, 282, 302…).

    20  AMAE, idem, Dépêches de Couget du 23 octobre au 2 novembre 1931.

    21  Note O.C. 8 ex. du 5 janvier 1932, SHD/DAT, 7 N 3549, dossier 1, fascicule 31.

    22  SHD/DAT, 7 N 3446, Notes de juin 1932 sur la Petite Entente et la Pologne.

    23  Beneš, Paměti [Mémoires], Prague, Orbis, tome II, pp. 37-38. Témoignage de František Moravec, Master of Spies. The Memoirs, Londres, The Badley Head, 1975, p. 40.

    24  Compte rendu du 7 juin 1933 de la visite de l’attaché militaire tchécoslovaque à Paris, le lieutenant-colonel Vltavský, au lieutenant-colonel Koeltz, chef du 2e bureau (SHD/DAT, anciennement Tchécoslovaquie n° 14).

    25  SHD/DAT 7 N 3446, chemise « procès-verbaux des conversations franco-tchécoslovaques 1924-1937 ». Et note du 2e bureau secrète du 13 octobre 1933 (SHD/DAT, 2e bureau n° 40, 7 N 2520).

    26  SHD/DAT, 7 N 2530, 2e bureau, plans de renseignement.

    27  SHD/DAT 7 N 3446.

    28  VKPR, n° 127, note n° 318/34 du 9 novembre, confidentiel.

    29  SHD/DAT, 2e bureau n° 40 (7 N 2520).

    30  František Moravec, op. cit., p. 45 sqq.

    31  SHD/DAT, ancien MMF n° 3, dépêche de Faucher à Guerre du 8 janvier 1936, et SHD/DAT, 7 N 3097. Voir aussi Ivan Šedivý, « Legionáři a československá armáda 1918-1938 » [Les légionnaires et l’armée tchécoslovaque 1918-1938], in Jindřich Dejmek & Josef Hanzal (ed.), České země a Československo v Evropě xix. a xx. století. Sborník k 65. narozeninám prof. Dr. Roberta Kvačka), Prague, Historický ústav AV ČR, 1997, pp. 209-230.

    32  SHD/DAT, 2e bureau n° 25, juillet-août 1936 n° 1342.

    33  SHD/DAT, 7 N 3449, dossier 1.

    34  Documents diplomatiques français (D.D.F.), 2e série, II, D. 84, tél. de Lacroix n° 342 du 16 avril 1936.

    35  D.D.F., 2e série, II, D 255 du 28 mai 1936. Il pense « avoir brisé l’esprit de révolte des Allemands des Sudètes » (D. 178) et fait reculer l’Allemagne (D. 256).

    36  SHD/DAT, ancien MMF n° 3, rapport du 26 août 1936.

    37  Tel. de Pavlů n° 95 du 9 novembre 1936 à Krofta (AMZV, T.D. 527/36).

    38  Lettre manuscrite au général Dentz du 28 juillet 1936 (SHD/DAT, 7 N 3097, ancien Tchécoslovaquie n° 4).

    39  Conclusions du colonel Defrasne, « L’événement du 7 mars 1936 », Les relations franco-allemandes 1933-1939, Paris, Éditions du C.N.R.S., 1976, p. 268.

    40  SHD/DAT, 2e bureau n° 41, 7 N 2521.

    41  Idem, note du 8 avril 1936.

    42  SHD/DAT 7 N 3434, note secrète du 3e bureau du 10 décembre 1936.

    43  SHD/DAT, 7 N 3184/1. Le rapport de septembre est relativement nuancé. Mais le général Schweisguth est beaucoup plus sévère dans sa présentation à Édouard Daladier

    44  Archives Daladier (FNSP), 1 DA 7 Dr 5 sdr c.

    45  D.D.F., 2e série, IV, D. 423, dépêche du 10 février 1937.

    46  D.D.F., 2e série, V, D. 58, dépêche n° 158/AM du 3 mars 1937.

    47  Voir Isabelle Davion, op. cit., pp. 384-388.

    48  SHD/DAT, 7 N 2522 (EMA 2e bureau), note de 7 pages du 9 mars 1937.

    49  Avant même l’annexion de l’Autriche, les appréciations sont très contradictoires. Cf. une note sans date (mais vraisemblablement du début 1938) du 3e bureau (SHD/DAT, 7 N 3434) conteste l’estimation d’une ou deux semaines (« Annexe, « Appréciation théorique de la capacité de résistance tchécoslovaque ») sans donner de pronostic précis.

    50  Qui n’a d’ailleurs été averti de la mobilisation que le lendemain matin. Il proteste le 24 mai auprès de Krejčí (SHD/DAT, ancien Tchécoslovaquie n° 22).

    51  Note sans date, signée DF (Defrasne), EMA, 2e bureau-SAE, « La Tchécoslovaquie devant le nouvel Empire allemand » (SHD/DAT, 7 N 2522). Mais une note du 3e bureau n° 0876 du 7 mars est beaucoup plus catégorique (« elle se défendra énergiquement si elle est attaquée par l’Allemagne et sera à nos côtés si nous sommes attaqués »), cf. SHD/DAT 7 N 3434.

    52  Note du colonel Gauché du 23 juillet 1938 « Considérations sur la forme que pourrait prendre une attaque allemande contre la Tchécoslovaquie » (SHD/DAT, 7 N 2522).

    53  SHD/DAT, 2 N 235, dossier 1. Réponse de Bonnet à Daladier le 12 août (D.D.F. 2e série, X, D. 372). Sur cette prudence, Maxime Mourin, Les relations franco-soviétiques, op. cit., pp. 224-229.

    54  D.D.F. 2e série, X, D. 505, compte rendu de la réunion du 30 août.

    55  SHD/DAT, 7 N 3105 ancien Tchécoslovaquie n° 12.

    56  Document non signé de sept pages, mais vraisemblablement vu par Gamelin (SHD/DAT, 5 N 579).

    57  « La Mission militaire française auprès de la République tchécoslovaque 1919-1938. Rapport de fin de mission » du général Faucher, 42 pages et documents, le 15 décembre 1938 n° 3309/cab. (B.D.I.C. et SHD/DAT, 7 N 3097).

    58  Jean-Baptiste Duroselle, La Décadence, 1932-1939, Paris, Imprimerie nationale, 1979.

    59  Antoine Marès, « Les attachés militaires français en Europe centrale et la notion de puissance en 1938 », Revue historique des Armées, n° 1, 1983, pp. 60-72.

    60  Voir les interprétations du colonel Goyet : Munich, un « traquenard » ?, Paris, France-Empire, 1988.

    61  SHD/DAT, 7 N 2524. Note du 2e bureau remise au général Colson.

    62  Tels qu’on peut les identifier dans le fonds Beneš des archives de l’Institut T. G. Masaryk à Prague.

    Auteur

    • Antoine Marès

      Professeur d’histoire de l’Europe centrale à Paris 1 Panthéon-Sorbonne et membre de l’UMR SIRICE, Antoine Marès dirige le GDR Connaissance de l’Europe médiane (CNRS) et la revue d’histoire Relations internationales. Dernières publications : Edvard Beneš, de la gloire à l’abîme. Un drame entre Hitler et Staline, Perrin, 2015 ; La France et l’Europe centrale. Médiateurs et médiation (dir.), IES, 2015 ; La France et l’Europe médiane. Médiateurs et médiation (dir.), IES, 2016 ; Edvard Beneš, od slávy k propasti. Drama mezi Hitlerem a Stalinem, Argo, 2016 (http://irice.univ-paris1.fr/spip.php?article125).

    Précédent Suivant
    Table des matières

    Le texte seul est utilisable sous licence Licence OpenEdition Books. Les autres éléments (illustrations, fichiers annexes importés) sont « Tous droits réservés », sauf mention contraire.

    Voir plus de livres
    Militaires et diplomates français face à l’Europe médiane

    Militaires et diplomates français face à l’Europe médiane

    Entre médiations et constructions des savoirs

    Frédéric Dessberg, Antoine Marès et Isabelle Davion (dir.)

    2017

    Les Tchèques dans l’Autriche-Hongrie en guerre (1914-1918)

    Les Tchèques dans l’Autriche-Hongrie en guerre (1914-1918)

    « Nous ne croyons plus aucune promesse »

    Étienne Boisserie

    2017

    La Slovaquie et l'Europe

    La Slovaquie et l'Europe

    Essais et articles

    Ľubomír Lipták Roman Krakovsky (éd.)

    2019

    Voir plus de livres
    1 / 3
    Militaires et diplomates français face à l’Europe médiane

    Militaires et diplomates français face à l’Europe médiane

    Entre médiations et constructions des savoirs

    Frédéric Dessberg, Antoine Marès et Isabelle Davion (dir.)

    2017

    Les Tchèques dans l’Autriche-Hongrie en guerre (1914-1918)

    Les Tchèques dans l’Autriche-Hongrie en guerre (1914-1918)

    « Nous ne croyons plus aucune promesse »

    Étienne Boisserie

    2017

    La Slovaquie et l'Europe

    La Slovaquie et l'Europe

    Essais et articles

    Ľubomír Lipták Roman Krakovsky (éd.)

    2019

    Voir plus de chapitres

    Introduction

    Frédéric Dessberg et Antoine Marès

    Conclusion

    Frédéric Dessberg et Antoine Marès

    Voir plus de chapitres
    1 / 2

    Introduction

    Frédéric Dessberg et Antoine Marès

    Conclusion

    Frédéric Dessberg et Antoine Marès

    Accès ouvert

    Accès ouvert freemium

    ePub

    PDF

    PDF du chapitre

    Suggérer l’acquisition à votre bibliothèque

    Acheter

    Édition imprimée

    • amazon.fr
    • decitre.fr
    • mollat.com
    • leslibraires.fr
    ePub / PDF

    1  Parmi les études relativement récentes, Radko Břach, General Maurice Pellé. První náčelník hlavního štábu čs. branné moci [Le Général Maurice Pellé. Premier chef d’état-major des forces armées tchécoslovaques], Prague, Ministerstvo obrany České republiky, 2001, et l’essai de Richard Francis Crane, A French Conscience in Prague : L. E. Faucher and the Abandonment of Czechoslovakia, Boulder, East European monographs, 1996 ; Antoine Marès, Les relations franco-tchécoslovaques 1918-1938, Paris, mémoire d’habilitation Université Paris 1, 2003 ; Idem, « Mission militaire et relations internationales : l’exemple franco-tchécoslovaque 1918-1925 », Revue d’Histoire moderne et contemporaine (RHMC), n° 4, 1981, pp. 559-586 ; Idem, « La mission militaire française à Prague 1926-1938 », Revue d’Histoire de la Deuxième Guerre mondiale, n° 111, 1978, pp. 45-71. Sur le rôle de la MMF dans le triangle Paris-Varsovie-Prague, Isabelle Davion, Mon voisin, cet ennemi. La politique de sécurité française face aux relations polono-tchécoslovaques entre 1919 et 1939, Bruxelles, Peter Lang, 2009.

    2  Antoine Marès, « Louis Leger et Ernest Denis. Profil de deux bohêmisants français au xixe siècle », La France et l’Europe centrale (ed. Bohumila Ferenčuhová), Slovanské studie, n° 2, 1995, pp. 63-90.

    3  Michaël Bourlet, « Des normaliens dans les services de renseignement du ministère de la guerre (1914-1918) », Revue historique des armées, n° 247, 2007, pp. 31‑41. Antoine Marès, « Louis Eisenmann et l’Europe centrale (1897-1937) », Revue du Nord, collection Histoire, n° 10 : « Regards sur l’indomptable Europe du Centre-Est du xviiie siècle à nos jours », 1996, pp. 223-242.

    4  Ivan Šedivý, Češi, České zemĕ a velká válka (1914-1918) [Tchèques, Pays tchèques et Grande Guerre], Prague, Nakl. Lidové noviny 2001 ; Karel Pichlík-Bohumil & Klípa-Jitka Zabloudilová, Českoslovenští legionáři (1914-1920) [Les légionnaires tchéco- slovaques (1914-1920)], Prague, Mladá fronta, 1996.

    5  Lettre du 24 décembre 1918, Archives du Musée national, fonds Kramář, correspondance avec Beneš. Sur le conflit franco-italien, Petr Prokš, « Soupeření francouzské a italské vojenské mise v Československu v r. 1919 » [La rivalité entre les missions militaires italienne et française en Tchécoslovaquie en 1919], Slovanský přehled, n° 5, 1988, pp. 374-384.

    6  A. Marès, art. cit., RHMC, 1981 et Mission militaire française auprès de la République tchécoslovaque 1919-1939, Vincennes, SHAT ; Prague, Historický ústav Armády ČR, 1999, 120 p.

    7  « Lettres à l’inconnue », Archives familiales Pellé.

    8 Lettre du 14 février 1919 de Maurice Pellé à sa belle-sœur Jeanne, in Jean Le Chatelier, Lettres et souvenirs, éd. privée, 1984.

    9  Service historique de la Défense, armée de terre (désormais SHD/DAT) 7 N 2520, 4 N 93, 7 N 3446.

    10  SHD/DAT, ancien Tchécoslovaquie n° 2.

    11  SHD/DAT, EMA 3e bureau 1923-1939, 7 N 3446, chemise 2, MAE à Guerre le 14 février 1924.

    12  SHD/DAT, 4 N 93, note n° 130 bis/2 du 3 mars 1924 pour le maréchal Foch. Il viendra effectivement en septembre 1924, en particulier pour traiter des problèmes d’aviation.

    13  SHD/DAT, 4 N 93, note du 25 avril 1924 adressée à Poincaré. Et les mêmes dans Les relations franco-britanniques de 1935 à 1939, Paris, Éditions du CNRS, 1975, pp. 149-178.

    14  Outre les archives du SHD, les archives du Cabinet militaire de la Présidence de la République, Prague, (désormais VKPR) 1926 confidentiel n° 28, dossier sur la Mission.

    15  SHD/DAT, ancien MMF n° 2, lettre de Faucher à Guerre du 9 mai 1927. Il restera en poste jusqu’en 1933.

    16  Archives du ministère des Affaires étrangères – La Courneuve (désormais AMAE), Tchécoslovaquie vol. 21, p. 329 sqq. En janvier 1930, l’affaire est réglée ; Faucher sera reconduit en 1936. C’est en octobre 1937 que le général Gamelin envisage la suppression de la Mission et la nomination d’un attaché militaire (SHD/DAT, ancien MMF vol. 10, Gamelin à Guerre du 22 octobre 1937).

    17  Dépêches du 26 avril et du 28 décembre à Guerre (SHD/DAT, ancien Tchécoslovaquie n° 2).

    18  En fait, comme en France, la réduction de la durée du service national coûte cher.

    19  AMAE, SDN n° 1087, les multiples dépêches de François Charles-Roux déjà en octobre et novembre 1931 (n° 276, 282, 302…).

    20  AMAE, idem, Dépêches de Couget du 23 octobre au 2 novembre 1931.

    21  Note O.C. 8 ex. du 5 janvier 1932, SHD/DAT, 7 N 3549, dossier 1, fascicule 31.

    22  SHD/DAT, 7 N 3446, Notes de juin 1932 sur la Petite Entente et la Pologne.

    23  Beneš, Paměti [Mémoires], Prague, Orbis, tome II, pp. 37-38. Témoignage de František Moravec, Master of Spies. The Memoirs, Londres, The Badley Head, 1975, p. 40.

    24  Compte rendu du 7 juin 1933 de la visite de l’attaché militaire tchécoslovaque à Paris, le lieutenant-colonel Vltavský, au lieutenant-colonel Koeltz, chef du 2e bureau (SHD/DAT, anciennement Tchécoslovaquie n° 14).

    25  SHD/DAT 7 N 3446, chemise « procès-verbaux des conversations franco-tchécoslovaques 1924-1937 ». Et note du 2e bureau secrète du 13 octobre 1933 (SHD/DAT, 2e bureau n° 40, 7 N 2520).

    26  SHD/DAT, 7 N 2530, 2e bureau, plans de renseignement.

    27  SHD/DAT 7 N 3446.

    28  VKPR, n° 127, note n° 318/34 du 9 novembre, confidentiel.

    29  SHD/DAT, 2e bureau n° 40 (7 N 2520).

    30  František Moravec, op. cit., p. 45 sqq.

    31  SHD/DAT, ancien MMF n° 3, dépêche de Faucher à Guerre du 8 janvier 1936, et SHD/DAT, 7 N 3097. Voir aussi Ivan Šedivý, « Legionáři a československá armáda 1918-1938 » [Les légionnaires et l’armée tchécoslovaque 1918-1938], in Jindřich Dejmek & Josef Hanzal (ed.), České země a Československo v Evropě xix. a xx. století. Sborník k 65. narozeninám prof. Dr. Roberta Kvačka), Prague, Historický ústav AV ČR, 1997, pp. 209-230.

    32  SHD/DAT, 2e bureau n° 25, juillet-août 1936 n° 1342.

    33  SHD/DAT, 7 N 3449, dossier 1.

    34  Documents diplomatiques français (D.D.F.), 2e série, II, D. 84, tél. de Lacroix n° 342 du 16 avril 1936.

    35  D.D.F., 2e série, II, D 255 du 28 mai 1936. Il pense « avoir brisé l’esprit de révolte des Allemands des Sudètes » (D. 178) et fait reculer l’Allemagne (D. 256).

    36  SHD/DAT, ancien MMF n° 3, rapport du 26 août 1936.

    37  Tel. de Pavlů n° 95 du 9 novembre 1936 à Krofta (AMZV, T.D. 527/36).

    38  Lettre manuscrite au général Dentz du 28 juillet 1936 (SHD/DAT, 7 N 3097, ancien Tchécoslovaquie n° 4).

    39  Conclusions du colonel Defrasne, « L’événement du 7 mars 1936 », Les relations franco-allemandes 1933-1939, Paris, Éditions du C.N.R.S., 1976, p. 268.

    40  SHD/DAT, 2e bureau n° 41, 7 N 2521.

    41  Idem, note du 8 avril 1936.

    42  SHD/DAT 7 N 3434, note secrète du 3e bureau du 10 décembre 1936.

    43  SHD/DAT, 7 N 3184/1. Le rapport de septembre est relativement nuancé. Mais le général Schweisguth est beaucoup plus sévère dans sa présentation à Édouard Daladier

    44  Archives Daladier (FNSP), 1 DA 7 Dr 5 sdr c.

    45  D.D.F., 2e série, IV, D. 423, dépêche du 10 février 1937.

    46  D.D.F., 2e série, V, D. 58, dépêche n° 158/AM du 3 mars 1937.

    47  Voir Isabelle Davion, op. cit., pp. 384-388.

    48  SHD/DAT, 7 N 2522 (EMA 2e bureau), note de 7 pages du 9 mars 1937.

    49  Avant même l’annexion de l’Autriche, les appréciations sont très contradictoires. Cf. une note sans date (mais vraisemblablement du début 1938) du 3e bureau (SHD/DAT, 7 N 3434) conteste l’estimation d’une ou deux semaines (« Annexe, « Appréciation théorique de la capacité de résistance tchécoslovaque ») sans donner de pronostic précis.

    50  Qui n’a d’ailleurs été averti de la mobilisation que le lendemain matin. Il proteste le 24 mai auprès de Krejčí (SHD/DAT, ancien Tchécoslovaquie n° 22).

    51  Note sans date, signée DF (Defrasne), EMA, 2e bureau-SAE, « La Tchécoslovaquie devant le nouvel Empire allemand » (SHD/DAT, 7 N 2522). Mais une note du 3e bureau n° 0876 du 7 mars est beaucoup plus catégorique (« elle se défendra énergiquement si elle est attaquée par l’Allemagne et sera à nos côtés si nous sommes attaqués »), cf. SHD/DAT 7 N 3434.

    52  Note du colonel Gauché du 23 juillet 1938 « Considérations sur la forme que pourrait prendre une attaque allemande contre la Tchécoslovaquie » (SHD/DAT, 7 N 2522).

    53  SHD/DAT, 2 N 235, dossier 1. Réponse de Bonnet à Daladier le 12 août (D.D.F. 2e série, X, D. 372). Sur cette prudence, Maxime Mourin, Les relations franco-soviétiques, op. cit., pp. 224-229.

    54  D.D.F. 2e série, X, D. 505, compte rendu de la réunion du 30 août.

    55  SHD/DAT, 7 N 3105 ancien Tchécoslovaquie n° 12.

    56  Document non signé de sept pages, mais vraisemblablement vu par Gamelin (SHD/DAT, 5 N 579).

    57  « La Mission militaire française auprès de la République tchécoslovaque 1919-1938. Rapport de fin de mission » du général Faucher, 42 pages et documents, le 15 décembre 1938 n° 3309/cab. (B.D.I.C. et SHD/DAT, 7 N 3097).

    58  Jean-Baptiste Duroselle, La Décadence, 1932-1939, Paris, Imprimerie nationale, 1979.

    59  Antoine Marès, « Les attachés militaires français en Europe centrale et la notion de puissance en 1938 », Revue historique des Armées, n° 1, 1983, pp. 60-72.

    60  Voir les interprétations du colonel Goyet : Munich, un « traquenard » ?, Paris, France-Empire, 1988.

    61  SHD/DAT, 7 N 2524. Note du 2e bureau remise au général Colson.

    62  Tels qu’on peut les identifier dans le fonds Beneš des archives de l’Institut T. G. Masaryk à Prague.

    Militaires et diplomates français face à l’Europe médiane

    X Facebook Email

    Militaires et diplomates français face à l’Europe médiane

    Ce livre est diffusé en accès ouvert freemium. L’accès à la lecture en ligne est disponible. L’accès aux versions PDF et ePub est réservé aux bibliothèques l’ayant acquis. Vous pouvez vous connecter à votre bibliothèque à l’adresse suivante : https://freemium.openedition.org/oebooks

    Suggérer l’acquisition à votre bibliothèque Acheter ce livre aux formats PDF et ePub

    Si vous avez des questions, vous pouvez nous écrire à access[at]openedition.org

    Militaires et diplomates français face à l’Europe médiane

    Vérifiez si votre bibliothèque a déjà acquis ce livre : authentifiez-vous à OpenEdition Freemium for Books.

    Vous pouvez suggérer à votre bibliothèque d’acquérir un ou plusieurs livres publiés sur OpenEdition Books. N’hésitez pas à lui indiquer nos coordonnées : access[at]openedition.org

    Vous pouvez également nous indiquer, à l’aide du formulaire suivant, les coordonnées de votre bibliothèque afin que nous la contactions pour lui suggérer l’achat de ce livre. Les champs suivis de (*) sont obligatoires.

    Veuillez, s’il vous plaît, remplir tous les champs.

    La syntaxe de l’email est incorrecte.

    Référence numérique du chapitre

    Format

    Marès, A. (2017). La Mission militaire française à Prague, une médiatrice privilégiée. In F. Dessberg, A. Marès, & I. Davion (éds.), Militaires et diplomates français face à l’Europe médiane. Paris: Eur’Orbem Éditions. https://doi.org/10.4000/books.eurorbem.1435
    Marès, Antoine. « La Mission militaire française à Prague, une médiatrice privilégiée ». In Militaires et diplomates français face à l’Europe médiane, édité par Frédéric Dessberg, Antoine Marès, et Isabelle Davion. Paris: Eur’Orbem Éditions, 2017. doi:10.4000/books.eurorbem.1435.
    Marès, Antoine. « La Mission militaire française à Prague, une médiatrice privilégiée ». Militaires et diplomates français face à l’Europe médiane, édité par Frédéric Dessberg et al., Eur’Orbem Éditions, 2017, https://doi.org/10.4000/books.eurorbem.1435.

    Référence numérique du livre

    Format

    Dessberg, F., Marès, A., & Davion, I. (éds.). (2017). Militaires et diplomates français face à l’Europe médiane. Paris: Eur’Orbem Éditions. https://doi.org/10.4000/books.eurorbem.1027
    Dessberg, Frédéric, Antoine Marès, et Isabelle Davion, éd. Militaires et diplomates français face à l’Europe médiane. Paris: Eur’Orbem Éditions, 2017. doi:10.4000/books.eurorbem.1027.
    Dessberg, Frédéric, et al., éditeurs. Militaires et diplomates français face à l’Europe médiane. Eur’Orbem Éditions, 2017, https://doi.org/10.4000/books.eurorbem.1027.
    Compatible avec Zotero Zotero

    1 / 3

    Eur’Orbem Éditions

    Eur’Orbem Éditions

    • Plan du site
    • Se connecter

    Suivez-nous

    • Flux RSS

    Email : Lettres-Eurorbem-editions@sorbonne-universite.fr

    Adresse :

    9 rue Michelet

    75006

    Paris

    OpenEdition
    • Candidater à OpenEdition Books
    • Connaître le programme OpenEdition Freemium
    • Commander des livres
    • S’abonner à la lettre d’OpenEdition
    • CGU d’OpenEdition Books
    • Accessibilité : partiellement conforme
    • Données personnelles
    • Gestion des cookies
    • Système de signalement