Les Celtes en Italie centrale au ive siècle av. j.-c.
Conflits, razzias, mercenariat
p. 51-67
Résumés
La présence de Gaulois en Italie centrale durant tout le ive siècle et dans le premier tiers du iiie siècle est signalée par une double tradition (grecque et romaine), pas parfaitement concordante. Le réexamen de cette tradition, à la lumière des témoignages archéologiques récemment réévalués, permet de retracer la chronologie de cette présence et de distinguer plusieurs phénomènes : des raids lancés depuis les bords de l’Adriatique (territoire des Sénons et Apulie) vers le Latium et la Campanie et une présence dans ces mêmes régions de bandes armées, parfois employées comme mercenaires par des cités latines (Tibur, Praeneste).
The presence of Gauls in central Italy throughout 4 th century BC and in the first third of the 3rd century BC is indicated by a double tradition (Greek and Roman), not perfectly concordant. The re-examination of this tradition, in the light of archaeological evidence recently reassessed, makes it possible to retrace the chronology of this presence and to distinguish several phenomena: raids launched from the shores of the Adriatic (territory of Senones and Apulia) towards Lazio and Campania and a presence in these same regions of armed bands, sometimes employed as mercenaries by Latin cities (Tibur, Praeneste).
Entrées d’index
Mots-clés : Celtes, Italie centrale, conflit, razzia, mercenariat
Keywords : Celts, Central Italy, conflict, raid, mercenary
Index géographique : Italie centrale
Texte intégral
1Les mouvements de population qui ont vu, à partir de la fin du ve siècle1, des groupes venus d’au-delà des Alpes s’installer dans une partie de la plaine du Pô et des Marches, ont donné naissance à des sociétés multiculturelles et multi-ethniques, dans lesquelles les différents niveaux d’identité – sociale, de genre, ethnique – s’expriment selon des proportions et des modalités extrêmement variées (Bourdin, 2014b)2. Dans l’espace cisalpin se structurent des communautés politiques, qualifiées de gentes dans les sources latines ou d’ethnè dans les sources grecques, comme les Insubres en Lombardie, les Boïens dans le centre de l’Émilie, les Sénons entre l’Ombrie adriatique et le Picénum3 Au sud de l’Apennin septentrional, en Italie péninsulaire, la présence celtique n’a pas donné lieu à l’établissement durable de communautés politiques ou à un peuplement suffisamment important, à la notable exception – déjà rappelée – des Sénons des Marches et d’une présence diffuse de petits groupes celtiques en Ligurie (Pùlica, Ameglia)4.
2Après l’offensive conduite sur Clusium en 391, dont la motivation première était la recherche de terres où s’installer5 (Bourdin, 2007 ; Bourdin, 2011), puis la victoire sur les légions romaines remportée sur l’Allia le 18 juillet 390 et la mise à la rançon de la Ville6, les Gaulois se seraient dispersés dans plusieurs directions : certains auraient regagné les Marches, d’autres l’Apulie, d’autres encore auraient poursuivi leur offensive jusqu’à être vaincus par les Cérites quelque temps plus tard7. Marta Sordi (Sordi, 1960) et Daniele Vitali à sa suite (Vitali, 2000), ont bien rappelé que les sources mentionnaient une installation en Apulie, région d’où les Gaulois conduiraient dans les années qui suivent, les différents raids signalés dans le Latium et d’où partirait une des ambassades envoyées auprès d’Alexandre le Grand évoquées par Arrien8. Entre 390 et 329, la présence celtique en Italie centrale ne se manifeste plus qu’à travers le signalement de raids périodiques, auxquels Rome doit faire face : en 367-366, en 361, en 358-357, en 350-3499, etc. Les Sénons combattent encore au sein de la coalition des peuples italiens contre Rome, durant la troisième guerre samnite, en particulier en 296-295, puis à l’occasion d’un conflit en 284-283, qui aboutit à leur neutralisation complète. On peut donc s’interroger sur les formes qu’a pu prendre cette présence celtique en Italie centrale, pendant environ un siècle (391-283) et sur les traces qu’elle a pu laisser.
3Les traces archéologiques d’une présence celtique demeurent plutôt évanescentes, aussi bien en Apulie – où elles se résument pour l’essentiel au casque découvert dans un hypogée de Canosa (Vitali, 2000) – que dans le Latium. Thierry Lejars est récemment revenu sur ce problème, à partir de la découverte d’objets identifiés comme laténiens dans les sanctuaires d’Italie centrale (Lejars, 2015). On connaît en effet un certain nombre d’artéfacts pouvant être mis en relation avec le monde laténien provenant d’Italie centrale : une épée et un fourreau de fer découverts en 1965 dans le sanctuaire de Junon à Gabies, une épée et son fourreau de Leprignano, une autre avec deux fragments de fourreau de Magliano Sabina, une épée de Bomarzo, sans compter une épée de fer, découverte à San Vittore del Lazio, dont la lame renvoie aux traditions laténiennes, mais qui porte une inscription indiquant qu’elle a été fabriquée à Rome, par un artisan dont le nom trahit une origine osque (Trebios Pomponios ; Nicosia, Sacco et Tondo, 2012), deux fibules du sanctuaire de Diane à Nemi et 14 fibules de type LT II provenant d’un puits au pied du temple de Vesta, sur le Forum romain. Dans la plupart des cas (Gabies, San Vittore del Lazio, Nemi, Rome), ces objets proviennent de contextes cultuels et ont été retrouvés dans des sanctuaires ou des dépôts votifs, ou en contexte funéraire (Lejars, 2015, p. 161-162).
4Il convient de s’interroger sur la signification de ces présences et de reposer, une fois acquise la certitude que ces objets sont bien de tradition « laténienne » (ce qui est indéniable pour les épées et les fibules mentionnées plus haut, et beaucoup plus discutable pour les pointes de lance), la vieille question : s’agit-il d’une mobilité des personnes ou des objets ? La présence d’objets provenant du monde celtique à une date antérieure à la grande phase de mobilité, notamment au vie siècle, avec des éléments de parure dans le sanctuaire de Mater Matuta à Satricum, dans le dépôt votif du Forum (Lapis Niger) à Rome ou dans le centre fortifié de Monte Carbolino, ferait plutôt pencher pour une mobilité des objets, comme a pu le montrer Stéphane Verger (Verger, 2013), encore que des infiltrations individuelles originaires du monde celtique ne soient pas inconnues à une date aussi haute, si l’on accepte par exemple d’identifier les gentilices Katacina et Vercena comme dérivant d’anthroponymes gaulois, comme le propose Carlo De Simone (De Simone, 1978). Daniele Vitali a notamment rappelé que des infiltrations, individuelles ou de petits groupes, pouvaient être identifiées en Émilie dans l’onomastique des inscriptions étrusques (Kuvei, Uva) ou dans certains mobiliers funéraires de type hallstattien (tombe Arnoaldi 1885/4 à Bologne) dans la première moitié du ve siècle (Vitali, 1998).
5Les objets de tradition laténienne du Latium sont datés, eux, entre la première moitié du ve et la fin du iiie siècle (Lejars, 2015, p. 163). Ils présentent tous dans leur ensemble de menues variations par rapport aux types laténiens connus et correspondent peut-être à des artéfacts réalisés dans le Latium par des artisans s’inspirant de traditions laténiennes, et non d’objets provenant directement du monde celtique (Lejars, 2015, p. 173 s.). L’épée de Gabies, par exemple, appartient à une série d’épées longues connues en Italie centrale (Bazzano, Capestrano, Campovalano), dont la lame rappelle des types LT A, alors que le fourreau peut être rapproché d’exemplaires du iiie siècle. Ces influences et ces hybridations ne se comprennent toutefois que dans le cadre de contacts, pacifiques ou conflictuels, prolongés entre populations celtiques et italiennes.
6Les textes antiques présentent un certain nombre de notices qui montrent que des groupes celtiques ont pu, à des titres divers, intervenir en Italie centrale durant le ive siècle et le premier quart du iiie siècle. Outre le passage synthétique de Polybe sur les mouvements des populations celtiques (II, 18-19), on trouve des informations précieuses chez Tite-Live, au moins pour la période entre 391 et 295. Le récit des événements suivant l’interruption de la première décade livienne est en revanche plus difficile à établir et repose principalement sur des versions abrégées de la trame livienne (chez Florus, Orose ou Eutrope) et sur deux fragments d’Appien conservés dans la compilation Sur les ambassades10.
7L’épisode du sac de Rome par les Celtes a fait l’objet d’une abondante bibliographie11. Après la mise à la rançon de la Ville et le retrait des troupes gauloises, deux événements impliquant Caere se produisent12 : d’une part, Strabon13 rappelle que les Gaulois revenant de Rome sont interceptés en Sabine par une troupe de Cérites, qui les défait et récupère le butin ; d’autre part, Diodore14 rapporte que des Celtes, revenant d’Apulie, sont battus par les Cérites et massacrés dans la plaine de Trausion. Gabriella Vanotti a fort justement remarqué que les deux épisodes ne correspondaient pas à la même expédition, et que le premier impliquait une troupe revenant de Rome, tandis que le second faisait appel à des Gaulois arrivant d’Apulie (Vanotti, 2006). Diodore, en effet, connaît par ailleurs la version de l’annalistique romaine selon laquelle le dictateur Camille, venu d’Ardée15, aurait vaincu les Gaulois et récupéré le butin. Il y a donc deux épisodes distincts : l’un qui voit une troupe de Gaulois retournant de Rome être vaincus et perdre le butin, soit en Sabine de la main des Cérites (Strabon), soit de la main du dictateur, sur le territoire de la ville alliée de « Veascium » (Diodore), qu’il faut peut-être identifier avec Gabies. Tite-Live parle en effet de deux batailles contre les Gaulois menées par Camille, l’une à Rome même au moment du partage du butin, l’autre un peu plus tard au viiie mille de la uia Gabina16. L’autre épisode, selon lequel seuls les Cérites se sont illustrés en interceptant une troupe de Gaulois qui remontait vers le nord (et le territoire sénon), ne fait pas intervenir le dictateur Camille et ne rétablit pas l’honneur des Romains.
8Polybe offre, pour sa part, un récit extrêmement condensé des raids gaulois en Italie centrale. Son récit suit la chronologie grecque, légèrement décalée par rapport à la chronologie romaine fondée sur les Fastes consulaires et comportant des années dictatoriales intercalaires (Humm, 2006). Polybe évoque, en 386 ( = 390 varr.), l’occupation de Rome et le départ des Celtes, attaqués sur leurs arrières par les Vénètes. Ils auraient conclu un traité avec les Romains, au moment de leur départ. Le deuxième épisode se produit trente ans après la prise de Rome, soit en 356 (= 360 varr.) : les Gaulois se trouvent alors près d’Albe et les Romains refusent de les combattre. Douze ans plus tard, soit en 344 (= 348 varr.), les Romains repoussent cette fois-ci une invasion celtique ; un traité serait signé treize ans après, soit en 331 (= 335 varr.). Aucune mention n’est faite chez Polybe des exploits mis en avant par l’annalistique romaine de Manlius Torquatus ou de Valerius Corvus, par exemple.
9La tradition annalistique romaine est beaucoup plus prolixe. Le deuxième épisode de raid, après la grande offensive sur Chiusi et Rome en 391-390, se produit en 367, alors que sont tribuns militaires à pouvoir consulaire A. et M. Cornelius, M. Geganius, P. Manlius, P. Veturius et P. Valerius (pour la sixième fois17). Alors que le siège de Velitrae s’enlise, le bellum Gallicum est annoncé et les Romains procèdent à la nomination de Camille comme dictateur (pour la cinquième fois, avec comme maître de la cavalerie T. Quinctius Poenus). Claudius Quadrigarius (FRH 24, *F5-6) écrit qu’une bataille contre les « Gaulois » se déroule au bord de l’Anien ; cette bataille est l’occasion d’un duel entre le jeune Titus Manlius, fils de L. Manlius Capitolinus (dictateur en 363) et un Gaulois, sur le pont de l’Anio18. Le Romain aurait vaincu le Gaulois, l’aurait dépouillé de son torque et aurait gagné ainsi son cognomen Torquatus. Pour Tite-Live cependant, la véracité de cet épisode est douteuse et il suggère de placer plutôt le duel dix ans plus tard, à l’occasion d’une bataille opposant Gaulois et Romains sur l’ager Albanus19. À l’issue de cette bataille, remportée par les Romains et dans laquelle plusieurs milliers de Gaulois auraient péri, le camp des Gaulois est pris et une partie d’entre eux s’enfuiraient en Apulie. Le dictateur Camille célèbre un triomphe sur les Gaulois.
10Plutarque20, qui suit probablement le texte de Denys d’Halicarnasse, apporte un certain nombre d’éléments complémentaires, tout en datant différemment l’épisode : treize ans après la prise de Rome21, soit, si l’on retient 386 pour le sac de Rome, en l’an 373. L’armée des Celtes, composée de plusieurs dizaines de milliers d’hommes, serait partie des bords de la mer Adriatique (ce qui peut correspondre au territoire des Sénons par exemple). Camille, âgé d’environ 80 ans, ne se dérobe pas à l’honneur qui lui est fait et prend le commandement des troupes romaines22 : il ferait forger des casques de fer poli pour ses soldats, destinés à parer l’efficacité des épées gauloises, et border les boucliers de bois d’une baguette de bronze. Il aurait également appris aux soldats à amortir les coups grâce aux pila ; Plutarque attribue en fait à Camille une réforme militaire, que l’on a parfois mise en relation avec la réforme manipulaire, qui n’a certainement pas été prise dans l’urgence23.
11Le récit de la bataille est également imprécis : Plutarque indique d’abord que le but principal des Celtes est le pillage24 : leur camp regorge du butin qu’ils ont fait. La bataille s’engage ensuite au bord de l’Anio ; les Gaulois auraient souffert d’un armement de mauvaise qualité, avec des épées de fer qui se pliaient, et péri en grand nombre. Plutarque ne dit rien de l’épisode de Torquatus, qu’il n’associe pas au commandement de Camille, sujet principal de sa biographie ; on peut donc considérer qu’il pensait, comme Tite-Live, que cet épisode était postérieur.
12Même si les principales sources ne le mentionnent pas, les Gaulois ne disparaissent pas pour autant de l’horizon tyrrhénien. Une nouvelle offensive est annoncée en 361, mais entre le raid de 367 et celui de 361, Claudius Quadrigarius (FRH 24, *F7) indique clairement que pendant six années, les Gaulois ont pillé l’Italie du Sud, en particulier l’Apulie et la Campanie25. C’est d’ailleurs confirmé par Tite-Live, qui écrit que les Gaulois se replient en Apulie en 36626, avant de revenir en 360 à Tibur en remontant depuis la Campanie27. Tite-Live rappelle également qu’en 365, la rumeur d’un retour des Gaulois d’Apulie se répand à Rome28, signe qu’ils ne s’étaient pas réellement éloignés du Latium.
13Le troisième épisode de la présence gauloise en Italie s’articule clairement avec le deuxième (367)29. En 361, à l’issue d’une campagne infructueuse contre les Herniques, la guerre éclate entre Rome et la cité latine de Tibur, pour des motifs obscurs30. Peu après, sans que l’enchaînement soit clair, les Gaulois sont de nouveau signalés par Tite-Live, qui écrit que leur présence explique probablement la nomination d’un dictateur, T. Quinctius Poenus (qui était maître de la cavalerie lors de l’épisode gaulois précédent, en 367) : les Gaulois auraient pris position sur la uia Salaria (et arriveraient donc de Sabine et au-delà de l’ager Gallicus). Les deux armées se faisant face, le duel opposant T. Manlius Torquatus à un Gaulois gigantesque aurait alors eu lieu sur le pont31. La défaite du Gaulois aurait précipité le départ de l’armée celte, qui, sans combattre se replie sur le territoire de Tibur et conclut une alliance (societas) avec les Tiburtes, qui lui auraient fourni des vivres, avant que les Gaulois ne repartent en Campanie32. Les deux épisodes – la guerre contre Tibur et le raid gaulois depuis la uia Salaria, semblent à l’origine distincts chez Tite-Live ; ce n’est que parce qu’ils avaient un ennemi commun que Tiburtes et Gaulois se seraient alliés. Les Tiburtes, en réalité, semblent avoir pris à leur service une troupe de Gaulois, en les envoyant dans un premier temps (hiver 361-360) hiverner en Campanie (et vivre sur le pays), avant de les rappeler en 360 pour lutter contre l’offensive romaine33.
14En 360, les Romains poursuivent l’offensive contre Tibur, sous le commandement du consul G. Poetelius Balbus. Les Gaulois reviennent alors de Campanie et saccagent les territoires de Labicum, Tusculum et Albe, sur ordre des Tiburtes. Les Romains recourent de nouveau à la nomination d’un dictateur, Q. Servilius Ahala, qui choisit comme maître de la cavalerie l’inévitable T. Quinctius Poenus. Pendant que le consul fixe les Tiburtes sur leur propre territoire, l’armée du dictateur affronte les Gaulois, qui entre-temps ont avancé vers Rome, près de la porte Colline. Les Gaulois sont repoussés, à l’issue d’une bataille que Tite-Live ne décrit pas, et se replient vers Tibur.
15Quinctius tente de les intercepter, mais les Tiburtes viennent à leur secours et Tiburtes et Gaulois s’enferment dans les murs de Tivoli. L’épisode de la bataille de la porte Colline est d’autant plus suspect que seul le consul, G. Poetelius, et non le dictateur, célèbre la cérémonie du triomphe sur les Gaulois et les Tiburtes. Une nouvelle attaque des Tiburtes, probablement renforcée des mercenaires gaulois, qui arrive jusqu’aux portes de Rome, est signalée en 35934 ; ils seraient dispersés par la première sortie des Romains.
16L’année suivante (358), alors que la guerre est déclarée contre les Tarquiniens et que les Romains renouvellent le traité avec les Latins, les Gaulois sont à nouveau signalés sur les territoires de Préneste et de Pedum35. Le dictateur G. Sulpicius est chargé de la guerre, mais il opte pour une tactique d’usure, qui exaspère ses soldats36. Finalement, le dictateur engage le combat contre les Gaulois disposés sur une colline et parvient à les disperser dans les bois. Il consacre l’abondant butin (en or) dans le temple du Capitole et célèbre un triomphe sur les Gaulois. La guerre contre les Tiburtes se poursuit en 355 et 35437 : après qu’ils ont perdu les forteresses d’Empulum et Sassula, les Tiburtes offrent finalement leur deditio.
17Peu après toutefois, en 350, les Gaulois sont à nouveau signalés dans le Latium38. Le consul M. Popilius Laenas, avec quatre légions, sort de la porte Capène et marche contre eux. Les Gaulois les attaquent alors qu’ils sont en train d’installer leur retranchement sur une colline, mais les Romains parviennent à les repousser, malgré la blessure du consul, vers les Monts Albains39. Popilius Laenas célèbre un triomphe sur les Gaulois. Cependant, ceux-ci, ne supportant pas les rigueurs de l’hiver dans les montagnes, pillaient les territoires côtiers, allant jusqu’à affronter des flottes grecques qui pratiquaient la piraterie entre le Tibre, Lavinium et Antium40. Cet épisode, assez peu logique – pourquoi les Gaulois affronteraient-ils des pirates grecs ? –, s’explique plutôt par ce qui suit : en 349, les Latins, dont le traité a été renouvelé peu de temps auparavant (358), refusent à nouveau de fournir des troupes à Rome. Il est alors possible que les Gaulois qui campent dans les Monts Albains soient en réalité au service d’une cité latine (Aricie ?), au moment où les Latins songent à faire défection, et qu’ils aient été chargés par celle-ci de défendre la côte en proie à la piraterie « grecque » et de protéger les frontières d’une intervention romaine (Bourdin, 2014).
18Les Romains lèvent alors dix légions, dont deux sont laissées en garnison à Rome41. Le consul L. Furius Camillus, fils du vainqueur de Véies et des Gaulois, charge le préteur L. Pinarius de surveiller les pirates grecs et se porte lui-même au-devant des Gaulois dans la plaine Pontine. Une fois encore, l’engagement est précédé d’un duel, opposant cette fois-ci le tribun M. Valerius à un Gaulois ; le jeune Romain triomphe de son adversaire grâce à l’intervention miraculeuse d’un corbeau, qui lui vaut son surnom de Coruus ou Coruinus42. À l’issue de la bataille, les Gaulois s’enfuient vers le sud : ils se dispersent dans le territoire des Volsques et dans l’ager Falernus, avant de rejoindre l’Apulie et la côte adriatique. Cette dernière expression peut désigner aussi bien le territoire des Sénons, dans les Marches que l’Apulie.
19Une fois les Gaulois repoussés, le consul joint son armée avec celle du préteur, mais ne parvient pas remporter de bataille décisive sur les « Grecs » ; Tite-Live s’interroge sur l’identité de ceux-ci et finit par conclure qu’il devait s’agir d’une flotte au service des tyrans de Syracuse. Il est toutefois permis d’en douter ; à cette époque, Denys le Jeune n’a plus les moyens de mener, comme son père l’avait fait, une politique d’envergure contre les Romains et les Étrusques. En outre, Tite-Live précise clairement que Gaulois et Grecs s’affrontent et que leurs actions sont dissociées (Vanotti, 2006). Le seul élément qui pourrait faire penser à une action coordonnée des Grecs et des Gaulois se trouve un peu plus loin, quand Tite-Live fait dire au consul M. Valerius Coruus, en 343, que les Gaulois ont été « rejetés à la mer sur leurs bateaux43 ». Mais il s’agit simplement d’une mention d’une force navale gauloise et d’un épisode mal daté, et pas de son emploi par Syracuse.
20Dans les années qui suivent, les Romains sont engagés contre les Volsques (348-347), avec la prise de Satricum en 346 et celle de Sora en 345, contre les Aurunces (345), puis entrent en conflit avec les Samnites à propos du contrôle de Capoue (343-341), avant de soumettre les Latins (340-338) et de dissoudre la ligue latine. Aucune mention de Gaulois n’est faite durant tous ces épisodes. Ce n’est qu’en 332, à l’issue de la liquidation des Aurunces/Ausones et des Sidicins par le consul Marcus Valerius Coruus, le tribun qui s’était illustré précédemment dans un duel contre un Celte, qu’on entend à nouveau parler des Gaulois : alors que les Romains viennent juste de nommer les nouveaux consuls (c’est ce même M. Valerius Coruus, en tant qu’interroi, qui s’en charge), la rumeur d’une guerre imminente contre les Gaulois pousse le Sénat à demander la nomination d’un dictateur, M. Papirius Crassus (qui choisit P. Valerius Publicola comme maître de la cavalerie). Alors que le dictateur procède au dilectus, des éclaireurs (exploratores) annoncent finalement que les Gaulois ne bougent pas. On n’a aucune information précise quant à l’identité de ces Gaulois ; s’agit-il des Gaulois réfugiés en Apulie ou des Sénons des Marches ? La seule indication, l’utilisation du terme exploratores (« éclaireurs »), toujours employé par Tite-Live pour qualifier les soldats qui interviennent auprès d’ennemis localisés à courte distance (Bourdin, 2011), pourrait laisser supposer qu’on parle de troupes de mercenaires gaulois engagées par des populations du Latium, de Campanie ou d’Étrurie. Tout semble indiquer toutefois qu’après l’accord signalé par Polybe en 331 ( = 335 varr.), il n’y a plus, jusqu’à l’engagement des Sénons dans la troisième guerre samnite, de conflits entre Romains et Gaulois.
21En 329, alors que l’armée romaine assiège la ville volsque de Priverne, le tumultus Gallicus est à nouveau proclamé44 ; le consul L. Aemilius Mamercinus lève, sans exemptions, des troupes et les cantonne sur l’ager Veiens, face donc à une invasion attendue depuis le nord, par la vallée du Tibre (sans qu’on n’exclue, comme le dit Tite-Live45, la possibilité que les Gaulois n’attaquent par un autre itinéraire). Il semble donc qu’un front septentrional se soit en quelque sorte réactivé. Peu de temps après, alors que des « Gaulois » font à nouveau parler d’eux, Tite-Live précise que les Romains s’empressent de contracter une alliance avec les Picéniens46, pour les prendre à revers. Ces « Gaulois » ne peuvent donc être que les Sénons, voisins des Picéniens.
22De fait, quelque temps plus tard, en 299, une troupe de Gaulois est signalée47 : une « immense armée » aurait envahi l’Étrurie – Tite-Live ne précise pas quelle cité est concernée – les Étrusques auraient versé une importante somme d’argent aux Gaulois et auraient tenté de les engager contre Rome. À quoi les Gaulois auraient répondu que le paiement couvrait à peine le prix à payer pour qu’ils ne dévastent pas les terres des Étrusques et qu’ils ne feraient la guerre contre Rome que si on leur donnait un territoire pour s’installer. Les Étrusques refuseraient et les Gaulois rentreraient chez eux. Cet épisode reproduit les principaux lieux-communs concernant les Étrusques (leur richesse, leur duplicité) et les Gaulois (pillards, malhonnêtes). Il est en outre placé dans un espace indéfini, ce qui le rend assez suspect. Polybe48, permet de préciser quelque peu le cadre des événements : trente ans après le précédent traité, une migration de Celtes transalpins aurait été détournée vers l’Italie centrale par les Cisalpins. Polybe écrit que les Étrusques se seraient « joints à eux » et qu’ils seraient rentrés chez eux chargés d’un lourd butin, qu’ils auraient détruit lors de rixes déclenchées à l’issue de festins incontrôlés.
23J’ai déjà précédemment rapproché cet épisode de plusieurs cas de migrations négociées, au terme desquelles une population celtique s’installait sur les marges du territoire d’une ciuitas, dont elle assurait désormais la défense (Bourdin, 2007 ; Bourdin, 2011). On peut également l’interpréter comme la tentative par une ou plusieurs cités étrusques de lever des mercenaires gaulois – mercenaires qui se sont finalement révélés incontrôlables, au point de menacer leurs commanditaires. Les deux interprétations ne sont pas contradictoires.
24Cette idée d’un emploi, monnayé, des forces gauloises par les Étrusques resurgit en 296, lors des réunions du concilium de la ligue étrusque, où sont reçus les ambassadeurs des Samnites : ces derniers évoquent clairement devant le concilium la possibilité d’un appel aux Sénons49. Peu de temps après, l’allusion au mercenariat des Celtes est encore clairement faite : les Gaulois ne se soulèvent qu’après paiement d’une forte somme50. En 295, le consul Quintus Fabius pénètre en Étrurie et laisse, sur le territoire de Clusium, une légion sous le commandement du propréteur L. Cornelius Scipio51. Un fort contingent de Sénons attaque alors le camp et massacre la légion. Tite-Live connaît une version alternative (et moins crédible selon lui) qui attribue cet acte non pas aux Sénons mais aux Ombriens. On retrouve ensuite les Gaulois à la bataille de Sentinum, où ils sont placés à l’aile droite et sont opposés au consul P. Decius Mus52. À l’issue de la bataille, 10 000 Samnites survivants se replient sur le territoire des Péligniens, laissant les Gaulois seuls face aux Romains, qui les massacrent53.
25Un dernier épisode de mercenariat des Sénons est signalé en 283-282 : quand en 283, Étrusques et Ombriens se soulèvent contre Rome54, les Sénons sont accusés de leur fournir des mercenaires, en violation des traités précédemment conclus avec Rome55, probablement le traité évoqué par Polybe en 33156. Les Romains envoient des ambassadeurs en territoire sénon, mais le roi Britomaris les fait mettre à mort et les Romains déclarent la guerre aux Sénons. Le préteur L. Caecilius marche contre eux, mais il est massacré avec ses légions par les Gaulois et leurs alliés étrusques57. Le consul P. Cornelius Dolabella intervient alors, écrase les Étrusques et les Gaulois au bord du lac Vadimon, avant de ravager le territoire sénon et d’y faire égorger tous les mâles adultes58. Cette affirmation a été largement prise en défaut par la critique moderne, sur la base de la documentation archéologique notamment (Landolfi, 1991). Les mercenaires sénons demeurés en Étrurie se joignent aux Étrusques pour marcher sur Rome mais, vaincus par Cn. Domitius Calvinus Maximus (l’autre consul de 283), les survivants choisiraient de se donner la mort plutôt que de subir la captivité et la vengeance des Romains pour le meurtre des ambassadeurs59.
26Encore une fois, le récit plus synthétique de Polybe60 ne fait pas directement référence au mercenariat : les Gaulois (Sénons), dix ans après Sentinum, attaquent la cité d’Arretium. Le consul L. Caecilius Metellus (cos. 284) marche contre eux, mais meurt dans la bataille. Il est remplacé par M. Curius Dentatus, qui envoie « en Cisalpine », les ambassadeurs que les Sénons mettent à mort. Les Romains lancent alors une offensive en territoire sénon, dont ils massacrent et expulsent les habitants (Amat Sabattini, 1992). Les Boïens, craignant de partager le sort des Sénons, entreraient alors en guerre, en appui des Étrusques, mais seraient vaincus sur les bords du lac Vadimon, puis l’année suivante et trois ans avant le débarquement de Pyrrhus en Italie et cinq ans avant la prise de Delphes par les Gaulois (284-283), une nouvelle fois vaincus61.
27Comment qualifier donc ces présences celtiques en Italie centrale durant un siècle, de 390 à 283-282 ? Le premier élément saillant est l’interaction entre les populations gauloises installées à demeure – les Sénons principalement – et les cités de la façade tyrrhénienne. C’est depuis le territoire sénon que partent plusieurs expéditions : celle de 390 qui aboutit à la prise de Rome, celle de 361, celle de 329 (qui est annoncée mais n’a finalement pas lieu). Les Sénons sont plusieurs fois accusés de fournir des mercenaires (en 296 ou en 283 par exemple). C’est peut-être à eux que l’on doit les ambassades envoyées auprès d’Alexandre le Grand, en deux occasions au moins, en 335 et 324-323, comme le soulignent Arrien62, Diodore63 et Strabon64, qui précise qu’il s’agit de Gaulois de l’Adriatique. Les Sénons se comportent donc comme un État, entretenant des relations diplomatiques et contractant des traités65 (Bourdin, 2014a). Au même titre que Rome et Carthage, ou que les Lucaniens et les Bruttiens, qui envoient au même moment des ambassades au roi de Macédoine, ils sont pleinement insérés dans le jeu des puissances méditerranéennes (Humm, 2006).
28À d’autres occasions, en 367, en 365 etc., c’est depuis l’Apulie que sont conduits les raids gaulois. Enfin, entre 361 et 349, des bandes de mercenaires gaulois sont actives dans le Latium et en Campanie, au service par exemple de Tibur et Préneste, et peut-être d’autres cités comme Aricie ou Antium. Ces engagements prennent la forme d’accords, d’alliances (societas). Cette présence de mercenaires a probablement contribué à la circulation d’artéfacts ou de modèles, en particulier d’armes, que nous retrouvons dans les sanctuaires ou dans les tombes du Latium, voire a pu déboucher sur une présence durable de petits groupes, si l’on interprète en ce sens le témoignage, au iie siècle, d’une inscription bilingue, en langue gauloise et en latin, sur le territoire de la cité ombrienne de Todi (Piana Agostinetti et Morandi, 2004, 277). De même, le Velche Rutanie, fils de Larth, mentionné sur un cippe funéraire de Bolsena (iiie-iie s. ; ET Vs 1.290 ; Morandi Tarabella, 2004, p. 430-431) porte un nom qui a été interprété par D. Vitali comme un gentilice formé sur un ethnique : un de ses ancêtres serait originaire de la vallée du Rhône ou du territoire des Rutènes, dans tous les cas de la Gaule transalpine (Vitali et Kaenel, 2000). Ce gentilice, sous la forme du cognomen Rutania, est attesté aussi à Chiusi (CIE, 515-516), cité où la présence gauloise est plusieurs fois signalée dans les sources.
29La séquence exacte des événements impliquant des Gaulois en Italie centrale au ive siècle reste difficile à comprendre, en raison notamment du décalage chronologique entre certains auteurs (Tite-Live et Polybe par exemple). Certains épisodes, comme les opérations de 350-349 autour des Monts Albains, dans lesquelles interviennent des Gaulois, des pirates grecs etc., ne peuvent pas être reconstitués avec précision. Il semble néanmoins que l’on puisse distinguer deux grandes catégories d’événements : des raids lancés sur le Latium ou la Campanie depuis les territoires des bords de l’Adriatique (territoire des Sénons et Apulie, alternativement) et une présence de troupes de mercenaires gaulois, autour de Tibur, Préneste et des Monts Albains, pendant les années 361-349. Au iiie siècle, ces deux types d’action (expéditions militaires comme celle de 225 brisée à Télamon et service comme mercenaires/auxiliaires dans les armées d’Hannibal, Hasdrubal et Magon par exemple) se perpétuent, mais impliquent désormais les populations celtiques de Cisalpine (Boïens et Insubres en premier lieu).
Bibliographie
Des DOI sont automatiquement ajoutés aux références bibliographiques par Bilbo, l’outil d’annotation bibliographique d’OpenEdition. Ces références bibliographiques peuvent être téléchargées dans les formats APA, Chicago et MLA.
Format
- APA
- Chicago
- MLA
Amat Sabattini 1992
Amat Sabattini Brigitte, « Appien et l’extermination des Sénons », in Dardari Manuela (éd.), La civiltà picena nelle Marche. Studi in onore di Giovanni Annibaldi, Atti di Ancona, 10-13 Iuglio 1988, Ripatransone, 1992, p. 448-463.
Arslan 2007
Arslan Ermanno A., « Dimenticati dalla storia : i gruppi celtici minori della Cisalpina. Una rilettura di Plinio, Naturalis historia, e di Livio, Ab urbe condita », Annali Benacensi, 13-14, 2007, p. 121-134.
Baray 2017
Baray Luc, De Carthage à Jéricho. Mythes et réalités du mercenariat celtique (ve-ier siècle a.C.), (Scripta Antiqua, 98), Bordeaux, 2017.
Bayet et Bloch 1968
Bayet Jean et Bloch Raymond, Tite-Live. Histoire romaine. Livre VII, Paris, 1968.
Bourdin 2007
Bourdin Stéphane, « Les Gaulois à Chiusi : réflexions sur les modalités migratoires et sur l’activité diplomatique des Celtes en Italie », Mélanges de l’École française de Rome, 119-1, 2007, p. 17-24.
Bourdin 2011
Bourdin Stéphane, « Le rôdeur devant le seuil. L’installation de garnisons étrangères sur le territoire des cités d’Italie républicaine (ive-iie siècles av. J.-C.) », in Couvenhes Jean-Christophe, Crouzet Sandrine et Pérè-Noguès Sandra (dir.), Pratiques et identités culturelles des armées hellénistiques du monde méditerranéen. Hellenistic Warfare 3 (Scripta Antiqua, 38), Bordeaux, 2011, p. 19-34.
Bourdin 2012
Bourdin Stéphane, Les peuples de l’Italie préromaine. Identités, territoires et relations interethniques en Italie centrale et septentrionale (viiie-ier s. av. J.-C.) (Bibliothèque des Écoles françaises d’Athènes et de Rome, 350), Rome, 2012.
Bourdin 2014a
Bourdin Stéphane, « Pratiques diplomatiques et droit de la guerre durant la conquête de la Cisalpine par Rome (iiie-iie s. av. J.-C.) », in Bourdin Stéphane, Dubouloz Julien et Rosso Emmanuelle (dir.), Peupler et habiter le monde romain. Études d’histoire et d’archéologie offertes à Xavier Lafon, Aix-en-Provence, 2014, p. 19-32.
Bourdin 2014b
Bourdin Stéphane, « Problèmes d’identités ethniques en Cisalpine : sociétés multiethniques ou identités multiples ? », in Barral Philippe, Guillaumet Jean-Paul, Roulière-Lambert Marie-Jeanne, Saracino Massimo et Vitali Daniele (éd.), Les Celtes et le nord de l’Italie : Premier et Second Âges du fer/I Celti e l’Italia del Nord : Prima e Seconda Età del ferro, Actes du XXXVIe colloque international de l’AFEAF (Vérone, 1720 mai 2012) (Supplément à la Revue archéologique de l’Est, 36), Dijon, 2014, p. 63-73.
Briquel 2008
Briquel Dominique, La prise de Rome par les Gaulois : lecture mythique d’un événement historique, Paris, 2008.
De Simone 1978
De Simone Carlo, « Un nuovo gentilizio etrusco di Orvieto (Katacina) e la cronologia della penetrazione celtica (gallica) in Italia », Parola del Passato, 182, 1978, p. 370-395.
Durante 1987
Durante Anna, « Corredi tombali con elementi tipo La Tène dal sepolcreto di Ameglia », in Vitali Daniele (dir.), Celti ed Etruschi nell’Italia centro-settentrionale dal V secolo a.C. alla romanizzazione. Atti del Colloquio Internazionale Bologna 12-14 aprile 1985 (Fonti e studi per la storia di Bologna e delle provincie emiliane, 10), Bologne, 1987, p. 415-436.
Durante 2004
Durante Anna, « La necropoli di Cafaggio », in De Marinis Raffaele Carlo et Spadea Giuseppina (dir.), I Liguri. Un antico popolo europeo tra Alpi e Mediterraneo, Catalogo della mostra, Genova, Commenda di San Giovanni di Prè, 23 ottobre 2004-23 gennaio 2005, Genève-Milan, 2004, p. 374-377.
Fernique 1880
Fernique Emmanuel, Étude sur Préneste, ville du Latium (Bibliothèque des Écoles françaises d’Athènes et de Rome, 17), Paris, 1880.
Flusin 2002
Flusin Bernard, « Les Excerpta constantiniens. Logique d’une anti-histoire », in Pittia Sylvie (dir.), Fragments d’historiens grecs. Autour de Denys d’Halicarnasse, (Collection de l’École française de Rome, 298), Rome, 2002, p. 537-559.
Humm 2006
Humm Michel, « Rome face à la menace d’Alexandre le Grand », in Caire Emmanuèle et Pittia Sylvie (dir.), Guerre et diplomatie romaines (ive-iiie siècles av. J.-C.). Pour un réexamen des sources, Actes du colloque d’Aix-en-Provence, 20-22 janvier 2005, Aix-en-Provence, 2006, p. 175-191.
Humm 2018
Humm Michel, La République romaine et son empire (509-31 av. J.-C.), Paris, 2018.
Landolfi 1991
Landolfi Maurizio, « I Senoni dell’Adriatico dopo la battaglia di Sentinum », Études Celtiques, 28, 1991 (1993), p. 219-235.
Lejars 2015
Lejars Thierry, « L’épée laténienne du sanctuaire de Junon à Gabies. Les témoignages archéologiques d’une présence celtique dans le Latium », Archeologia Classica, 66, 2015, p. 121-188.
Morandi Tarabella 2004
Morandi Tarabella Massimo, Prosopografia etrusca. I. Corpus. 1. Etruria meridionale, Rome, 2004.
Nicosia, Sacco et Tondo 2012
Nicosia Emanuele, Sacco Dante et Tondo Manuela, « Das Schwert von San Vittore del Lazio, Provinz Frosinone », in Sölder Wolfgang (dir.), Waffen für die Götter. Krieger Trophäen Heiligtümer, Catalogue d’exposition, Tiroler Landesmuseum Ferdinandeum, vom 7. Dezember 2012 bis zum 31. März 2013, Innsbruck, 2012, p. 71-73.
Oakley 1997
Oakley Stephen P., A Commentary on Livy. Books VI-X. Volume I: Introduction and Book VI, Oxford, 1997.
Paribeni 2001
Paribeni Emanuela (dir.), Guerrieri dell’età del Ferro in Lunigiana, La Spezia, 2001.
Paribeni 2004
Paribeni Emanuela, « Le necropoli liguri della Lunigiana orientale e della Versilia (Pulica, Levigliani, Filattiera): topografia e rituale », in De Marinis Raffaele Carlo et Spadea Giuseppina (dir.), I Liguri. Un antico popolo europeo tra Alpi e Mediterraneo, Catalogo della mostra, Genova, Commenda di San Giovanni di Prè, 23 ottobre 2004-23 gennaio 2005, Genève-Milan, 2004, p. 378-381.
Pérez Rubio 2017
Pérez Rubio Alberto, « Fabio Píctor y el doble de Breno », Mélanges de l’École française de Rome [En ligne], 129, 2, 2017 (Mis en ligne 17 juillet 2017. URL : http://journals.openedition.org/mefra/4478 ; DOI : 10.4000/mefra.4478).
Peyre 1979
Peyre Christian, La Cisalpine gauloise du iiie au ier siècle avant J.-C., Paris, 1979.
Piana Agostinetti et Morandi 2004
Piana Agostinetti Paola et Morandi Alessandro, Celti d’Italia : Archeologia, Lingua, Scrittura-Epigrafia e Lingua, II, Rome, 2004.
Sordi 1960
Sordi Marta, I rapporti romano-ceriti e l’origine della civitas sine suffragio, Rome, 1960.
Sordi 1981-1982
Sordi Marta, « I Galli in Apulia », Invigilata Lucernis, 3-4, 1981-1982, p. 5-11.
Vanotti 2006
Vanotti Gabriella, « Alcimos, Syracuse et Rome : propagande et guerre à l’époque des deux Denys », in Caire Emmanuèle et Pittia Sylvie (dir.), Guerre et diplomatie romaines (ive-iiie siècles av. J.-C.). Pour un réexamen des sources, Actes du colloque d’Aixen-Provence, 20-22 janvier 2005, Aix-en-Provence, 2006, p. 223-241.
Verger 2013
Verger Stéphane, « Des objets gaulois dans les sanctuaires féminins du Latium », in Verger Stéphane et Pernet Lionel (éd.), Une Odyssée gauloise : parures de femmes à l’origine des premiers échanges entre la Grèce et la Gaule, Catalogue d’exposition, site archéologique Lattara-Musée Henri-Prades, Lattes, 27 avril 2013-12 janvier 2014, Musée de Bibracte, Saint-Léger-sous-Beuvray, mars-novembre 2014, (Collection Archéologie de Montpellier Agglomération, 4), Arles, 2013, p. 315-316.
Vitali 1987
Vitali Daniele, « Monte Bibele tra Etruschi e Celti : dati archeologici e interpretazione storica », in Vitali Daniele (éd.), Celti ed Etruschi nell’Italia centrosettentrionale dal V sec. a.C. alla romanizzazione, Atti del Colloquio Internazionale, Bologna, 12-14 aprile 1985 (Fonti e studi per la storia di Bologna e delle provincie emiliane, 10), Bologne, 1987, p. 309-380.
Vitali 1991
Vitali Daniele, « Les Celtes en Italie », in Moscati Sabatino, Frey Otto Hermann, Kruta Venceslas, Raftery Barry, Szabó Miklós, Arslan Ermanno et Vitali Daniele (dir.), Les Celtes, Catalogue de l’exposition, Venezia, Palazzo Grassi, 1991, Milan, 1991, p. 220-235.
Vitali 1998
Vitali Daniele, « I Celti e Spina », in Rebecchi Fernando (éd.), Spina e il delta padano : riflessioni sul catalogo e sulla mostra ferrarese, Atti del Convegno Internazionale di Studi « Spina : due civiltà a confronto », Ferrara, Aula Magna dell’Università, 21 gennaio 1994 (Studia archeologica, 90), Rome, 1998, p. 253-273.
Vitali 2000
Vitali Daniele, « Celti e Greci in Italia », Ocnus, 8, 2000, p. 297-306.
Vitali 2004
Vitali Daniele, « La Cispadana tra IV e II secolo a.C. », in Agusta-Boularot Sandrine et Lafon Xavier (dir.), Des Ibères aux Vénètes, Actes du colloque international de l’École française de Rome, 10-12 juin 1999 (Collection de l’École française de Rome, 328), Rome, 2004, p. 277-292.
Vitali et Kaenel 2000
Vitali Daniele et Kaenel Gilbert, « Un Helvète chez les Étrusques vers 300 av. J.C. », Archäologie der Schweiz, 23-3, 2000, p. 115-122.
Zecchini 2009
Zecchini Giuseppe, Le guerre galliche di Roma, Rome, 2009.
Notes de bas de page
1 Quand cela n’est pas précisé, les dates s’entendent avant J.-C.
2 Daniele Vitali a été un des premiers à attirer l’attention sur les situations d’inter-culturalité et de multiethnicité résultant, en Cisalpine, de la coexistence de populations « de substrat » (Étrusques, Ligures, Ombriens) et de nouveaux arrivants (voir Vitali, 1987, Vitali, 1991, Vitali, 2000, Vitali, 2004, etc.).
3 Polybe (II, 17) et Tite-Live (V, 34-35) fournissent une liste assez complète de ces populations (Peyre, 1979 ; Bourdin, 2014a et b), liste qui se résume toutefois aux principales, comme le rappelle Polybe (II, 17, 8), et laisse de côté, certaines populations mineures destinées à demeurer anonymes à nos yeux (Arslan, 2007).
4 La tombe de Pùlica, par exemple, dont le rituel (incinération dans une urne, contenue dans un caisson en dalles de pierres) est local, a livré une panoplie laténienne (casque à cornes, épée repliée et brisée, pointe de lance, sauroter ; Paribeni, 2001 ; Paribeni, 2004). À Ameglia, loc. Cafaggio, certaines tombes de la nécropole contenaient des épées laténiennes, des fourreaux décorés de motifs de paires de dragon ou de lyre zoomorphe, qui avaient été rituellement détruites. Des épées laténiennes ont été également découvertes dans les nécropoles de Gênes San Silvestro, de Genicciola, de Berceto, etc. (voir Durante, 1987 ; Durante, 2004 ; Bourdin, 2012, p. 660-666 ; Bourdin, 2014b).
5 Tite-Live, V, 36.
6 Les sources indiquent en effet que, contrairement à la fiction développée par l’annalistique romaine parlant d’une intervention miraculeuse de L. Furius Camillus qui aurait interrompu le paiement et vaincu les Gaulois, les Romains ont payé une rançon et les Gaulois sont repartis vers les Marches.
7 Diodore de Sicile, XIV, 117, 7 ; Strabon, V, 2, 3.
8 L’ambassade de 335 est envoyée par les Celtes qui habitent sur le « golfe Ionien » selon Arrien (I, 4, 6) ou « autour de la mer Adriatique » selon Strabon (VII, 3, 8), citant Ptolémée (FGH 138, F2 Jacoby ; Sordi, 1981-1982).
9 Cette chronologie reprend celle des sources latines, Tite-Live en premier lieu. Polybe fournit, lui, un récit plus ramassé, parlant de trois phases de conflits (357-356, 345-344 et 331-330), se terminant par une trêve pour 30 ans (voir Zecchini, 2009, p. 21-22).
10 Sur cette compilation, voir Flusin, 2002.
11 Principalement Briquel, 2008, mais aussi récemment Pérez Rubio, 2017. Sur le préambule de cet épisode, l’arrivée des Gaulois à Chiusi, voir Bourdin, 2007.
12 M. Sordi a montré que l’action des Gaulois était probablement coordonnée avec celle de Denys l’Ancien (Sordi, 1960, p. 32-36). Au moment où les Gaulois combattent les Cérites sur terre, la flotte syracusaine attaque en effet le port de Pyrgi et tente de prendre le contrôle de la Corse.
13 Strabon, V, 2, 3.
14 Diodore de Sicile, XIV, 117, 7.
15 Diodore de Sicile, XIV, 117, 5 ; Tite-Live, V, 48.
16 Tite-Live, V, 49.
17 Tite-Live, VI, 42.
18 Il existait trois ponts principaux sur l’Anio, empruntés respectivement par la uia Salaria, la uia Nomentana et la uia Tiburtina.
19 C’est pourtant en 361, soit seulement six ans plus tard, que Tite-Live place finalement l’épisode (Oakley, 1997, p. 719), peut-être parce que cette année-là, T. Quinctius, qui était maître de la cavalerie en 367, est dictateur. À moins que Tite-Live n’ait confondu la date du tribunat de la plèbe de C. Licinius Stolo (367) avec celle de son consulat (361) (voir FRH III, p. 301-302).
20 Plutarque, Vie de Camille, 40-41.
21 Plutarque, Vie de Camille, 41, 7.
22 Pour Jean Bayet cet épisode est clairement inventé par Tite-Live qui cherche un événement remarquable pour clore la carrière de Camille (Bayet et Bloch, 1968).
23 Sur la réforme manipulaire, dans le cadre plus général des réformes de l’organisation censitaire engagées au IVe siècle, voir Humm, 2018, p. 111-118.
24 Plutarque, Vie de Camille, 41, 1.
25 FRH 24, *F7 (ap. Nonius Marcellus 480 M = 770 L) : Quadrigarius Annali : ita per sexennium uagati Apuliam atque agrum Campanum, quod iis per militem licebat, exspolabantur.
26 Tite-Live, VII, 1, 3.
27 Tite-Live, VII, 11, 3.
28 Tite-Live, VII, 1.
29 Denys d’Halicarnasse distingue clairement une deuxième expédition contre Rome (celle de 367 ou de 361) et une troisième, qui voit les Gaulois combattre dans les Monts Albains (Antiquités Romaines, XIV, K). Bizarrement, le fragment XIV, K de Denys d’Halicarnasse est placé en 367 par les différents éditeurs. Toutefois, Denys place les faits après la « deuxième expédition », qui ne peut être que celle de 367 ; d’autre part, il évoque une bataille qui se déroule dans les Monts Albains, sous la conduite d’un « Camille ». S’il ne s’agit pas du vainqueur de Véies, il pourrait s’agir de son fils, consul en 349, qui combat les Gaulois, descendus de l’arx Albana, dans la plaine Pontine comme le rappelle Tite-Live (VII, 25-26). Le seul élément qui pourrait faire penser à une datation en 367 est le parallèle entre le discours sur l’armement prononcé par le dictateur et les mesures que Camille aurait prises en 367, selon Plutarque (Vie de Camille, 40, 4). Mais la localisation claire du combat dans les Monts Albains et non sur l’Anio interdit, selon moi, de voir dans ce fragment une référence aux événements de 367. Pour Orose également (III, 6, 4), il y a trois grandes phases dans les guerres contre les Gaulois : l’expédition de 390, celle qui est marquée par l’exploit de Torquatus (en 388 a.V.c, soit 366-365) et celle des Monts Albains, marquée par l’exploit de Valerius Coruus.
30 Tite-Live, VII, 9.
31 Tite-Live, VII, 9-10 ; Eutrope, II, 5 ; Orose, III, 6, 1-2.
32 Tite-Live, VII, 11, 1 : …ut Gallorum exercitus proxima nocte relictis trepide castris in Tiburtem agrum atque inde societate belli facta commeatique benigne ab Tiburtibus adiutus mox in Campaniam transierit.
33 Contra Baray, 2017, p. 139-167, qui refuse l’idée que les Gaulois aient pu servir comme mercenaires au service des cités d’Italie centrale.
34 Tite-Live, VII, 12.
35 La phrase de Tite-Live (VII, 12 : …quod Gallos mox Praeneste uenisse atque inde circa Pedum consedisse auditum est.), lapidaire, n’explique pas réellement à quel titre les Gaulois sont venus sur le territoire prénestin, notamment s’ils y ont été appelés par les Prénestins, désireux de renforcer leurs défenses à une époque de tensions avec Rome ; le traité avec les Latins, qui n’était plus respecté, venait tout juste en effet d’être renouvelé (Fernique, 1880, p. 24-25).
36 Tite-Live, VII, 13-14.
37 Tite-Live, VII, 18-19.
38 Tite-Live, VII, 23.
39 Tite-Live, VII, 23-24.
40 Tite-Live, VII, 25.
41 L. Baray a remarqué que ce nombre inhabituel de légions ne cadre pas avec la simple lutte contre une troupe de mercenaires (Baray, 2017, p. 157). Ce recrutement inhabituel s’explique toutefois par une autre raison : en 349, les Latins menacent à nouveau de faire défection et, réunis au lucus Ferentinae, refusent de fournir à Rome les troupes auxiliaires normalement prévues (Tite-Live, VII, 25). Les dix légions correspondent peu ou prou au contingent habituellement levé : deux armées consulaires de deux légions chacune, doublées d’un nombre égal (voire supérieur) de troupes latines.
42 Tite-Live, VII, 26 ; Denys d’Halicarnasse, XV, A ; Orose, III, 6, 4-5.
43 Tite-Live, VII, 32, 9 : …qui Gallos tot proeliis caesos postremo in mare ac naues fuga compulerit ?
44 Tite-Live, VIII, 20.
45 Tite-Live, VIII, 20 : Veiosque ingens exercitus contractus, ut inde obuiam Gallis iretur ; longius discedi, ne alio itinere hostis falleret ad urbem incedens, non placuit.
46 Tite-Live, X, 10.
47 Tite-Live, X, 10.
48 Polybe, II, 19, 1-4.
49 Tite-Live, X, 16.
50 Tite-Live, X, 21, 2 : … et Gallos pretio ingenti sollicitari. Contra Baray, 2017, pour qui le fait que les Gaulois soient payés – et même qualifiés par Appien de misthophoroi –, n’autorise pas à y voir des mercenaires, mais simplement un dédommagement des alliés. Aucune trace claire dans les sources d’un dédommagement financier des alliés n’est pourtant connue pour l’Italie. Appien rappelle bien que les Sénons agissent ainsi alors qu’ils étaient engagés par traités (espondoi) à ne pas fournir de mercenaires.
51 Tite-Live, X, 26.
52 Accius, Decius, frg. 4-5 Warmington ap. Nonius Marcellus, 224, 6 ; Diodore de Sicile, XXI, 6, 2 ; Pline, XXII, 5 (10) ; Florus, I, 12 ; Plutarque, Parallèles Mineurs, 18 b (310 a-b) ; Ampelius, 20, 6 ; Pseudo-Aaurelius Victor, Les Hommes illustres, 27, 3-5.
53 Tite-Live, X, 29.
54 Dion Cassius (IX, fr. 39, 1) parle d’une révolte conjointe des Étrusques, Ombriens et Gaulois.
55 Appien, III, 6, 1 ; IV, 11.
56 Polybe, II, 18, 9.
57 Tite-Live, Épitomé, XII ; Orose, III, 22, 12-13 ; Augustin, Cité de Dieu, III, 17.
58 Denys d’Halicarnasse, XIX, S ; Appien, III, 6, 1 ; Dion Cassius, VIII, fr. 38, 1 ; Florus, I, 8 ; Orose, III, 22, 13 ; Eutrope, II, 10.
59 Appien, III, 6, 2 ; IV, 11.
60 Polybe, II, 19, 7-13.
61 C’est cet ordre des événements qui est retenu notamment par Zecchini, 2009, p. 30-33.
62 Arrien, Anabase, VII, 15, 4 ; I, 4, 6. 5. Diodore de Sicile, XVII, 113, 1-2.
63 Diodore de Sicile, XVII, 113, 1-2.
64 Strabon, VII, 3, 8.
65 Polybe, I, 6, 3 ; II, 18, 3.

Le texte seul est utilisable sous licence Creative Commons - Attribution - Pas d'Utilisation Commerciale - Pas de Modification 4.0 International - CC BY-NC-ND 4.0. Les autres éléments (illustrations, fichiers annexes importés) sont « Tous droits réservés », sauf mention contraire.
Itinéraires d’hommes, trajectoires d’objets
Mélanges offerts à Daniele Vitali
Arianna Esposito, Nicolas Delferrière et Andrea Fochesato (dir.)
2021
Les secrétaires régionaux du Parti communiste français (1934-1939)
Du tournant antifasciste à l’interdiction du Parti
Dimitri Manessis
2022
La Bresse et le pouvoir
Le Papier journal de Jean Corton, syndic du tiers état (1641-1643)
Olivier Zeller
2023