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    Plan détaillé Texte intégral L’aide à l’Espagne républicaine De l’essoufflement à la désagrégation du Front populaire Du pacte germano-soviétique à l’interdiction du PCF : quelle(s) réaction(s) des responsables locaux ? L’interdiction du Parti communiste français Notes de bas de page

    Les secrétaires régionaux du Parti communiste français (1934-1939)

    Ce livre est recensé par

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    Table des matières

    Chapitre 6. Le temps des épreuves

    p. 249-284

    Texte intégral L’aide à l’Espagne républicaine Le séjour espagnol des secrétaires régionaux L’aide à l’Espagne sur et depuis le sol français Réfugiés, volontaires, cadres : le retour De l’essoufflement à la désagrégation du Front populaire « Jours troubles, jours sombres » Tensions intérieures et périls extérieurs La grève du 30 novembre 1938 Du pacte germano-soviétique à l’interdiction du PCF : quelle(s) réaction(s) des responsables locaux ? D’août 1939 à l’interdiction Rassurer et organiser dans une période de crise Réprimés avant d’être interdits Mobilisation et réorganisation des équipes dirigeantes L’interdiction du Parti communiste français Notes de bas de page

    Texte intégral

    1Le déclenchement de la guerre d’Espagne à l’été 1936 est le premier coup visible porté à la dynamique du Front populaire, révélant des divisions latentes au sein des partenaires de la coalition. Celle-ci, malgré quelques rebonds à la fois locaux et nationaux, va entrer dans une phase d’essoufflement et de déclin, phase qui culmine avec l’arrivée au pouvoir d’Édouard Daladier dont la politique sonne la fin de l’expérience du Rassemblement populaire. À l’été 1939, le PCF, de plus en plus isolé, doit affronter la répression qui suit l’annonce de la signature du pacte germano-soviétique, puis faire face à sa mise hors-la-loi. Il s’agit d’étudier ici la place des secrétaires régionaux dans ce temps d’épreuves.

    L’aide à l’Espagne républicaine

    Nous étions galvanisés par l’écoute des cannonades [sic], le ronflement des avions, le spectacle des réfugiés, les combats près de la frontière1.

    2Le 18 juillet 1936, un soulèvement militaire éclate en Espagne. Une partie de l’armée se soulève contre le gouvernement de Front populaire, au pouvoir depuis février. Dès le début du conflit, un vaste mouvement de solidarité naît dans les organisations politiques de gauche, syndicales et associatives. Une myriade de comités d’aide à l’Espagne républicaine émerge à travers le monde entier. En France, la guerre d’Espagne devient un révélateur des tensions au sein de la coalition de Rassemblement populaire. Le PCF plaide pour une aide ouverte et matérielle au gouvernement espagnol. Les radicaux puis les socialistes sont divisés, partagés entre pacifisme et solidarité antifasciste. Une majorité de députés, de sénateurs et certains membres du gouvernement sont ouvertement hostiles à une vente d’armes à la République espagnole. Face à une opinion publique divisée, craignant la rupture avec le gouvernement britannique, le gouvernement français finit par se ranger dans le camp de la non-intervention2. Léon Blum rend officielle cette décision le 8 août 1936. Cependant, face aux violations évidentes des accords internationaux par l’Italie fasciste et l’Allemagne nazie qui soutiennent la rébellion, le gouvernement français opte parfois pour la « non-intervention relâchée », favorisant l’envoi semi-clandestin d’armes à son voisin ou fermant les yeux sur certains convois. Reste qu’une opposition se fait de plus en plus nette entre « pacifistes », pour qui il faut à tout prix éviter un nouvel embrasement mondial, et partisans d’une intervention franche pour barrer la route au fascisme. La guerre d’Espagne, estime Noëlline Castagnez, « brisa la dynamique unitaire du Front populaire en dissociant antifascisme et pacifisme3 ».

    3En France apparaît également, d’abord de manière spontanée, un volontariat international pour aller soutenir la République, particulièrement dans les milieux de l’immigration antifasciste. La direction du PCF va dès lors plaider auprès de Moscou pour l’encadrement et l’organisation de ce volontariat dans une « Colonne internationale ». Cette démarche aboutit mi-septembre 19364. Constituées officiellement le 22 octobre par le gouvernement espagnol, les Brigades internationales (BI) doivent prêter main-forte au gouvernement légal. La France devient une véritable plaque tournante dans l’aide à l’Espagne. Sa situation géographique, la présence d’une importante immigration antifasciste, et bien entendu le poids de son Parti communiste et sa connaissance de la situation espagnole en faisaient le lieu tout désigné. Les Brigades ont aussi un rôle politique et symbolique fort. Elles doivent incarner, non seulement la solidarité internationaliste en actes, mais également la politique de Front populaire antifasciste. La fameuse « Colonne internationale » des débuts devait apparaître comme une émanation spontanée du Front populaire et la préfiguration d’un Front populaire mondial. Les cadres et militants du PCF sont particulièrement mobilisés durant des mois dans un large registre d’activités, allant de la collecte de fonds au départ pour les Brigades, de la participation aux meetings au passage d’armes et de matériels au-delà de la frontière5. Ainsi, qu’en est-il des secrétaires régionaux ?

    4La politique des cadres du Parti communiste français en ce qui concerne la question espagnole mérite que l’on s’y attarde afin d’éclairer notre sujet. Il semble que deux grandes phases sont à distinguer. La première court grossièrement sur la période comprise entre le déclenchement de la guerre civile puis la mise en place des BI jusqu’à l’année 1937. Dans un premier temps le parti rechigne au départ de cadres pour le front espagnol6. La formidable poussée des effectifs, tant syndicaux que politiques, nécessite en effet le maintien sur place de militants aguerris pour encadrer la nouvelle « génération ». Mais dans un second temps, le besoin urgent en encadrement des volontaires sur le front d’Espagne se fait pressant. Alors « les dirigeants du PCF acceptent d’envoyer plusieurs dizaines de cadres outre-Pyrénées7 ». Il faut d’ailleurs signaler que certains de ces cadres ne partirent pas tous de gaieté de cœur, et que l’envoi en Espagne recoupait parfois une sanction interne à l’organisation communiste. Ce que les autorités des BI déplorèrent d’ailleurs, constatant bien vite le manque de motivation de ces nouveaux venus8. Cependant, avec près de 10 % des volontaires français des BI qui exercent des responsabilités à divers niveaux au sein du PCF, « on mesure l’effort considérable fourni par cette organisation en se séparant de centaines de responsables de tous niveaux9 ».

    5Distinguons, pour l’étude des secrétaires régionaux, l’aide à l’Espagne sur le sol français et le séjour sur place, même si ces deux dimensions peuvent parfois bien entendu se recouper.

    Le séjour espagnol des secrétaires régionaux

    6L’envoi de cadres communistes en Espagne, s’il prend une dimension nouvelle début 1937, est un processus mis en place dès le début de l’engagement des volontaires. Ainsi Maurice Lampe, secrétaire d’une des principales régions du parti, Paris-Ville, fait un séjour en Espagne à la fin de l’année 1936. Son retour est l’occasion d’une réunion, ouverte aux membres des bureaux des cellules, permettant, à en croire les sources policières citées par C. Serrano, de fournir des « renseignements confidentiels » sur la situation sur place10. L’on sait en tout cas que le secrétaire de Paris-Ville ne s’est pas privé de véhiculer une certaine image d’Épinal largement déformée de la réalité espagnole, visant à susciter enthousiasme et vocations pour le volontariat11. Maurice Lampe retourne en Espagne en 1937. Il est alors remplacé à son poste de dirigeant parisien par Gaston Auguet. Il ne revint en France qu’en 1939, après avoir accompli des tâches de première importance, allant jusqu’à prendre la direction des BI, comme Commissaire de guerre à la Base d’Albacete, de juin à décembre 193712. Ce parcours d’un secrétaire régional qui abandonne son mandat pour prendre d’importantes responsabilités sur le front espagnol peut être mis en parallèle avec celui de François Billoux13. Également à la tête d’une région importante du parti, celle des Bouches-du-Rhône, militant aguerri, membre suppléant du Bureau politique, son statut de député lui permet de voyager aisément. Il part pour l’Espagne en février 1937, soit après que la direction du PCF, répondant favorablement à la demande des dirigeants des Brigades, accepte un effort supplémentaire dans l’envoi de cadres. Billoux fut commissaire inspecteur des Brigades internationales, c’est-à-dire chargé de superviser politiquement les volontaires et leurs dirigeants. Aux côtés de Vital Gayman et de Maurice Lampe, il dirigeait de fait les BI et formait un triumvirat dirigeant international avec l’Italien Luigi Longo et l’Allemand Franz Dahlem14.

    7Ces deux parcours (à peine plus d’1 % du total du corpus, 2.3 % des secrétaires en exercice en 1937) sont cependant exceptionnels. Aucun autre dirigeant en exercice d’une région communiste ne reste aussi longtemps sur le sol espagnol en exerçant de telles responsabilités. Philomen Mioch, secrétaire de la région de l’Aude, très actif à partir de 1937 dans la solidarité avec l’Espagne à laquelle il consacre « l’essentiel de son activité » selon sa notice biographique du Maitron, ne reste qu’à peine deux mois sur place, d’avril à la fin mai 1938. Nous l’avons souligné, Billoux comme Lampe sont à la tête de régions importantes du parti. Si la direction nationale accepte de se priver d’eux, c’est qu’elle pense pouvoir compter sur d’autres cadres pour prendre la relève et/ou assurer l’intérim. Ce qui ne se fait d’ailleurs pas sans difficulté. Du reste, cela est parfaitement cohérent avec la situation d’ensemble du PCF. Pourquoi se passer de militants qui sont bien souvent la clé de voûte de l’organisation régionale communiste, à l’heure du passage au « parti de masse », quand le besoin d’encadrement pratique et idéologique est plus vif que jamais ? « Le bureau régional refusa ce départ » se souvient Philomen Mioch. « Maintenant que nous sommes arrivés à fonctionner assez bien, nous ne pouvons accepter de tout réorganiser15 » déclarent en effet les camarades de Mioch. Nous ignorons si certains secrétaires régionaux, désireux de se rendre sur place, ont essuyé un refus de la part de leur direction, comme cela est arrivé pour certains cadres16. Rien dans les archives ne semble l’indiquer. Martha Desrumeaux, qui participe encore au secrétariat de la région du Nord, accompagne et visite les volontaires. Figure connue du mouvement ouvrier, son nom est d’ailleurs mentionné dans la correspondance de ceux-ci17.

    8Pierre Terrat, secrétaire régional des Pyrénées-Orientales, fait régulièrement le voyage en Espagne, notamment en sa qualité de responsables des relations avec le Parti socialiste unifié de Catalogne (PSUC)18. Roger Roby, secrétaire de la région orléanaise du PCF, effectue au moins deux séjours en Espagne courant 1 93819. Les sources manquent en revanche quant à la nature et à la durée du séjour. Henri Pourtalet, chargé du redressement de la région des Alpes-Maritimes, semble lui aussi avoir effectué un passage espagnol en 193820. Les mêmes précautions sont à prendre concernant le secrétaire du PC mosellan, Eugène Anstett qui « serait » parti en Espagne dès octobre 193621. André Moine, qui se souvient d’avoir eu « d’étroites relations quotidiennes avec nos camarades du Frente popular à Irun22 » participe à une importante réunion tenue à Bilbao en octobre 193623. Cette réunion, qui rassemblait les communistes du nord de l’Espagne, devait préparer plus efficacement une défense unie contre l’avancée nationaliste. Le séjour de Moine à Bilbao se révèle d’ailleurs un vrai périple, au point qu’il est un temps donné pour mort !

    J’étais parti de Bayonne sur un petit chalutier qui devait passer malgré le blocus maritime déjà instauré par les flottes française et anglaise, et bien sûr en déjouant les mines et la surveillance des franquistes. Mon départ avait été repéré et le journal La petite Gironde publiait bientôt que le chalutier avait péri corps et biens dans la tempête. Cette nouvelle sembla se confirmer du fait que, devant rester une journée à Bilbao, je restai trois ou quatre jours avant que ne soit organisé mon retour. On me crut mort et c’est un ressuscité qui fit surface à Boucau, siège de la région du parti, après un retour mouvementé par une tempête effroyable24.

    9Moine évoque également un projet « d’attaquer les arrières des franquistes en passant par la France avec des volontaires8 » qui est finalement abandonné. Ses péripéties comme ses présences aux réunions parmi les plus « sensibles », donnent une idée de l’importance à la fois politique et militaire que peut acquérir un cadre régional et de la confiance que lui accorde le centre.

    10Les députés, qui connaissent des facilités pour leurs déplacements et peuvent aisément passer les frontières, sont particulièrement mis à contribution. On le voit parmi les députés de notre corpus : outre François Billoux, c’est l’action de Jean Cristofol, secrétaire-adjoint, qui supervise la solidarité avec l’Espagne dans la région marseillaise25 ; c’est celle de Virgile Barel qui fut envoyé à Madrid par le Comité central du PCF pour établir un contact avec Palmiro Togliatti26 puis retourna en Espagne organiser le rapatriement des brigadistes, et plus tard l’évacuation, depuis l’Algérie, de réfugiés espagnols en direction de l’Union soviétique. De Jean Bartolini, nous savons seulement qu’il « fut envoyé en mission en Espagne27 », sans plus de détails. Enfin, Pierre Lareppe, député des Ardennes, assure des liaisons entre la direction du PC français et l’état-major des Brigades28.

    11Le séjour des membres de notre corpus en Espagne est donc un phénomène exceptionnel. Il est difficile de lister l’ensemble des secrétaires régionaux ayant pu effectuer un ou plusieurs séjours, et la part de secret, ou du moins de semi-clandestinité liée à ces déplacements en est une raison majeure. On relève cependant la présence sur le sol espagnol (pour une durée plus ou moins longue, avec des responsabilités très diverses, et pas forcément au sein des Brigades internationales) parmi les membres du corpus, de : Maurice Lampe, François Billoux, Philomen Mioch, André Moine, Pierre Terrat, Roger Roby, Eugène Anstett, Martha Desrumeaux, Virgile Barel, Jean Bartolini, Pierre Lareppe (ces trois derniers officiellement en tant que députés) et bien sûr Auguste Lecœur, mais qui ne deviendra secrétaire régional qu’à son retour d’Espagne. Soit une proportion de 5.88 % du corpus total (1129 sur 187) et 9,2 % des secrétaires régionaux en exercice en 1937 (830 sur 87).

    12Mais en France, localement, c’est l’ensemble des secrétaires régionaux qui organise l’aide aux républicains espagnols sous différentes formes.

    L’aide à l’Espagne sur et depuis le sol français

    13L’un des aspects fondamentaux de cette solidarité est la création des Brigades internationales31 et par conséquent le recrutement de volontaires pour celles-ci. Il s’agit en fait « d’un processus de sollicitation, d’incitation et de suggestion au volontariat vers l’Espagne, établi dès la fin du mois d’octobre 1936, qui procède davantage de l’enthousiasme et du zèle des militants communistes que de directives précises venues d’en haut32 ». Ce recrutement, qui s’effectue à tous les niveaux du parti, est difficile à évaluer. Rémi Skoutelsky relève justement que les directives concernant l’enrôlement dans les Brigades sont transmises oralement aux « secrétaires de rayons et de cellules33 ». Il est impossible de chiffrer la part prise par chacun des secrétaires régionaux dans ce phénomène. Penchons-nous sur quelques cas singuliers.

    14Henri Boyer, secrétaire régional de l’Aveyron, est le responsable du recrutement des volontaires pour ce département34. La notice biographique du Maitron d’André Moine lui attribue le recrutement de près de deux cents volontaires pour les Brigades35. Il est cependant difficile d’établir si ces « deux cents » volontaires sont liés à son activité personnelle ou à sa qualité de dirigeant communiste, récoltant les fruits des efforts militants de l’ensemble de sa région. De plus, les secrétaires régionaux, incarnant dans leur territoire leur organisation, peuvent se retrouver directement impliqués dans les difficultés liées à l’enrôlement des volontaires. L’un des militants de notre corpus se retrouve ainsi confronté à une polémique quant à l’envoi de deux jeunes volontaires, au début de l’année 193736. Les familles de ceux-ci menaceraient le parti communiste d’un scandale s’ils n’étaient pas immédiatement rapatriés37. Lucien Carré, secrétaire régional pour la Haute-Saône et le Territoire de Belfort, se défend alors en arguant de l’âge des volontaires : dix-huit ans38. Il ne semble pas que cette affaire soit la cause de son remplacement quelque temps plus tard à la tête de la région et aucun commentaire négatif de l’envoyé de la direction du parti n’est à signaler sur ce cas précis. Par ailleurs, les secrétaires régionaux sont des cibles de choix pour les attaques de la presse d’extrême-droite. Ainsi l’un des fondateurs de l’ARAC à Nice, Joseph Briot, passé depuis au PPF de Doriot, reproche à Virgile Barel l’envoi de volontaires en Espagne39. René Uni, secrétaire de la région Est, fait montre lui aussi d’une grande activité pendant la guerre d’Espagne. Le siège régional du Parti communiste sert alors de bureau de recrutement pour les Brigades, Nancy devenant une plaque tournante du recrutement régional40. Martha Desrumeaux, par ailleurs présidente du comité de solidarité à l’Espagne républicaine dans le Nord, et qui, nous l’avons vu, accompagna des volontaires nordistes en Espagne, va magnifier leur geste lors de réunions privées41. Entre 1936 et 1937, elle va poursuivre ce travail de recrutement de combattants pour les Brigades internationales dans le Nord, particulièrement chez les mineurs polonais42.

    15Bien entendu dans les régions frontalières, le travail d’acheminement des volontaires – et plus largement d’aide à la République espagnole – prend une dimension toute particulière. Michel Cadé souligne ainsi comment l’Espagne fut le « fil rouge » de la politique des communistes des Pyrénées-Orientales durant près de trois ans43. Ceux-ci surent utiliser le sentiment d’appartenance à une même communauté « catalane » pour organiser une intense mobilisation de solidarité internationale44. Pierre Terrat, déjà aperçu plus haut, responsable de la région des Pyrénées-Orientales, est l’un des principaux coordinateurs de la solidarité avec l’Espagne dans ce département. À la suite d’André Gendre, il prend en charge l’acheminement des volontaires, en mettant notamment en place, dans l’ancien hôpital militaire de la ville, un centre de transit à Perpignan45. Cette intense activité du PC des Pyrénées-Orientales est bien entendu soulignée par la direction du parti dans ses rapports. Terrat se retrouve ainsi assisté de deux autres militants afin d’assurer pleinement son mandat de secrétaire régional46. Cependant, dans d’autres zones ce sont directement les Espagnols qui prennent en main cet acheminement des volontaires, bien que les responsables communistes français puissent opérer l’interface :

    Ainsi, dans les Basses-Pyrénées, région frontalière de l’Espagne, ce sont des comités espagnols qui prennent en charge tout l’aspect « volontariat » de la solidarité avec la République. Quand le secrétaire régional du PCF, André Moine, est contacté par des Français désirant partir, il les met en rapport avec ces comités47.

    16Philomen Mioch dans l’Hérault prend également en charge le passage des volontaires48. Il s’occupe de l’hébergement et du transport des volontaires qui sont conduits jusqu’aux militants de Céret. André Moine, outre son travail de recrutement et sa présence en Espagne vus plus haut, s’occupe également d’une dimension pour le moins sensible de l’aide à la république espagnole : le trafic d’armes49. Moine s’en charge dans les premiers mois du conflit, entre juillet et septembre, sans cacher d’ailleurs, bien des années plus tard, le caractère « artisanal » et parfois rocambolesque d’une telle entreprise50. Pour mener à bien cette mission, le secrétaire régional est alors directement en lien avec le consul d’Espagne. Ce dernier va même jusqu’à le faire s’installer au consulat et passer des appels téléphoniques depuis son bureau pour retrouver la trace d’un convoi de wagons d’armes perdu entre Toulouse et Hendaye. Selon le témoignage de Jean Jérôme, Julien Airoldi, secrétaire de la région lyonnaise, assume la responsabilité d’un groupe chargé de trouver et d’acheminer des armes suisses à destination des républicains espagnols51. Il s’acquitte d’ailleurs fort bien de cette mission, et permet également la mise sur pieds d’un atelier de grenades. Barthélémy Ramier, dirigeant de la Loire, profite des facilités qu’offrent Saint-Étienne et sa manufacture d’armes pour procurer des mitraillettes, des revolvers et des munitions pour fusils, « entre autre matériel52 ». Cette dimension du travail militant en direction de l’Espagne permet d’éprouver les cadres, de tester leur capacité d’action illégale et clandestine. Cette action est facilitée en certains endroits par la réactivation des réseaux de 1934. Cette année-là, l’Espagne – particulièrement dans les Asturies53 – connaît une agitation révolutionnaire brutalement réprimée. PCF et SRI se mobilisent pour apporter les secours aux combattants de la « révolution espagnole54 ». André Moine se remémore ainsi la réactivation de ces réseaux :

    Pour notre part, depuis 1934 où nous avions aidé les mineurs des Asturies pourchassés après leur insurrection à pénétrer et à se cacher en France, nous avions quelques points de repère pour ce travail et une certaine aptitude à trouver des « planques » pour le matériel et pour les hommes, tout en développant une activité de masse55.

    17Si ces formes de solidarité – le volontariat ou l’acheminement d’armes – sont les plus spectaculaires, elles ne doivent pas en faire oublier d’autres. Durant des mois, les militants des organisations de gauche rassemblent argent, vivres, médicaments, vêtements, matériel, afin de soutenir l’effort des républicains.

    Léon Balussou, secrétaire régional de la Haute-Garonne.

    Image

    Accroché sur le camion : « Parti communiste français. Pour l’Espagne républicaine ». Photographie insérée dans son dossier biographique, RGASPI 495/270/6 022.

    18Le Parti communiste mobilise notamment ses « organisations de masse ». Le Secours populaire de France (ex-SRI) est en première ligne, aux côtés de l’Union des jeunes filles de France et des multiples comités d’aide, qui organisent collectes, bals, meetings, réunions, galas, manifestations sportives… Mais le rôle des secrétaires régionaux est également de faire en sorte que ces initiatives soient réalisées dans les cadres les plus unitaires possible, notamment à travers des commissions d’aide au peuple espagnol devant être l’émanation des comités locaux de Front populaire. Audelà du symbole, il s’agit également de ne pas isoler les efforts du PCF dans l’aide à l’Espagne. Une tâche pas toujours facile à réaliser56. L’échelon régional du parti est également mis à contribution dans le cadre de la grande campagne de parrainage d’unités des Brigades internationales que le PCF lance fin novembre 1936. L’émulation créée par cette campagne vise à populariser l’action des Brigades et à susciter dons et volontaires. Les régions, mais aussi les rayons participent ainsi au soutien de formations combattantes. Paris-Ouest est ainsi chargée du parrainage du 2e bataillon « Commune de Paris » de la XIe brigade, Paris-Sud du 6e bataillon « André Marty » de la XIIe, Paris-Nord du 10e bataillon « Henri Vuillemin » de la XIIIe brigade57. L’accueil des enfants espagnols, s’il ne doit pas être oublié dans les diverses dimensions de cette solidarité58, reste cependant secondaire dans le cas du Parti communiste et aucun membre de notre corpus n’accueille chez lui d’enfants isolés de leurs parents.

    Réfugiés, volontaires, cadres : le retour

    19Le retrait des Brigades est décidé en septembre 193859. La défaite de la République espagnole, définitivement actée en mars 1939, provoque un afflux de réfugiés en direction du territoire français60. Anciens volontaires internationaux, combattants de l’armée espagnole, civils, fuient l’avancée des troupes franquistes. Cette Retirada crée de nouvelles problématiques auxquelles doit se confronter le Parti communiste. La frontière française est en effet fermée à ces réfugiés, la méfiance vis-à-vis des étrangers constituant un des axes de la politique du gouvernement d’Édouard Daladier. Près de 500 000 personnes parviennent finalement à franchir une frontière dont l’ouverture est échelonnée en janvier et février. Considérés comme étrangers « indésirables », suspectés d’être des révolutionnaires dangereux pour la sécurité du pays, les hommes d’âges mûrs, civils comme militaires, sont internés dans des camps de concentration. Pour le reste des réfugiés, répartis dans 77 départements, leur accueil dépendit de la bonne volonté des populations et des pouvoirs publics locaux. François Billoux, dont l’activité n’est plus à démontrer, est désigné à nouveau pour une mission dans ce nouveau contexte de crise. Fin janvier 1939 il est envoyé à Perpignan, afin d’aider à organiser l’accueil des soldats républicains en retraite61. C’est le secrétaire régional de Paris-Sud, Jules Decaux, qui est chargé d’organiser l’accueil des volontaires de retour du front espagnol62. Le secrétariat du PCF décide, le 6 décembre 1938, « d’effectuer le recensement des Volontaires et vérifier leur utilisation comme cadres du Parti63 ». Cette intégration des ex-volontaires ne va pas toujours de soi. En Savoie, c’est le délégué du centre qui doit pousser pour que les anciens volontaires soient mieux intégrés : la promotion de deux vétérans des Brigades au Comité de section de Chambéry est ainsi une manière de compenser le mauvais accueil qui leur serait fait, la marginalisation que ceux-ci vivraient : « on les appelle plus ou moins péjorativement “les Espagnols”, on les considère comme bons à rien et on les abandonne à leur sort. L’un d’eux alité, en raison de fièvres attrapées là-bas, n’est visité par personne64 ». Or, « chaque parti doit utiliser au maximum ses cadres venus des BI en les poussant franchement en avant65 » déclare André Marty devant les instances de l’IC en septembre 1939. 2 499 volontaires blessés et malades se trouvent alors en France au 1er août 1939.

    20Un incident dans la région des Charentes dévoile en partie les difficultés auxquelles se heurtent les militants communistes dans cette nouvelle période sur la question des réfugiés. Le secrétaire régional se plaint en effet que son adjoint, Labonne, « se laisse accaparer par l’activité pratique au sein d’un camp de 2 000 réfugiés espagnols, où il sert, depuis février, de commis au restaurateur du camp. Malgré plusieurs invitations pressantes, il délaisse complètement la direction politique de la région66 ». Ce n’est évidemment pas le genre de rapport qui rassure la direction du parti, inquiète de voir se dépenser le temps et l’énergie de ses cadres en dehors de leur fonction politiques dirigeantes. Le centre s’en préoccupe et, en accord avec la direction régionale, sévit : Labonne est renvoyé à la base. Mais cet événement reste très exceptionnel. Au moment où, au sommet de l’Internationale, on presse les militants français d’apporter aide et soutien aux réfugiés d’Espagne67, les secrétaires régionaux montrent la voie. Émile Drouillas, secrétaire de l’Ille-et-Vilaine, organise l’aide aux réfugiés dans son département, donnant l’exemple de la solidarité : « chez les Drouillas, il ne reste plus qu’une seule couverture pour dormir. - Émile, il aurait donné sa chemise, dit sa femme68 ». Marguerite Buffard accueille dans son deux-pièces caennais cinq réfugiés espagnols : « Nous ne leur faisons pas l’aumône, nous les traitons en frères et nous sommes décidés à partager avec eux, même notre dernier bout de pain69 » écrit-elle. Dans les zones d’accueil des réfugiés, les secrétaires régionaux du PCF appellent donc à la mobilisation et à la solidarité. La presse communiste régionale s’empare durant des semaines de la question des réfugiés, de leurs conditions d’accueil et de vie. La Voix du Peuple70 réalise ainsi un grand nombre de Unes, d’articles et de reportages sur les réfugiés espagnols, leurs conditions de vies déplorables et l’aide à leur apporter. Mais aussi sur la crainte des provocateurs infiltrés dans les camps de réfugiés, la hantise de la « Cinquième colonne » étant en effet très présente.

    21L’Espagne fut-elle une expérience positive pour les cadres et secrétaires régionaux du PCF étudiés ici ? Deux obstacles se dressent pour répondre à la question. D’abord la chronologie. La signature du pacte germano-soviétique, la répression contre les militants communistes, la déclaration de guerre et l’interdiction du PCF en 1939, ne nous permettent pas d’appréhender cette problématique dans un environnement « normal » et pacifié. C’est la « situation précaire » dont parle Rémi Skoutelsky71 et dont semble faire abstraction Marty dans ses plaidoyers en faveur d’une meilleure intégration des ex-volontaires. Ensuite l’état actuel des recherches, notamment sur l’immédiat retour des anciens combattants d’Espagne, n’est pas assez abouti pour nous permettre une vue d’ensemble72. Le passage par les Brigades et le front espagnol peut constituer, si le militant n’a pas subi de sanctions, une plus-value dans le parcours militant, s’inscrivant dans la construction d’un modèle de figure héroïque :

    Entre ceux qui sont restés au front et ceux qui ont déserté ou ont protesté, un nouvel ethos militant fut façonné et diffusé : celui du combattant et, par extension absolue, du « héros ». Ce modèle militaire était destiné à renforcer la « construction d’unanimité » à un moment où le Parti est critiqué, y compris en interne. Ainsi le militant communiste devait-il nécessairement être un combattant exemplaire qui a des comptes à rendre à son parti et dont le comportement au combat est censé jouer un grand rôle dans ses possibilités de promotion interne. Le contact du feu, la pratique du combat confèrent au militant des vertus qui font de lui un soldat politique, véritable sur-militant […]73.

    22Le passage par l’Espagne constitue ici un tremplin dans la carrière militante. Comme l’a précisé Rémi Skoutelsky, « on ne peut vérifier ici l’affirmation du secrétaire de l’Internationale [Marty], selon laquelle les anciens d’Espagne ne sont pas utilisés à leur juste mesure. En revanche, il est possible de décrire des situations concrètes de promotion74 », en gardant toujours à l’esprit le caractère parfois aléatoire et nonreprésentatif de ces trajectoires, eut égard aux obstacles évoqués plus haut auxquels se heurte l’analyse. Nous pouvons donc suivre les parcours des membres de notre corpus passés par l’expérience espagnole. Un seul combattant des Brigades obtint un poste de secrétaire régional : il s’agit d’Auguste Lecœur, qui prend la tête de la région Pas-deCalais à son retour du front lors d’une permission75. Il passe par une école centrale et intègre la direction à sa sortie. François Billoux retrouve son poste de responsable des Bouches-du-Rhône qu’il n’a, du reste, jamais officiellement abandonné. À son retour, il critique vivement l’action du secrétariat régional intérimaire collectif, « mécontent du résultat obtenu par le PC aux élections cantonales (10 000 voix de moins qu’en 1936). Il dénonça “les fautes politiques et de tactique”, qui doivent être sanctionnées, déplora l’hostilité des militants à l’égard de la SFIO dont certains chefs, certes, étaient critiquables76 ». Sa présence en Espagne est régulièrement magnifiée par les communistes locaux, notamment à travers leur organe régional Rouge-Midi. Secrétaire du Comité d’aide à l’Espagne, Maurice Lampe est particulièrement chargé du devenir des vétérans. Il écrit dans l’Humanité pour appeler à la solidarité avec les blessés77 et est de ceux que le PC mobilise particulièrement pour les cérémonies d’accueil des volontaires de retour d’Espagne78. Un autre élément doit cependant être présenté ici, à la lumière des archives79. En 1938, Les deux dirigeants de la Base des brigades, le commandant militaire Willem Zaisser et le responsable politique Maurice Lampe furent remerciés et renvoyés pour l’un en URSS, pour « fatigue nerveuse », et le second en France, accompagné d’un rapport à charge80. Sans entrer dans les détails de ce rapport et des accusations portées par Marty, celui-ci nous apprend que Lampe fut en réalité limogé de son poste de secrétaire régional en 1937, avant d’être envoyé en Espagne81. Son remplacement par Gaston Auguet ne fut donc pas un simple « ajustement » dû à son absence, mais la conséquence d’une sanction. Ce dossier n’empêche cependant pas Lampe d’être présenté publiquement comme un cadre exemplaire.

    23Pour un autre membre de notre corpus, Philomen Mioch, le passage en Espagne s’avère dommageable pour sa carrière militante82. Arrivé en Espagne, Mioch ne semble être attendu par personne, restant dans l’indécision et le flou quant à la nature de sa mission. Après un séjour de quelques semaines, il est finalement autorisé à rentrer en France83. Or, peu après son retour, il est convoqué devant la commission de contrôle politique du PC. Il doit répondre aux accusations établies par André Marty. Il lui fut reproché d’avoir refusé les responsabilités qu’on lui avait attribuées. Mioch ne retrouve que peu de temps son poste de secrétaire régional. La Commission le ramena en effet à la base. En mai 1938 il est relevé de ses fonctions et remplacé par Paul Balmigère. Sa mésaventure espagnole n’est pas le seul facteur d’explication à son limogeage mais ses adversaires au sein du parti utilisent cet épisode pour augmenter la liste des griefs portés à son encontre.

    24Sans doute la direction nationale du PCF veillait à ce que les secrétaires régionaux ne se laissent pas entièrement aspirer par la question espagnole. Elle semble ne pas vouloir « surcharger » ses cadres, déjà aux prises avec tous les problèmes inhérents à un parti de masse. Ainsi Maurice Thorez dénonce, à l’automne 1937, « l’affaiblissement du travail politique notamment parce que de nombreux dirigeants ont été accaparés par des tâches parlementaires à Paris ou par des activités dans les BI en Espagne84 ». Si l’importance du conflit espagnol, de l’engagement dans les Brigades, de leur encadrement, est parfaitement comprise et assumée par la direction du parti, celle-ci cherche également à ne pas y perdre toute son énergie et ses cadres85. L’une des rares interventions consacrées à l’Espagne lors de la Conférence des secrétaires régionaux d’avril 1937 est une critique du manque d’investissement du parti : « on parle mais on n’agit pas86 ». L’orateur est immédiatement interrompu par Cachin, qui rappelle l’effort fourni par les communistes et les Français dans le combat des Brigades : « il y a encore à l’heure actuelle 670 secrétaires de cellules sur le Front d’Espagne, et il y a 8 000 ouvriers qui ont été au secours de la république espagnole ! » Ajoutons à cela les risques que fait prendre à l’ensemble de l’organisation l’aide à l’Espagne. Le représentant de la Haute-Garonne à la conférence des secrétaires régionaux d’octobre 1937 signale plusieurs arrestations de militants en lien avec leurs activités « espagnoles », ajoutant que « l’un d’entre eux se dégonfle lamentablement et vend un certain nombre de camarades87 ». La solidarité avec la République, prenant parfois des formes illégales et donc clandestines, peut en effet mettre en danger une organisation qui vient tout juste de sortir d’un relatif isolement politique et qui, de plus, cherche à asseoir son image de parti respectable. Les secrétaires régionaux sont en effet amenés à assumer à la fois un rôle « de masse », déployant dans des structures les plus unitaires possible une solidarité visible aux républicains espagnols, et un rôle clandestin ou semi-clandestin où le travail de « vigilance » est de fait exacerbé. Cette dernière dimension a dû toucher la plupart des secrétaires régionaux, plus ou moins fortement selon l’importance de leur zone comme lieu de recrutement et d’acheminement des volontaires et comme lieu de passage d’armes et d’autres matériels sensibles. Même si les sources ne permettent pas d’établir un chiffrement précis, ces modalités d’action obéissant aux règles du secret.

    25Il serait bien entendu vain de recenser chaque acte de solidarité avec l’Espagne républicaine auxquels prirent part les responsables régionaux du PCF. Tous les membres de notre corpus en poste entre 1936 et 1939 participèrent à l’appui au camp républicain. Nous avons ici tenté de comprendre quels avaient pu être les grands axes de cette action et l’impact de ces événements sur quelques trajectoires, dans la mesure des sources disponibles et en nous appuyant sur les études précédentes. Si le séjour en Espagne reste une exception, la fenêtre d’observation fournie par les secrétaires régionaux permet d’appréhender l’effort considérable qui fut fourni par les communistes français qui tentèrent d’instaurer un élan et un imaginaire « front-populariste » autour de la question espagnole, tout en assurant des missions dangereuses et illégales et en participant à un phénomène inédit d’engagement international.

    De l’essoufflement à la désagrégation du Front populaire

    26Léon Blum présente la démission de son gouvernement en juin 1937. Entre cette date et la formation du gouvernement Daladier en avril 1938, c’est une année de délitement du Front populaire88. Sous le gouvernement Chautemps, les radicaux reprennent la main sur les socialistes. Les conflits et les grèves ressurgissent en 1937, et se heurtent à une forte riposte patronale. Un éphémère gouvernement Blum (mars-avril 1938) ne parvient pas à redresser la situation, bloqué par le Sénat. En avril 1938, c’est Édouard Daladier qui forme son gouvernement. L’expérience du Front populaire vit ses derniers instants.

    « Jours troubles, jours sombres »

    Tensions intérieures et périls extérieurs

    27À partir de 1937, la plupart des rapports sur l’activité du parti dans les régions évoquent les critiques et les doutes sur l’orientation de Front populaire. L’atmosphère semble à la défiance, à la désillusion après l’euphorie du printemps 1936. Joanny Berlioz constate ainsi qu’en Auvergne « on ne parle que des faiblesses du Front populaire, des trahisons des gouvernements, du dégoût des masses, etc.89 ». Sous la plume de Jules Decaux90, représentant le CC et lui-même secrétaire de la région Paris-Sud, on peut lire que « Le rapport de PELAT91 fut très pessimiste. […] Il commença par dire “l’enthousiasme du début pour le Front populaire est disparu”, “le moment du travail facile est terminé”, “nous sommes dans une situation difficile et défavorable” ». La région perd en effet des adhérents et le journal local, l’Exploité « va à sa disparition » (f. 2). Les transformations dans le parti, et du parti lui-même, interrogent les militants : « Un certain Dolay demande “On veut être un parti de masse, mais le parti doit-il être un parti de simples cotisants ?” » Decaux dit que ce n’est pas à lui d’analyser la situation mais à la direction régionale. Or, celle-ci « a de grandes incompréhensions de la politique du Parti, et que sans doute il y a des désaccords politiques. […] pas homogène. » (f. 3) Il faudrait (une première nous semble-t-il à la lecture des archives) « susciter au sein du cadre régional une discussion sur la politique du Parti et les tâches ». On a vu que la direction s’appuie sur les secrétaires régionaux, les convoquant à deux reprises au cours de l’année 1937, pour écouter, critiquer, recadrer, la marche des régions.

    28L’année 1938 est marquée par le délitement accéléré de la dynamique de Front populaire. Signe des temps et des tensions, de ces « jours troubles, jours sombres », qu’évoque Marcel Cachin au comité central du mois de mai92, cette année voit également débuter une grande campagne de presse des droites demandant la dissolution du PCF. C’est finalement le basculement à droite du parti radical, sous la conduite de Daladier, qui sonne le glas du Front populaire, dans un contexte marqué par la montée d’un pacifisme intransigeant et d’un anticommunisme virulent. S’accrochant à leur stratégie d’unité, les communistes tendent la main tout en affirmant un antifascisme de combat. Au printemps 1938, la direction du PCF, voyant depuis un an les difficultés qui remontent du terrain, décide de prendre les choses en main. Le secrétariat du parti commande au député de Clichy-Levallois Maurice Honel une lettre93, dans laquelle il se fait l’écho de « l’inquiétude grandissante, d’une angoisse même, quant à l’évolution de la situation en France et dans le monde ». Se faisant le porte-voix des ouvriers de l’usine Citroën – mais en réalité de bon nombre de communistes – il souligne que ceux-ci « souhaitent plus de vigueur et certains expriment le désir d’aller au-delà de la formation du front populaire par la constitution d’un “front ouvrier” ou d’un “front révolutionnaire” ». La réponse de Maurice Thorez à cette lettre est publiée à partir du 15 mai94. Si pour Thorez « l’unité a été, elle est, et elle sera la condition du succès95 », ces articles permettent aussi d’exercer une pression sur les gouvernants et de montrer aux militants communistes que leurs craintes ne sont pas négligées. C’est cette longue réponse du secrétaire général qui constitue la base de discussion de la réunion du comité central des 27 et 28 mai, où les secrétaires régionaux sont amenés à participer et à s’exprimer en toute franchise :

    Et le Bureau politique a décidé de laisser aux régions ici représentées et à leurs militants, de venir à cette tribune tout de suite dire quel est l’état d’esprit du Parti dans le pays, quelles sont ses actions et la réaction qu’entraîne cette action. […] cette discussion qui devra être très ample, très poussée, très franche, et même brutale96.

    29Exceptionnellement, le CC ne s’ouvre pas sur un rapport introducteur. La parole est laissée aux secrétaires régionaux. Pour Arthur Ramette, comme pour d’autres délégués, la lettre de Honel a libéré la parole. « Ah ! Enfin on pose le problème, l’on va par conséquent examiner la possibilité d’adapter la politique du Parti à la nouvelle situation ! » (f. 89). Il poursuit (f. 90) en estimant que :

    L’inquiétude qui règne dans notre Parti c’est la preuve qu’il est lié avec les masses de notre pays et je crois que nous n’avons pas à déplorer le fait que les camarades se posent de telles questions. Au contraire, cela nous permet de nous orienter et de sentir le pouls des masses. Il y a des choses qui ne vont pas. Dans un CC comme celui-ci nous ne devons rien cacher.

    30Barthélémy Ramier évoque le « soulagement » dans les milieux ouvriers comme à l’intérieur du parti97. Gaston Auguet, dirigeant de la première région du parti, ParisVille, après avoir rappelé le contenu de la lettre de Honel et les réponses de Thorez, déclare même que « tous ceux qui suivent Marceau Pivert ne sont pas des trotskistes, des défenseurs du POUM, la plupart désirent une politique plus virile » (f. 22). Auguet se permet ici de jouer avec le feu, c’est-à-dire la catégorie trotskiste98. Lorsque Georges Déziré, secrétaire de la région Atlantique, revient sur les récents mouvements de grève qui ont agité Le Havre99, ils les qualifient certes d’« inconsidérés » (f. 169), mais donnent les justifications des communistes qui y ont participé : ceux-ci « reprochaient au parti la mollesse de sa politique, regrettant que l’on continue notre collaboration de Front populaire. » (f. 170). Pour autant, l’objet de cette réunion n’est pas de donner un blanc-seing aux critiques « de gauche » de l’expérience du Front populaire. Giulio Ceretti alias Allard, prend la parole et indique ainsi que :

    lorsqu’à l’intérieur des cellules, des sections, et même parfois des régions, on se fait le porte-parole de ce mécontentement compréhensif chez les ouvriers et qu’on le traduit d’une façon, je dirai, presque caricaturale, c’est clair qu’à ce moment-là on ne sert pas les intérêts du P[arti], on sert les intérêts de tous ceux qui veulent affaiblir le front de la classe ouvrière.

    31Il ne s’agit donc pas de constater le mécontentement et de s’en faire le portevoix. Il ne s’agit pas seulement de dire, à l’instar du secrétaire général, que « les plaintes et les appréhensions des masses laborieuses ne sont que trop justifiées100 ». Il s’agit de dépasser cette situation en réaffirmant la validité de l’orientation de Front populaire.

    32Sur le plan international, le virage à droite du gouvernement se traduit les 29 et 30 septembre 1938 par la signature des accords de Munich entre la France, l’Angleterre, l’Italie et l’Allemagne. Ces accords livrent la Tchécoslovaquie, absente de la conférence, aux visées expansionnistes d’Hitler. La réaction est vive chez les communistes qui n’ont eu de cesse, depuis le mois de mai, d’appeler à la fermeté face aux menaces pesant sur ce pays. Gabriel Péri en particulier, signe dans l’Humanité une série d’articles dénonçant la « trahison » du gouvernement. Mais le PC est alors seul, à la Chambre comme dans l’opinion, à s’opposer à un accord qui est présenté par ses défenseurs comme garant de la paix en Europe. Une note de Maurice Thorez rédigée en 1943 indique que Marcel Rosenblatt fut « impressionné par la campagne formidable de l’ennemi (à Strasbourg) à l’époque de Munich. Mais suivit toujours une ligne juste101 ». Habitués sans doute à être portés par un fort courant de masse depuis quelques années, les secrétaires régionaux se retrouvent en effet à contrecourant d’une opinion majoritairement pacifiste :

    Entre mai et octobre 1938, la genèse, puis le déclenchement de l’affaire tchèque accusent le divorce entre la majorité de l’opinion publique qui est prête à sacrifier la Tchécoslovaquie aux appétits hitlériens pour sauver la paix, et le PC qui polarise son action sur la nécessité de donner un coup d’arrêt, conforme selon lui aux engagements du Front populaire comme au pacte franco-soviétique, à l’expansionnisme nazi102.

    33Lors d’une tournée de propagande post-accords de Munich, Alain Signor va jusqu’à promettre à Édouard Daladier, lors d’un discours public, le « poteau de Vincennes » pour avoir « libéré les Cagoulards et livré le plan de la ligne Maginot à Hitler103 ».

    34Les relations avec les socialistes sont particulièrement dégradées. En Corrèze, Joseph Peschadour, député socialiste, écrit le 5 janvier 1938 dans le Populaire du Centre que Thorez est « un m’as-tu-vu, un ambitieux, un démagogue », Staline « un despote sanguinaire104 ». En effet, « la période du Front populaire a simplement neutralisé l’anticommunisme de la SFIO sans le faire en aucune façon disparaître105 », et l’a même au contraire probablement développé. Exemple de ces temps troublés, ce courrier adressé à un responsable de cellule par le secrétaire régional des Côtes-du-Nord exprime au-delà des termes policés des communiqués officiels, les difficultés auxquelles peuvent se heurter les communistes et les craintes qui les habitent :

    Les chefs socialistes mènent une campagne acharnée contre notre parti en le saisissant d’une manière honteuse. La lutte ne fait que commencer, la tâche sera rude mais il faut avoir du cran et aller de l’avant et non se laisser traîner à la remorque des événements où nous serons noyés. Notre travail se réalise tous les jours par un pilonnage constant et nous ne devons pas oublier que dans ces périodes troubles on suit ceux qui se remuent106.

    35Au printemps 1938, à Sotteville les Rouen, les militants socialistes organisent une réunion des jeunesses sur le thème : « Les communistes ennemi principal107 ».

    36Les secrétaires régionaux doivent donc mener un jeu subtil. Incarnant le parti et sa ligne, ils se doivent de rester loyaux à une culture « front-populariste » qui prône l’ouverture, la recherche et le maintien des alliances, quand bien même ils seraient seuls à le faire. Mais ils sont aussi confrontés à une base qui, ayant vécu avec intensité la phase du printemps et de l’été 1936, constate la dégradation de la dynamique de Front populaire et témoignage bien souvent, lorsqu’elle s’exprime, d’une défiance aussi bien à l’égard des « partenaires » du Rassemblement populaire que d’une ligne jugée trop modérée. Bien entendu on ne peut généraliser ici les propos cités dans les rapports des envoyés du centre ou des secrétaires régionaux eux-mêmes, qui comportent de nombreux biais sur lesquels nous sommes déjà revenus. Cependant notre travail fait ressortir la difficulté qu’éprouvent les secrétaires régionaux à « tenir la ligne » à la veille de l’effondrement de la dynamique de Front populaire. Celle-ci est définitivement et symboliquement actée par la grève du 30 novembre 1938.

    La grève du 30 novembre 1938

    37Le gouvernement Daladier, qui dirige dorénavant avec l’appui de la droite108 remet en cause par décrets-lois, le 12 novembre 1938, les quarante heures hebdomadaires. La rupture est alors consommée avec les communistes et les socialistes. Paul Reynaud, Ministre des Finances du gouvernement Daladier, promulgue le 2 novembre des décrets-lois abolissant les quarante heures, diminuant le taux des heures supplémentaires, alourdissant la fiscalité et dévaluant à nouveau le franc. Face à ces politiques qui souhaitent donc revenir sur les récentes conquêtes du mouvement ouvrier, le bureau confédéral de la CGT appelle finalement à préparer une grève générale pour le 30 novembre. En fait, une véritable contre-offensive patronale a lieu depuis l’automne 1937, où se multiplient les atteintes aux conventions collectives et les tentatives d’augmenter le temps de travail. Dans ce délitement du Front populaire, la « riposte ouvrière » à la politique de Daladier acte la rupture109. L’épreuve de force est engagée et Daladier mobilise les préfets, les forces de l’ordre et la troupe. Des mesures sont prises en amont du 30 novembre : perquisitions, arrestations, menaces de sanctions sur les fonctionnaires ou sur les travailleurs étrangers auxquels on prétend retirer leur permis de travail s’ils rejoignent le mouvement, concentration de soldats dans les centres industriels…

    38La grève n’est ni une réussite, ni un fiasco110. Elle mobilise surtout dans le secteur privé, où 25 % des salariés sont en grève. Ce chiffre correspond à une mobilisation assez forte, rappelant les chiffres du 12 février 1934, un résultat plutôt honorable compte tenu du contexte peu favorable. En revanche, les efforts du gouvernement, pour faire fonctionner les transports notamment, marquent l’opinion et donnent à la grève une image d’échec.

    39Les gardes mobiles interviennent, le patronat licencie en masse. 800 000 travailleurs sont « lock-outés111 » et plus de 10 000 ouvriers restent début février 1939 « sans travail du fait de leur participation à la grève112 ». Tout cela sans compter les diverses sanctions et mutations forcées, chez les instituteurs notamment, une profession qui pourtant ne fut que très peu mobilisée. Toutes ces manœuvres gouvernementales comme patronales, du licenciement au déplacement en passant par l’inscription sur « liste noire », permettent de donner un coup supplémentaire aux organisations politiques ou syndicales, en éloignant les « meneurs ». La grève étant jugée politique donc illégale, la répression va « décapiter les organisations syndicales113 », mais aussi les structures locales du parti communiste. Car le PCF subit lui aussi les effets de cette répression. Aussi bien les rapports de police que ses propres enquêtes internes montrent un recul dans ses effectifs, une perte d’adhérents que les récents événements découragent. Nul doute que l’échec de la « riposte ouvrière » et sa répression pèsent sur le moral et sur le développement de l’organisation. Ces difficultés sont particulièrement synthétisées dans cette note de Julien Airoldi, alors représentant du PCF auprès de l’Internationale, une note qui donne à voir un point de vue à la fois global et donnant des exemples très localisés :

    Notre Parti a perdu beaucoup d’adhérents depuis le 30 novembre 1938. D’une part par la répression féroce du patronat, et d’autre part le découragement a diminué considérablement l’action et la fermeté de ceux qui étaient restés au Parti. Une chose importante a permis une telle situation, les dirigeants de l’UL des Syndicats et le secrétaire de la Section, tous deux membres du Parti, n’ont pas fait grève le 30 novembre. Leur attitude a servi la propagande anticommuniste et a semé la panique chez nos adhérents venus au Parti, pour la plupart dans l’action de 1936 – très faibles idéologiquement et politiquement114.

    40Les rapports de police relèvent également les difficultés du Parti communiste. Un exemple parmi des centaines, une note du cabinet du préfet du Calvados relève ainsi :

    Une régression sensible de ses effectifs militants [au PCF] où l’importante cellule de Mezidon-Canon a disparu, ce qui est symptomatique, puisqu’il s’agit de la région où se trouve installé le dépôt de la SNCF, dont le personnel nombreux s’était montré jusqu’alors fort sensible à la propagande communiste115.

    41Et de se réjouir du départ de Marguerite Buffard, secrétaire régionale, cette « propagandiste particulièrement active ». Car les secrétaires régionaux ne sont pas épargnés par la répression. Ainsi Émile Drouillas, dirigeant d’Ille-et-Vilaine est licencié : « Émile, qui travaillait chez Trévério est licencié comme les autres grévistes116 », Il reste quelque temps au chômage avant de retrouver un emploi. Louis Gatignon, dirigeant de la région Cher-Indre, est au premier rang dans l’organisation de la grève dans son usine d’aviation de Bourges. Il fait lui aussi partie de la vague des licenciés. Durant six mois, il reste au chômage, ne trouvant nulle part à s’employer. Finalement, en avril 1939, il est obligé de quitter la région, ayant réussi à trouver une place chez Thomson-Houston dans la Nièvre117. Il confie alors la direction de la région Cher-Indre à Jean Lagarde. Clovis Chirin, secrétaire de la région corrézienne du parti, perd son emploi d’ouvrier à la Manufacture d’armes de Tulle où il était l’un des principaux dirigeants syndicaux. Robert Ballanger, qui n’est pas encore dirigeant de la région atlantique, est alors commis auxiliaire au ministère des Colonies, à Nantes. Le 30 novembre, il est seul de son bureau à faire grève. Immédiatement licencié, il n’est réintégré qu’en avril 1939. La lutte contre la répression va alors prendre une large place dans l’activité quotidienne des secrétaires régionaux. Les réunions, meetings et collectes, présidés par les dirigeants régionaux, se succèdent en solidarité avec les militants licenciés. La directive adressée par le secrétariat régional du Pas-de-Calais à ses militants insiste également sur un autre aspect : celui de ne pas se montrer trop dur à l’égard des membres du parti… n’ayant pas fait grève.

    Nous insistons très vivement auprès des comités de sections pour que d’une manière générale il soit tenu un large compte de la situation dans laquelle s’est trouvé le camarade [non-gréviste], et même dans le cas d’une faute, lui permettre de racheter celle-ci. À cet égard, il importe d’éviter tout heurt entre camarades, de maintenir entre tous l’atmosphère fraternelle indispensable au parti […] Nous vous demandons de veiller à ce qu’il soit pris [sic] aucune sanction de quelque nature qu’elle soit avant de nous en avoir avisés118.

    42Ces directives montrent en creux les tensions qui parcourent la base de l’organisation, et les tentatives d’apaisement auxquelles se livrent les dirigeants locaux. « Nous n’avons pas le droit de perdre un seul adhérent au parti » résume le secrétariat du Nord.

    43Pour autant, on aurait tort d’appréhender cette période uniquement comme celle d’une démoralisation de l’ensemble du parti. Si la grève fut un semi-échec, elle eut aussi ses succès. Ce que l’on lit parfaitement à travers l’exemple de la conférence régionale de l’Aveyron, tenue le 11 décembre. Dans son rapport, le délégué du centre insiste sur la bonne atmosphère régnante, car la grève fut une réussite dans le bassin minier119. Idem dans le Gard, où Léon Mauvais se félicite : « Grève générale dans le Gard a été bonne120 ». S’intéresser au local permet donc d’affiner la compréhension du trauma post-30 novembre. Car trauma, cependant, il y eut. L’atmosphère, globalement, n’est pas bonne. L’anticommunisme se déchaîne. Édouard Daladier est célébré, à l’issue de la grève du 30 novembre, comme le sauveur de la République face au péril communiste121. Dès lors, se demande la presse du parti : « comment résister à un tel bombardement de tous calibres […] à toutes les ruses utilisées par un adversaire retors et expérimenté […] ? Comment être prêt à parer les coups qu’il s’efforcera sans nul doute de nous porter demain122 ? ».

    44L’expérience du Front populaire touche à sa fin. Cet hiver 1938-1939 a des airs de revanche pour les droites et pour le patronat. Pourtant, et pour de nombreux mois encore, le PCF prolonge cette orientation, réaffirmant son attachement à la dynamique dont il fut l’initiateur. Il se veut l’héritier, le gardien, voire l’incarnation d’un Front populaire qui doit renaître.

    Du pacte germano-soviétique à l’interdiction du PCF : quelle(s) réaction(s) des responsables locaux ?

    45À l’été 1939 le Parti communiste reste une organisation puissante, forte de près de 200 000 adhérents123 et se posant en défenseur intransigeant de la ligne de Front populaire. Il le rappelle d’ailleurs avec force lors des célébrations des 150 ans de la Révolution française. Mais la dislocation du Front populaire, dans un climat où l’anticommunisme prend de plus en plus d’importance, assombri son horizon. La politique sociale par décrets-lois du gouvernement Daladier et la répression de la grève du 30 novembre 1938, la volonté de proroger la Chambre, la chute de l’Espagne républicaine, les dissensions de plus en plus importantes avec les socialistes, constituent une partie des éléments que le PCF entend affronter et dépasser par une réaffirmation de sa démarche de Front populaire. Dans l’introduction d’un ouvrage fameux, les auteurs postulaient que la génération Front populaire « quitte le parti sur la pointe des pieds124 », notamment après l’invasion de la Pologne. Qu’en est-il pour notre étude ? Il s’agit d’établir ici la réaction des secrétaires régionaux face aux événements.

    D’août 1939 à l’interdiction

    Nous étions isolés. C’est un sentiment que je n’ai jamais connu depuis avec autant d’intensité, y compris le moment du référendum gaulliste de 1958125.

    46Le 23 août, la signature du pacte germano-soviétique sonne comme un coup de tonnerre dans l’univers des communistes. Les cadres du PCF, dont beaucoup profitent de leurs congés, sont pour la plupart abasourdis. Très vite cependant les éléments d’explication apparaissent : ce pacte est un pacte « pour la paix » et provoque la division chez ceux qui préparent un nouveau conflit mondial. Les puissances occidentales n’ont d’autres choix que de s’allier à l’URSS qui reste le meilleur défenseur des intérêts des peuples du monde entier. « Le pacte de non-agression germano-soviétique n’est donc pas incompatible avec la signature du pacte anglofranco-russe qui est lui, un pacte défensif contre l’agresseur126 » écrit Pierre Follereau, secrétaire régional de la Marne. Des explications qui ne parviennent pas toujours à convaincre, ni à l’extérieur, ni même dans les rangs militants. Dans les semaines qui suivent, le parti enregistre des défections, même si celles-ci restent limitées. C’est surtout chez les élus que la prise de distance se manifeste le plus. En revanche, ce pacte va être le prétexte qu’attend le gouvernement pour déclencher une répression ouverte contre les communistes et leurs organisations. Le PCF, non seulement est désigné comme parti de l’étranger ou « ennemi de l’intérieur », mais depuis l’Espagne et Munich il est un belliciste, un fauteur de guerre. Le pacte ajoute à ces accusations celle de la trahison. Le 26 août l’Humanité, dont le dernier numéro titrait pourtant « Union de la nation française contre l’agresseur hitlérien » et l’ensemble des titres de la presse communiste à quelques rares exceptions sont saisis et interdits de parution. Le PCF est privé de sa presse et dès lors virtuellement interdit.

    Rassurer et organiser dans une période de crise

    47Les dirigeants locaux s’emploient à rassurer avant tout leurs propres militants. « Contre nous, des membres du parti, des sympathisants, des membres de notre propre famille criaient contre l’Union soviétique et les communistes » se souvient Philomen Mioch127. Marius Echeynne, alors secrétaire adjoint du Parti dans les Bouches-duRhône, face à ses camarades « désemparés » au cours d’une réunion, déclare qu’il s’agit d’« un petit mauvais moment à passer […] mais par la suite l’opinion publique réagira et donnera raison au parti128 ». André Moine, dirigeant des Basses-Pyrénées, explique ainsi son état d’esprit :

    Pour ma part, pas d’hésitations. Pour deux raisons conjointes : d’une part, ayant suivi les pourparlers des démocraties avec Moscou, dans la ligne de Munich, j’ai tout de suite compris qu’il s’agissait d’une mesure de sauvegarde de la part de l’URSS pour se prémunir d’un « Munich armé » dirigé contre elle. D’autre part, j’avais une confiance, il faut bien le dire, aveugle dans le pays des Soviets129.

    48Et de décider de réunir immédiatement un Bureau régional :

    Avec plus ou moins de clarté, voire de réticences non déclarées, l’unanimité se fit pour « défendre le Pacte ». Il y avait un absent, Barroumes, secrétaire des syndicats de la région de Bayonne, et nous apprîmes qu’il aurait publiquement « désavoué le Pacte ». Ce qui était vrai. Avec un militant de Biarritz, ce sont les seules défections notables dans notre région.

    49Le même André Moine est arrêté quelques jours plus tard, dans la nuit du 30 août, pour avoir crié « Vive Staline » face à des militaires devant le Palais de Justice d’Oloron. Lui-même déclare n’avoir dû son salut qu’à l’intervention de la police130. Marius Jacquemard, dirigeant du Doubs, adresse au secrétariat un courrier très optimiste à l’issue de la convocation du bureau régional du 28 août131. En Ille-etVilaine, trois militants dont nous ignorons l’identité et venant de Paris, se rendent chez Émile Drouillas après l’annonce du Pacte – mais avant l’interdiction du parti. Abattus, découragés, ils font part de leurs états d’âme au secrétaire régional de la région rennaise :

    Et Émile se fâche. – Alors, c’est vous, de Paris, qui venez nous démoraliser. On est là, en province, on n’est au courant de rien et vous, vous venez en plus nous « saper le moral » alors que vous devriez nous apporter des arguments pour discuter, des consignes pour continuer et organiser la lutte. Il faut réagir… Je l’ai rarement vu en colère, mais ce soir-là, il y était132.

    50La liaison entre les régions et le parti n’est pas toujours bonne. La Charente et la Haute-Vienne par exemple n’avait reçu aucune directive du national au 28 août133. Au siège de la région Paris-Ville, Gaston Auguet s’emploie lui aussi à vaincre les réticences et à serrer les rangs : « Si Staline a fait cela, c’est que Staline a raison, si l’Union soviétique a suivi une telle politique, c’est qu’il n’y en avait pas d’autre » répondit-il à Jules Fourrier en ajoutant « qu’il fallait tenir les camarades, les tenir par la bride, que le Parti tienne debout134. » Les directions régionales se saisissent de la question de la presse et envoient notes et protestations aux autorités, comme le bureau régional du Nord le 28 août après l’interdiction de l’Enchaîné135. Le secrétaire régional de l’Orne, écrit au secrétariat du parti, le même jour :

    En accord avec le secrétariat du Calvados, nous avons décidé de ne pas sortir le journal régional. En effet nous craignons, étant imprimé à Rouen qu’il soit saisi et ainsi de nous entraîner dans de plus grandes dettes mais surtout la mobilisation nous a privé de presque tous nos vendeurs et de notre administrateur. […] Par ailleurs, aucune démission individuelle ne nous est encore parvenue136.

    51L’entrée des troupes soviétiques en Pologne, le 17 septembre 1939, constitue un « nouveau coup de théâtre ». Dans une note au ministère de l’Intérieur, le préfet des Ardennes écrit ainsi :

    L’indignation causée par l’invasion russe sur le territoire polonais a eu pour répercussion immédiate dans notre région de créer un véritable courant anticommuniste. Les militants qui essayaient de justifier l’attitude du gouvernement soviétique au lendemain de la signature du pacte de non-agression germano-russe, non seulement ne se livrent à aucune activité, mais encore se terrent chez eux. Il m’a été rapporté que le député de l’arrondissement de Mézières, M. Lareppe, aurait été vivement pris à partie par un certain nombre de ses anciens camarades et des menaces ont été proférées contre lui137.

    52Émile Labrunie, de nouveau à la tête de la région Lot-et-Garonne, exprime sa certitude de la justesse des positions soviétiques. Selon Roger Pestourie, « Labrunie m’expliquait longuement le caractère impérialiste de cette guerre [...] Son attachement pour l’URSS était sans faille. Lorsque celle-ci reprit possession de son territoire de Bielorussie et d’Ukraine annexé en 1921, il m’expliqua pourquoi cette décision était normale et nécessaire138 ». Il y a probablement confusion car la notion de « guerre impérialiste » ne parviendra pas à s’imposer en France avant octobre, comme nous le précisons plus bas. Cependant il montre l’attachement à l’URSS, car malgré le « déchirement des militants » souligné par Jean Maitron139, « l’existence de ces hésitations ou désaccords n’annule pas l’acceptation massive des directives venues de Moscou, par des hommes qui communient dans la même foi en l’URSS et partagent la formidable espérance qu’elle porte encore140 ». N’oublions pas non plus que des études menées à l’échelle plus fine des sections font apparaître de situations d’adhésion sur cette période. Eugène Kerbaul, dans sa brève étude sur la section de Brest, a montré qu’une dizaine de militants syndicalistes ouvriers avaient adhéré au PCF grâce au Pacte Germano-soviétique :

    Dans les cas connus, il s’agit de militants ouvriers, syndicalistes, qui suivaient de très près le Parti, participaient à ses manifestations mais qui jusqu’alors craignaient que sa politique de retrouvailles du drapeau tricolore ou de la Marseillaise ne l’amène inéluctablement à une trahison de type social- démocrate comme en 1914141.

    53Mais cela reste un phénomène exceptionnel. Fabrice Grenard écrit également que : « Pour les militants communistes les plus convaincus, les événements récents pouvaient faire croire à la proximité du ‘‘grand soir’’, renforçant ainsi leur détermination et leur radicalité142. » Ces phénomènes forts de loyauté, de confiance ou même, donc, d’enthousiasme révolutionnaire, n’empêchent cependant pas certains militants de rompre avec le parti.

    54C’est en effet le temps des premières défections, même si elles sont fort peu nombreuses dans le groupe des secrétaires régionaux. Roland Boudet, secrétaire de l’Orne, écrit dans ses mémoires que, revenant de vacances le 25 août et apprenant la signature du pacte par ses voisins il rédigea « aussitôt [sa] lettre de démission du PCF143 » et remet ses archives à un militant. Il s’agit pour lui de se « désolidariser de la Russie puisqu’elle était devenue l’alliée de l’homme que j’avais si vivement combattu dans de nombreuses réunions : Adolf Hitler144 ». Il s’agirait alors d’un des très rares cas d’un responsable régional qui quitte ses fonctions et son parti suite au pacte. Prudence tout de même : lorsque R. Boudet écrit ses mémoires au début des années 1990, la rupture est largement consommée avec le PCF. Militant UDSR à la Libération, puis UNR et enfin centriste, la réécriture de son parcours ne surprend pas. De plus, dans un document annoté par Marty ou Thorez145, le nom de Roland Boudet n’apparaît pourvu d’aucun des termes dépréciatifs qu’on n’aurait pas manqué de rédiger si sa démission avait été connue. Mais il est vrai que la confusion et les difficultés de cette période peuvent également expliquer cette absence. Par ailleurs, les approximations voire les omissions ne manquent pas dans le témoignage de Boudet. Lui-même écrit un peu plus loin dans ses mémoires, qu’il souhaitait envoyer sa lettre de démission au secrétariat du parti « dès le lendemain », mais « comme j’avais appris que Daladier avait dissout le PCF, j’envoyais également un exemplaire de ma lettre à M. le Préfet de l’Orne146 ». Difficile donc de se repérer dans la chronologie serrée de ces quelques semaines entre le 26 août et le 26 septembre. Enfin, la lettre qu’il adresse au secrétariat du PCF le 28 août citée plus haut147 ne plaide pas en faveur d’une rupture immédiate après le pacte germano-soviétique. Il faut également mentionner le cas de Jean Lagarde, secrétaire de la région Cher-Indre, qui quitte le Parti communiste « au début de la guerre148 ». Sa notice biographique du Maitron nous signale qu’il s’agit d’une des rares prises de distance de responsables enregistrées dans ce département pendant la période 1939-1940. En admettant que ses deux militants sortent de l’organisation suite au choc du pacte germano-soviétique, il ne faudrait pas chercher à tout prix une explication monocausale au départ, ce contre quoi Catherine Leclercq mettait en garde dans son étude149. En tout cas ces deux profils semblent à première vue ne présenter que peu de points communs : Lagarde, rejoignant le parti en 1929 via les JC, est ouvrier boulanger devenu permanent depuis 1938 quand Roland Boudet est instituteur et adhérent depuis 1934 après un passage par les Jeunesses socialistes. Si ce dernier pourrait se rapprocher de la « génération Front populaire » quittant supposément le parti à cette époque, ce n’est pas le cas des autres militants du corpus de cette génération communiste qui, eux, restent. Par ailleurs, on sait que Marcel Laufer, qui succède au printemps 1939 à Julien Airoldi à la tête de la région lyonnaise, fait partie d’une minorité de la direction régionale qui refuse d’approuver le pacte150. Mais les sources manquent quant à savoir s’il rompt ou non avec l’organisation. Ce sont donc à peine 3 % des secrétaires régionaux en exercice en 1939 qui rompent avec le PCF.

    55Pour contourner l’interdiction de la presse communiste et diffuser la position du parti sur le pacte, des numéros clandestins de l’Humanité sont confectionnés. Le journal communiste publié en Belgique Le Monde estime ainsi que « des dizaines de milliers de tracts édités par les organisations du parti furent distribués dans les jours qui précédèrent la mobilisation générale151 ». Le dirigeant de Paris-Nord, Gillot, en compagnie de deux camarades sûrs, imprime ainsi plusieurs milliers d’exemplaires qui sont diffusés dans la région à la fin du mois d’août 1939, insérés dans des journaux légaux152. Les archives sont par ailleurs mises en sûreté. Car dans ce climat fiévreux, certains cadres locaux prennent des initiatives d’organisation allant au-delà des tentatives d’explication et d’information sur le pacte. Ainsi en Meurthe-et-Moselle, lors de la tenue du dernier comité régional légal, le 29 août, sont mises en place une structure et une direction clandestines, dirigées par Camille Thouvenin153. Il est difficile de savoir si ce type d’initiative fut validé en amont par le centre, mais le contraire serait pour le moins étonnant. On sait que Marcel Gitton s’emploie depuis les accords de Munich à tenter de constituer un appareil illégal opérant154. De son côté Guy Périlhou, dirigeant du Puy-de-Dôme, se tourne très tôt vers un sympathisant catholique, Alphonse Rozier, afin de mettre à l’abri les archives de la région155. « Quand après le décret de dissolution la police vint perquisitionner, elle ne trouva rien de compromettant. La liste des militants qu’elle espérait saisir était brûlée depuis longtemps. » Le mois suivant, le secrétaire régional confie à ce même sympathisant un carnet personnel où étaient notés les noms des camarades de confiance et ceux dont il fallait se méfier. Ces précautions firent en sorte que la police ne trouve aucun document compromettant lors de la perquisition du domicile de Périlhou le 1er septembre. Selon un indicateur de police, le secrétaire régional du Puy-de-Dôme avait également convoqué une réunion dès le 26 août pour désigner son remplaçant, Belin, en cas de mobilisation156.

    Réprimés avant d’être interdits

    56Car ces premières tentatives d’explications publiques du pacte sont très vite contrariées par la répression qui s’abat sur les militants, et les cadres locaux en particulier. La région Saône-et-Loire parvient à éditer un tract recto verso intitulé « Vive l’URSS qui nous aide. Vive la paix qui sera sauvée grâce à l’URSS », sans que l’on sache si les militants parvinrent à la distribuer dans de bonnes conditions157. Lorsque les dirigeants communistes de l’Aube souhaitent tenir une réunion le 28 août 1939 au siège du PC, en compagnie d’Étienne Fajon, la police vient leur notifier l’interdiction158. Fin août, le bureau régional du Pas-de-Calais, (A. Lecœur, R. Camphin, H. Thiébaut et Quinet) se charge d’écrire un tract saluant le pacte germano-soviétique. Cet acte vaut à Quinet, député et à Thiébaut, maire de Liévin, d’être arrêtés le 1er septembre avec une trentaine d’autres militants. Camphin et Lecœur y échappent sur le moment, car ils sont déjà mobilisés. Une condamnation à trois mois de prison est prononcée par le tribunal d’Arras le 6 septembre 1939 pour infraction au décret du 26 juin 1939 et distribution de « tracts antinationaux159 ». De même en Isère, Paul Billat rédige « La Vérité aux Français », un tract prenant là aussi la défense du pacte germano-soviétique et réaffirmant que « le fascisme ne passera pas dans notre pays ». Henri Turrel, secrétaire de la Région des Alpes, en assure la répartition pour diffusion lors d’une réunion du comité régional qui se tient dans une semi-clandestinité. Appelant pourtant à la défense nationale contre l’hitlérisme, le tract sert de prétexte à la répression. Turrel et d’autres cadres locaux sont arrêtés le 28 août. Le secrétaire régional est condamné le 22 septembre à trois mois de prison ferme et 100 francs d’amende160. Le motif des inculpations est d’ailleurs révélateur des difficultés d’une partie de l’appareil judiciaire à s’adapter aux temps nouveaux. Les quatre hommes furent inculpés successivement de « menées anarchistes », puis de « provocation de militaires à la désobéissance », pour être finalement condamnés, pour « infraction » à un arrêté de 1936 sur les menées hitlériennes.

    La vérité aux Français. Affiche/tract de la région des Alpes du PCF.

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    Sur https://henriturrel.jimdofree.com/

    57Joseph Biaugeaud, ancien dirigeant de la Corrèze, fut quant à lui arrêté « après la signature du Pacte germano-soviétique ». Son arrestation fit suite à la diffusion d’un numéro clandestin du Travailleur de la Corrèze. Évoquant la nouvelle de la signature du pacte, il déclara au juge : « Je fus sidéré ». Pour autant, il ne renia pas l’action de son parti et « supporta avec crânerie les avanies d’une foule hostile, tandis qu’on le conduisait au tribunal. Le 4 octobre 1939, il fut condamné à six mois de prison et 6 000 F d’amende161 ». En Meurthe-et-Moselle, René Uni, est, depuis septembre :

    recherché par la Gendarmerie pour ne pas avoir répondu à son appel de mobilisation dans les services auxiliaires de l’armée. De fait, il est caché par les époux Jonvaux, non loin de sa femme qui est enceinte. Il décide de se rendre à la Gendarmerie de Nancy en faisant croire qu’il était à Paris et qu’il ignorait qu’on le recherchait162.

    58Il est alors arrêté dès le 15 septembre163.

    59Le tableau suivant tente de synthétiser les arrestations ayant frappé les membres du corpus entre l’annonce du pacte germano-soviétique et l’interdiction du parti. Il s’agit d’un groupe de douze militants. Dix (en gras) sont secrétaires régionaux en exercice, soit 13,89 % des secrétaires régionaux de l’année 1939 :

    Membres du corpus emprisonnés entre le 26 août et le 26 septembre 1939.

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    Tableau DM.

    60Dans la Basse-Seine, la campagne d’informations sur le pacte que veut lancer Lucien Vallée, qui dirige fin août la région en l’absence du secrétaire Georges Déziré, à travers L’Avenir normand, est empêchée par l’intervention de la police qui saisit le journal communiste local et prohibe toute réunion communiste164. Alain Signor, secrétaire de la région bretonne, est perquisitionné dès le 17 septembre165.

    61L’heure est étrange, l’atmosphère est à la « semi-clandestinité » : « […] il faut commencer à organiser des réunions discrètes, comme Charles Tillon qui organise une réunion nocturne des cadres de la région de Paris-Nord dont il est responsable, et qui décide de ne plus coucher à son domicile166 ». 135 militants sont condamnés dans le seul département de la Seine entre le 26 août et le 7 septembre 1939167. L’appareil clandestin du parti est construit en priorité pour la protection des dirigeants nationaux et des émissaires de l’IC. Et quand bien même il existe un réseau de « planques » et des consignes établies en amont, l’ampleur du choc fait que l’improvisation règne168.

    62Mais la répression n’est pas le seul facteur de désorganisation : la mobilisation bouleverse aussi les militants et les équipes dirigeantes.

    Mobilisation et réorganisation des équipes dirigeantes

    63Le 1er septembre, l’Allemagne envahit la Pologne, la mobilisation générale est déclarée en France. Le lendemain, malgré la répression en cours, les députés communistes votent la confiance au gouvernement et les crédits militaires. Ainsi Thorez, Gitton et même Tréand, responsable de l’appareil clandestin169, donnent l’exemple, et partent aux armées. La mobilisation générale, lancée le 1er septembre, se surajoute à la répression et désorganise le parti. Environ deux tiers des membres partent sous les drapeaux, « même si un bon nombre d’entre eux sont rappelés progressivement comme affectés spéciaux dans les usines170 ». De plus :

    Au-delà de la surveillance dont ils peuvent se sentir l’objet, les communistes aux armées sont en effet isolés en vertu d’une politique de dissémination recherchée par le commandement, mais ils sont aussi largement désorientés par la situation politique et coupés d’un parti clandestin à la peine, qui concentre son action vers les usines et auquel l’armée reste largement imperméable. Ils peuvent et ils souhaitent souvent rester discrets et passer inaperçus171.

    64On sait également que la mobilisation a des effets sur les premières tentatives de mise en place de structures clandestines :

    Au plan organisationnel d’autre part, le système des « planques » et des liaisons repose sur du sable. Prévus pour faire vivre le parti dans la perspective d’un coup d’État fasciste, bien des hommes vont s’avérer indisponibles, tout simplement parce qu’ils vont être mobilisés dans la guerre qui vient172.

    65C’est un exercice délicat que d’essayer de reconstituer les divers changements intervenants au sein des directions régionales. Le manque d’archives ici se fait sentir. Des flous et des imprécisions entourent parfois les circonstances qui président à telle modification de l’organigramme. Des militants apparaissent à ce moment-là dont la jeunesse dans l’organisation ne permet pas de retrouver d’éventuelles bios. On peut cependant se pencher sur quelques situations éclairantes. C’est ainsi Venise Gosnat qui prend la tête de la région Paris-Est. Dans l’urgence et face aux difficultés, c’est un militant de valeur, de confiance, un proche de Maurice Thorez (comme son fils, qui fut entre autres le secrétaire de France Navigation) qui prend la tête d’une des cinq régions parisiennes du parti. Gosnat n’est pas l’exemple le plus éminent des temps d’ouverture, mais il s’agit d’un militant lié à l’appareil du Komintern173, qui est rompu à l’action clandestine ou semi-clandestine, qui connaît les modalités et les usages nécessaires à celle-ci. Dans la Loire, Gabriel Roucaute, mobilisé (probablement au mois d’août), désigne Marius Patinaud comme successeur. Ce dernier est, a contrario de V. Gosnat, un exemple de la « génération Front populaire » du PCF : ouvrier métallurgiste, il rejoint l’organisation en 1936 et fait ses preuves lors de la grève de l’année suivante à la Manufacture d’armes174. Rédacteur en chef du journal communiste local, le Cri du Peuple, secrétaire du syndicat des Métaux de SaintÉtienne, il est de ces militants qui connurent une ascension rapide, sans passer par les écoles du parti175. Jean Flavien confie la région de l’Aube à Maurice Romagon, mais la mobilisation met cette région, comme beaucoup d’autres, en état de « quasidisparition176 ». Nous proposons le tableau récapitulatif suivant, bien qu’une faible marge d’incertitude puisse exister sur la chronologie précise de quelques parcours :

    Secrétaires régionaux en exercice mobilisés en 1939.

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    Tableau DM.

    66Les doutes subsistent pour quatre membres de ce corpus des mobilisés : Ballanger, Barbot, Jacquemard et Lemarquis. Ont-ils été mobilisés avant ou après l’interdiction du parti ? En l’état actuel des sources consultées, nous ne pouvons que proposer des estimations : ce sont donc entre 36.11 % (estimation basse : 26 sur 72) et 41.67 % (estimation haute : 30 sur 72) des secrétaires régionaux en exercice qui se retrouvent en 1939 sous les drapeaux.

    67À la lecture des rares archives ou des témoignages qui nous renseignent sur leur remplacement, l’improvisation semble être de mise : pas de plan pré-établi, pas de consignes claires données. Sans surprise ce sont des militants connus, parfois âgés (ils échappent ainsi à la mobilisation) qui peuvent reprendre à la va-vite les rênes de directions régionales bouleversées par la mobilisation. Ces passations de pouvoir se font a priori sans réel contrôle du centre, hors de la région parisienne. C’est en général un petit noyau solide, constitué autour du secrétariat et du bureau régional, qui tente de maintenir un semblant d’activité dans ces conditions inédites. Il y a lors de ces premières journées de septembre une claire poursuite de la politique antifasciste. Mais à l’échelle du centre, les choses évoluent177. Dimitrov rencontre Staline le 7 et le 9, l’IC envoie par télégramme ses directives à l’ensemble des partis communistes. La guerre est dénoncée comme une « guerre impérialiste », renouant en partie avec le vocabulaire des bolcheviques analysant le premier conflit mondial, mais sans aller cependant vers le « défaitisme révolutionnaire ». Dès lors, la ligne antifasciste doit être mise au rancart. Cela ne veut pourtant pas dire que ce nouveau tournant va être accepté et opérer au même moment et de la même manière. Dans le cas français, la continuité de l’engagement antifasciste, nous le constatons, prime dans les premières semaines. Certes, les difficultés de diffusion de la nouvelle ligne, dans un contexte de répression et d’accès difficile aux informations, sont un facteur d’explication. Mais il y a aussi la réalité d’un attachement à ce qui a fait le succès et le développement de l’organisation depuis cinq ans : une ligne politique combinant patriotisme et internationalisme, Marseillaise et Internationale, dont l’antifascisme est le ciment et le modèle républicain le socle. Un tel tournant à 180 degrés ne peut se réaliser en quelques jours. Il faut plusieurs semaines de réunions, d’envois de télégrammes, de rédaction d’articles, de convocations et de remontrances. Les critiques de l’Internationale communiste abondent d’ailleurs en direction du PCF, fustigé pour ne pas comprendre et appliquer assez vite le cours nouveau… De fait, le véritable tournant n’aura lieu, dans le cas du PCF, qu’en octobre178.

    L’interdiction du Parti communiste français

    68Le décret du 26 septembre 1939, publié au Journal officiel du lendemain, dissout officiellement le PCF et ses organisations satellites, ou supposées telles. Si en moins d’une semaine, le PCF et ses principales structures sont victimes de la dissolution, celle-ci va s’étaler sur plusieurs mois, concernant aussi bien des associations françaises qu’étrangères, de Paix et Liberté jusqu’aux clubs sportifs ouvriers, en passant l’Association des travailleurs grecs de Paris… L’annonce de la dissolution s’accompagne de la perquisition puis de la fermeture des locaux, et enfin de la confiscation des biens. Cette dissolution ne fut donc pas une réponse au changement d’orientation du parti communiste179. Elle est la poursuite de la politique répressive démarrée en août. Plus profondément, elle parachève l’évolution vers la droite des radicaux et satisfait une politique revancharde des droites180. Elle arme également les gouvernements. Dans les années qui suivent, cette législation anticommuniste va en effet servir de base répressive contre d’autres courants politiques.

    69En Ille-et-Vilaine, le jour de la dissolution du parti, des policiers viennent au domicile d’Émile Drouillas lui signifier le décret d’interdiction du parti et perquisitionner. N’ayant rien trouvé de compromettant, celui-ci se rend ensuite comme à son habitude à son travail181. La célérité des forces de l’ordre dépend bien sûr de leurs informations. Relevons tout de même que dans une note de novembre 1939, les services du cabinet du préfet de Corse ne signalent pas Raoul Benigni comme membre actif du parti sur l’île182, alors qu’il en est le dernier secrétaire régional. Mobilisé, Jean Flavien apprend la nouvelle de l’interdiction du parti trois jours plus tard. « Bien sûr, la nouvelle était attendue » écrit-il à sa femme, Marguerite Buffard-Flavien. « Mais c’est comme quand tu reçois l’acte officiel. Un serrement de cœur pour ce que l’on a le plus aimé ma Ploucine183. »

    70De nouvelles arrestations de secrétaires régionaux ont lieu. Marius Patinaud, secrétaire régional de la Loire, est arrêté avec six autres militants communistes au mois d’octobre 1939, ayant tenu une réunion sans autorisation préalable184.

    71Le tableau suivant recense les membres de notre corpus arrêtés peu après l’interdiction du PCF185. Parmi eux, trois secrétaires régionaux en exercice (en gras) :

    Membres du corpus arrêtés peu après l’interdiction du PCF.

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    Tableau DM.

    725,35 % de notre corpus est donc arrêté à l’issue de la mise hors-la-loi du PCF. Ces arrestations concernent plus précisément 5,56 % des secrétaires régionaux en poste en 1939186.

    73Le responsable de la région Charente-Inférieure, André Sautel, passe quant à lui dans la clandestinité : il quitte son domicile, se cache, et travaille sous un faux nom à la Construction Métallique. Il avait auparavant pris la précaution de déménager les documents et le matériel entreposés au siège du parti, rue du Cordouan à La Rochelle, « notamment une des ronéos qu’il “planqua”187 ». Georges Déziré conserve ses responsabilités et passe lui-même dans la clandestinité, mais plus tard, début 1941188.

    74Vingt-cinq parlementaires, soit un tiers au total du groupe communiste, démissionnent progressivement du PCF, de la signature du Pacte à l’interdiction du parti189. Aucun membre de notre corpus ne figure parmi eux. Le décret qui clôt la session pris le 5 octobre 1939 a pour but de suspendre l’immunité des députés communistes. Les arrestations débutent quelques jours plus tard190.

    Situation en octobre 1939 des membres du corpus élus députés.

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    Tableau DM.

    75Fernand Soupé, maire de Montreuil jusqu’à sa déchéance en octobre et ancien dirigeant de la région Paris-Est, ne rompit avec le PCF qu’au début du mois de décembre 1939191. Au total, 17 % des conseillers municipaux de la région parisienne prennent leur distance avec le PCF, dont douze maires sur vingt-sept192.

    76« La diversité des situations rend bien compte de l’atmosphère de l’époque, où improvisation, prise d’initiatives, découragement, sentiment d’isolement, se côtoient193. » Sous les drapeaux ou emprisonné à près de 50 %, le corps des secrétaires régionaux est, en cette fin d’été 1939, à l’image du parti, bouleversé par la répression et l’entrée en guerre. Il semble en revanche que ces cadres soient restés dans leur immense majorité loyaux à leur parti – seulement deux ruptures avérées entre la fin août et la fin septembre 1939 – sans que l’on puisse établir précisément le trouble et les difficultés qu’ils vécurent durant cette période. C’est un parti réprimé, affaibli, désorganisé, privé de ses moyens d’expression et de communication qui tente, autour de quelques militants gravitant autour des directions régionales, de se reconstituer dans les conditions nouvelles de la clandestinité194.

    Notes de bas de page

    1 MOINE André, Regards critiques..., op. cit., p. 36.

    2 MONIER Frédéric, « Le désengagement des démocraties : l’invention française de la non-intervention », in CANAL Jordi et DUCLERT Vincent (dir.), La guerre d’Espagne, un conflit qui a façonné l’Europe, Paris, Armand Colin, 2016, p. 106-116.

    3 CASTAGNEZ Noëlline, « Le pacifisme, facteur dissolvant des forces politiques et sociales », in CANDAR Gilles et MORIN Gilles (dir.), Les deux France du Front populaire, l’Harmattan, 2008, p. 376.

    4 Lire SILL Édouard, « Une colonne internationale pour sauver Madrid. Le rôle prépondérant du PCF dans l’origine, la réalisation et la destination du projet kominternien de Brigades internationales en Espagne (août-décembre 1936) » in DUCOULOMBIER Romain et VIGREUX Jean (dir.), Le PCF, un parti global..., op. cit., p. 47-58.

    5 Parmi une riche bibliographie, les références en ce qui concerne la place du PCF et de la France dans ce dispositif restent SERRANO Carlos, L’enjeu espagnol. PCF et guerre d’Espagne, Paris, Messidor/Éditions sociales, 1987, et SKOUTELSKY Rémi, L’espoir guidait leurs pas. Les volontaires français dans les Brigades internationales (1936-1939), Paris, Grasset, 1998.

    6 À l’exception peut-être des cadres immigrés. Voir SKOUTELSKY, op. cit., p. 117.

    7 SKOUTELSKY, op. cit. p. 135-136.

    8 SILL Édouard, « L’épreuve du feu. Quand les militants sont des combattants : discipline et sanctions partisanes au sein des volontaires communistes français des Brigades internationales (1936-1939) », in ALLAL Amin et BUÉ Nicolas (dir.), (In)disciplines partisanes. Comment les partis politiques tiennent leurs militants, Septentrion, 2016, p. 244.

    9 SKOUTELSKY, op. cit., p. 160.

    10 SERRANO, op. cit., p. 232-236.

    11 SILL Édouard, Du combattant volontaire international au soldat-militant transnational : levolontariat étranger antifasciste durant la guerre d’Espagne (1936-1938), thèse de doctorat en histoire, EPHE, 2019, sous la direction de Gilles Pécout, p. 201.

    12 Voir sa notice Maitron, par René Lemarquis, Jean Maitron, Claude Pennetier.

    13 Voir sa notice Maitron, par Antoine Olivesi.

    14 SILL Édouard, Du combattant volontaire..., op. cit., p. 423 et 366.

    15 MIOCH Philomen, Les tribulations d’un ouvrier agricole, Nîmes, 1984, p. 159.

    16 SKOUTELSKY Rémi, Les volontaires français en Espagne républicaine (1936-1939), thèse de doctorat, Université Paris I, 1996, p. 343.

    17 CHS, « Robert », Marty et les brigades internationales (exposition numérique).

    18 RGASPI 517/1/1819, feuillet 104.

    19 RGASPI 5171//1895, feuillet 41. Au détour d’un rapport, non daté et non signé, sur le Calvados, on peut lire : « Roby est reparti en Espagne ». Pas d’information sur ces séjours espagnols dans sa notice Maitron.

    20 RGASPI 517/1/1890, feuillet 109, Rapport succinct de la situation dans la Région des Alpes-Maritimes, juillet 1938, « Pendant le séjour de POURTALET en Espagne, je suis resté seul à la direction de la Région ».

    21 SCHILL Pierre, 1936. Visages et figures du Front populaire en Moselle, Metz, éditions Serpenoise, 2006, p. 49.

    22 MOINE André, Regards critiques..., op. cit., p. 34.

    23 Ibid, p. 40 et sa notice Maitron, par Jean-Paul Scot.

    24 MOINE André, « Sur les passages d’armes dans les Basses-Pyrénées et les Landes en 1936 », Cahiers d’histoire de l’Institut de recherches marxistes, n° 24, 1986, p. 125. 8. MOINE André, Regards critiques..., op. cit., p. 41.

    25 SKOUTELSKY, L’espoir guidait leurs pas..., op. cit. p. 121.

    26 OLIVESI Dominique, Virgile Barel..., op. cit., p. 183 et BAREL Virgile, Cinquante..., op. cit., p. 131.

    27 Notice Maitron, par Jacques Girault.

    28 Notice Maitron, par Didier Bigorgne et Claude Pennetier.

    29 Nous ne prenons pas en compte Auguste Lecœur ici.

    30 Uniquement les secrétaires régionaux en exercice avant ou pendant leur séjour en Espagne.

    31 Le terme néanmoins usité dans les colonnes de la presse communiste régionale reste celui de « milicien » de la « colonne internationale ».

    32 SILL Édouard, « Le “Grand recrutement” : la grande levée de volontaires de l’automne 1936 », dans Marty et les brigades internationales (exposition numérique).

    33 SKOUTELSKY, op. cit., p. 113. Nous n’évoquons ici que le recrutement via le PCF.

    34 SKOUTELSKY Rémi, Les volontaires français..., op. cit., p. 343.

    35 Notice Maitron, par Jean-Paul Scot.

    36 RGASPI 517/1/1864, feuillet 181, Rapport sur la commission politique de la conférence régionale du 28 février 1937 (Belfort-Haute-Saône).

    37 Sur la participation de mineurs à la guerre d’Espagne, voir SILL Édouard. « La croisade des gosses. Fugues, disparitions et enrôlements volontaires de mineurs français en Espagne durant la guerre civile », Vingtième Siècle. Revue d’histoire, vol. 110, n° 2, 2011, p. 19-32.

    38 Bien que, ne l’oublions pas, la majorité est alors à vingt et un ans.

    39 OLIVESI Dominique, Virgile Barel..., op. cit., p. 152. Barel étant à cette époque secrétaire adjoint, mais de loin la figure la plus connue du communisme niçois.

    40 Notice Maitron, par Marie-Louise Goergen et Claude Pennetier.

    41 SKOUTELSKY, L’espoir..., op. cit., p. 114.

    42 Notice Maitron, par Michel Dreyfus et Claude Pennetier.

    43 Cadé Michel, Le Parti des campagnes…, op. cit., p. 219-236 ; « Les communistes des Pyrénées-Orientales et l’Espagne 1936-1939 », Cahiers d’histoire de l’Institut de recherches marxistes, n° 29, 1987, p. 9-23 ; Sentis Georges, Du Comité d’aide à l’Espagne républicaine au Comité de Front populaire franco-espagnol (1936-1939), ANACR, 2019.

    44 La région elle-même devient « région catalane » à partir de 1938.

    45 SKOUTELSKY, op. cit., p. 121.

    46 RGASPI 517/1/1819, feuillet 101, Rapport sur l’activité de la Région communiste des PyrénéesOrientales en faveur de l’Espagne républicaine, 30 août – 16 septembre 1936.

    47 SKOUTELSKY, op. cit., p. 115.

    48 MIOCH Philomen, Les tribulations..., op. cit., p. 146.

    49 SALMON Pierre, « Des armes pour l’Espagne », Marty et les brigades internationales (exposition numérique) et RAPIN Ami-Jacques, « Les réseaux clandestins de fourniture en armes de la République espagnole » dans PREZIOSO Stéfanie, BATOU Jean et RAPIN Ami-Jacques (dir.), Tant pis si la lutte est cruelle. Volontaires internationaux contre Franco, Paris, Syllepse, 2008, p. 101-126.

    50 MOINE André, « Sur les passages d’armes... », op. cit., p. 120-127.

    51 JÉRÔME Jean, La part des hommes. Souvenirs d’un témoin, Éditions Acropole, 1983, p. 100.

    52 Ibid., p. 181.

    53 KERRY Matthew, Unite, Proletarian Brothers! Radicalism and Revolution in the Spanish Second Republic, University of London Press, 2020.

    54 RGASPI 517/1/1666, feuillet 20.

    55 MOINE André, « Sur les passages d’armes... », op. cit., p. 122.

    56 ÉGRETAUD Marcel, « Partout, dans le Tarn, des commissions de solidarité », Le Tarn, 13 mars 1937, p. 1 et 2.

    57 SILL Édouard, Du combattant volontaire..., op. cit., p. 400.

    58 DREYFUS-ARMAND Geneviève, « L’accueil des enfants espagnols en France pendant la guerre d’Espagne et après la victoire franquiste », Documents pour l’histoire du français langue étrangère ou seconde, n° 46, 2011, p. 105-122 et KEREN Célia, L’évacuation et l’accueil des enfants espagnols en France : cartographie d’une mobilisation transnationale (1936-1940), thèse de doctorat, EHESS, 2014.

    59 Juan Negrín, chef du gouvernement républicain, annonce le 21 septembre 1938 à la tribune de la Société des nations le départ immédiat de tous les combattants non espagnols présents dans les rangs gouvernementaux.

    60 KEREN Célia, « Sur les routes. Exilés et réfugiés de la guerre d’Espagne », in CANAL Jordi et DUCLERT Vincent (dir.), La guerre d’Espagne..., op. cit., p. 133-149.

    61 Notice Maitron, par Antoine Olivesi.

    62 Décision du secrétariat du 31 octobre 1938, citée dans SKOUTELSKY Rémi, Les volontaires français..., op. cit., p. 476.

    63 SKOUTELSKY, L’espoir..., op. cit., p. 665.

    64 RGASPI 517/1/1908, feuillet 106, Rapport de délégation à Chambéry et à Thonon-les-Bains, 3 et 4 juin 1939.

    65 RGASPI 495/18/1293, feuillet 83, Procès-verbal n° 488 de la réunion du Secrétariat du CEIC, 15 septembre 1939.

    66 RGASPI 517-1-1908, feuillet 46. « Rapport sur la réunion du comité régional de la Charente le18 juin 1939 », par le délégué du parti Arachard.

    67 Voir notamment RGASPI 517/1/1902, feuillet 40, Matériaux du représentant du PCF auprès du CEIC Heroldi [lire Airoldi] et AN, Fonds Thorez-Vermeersch, 626AP/223.

    68 ROQUIER-DROUILLAS Jeanne et THOUANEL-DROUILLAS Renée, Émile Drouillas dit Laporte, militant ouvrier, 1978, p. 143.

    69 Le Calvados, juillet 1938, cité dans LANGEOIS Christian, Marguerite..., op. cit., p. 62.

    70 Archives départementales de l’Isère, PER1095/1.

    71 SKOUTELSKY, op. cit., p. 289.

    72 Citons cependant SKOUTELSKY Rémi, « L’Espagne après l’Espagne : la mémoire des Brigades internationales », Matériaux pour l’histoire de notre temps, n° 70, 2003, p. 27-33 ; FERNANDEZ Paloma, Le retour et l’action des anciens volontaires français des Brigades internationales en région parisienne de 1937 à 1945, mémoire de maîtrise, Université Paris I, 1984. Voir également la partie « Le retour des Brigades », Marty et les brigades internationales (exposition numérique).

    73 SILL Édouard, « L’épreuve du feu... », op. cit., p. 253.

    74 SKOUTELSKY, op. cit., p. 285.

    75 LECŒUR Auguste, Le Partisan, Flammarion, 1963, p. 60-101.

    76 Notice Maitron.

    77 « Tout pour nos blessés de l’armée populaire d’Espagne ! », l’Humanité, 12 août 1938, p. 2.

    78 « Cent vingt volontaires de la liberté sont arrivés hier matin à Paris », l’Humanité, 1er janvier 1939, p. 4.

    79 Les documents cités ici ont été transmis par Édouard Sill. Voir également sa thèse, op. cit., p. 665.

    80 RGASPI 545/6/1260, feuillets 26 à 49, Note sur le camarade Maurice Lampe, par Marty, 22 décembre 1938.

    81 RGASPI 545/6/1260, feuillet 47.

    82 Sur l’« affaire Mioch », voir notamment RGASPI 517/1/1890 feuillets 204, 221, 229 et 232, sa notice Maitron rédigée par Jean Sagnes. Édouard Sill nous a transmis le dossier concernant Mioch dans les archives des Brigades : 545/6/1321, feuillets 12 à 21. Sur son limogeage, voir chap. 6.

    83 RGASPI 545/6/1321, feuillet 12, Lettre de Philomen Mioch à André Marty, Béziers, 5 mai 1938.

    84 WOLIKOW Serge, « Le PCF au temps du Front populaire. Organisation et activités », Cahiers d’histoire de l’Institut de recherches marxistes, n° 36, 1989, p. 14.

    85 D’autant que la direction nationale du PCF, et Thorez au premier chef, estime que le mouvement de solidarité avec l’Espagne, pour massif qu’il soit, ne mobilise qu’une fraction du mouvement ouvrier ; SERRANO, op. cit., p. 34.

    86 RGASPI 517/1/1860, feuillet 192, Conférence des secrétaires régionaux. Gentilly, le 27 avril 1937.

    87 RGASPI 517/1/1861, feuillet 14, Conférence des Secrétaires régionaux, octobre 1937.

    88 VIGREUX Jean, Le Front populaire, Paris, PUF, 2011, p. 85.

    89 RGASPI 517/1/1863, feuillet 43, Délégation à Clermont-Ferrand, les 31 juillet et 1er août [1937].

    90 RGASPI 517/1/1890, feuillets 1 à 3, Rapport sur le comité régional de l’Aisne, 26 et 27 février 1938. Les citations qui suivent en sont extraites.

    91 Georges Pelat dirige la région depuis 1934.

    92 RGASPI /517/1/1879, feuillet 2, Discours d’ouverture de Marcel Cachin au comité central des 27 et 28 mai 1938.

    93 VIGREUX Jean, Le Front populaire, op. cit., p. 96.

    94 L’Humanité publie entre le 15 et le 21 mai une série d’articles de Thorez sous l’intitulé « Pour aller de l’avant ».

    95 THOREZ Maurice, « Raisons d’inquiétude », l’Humanité, 15 mai 138, p. 1.

    96 RGASPI /517/1/1879, feuillet 9, Comité central des 27 et 28 mai 1938, sténographie des séances. Les citations suivantes en sont extraites, numéros de feuillet indiqués entre parenthèses.

    97 AN, Fonds Thorez-Vermeersch, 626AP/3, notes manuscrites de Thorez sur la réunion du CC des 27 et 28 mai 1938.

    98 Voir chapitre 4.

    99 VIGREUX Jean, Histoire du Front populaire..., op. cit., p. 197.

    100 THOREZ Maurice, « Raisons d’inquiétude », op. cit.

    101 RGASPI 495/270/251, dossier biographique de Marcel Rosenblatt, note de « Jean » (Maurice Thorez) du 12 mars 1943.

    102 BECKER Jean-Jacques et BERSTEIN Serge, Histoire de l’anticommunisme..., op. cit., p. 316.

    103 Discours prononcé à Guingamp, le 22 octobre 1938. Cité dans PRIGENT Alain, Histoire des communistes des Côtes-du-Nord..., op. cit., p. 128.

    104 BECKER Jean-Jacques et BERSTEIN Serge, Histoire de l’anticommunisme..., op. cit., p. 249.

    105 Ibid., p. 250.

    106 AD CDA 2W126, lettre de Francis (Pierre) Marzin à Yves André, 10 mars 1938. Cité dans PRIGENT Alain, Histoire..., op. cit., p. 125.

    107 RGASPI /517/1/1879, feuillet 171, Comité central des 27 et 28 mai 1938, sténographie des séances.

    108 VIGREUX Jean Histoire du Front populaire..., op. cit., p. 200.

    109 Ibid., p. 201.

    110 PROST Antoine, Autour du Front populaire..., op. cit., p. 105-126.

    111 KERGOAT Jacques, La France du Front populaire, op. cit., p. 290.

    112 VIGNA Xavier, Histoire des ouvriers..., op. cit., p. 142.

    113 POGGIOLI Morgan, La CGT..., op. cit., p. 206.

    114 RGASPI 517/1/1903, feuillet 62, Note sur l’élection législative partielle de la circonscription de la Tourdu-Pin, Julien Airoldi, 22 août 1939.

    115 AN, Fonds de Moscou, 20010216/13, Dossier 233, feuillet 5. Cabinet du Préfet « Situation des partis extrémistes au 30 janvier 1939 ».

    116 ROQUIER-DROUILLAS Jeanne et THOUANEL-DROUILLAS Renée, Émile Drouillas..., op. cit., p. 159.

    117 Notice Maitron, par Claude Pennetier.

    118 AN, Fonds de Moscou, 20010216/20, dossier 439, Directive du secrétariat régional du Nord aux secrétaires de sections, Lille, 23 décembre 1938.

    119 RGASPI 517/1/1890, feuillet 296, Rapport sur la conférence régionale de l’Aveyron le 11 décembre 1938.

    120 RGASPI 517/1/1892, feuillet 165, Rapport sur la conférence du Gard-Lozère des 10 et 11 décembre 1938.

    121 BECKER Jean-Jacques et BERSTEIN Serge, Histoire de l’anticommunisme..., op. cit., p. 329.

    122 CADRAS Félix, « Le renforcement du Parti », Cahiers du bolchevisme, juin 1939, p. 792.

    123 Selon les estimations du secrétaire à l’organisation Marcel Gitton, RGASPI 517/1/1903, feuillet 88.

    124 RIOUX Jean-Pierre, PROST Antoine, AZÉMA Jean-Pierre (dir.), Le Parti communiste français des années sombres..., op. cit., p. 12.

    125 CHAZE Henri, Un communiste ardéchois dans le siècle, Les Allobroges, 1994, p. 62.

    126 FOLLEREAU Pierre, « Vive la paix », La Champagne ouvrière et paysanne, 26 août 1939, p. 1.

    127 MIOCH Philomen, Les tribulations..., op. cit., p. 174.

    128 Rapport de police du 29 août 1939, cité dans sa notice Maitron, par Antoine Olivesi.

    129 MOINE André, Regards critiques..., op. cit., p. 42.

    130 Ibid., p. 45.

    131 AN, Fonds Thorez-Vermeersch, 626AP/3, Dossier « 1939 ». Lettre de Marius Jacquemard, Montbéliard, le 28 août 1939.

    132 ROQUIER-DROUILLAS Jeanne et THOUANEL-DROUILLAS Renée, Émile Drouillas..., op. cit., p 165-166.

    133 AN, Fonds Thorez-Vermeersch, 626AP/3, Dossier « 1939 ». Informations du 29 août 1939 données par Léon Mauvais.

    134 Propos de Jules Fourrier recueillis par G. Bourgeois, cités dans la notice Maitron de G. Auguet, par Claude Pennetier.

    135 AN, Fonds Thorez-Vermeersch, 626AP/3, Dossier « 1939 ». Lettre au préfet du Nord et au Procureur de la République.

    136 Ibid., Courrier de Roland Boudet au secrétariat du parti, Athis-de-l’Orne, 28 août 1939. Selon les sources policières, le journal Normandie populaire serait interdit depuis le 27 août 1939 ; pour la liste chronologique des journaux communistes interdits, se reporter à AN, Fonds de Moscou, 19960325/4, Rapports sur le Parti communiste (1939-1940).

    137 AN, Fonds de Moscou, 20010216/0229, Ardennes, note du préfet au ministre de l’Intérieur, 20 septembre 1939. Cité dans GRENARD Fabrice, La drôle de guerre : l’entrée en guerre des Français : septembre 1939mai 1940, Paris, Belin, 2015, p. 228.

    138 Témoignage cité dans la Notice Maitron d’Émile Labrunie, par Jacques Girault, Jean Maitron et Claude Pennetier.

    139 MAITRON Jean, « Les déchirements des militants », in AZEMA Jean-Pierre, PROST Antoine, RIOUX, Jean-Pierre (dir.), Le Parti..., op. cit., p. 205-211.

    140 MARTELLI Roger, « Le PCF en 1939-1940 », Cahiers d’histoire de l’Institut de recherches marxistes, n° 5253, 1993, p. 14.

    141 KERBAUL Eugène, « Une section communiste de province… », op. cit., p. 90.

    142 GRENARD Fabrice, La drôle de guerre..., op. cit., p. 229.

    143 BOUDET Roland, Né en 13..., op. cit., p. 92

    144 Ibid., p. 93.

    145 RGASPI 517/1/1862, feuillets 10 à 14, Liste des régions et des secrétaires régionaux. Voir également sa notice Maitron rédigée par Jacques Girault.

    146 BOUDET, op. cit., p. 93.

    147 AN, Fonds Thorez-Vermeersch, 626AP/3, Dossier « 1939 », op. cit.

    148 Notice Maitron, par Claude Pennetier.

    149 LECLERCQ Catherine, « “Raisons de sortir”. Les militants du Parti communiste français », op. cit., p. 142.

    150 Notice Maitron de Georges Varaud, par Maurice Moissonnier.

    151 Le Monde, n° 5, p. 4. RGASPI 517/1/1901, feuillet 22.

    152 Notice Maitron, par Jean Maitron et Claude Pennetier et GILLOT Auguste, Un forgeron..., op. cit., p. 177.

    153 MAGRINELLI Jean-Claude et Yves, Antifascisme et parti communiste en Meurthe-et-Moselle, Jarville, 1985, p. 134. Voir également la notice Maitron de René Uni, par Marie-Louise Goergen, Claude Pennetier.

    154 Notice Maitron, par Guillaume Bourgeois.

    155 Notice Maitron, par Jacques Girault et Éric Panthou.

    156 AN, Fonds de Moscou, dossier 448, Puy-de-Dôme, Le commissaire de police de Thiers à M. le souspréfet, 8 octobre 1939.

    157 AN, Fonds de Moscou, 20010216/24, 508, feuillet 50, « Vive l’URSS qui nous aide. Vive la paix qui sera sauvée grâce à l’URSS », tamponné du 27 août 1939.

    158 AN, Fonds de Moscou, 20010216/20, 444, Le préfet de l’Aube à M. le Ministre de l’Intérieur, Troyes, le 29 août 1939.

    159 Notice Maitron de Cyprien Quinet, par Yves Le Maner. Voir également POULHÈS Louis, L’anticommuniste d’État à la fin de la IIIe République et aux débuts de l’occupation allemande, 1938-1943, thèse de doctorat, Université de Bourgogne-Franche-Comté, 2018, p. 50.

    160 Notice Maitron d’Henri Turrel, par Pierre Broué.

    161 Notice Maitron, par Justinien Raymond.

    162 MAGRINELLI Jean-Claude et Yves, Antifascisme et parti communiste en Meurthe-et-Moselle, Jarville, 1985, p. 135.

    163 Notice Maitron, par Marie-Louise Goergen et Claude Pennetier. J.-C. et Y. Magrinelli estiment pour leur part qu’Uni fut arrêté le 30 décembre 1939 ; op. cit., p. 135.

    164 AUBIN Nicolas, « Centre et périphérie. Les communistes en Seine-Inférieure pendant la drôle de guerre », Communisme, n° 53-54, 1998, p. 95.

    165 Notice Maitron, par Christian Bougeard, Jacques Girault.

    166 ROBRIEUX Philippe, Histoire intérieure..., op. cit., p. 498.

    167 PHOULÈS Louis « 26 septembre 1939 : la dissolution des organisations communistes », in VIGREUX Jean et DUCOULOMBIER Romain (dir.), « Histoire documentaire du communisme », Territoires contemporains - nouvelle série.

    168 BOULOUQUE Sylvain, L’affaire..., op. cit., p. 181.

    169 Même s’il est rapidement réformé, le 25 septembre, pour cause de diabète.

    170 POULHÈS Louis, L’anticommuniste d’État…, op. cit., p. 61.

    171 Ibid., p. 188.

    172 ROBRIEUX, Histoire intérieure..., op. cit., p. 494.

    173 Si l’on en croit ROBRIEUX Philippe, op. cit., p. 451.

    174 Notice Maitron, par Jean Lorcin et Gérard Raffaëlli et son autobiographie de 1938 : RGASPI 495/270/67.

    175 Son passage par l’école centrale ne date que de décembre 1944.

    176 LANGEOIS Christian, Marguerite..., op. cit., p. 114.

    177 Lire notamment WOLIKOW Serge, L’Internationale communiste..., op. cit., p. 112-118.

    178 Voir par exemple RGASPI 517/1/1903, feuillet 155, Position du PCF. Tâches. (Décision du praesidium du 19 octobre 1939), ou encore RGASPI 517/1/1918, feuillet 24, Rapport sur la JC, début 1940. Lire BOURDERON Roger, Le PCF à l’épreuve de la guerre. 1940-1943. De la guerre impérialiste à la lutte armée, Paris, Syllepse, 2012.

    179 WOLIKOW Serge, L’Internationale..., op. cit., p. 118.

    180 POULHÈS Louis, L’anticommuniste d’État…, op. cit.

    181 ROQUIER-DROUILLAS Jeanne et THOUANEL-DROUILLAS Renée, Émile Drouillas..., op. cit., p. 168-169.

    182 AN, Fonds de Moscou, 20010216/13, Dossier 238, feuillet 2, Le préfet de la Corse à monsieur le Ministre de l’Intérieur, Ajaccio, 17 novembre 1939.

    183 LANGEOIS Christian, Marguerite..., op. cit., p. 115. « Ploucine » est le surnom de Marguerite.

    184 Notice Maitron, par Jean Lorcin et Gérard Raffaëlli.

    185 Nous avons limité ce tableau aux militants arrêtés en 1939.

    186 Du moins en prenant comme base le nombre de régions (72). Il est cependant possible que des régions soit dépourvues de secrétaire régional entre la première vague répressive, la mobilisation et la seconde période d’arrestations qui suit l’interdiction du parti.

    187 Notice Maitron, par Claude Pennetier.

    188 Notice Maitron, par Claude Pennetier.

    189 PUDAL Bernard, « Le député communiste : 1920-1940. Éléments pour une analyse des logiques de fidélisation au sein du PCF », Histoire & Mesure, n° 2, 1986, p. 63.

    190 Ce sont quarante-quatre députés qui furent déchus de leur mandat le 21 janvier 1940, puis condamnés, en mars 1940, pour reconstitution de ligue dissoute, à cinq ans de prison. Neuf députés communistes ne furent pas arrêtés.

    191 Notice Maitron, par René Lemarquis et Claude Pennetier.

    192 PENNETIER Claude et PESCHANSKY Denis, « Partir, se taire, rester : les choix des élus de la Seine », in AZÉMA Jean-Pierre, PROST Antoine et RIOUX Jean-Pierre (dir.), Le Parti communiste..., op. cit., p. 212-226.

    193 POULHÈS, op. cit., p. 111.

    194 BOURDERON Roger, Le PCF à l’épreuve..., op. cit.

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    1 MOINE André, Regards critiques..., op. cit., p. 36.

    2 MONIER Frédéric, « Le désengagement des démocraties : l’invention française de la non-intervention », in CANAL Jordi et DUCLERT Vincent (dir.), La guerre d’Espagne, un conflit qui a façonné l’Europe, Paris, Armand Colin, 2016, p. 106-116.

    3 CASTAGNEZ Noëlline, « Le pacifisme, facteur dissolvant des forces politiques et sociales », in CANDAR Gilles et MORIN Gilles (dir.), Les deux France du Front populaire, l’Harmattan, 2008, p. 376.

    4 Lire SILL Édouard, « Une colonne internationale pour sauver Madrid. Le rôle prépondérant du PCF dans l’origine, la réalisation et la destination du projet kominternien de Brigades internationales en Espagne (août-décembre 1936) » in DUCOULOMBIER Romain et VIGREUX Jean (dir.), Le PCF, un parti global..., op. cit., p. 47-58.

    5 Parmi une riche bibliographie, les références en ce qui concerne la place du PCF et de la France dans ce dispositif restent SERRANO Carlos, L’enjeu espagnol. PCF et guerre d’Espagne, Paris, Messidor/Éditions sociales, 1987, et SKOUTELSKY Rémi, L’espoir guidait leurs pas. Les volontaires français dans les Brigades internationales (1936-1939), Paris, Grasset, 1998.

    6 À l’exception peut-être des cadres immigrés. Voir SKOUTELSKY, op. cit., p. 117.

    7 SKOUTELSKY, op. cit. p. 135-136.

    8 SILL Édouard, « L’épreuve du feu. Quand les militants sont des combattants : discipline et sanctions partisanes au sein des volontaires communistes français des Brigades internationales (1936-1939) », in ALLAL Amin et BUÉ Nicolas (dir.), (In)disciplines partisanes. Comment les partis politiques tiennent leurs militants, Septentrion, 2016, p. 244.

    9 SKOUTELSKY, op. cit., p. 160.

    10 SERRANO, op. cit., p. 232-236.

    11 SILL Édouard, Du combattant volontaire international au soldat-militant transnational : levolontariat étranger antifasciste durant la guerre d’Espagne (1936-1938), thèse de doctorat en histoire, EPHE, 2019, sous la direction de Gilles Pécout, p. 201.

    12 Voir sa notice Maitron, par René Lemarquis, Jean Maitron, Claude Pennetier.

    13 Voir sa notice Maitron, par Antoine Olivesi.

    14 SILL Édouard, Du combattant volontaire..., op. cit., p. 423 et 366.

    15 MIOCH Philomen, Les tribulations d’un ouvrier agricole, Nîmes, 1984, p. 159.

    16 SKOUTELSKY Rémi, Les volontaires français en Espagne républicaine (1936-1939), thèse de doctorat, Université Paris I, 1996, p. 343.

    17 CHS, « Robert », Marty et les brigades internationales (exposition numérique).

    18 RGASPI 517/1/1819, feuillet 104.

    19 RGASPI 5171//1895, feuillet 41. Au détour d’un rapport, non daté et non signé, sur le Calvados, on peut lire : « Roby est reparti en Espagne ». Pas d’information sur ces séjours espagnols dans sa notice Maitron.

    20 RGASPI 517/1/1890, feuillet 109, Rapport succinct de la situation dans la Région des Alpes-Maritimes, juillet 1938, « Pendant le séjour de POURTALET en Espagne, je suis resté seul à la direction de la Région ».

    21 SCHILL Pierre, 1936. Visages et figures du Front populaire en Moselle, Metz, éditions Serpenoise, 2006, p. 49.

    22 MOINE André, Regards critiques..., op. cit., p. 34.

    23 Ibid, p. 40 et sa notice Maitron, par Jean-Paul Scot.

    24 MOINE André, « Sur les passages d’armes dans les Basses-Pyrénées et les Landes en 1936 », Cahiers d’histoire de l’Institut de recherches marxistes, n° 24, 1986, p. 125. 8. MOINE André, Regards critiques..., op. cit., p. 41.

    25 SKOUTELSKY, L’espoir guidait leurs pas..., op. cit. p. 121.

    26 OLIVESI Dominique, Virgile Barel..., op. cit., p. 183 et BAREL Virgile, Cinquante..., op. cit., p. 131.

    27 Notice Maitron, par Jacques Girault.

    28 Notice Maitron, par Didier Bigorgne et Claude Pennetier.

    29 Nous ne prenons pas en compte Auguste Lecœur ici.

    30 Uniquement les secrétaires régionaux en exercice avant ou pendant leur séjour en Espagne.

    31 Le terme néanmoins usité dans les colonnes de la presse communiste régionale reste celui de « milicien » de la « colonne internationale ».

    32 SILL Édouard, « Le “Grand recrutement” : la grande levée de volontaires de l’automne 1936 », dans Marty et les brigades internationales (exposition numérique).

    33 SKOUTELSKY, op. cit., p. 113. Nous n’évoquons ici que le recrutement via le PCF.

    34 SKOUTELSKY Rémi, Les volontaires français..., op. cit., p. 343.

    35 Notice Maitron, par Jean-Paul Scot.

    36 RGASPI 517/1/1864, feuillet 181, Rapport sur la commission politique de la conférence régionale du 28 février 1937 (Belfort-Haute-Saône).

    37 Sur la participation de mineurs à la guerre d’Espagne, voir SILL Édouard. « La croisade des gosses. Fugues, disparitions et enrôlements volontaires de mineurs français en Espagne durant la guerre civile », Vingtième Siècle. Revue d’histoire, vol. 110, n° 2, 2011, p. 19-32.

    38 Bien que, ne l’oublions pas, la majorité est alors à vingt et un ans.

    39 OLIVESI Dominique, Virgile Barel..., op. cit., p. 152. Barel étant à cette époque secrétaire adjoint, mais de loin la figure la plus connue du communisme niçois.

    40 Notice Maitron, par Marie-Louise Goergen et Claude Pennetier.

    41 SKOUTELSKY, L’espoir..., op. cit., p. 114.

    42 Notice Maitron, par Michel Dreyfus et Claude Pennetier.

    43 Cadé Michel, Le Parti des campagnes…, op. cit., p. 219-236 ; « Les communistes des Pyrénées-Orientales et l’Espagne 1936-1939 », Cahiers d’histoire de l’Institut de recherches marxistes, n° 29, 1987, p. 9-23 ; Sentis Georges, Du Comité d’aide à l’Espagne républicaine au Comité de Front populaire franco-espagnol (1936-1939), ANACR, 2019.

    44 La région elle-même devient « région catalane » à partir de 1938.

    45 SKOUTELSKY, op. cit., p. 121.

    46 RGASPI 517/1/1819, feuillet 101, Rapport sur l’activité de la Région communiste des PyrénéesOrientales en faveur de l’Espagne républicaine, 30 août – 16 septembre 1936.

    47 SKOUTELSKY, op. cit., p. 115.

    48 MIOCH Philomen, Les tribulations..., op. cit., p. 146.

    49 SALMON Pierre, « Des armes pour l’Espagne », Marty et les brigades internationales (exposition numérique) et RAPIN Ami-Jacques, « Les réseaux clandestins de fourniture en armes de la République espagnole » dans PREZIOSO Stéfanie, BATOU Jean et RAPIN Ami-Jacques (dir.), Tant pis si la lutte est cruelle. Volontaires internationaux contre Franco, Paris, Syllepse, 2008, p. 101-126.

    50 MOINE André, « Sur les passages d’armes... », op. cit., p. 120-127.

    51 JÉRÔME Jean, La part des hommes. Souvenirs d’un témoin, Éditions Acropole, 1983, p. 100.

    52 Ibid., p. 181.

    53 KERRY Matthew, Unite, Proletarian Brothers! Radicalism and Revolution in the Spanish Second Republic, University of London Press, 2020.

    54 RGASPI 517/1/1666, feuillet 20.

    55 MOINE André, « Sur les passages d’armes... », op. cit., p. 122.

    56 ÉGRETAUD Marcel, « Partout, dans le Tarn, des commissions de solidarité », Le Tarn, 13 mars 1937, p. 1 et 2.

    57 SILL Édouard, Du combattant volontaire..., op. cit., p. 400.

    58 DREYFUS-ARMAND Geneviève, « L’accueil des enfants espagnols en France pendant la guerre d’Espagne et après la victoire franquiste », Documents pour l’histoire du français langue étrangère ou seconde, n° 46, 2011, p. 105-122 et KEREN Célia, L’évacuation et l’accueil des enfants espagnols en France : cartographie d’une mobilisation transnationale (1936-1940), thèse de doctorat, EHESS, 2014.

    59 Juan Negrín, chef du gouvernement républicain, annonce le 21 septembre 1938 à la tribune de la Société des nations le départ immédiat de tous les combattants non espagnols présents dans les rangs gouvernementaux.

    60 KEREN Célia, « Sur les routes. Exilés et réfugiés de la guerre d’Espagne », in CANAL Jordi et DUCLERT Vincent (dir.), La guerre d’Espagne..., op. cit., p. 133-149.

    61 Notice Maitron, par Antoine Olivesi.

    62 Décision du secrétariat du 31 octobre 1938, citée dans SKOUTELSKY Rémi, Les volontaires français..., op. cit., p. 476.

    63 SKOUTELSKY, L’espoir..., op. cit., p. 665.

    64 RGASPI 517/1/1908, feuillet 106, Rapport de délégation à Chambéry et à Thonon-les-Bains, 3 et 4 juin 1939.

    65 RGASPI 495/18/1293, feuillet 83, Procès-verbal n° 488 de la réunion du Secrétariat du CEIC, 15 septembre 1939.

    66 RGASPI 517-1-1908, feuillet 46. « Rapport sur la réunion du comité régional de la Charente le18 juin 1939 », par le délégué du parti Arachard.

    67 Voir notamment RGASPI 517/1/1902, feuillet 40, Matériaux du représentant du PCF auprès du CEIC Heroldi [lire Airoldi] et AN, Fonds Thorez-Vermeersch, 626AP/223.

    68 ROQUIER-DROUILLAS Jeanne et THOUANEL-DROUILLAS Renée, Émile Drouillas dit Laporte, militant ouvrier, 1978, p. 143.

    69 Le Calvados, juillet 1938, cité dans LANGEOIS Christian, Marguerite..., op. cit., p. 62.

    70 Archives départementales de l’Isère, PER1095/1.

    71 SKOUTELSKY, op. cit., p. 289.

    72 Citons cependant SKOUTELSKY Rémi, « L’Espagne après l’Espagne : la mémoire des Brigades internationales », Matériaux pour l’histoire de notre temps, n° 70, 2003, p. 27-33 ; FERNANDEZ Paloma, Le retour et l’action des anciens volontaires français des Brigades internationales en région parisienne de 1937 à 1945, mémoire de maîtrise, Université Paris I, 1984. Voir également la partie « Le retour des Brigades », Marty et les brigades internationales (exposition numérique).

    73 SILL Édouard, « L’épreuve du feu... », op. cit., p. 253.

    74 SKOUTELSKY, op. cit., p. 285.

    75 LECŒUR Auguste, Le Partisan, Flammarion, 1963, p. 60-101.

    76 Notice Maitron.

    77 « Tout pour nos blessés de l’armée populaire d’Espagne ! », l’Humanité, 12 août 1938, p. 2.

    78 « Cent vingt volontaires de la liberté sont arrivés hier matin à Paris », l’Humanité, 1er janvier 1939, p. 4.

    79 Les documents cités ici ont été transmis par Édouard Sill. Voir également sa thèse, op. cit., p. 665.

    80 RGASPI 545/6/1260, feuillets 26 à 49, Note sur le camarade Maurice Lampe, par Marty, 22 décembre 1938.

    81 RGASPI 545/6/1260, feuillet 47.

    82 Sur l’« affaire Mioch », voir notamment RGASPI 517/1/1890 feuillets 204, 221, 229 et 232, sa notice Maitron rédigée par Jean Sagnes. Édouard Sill nous a transmis le dossier concernant Mioch dans les archives des Brigades : 545/6/1321, feuillets 12 à 21. Sur son limogeage, voir chap. 6.

    83 RGASPI 545/6/1321, feuillet 12, Lettre de Philomen Mioch à André Marty, Béziers, 5 mai 1938.

    84 WOLIKOW Serge, « Le PCF au temps du Front populaire. Organisation et activités », Cahiers d’histoire de l’Institut de recherches marxistes, n° 36, 1989, p. 14.

    85 D’autant que la direction nationale du PCF, et Thorez au premier chef, estime que le mouvement de solidarité avec l’Espagne, pour massif qu’il soit, ne mobilise qu’une fraction du mouvement ouvrier ; SERRANO, op. cit., p. 34.

    86 RGASPI 517/1/1860, feuillet 192, Conférence des secrétaires régionaux. Gentilly, le 27 avril 1937.

    87 RGASPI 517/1/1861, feuillet 14, Conférence des Secrétaires régionaux, octobre 1937.

    88 VIGREUX Jean, Le Front populaire, Paris, PUF, 2011, p. 85.

    89 RGASPI 517/1/1863, feuillet 43, Délégation à Clermont-Ferrand, les 31 juillet et 1er août [1937].

    90 RGASPI 517/1/1890, feuillets 1 à 3, Rapport sur le comité régional de l’Aisne, 26 et 27 février 1938. Les citations qui suivent en sont extraites.

    91 Georges Pelat dirige la région depuis 1934.

    92 RGASPI /517/1/1879, feuillet 2, Discours d’ouverture de Marcel Cachin au comité central des 27 et 28 mai 1938.

    93 VIGREUX Jean, Le Front populaire, op. cit., p. 96.

    94 L’Humanité publie entre le 15 et le 21 mai une série d’articles de Thorez sous l’intitulé « Pour aller de l’avant ».

    95 THOREZ Maurice, « Raisons d’inquiétude », l’Humanité, 15 mai 138, p. 1.

    96 RGASPI /517/1/1879, feuillet 9, Comité central des 27 et 28 mai 1938, sténographie des séances. Les citations suivantes en sont extraites, numéros de feuillet indiqués entre parenthèses.

    97 AN, Fonds Thorez-Vermeersch, 626AP/3, notes manuscrites de Thorez sur la réunion du CC des 27 et 28 mai 1938.

    98 Voir chapitre 4.

    99 VIGREUX Jean, Histoire du Front populaire..., op. cit., p. 197.

    100 THOREZ Maurice, « Raisons d’inquiétude », op. cit.

    101 RGASPI 495/270/251, dossier biographique de Marcel Rosenblatt, note de « Jean » (Maurice Thorez) du 12 mars 1943.

    102 BECKER Jean-Jacques et BERSTEIN Serge, Histoire de l’anticommunisme..., op. cit., p. 316.

    103 Discours prononcé à Guingamp, le 22 octobre 1938. Cité dans PRIGENT Alain, Histoire des communistes des Côtes-du-Nord..., op. cit., p. 128.

    104 BECKER Jean-Jacques et BERSTEIN Serge, Histoire de l’anticommunisme..., op. cit., p. 249.

    105 Ibid., p. 250.

    106 AD CDA 2W126, lettre de Francis (Pierre) Marzin à Yves André, 10 mars 1938. Cité dans PRIGENT Alain, Histoire..., op. cit., p. 125.

    107 RGASPI /517/1/1879, feuillet 171, Comité central des 27 et 28 mai 1938, sténographie des séances.

    108 VIGREUX Jean Histoire du Front populaire..., op. cit., p. 200.

    109 Ibid., p. 201.

    110 PROST Antoine, Autour du Front populaire..., op. cit., p. 105-126.

    111 KERGOAT Jacques, La France du Front populaire, op. cit., p. 290.

    112 VIGNA Xavier, Histoire des ouvriers..., op. cit., p. 142.

    113 POGGIOLI Morgan, La CGT..., op. cit., p. 206.

    114 RGASPI 517/1/1903, feuillet 62, Note sur l’élection législative partielle de la circonscription de la Tourdu-Pin, Julien Airoldi, 22 août 1939.

    115 AN, Fonds de Moscou, 20010216/13, Dossier 233, feuillet 5. Cabinet du Préfet « Situation des partis extrémistes au 30 janvier 1939 ».

    116 ROQUIER-DROUILLAS Jeanne et THOUANEL-DROUILLAS Renée, Émile Drouillas..., op. cit., p. 159.

    117 Notice Maitron, par Claude Pennetier.

    118 AN, Fonds de Moscou, 20010216/20, dossier 439, Directive du secrétariat régional du Nord aux secrétaires de sections, Lille, 23 décembre 1938.

    119 RGASPI 517/1/1890, feuillet 296, Rapport sur la conférence régionale de l’Aveyron le 11 décembre 1938.

    120 RGASPI 517/1/1892, feuillet 165, Rapport sur la conférence du Gard-Lozère des 10 et 11 décembre 1938.

    121 BECKER Jean-Jacques et BERSTEIN Serge, Histoire de l’anticommunisme..., op. cit., p. 329.

    122 CADRAS Félix, « Le renforcement du Parti », Cahiers du bolchevisme, juin 1939, p. 792.

    123 Selon les estimations du secrétaire à l’organisation Marcel Gitton, RGASPI 517/1/1903, feuillet 88.

    124 RIOUX Jean-Pierre, PROST Antoine, AZÉMA Jean-Pierre (dir.), Le Parti communiste français des années sombres..., op. cit., p. 12.

    125 CHAZE Henri, Un communiste ardéchois dans le siècle, Les Allobroges, 1994, p. 62.

    126 FOLLEREAU Pierre, « Vive la paix », La Champagne ouvrière et paysanne, 26 août 1939, p. 1.

    127 MIOCH Philomen, Les tribulations..., op. cit., p. 174.

    128 Rapport de police du 29 août 1939, cité dans sa notice Maitron, par Antoine Olivesi.

    129 MOINE André, Regards critiques..., op. cit., p. 42.

    130 Ibid., p. 45.

    131 AN, Fonds Thorez-Vermeersch, 626AP/3, Dossier « 1939 ». Lettre de Marius Jacquemard, Montbéliard, le 28 août 1939.

    132 ROQUIER-DROUILLAS Jeanne et THOUANEL-DROUILLAS Renée, Émile Drouillas..., op. cit., p 165-166.

    133 AN, Fonds Thorez-Vermeersch, 626AP/3, Dossier « 1939 ». Informations du 29 août 1939 données par Léon Mauvais.

    134 Propos de Jules Fourrier recueillis par G. Bourgeois, cités dans la notice Maitron de G. Auguet, par Claude Pennetier.

    135 AN, Fonds Thorez-Vermeersch, 626AP/3, Dossier « 1939 ». Lettre au préfet du Nord et au Procureur de la République.

    136 Ibid., Courrier de Roland Boudet au secrétariat du parti, Athis-de-l’Orne, 28 août 1939. Selon les sources policières, le journal Normandie populaire serait interdit depuis le 27 août 1939 ; pour la liste chronologique des journaux communistes interdits, se reporter à AN, Fonds de Moscou, 19960325/4, Rapports sur le Parti communiste (1939-1940).

    137 AN, Fonds de Moscou, 20010216/0229, Ardennes, note du préfet au ministre de l’Intérieur, 20 septembre 1939. Cité dans GRENARD Fabrice, La drôle de guerre : l’entrée en guerre des Français : septembre 1939mai 1940, Paris, Belin, 2015, p. 228.

    138 Témoignage cité dans la Notice Maitron d’Émile Labrunie, par Jacques Girault, Jean Maitron et Claude Pennetier.

    139 MAITRON Jean, « Les déchirements des militants », in AZEMA Jean-Pierre, PROST Antoine, RIOUX, Jean-Pierre (dir.), Le Parti..., op. cit., p. 205-211.

    140 MARTELLI Roger, « Le PCF en 1939-1940 », Cahiers d’histoire de l’Institut de recherches marxistes, n° 5253, 1993, p. 14.

    141 KERBAUL Eugène, « Une section communiste de province… », op. cit., p. 90.

    142 GRENARD Fabrice, La drôle de guerre..., op. cit., p. 229.

    143 BOUDET Roland, Né en 13..., op. cit., p. 92

    144 Ibid., p. 93.

    145 RGASPI 517/1/1862, feuillets 10 à 14, Liste des régions et des secrétaires régionaux. Voir également sa notice Maitron rédigée par Jacques Girault.

    146 BOUDET, op. cit., p. 93.

    147 AN, Fonds Thorez-Vermeersch, 626AP/3, Dossier « 1939 », op. cit.

    148 Notice Maitron, par Claude Pennetier.

    149 LECLERCQ Catherine, « “Raisons de sortir”. Les militants du Parti communiste français », op. cit., p. 142.

    150 Notice Maitron de Georges Varaud, par Maurice Moissonnier.

    151 Le Monde, n° 5, p. 4. RGASPI 517/1/1901, feuillet 22.

    152 Notice Maitron, par Jean Maitron et Claude Pennetier et GILLOT Auguste, Un forgeron..., op. cit., p. 177.

    153 MAGRINELLI Jean-Claude et Yves, Antifascisme et parti communiste en Meurthe-et-Moselle, Jarville, 1985, p. 134. Voir également la notice Maitron de René Uni, par Marie-Louise Goergen, Claude Pennetier.

    154 Notice Maitron, par Guillaume Bourgeois.

    155 Notice Maitron, par Jacques Girault et Éric Panthou.

    156 AN, Fonds de Moscou, dossier 448, Puy-de-Dôme, Le commissaire de police de Thiers à M. le souspréfet, 8 octobre 1939.

    157 AN, Fonds de Moscou, 20010216/24, 508, feuillet 50, « Vive l’URSS qui nous aide. Vive la paix qui sera sauvée grâce à l’URSS », tamponné du 27 août 1939.

    158 AN, Fonds de Moscou, 20010216/20, 444, Le préfet de l’Aube à M. le Ministre de l’Intérieur, Troyes, le 29 août 1939.

    159 Notice Maitron de Cyprien Quinet, par Yves Le Maner. Voir également POULHÈS Louis, L’anticommuniste d’État à la fin de la IIIe République et aux débuts de l’occupation allemande, 1938-1943, thèse de doctorat, Université de Bourgogne-Franche-Comté, 2018, p. 50.

    160 Notice Maitron d’Henri Turrel, par Pierre Broué.

    161 Notice Maitron, par Justinien Raymond.

    162 MAGRINELLI Jean-Claude et Yves, Antifascisme et parti communiste en Meurthe-et-Moselle, Jarville, 1985, p. 135.

    163 Notice Maitron, par Marie-Louise Goergen et Claude Pennetier. J.-C. et Y. Magrinelli estiment pour leur part qu’Uni fut arrêté le 30 décembre 1939 ; op. cit., p. 135.

    164 AUBIN Nicolas, « Centre et périphérie. Les communistes en Seine-Inférieure pendant la drôle de guerre », Communisme, n° 53-54, 1998, p. 95.

    165 Notice Maitron, par Christian Bougeard, Jacques Girault.

    166 ROBRIEUX Philippe, Histoire intérieure..., op. cit., p. 498.

    167 PHOULÈS Louis « 26 septembre 1939 : la dissolution des organisations communistes », in VIGREUX Jean et DUCOULOMBIER Romain (dir.), « Histoire documentaire du communisme », Territoires contemporains - nouvelle série.

    168 BOULOUQUE Sylvain, L’affaire..., op. cit., p. 181.

    169 Même s’il est rapidement réformé, le 25 septembre, pour cause de diabète.

    170 POULHÈS Louis, L’anticommuniste d’État…, op. cit., p. 61.

    171 Ibid., p. 188.

    172 ROBRIEUX, Histoire intérieure..., op. cit., p. 494.

    173 Si l’on en croit ROBRIEUX Philippe, op. cit., p. 451.

    174 Notice Maitron, par Jean Lorcin et Gérard Raffaëlli et son autobiographie de 1938 : RGASPI 495/270/67.

    175 Son passage par l’école centrale ne date que de décembre 1944.

    176 LANGEOIS Christian, Marguerite..., op. cit., p. 114.

    177 Lire notamment WOLIKOW Serge, L’Internationale communiste..., op. cit., p. 112-118.

    178 Voir par exemple RGASPI 517/1/1903, feuillet 155, Position du PCF. Tâches. (Décision du praesidium du 19 octobre 1939), ou encore RGASPI 517/1/1918, feuillet 24, Rapport sur la JC, début 1940. Lire BOURDERON Roger, Le PCF à l’épreuve de la guerre. 1940-1943. De la guerre impérialiste à la lutte armée, Paris, Syllepse, 2012.

    179 WOLIKOW Serge, L’Internationale..., op. cit., p. 118.

    180 POULHÈS Louis, L’anticommuniste d’État…, op. cit.

    181 ROQUIER-DROUILLAS Jeanne et THOUANEL-DROUILLAS Renée, Émile Drouillas..., op. cit., p. 168-169.

    182 AN, Fonds de Moscou, 20010216/13, Dossier 238, feuillet 2, Le préfet de la Corse à monsieur le Ministre de l’Intérieur, Ajaccio, 17 novembre 1939.

    183 LANGEOIS Christian, Marguerite..., op. cit., p. 115. « Ploucine » est le surnom de Marguerite.

    184 Notice Maitron, par Jean Lorcin et Gérard Raffaëlli.

    185 Nous avons limité ce tableau aux militants arrêtés en 1939.

    186 Du moins en prenant comme base le nombre de régions (72). Il est cependant possible que des régions soit dépourvues de secrétaire régional entre la première vague répressive, la mobilisation et la seconde période d’arrestations qui suit l’interdiction du parti.

    187 Notice Maitron, par Claude Pennetier.

    188 Notice Maitron, par Claude Pennetier.

    189 PUDAL Bernard, « Le député communiste : 1920-1940. Éléments pour une analyse des logiques de fidélisation au sein du PCF », Histoire & Mesure, n° 2, 1986, p. 63.

    190 Ce sont quarante-quatre députés qui furent déchus de leur mandat le 21 janvier 1940, puis condamnés, en mars 1940, pour reconstitution de ligue dissoute, à cinq ans de prison. Neuf députés communistes ne furent pas arrêtés.

    191 Notice Maitron, par René Lemarquis et Claude Pennetier.

    192 PENNETIER Claude et PESCHANSKY Denis, « Partir, se taire, rester : les choix des élus de la Seine », in AZÉMA Jean-Pierre, PROST Antoine et RIOUX Jean-Pierre (dir.), Le Parti communiste..., op. cit., p. 212-226.

    193 POULHÈS, op. cit., p. 111.

    194 BOURDERON Roger, Le PCF à l’épreuve..., op. cit.

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