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    Plan

    Plan détaillé Texte intégral Face au tournant antifasciste Secrétaire régional : une représentation qui évolue De la petite à la grande patrie : du local au national De l’arrivée au pouvoir au gouvernement du Front populaire Diriger dans un parti de masse Notes de bas de page

    Les secrétaires régionaux du Parti communiste français (1934-1939)

    Ce livre est recensé par

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    Table des matières

    Chapitre 5. Du « tournant » au parti de masse

    p. 197-248

    Texte intégral Face au tournant antifasciste 1934, année charnière Le Pacte franco-soviétique La conférence des secrétaires régionaux d’août 1935 Secrétaire régional : une représentation qui évolue De la petite à la grande patrie : du local au national Au nom du « peuple corse » Alsace : la relégation de l’autonomisme Histoire locale, folklore et traditions De l’arrivée au pouvoir au gouvernement du Front populaire Les grèves de 1936 La politique de la « main tendue » aux catholiques 1937 : les conférences des secrétaires régionaux, baromètre de l’humeur militante ou recadrage ? Diriger dans un parti de masse « Nos effectifs grandissent plus vite que nos dirigeants » De la « grande famille » au « grand parti » ? Notes de bas de page

    Texte intégral

    11934 est une année charnière et marque un tournant dans la politique du Parti communiste français. D’une organisation encore relativement marginale, elle parvient en quelques mois à définir une cohérence stratégique nouvelle influençant l’ensemble des gauches, passant d’un « classe contre classe » diviseur1 à une large alliance antifasciste. Ce « tournant » est un indéniable propulseur, qui ouvre le champ des possibles politique, militant, culturel. Mais dans certains territoires il arrive en appui d’un processus qui s’est construit en amont : création du mouvement Amsterdam-Pleyel, tentatives de rapprochements avec les socialistes sanctionnées par l’Internationale, luttes en faveur des chômeurs ou des mal-logés… Les tâtonnements, les hésitations, les doutes et les débats liés au changement de stratégie – qui est au départ présenté par les dirigeants internationaux et nationaux comme un changement « tactique2 » – se retrouvent au niveau national et bien entendu régional, souvent avec des temporalités décalées. Nous tentons ici, par une approche chronologique et des focales sur certains événements et temps forts de la période, d’éclairer le rôle et la place des secrétaires régionaux dans ce processus.

    Face au tournant antifasciste

    Il est faux de penser que nous avons passé d’un comportement à un autre sans une sorte de drame intérieur3.

    1934, année charnière

    2Le 6 février 1934, la manifestation d’anciens combattants et de ligues d’extrêmedroite4 dégénère en émeute. Le bilan est lourd : 14 morts et des blessés par centaines. Les gauches interprètent les événements comme la tentative d’un coup de force fasciste. Le gouvernement Daladier démissionne et Gaston Doumergue forme alors le sien, orienté à droite. Le Parti communiste appelle le 9 février à une démonstration de force antifasciste5. Quelques socialistes participent. La répression de cette « journée rouge6 » se fait féroce : des manifestants sont tués. Mais il faut attendre la journée du 12 pour voir une riposte de masse aux événements du 6. À l’appel de la CGT puis de la SFIO, rejointes par le PCF et la CGTU, d’importantes grèves accompagnées de manifestations ont lieu à Paris comme en province, sous le mot d’ordre de défense de la République et des libertés face au fascisme. En mai se déroulent à Moscou d’importantes conversations entre Maurice Thorez et les dirigeants de l’IC7. Le 16 mai, le praesidium de l’IC évoque la possibilité de s’adresser directement à la direction du parti socialiste8. Dès lors, la poussée unitaire, sensible à travers le pays, va pouvoir se concrétiser dans une nouvelle stratégie communiste. Quelques jours plus tard, cette nouvelle ligne est entérinée : la prise de contact avec les socialistes pour des actions antifascistes communes9. Difficile, cette marche à l’action commune finit par se concrétiser en juin. Le 11, une rencontre SFIO-PCF a lieu. À la fin du mois, à Ivry, se déroule la conférence nationale du PCF où la stratégie des communistes y est discutée durant trois jours10. Le secrétaire général expose la ligne d’unité d’action avec la SFIO, mais aussi l’attachement des communistes à la défense des libertés démocratiques ainsi qu’à la nation.

    3Entre le choc du 6 février 1934 et le virage unitaire pris par le PCF lors de sa Conférence nationale en juin, se déroule une période complexe pour les communistes. La région des Deux-Savoies, en mars 1934, adopte à l’unanimité une résolution affirmant lutter pour l’union avec les travailleurs socialistes « contre toute déviation opportuniste qui tendrait à aboutir au bloc avec le Parti11 ». Et le dirigeant provisoire de cette région reconnaît avoir « certains désaccords sur la tactique du front unique12 ». Si l’unité scandée par les manifestants parisiens du 12 février n’est pas encore à l’ordre du jour, des initiatives commencent à germer de toutes parts tendant au rapprochement des forces antifascistes. À l’instar du Comité de vigilance des intellectuels antifascistes créé le 5 mars, une multitude de rapprochements ont lieu, s’appuyant parfois sur des structures plus anciennes comme Amsterdam-Pleyel. C’est le « printemps des comités13 ». Pour autant le PCF ne modifie guère son expression. Front unique ? Oui, mais uniquement « à la base » et contre les chefs de la social-démocratie, toujours considérée comme adversaire principal. Pas question de défendre la République « bourgeoise ». La ligne « classe contre classe » est maintenue, même si les choses évoluent rapidement. Et cette évolution peut rendre confus certains cadres locaux. Charles Doucet écrit une lettre à direction de la région Drôme-Ardèche, avec copie à Benoît Frachon et Jacques Duclos. La lettre est très critique sur « l’absence » de la région entre le 5 et le 12 février. Absence qui risquerait de voir les « copains embrayés dans cette formation lancée par la bourgeoisie de gauche », c’est-à-dire dans la « défense de la République et des libertés », dans les Comités de vigilance plutôt que dans les comités Amsterdam-Pleyel14. Cette lettre traduit les hésitations, les doutes des militants, qui ressentent le besoin d’explication. Elle montre aussi les possibilités de « court-circuitage » des dirigeants régionaux, en s’adressant directement au centre. Des incidents éclatent à Montluçon où des militants qui prônaient des critiques moins violentes contre les socialistes sont exclus15. Dans les Ardennes, on se félicite que les socialistes se soient fait conspuer le 12 février16. Un mois plus tard, le rapport produit pour la conférence de cette région insiste sur un point : « combattre le front unique à tout prix17 ». La lecture des archives aussi bien que des souvenirs de militants montre des incompréhensions, des craintes. Incompréhensions liées à la main tendue aux adversaires d’hier qualifiés quelques semaines auparavant de « socio-fascistes », crainte de voir le parti communiste remettre en cause ses principes, son horizon révolutionnaire. Il est difficile à la base de passer d’une ligne à l’autre, sans cap clair, les réflexes perdurent et l’horizon ouvert en 1920 à Tours, amplifié par la bolchevisation et la période « classe contre classe », a ancré une culture de la méfiance envers les socialistes…

    4La période qui suit la Conférence nationale de juin, puis le lancement de la formule du « Front populaire » en octobre, permettent aux militants de se positionner plus clairement face à une évolution désormais actée comme « ligne ». Quelques jours après la Conférence d’Ivry, un meeting commun est organisé entre la fédération de la Seine de la SFIO et le PC et enfin, à la mi-juillet, la SFIO accepte l’offre communiste d’« action commune contre le fascisme et la guerre », scellée par la signature le 27 du pacte d’unité d’action, innovation majeure puisqu’il s’agit du premier accord entre des partis socialiste et communiste. Lors des élections cantonales des 7 et 14 octobre, le désistement réciproque entre PC et PS leur assure une progression. Le PCF gagne 18 sièges, passant de 10 à 28 conseillers. Mais il va plus loin, et pousse la dynamique unitaire. En octobre, les dirigeants communistes, en étroite collaboration avec Eugen Fried, représentant en France de l’IC, lancent le mot d’ordre de « front populaire pour le pain, la paix et la liberté », d’abord au sein du comité de coordination socialiste-communiste, puis dans leur presse. Mais c’est le discours de Nantes, le 24 octobre, qui fait office de marqueur et de symbole18. S’adressant aux radicaux qui tiennent congrès dans la ville, Thorez passe outre les consignes de l’IC. Celle-ci enjoignait de « renoncer à l’idée et à la formule du Front populaire19 ». C’est un tournant important, où les enjeux de la stratégie communiste sont clairement explicités : création d’un front, le plus large possible, y compris en intégrant des partis « bourgeois » et les classes moyennes, afin de défendre les libertés démocratiques face au fascisme20. Qu’elles paraissent loin ces journées de février où les communistes déclaraient que « le Parti radical et le Parti socialiste font le lit du fascisme ».

    5En Isère, le secrétaire régional Paul Billat, s’il souligne son accord avec la « tactique » du parti, évoque encore les « fascistes de droite » (c’est donc qu’il en existe de l’autre côté de l’échiquier) alors qu’au même moment, à l’IC, on déplore le fait de parler de « fascisme de gauche21 ». De l’internationale au local, de Moscou à Grenoble, il ne peut y avoir concordance parfaite des chronologies et des mots d’ordres. Léon Mauvais, visitant la région de l’Est à quelques jours de la signature du pacte d’unité d’action, note l’incompréhension ou le désaccord qui s’exprime dans les assemblées de militants avec « la tactique actuelle22 ». Épaulé par le secrétaire régional, il tente d’expliquer les nouvelles orientations. Il reconnaît cependant que « peu de camarades sont intervenus pour faciliter les explications d’Uni et de moimême23 ». Le 27 juillet 1934, Waldeck Rochet se trouve à Montluçon, où il préside une assemblée d’information accueillant membres du parti et sympathisants2425. Son compte rendu offre un bel exemple des oppositions à l’encontre de la nouvelle orientation communiste, mais aussi des éléments de réponses qui leur sont apportés par un représentant du comité central.

    Aumoine (camarade paysan) intervient pour dire que le Parti a changé de tactique, pratique aujourd’hui à quelque chose près les méthodes qu’il rejetait hier. Il est d’accord avec la tactique présente, il se plaint d’une chose c’est qu’on ait changé sans discuter dans le Parti. […].
     
    Roux (membre du comité de rayon). Il est contre l’unité d’action telle que le préconise le Parti. Il pense que nous faisons trop de concessions, que nous capitulons devant la Social-démocratie. Il croit que nous allons renflouer les chefs socialistes et le Parti Socialiste. […] Visiblement la question de l’unité syndicale n’est pas tout à fait claire dans la tête de beaucoup de camarades et cela est sans doute grave.
     
    Aucouturier26 intervient sur notre tactique, indique qu’elle n’a pas changé, se déclare [d’accord] avec la politique du front unique du Parti ; toutefois pense qu’il faut faire attention à ne pas glisser à l’opportunisme. […] explique assez bien son accord avec la tactique du PC, toutefois il tient trop à la formule que rien n’a changé et cela lui donne une interprétation légèrement sectaire des décisions de la Conférence.
     
    Je réponds brièvement aux interventions. J’explique à Aumoine que le Parti n’a nullement repris les positions liquidatrices de Doriot, j’indique ce qu’il y a de nouveaux dans nos propositions en rapport avec les événements nouveaux ; pourquoi il faut être audacieux dans le front unique et pourquoi les craintes du camarade Roux ne sont pas du tout justifiées. […]
     
    Le secrétaire du rayon, Aucouturier apparaît comme un camarade qui dirige vraiment et a le sens de ses responsabilités, il apparaît le plus fort politiquement et déploie une activité très grande. Il a de l’autorité sur ses camarades ; toutefois dans ses méthodes de travail et dans son langage, il apparaît un peu sectaire, dans le sens qu’il est un peu cassant. Du point de vue politique, il semble assez bien s’assimiler la politique du Parti ; ainsi s’il apparaissait avoir une interprétation légèrement sectaire des décisions de la Conférence au fur et à mesure de la discussion, il m’a apparu qu’il assimilait plus complètement. […]
     
    Il faut sans doute que le Parti contrôle et guide la direction du rayon, mais il n’en reste pas moins que nous avons à Montluçon des garanties assez sérieuses de l’application de la politique du Parti et toutes les conditions pour avancer rapidement.

    6Il faut relever cependant l’absence du secrétaire régional (en l’occurrence Marcel Guyot) à cette occasion. Que nous dit cette absence ? Les sources manquent pour répondre à cette question. Mais l’importance d’orateurs « nationaux » est nécessaire pour expliquer les changements à l’œuvre et résoudre un certain nombre de difficultés.

    7Il faut préciser que le « sectarisme » n’est pas forcément l’apanage des communistes et que dans certaines localités le travail unitaire est freiné par les rancœurs accumulées. Lorsque les socialistes évoquent la prise de parole d’Alain Signor, secrétaire de la région bretonne, lors d’une réunion contradictoire, c’est en des termes particulièrement choisis : « il laissa tomber de l’air détaché qu’on lui connaît quelquesunes des petites… disons attaques que le comité directeur du Parti communiste aime à faire afficher particulièrement dans les cabinets d’aisance27 ». Les difficultés dans la mise en place de la stratégie unitaire ne se heurtent donc pas qu’aux hésitations ou oppositions internes à l’organisation communiste, mais émergent dans un jeu entre plusieurs partis qui tous doivent composer avec des mauvaises volontés et des incompréhensions liées à des années de conflits ouverts. Ailleurs, c’est un trop grand « bond en avant » des militants locaux que la direction doit recadrer. Ainsi en août 1934, la région limousine est réprimandée pour avoir « déformé la tactique du Parti dans le sens de concessions opportunistes faites au Parti SFIO28 ».

    8Pour autant, le corps des secrétaires régionaux apparaît relativement épargné par les oppositions à la nouvelle orientation. Le cas d’Henri Gohard, dirigeant de la Région tourangelle du parti, est la seule affaire d’exclusion29 d’un secrétaire régional lors de cette époque charnière :

    L’exclusion du Parti d’Henri Gohard eut lieu en avril 1934. Au cours d’une contre-manifestation ouvrière, le 23 février 1934, contre une réunion de la ligue « La Solidarité française », Gohard avait tiré, de son domicile […] un coup de feu en direction de la police. Les discussions engagées à propos de cet acte montrèrent que Gohard était en désaccord avec l’orientation du Parti30.

    9Cette exclusion fera grand bruit dans la région, y compris chez les potentiels alliés du parti, les socialistes assimilant les communistes à des mouchards payés par des « fonds secrets » des « organisations réactionnaires et fascistes31 »… Il faut mettre en rapport le « coup de feu » de Gohard avec des problèmes politiques plus fondamentaux. En effet :

    En Indre-et-Loire, autour de Gohard et Bériet, les secrétaires régionaux du PC, une fraction de la direction régionale continuera de manifester son hostilité vis-à-vis de toute unité d’action avec la SFIO… Un débat extrêmement houleux eut lieu durant le mois d’avril 1934 qui opposa les partisans des deux analyses différentes de la direction régionale. D’un côté, Gohard était soutenu par Mazein et Duval de Saint-Pierre-des-Corps, de l’autre, Raison, Bonnin et Paul Delanoue, des syndicalistes en général, se faisaient l’interprète du puissant courant unitaire qui semblait gagner la base32.

    10On le voit, l’exclusion de Gohard, si elle fut précipitée par l’incident du 23 février, est due à un désaccord fondamental sur l’orientation qui commence à s’esquisser. Mais cette affaire reste unique et souligne l’adhésion des secrétaires régionaux, d’aucuns écriraient leur docilité, mais cette acceptation facile de la nouvelle ligne participe de la compréhension de la lutte antifasciste après l’effondrement du KPD…

    Le Pacte franco-soviétique

    11Un événement international lié au tournant des années 1934-1935 va semer le trouble chez les communistes français. Il s’agit de la signature du Pacte franco-soviétique en mai 1935 et la déclaration de Staline qui s’ensuivit. Si la signature du pacte ne surprend pas les dirigeants, il en est différemment des termes du communiqué33 : « M. Staline comprend et approuve pleinement la politique de défense nationale faite par la France pour maintenir sa force armée au niveau de sa sécurité », alors même que le PCF est investi dans une bataille contre le service militaire de deux ans. André Marty déclare : « Le trouble est profond dans le parti. Je regrette que le BP du PCF soit mis devant un fait accompli34. » Jeannette Thorez-Vermeersch reconnaît elle-même bien des années plus tard, « […] que c’était une nouveauté et un changement important pour bien des militants communistes habitués depuis des années aux discours pacifiques. Pour moi, ce fut même une période de grand trouble35 ». Cet événement, qui se déroule au cœur d’une « phase de transition entre l’antimilitarisme révolutionnaire et le ralliement à la question nationale36 » de la part des communistes, crée d’importants remous chez les militants37, comme dans l’ensemble des forces politiques. René Lopin, secrétaire du Jura, déclare être plongé dans une « impasse38 » à la suite de la déclaration de Staline et menace de démissionner39. Dans le Cantal :

    le camarade Aymard, secrétaire régional n’est pas encore convaincu au sujet de la déclaration de Staline. Mais je pense que chez lui et chez la majorité des camarades qui visiblement ont été très déprimés par la déclaration de Staline, il s’agit de faiblesse politique (Aymard a deux ans de Parti) qui se corrigera peu à peu avec l’aide du centre qui me paraît nécessaire40.

    12Cet extrait, au ton presque paternaliste, est révélateur de la ligne de conduite adoptée par les envoyés du centre confrontés à ce type de situation. La hantise d’une division, d’une cassure au sein du parti, un an après la rupture avec Doriot, fait que le discours est toujours prudent, jamais agressif. Et pourtant la charge était lourde, si l’on en croit la teneur de la résolution adoptée par la région du Cantal, qui déclare :

    renouveler la désapprobation qu’elle avait déjà formulée, de la déclaration du camarade Staline approuvant les préparatifs de guerre de l’État impérialiste français et de la nouvelle orientation de notre parti dans la question de la guerre qui a suivi cette déclaration. Voit dans cette nouvelle orientation une révision dangereuse de la doctrine de Lénine, la possibilité pour notre parti d’être entraîné dans une union sacrée de fait avec notre bourgeoisie et d’abandonner pratiquement la lutte pour la transformation de la guerre impérialiste en guerre civile et la diffusion dès maintenant de ce mot d’ordre. Constate que cette nouvelle orientation comme la plupart des décisions importantes a été décidée et appliquée par la direction du parti et de l’Internationale sans aucune discussion préalable et sans que le parti soit consulté, toute critique étant soigneusement étouffée, que le centralisme démocratique qui devait être le régime normal et sain du parti, est ainsi méconnu en fait41.

    13Même confronté à une fronde aussi manifeste, qui remet en cause le fonctionnement non seulement du PCF mais également de l’IC, le centre temporise. Et Aymard reste le premier dirigeant de sa région jusqu’à l’été 1939. Les oppositions à cette « déclaration du camarade Staline » sont analysées soit par l’incompréhension (et donc par un besoin d’explication patiente du centre à travers ses envoyés), soit par l’influence du trotskisme (par exemple dans l’Yonne42). Dans le Lot-et-Garonne, Labrunie, cadre local du parti, était un « résistant déclaré à la formule de Front populaire » notamment à cause de la nouvelle orientation de Défense nationale : « la section marmandaise du PC était si troublée qu’il a fallu que J. Duclos vînt expliquer la nécessité de la défense nationale43 ». Ajoutons que Labrunie est lui-même en ancien combattant de la Grande Guerre, réformé après des années de tranchées pour cause de main droite mutilée. Ce parcours explique sans doute en partie son opposition à une nouvelle orientation qui à ses yeux peut tourner le dos à l’engagement antimilitariste qui fut l’une des matrices de son engagement communiste. Il faut dire que le temps n’est pas si éloigné où les cours de formation du parti demandaient de répliquer à cette phrase de Léon Blum : « La classe ouvrière d’une nation peut, sans méconnaître son devoir international de classe, participer à la défense contre l’agression44. » Les mots d’ordre combattus hier deviennent parfois partie intégrante du discours d’aujourd’hui. Louis Gatignon, dirigeant de la région Centre, range alors « au fond de l’armoire » les tracts « Les deux ans, c’est la guerre », rédigées par un jeune sympathisant. Virgile Barel, secrétaire des Alpes-Maritimes, s’était heurté sur la question du pacte franco-soviétique avec quelques cadres locaux. « Staline se f... de nous » déclara un membre du bureau régional, « le comité central également […] alors que nous avions préparé un travail antimilitariste contre les deux ans […] nous passons pour des imbéciles45 ». Après avoir participé à la séance du CC des 1er et 2 juin 1935, il écrit dans Le Cri des Travailleurs :

    Nous avons eu la satisfaction d’entendre le secrétaire général du PCF affirmer que, dans la discussion sur la fameuse phrase de Staline, l’attitude du secrétariat régional avait été « une attitude bolchevique ». La publication de la résolution sur le pacte d’assistance mutuelle, malgré l’opposition de deux camarades et l’indécision de quelques autres, a été jugée opportune, « bolchevique », et notre titre « La guerre n’est pas inévitable » a été qualifié de « formule juste »46.

    14Les mécanismes de légitimation sont ici doubles : d’abord l’aval du centre, incarné par Thorez, et qui transparaît dès le titre de l’article : « Lettre de Paris ». Ensuite, le qualificatif de « bolchevique », répété deux fois, pour qualifier l’accord avec le communiqué de Staline, permettant de couper l’herbe sous le pied de critiques dénonçant l’abandon du léninisme ou de l’anti-impérialisme. Les oppositions à la ligne, lorsqu’elles prennent de l’ampleur, sont en général traitées à travers une assemblée qui réunit les militants d’un rayon ou d’une région en présence d’un envoyé du centre. Au-delà du règlement des conflits immédiats, c’est l’occasion pour celui-ci de mesurer la fiabilité des dirigeants locaux et de repérer les futurs cadres. Il faut d’ailleurs souligner le caractère relativement ouvert que prend ce type de discussion. S’y expriment par exemple des défenses de Doriot, voire de Trotski47. C’est pour ce type d’opposition que nous disposons des sources les plus nombreuses, mais aussi des multiples rapports de représentants du centre lors de tournées ou de visites moins exceptionnelles. S’il ne faut évidemment pas les surestimer, il ne faut surtout pas négliger les multiples débats et tensions que doivent vivre les responsables locaux et sans que ceux-ci soient forcément documentés. Mais les prises de position de cadres face au pacte franco-soviétique, leurs doutes ou critiques sur la déclaration de Staline, ne constituent de toute évidence pas un point de blocage d’une carrière militante : ainsi Émile Labrunie, opposé au pacte, qualifié de « politicien » par Étienne Fajon48, devient secrétaire régional deux ans plus tard.

    15La question du pacte franco-soviétique semble cependant en voie de résolution au sein du parti, même si des oppositions locales continuent d’exister, lorsque se réunit la conférence des secrétaires régionaux au mois d’août 1935.

    La conférence des secrétaires régionaux d’août 1935

    16Le contexte dans lequel est convoquée cette réunion mérite d’être brièvement rappelé. À Moscou se déroule le VIIe congrès de l’Internationale communiste49, qui officialise la stratégie des fronts populaires antifascistes. En France, d’importantes luttes ont lieu contre la politique de décrets-lois du gouvernement Laval. Au mois de mars les élections municipales constituent le premier véritable test électoral de la nouvelle stratégie50. Au soir du premier tour, les résultats semblaient incertains. La droite progresse, quant aux gauches elles enregistrent la progression des communistes et la consolidation de la SFIO, quand les radicaux semblent fléchir. Cependant, les accords de désistements entre organisations, bien suivis, vont donner à cette élection son caractère de victoire du Front populaire. Car non seulement SFIO et PCF se désistent réciproquement, mais en certains lieux ils soutiennent le candidat le mieux placé à droite s’il est un « partisan de la liberté » face à la « réaction ». Parfois, les communistes se retirent en faveur du candidat radical. C’est le cas à Saint-Étienne, où le maire sortant doit son salut au report des voix communistes. Si les radicaux se désistent ici en faveur des socialistes, là des communistes, ils préfèrent en d’autres endroits l’alliance à droite. Ce moment est ainsi le révélateur des vives tensions qui agitent cette formation que les communistes s’attachent depuis plusieurs mois à faire basculer à gauche. À l’issue du second tour, le 12 mai, les retombées électorales sont particulièrement positives pour les communistes : ils doublent le nombre de municipalités qu’ils dirigent (297 contre 150 en 1929), avec des gains sensibles en région parisienne, dans le Nord, la Lorraine, le Massif Central ou encore le Gard. La SFIO conserve ses positions, tandis que les radicaux en perdent. Les manifestations du 14 juillet 1935, véritable « baptême » du Front populaire, marquent une étape symbolique et politique : elle scelle l’alliance des partis, syndicats et associations composant le rassemblement, dans une mise en scène dominée par la réunion des drapeaux rouges et tricolores, de la Marseillaise et de l’Internationale51.

    17Il s’agit donc pour les communistes, en ce samedi d’août 1935, de réaliser une sorte de bilan d’étape sur la mise en œuvre de leur stratégie, les réalisations locales, etc.52 Ce type de réunion est peu fréquent dans l’histoire du PCF. D’autres réunions des dirigeants régionaux avaient déjà eu lieu en 1929 et en 1930. Mais la nature de ces réunions n’est guère comparable avec celle qui se déroule en 1935. Il fallait en 1929 préparer la journée du 1er août53. « Journée rouge », elle avait pour but d’entraîner dans la grève sur les mots d’ordre de lutte contre la guerre impérialiste et la défense de l’URSS. En 1930, l’objectif était de raffermir « le contact entre les organismes de base du Parti et le centre54 ». Il s’agissait dans les deux cas d’une transmission de directives du « haut » vers le « bas » de l’organisation. Même si en 1930, la discussion commence à se développer, c’est en 1935 qu’elle se systématise. Si nous ignorons le nombre exact de présents, ce sont treize représentants des régions qui prirent la parole. Une lettre invitant à la réunion demandait aux secrétaires de préparer celle-ci en amont, de rassembler des données visant à éclairer la direction parisienne sur les enjeux locaux. Y a-t-il pour autant un vrai dialogue ? Il y a en tout cas une volonté des dirigeants nationaux de « faire parler » leurs cadres locaux. Le relevé de décisions du Bureau politique du 9 août précise qu’« à la conférence des secrétaires régionaux, le camarade Duclos devra faire le discours d’ouverture qui devra être très court. Faire parler les secrétaires régionaux sur ce qui a été fait55 ». Si ceux-ci peuvent apporter un regard déformé, valorisant les réussites, on note tout de même l’importance accordée dans leurs interventions aux manques, aux doutes, aux limites de leurs actions, aux échecs parfois. Le cercle dirigeant du parti est représenté à cette réunion, outre Jacques Duclos qui la préside, par Marcel Gitton (à la tribune du congrès du Komintern cinq jours auparavant) et Eugène Fried. Gaston Monmousseau et Léon Mauvais sont également présents. Ces dirigeants ne sont pas dupes des possibles arrangements que peuvent formuler les délégués des régions. Après un discours très optimiste de Martha Desrumeaux sur le recrutement de nouveaux membres, Duclos l’interrompt : « au fond dans votre région, on ne peut compter que sur une vingtaine de coins au maximum où nous avons quelque chose ? -Oui, et puis tout le reste c’est un désert ! -Voilà ! » (f. 147). Exemple parmi d’autres de formulation visant non pas à doucher l’enthousiasme militant, mais à le replacer dans une vision plus large et à inciter les secrétaires régionaux à toujours faire davantage et mieux.

    18La construction du Front populaire est le thème central de cette réunion. Jacques Duclos l’avait précisé dans son introduction à la conférence (f. 2-3) :

    [Le Front populaire] dont tout le monde parle avec beaucoup d’admiration, ce Front populaire qui le 14 juillet a beaucoup fait parler de lui, il faut que nous sachions dans quelles conditions il est organisé en province, quels comités existent et comment les diverses organisations du Parti travaillent pour le constituer. […] C’est vous dire que nous ne voulons pas de réunion au cours de laquelle il y aura de grands discours […] sur tous ces problèmes-là il faut des renseignements exacts.

    19Les interventions des différents dirigeants locaux soulignent les nombreuses difficultés avec les socialistes. Souvent, cela se passe beaucoup mieux avec les radicaux. Pour Maurice Lampe, à la tête de la région Paris-Ville, la plus importante du parti et qui s’exprime en premier, « la grosse difficulté vient des socialistes » (f. 7) qui feraient montre d’un « sectarisme » face auquel les militants communistes ne savent pas toujours comment réagir. « Ils veulent être beaucoup plus révolutionnaires que nous. » (f. 38) annonce son homologue de la région Paris-Ouest, Raymond Meunier. Barthélémy Ramier évoque ainsi les « difficultés sans nombre avec les socialistes » (f. 95) dans la Loire alors que les rapports avec les radicaux sont bons56. Les communistes sont en fait confrontés à deux types d’attitude de la part des socialistes : celle qui leur reproche de ne pas être assez « à gauche », freinant les tentatives de rapprochement en direction d’autres forces politiques, notamment les radicaux ; l’autre, inverse, qui les félicite de mettre de l’eau dans leur vin et les invite à davantage de modération encore. Reflets des rapports de force ou de jeux de tendances au sein de la SFIO, ces attitudes créent de situations difficiles dans les rangs du PC. « Je dois dire qu’en général la masse de nos adhérents est incapable de répondre. Cela provient en grande partie du fait que nous avons recruté beaucoup d’adhérents » poursuit Raymond Meunier (f. 39) :

    Que veut dire cela ? Que la majorité des camarades que nous avons dans le Parti n’ont pas vu les expériences antérieures, ils sont rentrés dans le Parti dans la période d’unité d’action, où pour beaucoup les nuances qui existent entre PC et PS sont très floues. Ils n’aperçoivent pas exactement la différence et sont mal armés pour pouvoir répondre aux difficultés soulevées par les ouvriers socialistes influencés par leur parti.

    20La plupart des représentants des régions insistent sur les gains obtenus lors de la séquence des élections municipales. Ainsi Desrumeaux, représentante de la région du Nord, déclare (f. 142) que les effectifs sont passés d’à peine 500 membres à près de 850 en quelques mois, avec les difficultés que cela comporte :

    Ce recrutement a débuté après les municipales. Des camarades au village, sans avoir jamais appartenu à un parti politique se déclaraient d’eux-mêmes du PC et c’est ainsi que nous avons appris après les élections que s’étant pas présentés comme communistes, des camarades acquis à nos idées et qui votaient pour nous d’une façon régulière étaient élus comme cela au conseil municipal dans leurs pays. Dire que nous tenons ces éléments, ce serait trop s’avancer. Ils sont venus par la montée du Front populaire, se déclarent d’accord avec le parti, mais c’est à nous de leur faire bien comprendre ce qu’est notre Parti.

    21Même son de cloche pour la Dordogne, où André Toulza précise que « De nombreux conseillers municipaux ont été élus sous l’étiquette communiste, que nous ne connaissions pas. […] nous avons plus de 60 conseillers municipaux qui font leur adhésion » (p. 187). Parfois les communistes semblent un peu victimes de leur succès. Évoquant la situation à Saint-Étienne, aux yeux de Barthélémy Ramier (f. 102) :

    Nous avons été trop absorbés au travail municipal. Nous avons été bombardés là-dedans. Nous sommes arrivés sans aucune connaissance et criblés de réclamations. Nous avions dit à la veille des élections : la mairie sera la Maison du peuple. Évidemment les couloirs sont pleins du matin au soir.

    22Au lendemain des manifestations du 14 juillet, le gouvernement de Pierre Laval publie une série de décrets-lois mettant en œuvre une politique de déflation. Parmi les mesures qui suscitent la colère : la baisse du salaire des fonctionnaires de 3 à 10 %. Les ouvriers d’État des arsenaux entrent dans la lutte le 5 août, à Brest, Toulon, Tarbes. L’armée est mobilisée et occupe les lieux de travail. Des affrontements violents l’opposent aux grévistes. En quelques jours, trois d’entre eux sont tués à Brest57. Ces événements occupent une large part de la discussion et dévoilent des divergences d’appréciation entre représentants du centre et des périphéries. Le spectre de la « provocation » hante alors les dirigeants communistes, à l’instar de ceux des principales forces constituant le Front populaire. L’Humanité se fait l’écho d’affrontements déclenchés par des éléments extérieurs aux grévistes, « troubles » et suspects, avec la complicité de la police et des autorités qui chercheraient à provoquer des incidents pour discréditer le mouvement. Or, cette analyse est en partie contredite par les interventions de délégués. Ramier estime (f. 98) qu’à Saint-Étienne les ouvriers semblaient très déterminés à en découdre avec la police : « il y a une telle effervescence chez nous ». Jean Bartolini, secrétaire de la région du Var et lui-même ouvrier à l’Arsenal de Toulon déclare : « J’ai assisté à diverses batailles de rues à Toulon [il y a des provocateurs] mais enfin il y a également le désir ardent des ouvriers de se battre. […] il faut se préparer à des batailles, il ne faut pas voir seulement l’œuvre des provocateurs » (f. 107 et 109). On sent une tension ou du moins un décalage dans l’appréciation des faits entre les militants sur place et la direction (notamment Duclos). Les uns craignent la coupure avec les ouvriers mobilisés qui veulent « de l’action » (f. 109), les autres d’être débordés par une situation incontrôlée, alors que le processus d’unité antifasciste bat son plein et qu’il s’agit de ne pas effrayer les alliés du moment, particulièrement les classes moyennes. Duclos, mais aussi Gaston Monmousseau58, doivent intervenir à plusieurs reprises pour défendre leur position (f. 112) :

    Entre freiner l’action – ce contre quoi nous sommes – et la discipliner, il y a une différence. À aucun moment ne peut se poser pour nous le problème de freiner l’action, c’est celui de diriger le mouvement des masses et ne pas le laisser partir à la merci de n’importe quel type.

    23Mais Ramier insiste : « je ne puis prêcher le calme » (f. 114). Ces débats renvoient à la question de l’autodéfense et à la place de la violence physique, les communistes oscillant entre une sortie d’une période « offensive » et une entrée dans une approche « de masse59 ». Or, de nombreux rapports des secrétaires régionaux comme des délégués du centre signalent l’engouement que rencontrent chez des communistes des propositions d’autodéfense « musclée » voire même armée60.

    24Dans son intervention de clôture, Duclos se félicite (f. 189-190) :

    Et puis, ce que l’on peut aussi constater, c’est que les secrétaires régionaux parlent de régions qu’ils ont l’air de connaître ; ils nous ont parlé de leurs difficultés et de leurs succès, on voit qu’ils ont dans leur tête le tableau de leur région ; ils la vivent ; ils la sentent. Ceci, c’est un des gros succès de notre Parti d’avoir réussi à entraîner toutes ces régions avec toutes les différences que nous rencontrons et d’avoir pu faire cette politique de Front populaire qui est l’honneur de notre Parti. Notre Parti n’est pas comme une sorte d’île de Robinson. Il est plongé dans les masses.

    25En effet cela correspond à l’évolution du rôle du secrétaire régional que souhaite impulser la direction centrale : des secrétaires connaissant non seulement leurs camarades, mais également leurs territoires, capables d’appliquer la ligne d’alliance antifasciste malgré les inégalités dans le développement de l’organisation et les spécificités de chaque région ; « vous êtes des préfets, c’est clair, vous êtes des contrepréfets » (f. 228) termine ainsi Duclos.

    26Il y a des militants qui se distinguent au cours de cet exercice. Ainsi de Jean Flavien. Il n’a pas été envoyé à cette conférence en tant que secrétaire régional, ce qu’il tient d’ailleurs lui-même à préciser. Il ne le devient en effet qu’en 1938. Mais c’est un cadre paysan en pleine ascension, au ton beaucoup plus sûr que les autres, qui n’hésite pas à exposer un point de vue, argumenté et s’appuyant sur des figures d’autorité. Flavien se permet de critiquer certains aspects de la politique communiste vis-à-vis des paysans. Il défend ainsi le rôle des coopératives, prenant à contre-pied un article de René Froissart, grâce à des arguments chiffrés tirés de sa région de l’Aube. Il est le seul à mentionner le congrès en cours à Moscou, en citant le rapport de Dimitrov, qu’il a pu lire dans l’Humanité des 4 et 5 août 1935 (f. 90) :

    On voit tout de suite un manque de recherche des revendications. Si les membres du Parti dans leurs endroits où ça n’existait pas avaient pris l’initiative de faire ces coopératives, ce n’aurait pas été les fascistes qui n’en auraient pas eu le bénéfice [sic]. […] Et il me vient une phrase que notre camarade Dimitrov a prononcée [sic] au congrès de l’IC : « une idée qui est dans l’esprit de millions d’hommes ne doit pas laisser les communistes indifférents ».

    27Duclos lui demande des approfondissements, le sollicite sur les mots d’ordre les mieux adaptés. Un vrai dialogue s’installe entre les deux communistes. Flavien prend donc des risques, tout en respectant les « codes » et en s’appuyant sur les marges de manœuvre y compris les plus récentes. C’est l’exemple même du cadre qui s’affirme. Fût-il repéré à ce moment-là par les dirigeants nationaux ? Quelques mois plus tard, il participe à l’école centrale paysanne. Consciemment ou pas, ces rencontres sont en effet l’occasion pour les cadres locaux de s’illustrer et, inversement, pour les dirigeants nationaux de remarquer les cadres en devenir.

    28L’Humanité accorde à cette réunion un bref mais enthousiaste article61. Cependant une erreur se glisse (malicieusement ?) dans ce compte rendu. En effet « nos frères socialistes avec qui l’unité d’action doit être plus réservée que jamais » fut écrit en lieu et place de « resserrée ». Un erratum fut ajouté à l’édition du lendemain afin de corriger « une malencontreuse coquille ». L’union est décidément un combat…

    29À la fin d’année 1934, le PCF, s’appuyant sur la direction de l’Internationale, a défini une nouvelle voie, une nouvelle cohérence politique. Non sans mal, tant les réticences et difficultés sont grandes et complexes à surmonter, aussi bien entre les forces politiques et sociales qu’au sein même de celles-ci. C’est un constat global de solidité et de stabilité qui se dégage chez les membres de notre corpus. Entre 1934 et 1935, pas d’exclusion de secrétaires régionaux en dehors d’Henri Gohard, pas de blâme trop sévère pour manquement à la ligne ; le corps des secrétaires régionaux s’avère être, malgré les débats, les difficultés et les heurts, un point d’appui dans ce passage du « classe contre classe » au « Front populaire », quand bien même cela se fait dans certains cas en composant avec le « drame intérieure » qu’évoque Bruhat dans la citation introductive à cette partie. De plus, nombre de rapports évoquent un « réveil » dans l’organisation, un « enthousiasme » chez les militants lors de cette séquence. « Nos régions ont les yeux tournés vers les masses » peut déclarer Duclos en conclusion de la conférence des secrétaires régionaux de 1935. C’est donc un groupe relativement stable et ayant fait preuve de solidité qui amorce la séquence de Front populaire, une séquence au cours de laquelle la fonction et l’image du secrétaire régional prennent une importance toute particulière.

    Secrétaire régional : une représentation qui évolue

    30Un renouvellement de la représentation des secrétaires régionaux par l’organisation a lieu durant la période. Le changement est saisissant durant le processus de mise en place de la stratégie de front antifasciste, où les secrétaires régionaux, pris dans le « moule » du cadre thorézien, semblent incarner de plus en plus le parti localement, à l’image du secrétaire général nationalement. Le discours communiste n’hésite alors pas à mettre en avant le parcours de ces militants, voire une certaine dimension de leur vie privée. L’étude de la presse communiste régionale constitue une porte d’entrée très révélatrice. À travers son dépouillement, on constate qu’avant le tournant antifasciste, il n’était quasiment jamais fait mention du secrétaire régional. On parle alors de « secrétariat » ou de « direction régionale », jamais des individus. Le militant en charge s’effaçait devant le collectif. Les noms des responsables régionaux apparaissent à partir de 1935, leurs photographies surtout à partir de 1936. Tous les titres consultés ou presque diffusent des photographies des secrétaires régionaux. On a rappelé l’importance de la brochure dans les lectures militantes. Celles-ci commencent également à s’orner de portraits des secrétaires régionaux, par exemple lors de la publication des discours tenus lors des conférences régionales.

    Raoul Benigni en couverture de la brochure Le Peuple Corse est contre le fascisme. Rapport présenté à la Conférence régionale de Porto-Vecchio, mars 1939.

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    Arthur Ramette en couverture de la brochure Compte rendu de la conférence régionale des 17 et 18 octobre 1936 à Lille, Région communiste du nord, 1936.

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    31Les conférences régionales deviennent de plus en plus importantes à mesure que l’organisation se développe, vitrine d’un parti en pleine expansion. Elles obéissent à un rituel calqué sur celui des congrès et conférences à l’échelle nationale, dans lequel le secrétaire de la région est au centre. Mais là aussi les différences locales sont fortes. Dans les régions les plus importantes, ce sont des centaines de délégués qui peuvent participer aux travaux de ces réunions62, et c’est là que peut s’observer le plus facilement la mise en scène recherchée. Le secrétaire livre alors le bilan et trace les perspectives du travail accompli dans la région, réaffirmant à cette occasion les grandes orientations du parti. Il arrive au contraire que dans certaines régions, le secrétaire, pour diverses raisons, n’apparaisse même pas à cette réunion63 ! Par ailleurs, les comptes rendus, forcément « épurés », qu’en livre la presse communiste locale, ne suffisent pas à appréhender ces rendez-vous. Les archives montrent que le consensus affiché est loin d’être la norme. Des désaccords avec la ligne du centre64 ou entre communistes locaux, avec des disputes parfois violentes, se déploient aussi dans ce cadre65.

    Conférence régionale de la région limousine du PCF. Le Travailleur du Centre Ouest, 4 juillet 1936.

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    Au centre, costume clair : Gabriel Citerne, secrétaire de la région.

    32C’est l’époque où Marcel Gitton, au congrès de Villeurbanne (1936), invite les secrétaires régionaux à se mettre en avant : « Nous voulons connaître l’activité de nos régions, nous voulons savoir qui dirige la région Paris-Sud, qui dirige la région de Marseille, celle du Nord, etc. Et les masses partagent ce désir66. » Les militants doivent sortir de l’ombre, de l’anonymat du collectif pour incarner non seulement le parti et la classe mais aussi, de plus en plus, le territoire. « On les somme d’incarner l’ouvrier devenu personnalité67. » Louis Collette, dirigeant du Calvados, doit, selon l’envoyé du centre, « commencer à apparaître publiquement dans le travail de masse du Parti. J’estime comme utile d’établir une liaison plus suivi [sic] avec lui sous forme de lettres, de directives de conseils, de propositions68 ». Ici le secrétaire régional doit être accompagné, aidé, pour s’affirmer publiquement comme représentant du PC. Cette mise en avant est partie prenante de la construction du cadre thorézien, visible chez les cadres locaux. Comme pour la personne du secrétaire général, elle se décline sur plusieurs dimensions.

    Le travail, la famille et la nation constituent des valeurs cardinales pour les organisations de Front populaire, avant que le régime de Vichy les colore sous un mode nouveau. […] l’image du prolétaire en casquette a fait place à des normes nouvelles constitutives d’une image de respectabilité ostensible69.

    33Un exemple de mise en avant visuelle du secrétaire régional dans cette dimension familiale est observable dans Le Travailleur de l’Yonne Côte-d’Or, où l’on peut voir en Une la photographie de René Froissart posant en compagnie de sa famille :

    Le Travailleur de l’Yonne Côte-d’Or, samedi 28 novembre 1936, n° 465, p. 1.

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    34Patriarche attaché à sa famille et à sa terre, l’image est plus proche d’un « père tranquille » que de « l’homme au couteau entre les dents ». Le secrétaire régional de l’Yonne apparaît ainsi autant dans son rôle de militant que dans celui d’époux et de père de famille. Ce sont d’ailleurs ces deux dernières qualités qui apparaissent explicitement dans le film de 1937 Fils du peuple, réalisé afin d’assurer la promotion de l’ouvrage du même nom70. Dans son pavillon d’Ivry, Thorez, en costume et chapeau, prend le temps de jouer au ballon avec son fils, sous le regard affectueux de sa compagne Jeannette Vermeersch. « Récit de vie idéal71 », Fils du peuple indique le modèle militant à suivre. Ces éléments veulent donner l’image d’un parti respectable, responsable, inséré dans la société.

    Le militant communiste lui aussi change : il doit être maintenant patriote, respectable et bon père de famille. Gitton n’a-t-il pas été jusqu’à lui demander dans son rapport [au congrès d’Arles] de consacrer « au moins une soirée par semaine et un dimanche sur deux » à ses enfants et à son épouse, qu’il doit se faire désormais un devoir d’emmener au cinéma au concert ou au théâtre, pour « être un peu l’Homme de la rue […] qui aspire au bonheur de vivre […] » ?72

    35Un autre exemple d’exposition publique du secrétaire régional et de sa famille nous est donné dans cette carte postale éditée par les communistes des Alpes-Maritimes dans le cadre de la campagne des élections législatives du printemps 1936.

    « Le pape a tort de dire que le communisme menace la famille… ».

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    Source : Olivesi Dominique, Virgile Barel 1889-1979. De Riquier à la Crimée française, Nice, Serre éditeur, 1996.

    36Dans ce document, c’est Yves, enfant de Virgile et Eunice Barel, qui est au centre, souriant et levant le poing, rejouant la symbolique des communistes allemands devenu « rite de masse » au temps du Front populaire73. Derrière Barel, c’est Staline qui apparaît, souriant également, sous un calicot : « Le Bureau régional à son secrétaire Virgile Barel ». Le vase agrémenté de plantes se pare de drapeaux rouges, l’imposant poste radio est frappé des outils prolétariens. Les éléments familiaux déjà observés plus haut sont ici beaucoup plus explicitement associés au communisme, dans sa dimension à la fois internationale et locale. Ce type d’exposition de la famille du secrétaire régional reste cependant rare. Seul ce document d’un candidat à la députation représente une mise en scène travaillée, bien davantage que la photo de René Froissart. Mais ces exemples s’inscrivent dans une tendance de fond, qui vise à présenter les secrétaires régionaux en bons pères de famille, rassurants et protecteurs. Même si l’intensité de la vie militante pouvait justement empêcher cette vie de famille, à tout le moins la perturber74.

    37La dimension nationale de l’engagement communiste est magnifiée dans les symboles, dans d’innombrables discours, parfois aussi au détour d’une phrase. La représentation des secrétaires régionaux s’intègre dans ce processus. Ainsi, même né à l’étranger, Jean Cristofol, secrétaire adjoint de la région marseillaise, est issu « d’une vieille famille française ». Ce qui, d’ailleurs, ne l’empêche pas d’être présenté comme « un enfant d’Espagne » lorsqu’il s’agit d’affirmer la solidarité avec les républicains de ce pays75. Cependant les secrétaires régionaux, à l’instar d’autres militants (nationaux comme locaux) sont plus souvent qualifiés de « fils du peuple », terme qui apparaît dans le vocabulaire communiste plusieurs mois avant la sortie (octobre 1937) de l’ouvrage de Thorez76. La dimension nationale s’inscrit dans le double-registre de la nation et de la province/région, et sans doute davantage encore dans cette dernière. Au PCF, on préfère pour le moment le « pays » à la « patrie77 ». Présenter le secrétaire régional comme un « enfant du pays » renvoie aussi au long combat mené pour faire pièce aux accusations d’extériorité du PC, de « parti de l’étranger ». Une dimension qui n’est pas à sous-estimer78.

    38La respectabilité s’incarne jusque dans l’apparence vestimentaire. « Interdit le port de la casquette et le débraillé. Chapeau et tenue soignée79 » se souvient Charles Tillon. Thorez, accueillant les nouveaux députés communistes les incite à modifier leurs habitudes vestimentaires : ne pas porter la casquette lorsqu’ils revêtent l’écharpe parlementaire par exemple. La « présentation de soi liée à la culture républicaine80 » joue à plein. Le port du costume, encouragé par l’organisation est parfois une grande première pour le militant. André Moine, secrétaire de la région des Basses-Pyrénées Landes, accorde un paragraphe entier de ses mémoires à l’acquisition de son costume :

    Sous un prétexte de technique professionnelle, un tailleur avait pris mes mesures et à quelques jours de là, il me met devant le fait accompli : un costume m’était taillé et il me fallait l’essayer. Jamais je ne me serais douté d’une chose pareille. Je refusais y voyant comme un « backchiche ». Les tailleurs intéressés étaient désolés ; ils m’expliquaient qu’il s’agissait d’un geste de reconnaissance qui dépassait ma personne pour toucher le militant (quel militant ? Syndical, communiste ? Certainement les deux dans pas mal de confusion) et qui en plus me serait utile dans mes relations. Le fait est que, chômeur, mon vestiaire était de plus réduit et usagé. J’en avais été plusieurs fois gêné dans des rencontres avec des personnalités ou encore devant les patrons des grands magasins tirés à quatre épingles. Finalement j’acceptai et par la suite j’étais drôlement fier d’un beau costume dont je racontais l’histoire. Je le considérais comme un certificat de bonne conduite pendant les grèves de mai-juin 193681.

    39Le costume incarne ici plusieurs fonctions. Il est à la fois instrument du travail militant et récompense pour celui-ci. Il doit permettre au militant de faire « jeu égal » (du moins dans l’apparence) face aux adversaires forcément « tirés à quatre épingles » sans être « gêné ». L’ouvrier (Moine, métallurgiste déclassé du fait de la répression patronale, est alors manœuvre) devient donc « personnalité » et, grâce à la générosité de ses camarades, peut expliciter ce statut par le vêtement. À l’inverse, les tenues plus voyantes, se parant des attributs du mouvement ouvrier de manière trop ostentatoires, peuvent faire l’objet d’un rappel à l’ordre. G. Roucaute, envoyé par le centre à une conférence régionale, relève que :

    Plusieurs délégués à la conférence exibaient [sic] de grandes cravates rouges et plusieurs insignes sur la poitrine. Ceci nous faisait regarder, par les passants, le matin devant la salle, avec des yeux qui ne me paraissaient pas très bienveillants82.

    40De même, le port des insignes83 sur le lieu de travail, pratique qui tend à se répandre dans les usines où les organisations ouvrières s’estiment en position de force, est combattu. « Nous réagîmes, contre une tendance […] à porter des insignes dans l’usine comme signe de reconnaissance » écrit le secrétaire du Doubs84. Encouragé lors des manifestations et meetings, l’affichage des symboles hors des temps militants est mal vu par la direction du parti. Jacques Duclos rappelle aux secrétaires régionaux réunis en conférence que :

    Nous devons avoir dans notre Parti une certaine tenue, savoir aussi utiliser nos forces politiques, et ce n’est pas en débrayés que nous devons y aller. […] Parce qu’on peut se présenter devant des ouvriers n’importe comment, et encore ? Et encore ! Mais devant des éléments des classes moyennes, il faut tenir compte de leur situation, de la façon dont ils raisonnent, pour les entraîner85.

    41Même remarque pour le vocabulaire. « Nous avons appris à parler autrement, même à l’intérieur du parti », déclare Thorez à Moscou en décembre 193586. Il n’est pas seulement question ici de vulgarisation de la doxa communiste, d’avoir su s’adresser à de larges secteurs de la population. Il s’agit également de style :

    La modification du style oratoire des dirigeants est manifeste et explicitée du haut de la tribune du congrès du parti en 1936 par Cachin. Il ne s’agit pas tant de simplifier le langage que d’abandonner un discours dont les références marxistes théoriques restaient abstraites et inconnues de la grande masse des sympathisants qu’il fallait gagner. Les dirigeants du PCF veillent également à l’image qu’ils donnent du parti et soignent désormais leur habillement afin de gagner une respectabilité nouvelle auprès de l’ensemble de la population87.

    42Lors de la conférence des secrétaires régionaux d’août 1935, G. Monmousseau intervient en conclusion de l’intervention de B. Ramier, où celui-ci relevait la volonté de certains ouvriers, lors d’une manifestation, d’en découdre avec la police : « Seulement un mot, c’est sur l’utilité de régler le vocabulaire de “flics” et de “flicards” qui peuvent gêner88. » Il faut gommer les outrances verbales du discours. Thorez toujours, lors de son discours de clôture à la conférence des secrétaires régionaux d’avril 1937, après avoir évoqué l’envie qui lui prenait parfois d’étrangler Léon Blum, insiste pour que le militant sache « toujours maîtriser ses nerfs. Chez vous, criez tant que vous voudrez ; mais dehors, le plus grand sang-froid et le plus grand calme dans l’application de la politique du Parti, même s’il y a des difficultés89 ».

    43Quand Jean Domenech, communiste de l’Hérault, se marie avec Malou Galtier, fille d’un vieux militant CGT socialiste, c’est un petit événement dont se souvient Philomen Mioch, alors secrétaire régional :

    La famille avait fait les choses en grand. Pour eux depuis que Jean était permanent90 aux côtés des Nicolas, des Collot, il n’était plus l’enfant terrible, le bolchevik comme on nous appelait avant le front populaire, avant l’unité syndicale. Avant, le mariage de la fille d’un militant socialiste avec un communiste aurait été impensable91.

    44Ces « petites » histoires nous renseignent sur l’évolution de l’atmosphère qui suit la réunification syndicale et la mise en œuvre de la stratégie d’union antifasciste, qui bousculent – y compris dans le domaine de l’intime – les pratiques. Le mariage joue ici comme une parabole des communistes renouant le dialogue avec la « vieille maison ».

    45C’est le « temps de l’héroïsation92 » pour Thorez et d’autres leaders du Front populaire93. Or, « la figure du militant communiste, responsable, digne, respectueux des institutions, se substituait à celle des premiers héros prolétariens, toujours en rupture de ban, rebelle envers la famille, l’ordre, l’autorité et la tradition94 ». N’y a-til pas un aspect contradictoire dans tout cela ? Comment « montrer l’héroïsme des communistes » – comme le mentionne Duclos95 – si ceux-ci sont « normaux » ?

    le militant doit être excellent professionnel, bon mari, bon père, bref, « normal », conforme à l’idéaltype issu du judéo-christianisme, conformiste. Il s’agit donc de « changer la société établie en imposant aux militants d’être conformes à cette société-là […]96 »97.

    46Le congrès d’Arles de 1937 ne prône pas autre chose, lorsqu’il indique que :

    pour bien servir son idéal, le communiste doit professer l’amour de son métier. Son ambition doit être de devenir un ouvrier modèle […] Aimer son métier, bien le pratiquer, c’est ce que nous demandons au communiste. Être un ouvrier irréprochable, c’est à la fois servir son idéal et son Parti98.

    47Assiste-t-on à un « culte de la personnalité ouvrière militante99 » qui, tout en dépassant la personnalité du secrétaire régional, s’incarnerait néanmoins à travers lui ? Étudions quelques exemples.

    48En 1932, un jeune militant niçois, Alphonse Pinna, compose un poème en l’honneur de Virgile Barel : « Dans la nuit tu te hâtes/Des ouvriers t’attendent/Tes mots deviennent Pain/Ou Lumière du cœur/Chaleur de l’avenir/Et moi pour mieux comprendre encore/Je vais te voir/Je soupire et me dis/Quand donc vais-je te suivre ? ». Ce poème ne fut pas diffusé à l’époque et Barel lui-même indique n’en avoir eu connaissance que 25 ans plus tard100. Il n’empêche qu’il traduit les sentiments d’admiration que pouvaient éprouver à l’égard de leur dirigeant local – ici dans une traduction presque christique – un certain nombre de jeunes militants. Les anniversaires ou la célébration de la « naissance militante » s’inscrivent dans ces processus.

    C’est à cette époque [à partir de 1936] que s’instaure la coutume de fêter les anniversaires marquants des dirigeants régionaux, à l’occasion desquels l’art de la biographie exemplaire devra se donner libre cours. Cette « politique des bouquets » [Graine rouge, p. 86.], ainsi que la qualifie J. Fourrier dans son autobiographie, contraint les dirigeants ouvriers à s’installer sur la scène politique, à sortir de l’anonymat, à tenir leur rôle101.

    49Comme l’avait écrit Ph. Buton : « un communiste naît deux fois, biologiquement et politiquement102 ». Présentons à titre d’exemple édifiant la fête des vingt ans de vie militante de François Billoux : la célébration du « chef aimé et estimé » occupe la Une de deux numéros de Rouge-Midi103. « Militant fidèle », « dirigeant éclairé », issu « de la chair de la chair du peuple de France » : la biographie de François Billoux est en effet exemplaire. Elle permet des retours fréquents à l’actualité. Ainsi, dans le discours de Charles Nédélec en l’honneur du secrétaire régional, la scission de Tours, que Billoux vécu en tant que jeune adhérent SFIO, ne peut qu’être « bientôt » terminée. Il faut y voir une référence aux efforts déployés depuis 1934 en direction des socialistes pour faire avancer l’idée d’un grand « parti unique du prolétariat », et qui se heurte à bien des obstacles. Tandis que l’évocation du passage de Billoux dans l’illégalité pour son opposition « à la guerre impérialiste » permet de répliquer à « ceux qui accusent [les communistes] de vouloir la guerre », à l’heure où l’accusation de « bellicisme » lancée contre eux bat son plein104. Billoux est le représentant de « cette élite ouvrière formée à l’école de Lénine et de Staline » qui construira le futur « parti unique du prolétariat », alors que les discussions sur ce point avec les socialistes s’enlisent.

    50Autre symbole de ce possible « culte de la personnalité » : la dénomination des cellules. Même si celle-ci ne semble avoir, aux yeux du PCF, qu’une « importance secondaire105 », nous avons repéré quelques exemples de cellules nommées d’après le secrétaire régional en exercice. C’est le cas d’Henri Boyer, secrétaire de l’Aveyron. Une cellule de la ville d’Aubin prend son nom en octobre 1938106. Ce n’est pas un exemple unique dans le corpus. Deux autres occurrences apparaissent. Il s’agit, toujours dans l’Aveyron – tradition locale ? – de la cellule de Penchot, dans la commune de Livinhac-le-Haut qui se baptise en 1939 « Edmond Ginestet107 » et, dans le Puy-de-Dôme, la cellule de l’entreprise Michelin prend le nom de Guy Périlhou108. Il est difficile d’interpréter de tels rites militants. S’inscrivent-ils dans une démarche répandue mais dont l’état des sources dissimulerait l’ampleur ? Ou bien constituentils des exceptions, des cas isolés qu’il s’agirait d’apprécier à cette juste mesure ?

    51Les cadeaux offerts aux dirigeants sont une pratique existant déjà dans le mouvement ouvrier, avant même de la naissance du PCF. On constate pourtant que ce type d’initiative revient à plusieurs reprises à la fin des années trente et semble s’établir comme une coutume, un nouveau rite militant systématisé. Marcel Gitton se réjouit à la conférence nationale de Montreuil de constater que « l’affection envers les militants se traduit par les adresses collectives, les fleurs, les cadeaux109 ». Dans une lettre au secrétariat, le dirigeant de la région des Savoies, Martin, évoque sa surprise lorsque les délégués de la conférence régionale lui offrent « un joli bronze110 ». C’est également l’occasion d’un exercice obligé de modestie militante :

    J’ai été touché de cette marque de sympathie et d’estime de mes camarades de la région. Je n’ai rien fait d’extraordinaire pour notre parti, jusqu’ici j’ai toujours fait de mon mieux, je n’ai jamais pensé que j’avais plus de mérite qu’un autre et je pense simplement continuer à faire de mon mieux.

    52Louis Molinier reçoit, toujours à l’occasion d’une conférence régionale – et cela confirme le développement du caractère solennel de ces réunions qui deviennent de vrais rassemblements avec mise en scène adaptée – une délégation d’instituteurs. Ceux-ci lui offrent deux livres, le Discours de la méthode de Descartes et Jacquou le Croquant d’Eugène Le Roy111. Symboles s’il en est du communisme de ces années-là, brandissant la science, la philosophie et le progrès technique et célébrant l’histoire populaire et les révoltes rurales. Le tricentenaire du Discours de la méthode, en 1937 justement, est célébré par le parti, en hommage à « un des représentants les plus éminents du progrès humain112 ». Et Jacquou n’est-il pas le « paysan idéal » pour les communistes, homme tranquille mais poussé à la révolte par une multitude d’injustices ? Aidé par un curé et par un noble « traître à sa classe », le combat de Jacquou est celui d’un pauvre qui sait bâtir des alliances, et dont la « petite » histoire rejoint la « grande » puisque son salut final vient des « Trois glorieuses ». L’Humanité avait diffusé Jacquou en feuilletons à l’été 1935 et Maurice Thorez mentionne l’ouvrage dans Fils du peuple113. Molinier, bien imprégné par cette culture communiste de Front populaire, a d’ailleurs déjà lu ces livres. C’est Thorez lui-même qui lui avait recommandé d’acquérir Jacquou114.

    53Bien entendu ces processus de culte de la personnalité ouvrière militante sont à interroger. « Les aires sociales de participation au culte des dirigeants, au-delà des élites militantes, doivent être en chaque cas mesurées115. » Y a-t-il « ferveur réelle », pour reprendre les propos de Maurice Agulhon116 ? D’autant que ces processus peuvent entrer en conflit avec l’éthique ouvrière et la lutte contre l’esprit « grands seigneurs » : phénomène que l’on retrouve maintes fois exprimé. C’est donc une pente potentiellement glissante pour le dirigeant communiste local. Sa mise en avant doit être, à travers lui, celle du parti. Comme dans Fils du peuple, qui ne célèbre pas un individu mais dont « le dispositif tend, au contraire, à s’abîmer dans le culte du Parti, seul véritable héros de cette histoire117 ». Et cela, le secrétaire régional ne doit jamais l’oublier. D’où la nécessité du contrôle, car c’est « dans des conditions où tout contrôle fait défaut » que le responsable « deviendra infatué de sa personne et glissera sur la pente118 ».

    54Cette évolution de l’image du secrétaire régional a partie liée avec celle des territoires dans lesquels s’exerce sa fonction.

    De la petite à la grande patrie : du local au national

    55Entre 1934 et 1939, les régions évoluent non seulement par leur nombre, mais également par l’image que veut donner d’elles le parti communiste. Ce territoire est amené à prendre une importance de premier plan dans le discours et la propagande communistes. La période du Front populaire est souvent analysée – à raison – comme un temps fort de la « nationalisation » du Parti communiste, où celui-ci se réapproprie les valeurs et la symbolique patriotique et républicaine. Il serait cependant fâcheux d’oublier la mise en avant par les communistes des « petites patries », des particularismes locaux, des terroirs, qui font partie intégrante de leur discours. Ces « petites patries » font d’ailleurs corps avec la culture politique républicaine d’alors. Forgée au long du xixe siècle, celle-ci n’oppose pas l’indivisibilité de la nation à l’existence des particularismes locaux, et les communistes y puisent largement leur inspiration. Le système éducatif développe un fort sentiment patriotique et national sans forcément entrer en conflit avec les cultures locales119. Et l’on a souligné les rapprochements entre le discours des communistes célébrant la France et ses territoires et celui des manuels d’histoire et de géographie de l’école républicaine120. Lorsque Julien Airoldi devient représentant du PCF auprès de l’IC, ne lui conseillet-on pas d’ailleurs d’étudier les huit tomes de l’histoire de France d’Ernest Lavisse121 ? Innombrables sont les références où les communistes magnifient le pays et la région, celle-ci comprise à la fois comme le territoire d’implantation du parti et le lieu géographique, la province historique. Les dirigeants locaux s’efforcent donc d’articuler des mots d’ordres aux accents nationaux unificateurs avec des discours vantant les spécificités et l’histoire locales. Ils réemploient, réadaptent le langage des socialistes français avant eux, et en particulier de Jaurès, qui articulait « petite patrie », nation et Internationale122. Il s’agit ici de se pencher sur quelques exemples illustrant cette politique, les éventuelles contradictions que celle-ci peut induire aussi bien que ses succès, et la place que peuvent prendre dans celle-ci les secrétaires régionaux. Deux territoires aux spécificités marquées – la Corse et l’Alsace – sont l’objet d’une focale. La suite de notre propos se consacre à l’étude des secrétaires régionaux dans un parti qui s’immerge dans le folklore et l’histoire locale.

    Au nom du « peuple corse »

    56Le PCF évolue en Corse dans un contexte très particulier par rapport à l’ensemble du territoire national. Longtemps la vie politique corse s’est organisée autour des clans. Le radicalisme, qui domine la scène politique de l’île dans l’entre-deux-guerres, est marqué par le « landrysme », du nom d’Adolphe Landry, qui incarne ce courant de gauche favorable au Front populaire. Avec une droite corse se radicalisant et proche des ligues, cette configuration permet aux communistes d’avancer leur ligne d’union. Bien que peu nombreux – autour de 200 militants en 1936-1937 – leur investissement sur le terrain social et des luttes leur permet d’obtenir des postes de confiance au sein du mouvement ouvrier123. L’activité communiste détonne donc. Même minoritaire, elle brise les cadres conventionnels de l’action, la politique des clans qualifiée de « politique de mensonge et de corruption124 ». Sa faiblesse dans le monde paysan est cependant soulignée en interne, et l’essentiel de ses forces réside dans les villes de Bastia et d’Ajaccio125.

    57Cette activité ne s’organise d’ailleurs pas seulement sur l’île. Au milieu des années 1930, les communistes corses de la région parisienne décident de créer une association, « l’Émancipation de la Corse », qui publie une revue du même nom126. Retenons ici que si le discours attaque frontalement la « France impérialiste », et que l’imagerie déployée par le journal ne fait aucun doute quant au lien entre émancipation sociale et émancipation nationale, le mot d’indépendance n’apparaît pas. S’intégrant dans la dynamique du Rassemblement populaire, l’Émancipation de la Corse adopte un discours où l’antifascisme prend le dessus et occupe une place centrale.

    58La création de la région communiste de Corse est tardive. Il faut en effet attendre le congrès de Bastia d’avril 1937 pour voir se constituer officiellement une région corse qui devient donc autonome de la région « marseillaise ». Sa création est due, comme souvent, au développement de l’organisation et des effectifs127. L’ancrage communiste en Corse, en progression, reste cependant bien faible : 400 voix aux législatives de 1936, 1 250 aux cantonales d’octobre 1937, pas de journal régional128…

    59De plus, des mésententes au sein des militants provoquent fin 1937 le départ de Nonce Benielli du co-secrétariat de la région, laissant Raoul Benigni seul à ce poste. Dès la constitution de la région, la spécificité corse est marquée, le congrès de Bastia se plaçant sous le mot d’ordre « Union du peuple corse pour faire de la Corse une île prospère dans une France libre, forte et heureuse129. » Quelques mois plus tard, lorsque les communistes de l’île se réunissent en conférence régionale, Raoul Benigni ouvre son rapport ainsi : « L’histoire de notre petit Pays est une suite de guerres et de luttes sans merci contre les envahisseurs et les tyrans130. » La résolution finale de la conférence comporte de nombreuses références au « peuple corse », lorsqu’elle ne mentionne pas une seule fois le « peuple de France131. »

    les cahiers noircis par Nonce Benielli, lorsque, jeune militant autodidacte, il accumule notes et réflexions sur son île et son passé […], montrent que le sentiment d’appartenance à la France n’est pas négation de la « petite patrie »132.

    60Les communistes réalisent ainsi une forme de syncrétisme entre le sentiment d’appartenance national corse et français. Le même Benielli rédige une série d’articles dans Rouge-Midi, journal commun à la Corse et aux Bouches-du-Rhône : « La Corse est belle, la Corse peut être prospère133. » Ces articles vantent les richesses d’une île sous-développée du fait de l’incurie de la métropole et de la corruption locale. L’irrédentisme italien, qui s’exprime de plus en plus ouvertement à partir des années 1930, renforce ce discours communiste. Alors que le mouvement autonomiste corse se divise, le Parti autonomiste corse (Partitu Corsu Autonomistu) et la revue A Muvra se rapprochant des Italiens et des thématiques fascistes134, les communistes jouent des « deux drapeaux » pour mobiliser le sentiment antifasciste déjà fortement ancré dans l’île. Il ne s’agit pas pour eux de réclamer l’indépendance, ni même l’autonomie, mais d’exiger des réformes modernisatrices dans le cadre de la République française. Cependant, les symboles et le sentiment national corses, déjà présents avant la création de la région communiste, sont adoptés et utilisés comme éléments de la lutte antifasciste et pro-Front populaire, notamment face aux prétentions italiennes. Cette politique est particulièrement prégnante dans le discours de Raoul Benigni tenu lors de la dernière conférence régionale du parti avant-guerre, et que le PCF édite sous forme de brochure135. Ce discours débute sur un rappel de l’histoire, orné de photographies du patrimoine corse. On y apprend que Sambuccio, figure quasi légendaire des révoltes populaires du Moyen Âge, avait, dès 1347136 engagé la lutte « contre les clans féodaux » avec le « pain, la paix, la liberté » (p. 8) comme objectifs. Sampiero Corso, Luigi Giafferi, Pascal Paoli : autant de figures de l’histoire corse intégrées au panthéon communiste local, et brandies à plusieurs reprises face à Mussolini. Les rappels des affrontements avec la France de Louis XV sont aussitôt explicités : « nos pères se dressèrent contre les féodaux français, […] mais non contre le peuple de France » (p. 10). France à laquelle le peuple corse « se donna » au moment de la Révolution. Suit un développement sur les richesses de la Corse, son agriculture, sa pêche. Vient ensuite une promotion du tourisme. Pas n’importe lequel : la Corse est faite « pour le touriste qui aime non pas les casinos et les palaces mais la nature pour elle-même […] c’est le pays des gens simples qui aiment la nature sauvage et fruste. » Ce tourisme doit bénéficier à l’île, au bénéfice des « petits commerçants et petits transporteurs locaux ». En bref il faut la mise en place d’un « tourisme populaire » (p. 16) « arraché des mains des trusts » (p. 17). Cette thématique est présente sous la plume et dans l’activité d’autres secrétaires régionaux, comme Virgile Barel à Nice137 ou Alain Signor en Bretagne138. Benigni prend pour principale cible le fascisme, italien ou allemand, et ceux qui en France seraient tentés par une politiquement d’apaisement. Daladier est, sans surprise, particulièrement visé. Il s’agit de remplacer les « Munichois » par un gouvernement de « salut national » (p. 37). A Muvra peut donc être taxé de « feuille criminelle » puisqu’elle encourage le rapprochement des autonomistes avec l’Italie. Le Komintern est d’ailleurs sollicité (p. 41) :

    Reportons-nous au manifeste de l’Internationale communiste, publié à l’occasion de son 21e anniversaire de la grande révolution socialiste. Nous pouvons y lire à la troisième page : « La tâche de la classe ouvrière aujourd’hui, est de se mettre à la tête de la lutte émancipatrice des nations asservies et de diriger la défense des peuples que menace la domination étrangère. » Les communistes corses seront les premiers dans la lutte, ils combattront en première ligne, contre la domination étrangère, pour défendre les foyers menacés de notre petit peuple.

    61Entre le local et l’international, les communistes corses usent de la carte « nationale » sur trois registres intimement mêlés : l’identité du peuple corse menacée par le fascisme étranger d’abord. Une identité faite de quête éperdue de liberté. Mais une identité qui ne peut être réellement défendue que par l’union avec la France. Une France qui doit donc tenir ferme la ligne antifasciste. Question nationale, lutte antifasciste et identité locale se marient ainsi dans la lutte contre l’ennemi extérieur et intérieur. Les communistes saluent donc et participent aux mobilisations d’attachement à la France de la fin 1938 et de 1939, qui entendent répondre aux provocations irrédentistes italiennes, quitte à parfois exagérer la menace des autonomistes, les « corsistes », au nom de la lutte contre un éventuel « Munich méditerranéen139 ». Il faut dire qu’au même moment le gouvernement s’attaque aux autonomistes philo-nazis alsaciens, lesquels avaient déjà donné du fil à retordre aux communistes.

    Alsace : la relégation de l’autonomisme

    62La situation alsacienne est elle aussi marquée par l’existence d’un puissant sentiment national dans une partie de la population. Et là aussi la situation frontalière avec une puissance « fasciste » (l’Allemagne nazie en l’occurrence) aiguise les sentiments et les oppositions politiques. Longtemps le PCF s’est constitué comme le défenseur du droit du peuple alsacien à l’autodétermination140, ce qui le distinguait des partis de gauche en Alsace et en Moselle qui se montraient assimilationnistes. En 1933 encore, le parti publie sous forme de brochure un discours prononcé le 4 avril à la Chambre par Maurice Thorez141. Dans cette intervention il est proclamé que l’Alsace et la Lorraine doivent pouvoir choisir et fixer leur destin elles-mêmes. « Si elles veulent être autonomes, si elles veulent se séparer de la France, qu’on respecte leur volonté ! » annonce Marcel Cachin en préambule. Ce discours donne d’ailleurs lieu à une passe d’armes entre Thorez et deux anciens élus communistes alsaciens, Émile Béron et Victor Doeblé142. La vie du PC en Alsace-Moselle fut en effet mouvementée. La question de l’autonomie divise. Si Béron et Doeblé ne sont guère à l’aise avec la ligne « régionaliste » défendue depuis le mi-temps des années 1920, c’est du côté des plus ardents partisans d’un rapprochement avec les autonomistes que l’on trouve les acteurs de la plus grande crise du PC dans ces territoires. En effet, le Parti communiste a vécu en Alsace une scission d’ampleur, menée par Charles Hueber. Ancien député communiste, élu maire de Strasbourg en 1929 avec le soutien des autonomistes catholiques, il est exclu la même année pour avoir soutenu un candidat autonomiste face à celui du PC. Fondateur d’un « Parti communiste d’opposition » alsacien, il se rapproche de plus en plus des autonomistes de droite et cléricaux. C’est d’ailleurs François Billoux qui fut chargé, en tant qu’instructeur du Comité central, de participer à la réorganisation de la région. Ces militants « communistes alsaciens », encore présents aux élections de 1936, n’en finissent pas de semer le trouble chez les électeurs. Hueber est d’ailleurs élu député cette annéelà. Soutiens du Front populaire, Hueber et ses partisans dérivent progressivement vers un philo-nazisme ardent143.

    63À l’été 1935, on peut lire sous la plume d’un représentant du centre :

    Le niveau idéologique des membres de la région d’Alsace-Lorraine est en général assez bas par les raisons suivantes : la région a été jusqu’à 1930 complètement coupé [sic] de la vie de l’ensemble du Parti. La question de Langue et l’impossibilité de lire la littérature française et de suivre la vie du Parti français ont empêché le développement du niveau idéologique. Il s’y ajoute encore la faiblesse de la direction régionale, ses mauvaises méthodes de travail qui ne lui ont pas permis de faire un meilleur travail d’éducation au Parti144.

    64De fait, la direction du parti en Alsace est réorganisée. La Moselle prend en juillet son autonomie dans une « région Lorraine ». Eugène Anstett prend la tête de cette région jusque-là sous la responsabilité d’Édouard Meyer. Celui-ci s’était déjà attiré les foudres du secrétariat alsacien du parti en octobre 1934145. Il avait en effet contrevenu aux consignes stipulant de ne pas payer d’amendes en cas d’emprisonnement146. En Alsace, Marcel Rosenblatt, de retour d’une formation à l’École léniniste internationale, remplace Jules Walch147 à la fin de l’année 1935. Quant au problème de la langue, il est en effet central dans cette région. « Notre langue n’est pas la vôtre » avait déclaré le délégué alsacien à la conférence d’Ivry148. Jules Walch parle « parfaitement » l’allemand mais indique que son français est quant à lui « imparfait149 ». Édouard Meyer s’exprime difficilement en français, même s’il parvient à écrire sa « bio » dans cette langue150, il déclare parler « seulement » l’allemand et lire les publications du Komintern en allemand. Marguerite Buffard se rappelle ainsi ses premiers pas chez les communistes alsaciens : « on ne me comprenait pas, et je ne comprenais pas151 ».

    65Il est vrai que les premiers pas du Rassemblement populaire sont modestes dans des territoires où la gauche peine à s’imposer, et la nouvelle ligne nationale du PCF fut plus difficile à mettre en œuvre en Alsace-Moselle que dans le reste de la Lorraine152. Aux cantonales de 1934, le désistement au second tour en faveur des candidats socialistes est accepté. Pour autant, de possibles désistements en faveur de candidats autonomistes sont également envisagés, mais aux conditions plutôt strictes :

    [Le PC] est prêt d’envisager le retrait de son candidat en faveur d’un candidat autonomiste. Nous posons surtout dans ce cas la condition qu’il se prononce catégoriquement contre la politique du gouvernement d’Union nationale, contre sa politique de l’oppression nationale, des décrets-lois, contre le fascisme sous toutes ses formes et dans n’importe quel pays, contre les chefs de la Volksfront qui ont voté pour le gouvernement et qu’ils prennent l’engagement de les dénoncer et de les combattre publiquement153.

    66En revanche, un mois après les élections, un article du secrétaire régional d’alors, Walch, confirme que « la question nationale est plus que jamais d’actualité154 ». S’il s’agit de lutter contre le fascisme, de réaliser le Front populaire, celui-ci ne peut se construire qu’en défendant les « revendications nationales » contre « l’impérialisme français155 ». Au congrès de Villeurbanne de 1936, Rosenblatt, nouveau secrétaire régional d’Alsace, évoque les aspirations du « peuple alsacien et lorrain », mais il souligne cependant que l’unique garantie de son salut réside dans son union avec le peuple de France156. La différence avec le discours tenu jusqu’alors est de taille, marquant une nette distance vis-à-vis de la ligne autonomiste défendue jusque-là. Schématiquement résumée, la nouvelle ligne, que Thorez développe notamment lors d’un déplacement à Strasbourg en octobre 1936, est la suivante : le séparatisme, en affaiblissant la France, ferait le jeu du fascisme international, en particulier du nazisme. Il faut, par antifascisme et dans le cadre du Rassemblement populaire, prôner l’union « dans la démocratie française ». « Nous avons oublié la question nationale157 » déplore alors un membre du comité régional mosellan. Si le secrétaire régional défend tant bien que mal la nouvelle orientation, c’est l’envoyé du CC qui rappelle « l’intervention de M. Thorez à la tribune de la chambre en 1933 à propos de l’AlsaceLorraine et le passage avec “nous aimons notre pays”158 ». Curieux emploi d’un discours qui dit l’inverse du nouveau. Mais qui montre les détours que peuvent emprunter des cadres pour maintenir l’unité dans l’organisation en rassurant certains militants. Cette ligne est réaffirmée au congrès d’Arles fin 1937, et Rosenblatt reprend la même thématique à la conférence régionale de Colmar en septembre 1938. Mais les proclamations de congrès, aussi importantes soient-elles, ne suffisent pas à comprendre l’ensemble des enjeux. L’intervention du secrétaire régional de l’Alsace, à la réunion du comité central des 27 et 28 mai 1938, nous donne davantage de précisions. Lors de sa prise de parole, Rosenblatt insiste sur les inégalités dans les réalisations du Front populaire : « Si le Front populaire a donné beaucoup à la classe ouvrière à l’intérieur du pays, il n’a encore rien donné sur les revendications économiques et sociales qui sont spéciales en Alsace-Lorraine159 » et de donner en exemple les avantages obtenus par les mineurs retraités en France, mais non appliqués en Alsace. Sa critique se fait ensuite plus culturelle, et la question linguistique est abordée, notamment en lien avec la propagande nazie à destination de ce territoire :

    […] il y a aussi la question de la langue, il ne faut pas seulement faire des déclarations et sous-estimer qu’en Alsace la langue maternelle est et reste l’Allemand et c’est cela qu’il faut voir […] il y a une grande propagande des journaux allemands, une propagande considérable. […] Alors que la radio allemande donne de bonnes choses, que par exemple les accordéonistes jouent pendant que les ouvriers mangent, qu’elle donne des choses qui intéressent les ouvriers, radio Strasbourg donne des opéras français.

    67Un an auparavant déjà, toujours à l’occasion d’un CC élargi, Rosenblatt s’était exprimé sur le sujet : « On veut faire de l’Alsace un deuxième pays basque ; il faut le bilinguisme. Le Front populaire doit le donner160. » Si tournant il y a eu en Alsace, et même « double-tournant », on voit que celui-ci ne se fit pas sans difficultés. Difficultés au sein même du PC, difficultés aussi avec les partenaires du rassemblement populaire. « La lutte va être très dure car il nous faut convaincre les camarades socialistes qui ne veulent rien savoir des revendications spéciales de l’Alsace, de la nécessité de défendre les revendications culturelles et économiques de l’Alsace161. » La praesidium de l’IC du mois de mars 1939162 se penche d’ailleurs sur cette question et la position consistant à « démasquer les chefs autonomistes » comme agents d’Hitler se double de la nécessité d’« intéresser le F[ront] P[opulaire] en France au besoin de défendre revendication nationale peuple d’Alsace ».

    68Notons qu’en Bretagne, une tentation autonomiste semble avoir existé parmi certains militants communistes au mi-temps des années 1920 et 1930. Elle est sans commune mesure avec la situation alsacienne. En effet, la direction d’alors a clairement combattu ce courant « favorable au fédéralisme dans le cadre de la France et au service des intérêts du capitalisme. La Région du PCF devra donc battre les membres du Parti qui ont proposé de faire le Front unique avec le Parti autonomiste breton163 ». En revanche cela ne semble guère avoir interféré dans les relations à la base, si l’on en croit le témoignage de Jean Bruhat :

    Je me demandais avec qui nouer des alliances (le « front unique » dans le jargon communiste), lorsque le hasard m’a conduit à prendre contact avec deux ou trois « autonomistes » bretons, parmi lesquels un jeune employé de l’usine des Batignolles, Robert Ballanger. Il a, très rapidement, adhéré au PC164.

    69Encore s’agit-il là d’un exemple de rencontre lié « au hasard » si l’on en croit Bruhat, et qui concerne des militants déjà marqués à gauche165 qui finissent par rejoindre l’organisation communiste. Alain Signor, secrétaire de la région bretonne de l’aube du Front populaire jusqu’à l’interdiction du parti, va conduire une politique très volontariste d’appropriation de l’histoire et du folklore bretons, mêlant Internationale et chants traditionnels, espérance dans l’URSS et exaltation de l’histoire du Pays Bigouden. Il s’inscrit ainsi dans une démarche systématisée à partir du début de l’année 1937.

    Histoire locale, folklore et traditions

    70La réappropriation de la culture nationale passe par la reconnaissance du folklore et des traditions locales166. À ce titre, la conférence nationale de Montreuil du PCF, tenue en janvier 1937, joue un rôle important. En se concentrant sur le développement de la presse communiste locale, « une soixantaine de titres de toute sorte, totalisant chaque semaine 119 420 exemplaires167 », elle insiste sur « un contenu et une présentation vraiment régionaux ». Cette presse va ainsi s’attacher à une prise en compte systématique de l’histoire locale et du folklore168. Dans un rapport au titre évocateur, Marcel Gitton avait rappelé les enjeux :

    Il nous faut apprendre et apprécier toutes les richesses artistiques, culturelles que notre peuple a accumulées au cours des siècles. Car de tout cela, nous sommes les héritiers, c’est le patrimoine national de notre peuple et contre les forces rétrogrades et de destruction, nous devons le préserver, l’augmenter sans cesse169.

    71Ainsi dès la fin janvier 1937, le Semeur des Deux-Sèvres fait paraître des chroniques en patois, dans L’Aveyron-Notre Quercy, on lit des articles sur la vie du paysan du Causse il y a cent cinquante ans, dans La Voix du Midi, c’est l’histoire de « Toulouse la rouge à travers les âges… » qui est racontée170.

    72Ce phénomène de mise en avant des régions est particulièrement lisible à travers la mise en scène du Congrès d’Arles à la toute fin de l’année 1937. Pascal Ory rappelle que « l’entrée de la salle était décorée d’une composition figurant non Marx et Engels mais Mireille et Vincent, la salle elle-même était pavoisée des drapeaux de toutes les provinces de l’ancienne France ». La séance d’ouverture ne peut que satisfaire les secrétaires régionaux présents en tant que délégués. Six d’entre eux sont présents à la tribune, et salué par l’orateur, Marcel Gitton, en tant que secrétaires régionaux171. Le congrès voit un défilé de processions vêtues d’habits traditionnels locaux, une exposition des spécialités et savoir-faire des régions, un spectacle dédié aux congressistes dans les arènes de la ville172. Dès les lendemains de ce si pittoresque et inédit congrès, cet aspect est répercuté par les cadres régionaux dans les comptes rendus qu’ils dressent à leurs camarades et les articles qu’ils écrivent dans la presse locale. Ainsi le Cri du peuple de la Loire fait sa Une en vantant « les beaux produits de notre région » exposés au Congrès, louant ainsi dans un même mouvement « l’attachement des communistes à leur pays, à leur province173 ». Cet attachement se lit aussi dans l’usage des noms des régions historiques davantage que celui du ou des départements. Ainsi dans Le Travailleur Alpin, journal de la région des Alpes, et son successeur La Voix du Peuple, on peut constater l’apparition puis la grande fréquence d’utilisation du qualificatif « dauphinois » pour qualifier le « peuple » de l’Isère, de la Drôme et des Hautes-Alpes, en référence à l’ancienne province du Dauphiné, rattaché au xiie siècle au royaume de France174. D’autres supports sont l’occasion de mettre le local en avant. Les cours données à l’école communiste inter-régionale du Rhône175, présentent une vision magnifiée des particularismes du « peuple lyonnais » : « la caractéristique de la mentalité lyonnaise […] c’est le désir d’indépendance. Tout en acceptant l’autorité du pouvoir central, le Lyonnais, au cours des siècles fait d’incessants efforts pour conserver ces traditions et échapper à la centralisation excessive176 ». De même dans Le Tarn, l’étude de l’hérésie albigeoise est conduite sous le titre « La Grande Lutte pour l’Indépendance du Languedoc177. » La culture bretonne, notamment sa langue fut largement mise en avant dans le contexte du Front populaire. L’instituteur Marcel Hamon, qui sillonne le département des Côtes-duNord durant la campagne des législatives de 1936, se souvient :

    en début de réunion, je faisais la proposition suivante : les questions internationales sont traitées en français et les questions intérieures en breton. Avant de terminer automatiquement le meeting par l’Internationale en breton178.

    73Cette Internationale, traduite en breton par Hamon, permet de renouer avec la tradition des chants populaires, où folklore breton et chants révolutionnaires se marient179. Marcel Cachin évoque l’attachement des communistes en ces termes :

    Nous sommes, nous les communistes nés en Bretagne, très attachés à notre petit pays d’origine, à l’histoire de ses luttes historiques, aux chants de son terroir, à ses costumes, à son art paysan le plus puissant de France. Nous voulons aussi que l’on respecte la langue bretonne, notre belle vieille langue « libre et barbare ». Elle sonne bien aux oreilles. Elle est encore celle de centaines de milliers de marinspêcheurs, paysans qui la parlent avec amour et qui ne veulent pas la laisser mourir180.

    74On retrouve également ici le lien entre dimension historique locale et dimension de classe, par la référence aux « centaines de milliers » de travailleurs susceptibles de parler cette langue. Il s’agit donc aussi pour le PCF de faire corps avec les sociabilités populaires. La commission des cadres du PCF, quand elle évalue la « bio » d’Yves Flouriot, secrétaire des Côtes-du-Nord entre 1935 et 1939, relève d’ailleurs comme qualité remarquable qu’il « connaît parfaitement le breton181 ». Cette politique culturelle du PCF en Bretagne est particulièrement illustrée par le film produit par le parti Breiz nevez182. À l’été 1938, le PCF organise une fête à Pont-l’Abbé, ville d’Alain Signor, secrétaire régional : chants en bretons et danses traditionnelles se mêlent aux poings levés et aux forêts d’étendards tricolores qui émergent d’une foule portant la coiffe bigoudène. C’est l’« antithèse de la greffe du communisme183 » qui est présentée ici. Si le personnage central de ce court-métrage est Marcel Cachin, Breiz nevez offre également l’exemple quasi unique184 d’un secrétaire régional cité et filmé dans une production cinématographique du PCF à cette époque.

    Alain Signor à la fête de Pont-l’Abbé, le 7 août 1938. Extrait du film Breiz nevez, 1938, 11 minutes.

    Image

    Capture d’écran DM sur Ciné-archives.

    75En Bourgogne, Le Travailleur de l’Yonne-Côte-d’Or inaugure juste après la conférence de Montreuil une rubrique, « les Heures bourguignonnes », qui revisitent l’histoire et les coutumes locales, sous la forme d’articles hebdomadaires185. Lucien Aussenac, futur secrétaire régional du Tarn, fait paraître dans le journal local dont il a la responsabilité en 1937 une rubrique en occitan, « Ah ! Moun païs…186 ». Le secrétaire régional des Alpes-Maritimes lance un appel dès 1935 à « former les Catherine Ségurane de la Révolution187 » en référence à l’héroïne niçoise qui participa à la défense de la ville lors du siège de 1543. Dans les régions des Alpes et des Savoies, c’est la figure des Allobroges qui est réinvestie par les communistes. Commémorant les journées de février 1934, le Travailleur Alpin, se fait lyrique en reprenant le refrain d’un fameux chant savoyard :

    les plus nobles traditions s’y retrouvaient que traduisait dans les actes le beau refrain des Allobroges : Allobroges vaillants, dans vos vertes campagnes/ Accordez-moi toujours, asile et sûreté./ Car j’aime à respirer l’air pur de vos montagnes, / Je suis la Liberté !188

    76Les loisirs, traditions et sociabilités populaires sont investis par les militants communistes, qui s’inscrivent dans le sillon tracé par la culture socialiste. La politique de la fête, « l’une des manifestations essentielles des liens partisans189 », devient un élément systématique de développement de l’influence du parti communiste. Ces éléments ne doivent pas être négligés dans une étude sur les secrétaires régionaux du PCF car ils sont au cœur de la construction du cadre thorézien. « Tout ce qui fait la réalité quotidienne des classes populaires devient un point d’appui de l’action militante190 » et Thorez, dès le début des années trente, coupe court aux esprits chagrins : « On a tort de croire que les communistes […] doivent être des gens austères n’aimant pas le rire et se refusant aux saines distractions populaires191 ». Cette pratique de la fête est à ce point ancrée et valorisée dans les nouvelles habitudes militantes qu’elle incite Joseph Navoizat, ex-secrétaire régional de l’Aube-Haute-Marne, à y consacrer une demie-page entière sur les huit que compte sa « bio » En voici un extrait :

    Par la suite ayant constater qu’il n’y avait jamais eu de fêtes populaires dans ce quartier, nous avons décider de créer un Comité de fête entre les membres du Parti et du groupe de soutien du journal. La réussite fut complète et la première fête que nous avons organisé l’année dernière au 15 août [1936] fut un très gros succès. Pendant trois jours tout le quartier fut pavoisé et des milliers de personnes vinrent à notre fête. Les habitants nous procurèrent plus de 2000 francs par souscription individuelles ; nous avons fait des affaires avec tout les petits commerçants du quartier aussi. Nous avons acheté un important matériel avec le bénéfices tout en ayant le soin de faire don de 500 francs au Rayon et 500 francs à la Dépêche192.

    77La fête permet d’élargir l’influence de l’organisation, en créant des liens avec les habitants et commerçant d’un quartier. Elle réaffirme d’une manière ludique et joyeuse le « contrôle » d’un territoire en y affichant l’insertion tranquille du PCF. Elle permet enfin, et ce n’est pas négligeable, d’apporter un soutien financier à l’organisation locale du parti. Ces pratiques ne ravissent pas tous les militants. En 1938, le premier dirigeant du Gard, Louis Molinier, va jusqu’à s’en plaindre devant son comité régional :

    il s’éleva très sévèrement contre le fait que tous les dimanches il y a dans de nombreux points de la région des fêtes prolétariennes populaires avec banquet. Il appela cela « la politique du poulet rôti » et déclara qu’il fallait faire beaucoup moins de ces manifestations193.

    78On retrouve ici, implicitement il est vrai, les réticences communes à de nombreux cadres qui craignent que « l’immersion dans le quotidien », le contact avec les masses, ne fassent perdre au parti sa pureté doctrinale194. Louis Molinier est repris sur ce point par l’auteur du rapport qui rappelle que :

    nous nous trouvons là en présence d’une coutume très ancienne qui veut que dans le Gard les mois d’été chaque commune tienne une ou deux fêtes. Partout où nous avons une cellule c’est elle qui prend l’initiative de cette fête que l’on dénomme prolétarienne ou populaire. Ces fêtes ont d’ailleurs plusieurs avantages : elles rassemblent beaucoup de monde, le côté financier n’est pas négligeable et chaque fois un élu ou un militant prononce un discours195.

    79L’on pourrait multiplier ainsi les exemples. À Granville (Manche), c’est également l’envoyé du centre qui s’implique pour faire revivre l’histoire locale sous l’angle de la politique du parti. Un extrait de son rapport illustre bien les efforts fournis à l’époque :

    D’autre part, j’ai attiré l’attention des gars sur le fameux siège que Granville eut à soutenir pendant la révolution de la part des royalistes vendéens. C’était oublié, j’ai montré tout le parti qu’il fallait tirer pour le mouvement du Front populaire, pour Paix et Liberté. J’ai lancé l’idée d’une journée commémorative et tout un travail pour faire revivre ces souvenirs précieux, ces traditions révolutionnaires et démocratiques ; naturellement j’ai mis en garde contre le danger de présenter le siège sous l’angle de la lutte des Normands contre les Chouans. Ça y est, c’est lancé ! Mes gars ont trouvé des ouvrages, les voilà partis vers la bibliothèque : un jeune instituteur Pinçon, et le fils du colonel de la place semblent vouloir faire de belles choses. Ils ont retrouvé des vieux souvenirs d’une révolte paysanne qui aurait eu lieu vers 1600 ( ?) dans cette contrée. Je vais pouvoir pousser cela196.

    80Se trouvent ici concentrés des éléments essentiels de la politique communiste. Tout d’abord le souci de l’histoire locale, des « traditions », puis la référence à la Révolution française mais aussi à des événements plus lointains. Enfin l’ouverture à des catégories sociales comme « l’instituteur » ou « le fils du colonel ». Le tout dans l’optique de la défense du Front populaire, rejouant le clivage des « Blancs » contre les « Bleus ». S’inscrivant dans les célébrations des 150 ans de la Révolution française, la presse communiste régionale multiplie les articles évoquant la période dans leurs territoires. La région du Lot va même publier une brochure Le Quercy sous la Grande Révolution (1789-1793)197. Reliant les revendications des cahiers de doléance au « programme actuel du Parti communiste », elle met à l’honneur l’action des « masses populaires en Quercy », particulièrement des paysans. Les réalisations du Comité de Salut Public « se retrouvent, en tant que revendications, dans le programme du Front populaire ». Cette brochure, qui se poursuit par l’énumération des manquements au programme du Rassemblement populaire, témoigne des tensions en cette année 1939, marquée par les affrontements avec le gouvernement Daladier, la chute de l’Espagne républicaine, le délitement de l’alliance antifasciste, en bref la fin du Front populaire. La célébration de l’histoire locale révolutionnaire vaut bien entendu leçon pour le temps présent198.

    81Il y a donc, de la part des communistes, réappropriation de la culture nationale et du folklore, dans un va-et-vient constant entre le village et la patrie, les périphéries et le centre. Les moyens de cette politique sont nombreux : articles de presse, organisations de fêtes, investissements des sociabilités populaires locales, qu’elles soient urbaines ou rurales, travail sur l’iconographie et la symbolique… « Le folklore devient alors un monument de l’histoire nationale du peuple de France qu’il faut savoir défendre, valoriser et perpétuer199. » Le PCF initie donc « une dialectique fructueuse entre sa volonté de bouleversement général et son désir d’enracinement dans la France200 ». Cet enracinement passe par un discours jacobin et républicain qui n’oublie pas la promotion du folklore, d’un certain localisme, plus ou moins accentué selon les lieux. Difficile de faire la part entre les « recommandations » du centre et l’initiative des militants locaux. Les secrétaires régionaux sont théoriquement en première ligne de ce processus, eux qui sont censés incarner le parti dans leur territoire, mais ce sont parfois, on l’a vu, les missi dominici du centre qui doivent inciter les militants à se saisir de ces questions. On constate en tout cas que, comme en Espagne au même moment – bien que dans un contexte fort différent – la réécriture de l’histoire peut être « centraliste, régional[e] ou les deux à la fois201 ». La galaxie communiste française s’insère dans le moule républicain. Elle en est en partie issue, et ses militants ne sont pas extérieurs à la société, ne forment pas « contre-société » – et d’ailleurs ne le souhaitent pas : il s’agit sur le long terme de renverser l’ordre établi, pas de créer des phalanstères rouges isolés du reste de la société202. Il y a des spécificités, un entre-soi souvent, une sociabilité militante certainement. Mais la classe ne marche pas seule. Avec elle s’intègrent l’international, le national et également le local.

    82Les secrétaires régionaux incarnent donc un parti qui se veut le représentant des « meilleures » traditions du peuple de France, dans sa diversité et son unité. Le territoire de la région, l’échelle locale, deviennent des enjeux qu’il s’agit de mettre en avant. Le secrétaire régional participe à cette évolution y compris de manière plus passive, à travers la représentation qui est donnée de lui par exemple. Dans les territoires récemment considérés comme des colonies, l’évolution ne va pas sans heurt, et le tournant antifasciste se double d’un tournant « unioniste », porté en Alsace par un nouveau secrétaire régional sorti de l’École léniniste de Moscou. Dans leur ensemble, les secrétaires régionaux parviennent cependant sans trop de difficultés à tenir la ligne et parviennent à concilier une dimension propre à la culture communiste internationale, et une autre marquée par la dimension républicaine et la promotion des « petites patries ».

    De l’arrivée au pouvoir au gouvernement du Front populaire

    Les grèves de 1936

    83S’il est un moment attaché au Front populaire dans les mémoires collectives, c’est bien le printemps 1936. Victoire électorale, grèves avec occupations, accordéons et casquettes, poings levés… Souvenirs, clichés, légendes, s’entremêlent. Un épisode dont se sont déjà emparés avec bonheur les historiens203. Paradoxalement les archives du PCF relatives au travail dans les régions ne donnent qu’un aperçu très bref du mouvement de mai-juin 1936. En réalité, la production d’archives baisse à ce moment-là car les militants sont pris par les événements, investis dans une intense action quotidienne qui suspend le temps « normal » du militantisme. « Le bureau régional ne se réunissait plus » constate ainsi un rapport sur la région de la Nièvre204. Joseph Patetta, nouveau secrétaire des Alpes-Maritimes, reconnaît volontiers que « l’activité, le temps des militants sont accaparés par des tâches quotidiennes205 ». Il faudrait un patient travail de reconstitution, à partir des monographies locales consacrées aux grèves de 1936 dans les départements, des mémoires des militants alors aux responsabilités locales, pour reconstituer précisément l’action de chacun et chacune des membres de notre corpus. Nous présentons cependant ici quelques exemples de leur action.

    84Philomen Mioch se souvient de son activité au moment des grèves du printemps 1936 : « En tant que secrétaire régional du parti, j’établissais autant de cahiers de revendication que la Bourse du Travail. » Comme c’est le cas dans de nombreux conflits, les grévistes sont parfois désemparés sur la suite à donner à l’arrêt de travail. « Je vis arriver une centaine de travailleurs de la Tuilerie Riche située route de Bessan. Ils avaient cessé le travail et attendaient que quelqu’un vienne pour leur expliquer la marche à suivre206. » En effet, au siège de la région Aude-Hérault, les délégations de grévistes défilent pour tout simplement s’organiser. « Nous nous mîmes à la tâche, établissant le cahier, désignant ceux qui iraient le présenter à la direction, organisant l’occupation de la Tuilerie, assurant la sécurité des fours et la relève de la garde de nuit, ainsi qu’un bal dans la cour. » Il semble y avoir une quasi fusion des tâches entre l’Union départementale CGT et le siège de la région communiste. Une autre dimension apparaît également dans ce témoignage, propre aux régions frontalières d’avec l’Espagne : la confrontation avec les anarchistes espagnols. Lorsque ceux-ci mettent en difficulté le secrétaire de l’UD lors d’une assemblée d’ouvriers agricoles, c’est le secrétaire du parti qui est appelé à la rescousse pour rétablir le calme dans l’assemblée. C’est à la fois à la figure principale du parti dans le département que l’on fait appelle, mais aussi au dirigeant de grèves victorieuses d’ouvriers agricoles qui se déroulèrent un an auparavant207.

    85Un autre secrétaire régional s’improvise lui aussi représentant des grévistes. André Moine, alors chômeur et dirigeant la région des Basses-Pyrénées-Landes, est sollicité par des ouvrières d’une fabrique de béret en grève. Il s’improvise aussitôt délégué. Quelques jours plus tard, la même situation se présente : cette fois, ce sont les ouvriers d’une scierie qui le sollicitent pour les aider à s’organiser208. Et l’on a vu plus haut la récompense vestimentaire qui attend André Moine à l’issue de ces grèves victorieuses. « J’ai été la ou les organisations mon placé mes conseils et mon experience mon permi dêtre a la hauteur de ma taches » écrit Émile Galatry dans sa « bio209 », qui parvient d’ailleurs à déjouer une manœuvre patronale souhaitant faire signer une convention collective particulièrement défavorable aux ouvriers210.

    86À l’inverse, le grand mouvement social du printemps 1936 semble avoir laissé peu de traces chez certains dirigeants régionaux. Georges Pelat, secrétaire de l’Aisne, à la question sur la participation à des « mouvements de masse » du questionnaire biographique, fait références aux « luttes antifascistes de 1934 » et à une grève dans le bâtiment à Saint-Quentin en 1927211. Aucune mention des grèves de 1936, donc.

    87Même chose dans la « bio » de René Uni, dirigeant de Meurthe-et-Moselle212 ou dans les mémoires de Roland Boudet, dirigeant de l’Orne213. Cela doit aussi nous interroger, au-delà des oublis et des omissions, sur les différences perceptions de ce mouvement selon les territoires, même si trois départements seulement n’ont pas été touchés par les grèves214. Dans l’exercice biographique d’institution, il est vrai que le format ne se prête guère à raconter dans le détail ces expériences. 1936 constitue ainsi une étape parmi d’autres, un combat ajouté à une liste, plus ou moins longue selon les parcours. Février 1934 apparaît plus fréquemment, peut-être parce que la dimension « politique » et moins « économique » de la lutte trouve aux yeux du « bioté » plus de légitimité dans le cadre de cet exercice.

    La politique de la « main tendue » aux catholiques

    88La « main tendue » aux travailleurs croyants, et en particulier aux catholiques, est l’une des dimensions de la politique communiste de Front populaire depuis le célèbre discours radiodiffusé de Maurice Thorez d’avril 1936, où celui-ci proclame : « nous te tendons la main, catholique, ouvrier, employé, artisan nous qui sommes des laïques parce que tu es notre frère, et que tu es comme nous accablé par les mêmes soucis… ». Il ne s’agit pas ici de faire une histoire des rapports des communistes aux chrétiens, mais de montrer à travers quelques exemples la diversité des situations à laquelle les secrétaires régionaux sont confrontés. La « main tendue » ne va pas toujours de soi lorsque l’on sait l’importance des enjeux autour de la laïcité et/ou de l’anticléricalisme dans l’implantation du PCF, particulièrement dans certaines zones rurales « rouges215 ». Un exemple nous est donné, en pleine période de « main tendue », d’affrontement autour de la question des enterrements civils216. Une jeune femme socialiste, sympathisante du PCF, succombant à la tuberculose, fait venir sur son lit de mort le secrétaire régional du parti dans l’Hérault, Philomen Mioch, et lui demande de faire respecter sa dernière volonté d’être enterrée civilement et avec le drapeau rouge. La suite des événements est narrée par Philomen Mioch :

    Il ne fut pourtant pas facile de faire respecter la volonté de la défunte. Sans aviser son mari, la famille de Paulette avait fait toutes les démarches pour lui faire donner les sacrements de l’Église. Alors que sonnait le glas, son mari désespéré vint me trouver au cercle, il me dit : « Il n’y a que toi qui peux empêcher ce sacrilège. Dépêches-toi, le curé va arriver, je veux que les volontés de Paulette soient respectées. Nous étions quelques camarades, Carmen217 prend le drapeau du parti brodé de la faucille et du marteau, et nous voilà en route vers la maison mortuaire où déjà le corbillard était en place. De l’Église avec le crucifix arrivait, en même temps que nous, le curé. Il comprit vite, face à la quinzaine que nous étions drapeau rouge en tête, qu’il était de trop et rebroussa chemin218.

    89Comme observé en d’autres lieux219, on constate que le rite libre-penseur de l’enterrement civil s’enrichit de la symbolique communiste, même si le drapeau rouge était déjà présent avec la Libre-Pensée et que l’étendard de la région du PC utilisé ici correspond aussi à une solution « d’urgence ». Dans son intervention à la conférence des secrétaires régionaux d’avril 1937, Henri Boyer, dirigeant de l’Aveyron, fait le point sur les relations tumultueuses avec certains gens d’Église : « Dans les églises les prêtres indiquent que ce sera l’excommunication pour tout fidèle qui lira la Dépêche ou l’Aveyron220 », les journaux communistes locaux. Il ajoute : « un prêtre a refusé la communion à une jeune paysanne dont le frère combat dans les Brigades internationales parce qu’elle lisait l’Aveyron ».

    90En Bretagne, le discours d’ouverture des communistes envers les catholiques n’est pas sans créer des difficultés avec les militants laïques qui forment l’un des éléments importants de la dynamique du Front populaire dans ce territoire, mais aussi avec les socialistes221. Or, « dans le Pays bigouden, les communistes, autour d’Alain Signor, sont hostiles à toute pratique anticléricale avant même la politique de la “main tendue” ». C’est d’ailleurs le secrétaire de cette région du Finistère-Morbihan, où la question laïque est centrale, qui est amené à défendre la politique de la « main tendue » au congrès d’Arles de décembre 1937. Ce qui n’est pas sans lui causer d’importantes difficultés au sein de son syndicat de l’enseignement et auprès des militants des Comités de défense laïque222. Ces derniers semblant regretter le temps où les communistes, « trouvant trop tiède ou trop timorée l’action des Comités de défense laïque de l’Ouest, essayaient de créer un peu partout des sections de “Travailleurs sans Dieu”, à tendance nettement antireligieuse223 ».

    91Car le combat mené contre l’emprise religieuse était l’une des marques essentielles de l’engagement de bon nombre de communistes. Nous avons évoqué plus haut cet héritage de la Libre-pensée et du combat laïc. Il reste forcément des traces de telles pratiques. Maurice Thorez se plaint ainsi en 1937 que l’« on écarte encore des camarades dont l’enfant a fait la première communion224 ». Certains des camarades de René Froissart, dirigeant de la région communiste de l’Yonne, l’accusent « d’être trop modéré, puisqu’il collabore avec un dirigeant, un catholique dans l’organisation paysanne de masse du département225 ».

    92André Moine ne semble pas quant à lui avoir éprouvé de difficulté :

    Cette nouvelle conduite ne fit pas problème pour moi, ni je crois pour la grande masse des camarades communistes. Il correspondait trop à la grande exigence ressentie par tous de faire front au danger fasciste très concret et il se situait dans un courant d’union antifasciste ‘‘à tout prix’’. Cela ne veut pas dire que le contenu de l’appel était bien compris, assimilé, qu’on en mesurait la portée. Les vieux réflexes subsistaient226.

    93Sans toujours aller jusqu’à la rupture, cette orientation peut se heurter à des formes de résistance passive de la part du corps militant. « La politique de la main tendue n’est acceptée que du bout des lèvres » écrit ainsi Jean Berlioz dans son rapport sur le Lot-et-Garonne, deux ans après le lancement de cette politique227. Dans les AlpesMaritimes, Virgile Barel réussit à réunir lors d’un meeting à Nice en juin 1936 Mgr Daumas et Maurice Thorez. Prenant la parole, Daumas déclare : « le communisme à mes yeux constitue […] un danger. Mais j’aime les communistes qui sont des frères […] ils sont de bonne foi228 ». En Corse, « […] dans certains petits villages, les JC et les membres du parti collaborent avec le curé pour l’organisation des loisirs229 ». Il faut dire que dans cette région « il n’est pas rare de voir que même dans les rangs du Parti, une partie de nos camarades sont encore à l’église ».

    94Ces évolutions sont à mettre en rapport avec une attitude plus globale, au-delà de la seule politique de « main tendue », de rapport à la religion et à ses rites. On relève ce processus dans une étude de la section communiste de Brest :

    il ne s’agit pas de la « main tendue », mais de reconsidérer l’attitude à observer par les communistes face aux pratiques religieuses (baptêmes, communions, mariages enterrements) observées dans leur propre famille. […] La plupart des travailleurs qui dès lors vont donner leur adhésion sont mariés à des femmes croyantes et appartiennent à des familles où la pratique religieuse est vivace et qu’il n’est plus question de choquer230.

    1937 : les conférences des secrétaires régionaux, baromètre de l’humeur militante ou recadrage ?

    95Lors de l’année 1937, la direction nationale du PCF convoque à deux reprises les secrétaires régionaux, en avril puis en octobre. Du jamais-vu jusqu’à présent dans l’histoire du parti. L’objectif de ces conférences est triple pour la direction nationale : avoir des remontées du terrain, vérifier le travail des cadres, et à partir de ces éléments réaffirmer la ligne du parti. Nous l’avons vu plus haut, à partir de la conférence des secrétaires régionaux de 1935, la lecture des archives, tant des comptes rendus de ces réunions que de leurs préparations, montre clairement que la direction souhaite « faire parler » les secrétaires régionaux, et non plus seulement leur donner des directives comme lors des précédentes réunions de ce type. Elle veut comprendre comment la base vit la situation nouvelle du Front populaire avec ses contradictions.

    96La conférence d’avril bénéficie d’un compte rendu dans la presse communiste nationale. Compte rendu d’ailleurs modeste, puisque situé en quatrième page de l’Humanité du 29 avril : deux colonnes où la photo de Renaud Jean – qui intervient sur les questions paysannes – peine à s’imposer face aux « Robes manteaux et costumes » féminins qui illustrent la rubrique « La femme et l’enfant ». L’essentiel de l’article évoque les rapports présentés lors de cette conférence par les dirigeants nationaux du parti : Renaud Jean donc, mais aussi Marcel Gitton, Jacques Duclos et enfin Maurice Thorez. Aucun dirigeant local n’est nommé, et leurs interventions sont ramassées en quelques lignes lapidaires et convenues231.

    97Pourtant cette réunion fut importante. Marcel Gitton, qui participe à une réunion du Comité exécutif de l’IC le 1er avril 1937, annonce la tenue « d’une assemblée de secrétaires régionaux du parti pour procéder à un examen » des problèmes en cours : l’Espagne, la fusillade de Clichy232, les évolutions au sein de la CGT, les rapports avec les socialistes233… Les interventions des dirigeants régionaux sont encadrées par un discours d’introduction de Marcel Cachin, trois rapports (Gitton sur les questions syndicales, Jean sur le travail dans les campagnes et un bilan de la politique agricole du gouvernement, Duclos sur les élections cantonales et l’effort à déployer auprès des classes moyennes) et un discours de clôture de Maurice Thorez234. L’esprit de celui-ci est particulièrement critique. Le secrétaire général relève « beaucoup trop de satisfaction » (f. 312) dans les interventions des dirigeants locaux. Il leur reproche de sous-estimer la baisse de l’influence du parti, les défauts et les erreurs dans le travail d’organisation : « le refrain général a été tout va très bien. On en est même à se demander pourquoi le Bureau politique a éprouvé le besoin de réunir les secrétaires régionaux du Parti. » (f. 312) et dénonce un « esprit de vantardise dans les cadres du parti » (f. 324), Staline et son dernier discours devant le comité central du PC soviétique235 étant particulièrement mobilisés. Or, Thorez met en garde son auditoire (f. 332) :

    N’oubliez jamais, réfléchissez, n’oubliez jamais que notre grand Parti frère allemand a compté près de 400 000 membres et n’oubliez jamais, malheureusement, que parce que là-bas on n’a pas pu obtenir l’unité d’action entre communistes et socialistes, qu’on n’a pas pu développer une large politique d’union, d’unité de la classe ouvrière et des classes moyennes, comme celle que nous pratiquons, cette politique de Front populaire, malheureusement, que la classe ouvrière a été défaite et le PC a été interdit et ses meilleurs jetés dans des camps de concentration ou décapités.

    98La consultation des archives de Maurice Thorez montre la préoccupation du secrétaire général sur ce point : « l’esprit de suffisance », les « vertiges du succès » sont des éléments que l’on retrouve à de nombreuses reprises dans ses notes personnelles236. Il renvoie les secrétaires régionaux aux responsabilités qui leur incombent : « C’est toujours le militant le plus responsable par conséquent le dirigeant de l’organisation du parti dans la région, qui doit dans tous les cas, obtenir le meilleur travail dans les militants du Parti. » (f. 344).

    99Rien ne fut publié sur la conférence d’octobre. On ignore d’ailleurs jusqu’au lieu où elle se déroula. Elle n’est pas mentionnée dans le bilan récapitulatif des principales réunions tenues en 1937 dans la volumineuse brochure issue du congrès d’Arles237. L’unique trace se trouve dans les archives internes de l’organisation238. Réalisée dans le prolongement d’une réunion du comité central, la conférence d’octobre est présidée par Marcel Gitton. On ignore si d’autres dirigeants nationaux y assistaient. L’accent est donné sur le local, sur les méthodes de travail des cadres régionaux, leurs réussites mais surtout leurs limites et leurs échecs. Gitton débute par un tour d’horizon, au cas par cas, « en signalant certaines choses auxquelles il conviendrait de faire très attention. » (f. 2). Douze régions sont ainsi passées au crible. La suite ressemble à un pénible exercice de justification de la part des militants présents. Donnons à titre d’exemple l’intervention du représentant du Var (f. 79-80) :

    Et je veux en terminer en vous disant qu’avant-hier au CC, quand on a dit qu’il y a peut-être de la suffisance, moi je n’ai pas pris cela pour moi. Pourquoi ? Parce que j’ai toujours été sous le contrôle du Parti. J’ai toujours continué à militer dans ma cellule, à faire des réunions de cellules, des réunions de sections. Je dis cela non pas pour donner des explications, mais je dis cela pour faire connaître aux camarades que tous les vendredis lorsque la Chambre a terminé je pars à Toulon ; je fais des comptes rendus de mandats, des permanences, je réponds à toutes les lettres et je ne crois pas que sur ce terrain je puisse faire plus.

    100Le militant, secrétaire régional par intérim, met en avant son dévouement et son rythme de travail, qui cumule les responsabilités et les déplacements, afin de contourner les critiques. Constatant l’absence de désaccord avec les orientations générales du parti, Gitton peut déclarer : « J’abandonne par conséquent le discours de clôture, à la satisfaction générale. » (f. 162)

    101Ces deux conférences diffèrent de celle de 1935. Certes, le contexte a changé, et le parti avec lui. La teneur des discours ne peut être identique. Mais la méthode également change. Les conférences de 1937 semblent être davantage vouées à recadrer l’action des secrétaires régionaux plutôt qu’à les écouter et à s’informer auprès d’eux, comme ce fut le cas en 1935. Ces deux rassemblements de secrétaires régionaux sont révélateurs des difficultés qui s’accumulent, à tel point que la direction nationale prend le soin de rappeler les dirigeants des régions à leurs responsabilités : « meilleurs » parmi les communistes, ils ne doivent pas céder au « vertige du succès » et avoir le souci de l’amélioration constante de leur travail.

    Diriger dans un parti de masse

    102À mesure que les effectifs du parti croissent, il faut s’adapter, composer avec cette croissance. En quoi le travail des secrétaires régionaux change-t-il ?

    « Nos effectifs grandissent plus vite que nos dirigeants239 »

    103Entre 1934 et 1939 les effectifs du PCF ont décuplé. De moins de 30 000 en 1933, le parti compte trois ans plus tard près de 250 000 membres et atteint un pic fin 1937 avec près de 300 000 adhérents. Les travaux de Roger Martelli permettent désormais d’avoir un regard affiné sur les effectifs communistes. Nous proposons ici ses trois principales hypothèses de décompte établies à partir de divers sources et travaux :

    Estimations des cartes placées au PCF entre 1935 et 1939.

    AnnéesHypothèse 1Hypothèse 2Hypothèse 3
    1935600005300053000
    Avr-36900008700080000
    Sept-36216000208000190000
    31-déc-36245000237000216000
    Sept-37279000269000246000
    1937292000282000257000
    Sept-38259000250000229000
    août-39229000221000202000

    Roger Martelli, Prendre sa carte et L’empreinte communiste.

    104En se fondant sur les chiffres du parti (qui sans être totalement fiables donnent un bon ordre de grandeur), on peut établir que « si tous les adhérents de 1933 l’étaient encore en 1937 (donc en faisant abstraction des démissions, des exclusions et des décès), ils ne représentaient plus que 11,4 % du parti de 1936, 8,8 % de celui de 1937240 ». C’est donc un énorme bouleversement qui traverse la vie du parti, une véritable transformation qui touche de multiples aspects de la manière d’être communiste et donc d’être un dirigeant, un cadre communiste.

    Nos régions elles-mêmes ont infiniment plus de soucis aujourd’hui qu’auparavant et les méthodes de direction qu’on employait hier ne peuvent plus satisfaire aux exigences du Parti. La répartition des tâches dans les comités régionaux, la question des locaux, des permanences, des moyens rapides de communications et de déplacement (téléphone, automobiles, etc.) la nécessité d’avoir recours à des formes nouvelles pour réunir des militants, des élus, par exemple les banquets, autant de choses à mettre au point241.

    105Les exemples locaux sont édifiants. Dans le Maine-et-Loire, la région est « composée dans son immense majorité par des adhérents de moins d’un an242 ». La région Haute-Saône-Territoire-de-Belfort, comptait 87 membres en 1934, près de 400 deux ans plus tard243.

    106« Nous n’étions pas nombreux », se souvient Barel en évoquant les premiers pas de la Fédération des Alpes-Maritimes du PC, « J’étais secrétaire fédéral ou secrétaire régional […]. Je connaissais les deux ou trois cents camarades et souvent leurs problèmes de famille244 ». En 1936, la région compte 7 300 adhérents245. Comment une telle connaissance du tissu militant local peut-elle résister à une telle évolution ? C’est une nouvelle manière d’être dirigeant qui doit alors se mettre en place, nous dirons d’ailleurs s’improviser. La dernière question de l’exercice biographique porte sur les militants qui connaissent le « bioté », ceux dont il peut se réclamer. Alain Signor, dans son autobiographie d’août 1937, répond : « Réponse difficile actuellement ; la direction du Parti connaît mieux mon activité que l’ensemble de nos militants actuels246. » Que de mélancolie semble contenue dans cette réponse !

    107La nouvelle génération arrive avec ses codes, sa culture, qui ne sont pas ceux des militants plus anciens. Le travail du secrétaire régional n’est pas facilité lorsque, dans les cellules « l’ABC de l’organisation du parti est encore à apprendre247 ». Dès lors la crainte d’une rupture entre « jeunes » et « vieux » prend une place importante dans les rapports entre centre et régions. Fin 1937, Jules Decaux, nouveau secrétaire de la région Paris-Ville, est envoyé représenter le CC à la conférence régionale du Pasde-Calais. Son rapport soulève le problème du décalage entre générations militantes :

    Le Comité régional sortant ne semble pas représenter la composition du Parti, d’abord par le temps d’appartenance au parti (la majorité des membres du CR sont au Parti depuis 1921-1930, alors que la majorité des membres sont au parti de 35 à 37) ensuite par les occupations des membres du CR (élus et militants syndicaux). Le nouveau CR qui compte 38 membres dont 4 en Espagne améliore un peu, mais encore trop faiblement. […] Peu d’interventions de camarades adhérents depuis 1936, les interventions de quelques vieux membres du Parti furent franchement mauvaises contre l’unité avec les socialistes et contre la main tendue248.

    108La problématique d’une séparation entre vieux et jeunes adhérents qui manqueraient de formation est patente dans nombre de rapports, surtout à partir de 1936.

    Le Parti semble divisé en vieux, qui n’ont pas suivi l’évolution du Parti et qui sont presque seuls à parler, et de nouveaux venus qui comprennent mieux mais qui n’osent pas formuler leur opinion parce qu’ils sont persuadés qu’ils n’ont pas une éducation suffisante. […] J’ai dû faire un exposé de près d’une heure pour apporter un peu de clarté249.

    109Marcel Raison, dirigeant de l’Indre-et-Loire :

    je veux souligner un seul point, et ce point qui empêche le développement du Parti, c’est le sectarisme dont font preuve, non pas les nouveaux adhérents, mais les vieux adhérents de notre parti. C’est cela qui nous empêche de progresser aussi vivement que nous le pourrions250.

    110Jean Bruhat ne dit pas autre chose, lorsqu’il se souvient de son comportement et de celui de ses camarades lorsqu’il fallut arborer le tricolore et chanter la Marseillaise :

    En ai-je entendu, des Marseillaises lancées timidement, comme avec regret et en quelque sorte par discipline […]. À l’embarras avec lequel on chantait La Marseillaise s’opposait, lui succédant, et avec quelle joie profonde, l’Internationale. Il semblait qu’en chantant l’Internationale on se vengeait d’avoir été conduit à chanter La Marseillaise. Ceux qui venaient au Parti dans les années 34-36 ne ressentaient pas cette contradiction. Mais nous, oui, les anciens, que la haine de la guerre et l’internationalisme avaient conduits au communisme251.

    111La tâche des cadres locaux est alors de réussir l’intégration des « nouveaux » avec les « anciens ». Jean Bruhat se remémore les propos que Maurice Thorez lui tint après un discours à Nantes : « Il faut aller très lentement, pousser tout le Parti, tenir compte des traînards et ne pas créer, chez nous, les conditions d’une cassure252. » Les cadres locaux ont un rôle fondamental de création d’un lien générationnel.

    112La présence de jeunes militants est jugée positivement par certains rapports. On l’a vu, les jeunes adhérents « comprennent mieux253 » l’orientation de Front populaire, ils « ne demandent qu’à faire de l’action254 ». Lors de la conférence régionale de la Nièvre, le délégué du CC estime que « ce n’est que chez les jeunes que j’ai constaté une juste application de notre politique de masse255 ». Mais les nouveaux adhérents ont aussi d’autres caractéristiques. Ils parlent peu dans les réunions. Caresmel estime même que la jeunesse des adhérents est la cause du faible niveau politique en HauteSaône : « la discussion qui reflète la jeunesse de notre Parti et l’absence de vie politique fut très faible256 ».

    113Mais cette coupure nette entre des « jeunes » ouverts et modérés, pénétrés de l’orientation antifasciste et des « vieux » refermés et radicaux, campant sur le « classe contre classe » doit être tempérée. D’une part parce que les rapports insistent toujours sur les aspects problématiques du travail du parti dans les régions, très rarement sur les aspects positifs. D’autre part parce que les marques de « sectarisme » ne sont pas toujours l’apanage des générations militantes plus anciennes. François Billoux, secrétaire de la région marseillaise, évoque ainsi les dangers du « sectarisme » :

    Le danger de bavardage révolutionnaire, nous le retrouvons chez des vieux membres du Parti de 1929, chez lesquels le sectarisme n’était pas complètement disparu, nous le trouvons encore chez de jeunes camarades qui, venus dans la période d’enthousiasme de 34-36 ont pensé que tout allait continuer à « aller tout seul »257.

    114Cette intervention est intéressante car elle montre l’impatience militante qui peut agiter les anciens comme les nouveaux adhérents. Ceux-ci constatent la force politique nouvelle du parti, la surestiment sans doute, et estiment légitime d’en attendre davantage.

    115La solution devant ces risques de fissures, de brèches générationnelles au sein de l’institution partisane réside dans la formation, l’éducation politique des membres. Pour encadrer la masse des nouveaux adhérents, il faut faire émerger parmi ceux-ci des militants capables d’assumer cette tâche. À partir de 1936, l’organisation d’écoles, la lecture des brochures, deviennent une priorité dans les mots d’ordre. Les secrétaires régionaux doivent être des éducateurs, ou à défaut, être capables d’organiser des formations locales. « Nos secrétaires régionaux tout particulièrement doivent être les meilleurs artisans de cette éducation. Il y va de l’avenir de notre Parti258. »

    116L’aspect sociologique du recrutement crée parfois des situations inattendues, qui viennent tempérer l’enthousiasme des discours d’ouverture des secrétaires régionaux. Les dirigeants locaux doivent alors improviser et trouver des solutions à des problèmes inédits. Ainsi Maurice Lampe évoque une partie de ces nouveaux venus au parti lors de la conférence des secrétaires régionaux d’août 1935 :

    Nous ne recevons plus maintenant des demandes d’adhésions au Parti de membres de la Petite bourgeoisie, mais déjà des membres de la grande bourgeoisie. Nous avons reçu l’adhésion d’une femme d’un multimillionnaire, d’un directeur d’un service public important et des journalistes. Hier avec Bartel [Jean Chaintron] nous avons reçu un journaliste de droite qui a fait des reportages coloniaux sur les journaux de droite, il demande son adhésion au PC il y a en réalité une véritable tendance au recrutement dans cette couche et naturellement, dans la plupart des cas nous sommes obligés à trancher radicalement avec eux et nous les laissons en dehors du parti en les laissant adhérer à l’AEAR, aux Amis de l’URSS, etc. parce qu’on ne peut pas admettre de faire entrer au Parti des gens qui, durant toute leur vie, ont vanté les beautés du régime259.

    117Le recours aux organisations de la galaxie communiste permet ainsi d’amortir le choc et d’intégrer des nouveaux venus à la subculture communiste sans les faire accéder directement au parti, mais sans les marginaliser non plus dans un refus net.

    De la « grande famille » au « grand parti » ?

    118Une nouvelle conception du parti surgirait à la conférence nationale de Genevilliers des 21 au 23 janvier 1939. On passerait de la « grande famille » au « grand parti » (du nom des deux rapports prononcés par Marcel Gitton, secrétaire à l’organisation en 1937 et 1939260). Il y aurait raidissement, retour à des fondamentaux plus « bolcheviques », moins ouverts. Face aux difficultés accumulées depuis deux ans, au déchaînement d’anticommunisme, l’organisation resserrerait les rangs. À la souplesse de 1937 succéderait un retour au parti vu comme « forteresse assiégée261 ». Cette hypothèse mérite d’être discutée. Il est certain que le mot d’ordre « Nous devons rester le Parti communiste262 » ne fait guère écho à l’ouverture et à la « main tendue ». Gitton critique en effet ses camarades qui « estompent la ligne de démarcation entre notre Parti et ceux qui agissent à côté de nous », glissant ainsi « vers les théories de la social-démocratie263 ». Mais peut-être que des responsables locaux, qui ont perçu ce changement, ont voulu le mettre en œuvre avec un peu trop de zèle. En tout cas, il faut à notre avis s’arrêter un instant sur un article de Félix Cadras, paru dans l’Humanité en juin 1939264. Cadras, après avoir été secrétaire régional du Nord puis du Pas-de-Calais, est membre de la section d’organisation du comité central. Marcel Gitton lui laisse peu à peu la main sur les structures d’organisation. Intitulé « Gagner les hommes au Parti, et savoir les garder », l’article s’attache à dénoncer et analyser « quelques faits bien déplorables », à savoir des « méthodes qui donnent des résultats diamétralement opposés » à l’objectif du recrutement265. Cadras décrit quelques situations édifiantes de militants chassés du PC ou marginalisés pour des motifs futiles, par exemple cet adhérent d’une cellule de Haute-Garonne exclu « parce qu’il n’était pas éduqué politiquement ». « Que penserait-on d’un éducateur qui chasserait ses élèves parce qu’ils ne sont pas instruits ? » demande ainsi Félix Cadras, valorisant indirectement la « posture pédagogique » du cadre thorézien266. Les secrétaires des régions concernées (en l’occurrence Henri Turrel et Marc Domenech) sont directement visés par les critiques de Cadras. Celui-ci reprend des éléments du discours de Marcel Gitton contre les « grands seigneurs » et l’« ivresse du succès267 ». Autant de termes que l’on retrouve, de Staline268 à Thorez, de façon très prégnante depuis 1937.

    Il faut enfin avoir bien conscience à tous les échelons qu’on n’a pas le droit d’agir avec tant de légèreté ou comme de grands seigneurs. Il faut qu’on prenne conscience qu’un homme gagné au parti est une grande chose. « L’homme, a dit Staline, est le capital le plus précieux. » C’est lui qui applique la politique du parti. Veillons donc avec amour et persévérance sur lui269.

    119Ici la critique se fait donc à la fois contre un fonctionnement pratique insuffisant voire intolérable, mais surtout contre le raidissement, contre l’impatience envers les militants les moins éduqués politiquement, pour le maintien et le développement d’une politique de recrutement qui, tout en portant les efforts sur l’éducation, doit rester ouverte.

    120D’autre part, sur un plan plus symbolique et qui s’en tient aux formules – mais on sait l’importance du discours – la formule du « grand parti » est déjà présente en 1936. Quant à celle de la « grande famille », elle est encore utilisée en 1939270.

    121Le reste du propos est très proche du contenu de l’article de Cadras. Certes :

    en débit d’une expérience qui, sur le terrain, pouvait être fort différente, ils [les PC] devaient demeurer de véritables partis bolcheviques en conservant la conception du parti d’avant-garde fondé sur un centralisme rigoureux et une discipline idéologique renforcée. La situation internationale et la répression venaient justifier des appels à la vigilance contre toutes les critiques et les oppositions271.

    122Mais les analyses sur la vie démocratique dans le parti de 1937 ou de 1939 ne sont guère différentes. Si le style semble plus ouvert en 1937, Gitton dénonce dans ses deux discours les conceptions qui tendraient à créer des « tendances » ou des « clans » et rappelle la nécessaire unité du parti, sa discipline272. La nécessité de la formation au marxisme-léninisme, la vigilance contre les ennemis du parti, sont également des composantes essentielles du discours sur la « Grande famille » que l’on retrouve en 1939. Cela montre que le PCF, loin de se poser uniquement en gardien de la flamme du Front populaire dans le discours et d’agir en parti refermé sur luimême dans les actes, développe l’orientation initiée en 1934. Il n’y a pas inertie de la part du parti, mais des prolongements, des innovations, des avancées qui « confirmèrent et développèrent l’orientation de Front populaire273 », y compris dans ce qu’elle signifie dans la vie interne du parti, dans son rapport avec sa nouvelle dimension de masse, donc dans le rapport des cadres locaux avec leurs militants. Le PCF, transformé en parti de masse, a conscience qu’il « tend à construire un type nouveau et original de militant politique, proposé en modèle à l’ensemble des gauches. Dans les imaginaires sociaux du milieu des années 1930, le militant communiste fait, de plus en plus, figure de militant politique par excellence274 ». Il sait aussi que cette position est fragile. Pour autant, on ne saurait déceler ici une réelle théorisation du parti de masse. Aux cadres, il est enjoint de recruter, et de former. Si l’explosion des effectifs pose des problèmes, le marxisme-léninisme les résoudra. Les nouveaux adhérents ne changeront pas le parti, c’est le parti qui les changera. Un rapport dialectique entre les deux n’est pas évoqué, même si, dans les faits, on peut l’envisager. Dans ce schéma, les cadres régionaux ne peuvent qu’être en première ligne, eux qui assurent le lien masses-principes-discipline dans l’action quotidienne.

    Notes de bas de page

    1 NOIRIEL Gérard, Une histoire populaire de la France, Marseille, Agone, 2018, p. 513.

    2 WOLIKOW Serge, « La réintégration de la famille politique communiste... », op. cit., p. 158. Formule dont l’ambiguïté n’est pas sans créer des effets pervers, certains militants pouvant développer une « tendance a considérer notre tactique que comme une manœuvre » selon les mots du délégué du CC en Saôneet-Loire ; RGASPI 517/1/1666, feuillet 82, 22 juillet 1934.

    3 BRUHAT Jean, Il n’est jamais trop tard, Paris, Albin Michel, 1983, p. 72.

    4 L’Association républicaine des anciens combattants (ARAC), liée au PC, si elle appelle également à manifester ce jour-là, le fait sur ses propres mots d’ordres et sur son propre parcours.

    5 CHAMBARLHAC Vincent, « Le 9 février 1934, journée rouge, journée sans lendemain ? », sur le blog de l’ANR Paprik@2F.

    6 Voir la brochure communiste : 9 février Journée Rouge, Les Publications révolutionnaires, 1934.

    7 DIMITROV Georgi, Journal 1933-1949, Paris, Belin, 2005, p. 124.

    8 WOLIKOW Serge, Le monde du Front populaire, Paris, Le Cherche Midi, 2016, p. 82

    9 WOLIKOW Serge, L’Internationale communiste (1919-1943). Le Komintern ou le rêve déchu du parti mondial de la révolution, Ivry-sur-Seine, Éditions de l’Atelier/Éditions ouvrières, 2010, p. 90.

    10 WOLIKOW Serge, Le monde..., op. cit., p. 86 ; BECKER Jean-Jacques, Le Parti communiste veut-il prendre le pouvoir ?, Paris, Seuil, 1981, p. 37-43.

    11 Comprendre « Parti socialiste », RGASPI 517/1/1656, feuillet 11, Région des Deux-Savoies, 18 mars 1934.

    12 RGASPI 517/1/1656, feuillet 22, Lettre de Roche au CC, Chambéry, 4 août 1934.

    13 VERGNON Gilles, L’antifascisme en France de Mussolini à Le Pen, Rennes, PUR, 2009.

    14 RGASPI 517/1/1661, feuillet 9-10, Lettre de Charles Doucet à la direction de la région Drôme Ardèche (Thomas et Thibon), Valence, 16 février 1934.

    15 RGASPI 517/1/1656, feuillet 104, Rapport sur la situation à Montluçon, 20 avril 1934.

    16 RGASPI 517/1/1656, feuillet 33, Région Ardennes, 14 février 1934.

    17 RGASPI 517/1/1656, feuillet 46, Rapport d’activité de la conférence régionale des Ardennes, mars 1934.

    18 VIGREUX Jean, « 24 octobre 1934 : la naissance du Front populaire à Nantes », 2014, sur le blog de l’ANR Paprik@2F.

    19 VIGREUX Jean, Histoire du Front populaire. L’échappée belle, Tallandier, 2016, p. 51.

    20 La formule ne rencontre d’ailleurs pas un succès immédiat. Les socialistes y sont réticents. Au sein même du monde communiste, la question fait débat. Les dirigeants de l’Internationale sont divisés. Pour les uns, la nouvelle orientation doit rester circonstancielle. Pour les autres, elle implique une dimension plus large, une nouvelle forme d’activité des PC, une nouvelle insertion dans leur vie politique nationale.

    21 RGASPI 517/1/1656, feuillets 16 à 19. Lettre de Paul Billat, 27 juillet 1934.

    22 RGASPI 517/1/1661, feuillet 27, Compte rendu des Assemblées d’information dans la région de l’Est, 22 juillet 1934.

    23 Ibid., feuillet 29.

    24 RGASPI 517/1/1660, feuillet 114, Compte rendu de l’Assemblée d’information de Montluçon,

    25 Juillet 1934.

    26 Jean-Baptiste Aucouturier fut secrétaire du rayon de Montluçon de 1927 à 1935.

    27 Le Breton socialiste, 24 mars 1934, cité dans SÉNÉCHAL Jean-Paul, Le Finistère..., op. cit., p. 51.

    28 Lettre du Secrétariat du PCF, 27 août 1934, cité dans PARENT Marcel, Camarade..., op. cit., p. 50.

    29 Voir chapitre 4.

    30 Notice Maitron, par Jean Maitron.

    31 RGASPI 517/1/1666, feuillet 154, Conclusion de la commission d’enquête sur la situation dans la région tourangelle.

    32 Témoignage de Paul Delanoue recueilli par BRILLANT Jean-Jacques, Les Communistes en Indre-et-Loire 1936-1939, mémoire de maîtrise, cité dans Communistes en Touraine. 80 ans de témoignages et de récits, Fédération et Amicale des Vétérans d’Indre-et-Loire du PCF, 2000 p. 67

    33 VIDAL Georges, La Grande Illusion ? Le Parti communiste français et la Défense nationale à l’époque du Front populaire (1934-1939), Lyon, PUL, 2006, p. 109-110.

    34 Notice Maitron, par Jean Maitron et Claude Pennetier.

    35 THOREZ-VERMEERSCH Jeannette, La vie en rouge, Éditions Delga, 2015, p. 65.

    36 VIDAL Georges, « Le PCF et la défense nationale à l’époque du Front populaire (1934-1939) », Guerres mondiales et conflits contemporains, n° 215, mars 2004, p. 53.

    37 Contrairement à ce qu’avance J. Kergoat dans La France du Front populaire, Paris, La Découverte, p. 61, les archives montrent un profond questionnement des militants sur le sujet.

    38 RGASPI 517/1/1744, feuillet 258. Compte rendu de la conférence régionale du Jura, 22 décembre 1935.

    39 RGASPI 517/1/1744, feuillet 250, Région du Jura, [été 1935].

    40 RGASPI 517/1/1744, feuillet 1, Rapport de délégation dans la région du Cantal, du [illisible] au 21 juillet 1935.

    41 RGASPI 517/1/1816, feuillet, 16, Conférence régionale du Cantal, n-d.

    42 RGASPI 517/1/1744, feuillet 86, Région Yonne-Côte d’Or, n-d [courant juillet 1935] ; RGASPI 517/1/1744, feuillet 89, Compte rendu de la région Yonne-Côte d’Or, 3 novembre 1935. Et HOHL Thierry, « Antifascisme et région : le cas de l’Yonne », séminaire Les antifascismes en région au temps du Front populaire, Université de Bourgogne, 2006 [https://lir3s.u-bourgogne.fr/phonotheque/m-27].

    43 Notice Maitron d’Émile Labrunie par J. Girault, J. Maitron et C. Pennetier.

    44 RGASPI 517/1/1732, feuillet 22, Quatrième cours de l’école de rayon de Saint-Denis, n-d [1933 ou 1934].

    45 Fonds du cabinet du Préfet des Alpes-Maritimes, Police d’État Nice, 3 juin 1935, cité dans BÉZIAS JeanRémy, « Le Parti communiste à Nice au temps du Front populaire (1934-1939) : quelques données sur la fortune d’un paradoxe », Cahiers de la Méditerranée, n° 33-34, 1986, p. 86.

    46 Reproduit dans BAREL Virgile, Cinquante années de lutte, Paris, Éditions sociales, 1966, p. 91.

    47 RGASPI 517/1/1660, feuillet 179, Rapport sur la conférence des Deux Charentes du 6 mai 1934.

    48 RGASPI 517/1/1815, feuillet 243, Rapport sur la conférence régionale de la région bordelaise, 5 janvier 1936.

    49 WOLIKOW Serge, L’Internationale communiste (1919-1943). Le Komintern ou le rêve déchu du parti mondial de la révolution, Ivry-sur-Seine, Éditions de l’Atelier/Éditions ouvrières, 2010, p. 88-95.

    50 Voir notamment BELLANGER Emmanuel, Ivry, banlieue rouge. Capitale du communisme français, XXe siècle, Céraphis, 2017 ; « Le “communisme municipale” ou le réformisme officieux en banlieue rouge », in

    BELLANGER Emmanuel et MISCHI Julian (dir.), Les territoires du communisme..., op. cit., p. 27-52 ; MARTELLI Roger, L’archipel communiste. Une histoire électorale du PCF, La Dispute/Éditions sociales, 2008 ; MARTELLI Roger, VIGREUX Jean et WOLIKOW Serge, Le Parti rouge. Une histoire du PCF 1920-2020, Paris, Armand Colin, 2020, p. 57.

    51 Voir notamment MARGAIRAZ Michel et TARTAKOWSKY Danielle, « L’avenir nous appartient ! », une histoire du Front populaire, Paris, Larousse, 2006, p. 48-50 ; TARTAKOWSKY Danielle, Les manifestations de rues en France (19181968), Paris, Publications de la Sorbonne, 1997 ; VIGREUX Jean, Histoire du Front populaire…, op. cit., p. 60-69.

    52 Nous nous basons sur RGASPI 517/1/1714, Sténographie des séances de la conférence du PCF avec les secrétaires régionaux, 10 août 1935, 228 p. Ce compte rendu n’est malheureusement pas exhaustif, il manque un certain nombre d’interventions ou des parties d’interventions. Sauf indications contraires, les citations suivantes sont extraites de ce document, numéro du feuillet entre parenthèses.

    53 RGASPI 517/1/847, Rapport du secrétariat d’organisation du PCF à la conférence des secrétaires régionaux et discussion sur le rapport, 6 juin 1929.

    54 RGASPI 517/1/979, Sténographie des séances de la conférence des secrétariats et des comités régionaux du PCF, 1er novembre 1930.

    55 PEG03/1935/032, Décisions du Bureau politique du 9 août 1935.

    56 Ce cas de figure, qui semble être la norme dans les discussions à cette conférence, masque cependant des différences prononcées. Par exemple à Saint-Brieuc, la liste radicale et socialiste est présentée par le PCF comme « représentant l’un des clans bourgeois de la ville pour tromper la classe laborieuse » : AD CDA 3M496, élections municipales, mai 1935, cité dans PRIGENT Alain, Histoire des communistes des Côtes-duNord (1920-1945), Saint-Brieuc, 2000, p. 101.

    57 KERGOAT Jacques, La France du Front populaire, Paris, La Découverte, 2003, p. 66-67 ; SÉNÉCHAL Jean-Paul, Le Finistère..., op. cit., p. 68-86.

    58 Venu de l’anarchisme, il est alors membre du Bureau politique du PCF et du secrétariat de la CGTU.

    59 VIDAL Georges, « Violence et politique dans la France des années 1930 : le cas de l’autodéfense communiste », Revue historique, n° 140, avril 2006, p. 901-922.

    60 Par exemple : RGASPI 517/1/1746, feuillet 9, Région Limousine. Comité régional élargi du 10 novembre 1935.

    61 « Une importante réunion de la direction du Parti et des secrétaires régionaux », l’Humanité, 12 août 1935, p. 2.

    62 C’est le cas pour une quinzaine de région à partir de 1936. Par exemple, 320 délégués à Marseille à la conférence de janvier 1937.

    63 C’est par exemple le cas de Jean Duran, RGASPI 517/1/1816, feuillets 102-103, Tarbes, 2 septembre 1936.

    64 Par exemple : RGASPI 517/1/1744, feuillet 258, Compte rendu de la conférence régionale du Jura, 22 décembre 1935.

    65 Par exemple : RGASPI 517/1/1744, feuillet 218, Délégation à la Conférence régionale du Tarn, 22 décembre 1935.

    66 Rapport au VIIIe congrès national du PCF, compte rendu sténographique, éditions du Comité populaire de propagande, 1936, p. 351.

    67 PUDAL Bernard, Prendre parti..., op. cit., 1989, p. 211.

    68 RGASPI 517/1/1662, feuillet 149, Compte rendu de la tournée dans la région normande, 25 juillet-1er août 1934.

    69 MARGAIRAZ Michel et TARTAKOWSKY Danielle, « L’avenir nous appartient ! », une histoire du Front populaire, Paris, Larousse, 2006, p. 156.

    70 Fils du peuple, 1937, anonyme, 5 min.

    71 PUDAL Bernard, « Les communistes », in BECKER Jean-Jacques et CANDAR Gilles (dir.), Histoire des gauches..., op. cit., p. 56.

    72 ROBRIEUX Philippe, Histoire intérieure..., op. cit., p. 483. En fait, Gitton intervient déjà sur cette question au Congrès de Villeurbanne de janvier 1936, puis à la Conférence nationale du PCF de juillet de la même année.

    73 VERGNON Gilles, « Le “poing levé”, du rite soldatique au rite de masse. Jalons pour l’histoire d’un rite politique », Le Mouvement social, n° 212, juillet-septembre 2005, p. 77-91.

    74 Voir chapitre 3.

    75 Rouge-Midi, 24 septembre 1937.

    76 PESCHANSKY Denis, Et pourtant ils tournent. Vocabulaire et stratégie du PCF (1934-1936), INALF, 1988, p. 169 et suivantes.

    77 Par exemple : RGASPI 517/1/1743, feuillet 239, Éléments du rapport de ma délégation dans la région bretonne, juin 1935.

    78 Même s’il s’agit d’un exemple extrême, rappelons que le PPF appelle Virgile Barel « Virgiloff Bareslki »... ; OLIVESI Dominique, Virgile Barel..., op. cit., p. 109.

    79 TILLON Charles, On chantait rouge, Robert Laffond-Opera Mundi, 1977, p. 216-217.

    80 VIGREUX Jean, La faucille après le marteau..., op. cit., p. 206.

    81 MOINE André, Regards critiques..., op. cit., p. 90.

    82 RGASPI 517/1/1864, feuillet 191, Compte rendu de la Conférence régionale de Haute-Saône du 21 novembre 1937.

    83 MANESSIS Dimitri, « Grands tournants et petits arrangements. La symbolique des partis communistes au temps du Front populaire, 1934-1939 » in DUCOULOMBIER Romain et VIGREUX Jean (dir.), Le PCF, un parti global..., op. cit., p. 295.

    84 RGASPI 517/1/1816, feuillet 129, Rapport sur la tournée des camarades députés Honel et Saussot, Région du Doubs, 30 octobre 1936.

    85 RGASPI 517/1/1714, f. 224-225, Sténographie des séances de la conférence du Parti communiste français avec les secrétaires régionaux, 10 août 1935.

    86 Cité dans VIGREUX Jean, La faucille..., op. cit., p. 205.

    87 WOLIKOW Serge, « La réintégration de la famille politique communiste... », op. cit., p. 162.

    88 RGASPI 517/1/1714, feuillet 105, Sténographie des séances..., op. cit.

    89 RGASPI 517/1/1860, feuillet 337, Conférence des secrétaires régionaux, Gentilly le 27 avril 1937.

    90 Jean Domenech (1905-1974) était alors secrétaire adjoint permanent de l’Union départementale CGT de l’Hérault.

    91 MIOCH Philomen, Les tribulations d’un ouvrier agricole, Nîmes, 1984, p. 142.

    92 BULAITIS John, Maurice Thorez..., op. cit., p. 121.

    93 CHAMBARLHAC Vincent, « L’héroïsation... », op. cit., p. 55-71.

    94 MONTEBELLO Fabrice, « Joseph Staline et Humphrey Bogart : l’hommage des ouvriers. Essai sur la construction sociale de la figure du “héros” en milieu ouvrier », Politix, vol 6, n° 24, 1993, p. 118.

    95 Dans un rapport à Moscou, janvier 1936, cité par MONIER Frédéric, Le Front populaire, op. cit., p. 90.

    96 KRIEGEL Annie, Les Communistes français dans leur premier demi-siècle. 1920-1970, Paris, Seuil, 1985.

    97 VINCENT Gérard, « Être communiste ? Une manière d’être », in ARIÈS Philippe et DUBY Georges (dir.), Histoire de la vie privée, t. 5, Paris, Seuil, 1999, p. 400.

    98 « Le congrès d’Arles », La Brochure populaire, n° 7, janvier 1938, p. 26.

    99 PUDAL Bernard, Prendre parti, op. cit., p. 235.

    100 BAREL Virgile, Cinquante..., op. cit., 1966, p. 71.

    101 PUDAL Bernard, op. cit., p. 211.

    102 BUTON Philippe, « Les générations communistes », Vingtième siècle, revue d’histoire, numéro spécial n° 22, avril-juin 1989, p. 81-82.

    103 Voir Rouge-Midi des 24 et 28 septembre 1937. Les citations qui suivent en sont extraites.

    104 Becker Jean-Jacques et Berstein Serge, Histoire de l’anticommunisme..., op. cit., p. 309-310.

    105 SIMON André, « Les saints communistes. Les noms des cellules du PCF en Vaucluse », Communisme, n° 5354, 1997, p. 74.

    106 Notice Maitron, par Jean Maitron et Claude Pennetier.

    107 Notice Maitron, par Jean Maitron et Claude Pennetier.

    108 Notice Maitron, par Jacques Girault et Eric Panthou.

    109 GITTON Marcel, Connaître notre doctrine. Connaître et aimer la France. Rapport prononcé par Marcel Gitton le 22 janvier 1937 à Montreuil à la conférence nationale du Parti communiste français, Éditions du Comité populaire de propagande, 1937, p. 7.

    110 RGASPI 517/1/1867, feuillet 65, Lettre de Martin, Chambéry le [illisible – fin 1937].

    111 MOLINIER Louis, Un militant…, op. cit., p. 149.

    112 CACHIN Marcel, « Les communistes célèbrent la mémoire du philosophe et du savant », l’Humanité, 11 mai 1937, p. 4.

    113 Fils du peuple, Éditions sociales internationales, 1937, p. 29. Thorez relira régulièrement Jacquou ; voir DUCANGE Jean-Numa et VIGREUX Jean (dir.), Maurice Thorez. Journal, 1952-1964, Paris, Fayard, 2020, p. 224.

    114 MOLINIER Louis, op. cit., p. 149.

    115 PENNETIER Claude et PUDAL Bernard, « Stalinisme, culte ouvrier et culte des dirigeants », in DREYFUS Michel, GROPPO Bruno, INGERFLOM Claude et al., Le siècle des communismes, op. cit., p. 375.

    116 AGULHON Maurice, Les métamorphoses de Marianne. L’imagerie et la symbolique républicaines de 1914 à nos jours, Flammarion, 2001, p. 23.

    117 PENNETIER et PUDAL, « Stalinisme... », op. cit., p. 374.

    118 JANIN Henri, « Le problème des cadres... », op. cit., p. 42.

    119 CHANET Jean-François, L’École républicaine et les petites patries, Paris, Aubier, 1996 ; THIESSE Anne-Marie, Ils apprenaient la France. L’exaltation des régions dans le discours patriotique, MSH, 1997.

    120 LAZAR Marc, Le communisme une passion française, Paris, Perrin, 2005, p. 84.

    121 RGASPI 517/1/1902, feuillet 40, Discussion avec Guerret, 14 juin 1939.

    122 « Les “petites patries” dans la France républicaines », Jean Jaurès. Cahiers trimestriels, n° 152, avril-juin 1999 ; CASTAGNEZ-RUGGIU Noëlline, Histoire des idées socialistes..., op. cit., p. 67-68.

    123 PELLEGRINETTI Jean-Paul et ROVERE Ange, La Corse et la République. La vie politique de la fin du second Empire au début du XXIe siècle, Paris, Seuil, 2004, p. 267.

    124 BENIELLI Nonce, « Le Parti communiste et les élections cantonales en Corse », Rouge-Midi, 29 octobre 1937, p. 2.

    125 RGASPI 517/1/1818, feuillet 28. Appréciations sur la situation en Corse, n-d.

    126 RGASPI 517/1/1745.

    127 RGASPI 517/1/1818, feuillet 28. op. cit. et AN, Fonds de Moscou, Fonds de la Sûreté Générale, Dossier 416.

    128 BENIELLI Nonce, « Le Parti communiste... », op. cit.

    129 RGASPI 517/1/1863, feuillet 275. Un aperçu de la situation de la Région Corse. Novembre 1937.

    130 RGASPI 517/1/1863, feuillet 280. Rapport sur les travaux de la conférence régionale des 27 et 28 novembre 1937 à Ajaccio.

    131 Ibid., feuillet 290.

    132 PELLEGRINETTI Jean-Paul et ROVERE Ange, La Corse..., op. cit., p. 322.

    133 Voir Rouge-Midi, mai-juin 1937.

    134 POMPONI Francis, « Le régionalisme en Corse dans l’entre-deux-guerres (1919-1939) », in GRAS Christian et LIVET Georges (dir.), Régions et régionalisme en France du XVIIIe siècle à nos jours, Paris, PUF, 1977, p. 414.

    135 BEGNINI Raoul, Le peuple corse est contre le fascisme. Rapport présenté à la Conférence régionale de Porto-Vecchio, mars 1939. Les citations qui suivent en sont extraites.

    136 On présente plus volontiers cette révolte comme s’étant déroulée en 1357-1358.

    137 Avec notamment le développement de l’Association tourisme populaire (ATP) relié au grand projet de « Crimée française » ; OLIVESI Dominique, Virgile Barel..., op. cit., p. 12 et 180.

    138 « Au service du tourisme populaire », La Bretagne ouvrière, maritime et paysanne, 8 mai 1937, cité dans SÉNÉCHAL Jean-Paul, Le Finistère..., op. cit., p. 264.

    139 SILL Édouard, « 1938 : la Corse au cœur de la crise franco-italienne », Retronews, 20 novembre 2019.

    140 Sur les premières années du PCF, voir KRIEGER Pierre, « L’implantation de la SFIC dans le Bas-Rhin de 1920 à 1929. Un héritage tenace de la social-démocratie allemande ? », in MANESSIS Dimitri et ROUBAUD-QUASHIE Guillaume (dir.), Empreintes rouges..., op. cit., p. 47-60.

    141 THOREZ Maurice, L’Alsace Lorraine sous le joug, Les Publications révolutionnaires, 1933.

    142 Voir leurs notices Maitron.

    143 KRIEGER Pierre, « Charles Hueber : un militant alsacien aux identités plurielles », Strathèse, n° 5, avril 2017.

    144 RGASPI 517/1/1743, feuillet 77, Rapport sur l’organisation du Parti dans la Région Alsace-Lorraine, fin juin 1935.

    145 RGASPI 517/1/1659, feuillet 85, Courrier au secrétariat du PCF, PC région d’Alsace-Lorraine, Strasbourg, 18 octobre 1934.

    146 On ne sait pas si ce limogeage eut lieu à ce moment-là ou quelques-mois plus tard, ni précisément dans quelles circonstances. Mais Meyer resta membre du PCF et une figure importante du communisme mosellan jusqu’à sa mort en 1975. Notice Maitron, par René Lemarquis, Claude Pennetier, Pierre Schill.

    147 Parfois écrit Walsch.

    148 RGASPI 517/1/1601, feuillet 68, sténographies des 4e-6e séances de la conférence nationale du PCF à Ivry. Son intervention se fait en allemand et est traduite par Joanny Berlioz, germanophone.

    149 RGASPI 495/270/889, autobiographie de Jules Walch, probablement 1933.

    150 RGASPI 495/270/1850, autobiographie d’Édouard Meyer, 17 juin 1933. Il semble cependant qu’il s’agisse d’une (maladroite) traduction effectuée par un camarade.

    151 RGASPI 495/270/2730, autobiographie de Marguerite Buffard, 1937.

    152 ROTH François, « Les départements de l’Est devant la naissance du Rassemblement populaire », in CANDAR Gilles et MORIN Gilles (dir.), Les deux France..., op. cit., p. 312.

    153 RGASPI 517/1/1637, feuillet 14, Du Secrétariat au Bureau politique : projet de plan pour le Manifeste de la région Alsace-Lorraine en vue des élections cantonales, 28 août 1934.

    154 « Vers le Front populaire en Alsace-Lorraine », Cahiers du bolchevisme, 15 novembre 1934, p. 1332.

    155 Ibid., p. 1334.

    156 Notice Maitron, par Léon Strauss.

    157 RGASPI 517/1/11816, feuillet 244, Comité régional élargi du 21 juin [1936].

    158 Ibid., feuillet 245.

    159 RGASPI 517/1/1879, feuillet 47, Comité central des 27 et 28 mai 1938.

    160 PESCHANSKI Denis (dir.), Marcel Cachin. Carnets..., op. cit., p. 549.

    161 RGASPI 517/1/1879, feuillet 55, Comité central des 27 et 28 mai 1938.

    162 AN, Fonds Thorez-Vermeersch, 626AP/223, Notes diverses, feuillets 25 et 26 du dossier consacré aux notes prises entre décembre 1938 et 1939.

    163 Rapport de Caralp, délégué du Comité central, décembre 1929. Cité dans PRIGENT Alain, Histoire des communistes des Côtes-du-Nord..., op. cit., p. 78. Il faut cependant signaler la prise de position du PC suite à l’attentat de Rennes. Le 7 août 1932, une explosion avait détruit à Rennes le monument célébrant le rattachement de la Bretagne à la France. Sans prendre parti en faveur des autonomistes, l’existence d’un peuple breton y est reconnue : « Il y a un peuple breton, au passé millénaire, et qui dans les parties de la Bretagne où l’usage du français s’est généralisé, comme dans les autres, garde ses traditions, ses mœurs, sa fierté nationale. Ce peuple est malheureux. » RENOULT Daniel, « Contre la terreur en Bretagne. Le mouvement breton est à la fois national et social », l’Humanité, 24 août 1932.

    164 BRUHAT Jean, op. cit., p. 68-69.

    165 Ballanger est adhérent des Jeunesses laïques et républicaines puis de la Ligue fédéraliste bretonne. RGASPI 495/270/61, autobiographie de R. Ballanger, 1937 ou 1938. Voir chapitre 2.

    166 Sur les liens entre républicanisme et « localisme », voir AGULHON Maurice, « Conscience nationale et conscience régionale en France de 1915 à nos jours », in Histoire vagabonde, t. 2, Paris, Gallimard, 1988, p. 154, et CHARLE Christophe, LALOUETTE Jaqueline, PIGENET Michel et SOHN Anne-Marie, La France démocratique. Mélanges offerts à Maurice Agulhon, Paris, Publications de la Sorbonne, 1998, notamment le chapitre 7 : « Combats et rituels politiques ».

    167 ORY Pascal, La belle illusion. Culture et politique sous le signe du Front populaire (1935-1938), Paris, Plon, 1994, p. 77.

    168 POIRRIER Philippe, « Culture nationale et antifascisme au sein de la gauche française (1934-1939) », in BLETON-RUGET Anne et WOLIKOW Serge (dir.), Antifascisme et nation, les gauches européennes au temps du Front populaire, Dijon, EUD, 1998, p. 243.

    169 GITTON Marcel, Connaître notre doctrine. Connaître et aimer la France..., op. cit., p. 10.

    170 POIRRIER Philippe, « “Les Heures Bourguignonnes” : une relecture communiste de l’histoire locale (1937-1939) », Sources, travaux historiques, n° 27, 1991, p. 67.

    171 RGASPI 517/1/1839, feuillets 1 à 6, Congrès d’Arles, séance d’ouverture. Seul Paul Balmigère, secrétaire de l’Aude-Hérault, est présenté comme « Un ouvrier agricole de la région » (f. 5).

    172 LAZAR Marc, Le communisme une passion..., op. cit., p. 82-83. Voir le film La Grande espérance, réalisé en 1937 pour le PCF par J. Becker sur cet événement. Et « La voix des provinces de France », l’Humanité, 28 décembre 1937. Pour la vision policière : AN 19940500/184, Dossier 3179, « IXe congrès communiste à Arles (25-29 décembre 1937) ».

    173 « Les plus beaux produits de notre région exposés à Arles », Le Cri du Peuple, n° 648, 6 janvier 1938, p. 1 et 4.

    174 Exemple parmi tant d’autres, TURREL Henri, « Unité pour la défense des intérêts du peuple dauphinois », La Voix du Peuple, n° 352, jeudi 24 août 1939 ; voir Archives départementales de l’Isère, PER1292/8 et PER1095/1.

    175 Voir chapitre 2.

    176 RGASPI 517/1/1893, feuillet 321, École inter-régionale, mars-avril 1938.

    177 Voir Le Tarn, janvier-août 1937, collection numérisée par la Médiathèque Pierre-Amalric.

    178 Interview de Marcel Hamon par Bernard Rubin dans Le Trégor, 5 juillet 1986. Cité dans PRIGENT Alain, op. cit., p. 107.

    179 PRIGENT Alain, op. cit., p. 108.

    180 AD Ille-et-Vilaine, 1 PER 1278, extrait du discours de Cachin à la fête bretonne de Villeneuve-le-Roi, 1er juin 1936, cité dans PRIGENT Alain, op. cit., p. 113.

    181 RGASPI 490/270/8634, autobiographie de Yves Flouriot, avril 1937.

    182 Breiz nevez (Bretagne nouvelle), 1938, 11 min.

    183 SÉNÉCHAL Jean-Paul, Le Finistère du Front populaire, op. cit., p. 223.

    184 Maurice Lampe, dirigeant parisien, apparaît dans Hommage à la Commune (1937).

    185 POIRRIER Philippe, « “Les Heures Bourguignonnes”… », op. cit., p. 63-79.

    186 Voir Le Tarn, janvier-août 1937.

    187 Le Cri des travailleurs, mars 1935, cité par OLIVESI Dominique, Virgile Barel..., op. cit., p. 102.

    188 « Les journées de février 1934 », le Travailleur Alpin, n° 578, vendredi 11 février 1938, p. 1. Ce chant fut écrit en 1856 par Joseph Dessaix, militant républicain puis historien de la Savoie.

    189 MISCHI Julian, Communismes ouvriers et traditions locales..., op. cit., p. 62. Voir également CORBIN Alain et al., Les usages politiques des fêtes aux XIXe-XXe siècles, Paris, Publications de la Sorbonne, 1994.

    190 PUDAL Bernard, Prendre parti..., op. cit., p. 168.

    191 Ibid., p. 169.

    192 RGASPI 495/270/1054, autobiographie de Joseph Navoizat, 1937. Nous avons respecté l’orthographe originale.

    193 RGASPI 517/1/1892, feuillet 156. Compte rendu du Comité régional de Gard-Lozère, 26 juin 1938.

    194 PUDAL Bernard, Prendre parti..., op. cit., p. 169.

    195 RGASPI 517/1/1892, op. cit.

    196 RGASPI 517/1/1865, feuillet 18, Lettre de Guilleminault, Granville, 19 février.

    197 Le Quercy sous la Grande Révolution (1789-1793), 1939.

    198 Sur le regard du PCF sur la Révolution française, voir notamment GOULEMOT Jean-Marie et TATIN Jacques, « Le Parti communiste et le cent-cinquantième anniversaire de la Révolution française : l’année 1939 », Communisme, n °20-21, 1988-1989, p. 88-100 ; MARTELLI Roger, « Héritiers de la Révolution française », in RIOUX Jean-Pierre, PROST Antoine, AZÉMA Jean-Pierre (dir.), Le Parti communiste français des années sombres : 1938-1941, Paris, Seuil, 1986, p. 198-204, et DUCANGE Jean-Numa, « Front populaire :

    quels enseignements pour les combats progressistes aujourd’hui ? », Agora de l’Humanité, 2016.

    199 VIGREUX Jean, La faucille..., op. cit., p. 202.

    200 LAZAR Marc, Le communisme..., op. cit., p. 64.

    201 RODRIGUEZ Mari Carmen, « L’usage de l’histoire au service de la République et les brigades de la culture », in DEMIDJUK Stanislav et SKOUTELSKY Rémi (dir.), Nouveaux regards sur les Brigades internationales. Espagne, 1936-1939, Montpellier, Indigène Éditions, 2010 p. 172 et 178.

    202 Sur ce thème lire « Contre-société », in MARTELLI Roger, VIGREUX Jean et WOLIKOW Serge, Le Parti rouge..., op. cit., p. 307-308.

    203 On pense bien sûr aux travaux d’Antoine Prost, depuis sa thèse d’État, La CGT à l’époque du Front populaire, essai de description numérique Paris, Armand Colin/PFNSP, 1964, jusqu’à ses publications plus récentes. Lire notamment Autour du Front populaire. Aspects du mouvement social au XXe siècle, Paris, Seuil, 2006, p. 71-104 ; « Les grèves de 1936 », in PIGENET Michel et TARTAKOWSKY Danielle (dir.), Histoire des mouvements sociaux en France, La Découverte, 2012, p. 403-414.

    204 RGASPI 517/1/1818, feuillet 58, Compte rendu du comité régional de la Nièvre, 5 juillet 1936.

    205 PATETTA Joseph, « Recruter. Organiser. Éduquer », Le Cri des travailleurs, 27 juin 1936, p. 1.

    206 MIOCH Philomen, Les tribulations d’un ouvrier agricole, Nîmes, 1984, p. 138.

    207 Ibid., p. 130.

    208 MOINE André, Regards critiques..., op. cit., p. 89.

    209 RGASPI 495/270/817, autobiographie d’Émile Galatry, 5 janvier 1938. L’orthographe orignale a été respectée.

    210 Notice Maitron, par Didier Bigorgne.

    211 RGASPI 495/270/3713, autobiographie de Georges Pelat, 25 septembre 1937.

    212 RGASPI 495/270/1721, autobiographie de René Uni, 11 décembre 1937.

    213 BOUDET Roland, Né en 13. De la forêt du Perche au Palais Bourbon, 1991.

    214 PROST Antoine, Autour du Front populaire..., op. cit., p. 75.

    215 Lire notamment VIGREUX Jean, La faucille..., op. cit., p. 273-275.

    216 Sur l’analyse de la mort comme « affaire publique », se reporter au numéro « Cimetières et politique » de la revue Le Mouvement Social, n° 237, 2011 et BELLANGER Emmanuel, La mort, une affaire publique. Histoire du syndicat communal funéraire de la région parisienne, Paris, Éd. de l’Atelier, 2008.

    217 Femme de Philomen Mioch.

    218 MIOCH Philomen, Les tribulations..., op. cit., p. 144.

    219 VIGREUX, op. cit., p. 273.

    220 RGASPI 517/1/1860, feuillet 179, Conférence des secrétaires régionaux, Gentilly le 27 avril 1937.

    221 SÉNÉCHAL Jean-Paul, Le Finistère..., op. cit., p. 54-55 et 61.

    222 Ibid., p. 211.

    223 La Défense laïque, février 1938, cité dans SÉNÉCHAL Jean-Paul, op. cit., p. 211.

    224 RGASPI 517/1/1860, feuillet 352, Conférence des secrétaires régionaux, Gentilly le 27 avril 1937.

    225 RGASPI 517/1/1867, feuillet 190, Conférence de la région de l’Yonne, 14 novembre 1937.

    226 MOINE André, Regards critiques..., op. cit., p. 183.

    227 RGASPI 517/1/1893 feuillet 287, Délégation en Lot-et-Garonne du 26 au 30 avril 1938.

    228 BAREL Virgile, Cinquante..., op. cit., p 117 et CHARVIN Robert, Virgile Barel, Nice, Éditions du Losange, 2009, p. 83. Thorez mentionne cet événement dans Fils du peuple..., op. cit., p. 119.

    229 RGASPI 517/1/1863, feuillet 276, Un aperçu de la situation de la Région Corse, novembre 1937.

    230 KERBAUL Eugène, « Une section communiste de province. Brest (1935-1939) », Cahiers d’Histoire de l’Institut Maurice Thorez, n° 2, 1973, p. 88-89.

    231 « Une conférence des secrétaires régionaux du Parti communiste s’est tenue mardi à Gentilly », L’Humanité, 29 avril 1937, p. 4.

    232 Le 16 mars 1937, une contre-manifestation antifasciste subit le tir des policiers. Cinq militants communistes sont tués. La « fusillade de Clichy » constitue un point de tensions très fort entre les différentes composantes du Rassemblement populaire.

    233 RGASPI 495/18/1887, feuillet 89, Procès-verbal n° 127 de la réunion du secrétariat du CEIC.

    234 RGASPI 517/1/1860, Conférence des secrétaires régionaux, Gentilly le 27 avril 1937. Les citations qui suivent en sont extraites, numéro du feuillet entre parenthèses.

    235 Pour une formation bolchevique, rapport présenté par Staline à l’Assemblée plénière du Comité central du PC de l’URSS, 3 mars 1937.

    236 AN, Fonds Thorez-Vermeersch, 626AP/223.

    237 Deux ans d’activités au service du peuple…, op. cit., p. 270-271.

    238 RGASPI 517/1/1861, Conférence des secrétaires régionaux du 30 octobre 1937. Les citations qui suivent en sont extraites, numéro du feuillet entre parenthèses.

    239 RGASPI 494/1/193, feuillet 92, Intervention de Charles Nédélec au VIIe congrès de l’IC, 31 juillet 1935.

    240 SKOUTELSKY Rémi, L’espoir guidait leurs pas..., op. cit., p. 157.

    241 GITTON Marcel, Connaître notre doctrine..., op. cit., p. 9.

    242 RGASPI 517/1/1865, feuillet 1, Lettre de Fernand Soupé, n-d.

    243 RGASPI 517/1/1816, feuillet 136, Compte rendu du comité régional de la région Haute-Saône-Belfort, n-d [courant 1936].

    244 BAREL Virgile, Cinquante..., op. cit., p. 73-74.

    245 MARTELLI Roger, L’empreinte communiste. PCF et société française, 1920-2010, Paris, Éditions Sociales, 2010, p. 248.

    246 RGASPI 495/270/17, autobiographie d’Alain Signor, 6 août 1937.

    247 RGASPI 517/1/1909, feuillet 105, Rapport sur la délégation des 13 au 16 avril [1939] en Haute-Savoie et Savoie.

    248 RGASPI 517/1/1865, feuillet 114, Compte rendu de la conférence régionale du Pas-de-Calais, 12 et 13 décembre 1937.

    249 RGASPI 517/1/1863, feuillet 43, Délégation à Clermont-Ferrand, les 31 juillet et 1er août [1937].

    250 RGASPI 517/1/1861, feuillet 115, Conférence des secrétaires régionaux du 30 octobre 1937.

    251 BRUHAT Jean, op. cit., p. 72.

    252 Ibid., p. 73.

    253 RGASPI 517/1/1863, feuillet 43, op. cit.

    254 RGASPI 517/1/1816, feuillet 133, Tournée du Doubs, n-d [1936].

    255 RGASPI 517/1/1816, feuillet 34, Délégation à la conférence régionale de la Nièvre, 12 janvier 1936.

    256 RGASPI 517/1/1816, feuillet 137, Compte rendu du comité régional de la région Haute-Saône-Belfort.

    257 RGASPI 517/1/1879, feuillet 32, Comité central des 27 et 28 mai 1938.

    258 GITTON Marcel, Connaître notre doctrine..., op. cit.

    259 RGASPI 517/1717, feuillet 15, Sténographie des séances de la conférence du PCF avec les secrétaires régionaux, 10 août 1935.

    260 GITTON Marcel, La grande famille communiste..., op. cit. ; GITTON Marcel, « Notre grand parti », Cahiers du bolchevisme, février 1939, p. 156-165. La formule de « grande famille » est déjà visible début 1937 à la conférence nationale de Montreuil, voir GITTON Marcel, Connaître notre doctrine..., op. cit., p. 7.

    261 C’est notamment la thèse défendue par Guillaume Bourgeois dans sa notice biographique du Maitron qu’il consacre à Marcel Gitton.

    262 GITTON Marcel, « Notre grand parti », op. cit., p. 160.

    263 Ibid., p. 159.

    264 CADRAS Félix, « Gagner les hommes au Parti, et savoir les garder », l’Humanité, 19 juin 1939, p. 1 et 2.

    265 Cadras intervient également sur ce thème dans les Cahiers du bolchevisme du même mois : « Le renforcement du Parti, condition décisive à l’accomplissement des tâches de la classe ouvrière », p. 791796.

    266 PUDAL Bernard, Prendre parti..., op. cit. : « D’une pédagogie qui donne la priorité à l’affirmation de l’excellence du pédagogue à une pédagogie qui procède de la conviction de l’éducabilité de tout élève, telle est l’évolution de la posture pédagogique des militants que tente d’obtenir Maurice Thorez ».

    267 GITTON Marcel, « Notre grand parti », op. cit., p. 163.

    268 Staline, Discours prononcé au palais du Kremlin à l’occasion de la promotion des élèves de l’Académie de l’Armée rouge, 4 mai 1935 ; « Il faut enfin comprendre que de tous les capitaux précieux existant dans le monde, le plus précieux et le plus décisif ce sont les hommes, les cadres », Éditions sociales, 1945.

    269 CADRAS Félix, « Gagner les hommes... », op. cit.

    270 Par exemple, Le peuple corse est contre le fascisme, op. cit., p. 51

    271 WOLIKOW Serge, « La réintégration de la famille politique... », op. cit., p. 164.

    272 GITTON Marcel, La grande famille..., op. cit., p. 16-19.

    273 WOLIKOW Serge, « La spécificité du Parti communiste français », in AZEMA Jean-Pierre, PROST Antoine, RIOUX Jean-Pierre (dir.), Le Parti communiste français des années sombres, 1938-1941, Seuil, 1986, p. 190.

    274 MONIER Frédéric, Le Front populaire, op. cit., p. 88.

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    1 NOIRIEL Gérard, Une histoire populaire de la France, Marseille, Agone, 2018, p. 513.

    2 WOLIKOW Serge, « La réintégration de la famille politique communiste... », op. cit., p. 158. Formule dont l’ambiguïté n’est pas sans créer des effets pervers, certains militants pouvant développer une « tendance a considérer notre tactique que comme une manœuvre » selon les mots du délégué du CC en Saôneet-Loire ; RGASPI 517/1/1666, feuillet 82, 22 juillet 1934.

    3 BRUHAT Jean, Il n’est jamais trop tard, Paris, Albin Michel, 1983, p. 72.

    4 L’Association républicaine des anciens combattants (ARAC), liée au PC, si elle appelle également à manifester ce jour-là, le fait sur ses propres mots d’ordres et sur son propre parcours.

    5 CHAMBARLHAC Vincent, « Le 9 février 1934, journée rouge, journée sans lendemain ? », sur le blog de l’ANR Paprik@2F.

    6 Voir la brochure communiste : 9 février Journée Rouge, Les Publications révolutionnaires, 1934.

    7 DIMITROV Georgi, Journal 1933-1949, Paris, Belin, 2005, p. 124.

    8 WOLIKOW Serge, Le monde du Front populaire, Paris, Le Cherche Midi, 2016, p. 82

    9 WOLIKOW Serge, L’Internationale communiste (1919-1943). Le Komintern ou le rêve déchu du parti mondial de la révolution, Ivry-sur-Seine, Éditions de l’Atelier/Éditions ouvrières, 2010, p. 90.

    10 WOLIKOW Serge, Le monde..., op. cit., p. 86 ; BECKER Jean-Jacques, Le Parti communiste veut-il prendre le pouvoir ?, Paris, Seuil, 1981, p. 37-43.

    11 Comprendre « Parti socialiste », RGASPI 517/1/1656, feuillet 11, Région des Deux-Savoies, 18 mars 1934.

    12 RGASPI 517/1/1656, feuillet 22, Lettre de Roche au CC, Chambéry, 4 août 1934.

    13 VERGNON Gilles, L’antifascisme en France de Mussolini à Le Pen, Rennes, PUR, 2009.

    14 RGASPI 517/1/1661, feuillet 9-10, Lettre de Charles Doucet à la direction de la région Drôme Ardèche (Thomas et Thibon), Valence, 16 février 1934.

    15 RGASPI 517/1/1656, feuillet 104, Rapport sur la situation à Montluçon, 20 avril 1934.

    16 RGASPI 517/1/1656, feuillet 33, Région Ardennes, 14 février 1934.

    17 RGASPI 517/1/1656, feuillet 46, Rapport d’activité de la conférence régionale des Ardennes, mars 1934.

    18 VIGREUX Jean, « 24 octobre 1934 : la naissance du Front populaire à Nantes », 2014, sur le blog de l’ANR Paprik@2F.

    19 VIGREUX Jean, Histoire du Front populaire. L’échappée belle, Tallandier, 2016, p. 51.

    20 La formule ne rencontre d’ailleurs pas un succès immédiat. Les socialistes y sont réticents. Au sein même du monde communiste, la question fait débat. Les dirigeants de l’Internationale sont divisés. Pour les uns, la nouvelle orientation doit rester circonstancielle. Pour les autres, elle implique une dimension plus large, une nouvelle forme d’activité des PC, une nouvelle insertion dans leur vie politique nationale.

    21 RGASPI 517/1/1656, feuillets 16 à 19. Lettre de Paul Billat, 27 juillet 1934.

    22 RGASPI 517/1/1661, feuillet 27, Compte rendu des Assemblées d’information dans la région de l’Est, 22 juillet 1934.

    23 Ibid., feuillet 29.

    24 RGASPI 517/1/1660, feuillet 114, Compte rendu de l’Assemblée d’information de Montluçon,

    25 Juillet 1934.

    26 Jean-Baptiste Aucouturier fut secrétaire du rayon de Montluçon de 1927 à 1935.

    27 Le Breton socialiste, 24 mars 1934, cité dans SÉNÉCHAL Jean-Paul, Le Finistère..., op. cit., p. 51.

    28 Lettre du Secrétariat du PCF, 27 août 1934, cité dans PARENT Marcel, Camarade..., op. cit., p. 50.

    29 Voir chapitre 4.

    30 Notice Maitron, par Jean Maitron.

    31 RGASPI 517/1/1666, feuillet 154, Conclusion de la commission d’enquête sur la situation dans la région tourangelle.

    32 Témoignage de Paul Delanoue recueilli par BRILLANT Jean-Jacques, Les Communistes en Indre-et-Loire 1936-1939, mémoire de maîtrise, cité dans Communistes en Touraine. 80 ans de témoignages et de récits, Fédération et Amicale des Vétérans d’Indre-et-Loire du PCF, 2000 p. 67

    33 VIDAL Georges, La Grande Illusion ? Le Parti communiste français et la Défense nationale à l’époque du Front populaire (1934-1939), Lyon, PUL, 2006, p. 109-110.

    34 Notice Maitron, par Jean Maitron et Claude Pennetier.

    35 THOREZ-VERMEERSCH Jeannette, La vie en rouge, Éditions Delga, 2015, p. 65.

    36 VIDAL Georges, « Le PCF et la défense nationale à l’époque du Front populaire (1934-1939) », Guerres mondiales et conflits contemporains, n° 215, mars 2004, p. 53.

    37 Contrairement à ce qu’avance J. Kergoat dans La France du Front populaire, Paris, La Découverte, p. 61, les archives montrent un profond questionnement des militants sur le sujet.

    38 RGASPI 517/1/1744, feuillet 258. Compte rendu de la conférence régionale du Jura, 22 décembre 1935.

    39 RGASPI 517/1/1744, feuillet 250, Région du Jura, [été 1935].

    40 RGASPI 517/1/1744, feuillet 1, Rapport de délégation dans la région du Cantal, du [illisible] au 21 juillet 1935.

    41 RGASPI 517/1/1816, feuillet, 16, Conférence régionale du Cantal, n-d.

    42 RGASPI 517/1/1744, feuillet 86, Région Yonne-Côte d’Or, n-d [courant juillet 1935] ; RGASPI 517/1/1744, feuillet 89, Compte rendu de la région Yonne-Côte d’Or, 3 novembre 1935. Et HOHL Thierry, « Antifascisme et région : le cas de l’Yonne », séminaire Les antifascismes en région au temps du Front populaire, Université de Bourgogne, 2006 [https://lir3s.u-bourgogne.fr/phonotheque/m-27].

    43 Notice Maitron d’Émile Labrunie par J. Girault, J. Maitron et C. Pennetier.

    44 RGASPI 517/1/1732, feuillet 22, Quatrième cours de l’école de rayon de Saint-Denis, n-d [1933 ou 1934].

    45 Fonds du cabinet du Préfet des Alpes-Maritimes, Police d’État Nice, 3 juin 1935, cité dans BÉZIAS JeanRémy, « Le Parti communiste à Nice au temps du Front populaire (1934-1939) : quelques données sur la fortune d’un paradoxe », Cahiers de la Méditerranée, n° 33-34, 1986, p. 86.

    46 Reproduit dans BAREL Virgile, Cinquante années de lutte, Paris, Éditions sociales, 1966, p. 91.

    47 RGASPI 517/1/1660, feuillet 179, Rapport sur la conférence des Deux Charentes du 6 mai 1934.

    48 RGASPI 517/1/1815, feuillet 243, Rapport sur la conférence régionale de la région bordelaise, 5 janvier 1936.

    49 WOLIKOW Serge, L’Internationale communiste (1919-1943). Le Komintern ou le rêve déchu du parti mondial de la révolution, Ivry-sur-Seine, Éditions de l’Atelier/Éditions ouvrières, 2010, p. 88-95.

    50 Voir notamment BELLANGER Emmanuel, Ivry, banlieue rouge. Capitale du communisme français, XXe siècle, Céraphis, 2017 ; « Le “communisme municipale” ou le réformisme officieux en banlieue rouge », in

    BELLANGER Emmanuel et MISCHI Julian (dir.), Les territoires du communisme..., op. cit., p. 27-52 ; MARTELLI Roger, L’archipel communiste. Une histoire électorale du PCF, La Dispute/Éditions sociales, 2008 ; MARTELLI Roger, VIGREUX Jean et WOLIKOW Serge, Le Parti rouge. Une histoire du PCF 1920-2020, Paris, Armand Colin, 2020, p. 57.

    51 Voir notamment MARGAIRAZ Michel et TARTAKOWSKY Danielle, « L’avenir nous appartient ! », une histoire du Front populaire, Paris, Larousse, 2006, p. 48-50 ; TARTAKOWSKY Danielle, Les manifestations de rues en France (19181968), Paris, Publications de la Sorbonne, 1997 ; VIGREUX Jean, Histoire du Front populaire…, op. cit., p. 60-69.

    52 Nous nous basons sur RGASPI 517/1/1714, Sténographie des séances de la conférence du PCF avec les secrétaires régionaux, 10 août 1935, 228 p. Ce compte rendu n’est malheureusement pas exhaustif, il manque un certain nombre d’interventions ou des parties d’interventions. Sauf indications contraires, les citations suivantes sont extraites de ce document, numéro du feuillet entre parenthèses.

    53 RGASPI 517/1/847, Rapport du secrétariat d’organisation du PCF à la conférence des secrétaires régionaux et discussion sur le rapport, 6 juin 1929.

    54 RGASPI 517/1/979, Sténographie des séances de la conférence des secrétariats et des comités régionaux du PCF, 1er novembre 1930.

    55 PEG03/1935/032, Décisions du Bureau politique du 9 août 1935.

    56 Ce cas de figure, qui semble être la norme dans les discussions à cette conférence, masque cependant des différences prononcées. Par exemple à Saint-Brieuc, la liste radicale et socialiste est présentée par le PCF comme « représentant l’un des clans bourgeois de la ville pour tromper la classe laborieuse » : AD CDA 3M496, élections municipales, mai 1935, cité dans PRIGENT Alain, Histoire des communistes des Côtes-duNord (1920-1945), Saint-Brieuc, 2000, p. 101.

    57 KERGOAT Jacques, La France du Front populaire, Paris, La Découverte, 2003, p. 66-67 ; SÉNÉCHAL Jean-Paul, Le Finistère..., op. cit., p. 68-86.

    58 Venu de l’anarchisme, il est alors membre du Bureau politique du PCF et du secrétariat de la CGTU.

    59 VIDAL Georges, « Violence et politique dans la France des années 1930 : le cas de l’autodéfense communiste », Revue historique, n° 140, avril 2006, p. 901-922.

    60 Par exemple : RGASPI 517/1/1746, feuillet 9, Région Limousine. Comité régional élargi du 10 novembre 1935.

    61 « Une importante réunion de la direction du Parti et des secrétaires régionaux », l’Humanité, 12 août 1935, p. 2.

    62 C’est le cas pour une quinzaine de région à partir de 1936. Par exemple, 320 délégués à Marseille à la conférence de janvier 1937.

    63 C’est par exemple le cas de Jean Duran, RGASPI 517/1/1816, feuillets 102-103, Tarbes, 2 septembre 1936.

    64 Par exemple : RGASPI 517/1/1744, feuillet 258, Compte rendu de la conférence régionale du Jura, 22 décembre 1935.

    65 Par exemple : RGASPI 517/1/1744, feuillet 218, Délégation à la Conférence régionale du Tarn, 22 décembre 1935.

    66 Rapport au VIIIe congrès national du PCF, compte rendu sténographique, éditions du Comité populaire de propagande, 1936, p. 351.

    67 PUDAL Bernard, Prendre parti..., op. cit., 1989, p. 211.

    68 RGASPI 517/1/1662, feuillet 149, Compte rendu de la tournée dans la région normande, 25 juillet-1er août 1934.

    69 MARGAIRAZ Michel et TARTAKOWSKY Danielle, « L’avenir nous appartient ! », une histoire du Front populaire, Paris, Larousse, 2006, p. 156.

    70 Fils du peuple, 1937, anonyme, 5 min.

    71 PUDAL Bernard, « Les communistes », in BECKER Jean-Jacques et CANDAR Gilles (dir.), Histoire des gauches..., op. cit., p. 56.

    72 ROBRIEUX Philippe, Histoire intérieure..., op. cit., p. 483. En fait, Gitton intervient déjà sur cette question au Congrès de Villeurbanne de janvier 1936, puis à la Conférence nationale du PCF de juillet de la même année.

    73 VERGNON Gilles, « Le “poing levé”, du rite soldatique au rite de masse. Jalons pour l’histoire d’un rite politique », Le Mouvement social, n° 212, juillet-septembre 2005, p. 77-91.

    74 Voir chapitre 3.

    75 Rouge-Midi, 24 septembre 1937.

    76 PESCHANSKY Denis, Et pourtant ils tournent. Vocabulaire et stratégie du PCF (1934-1936), INALF, 1988, p. 169 et suivantes.

    77 Par exemple : RGASPI 517/1/1743, feuillet 239, Éléments du rapport de ma délégation dans la région bretonne, juin 1935.

    78 Même s’il s’agit d’un exemple extrême, rappelons que le PPF appelle Virgile Barel « Virgiloff Bareslki »... ; OLIVESI Dominique, Virgile Barel..., op. cit., p. 109.

    79 TILLON Charles, On chantait rouge, Robert Laffond-Opera Mundi, 1977, p. 216-217.

    80 VIGREUX Jean, La faucille après le marteau..., op. cit., p. 206.

    81 MOINE André, Regards critiques..., op. cit., p. 90.

    82 RGASPI 517/1/1864, feuillet 191, Compte rendu de la Conférence régionale de Haute-Saône du 21 novembre 1937.

    83 MANESSIS Dimitri, « Grands tournants et petits arrangements. La symbolique des partis communistes au temps du Front populaire, 1934-1939 » in DUCOULOMBIER Romain et VIGREUX Jean (dir.), Le PCF, un parti global..., op. cit., p. 295.

    84 RGASPI 517/1/1816, feuillet 129, Rapport sur la tournée des camarades députés Honel et Saussot, Région du Doubs, 30 octobre 1936.

    85 RGASPI 517/1/1714, f. 224-225, Sténographie des séances de la conférence du Parti communiste français avec les secrétaires régionaux, 10 août 1935.

    86 Cité dans VIGREUX Jean, La faucille..., op. cit., p. 205.

    87 WOLIKOW Serge, « La réintégration de la famille politique communiste... », op. cit., p. 162.

    88 RGASPI 517/1/1714, feuillet 105, Sténographie des séances..., op. cit.

    89 RGASPI 517/1/1860, feuillet 337, Conférence des secrétaires régionaux, Gentilly le 27 avril 1937.

    90 Jean Domenech (1905-1974) était alors secrétaire adjoint permanent de l’Union départementale CGT de l’Hérault.

    91 MIOCH Philomen, Les tribulations d’un ouvrier agricole, Nîmes, 1984, p. 142.

    92 BULAITIS John, Maurice Thorez..., op. cit., p. 121.

    93 CHAMBARLHAC Vincent, « L’héroïsation... », op. cit., p. 55-71.

    94 MONTEBELLO Fabrice, « Joseph Staline et Humphrey Bogart : l’hommage des ouvriers. Essai sur la construction sociale de la figure du “héros” en milieu ouvrier », Politix, vol 6, n° 24, 1993, p. 118.

    95 Dans un rapport à Moscou, janvier 1936, cité par MONIER Frédéric, Le Front populaire, op. cit., p. 90.

    96 KRIEGEL Annie, Les Communistes français dans leur premier demi-siècle. 1920-1970, Paris, Seuil, 1985.

    97 VINCENT Gérard, « Être communiste ? Une manière d’être », in ARIÈS Philippe et DUBY Georges (dir.), Histoire de la vie privée, t. 5, Paris, Seuil, 1999, p. 400.

    98 « Le congrès d’Arles », La Brochure populaire, n° 7, janvier 1938, p. 26.

    99 PUDAL Bernard, Prendre parti, op. cit., p. 235.

    100 BAREL Virgile, Cinquante..., op. cit., 1966, p. 71.

    101 PUDAL Bernard, op. cit., p. 211.

    102 BUTON Philippe, « Les générations communistes », Vingtième siècle, revue d’histoire, numéro spécial n° 22, avril-juin 1989, p. 81-82.

    103 Voir Rouge-Midi des 24 et 28 septembre 1937. Les citations qui suivent en sont extraites.

    104 Becker Jean-Jacques et Berstein Serge, Histoire de l’anticommunisme..., op. cit., p. 309-310.

    105 SIMON André, « Les saints communistes. Les noms des cellules du PCF en Vaucluse », Communisme, n° 5354, 1997, p. 74.

    106 Notice Maitron, par Jean Maitron et Claude Pennetier.

    107 Notice Maitron, par Jean Maitron et Claude Pennetier.

    108 Notice Maitron, par Jacques Girault et Eric Panthou.

    109 GITTON Marcel, Connaître notre doctrine. Connaître et aimer la France. Rapport prononcé par Marcel Gitton le 22 janvier 1937 à Montreuil à la conférence nationale du Parti communiste français, Éditions du Comité populaire de propagande, 1937, p. 7.

    110 RGASPI 517/1/1867, feuillet 65, Lettre de Martin, Chambéry le [illisible – fin 1937].

    111 MOLINIER Louis, Un militant…, op. cit., p. 149.

    112 CACHIN Marcel, « Les communistes célèbrent la mémoire du philosophe et du savant », l’Humanité, 11 mai 1937, p. 4.

    113 Fils du peuple, Éditions sociales internationales, 1937, p. 29. Thorez relira régulièrement Jacquou ; voir DUCANGE Jean-Numa et VIGREUX Jean (dir.), Maurice Thorez. Journal, 1952-1964, Paris, Fayard, 2020, p. 224.

    114 MOLINIER Louis, op. cit., p. 149.

    115 PENNETIER Claude et PUDAL Bernard, « Stalinisme, culte ouvrier et culte des dirigeants », in DREYFUS Michel, GROPPO Bruno, INGERFLOM Claude et al., Le siècle des communismes, op. cit., p. 375.

    116 AGULHON Maurice, Les métamorphoses de Marianne. L’imagerie et la symbolique républicaines de 1914 à nos jours, Flammarion, 2001, p. 23.

    117 PENNETIER et PUDAL, « Stalinisme... », op. cit., p. 374.

    118 JANIN Henri, « Le problème des cadres... », op. cit., p. 42.

    119 CHANET Jean-François, L’École républicaine et les petites patries, Paris, Aubier, 1996 ; THIESSE Anne-Marie, Ils apprenaient la France. L’exaltation des régions dans le discours patriotique, MSH, 1997.

    120 LAZAR Marc, Le communisme une passion française, Paris, Perrin, 2005, p. 84.

    121 RGASPI 517/1/1902, feuillet 40, Discussion avec Guerret, 14 juin 1939.

    122 « Les “petites patries” dans la France républicaines », Jean Jaurès. Cahiers trimestriels, n° 152, avril-juin 1999 ; CASTAGNEZ-RUGGIU Noëlline, Histoire des idées socialistes..., op. cit., p. 67-68.

    123 PELLEGRINETTI Jean-Paul et ROVERE Ange, La Corse et la République. La vie politique de la fin du second Empire au début du XXIe siècle, Paris, Seuil, 2004, p. 267.

    124 BENIELLI Nonce, « Le Parti communiste et les élections cantonales en Corse », Rouge-Midi, 29 octobre 1937, p. 2.

    125 RGASPI 517/1/1818, feuillet 28. Appréciations sur la situation en Corse, n-d.

    126 RGASPI 517/1/1745.

    127 RGASPI 517/1/1818, feuillet 28. op. cit. et AN, Fonds de Moscou, Fonds de la Sûreté Générale, Dossier 416.

    128 BENIELLI Nonce, « Le Parti communiste... », op. cit.

    129 RGASPI 517/1/1863, feuillet 275. Un aperçu de la situation de la Région Corse. Novembre 1937.

    130 RGASPI 517/1/1863, feuillet 280. Rapport sur les travaux de la conférence régionale des 27 et 28 novembre 1937 à Ajaccio.

    131 Ibid., feuillet 290.

    132 PELLEGRINETTI Jean-Paul et ROVERE Ange, La Corse..., op. cit., p. 322.

    133 Voir Rouge-Midi, mai-juin 1937.

    134 POMPONI Francis, « Le régionalisme en Corse dans l’entre-deux-guerres (1919-1939) », in GRAS Christian et LIVET Georges (dir.), Régions et régionalisme en France du XVIIIe siècle à nos jours, Paris, PUF, 1977, p. 414.

    135 BEGNINI Raoul, Le peuple corse est contre le fascisme. Rapport présenté à la Conférence régionale de Porto-Vecchio, mars 1939. Les citations qui suivent en sont extraites.

    136 On présente plus volontiers cette révolte comme s’étant déroulée en 1357-1358.

    137 Avec notamment le développement de l’Association tourisme populaire (ATP) relié au grand projet de « Crimée française » ; OLIVESI Dominique, Virgile Barel..., op. cit., p. 12 et 180.

    138 « Au service du tourisme populaire », La Bretagne ouvrière, maritime et paysanne, 8 mai 1937, cité dans SÉNÉCHAL Jean-Paul, Le Finistère..., op. cit., p. 264.

    139 SILL Édouard, « 1938 : la Corse au cœur de la crise franco-italienne », Retronews, 20 novembre 2019.

    140 Sur les premières années du PCF, voir KRIEGER Pierre, « L’implantation de la SFIC dans le Bas-Rhin de 1920 à 1929. Un héritage tenace de la social-démocratie allemande ? », in MANESSIS Dimitri et ROUBAUD-QUASHIE Guillaume (dir.), Empreintes rouges..., op. cit., p. 47-60.

    141 THOREZ Maurice, L’Alsace Lorraine sous le joug, Les Publications révolutionnaires, 1933.

    142 Voir leurs notices Maitron.

    143 KRIEGER Pierre, « Charles Hueber : un militant alsacien aux identités plurielles », Strathèse, n° 5, avril 2017.

    144 RGASPI 517/1/1743, feuillet 77, Rapport sur l’organisation du Parti dans la Région Alsace-Lorraine, fin juin 1935.

    145 RGASPI 517/1/1659, feuillet 85, Courrier au secrétariat du PCF, PC région d’Alsace-Lorraine, Strasbourg, 18 octobre 1934.

    146 On ne sait pas si ce limogeage eut lieu à ce moment-là ou quelques-mois plus tard, ni précisément dans quelles circonstances. Mais Meyer resta membre du PCF et une figure importante du communisme mosellan jusqu’à sa mort en 1975. Notice Maitron, par René Lemarquis, Claude Pennetier, Pierre Schill.

    147 Parfois écrit Walsch.

    148 RGASPI 517/1/1601, feuillet 68, sténographies des 4e-6e séances de la conférence nationale du PCF à Ivry. Son intervention se fait en allemand et est traduite par Joanny Berlioz, germanophone.

    149 RGASPI 495/270/889, autobiographie de Jules Walch, probablement 1933.

    150 RGASPI 495/270/1850, autobiographie d’Édouard Meyer, 17 juin 1933. Il semble cependant qu’il s’agisse d’une (maladroite) traduction effectuée par un camarade.

    151 RGASPI 495/270/2730, autobiographie de Marguerite Buffard, 1937.

    152 ROTH François, « Les départements de l’Est devant la naissance du Rassemblement populaire », in CANDAR Gilles et MORIN Gilles (dir.), Les deux France..., op. cit., p. 312.

    153 RGASPI 517/1/1637, feuillet 14, Du Secrétariat au Bureau politique : projet de plan pour le Manifeste de la région Alsace-Lorraine en vue des élections cantonales, 28 août 1934.

    154 « Vers le Front populaire en Alsace-Lorraine », Cahiers du bolchevisme, 15 novembre 1934, p. 1332.

    155 Ibid., p. 1334.

    156 Notice Maitron, par Léon Strauss.

    157 RGASPI 517/1/11816, feuillet 244, Comité régional élargi du 21 juin [1936].

    158 Ibid., feuillet 245.

    159 RGASPI 517/1/1879, feuillet 47, Comité central des 27 et 28 mai 1938.

    160 PESCHANSKI Denis (dir.), Marcel Cachin. Carnets..., op. cit., p. 549.

    161 RGASPI 517/1/1879, feuillet 55, Comité central des 27 et 28 mai 1938.

    162 AN, Fonds Thorez-Vermeersch, 626AP/223, Notes diverses, feuillets 25 et 26 du dossier consacré aux notes prises entre décembre 1938 et 1939.

    163 Rapport de Caralp, délégué du Comité central, décembre 1929. Cité dans PRIGENT Alain, Histoire des communistes des Côtes-du-Nord..., op. cit., p. 78. Il faut cependant signaler la prise de position du PC suite à l’attentat de Rennes. Le 7 août 1932, une explosion avait détruit à Rennes le monument célébrant le rattachement de la Bretagne à la France. Sans prendre parti en faveur des autonomistes, l’existence d’un peuple breton y est reconnue : « Il y a un peuple breton, au passé millénaire, et qui dans les parties de la Bretagne où l’usage du français s’est généralisé, comme dans les autres, garde ses traditions, ses mœurs, sa fierté nationale. Ce peuple est malheureux. » RENOULT Daniel, « Contre la terreur en Bretagne. Le mouvement breton est à la fois national et social », l’Humanité, 24 août 1932.

    164 BRUHAT Jean, op. cit., p. 68-69.

    165 Ballanger est adhérent des Jeunesses laïques et républicaines puis de la Ligue fédéraliste bretonne. RGASPI 495/270/61, autobiographie de R. Ballanger, 1937 ou 1938. Voir chapitre 2.

    166 Sur les liens entre républicanisme et « localisme », voir AGULHON Maurice, « Conscience nationale et conscience régionale en France de 1915 à nos jours », in Histoire vagabonde, t. 2, Paris, Gallimard, 1988, p. 154, et CHARLE Christophe, LALOUETTE Jaqueline, PIGENET Michel et SOHN Anne-Marie, La France démocratique. Mélanges offerts à Maurice Agulhon, Paris, Publications de la Sorbonne, 1998, notamment le chapitre 7 : « Combats et rituels politiques ».

    167 ORY Pascal, La belle illusion. Culture et politique sous le signe du Front populaire (1935-1938), Paris, Plon, 1994, p. 77.

    168 POIRRIER Philippe, « Culture nationale et antifascisme au sein de la gauche française (1934-1939) », in BLETON-RUGET Anne et WOLIKOW Serge (dir.), Antifascisme et nation, les gauches européennes au temps du Front populaire, Dijon, EUD, 1998, p. 243.

    169 GITTON Marcel, Connaître notre doctrine. Connaître et aimer la France..., op. cit., p. 10.

    170 POIRRIER Philippe, « “Les Heures Bourguignonnes” : une relecture communiste de l’histoire locale (1937-1939) », Sources, travaux historiques, n° 27, 1991, p. 67.

    171 RGASPI 517/1/1839, feuillets 1 à 6, Congrès d’Arles, séance d’ouverture. Seul Paul Balmigère, secrétaire de l’Aude-Hérault, est présenté comme « Un ouvrier agricole de la région » (f. 5).

    172 LAZAR Marc, Le communisme une passion..., op. cit., p. 82-83. Voir le film La Grande espérance, réalisé en 1937 pour le PCF par J. Becker sur cet événement. Et « La voix des provinces de France », l’Humanité, 28 décembre 1937. Pour la vision policière : AN 19940500/184, Dossier 3179, « IXe congrès communiste à Arles (25-29 décembre 1937) ».

    173 « Les plus beaux produits de notre région exposés à Arles », Le Cri du Peuple, n° 648, 6 janvier 1938, p. 1 et 4.

    174 Exemple parmi tant d’autres, TURREL Henri, « Unité pour la défense des intérêts du peuple dauphinois », La Voix du Peuple, n° 352, jeudi 24 août 1939 ; voir Archives départementales de l’Isère, PER1292/8 et PER1095/1.

    175 Voir chapitre 2.

    176 RGASPI 517/1/1893, feuillet 321, École inter-régionale, mars-avril 1938.

    177 Voir Le Tarn, janvier-août 1937, collection numérisée par la Médiathèque Pierre-Amalric.

    178 Interview de Marcel Hamon par Bernard Rubin dans Le Trégor, 5 juillet 1986. Cité dans PRIGENT Alain, op. cit., p. 107.

    179 PRIGENT Alain, op. cit., p. 108.

    180 AD Ille-et-Vilaine, 1 PER 1278, extrait du discours de Cachin à la fête bretonne de Villeneuve-le-Roi, 1er juin 1936, cité dans PRIGENT Alain, op. cit., p. 113.

    181 RGASPI 490/270/8634, autobiographie de Yves Flouriot, avril 1937.

    182 Breiz nevez (Bretagne nouvelle), 1938, 11 min.

    183 SÉNÉCHAL Jean-Paul, Le Finistère du Front populaire, op. cit., p. 223.

    184 Maurice Lampe, dirigeant parisien, apparaît dans Hommage à la Commune (1937).

    185 POIRRIER Philippe, « “Les Heures Bourguignonnes”… », op. cit., p. 63-79.

    186 Voir Le Tarn, janvier-août 1937.

    187 Le Cri des travailleurs, mars 1935, cité par OLIVESI Dominique, Virgile Barel..., op. cit., p. 102.

    188 « Les journées de février 1934 », le Travailleur Alpin, n° 578, vendredi 11 février 1938, p. 1. Ce chant fut écrit en 1856 par Joseph Dessaix, militant républicain puis historien de la Savoie.

    189 MISCHI Julian, Communismes ouvriers et traditions locales..., op. cit., p. 62. Voir également CORBIN Alain et al., Les usages politiques des fêtes aux XIXe-XXe siècles, Paris, Publications de la Sorbonne, 1994.

    190 PUDAL Bernard, Prendre parti..., op. cit., p. 168.

    191 Ibid., p. 169.

    192 RGASPI 495/270/1054, autobiographie de Joseph Navoizat, 1937. Nous avons respecté l’orthographe originale.

    193 RGASPI 517/1/1892, feuillet 156. Compte rendu du Comité régional de Gard-Lozère, 26 juin 1938.

    194 PUDAL Bernard, Prendre parti..., op. cit., p. 169.

    195 RGASPI 517/1/1892, op. cit.

    196 RGASPI 517/1/1865, feuillet 18, Lettre de Guilleminault, Granville, 19 février.

    197 Le Quercy sous la Grande Révolution (1789-1793), 1939.

    198 Sur le regard du PCF sur la Révolution française, voir notamment GOULEMOT Jean-Marie et TATIN Jacques, « Le Parti communiste et le cent-cinquantième anniversaire de la Révolution française : l’année 1939 », Communisme, n °20-21, 1988-1989, p. 88-100 ; MARTELLI Roger, « Héritiers de la Révolution française », in RIOUX Jean-Pierre, PROST Antoine, AZÉMA Jean-Pierre (dir.), Le Parti communiste français des années sombres : 1938-1941, Paris, Seuil, 1986, p. 198-204, et DUCANGE Jean-Numa, « Front populaire :

    quels enseignements pour les combats progressistes aujourd’hui ? », Agora de l’Humanité, 2016.

    199 VIGREUX Jean, La faucille..., op. cit., p. 202.

    200 LAZAR Marc, Le communisme..., op. cit., p. 64.

    201 RODRIGUEZ Mari Carmen, « L’usage de l’histoire au service de la République et les brigades de la culture », in DEMIDJUK Stanislav et SKOUTELSKY Rémi (dir.), Nouveaux regards sur les Brigades internationales. Espagne, 1936-1939, Montpellier, Indigène Éditions, 2010 p. 172 et 178.

    202 Sur ce thème lire « Contre-société », in MARTELLI Roger, VIGREUX Jean et WOLIKOW Serge, Le Parti rouge..., op. cit., p. 307-308.

    203 On pense bien sûr aux travaux d’Antoine Prost, depuis sa thèse d’État, La CGT à l’époque du Front populaire, essai de description numérique Paris, Armand Colin/PFNSP, 1964, jusqu’à ses publications plus récentes. Lire notamment Autour du Front populaire. Aspects du mouvement social au XXe siècle, Paris, Seuil, 2006, p. 71-104 ; « Les grèves de 1936 », in PIGENET Michel et TARTAKOWSKY Danielle (dir.), Histoire des mouvements sociaux en France, La Découverte, 2012, p. 403-414.

    204 RGASPI 517/1/1818, feuillet 58, Compte rendu du comité régional de la Nièvre, 5 juillet 1936.

    205 PATETTA Joseph, « Recruter. Organiser. Éduquer », Le Cri des travailleurs, 27 juin 1936, p. 1.

    206 MIOCH Philomen, Les tribulations d’un ouvrier agricole, Nîmes, 1984, p. 138.

    207 Ibid., p. 130.

    208 MOINE André, Regards critiques..., op. cit., p. 89.

    209 RGASPI 495/270/817, autobiographie d’Émile Galatry, 5 janvier 1938. L’orthographe orignale a été respectée.

    210 Notice Maitron, par Didier Bigorgne.

    211 RGASPI 495/270/3713, autobiographie de Georges Pelat, 25 septembre 1937.

    212 RGASPI 495/270/1721, autobiographie de René Uni, 11 décembre 1937.

    213 BOUDET Roland, Né en 13. De la forêt du Perche au Palais Bourbon, 1991.

    214 PROST Antoine, Autour du Front populaire..., op. cit., p. 75.

    215 Lire notamment VIGREUX Jean, La faucille..., op. cit., p. 273-275.

    216 Sur l’analyse de la mort comme « affaire publique », se reporter au numéro « Cimetières et politique » de la revue Le Mouvement Social, n° 237, 2011 et BELLANGER Emmanuel, La mort, une affaire publique. Histoire du syndicat communal funéraire de la région parisienne, Paris, Éd. de l’Atelier, 2008.

    217 Femme de Philomen Mioch.

    218 MIOCH Philomen, Les tribulations..., op. cit., p. 144.

    219 VIGREUX, op. cit., p. 273.

    220 RGASPI 517/1/1860, feuillet 179, Conférence des secrétaires régionaux, Gentilly le 27 avril 1937.

    221 SÉNÉCHAL Jean-Paul, Le Finistère..., op. cit., p. 54-55 et 61.

    222 Ibid., p. 211.

    223 La Défense laïque, février 1938, cité dans SÉNÉCHAL Jean-Paul, op. cit., p. 211.

    224 RGASPI 517/1/1860, feuillet 352, Conférence des secrétaires régionaux, Gentilly le 27 avril 1937.

    225 RGASPI 517/1/1867, feuillet 190, Conférence de la région de l’Yonne, 14 novembre 1937.

    226 MOINE André, Regards critiques..., op. cit., p. 183.

    227 RGASPI 517/1/1893 feuillet 287, Délégation en Lot-et-Garonne du 26 au 30 avril 1938.

    228 BAREL Virgile, Cinquante..., op. cit., p 117 et CHARVIN Robert, Virgile Barel, Nice, Éditions du Losange, 2009, p. 83. Thorez mentionne cet événement dans Fils du peuple..., op. cit., p. 119.

    229 RGASPI 517/1/1863, feuillet 276, Un aperçu de la situation de la Région Corse, novembre 1937.

    230 KERBAUL Eugène, « Une section communiste de province. Brest (1935-1939) », Cahiers d’Histoire de l’Institut Maurice Thorez, n° 2, 1973, p. 88-89.

    231 « Une conférence des secrétaires régionaux du Parti communiste s’est tenue mardi à Gentilly », L’Humanité, 29 avril 1937, p. 4.

    232 Le 16 mars 1937, une contre-manifestation antifasciste subit le tir des policiers. Cinq militants communistes sont tués. La « fusillade de Clichy » constitue un point de tensions très fort entre les différentes composantes du Rassemblement populaire.

    233 RGASPI 495/18/1887, feuillet 89, Procès-verbal n° 127 de la réunion du secrétariat du CEIC.

    234 RGASPI 517/1/1860, Conférence des secrétaires régionaux, Gentilly le 27 avril 1937. Les citations qui suivent en sont extraites, numéro du feuillet entre parenthèses.

    235 Pour une formation bolchevique, rapport présenté par Staline à l’Assemblée plénière du Comité central du PC de l’URSS, 3 mars 1937.

    236 AN, Fonds Thorez-Vermeersch, 626AP/223.

    237 Deux ans d’activités au service du peuple…, op. cit., p. 270-271.

    238 RGASPI 517/1/1861, Conférence des secrétaires régionaux du 30 octobre 1937. Les citations qui suivent en sont extraites, numéro du feuillet entre parenthèses.

    239 RGASPI 494/1/193, feuillet 92, Intervention de Charles Nédélec au VIIe congrès de l’IC, 31 juillet 1935.

    240 SKOUTELSKY Rémi, L’espoir guidait leurs pas..., op. cit., p. 157.

    241 GITTON Marcel, Connaître notre doctrine..., op. cit., p. 9.

    242 RGASPI 517/1/1865, feuillet 1, Lettre de Fernand Soupé, n-d.

    243 RGASPI 517/1/1816, feuillet 136, Compte rendu du comité régional de la région Haute-Saône-Belfort, n-d [courant 1936].

    244 BAREL Virgile, Cinquante..., op. cit., p. 73-74.

    245 MARTELLI Roger, L’empreinte communiste. PCF et société française, 1920-2010, Paris, Éditions Sociales, 2010, p. 248.

    246 RGASPI 495/270/17, autobiographie d’Alain Signor, 6 août 1937.

    247 RGASPI 517/1/1909, feuillet 105, Rapport sur la délégation des 13 au 16 avril [1939] en Haute-Savoie et Savoie.

    248 RGASPI 517/1/1865, feuillet 114, Compte rendu de la conférence régionale du Pas-de-Calais, 12 et 13 décembre 1937.

    249 RGASPI 517/1/1863, feuillet 43, Délégation à Clermont-Ferrand, les 31 juillet et 1er août [1937].

    250 RGASPI 517/1/1861, feuillet 115, Conférence des secrétaires régionaux du 30 octobre 1937.

    251 BRUHAT Jean, op. cit., p. 72.

    252 Ibid., p. 73.

    253 RGASPI 517/1/1863, feuillet 43, op. cit.

    254 RGASPI 517/1/1816, feuillet 133, Tournée du Doubs, n-d [1936].

    255 RGASPI 517/1/1816, feuillet 34, Délégation à la conférence régionale de la Nièvre, 12 janvier 1936.

    256 RGASPI 517/1/1816, feuillet 137, Compte rendu du comité régional de la région Haute-Saône-Belfort.

    257 RGASPI 517/1/1879, feuillet 32, Comité central des 27 et 28 mai 1938.

    258 GITTON Marcel, Connaître notre doctrine..., op. cit.

    259 RGASPI 517/1717, feuillet 15, Sténographie des séances de la conférence du PCF avec les secrétaires régionaux, 10 août 1935.

    260 GITTON Marcel, La grande famille communiste..., op. cit. ; GITTON Marcel, « Notre grand parti », Cahiers du bolchevisme, février 1939, p. 156-165. La formule de « grande famille » est déjà visible début 1937 à la conférence nationale de Montreuil, voir GITTON Marcel, Connaître notre doctrine..., op. cit., p. 7.

    261 C’est notamment la thèse défendue par Guillaume Bourgeois dans sa notice biographique du Maitron qu’il consacre à Marcel Gitton.

    262 GITTON Marcel, « Notre grand parti », op. cit., p. 160.

    263 Ibid., p. 159.

    264 CADRAS Félix, « Gagner les hommes au Parti, et savoir les garder », l’Humanité, 19 juin 1939, p. 1 et 2.

    265 Cadras intervient également sur ce thème dans les Cahiers du bolchevisme du même mois : « Le renforcement du Parti, condition décisive à l’accomplissement des tâches de la classe ouvrière », p. 791796.

    266 PUDAL Bernard, Prendre parti..., op. cit. : « D’une pédagogie qui donne la priorité à l’affirmation de l’excellence du pédagogue à une pédagogie qui procède de la conviction de l’éducabilité de tout élève, telle est l’évolution de la posture pédagogique des militants que tente d’obtenir Maurice Thorez ».

    267 GITTON Marcel, « Notre grand parti », op. cit., p. 163.

    268 Staline, Discours prononcé au palais du Kremlin à l’occasion de la promotion des élèves de l’Académie de l’Armée rouge, 4 mai 1935 ; « Il faut enfin comprendre que de tous les capitaux précieux existant dans le monde, le plus précieux et le plus décisif ce sont les hommes, les cadres », Éditions sociales, 1945.

    269 CADRAS Félix, « Gagner les hommes... », op. cit.

    270 Par exemple, Le peuple corse est contre le fascisme, op. cit., p. 51

    271 WOLIKOW Serge, « La réintégration de la famille politique... », op. cit., p. 164.

    272 GITTON Marcel, La grande famille..., op. cit., p. 16-19.

    273 WOLIKOW Serge, « La spécificité du Parti communiste français », in AZEMA Jean-Pierre, PROST Antoine, RIOUX Jean-Pierre (dir.), Le Parti communiste français des années sombres, 1938-1941, Seuil, 1986, p. 190.

    274 MONIER Frédéric, Le Front populaire, op. cit., p. 88.

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