Conclusion
p. 95-99
Texte intégral
1Face à l’augmentation des catastrophes, et plus précisément des inondations urbaines, le concept de résilience semble être la clef de multiples solutions. La résilience urbaine peut définir les aptitudes des populations, territoires et infrastructures à mettre en place des ressources et compétences afin de vivre au mieux un événement perturbateur de façon à en limiter les impacts négatifs. Les capacités peuvent être à la fois matérielles (réseaux urbains, approvisionnement en ressources vitales, etc.) et immatérielles (connaissances du risque, dynamiques économiques, environnement institutionnel, etc.). Pourtant, malgré les avantages non négligeables de ce concept (innovation, processus d’apprentissage, vision systémique des espaces urbains et de leurs populations), la résilience reste encore aujourd’hui très difficile à définir et par là même à traduire en stratégies de gestion des risques.
2Cette étude a donc cherché à identifier et lever ces verrous tant théoriques que pratiques, afin de favoriser l’intégration de la résilience dans les connaissances et stratégies urbaines, via la création d’un outil d’aide à la décision pour définir et mesurer la résilience urbaine à l’échelle de la ville d’Avignon. Cet essai propose une méthodologie pour définir et améliorer la résilience urbaine. Il s’appuie sur un ensemble d’indicateurs construits conjointement entre scientifiques et urbanistes. Notre approche souligne l’importance d’une réflexion intégrée, adaptée à la complexité spatiale des villes. Un territoire est composé de caractéristiques structurelles, de bâtiments, d’interactions, d’environnement, d’infrastructures, de réseaux, d’économies, de politiques et de populations. Le fait d’appliquer la résilience aux dynamiques urbaines doit prendre en compte tous ces éléments et tous les acteurs d’un territoire. La méthodologie propose de répondre à ce défi par des indicateurs mesurant des potentiels de résilience. Cette recherche met en évidence les caractéristiques urbaines susceptibles d’améliorer la résilience urbaine et conseille les urbanistes dans leurs décisions futures.
3Le fait que l’outil soit pensé et construit avec les services urbains et géographiques de la ville d’Avignon permet d’intégrer directement les besoins et les connaissances des gestionnaires municipaux. Contrairement à certaines analyses sur la mesure de la résilience, cette approche n’applique pas sa méthodologie a posteriori à un territoire soumis à un risque donné, mais envisage la résilience avant même la catastrophe. Ainsi il est possible d’analyser les fragilités du territoire avant l’événement perturbateur. L’application concrète sur le territoire d’Avignon souligne la faisabilité et l’utilité de ce type de démarche face au besoin croissant des communautés d’acquérir des connaissances et des stratégies concrètes afin de mieux comprendre la résilience urbaine. Ce concept renvoie à des questions multiples, transversales et interprétatives nécessitant une vision transdisciplinaire qui permet d’intégrer les différents acteurs de la ville de la phase de conception aux stratégies de résilience. Reconnaissant par là même qu’il ne peut y avoir de réponse unique à la question des risques urbains, les approches systémiques et collaboratives permettent de formuler et de répondre aux difficultés rencontrées en mettant en perspective les différentes connaissances théoriques et pratiques des acteurs. De plus, ce travail collaboratif garantit l’acceptation et l’appropriation d’un concept encore abstrait.
4Le fait que chaque indicateur et chaque variable soient mesurables indépendamment l’un de l’autre permet de mettre en évidence les limites et les fragilités du territoire. Il est ainsi plus facile de conseiller les planificateurs sur les mesures à prendre pour mieux préparer le territoire à une crise. Ces résultats sont déjà utilisés au sein de la communauté, la ville d’Avignon disposant d’une nouvelle base de données de résilience à l’échelle locale. La combinaison de ces résultats devrait permettre d’analyser la résilience à l’échelle locale mais aussi régionale et d’élaborer une stratégie pour accroître la capacité des villes à faire face aux inondations. La méthodologie pourrait appuyer la prise de décision en mettant en évidence les caractéristiques ou les programmes susceptibles d’améliorer la résilience urbaine. L’objectif est d’approfondir cette démarche en travaillant sur un outil pour étudier la résilience sur le long terme, via la création d’un Observatoire de Résilience Urbaine testé sur les îles du Pacifique, zones extrêmement vulnérables au dérèglement climatique. L’observatoire serait l’approfondissement de l’outil avignonnais et aurait pour objectif de modéliser le niveau de résilience aux inondations de deux îles de Polynésie française (Tahiti et Moorea) et de concevoir des moyens à long terme pour accumuler et partager les connaissances, puis développer des fonctions permettant aux décideurs de choisir les options résilientes les plus intéressantes pour préparer et adapter ces îles aux événements extrêmes.
5Après avoir construit une méthodologie aussi complète que possible, en définissant, cartographiant et analysant la résilience territoriale autour des caractéristiques sociales, urbaines et techniques du territoire, les tests sur Avignon ont démontré l’utilité d’une approche intégrée et globale. Par l’intérêt de la communauté pour la recherche sur la résilience, par son implication dans l’échange de données, par son partenariat socio-économique et enfin par l’utilisation des tout premiers résultats de l’étude, on peut déjà dire que celle-ci apporte des réponses intéressantes et pertinentes à la question de la résilience et de son application concrète aux zones sujettes aux inondations.
Le texte seul est utilisable sous licence Licence OpenEdition Books. Les autres éléments (illustrations, fichiers annexes importés) sont « Tous droits réservés », sauf mention contraire.