1La tenue d’une rencontre scientifique sur Cavaillon au Moyen Âge exigeait que l’on porte le regard sur le groupe épiscopal et en particulier sur les deux églises Saint-Véran et Saint-Pierre qui structurent toujours ce vaste ensemble architectural roman encore trop souvent mal connu (fig. n^o 1). L’ensemble épiscopal de Cavaillon a fait l’objet d’une étude archéologique et historique d’importance réalisée au tournant des années 1980-1990 par le service régional de l’inventaire, complétée ponctuellement par les observations du service d’archéologie du département de Vaucluse autour de l’an 2000¹. Une première synthèse présentée en 2015 permet de percevoir l’intérêt de cet ensemble pour l’histoire de la ville mais plus généralement pour la compréhension de bâtiments situés au centre de la vie religieuse d’une cité épiscopale provençale². À la veille d’un grand projet de restauration, il convenait de présenter avec plus de précision au moins deux des principales constructions composant cet ensemble épiscopal : la cathédrale Sainte-Marie et Saint-Véran, disposée au nord, et les vestiges de l’église Saint-Pierre, situés au sud du cloître. Sous l’écrin dissimulateur des peintures du xix^e siècle et de l’abondante décoration baroque, les élévations de la cathédrale romane sont aisément perceptibles, en dépit de modifications structurelles importantes et tardives tels le percement des murs gouttereaux et la reprise de la voûte de l’abside. La compréhension de l’architecture de l’église Saint-Pierre est plus complexe dans la mesure où il ne subsiste qu’un mur gouttereau bordant le cloître et uniquement visible depuis une modeste cour d’école.

2L’existence d’une cathédrale à Cavaillon est assurée à partir de 396, mais, si l’on connaît les noms de quelques-uns des évêques qui ont occupé le siège depuis cette date³, on ignore tout de l’édifice où ils ont exercé leur ministère, à commencer par son emplacement⁴. En l’absence de preuves formelles, « l’arc » (en réalité un porche) antique et la table d’autel mérovingienne découverts lors de la démolition du palais épiscopal ainsi qu’un sondage réduit effectué dans l’église Saint-Pierre plaident en faveur du maintien in situ de la fonction ecclésiale, mais seules des fouilles seraient susceptibles d’apporter une certitude et des détails. L’analyse de l’architecture et des documents conservés ne permet de suivre l’évolution de la cathédrale qu’à partir du xi^e siècle. Dès cette époque, elle comporte deux églises – on peut donc ici parler d’une cathédrale double –, l’une encore en fonction (Sainte-Marie et Saint-Véran), l’autre en majeure partie détruite (Saint‑Pierre).

La cathédrale Sainte‑Marie et Saint‑Véran

La cathédrale du xi^e siècle

3La cathédrale que nous voyons aujourd’hui est un édifice complexe, où se côtoient des éléments issus de plusieurs reconstructions successives (fig. L, p. 339). La partie la plus ancienne, la façade occidentale, constitue l’unique vestige visible d’une église bâtie au xi^e siècle. Ignorée des premiers historiens qui ont tenté de retracer la genèse de la cathédrale⁵, cette élévation a été révélée à la fin des années 1980 par le décapage de son parement extérieur (fig. n^o 2). Son analyse permet d’amorcer quelques hypothèses quant à la volumétrie et au plan de cet édifice. L’appareil de ce parement, constitué de moellons cassés au marteau, de petit format irrégulier mais de hauteur relativement constante, posés en assises suivies et horizontales avec des joints de mortier épais, paraît moins évolué que le petit appareil cubique de la façade ouest du prieuré de Saint-André-de-Rosans ou bien celui du premier étage de la tour-clocher de la cathédrale à Viviers, deux constructions qui datent peut-être des environs du tournant du xii^e siècle⁶.

4Les quatre contreforts qui scandent la façade et la décomposent en travées sont bâtis en moyen-appareil sur plan carré de 0,60 m environ de côté. Latéralement, les contreforts sont harpés dans les parements et leurs faces ouest liaisonnées alternativement. Leurs assises alternent un monolithe rectangulaire et un bloc carré intercalaire entre les extrémités des pierres des faces latérales nord et sud. Moins larges que ceux de la façade occidentale de la cathédrale de Saint-Trophime d’Arles, dont le moyen-appareil est taillé avec des angles plus vifs et posé avec des joints de mortier fins, ils ressemblent davantage aux contreforts du chevet de la cathédrale de Vaison par leur largeur, avec cependant un appareillage différent et des joints de mortier un peu plus épais. La façade ouest paraît être postérieure au chevet de Vaison, attribué au milieu du xi^e siècle⁷, et antérieure à la façade d’Arles, qui aurait été réalisée au milieu ou dans le troisième quart du xi^e siècle⁸.

5Les fenêtres hautes mesurent 0,64 × 1,68 m et s’ouvrent sous des arcs extradossés (fig. n^o 3). Les claveaux sont taillés en coins allongés, hauts de 0,27 m et posés avec des joints de mortier épais. Ce type d’appareillage se trouve aux arcs de l’église Saint-Pierre de Montmajour, datée du milieu du xi^e siècle⁹. Il ressemble de près à la fenêtre axiale de l’absidiole sud du chevet de la cathédrale de Vaison. Cet appareillage d’arc est encore utilisé à la tour du prieuré rural Saint-Symphorien de Buoux, dont la construction est attribuée aux années 1070-1090¹⁰. En revanche, la fenêtre géminée sud du baptistère d’Aix, attribuée à la période 1060-1080¹¹, a des claveaux posés presque à sec, comme les fenêtres hautes dans la façade ouest de la cathédrale d’Arles.

6La façade occidentale de Cavaillon présente une particularité à noter pour bien cerner le stade de développement de cette technique mixte de construction en moellons et en moyen-appareil. Ce sont les zones de parement prises entre les fenêtres et les contreforts : elles font exception, car le parement y est bâti non en moellons, mais en moyen-appareil. Les blocs utilisés autour de la fenêtre haute à gauche ressemblent dans bien des cas à un appareil moyen cubique¹², comparable à l’appareil utilisé au piédroit de la fenêtre géminée sud du baptistère d’Aix-en-Provence¹³. Le parement autour de la fenêtre haute à droite est fait avec du moyen-appareil dont la taille de la pierre paraît mieux maîtrisée : les pierres sont plus grandes et les angles plus vifs. La façade montre ainsi au niveau de ces fenêtres une zone de parement exceptionnelle, car elle est entièrement bâtie en moyen-appareil dont les assises se suivent depuis les piédroits des bases jusqu’aux contreforts. Cette technique particulière se retrouve au chevet de la cathédrale de Vaison, utilisée pour les absidioles¹⁴.

7L’ensemble de ces rapprochements faits à titre comparatif suggère que la façade occidentale de la cathédrale de Cavaillon fut bâtie tôt dans le troisième quart du xi^e siècle.

8La façade occidentale paraît tourner à angle droit au niveau du contrefort pour se poursuivre vers l’ouest sur la façade nord de l’actuelle première chapelle nord. Le parement nord en moellons assisés est marié avec le chaînage d’angle nord-ouest du contrefort de la façade ouest de la cathédrale.

9L’emplacement d’un premier contrefort au sud est restituable en plan : un arrachement mural en conserve le souvenir. Cette restitution permet de voir que l’élévation est scandée en quatre travées. Les trois travées sud correspondent à l’élévation de la nef du xi^e siècle. On y voit encore la base de l’élévation triangulaire du pignon, qui commence près des contreforts à environ 11 m au-dessus du sol actuel – hauteur des murs gouttereaux – et culmine à environ 14 m de hauteur. De part et d’autre, l’élévation conserve le tracé de la pente donnée à la toiture. Le sommet du pignon et le faîte de la toiture surplombaient d’environ 14,50 m le sol actuel. Les travées latérales 1 et 3 mesurent environ 2,70 m de large et la travée centrale 5 m. On peut donc restituer à l’église une largeur d’environ 11,70 m dans l’œuvre, divisée en une nef centrale d’environ 5 m et deux collatéraux de 2,70 m chacun, probablement séparés par de grandes arcades épaisses d’environ 0,60 m.

10La travée nord correspond à la façade ouest d’un augmentum bâti au nord de la nef et dont subsiste en partie l’élévation. En plan, le mur ouest de la nef paraît être épais d’environ 0,65 m, de même que les murs ouest et nord de l’augmentum. L’absence partielle de contrefort dans ce secteur pour la nef romane tardive montre la conservation de l’augmentum au xii^e siècle. L’épaisseur des murs et le plan rectangulaire s’opposent à l’hypothèse d’une tour à cet endroit. Il serait plus raisonnable d’y voir une chapelle abritant un lieu de culte important qui attirait les fidèles dès leur entrée dans la nef épiscopale.

11Cette hypothèse de restitution de la partie occidentale de l’édifice préroman est parfaitement recevable. Néanmoins, les similitudes dans la conception des fenêtres hautes de Cavaillon avec celles situées sur la façade occidentale de la cathédrale de Vaison¹⁵ incitent à proposer quelques pistes différentes. Par exemple, la superposition du plan restitué de la cathédrale de Vaison au xi^e siècle sur celui de la cathédrale de Cavaillon montre d’autres points de comparaison portant sur les proportions des bâtiments (fig. n^o 4). Pour s’en convaincre, il est important de considérer que la partie ancienne de la première chapelle latérale nord de Cavaillon fait partie de l’église et non d’une chapelle annexe (augmentum). Si l’on restitue, par symétrie, son pendant au sud, le plan de la cathédrale ainsi retracé s’adapte parfaitement à celui de Vaison. Ce constat induit que la largeur de la nef était très supérieure aux dimensions proposées précédemment, soit plus de 10 m au lieu de 5, et 3,50 m pour les collatéraux au lieu des 2,70 m initialement restitués. Cette hypothèse suggère que les deux fenêtres conservées éclairaient uniquement la nef charpentée et que les deux contreforts n’avaient qu’un rôle de raidisseurs de la façade pignon. Quelques problèmes apparaissent toutefois avec cette nouvelle interprétation. La première hypothèse supposait que les trois nefs du xi^e siècle correspondaient à l’emplacement de celle du xii^e siècle. À l’évidence, les trois vaisseaux étaient alors exigus et la reconstruction se serait simplement adaptée à l’emprise du bâtiment ancien. La deuxième hypothèse ici présentée souffre d’un défaut majeur lié à l’évolution de l’emprise au sol de la cathédrale entre le xi^e et le xii^e siècle. En effet, pour quelle raison les maîtres d’œuvre du xii^e siècle auraient-ils opté pour une nef unique, forcément réductrice en termes de surface par rapport à la cathédrale précédente possédant des collatéraux ? La cathédrale du xi^e siècle était peut-être beaucoup moins longue que celle que nous connaissons. Ainsi, les bâtisseurs du xii^e siècle auraient privilégié la nef unique en supprimant les collatéraux afin d’établir de puissants contreforts, pour l’étendre au maximum vers l’est et compenser la perte de surface induite par le sacrifice des collatéraux. Une partie du collatéral nord, transformée en chapelle, aurait en revanche été conservée dans cette nouvelle disposition.

12En l’absence de fouilles archéologiques, nous sommes donc dans l’impossibilité de trancher entre ces deux hypothèses. Dans la perspective où la partie nord de la façade et son retour peuvent être considérés comme un augmentum de l’église, sa nef et ses collatéraux étaient donc larges d’environ 11 m dans l’œuvre avec des murs gouttereaux hauts d’environ 11 m et épais peut-être de 0,65 m comme le mur pignon, haut de près de 15 m. Ces dimensions correspondent à celles restituées de l’église Sainte-Marie-du-Siège de la cathédrale d’Aix-en-Provence, datée de la première décennie du xii^e siècle. Comme son vocable l’indique, il s’agissait de la nef épiscopale de la cathédrale double d’Aix connue sous le vocable de Sainte-Marie et Saint-Sauveur, conservée sur une longueur d’environ 30 m et très probablement charpentée¹⁶. Par comparaison, il serait donc plausible de restituer à celle de Cavaillon une toiture en charpente. À l’inverse, si l’extrémité nord de la façade correspond aux vestiges d’un collatéral, on peut rajouter aux dimensions précédemment citées plus de 7 m pour les deux bas-côtés. Soit une largeur totale de près de 20 m pouvant être comparée à celle de l’état du milieu du xi^e siècle de la cathédrale Notre-Dame-de-Nazareth de Vaison.

13Quant à sa longueur, seules des fouilles pourraient en donner une idée juste. Avec seize paroisses dépendantes, la cathédrale de Cavaillon n’avait évidemment pas les mêmes besoins d’accueil que celle d’Aix, qui en comptait plus de 100.

14Un dernier indice nous renseigne sur cet édifice du xi^e siècle. Il est à rechercher dans la frise sculptée qui couronne l’élévation nord de la nef actuelle.

15Cette frise n’a rien de comparable avec la frise du côté sud. Elle est composée de vingt blocs de longueur très inégale (de 0,22 à 1,03 m) insérés entre une base moulurée et une corniche à modillons (fig. n^o 5). Sa sculpture en bas-relief assez fruste et usée contraste avec celle des ornements qui l’accompagnent et avec celle des rinceaux de la frise sud, tous de facture soignée, de relief accusé et de module régulier dans un style imité de l’antique. D’une longueur totale de 13,14 m, la frise nord déroule une suite, ouverte à l’angle nord-est par un sonneur de cor qui symbolise le rôle éducatif de l’Église, de scènes profanes et de figures allégoriques destinées à un public peu éclairé¹⁷. Il n’y a pas de fin, la suite s’interrompt au premier tiers de la troisième travée sur un motif de coquille. L’œuvre est-elle complète ? On peut en douter, comme on peut douter de sa cohérence en observant la séparation de certains blocs qui figurent le même thème iconographique : certains consacrés à la guerre, d’autres qui représentent les cerfs et l’arbre de vie. Ce constat jette la suspicion sur l’ensemble de la frise et oblige à la considérer comme un remontage d’éléments empruntés à un édifice antérieur, probablement la cathédrale du xi^e siècle. L’analyse stylistique ne s’y oppose pas, qui rapproche cette sculpture au dessin maladroit des tympans de la chapelle Saint-Gabriel (Bouches-du-Rhône) et de l’église Sainte-Jalle (Drôme) que Jean-Maurice Rouquette pour le premier et Guy Barruol pour le second considèrent comme des œuvres en réemploi dans des édifices datés tous deux du troisième quart du xii^e siècle.

16La seule donnée textuelle dont nous disposons pour la cathédrale du xi^e siècle nous vient de dom Polycarpe de La Rivière, prieur de Bompas et analyste de l’église d’Avignon au xvii^e siècle, qui mentionne à la date du samedi 27 avril 1023 la consécration solennelle par l’archevêque d’Arles et les évêques d’Avignon, Orange et Carpentras de l’église Sainte-Marie de Cavaillon élevée par l’évêque Enguerran et le comte Guillem en remplacement d’un édifice détruit quelques années auparavant par un incendie¹⁸. On pourrait rejeter sans autre forme de procès ce témoignage unique d’un historien connu pour son manque de scrupules. Admise par Léon-Honoré Labande¹⁹, l’information paraît cependant vraisemblable : elle enregistre la dédicace à la Vierge seule, sans faire mention de saint Véran, titulaire ajouté seulement après le transfert de ses reliques au xiii^e siècle, et la date du 27 avril, sans doute mémorisée et retenue pour la seconde dédicace par le pape Innocent IV en 1251. La consécration de 1023 concerna probablement l’abside du nouveau sanctuaire, dont la nef aurait été bâtie plusieurs décennies plus tard.

La cathédrale romane

17L’église entièrement rebâtie à partir de la façade occidentale du xi^e siècle comporte trois parties distinctes par leur plan, leur élévation et leur mode de couvrement.

18La nef unique est établie sur des travées barlongues délimitées par des piliers cruciformes symétriques, comme dans la nef Saint-Maximin de la cathédrale d’Aix. L’élévation est scandée en cinq travées par des arcatures murales à double rouleau nord et sud (fig. M, p. 340 et fig. n^o 6). Les traces subsistantes des murs gouttereaux montrent qu’à l’origine, ces arcatures étaient aveugles. Les murs ont environ 1 m d’épaisseur, soit quatre pans médiévaux. Des arcs doubleaux à deux rouleaux sous-tendent le berceau brisé (fig. N, p. 341). Des colonnettes avec chapiteaux ont été placées dans les dosserets des rouleaux transversaux au niveau des écoinçons des arcatures murales. Les arcs formerets à l’est et à l’ouest ont aussi deux rouleaux, ce qui représente une avancée technologique par rapport à la nef Saint-Maximin d’Aix. L’arc formeret oriental prend appui sur le dosseret des sixièmes piliers nord et sud qui porte une colonnette avec chapiteau (à Aix, l’arc formeret oriental est absent ainsi que les dosserets). L’arc formeret à l’ouest s’appuie sur les premiers piliers qui touchent les fenêtres hautes de la façade occidentale du xi^e siècle. Les contreforts nord et sud furent adossés aux piliers de la nef, sauf du côté nord dans la première travée. L’absence partielle de contrefort démontre la volonté de conserver l’augmentum, dont le mur nord a reçu un jour étroit comme une meurtrière. La construction du premier contrefort sud n’a pas épargné cependant l’ancien contrefort occidental de la façade du xi^e siècle.

19La travée du chœur est rectangulaire. Ses murs nord et sud, plus épais d’environ 0,45 m que les murs gouttereaux de la nef, indiquent un changement de parti dans la construction, dû sans doute au voûtement de la travée avec une coupole (fig. O, p. 342). Les arcatures murales à trois rouleaux au nord et au sud ramènent la travée au plan carré pour préparer la construction du tambour octogonal porté sur les trompes d’angle. Le maintien du plan cruciforme symétrique des piliers de la nef à ceux du dispositif portant la coupole traduit la volonté de conserver une cohérence visuelle entre la nef et le chœur, simple au niveau des piliers mais complexifiée dans la partie haute de l’élévation supérieure par l’échelonnement de trois retombées d’arcs transversaux sur le large pilastre central des sixièmes piliers occidentaux de la travée et par l’emploi de consoles pour porter en encorbellement le troisième rouleau supérieur des arcs muraux nord et sud (fig. n^o 7). Comparée à la travée à coupole des nefs des cathédrales d’Avignon et d’Aix, celle de Cavaillon fait preuve d’une évolution dans les recherches structurales tandis que le volume sous la calotte est devenu plus vaste et annonce directement les coupoles de l’église du Thor et de la cathédrale de Marseille. Malgré l’avancée dans les recherches, la travée de coupole de Cavaillon reste soumise à la problématique aixoise : l’emboîtement de la coupole crée un cloisonnement de l’espace du chœur brisant la continuité longitudinale établie par la nef en direction de l’abside. Ce défaut sera corrigé dans l’église du Thor²⁰. Les collages visibles à l’extérieur entre la nef, la travée de coupole et l’abside indiquent qu’à ces changements de parti correspondent des étapes du chantier de construction de la cathédrale. L’emboîtement externe de la coupole forme le socle de plan carré sur lequel repose la tour du clocher. Ce socle pèse sur les arcs porteurs de la coupole afin d’épuiser les forces d’évasement de cette voûte. À l’est, il est lié aux septièmes contreforts nord et sud et son angle sud-ouest repose sur l’angle sud-est de la nef. Ces caractères montrent que la travée de chœur fut bâtie après celle de la nef. L’escalier en vis aménagé dans le septième contrefort sud suggère que le programme architectural avait prévu la construction du clocher-tour sur le socle emboîtant la coupole, hypothèse que confirme la trappe circulaire ouverte dans le sol du clocher-tour probablement dans l’axe de l’oculus zénithal de la coupole.

20L’abside a aujourd’hui un plan polygonal à cinq pans extérieurs et sept pans intérieurs (fig. P, p. 343). Ce plan sans équivalent connu dans l’architecture romane provençale résulte en fait de la reconstruction opérée dans les années 1642-1643 après l’effondrement du cul-de-four dont on avait probablement voulu percer le demi-anneau zénithal, sur lequel venaient se réunir des nervures plates. Le plan initial (mal visible à cause des boiseries qui habillent l’ensemble de l’abside) ne comportait que cinq pans intérieurs séparés par des colonnes adossées couronnées d’impostes qui recevaient probablement les retombées d’arcades aveugles.

21L’analyse du plan et des élévations donne l’impression d’une construction homogène réalisée selon un programme architectural d’ensemble. Les collages des maçonneries indiquent cependant que les travées 1 à 5 de la nef furent construites en premier, puis la travée de chœur et enfin l’abside. Le déroulement du chantier paraît s’organiser autour de la travée de chœur : une telle organisation permettait évidemment d’assurer le contrebutement de la vaste coupole de celle‑ci.

22La description détaillée des éléments décoratifs de l’édifice permet de mieux cerner les phases de la construction et de les regrouper en étapes du chantier.

23Le relevé des marques de tâcheron montre quatre parties distinctes :

• Les travées 1 et 2 où trois tailleurs de pierre ont travaillé exclusivement ;

• Les travées 3 à 5 où six autres tailleurs de pierre ont travaillé exclusivement. De toute évidence, la construction de la nef a été réalisée au moins en deux phases. Celles-ci sont apparemment rapprochées dans le temps, car quatre autres tailleurs de pierre ont laissé leurs marques dans les travées de la nef ;

• Le chœur et l’abside où les marques de tâcherons sont remarquablement absentes ;

• La tour du clocher où les marques de quatre tailleurs apparaissent sur la base circulaire et sur l’octogone couvert d’une petite coupole.

24La répartition des marques et des collages suggère que le chantier de construction s’est déroulé en trois étapes, une de deux phases pour la nef, une aussi de deux phases pour le chœur et l’abside, une dernière pour le clocher.

25L’enchaînement des étapes et des phases peut être précisé par l’examen du décor architectural. Le décor des colonnettes dans les travées 1 à 3 est plus compliqué que celui des colonnettes dans les travées 4 et 5. Cependant, les rudentures qui ornent trois colonnettes placées respectivement dans les travées 1, 3 et 4, impliquent un rapprochement dans le temps entre les deux phases de l’étape 1 (la nef).

26Les chapiteaux de la nef sont pour l’essentiel l’œuvre de deux sculpteurs, l’un « occidental » responsable des travées 1 à 3, l’autre « oriental » dans les travées 4 et 5. Quatre chapiteaux de très médiocre qualité, situés dans les travées 1, 4 et 5, proviendraient, selon Jacques Thirion²¹, des travaux de restauration effectués au xix^e siècle. Typologiquement similaires, ces « chapiteaux cubiques à deux étages »²², pour reprendre l’expression de Léon-Honoré Labande, marquent la proximité des membres de « l’équipe » qui a œuvré dans la nef. Dans la travée 5, le chapiteau du sixième pilier sud constitue un chef-d’œuvre unique (fig. Q, p. 344). Il est possible qu’un maître sculpteur l’ait fourni pour servir de modèle aux autres ouvriers du décor de la nef. Le sculpteur « oriental » s’est directement inspiré du modèle, tandis que le sculpteur « occidental » a pu prendre plus de distance et innover sur les compositions végétales. L’emplacement du modèle dans l’angle sud-est de la nef et les références proches faites par le sculpteur « oriental » puis celles plus lointaines du sculpteur « occidental » suggèrent que le chantier de la nef s’est déroulé de l’est vers l’ouest pour rejoindre la façade occidentale du xi^e siècle, soit successivement une phase A, consacrée à la réalisation des travées 5 et 4, et une phase B, consacrée à la réalisation des travées 3, 2 et 1. Plusieurs indices confortent cette hypothèse : la cloison (voir le mur périphérique nord du cloître) collée au cinquième contrefort sud se poursuit vers l’ouest ; le quatrième contrefort sud apparaît bâti sur cette cloison ; le bandeau du cordon nord, dans la troisième travée de la nef, est décoré de grecques au-dessus du chapiteau du quatrième pilier ; les grecques partent vers l’ouest où peu après elles s’interrompent ; la frise extérieure nord commence dans l’angle nord-est de la nef avec la représentation d’un sonneur de cor annonçant la série de figurations qui se déploie vers l’ouest. Quant à la frise extérieure sud, elle se compose essentiellement de rinceaux attribuables à deux sculpteurs dans les travées 5 et 4, remplacés dans la travée 3 par des motifs végétaux, invisibles dans la travée 2 (masqués par le toit de la deuxième chapelle sud) avant de réapparaître dans la travée 1 (fig. n^o 8). La frise sud suggère l’existence d’une troisième phase, sans effacer cependant l’impression d’une cohérence générale du chantier de la nef. Cette frise sud fait retour dans l’angle sud-ouest sur la façade occidentale, où elle s’interrompt immédiatement. Elle continuait peut-être sur toute la largeur de l’élévation, au-dessus du porche ou majus regale qu’évoque un acte de 1363²³. Cet élément, qu’il faut imaginer sur le modèle de ceux qu’on voit encore à Notre-des-Doms, au Thor, à Tarascon et à Embrun, a probablement été détruit après sa vandalisation par les troupes protestantes en 1562.

27Le voûtement des cinq travées de la nef en moyen-appareil de petit format régulier paraît homogène. La réalisation du berceau brisé constitue vraisemblablement l’ultime intervention (phase C) de l’étape 1 du chantier.

28L’examen du décor architectural du chevet et du clocher amène à rapprocher dans le temps les étapes 2 et 3 (travée de chœur, abside et clocher), qui ont en commun l’emploi du tore (totalement absent de la nef) pour décorer les arcs. Le tore est en effet utilisé pour décorer les quatre arcs porteurs du tambour de la coupole dans la travée de chœur et pour les arcs nord et sud de l’arcature murale extérieure de l’abside. Les tores apparaissent aussi aux arcs des fenêtres, la fenêtre axiale de l’abside et celles qui ajourent l’octogone du clocher. Dans tous ces cas, ils ont des bases qui ressemblent à un dé coiffé d’un demi-cercle. Des demi-tores massifs et saillants couronnent le mur-bahut extérieur de l’abside et la base circulaire du clocher. Des tores ornent les nervures des coupoles. Simplement toriques dans la travée de chœur, celles-ci prennent un profil carré avec des angles chanfreinés ou un listel entre deux tores dans la coupole du clocher.

29C’est le tore, c’est-à-dire une moulure, qui donne cette impression de cohérence au chœur surmonté de son clocher. Son emploi systématique, avec des bases circulaires posées sur des impostes ou des tailloirs, indique qu’une mode « non classique » marquait l’art roman au moment des étapes 2 et 3. C’est une mode maniériste (protogothique) qui se manifestait alors. Celle-ci apparaît comme un dépassement des formes classiques qui restaient pourtant dominantes dans la composition architecturale. Deux indices stylistiques font penser que dans le temps les étapes 2 et 3 sont peut-être proches de l’étape 1 : les grecques apparues sur le cordon nord de la nef dans la travée 3 se retrouvent dans la travée 6 sur la console d’angle nord-est ; les rudentures culminant avec une arcature soulignée par une moulure plate apparaissent sur une colonnette dans la travée 3 de la nef et sur les colonnes engagées à l’est sur l’extérieur de l’abside.

Les indices de datation

30Parmi les édifices que nos prédécesseurs ont rapprochés de la cathédrale de Cavaillon, ce sont la nef Saint-Maximin d’Aix et l’église Notre-Dame-du-Lac au Thor qui fournissent le plus grand nombre d’éléments de comparaison propres à établir une chronologie relative.

31La nef, par le plan de ses travées barlongues, fait penser à Aix. Ses chapiteaux sont apparentés à ceux des cathédrales d’Avignon et d’Aix d’après l’analyse d’Alan Borg, qui souligne la similarité remarquable des décors des cordons nord et sud dans les nefs d’Aix et de Cavail­lon²⁴. La construction de la travée à coupole entre la nef et l’abside a soulevé des problèmes difficiles à résoudre si la symétrie cruciforme des piliers de la nef était maintenue pour les piliers occidentaux de cette travée. La solution aixoise respectait la logique structurale des piliers – chaque ressaut du pilier ne reçoit qu’une retombée d’arc – tout en maintenant leur symétrie cruciforme : pour l’appliquer, l’arc formeret oriental de la nef fut supprimé. Par conséquent, cette suppression entraînait celle de ses dosserets et des colonnettes dans les angles orientaux de la nef. La solution cavaillonnaise a corrigé le défaut structural et l’anomalie décorative de la solution aixoise tout en maintenant la symétrie des piliers ; pour débloquer le problème aixois, elle a dû abandonner la logique contraignante du pilier roman classique. La solution cavaillonnaise consistait en l’élargissement des pilastres centraux aux piliers ouest de la travée de la coupole afin de recevoir trois retombées d’arcs transversaux. Cela a permis de rétablir l’arc formeret oriental à deux rouleaux, puis de loger des colonnettes dans ses dosserets placés dans les angles orientaux de la nef.

32Comme à Aix, la coupole fut lancée d’un niveau plus bas que le sommet du berceau de la nef. Ce dispositif d’emboîtement de la coupole avait le défaut de cloisonner l’espace du chœur entre la nef et l’abside. Ce défaut sera corrigé dans l’église du Thor, où la coupole prend naissance au niveau du sommet de la voûte couvrant la nef.

33L’arc triomphal de l’abside porte un chrisme sur un dé en relief situé à la clé de l’arc, sur le tore. À Aix, le chrisme est simplement gravé sur la clé de l’arc.

34À l’extérieur de l’abside, le chapiteau 5 sud-sud-est ressemble au chapiteau nord-est dans l’abside du Thor (fig. n^o 9). Les tailloirs des chapiteaux, qui sont composés d’un bandeau sur un quart-de-rond richement orné d’un feuillage sculpté, trouvent leur équivalent dans le porche de l’église du Thor. Enfin les chapiteaux du clocher, décorés de feuilles largement épannelées, rappellent ceux de la nef du Thor, placés dans les fenêtres sud à l’extérieur de celles-ci (fig. n^o 10). Les chapiteaux de la nef du Thor sont peut-être moins évolués. Les nervures composées de deux tores séparés par un listel qui sous-tendent la coupole du clocher ont la même section que les ogives de la nef du Thor.

35L’ensemble de ces comparaisons permet d’établir une chronologie relativement serrée autour de la cathédrale de Cavaillon :

• La nef Saint-Maximin d’Aix fut construite avant la nef cathé­drale de Cavaillon (étape 1) ;

• Le chœur, l’abside (étape 2) et le clocher (étape 3) de Cavaillon sont bâtis peu avant et pendant les chantiers de construction du chœur (travée de coupole et abside) du Thor et de son porche.

36La nef Saint-Maximin d’Aix est mentionnée pour la première fois en 1175 dans les documents écrits. Son chantier de construction est attribué, pour des raisons architecturales, aux années 1165-1175²⁵. L’église du Thor est qualifiée de neuve dans un document de 1202²⁶, sa construction a probablement eu lieu dans les années 1190‑1200.

37La comparaison suggère donc de placer le chantier de la cathédrale de Cavaillon dans la fourchette 1175-1195 environ. Comme l’indique le mot « environ », on peut imaginer que l’étape 1 de la nef a commencé un peu avant 1175 et que l’étape 3 du clocher s’est terminée un peu après 1195, sans pour autant contredire les données architecturales et écrites. Les durées des différents chantiers de construction se chevauchaient sans doute dans le temps et les sculpteurs de talent circulaient entre les chantiers successifs : ce sont deux facteurs difficiles à contrôler en l’état actuel des recherches sur l’art roman tardif de la Provence. Pour en tenir compte, il faut respecter la marge d’incertitude donnée aux propositions chronologiques.

38Si le chantier de la cathédrale a duré environ vingt ans, il y a motif à voir des hiatus dans le temps entre les étapes 1, 2 et 3 du chantier. Les données architecturales suggèrent un hiatus entre les constructions de la nef (étape 1), du chœur et de l’abside (étape 2). Cette interruption s’est produite peut-être dans les années 1180. Le réemploi économe de la façade occidentale du xi^e siècle peut indiquer un problème de financement soutenu pour un grand chantier de reconstruction. La fourchette d’environ vingt ans oblige cependant à penser que le chantier était relativement suivi malgré le passage difficile et de courte durée dans les années 1180. La construction d’une vaste coupole et les décors sculptés témoignent que le financement des dernières étapes du chantier était bien soutenu.

39Des recherches plus approfondies devraient permettre de tester les chronologies relative et absolue et de nuancer ces propositions historiques. Parce que les documents écrits font défaut pour cerner les chronologies des églises romanes tardives de la Provence, les recherches devraient alors se tourner vers des études comparatives et des rapprochements architectural et sculptural.

40Pierre Héliot pense que l’emploi des profils en tore ou en amande, « profils chers aux constructeurs contemporains du nord²⁷ », pour les nervures sous-tendant les coupoles et les culs-de-four des églises provençales est attribuable au dernier quart du xii^e siècle. L’apparition du tore dans l’architecture provençale n’a pas encore fait l’objet d’une étude, on ignore l’histoire de son emploi²⁸. On peut noter l’exemple de l’emploi d’un tore muni de bases semi-circulaires au prieuré de Salagon pour orner l’arc triomphal de l’abside et les trois voussoirs du portail occidental. Ces parties de Notre-Dame de Salagon sont attribuées au dernier quart du xii^e siècle, date qu’il faut éventuellement nuancer²⁹.

41Le profil de nervure composé de deux tores séparés par un listel devrait aussi faire l’objet d’une étude détaillée. Ce profil déjà mentionné pour les voûtes du clocher de Cavaillon et de la nef du Thor se retrouve aussi dans le réfectoire de Ganagobie, attribué au début du xiii^e siècle³⁰, ainsi que dans la rotonde de Simiane, dont la construction est placée à la fin du xii^e siècle ou au début du xiii^e siècle³¹.

42Enfin la lanterne octogonale de la cathédrale d’Avignon, par la composition architecturale de son élévation et par le traitement non suivi des tailloirs, paraît contemporaine du clocher de Cavaillon³². La lanterne d’Avignon été étudiée récemment : le décor architectural et l’appareil à bossages semblent autoriser une datation autour de la fin du xii^e siècle ou du début du siècle suivant.

43Quant au décor sculpté, les frises et les chapiteaux de la nef devraient faire l’objet d’une étude comparative en reprenant les analyses qu’a faites Alan Borg d’Avignon, Aix, Saint-Restitut, Cavaillon, Vaison, Pernes et Saint-Paul-Trois-Châteaux. Cette étude pourrait permettre de mieux cerner le problème des chantiers simultanés et successifs. Le chapiteau 5 sud, chef-d’œuvre d’un maître sculpteur, devrait probablement être comparé à ceux de Saint‑Restitut.

44Quant à l’abside, les chapiteaux 2 et 3 nord-est font penser au chapiteau classique décoré de feuilles d’acanthe du porche de la cathédrale d’Avignon. Certains chapiteaux des fenêtres du clocher qui sont décorés de feuilles largement épannelées rappellent des chapiteaux du cloître de Ganagobie parce que l’extrémité des feuilles se recourbe curieusement vers le haut en courbe et contre-courbe sous l’angle de l’abaque. Un chapiteau des colonnes engagées du clocher, décoré de feuilles épannelées plates sur deux registres, dont celles du registre inférieur sont de simples lobes cernés par une rainure, ressemble à un chapiteau de la rotonde de Simiane.

45L’ensemble des rapprochements faits avec d’autres églises qu’Aix et Le Thor ne permettent pas de mieux cerner la chronologie de Cavaillon en l’état actuel des recherches mais de nouvelles orientations s’ouvrent. Celles-ci, et d’autres encore insoupçonnées permettront éventuellement de nuancer notre scénario historique du chantier de la cathédrale de Cavaillon qui semble s’être déroulé dans le dernier quart du xii^e siècle.

Les modifications médiévales ultérieures

46La cathédrale romane a conservé l’ensemble de sa structure, mais a fait l’objet de quelques remaniements et surtout de multiples et importantes adjonctions (dix chapelles latérales, un vestibule et un campanile).

47La façade occidentale porte les traces de travaux de reprise à deux époques différentes. Les travaux du bas Moyen Âge sont responsables de la perte du pignon au sommet de la façade romane tardive (avec un probable retour de frise). En revanche la reprise quasi complète de la travée centrale vers la fin du xviii^e avec son portail surmonté d’une grande fenêtre a non seulement effacé les baies romanes inférieures (dont le porche) mais aussi une grande partie de la surélévation établie à partir du niveau des frises nord et sud de la nef. Cette surélévation du bas Moyen Âge comprenait l’agrandissement en hauteur des contreforts romans et une grande rosace vitrée. La hauteur originelle de la surélévation n’est pas identifiée mais on discerne les départs d’un arc conservés en haut des contreforts. Au regard de son dimensionnement, cet arc ne pouvait supporter qu’un léger couronnement décoratif.

48La zone d’obturation en blocage située dans la travée centrale au-dessus de la baie moderne suggère que la rosace fut réalisée par ce chantier ; elle apparaît d’ailleurs sur le dessin du xvii^e siècle conservé à la bibliothèque d’Avignon dans l’album du marquis de Laincel. Elle remplaçait certainement un oculus roman jugé trop petit pour éclairer la nef.

49L’extension septentrionale de la cathédrale par un réseau de chapelles latérales est représentative d’une évolution de la religiosité à partir de la fin du xiii^e siècle, dont la conséquence sur la topographie de l’espace ecclésial est une privatisation de l’espace sacré au profit de familles ou personnes influentes et de confréries. La transcription architecturale est l’érection de chapelles privées dont la fonction funéraire est prépondérante. Construites entre les contreforts de la nef, elles se développent individuellement, sans unité de style, depuis la façade occidentale jusqu’à la travée de chœur (fig. n^o 11). L’intérêt de l’exemple cavaillonnais est sa précocité qui, par l’ajout de volumes connectés au vaisseau central, préfigure le plan type des églises gothiques régionales du xiv^e siècle où les chapelles sont incluses d’emblée dans le plan de l’édifice. En dépit des transformations ultérieures (surélévation des voûtes), notamment du xix^e siècle, on perçoit l’habileté des concepteurs de ces chapelles pour connecter ces nouveaux espaces à la nef. Certaines, probablement précoces (Sainte-Marie-Madeleine) sont voûtées en berceau et d’autres en croisées d’ogives (Saint-Véran et actuelle sacristie). Elles apparaissent dans les textes à partir du début du xiv^e siècle, sans que l’on sache, à deux exceptions près, leur date de construction (troisième chapelle nord peu avant 1316, et sixième chapelle nord en 1328³³). Sur le flanc méridional de la nef, il existait des oratoires comparables avant la construction des deux chapelles d’époque moderne (des Âmes du Purgatoire et de la Vierge). En revanche, la troisième travée de la nef ouvrait sur un grand bâtiment rectangulaire bordant la galerie occidentale du cloître et se développant probablement jusqu’à l’angle de l’église Saint-Pierre. Cette construction élevée entre la fin du xiii^e siècle et le xiv^e siècle comportait deux niveaux et pouvait abriter plusieurs pièces. Son interface avec la nef était singulière puisque l’étage, couvert d’une voûte en berceau brisé, ouvrait sur le vaisseau central et fonctionnait comme une tribune alors que le rez-de-chaussée plafonné pouvait aussi faire office de chapelle latérale (fig. n^o 12).

50C’est au xv^e siècle que le système campanaire de la cathédrale prend la configuration actuelle (fig. n^o 13). Le lanternon roman se voit alors adjoindre un campanile bâti sur le septième contrefort sud de la nef et tourne vers l’est son élévation percée d’une petite fenêtre circulaire chanfreinée et sommée d’un clocher-mur en arc brisé chanfreiné. Il fut bâti en 1496-1497 par le maçon Antoni Aureille et équipé d’une horloge par le marchand avignonnais Jaume Rigaud³⁴. L’édicule a apparemment englobé à l’ouest une structure primitive qui abritait le sommet de la cage d’escalier logée dans le contrefort roman tardif. Des remaniements ultérieurs, de lecture difficile, ont supprimé cet état. Le contrefort ouest semble être collé au campanile. Son élévation supérieure (due à un repentir ou à un agrandissement en hauteur ?) est probablement liée au mur-parapet moderne qui couronne le socle du clocher et peut-être aussi à l’aménagement de la pièce du campanile qui abritait le mécanisme de l’horloge primitive.

L’église Saint-Pierre

51De cette église, parallèle à la cathédrale Sainte-Marie et Saint-Véran, implantée sur le côté sud du cloître, les documents parlent peu. Une charte datée de 1300 cite l’« ecclesia beati Petri et Jacobi » au premier rang des annexes de la cathédrale³⁵. Cette église était probablement à l’origine celle des chanoines. Elle leur appartenait en tout cas lorsqu’ils en firent don à la confrérie des Pénitents blancs en 1540. Il n’en subsiste aujourd’hui que l’élévation du mur nord de la nef, ouvrage hétérogène qui résulte de deux états de l’époque romane (xi^e-xii^e siècles) et un troisième de l’époque moderne (fig. n^o 14).

52Du premier état, bâti en moellons assisés avec des chaînages d’angle en grand appareil, subsistent le mur nord et les épaules nord-ouest et nord-est de la nef. On remarque le vestige du piédroit d’une porte dans le parement sud, mal conservé, du mur nord. L’angle nord-est porte l’arrachement d’un mur beaucoup plus épais, sans doute celui de l’abside de l’église. L’angle sud-est symétrique a été réemployé comme pilier dans le deuxième état de la nef.

53Ces vestiges montrent que la nef mesurait environ 14,20 m de long à l’extérieur et 12,60 m à l’intérieur. Les murs ouest et nord, épais d’environ 0,67 m, portaient probablement une toiture sur charpente. Le mur de l’abside, épais d’environ 0,90 m et donc plus puissant, suggère que l’abside avait un plan semi-circulaire à l’intérieur et qu’elle était voûtée en cul-de-four. La hauteur primitive de la nef reste inconnue. À titre d’indice, on observera que le négatif du mur ouest est conservé sur une hauteur d’au moins 6 m, de même que celui du mur oriental.

54Le niveau du sol pose problème. Le seuil de la porte nord suggère qu’il était au moins 0,50 m plus haut que le sol actuel.

55Ce plan simple d’un volume charpenté pour la nef et la qualité de sa maçonnerie suggèrent que l’église est due au premier art roman. Le piédroit de la porte, bâti du côté nord avec des moellons et du côté sud avec une pierre de taille, montre une technique archaïque de construction mixte qui pourrait être attribuée à ce premier art roman.

56Cette construction ressemble à celle de l’église priorale de la Madeleine de Bédoin, attribuée au deuxième quart du xi^e siècle. Elle apparaît techniquement moins évoluée que la construction des piliers entièrement appareillés dans l’église cruciforme de Venasque ou dans l’église Saint-Pierre de Montmajour, attribuées au milieu du xi^e siècle, et moins évoluée que le baptistère d’Aix, reconstruit probablement à l’époque du prévôt Benoît dans les années 1066-1080 environ³⁶. On peut donc situer la construction de l’église Saint-Pierre dans le deuxième quart du xi^e siècle.

57Une fouille archéologique de l’église Saint-Pierre serait souhaitable pour mieux connaître l’édifice – en particulier son mur méridional, son sol et son abside –, affiner sa datation et savoir s’il a succédé à cet endroit à un lieu de culte antérieur. Cette dernière hypothèse est plausible, comme l’a révélé un sondage réduit pratiqué à l’extérieur de l’église, qui a montré que le mur nord, fondé à 1,50 m sous le niveau du sol actuel, repose sur un mur plus ancien de même orientation.

58Quant à la question de la topographie, l’église Saint-Pierre se trouve à environ 18 m au sud de la cathédrale Sainte-Marie et Saint-Véran. Ensemble, elles forment une cathédrale double qui remonte au moins au dernier tiers du xi^e siècle. Il s’agit donc ici d’une disposition en deux églises séparées, c’est-à-dire deux nefs autonomes – comme celles des cathédrales antiques, telles celles d’Aquilée et de Trèves pour citer les plus connues – qui indiquent des fonctions distinctes.

59Dans un deuxième temps fut élevée une grande arcature murale composée de trois arcades et de trois piliers adossés dans l’œuvre sur toute la longueur du mur nord, entre les murs ouest et est de la nef du xi^e siècle. Cette arcature en petit et moyen-appareil est conservée sur une hauteur de 6,50 m au-dessus du sol actuel. La dernière assise en haut de la moitié orientale accuse une courbure et montre ainsi le niveau de départ d’un berceau longitudinal aujourd’hui disparu. La naissance de la voûte est tangente à l’arcature et elle n’est pas soulignée par un cordon selon un traitement architectural typique de l’art roman provençal du xi^e siècle.

60Les arcades 1 et 2 à double rouleau reposent sur des piliers à ressauts cruciformes typiques de l’architecture romane provençale du xii^e siècle. L’arcade 3, à rouleau unique, s’appuie sur des piliers à simple ressaut. Les dimensions des arcades diminuent sensiblement d’ouest en est, à la fois en largeur (de 2,92 à 2,70 m) et en hauteur (de 5,81 à 5,57 m) pour une profondeur constante (1,17 et 1,18 m). L’arcature est donc bâtie de façon à ajuster l’insertion des arcades dans l’œuvre d’une nef préexistante, avec un petit effet d’ampleur de mise en perspective vue de l’ouest. Cette série d’arcades grandes et profondes scande l’élévation de la nef en trois travées. L’emploi d’un rythme trinaire pour les travées de nef dans une petite église du xii^e siècle n’est pas exceptionnel dans la région, on le retrouve par exemple à Notre-Dame d’Aubune et à Saint-Véran de Vaucluse.

61Les piliers 1 à 3 sont construits avec une technique de construction en moyen-appareil qui est particulière. L’appareil a une hauteur régulière d’environ 0,30 m (soit un pied). Il est posé avec des joints de mortier fins en assises horizontales qui se suivent de ressaut en ressaut de part et d’autre de chaque pilier. Dans l’angle des ressauts des piliers, il y a plusieurs exemples de pierres étroites (0,14 m) posées de chant selon une technique de construction utilisée dans d’autres églises romanes provençales vers la fin du xi^e siècle, par exemple la tour-clocher de l’église de Ganagobie³⁷. Une régularisation de la hauteur du moyen-appareil, témoin de la première phase de standardisation de la taille de la pierre se voit tôt aux chevets, construits dans le premier tiers du xii^e siècle, des deux églises priorales de Ganagobie, attribuée à la deuxième décennie du xii^e siècle³⁸, et de Salagon, construite peu après 1118 avec un parement interne, techniquement plus recherché, en carreaux et boutisses³⁹.

62Les piliers 1 à 3 comportent des ressauts latéraux. Ceux-ci sont larges de 0,44 m et profonds de 0,34 m environ. Ils reçoivent les arcs à double rouleau, dont les claveaux sont longs de 0,44 m. Le pilier 1 conserve encore le ressaut de devant : il s’agit sans doute du dosseret pour un arc formeret transversal aujourd’hui disparu. Les piliers 2 et 3 n’ont pas conservé le ressaut de devant. Les arrachements visibles sur les piliers jusqu’au sommet de l’élévation montrent que chaque dosseret était large de 0,75 m pour une profondeur de 0,44 m attestée sur le pilier 1. Les dosserets des piliers 1 et 2 ont donc porté chacun un arc transversal à simple rouleau dont les claveaux mesuraient probablement 0,44 m de long. Ces piliers témoignent donc d’une technologie qui ne pratique pas encore la standardisation de l’art roman classique : ce dernier utilise des piliers cruciformes dont les ressauts latéraux mesurent systématiquement 0,33 m de large sur 0,33 m de profondeur et régit donc la taille de la pierre en fonction du programme architectural.

63Les claveaux mesurant 0,44 m de long dans le sens du rayon représentent un poids lourd à mettre en œuvre. Le grand claveau n’est généralement plus utilisé dans l’architecture romane classique du xii^e siècle, où il est abandonné au profit du claveau de moyen format d’environ 0,33 m. Le passage de l’emploi du grand au moyen claveau est évident dans la construction des arcatures murales de la nef Sainte-Marie de la cathédrale d’Aix, dont la construction est attribuée aux environs de la première décennie du xii^e siècle⁴⁰. Les piliers de l’église Saint-Pierre, par leur plan, leurs dimensions et leur structure, semblent donc appartenir à un art de construire en usage au début du xii^e siècle.

64Les écoinçons des arcs sont bâtis en petit et en moyen-appareil assisés. La hauteur des assises varie beaucoup, de 0,07 à 0,30 m et les joints de mortier sont fins. Les assises se suivent plus ou moins bien, parfois interrompues par des décrochements, et ne sont pas toujours horizontales. Ces pratiques particulières de maçonnerie, qu’on retrouve aux écoinçons de la nef Sainte-Marie de la cathédrale d’Aix, confortent l’hypothèse déjà avancée de la contemporanéité des deux édifices. Il s’agit pourtant de constructions bien différentes : Sainte-Marie d’Aix est une grande nef charpentée et l’église Saint-Pierre de Cavaillon une petite nef voûtée.

65L’arcade 3 à simple rouleau retombait à l’est contre le supposé mur oriental de la nef du xi^e siècle. Les claveaux de la retombée, parce qu’ils sont taillés à la verticale, attestent ce collage. Il faut peut-être restituer à l’extrémité orientale de la nef un arc formeret, dont le départ paraît être conservé en négatif contre le mur et entaillé dans l’extrados de l’arc 3.

66On peut certainement restituer une arcature murale sud symétrique à celle que l’on observe au nord, composée comme elle de trois arcades à grands claveaux d’aspect massif, comparables à celles des nefs de Notre-Dame d’Aubune et de Saint-Véran de Vaucluse. Ces dernières, respectivement attribuées au deuxième quart et au début du xii^e siècle, ont cependant une structure plus évoluée⁴¹.

67L’exemple de Saint-Véran de Vaucluse autorise à proposer pour la nef de Saint-Pierre de Cavaillon une largeur d’environ 6 m dans l’œuvre.

68L’église ainsi restituée avait donc une nef d’environ 12,60 m de long, rythmée par des arcatures murales aveugles composées de trois arcades. Les piliers délimitent en plan trois travées barlongues d’environ 6 m de longueur sur 4 m de largeur. Ces piliers fournissaient un contrebutement à la voûte de la nef : ils recevaient les charges de tassement longitudinales traduites par les arcades 1 à 3 – comme des arcs de décharge – et contrebutaient les charges d’évasement au niveau des doubleaux transversaux. Ce système de contrebutement interne du berceau, sans contreforts extérieurs, est utilisé aussi dans les nefs de Notre-Dame d’Aubune et de Saint-Véran de Vaucluse.

69La porte en plein-cintre fut percée dans le mur nord sous l’arc 3 au moment de la construction de l’arcature murale. L’écoinçon gauche de la porte, bâti en moyen-appareil, apparaît lié au pilier 3. Les grands claveaux de la porte mesurent 0,40 m de haut. Ils portent une taille de finition en stries diagonales parallèles faites au taillant. Ce type de taille se retrouve fréquemment sur l’appareil de l’arcature murale.

70La porte établissait un axe de circulation nord-sud dans la nef au niveau de la troisième travée. Celle-ci tenait ainsi lieu d’une avant-travée de chœur. Dans l’ensemble de la topographie du groupe épiscopal, il est vraisemblable que cette porte était réservée aux chanoines de la cathédrale.

71Quelques pierres de l’arcature portent une taille de finition en fougère. Cette taille annonce les tailles plus décoratives utilisées par les tailleurs de pierre dans les églises romanes du xii^e siècle comme Saint-Trophime d’Arles. Les grandes arcatures murales latérales constituaient l’essentiel du décor architectural de la nef. Les arcades étaient portées sur des piliers et non plus sur des colonnes comme dans certains édifices du xi^e siècle. Les piliers ont des impostes ornées de moulures ou de motifs géométriques qui sont issus du répertoire de l’art roman du xi^e siècle. Le décor des impostes est interrompu de ressaut en ressaut au sommet des piliers sans aucune continuité ornementale. Aucune moulure ne souligne ni la base des piliers, ni les voussures des arcades, ni la naissance de la voûte. La réduction du décor architectural à son expression la plus simple apparaît ici comme un trait caractéristique de cet art de construire.

72Les données chronologiques établies ci-dessus sur le deuxième état de l’église Saint-Pierre autorisent à penser que le couvrement en charpente du xi^e siècle fut remplacé par une voûte dans la première décennie du xii^e siècle.

73Dans son troisième état, moderne, la nef fut profondément remodelée. Les impostes faisant saillie au droit de l’arcature murale ainsi que les dosserets des piliers 2 et 3 furent supprimés. Peut-être la voûte fut-elle alors démontée, à moins qu’elle n’ait préalablement été détruite par un accident d’origine naturelle ou humaine. Trois encoches (des cavités semi-cylindriques verticales) sont conservées au-dessus des arcs 2 et 3. Elles servaient peut-être à porter la charpente d’une fausse voûte. L’ensemble de ces traces de remaniement interne de la nef suggèrent un remodelage de l’église, qui reçut alors une couche d’enduit couvrant des arrachements muraux et un décor dont aucun élément n’est aujourd’hui conservé. Ce remodelage paraît dater des années 1540, au moment de l’installation de la confrérie des Pénitents blancs dans l’église à eux concédée par le chapitre qui, apparemment, n’en avait plus l’usage⁴². Le registre conservé de cette confrérie mentionne cependant l’existence à cette date d’un étage, alors désaffecté, dont l’évêque revendiquait la propriété parce qu’il communiquait de plain-pied avec l’étage du palais épiscopal contigu. Cet étage reposait-il sur la voûte romane ? L’aile nord du palais comportait deux étages appelés tinel bas et tinel haut dont le couvrement, donc la hauteur, est totalement inconnu.

74Dans un dernier temps, l’église fut détruite, à l’exception de l’élévation nord de la nef. Celle-ci doit sans doute sa conservation au rôle qu’elle joue dans le support et le contrebutement de la galerie voûtée du cloître. Cette destruction finale eut lieu entre 1794 et 1840, en même temps que celle du palais épiscopal contigu au sud.

Conclusion

75Ce bref tour d’horizon des deux églises qui composaient le groupe épiscopal montre l’importance de ces édifices dans cet ensemble foncier réservé à l’évêque et aux chanoines dans une ville dont ils sont les maîtres incontestés au Moyen Âge. Le poids économique de Cavaillon est d’une infériorité flagrante face à des cités comme Arles ou Aix, mais, en comparaison, les programmes architecturaux développés par les clercs dans cette petite ville épiscopale sur ces deux églises paraissent disproportionnés. On peut en revanche rapprocher la cathédrale de Cavaillon des églises épiscopales de Carpentras et d’Avignon, aux territoires diocésains et aux revenus sensiblement équivalents. Les évêques de Cavaillon ont su porter des projets ambitieux dès le xi^e siècle avec la reconstruction de la cathédrale Sainte-Marie et Saint-Véran après celle de l’église Saint-Pierre. Nos connaissances sur ces bâtiments sont limitées à des volumes et des implantations incomplètes mais qui font néanmoins apparaître des programmes architecturaux de qualité en phase avec leur temps. Pour la période suivante de l’art roman, l’église Saint-Pierre semble suivre les premières expériences de voûtement du début du xii^e siècle alors que sa grande voisine est rebâtie dans le dernier quart du siècle par des maîtres d’œuvre au fait de leurs connaissances techniques. Cette architecture parfaitement maîtrisée préfigure les dernières réalisations romanes, telle Notre-Dame-du-Lac au Thor, annonçant ainsi la transition vers l’art gothique. La cathédrale de Cavaillon offre aussi un bel exemple de transformation d’une église romane par l’adjonction précoce d’un réseau hétérogène de chapelles latérales, véritable privatisation de l’espace sacré résultant d’une évolution des mentalités face à la religion. Cette disposition de chapelles sera plus tard rationalisée dans la plupart des églises construites dans la région au xiv^e siècle.

76Cette contribution consacrée à deux des principales églises de Cavaillon au Moyen Âge fait abstraction des autres composantes du groupe épiscopal (cloître, chapitre, palais de l’évêque, etc.). À l’avenir, il conviendrait de publier de façon extensive les résultats de l’enquête du service régional de l’inventaire. Celle-ci pourra alors être complétée par les différentes observations réalisées au gré des différentes campagnes de restauration depuis 30 ans et s’appuyer également sur les dernières découvertes effectuées dans le cadre du chantier actuel.

Fig. n^o 1 : Groupe épiscopal de Cavaillon, plan

Fig. n^o 2 : Façade occidentale, vue générale

Fig. n^o 3 : Façade occidentale, vue de détail

Fig. n^o 4 : Hypothèses de restitution de la partie occidentale de la cathédrale du xi^e siècle, plan

Fig. n^o 5 : Frise nord avant restauration, vue générale

Fig. n^o 6 : Cathédrale de Cavaillon, coupe transversale sur la nef

Fig. n^o 7 : Cathédrale de Cavaillon, coupe transversale sur le chœur

Fig. n^o 8 : Frise sud, vue générale

Fig. n^o 9 : Chapiteau de l’abside, vue de détail

Fig. n^o 10 : Clocher, vue de détail

Fig. n^o 11 : Chapelles latérales nord, vue générale

Fig. n^o 12 : Évolution des bâtiments (xii^e-xiv^e siècles), plan de masse

Fig. n^o 13 : Clochers, vue générale

Fig. n^o 14 : Vestiges de l’élévation intérieure du mur nord de l’église Saint‑Pierre