Cavaillon au Moyen Âge
| ,Chapitre 8
L’apport de l’archéologie à la connaissance de Cavaillon au Moyen Âge
Note de l’éditeur
Les renvois aux figures sans numéro de page indiquent que ces illustrations se trouvent en fin de chapitre.
Texte intégral
1La position privilégiée de la ville de Cavaillon, aux abords immédiats de la Durance, dans un secteur fertile le long d’un axe de pénétration majeur, explique la précocité de cette implantation humaine dès le vie siècle avant notre ère. Riche agglomération cavare, gallo-grecque, puis cité romaine, Cavaillon sera le siège d’un évêché dès le ve siècle. Possession toulousaine au partage de la Provence de 1125, puis partie intégrante du Comtat Venaissin en 1274, la ville sera durablement marquée dans sa configuration par l’installation des papes en Avignon au xive siècle.
2Ces siècles d’occupation ont laissé aux chercheurs une documentation éparse et succincte, et il faut bien admettre que notre connaissance de l’histoire de Cavaillon souffre de nombreuses lacunes. Au-delà du patrimoine archivistique, qui reste une source documentaire majeure pour l’appréhension de Cavaillon médiévale, la documentation archéologique se rapportant au Moyen Âge est ténue : les découvertes fortuites du xixe et du début du xxe siècle forment l’essentiel des données, et les quelques fouilles archéologiques réalisées dans le centre-ville ont, pour la plupart, exploré les niveaux médiévaux en marge des découvertes de l’âge du fer et la période antique.
- 1 La ville de Cavaillon a en sa possession l’inventaire exhaustif du patrimoine bâti réalisé en 1986 (...)
3En revanche, Cavaillon présente le grand intérêt de conserver encore en élévation dans son cœur de ville de remarquables édifices civils ou religieux médiévaux1, dont les études nécessiteraient d’être approfondies et complétées. Si l’imposante cathédrale Notre-Dame et Saint-Véran, édifiée à partir du xie siècle et remaniée jusqu’au xixe siècle, a retenu depuis longtemps l’attention des historiens et des archéologues, l’architecture civile, qu’elle soit de type aristocratique ou non, reste un terrain de recherche encore sous-exploité. De même, le quartier juif de Cavaillon, probablement l’un des mieux conservés du sud-est de la France, demeure un axe de recherche important pour l’histoire singulière de cette communauté.
4Nous n’avons pas pour objectif dans nos propos de réaliser une compilation exhaustive de toutes les connaissances archéologiques actuelles pour la période médiévale, mais plutôt de porter un regard synthétique et critique de l’état de nos connaissances afin de servir cette amorce d’une histoire de Cavaillon au Moyen Âge.
L’évolution urbaine de la fin de l’Antiquité au début du xve siècle
La « matrice » antique
- 2 G. Barruol, M. Bats, D. Carru (dir.), Aux origines de Cavaillon, archéologie d’une ville antique. C (...)
- 3 A. Dumoulin, « Les puits et fosses de la colline Saint-Jacques à Cavaillon (Vaucluse) », Gallia, 23 (...)
- 4 M.-É. Bellet, E. Marchesi, Cavaillon. Fouille de l’îlot II. Rapport de fouille, Avignon, SADV, 1988 (...)
- 5 J. Buisson-Catil, J.-J. Dufraigne et R. Gaday, Cavaillon, place du Cloître. Rapport de fouille, Avi (...)
- 6 L’ensemble du matériel céramique découvert sur la colline et conservé au musée archéologique, sauf (...)
5Fréquentée dès le vie siècle av. J.-C., Kabellion connaît un développement démographique, économique et urbanistique précoce qui s’explique avant tout par les liens étroits qu’elle a su tisser avec la puissante Marseille. Cavaillon apparaît comme un jalon de l’hellénisation de l’arrière-pays provençal. C’est au cours du deuxième âge du fer que la population se fixe sur ce territoire sur trois sites distincts : l’oppidum cavare de la colline Saint-Jacques2, son versant nord au quartier des Vergers3 et dans la ville basse4, au niveau du centre ancien actuel5. La proximité de la Durance et de son commerce fluvial mais aussi le passage de l’axe de la via domitia seront déterminants pour fixer l’agglomération sur le site qui deviendra l’épicentre de la ville gallo-romaine puis médiévale. Alors que la ville basse se structure et concentre la population, les deux autres pôles de peuplement sont abandonnés dès le ier siècle avant notre ère6.
6Le passage de la grande voie transalpine, future via domitia, dans un axe nord-sud sera l’élément structurant pour l’organisation de la ville. Elle forme le cardo de la cité antique (Grande-Rue), fixant de manière définitive l’axe directeur de l’organisation urbaine cavaillonnaise (fig. H, p. 335). Le centre de l’agglomération, le forum, bien que localisé avec certitude au niveau de l’actuelle place Philippe-de-Cabassole, est bien mal documenté.
- 7 Le statut de la ville est incertain jusqu’aux édits Caracalla.
- 8 P. de Michèle, C. Belliard, Cavaillon, rue de la Gendarmerie. Résorption de l’habitat insalubre, so (...)
- 9 Collections du musée archéologique de Cavaillon.
7La compilation des données archéologiques pour l’Antiquité permet de percevoir l’emprise maximale de l’agglomération suivant un axe nord-sud, le long de son cardo, avec une trame régulière. Cette extension optimale intervient dans la deuxième moitié du ier siècle av. J.-C. et à compter de la période augustéenne, possible phase de refondation7 qui voit la cité se latiniser. On perçoit alors une profonde mutation de l’emprise urbaine qui se rétracte de manière exponentielle jusqu’au haut Moyen Âge. Les témoignages archéologiques postérieurs au changement d’ère se réduisent considérablement et se localisent principalement dans un petit secteur autour du forum, où s’établira le quartier cathédral, devenant pour de longues décennies le seul pôle pérenne de peuplement de la cité des Cavares. Dès le iie siècle de notre ère, des secteurs résidentiels au nord du forum sont laissés à l’abandon et remis en culture8, les nécropoles dans le secteur sud de la ville sont elles aussi désertées. Le siècle suivant voit l’abandon d’une partie de son réseau viaire secondaire et les témoignages matériels couvrant ce siècle et les suivants diminuent brutalement. Sans l’existence de monnaies de l’Antiquité tardive, découvertes un peu partout dans Cavaillon intra et extra-muros9, nous pourrions presque parler de véritable hiatus chronologique, reflet d’une occupation réduite à son strict minimum.
La ville de l’Antiquité tardive et du haut Moyen Âge
- 10 D. Carru, « Avignon durant l’Antiquité tardive : approches archéologiques et topographiques », Dix (...)
- 11 G. Barruol, « Essai sur la topographie d’Apta Julia », Revue archéologique de Narbonnaise, 1, 1968, (...)
8Cette précoce et progressive rétractation de l’agglomération, perceptible à compter du iie siècle apr. J.-C. est une constante du fait urbain dans toutes les civitas importantes de Narbonnaise, à l’exemple d’Avignon, où l’on assiste à un repli matérialisé par la création d’une enceinte autour du rocher des Doms10 et l’abandon de plusieurs quartiers résidentiels gallo-romains. À Apt, le phénomène est identique, puisque plusieurs secteurs du cœur de la ville sont totalement abandonnés au iiie siècle apr. J.-C. au terme d’un long processus assez similaire à celui de Cavaillon11.
- 12 Les nombreuses cavités occupées au Néolithique dans le territoire de Cavaillon (en particulier dans (...)
- 13 L. Tallah, Carte archéologique de la Gaule. 84/2, Vaucluse : le Luberon et pays d’Apt, Paris, Acadé (...)
- 14 D. Carru, H. Marchesi, Le Petit Saint-Jean, Bonnieux, Vaucluse. Rapport de sauvetage, Avignon, SADV (...)
- 15 CIL no 5828.
- 16 Barruol, Bats, Carru, Aux origines de Cavaillon…, op. cit., p. 67.
9L’hyperconcentration de la population à l’intérieur des villes au Haut-Empire laisse probablement place à une nouvelle dynamique d’occupation du territoire. Elle se traduit par une importante dispersion démographique en milieu rural et la création ou résurgence d’autres formes de peuplement plus diffus : domaines agricoles, fermes, petits habitats dispersés12, vicus… À Gordes, sur le site de Villeneuve-les-Gros, André Dumoulin a mis au jour des unités thermales se rattachant à la pars urbana d’une riche demeure à vocation agricole dont l’occupation a été documentée du iie au ve siècle de notre ère13. La villa du petit Saint-Jean à Bonnieux verra également son extension maximale datée des ve-vie siècles et sera fréquentée au moins jusqu’au viie siècle pour devenir un cimetière au cours du haut Moyen Âge14. Une inscription épigraphique de belle facture découverte en réemploi dans un domaine du Thor est une dédicace des Cavaillonnais à l’empereur Macrin datée des années 217-218 apr. J.-C. On peut s’interroger sur la présence de cette dernière à l’extérieur de la ville15 d’autant plus qu’elle constitue la seule dédicace de complaisance de ce type connue à Cavaillon et dans son environnement proche16.
- 17 C. Raynaud, « Les campagnes en Gaule du Sud-Est dans l’Antiquité tardive et le haut Moyen Âge », Ze (...)
10Ces données tendent à confirmer une croissante activité agricole à vocation spéculative, qui semble s’intensifier dans le courant du Haut-Empire et qui sera toujours importante dans l’Antiquité tardive, alors même que la ville se désertifie. Ces établissements nés au Haut-Empire ont su s’adapter à l’évolution du contexte économique, parfois sous une forme bien distincte de leur fonction d’origine17, dont certains participeront quelques siècles plus tard à la christianisation des campagnes et à la formation de nombreux hameaux médiévaux.
- 18 P.-A. Février, « Problème de l’habitat du Midi méditerranéen à la fin de l’Antiquité et dans le hau (...)
- 19 Plusieurs établissements antiques ont été repérés en prospections, en particulier sur la commune vo (...)
- 20 N. Duverger, Cavaillon, Chapelle Notre-Dame-des-Vignères. Sondages d’évaluation, étude partielle de (...)
- 21 F. Guyonnet, « Les dépendances de Saint-Eusèbe dans le Comtat Venaissin : Saint-Ferréol de Cheval-B (...)
- 22 F. Guyonnet, « Quelques réflexions sur Cavaillon et sa topographie religieuse dans l’Antiquité tard (...)
- 23 Y. Codou, « Le paysage religieux et l’habitat rural en Provence de l’Antiquité tardive au xiie sièc (...)
11Notre connaissance du fait urbain cavaillonnais est lacunaire, mais l’histoire de l’ager de Cavaillon l’est encore plus, et ce « renouveau des campagnes18 » reste cependant à confirmer sur le terrain19. Malgré tout, la toponymie de certains secteurs évocateurs d’implantation chrétienne ancienne (Saint-Pancrace, Saint-Martin…), associée à l’étude de plusieurs chapelles rurales du territoire cavaillonnais (Notre-Dame-des-Vignères20 et chapelle Saint-Ferréol21 à Cheval-Blanc) laisse transparaître une continuité de peuplement entre les grands domaines agricoles antiques/vicus et les premières fondations chrétiennes22, jalons primordiaux de la christianisation de ces populations rurales23.
- 24 Notitia Galliarum, XI, 13.
12Cette dispersion démographique tardo-antique et la montée en puissance progressive de l’ager s’accompliront aux dépens de l’agglomération cavaillonnaise qui, dès le iie siècle de notre ère, mais de manière plus marquée au Bas-Empire, se réduira considérablement autour du forum qui conservait néanmoins ses prérogatives politiques et administratives. En effet, Cavaillon, colonie latine au moins depuis Caracalla, mais probablement bien avant cette date, possède une fonction privilégiée au sein de l’organisation administrative de l’empire. Sa présence sur la Notitia Galliarum (Civitas Cabelliocorum)24 atteste que la ville jouit toujours de ce même statut officiel dans l’Antiquité tardive alors que les faits sur le terrain nous montrent une ville extrêmement réduite. Mais ce type de document ne concerne qu’un aspect purement administratif, et non une réalité démographique et urbanistique.
- 25 Tallah, Carte archéologique…, op. cit., p. 281.
- 26 J. Biarne, « Cavaillon », dans Gauthier N., Picard J.-C., Biarne J., Colardelle R., Février P.-A. e (...)
- 27 Une vieille tradition nomme Genialis comme le premier évêque de Cavaillon à l’extrême fin du ive si (...)
- 28 Le premier évêque historiquement reconnu est Asclepius qui signe aux conciles de Riez (en 439 et 45 (...)
- 29 En marge du cœur de ville, signalons la découverte de graffiti paléochrétiens (poissons) sur des st (...)
13Nous ignorons tout ou presque du visage de Cavaillon au cours de l’Antiquité tardive, circonscrit dans un périmètre réduit autour du centre monumental (fig. H, p. 335). De rares découvertes fortuites localisées uniquement autour de l’emplacement du forum et ses abords immédiats témoignent de cette période et du très haut Moyen Âge25. Cette raréfaction de la documentation, qu’elle soit archéologique ou historique, est à mettre en parallèle avec les données, là aussi bien maigres, concernant le développement du christianisme et de la puissance ecclésiale dans la cité26. Cavaillon devient pourtant le siège d’un évêché, au ive siècle27 et bien plus sûrement au ve siècle28. Au-delà de ces rares et sporadiques mentions textuelles, nous ne connaissons à ce jour aucune construction paléochrétienne en cœur d’agglomération29. Malgré tout, un faisceau d’indices nous oriente vers la mise en place d’un maillage d’établissements religieux au cours du Bas-Empire et des siècles suivants au centre de la cité et dans sa périphérie immédiate.
- 30 P. Borgard, C. Michel d’Annoville, « Riez : les trois cathédrales disparues », dans Codou Y., Pécou (...)
- 31 F. Guyonnet, C. Michel d’Annoville, « La cathédrale Notre-Dame-de-Nazareth de Vaison-la-Romaine : é (...)
- 32 Biarne, « Cavaillon », chap. cité, p. 112.
14En premier lieu, il existe une forte présomption sur l’existence d’un édifice chrétien antérieur à la cathédrale médiévale actuelle (Notre-Dame et Saint-Véran), édifié peut-être dès le ve siècle et la création de l’évêché. Construit sur le même site, ce premier bâtiment dont nous ignorons tout serait implanté sur les vestiges d’un édifice public antique du centre monumental. Ce schéma de réappropriation est documenté dans plusieurs autres sièges d’évêchés primitifs à l’image de ce que nous connaissons pour Riez (Alpes-de-Haute-Provence) où la cathédrale paléochrétienne (ve siècle) est bâtie dans les ruines des bains publics antiques de la cité romaine30, ou, plus proche de nous, de la cathédrale Notre-Dame-de-Nazareth à Vaison, où les vestiges montrent un premier édifice implanté sur un possible site antique ou à proximité immédiate31. L’absence d’opportunité archéologique sur le site de la cathédrale de Cavaillon ne permet pas pour l’heure de confirmer cette hypothèse ; l’état le plus ancien de l’édifice actuel remontant à la période romane (xie siècle), les textes témoignant d’un tel édifice datent, quant à eux, du xe siècle au plus tôt32.
15Outre cet hypothétique édifice primitif antérieur à la cathédrale, la toponymie permet de restituer un ensemble d’établissements religieux du haut Moyen Âge et peut-être même de l’Antiquité tardive, dont certains auront une grande longévité et qui témoignent d’un nouveau dynamisme territorial corolairement à la montée en puissance du pouvoir épiscopal.
16Il convient d’évoquer dès à présent une construction localisée approximativement au pied de la colline, au sud-ouest du groupe cathédral. Il s’agit d’un édifice connu sous le vocable de Saint-Jean-Baptiste, qui pose clairement la question d’un baptistère ancien, qui serait non pas associé au noyau épiscopal émergeant autour de la cathédrale primitive, mais physiquement éloigné alors que la fonction baptismale apparaît primordiale pour l’Antiquité tardive et le haut Moyen Âge. Là encore, la donnée archéologique fait défaut.
- 33 G. de Grasse, Un chanoine de Cavaillon au Grand Siècle. Le livre de raison de Jean-Gaspard de Grass (...)
- 34 D. Carru, « L’origine des églises d’Avignon d’après les sources archéologiques », Annuaire de la So (...)
17Accolés à la cathédrale Notre-Dame et Saint-Véran, quelques éléments d’une ancienne chapelle au vocable de Saint-Pierre, encore peu connue, sont encore visibles sur le flanc sud. Cet édifice pourrait représenter l’une des plus anciennes fondations chrétiennes de la ville. Un second édifice dédié à saint Étienne se développait à l’est, connu depuis le haut Moyen Âge ; il subsistera jusqu’à la période moderne avec l’installation d’une confrérie de pénitents noirs33. D’autres établissements religieux peuvent également marquer une implantation précoce mais qui, contrairement à Saint-Pierre et Saint-Étienne, sont implantés en marge orientale du centre de la cité. Il s’agit de Saint-Laurent et Saint-Geniez qui perdureront aussi jusqu’à la période moderne. La répartition spéciale de ces établissements (fig. H, p. 335) laisse apparaître une disposition le long de plusieurs axes directeurs est-ouest, maillage résiduel du réseau viaire gallo-romain encore en place à cette période et qui déterminera le développement urbain de la future ville médiévale. Là encore, Cavaillon répond à un type de développement que l’on connaît dans d’autres cités, comme Avignon où les premières fondations chrétiennes se positionnent le long du cardo maximus de la cité34.
18D’autres fondations ecclésiastiques peuvent aussi revendiquer une création ancienne, en premier lieu Saint-Jacques et Saint-Philippe au sommet de la colline, dominant toute la ville, construit à l’emplacement d’un probable temple antique. Sur les pentes de ce même relief, signalons l’actuelle chapelle Saint-Roch, anciennement documentée sous le vocable de Saint‑Didier.
- 35 J.-L. Blaison, P. Borgard, B. Chedru, « Cavaillon, Grande-Rue et rue Michelet », Note d’information (...)
19La vocation funéraire des chapelles Saint-Michel et surtout Sainte-Madeleine, détruite dès le xive siècle, explique leur implantation en marge nord-est de la ville. Le site, leur proximité et la découverte de sépultures antiques, mais aussi carolingiennes35 attestent dans ce secteur d’un espace qui reste à appréhender mais qui témoigne a priori de la pérennité fonctionnelle du site dédié à une activité funéraire.
- 36 On assiste à un redéploiement urbain au ive et surtout au ve siècle, en particulier dans une réappr (...)
20Les sources archéologiques et historiques cavaillonnaises connues sur ces premiers temps chrétiens sont bien ténues ; la mise en place d’un maillage ecclésiastique peut-être dès l’Antiquité tardive et la création de l’évêché amorcent pour plusieurs siècles une nouvelle dynamique urbaine encore mal connue. Contrairement à ce que nous pouvons observer dans d’autres cités comme à Apt36, cette reconquête ne semble véritablement intervenir qu’à la fin de la période carolingienne avec la montée en puissance du pouvoir épiscopal, dont la place au cœur de la ville devient prégnante.
Structuration de la ville du xie au xive siècle
- 37 Carru, « Avignon durant l’Antiquité tardive… », art. cité, p. 58.
- 38 M. Serieys, « Cavaillon, place de Cabassole », Bilan scientifique du service régional de l’archéolo (...)
21Le renouveau urbain est probablement amorcé dès le haut Moyen Âge mais faute de données fiables, on ne peut qu’établir des suppositions quant à l’extension de l’agglomération depuis ce noyau rétracté autour du centre monumental (et probablement épiscopal) de la fin de l’Antiquité. Il y a fort à parier que Cavaillon suit l’exemple avignonnais où la ville regagne peu à peu le terrain perdu par une reconquête progressive des franges urbaines. Celle-ci s’effectue vers le ixe siècle, par phases, le long des anciennes rues antiques, en s’appuyant sur des éléments de la topographie religieuse37. Ainsi, il est possible que les premières extensions de la ville de Cavaillon se soient dirigées vers l’est, le long d’un axe reliant le groupe épiscopal et les églises Saint-Étienne et Saint-Laurent, mais également au sud, en direction de l’église Saint-Jean-Baptiste (fig. H, p. 335). Cette hypothèse, bien que non étayée par des informations archéologiques à l’exception de quelques niveaux de l’Antiquité tardive découverts place de Cabassole38, est donc fondée sur des comparaisons avec des villes proches et similaires (Avignon, Apt, etc.). En revanche, au nord, le long de l’ancien cardo (Grande-Rue), les fouilles archéologiques des sites de la place du Cloître et de la rue Dupuy-Montbrun ont fait clairement apparaître sur ce secteur de la ville une désertion complète avec des séquences d’alluvionnement et de remise en culture, depuis le iiie siècle jusqu’aux xe-xie siècles. L’éloignement de ces deux sites par rapport au noyau rétracté de la ville n’induit pas l’absence d’extension au nord avant le xie siècle. Il est probable que le développement urbain supposé au sud et à l’est se soit également produit au nord, peut-être jusqu’à la rue Paul-Bert voire au‑delà.
- 39 Buisson-Catil, Dufraigne, Gaday, Cavaillon, place du Cloître…, op. cit., p. 53 ; J. Buisson-Catil, (...)
- 40 R. Gaday, « Cavaillon, impasse de la Glacière », Bilan scientifique du service régional de l’archéo (...)
- 41 Bellet, Marchesi, Cavaillon. Fouille de l’îlot II…, op. cit.
22C’est donc autour de l’an mil que la ville semble vraiment retrouver une nouvelle impulsion. Elle est perceptible sur les deux sites évoqués précédemment39 mais également plus au nord dans l’impasse de la Glacière40, puisque des aires d’ensilages assez éparses (rue Dupuy-Montbrun) ou au contraire très denses (place du Cloître) ont été repérées, malheureusement sans liaison avec des niveaux d’habitat, ni même de structures bâties (fig. no 1). Sur la datation de ces silos plane une incertitude, puisqu’une utilisation ne peut être exclue au xive siècle (place du Cloître). Néanmoins, les informations livrées sur le site de la rue Dupuy-Montbrun montrent un abandon de ces espaces de stockage avant la fin du xie siècle et la datation tardive d’un seul silo de la place du Cloître ne repose que sur un unique fragment de céramique. En revanche, ceux découverts plus au nord, dans les fouilles de l’îlot II, rue de la Gendarmerie, semblent abandonnés tardivement au bas Moyen Âge41.
- 42 M. Zerner, Le Cadastre, le pouvoir et la terre : le Comtat Venaissin pontifical au début du xve siè (...)
23Une impression générale se dégage de la concentration de ces aires d’ensilage repérées sur un périmètre assez large à l’ouest de la Grande-Rue. C’est celle d’un quartier de la ville, en bordure de la principale voie d’accès au quartier épiscopal, où auraient pu être regroupés des petits entrepôts (configuration serrée de la place du Cloître) ou des maisons individuelles dont le rez-de-chaussée était consacré au stockage (configuration lâche de Dupuy-Montbrun). Ce qui apparaît en filigrane de ces maigres témoins archéologiques, c’est l’importance de l’économie agraire au sein de cette cité épiscopale de Cavaillon au riche terroir (fig. no 2). Les cadastres du xve siècle conservés pour Cavaillon dressent un portrait assez précis du paysage agricole cavaillonnais où les secteurs consacrés à la culture frumentaire (les ferrages) occupent une place de premier plan42. Il est évident que la mise en valeur du terroir s’est développée considérablement entre le xie et le xve siècle, notamment avec la création du canal Saint-Julien au xiie siècle. Néanmoins, on peut extrapoler en considérant que les terres fertiles aux alentours de la cité du début du Moyen Âge ont constitué la principale source de revenus des habitants et participé à la richesse et au développement de la ville épiscopale.
- 43 G. Butaud, F. Guyonnet, « Le développement urbain en Comtat Venaissin (xie-xve siècle) », dans Chav (...)
- 44 Le meilleur exemple est le grand axe nord-sud formé par les actuelles rues Boussot, Raspail, Blaze, (...)
- 45 On peut s’interroger sur l’appartenance à une clôture épiscopale – voire à une fortification antéri (...)
24Nos connaissances sur les limites de la ville du xiie siècle sont également très lacunaires et se fondent essentiellement sur des déductions, des comparaisons avec des agglomérations voisines et surtout sur l’analyse de la morphologie urbaine. Les maigres indices archéologiques relevés en différents points de la ville, en particulier autour de la Grande-Rue, semblent démontrer qu’une grande partie de la superficie perdue depuis l’Antiquité est reconquise aux xie et xiie siècles. Cette hypothèse est vérifiée par l’étude des villes épiscopales comparables (Avignon, Apt, Carpentras), mais également par celle d’agglomérations d’origines plus récentes (Pernes et L’Isle-sur-la-Sorgue) où l’on perçoit une réelle dynamique urbaine associée à des préoccupations défensives, concrétisées par l’érection d’une enceinte dès le xiie siècle43. On ne peut décemment penser que Cavaillon, cité épiscopale au riche terroir, soit restée à l’écart de ce mouvement de renouveau urbain. Dès lors et faute d’indices archéologiques, il ne reste qu’à rechercher dans la forme du réseau viaire et la configuration de la ville des traces d’une première limite de la ville médiévale, circonscrite par une enceinte. La topographie de Cavaillon, blottie contre l’abrupt relief de la colline Saint-Jacques, facilite la lecture des strates urbaines qui sont globalement identifiées pour le haut Moyen Âge et parfaitement connues pour le xive siècle. Entre les xie et xiie siècles, on peut supposer que la ville s’est développée grâce à la constitution de lotissements établis près des voies d’accès, en reprenant pour partie les traces cadastrales issues de l’Antiquité. Celles-ci étaient probablement conservées dans la structuration du proche environnement rural de la cité (chemins, limites de champs, etc.)44. Un tracé attire particulièrement l’attention et pourrait correspondre à l’emplacement de l’enceinte du xiie siècle. Il s’agit des rues Rousseau, Lamartine et Boussot qui correspondraient à la limite orientale de la ville d’époque romane ; une partie du cours Gambetta et le cours Renan formeraient l’extrémité nord, et le cours Carnot, longeant la colline, serait la bordure occidentale évidente. La courbure effectuée par la rue Lamartine au sud semble démontrer que la partie sud de la ville est restée à l’écart du processus de développement urbain. La raison est à rechercher dans le caractère exclusif du quartier épiscopal et canonial qui possède ses propres caractéristiques topographiques. Au nord, autour du groupe épiscopal, l’ancien noyau rétracté de la ville de l’Antiquité tardive est devenu l’espace destiné aux clercs alors qu’au sud, le « clos épiscopal » est une terre réservée à l’évêque, à l’écart de l’urbanisation. Ce quartier épiscopal, véritable « ville dans la ville », forme un appendice méridional de l’agglomération et possédait peut-être sa propre clôture dont les origines seraient à rechercher dans une fortification du réduit défensif de l’Antiquité tardive45.
- 46 Butaud, Guyonnet, « Le développement… », art. cité, p. 33-54.
25La dernière phase d’extension de l’agglomération intervient au xive siècle, à l’exemple de toutes les autres villes et villages du Comtat qui voient leur population augmenter dans la première moitié du siècle. Ce développement est la conséquence indirecte de la présence de la cour pontificale à Avignon et de son rayonnement régional. De nouveaux quartiers sont construits à l’est de l’ancienne enceinte autour des actuelles rues Guis, Saunerie et Flaubert. Dans la seconde moitié du siècle, Cavaillon n’échappe pas au grand mouvement de mise en défense des villes du Comtat, impulsé par les officiers pontificaux pour contrecarrer les incursions des bandes armées, libérées par les trêves du conflit franco-anglais et pour éviter la propagation des troubles internes à la Provence voisine46. Il en résulte une extension de l’enceinte urbaine qui intègre les nouveaux quartiers et donne à la ville une configuration perdurant jusqu’au xixe siècle et qui définit aujourd’hui le périmètre du centre historique (cours Gambetta, Hugo, Bournissac et Carnot [fig. I, p. 336]).
- 47 Cette conception simple de l’enceinte rappelle celle récemment étudiée au Thor. N. Duverger, « Le T (...)
- 48 Repérage par Bruno Portet en 2008.
26On sait peu de choses de l’enceinte de Cavaillon, détruite dès le xviiie siècle et jamais explorée par l’archéologie. Un tronçon photographié sur le cours Carnot par la famille Jouve en 1908 pourrait nous apporter des indications sur l’architecture de la première enceinte du xiie siècle mais la médiocrité des maçonneries ne laisse guère de doute quant à une reconstruction tardive de ce mur. Une vue de Cavaillon depuis le sud-ouest, datée du xviie siècle, fait apparaître le flanc ouest de l’enceinte qui, dans ce tronçon occidental, ne comporte aucune tour de flanquement et semble se limiter à une longue courtine couronnée d’un simple merlonnage47 (fig. no 3). En revanche, une vue de Cavaillon du xvie siècle, dessinée depuis l’est, montre un certain nombre de tours qui semblent démontrer une facture plus élaborée pour l’extension de l’enceinte du xive siècle. La découverte récente d’un parement en pierre de taille dans une cave d’un immeuble situé à l’angle des cours Bournissac et Hugo confirme cette hypothèse48.
L’habitat médiéval à Cavaillon
27Nos connaissances sur l’habitat médiéval de Cavaillon sont assez contrastées dans la mesure où l’on ne sait presque rien sur la maison « commune » alors que plusieurs études ont mis en lumière la qualité des demeures situées dans l’orbite du groupe épiscopal.
L’habitat commun
- 49 Certains immeubles ont fait l’objet de dossiers de l’Inventaire général. Cet inventaire inédit rest (...)
- 50 Voir les exemples de Lauzerte et Brantôme. G. Séraphin, « Les fenêtres médiévales : état des lieux (...)
- 51 M. Masson-Lautier, « Gypseries en Provence : décors moulés médiévaux », In Situ, 28, 2016 (journals (...)
28La destruction du quartier du Fangas dans les années 1970 a fait disparaître une superficie considérable de la ville médiévale sans aucune étude archéologique. Il reste quelques clichés anciens pour comprendre la qualité de certaines constructions disparues dans cette zone urbanisée au xive siècle. Les restructurations urbaines des années 1980-1990 ont été plus respectueuses des typologies architecturales caractéristiques du centre ancien mais, majoritairement, ces opérations se sont apparentées à du façadisme privilégiant la conservation des volumes et élévations extérieures principales au détriment des intérieurs. Ainsi, les plafonds, escaliers, murs de refends et élévations secondaires ont été irrémédiablement supprimés sans études archéologiques préalables49. Par conséquent, à l’exception de quelques silos du xie siècle cités plus haut, d’une latrine du xve siècle fouillée rue Dupuy-Montbrun et de rares vestiges conservés au hasard des façades, on ne sait rien sur la maison médiévale cavaillonnaise. Pourtant, les maigres informations dont nous disposons prouvent la qualité et l’originalité de ce type d’architecture. Par exemple, la série d’arcs conservée impasse de l’Oubli montre le soin apporté par les concepteurs d’un passage couvert médiéval sous maison. Plus étonnante est la maison située impasse Viala où l’on observe deux grands arcs brisés en façade évoquant des constructions de belle facture étudiées dans le sud-ouest de la France50, à moins qu’il ne s’agisse d’arcs séparant des pièces intérieures d’une demeure détruite pour la création de l’impasse (fig. no 4). À l’angle des rues Lamartine et de la République subsistent les traces d’une fenêtre à lancette gothique naïvement réinterprétée par un arc en plein cintre. Les colonnettes engagées couronnées de chapiteaux à feuillage et posées sur des consoles à personnage révèlent la qualité d’exécution de cette baie ayant perdu son meneau et son remplage polylobé. Autrement plus original, le plafond conservé impasse Romarin, daté du xve siècle, permet de comprendre l’importance de la gypserie dans la construction et la décoration de la maison médiévale cavaillonnaise51. Sur ce site, une salle en rez-de-chaussée est couverte d’un plafond à solives apparentes qui repose sur les murs périphériques dont l’un est évidé par un arc central en plein cintre. Dans la partie médiévale conservée, entre chaque solive, des entrevous en plâtre ont été coulés dans un moule compartimenté figurant des séries de caissons ornés de motifs géométriques et parfois animaliers (fig. no 5). On doit à Robert Sadaillan la sauvegarde de nombreux fragments d’entrevous récupérés lors des démolitions et des restructurations d’immeubles autour de la Grande-Rue, dans les années 1980-1990 et aujourd’hui déposés au musée archéologique de la ville. De ces débris de décors souvent assez proches de ceux encore en place dans l’impasse Romarin se dégagent des fragments d’une frise plus ancienne, peut-être du début du xive siècle, où figurent des scènes de chasse et un combat de chevaliers montés (fig. no 6).
29Ces maigres données concernant l’habitat médiéval ordinaire de Cavaillon sont néanmoins éloquentes sur sa qualité et nous incitent à poursuivre les recherches. Il subsiste dans les rues du centre ancien plusieurs bâtiments dont la morphologie évoque des constructions médiévales dissimulées sous des enduits récents. Rares sont ceux parfaitement conservés avec des intérieurs pouvant livrer leur potentiel de décors (plafonds, peintures, etc.) à l’exemple du bel hôtel gothique de Crillon (fin xve -début xvie siècle) situé place du Commerce.
L’habitat aristocratique autour du groupe épiscopal
30Autour du quartier épiscopal, lieu de pouvoir par excellence, on perçoit une concentration logique des édifices d’exception construits et modifiés par les puissantes familles de la ville, liées au chapitre. L’un de ces hôtels aristocratiques, situé à l’ouest de la Grande-Rue et à l’angle de la rue Paul-Bert, a fait l’objet d’une réhabilitation radicale à l’orée des années 1990 qui laisse peu d’espoir pour une étude future. En revanche, deux hôtels situés au sud de la place Philippe-de-Cabassole montrent toute l’importance de ces bâtiments pour comprendre l’architecture édilitaire médiévale de notre région, en particulier celle des quartiers canoniaux.
- 52 F. Guyonnet, Cavaillon, immeuble Pantagruel. Rapport de diagnostic patrimonial, Avignon, SADV, 2006 (...)
- 53 M. Ferrand, La Maison « des chanoines » de Cavaillon. Histoire, archéologie, histoire de l’art au c (...)
31Le premier, en attente d’une réhabilitation exemplaire, porte encore le nom du restaurant Le Pantagruel qui occupait son rez-de-chaussée il y a encore quelques années. Une courte étude archéologique en 200652 a permis d’en mesurer son intérêt et de le protéger au titre des Monuments historiques. Une recherche plus approfondie53 apporte un complément essentiel à son histoire et permet de le rattacher à la famille noble Romei. Les plus anciennes traces conservées dans ce bâtiment sont celles d’une puissante tour du xiie siècle dont seule subsiste la façade méridionale conservée sur deux niveaux. La maçonnerie de cet épais mur est constituée de moellons avec des joints beurrés et tirés au fer, associée aux vestiges d’une ouverture en pierre de taille couronnée d’un arc en plein cintre. À l’évidence, ce bâtiment d’époque romane se développait sur ce qui est aujourd’hui la place de Cabassole et a été rasé lors de mesures d’alignement antérieures au début du xixe siècle (non visible sur le cadastre napoléonien). Dès le xive siècle, cette tour est reconstruite en partie supérieure et associée à un logis bâti au sud, lui-même prolongé dans la même direction au xve siècle. Cet hôtel possédait une façade principale à l’ouest, percée de multiples baies à croisillons, ouvrant sur une cour, ainsi qu’un jardin au sud dont l’imposant mur de clôture oriental était encore visible sur les clichés pris par la famille Jouve au début du xxe siècle (fig. no 7).
32À l’intérieur, on retrouve les aménagements traditionnels d’une demeure aristocratique de la fin du Moyen Âge avec ses plafonds à solives apparentes décorés de motifs floraux, les traces d’une cheminée monumentale et même des pavements de terre cuite. Ce qui constitue la singularité de cet hôtel, c’est la présence d’un oratoire localisé au premier étage et attestant probablement l’appartenance au clergé de son propriétaire du moment, au tout début du xvie siècle. Cet espace restreint (7 m²), couvert d’un plafond en bois, ouvrait sur la cage d’escalier et était éclairé par une petite fenêtre (fig. no 8). Tous les murs étaient peints, en partie basse, d’un décor de tentures et, en partie supérieure, d’une succession de personnages saints, hauts d’environ 0,80 m, parfois placés dans un décor architectural (arcades, pavement). Outre une représentation de saint Véran, on trouve dans ce panégyrique préféré du propriétaire des lieux des représentations de saint Laurent, saint Antoine et un magnifique archange saint Michel (fig. J, p. 337). Le style est encore typiquement gothique et tire ses origines de la tradition picturale provençale du xve siècle. Ce constat semble validé par la représentation de l’archange et de son armure, par le drapé des vêtements et par l’expression des visages. En outre, la série de tentures en trompe-l’œil n’est qu’une forme évoluée des décors répétitifs que l’on rencontre dans les demeures aristocratiques de la région depuis le xive siècle. La nouveauté vient du décor architectural d’arcades et d’une voûte à caisson. On pressent dans cette réalisation une possible influence de la peinture italienne car ce type d’architecture n’existait pas – ou peu – dans la région à cette époque.
- 54 F. Guyonnet, Cavaillon, hôtel d’Agar. Compte rendu de visite, Avignon, SADV, 2010, p. 8 et illustra (...)
- 55 Dans la cour intérieure, les excavations ont mis au jour un ensemble de céramiques, daté de la fin (...)
33Le second immeuble d’importance, l’hôtel d’Agar, est implanté à l’opposé, dans l’angle sud-ouest de la place de Cabassole. Bien connu par les archéologues antiquisants pour la découverte de traces du forum et surtout d’un exceptionnel trésor monétaire, cet hôtel a été brièvement étudié en 2010 au préalable à sa protection au titre des monuments historiques54. L’importance des transformations des xviie et xviiie siècles rend délicates la chronologie et l’identification des bâtiments médiévaux dont certains murs, repérés dans les caves, semblent assurément antérieurs au xive siècle. L’hôtel, dans sa configuration du xve siècle, s’organise autour d’une petite cour centrale où sont toujours visibles des traces de fenêtres à croisillon, d’un grand arc ainsi que d’une porte à l’étage, débouchant sur une coursive de distribution55. Les corps de bâtiments sont disposés autour de cette cour et semblent, malgré une lecture difficile, plus importants sur les flancs ouest et sud. L’intérêt majeur de l’hôtel d’Agar réside dans sa cage d’escalier à vis, parfaitement conservée, en pierre de taille provenant des carrières des Taillades. Cette tour nous livre la hauteur maximale du bâtiment qui n’excédait pas deux étages et nous indique qu’il existait une seconde cour aujourd’hui occupée par le passage Vidau. Cet ouvrage est exceptionnel par la qualité de son élévation mais surtout par la conservation de la partie sommitale avec son merlonnage, ses gargouilles et, à l’intérieur, le soutènement de la terrasse par une série de linteaux en pierre, rayonnants sur noyau central (fig. no 9). Associée à cet hôtel, une cour (ou jardin) se développait au nord, en bordure occidentale de la place de Cabassole. Cet espace libre était dissimulé par une haute clôture encore intacte au début du xxe siècle puisqu’elle était présente sur les clichés des Jouve, ainsi qu’un grand portail couvert d’un arc segmentaire mouluré et surmonté des armes des Agar.
- 56 J. Chiffoleau, « L’espace urbain et l’espace régional à Cavaillon vers 1320-1340 », Provence histor (...)
34À la lecture de ce bref tour d’horizon, fondé sur des données éparses et des sites superficiellement étudiés, on s’aperçoit que, contrairement à Avignon ou Carpentras, on sait peu de choses sur l’habitat civil à Cavaillon au Moyen Âge. Pour l’instant, il faut se contenter de ces données lacunaires, parfois très originales et prometteuses (décors en plâtre, hôtels aristocratiques), et tenter de les rapprocher des études conduites sur la topographie de la ville par les historiens56 pour tenter de comprendre avec plus d’acuité ce qu’était la matérialité de cette ville médiévale.
La topographie religieuse
- 57 Guyonnet, « Quelques réflexions… », art. cité, p. 63-71.
- 58 Cheval-Blanc est devenue une commune indépendante de Cavaillon en 1790.
35Nos connaissances sur les églises médiévales de Cavaillon sont essentiellement limitées à celles composant le groupe épiscopal : la cathédrale Sainte-Marie et Saint-Véran ainsi que l’église canoniale Saint-Pierre située au sud du cloître. Pour le reste, à l’exception de la chapelle Saint-Jacques, on ne sait que peu de choses sur les édifices religieux qui parsemaient le territoire urbain de la cité cavaillonnaise depuis le haut Moyen Âge, voire l’Antiquité tardive pour certains57. Ces dernières années cependant, l’archéologie a documenté plus précisément des sites ruraux à l’exemple des chapelles des Vignères et de Saint-Ferréol de Cheval-Blanc58, mais également le quartier de la Juiverie au cœur de la ville médiévale.
Le groupe épiscopal et les églises
- 59 Cf. la contribution sur la cathédrale de R. Guild, É. Sauze et F. Guyonnet dans cet ouvrage, chapit (...)
- 60 Étude coordonnée par Rollins Guild, Élisabeth Sauze et François Fray.
- 61 Sur ces deux églises, voir la contribution de R. Guild, É. Sauze et F. Guyonnet dans le présent ouv (...)
36Cavaillon peut s’enorgueillir de posséder l’un des groupes épiscopaux les mieux conservés du Moyen Âge provençal, en dépit de la disparition d’une partie des constructions canoniales et du palais des évêques59. Cet ensemble exceptionnel de constructions médiévales et modernes a été étudié au tournant des années 1980 et 1990 par le service de l’Inventaire général et ces recherches restent à ce jour inédites (fig. no 10)60. Il subsiste aujourd’hui la partie nord de cet ensemble où se distinguent nettement les volumes de la cathédrale romane, construite au xie siècle puis rebâtie dans le dernier quart du xiie siècle. Son flanc nord, perceptible dans la rue Diderot, est occupé par une série de chapelles latérales percées progressivement entre la fin du xiiie siècle et le début du siècle suivant. La partie sud de l’ensemble, visible depuis la cour d’une école élémentaire, correspond à l’élévation nord de l’église Saint-Pierre, détruite au xixe siècle. Cet édifice plus modeste, utilisé par les chanoines, a été construit en deux temps entre les xie et xiie siècles61.
- 62 La majeure partie des bâtiments canoniaux a été détruite au début du xxe siècle pour l’érection de (...)
37Entre les deux édifices cultuels est implanté le cloître qui borde sur son flanc oriental ce qu’il subsiste des bâtiments canoniaux62. Le cloître est composé de quatre galeries voûtées en berceau et percées d’arcatures ouvrant sur le jardin. Ce n’est pas une construction homogène puisque la galerie ouest, pourvue de lourdes arcades à double rouleau, possède des chapiteaux se référant à l’art roman classique du troisième quart du xiie siècle. Les galeries nord et sud ont été édifiées selon le même principe mais avec une décoration qui évoque les réalisations du début du xiiie siècle. Le voûtement des galeries a vraisemblablement remplacé une simple toiture initiale puisque les croisées d’ogives d’angle rappellent des constructions similaires de la fin du xiiie siècle et du premier quart du xive siècle. Enfin, la galerie orientale percée et aménagée dans les bâtiments du chapitre est une reprise en sous-œuvre effectuée en deux campagnes au xvie siècle.
38Le principal bâtiment conservé du chapitre se développe depuis le cloître jusqu’à la rue Diderot à l’est. Son mur sud montre un état antérieur au xiie siècle mais l’essentiel de cette construction rectangulaire semble contemporain du chœur de la cathédrale. L’édifice se composait alors au rez-de-chaussée d’une pièce plafonnée à usage d’entrepôt et d’un passage voûté qui reliait à l’ouest les chœurs de la cathédrale et de l’église Saint-Pierre ; à l’étage une grande salle sous une haute voûte en berceau brisé sur un arc doubleau et deux formerets (fig. no 11). Pour porter cette voûte, les murs nord et sud avaient été doublés par des arcades aveugles retombant sur des consoles. La salle était éclairée à l’ouest par une fenêtre à colonnette centrale ouvrant sur le jardin du cloître et peut-être de la même façon sur le côté opposé. Cette dernière ouverture a sans doute été remplacée par une baie à lancettes au xive siècle, en partie conservée en périphérie d’une fenêtre récente. Au nord de ce bâtiment, un passage voûté reliait le chapitre au clocher. Vers la fin du xve siècle ou au début du siècle suivant, la salle haute fut subdivisée en deux étages par l’adjonction d’un plancher posé au niveau des cordons de la voûte et dont la face inférieure porte un décor exceptionnel de rinceaux gothiques moulés en gypserie.
- 63 R. Guild, F. Guyonnet, É. Sauze, « Cavaillon, Notre-Dame et Saint-Véran », dans Codou, Pécout (dir. (...)
39Le palais épiscopal médiéval se situait à l’emplacement de la place de Cabassole. Il n’en subsiste qu’une partie prisée des archéologues antiquisants puisqu’il s’agit de l’arc tétrapyle, déplacé sur la place du Clos au début du xxe siècle, qui servait de porche d’entrée nord du palais. À défaut de fouille archéologique, les textes et l’iconographie nous livrent la silhouette de ce palais médiéval dominé par une haute tour crénelée représentée sur les dessins du xviie siècle. Cette tour et les quelques constructions avoisinantes présentes au xiiie siècle se voient adjoindre au xive siècle de grands logis avec galeries sur cour, jardins et dépendances63.
- 64 Blaison, Borgard, Chedru, « Cavaillon, Grande-Rue et rue Michelet », art. cité, p. 181-183.
- 65 G. Jau, Cavaillon, Pages d’histoire, Aix-en-Provence, Édisud, 1990, p. 114.
- 66 F. Guyonnet, « L’ancien couvent des Bénédictines, place du Cloître à Cavaillon. Étude des vestiges (...)
- 67 Buisson-Catil, Dufraigne, Gaday, Cavaillon, place du Cloître…, op. cit., p. 12.
- 68 J.-M. Rouquette, « Chapelle Saint-Jacques », dans Rouquette J.-M., Provence Romane, I : La Provence (...)
40Les informations sur les autres églises médiévales de la ville sont presque inexistantes à l’exception de la chapelle Saint-Jacques. Quelques tombes en lien avec l’église Sainte-Madeleine, détruite lors de la construction de l’enceinte du xive siècle, ont été repérées lors des fouilles de la rue Michelet64 et une infime partie des sépultures situées dans l’environnement de l’église Saint-Michel a pu être documentée lors d’un terrassement brutal réalisé pour la construction d’un immeuble entre le cours Gambetta et le canal Saint-Julien en 2008. L’église Sainte-Catherine située dans la Grande-Rue aurait appartenu aux Templiers65 avant d’échoir aux Bénédictines de Saint-Jean, rapatriées en ville en 1364. Le transept nord de la chapelle du Grand-Couvent conserve de probables vestiges de cette église médiévale. Il s’agit d’une partie de mur conservée sur six mètres de hauteur, correctement appareillée en moellons quelquefois disposés en assises obliques alternées66. Cette église peut être mise en relation avec une trentaine de sépultures, majoritairement bâties en coffre, repérées plus à l’ouest lors des fouilles de la place du Cloître67. Enfin, signalons que l’un des emblèmes de Cavaillon, la chapelle Saint-Jacques, dominant la colline éponyme, n’a, curieusement, jamais fait l’objet d’une véritable étude. Cet édifice du xiie siècle, remarquablement construit avec un chevet polygonal ceinturant une abside semi-circulaire, développe une nef unique couverte d’une voûte en berceau brisé supportée par des doubleaux reposant sur des consoles décorées du tétramorphe des évangélistes. Les murs gouttereaux sont rythmés par une double arcature surmontée d’un cordon marquant la naissance de la voûte. Deux travées supplémentaires ont été ajoutées peut-être à la fin du Moyen Âge avec une conception assez similaire à l’édifice roman. La voûte de cette partie ajoutée est une reconstruction tardive tout comme les pièces annexes de la chapelle, transformées en ermitage au xvie siècle68.
Le quartier juif et ses édifices cultuels
- 69 La carrière de Cavaillon est délimitée dès 1453.
- 70 Les cimetières, désaffectés, sont aujourd’hui relativement bien localisés grâce aux recherches de R (...)
41Cavaillon conserve un patrimoine remarquable lié à l’histoire de la communauté juive implantée en ville au moins depuis le xiiie siècle. Expulsés des différents royaumes et comtés européens entre 1290 (Angleterre) et 1506 (Provence), les juifs se réfugieront en Comtat Venaissin où leur présence sera plus ou moins tolérée en contrepartie de sévères contraintes individuelles et collectives. Stigmatisés, ils verront leurs conditions de vie se durcir considérablement à compter du xve siècle avec l’obligation de résider en ville, dans des quartiers strictement délimités, les « carrières »69. L’actuelle rue Hébraïque et les bâtiments qui la bordent ont gardé la physionomie de la carrière telle qu’elle pouvait encore apparaître au xviiie siècle. Cavaillon est un témoin historique important de la présence de ceux que l’on désigne comme « les juifs du pape », riche d’un patrimoine bâti encore en place (carrière, synagogue, four à pain azyme, bain rituel, cimetières70), mais aussi d’une collection remarquable de textes, d’ouvrages et d’objets cultuels dont les plus anciens remontent au xive siècle (fig. no 12).
- 71 Classé au titre des Monuments historiques en 1924.
- 72 A. Bonan, Patrimoine juif d’Avignon et du Comtat, Lyon, Lieux Dits, 2019, p. 88.
42De la synagogue, nous connaissons bien le bâtiment actuel, parfaitement conservé71 ; il est le résultat d’une reconstruction importante de l’édifice achevée en 1774, alors que la carrière atteint son plus grand nombre d’habitants. Outre le décor intérieur style Louis XV, si peu traditionnel dans un édifice de culte juif, la morphologie du lieu répond à plusieurs spécificités architecturales que l’on rencontre dans les synagogues du Comtat72. On notera toutefois ici la taille réduite de cet ensemble, contrairement à d’autres complexes synagogaux du Comtat beaucoup plus complets (Avignon ou Carpentras). On sait cependant qu’un édifice plus ancien, sur le même site, a peut-être été érigé au cours du xve siècle en réponse à l’enfermement strict des juifs au sein de cette juiverie. De ce premier état connu, nous conservons une partie des murs de la salle basse de la synagogue, utilisée au xviiie siècle comme salle de prière des femmes, mais aussi comme boulangerie (cuisson du pain azyme). On rattache également à cette synagogue primitive la tourelle sur le mur nord de l’édifice, vestige d’un possible escalier à vis qui devait desservir originellement la salle de prière des hommes située quant à elle à l’étage.
- 73 Sous la direction de S. Grange, conservatrice des musées de Cavaillon, archives de fouille conservé (...)
43Dans les années 1980, des travaux portant sur les réseaux d’eau dans la rue Hébraïque ont permis la réalisation de quelques sondages archéologiques dans la partie nord de la rue73, mettant en évidence un puits communautaire chemisé difficile à dater, ainsi que les vestiges d’une porte qui barrait la carrière à son extrémité septentrionale. Cette dernière, créée en 1774, est le symbole de l’enfermement subi de la communauté à l’intérieur de la carrière. Ces vestiges et les niveaux archéologiques associés ont donné des datations relativement récentes (xviie-xixe siècles). Les informations concernant le Moyen Âge sont extrêmement ténues, s’agissant essentiellement de céramiques résiduelles.
- 74 F. Guyonnet, Cavaillon, mikvé, rue Hébraïque. Rapport d’évaluation archéologique, Avignon, SADV, 20 (...)
44Le mikvé (bain rituel) parfaitement conservé se situe immédiatement au sud de la synagogue, il est le témoin architectural le plus ancien de la communauté actuellement connu. Une étude préalable à son classement au titre des Monuments historiques a été réalisée en 200774. Un sondage et surtout une observation détaillée des élévations ont permis de poser des premiers jalons chronologiques dont les plus anciens remontent au plus tôt au xiie siècle. Une première analyse du bâti a démontré que le bain a subi de nombreuses modifications au cours du temps, gommant l’essentiel de son architecture originelle, en particulier en ce qui concerne les espaces annexes évoluant autour du mikvé et qui ont subi une succession de modifications au xviiie et au xixe siècle (comblements, cloisonnements…). En revanche, l’escalier tournant menant au bain et le bassin proprement dit permettent une lecture plus aisée de la chronologie du site. Les techniques de maçonnerie et la granulométrie des mortiers utilisés sont identiques à d’autres constructions romanes connues à Cavaillon, permettant de situer l’édification du bain entre le xiie et le xive siècle, ce qui le place parmi les plus anciens mikvé de France (fig. no 13). Au-delà de la configuration d’origine du bain rituel, plusieurs questions restent encore en suspens comme le couvrement d’origine de ces espaces, mais aussi les accès et liens avec l’édifice cultuel quelques mètres plus au nord.
- 75 De douze familles en 1624, on dénombrera 150 juifs en 1791. Bonan, Patrimoine juif…, op. cit., p. 2 (...)
- 76 Deux immeubles de qualité reconstruits au xviiie se trouvent à proximité de la synagogue : l’immeub (...)
45L’implantation de la carrière, de cette « rue prison » au cœur de la ville, a eu d’importantes conséquences sur la topographie et l’organisation du bâti dans ce secteur, comme en témoigne encore le parcellaire cadastral. En effet, contraints de vivre dans un secteur strictement délimité et réduit, les membres de la communauté ont dû s’adapter au fur et à mesure que celle-ci a augmenté75 en réalisant des constructions en hauteur et en utilisant le moindre espace disponible, d’où la présence encore sur le cadastre de 1832 de « maisons ponts », constructions aujourd’hui disparues qui enjambaient la rue. Cette concentration foncière et l’anarchisme des bâtiments impliquent une complexification de l’organisation du quartier qu’il est difficile de restituer aujourd’hui. Les habitations juives encore en place dans l’emprise de la juiverie témoignent d’un état tardif de la carrière puisqu’ils ont majoritairement été reconstruits dans le courant du xviiie siècle76, mais il n’est pas improbable que certains vestiges plus anciens soient conservés encore dans leurs caves.
Deux exemples d’églises rurales : Notre‑Dame‑des‑Vignères et Saint‑Ferréol de Cheval‑Blanc
- 77 Tallah, Carte archéologique…, op. cit., p. 227-314.
46Le territoire cavaillonnais est structuré depuis l’Antiquité avec un finage qui porte encore les traces du réseau viaire et de la cadastration antique. Malheureusement, on sait peu de choses de l’occupation de ce vaste territoire parsemé de sites simplement repérés au gré de découvertes fortuites et de prospections de surfaces77. La relation entre ces sites, probablement domaniaux, et des lieux de culte n’est pas assurément établie même si l’on peut supposer que la majeure partie des toponymes existants aux noms évocateurs (Saint-Julien, Saint-Pancrace, etc.) correspond à cette dualité villa-église, propre au processus de christianisation des campagnes dans l’Antiquité tardive et le haut Moyen Âge. Deux églises rurales ont été explorées récemment en périphérie du territoire « historique » de Cavaillon : au sud, la chapelle Saint-Ferréol de Cheval-Blanc, implantée au pied du Luberon, et au nord, la chapelle Notre-Dame-des-Vignères localisée au cœur de la plaine du Comtat à proximité d’un carrefour de voies antiques.
47L’église Saint-Ferréol, mentionnée au lieu-dit Cabiana dans un acte de 1044, est située dans un vallon où convergent des voies de sortie du territoire cavaillonnais se dirigeant vers l’est et protégées des crues de la Durance par le relief. Ce lieu dépend au xie siècle de l’église Sainte-Marie de Lacoste alors l’une des principales dépendances de l’abbaye Saint-Eusèbe de Saignon. Il existe à proximité une église Saint-Nicet dont on ne sait rien et un peu plus loin, un autre lieu de culte dédié à saint Phalès qui dépend, lui, de l’abbaye Saint-André de Villeneuve-lès-Avignon. Au xiie siècle, ces deux grandes abbayes sont en concurrence sur ce territoire où, à partir de 1171, est aménagé le captage des eaux de la Durance du canal Saint-Julien, concédé par le comte de Toulouse à l’évêque de Cavaillon pour irriguer les campagnes et faire fonctionner les moulins.
- 78 Guyonnet, « Les dépendances de Saint-Eusèbe… », art. cité, p. 209-228.
48Il ne subsiste que la chapelle sur le site de Saint-Ferréol, aujourd’hui dépendance d’une maison d’habitation (fig. K, p. 338). L’édifice est extrêmement simple : une nef unique de 9,50 m de longueur pour 6,25 m de largeur dans l’œuvre ; la hauteur est de 8 m sous le faîtage actuel. L’abside semi-circulaire, orientée, marque une faible saillie à l’extrémité de la nef et se développe à mi-hauteur du mur pignon dans lequel elle est placée. L’aspect extérieur est également simple : les murs sont en moellons équarris, disposés en assises régulières. La pierre de taille est réservée aux chaînes d’angle et à l’abside. L’unique porte, couverte d’un arc clavé en plein cintre, est ouverte latéralement sur le flanc sud pour permettre l’accès à la première travée de la nef. Sa disposition laisse à penser qu’elle était munie à l’origine d’un tympan qui a été détruit. À l’intérieur, la nef est divisée en deux travées de plan légèrement trapézoïdal. Les murs gouttereaux construits en moellons sont renforcés par une série d’arcades aveugles en plein cintre, retombant sur des piliers engagés. Ces supports internes à l’édifice soutiennent la voûte en berceau brisé construite sur arcs doubleaux. Les arcades et la voûte sont construites en pierre de taille, essentiellement du calcaire jaune mais le calcaire blanc est utilisé pour plusieurs arcs et pour le départ du cul-de-four de l’abside. Celle-ci est parfaitement appareillée et possède encore d’importants trous de boulins sur son élévation, visibles tant à l’intérieur qu’à l’extérieur. On peut penser que cette petite église a été construite dans le troisième quart du xiie siècle78.
- 79 Duverger, Cavaillon, Chapelle Notre-Dame-des-Vignères…, op. cit., p. 106.
- 80 K. Ducat, Les Vignères à Cavaillon. Rapport final d’opération, Caissargues, Archéodunum, 2008, p. 1 (...)
49La chapelle Notre-Dame-des-Vignères a été étudiée préalablement aux travaux de restauration en 200879 et ses abords immédiats ont été explorés dans le cadre d’une fouille préventive en 200780. Désormais, on en sait plus sur ce site médiéval de premier plan pour comprendre la diversité du territoire cavaillonnais à l’époque médiévale (fig. no 14). La première mention du lieu apparaît dans une donation faite aux chanoines de Notre-Dame-des-Doms d’Avignon, d’une terre à Lavenairolas, ancien nom des Vignères. L’église est citée dans le testament du seigneur Giraud Amic en 1216 puis est rattachée par Jean XXII à la chartreuse de Bompas en 1320. Les sondages à l’intérieur de la chapelle ont révélé des vestiges d’un édifice réutilisant des blocs antiques dont le plan semble reprendre celui de la nef romane ainsi que celui de la petite chapelle latérale méridionale. La découverte d’un sarcophage abritant une sépulture datée du viiie siècle permet de proposer cette datation pour un premier lieu de culte. Cet édifice subit des modifications puisque la chapelle sud, avec son abside, paraît antérieure à la fin du xie siècle. C’est vers la fin de ce siècle ou plutôt au début du siècle suivant que la nef et l’abside sont entièrement rebâties en conservant la chapelle sud. L’église était alors couverte d’une charpente et possédait une entrée au sud-ouest de la nef. Un soin particulier a été porté à la réalisation de l’abside voûtée en cul-de-four puisqu’elle est décorée d’une série d’arcs reposant sur des colonnettes surmontées de chapiteaux à décor végétal. Plus tard, dans la première moitié du xiie siècle, un porche monumental voûté en berceau a été disposé dans le prolongement occidental de la chapelle sud. On ne peut que s’étonner de voir sur une si petite église un tel dispositif architectural développant aussi des éléments décoratifs (arc, colonne, etc.). Enfin, dans la seconde moitié du xiie siècle, la nef est voûtée en berceau brisé par l’adjonction de dosserets supportant les arcatures latérales et les doubleaux, contrebutés au nord par de puissants contreforts. En dépit d’un plan atypique et de singularités telles que le porche, l’église Notre-Dame-des-Vignères reste de dimension modeste : 14 m de longueur pour une largeur totale de 9 m (on exclut les chapelles nord du xixe siècle) et une hauteur de nef de 8,5 m.
50Les fouilles réalisées une vingtaine de mètres à l’ouest de la chapelle n’ont pas confirmé avec assurance la présence d’un site antique. En revanche, l’occupation médiévale est attestée avec plusieurs tombes en coffre, une aire d’ensilage et deux bâtiments dont seuls les solins en pierre étaient conservés. Les sépultures montrent une extension occidentale du cimetière dès les viie-viiie siècles, utilisée jusqu’au xiie siècle voire au-delà. En marge de cette nécropole, un bâtiment à usage agricole était probablement associé à de l’habitat situé plus au nord hors du périmètre exploré. Cette occupation identifiée était caractérisée, outre le bâtiment rectangulaire, par des foyers, fosses et silos datés des xe-xie siècles. Il semblerait que le cimetière reflue après la fin du xiie siècle puisqu’un nouveau bâtiment au plan semi-circulaire (environ 6 m de diamètre) est édifié sur les anciennes tombes. Sa fonction reste énigmatique même si l’on comprend qu’il s’agit simplement d’un support d’une construction légère de poteaux porteurs en bois d’une élévation en terre ou torchis. Sa présence sur site pourrait éventuellement être mise en relation avec l’existence, attestée par les textes médiévaux, d’un hôpital dépendant et desservi par les Hospitaliers.
Conclusion
51À la lecture de ce bilan sur près de 40 ans de découvertes, il paraît évident que la période médiévale est le parent pauvre de l’archéologie à Cavaillon. Les opérations réalisées dans les années 1980-1990, souvent dans des conditions rocambolesques après de complexes négociations avec les promoteurs, sont allées à l’essentiel pour des archéologues antiquisants. Les niveaux stratigraphiques du Moyen Âge ont systématiquement fait les frais de cette notion d’urgence et seules quelques lignes laconiques dans les rapports de fouille évoquent l’importance de la perte (cimetière de Sainte-Catherine par exemple). Dans un autre registre, les opérations de réhabilitation effectuées à la même période dans le cadre des campagnes de résorption de l’habitat insalubre (RHI) et autres dispositifs de revitalisation urbaine, certes nécessaires, ont conservé le bâti ancien – contrairement aux interventions des décennies précédentes – mais l’ont totalement dévitalisé. Ces interventions radicales ont consisté en la modernisation d’un habitat ancien dégradé sans tenir compte de l’histoire de ces immeubles et bien évidemment sans lecture archéologique des bâtiments. Pourtant, on sait désormais que les gages de réussite d’une réhabilitation exemplaire d’un centre historique sont liés à la connaissance de ce patrimoine. C’est l’esprit même des secteurs sauvegardés chers à André Malraux avec les résultats positifs que l’on connaît sur des cités qui ont adopté les dispositifs et modes opératoires de protection globale des centres anciens. Gageons que l’orientation actuelle de la municipalité, lancée dans la constitution d’un « site patrimonial remarquable », pourra permettre d’inverser la tendance et mettre en valeur ce centre historique tant marqué par la période médiévale. Dans ces conditions, il est évident que l’histoire de cette ville sera considérablement revisitée par les archéologues, architectes et autres professionnels du patrimoine. Le quartier épiscopal et ses multiples composantes (cathédrale, bâtiments du chapitre, maisons canoniales, etc.) sont le cœur de la ville médiévale mais également celui du centre historique d’aujourd’hui. Cet ensemble mérite une attention particulière et son étude, déjà engagée par le service de l’Inventaire général, sera essentielle pour comprendre ce qu’est un quartier de clercs au Moyen Âge. Dans un autre registre, la réhabilitation à venir de certaines parties du quartier juif (bain rituel, maisons, etc.) offrira une chance inespérée de comprendre la singularité de cette communauté sur une longue période. Enfin, il suffit de cheminer avec un regard attentif dans les rues du centre ancien pour comprendre, au travers de quelques indices, que Cavaillon recèle encore de nombreux témoignages de cette période. Par conséquent, on peut espérer que ce bilan très lacunaire puisse un jour servir de préambule à une recherche plus conséquente sur cette période qui a si fortement marqué Cavaillon.
Fig. no 1 : Aire d’ensilage de la place du Cloître, vue générale

© F. Guyonnet, Service d’Archéologie du Département de Vaucluse
Fig. no 2 : Silos de la rue Dupuy-Montbrun, vue de détail

© R. Gaday, Service d’Archéologie du Département de Vaucluse
Fig. no 3 : Vue de Cavaillon depuis le sud-ouest au xviie siècle, dessin

© F. Guyonnet, Service d’Archéologie du Département de Vaucluse
Fig. no 4 : Vestiges d’arcs médiévaux en façade de maison de l’impasse Viala

© Album Laincel, Fonds de la Fondation Calvet
Fig. no 5 : Vue d’un arc médiéval et du plafond en gypserie de l’impasse des Romarins

© F. Guyonnet, Service d’Archéologie du Département de Vaucluse
Fig. no 6 : Détail d’un fragment de frise en gypserie du xive siècle

© Collection des Musées de Cavaillon
Fig. no 7 : Restitution de la façade ouest de l’hôtel particulier dit « Le Pantagruel » dans son état du début du xvie siècle

© F. Guyonnet, Service d’Archéologie du Département de Vaucluse
Fig. no 8 : Oratoire d’un chanoine du début du xvie siècle, vue générale

© F. Guyonnet, Service d’Archéologie du Département de Vaucluse
Fig. no 9 : Escalier à vis de l’hôtel d’Agar, vue de la partie sommitale

© F. Guyonnet, Service d’Archéologie du Département de Vaucluse
Fig. no 10 : Essai de restitution du groupe épiscopal au xviiie siècle, plan

© F. Guyonnet et É. Sauze
Fig. no 11 : Voûte de la salle haute du chapitre, vue générale

© F. Guyonnet, Service d’Archéologie du Département de Vaucluse
Fig. no 12 : Quartier juif autour de la rue Hébraïque, plan

© É. Porcher, Conservation des Musées et du Patrimoine de Cavaillon
Fig. no 13 : Bain rituel juif, vue générale

© F. Guyonnet, Service d’Archéologie du Département de Vaucluse
Notes
1 La ville de Cavaillon a en sa possession l’inventaire exhaustif du patrimoine bâti réalisé en 1986 par le service de l’inventaire, dans le cadre de l’Inventaire général des monuments et richesses artistiques de la France. Cet imposant recensement peut être considéré comme une bonne introduction à l’histoire architecturale de Cavaillon.
2 G. Barruol, M. Bats, D. Carru (dir.), Aux origines de Cavaillon, archéologie d’une ville antique. Catalogue d’exposition, Cavaillon, Musées et patrimoine de Cavaillon, 2006.
3 A. Dumoulin, « Les puits et fosses de la colline Saint-Jacques à Cavaillon (Vaucluse) », Gallia, 23/1, 1965, p. 1-85.
4 M.-É. Bellet, E. Marchesi, Cavaillon. Fouille de l’îlot II. Rapport de fouille, Avignon, SADV, 1988, p. 38.
5 J. Buisson-Catil, J.-J. Dufraigne et R. Gaday, Cavaillon, place du Cloître. Rapport de fouille, Avignon, SADV, 1993, p. 53 ; J.-J. Dufraigne, « L’habitat de la place du Cloître à Cavaillon », dans Chausserie-Laprée J. (dir.), Le Temps des Gaulois en Provence, Martigues, Musée Ziem, 2000, p. 199-202.
6 L’ensemble du matériel céramique découvert sur la colline et conservé au musée archéologique, sauf en de très rares exceptions, présente un terminus ante quem ne dépassant jamais la fin du ier siècle avant notre ère.
7 Le statut de la ville est incertain jusqu’aux édits Caracalla.
8 P. de Michèle, C. Belliard, Cavaillon, rue de la Gendarmerie. Résorption de l’habitat insalubre, sondage d’évaluation archéologique, Avignon, SADV, 1995, p. 20.
9 Collections du musée archéologique de Cavaillon.
10 D. Carru, « Avignon durant l’Antiquité tardive : approches archéologiques et topographiques », Dix ans d’archéologie en Vaucluse. Études vauclusiennes, 77-78, 2010, p. 51-62.
11 G. Barruol, « Essai sur la topographie d’Apta Julia », Revue archéologique de Narbonnaise, 1, 1968, p. 101-158.
12 Les nombreuses cavités occupées au Néolithique dans le territoire de Cavaillon (en particulier dans la Combe de Vidauque à Cheval-Blanc) seront de nouveau habitées au cours de l’Antiquité tardive, à l’inverse, l’oppidum des Cavares sur la colline Saint-Jacques a été définitivement abandonné au changement d’ère contrairement à ce que l’on observe dans un grand nombre de cas en Provence : L. Schneider, « Oppida et castra tardo-antiques. À propos des établissements de hauteur de Gaule méditerranéenne », dans Ouzoulias P. (dir.), Les Campagnes de la Gaule à la fin de l’Antiquité. Actes du colloque AGER IV, Montpellier, 11-14 mars 1998, Antibes, Éditions APDCA, 2001, p. 433-448.
13 L. Tallah, Carte archéologique de la Gaule. 84/2, Vaucluse : le Luberon et pays d’Apt, Paris, Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, 2004, p. 248.
14 D. Carru, H. Marchesi, Le Petit Saint-Jean, Bonnieux, Vaucluse. Rapport de sauvetage, Avignon, SADV, 1988.
15 CIL no 5828.
16 Barruol, Bats, Carru, Aux origines de Cavaillon…, op. cit., p. 67.
17 C. Raynaud, « Les campagnes en Gaule du Sud-Est dans l’Antiquité tardive et le haut Moyen Âge », Zephyrus, 53-54, 2000-2001, p. 473-507.
18 P.-A. Février, « Problème de l’habitat du Midi méditerranéen à la fin de l’Antiquité et dans le haut Moyen Âge », Jahrbuch des römisch-germanischen Zentralmuseums Mainz, 25, 1978, p. 208-249.
19 Plusieurs établissements antiques ont été repérés en prospections, en particulier sur la commune voisine de Cheval-Blanc (quartier de Valloncourt) ou sur la commune de Robion (quartier de Saint-Peyre).
20 N. Duverger, Cavaillon, Chapelle Notre-Dame-des-Vignères. Sondages d’évaluation, étude partielle des élévations. Rapport final d’opération, Avignon, SADV, 2009, p. 106 et illustrations.
21 F. Guyonnet, « Les dépendances de Saint-Eusèbe dans le Comtat Venaissin : Saint-Ferréol de Cheval-Blanc, Saint-Michel et Sainte-Marie de Velleron », dans Barruol G., Codou Y. (dir.) L’Abbaye Saint-Eusèbe de Saignon, Vaucluse et ses dépendances : histoire et archéologie, Forcalquier, Les Alpes-de-Lumière, 2006, p. 209-228.
22 F. Guyonnet, « Quelques réflexions sur Cavaillon et sa topographie religieuse dans l’Antiquité tardive et haut Moyen Âge », Dix ans d’archéologie en Vaucluse. Études vauclusiennes, 77-78, 2011, p. 63-69.
23 Y. Codou, « Le paysage religieux et l’habitat rural en Provence de l’Antiquité tardive au xiie siècle », Archéologie du Midi médiéval, 21, 2003, p. 33-69.
24 Notitia Galliarum, XI, 13.
25 Tallah, Carte archéologique…, op. cit., p. 281.
26 J. Biarne, « Cavaillon », dans Gauthier N., Picard J.-C., Biarne J., Colardelle R., Février P.-A. et al., Topographie chrétienne des cités de la Gaule, des origines au milieu du viiie siècle, III : Provinces ecclésiastiques de Vienne et d’Arles (Viennensis et Alpes Graiae et Poeninae), Paris, De Boccard, 1986, p. 109-112.
27 Une vieille tradition nomme Genialis comme le premier évêque de Cavaillon à l’extrême fin du ive siècle, ibid.
28 Le premier évêque historiquement reconnu est Asclepius qui signe aux conciles de Riez (en 439 et 451).
29 En marge du cœur de ville, signalons la découverte de graffiti paléochrétiens (poissons) sur des stèles gallo-grecques en réemploi découvertes au nord de l’agglomération.
30 P. Borgard, C. Michel d’Annoville, « Riez : les trois cathédrales disparues », dans Codou Y., Pécout T. (dir.), Cathédrales de Provence, Strasbourg, La Nuée bleue, 2015, p. 473-489.
31 F. Guyonnet, C. Michel d’Annoville, « La cathédrale Notre-Dame-de-Nazareth de Vaison-la-Romaine : état de la recherche », Bulletin de l’Association pour l’Antiquité tardive, 16, 2007, p. 7-14.
32 Biarne, « Cavaillon », chap. cité, p. 112.
33 G. de Grasse, Un chanoine de Cavaillon au Grand Siècle. Le livre de raison de Jean-Gaspard de Grasse (1664-1684), F. Meyer (éd.), Paris, CTHS, 2002, p. 153.
34 D. Carru, « L’origine des églises d’Avignon d’après les sources archéologiques », Annuaire de la Société des amis du Palais des Papes et des monuments d’Avignon, 73, 1996, p. 65-78.
35 J.-L. Blaison, P. Borgard, B. Chedru, « Cavaillon, Grande-Rue et rue Michelet », Note d’information et de liaison de la direction des antiquités de la région PACA, 1990, Aix-en-Provence, 1991, p. 181-183.
36 On assiste à un redéploiement urbain au ive et surtout au ve siècle, en particulier dans une réappropriation des espaces publics abandonnés comme le théâtre de la ville (P. de Michèle, Le Centre monumental de la ville d’Apt à l’époque gallo-romaine, thèse de doctorat [dir. X. Laffon], Aix-Marseille université, 2012).
37 Carru, « Avignon durant l’Antiquité tardive… », art. cité, p. 58.
38 M. Serieys, « Cavaillon, place de Cabassole », Bilan scientifique du service régional de l’archéologie PACA 2013, Aix-en-Provence, ministère de la Culture et de la Communication, 2014, p. 190-191.
39 Buisson-Catil, Dufraigne, Gaday, Cavaillon, place du Cloître…, op. cit., p. 53 ; J. Buisson-Catil, J.-J. Dufraigne, R. Gaday, « Cavaillon, place du Cloître », Bilan scientifique du service régional de l’archéologie PACA 1993, Aix-en-Provence, ministère de la Culture et de la Communication, 1994, p. 210-211 ; F. Guyonnet, « Cavaillon, impasse Viala/rue Dupuy-Montbrun », Bilan scientifique du service régional de l’archéologie PACA 2007, Aix-en-Provence, ministère de la Culture et de la Communication, 2008, p. 217-218.
40 R. Gaday, « Cavaillon, impasse de la Glacière », Bilan scientifique du service régional de l’archéologie PACA 1994, Aix-en-Provence, ministère de la Culture et de la Communication, 1995, p. 237-238.
41 Bellet, Marchesi, Cavaillon. Fouille de l’îlot II…, op. cit.
42 M. Zerner, Le Cadastre, le pouvoir et la terre : le Comtat Venaissin pontifical au début du xve siècle, Rome, École française de Rome, 1993, p. 700.
43 G. Butaud, F. Guyonnet, « Le développement urbain en Comtat Venaissin (xie-xve siècle) », dans Chave I. (dir.), Avignon et Comtat-Venaissin : empreinte et influence de la papauté (xvie-xviiie siècle). Congrès archéologique de France, 175e session, 2016, Paris, Société française d’archéologie, 2018, p. 33-54.
44 Le meilleur exemple est le grand axe nord-sud formé par les actuelles rues Boussot, Raspail, Blaze, Waldeck-Rousseau et Pasteur, sur lequel viennent se greffer des rues perpendiculaires (Michelet, Chabran, République, etc.).
45 On peut s’interroger sur l’appartenance à une clôture épiscopale – voire à une fortification antérieure – des vestiges probables d’une tour en grand appareil antique réemployé, découverts dans une maison de la place aux Herbes.
46 Butaud, Guyonnet, « Le développement… », art. cité, p. 33-54.
47 Cette conception simple de l’enceinte rappelle celle récemment étudiée au Thor. N. Duverger, « Le Thor : essai de topographie de la cité médiévale », dans Chave, Avignon et Comtat Venaissin…, op. cit., p. 115-120.
48 Repérage par Bruno Portet en 2008.
49 Certains immeubles ont fait l’objet de dossiers de l’Inventaire général. Cet inventaire inédit reste un outil essentiel pour comprendre le centre historique de Cavaillon avant les projets de réhabilitation de la fin des années 1980 et du début des années 1990.
50 Voir les exemples de Lauzerte et Brantôme. G. Séraphin, « Les fenêtres médiévales : état des lieux en Aquitaine et en Languedoc », dans Peyrusse L., Scellès M., Napoleone A.-L. (dir.), La Maison au Moyen Âge dans le midi de la France. Actes des journées d’étude de Toulouse, 19-20 mai 2001, Toulouse, Société archéologique du Midi de la France, 2002, p. 145-201.
51 M. Masson-Lautier, « Gypseries en Provence : décors moulés médiévaux », In Situ, 28, 2016 (journals.openedition.org/insitu/12824, consulté le 8 mars 2022).
52 F. Guyonnet, Cavaillon, immeuble Pantagruel. Rapport de diagnostic patrimonial, Avignon, SADV, 2006, p. 14 et illustrations.
53 M. Ferrand, La Maison « des chanoines » de Cavaillon. Histoire, archéologie, histoire de l’art au cœur d’une topographie urbaine (xiie-xvie siècle), mémoire de master (dir. G. Castelnuovo), université d’Avignon, 2016, p. 129.
54 F. Guyonnet, Cavaillon, hôtel d’Agar. Compte rendu de visite, Avignon, SADV, 2010, p. 8 et illustrations.
55 Dans la cour intérieure, les excavations ont mis au jour un ensemble de céramiques, daté de la fin du Moyen Âge ou du début de l’époque moderne (majoliques espagnoles ou italiennes, vaisselle commune de l’Uzège, etc.). A. Grégoire, Étude du mobilier céramique (xvie siècle) de l’hôtel d’Agar à Cavaillon, mémoire de master (dir. N. Lecuyer), université de Provence, 2012.
56 J. Chiffoleau, « L’espace urbain et l’espace régional à Cavaillon vers 1320-1340 », Provence historique, 106, 1976, p. 287-300 ; M. Ramage, Ville et pratiques d’écriture : l’espace d’une communauté à Cavaillon (mi-xiiie-xve s.), thèse de doctorat (dir. C. Gauvard, B. Laurioux), université Paris I Panthéon-Sorbonne, 2014.
57 Guyonnet, « Quelques réflexions… », art. cité, p. 63-71.
58 Cheval-Blanc est devenue une commune indépendante de Cavaillon en 1790.
59 Cf. la contribution sur la cathédrale de R. Guild, É. Sauze et F. Guyonnet dans cet ouvrage, chapitre 9.
60 Étude coordonnée par Rollins Guild, Élisabeth Sauze et François Fray.
61 Sur ces deux églises, voir la contribution de R. Guild, É. Sauze et F. Guyonnet dans le présent ouvrage, chapitre 9.
62 La majeure partie des bâtiments canoniaux a été détruite au début du xxe siècle pour l’érection de l’école publique encore en activité.
63 R. Guild, F. Guyonnet, É. Sauze, « Cavaillon, Notre-Dame et Saint-Véran », dans Codou, Pécout (dir.), Cathédrales de Provence, op. cit., p. 271-285.
64 Blaison, Borgard, Chedru, « Cavaillon, Grande-Rue et rue Michelet », art. cité, p. 181-183.
65 G. Jau, Cavaillon, Pages d’histoire, Aix-en-Provence, Édisud, 1990, p. 114.
66 F. Guyonnet, « L’ancien couvent des Bénédictines, place du Cloître à Cavaillon. Étude des vestiges », Bulletin archéologique de Provence, 24, 1995, p. 81-107.
67 Buisson-Catil, Dufraigne, Gaday, Cavaillon, place du Cloître…, op. cit., p. 12.
68 J.-M. Rouquette, « Chapelle Saint-Jacques », dans Rouquette J.-M., Provence Romane, I : La Provence rhodanienne, La Pierre-qui-Vire, Zodiaque, 1974, p. 37.
69 La carrière de Cavaillon est délimitée dès 1453.
70 Les cimetières, désaffectés, sont aujourd’hui relativement bien localisés grâce aux recherches de Robert Sadaillan (R. Sadaillan, Les cimetières juifs de Cavaillon, Cavaillon, s.é., 2014).
71 Classé au titre des Monuments historiques en 1924.
72 A. Bonan, Patrimoine juif d’Avignon et du Comtat, Lyon, Lieux Dits, 2019, p. 88.
73 Sous la direction de S. Grange, conservatrice des musées de Cavaillon, archives de fouille conservées par la ville, inédit.
74 F. Guyonnet, Cavaillon, mikvé, rue Hébraïque. Rapport d’évaluation archéologique, Avignon, SADV, 2007 ; F. Guyonnet, « Archéologie des juifs du pape en Comtat Venaissin : acquis et perspectives », dans Salmona P., Sigal L. (dir.), L’Archéologie du judaïsme en France et en Europe, Paris, La Découverte, 2011, p. 115-128 ; F. Guyonnet, « Le bain rituel juif (mikvé) de Cavaillon (Vaucluse) », Archéologie du Midi Médiéval, 37-38, 2019-2020, p. 213-229.
75 De douze familles en 1624, on dénombrera 150 juifs en 1791. Bonan, Patrimoine juif…, op. cit., p. 25.
76 Deux immeubles de qualité reconstruits au xviiie se trouvent à proximité de la synagogue : l’immeuble Sagal-Portugal et l’immeuble Bedarrides. F. Guyonnet, L’Immeuble Sagal-Portugal, rue Hébraïque. Rapport d’étude, Avignon, SADV, 2005, p. 6 et illustrations.
77 Tallah, Carte archéologique…, op. cit., p. 227-314.
78 Guyonnet, « Les dépendances de Saint-Eusèbe… », art. cité, p. 209-228.
79 Duverger, Cavaillon, Chapelle Notre-Dame-des-Vignères…, op. cit., p. 106.
80 K. Ducat, Les Vignères à Cavaillon. Rapport final d’opération, Caissargues, Archéodunum, 2008, p. 173.
Table des illustrations
![]() | |
---|---|
Titre | Fig. no 1 : Aire d’ensilage de la place du Cloître, vue générale |
Crédits | © F. Guyonnet, Service d’Archéologie du Département de Vaucluse |
URL | http://books.openedition.org/eua/docannexe/image/6354/img-1.jpg |
Fichier | image/jpeg, 1,5M |
![]() | |
Titre | Fig. no 2 : Silos de la rue Dupuy-Montbrun, vue de détail |
Crédits | © R. Gaday, Service d’Archéologie du Département de Vaucluse |
URL | http://books.openedition.org/eua/docannexe/image/6354/img-2.jpg |
Fichier | image/jpeg, 893k |
![]() | |
Titre | Fig. no 3 : Vue de Cavaillon depuis le sud-ouest au xviie siècle, dessin |
Crédits | © F. Guyonnet, Service d’Archéologie du Département de Vaucluse |
URL | http://books.openedition.org/eua/docannexe/image/6354/img-3.jpg |
Fichier | image/jpeg, 1,8M |
![]() | |
Titre | Fig. no 4 : Vestiges d’arcs médiévaux en façade de maison de l’impasse Viala |
Crédits | © Album Laincel, Fonds de la Fondation Calvet |
URL | http://books.openedition.org/eua/docannexe/image/6354/img-4.jpg |
Fichier | image/jpeg, 1,3M |
![]() | |
Titre | Fig. no 5 : Vue d’un arc médiéval et du plafond en gypserie de l’impasse des Romarins |
Crédits | © F. Guyonnet, Service d’Archéologie du Département de Vaucluse |
URL | http://books.openedition.org/eua/docannexe/image/6354/img-5.jpg |
Fichier | image/jpeg, 1,0M |
![]() | |
Titre | Fig. no 6 : Détail d’un fragment de frise en gypserie du xive siècle |
Crédits | © Collection des Musées de Cavaillon |
URL | http://books.openedition.org/eua/docannexe/image/6354/img-6.jpg |
Fichier | image/jpeg, 1,9M |
![]() | |
Titre | Fig. no 7 : Restitution de la façade ouest de l’hôtel particulier dit « Le Pantagruel » dans son état du début du xvie siècle |
Crédits | © F. Guyonnet, Service d’Archéologie du Département de Vaucluse |
URL | http://books.openedition.org/eua/docannexe/image/6354/img-7.jpg |
Fichier | image/jpeg, 924k |
![]() | |
Titre | Fig. no 8 : Oratoire d’un chanoine du début du xvie siècle, vue générale |
Crédits | © F. Guyonnet, Service d’Archéologie du Département de Vaucluse |
URL | http://books.openedition.org/eua/docannexe/image/6354/img-8.jpg |
Fichier | image/jpeg, 1,3M |
![]() | |
Titre | Fig. no 9 : Escalier à vis de l’hôtel d’Agar, vue de la partie sommitale |
Crédits | © F. Guyonnet, Service d’Archéologie du Département de Vaucluse |
URL | http://books.openedition.org/eua/docannexe/image/6354/img-9.jpg |
Fichier | image/jpeg, 1,0M |
![]() | |
Titre | Fig. no 10 : Essai de restitution du groupe épiscopal au xviiie siècle, plan |
Crédits | © F. Guyonnet et É. Sauze |
URL | http://books.openedition.org/eua/docannexe/image/6354/img-10.jpg |
Fichier | image/jpeg, 565k |
![]() | |
Titre | Fig. no 11 : Voûte de la salle haute du chapitre, vue générale |
Crédits | © F. Guyonnet, Service d’Archéologie du Département de Vaucluse |
URL | http://books.openedition.org/eua/docannexe/image/6354/img-11.jpg |
Fichier | image/jpeg, 1,2M |
![]() | |
Titre | Fig. no 12 : Quartier juif autour de la rue Hébraïque, plan |
Crédits | © É. Porcher, Conservation des Musées et du Patrimoine de Cavaillon |
URL | http://books.openedition.org/eua/docannexe/image/6354/img-12.jpg |
Fichier | image/jpeg, 454k |
![]() | |
Titre | Fig. no 13 : Bain rituel juif, vue générale |
Crédits | © F. Guyonnet, Service d’Archéologie du Département de Vaucluse |
URL | http://books.openedition.org/eua/docannexe/image/6354/img-13.jpg |
Fichier | image/jpeg, 1,4M |
![]() | |
Titre | Fig. no 14 : Chapelle Notre-Dame-des-Vignères, vue intérieure |
Crédits | © N. Duverger, Service d’Archéologie du Département de Vaucluse |
URL | http://books.openedition.org/eua/docannexe/image/6354/img-14.jpg |
Fichier | image/jpeg, 1,1M |
Le texte et les autres éléments (illustrations, fichiers annexes importés) sont sous Licence OpenEdition Books, sauf mention contraire.