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Les sources du funéraire en France à l'époque contemporaine

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Bruno Bertherat

CHAPITRE 2 : Belgique, Italie, Espagne, France : regards croisés

La multiplicité des sources pour l’histoire de la crémation dans l’Italie du Centre-Nord

(fin XIXe – début XXe siècles)

Serenella Nonnis

Texte intégral

  • 1 Monographies à l’échelle nationale : F. Conti, A.-M. Isastia e F. Tarozzi, La Morte laica, 1, Stori (...)
  • 2 Il s’agit des sociétés de crémation de Milan (1880), Pavie (1881), Brescia (1883), Pise (1884), Côm (...)

1L’historiographie italienne n’a pas encore produit d’études exhaustives sur l’histoire de la crémation dans la péninsule pour les XIXe et XXe siècles. On dispose de quelques monographies à caractère national, qui demandent à être approfondies, ainsi que des monographies locales concernant les villes de Turin, Pavie, Pise, Pérouse, Novare et Livourne, toutes situées dans le Centre-Nord de l’Italie1. Pour saisir ce processus social complexe, aux implications multiples, relatifs à l’écologie, la politique, la santé publique et la culture, il manque une synthèse à l’échelle nationale. Cependant, les archives historiques des villes citées plus haut et celles des sociétés de crémation fondées dans ces mêmes villes disposent d’un riche éventail de sources qui demeurent quasi inexploitées2.

  • 3 Précisons qu’en 1929, à l’issue du Concordat entre l’Église catholique et l’État italien, la situat (...)
  • 4 Pour une comparaison entre la France et l’Italie, voir par exemple S. Nonnis-Vigilante, « Les intol (...)

2On proposera ici une typologie des documents analysés à l’occasion de l’étude de l’histoire de la crémation à Turin pendant les années 1880-1920. Ces années sont marquées à la fois par une politique de laïcisation du pays et par une politique de santé publique, dont relève la politique mortuaire : le débat sur la crémation connaît alors son âge d’or, avant d’être remis en cause par l’arrivée du fascisme au pouvoir3. Parmi les autres grands centres urbains en voie d’industrialisation du Centre-Nord et ouverts à l a modernité, y compris dans le domaine funéraire, la capitale du Piémont est le lieu privilégié et pionnier de l’affirmation de ce débat, qu’il faudrait replacer dans un contexte international où l’on retrouve l’influence de l’Angleterre, de l’Allemagne et de la France en particulier4.

  • 5 La recherche a donné lieu à la publication de deux volumes : F. Conti, A.-M. Isastia e F. Tarozzi, (...)

3Les principaux documents analysés pour l’étude du cas turinois (menée en 1997-1998 par une équipe de six historiens, venant des universités de Turin, Rome, Florence et Bologne, à laquelle nous appartenions), sont conservés en deux lieux : aux Archives historiques de la ville et aux Archives historiques du Centre d’études Ariodante Fabretti, administré par la Société de crémation locale créée en 1883, où ont également été déposées les archives des sociétés de crémation de la Vénétie, la Lombardie, l’Émilie-Romagne et la Toscane5. À ces deux centres de recherche prioritaires, on peut ajouter la Bibliothèque nationale et la Bibliothèque civique (Turin), où se trouve une myriade d’articles, de dissertations des XIXe et XXe siècles concernant la crémation. Ces sources écrites et imprimées laissent supposer la richesse de celles qu’on pourrait découvrir dans les autres villes italiennes ayant créé une société de crémation et adopté la pratique de l’incinération à la même époque (avec un faible écart chronologique). Leur étude est la première étape, incontournable, d’une histoire de la crémation.

Les Archives historiques de la ville de Turin

Les procès-verbaux du Conseil municipal

4Les procès-verbaux du Conseil municipal permettent d’analyser le débat, purement idéologique se déroulant autour de la crémation dans la salle du conseil communal et reflétant celui qui se déroule au Parlement entre les députés radicaux et libéraux, partisans de la nouvelle pratique (savants, médecins, représentants des professions libérales, appartenant en général aux mouvements hygiénistes, ainsi qu’à la franc-maçonnerie), et les députés conservateurs et catholiques, opposants farouches à l’incinération des cadavres. Ces procès-verbaux relatent aussi le débat très vif entre les conseillers quant à l’emplacement du Temple crématoire à l’intérieur du Cimetière général, cédé gratuitement à la Société, au choix technique du four, etc.

5Cette série de sources permet d’identifier les phases administratives, conduisant à l’adoption de la crémation en 1886, avant sa reconnaissance législative, grâce à la promulgation de la première loi de Santé publique en 1888. Trois périodes différentes peuvent être dégagées que ce soit pour Turin ou pour les autres villes italiennes du Centre-Nord. Les années 1860-1870 sont caractérisées par l’émergence du débat autour de l’idéologie crématiste ; aux années 1880-1890 correspondent les débats parlementaires et municipaux aboutissant à la reconnaissance législative de la pratique de l’incinération ; enfin, les années 1900-1920 sont marquées par le déclin de la tension idéologique entre les partisans et les opposants de la crémation, ainsi que par le début de l’adhésion, encore très minoritaire, des populations.

Le fonds Santé et hygiène

6Dans ce fonds, très riche, sont consultables les Relations annuelles du maire et celles du directeur du bureau d’hygiène. Ces deux séries témoignent du contrôle mis en place par la municipalité par l’intermédiaire des fonctionnaires sanitaires, voire du directeur du bureau d’hygiène, sur l’organisation de l’incinération des corps, donnée en gestion à la Société de crémation de la ville.

7Les Règlements d’hygiène promulgués par la municipalité, qui comprenaient les normes de police mortuaire, montrent l’harmonisation du fonctionnement de la crémation avec les normes d’hygiène publique. La Société de crémation de Turin s’inspire de ces normes, lorsqu’elle promulgue ses propres règlements.

  • 6 Voir notamment C. Milanesi, Mort apparente, mort imparfaite. Médecine et mentalités au XVIIIe siècl (...)
  • 7 Voir S. Nonnis-Vigilante, « I cittadini tra inumazione e cremazione », La Morte laica, 2, Storia de (...)
  • 8 Ces dissertations sont conservées aux Archives historiques de la ville de Turin, dans le fonds Sant (...)

8Dans ce même fonds, des documents éclairent l’une des causes qui freine alors l’enthousiasme crématiste des scientifiques et même des partisans de cette pratique mortuaire : l’incertitude de la science sur les signes certains de décès, le phénomène de la mort apparente et le danger des inhumations précipitées6. Rappelons que, sur le terrain, le médecin public lutte contre la méfiance de la population et du clergé paroissial ; il constate la solitude dans laquelle le laisse le législateur, ainsi que ses collègues appartenant à l’élite de la profession et souvent la municipalité elle-même7. C’est ce qui explique, d’après nous, le nombre de dissertations que les savants envoient à la municipalité sur les causes de la mort ou bien sur la mort apparente, ainsi que les libelles rédigés par une pléthore de petits inventeurs, qui proposent la vente des instruments les plus variés, capables de détecter la présence de la vie dans le corps d’un individu reconnu comme mort8.

  • 9 Les informations relatives aux travaux du premier congrès international d’hygiène de Bruxelles de 1 (...)

9Les Actes du troisième congrès international d’hygiène et de démographie, organisé à Turin en 1880 après ceux de Bruxelles (1876) et Paris (1878), sont aussi particulièrement importants. Ils confirment qu’au XIXe siècle le débat sur la crémation acquiert une dimension européenne, que des hommes politiques, des scientifiques, des administrateurs locaux des différents pays discutent de l’opportunité d’expérimenter la nouvelle pratique mortuaire. Ils montrent aussi que si les défenseurs et les adversaires de la crémation avancent des arguments totalement opposés, ils se rejoignent cependant sur un point : la liberté de l’expérimentation scientifique, tout en admettant le respect du culte des morts9.

10Les Règlements organiques du cimetière et du service mortuaire classés dans ce fonds éclairent les rapports de collaboration établis entre la municipalité de Turin et la Société de crémation de la ville. Enfin, document très précieux pour le chercheur, le Règlement- Convention pour la crémation des cadavres et les Instructions, signés en 1886 entre la municipalité et la Société de crémation, constituent l’acte fondateur marquant le début de la pratique de la crémation à Turin.

Le fonds Cabinet du maire

11Ce fonds contient nombre de lettres envoyées au maire de Turin par les maires des villes, grandes et moyennes, d’Italie du Centre-Nord au sujet de la crémation. Ces administrateurs, qui envisagent d’adopter la nouvelle pratique mortuaire, souhaitent être éclairés sur la législation mortuaire, sur la mise en place et le fonctionnement de la politique crématiste (voire sur les termes des accords avec la société de crémation locale), sur la création au cimetière du crématorium, sur la typologie du four adopté… Les réponses épistolaires détaillées du maire de Turin à ses collègues confirment combien la capitale du Piémont représente une référence dans le pays. Une grande variété de documents est à la disposition du chercheur, telles les petites notes et les lettres manuscrites du maire à l’attention du directeur du bureau d’hygiène, de l’adjoint des cimetières, des médecins vérificateurs des décès et encore du personnel chargé des sépultures et de tous les fonctionnaires publics qui, d’une manière ou d’une autre, interviennent dans la gestion du crématorium.

12Ce fonds renferme aussi des documents mettant en lumière la question primordiale de l’opposition de l’Église à la crémation.

  • 10 L’excommunication de l’Église sera levée par Paul VI en 1963. Voir l’ouvrage de référence de Z. Suc (...)

13L’excommunication prononcée par le pape Léon XIII en 1886 à l’encontre de ceux qui choisissent de se faire incinérer bloque toute velléité de changement, même chez ceux qui, bien que croyants, considéraient avec un certain intérêt la proposition hygiéniste d’éviter la putréfaction du corps10.

14Enfin, il y a aussi un petit nombre d’articles de la presse nationale et locale. Ceux de l’Italia Reale-Corriere Nazionale accusent la franc- maçonnerie (pas seulement italienne) d’être la véritable inspiratrice de l’idéologie crématiste en avançant le prétexte de l’hygiène des sépul- tures. D’après ses détracteurs, son véritable objectif est de soustraire le cadavre aux rites sacrés de l’Église et d’instituer une mort laïque, incluse dans le projet plus vaste de la laïcisation de la société italienne post-unitaire. Les articles des journaux la Gazzetta piemontese et la Gazzetta del popolo soutiennent, de leur côté, les arguments des crématistes.

Les Archives du Centre d’études Ariodante Fabretti de Turin (CSEF)

Statuts de la Société de crémation

  • 11 M. Novarino e D. Xocato a cura di, Ariodante Fabretti. Un laico tra impegno politico e sociale e ri (...)

15Le Centre d’études Ariodante Fabretti (devenu Fondation le 30 juin 1999) a été créé par Ariodante Fabretti en 1883. Professeur en archéologie, directeur du Musée égyptien de Turin, Fabretti a été le premier président de la Société de crémation de Turin (1883-1894). Figure éminente du Risorgimento italien et protagoniste important du monde des associations laïques turinoises, il appartenait à la loge maçonnique « La fermezza » de Pérouse11.

16Les Statuts de la Société de crémation sont élaborés en 1883. Ce document, particulièrement précieux pour les chercheurs, énonce les trois buts prioritaires des fondateurs de la société : la création d’un crématorium répondant aux exigences de l’hygiène, de la civilité, du respect des sentiments et des principes religieux ; la diffusion de la propagande crématiste, en accord avec les autres sociétés de crémation ; la reconnaissance législative.

17Les Statuts fixent les conditions de cotisation des adhérents à la Société de crémation, donnent aux associés le droit de participer aux assemblées, d’élire le conseil de direction et d’être élus et celui d’être incinérés gratuitement. Afin d’élargir la base sociale des adhérents, un article prévoit l’inscription gratuite des ouvriers appartenant à des sociétés mutuelles d’assurance, à condition qu’ils expriment leur adhésion à la doctrine crématiste.

18Clause particulièrement intéressante pour l’époque, les Statuts ne font aucune distinction de sexe entre les associés, car hommes et femmes peuvent s’inscrire à la Société en toute égalité. Ce document, qui sert de modèle à nombre de sociétés de crémation italiennes, reste identique jusqu’en 1920. Dans les années suivantes, il servira de modèle à de nombreuses sociétés de crémation italiennes.

Correspondance

19Les lettres conservées dans ce fonds sont autant de témoignages du dialogue établi par les dirigeants de la Société de crémation de Turin (médecins, avocats, fonctionnaires sanitaires, qui sont pour la plupart des francs-maçons) avec la municipalité de Turin et d’autres villes, la Préfecture, le Chapitre métropolitain, la Fédération des Sociétés de crémation italiennes, l’Union catholique des ouvriers….

Registres des procès-verbaux de l’Assemblée des associés

  • 12 E. Mana, « Associarsi oltre la vita (1882-1925) », La Morte laica, 2, Storia della cremazione a Tor (...)

20Cette série de sources permet de retracer l’évolution de la vie de la Société de crémation turinoise, de l’augmentation du nombre des associés, dont le profil correspond aux représentants des couches aisées de la société urbaine (propriétaires immobiliers, membres des professions libérales, banquiers…), les artisans et les ouvriers constituant l’exception12.

Registre des associés incinérés

  • 13 S. Nonnis-Vigilante, « Les intolérables des politiques mortuaires modernes… », art. cit., p. 145-14 (...)

21Ces registres sont lacunaires et il paraît difficile de combler ce vide. Néanmoins, les recherches menées, notamment à Turin, semblent prouver que la plupart des membres fondateurs des sociétés de crémation n’ont pas pris les dispositions nécessaires pour leur propre incinération. Les défections ont été importantes, même parmi les hygiénistes les plus progressistes comme le pathologiste Paolo Mantegazza. Les représentants de la médecine légale, par exemple, tel le criminologue Cesare Lombroso, avaient du mal à approuver la destruction des cadavres en raison, disaient-ils, du tort que cette destruction causait à la justice13.

22Parmi les documents les plus intéressants conservés aux Archives du Centre d’études Ariodante Fabretti figurent les Donations testamentaires, le Registre du budget, les Actes du troisième congrès de la Fédération italienne pour la crémation de 1903 et l’extrait de la Relation sur le fonctionnement moral et économique de la Société de crémation de Turin en 1918.

Mener de nouvelles études pour combler des lacunes

  • 14 Il s’agit des villes de Gênes, Turin, Novare, Asti, Bergame, Brescia, Mantoue, Modène, Bologne, Liv (...)

23Si les archives, les fonds, les séries de sources, manuscrites ou imprimées, les articles de presse présentés ici sont indispensables pour fonder l’étude sur la crémation en Italie, ils ne sont pas exhaustifs et ils doivent être complétés par d’autres sources. Il reste encore beaucoup à faire pour combler les lacunes. Il faudrait tout d’abord faire l’histoire de la Fédération des Sociétés italiennes de crémation, créée à Gênes en 1905, en présence de douze délégués14.

  • 15 Voir les travaux de référence suivants : A. A. Mola, Storia della massoneria italiana dall’Unità al (...)

24En ce qui concerne les implications idéologiques de la crémation, que les historiens n’ont, bien sûr, pas négligées15, on pourrait s’interroger davantage sur le rôle de promoteurs joué par les francs-maçons, en Italie comme dans le reste d’Europe. L’exploitation de l’abondante documentation conservée aux Archives du Grand Orient d’Italie, aux Archives centrales d’État de Rome, ainsi que le dépouillement de la revue La Rivista della massoneria italiana pourrait s’avérer très précieuse pour les historiens.

25La question très délicate de l’excommunication des crématistes par l’Église mérite être approfondie grâce aux documents conservés aux Archives secrètes du Vatican, aux Archives secrètes du Saint-Office et aux archives paroissiales.

  • 16 À titre d’exemples, citons : P. Mantegazza, « La cremazione », Nuova antologia, vol. XXII, 1874, p. (...)
  • 17 Par exemple, L. Pagliani, « La cremazione dei cadaveri », Rivista d’Igiene e Sanità pubblica, anno (...)

26La presse nationale et locale, qu’elle soit d’inspiration catholique, libérale ou socialiste, anarchiste, maçonnique, représentante de la libre pensée ou populaire, a joué le rôle d’une caisse de résonnance autour de la crémation ; elle appelle encore de nombreux dépouillements, ainsi que de multiples écrits conservés dans les bibliothèques civiques locales16. En matière de propagande, il convient de ne pas négliger les nombreuses conférences données par les partisans de la crémation (tout spécialement par les médecins hygiénistes17).

  • 18 S. Nonnis-Vigilante, « Les intolérables des politiques mortuaires modernes… », art. cit., p. 144-15 (...)

27Il faudrait aussi partir à la recherche d’archives privées, comme les Mémoires de médecins appartenant à l’élite de la profession, ou des médecins publics travaillant dans les quartiers ouvriers des villes, ou encore les Mémoires des curés des paroisses urbaines. Pour finir, on doit reconnaître qu’en dépit de la myriade de sources de tous genres qui traitent de la crémation, on manque de documents relatifs à l’attitude des classes populaires envers cette pratique. Si les partisans de la crémation ont été prolixes, ont laissé une grande quantité de témoignages, les classes populaires, elles, sont restées silencieuses sur ce sujet, comme sur d’autres. Soumis à une entreprise éducative allant de la scolarisation à la médicalisation, de la prévention à l’hygiène publique et privée, les hommes et les femmes du peuple semblent avoir été beaucoup plus attentifs aux dispositions prises pour améliorer leur qualité de vie qu’aux perspectives concernant leur mort18.

28Mener auprès d’eux une campagne de propagande était pratiquement impossible en un temps où le taux d’analphabétisme restait très élevé. En outre, les partisans de la crémation ne disposaient d’aucun instrument pour les convaincre, contrairement à l’Église omniprésente et pouvant compter sur la parole dissuasive des curés. Ainsi la crémation demeure-t-elle longtemps largement minoritaire dans tous les pays à majorité catholique, tandis que le débat continue parmi les élites, même

Notes

1 Monographies à l’échelle nationale : F. Conti, A.-M. Isastia e F. Tarozzi, La Morte laica, 1, Storia della cremazione in Italia, 1880-1920, Torino, Scriptorium, 1998 ; M. Filippa, La Morte contesa. Cremazione e riti funebri nell’Italia fascista, Torino, Paravia Scriptorium, 2001 ; M. Novarino e L. Prestia, Una Battaglia laica. Un secolo di storia della Federazione italiana per la cremazione, Torino, Fondazione Ariondante Fabretti, 2006. Monographies à l’échelle locale : G. De Martino e S. Negruzzo a cura di, Pietà pei defunti. Storia della cremazione a Pavia tra Otto e Novecento, Pavia, Università di Pavia, 2000 ; L. Gestri, Le Ceneri di Pisa. Storia della cremazione : l’associazionismo laico nelle lotte per l’igiene e la sanità, 1882-1939, Pisa, Nistri-Lischi, 2001  ; G. D’Elia, Storia della cremazione a Perugia, 1884-2005, Perugia, Futura, 2005 ; M. Novarino, L’Addio laico. Storia della cremazione a Novara, Torino, Fondazione Fabretti Onlus, 2006 ; C. Sonetti, Una Morte irriverente. La Società di Cremazione e l’anticlericalismo a Livorno, Bologna, Il Mulino, 2007.

2 Il s’agit des sociétés de crémation de Milan (1880), Pavie (1881), Brescia (1883), Pise (1884), Côme (1886), Lodi et Turin (1887), Rome, Crémone, Padoue, Udine, Varèse, Novara, Florence, Livourne, Asti, San Remo, Mantoue, Vérone (1888), Bologne (1889), Modène (1890), Venise (1892), Spolète (1894), Pérouse (1895), Gênes (1897), Pistoia (1901), Bergame (1902), Monza (1903), Bra (1904) et Savone (1911).

3 Précisons qu’en 1929, à l’issue du Concordat entre l’Église catholique et l’État italien, la situation empire : le régime multiplie les obstacles bureaucratiques. Le choix de la crémation survit alors dans les consciences d’un groupe exigu de laïcs (M. Filippa, La Morte contesa. Cremazione e riti funebri nell’Italia Fascista, Torino, Paravia, 2001). Après la chute du fascisme (1945) et au cours des années 1950, la discipline canonique s’assouplit grâce surtout à l’insistance répétée des curies diocésaines étrangères, sans pour autant arriver à l’effacement de l’excommunication.

4 Pour une comparaison entre la France et l’Italie, voir par exemple S. Nonnis-Vigilante, « Les intolérables des politiques mortuaires modernes. Le corps mort entre religion, idéologie et hygiène, en France et en Italie », Les Constructions de l’intolérable. Études d’anthropologie et d’histoire sur les frontières de l’espace moral, éd. D. Fassin et P. Bourdelais, Paris, La Découverte, 2005, p. 129-164.

5 La recherche a donné lieu à la publication de deux volumes : F. Conti, A.-M. Isastia e F. Tarozzi, La Morte laica, 1, Storia della cremazione in Italia…, op. cit. ; A. Comba, E. Mana e S. Nonnis Vigilante, La Morte laica, 2, Storia della cremazione a Torino, 1880-1920, Torino, Scriptorium, 1998. Les noms et titres des archives citées et des sociétés de crémation ont été francisés.

6 Voir notamment C. Milanesi, Mort apparente, mort imparfaite. Médecine et mentalités au XVIIIe siècle, Paris, Payot, 1991 [1989] ; S. Nonnis-Vigilante, « Entre normes et pratiques : la mort apparente et les inhumations précipitées, XIXe-XXe siècles », Il Medico di fronte alla morte (secoli XVI-XXI), a cura di G. Cosmacini e G. Vigarello, Milano, Mondadori, 2008, p. 131-158.

7 Voir S. Nonnis-Vigilante, « I cittadini tra inumazione e cremazione », La Morte laica, 2, Storia della cremazione a Torino…, op. cit., A. Comba, E. Mana e S. Nonnis Vigilante, p. 88-176.

8 Ces dissertations sont conservées aux Archives historiques de la ville de Turin, dans le fonds Santé et hygiène. Deux exemples : F. Torchio, Dei segni bioscopici e necroscopici applicati alla constatazione del decesso. Memoria presentata alla Regia accademia di medicina di Torino, 1855 ; F. Toso, Dell’analizzatore di vita Toso e dei sotterrati vivi ovvero il martirio del feretro, manuscrit adressé au maire de Turin, 20 mai 1887. Parmi les publications voir F. Galvagno, La Morte apparente ossia il pericolo che sovrasta all’uomo di venire sepolto vivo, Alba, Sansoldi 1857 ; Considerazioni sulla letargia o morte apparente seguite da una descrizione sommaria degli Apparecchi di soccorso Karnice, Milano, Tipografia centrale Balzaretti, 1898 ; O. Giacchi, La Morte apparente, Turin, Vincenzo Boni, 1899 ;A. Creazzo, Studio sulla morte apparente e sulla morte reale, Roma, Loescher, 1913.

9 Les informations relatives aux travaux du premier congrès international d’hygiène de Bruxelles de 1876 sont dans : Congrès international d’hygiène, de sauvetage et d’économie sociale. Bruxelles, 1876, Paris, Germer-Baillière, 1877, vol. 1, p.VII-XXXIX et p. 71-115 ; « Le Congrès d’hygiène de Bruxelles », Revue Scientifique, 1876/II, p. 400-405. Les informations concernant le congrès international d’hygiène de Paris de 1878 sont disponibles dans : Congrès international d’hygiène, tenu à Paris du 1er au 10 août 1878, Paris, Imprimerie nationale, 1880, 2 vol. Les Actes du troisième congrès international d’hygiène de Turin en 1880 se trouvent (sous forme manuscrite) aux Archives historiques de la ville de Turin, dans le fonds Santé et hygiène. Voir également S. Nonnis-Vigilante, « Idéologie sanitaire et projet politique. Les congrès internationaux d’hygiène de Bruxelles, Paris et Turin (1876-1880) », Les Hygiénistes. Enjeux, modèles et pratiques (XVIIIe-XXe siècles), éd. P. Bourdelais, Paris, Belin, 2001, p. 242-265.

10 L’excommunication de l’Église sera levée par Paul VI en 1963. Voir l’ouvrage de référence de Z. Suchecki, La Cremazione nel diritto canonico e civile, Città del Vaticano, Libreria Editrice Vaticana, 1998.

11 M. Novarino e D. Xocato a cura di, Ariodante Fabretti. Un laico tra impegno politico e sociale e ricerca, Torino, Fondazione Fabretti, Università popolare di Torino, 2013.

12 E. Mana, « Associarsi oltre la vita (1882-1925) », La Morte laica, 2, Storia della cremazione a Torino…, op. cit., p. 28-85.

13 S. Nonnis-Vigilante, « Les intolérables des politiques mortuaires modernes… », art. cit., p. 145-147.

14 Il s’agit des villes de Gênes, Turin, Novare, Asti, Bergame, Brescia, Mantoue, Modène, Bologne, Livourne, Pistoia, Florence.

15 Voir les travaux de référence suivants : A. A. Mola, Storia della massoneria italiana dall’Unità alla Repubblica, Bompiani, Milano, 1976 ; G. Verucci, L’Italia laica prima e dopo l’Unità 1848-1876. Anticlericalismo libero pensiero e ateismo nella società italiana, Roma-Bari, Laterza, 1983 ; A.-M. Isastia, « La massoneria e il progetto politico di fare gli italiani », La Morte laica, 1, Storia della cremazione in Italia…, op. cit., F. Conti, A.-M. Isastia e F. Tarozzi, p. 181-271; A.-M. Isastia, Uomini e idee della massoneria. La Massoneria della storia d’Italia, Roma, Atànor, 2001 ; M. Novarino e G. Vatri, Uomini e logge nella Torino capitale. Dalla fondazione della loggia “Ausonia” alla rinascita del Grande Oriente italiano (1859-1862), Torino, L’Età dell’acquario, 2009.

16 À titre d’exemples, citons : P. Mantegazza, « La cremazione », Nuova antologia, vol. XXII, 1874, p. 12 ; A. Ghisleri, « La cremazione », Almanacco del libero muratore, X, 1881, p. 64 ; G. Tesi, Igiene e cremazione, Pistoia, Fratelli Ciattini, 1909.

17 Par exemple, L. Pagliani, « La cremazione dei cadaveri », Rivista d’Igiene e Sanità pubblica, anno XVI, n. 13, 1904, p. 462 ; T. De Medici, Imbalsamazione, inumazione o cremazione ?, Forli, Tip. Democratica, 1879.

18 S. Nonnis-Vigilante, « Les intolérables des politiques mortuaires modernes… », art. cit., p. 144-150.

Auteur

Serenella Nonnis-Vigilante est docteur en histoire contemporaine, professeur agréée à l’EHESS, master 2 européen Santé, population, politiques sociales, ancienne maître de conférences associée à l’Université Paris 13 et membre associée du CRESC/Pléiade de l’Université Paris 13. Depuis une vingtaine d’années, elle mène une recherche comparative entre la France et l’Italie dans le domaine des sciences humaines, notamment sur la construction des politiques d’hygiène et de santé, des politiques mortuaires, du traitement du corps malade et du corps mort, des rapports médecin-malade, de l’humanisation de l’hôpital aux XIXe et XXe siècles.

© Éditions Universitaires d’Avignon, 2015

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