1Les tombeaux ont reçu des objets très variés qui ne subsistent plus aujourd’hui qu’à l’état résiduel : a disparu l’ensemble des monuments provisoires des fosses communes et concessions temporaires, qui furent dotés d’un décor foisonnant à en juger par quelques descriptions de la fin du XIX^e siècle. Les vols et actes de vandalisme se sont aussi multipliés dans les cimetières au cours des dernières décennies et la restauration de certains tombeaux ou leur réappropriation se sont traduites par le tri ou la suppression des décors anciens¹.

Le mobilier spécifique au catholicisme

2Un premier ensemble était constitué par un mobilier religieux peu différent de celui des lieux de culte ou des intérieurs domestiques, en particulier dans les mausolées (dits couramment « chapelles ») : chandeliers et crucifix d’autel, vases en porcelaine de Paris, statuettes. Certaines de ces dernières pouvaient provenir de la maison du mort. C’était en particulier le cas des autels miniatures, réductions destinées à l’initiation chrétienne, que l’on pouvait trouver sur des tombeaux enfantins et qui sont en général retournés dans le monde des vivants via le commerce des antiquités. Les petites plaques de métal et marbre ou de porcelaine évoquant la grotte de Lourdes sont en théorie des souvenirs de pèlerinage des proches du mort, en fait proposés aussi par les marbriers et marchands d’articles funéraires.

Croix et crucifix

3Les croix de fonte mériteraient des relevés systématiques, sous forme d’échantillons, qui ont été réalisés en quelques lieux. Elles portent souvent des marques ou plaques indiquant leur provenance et relèvent d’une fabrication de série aux multiples variantes de taille et de motifs. Elles ne sont pas exclusivement funéraires : on les retrouve aussi comme croix de carrefour. Des crucifix ont pu être fixés sur les croix de pierre des stèles. Sont plutôt réservés au cimetière ceux dont le Christ de fonte ou de bronze se détache sur un marbre gris ou noir. Les croix orthodoxes sont à deux ou trois traverses. Les tombeaux réformés ne portaient jusqu’à une date récente ordinairement pas de croix : ils sont ornés de la croix huguenote plutôt que du crucifix, utilisé par les luthériens.

Les couronnes et fleurs

4Les couronnes pérennes étaient soit en immortelles séchées et teintes, supportées par une armature en métal qui parfois seule subsiste dans des mausolées – elles pouvaient aussi être protégées par une vitre ou un verre bombé. Soit en perles, en métal moulé ou en terre cuite émaillée (comme celle de la couverture de ce livre). Dans ce dernier cas, la petite couronne d’immortelles jaunes en biscuit a été très répandue, accrochée aux acrotères des stèles ou aux piliers de l’encadrement de la dalle. La couronne de barbotine polychrome est plutôt un ornement isolé des dalles.

5Les fleurs artificielles sont pour la plupart récentes et en matériaux synthétiques, les plus anciennes ayant été volées ou mises au rebut. Dérivées des bouquets ornant les vases d’église et les intérieurs domestiques, elles pouvaient être, dans un mausolée, en cire ou tissu ou en perles, parfois en porcelaine.

Les plaques

6Les plaques épigraphiques peuvent être surajoutées aux stèles, scellées sur les murs intérieurs ou extérieurs des mausolées. Elles sont dans ce cas en marbre ou en porcelaine – ce fut une spécialité de Limoges. D’autres en tôle avec inscription au poinçon ou en fonte émaillée portant souvent l’épitaphe sont accrochées aux croix ou aux entourages de fer des tombeaux. Souvent en forme de cœur, elles ont caractérisé les fosses communes et subsistent aujourd’hui dans des cimetières ruraux peu utilisés.

7D’autres plaques sont posées sur la dalle. Il s’agit dans ce dernier cas en général de plaques sur lutrin, affectant souvent par leur découpe et leur relief la forme de livres ouverts. Elles apparaissent à la fin du XIX^e siècle (les plus anciennes sont rectangulaires, sur lutrin de fer forgé). Elles peuvent recevoir une dédicace au mort, de la part d’un proche, de ses amis ou d’un club sportif, ou bien l’épitaphe elle-même, en particulier si la stèle ou la dalle n’offrent plus de place pour sa gravure.

Portrait des morts

8Si nombre de bustes et statues en pied sont « immeuble par destination » (le tombeau a été conçu pour elles et leur ablation constituerait une dénaturation), diverses effigies des morts ont été rajoutées à partir de la seconde moitié du XIX^e siècle de diverses façons. Les plus anciennes sont dans les mausolées (chapelles) : photographies encadrées et vitraux (où le mort peut prêter ses traits à un ange ou un saint). Des bustes ou médaillons de plâtre ou terre cuite ont pu y être ajoutés également, ou bien dans des niches vitrées de stèles. Les photographies émaillées se sont multipliées à partir de la fin du XIX^e siècle, soit fixées sur le tombeau, soit sur une plaque.