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Scénographies numériques du patrimoine

 | 
Julie Deramond
, 
Jessica de Bideran
, 
Patrick Fraysse

DEUXIÈME PARTIE

Chapitre 3

UrbanHist : un système d’information géographique au service de la mise en valeur du patrimoine

Nicolas Marqué, Géraud de Lavedan et Rémi Béguet

Texte intégral

1La valorisation fait partie intégrante des missions dévolues à un service d’archives. Les formes peuvent en être très diverses : expositions, physiques ou virtuelles, publications, lectures d’archives, etc. Les Archives municipales de Toulouse ont choisi une approche plutôt originale pour mettre en valeur et diffuser des données sur le patrimoine toulousain, en développant un site Internet cartographique, basé sur un système d’information géographique (SIG). Cet outil, UrbanHist, est devenu fondamental pour la connaissance du patrimoine toulousain. Cependant, la place qu’il occupe aujourd’hui résulte des multiples transformations de l’outil, tout d’abord dédié aux professionnels du patrimoine, aux chercheurs, puis au grand public. Ce pari étant désormais atteint, UrbanHist continue sa diversification par l’ajout de nouveaux contenus, a priori inattendus.

Concevoir un outil sur le patrimoine toulousain

Du site au portail

2Au début des années 1990, plusieurs services de la mairie de Toulouse ont enclenché des démarches pour enrichir la connaissance du territoire communal. Le service de l’urbanisme a lancé un vaste programme d’inventaire de son patrimoine urbain et mobilier. Avec l’aide de l’État, puis de la Région Midi-Pyrénées, d’innombrables données d’architecture et d’urbanisme ont été collectées sur près de 25 000 édifices toulousains. De son côté, le service des Archives travaillait au développement d’un SIG dont la première couche serait constituée par les plans du cadastre de 1680 auxquels seraient reliées les données issues du dépouillement des matrices.

3En 2003, est apparue comme évidente l’idée de constituer un référentiel commun regroupant les données collectées par les services de l’Inventaire du patrimoine, des Archives et de l’Archéologie. Le choix s’est porté immédiatement vers la création d’un SIG, outil particulièrement adapté à la mise en perspective de données historiques sur le temps long. Soutenues politiquement, les Archives municipales ont porté le projet en centralisant, croisant et compilant l’ensemble des informations collectées ou produites par ces institutions.

4En 2006, la mairie de Toulouse ouvrait au plus grand nombre cette mine d’informations sur l’histoire et l’évolution du patrimoine toulousain. Techniquement, le site Web d’information grand public s’appuyait sur un générateur d’applications SIG. À l’exception du patrimoine architectural, qui était inventorié en base de données simple, beaucoup de données patrimoniales étaient déjà gérées par les services en SIG. En revanche, le regroupement de ces compétences sur une seule plateforme et surtout la valorisation de celles-ci au travers d’un SIG Internet pour tous constituait une vraie nouveauté. Même si le grand public peinait à s’approprier UrbanHist, probablement à cause de la complexité de son utilisation, de nombreux spécialistes ont tout de suite vu l’intérêt d’un tel projet. UrbanHist devenait alors la mémoire partagée du territoire toulousain.

5En 2012-2013, l’avancée des technologies et des usages ont poussé la mairie de Toulouse à faire évoluer la première version du site UrbanHist : une application de gestion et une application mobile y ont été ajoutées.

6UrbanHist Gestion permettait ainsi aux acteurs du projet UrbanHist de gérer le cycle de vie complet de leurs données, de saisir ou modifier ces dernières, de les confronter avec celles des autres corps de métier. Surtout, il devenait possible de les publier sur l’application UrbanHist destinée au grand public. Les données étaient désormais mises à jour quotidiennement. Les professionnels disposaient d’un véritable SIG collaboratif.

7Quant à l’application mobile gratuite, elle venait compléter le site grand public en répondant aux besoins grandissant de mobilité. Elle apportait également une nouvelle manière d’appréhender et de découvrir le patrimoine toulousain en proposant des sélections et circuits de visite construits grâce aux données collectées.

8En 2017, les Archives municipales ont décidé de rendre UrbanHist entièrement « responsive ». À cette occasion, le graphisme, et surtout l’organisation des différentes applications, ont été revus pour faire d’UrbanHist1 un véritable portail grand public. Depuis lors, il propose aux internautes deux modes de navigation, chacun adapté à une manière différente d’utiliser les ressources disponibles dans l’outil. L’un, plutôt ludique, permet de découvrir et visiter le patrimoine remarquable de Toulouse en allant à l’essentiel (UrbanHist2). L’autre, très scientifique, offre la possibilité d’effectuer des recherches approfondies sur le patrimoine et l’histoire de la ville (UrbanHist+3). Grand public et professionnels peuvent ainsi accéder facilement au patrimoine toulousain en choisissant le niveau de détail adapté à leurs besoins. Cette évolution marque clairement un tournant dans la vie d’UrbanHist qui, d’un simple site, est devenu un véritable portail.

9UrbanHist est un outil qui n’a cessé de s’adapter et de se développer depuis sa création, ceci pour répondre à l’évolution des usages et de la technologie, mais aussi pour intégrer de nouvelles données permettant de mieux appréhender le patrimoine et l’histoire de Toulouse. Cependant, une source d’information, aussi grande et pertinente soit-elle, n’a aucune valeur si elle n’est pas partagée et connue. Or, présentation aux publics et médiation n’ont été mises en place que récemment.

Valoriser le patrimoine en répondant aux attentes de publics différents

10Avant 2017 et la création du portail, UrbanHist était surtout consulté par des spécialistes (universitaires, chercheurs, étudiants, architectes, urbanistes et passionnés…). Il faut reconnaître qu’il n’y avait pas eu de réelle réflexion sur les publics. Le but premier était de regrouper, sur une même plateforme, des données provenant de compétences et d’institutions différentes. Une fois cet objectif atteint, la réflexion s’est portée sur l’accessibilité par le grand public, qui, bien que possible, n’était pas simple.

11En effet, avant la dernière refonte, UrbanHist proposait :

  • un site Internet cartographique sur lequel l’internaute arrivait directement, sans page d’accueil ; des données et des fonctionnalités disponibles uniquement sous forme brute : des sélections par thématique impossibles, des dénominations scientifiques (ex. : « patrimoine architectural ») ; des barrières techniques, car le site utilisait une technologie flash et n’était, de ce fait, accessible que depuis un ordinateur ;

  • une application mobile, très volumineuse, ne présentant qu’une partie des données.

12Il fallait donc une certaine volonté ou expertise pour venir, et surtout naviguer, sur UrbanHist. Les spécialistes et connaisseurs utilisaient régulièrement le site, mais il y avait un manque de consultation par les touristes, curieux et néophytes des patrimoines qui, face à ce volume de données et l’absence d’accompagnement, ne comprenaient pas nécessairement comment accéder à l’information qu’ils recherchaient ou ne mesuraient pas toutes les possibilités offertes par l’outil.

13Pour remédier à ce défaut, les Archives ont créé un groupe de travail réunissant l’ensemble des acteurs de la culture et du patrimoine de la ville et de la métropole (office de tourisme, musées, service du patrimoine, communication…) afin de réfléchir aux solutions à mettre en place pour permettre une meilleure lisibilité et accessibilité d’UrbanHist auprès de tous les publics.

14Ce ne sont pas de simples modifications du site et de l’application mobile qui ont été faites, mais une réorganisation et un repositionnement d’UrbanHist par rapport à ces utilisateurs potentiels. Les utilisateurs réguliers ne s’étaient pas arrêtés au côté « brut » d’UrbanHist : il fallait maintenant qu’UrbanHist fasse peau neuve pour que n’importe quel utilisateur voit au premier coup d’œil ce qu’UrbanHist pouvait lui proposer.

15Le site historique UrbanHist étant (et demeurant) celui qui propose le plus de données et le plus de fonctionnalités, il a donc été renommé UrbanHist+. En parallèle, a été créé un site cartographique qui a conservé le nom d’UrbanHist. Ce site n’expose qu’une partie des données, présentées sous forme de sélections et de circuits thématiques issus des diverses compétences patrimoniales (archéologie, patrimoine urbain, etc.). À partir de ces informations partielles, un lien permet d’accéder directement à toutes les données disponibles sur UrbanHist+. Les noms des sélections se veulent attractifs et compréhensibles par tous. Parmi ces sélections figurent « Les essentiels de la ville rose », une sélection d’une trentaine d’édifices remarquables de Toulouse, ou encore, « Archéologie en bord de Garonne », qui est un circuit sur les ponts disparus de Toulouse.

La création d’un nouveau site : UrbanHist 360

16La création de ce nouveau site permet aux internautes de visiter Toulouse sous un autre angle, en utilisant les dernières innovations. Le site propose plus d’une cinquantaine de vues immersives à 360°, réalisées en intérieur avec un appareil photo robotisé et en extérieur avec un drone. Elles sont consultables sur tous supports dont des lunettes de réalité virtuelle.

17Par ce biais, les Archives municipales ont créé une porte d’entrée très ludique sur le patrimoine. En effet, bien que ces vues soient conçues pour la contemplation, quelques informations patrimoniales sont présentes. L’internaute peut librement les ignorer ou au contraire s’en servir pour accéder facilement aux différents niveaux de connaissance que proposent UrbanHist et UrbanHist+.

18La page d’accueil permet de présenter le projet, d’orienter l’utilisateur en fonction de ses besoins, de faire de la communication et de l’aide à l’utilisation. Depuis cette page, l’utilisateur est majoritairement orienté vers UrbanHist, plus simple d’utilisation. Les spécialistes peuvent aussi accéder facilement à UrbanHist+ depuis cette page, véritable porte d’entrée du portail.

19Pour les quatre cents éléments sélectionnés dans UrbanHist et issus de bases différentes, il a fallu généraliser l’utilisation de notices succinctes. Ce paragraphe de synthèse, présent sur chaque élément, est le premier niveau d’information. Il a fallu ensuite harmoniser le nommage et organiser les données. Pour assurer une cohérence au sein du portail UrbanHist et améliorer la lisibilité d’UrbanHist+, les noms attribués aux sélections ont été rendus plus simples et attractifs. C’est ainsi que « Patrimoine architectural » est devenu « Édifices ». L’arborescence a également subi une refonte : elle comprend désormais trois groupes : « Édifices et œuvres », « Histoire » et « Archéologie ».

20Sur chaque fiche descriptive de bâtiment ou d’œuvre, des liens ont été mis en place, afin de passer facilement d’un niveau de lecture aisé et ludique (UrbanHist 360°), à un niveau un peu plus détaillé (UrbanHist) et même, au niveau scientifique le plus poussé (UrbanHist+).

  • 4 Chiffres disponibles en décembre 2019.
  • 5 Le taux de rebond mesure le pourcentage d’internautes qui ont quitté le site sans consulter d’autre (...)

21Le nouveau portail UrbanHist est encore régulièrement présenté lors de manifestations culturelles et patrimoniales sur le territoire toulousain, et les retours des utilisateurs rencontrés sont tous positifs. Sous un angle plus statistique, le nombre annuel de consultations d’UrbanHist a doublé, passant de 15 000 à 30 0004, et le taux de rebond5 a été divisé par deux.

22Ces résultats confortent les choix faits lors de la dernière refonte. Ils encouragent à pratiquer une veille sur les usages et les technologies, mais surtout, à réfléchir sur la manière de concevoir la diffusion des réalisations valorisant les patrimoines, afin d’intéresser le plus grand nombre, tout en conservant un niveau de qualité élevé.

L’appropriation d’UrbanHist par les chercheurs et les universitaires

23Aussi performant fût-il, le SIG UrbanHist n’était initialement pas tourné vers les universitaires. Les chercheurs étaient d’autant moins conscients de son potentiel que les systèmes d’information géographique étaient alors peu utilisés dans les sciences humaines, et par les historiens en particulier.

  • 6 I. Gregory, Historical G.I.S. Technologies, methodologies and scholarship, Cambridge, Cambridge Uni (...)
  • 7 F. Heimburger, E. Ruiz, « Faire de l’histoire à l’ère numérique : retours d’expériences », Revue d’ (...)

24Certains pionniers américains avaient mené quelques expériences, dès le début de la décennie 1990-20006, grâce à la simplification des interfaces des SIG et la baisse du prix des logiciels. Toutefois, en France, l’histoire quantitative ayant été critiquée pour sa fascination du nombre7, les historiens n’avaient pas encore perçu l’opportunité de l’utilisation des SIG pour la recherche historique.

  • 8 N. Marqué, Géohistoire de Toulouse et des villes de parlement (vers 1680-vers 1830), thèse en histo (...)
  • 9 H. Noizet, B. Bove, L. Costa, Paris de parcelles en pixels, analyse géomatique de l’espace parisien (...)
  • 10 A. Cogné, Patriciat et propriétés urbaines à Milan (xvie-xviiie siècles), Thèse d’histoire moderne (...)
  • 11 Knowles, « G.I.S. and History », art. cité, p. 7.
  • 12 Voir https://alpage.huma-num.fr/ (consulté le 10 décembre 2019).
  • 13 Voir http://www.pavage.map.archi.fr/Le_Pont-dAvignon/PAVAGE.html (consulté le 10 décembre 2019).

25De plus, cet outil semblait complexe et chronophage à bon nombre de chercheurs, particulièrement modernistes8 et contemporanéistes, alors que les antiquisants et les médiévistes, comme Hélène Noizet9 ou Albane Cogné10, le fréquentaient davantage. À l’image des archéologues, ils en avaient saisi le potentiel pour dresser des cartes fiables des époques étudiées11, développant ainsi plusieurs SIG, directement en lien avec des programmes de recherche comme ALPAGE pour l’espace parisien12 ou PAVAGE à Avignon13.

26UrbanHist se positionnait différemment en proposant déjà des données tirées de sources modernes et contemporaines. Malheureusement, ni l’Université de Toulouse, ni les laboratoires de recherche historique locaux n’y avaient été associés. Ce n’est qu’à partir de 2010 qu’un universitaire moderniste, Nicolas Marqué, s’est emparé de cet outil.

27Cette première utilisation d’UrbanHist par un historien a été motivée par le besoin de comprendre dans quelle mesure la présence d’administrations royales modelait la ville de Toulouse. Elle comptait de nombreux tribunaux qui jugeaient au nom du roi, mais également un parlement, donc une institution majeure qui pouvait à la fois juger en appel (dans son ressort immense allant des Pyrénées au Massif central, de l’Agenais à la vallée du Rhône) mais était aussi chargée d’enregistrer les textes de loi adoptés par le monarque pour qu’ils soient appliqués localement.

  • 14 Marqué, Géohistoire de Toulouse…, op. cit.

28L’étude avait également pour objet de cerner comment cette ville, qui ne comptait aucune activité commerciale ou industrielle de premier plan, a continué de se développer malgré la perte de son parlement et de ses institutions d’Ancien Régime sous la Révolution14. Cette perte semblait en effet catastrophique dans la mesure où ces services employaient directement ou indirectement une grande partie de la population urbaine. Nombreux furent alors ceux qui craignirent un dépeuplement ou un appauvrissement considérable de la population locale. Mais celui-ci ne se produit que durant quelques mois, avant que la capitale de Languedoc ne retrouve sa place dans la hiérarchie urbaine.

29Répondre à cette problématique impliquait de cartographier la ville avant la Révolution, et de situer ses administrations et tribunaux ainsi que les domiciles et les propriétés de ceux qui y travaillaient. Il fallait ensuite comprendre le devenir de ces parcelles durant la période révolutionnaire : furent-elles confisquées et revendues par les nouvelles autorités ? Qui les acheta ? Quelles furent les nouvelles activités qui y furent pratiquées et permirent d’employer les Toulousains ? Autant de questions qui impliquaient de mettre en place un SIG historique de la ville pour comparer trois périodes : un temps de grande puissance du parlement (à l’aide du cadastre de 1680), un temps de redéfinition (à l’aide du cadastre révolutionnaire) et un temps de stabilisation (à l’aide du cadastre de 1830).

  • 15 Le laboratoire FRAMESPA (France, Amériques, Espagne – Sociétés, pouvoirs, acteurs) regroupe histori (...)

30En débutant ses recherches, Nicolas Marqué a rapidement découvert toute la richesse et le potentiel d’UrbanHist. Il suffit alors de quelques réunions entre les représentants des Archives et ceux du laboratoire FRAMESPA (UMR 513615), notamment son directeur de l’époque, Jean-Marc Olivier pour trouver un accord permettant à Nicolas Marqué d’utiliser pleinement les fonctionnalités et les données d’UrbanHist en échange de l’ajout et de la mise à disposition, dans l’outil, de ses propres données. Il contribuait ainsi à l’enrichissement des informations relatives au cadastre révolutionnaire et à la cartographie des faubourgs du cadastre napoléonien.

31Cependant, dans quelle mesure pouvait-on faire évoluer la structure de l’outil, pour l’adapter aux besoins de sa recherche historique ? Peu d’adaptations furent nécessaires : deux champs principaux ont dû être ajoutés (motif de la saisie du bien et fonction associée à la parcelle à la suite de sa confiscation). UrbanHist a fait preuve d’une grande souplesse au cours de ces ajustements. C’est ainsi que, très vite, le personnel des Archives et le chercheur ont pu travailler ensemble avec efficacité.

  • 16  Marqué, Géohistoire de Toulouse…, op. cit., p. 264.

32Ce travail vit son heureuse conclusion marquée par la soutenance d’une thèse de doctorat en décembre 2015. L’utilisation d’UrbanHist avait tenu ses promesses dans la mesure où l’outil avait grandement contribué à répondre à la problématique. Cartographier les biens des parlementaires à la fin de l’Ancien Régime fut particulièrement intéressant car cette opération révèle leur très petit nombre et leur faible emprise au sol, alors même que les parlementaires possédaient d’immenses richesses et qu’aucun groupe social toulousain n’était capable de rivaliser avec eux. Cela permet de conclure que domination sociale et domination spatiale n’allaient pas de pair dans les villes de parlement de type continental comme Toulouse, conclusion également valable pour Douai, Pau, Dijon ou Besançon par exemple16. Ce décalage était causé par le fait qu’aucun groupe n’était capable, localement, de contester la prééminence sociale des parlementaires. Dès lors, ceux-ci préféraient investir dans des domaines ruraux associés à des titres et des honneurs plutôt que dans une ville où ils n’avaient rien à prouver. Cet exemple montre que l’usage du SIG a permis de produire des cartes pour répondre à une question initiale (où les biens des parlementaires sont-ils situés ?) mais également d’enrichir la problématique : la simple question de la localisation avait débouché sur l’observation d’un phénomène nouveau, à savoir le décalage entre domination sociale et domination spatiale, qu’il convenait, dès lors, d’expliquer.

  • 17 Ibid., p. 112-115.
  • 18 Ibid., p. 69. Voir également P. Gastou, « Parcelles d’histoire : le cadastre Grandvoinet (1788-1821 (...)

33Le SIG avait également dépassé les espérances initiales dans la mesure où il a permis de critiquer les sources utilisées. Le cadastre révolutionnaire avait la réputation d’être très approximatif au point qu’il ne fut jamais utilisé dans un but fiscal. Il fallait donc cerner son degré de fiabilité. Le logiciel présentait l’outil idéal pour cela : le calcul de la R.M.S17. Il s’agit d’une valeur calculée par le logiciel qui indique à quel point il a été contraint de déformer le plan ancien pour le superposer à la réalité actuelle. Prenons l’exemple d’un édifice dont l’emprise au sol est identique sur le cadastre actuel et sur le cadastre ancien, comme la cathédrale de Toulouse. Le logiciel ne devrait donc avoir qu’à changer l’échelle et l’orientation du plan ancien de cet élément pour le superposer au plan actuel, ce qui donnera une R.M.S. faible. En revanche, si le plan ancien a été mal fait, le logiciel devra faire changer la forme de la cathédrale sur le plan ancien, pour le superposer au plan récent, ce qui donnera une R.M.S. forte : signe que le plan n’est pas fiable. Le calcul de cette valeur en de nombreux endroits de la ville a permis de se rendre compte que le document ancien était parfaitement fiable et ne devait sa mauvaise réputation qu’au fait que les vérificateurs nommés à l’époque étaient en conflit direct avec celui qui supervisait la réalisation du cadastre à de multiples titres, au point que leur évaluation fut très peu objective18.

  • 19 Voir la page suivante du site de l’Université de Toulouse Jean-Jaurès (consultée le 12 juin 2020 : (...)

34UrbanHist fournit des résultats très encourageants dès sa première utilisation par les chercheurs en histoire, ce qui les amena à diversifier leurs perspectives. L’outil est désormais utilisé dans le cadre de mémoires de Master sous la direction de Nicolas Marqué19 depuis l’année universitaire 2017-2018, sur deux niveaux.

  • À l’échelle de chaque étudiant qui souhaite travailler sur Toulouse à l’époque moderne : chacun d’entre eux peut utiliser l’outil pour contribuer à répondre à sa problématique. La formation technique est assurée par les Archives municipales de Toulouse, la formation scientifique par le parcours numérique mis en place dans le cadre du master recherche, « Histoire et civilisations modernes et contemporaines » à l’Université Toulouse II Jean Jaurès.

  • À un niveau collaboratif : tout membre de la communauté universitaire qui utilise UrbanHist profite des données déjà saisies et s’engage en retour à laisser les autres accéder aux données qu’il y ajoute.

35Cette perspective s’incarne particulièrement dans le projet CartoCrime. Son but est de comprendre les évolutions de la criminalité locale durant une période de « la civilisation des mœurs » (1670-1789). L’enjeu est de pouvoir cartographier le crime à Toulouse, à cette époque, pour tenter de comprendre ses évolutions : la violence contre les biens l’emporte-t-elle sur celle qui vise les personnes ? La géographie du crime change-t-elle ? L’heure du crime est-elle différente au xviie et au xviiie siècle ? Autant de questions auxquelles il est possible de fournir de sérieux éléments de réponse grâce au fonds de la justice criminelle des capitouls (magistrats municipaux chargés de gérer la ville de Toulouse et notamment de rendre justice, depuis 1147 et jusqu’à la Révolution), conservé aux Archives municipales. Chaque participant au projet, enseignant ou étudiant de Master, place une partie des affaires criminelles et les décrit dans UrbanHist et laisse l’ensemble des participants avoir accès à ses données. Cette démarche participative permet d’affiner notre connaissance de la criminalité d’Ancien Régime bien plus rapidement que si un chercheur travaillait seul.

  • 20 E. Cros, Criminalité et espaces publics à Toulouse au début du xviiie siècle, Toulouse 2, mémoire d (...)

36Saisir dans un SIG les données issues de milliers de procès ne serait pas possible pour un seul chercheur. Toutefois, si chaque membre de la communauté universitaire qui s’y intéresse, notamment les étudiants de Master, verse les données qu’il a collectées dans une base commune, le projet devient réalisable à long terme et lie les intérêts particuliers à un intérêt collectif. Cette dynamique est déjà en place : chacun donne aux autres chercheurs l’accès aux données qu’il saisit et peut directement consulter celles saisies par ses prédécesseurs. Deux mémoires de Master 1 ont été soutenus dans ce cadre en 201920 et d’autres sont en cours de réalisation.

37L’état d’avancement du projet CartoCrime, ainsi que l’évolution d’UrbanHist, sont par ailleurs mis en avant tous les ans auprès des chercheurs de l’Université Jean-Jaurès dans le cadre du séminaire d’histoire de Toulouse et du séminaire d’histoire numérique. Cela permet, à la fois, de faire connaître la démarche de recherche particulière mise en place à l’aide d’UrbanHist et de recevoir des avis et éclairages des chercheurs qui utilisent ce type de SIG pour d’autres études.

Une diversification des contenus à poursuivre : les données judiciaires

La justice en scène

  • 21 Ce fonds, autrefois conservé aux Archives départementales de la Haute-Garonne, comprend l’intégrali (...)

38Depuis le début du classement du fonds des procédures criminelles des capitouls, les Archives de Toulouse n’ont eu de cesse de chercher à valoriser ces documents exceptionnels, réintégrés dans leurs collections en 200721. Elles ont visé d’abord le public traditionnel des universitaires, pour rapidement se tourner vers une audience plus large.

39Ainsi, en 2016, est née Dans les Bas-Fonds, une rubrique mensuelle en ligne, proposant des dossiers thématiques consultables et téléchargeables. Ceux-ci, invariablement constitués d’un article et du fac-similé intégral d’une procédure choisie, sont établis en s’appuyant sur les données des procédures criminelles dont le classement progresse peu à peu. Si les thèmes concernant la justice y prédominent, on y traite aussi de sujets variés, tels que la perruque, les lettres d’amour, le théâtre ou encore les pots de chambre et latrines.

  • 22 Archives municipales de Toulouse, « Le temps des maquerelles », Dans les bas-fonds, 9, septembre 20 (...)
  • 23 Archives municipales de Toulouse, « Les charrettes de la mort », Dans les bas-fonds, 28, avril 2018 (...)

40En septembre 2016, un de ces dossiers proposait un premier essai de cartographie à partir d’UrbanHist : celui des bordels publics (clandestins) dans la ville au xviiie siècle22. Malgré le travail méticuleux de recherche et d’identification des parcelles et maisons précises, cette carte restait toutefois sans lendemain, car elle n’avait d’autre but que d’illustrer et de documenter le dossier, au même titre que toute carte publiée dans un ouvrage. Aucune des données collectées ne restait donc associée à la base UrbanHist, qui n’avait en quelque sorte servi qu’à fournir un fond de plan précis. Une étape supplémentaire était franchie en avril 2018 avec un dossier sur les accidents de la circulation23 pour lequel l’annexe « Heurts, froissements ou écrasements : les traumatismes relevés sur les victimes d’accidents de la circulation » présentait déjà une structure de base de données élaborée ; on y joignait aussi des transcriptions et des schémas d’autopsie. Si cette fois la carte était absente, les cordonnées Lambert des lieux de l’accident étaient fournies. Enfin, la conclusion de ce dossier thématique présageait clairement de l’opportunité de se saisir du SIG en incitant les chercheurs futurs à cartographier les flux de circulation dans la ville d’Ancien Régime à partir des procès-verbaux d’accidents.

41Ce n’est qu’un an plus tard, en marge de Dans les Bas-Fonds, en pleine réflexion autour de CartoCrime naissant, que le choix s’est fait. Il a été aiguillonné par la publication très remarquée de la London Medieval Murder Map, développée par le laboratoire Violence Research Centre de l’Université de Cambridge. Cette réalisation faite sur Google Maps confirmait qu’il fallait absolument s’appuyer sur UrbanHist afin de mieux présenter et faire découvrir la richesse des fonds d’archives à un public toujours plus large. Le thème a rapidement été choisi, sinon copié sur celui de Londres : ce serait le meurtre entre 1670 et 1790.

  • 24 Cf. « Julia, acte I : les premières armes » et « Julia, acte II : l’âge de raison » sur Meurtres à (...)

42L’opportunité de consacrer du temps à réaliser un tel projet s’est présentée en la personne d’une archiviste stagiaire au profil idéal : spécialiste de la justice criminelle d’Ancien Régime, déjà formée en paléographie, avec de solides bases en informatique, elle avait aussi travaillé durant son cursus universitaire en histoire du droit sur deux des meurtres toulousains les plus retentissants de cette période24.

43Loin de couper l’herbe sous le pied à CartoCrime, cette réalisation axée autour du crime violent devait au contraire lui servir de laboratoire afin de mettre à l’épreuve les premières réflexions autour de ce projet, de tester les possibilités de la base de données, et de frôler ou repousser les limites du logiciel. Il était aussi attendu que ce travail ouvre sur de nouveaux champs encore insoupçonnés. Meurtre à la carte venait ainsi de naître sur le papier : restait à lui donner une matérialité.

  • 25 Une soixantaine de cas a été sélectionnée pour cette première phase. Par ailleurs, l’estimation pre (...)

44Le choix d’un corpus estimé à environ une centaine de cas25, rendait l’étude faisable dans le temps imparti de cinq mois auquel nous étions tenus par la durée du stage.

45Si la partie la plus simple du travail, mais aussi la plus chronophage, a été d’élaborer et de nourrir une base en y recensant toutes les données relatives aux meurtres choisis, une autre phase essentielle a été de replacer les lieux du meurtre ou de découverte des corps sur la carte. La fiabilité d’UrbanHist, avec sa couche géo-référencée du cadastre de 1680 (tout au moins pour l’intra-muros), invite naturellement un recalage très précis. Il a ainsi fallu de longues heures afin de pouvoir identifier, avec plus ou moins de bonheur, les endroits exacts des crimes. Certains points ont nécessité la consultation et compilation d’un nombre incalculable de volumes de matrices cadastrales, de plans anciens, de données toponymiques, de registres d’imposition et de capitation, quelquefois même de registres paroissiaux, alors que d’autres meurtres ont pu être placés avec une précision parfaite, sans coup férir.

Meurtre en deux temps

46La longue période consacrée à la phase d’élaboration des bases a eu un effet bénéfique : celui de permettre l’émergence de nombreuses questions quant au public auquel Meurtre à la carte voulait s’adresser, et ce que les contraintes diverses allaient réellement permettre de lui proposer. Le principe désormais établi d’UrbanHist étant d’offrir deux accès (l’un, UrbanHist grand public et l’autre, UrbanHist+), qui sont autant de niveaux de lecture et d’accès à l’information, devait nous servir de cadre et nous inspirer.

  • 26 Ce choix s’est révélé judicieux puisque, quelques mois plus tard, en salle de lecture ou lors de sé (...)

47Sur le site grand public, nous avons opté pour une présentation des plus simples. Tout d’abord, en forgeant un nom pour chacune des affaires ; ce choix des titres a été crucial26. Puis, en rédigeant un résumé de chacun des meurtres, écrit en moins de 1 000 caractères, rédigé dans un style se voulant presque journalistique et sensationnel, et pourtant extrêmement précis. L’envie de pouvoir s’adresser à tous les publics nous a aiguillonnés.

48De son côté, le site UrbanHist+, qui s’adresse plus particulièrement aux universitaires et chercheurs, devait quant à lui proposer des contenus solides, novateurs même. Mis à part les nombreux champs développés dans la base de données initiale, deux modifications se sont greffées en cours de route : des notices détaillées rédigées sous un angle particulier, ainsi que l’ajout de transcriptions de documents.

  • 27 Menées que les magistrats n’ont su (ou voulu) voir à l’époque et qui ont été mises au jour en étudi (...)

49Après la notice succincte qui résume l’affaire (et qui est présente sur les deux sites), la notice détaillée a fait l’objet de bien des hésitations. L’idée de proposer un compte-rendu détaillé du meurtre s’est révélée problématique. Il fallait nécessairement apporter plus au lecteur, d’autant que l’on souhaitait s’adresser à des chercheurs potentiels. Le choix de rédiger ces notices comme de véritables articles scientifiques s’est donc imposé afin de mettre en avant ce que, peut-être, seules les Archives pouvaient percevoir et offrir en brassant une documentation qui allait bien au-delà de celle qu’offrait la seule procédure criminelle. Ainsi, la notice « Feu sur le dragon » se concentre longuement sur les menées secrètes du suspect en fuite pour obtenir sa relaxe27 ; celle du « Baron de Garanné » est principalement axée sur les sons et les bruits entendus par les témoins la nuit du meurtre ; « Une envie trop pressante », où un soldat du guet tue un passant, a été une opportunité pour développer une notice consacrée aux troubles causés par la compagnie du guet sur toute la période du xviiie siècle.

50Les transcriptions intégrales ont été limitées à trois types de pièces que l’on retrouve généralement dans toutes les procédures : le procès-verbal de descente ou la plainte, la relation d’autopsie, la sentence définitive. Elles ont été établies selon les règles de l’École nationale des chartes et sont donc le reflet fidèle du document original. Loin d’inviter le chercheur à la paresse, elles sont là pour aiguiser son intérêt et l’inciter à venir ensuite consulter en salle de lecture le reste de la procédure si le cas s’y prête.

Les ramifications du crime

51La mise en ligne de Meurtres à la carte est d’abord volontairement restée confidentielle ; seuls les usagers d’UrbanHist auront remarqué cette nouvelle couche venue enrichir la base.

52L’absence de communication ou de publicité a été motivée par des problèmes techniques. En effet, après la mise en ligne initiale, le géomaticien des Archives a conseillé de ne faire aucune mise à jour, le temps que les développeurs résolvent un défi crucial auquel le logiciel s’est soudain trouvé confronté : celui du champ des individus dans la base, que l’on peut retrouver à différentes périodes (Arnaud Julia tue en 1703, puis récidive en 1709, il a alors un âge et un métier différents – le logiciel ne sachant pas gérer correctement de telles données changeantes). Une journée d’étude prévue en avril 2020, organisée avec les Universités Toulouse 1 Capitole et Toulouse 2 Jean-Jaurès devait consacrer un de ses volets à la présentation officielle de l’outil aux chercheurs. L’épidémie de COVID-19 a empêché la tenue de cet évènement ; il reste donc aux acteurs de Meurtres à la carte d’inventer désormais de nouvelles façons de communiquer, adaptées au contexte actuel.

53Une fois les derniers obstacles techniques réglés, il est possible de se tourner vers l’avenir avec l’intégration de nouveaux meurtres ou cas de morts suspectes qui vont venir enrichir le corpus des cinquante-neuf déjà présents. Une vingtaine de points et de notices attendent désormais d’être placés sur Meurtres à la carte. Ils sont le fruit du travail d’étudiants des deux années du Master d’histoire du droit de l’Université Toulouse 1 Capitole qui ont transcrit les procès-verbaux de découverte de noyés ou de morts de faim et de froid, ainsi que les rapports de leurs autopsies.

54Durant l’été 2020, une des premières collaboratrices de Meurtres à la carte devrait bénéficier d’une vacation afin de préparer de nouvelles entrées et de rédiger des notices détaillées encore en souffrance. Cette campagne estivale a aussi pour objectif de finaliser l’intégration des schémas des autopsies pour les rendre visibles sur la base. Dans les années à venir, tous les cas de meurtres qui seront découverts lors du classement progressif du fonds de justice des Capitouls vont ainsi venir s’ajouter à la carte.

55Fidèle à leur principe de collaboration étroite avec les étudiants et chercheurs, les Archives et UrbanHist travaillent à développer à court terme de nouvelles thématiques, toujours à partir des archives criminelles. Ainsi, celle des charivaris – dont les données ont déjà été collectées – devrait voir le jour avant la fin 2020. Bien plus modeste que celle des meurtres, la couche des charivaris ne manquera pas d’être un nouveau défi puisque lors des discussions préliminaires, il a été évoqué la possibilité de reproduire des parcours entiers (le cortège du charivari) dans les rues, voire encore de restituer les sonorités (bruit de trompettes, tambours, casseroles et autres) et donc de les matérialiser de manière cohérente sur le SIG. D’autres thématiques sont actuellement à l’étude. Celles de flux de circulation, des sages-femmes, des bordels publics ou encore des bouchons et cabarets ont déjà été évoquées avec des étudiants et des enseignants-chercheurs qui travaillent actuellement sur ces sujets.

Conclusion

56Les Archives municipales de Toulouse contiennent nombre de documents fascinants pour les publics toulousains comme non-toulousains. Mais comment favoriser l’accès à ces ressources ? Comment les faire connaître au plus grand nombre et permettre à qui le souhaite de découvrir des pages de l’histoire locale, que ce soit dans un but scientifique pour les chercheurs, pour satisfaire un désir d’érudition locale pour certains habitants ou tout simplement par curiosité ?

57Utiliser un système d’information géographique, et donc répertorier les documents en mettant en avant le critère spatial est le fruit d’une piste prometteuse qui a abouti à la création d’UrbanHist. Ce SIG a été mis à disposition de chacun sur Internet à partir de 2006, mais, dans un premier temps, a peiné à trouver son public. Plusieurs améliorations et trois versions du système ont donc été nécessaires, tant en termes techniques qu’en termes de communication, pour développer la fréquentation et diversifier les publics usagers de cet outil.

58Les chercheurs en histoire ont été parmi les premiers à fréquenter régulièrement le site, à partir de 2010. Ils ont été sensibles au fait que l’outil permettait d’interroger les documents cadastraux d’une manière très performante pour mieux connaître les évolutions urbaines, et qu’il offrait également la possibilité de croiser ces éléments avec d’autres, comme le fonds criminel pour pouvoir étudier les pratiques des Toulousains de l’époque moderne et les replacer dans le cadre urbain (projet CartoCrime). UrbanHist ne se contentait pas uniquement de reconstituer des plans de la ville dans le passé, il permettait de leur donner vie, donc de bien mieux comprendre l’utilisation de l’espace urbain par les populations de l’époque. La fréquentation du site par le grand public s’est développée dans un second temps, principalement à partir de 2017 : à la fois grâce à des améliorations techniques et à la mise en place de nouvelles manières de présenter le patrimoine, comme les vues en drone à 360° ou la rubrique Meurtres à la carte. Celle-ci présente une petite centaine de cas d’homicides et de morts suspectes au grand public et s’enrichit progressivement, grâce aux données saisies par le personnel des archives et par les jeunes chercheurs en histoire qui sont de plus en plus nombreux à s’approprier le SIG dans le cadre de leur master.

  • 28 Le laboratoire TRACES (Travaux et Recherches Archéologiques sur les Cultures, les Espaces et les So (...)

59Enfin, en marge de Meurtres à la carte ou de CartoCrime, le recalage et le géo-référencement des plans du cadastre pour les faubourgs et le « gardiage », c’est-à-dire la banlieue de la ville, devraient permettre, non seulement, une plus grande précision dans le placement des points sur ces zones, mais encore une meilleure lisibilité et compréhension de l’environnement du crime par les utilisateurs d’UrbanHist. Un partenariat établi avec un enseignant-chercheur du laboratoire TRACES (UMR 5608)28 et ses étudiants de master devrait rapidement porter ses fruits et permettre de restituer la cartographie complète du cadastre de 1680. Cette adjonction de zones péri-urbaines, voire pleinement rurales, ne manquera pas de bouleverser l’appréhension de la ville à différentes époques de son évolution et de favoriser de nouveaux intérêts et recherches qui, à leur tour, inciteront à réinventer de nouvelles couches pour enrichir la base et ainsi, faire évoluer Urbanhist.

Bibliographie

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Cogné Albane, Patriciat et propriétés urbaines à Milan (xviie-xviiie siècles), thèse en histoire moderne (dir. G. Bertrand), Université de Grenoble-Alpes, 2007.

Cros Elisa, Criminalité et espaces publics à Toulouse au début du xviiie siècle, mémoire de Master 1, Université de Toulouse 2, 2019.

Gastou Pierre, « Parcelles d’histoire : le cadastre Grandvoinet (1788-1821) », in Toulouse, une métropole méridionale, B. Suau (dir.), Toulouse, PUM, 2009, p. 87-96.

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Noizet Hélène, Bove Boris, Costa Laurent, Paris de parcelles en pixels, analyse géomatique de l’espace parisien médiéval et moderne, Paris, Presses Universitaires de Vincennes, 2013.

Notes

1 Voir https://www.urban-hist.toulouse.fr (consulté le 12 juin 2020).

2 Voir https://www.urban-hist.toulouse.fr/uh/ (consulté le 10 juin 2020).

3 Voir https://www.urban-hist.toulouse.fr/uhplus/ (consulté le 10 juin 2020).

4 Chiffres disponibles en décembre 2019.

5 Le taux de rebond mesure le pourcentage d’internautes qui ont quitté le site sans consulter d’autres pages que celle sur laquelle ils sont entrés.

6 I. Gregory, Historical G.I.S. Technologies, methodologies and scholarship, Cambridge, Cambridge University Press, 2007, p. 15. Voir également A.-K. Knowles, « G.I.S. and History », in A.-K. Knowles (dir.), Placing History: How Maps, Spatial Data, and G.I.S. Are Changing Historical Scholarship, New York, ESRI Press, 2008, p. 1-27.

7 F. Heimburger, E. Ruiz, « Faire de l’histoire à l’ère numérique : retours d’expériences », Revue d’histoire moderne et contemporaine, 58/4bis, 2011, p. 70-89.

8 N. Marqué, Géohistoire de Toulouse et des villes de parlement (vers 1680-vers 1830), thèse en histoire moderne et contemporaine (sous la dir. de J. Thomas), Université de Toulouse 2 Jean Jaurès, 2015, p. 116-117.

9 H. Noizet, B. Bove, L. Costa, Paris de parcelles en pixels, analyse géomatique de l’espace parisien médiéval et moderne, Paris, Presses Universitaires de Vincennes, 2013.

10 A. Cogné, Patriciat et propriétés urbaines à Milan (xvie-xviiie siècles), Thèse d’histoire moderne (dir. G. Bertrand), Université de Grenoble-Alpes, 2007.

11 Knowles, « G.I.S. and History », art. cité, p. 7.

12 Voir https://alpage.huma-num.fr/ (consulté le 10 décembre 2019).

13 Voir http://www.pavage.map.archi.fr/Le_Pont-dAvignon/PAVAGE.html (consulté le 10 décembre 2019).

14 Marqué, Géohistoire de Toulouse…, op. cit.

15 Le laboratoire FRAMESPA (France, Amériques, Espagne – Sociétés, pouvoirs, acteurs) regroupe historiens médiévistes, modernistes et contemporanéistes, des archéologues, des historiens de l’art, des civilisationnistes et des littéraires. Il présente un ancrage méridional fort (voir https://framespa.univ-tlse2.fr/ consulté le 18 juin 2020).

16  Marqué, Géohistoire de Toulouse…, op. cit., p. 264.

17 Ibid., p. 112-115.

18 Ibid., p. 69. Voir également P. Gastou, « Parcelles d’histoire : le cadastre Grandvoinet (1788-1821) », in Toulouse, une métropole méridionale, B. Suau (dir.), Toulouse, PUM, 2009, p. 87-96.

19 Voir la page suivante du site de l’Université de Toulouse Jean-Jaurès (consultée le 12 juin 2020 : https://master-histoire-moderne-contemporaine.univ-tlse2.fr/accueil/navigation/qui-peut-diriger-mon-memoire-/nicolas-marque-527812.kjsp)

20 E. Cros, Criminalité et espaces publics à Toulouse au début du xviiie siècle, Toulouse 2, mémoire de Master 1, 2019 ; A. Agnier, Militaires et criminalités à Toulouse en 1755, Toulouse 2, mémoire de Master 1, 2019.

21 Ce fonds, autrefois conservé aux Archives départementales de la Haute-Garonne, comprend l’intégralité des procédures criminelles instruites et jugées par les capitouls entre 1670 et 1790.

22 Archives municipales de Toulouse, « Le temps des maquerelles », Dans les bas-fonds, 9, septembre 2016, publication en ligne [CC BY-SA 3.0 FR].

23 Archives municipales de Toulouse, « Les charrettes de la mort », Dans les bas-fonds, 28, avril 2018, publication en ligne [CC BY-SA 4.0 FR].

24 Cf. « Julia, acte I : les premières armes » et « Julia, acte II : l’âge de raison » sur Meurtres à la Carte.

25 Une soixantaine de cas a été sélectionnée pour cette première phase. Par ailleurs, l’estimation première doit être revue : les fonds d’archives (classés comme en cours de classement) recèlent entre 250 et 300 cas de meurtres ou morts violentes.

26 Ce choix s’est révélé judicieux puisque, quelques mois plus tard, en salle de lecture ou lors de séminaires, les étudiants parlent de Baby vitriol ou d’autres affaires, comme on cite le dernier polar à la mode.

27 Menées que les magistrats n’ont su (ou voulu) voir à l’époque et qui ont été mises au jour en étudiant finement les cercles de relation des témoins.

28 Le laboratoire TRACES (Travaux et Recherches Archéologiques sur les Cultures, les Espaces et les Sociétés) de l’Université Toulouse II Jean-Jaurès, est spécialisé en archéologie, tant à l’échelle nationale qu’internationale.

Auteurs

Nicolas Marqué est maître de conférences à l’Université Toulouse - Jean Jaurès, spécialisé en histoire urbaine. Il travaille à l’aide d’UrbanHist depuis son doctorat soutenu en 2015, son but était alors de comprendre les transformations de villes importantes comme Toulouse durant la Révolution française.

Géraud de Lavedan : responsable des fonds anciens des Archives de Toulouse, il est à l’origine d’UrbanHist et impulse des projets innovants tels Les Bas-Fonds, Meurtres à la carte et #MaPetiteSalleDeLectureVirtuelle, dont le but est de favoriser la recherche historique, tout en permettant l’ouverture des Archives auprès du grand public.

Rémi Béguet, après un BTS Géomètre-Topographe, puis une licence professionnelle en Système d’Information Géographique (SIG), Rémi Béguet a travaillé dix ans comme technicien SIG pour le cycle de l’eau de Toulouse Métropole. Chef de projet SIG et multimédia au sein des Archives municipales de Toulouse depuis 2016, il est aujourd’hui responsable de l’équipe SIG, à la Direction du numérique de la mairie de Toulouse et Toulouse métropole.

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