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Scénographies numériques du patrimoine

 | 
Julie Deramond
, 
Jessica de Bideran
, 
Patrick Fraysse

PREMIÈRE PARTIE

Nouvelles représentations du patrimoine

Texte intégral

1Les nouvelles scénographies numériques s’appuient sur des processus longs de documentarisation patrimoniale. Comme le montrent de récents exemples avignonnais, il s’agit encore, le plus souvent, de produire des images de synthèse qui circulent des laboratoires de recherche vers les dispositifs de valorisation. C’est le cas de la reconstitution du Pont d’Avignon à l’issue des programmes PAVAGE et D’une Rive à l’autre1 mais aussi de l’HistoPad exploité par le Palais des Papes dans le cadre de son parcours de visite. Mais on observe aussi, depuis quelques années, l’émergence de nouveaux projets qui visent cette fois à donner matérialité aux sons du passé. Des chercheurs comme Mylène Pardoën avec son expérience de reconstitution du paysage sonore de Paris au XVIIIe siècle (Projet Bretez)2 ou ici, Julien Ferrando qui cherche à reconstituer l’acoustique de la chapelle Clémentine du XIVe siècle au cœur du Palais des Papes d’Avignon, ouvrent de nouvelles pistes d’écriture de la recherche en explorant l’approche sensorielle, susceptible également d’agir sur l’expérience de visite.

  • 3 Ces expressions ont notamment été travaillées dans le cadre de nos recherches doctorales, respectiv (...)

2Dans les deux cas, les chercheurs se nourrissent d’une documentation éparse afin de répondre à des questionnements qui sortent du cadre de leurs interrogations habituelles : celles des infographistes qui produisent ces images de synthèse de monuments du passé, altérés ou perdus, mais aussi leurs propres interrogations lorsqu’ils s’inquiètent par exemple du nombre originel de piles du pont Saint-Bénezet à Avignon ou de l’emplacement des chantres dans la chapelle Clémentine. Comment passe-t-on de traces dispersées dans des fonds d’archives ou des vestiges archéologiques à ces objets hybrides que nous avons nommés « documents monumentaires » ou « monuments virtuels3 » ? Comment chercheurs et professionnels œuvrent-ils conjointement pour donner à voir le produit de la recherche scientifique et faire œuvre de médiation ? Comment s’articulent le temps long de la recherche historique et le temps court de la valorisation ? Quels sont les biais et enjeux scientifiques relatifs à la mise en image, en son et/ou en récit de ce patrimoine « reconstitué » ?

3Les deux textes suivants, évoquant deux projets concrets réalisés ou initiés au sein du Palais des Papes à Avignon, nous permettent de répondre à quelques-unes de ces questions.

Notes

1 Voir notamment ce document explicatif qui résume bien le projet : http://www.artgp.fr/IMG/pdf/1b732ab5453f24086044a7ec45288c3c.pdf (consulté le 29 juin 2020).

2 Voir à cet égard cette présentation sur le site de la Maison des Sciences Humaines de Lyon : https://www.msh-lse.fr/projets/bretez/ (consulté le 2 juillet 2020) et M. Pardoën, « Restituer le passé sonore de Paris », Mondes Sociaux, Magazine de sciences humaines et sociales, 2015 (https://sms.hypotheses.org/5930 consulté le 2 juillet 2020).

3 Ces expressions ont notamment été travaillées dans le cadre de nos recherches doctorales, respectivement en 2006 : P. Fraysse, Le patrimoine monumental en images : des méditations informationnelles à la conversion monumentaire des documents, Thèse de doctorat en Sciences de l’information et de la communication (dir. V. Couzinet et G. Régimbeau), Toulouse 2, 2006 ; et en 2012 : J. de Bideran, Infographie, images de synthèse et patrimoine monumental : espace de représentation, espace de médiation, thèse de doctorat en Art et histoire de l’art (dir. P. Araguas), Université Michel de Montaigne - Bordeaux III, 2012.

© Éditions Universitaires d’Avignon, 2020

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