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Révolutionner les cultures politiques

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Nicolas Soulas

Seconde partie : mutations de la conflictualité et construction du politique au tournant du XVIIIe siècle

Introduction à la seconde partie

Texte intégral

1La seconde partie de cet ouvrage vise à mettre en évidence les mutations des pratiques politiques au prisme de la conflictualité locale. Passée au crible de la micro-analyse, à l’échelle la plus proche du vécu, l’étude de la conflictualité permet d’envisager ces pratiques de la décennie révolutionnaire sous un nouvel angle en appréhendant les variations de la culture politique locale dans la longue durée. Il existe une vie politique intense sous l’Ancien Régime, caractérisée par une conflictualité spécifique. Celle-ci résulte d’un système de représentations et de valeurs dans lequel les acteurs évoluent et dont ils maîtrisent les codes. Reste qu’en nationalisant la vie politique locale, la Révolution modifie profondément le rapport que les contemporains entretiennent avec les affaires publiques. Il s’agira de préciser comment, en apportant un nouveau souffle à la conflictualité locale, la Révolution transforme en profondeur les arènes politiques. En élargissant la sphère politique à de nouveaux protagonistes et en démocratisant l’espace public, la Révolution produit localement de nouvelles situations de mise en concurrence qui amplifient la compétition entre individus pour la conquête du pouvoir et les obligent à revoir des stratégies qui ne sont plus adaptées aux nouveaux contextes institutionnels. Dès lors, ce nouveau rapport au politique génère des conditions propices à multiplier les conflits qui atteignent une intensité encore inégalée. Ces antagonismes ne constituent pas toujours de pures innovations mais procèdent parfois d’héritages remaniés de pratiques plus anciennes.

2Cette seconde partie ne versera pas dans une histoire quantitative qui comptabiliserait dans le cadre d’une étude sérielle les différentes formes de conflictualités entre 1750 et 1820. Il s’agit, au contraire, en s’appuyant sur quelques exemples significatifs (élections, réquisitions militaires, question religieuse, etc.), d’apporter un regard neuf et de proposer des pistes de réflexion sur les voies et le rythme de la construction du politique, au niveau local, au tournant du XVIIIe siècle.

© Éditions Universitaires d’Avignon, 2020

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