La participation des villes castillanes à la politique du royaume (xiiie-xvie siècles)
p. 191-219
Résumé
En général, le pouvoir politique dans les sociétés d’Ancien Régime n’était pas concentré uniquement entre les mains du monarque, mais réparti entre les différents pouvoirs : ordres militaires, corporations, seigneurs, villes et d’autres instances de pouvoir de nature diverse. Chaque pouvoir voulait être présent dans les structures supérieures pour mieux défendre ses intérêts. Mais les villes castillanes cherchaient cependant à être proches de la monarchie pour collaborer dans les domaines de la justice, de la paix et de la sécurité. Au cours des règnes du xiiie au xvie siècle, les villes étaient informées des questions importantes, avec même une présence continue de députés urbains au Conseil royal, à la cour et dans l’entourage du monarque. Depuis 1474, les continos reales choisis parmi les élites urbaines participaient à la défense militaire et intervenaient partout comme délégués de la monarchie avec loyauté, fidélité et obéissance.
Texte intégral
Introduction
1La participation des villes médiévales1 à la politique du royaume de Castille est un champ historiographique encore largement ouvert, bien que certains aspects soient connus. La compétence politique des villes et leur inscription dans des réseaux des villes est une originalité en Occident puisque les cités placées sous la domination de l’islam n’ont pas les mêmes compétences de gouvernement. Si pour les villes de l’Europe féodale et des débuts de l’État moderne, les compétences politiques et institutionnelles devaient être conquises ou négociées avec les seigneurs laïques ou ecclésiastiques, il faut noter qu’en Castille la capacité politique des villes leur a été reconnue depuis leur apparition et garantie par leurs fueros2.
2Dans ce travail, il s’agira de réfléchir sur la collaboration existante entre les villes castillanes et le pouvoir royal quant à la politique du royaume, sur une période longue qui va de la fin du xiiie à la fin du xvie siècle. On verra que le rôle actif tenu par leurs élites va changer en même temps que la société change.
3Quelle est donc la participation de la société politique urbaine aux différents aspects de la politique du royaume ? Quels sont ses intérêts ? Il est nécessaire de préciser que, pour aborder et étudier la participation des villes à la vie politique du royaume dans la couronne de Castille, il faut adopter une perspective qui intègre les apports nécessaires des différents pouvoirs possédant une capacité juridictionnelle, fiscale et militaire. Il est connu qu’en Castille les villes collaboraient efficacement à la conquête des territoires contre l’islam et apportaient la contribution des caballeros villanos, chevaliers des villes équipés d’une armure légère et d’un cheval3. Les villes fournissaient aussi l’auxilium et le consilium au roi au sein des Cortes et, depuis le xiiie siècle, elles contribuaient par le paiement de servicios au financement des campagnes militaires. À la fin du xve siècle elles recueillaient aussi l’alcabala, c’est-à-dire l’impôt direct sur les achats et les ventes, qui rapportait beaucoup à la monarchie depuis le xive siècle4.
4En général, le pouvoir politique dans les sociétés d’Ancien Régime n’était pas concentré uniquement entre les mains du monarque, mais réparti entre les différents pouvoirs : ordres militaires, corporations, seigneurs, villes et autres instances de pouvoir de nature diverse. Chacune de ces instances gérait son propre espace de pouvoir articulant de manière spécifique les relations entre les hommes, les territoires et les activités. Chaque pouvoir voulait être présent dans les structures supérieures pour mieux défendre ses intérêts5. Parfois les institutions de ces différents pouvoirs travaillaient parallèlement aux souverains, notamment grâce à des réseaux de légats et de facteurs. Ainsi interconnectés, l’ensemble des pouvoirs formaient une trame politique6. Mais les villes castillanes cherchaient cependant à être proches de la monarchie pour collaborer dans les domaines de la justice, de la paix et de la sécurité7.
5Les villes participaient ainsi au gouvernement du royaume mais aussi à la « grande politique » ou politique internationale du royaume. Elles jouèrent un rôle important dans le réseau d’appuis dont avait besoin le prince pour la diplomatie et les relations internationales dans le cadre politique de la société féodale. L’histoire et les trajectoires politiques des différents règnes de la couronne de Castille le confirment, puisque les affaires de grande politique du royaume comportaient à la fois les relations avec les princes musulmans et la guerre contre Grenade, et les relations avec les autres royaumes chrétiens de la Péninsule, avec la papauté et avec les monarchies française et anglaise8.
6Il paraît donc d’emblée que l’intérêt des villes pour la « grande politique » semble plus important que leur collaboration effective à la diplomatie, activité itinérante et circonstancielle à cette période. L’implication des villes montre à quel point la politique internationale intéressait au bas Moyen Âge les pouvoirs oligarchiques urbains qui se préoccupaient de participer à certaines affaires, et même de les conduire.
La pression exercée au temps des Hermandades
7La participation urbaine à la politique du royaume apparaît aussi dans les accords passés par les villes organisées en Hermandades, c’est-à-dire en « fraternités » de villes. Depuis longtemps ces « fraternités » de communautés et de villes d’Hispania servaient à traiter des questions d’intérêt commun9. À la fin du xiiie siècle les villes castillanes s’étaient organisées pour défendre leur droit coutumier, fueros ou codes de lois concédés par les rois. De 1282 à 1325, les Hermandades présentent des pétitions aux monarques, et participent activement à la résolution de problèmes importants de la collectivité10.
8La raison de cette activité politique était une forme de réaction contre Alphonse X le Sage, roi de Castille et de Léon (1252-1284), qui a tenté, après son avènement, de mettre par écrit les fondements de la législation espagnole dans le Fuero Real et les Siete Partidas. Les fueros étaient des chartes royales et parfois seigneuriales établissant et garantissant un statut, des libertés ou des privilèges à des communautés urbaines. Dans d’autres parties de la péninsule Ibérique, donc dans des pays comme la Navarre ou la Catalogne, on disposait de fueros très étendus définissant avec précision le droit de chacun ou limitant strictement les droits du roi en matière de gouvernement. En 1272, quelques villes participaient au mouvement organisé par la noblesse et le clergé contre le roi Alphonse X. Dix ans après, en 1282, le mouvement de révolte était accompagné de la signature d’un accord d’hermandad entre les villes ratifié par Sancho le Brave, le fil du roi Alphonse X qui deviendra son successeur en 1284. Sancho se dressait aussi contre son père parce qu’il était le deuxième fils et n’était pas le successeur qu’Alphonse avait choisi : celui-ci préférait respecter la primogéniture qui favorisait son petit-fils Ferdinand de la Cerda11.
9Jusqu’en 1284, les villes restèrent organisées en Hermandad contre le roi et contre sa réforme législative qui favorisait les chevaliers urbains et menaçait la continuité des fueros et du pouvoir des hiérarchies locales12. Les nouveaux codes Las Partidas et Fuero Real étaient en accord avec la justice locale et l’application des fueros13. Le roi imposait ses juges (alcaldes) et un droit romain inconnu de ses sujets. En 1295, à la mort de Sancho IV, les Hermandades réapparurent et restèrent fortes sous le règne de Ferdinand IV (1295-1312) avant de disparaître en 1325.
10L’activité des Hermandades est associée à des périodes critiques de la politique du Royaume et montre la capacité des villes de s’opposer aux critères d’application des réformes législatives d’Alphonse X. Mais leur activité montre qu’à la fin du xiiie siècle et pendant le premier quart du xive siècle les villes pratiquaient une nouvelle façon de faire de la politique en participant aux Cortes et en assurant une collaboration active et prolongée14. Pendant ce temps, les villes utilisaient toujours le dialogue et la tolérance et cherchaient l’acceptation commune des moyens proposés15.
11Pendant le règne de Sancho IV, les villes ne se réunissaient pas en Hermandades mais après sa mort, en 1295, ces dernières réapparurent16. En 1295, il y avait 130 villes grandes et moyennes (34 d’Estrémadure, 63 de Castille et 33 de Léon)17. Hermandades et Cortes travaillaient donc ensemble.
12Le changement de cette position radicale des villes était cependant marqué par la croissance économique et la transformation sociale qui en résultait. Il faut remarquer que durant les dix-sept années du règne de Ferdinand IV (1295-1312), les Hermandades étaient actives et les boni homines participaient à la gestion d’affaires importantes pour les villes et figuraient dans leurs pétitions de 128218. À cette époque les boni homines des villes entrèrent à la cour du roi, nommée Consejo Real, pour collaborer au gouvernement et faire le prélèvement des impôts, en respectant toujours l’application des fueros19.
13Cette période se termine en 1315 au moment où les Hermandades perdent leur importance face aux Cortes. Aux Cortes de Valladolid de 1325, le jeune Alphonse XI confirma tous les privilèges que son père avait concédés, sauf ceux qui évoquaient des Hermandades. Tout cela est ratifié lors des Cortes de Madrid de 132920. L’interdiction ne suscite aucune réaction, ce qui montre que les Hermandades n’étaient pas nécessaires à cette période.
Les innovations d’Alphonse XI
14Le roi interdit les Hermandades en 1325, mais il inaugure une étroite collaboration avec les villes en permettant la constitution de conseils restreints (concejos cerrados) pour gouverner les villes. Profitant du changement social opéré au sein des villes, il reconnaît le regimiento par privilège royal ratifiant sa légalité21. Les grandes villes de realengo, placées sous juridiction royale, connurent également une transformation économique et sociale qui permit la participation des oligarchies urbaines au gouvernement du royaume. L’ambition politique des oligarchies éclata au grand jour durant le règne d’Alphonse XI (1312-1350), après l’interdiction royale des Hermandades en 1325. Au xive siècle, l’oligarchie s’était consolidée tout comme le pouvoir des villes et, après 1345, avec l’accord du roi, fut instauré le regimiento, un nouveau modèle de gouvernement urbain réduit en nombre et remplaçant l’ancien concilium, ou assemblée des citoyens, auquel participaient les boni homines22. Cette innovation politique des gouvernements des villes, approuvée par la monarchie, était liée à la récupération en 1348, avec l’Ordenamiento de Alcalà, des codes et des lois figurant dans les Partidas et le Fuero Real, promulgués par Alphonse X Le Sage23.
15Un grand nombre de villes moyennes disposaient alors d’un territoire étendu et demeuraient encore sous juridiction royale. Ces villes gagnèrent en compétences, en capacité juridictionnelle et en attributions dans la gestion de leurs territoires. Elles contribuaient fiscalement, par l’approvisionnement des troupes et par leur consilium, à gérer la politique du royaume. En ce domaine, les villes de realengo amélioraient leur statut, parce qu’elles devenaient des « seigneuries collectives », pleinement insérées dans le cadre de la société d’ordres avec des valeurs féodales que gérait la monarchie Trastamare24. Le « service » était alors au fondement de la participation des collaborateurs à la vie politique du royaume. Devoir d’aide que chaque vassal ou client devait à son seigneur, il était le même que celui qui était dû à leur roi par les élites des gouvernements oligarchiques. De leur côté, les rois réclamaient leur collaboration et en faisaient une base de l’accord politique25.
La collaboration pendant la période Trastamare
16En 1369, le bas Moyen Âge commençait en Castille avec l’arrivée au pouvoir d’une nouvelle dynastie : les Trastamare. Henri II, fils bâtard du roi Alphonse XI, accédait au pouvoir après une guerre civile (1366-1369) où il fit assassiner son frère, le roi Pierre Ier (1350-1369). Le conflit castillan s’insérait alors dans le contexte de la guerre de Cent Ans et de ses implications internationales, parce que le bâtard Henri n’avait pas suffisamment d’appuis en Castille26. La principale innovation politique de la nouvelle dynastie consista à incorporer la haute noblesse à la gestion du gouvernement et à lui concéder de vastes domaines juridictionnels du patrimoine royal sous forme de seigneuries.
L’implication des villes et la confidentialité
17La collaboration urbaine aux affaires politiques exigeait une certaine connaissance des questions stratégiques et un accès direct au roi. Cette capacité d’une valeur très précieuse était liée à la proximité de la personne du roi et était qualifiée de privanza, dans le cadre de la cour royale, réservée aux parents et aux nobles. Seuls ceux qui avaient été choisis par le monarque pouvaient connaître certaines questions politiques à une époque où, ne l’oublions pas, il n’existait pas de séparation entre affaires privées et politique du royaume ou entre politique nationale et internationale. Néanmoins, les affaires qui concernaient le patrimoine royal et les domaines du realengo étaient généralement nommées « affaires » ou « matières d’État ».
18C’est dans ce contexte que les villes traitaient de la guerre et la paix, car les sociétés urbaines faisaient preuve d’une sensibilité particulière à ces sujets. Dans le même temps, il était évident que le prince et son entourage immédiat étaient ceux qui avaient les compétences relatives à la conservation de la paix et de la sûreté du royaume. La monarchie planifiait une politique de relations dont le but était de surveiller et de s’occuper des affaires d’intérêt collectif pour éviter les pertes et les dégâts dans les territoires ou les dommages portés aux autochtones (naturales) du royaume et à leurs propriétés. En parallèle, on s’efforçait de contrôler les frontières et de favoriser l’expansion du royaume en essayant de gouverner en accord avec les intérêts des royaumes voisins.
Le processus d’aristocratisation politique et la présence des députés urbains au Conseil royal
19Le roi Henri III (1390-1406) œuvra en faveur de la participation des villes au Conseil royal. Mais ce fut son fils Jean II (1406-1454) qui, à partir de 1419, y fit véritablement entrer leurs représentants. Ils purent ainsi participer aux décisions politiques et être pleinement intégrés à la politique du royaume27. Les grandes villes se situaient de la sorte à proximité du roi pour traiter des questions du gouvernement et aussi de haute politique. Les rois leur demandaient conseil sur des problèmes variés, à la manière d’Henri III qui s’adressait ainsi à Burgos en 1399 :
[…] comme à ceux en lesquels j’ai beaucoup confiance, je vous fais savoir qu’au sujet de certaines choses que je dois décider et ordonner, aussi bien sur l’affaire de la guerre que j’ai avec le Portugal que sur d’autres choses qui concernent beaucoup mon service et le profit et l’honneur de mes royaumes, j’ai ordonné que viennent les procureurs de certaines villes de mes royaumes28.
20Le roi ordonna ensuite à Burgos d’envoyer à la cour un député qui devait être muni d’un « pouvoir suffisant » s’il ne voulait pas provoquer la contrariété et la colère du monarque29. Une politique de collaboration active fut poursuivie durant le règne de Jean II dont le but était de placer l’action des trois états de la société d’ordres sous l’autorité royale. Le modèle politique jouait sur l’efficacité des relations personnelles et sur la capacité du roi à attirer des partisans et à les discipliner avec la collaboration des institutions. Le choix se porta alors sur le Conseil royal pour remplacer les Cortes comme organe fondamental du pouvoir, parce que son efficacité était plus grande et l’application des décisions prises en accord avec les conseillers et députés plus sûre. Ainsi s’imposèrent les règles d’un code aristocratique qui se nourrissait de modèles, de valeurs chevaleresques et chrétiennes. On essaya aussi de développer la collaboration des élites afin de gérer les questions relatives à la politique générale du royaume30.
21La stratégie d’aristocratisation du système politique curial attirait aussi les factions qui mettaient en question les compétences du pouvoir royal, qui devenait ainsi capable de les isoler et de les neutraliser dans le cadre général du royaume31. Le nouveau modèle permettait également l’intégration de la noblesse rebelle qui ne pouvait plus gérer de grands groupes d’opposition comptant sur des appuis politiques urbains32. Corrélativement, les instruments d’administration du territoire offraient la possibilité de traduire avec efficacité l’action du gouvernement dans ses différentes facettes, fiscale, juridique et militaire. Cette pratique allait être l’un des grands enjeux du modèle aristocratique de gouvernement. L’extension de la seigneurie sur les territoires de juridiction royale serait alors la conséquence de l’implantation de ce modèle politique, qui favorisa les grands nobles et les grandes villes du realengo. Les concessions paraissaient alors justifiées, parce qu’elles étaient capables de garder dans le domaine des territoires et des hommes33.
22La présence des députés des villes à la cour, proches du roi, leur permettait de participer aux accords portant sur la fiscalité et sur l’acceptation des pedidos y monedas. Les députés faisaient alors certainement preuve de leur capacité à s’imposer, parce qu’ils pouvaient lier les prélèvements fiscaux à certains engagements du roi et participer directement aux affaires de la politique du royaume34. Les concessions étaient effectuées pour des objectifs précis et étaient aussi bien le fait du roi que des nobles et d’autres personnages du Conseil présents à la cour35.
23Comme nous l’avons dit, l’obligation du « service » résultait de la relation personnelle entre des hommes de statuts sociaux différents, raison pour laquelle le serviteur devait accepter la volonté de son seigneur et pourvoir à ses besoins, l’aider en toutes circonstances. Le service exprimait ainsi un modèle de relation entre le seigneur et ses vassaux et serviteurs, qui devaient répondre aux demandes de leur seigneur. Mais la relation se fondait aussi sur la réciprocité puisque le service était offert en vue d’une compensation en retour, si bien que la protection associée au patronage était d’ordinaire la forme de contribution seigneuriale la plus fréquente dans ce type de relations. Ce modèle social et politique avait également été diffusé dans la société politique de la cour royale, en particulier pour l’accomplissement de certains offices, mais son impact alla bien au-delà : il imprégna l’ensemble de la société féodale et des clientèles oligarchiques. Le « service » adapté à la domesticité en faisait un instrument fondamental de la cour royale en tant que mode de fonctionnement particulièrement adapté à un monde où, nous l’avons dit, le privé et le public ne pouvaient être dissociés36.
Les villes et la force de l’accord politique
24La présence continue des députés urbains au Conseil royal, à la cour et dans la proximité du monarque, offrait aux villes la possibilité d’intervenir sur des sujets variés mais réduisait aussi, d’une façon pratique, le nombre des participants. Seules dix-sept villes étaient représentées. Le roi informait ainsi les villes, notamment celles de la frontière comme Murcie, des changements que connaissaient les relations diplomatiques avec Grenade. Durant la régence de Ferdinand d’Antequera (1406-1412) (le frère d’Henri III, devenu roi d’Aragon après 1412), au cours de laquelle la guerre fut relancée, les villes furent ainsi informées en 1409 de la prolongation jusqu’au mois d’août d’une trêve entre la Castille et Grenade37.
25Il est intéressant de noter que les demandes des députés concernaient généralement les affaires du gouvernement des villes ainsi que des questions relatives à la cour royale et à la politique du royaume. Ces députés présentèrent par exemple aux Cortes d’Olmedo (1445) une requête portant sur le mariage du monarque. Les villes demandèrent à cette occasion au roi de se marier parce qu’« il agirait [ainsi] de manière conforme à [son] service, pour le profit et le bien du royaume ». Ils se prononcèrent aussi sur l’émir de Grenade Ismaël II, vassal du roi de Castille, qui se plaignait du harcèlement de « l’infant boiteux de Grenade » soutenu par des chrétiens rebelles. Les hommes des villes demandèrent alors au roi une intervention armée, de l’aide et l’envoi d’une somme déterminée de maravédis. L’archevêque de Tolède, Alfonso Carrillo, traita de toutes ces questions avec les députés, qui approuvèrent alors la concession d’un prélèvement aux conditions suivantes : l’engagement de ne pas dépenser cette somme pour d’autres affaires, le prélèvement sur cette même somme des quantités assignées à leurs salaires et à leurs privilèges38.
26Ils firent aussi au prince héritier Henri des recommandations qui avaient pour but de simplifier la collecte des impôts tout en lui demandant d’accomplir cette réforme dans ses domaines afin de servir ainsi d’exemple aux autres Grands et nobles du royaume39. De même, ils demandèrent que le Secrétaire royal envoyât une lettre à tous les Grands du royaume pour annoncer l’engagement du prélèvement et les punitions à l’encontre de ceux qui ne voulaient pas exécuter l’accord, qui pouvaient dès lors perdre les rentes et les privilèges octroyés par concession royale, et même leur patrimoine. Mais toutes ces recommandations dépendaient de l’efficacité de leur exécution. Les représentants des villes savaient que ces efforts avaient besoin du soutien de la justice du roi et de ses hommes d’armes pour que les décisions prises puissent être exécutées40. Pour le bénéfice des contribuables des villes, ils demandèrent aussi qu’aucun nouvel impôt ne puisse être sollicité sans leur acquiescement, sauf dans les cas de nécessité et de péril où le roi pouvait alors se dispenser de leur accord41. Les députés se souciaient en outre tout aussi fortement de leur salaire que de la représentation des villes. Ils profitaient aussi des offices pour élargir leur clientèle au niveau local.
27Cet engagement avait pour but d’assurer les conditions requises pour que fût effectué le prélèvement de l’impôt ainsi approuvé. Il faisait ainsi apparaître la fragilité de l’appareil coercitif monarchique dans une société où le paiement des impôts provoquait des résistances et où l’on se retranchait derrière les privilèges des nobles et les passe-droits pour échapper à l’obligation. C’est dans ces limites que l’on en appelait à l’intervention de la cour et du roi Henri III, qui devait faire appliquer les accords de manière exemplaire, faire intervenir la justice et les hommes d’armes à son service et menacer les nobles de perdre leurs privilèges et d’être soumis à des réquisitions s’ils prenaient part à des troubles.
28Il faut remarquer que la présence des députés des villes à proximité de la cour et leur participation au conseil politique du monarque introduisaient une nouvelle perspective dans la gestion des affaires du gouvernement, dans la grande politique comme dans le prélèvement des impôts. Ils recouraient de plus en plus à l’intervention du pouvoir coercitif de la monarchie pour assurer l’accomplissement du mandat public. Leur présence et leur participation à la gestion des affaires par le gouvernement permettait d’impliquer les gouvernés42. Ils étaient néanmoins conscients de l’importance des voies traditionnelles de la construction politique que représentait la structure des clientèles construite par le pouvoir oligarchique, d’où les fréquentes allusions au « service » qui obligeait vassaux et clients, sous peine de perdre les privilèges reçus43. Mais, dans ce raisonnement, le trait le plus remarquable est la volonté affichée de défendre une ligne de compromis et d’adhésion aux intérêts de la monarchie, identifiés à ceux du royaume, et d’impliquer dans cette perspective tous les pouvoirs et de favoriser la collaboration des différents états de la société. Finalement, les députés proposaient une nouvelle forme de collaboration politique des pouvoirs oligarchiques urbains, fondée sur une participation active, le compromis et la capacité d’intégration politique qu’ils pouvaient apporter. Avec le concours des députés urbains, c’est en fait une forme singulière d’action politique qui se développe et qui annonce la nouvelle capacité d’action urbaine à l’échelle de tout le royaume44.
La politique des pactes développée par Henri IV
29L’historiographie a caractérisé la politique d’Henri IV (1454-1474) comme la combinaison d’un conservatisme outrancier et d’un esprit de conciliation avec la noblesse, qui interprétait cette attitude comme un signe de faiblesse45. Néanmoins, à mesure qu’on la connaît mieux, l’image controversée du monarque se transforme, et doit être réévaluée46. Il semble avoir été plus méfiant qu’on ne le pensait et n’avoir pas voulu favoriser la figure du favori (valido) ; il montrait dans son attitude une certaine aversion vis-à-vis de la noblesse47. Il préféra par conséquent le conseil et la compagnie d’hommes nouveaux et même de conversos. Mais les hommes ainsi choisis ne formèrent jamais une équipe et firent preuve d’un courage et d’une capacité fort variables48. En politique, le roi respecta les accords pris par son père, ce qui se traduisit par la continuité d’une politique extérieure fondée sur le désir de paix sur toutes les frontières et le maintien des accords obtenus sur les marchés extérieurs. Avec les nobles et les autres pouvoirs, les accords furent reconduits dans une nouvelle direction : on passa des pactes et on signa des confédérations écrites pour s’assurer défense et aide mutuelles. Ces confédérations écrites proposés par le roi servaient d’éléments d’intégration politique dans tout le royaume ; les nobles et les villes furent invités à y souscrire.
30Les confédérations passées entre le roi et les nobles étaient fondées sur la volonté de prêter le « service » et le conseil dus au seigneur, et tous les signataires s’engageaient à se défendre et à s’aider mutuellement49. Cette volonté mettait en évidence le principe fondamental du mécanisme politique de la monarchie : d’un côté, les fidélités réciproques et la volonté du « service » prêté au roi, de l’autre, l’engagement de protection assumé par le roi50. Le pacte de 1457 fut passé par le roi avec des nobles comme son chambellan Pedro Girón, son grand juge Alvaro de Estúñiga, son majordome Juan Pacheco et son grand maître des comptes (contador mayor) Diego Arias Davila. Tous faisaient partie du Conseil royal et jouissaient, comme de loyaux serviteurs, de la proximité du roi (privanza). Dans le document d’accord, le roi s’engageait à leur octroyer protection et défense, à ne pas faire de coalitions et de confédérations avec des grands du royaume et d’autres pays sans le leur faire savoir et leur proposer d’y entrer. Pour leur part, les hommes ainsi protégés par le roi baisaient ses mains et lui promettaient fidélité et loyauté, respect de l’obligation du service quelles que fussent les propositions qui pourraient leur être faites, qu’elles vinssent des grandes ou d’autres personnes de la famille royale51.
31Comme ces pactes étaient signés durant des périodes de stabilité, cela signifie que la nécessité des accords était structurelle. Ils devaient assurer la position royale en la fondant sur la base de nouveaux rapports avec les états et l’ensemble du royaume. Mais certains arguments avaient changé, car sous Jean II, la proximité des nobles, des villes et du clergé dans le cadre de la cour royale avait donné de l’assurance au pouvoir royal et lui avaient permis de promulguer des « pragmatiques » et des ordenamientos (des lois faites comme si elles avaient été approuvées devant les Cortes)52. Dans le même temps, la cohésion des ordres se diluait probablement dans l’ensemble d’affinités et de tensions complexes développées à la cour, dans laquelle les rivalités des grands mettaient à l’épreuve la force de cohésion des principes du gouvernement royal. On comprend dans ces circonstances les difficultés du pouvoir royal à garantir la paix, ainsi qu’à assurer la justice et un bon gouvernement. Cette rivalité paraît en fait avoir été consubstantielle à ce projet politique, car les liens personnels et les affinités constituaient la trame d’une politique de favoritismes et d’inégalités de traitement selon les services rendus et les préférences royales exprimées. À ceci, il faut ajouter que certaines responsabilités étaient dévolues à des hommes de confiance du monarque, ce qui, peu à peu, faisait apparaître la figure controversée du privado ou favori53.
32Henri IV écarta la possibilité d’être entouré d’un groupe de courtisans et mit au point pour le gouvernement politique du royaume un modèle de pactes écrits qui, en un sens, révélait la faible confiance que le roi accordait à la promesse d’obéissance que lui faisaient les nobles du royaume. La noblesse, si désireuse de pactiser dans le dos du roi, était ainsi appelée à s’engager par écrit avec le roi et le royaume, par serment juré et en prêtant hommage pour la défense du roi et des affaires du royaume. Ce pacte écrit passé entre le roi et un groupe restreint de nobles allait être élargi jusqu’à inclure toutes les collaborations possibles apportées à la politique royale. Ce fut le cas à partir de 1457. Mais un coup d’arrêt fut porté au projet royal en 1465, quand une faction de la noblesse se rebella, avec l’appui du frère du roi, l’infant don Alphonse. Les rebelles présentèrent un accord élaboré qui comportait un programme détaillé de gouvernement, et ils voulurent l’imposer à tout le royaume, y compris aux villes54. Mais ces dernières s’opposèrent à cet accord imposé au roi ; elles exprimèrent leurs doléances et leurs propositions de solution en 1469, aux Cortes d’Olmedo. Les dix-sept villes alors présentes allaient profiter de l’occasion pour s’arroger la représentation exclusive du royaume. Elles avaient comme argument l’expérience politique accumulée pendant les décennies antérieures au service du roi à la cour. Leur connaissance de la politique leur permit de faire front contre les exigences de la noblesse, dont elles pensaient qu’elle avait provoqué les conflits des années 1464-1469. Les villes proposèrent la formation d’un conseil permanent de députés urbains pour assister le roi et le conseiller. C’est à ce moment que furent alors introduites des pratiques qui obligeaient les procureurs urbains à la discrétion et à la réserve sur la confidentialité des affaires traitées. Mais toutes les villes ne collaborèrent pas de la même façon avec le roi. Séville, Cordoue, Jaén, Murcie et Guadalajara ne répondirent pas aux appels de la cour. La forte influence nobiliaire sur ces villes conditionnait probablement leur positionnement. Finalement, la création d’une Hermandad à Castronuño, en 1467, renforça encore l’engagement en faveur de la sécurité et de la pacification du royaume qu’avaient pris les villes du realengo (placées sous juridiction royale)55.
Les villes et leur capacité politique au temps des Rois catholiques
33Les Rois catholiques affermirent leur pouvoir après une guerre civile (1474-1479) et réalisèrent un grand accord politique de gouvernement et de réformes avec les villes, lors des Cortes de Tolède en 148056. La collaboration se fondait sur les expériences politiques antérieures des villes et devait être réalisée selon des critères de participation des élites, mais avec des messages du peuple qui devaient impliquer tous les sujets du royaume. À l’occasion des Cortes de Tolède fut ainsi validée de nouveau la monarchie des Rois catholiques. Ce fut le point de départ vers une nouvelle situation politique qui laissait aux élites urbaines une importante marge de manœuvre pour collaborer avec le gouvernement, la justice et la fiscalité du royaume. L’accord politique de 1480 confirma l’importance de la collaboration des villes et du pouvoir royal dans le nouveau cadre de la monarchie qui introduisit de grandes nouveautés telles que la présence stable du corregidor comme juge royal et, avec une justice parallèle à la justice du regimiento, comme garant de surveillance des compétences et des intérêts du realengo dans la ville57.
34L’autre contribution du grand pacte des Cortes était la collaboration des élites de la société urbaine à la gestion, au gouvernement et à la défense militaire du royaume en participant avec loyauté, fidélité et obéissance au service des rois en qualité de continos58. L’expérience de contribution au service est inscrite dans la pratique de gouvernement des monarchies européennes59, où la privanza mettait le serviteur à côté du roi60. Mais les continos étaient choisis par les monarques dans les villes, grandes et moyennes, offrant une opportunité de promotion politique et sociale à une élite incorporée comme le « bras long de la monarchie61 ». La participation des continos commence en 1480 et se poursuit jusqu’au début du xviie siècle, et ces derniers interviennent partout comme délégués de la monarchie, avec une nomination et un salaire qui reconnaît leurs services62. Leurs compétences ne sont pas fixées et leurs attributions et capacités ne semblent pas permanentes. Ils se multiplient et il est intéressant de voir comment ils constituent une voie de promotion et de participation politique qu’ambitionnaient certains secteurs urbains exclus de la participation au regimiento de la ville63.
35L’apport des villes était aussi justifié par le rapprochement de la monarchie avec les nouveaux pouvoirs socio-économiques urbains. Cette collaboration avec les élites était adaptée aux valeurs de l’époque et ne suivait pas des principes démocratiques – contrairement à ce qu’affirmait autrefois l’historiographie bourgeoise.
36Les Cortes de 1480 ouvrirent de nouvelles voies de collaboration entre le roi et les dix-sept députés urbains, ainsi qu’avec les autres ordres du royaume. Du point de vue de la propagande et de la légitimation, les Rois catholiques se trouvaient alors dans une position exceptionnelle et ils écartèrent du débat interne les relations internationales, d’une façon qui annonçait la naissance d’une nouvelle gestion des affaires et des relations internationales selon les critères d’une monarchie autoritaire. Dans cette perspective, le rôle du « tiers état » se fait d’autant plus fondamental que, comme classe dirigeante urbaine, il collabore efficacement à gérer l’ensemble de la fiscalité royale.
37À propos de cette collaboration, il faut remarquer la concession aux villes des privilèges qui permettaient de gérer le principal impôt levé pour la monarchie, à l’instar des nobles. L’alcabala était l’impôt sur les échanges mercantiles, qui s’élevait à 10 % de leur valeur. Le privilège de l’encabezamiento était aussi un privilège accordé aux titulaires de seigneuries, consistant à fixer le montant estimé de l’alcabala pour une démarcation territoriale donnée, et permettant dès lors d’y percevoir l’impôt64. Avec la concession progressive de l’encabezamiento des alcabalas aux villes par les Rois catholiques (après sa concession à la ville de Ségovie par Henri IV en 1455), la collaboration débouche sur une gestion directe par les villes de la fiscalité ordinaire de la monarchie. Leur expérience en matière de gestion fiscale ainsi que les compétences juridictionnelles des villes de realengo (c’est-à-dire celles soumises à la juridiction du roi) permettent en effet de s’en remettre à leur compétence pour assurer le prélèvement65.
38À ce moment-là, l’encabezamiento est perçu comme un privilège, dont s’enorgueillissent des villes ainsi rapprochées de la noblesse même si la perception sociale en est toute autre. Car le poids de l’impôt est réparti de manière très inégale, très lourd pour des villages et des paysans réduits à une économie de subsistance, dans laquelle les échanges s’avèrent insuffisants pour régler les montants exigés au titre de l’alcabala. La charge est aussi fort pesante pour des villages comptant beaucoup d’hidalgos, leur exemption reportant tout le poids de l’impôt sur le reste de la population66.
39Si la mise au point de l’encabezamiento rapporte des bénéfices aux regidores qui gouvernent les villes, elle ouvre aussi la porte à l’intervention du común ou de la communauté dans le prélèvement de l’impôt royal parce qu’il représente les citoyens ou vecinos de la ville. Cette participation de la communauté, tout en facilitant le prélèvement de l’impôt, garantit la fiabilité du système surveillé par la dénonciation des délits et des abus commis par les autorités urbaines au cours de la procédure.
40Aux termes des accords intervenus lors des Cortes de Tolède (1480), le système de l’encabezamiento est étendu à l’ensemble du royaume et ratifié par les Ordonnances de 1491 qui jettent les bases de la première dette publique du royaume de Castille67. À cette occasion, les procureurs des villes et les Rois catholiques s’accordent sur un vrai programme de gouvernement du royaume, avec comme objectif de reprendre le contrôle de la fiscalité d’État. L’accord donne aux Rois catholiques l’occasion de réviser les concessions de rentes réalisées au cours du règne d’Henri IV et de réduire le montant consacré au chapitre des juros concédés par ce roi68. Et bien que les concessions de juros ne cessent pas, ils parviennent à obtenir ainsi 30 millions de maravédis par an. Mais le plus important est qu’entre 1480 et 1497 l’on recueille des renseignements précis qui permettent de connaître la situation exacte de la rente d’alcabala, ainsi que des juros et des concessions qui les grèvent. Ce n’est ni au nom des principes d’une politique antiaristocratique, ni même pour des raisons liées à l’organisation des ressources fiscales, que ces initiatives sont entreprises mais bien pour introduire les importants changements que suppose l’établissement d’un système de dette publique valable pour tout le royaume69. La consolidation et la fixation de la rente de l’alcabala obtenue grâce à la perception ainsi qu’aux compromis des groupes urbains dirigeants intéressés par l’achat de juros assurent l’efficacité de l’encabezamiento comme système de prélèvement.
41Comme indiqué, l’intérêt de la monarchie est d’ordre économique : elle a besoin des nouvelles ressources obtenues grâce à la vente des titres de juros sur la rente d’alcabala. Pour mieux comprendre les raisons de la décision prise par les Rois catholiques, il convient de la resituer dans le contexte des mesures approuvées en 1480, aux Cortes de Tolède, notamment celles visant à rendre plus efficace la fiscalité royale, dans la continuité d’une collaboration entre les villes et le trône pratiquée tout au long du xve siècle, pendant les règnes de Jean II et d’Henri IV.
42Depuis 1497, l’encabezamiento est proposé à la plupart des villes du royaume disposant d’un grand territoire, et également à celles qui relèvent d’une juridiction seigneuriale, comme clef du nouveau système fiscal qui remplace le traditionnel système d’affermage des rentes, très amélioré cependant au cours de la deuxième moitié du xve siècle. L’introduction du système de l’encabezamiento se fait avec soin et en douceur, sans entrer en conflit avec les pratiques traditionnelles d’affermage. En 1517, sous Charles Quint, l’encabezamiento est généralisé en raison des bons résultats obtenus et donc de l’efficacité de ce système fiscal70.
43Pour assurer le prélèvement dans des endroits au potentiel fiscal réduit ou limité, l’impôt de l’alcabala est profondément transformé : contribution indirecte, il devient un impôt direct dans quelques villes, payé par chaque vecino, en tant qu’unité fiscale contribuable. Ce changement fondamental permet d’assurer le prélèvement et de lever les montants prévus pour organiser le système de dette publique. Mais il est nécessaire de mettre fin à la concession de privilèges attachés à cette rente et de donner ainsi satisfaction à la demande exprimée par les députés aux Cortes depuis longtemps71.
44Parce qu’il est plus efficace, il atteint en tant qu’imposition indirecte des domaines jusqu’alors non touchés par l’alcalaba, et le produit de l’impôt s’améliore et augmente. La mise au point d’une dette publique répond aussi à un besoin social, rendu patent par l’intérêt manifesté dans l’acquisition de nouveaux titres. On constate en effet que l’achat de juros attire le capital accumulé par des groupes de l’oligarchie urbaine souhaitant imiter le comportement de la noblesse. Or, cet investissement procure stabilité politique et sociale. Les titres en vente sont des juros al quitar, c’est-à-dire qu’ils peuvent être levés quand le fisc royal rembourse les quantités perçues lors de la vente. La vente de juros al quitar, organisée par les Rois catholiques dans un cadre légal et réglementaire précis, parvient à consolider une dette presque perpétuelle au bénéfice du royaume en attirant l’épargne de fortunes moyennes à la recherche d’investissements rentables72.
45Au temps des Rois catholiques les juros al quitar sont vendus avec un taux d’intérêt de 10 %, et parfois davantage. Les Cortes, celles de 1539 et de 1548, exigent que ce taux soit revu à la baisse. La société urbaine se montre particulièrement intéressée par l’achat de juros, et veut qu’ils soient localisés dans une ville ou un village sur lesquels elle peut exercer une certaine influence, voire un certain contrôle juridictionnel. De cette façon l’oligarchie urbaine obtient des bénéfices économiques en même temps qu’elle s’assure du contrôle des contribuables73.
46La portée de l’adaptation de l’ancien impôt de l’alcabala dépasse les attentes en matière de fiscalité et met au jour les dimensions sociales et politiques de la réforme fiscale74. La solution est, en partie, la dette publique, qui permet un investissement lucratif à une société dynamique et avide de faire fructifier son capital. Mais le bénéfice de cet investissement attire aussi l’oligarchie urbaine, car il permet aux pouvoirs locaux de défendre le maintien du statu quo en vigueur.
La politique et les intérêts du royaume au xvie siècle
47À partir de la fin du xve siècle, les consultations des villes sur les affaires de la politique extérieure devinrent exceptionnelles puisqu’elles furent associées uniquement lorsque les exigences économiques devenaient particulièrement pressantes. À ces occasions, les demandes d’aide étaient portées aux Cortes, généralement afin de solliciter de nouveaux impôts pour les entreprises du monarque75. Une des priorités de Ferdinand le Catholique fut ainsi de soutenir la paix entre les princes chrétiens et de favoriser la guerre contre les musulmans. Cette dynamique permet de comprendre les réponses données au roi par trois villes castillanes, Cordoue, Séville et Tolède, à la demande de Ferdinand de convoquer une croisade contre les infidèles en 1510-151176. Les villes considéraient valable le mobile de la croisade, mais elles la déconseillaient car l’entreprise pourrait s’avérer dangereuse pour la personne du roi et porter préjudice au royaume. Cet argument fut mis à profit par Ferdinand, qui décida de faire publier et de diffuser partout ces réponses. Elles fournissaient en effet un élément de propagande de première qualité pour sa cause, qui avait traversé une période difficile en 1505-1506, alors qu’il n’était encore que « gouverneur » de Castille. On peut se demander si le roi Ferdinand avait vraiment la volonté de faire une croisade, car les troupes commandées par Pedro Navarro et préparées pour attaquer Tunis se dirigèrent en 1511 vers l’Italie. Il est possible que Ferdinand n’ait pas voulu sacrifier sa position en Italie pour une entreprise chimérique comme la croisade, mais sa proposition aux Cortes de Castille était alors la seule possibilité existante pour financer la guerre d’Italie. De leur côté, les Castillans, qui ne pouvaient pas s’opposer à la convocation à la croisade dont la Castille s’était servie durant des siècles, préférèrent dissuader en douceur le roi Ferdinand de l’entreprise. Mais, finalement, la stratégie du roi Ferdinand s’avéra payante et l’armée ainsi financée par la Castille prit le chemin de l’Italie.
48Au début du xvie siècle la croissance de l’économie castillane donnait aux villes un rôle de premier plan77. La population des villes augmentait et cette concentration démographique se remarquait par son caractère urbain78. En Castille les villes grandes et moyennes comptaient entre 15 000 et 30 000 habitants mais il y avait de nombreuses villes moyennes et petites placées d’une manière régulière dans le territoire79. L’Andalousie comptait de grandes villes – Séville, Cordoue et Jaén –, des villes moyennes, entre 12 000 et 20 000 habitants, mais aussi des petites villes avec 5 000 habitants. Au contraire, en Galice, dans les Asturies et dans le nord de la Cantabrie, aucune ville n’avait plus de 5 000 habitants80. La densité de la population était de 11 hab./km2 pour la Castille, mais pour l’espace entre León, Burgos, Tolède et Cuenca elle était de 14 hab./km2. Le centre de la Péninsule présentait donc une importante concentration démographique puisque des vingt villes les plus grandes du royaume (avec plus de 10 000 habitants), dix-sept étaient en Castille81. L’expansion du domaine seigneurial depuis 1369 avait laissé treize villes sous la juridiction royale et avec représentation aux Cortes : León, Burgos, Tolède et Valladolid, Zamora, Toro, Salamanque, Ávila, Ségovie, Soria, Cuenca, Guadalajara et Madrid82.
49La population urbaine du royaume augmentait tout particulièrement en Andalousie où 57 % de la population habitait dans des villes de plus de 5 000 habitants, à la fin du xvie siècle (le pourcentage était à Murcie de 38 %, en Castille méridionale de 26 %, en Castille et León et en Estrémadure de 14 %83). Le tissu urbain du royaume montre donc une progression de la population urbaine vers les villes méridionales du Sud, mais aussi une concentration qui favorisait ces grandes villes de la Castille méridionale (Castilla la Nueva) et de l’Andalousie, Murcie et Madrid84.
50Au xvie siècle les Cortes étaient l’institution de représentation du royaume avec la présence de la noblesse et le clergé. Mais à partir de 1538 seules les villes participaient à l’assemblée et les dix-huit villes représentaient aussi le clergé et la noblesse de leur province85. En effet, l’espace administratif était à présent structuré en provincias que représentaient les villes de realengo englobant les territoires de la noblesse et du clergé. Mais le rôle des Cortes après le xvie siècle était réduit à traiter les questions fiscales et de financement des encabezamientos et des millones86.
51Au xvie siècle, du point de vue politique, les villes de la couronne de Castille avaient un caractère agrégatif et complexe lié à la structure politique de la monarchie dite polycentrique87. Le système urbain joignait les territoires et les villes qui étaient en contact permanent et en rivalité. Il s’agissait d’un système cohérent pour gouverner et pour garantir le compromis de défense du catholicisme, qui plaçait la monarchie hispanique à l’avant-garde de la Contre-Réforme, aussi longtemps que le légitimaient la guerre et la pression fiscale88. L’interprétation de l’historiographie anglo-saxonne fait de la monarchie catholique l’adversaire de la modernité et du progrès : un espace d’insécurité institutionnelle, d’intolérance, de prévalence des valeurs aristocratiques, de conflits juridictionnels et d’inefficacité administrative89. Mais la plupart des évaluations semblent surdimensionnées et ne sont pas strictement constitutives de la monarchie hispanique, parce que, loin d’être la cause de son retard, elles constituaient le fondement de son hégémonie en Europe aux xvie et xviie siècles90. La résistance des groupes aristocratiques perdant privilèges et libertés dégénérait aussi en conflit, mais la distribution de la grâce royale à la Cour et la prévalence de la société des privilèges et de l’ordre hiérarchique permettaient de discipliner cette aristocratie. Cependant les villes se montraient comme les plus actives en exhortation à la révolte91.
52À l’intérieur des villes le gouvernement opérait une lente transformation vers une aristocratisation du regimiento. Les accords des Cortes demandaient de garantir aux nobles l’accès au regimiento parce que le parfait regidor devait être hidalgo. Mais jusqu’en 1571 les Cortes n’exigeaient pas que les procuradores soient hidalgos et donnent la garantie d’être vieux chrétiens et non conversos (juifs convertis au christianisme). Les accords des Cortes ne conditionnaient pas la vie politique des villes, parce qu’ils étaient rarement incorporés aux ordonnances du gouvernement local et n’empêchaient jamais le renouvellement des oligarchies urbaines en tant que groupes politiques92. Le modèle politique urbain s’adaptait aux changements et transformations sociales et avait des compétences d’organisation, de prélèvement et de captation d’intérêt politique des groupes émergents93. Les villes demeuraient les unités de base de l’administration territoriale du royaume, parce que chaque ville était en contact direct avec le roi sans aucune institution intermédiaire. C’est bien là le paradoxe d’une monarchie absolutiste liée au respect des libertés municipales94. Les villes deviennent cependant plus distantes du roi en même temps que le gouvernement de la monarchie devenait plus complexe au xvie siècle et que la bureaucratisation apparaissait comme la solution aux défis politiques de temps nouveaux95.
Conclusion
53Nous avons essayé de comprendre les bases de l’accord politique sur lequel fut élaborée la collaboration des villes avec la monarchie. Depuis cette perspective visant à privilégier le fondement social de la politique, on peut apprécier les apports des villes en tant que parties prenantes de la société des états réunie en Cortes en Castille. Les villes du realengo étaient présentes aux Cortes et les rois Trastamare les incorporaient à la politique du royaume, qu’il faut analyser comme un système aristocratique dont elles faisaient partie. À partir du règne d’Henri III, les premiers documents montrent cette incorporation des villes importantes au conseil du roi (Consejo real). La collaboration se réduisait toutefois à quelques villes comme Burgos, qui était désignée comme la « Chambre du Roi » dans les documents que le monarque envoyait à la ville. Les mentions différenciées et la distinction ainsi signifiée provoquaient des rivalités et des jalousies entre les principales villes. Tolède enviait Burgos et León jalousait ces deux villes. Dans ce cas, le souhait de se distinguer aux yeux du roi était le mobile qui introduisait la rivalité.
54La participation des villes dans leur propre réseau à la politique du royaume eut ensuite lieu dans un contexte de proximité, au Conseil et à la cour royale, et leurs députés étaient insérés dans un modèle aristocratique de participation. Le monarque bénéficia ainsi du conseil et de la collaboration des députés des villes qui accordaient les prélèvements qu’il demandait. Dans le même temps, le roi pouvait, grâce à ce soutien, user des mécanismes de propagande pour faire connaître dans tout le royaume les nouvelles qu’il lui paraissait utile de diffuser. L’implication des députés urbains rendait en outre plus proches les décisions et l’engagement pris en accord avec tous. Les innovations introduites par les différents monarques adaptèrent le modèle de participation, mais n’en changèrent pas les critères. Seuls les Rois catholiques imprimèrent un vrai changement, lorsqu’ils obtinrent une large délégation de confiance aux Cortes de Tolède de 1480. Après ces Cortes, les villes restèrent à l’écart de la gestion de la grande politique qui fut coordonnée par les rois selon les critères d’une monarchie autoritaire. Néanmoins, les villes faisaient partie du système politique, dans la mesure où il était nécessaire de rendre publics les messages et les symboles utiles aux projets de la monarchie, d’en faire la propagande. Les villes du royaume recevaient des lettres royales contenant les objectifs de la monarchie et les gouvernements urbains les diffusaient par des discours publics tenus dans la ville et le territoire proche. On comprend que la figure du sujet était née pour la monarchie autoritaire. Elle l’utilisait pour ses propres fins, parce que le sujet devenait accessible grâce à la diffusion des messages par des villes qui demeuraient ainsi, à distance, des collaboratrices utiles à la politique royale.
55Ce qui s’impose alors dans la pratique, c’est la bureaucratisation : une distance entre le roi et les gouvernements des villes ainsi que la complexité de la grande politique du royaume sont abordées avec un nouveau système de gestion au temps de Philippe II. Mais la lutte des villes castillanes pour les libertés urbaines ne se faisait pas contre la monarchie impériale des Habsbourg, même au temps de la révolte des Comunidades. Au contraire, les villes se transformaient car l’ennoblissement des élites et la fermeture des oligarchies faisaient converger leurs intérêts avec ceux de la politique impériale. Même en matière de fiscalité, les villes collaboraient en participant au prélèvement des impôts indirects à la base de la fiscalité royale, à l’instar des cités-États européennes, donnant à voir une forme de coopération entre un modèle républicain des villes et la monarchie absolue des Habsbourg.
Notes de bas de page
1 Ce travail est réalisé dans le cadre du projet financé par le Ministerio de Ciencia y Tecnología d’Espagne : « Las ciudades de la Corona de Castilla. Dinámicas y proyección de los sistemas urbanos entre 1300 y 1600 » (Ref. HAR2017-82983-P), dirigé par Maria Asenjo González et David Alonso à l’université Complutense de Madrid. Je remercie Annabelle Marin, Ludolf Pelizaeus, Alexandra Merle et Agnès Faller pour la révision du texte en français.
2 Jean Gautier-Dalché, « Communes, libertés, franchises urbaines : le problème des origines. Le León et la Castille », in Les Origines des libertés urbaines. Actes du XIVe Congrès des Historiens Médiévistes de l’Enseignement Supérieur, Rouen 7-VI-85, Rouen, Université de Rouen, 1990, p. 67-95 ; Id., « La ville hispanique au Moyen âge », in Concejos y ciudades en la Edad Media hispánica. II Congreso de Estudios Medievales, León, Fundación Sánchez Albornoz, 1990, p. 9-20 ; María Asenjo González, Las ciudades en el Occidente Medieval, Madrid, Arco Libro, 1996 ; Patrick Boucheron, Denis Menjot et Marc Boone, La ciudad medieval. Historia de la Europa Urbana, Valence, PUV, 2010 ; Mario Berengo, L’Europa delle città. Il volto della società urbana europea tra Medioevo ed età moderna, Turin, Einaudi, 1999 ; Wim Blockmans, « Cities, networks and territories. North-central Italy and the Low Countries reconsidered », in Europa e Italia. Studi in onore di Giorgio Chittolin, Florence, Firenze U.P., 2011, p. 43-56 ; Albert Hourani et Samuel Miklos Stern, The Islamic city, Oxford, Pensylvania U.P., 1970.
3 Carmela Pescador del Hoyo, « La Caballería popular en León y Castilla », Cuadernos de Historia de España, no 33-40, 1961-1964, p. 101-238, 56-201, 88-198, 69-260 ; Beatriz Martínez Ruiz, « La caballería villana en Castilla », Nordeste, no 3, 1961, p. 83-111 ; Adriana Bo et Maria Carmen Carlé, « Cuando empieza a reservarse a los caballeros el gobierno de las ciudades castellanas », Cuadernos de Historia de España, no 4, 1946, p. 114-24 ; Maria Dolores Cabañas González, La caballería popular en Cuenca, Cuenca, Ayuntamiento de Cuenca, 1980.
4 Miguel Ángel Ladero Quesada, Fiscalidad y poder real en Castilla (1252-1369), Madrid, Universidad Complutense, 1993.
5 La Généralité de Catalogne avait un légat à Rome jusqu’en 1570, ainsi que certaines villes de l’Italie ou certaines villes impériales allemandes : ibid., p. 11.
6 En ce qui concerne la construction politique, voir Bartolomé Clavero Arevalo, Tantas personas como estados. Por una antropología política de la historia europea, Madrid, Tecnos, 1986.
7 María Asenjo González, « La violencia en la sociedad medieval. Revisión, Planteamientos y Propuestas », in Esther López Ojeda (dir.), La violencia en la Sociedad Medieval. XXIX Semana de Estudios Medievales de Nájera, 23 al 27 de Julio de 2018, Logroño, Gobierno de la Rioja, 2019, p. 17-44.
8 Voir l’ouvrage de Miguel Angel Ochoa Brun, Historia de la diplomacia española, vol. 1, Madrid, Ministerio de Asuntos Exteriores, 1990. C’est un travail important et un ouvrage de référence pour l’étude de la politique et l’histoire des relations internationales. Dans les premiers chapitres l’auteur donne la définition de « diplomatie » comme « les relations entre les États » (p. 11). Mais c’est une définition qui nous paraît incomplète. Il est évident que, du point de vue politique, l’État est une construction historique apparue en Europe occidentale à la fin de l’Ancien Régime, difficile à imaginer dans les autres époques historiques. Cette question a déjà été l’objet d’une abondante littérature scientifique tant dans l’historiographie que dans la philosophie et la politique. Il n’est pas facile de souscrire à une définition de la monarchie féodale comme État, car il semble précoce de parler d’ « État » pour la Castille du bas Moyen Âge. Sur l’œuvre de Ochoa Brun on peut consulter aussi le compte rendu d’Antonio Serrano Haro, « Sobre la Historia de la diplomacia medieval española », Hispania, vol. 53, no 184, 1993, p. 733-747.
9 Paloma Balbín Chamorro, « Una propuesta metodológica: utilización de fuentes medievales para el estudio de la Historia Antigua peninsular », En la España Medieval, no 28, 2005, p. 355-377. Voir aussi María Asenjo González, « Ciudades y hermandades en la Corona de Castilla. Aproximación sociopolítica », Anuario de Estudios Medievales, vol. 27, no 1, 1997, p. 103-146.
10 Antonio Alvarez de Morales y Rúiz, Las hermandades, expresión del movimiento comunitario en España, Valladolid, Universidad de Valladolid, 1974 ; Cesar González Mínguez, Contribución al estudio de las Hermandades en el reinado de Fernando IV de Castilla, Vitoria, Diputación Foral de Álava, Consejo de Cultura, 1974 ; José Maria Mínguez Fernández, « Las Hermandades generales de los concejos en la corona de Castilla », in Concejos y ciudades en la Edad Media hispánica, León, Fundación Sánchez Albornoz, 1990, p. 539-567 ; Asenjo González, « Ciudades y hermandades en la Corona de Castilla… », art. cit., p. 103-146.
11 Décédé à Ciudad Real en 1275 à l’âge de dix-neuf ans mais en laissant deux enfants, Alphonse et Ferdinand, connus par la suite comme « infantes de la Cerda » : Manuel González Jiménez, Alfonso X el Sabio, Barcelone, Ariel, 2004, p. 289.
12 Les villes ont pris parfois position contre le roi mais pas contre la monarchie : voir María Asenjo González, « Political dissent through complaints and petitions to the royal power in the towns and cities of Castile-León (13th-14th Centuries) », in Fabrizio Titone (dir.), Disciplined Dissent. Strategies of Non-Confrontational Protest in Europe from the Twelfth to the Early Sixteenth Century, Rome, Viella, 2016, p. 67-89 ; Luis Suárez Fernández, « Evolución histórica de las hermandades castellanas », Cuadernos de Historia de España, no 16, 1951, p. 5-78 ; Eduardo Fuentes Ganzo, « Las hermandades leonesas (1282-1235) : Presencia y participación de concejos: el singular caso de Benavente », Brigecio: revista de estudios de Benavente y sus tierras, no 8, 1998, p. 113-140.
13 Le roi Alphonse X accorda des privilèges aux chevaliers urbains en 1264 : voir Aquilino Iglesias Zamora, « El privilegio general concedido a las Extremaduras en 1264 por Alfonso X. Edición del ejemplar enviado a Peñafiel el 15 de Abril de 1264 », Anuario de Historia del Derecho Español, no 53, 1983, p. 546-621 et María Asenjo González, « Fiscalidad regia y sociedad urbana en los concejos de la Extremadura castellano-oriental durante el reinado de Alfonso X », in Homenaje al Profesor Juan Torres Fontes, Murcie, Academia Alfonso X el Sabio, 1987, p. 69-84.
14 Suárez Fernández, « Evolución histórica… », art. cit., p. 5-78 ; Eduardo Fuentes Ganzo, « Las hermandades leonesas (1282-1235) : Presencia y participación de concejos: el singular caso de Benavente », Brigecio: revista de estudios de Benavente y sus tierras, no 9, 1998, p. 113-140.
15 Asenjo González, « Political dissent… », art. cit., p. 67-89.
16 Luis Garcia de Valdeavellano, « Carta de Hermandad entre los concejos de la Extremadura castellana y del arzobispo de Toledo en 1295 », Revista portuguesa de Historia, Homenagem ao Doutor Paulo Merêa, no 12, 1969, p. 57-76, p. 59.
17 Ibid., p. 74-76.
18 Cortes de los antiguos reinos de Castilla y León, vol. 1, Cortes de Valladolid de 1295, p. 132, 12.
19 Cesar Gonzalez Minguez, Fernando IV de Castilla (1295-1312). La Guerra civil y el predominio de la nobleza, Vitoria, Colegio Universitario de Alava, 1976, p. 22-172.
20 Cortes de los antiguos reinos…, op. cit., I, p. 388, nº 40 : « […] Otrosi les otorgo los quadernos que les dio el Rey don Fernando mio padre en las cortes que el fizo, aquellos que non fablan de hermandades ». Les mêmes termes sont employés dans les actes des Cortes de Madrid de 1329, p. 433-434.
21 María Asenjo González, « Clientélisme et ascension sociale à Ségovie à la fin du Moyen Âge », Journal of Medieval History, vol. 12, no 2, 1986, p. 167-82.
22 José Maria Monsalvo Antón, « La sociedad política en los concejos castellanos de la Meseta durante la época del regimiento medieval. La distribución social del poder », in Concejos y ciudades en la edad media hispánica. II Congreso de estudios medievales, León, Fundación Sánchez-Albornoz, 1990, p. 358-413.
23 José Maria Mínguez Fernández, « La transformación social de las ciudades y las Cortes de Castilla y León », in Las Cortes de Castilla y León en la Edad Media : actas de la primera etapa del Congreso científico sobre la historia de las Cortes de Castilla y León, Burgos, 30 de septiembre a 3 de octubre de 1986. 2 vol., Valladolid, Cortes de Castilla y León, 1988, p. 13-43.
24 María Asenjo González, « Ciudades y poder político en la Castilla Trastámara (1400-1450) », in François Foronda, Jean-Philippe Genet et José Manuel Nieto Soria (dir.), Coups d’État à la fin du Moyen Âge ? Aux fondements du pouvoir politique en Europe occidentale, Madrid, Casa de Velázquez, 2005, p. 365-401.
25 Sur le servicio et l’implication des villes dans la politique du royaume, voir María Asenjo González, « La aristocratización política en Castilla y el proceso de participación urbana (1252-1520) », in José Manuel Nieto Soria (dir.), La monarquía como conflicto en Castilla (1250-1450), Madrid, Silex, 2006, p. 133-196.
26 Luis Suárez Fernández, « Castilla (1350-1406) », in Ramón Menéndez Pidal, Historia de España, Madrid, Espasa Calpe, 1965, p. 151.
27 María Asenjo González, « El poder regio y las ciudades castellanas a mediados del siglo xv. Pragmáticas, ordenamientos y reuniones de Cortes en el reinado de Juan II », in Luis Adao da Fonseca, Luis Carlos Amaral et Maria Fernanda Ferreira Santos (dir.), Os Reinos Ibéricos na Idade Media. Homenaje al Pro. H. Baquero Moreno, Lisbonne, Loivraria Civilisçao Editora, 2003, p. 947-955 ; María Asenjo González (dir.), Urban Elites and Aristocratic Behaviour in the Spanish Kingdoms at the end of the Middle Ages, Turnhout, Brepols, 2013 (Urban History, 27).
28 Archivo Municipal de Burgos. doc. nº 388 : Ocaña 29 de Novembre de 1399 : Charte d’Henri III à la ville de Burgos pour demander des députés afin de traiter des questions de la guerre avec le Portugal. Le roi demande que la ville envoie un député à la cour avant le 20 juillet.
29 Ibid., « E non fallescades dello en ninguna manera, sino ser çiertos que me fariedes en ello grant enojo, por quanto que es cosa que cumple mucho a mi serviçio de non fallesçer los dichos procuradores de ser conmigo al dicho plazo ».
30 Asenjo González, « La aristocratización política… », art. cit., p. 133-196.
31 La volonté d’intégration du pouvoir monarchique est un des aspects identitaires exprimés sur le plan idéologique et théorique, mais avec d’importantes difficultés de réalisation : voir sur ce sujet José Manuel Nieto Soria, Fundamentos ideológicos del poder real en Castilla (siglos xiii-xvi), Madrid, Eudema, 1988.
32 L’importance politique de la noblesse était étudiée dans la thèse de François Foronda, La privanza ou le régime de la faveur. Autorité monarchique et puissance aristocratique en Castille, xiiie-xve siècle, soutenue à l’université Paris I Panthéon-Sorbonne en 2003. Voir aussi Paulina López Pita, « Señoríos nobiliarios bajomedievales », Espacio, Tiempo y Forma, Serie III, Historia Medieval, no 4, 1991, p. 243-284 et Luis Suárez Fernández, Nobleza y monarquía. Puntos de vista sobre la historia castellana del siglo xv, Valladolid, Universidad de Valladolid, 1975.
33 Marie-Claude Gerbet, Las noblezas españolas en la Edad Media, Madrid, Alianza Editorial, 1997 ; Alfonso Franco Silva, « La implantación de señoríos laicos en tierras de Toledo durante el siglo xv : el ejemplo de Gálvez », in Actas del I Congreso de Historia de Castilla la Mancha, VI, 1988, Ciudad Real, Junta de Comunidades de Castilla-La Mancha, p. 65-73.
34 À Valladolid, en 1447, un impôt à hauteur de vingt millions de maravédis a été adopté pour soulager les besoins du royaume qui, à ce moment-là, devait affronter la menace des troupes du roi Jean II de Navarre, lequel pouvait compter sur l’appui de deux villes rebelles : Atienza et Torija. Il existe également une autre rébellion, celle de la ville de Murcie avec la ville de Lorca et d’autres agglomérations urbaines. Cette rébellion menaçait la ville de Molina d’Aragon qui était sous la juridiction de Pedro Fajardo, l’Adelantado de Murcie, le principal officier du roi dans un territoire de frontière comme Murcie. Ces circonstances expliquent l’urgence de la subvention. Sur la question de savoir si l’institution qui approuvait les pedidos y monedas était les Cortes ou le Consejo avec la participation des villes, le document laisse entendre que les députés ne paraissaient pas avoir été convoqués mais étaient déjà arrivés à la Cour. Voir Adolfo Bonilla et Fidel Fita, Memorias de don Enrique IV, Madrid, 1835-1913, doc. nº VIII, Valladolid 4 febrero 1447, p. 14 : « Muy alto e muy poderoso e virtuoso Principe, Rey e señor. Vuestros omildes servidores los procuradores de las cibdades e villas de vuestros regnos que aquí en vuestra corte están, e son venidos por vuestro mandado […] ». Le document cite la réunion des Cortes près du siège de la ville d’Olmedo.
35 Nous pouvons trouver dans le même document la preuve de la présence des villes à la cour comme membres du Conseil du roi. À Tordesillas les villes étaient rassemblées pour pouvoir répondre au roi qui demandait un financement. La preuve de leur présence à la cour est donnée dans le même document qui dit que, quand ils étaient tous ensemble à Tordesillas pour traiter cette question et quand on s’approchait de la décision pour répondre au roi, l’archevêque partait avec d’autres députés des villes. Les villes se plaçaient comme alliées des bandes nobiliaires et dans ces circonstances le problème était le nombre des députés et la nécessité d’un quorum pour approuver les impôts. Il semble que tous avaient conscience de la responsabilité d’approuver en commun les impôts : « todos en una voluntad ». Néanmoins, devant l’urgence et la nécessité du royaume, ils décidaient le prélèvement d’impôts pour un montant de vingt millions de maravédis, dont dix-huit financeraient les sujets mentionnés tandis que les deux autres millions serviraient à payer les salaires et les autres choses nécessaires au futur. Ibid., p. 14-21. L’accord avait été envoyé à M. Gutierre de Sotomayor, grand maître de l’ordre militaire d’Alcantara, pour lui faire prêter serment dans ces termes.
36 Sur le « service », voir Rosmary Horrox, Richard III: A Study of Service, Cambridge, Cambridge U.P., 1989, p. 1-7 et Id., « Service », in Fifteenth-Century Attitudes. Perceptions in Late Medieval England, Cambridge, Cambridge U.P., 1994, p. 61-78.
37 Juan Abellan Perez, Colección de documentos para la historia del Reino de Murcia : Documentos de Juan II, vol. 16, Murcie, Academia Alfonso X el Sabio, 1984 ; Valladolid 19 marzo 1409. Lettre de la cour royale au gouvernement de Murcie annonçant des trêves conclues avec le royaume de Grenade qui devaient être respectées : doc. CV, p. 186-187 et Becerril 10-agosto 1409. Le roi fait connaître à Murcie la prolongation des trêves signées avec le roi de Grenade et demande leur publication, doc. 117, p. 210-211.
38 Voir Bonilla et Fita, op. cit. Sur cette question voir l’exigence : « que nos otorgue e mande librar luego lo que se acostumbra a otorgar e librar a los otros procuradores pasados, conviene a saber, la merced primera que se acostumbro librar, e que nos sean librados por algund tiempo rasonable nuestros salarios », p. 16.
39 Ibid., p. 17 : « que vuestra alteza mande proveer de los recabdamientos de pedido e monedas de los veinte cuentos a las personas que nosotros nombraremos e declararemos por recabdadores e buenas personas llanas para los dichos oficios a razon de treinta maravedíes el millar, segund que los ovieron los recabdadores pasados; e que los tales recabdadores contenten de fianzas a los vuestros contadores mayores con otras personas […] ».
40 Ibid., p. 19 : « Otrosi que demas desto V.S. les envie notificar, e lo mande e ordene asi, que los logares de los señorios e encomiendas donde asi embargaren e empacharen, o non embargaren, o non consintieren recabdar los dichos maravedis a los dichos vuestros recaudadores e arrendar las rentas dellos, les sean fechos prendas en los vesinos e moradores de los dichos lugares e en sus bienes, asi comunes como particulares do quier que podieren ser avidos […] ».
41 Comme garants des dépenses à la cour royale se proposent Fernando Díaz de Toledo, membre du Conseil, et Diego Romero, Pedro Fernández de Lorca et Alfonso González de Tordesillas, secrétaires du roi. Ils devaient prêter serment sur les dépenses. On avait conclu un accord sur ce qui était prévu. Ainsi finalement le roi ne pouvait pas agir dans un sens contraire : « prometa so cargo de vuestra conciencia, de non mandar a los dichos secretarios nin a otros algunos de non librar las tales cartas e albalaes, nin mandamientos, non embargante que vuestra alteza los relieve por ello de tal juramento, nin por otra cabsa nin color alguna », ibid., p. 18.
42 Les allusions du monarque dans ses argumentations témoignent de leur présence continue à la cour : « que como disen los procuradores, el que lo contrario desto finiere, mas guerra me faria en ello que los contrarios me podrían faser », ibid., p. 19.
43 « […] en lo cual sed cierto que me paredes mucho plaser e servicio, e por cosa alguna no fagades ende al, sopena de la mi merced […] », ibid., p. 20.
44 María Asenjo González, « La aportación del sistema urbano a la gobernabilidad de reino de Castilla durante el reinado de los Reyes Católicos (1474-1504) », Anuario de Estudios Medievales, vol. 39, no 1, 2009, p. 307-328. DOI : 10.3989/aem.2009.v39.i1.105
45 Suárez Fernández, op. cit., p. 185 ; José Manuel Nieto Soria, « La monarquía de Enrique IV: sus fundamentos ideológicos e institucionales », in Enrique IV de Castilla y su tiempo: Semana Marañón 97, Valladolid, Fundación Gregorio Marañón, 2000, p. 91-113.
46 Yolanda Guerrero Navarrete, « Burgos y Enrique IV. La importancia del sector ciudadano en la crisis castellana de la segunda mitad del siglo xv », Hispania, no 47, 1987, p. 437-484 ; María Belén Piqueras García, Fiscalidad real y concejil en el reinado de Enrique IV: El ejemplo de Murcia (1462-1474), Cadix, Universidad de Cádiz, Alfonso X el Sabio, 1988.
47 José Manuel Nieto Soria, « Álvaro de Luna as Tyrant. Public Opinion and Political Conflict in 15th century Castile », Imago temporis. Medium Aevum, no 11, 2017, p. 273-297 ; François Foronda, « Patronazgo, relación de clientela y estructura clientelar. El testimonio del epílogo de la Historia de don Álvaro de Luna », Hispania, vol. LXX, no 235, 2010, p. 431-460.
48 Quelques collaborateurs comme Miguel Lucas de Iranzo, le diplomate de la Cadena, le converso Diego Arias Dávila, Beltrán de la Cueva, Juan de Valenzuela et Alfonso de Palencia : voir Suárez Fernández, op. cit., p. 186.
49 Ces confédérations écrites accordées parmi les nobles furent interprétées comme preuve des aspirations politiques de la noblesse pour construire un gouvernement conjoint du royaume. Voir Cesar Olivera Serrano, Las Cortes de Castilla y la crisis del Reino (1445-1474), el registro de Cortes, Burgos, Cortes de Castilla y León, 1986, p. 88.
50 La justification des accords est exposée dans les propos du monarque : « Conociendo ser asi complidero a servicio de Dios e mío e al pacifico estado de mis regnos ayuntar e allegar a mi para conservación de aquello a mis subditos e naturales demas de quanto les obliga la fidelidad e lealtad que me deben e acatando e considerando la mucha fidelidad que siempre fallé en vos el muy reverendo padre en Cristo don Alonso de Fonseca […] ». Voir Bonilla et Fita, op. cit., doc. nº 54, Segovia 29 mayo 1457, p. 151.
51 « e vos seguiremos fielmente, cesante toda arte e engaño e cautela con nuestras personas e casas e gentes, nos ponemos nos e cada uno de nos contra cualesquier persona o personas de cualquier ley estado e condicion o preeminencia o dignidad que sean, puesto que sean de dignidad real o decendientes de aquel estirpe que contra vuestra real persona o contra vuestros regnos o contra vuestro mandamiento o servicio sean o quieran ser », ibid., p. 152.
52 Asenjo González, « El poder regio y las ciudades… », art. cit., p. 949.
53 Voir François Foronda, « La privanza, entre monarquía y nobleza », in Nieto Soria (dir.), La monarquía como conflicto…, op. cit., p. 73-132.
54 Voir Bonilla et Fita, op. cit., doc. nº 109, s.l., s.d., s.m. 1465, p. 355-408.
55 Julio Puyol y Alonso, Las Hermandades de Castilla y León. Estudio histórico seguido de las Ordenanzas de Castronuño hasta ahora inéditas, Madrid, Nebrija, 1986 (1913), p. 73-88 ; José Luis Bermejo Cabrero, « Hermandades y Comunidades de Castilla », Anuario de Historia del Derecho Español, no 58, 1988, p. 277-412.
56 Juan Carretero Zamora, Cortes, monarquía, ciudades. Las Cortes de Castilla a comienzos de la época moderna (1475-1515), Madrid, Siglo xxi, 1988.
57 María Asenjo González, « El corregidor en la ciudad. Competencias y dificultades en la gestión de su oficio a fines del siglo xv y principios del xvi », Dossier « El “habitus” del oficial real. Ideal, percepción y ejercicio del cargo en la Monarquía Hispánica (siglos xv al xviii) », Studia Historica. Historia Moderna, vol. 39, no 1, 2017, p. 89-124. DOI : 10.14201/shhmo201739189124
58 Rosa María Montero Tejada, « Los continos “hombres de armas” de la Casa Real castellana (1495-1516), una aproximación de conjunto », Boletín de la Real Academia de la Historia, vol. 198, no 1, 2001, p. 103-130 ; Id., « Monarquía y gobierno concejil: continos reales en las ciudades castellanas a comienzos de la Edad Moderna », in J.M. Bernardo Ares et J.M. González Beltrán (dir.), La administración municipal en la Edad Moderna, Cadix, 1999, p. 577-589 ; Rafael G. Peinado Santaella et Enrique Soria Mesa, « Crianza real y clientelismo nobiliario: los Bobadilla, una familia de la oligarquía granadina », Meridies, no 1, 1994, p. 129-160 ; Maria Francisca García Alcázar, « Los “continos” reales de Castilla durante la baja Edad Media. Estado de la cuestión », Espacio, Tiempo y Forma. Serie III, Historia Medieval, no 30, 2017, p. 335-358.
59 Horrox, art. cit., p. 61-78.
60 Foronda, La privanza ou le régime de la faveur…, op. cit. ; Id., « La privanza dans la Castille du bas Moyen Âge. Cadres conceptuels et stratégies de légitimation d’un lien de proximité », in María Isabel Alfonso Antón, Julio Escalona Monge, Georges Martin (dir.), Lucha política. Condena y legitimación en la España medieval, Lyon, ENS, 2004, p. 153-197.
61 C’est le titre de la thèse de doctorat de Maria Francisca García Alcázar, soutenue au début de l’année 2021 à l’université Complutense de Madrid.
62 García Alcázar, art. cit., p. 340.
63 Les continos sont inconnus dans les autres royaumes chrétiens de la péninsule Ibérique et représentent une originalité du service au roi entre la privanza du noble et le travail salarié de l’officier : ibid., p. 335-358.
64 Juan Ignacio Fortea Pérez, Fiscalidad en Córdoba. Fisco, economía y sociedad. Alcabalas y encabezamientos en Tierras de Córdoba (1513-1619), Cordoue, Universidad de Córdoba, 1986.
65 María Asenjo González, « Encabezamientos de alcabalas en Segovia y su episcopalía (1495-1506). Innovaciones y reacción social », En la España Medieval, no 20, 1997, p. 251-280.
66 María Asenjo González, « Los encabezamientos de alcabalas en la Castilla bajomedieval. Fuentes de renta y política fiscal », in Denis Menjot et Manuel Sánchez (dir.), Fiscalidad de Estado y fiscalidad municipal en los reinos hispánicos medievales, Madrid, Casa de Velázquez, 2006, p. 135-170.
67 María Asenjo González, « Ciudades y deuda pública en Castilla. La adaptación fiscal del impuesto de la “alcabala real” a las nuevas exigencias de la sociedad política (1450-1520) », in Simonetta Cavaciocchi, La fiscalitá nell’economia europea. Secc. xiii-xviii, Florence, Instituto Datini, 2008, p. 477-490.
68 Antonio Matilla Tascón, Declaratorias de los Reyes Católicos sobre reducción de juros y otras mercedes, Madrid, Serv. Inspec. de Hacienda, 1952.
69 Francisco José Carrera Raya, « Notas sobre algunos antecedentes iushistóricos de la deuda pública española: de los juros a los vales reales », Cuadernos Informativos de Derecho Histórico Público, Procesal y de la Navegación, no 4-5, 1987, p. 603-634.
70 Juan Antonio Bonachia Hernando, « El encabezamiento de alcabalas de Valladolid (1496-1501). Los sistemas de recaudación », in Juan Antonio Bonachia Hernando et David Carvajal de la Vega (dir.), Los negocios del hombre. Comercio y rentas en Castilla, Valladolid, Universidad de Valladolid, 2012, p. 287-321 ; Alicia Lozano Castellanos, « Fiscalidad regia, nobleza y ciudad. La intervención de la nobleza de Talavera de la Reina en la negociación de la adopción y renovación del encabezamiento de las alcabalas de la villa (1496-1510) », in José Antonio Jara Fuente (dir.), Discurso político y relaciones de poder. Ciudad, nobleza y monarquía en la Baja Edad Media, Madrid, Dyckinson, 2017, p. 513-538.
71 Asenjo González, « Los encabezamientos de alcabalas en la Castilla », art. cit., p. 135-170.
72 Álvaro Castillo Pintado, « Los juros de Castilla. Apogeo y fin de un instrumento de crédito », Hispania. Revista española de historia, no 23, 1963, p. 43-70.
73 Pilar Toboso Sánchez, La deuda pública castellana durante el Antiguo Régimen (Juros) y su liquidación en el siglo xix, Madrid, Ministerio de Hacienda, 1987.
74 En 1522 le paiement des juros représentait 36 % de la rente, mais en 1543 ce pourcentage était de 65,4 %. Voir Carmen M. Cremades Griñán, « Notas al sistema de encabezamiento de alcabalas (1536-1556) », in Homenaje al profesor Juan Torres Fontes, op. cit., p. 325 et David Alonso García, El Erario del Reino. Fiscalidad en Castilla a principios de la Edad Moderna (1504-1525), Valladolid, Junta de Castilla y León, 2007, p. 82.
75 María Asenjo González, « Ciudades y oligarquía urbana en Castilla en los años de la “Gobernación” de Fernando el Católico (1506-1516) », in Bruno Anatra et Giovanni Murgia (dir.), Sardegna, Spagna e Mediterraneo. Da rei Cattolici al Secolo d’Oro, Rome, Carocci, 2004, p. 125-142.
76 Alain Milhou, « Propaganda mesiánica y opinión pública. Las relaciones de las ciudades del reino de Castilla frente al proyecto fernandino de cruzada (1510-1511) », in Carmen Iglesias, Carlos Moya et Luis Rodríguez Zuñiga (dir.), Homenaje a José Antonio Maravall, Madrid, Centro de Investigaciones Sociológicas, 1985, p. 51-62.
77 Paulino Iradiel Marugarren, « Ciudades, comercio y economía artesana », in La historia medieval en España. Un balance historiográfico (1968-1998), Pampelune, Gobierno de Navarra, 1999, p. 603-58, p. 613 ; María Asenjo González, « Las ciudades castellanas al inicio del reinado de Carlos V », Studia Historica. Historia Moderna, no 21, 1999, p. 49-115 ; Juan Eloy Gelabert González, « Cities, towns and small towns in Castile, 1500-1800 », in Peter Clark (dir.), Small Towns in Early Modern Europe, Cambridge, Cambridge U.P., 1995, p. 271-294.
78 María Asenjo González, « Demografía. El factor humano en las ciudades castellanas y portuguesas a fines de la Edad Media », in Las sociedades urbanas en la España Medieval. XXIX Semana de Estudios Medievales. Estella 15-19 julio 2002, Pampelune, Gobierno de Navarra, 2003, p. 97-150. La population urbaine s’élevait à 20 % de la population totale. Voir Miguel Ángel Ladero Quesada, « 1492. El horizonte histórico español de cara al nuevo mundo », Medievalismo, no 1, 1991, p. 13-33. En Andalousie 47,5 % de la population vivait dans trente-deux villes grandes et moyennes : voir Antonio Collantes de Terán, « La investigación sobre Andalucía en el período bajomedieval », in Cristina Segura Graiño (dir.), Presente y futuro de la historia medieval en España, Madrid, Universidad Autónoma de Madrid, 1990, p. 221-235.
79 Vicente Pérez Moreda, « Cuestiones demográficas en la transición de la Edad Media a los tiempos modernos en España », in Javier Enciso (dir.), El Tratado de Tordesillas y su época. Congreso Internacional de Historia, Valladolid, Junta de Castilla y León, 1995, p. 227-243.
80 Iradiel Marugarren, art. cit., p. 619-620.
81 Pérez Moreda, art. cit., p. 242-243.
82 María Asenjo González, « Political Representation and the Fiscal State in Late Medieval and Early Modern Castile », in Mario Damen, Jelle Haemers et Alister J. Mann (dir.), Political Representation. Communities, Ideas and Institutions in Europe (c. 1200–c. 1690), Leiden/Boston, Brill, 2018, p. 54-68.
83 Vicente Pérez Moreda et David Sven Reher Sullivan, « La población urbana española entre los siglos xvi y xviii : una perspectiva demográfica », in José Ignacio Fortea Pérez (dir.), Imágenes de la diversidad : el mundo urbano en la Corona de Castilla (s. xvi- xviii), Santander, Universidad de Cantabria, 1997, p. 129-163, p. 130.
84 Au xviiie siècle Madrid comprenait un tiers de la population espagnole et produisait au moins un tiers du revenu royal : David R. Ringrose, « La ciudad y su entorno en la época moderna », Revista d’història moderna, no 15 (Catalunya I Espaya a l’època moderna), 1997, p. 221-246 ; Id., « Madrid et l’Espagne au xviiie siècle : l’économie d’une capitale », Mélanges de la Casa de Velázquez, no 11, 1975, p. 593-606, p. 595.
85 José Ignacio Fortea Pérez, « Las ciudades, las Cortes y el problema de la representación política en la Castilla moderna », in Id., Imágenes de la diversidad…, op. cit., p. 421-445, p. 425 ; Id, « Monarquía, Cortes y Ciudades en la corona de Castilla durante la Edad moderna », in Jaume Sobrequés i Callicó, Joseba Agirreazkuenaga Zigorraga, Mercè Morales Montoya et Mikel Urquijo Goitia, Actes del 53è Congrés de la Comissió internacional per a l’estudi de la història de les Institucions representatives i parlamentàries, Barcelone, Parlament de Catalunya, Museo d’Història de Catalynya, 2005, vol. 1, p. 305-345 ; Id., Las Cortes de Castilla y León bajo los Austrias: una interpretación, Valladolid, Junta de Castilla y León, 2008.
86 Fortea Pérez, « Las ciudades, las Cortes y el problema de la representación… », art. cit., p. 443.
87 Manuel Herrero Sánchez, « El modelo republicano en una monarquía de ciudades », in Alain Hugon et Alexandra Merle, Soulèvements, révoltes, révolutions dans l’empire des Habsbourg d’Espagne, xvie-xviie siècle, Madrid, Casa de Velázquez, 2016, p. 243-266.
88 José Javier Ruiz Ibáñez et Bernard Vincent, Los siglos xvi-xvii. Política y sociedad, Madrid, Síntesis, 2007.
89 Tel est le critère du récent travail de Daron Acemoglu et James A. Robinson, ¿Por qué fracasan los países? Los orígenes del poder, la prosperidad y la pobreza, Barcelone, Deusto, 2012.
90 Herrero Sánchez, art. cit., p. 243-266.
91 Mario Berengo, L’Europa delle città. Il volto della società europea tra Medioevo ed Età Moderna, Turin, Einaudi, 1999.
92 Cortes de los antiguos reinos…, op. cit., chap. 74, p. 408. José Ignacio Fortea Pérez, « Corona de Castilla - Corona de Aragón. Convergencias y divergencias de dos modelos de organización municipal en los siglos xvi y xvii », Mélanges de la Casa de Velázquez, no 34, 2004, p. 17-58, note 43.
93 Regina Grafe, Distant Tyranny: Markets, Power and Backwardness in Spain, 1650-1800, Princeton, Princeton U.P., 2012.
94 Helen Nader, Liberty in Absolutist Spain: The Habsburg Sale of Towns, 1516-1700, Johns Hopkins U.P., 1993, p. 2.
95 José Antonio Escudero López, « Felipe II y el gobierno de la monarquía », in Rafael del Pino Moreno et Gonzalo Anes (dir.), La América hispana en los albores de la emancipación: [actas del IX Congreso de Academias Iberoamericanas de la Historia], Madrid, Marcial Pons, 2005, p. 685-697.
Auteur
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María Asenjo González
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Universidad Complutense de Madrid

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