Michèle Duchet
Texte intégral
1Née le 2 novembre 1925 à Neuilly-sur-Seine, Michèle Duchet a fait ses études à Paris, puis à Toulouse, où ses parents s’étaient installés au moment de la guerre car son père fabriquait des avions. C’est à Toulouse qu’elle a rencontré Claude Duchet, qu’elle épousa en 1945 et dont elle eut un fils en 1947.
2Elle poursuivit ensuite sa scolarité à Paris, au lycée Fénelon, pour préparer le concours d’entrée à l’École normale supérieure de jeunes filles (Sèvres). Première lycéenne mariée à se présenter, en 1947, elle fut écartée une semaine, le temps pour le Conseil d’en délibérer, et réintégrée juste à temps, le souci du prestige de l’École l’ayant emporté sur les préjugés.
3Après avoir été reçue à l’agrégation en 1952, elle obtint avec son mari un poste double à Oran. Ce fut le début pour le couple d’une intense activité politique, avec les « libéraux » et les Algériens, en faveur de l’indépendance. Michèle fut même candidate à la municipalité sur une liste de gauche. C’est là que l’idée de la thèse Anthropologie et histoire au siècle des Lumières – ce « livre fondamental pour comprendre la naissance de l’idéologie coloniale moderne, au sein même de la philosophie des Lumières » (Georges Benrekassa) – est née, aussitôt accueillie par Jean Fabre.
4De retour en France en 1955, Michèle Duchet enseigna au lycée à Marseille, durant trois ans, puis à Paris, jusqu’en 1965, année où elle fut recrutée comme assistante à la Sorbonne. Elle y participa activement au mouvement de contestation de 1968, qui devait aboutir à la scission de l’Université de Paris.
5Enfin nommée, en 1969, maître de conférences à l’École normale supérieure de Fontenay-aux-Roses, elle fut – là aussi – la première à être titulaire d’un poste complet en son sein. Après la publication de sa thèse, chez Maspero, en 1971, elle accéda au grade de Professeur des universités. Elle mena, en accord avec la directrice de l’École, Jacqueline Bonnamour, une politique d’ouverture, tant par son enseignement que par les recherches qu’elle suscitait au sein d’un séminaire interdisciplinaire, dont naquit un ouvrage collectif novateur : Langues et langages de Leibniz à l’Encyclopédie (1977). Plus tard, elle dirigea à l’École une équipe de recherche, associée au CNRS, sur « le monde des relations de voyage », qui aboutit en 1992 à L’inscription des langues dans les relations de voyage (xvie-xviiie siècles), actes du colloque international de 1988 à l’ENS de Fontenay. Tournée vers l’avenir, elle avait su en outre prendre en marche le train de l’informatique, en mettant cet outil moderne au service de l’illustration de voyage : un vidéodisque, réunissant des images provenant de bibliothèques du monde entier, en résulta.
6Retraitée en 1991, sans que son équipe de recherche fût reconduite à Fontenay, elle n’en continua pas moins, jusqu’à sa mort, survenue le 10 juillet 2001, à exercer au loin son influence intellectuelle, à travers les ouvrages qu’elle a produits et les chercheurs qu’elle a contribué à former.
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