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Suffragistes et suffragettes

Cahier d’illustrations

Les suffragettes et suffragistes dans l’espace public

Texte intégral

1Les photographies et images qui suivent illustrent la façon dont les suffragettes et suffragistes britanniques et américaines ont marqué l’espace public de leur présence et construit l’image de leur mouvement.

Les suffragettes et suffragistes comme lobby politique

2Les suffragettes et suffragistes se rendaient dans les lieux où s’exerçait le pouvoir politique pour y présenter résolutions et pétitions et pour faire entendre leur voix. Elles souhaitaient investir ces lieux occupés par le pouvoir masculin. (Illustrations i, ii, iii, iv)

Illustration i – Suffragistes devant le Capitole, 1914

Illustration i – Suffragistes devant le Capitole, 1914

Les suffragettes et suffragistes cherchaient à investir les lieux politiques de manière symbolique, à être présentes aux abords des lieux de pouvoir, donnant à voir leur exclusion puisqu’elles n’étaient pas autorisées à y entrer. Elles organisaient des rassemblements, souvent à l’issue de défilés, au cours desquels elles mettaient en scène des spectacles historiques ou des tableaux allégoriques. On peut observer ici la présence d’instruments de musique en haut des marches, et il semblerait que certaines suffragettes au premier rang tiennent une partition entre les mains. Elles se préparent probablement à entonner un chant.

Library of Congress Prints and Photographs Division Washington, D.C.

Illustration ii – Délégation de la Fédération des clubs féminins à la Maison-Blanche, 30 juin 1914

Illustration ii – Délégation de la Fédération des clubs féminins à la Maison-Blanche, 30 juin 1914

Plus de 500 femmes se rendirent à la Maison-Blanche pour remettre une résolution en faveur du droit de vote au président Woodrow Wilson. L’entretien fut houleux : pressé par les questions insistantes des suffragettes, le président mit brutalement fin aux échanges en déclarant qu’il refusait de se soumettre à tout « contre-interrogatoire » (cross-examination).

Library of Congress Prints and Photographs Division Washington, D.C.

Illustration iii – Cérémonie organisée au Capitole en l’honneur d’Inez Milholland, 25 décembre 1916

Illustration iii – Cérémonie organisée au Capitole en l’honneur d’Inez Milholland, 25 décembre 1916

Inez Milholland, figure emblématique des campagnes suffragistes (elle ouvrait souvent les cortèges à cheval), décéda le 25 novembre 1916 lors d’une tournée de conférences dans l’ouest des États-Unis. Symbole du martyre suffragiste, ses dernières paroles supposées, « M. le Président, qu’allez-vous faire pour le droit de vote des femmes ? », devinrent un célèbre slogan. Alice Paul organisa un service funèbre en son honneur au Capitole, dans la salle où les États envoyaient des statues de leurs héros (Statuary Hall), qu’elle décora de laurier et de cèdre. La cérémonie, qui attira plus de 1000 personnes le jour de Noël et fut la première organisée en l’honneur d’une femme au Capitole, débuta par une procession de femmes habillées en violet, blanc et or, que l’on voit ici gravir les marches du Congrès.

Library of Congress Prints and Photographs Division Washington, D.C.

Illustration iv – Membres de l’Union parlementaire pour le droit de vote des femmes (Congressional Union for Woman Suffrage) devant leurs bureaux, Washington, D.C., 26 janvier 1917

Illustration iv – Membres de l’Union parlementaire pour le droit de vote des femmes (Congressional Union for Woman Suffrage) devant leurs bureaux, Washington, D.C., 26 janvier 1917

Les banderoles que ces militantes arborent, portant des slogans s’adressant directement au président Woodrow Wilson, suggèrent qu’il s’agit là de sentinelles silencieuses qui se tenaient tous les jours devant la Maison-Blanche depuis le début du mois de janvier 1917. On peut ainsi lire (de gauche à droite) : « M. le Président, combien de temps les femmes doivent-elles attendre leur liberté ? » ; « M. le Président, qu’allez-vous faire pour le droit de vote des femmes ? » ; « M. le Président, vous déclarez : “La liberté est l’exigence fondamentale de tout esprit humain” » ; « M. le Président, vous déclarez : “Politiquement parlant, aux États-Unis, seule la liberté humaine nous intéresse” ». Les collections du Parti national de la femme contiennent d’autres clichés pris ce jour-là, montrant des femmes déployant ces mêmes banderoles devant la Maison-Blanche et indiquant qu’il s’agissait d’une délégation suffragiste venue de New York.

Library of Congress Prints and Photographs Division Washington, D.C.

3Les femmes allaient à la rencontre du public pour sensibiliser et mobiliser hommes et femmes à leur cause. Elles bravaient les foules d’hommes dans les rues, les bâtiments publics ou à la sortie des usines. (Illustration v)

Illustration v – Scène lors d’une élection partielle (Grande-Bretagne), n.d.

Illustration v – Scène lors d’une élection partielle (Grande-Bretagne), n.d.

La suffragette Katherine Douglas Smith fait un discours à la sortie d’une usine. Ainsi que le notent de nombreuses suffragettes dans leur autobiographie, l’expérience était éprouvante physiquement et émotionnellement car dans les premières années du siècle, les femmes étaient quasiment invisibles dans la sphère publique. Il ne fait aucun doute que cette femme juchée sur un support de fortune, « noyée » au milieu de ces hommes, transgressait toutes les règles de bienséance de l’époque édouardienne. Cette photographie est assez emblématique de la position des femmes à l’époque. Il ne faut donc pas sous-estimer le courage requis pour se singulariser de la sorte dans une marée d’hommes dans les premières années du xxe siècle.

© National Library of Australia, Bessie Rischbieth papers, MS 2004 / 3 / 41

Rendre la cause visible

4Les suffragettes et suffragistes organisèrent défilés et cortèges dans les grandes villes britanniques et américaines afin de rendre leur présence ostensible dans l’espace public. Leur tenue blanche parée des couleurs des différents mouvements tenait lieu de déclaration politique. (Illustrations vi, vii, viii, ix, x, xi)

Illustration vi – Collage d’affiches (1914)

Illustration vi – Collage d’affiches (1914)

L’affiche annonce un défilé depuis Lafayette Square jusqu’au Capitole à Washington, D.C., précédé d’un rassemblement au théâtre Belasco, le samedi 9 mai 1914. Les suffragistes faisaient ainsi de la promotion pour leurs actions spectaculaires. L’affiche annonçait le prix des billets, allant de 25 cents à un dollar. Notons également que ces femmes portent la tenue suffragiste : elles sont vêtues de blanc et arborent une écharpe avec l’inscription « le droit de vote pour les femmes ».

Library of Congress Prints and Photographs Division Washington, D.C

Illustration vii – Carte du pèlerinage pour le droit de vote des femmes (1913)

Illustration vii – Carte du pèlerinage pour le droit de vote des femmes (1913)

Cette carte était distribuée aux participantes du pèlerinage pour le droit de vote des femmes organisé par l’Union nationale des sociétés pour le droit de vote (NUWSS), respectueuse des lois (law-abiding) et affiliée à aucun parti politique (non-party) de façon officielle à l’époque. Le pèlerinage commença dans toutes les régions de Grande-Bretagne le 18 juin 1913 : des milliers de femmes, la plupart à pied ou à vélo, les plus aisées prêtant une voiture, convergèrent vers Hyde Park, à Londres, où eut lieu une gigantesque manifestation de 50 000 femmes le 26 juillet. Ce pèlerinage fut l’occasion de tenir des réunions et d’organiser des rencontres sur le chemin. Les organisatrices de la NUWSS, qui s’opposaient avec virulence au tournant très radical du militantisme en 1913, revendiquaient la simplicité des cortèges plutôt que la démonstration spectaculaire des militantes. À travers cette marche, elles entendaient faire la démonstration que le mouvement modéré existait bel et bien. Cette carte fournissait des renseignements sur les différents accès à Londres et les points de ralliement. Les couleurs rouge, blanche et verte étaient les couleurs officielles de la NUWSS.

© LSE Library’s collections, 10 / 54 / 097

Illustration viii – Défilé suffragiste, 9 mai 1914

Illustration viii – Défilé suffragiste, 9 mai 1914

Ce défilé montre des femmes élégantes, toutes de blanc vêtues et portant parfois des écharpes aux couleurs suffragistes. Le côté esthétique est ici mis en valeur, comme le montrent l’harmonie des tenues et la présence des fleurs. Ici les suffragistes exploitent leur féminité, ainsi que la maternité, comme l’indique la présence des enfants dans le cortège. Les policiers portant cravache qui entourent la manifestation sont autant là pour protéger les femmes que pour les surveiller.

Library of Congress Prints and Photographs Division Washington, D.C

Illustration ix – Arrivée des marcheurs pour le droit de vote, Washington, D.C., 26 février 1913

Illustration ix – Arrivée des marcheurs pour le droit de vote, Washington, D.C., 26 février 1913

En 1913, le « Général » Rosalie Jones avait organisé une marche depuis New York jusqu’à Washington, D.C., du 12 au 26 février. On peut observer ici que l’entrée des marcheurs (suffrage hikers) dans la capitale fait sensation et que les gens se pressent aux fenêtres pour ne rien rater du spectacle. Les policiers à cheval essaient de protéger la voiture, où sont juchées les femmes, des sollicitations intempestives des curieux.

Library of Congress Prints and Photographs Division Washington, D.C

Illustration x – Défilé de suffragettes à l’occasion du couronnement du roi, 17 juin 1911, Londres

Illustration x – Défilé de suffragettes à l’occasion du couronnement du roi, 17 juin 1911, Londres

Ce défilé de suffragettes eut lieu une semaine avant le couronnement du roi George V. L’événement avait été organisé par le WSPU pour obtenir le soutien du nouveau roi au projet de loi concernant le droit de vote des femmes. Le cortège immense de femmes très élégantes toutes vêtues de blanc faisait partie de cette stratégie visuelle pour occuper l’espace public et rendre la cause visible et respectable. Les régions de Grande-Bretagne, les métiers et les pays de l’Empire étaient représentés par des banderoles, des chars décorés et des reconstitutions historiques (pageants). Un char tiré par des chevaux sur lequel se trouvaient des Indiennes, ou bien encore des « voitures de l’Empire » avec des représentants australiens ou canadiens étaient censés symboliser l’unité de l’Empire.

© National Library of Australia, Bessie Rischbieth papers, MS 2004 / 3 / 203

Illustration xi – Défilé de suffragettes à l’occasion du couronnement, 17 juin 1911, Londres

Illustration xi – Défilé de suffragettes à l’occasion du couronnement, 17 juin 1911, Londres

Cette photographie montre les dirigeantes du Mouvement social et politique des femmes qui avaient organisé la manifestation. Derrière elles, on aperçoit la banderole des prisonnières rappelant la tactique du WSPU : « La prison pour conquérir la liberté des femmes ». Il s’agissait de se faire arrêter à tout prix pour aller en prison, et attirer l’attention à la fois du public, de la presse et du gouvernement. Au premier plan se trouvent les dirigeantes du WSPU, Emmeline Pankhurst (à gauche) et Emmeline Pethick-Lawrence (à droite), Christabel Pankhurst derrière sa mère et Mrs Mabel Tuke sur la droite au second plan. Derrière elles, on aperçoit le visage flou d’Adela Pankhurst, la troisième suffragette de la famille qui émigra en Australie en 1914. Christabel Pankhurst porte la toge d’avocate : diplômée de droit, elle ne pouvait pas exercer son métier en raison de son sexe.

© National Library of Australia, Bessie Rischbieth papers, MS 2004 / 3 / 208

5Pour faire de la publicité, leur campagne s’appuyait sur des actions spectaculaires et la création et diffusion d’insignes, badges, produits dérivés et objets de toute sorte. (Illustrations xii, xiii, xiv)

Illustration xii – Dirigeable pour le droit de vote des femmes, 16 février 1909

Illustration xii – Dirigeable pour le droit de vote des femmes, 16 février 1909

L’Australienne Muriel Matters, membre de la Ligue pour la liberté des femmes (WFL), loua une montgolfière : elle entendait survoler le Parlement et attirer l’attention sur le droit de vote des femmes en usant d’un mégaphone et en jetant des tracts au-dessus de Westminster : « Je lâchai des milliers de prospectus blancs, verts et jaunes [les couleurs de la Ligue pour la liberté], et ils voltigèrent jusqu’au sol comme un vol d’oiseaux » (Adelaide Herald, 15 juin 1910). Les conditions météorologiques défavorables ne lui permirent pas d’atteindre le Parlement, mais elle n’en jeta pas moins les tracts au-dessus de la banlieue de Londres. L’événement fit la une des journaux, comme celle du Daily Mirror, faisant une publicité énorme à la cause. Muriel Matters et sa montgolfière furent immortalisées dans le film Kind Hearts and Coronets (1949).

© Illustrated London News / Mary Evans Picture Library

Illustration xiii – Médaille de gréviste de la faim (1912)

Illustration xiii – Médaille de gréviste de la faim (1912)

Elsie Duval (1892-1919) reçut cette médaille de gréviste de la faim en juin 1912, à sa sortie de prison. Les mots « pour bravoure » et « grève de la faim » sont inscrits sur la médaille. Les couleurs verte, blanche et violette du ruban sont celles du WSPU. Ces médailles étaient une façon de récompenser les grévistes de la faim et furent décernées par le WSPU pour la première fois en août 1909. Elsie Duval était devenue membre du Mouvement social et politique des femmes en 1907 alors qu’elle n’avait que 15 ans. Elle fut nourrie de force plusieurs fois. Elle mourut en 1919 durant l’épidémie de grippe, le cœur affaibli par les traitements subis en prison.

© LSE Library’s collections, 7 HFD / D / 19

Illustration xiv – Service à thé en porcelaine (1909), H. M. Williamson and Sons, Mouvement politique et social des femmes (WSPU)

Illustration xiv – Service à thé en porcelaine (1909), H. M. Williamson and Sons, Mouvement politique et social des femmes (WSPU)

Ce service à thé fut créé pour l’Exposition des femmes (Women’s Exhibition) à Londres, en 1909. Il faisait partie des nombreux produits dérivés vendus pour promouvoir la cause et récolter des fonds. Le motif de « l’ange de la liberté » fut créé pour l’occasion par Sylvia Pankhurst : l’ange souffle dans sa trompette et porte la banderole de la liberté. Le chardon, le trèfle et la rose (les emblèmes respectifs de l’Écosse, de l’Irlande et de l’Angleterre) apparaissent sur le cercle extérieur du dessin. Les initiales du WSPU se détachent sur les barreaux de la prison. Ce motif fut largement utilisé par la suite sur les documents et produits dérivés associés au WSPU.

© LSE Library’s collections, 7 EWD / M / 26

Opposition à la lutte suffragiste

6Alors que la campagne suffragiste prenait de l’ampleur et se radicalisait, les gouvernements britannique et américain réprimèrent cette contestation de façon parfois extrêmement violente. (Illustrations xv, xvi)

Illustration xv – Arrestation d’Emmeline Pankhurst, 21 mai 1914, Buckingham Palace, Londres

Illustration xv – Arrestation d’Emmeline Pankhurst, 21 mai 1914, Buckingham Palace, Londres

Le 21 mai 1914, Emmeline Pankhurst tentait de présenter une énième pétition au roi et fut arrêtée devant Buckingham Palace avec bien d’autres femmes. Elle fut soulevée de terre et portée jusqu’à une voiture qui l’emmena directement à Holloway, la prison de Londres.

© Museum of London

Illustration xvi – « Foule galloise et suffragettes », 22 septembre 1912

Illustration xvi – « Foule galloise et suffragettes », 22 septembre 1912

Cette foule violente encerclant une suffragette n’était pas une scène rare en période de campagne électorale ou lors de résultats des élections où le candidat libéral avait perdu. Ces femmes interrompaient systématiquement le discours des hommes politiques pour leur crier : « Quand aurons-nous le droit de vote ? » Cette scène se passe le 22 septembre 1912 dans la ville de Llanystymdwy au pays de Galles. Les suffragettes interrompirent le discours de Lloyd George, alors ministre des finances, venu recevoir la médaille de la liberté de la ville. En réaction, les hommes arrachèrent les vêtements des femmes, leur tirèrent les cheveux et les jetèrent au sol en les piétinant. Une suffragette fut projetée par-dessus une haie. Le 20 janvier 1908, lors des résultats d’élections partielles à Newton Abbott dans le comté du Devon, où le candidat libéral fut battu, ce sont Emmeline Pankhurst et l’Australienne Nellie Martel qui furent rudoyées par la foule et traînées dans la boue. Lors de telles scènes, les policiers se tenaient souvent à l’écart sans intervenir.

© National Library of Australia, Bessie Rischbieth papers, MS 2004 / 3 / 41

7Le mouvement anti-suffragiste s’opposait au droit de vote qu’il jugeait dangereux pour la famille et les valeurs traditionnelles. (Illustration xvii)

Illustration xvii – « Quand la femme vote, pas de repos », carte postale, vers 1910

Illustration xvii – « Quand la femme vote, pas de repos », carte postale, vers 1910

Les cartes postales et affiches anti-suffragistes présentaient les femmes qui manifestaient pour le droit de vote comme un danger pour la famille. Les hommes sont représentés comme des victimes, qui doivent pallier le désordre engendré par l’absence de leurs femmes.
Cet homme vêtu d’un tablier, épuisé par le travail à la maison et réprimandé par sa femme en colère qui rentre d’une manifestation, est une représentation classique véhiculée par la Ligue nationale contre le droit de vote des femmes.
Le music-hall jouait avec cette représentation de l’homme victime, image que les suffragettes reprenaient également avec humour.

© LSE Library’s collections, TWL / 2004 / 1011 / 55

Table des illustrations

Titre Illustration i – Suffragistes devant le Capitole, 1914
Légende Les suffragettes et suffragistes cherchaient à investir les lieux politiques de manière symbolique, à être présentes aux abords des lieux de pouvoir, donnant à voir leur exclusion puisqu’elles n’étaient pas autorisées à y entrer. Elles organisaient des rassemblements, souvent à l’issue de défilés, au cours desquels elles mettaient en scène des spectacles historiques ou des tableaux allégoriques. On peut observer ici la présence d’instruments de musique en haut des marches, et il semblerait que certaines suffragettes au premier rang tiennent une partition entre les mains. Elles se préparent probablement à entonner un chant.
Crédits Library of Congress Prints and Photographs Division Washington, D.C.
URL http://books.openedition.org/enseditions/docannexe/image/8036/img-1.jpg
Fichier image/jpeg, 757k
Titre Illustration ii – Délégation de la Fédération des clubs féminins à la Maison-Blanche, 30 juin 1914
Légende Plus de 500 femmes se rendirent à la Maison-Blanche pour remettre une résolution en faveur du droit de vote au président Woodrow Wilson. L’entretien fut houleux : pressé par les questions insistantes des suffragettes, le président mit brutalement fin aux échanges en déclarant qu’il refusait de se soumettre à tout « contre-interrogatoire » (cross-examination).
Crédits Library of Congress Prints and Photographs Division Washington, D.C.
URL http://books.openedition.org/enseditions/docannexe/image/8036/img-2.jpg
Fichier image/jpeg, 920k
Titre Illustration iii – Cérémonie organisée au Capitole en l’honneur d’Inez Milholland, 25 décembre 1916
Légende Inez Milholland, figure emblématique des campagnes suffragistes (elle ouvrait souvent les cortèges à cheval), décéda le 25 novembre 1916 lors d’une tournée de conférences dans l’ouest des États-Unis. Symbole du martyre suffragiste, ses dernières paroles supposées, « M. le Président, qu’allez-vous faire pour le droit de vote des femmes ? », devinrent un célèbre slogan. Alice Paul organisa un service funèbre en son honneur au Capitole, dans la salle où les États envoyaient des statues de leurs héros (Statuary Hall), qu’elle décora de laurier et de cèdre. La cérémonie, qui attira plus de 1000 personnes le jour de Noël et fut la première organisée en l’honneur d’une femme au Capitole, débuta par une procession de femmes habillées en violet, blanc et or, que l’on voit ici gravir les marches du Congrès.
Crédits Library of Congress Prints and Photographs Division Washington, D.C.
URL http://books.openedition.org/enseditions/docannexe/image/8036/img-3.jpg
Fichier image/jpeg, 729k
Titre Illustration iv – Membres de l’Union parlementaire pour le droit de vote des femmes (Congressional Union for Woman Suffrage) devant leurs bureaux, Washington, D.C., 26 janvier 1917
Légende Les banderoles que ces militantes arborent, portant des slogans s’adressant directement au président Woodrow Wilson, suggèrent qu’il s’agit là de sentinelles silencieuses qui se tenaient tous les jours devant la Maison-Blanche depuis le début du mois de janvier 1917. On peut ainsi lire (de gauche à droite) : « M. le Président, combien de temps les femmes doivent-elles attendre leur liberté ? » ; « M. le Président, qu’allez-vous faire pour le droit de vote des femmes ? » ; « M. le Président, vous déclarez : “La liberté est l’exigence fondamentale de tout esprit humain” » ; « M. le Président, vous déclarez : “Politiquement parlant, aux États-Unis, seule la liberté humaine nous intéresse” ». Les collections du Parti national de la femme contiennent d’autres clichés pris ce jour-là, montrant des femmes déployant ces mêmes banderoles devant la Maison-Blanche et indiquant qu’il s’agissait d’une délégation suffragiste venue de New York.
Crédits Library of Congress Prints and Photographs Division Washington, D.C.
URL http://books.openedition.org/enseditions/docannexe/image/8036/img-4.jpg
Fichier image/jpeg, 787k
Titre Illustration v – Scène lors d’une élection partielle (Grande-Bretagne), n.d.
Légende La suffragette Katherine Douglas Smith fait un discours à la sortie d’une usine. Ainsi que le notent de nombreuses suffragettes dans leur autobiographie, l’expérience était éprouvante physiquement et émotionnellement car dans les premières années du siècle, les femmes étaient quasiment invisibles dans la sphère publique. Il ne fait aucun doute que cette femme juchée sur un support de fortune, « noyée » au milieu de ces hommes, transgressait toutes les règles de bienséance de l’époque édouardienne. Cette photographie est assez emblématique de la position des femmes à l’époque. Il ne faut donc pas sous-estimer le courage requis pour se singulariser de la sorte dans une marée d’hommes dans les premières années du xxe siècle.
Crédits © National Library of Australia, Bessie Rischbieth papers, MS 2004 / 3 / 41
URL http://books.openedition.org/enseditions/docannexe/image/8036/img-5.jpg
Fichier image/jpeg, 1,0M
Titre Illustration vi – Collage d’affiches (1914)
Légende L’affiche annonce un défilé depuis Lafayette Square jusqu’au Capitole à Washington, D.C., précédé d’un rassemblement au théâtre Belasco, le samedi 9 mai 1914. Les suffragistes faisaient ainsi de la promotion pour leurs actions spectaculaires. L’affiche annonçait le prix des billets, allant de 25 cents à un dollar. Notons également que ces femmes portent la tenue suffragiste : elles sont vêtues de blanc et arborent une écharpe avec l’inscription « le droit de vote pour les femmes ».
Crédits Library of Congress Prints and Photographs Division Washington, D.C
URL http://books.openedition.org/enseditions/docannexe/image/8036/img-6.jpg
Fichier image/jpeg, 789k
Titre Illustration vii – Carte du pèlerinage pour le droit de vote des femmes (1913)
Légende Cette carte était distribuée aux participantes du pèlerinage pour le droit de vote des femmes organisé par l’Union nationale des sociétés pour le droit de vote (NUWSS), respectueuse des lois (law-abiding) et affiliée à aucun parti politique (non-party) de façon officielle à l’époque. Le pèlerinage commença dans toutes les régions de Grande-Bretagne le 18 juin 1913 : des milliers de femmes, la plupart à pied ou à vélo, les plus aisées prêtant une voiture, convergèrent vers Hyde Park, à Londres, où eut lieu une gigantesque manifestation de 50 000 femmes le 26 juillet. Ce pèlerinage fut l’occasion de tenir des réunions et d’organiser des rencontres sur le chemin. Les organisatrices de la NUWSS, qui s’opposaient avec virulence au tournant très radical du militantisme en 1913, revendiquaient la simplicité des cortèges plutôt que la démonstration spectaculaire des militantes. À travers cette marche, elles entendaient faire la démonstration que le mouvement modéré existait bel et bien. Cette carte fournissait des renseignements sur les différents accès à Londres et les points de ralliement. Les couleurs rouge, blanche et verte étaient les couleurs officielles de la NUWSS.
Crédits © LSE Library’s collections, 10 / 54 / 097
URL http://books.openedition.org/enseditions/docannexe/image/8036/img-7.jpg
Fichier image/jpeg, 1,1M
Titre Illustration viii – Défilé suffragiste, 9 mai 1914
Légende Ce défilé montre des femmes élégantes, toutes de blanc vêtues et portant parfois des écharpes aux couleurs suffragistes. Le côté esthétique est ici mis en valeur, comme le montrent l’harmonie des tenues et la présence des fleurs. Ici les suffragistes exploitent leur féminité, ainsi que la maternité, comme l’indique la présence des enfants dans le cortège. Les policiers portant cravache qui entourent la manifestation sont autant là pour protéger les femmes que pour les surveiller.
Crédits Library of Congress Prints and Photographs Division Washington, D.C
URL http://books.openedition.org/enseditions/docannexe/image/8036/img-8.jpg
Fichier image/jpeg, 602k
Titre Illustration ix – Arrivée des marcheurs pour le droit de vote, Washington, D.C., 26 février 1913
Légende En 1913, le « Général » Rosalie Jones avait organisé une marche depuis New York jusqu’à Washington, D.C., du 12 au 26 février. On peut observer ici que l’entrée des marcheurs (suffrage hikers) dans la capitale fait sensation et que les gens se pressent aux fenêtres pour ne rien rater du spectacle. Les policiers à cheval essaient de protéger la voiture, où sont juchées les femmes, des sollicitations intempestives des curieux.
Crédits Library of Congress Prints and Photographs Division Washington, D.C
URL http://books.openedition.org/enseditions/docannexe/image/8036/img-9.jpg
Fichier image/jpeg, 803k
Titre Illustration x – Défilé de suffragettes à l’occasion du couronnement du roi, 17 juin 1911, Londres
Légende Ce défilé de suffragettes eut lieu une semaine avant le couronnement du roi George V. L’événement avait été organisé par le WSPU pour obtenir le soutien du nouveau roi au projet de loi concernant le droit de vote des femmes. Le cortège immense de femmes très élégantes toutes vêtues de blanc faisait partie de cette stratégie visuelle pour occuper l’espace public et rendre la cause visible et respectable. Les régions de Grande-Bretagne, les métiers et les pays de l’Empire étaient représentés par des banderoles, des chars décorés et des reconstitutions historiques (pageants). Un char tiré par des chevaux sur lequel se trouvaient des Indiennes, ou bien encore des « voitures de l’Empire » avec des représentants australiens ou canadiens étaient censés symboliser l’unité de l’Empire.
Crédits © National Library of Australia, Bessie Rischbieth papers, MS 2004 / 3 / 203
URL http://books.openedition.org/enseditions/docannexe/image/8036/img-10.jpg
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Titre Illustration xi – Défilé de suffragettes à l’occasion du couronnement, 17 juin 1911, Londres
Légende Cette photographie montre les dirigeantes du Mouvement social et politique des femmes qui avaient organisé la manifestation. Derrière elles, on aperçoit la banderole des prisonnières rappelant la tactique du WSPU : « La prison pour conquérir la liberté des femmes ». Il s’agissait de se faire arrêter à tout prix pour aller en prison, et attirer l’attention à la fois du public, de la presse et du gouvernement. Au premier plan se trouvent les dirigeantes du WSPU, Emmeline Pankhurst (à gauche) et Emmeline Pethick-Lawrence (à droite), Christabel Pankhurst derrière sa mère et Mrs Mabel Tuke sur la droite au second plan. Derrière elles, on aperçoit le visage flou d’Adela Pankhurst, la troisième suffragette de la famille qui émigra en Australie en 1914. Christabel Pankhurst porte la toge d’avocate : diplômée de droit, elle ne pouvait pas exercer son métier en raison de son sexe.
Crédits © National Library of Australia, Bessie Rischbieth papers, MS 2004 / 3 / 208
URL http://books.openedition.org/enseditions/docannexe/image/8036/img-11.jpg
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Titre Illustration xii – Dirigeable pour le droit de vote des femmes, 16 février 1909
Légende L’Australienne Muriel Matters, membre de la Ligue pour la liberté des femmes (WFL), loua une montgolfière : elle entendait survoler le Parlement et attirer l’attention sur le droit de vote des femmes en usant d’un mégaphone et en jetant des tracts au-dessus de Westminster : « Je lâchai des milliers de prospectus blancs, verts et jaunes [les couleurs de la Ligue pour la liberté], et ils voltigèrent jusqu’au sol comme un vol d’oiseaux » (Adelaide Herald, 15 juin 1910). Les conditions météorologiques défavorables ne lui permirent pas d’atteindre le Parlement, mais elle n’en jeta pas moins les tracts au-dessus de la banlieue de Londres. L’événement fit la une des journaux, comme celle du Daily Mirror, faisant une publicité énorme à la cause. Muriel Matters et sa montgolfière furent immortalisées dans le film Kind Hearts and Coronets (1949).
URL http://books.openedition.org/enseditions/docannexe/image/8036/img-12.jpg
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Titre Illustration xiii – Médaille de gréviste de la faim (1912)
Légende Elsie Duval (1892-1919) reçut cette médaille de gréviste de la faim en juin 1912, à sa sortie de prison. Les mots « pour bravoure » et « grève de la faim » sont inscrits sur la médaille. Les couleurs verte, blanche et violette du ruban sont celles du WSPU. Ces médailles étaient une façon de récompenser les grévistes de la faim et furent décernées par le WSPU pour la première fois en août 1909. Elsie Duval était devenue membre du Mouvement social et politique des femmes en 1907 alors qu’elle n’avait que 15 ans. Elle fut nourrie de force plusieurs fois. Elle mourut en 1919 durant l’épidémie de grippe, le cœur affaibli par les traitements subis en prison.
Crédits © LSE Library’s collections, 7 HFD / D / 19
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Titre Illustration xiv – Service à thé en porcelaine (1909), H. M. Williamson and Sons, Mouvement politique et social des femmes (WSPU)
Légende Ce service à thé fut créé pour l’Exposition des femmes (Women’s Exhibition) à Londres, en 1909. Il faisait partie des nombreux produits dérivés vendus pour promouvoir la cause et récolter des fonds. Le motif de « l’ange de la liberté » fut créé pour l’occasion par Sylvia Pankhurst : l’ange souffle dans sa trompette et porte la banderole de la liberté. Le chardon, le trèfle et la rose (les emblèmes respectifs de l’Écosse, de l’Irlande et de l’Angleterre) apparaissent sur le cercle extérieur du dessin. Les initiales du WSPU se détachent sur les barreaux de la prison. Ce motif fut largement utilisé par la suite sur les documents et produits dérivés associés au WSPU.
Crédits © LSE Library’s collections, 7 EWD / M / 26
URL http://books.openedition.org/enseditions/docannexe/image/8036/img-14.jpg
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Titre Illustration xv – Arrestation d’Emmeline Pankhurst, 21 mai 1914, Buckingham Palace, Londres
Légende Le 21 mai 1914, Emmeline Pankhurst tentait de présenter une énième pétition au roi et fut arrêtée devant Buckingham Palace avec bien d’autres femmes. Elle fut soulevée de terre et portée jusqu’à une voiture qui l’emmena directement à Holloway, la prison de Londres.
Crédits © Museum of London
URL http://books.openedition.org/enseditions/docannexe/image/8036/img-15.jpg
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Titre Illustration xvi – « Foule galloise et suffragettes », 22 septembre 1912
Légende Cette foule violente encerclant une suffragette n’était pas une scène rare en période de campagne électorale ou lors de résultats des élections où le candidat libéral avait perdu. Ces femmes interrompaient systématiquement le discours des hommes politiques pour leur crier : « Quand aurons-nous le droit de vote ? » Cette scène se passe le 22 septembre 1912 dans la ville de Llanystymdwy au pays de Galles. Les suffragettes interrompirent le discours de Lloyd George, alors ministre des finances, venu recevoir la médaille de la liberté de la ville. En réaction, les hommes arrachèrent les vêtements des femmes, leur tirèrent les cheveux et les jetèrent au sol en les piétinant. Une suffragette fut projetée par-dessus une haie. Le 20 janvier 1908, lors des résultats d’élections partielles à Newton Abbott dans le comté du Devon, où le candidat libéral fut battu, ce sont Emmeline Pankhurst et l’Australienne Nellie Martel qui furent rudoyées par la foule et traînées dans la boue. Lors de telles scènes, les policiers se tenaient souvent à l’écart sans intervenir.
Crédits © National Library of Australia, Bessie Rischbieth papers, MS 2004 / 3 / 41
URL http://books.openedition.org/enseditions/docannexe/image/8036/img-16.jpg
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Titre Illustration xvii – « Quand la femme vote, pas de repos », carte postale, vers 1910
Légende Les cartes postales et affiches anti-suffragistes présentaient les femmes qui manifestaient pour le droit de vote comme un danger pour la famille. Les hommes sont représentés comme des victimes, qui doivent pallier le désordre engendré par l’absence de leurs femmes.Cet homme vêtu d’un tablier, épuisé par le travail à la maison et réprimandé par sa femme en colère qui rentre d’une manifestation, est une représentation classique véhiculée par la Ligue nationale contre le droit de vote des femmes.Le music-hall jouait avec cette représentation de l’homme victime, image que les suffragettes reprenaient également avec humour.
Crédits © LSE Library’s collections, TWL / 2004 / 1011 / 55
URL http://books.openedition.org/enseditions/docannexe/image/8036/img-17.jpg
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