Cahier iconographique
Texte intégral
1. Nikolaï Gavrilovitch Tchernychevski en 1853.
L’année où cette photo fut prise, Tchernychevski, alors âgé de 25 ans, épousa Olga Sokratovna Vassilieva dans sa ville natale de Saratov. Cette décision, à laquelle il attribuait une grande importance symbolique, marqua son entrée dans la vie publique. En mai, quelques semaines seulement après leur mariage, le jeune couple s’installait à Saint-Pétersbourg.
Source : I. Oksman, N. G. Tchernychevski v vospominaniakh sovremennikov (Saratov, 1958), vol. 1.
2. Un exemple de notes prises par Tchernychevski lors d'un cours de littérature romaine à l’université de Saint-Pétersbourg, vers 1849.
Source : N. G. Tchernychevski, Polnoïe sobranie sotchineni (Moscou, 1939), vol. 1.
3. Diagramme tiré du journal de Tchernychevski pour l'année 1848.
Tchernychevski avait l’habitude de noter les moindres détails de sa journée. Relatant son premier bal, il fit ce dessin afin d’indiquer précisément la position et les mouvements de ceux qui occupaient la pièce. L’entrée qui l’accompagne donne la légende : « Au début (c.à.d. pendant la première danse), elle [la reine de beauté du bal] se tenait en l [л] tandis qu’Ivan Vassilévitch et moi étions près de la porte, en b [б], et je ne l’ai presque pas quittée des yeux. Puis nous nous sommes rapprochés des portes v [в] ; elle dansait en i [и] et nous est pour ainsi dire passée devant au galop ; ensuite, les filles de la maîtresse de maison se sont assises en e [е]. »
Source : N. G. Tchernychevski, Polnoïe sobranie sotchineni (Moscou, 1939), vol. 1.
4. Olga Sokratovna Tchernychevskaïa dans les années 1860.
Source : N. M. Tchernychevskaïa, Semia N. G. Tchernychevskogo (Saratov, 1980) (Moscou, 1939), vol. 1.
5. Nikolaï Alexandrovitch Dobrolioubov en 1854.
Comme Tchernychevski et de nombreux radicaux des années 1860, Dobrolioubov, ici en uniforme d’étudiant, était fils de prêtre.
Source : V. Jdanov, Dobrolioubov (Moscou, 1961).
6. Mikhaïl Mikhaïlov en 1861 et (ci-contre) Lioudmila et Nikolaï Chelgounov, 1860-1861.
Tous les trois des membres en vue de l’intelligentsia radicale, Mikhaïlov et les Chelgounov semblent avoir expérimenté avec succès dans le domaine des relations conjugales : leur triangle amoureux se transforma en relation satisfaisante. Ce ménage à trois dura de 1856 à 1861, année où d’abord Mikhaïlov puis Chelgounov furent arrêtés pour menées subversives.
Source : V. Chelgounov, L. P. Chelgounova et M. L. Mikhaïlov, Vospominania (Moscou, 1967), vol. 2.
7. Caricature de Que faire ? parue dans la revue Osa en 1863.
La légende est la suivante :
La femme – Que faire ? Mon Dieu, que faire ?
Le vieux montagnard – Faites ce que font les animaux.
Une voix – Mais même les boucs se battent pour les chèvres.
La femme – Alors, que faire ?
La voix – Jetez ce livre idiot à la poubelle.
Source : T. A. Bogdanovitch, Lioubov lioudeï chestidesiatykh godov (Léningrad, 1929)
8. L’« exécution civile » de Tchernychevski, le 12 mai 1864, dessinée par un témoin.
Tchernychevski fut arrêté en 1862 pour menées subversives, condamné, et soumis à la cérémonie de perte de ses droits civiques. Sur la pancarte qu’il porte autour du cou, on peut lire « Criminel d’État ».
Source : T. A. Bogdanovitch, Lioubov lioudeï chestidesiatykh godov (Léningrad, 1929)
9. Ivan Setchenov en 1861.
Setchenov, auteur du traité de physiologie Les réflexes du cerveau (1863), était perçu par ses contemporains, et selon ses propres termes, comme un « philosophe du nihilisme » ; et pour beaucoup, les grenouilles elles-mêmes qu’il utilisait dans ses expériences sur les réflexes – telles les trois victimes suspendues ici dans son laboratoire, qui ne sont pas sans évoquer une crucifixion – devinrent un symbole partagé de la « foi nouvelle ». Comme le disait le critique radical Dimitri Pissarev, « Les jeunes gens seront emplis d’un profond respect et d’un amour ardent pour la grenouille écartelée sur la table de dissection. [...] C’est là, en cette même grenouille, que résident le salut et le renouveau du peuple russe ».
Source : I. M. Setchenov, Avtobiografitcheskié zapiski (Moscou, 1945)
10. Tchernychevski en 1870.
Jugé coupable de menées subversives en 1864, Tchernychevski fut condamné à sept ans de travaux forcés suivis d’un exil définitif en Sibérie. À l’époque où cette photo fut prise, il était âgé de quarante-deux ans et travaillait à Alexandrovski zavod, une mine et fonderie d’argent près d’Irkoutsk. Il passa presque vingt ans en prison, au bagne et en exil, pour l’essentiel dans des régions lointaines de Sibérie. Les révolutionnaires organisèrent plusieurs tentatives d’évasion, mais sans succès, ce qui ne fit en fin de compte qu’aggraver les choses. Pendant toutes ces années de privations, d’isolement presque total et de santé déclinante, Tchernychevski conserva sa dignité et continua à écrire.
Source : I. Oksman, N. G. Tchernychevski v vospominaniakh sovremennikov (Saratov, 1958), vol. 1.
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