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    Plan détaillé Texte intégral I. Quelles ressources ? II. Les céréales et particulièrement le blé III. Les ressources énergétiques IV. Le cuivre et l’aluminium Notes de bas de page

    Pour une géographie du pouvoir

    Ce livre est recensé par

    • Hayette Nemouchi, Insaniyat / إنسانيات, mis en ligne le 17 décembre 2021. URL : https://journals.openedition.org/insaniyat/24465 ; DOI : https://doi.org/10.4000/insaniyat.24465
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    Table des matières

    Chapitre III

    Les ressources comme « armes politiques »

    p. 321-337

    Texte intégral I. Quelles ressources ? II. Les céréales et particulièrement le blé III. Les ressources énergétiques IV. Le cuivre et l’aluminium Notes de bas de page

    Texte intégral

    I. Quelles ressources ?

    1Aujourd’hui le pétrole, demain le blé, qui sait ? Toutes les ressources sont ou peuvent être des instruments de pouvoir. S’il est vrai que certaines ressources, de par leur capacité à satisfaire des besoins fondamentaux, manifestent une grande permanence dans le rôle qu’elles peuvent jouer, elles n’en demeurent pas moins très liées au contexte socioéconomique et socio-politique quant à leur signification comme instrument de pouvoir.

    2Il n’y a plus de biens libres. Il n’y a que des biens « politiques » dans l’exacte mesure où ils répondent à des besoins collectifs et ce d’autant plus que les besoins ne sont pas exogènes mais endogènes aux systèmes technico-économiques. Dès lors, s’il est possible de mettre en évidence les ressources qui, aujourd’hui, font l’objet de relations de pouvoir tendues, il n’est guère possible de dire lesquelles dans dix ou vingt ans détermineront des luttes et des conflits. L’histoire est jonchée de ressources ou plus exactement de matières qui n’ont plus d’intérêt pour l’époque actuelle. C’est que, et les systèmes techniques et les systèmes économiques, indissolublement liés, n’y trouvent plus l’intérêt qu’ils y avaient trouvé longtemps auparavant. L’utilité d’une matière, comme élément premier d’une ressource, est fonction de la structure technico-économique et des conjonctures successives. Remarque banale, sans aucun doute, mais dont on ne s’est pas suffisamment pénétré pour comprendre les changements de situation qui surviennent pour les populations territorialisées. Un exemple extrêmement simple suffira à expliciter ce problème. Le Québec a décidé de nationaliser l’exploitation de l’amiante, matière dont l’utilité est indiscutable. Soit, mais qu’une industrie chimique parvienne à mettre au point un procédé pour créer un bien de substitution qui ne revienne pas plus cher que l’amiante et qui en possède toutes les propriétés, l’amiante québécois risque fort de n’être plus une ressource mais de redevenir une matière minérale à faible utilité. La chose est moins improbable qu’on peut le penser.

    3Aussi, est-ce en raison de cette flexibilité que présentent les ressources que nous ne brosserons pas un tableau général mais que nous prendrons seulement quelques exemples. Toute ressource peut faire l’objet d’une analyse en termes de pouvoir : qu’elle soit d’un usage courant ou qu’elle soit d’un usage rare. Par rapport au pouvoir, il n’y a aucune différence si ce n’est dans l’acuité des conflits et des luttes qui sont déclenchés. Les ressources sont des instruments de pouvoir. Ces instruments de pouvoir dépendent, quant à leur efficacité, des structures et des conjonctures. Il en a toujours été ainsi même si le phénomène n’a pas été perçu comme tel. La lutte pour les ressources est aussi ancienne que l’humanité. Dès qu’il y a eu des hommes, il y a eu conflit pour les « choses utiles » ou considérées telles. L’histoire des ressources n’a pas été faite dans cette perspective et on peut le regretter. Encore que, toutes les formes de mercantilisme ont implicitement posé le problème en termes de relations de pouvoir et de luttes pour les ressources. Si nous insistons sur ce fait c’est que l’on est un peu trop marqué par la « psychose pétrolière » qui pourrait laisser croire que le phénomène est récent. Il est vrai que depuis une dizaine d’années, tant pour les ressources renouvelables que pour celles non renouvelables, des phénomènes de raréfaction absolus ou relatifs se sont manifestés, si bien qu’un vocabulaire de type militaire semble être de mise. On parle des ressources comme d’une arme : « Food is a weapon » a constaté Earl Butz en 1974, alors secrétaire américain de l’agriculture1.

    4Il n’y a pas de doute que les Américains, stimulés par l’exemple de l’O.Ρ.Ε.Ρ., ont pensé à utiliser les ressources alimentaires comme instrument de pouvoir. Pour parler cyniquement, l’arme économique est même plus « avantageuse » en ce sens qu’elle donne un tour moins dramatique à la lutte ou au conflit : « The siege of a city is far less dramatic than an attack on it : the economic means work through their long term and indirect effects (relative to the military means) »2. Il est encore possible, toujours dans la même perspective cynique, de dissimuler, aux yeux de l’opinion internationale, le caractère conflictuel de l’action en accréditant la thèse de la rareté absolue alors qu’il s’agit d’une rareté artificielle et relative. Bien sûr, on l’a vu, il faut que certaines conditions soient réalisées pour que les ressources deviennent des « armes » mais avant ce niveau elles peuvent presque toujours être des instruments de pression.

    5Les acteurs soumis à ces pressions ont les alternatives suivantes qu’elles soient choisies une à une ou en combinaison3 :

    1. Adopter une politique de diversification des sources d’importation.

    2. Réduire ou stabiliser les importations en exploitant les réserves plus intensément, en utilisant une technologie pour développer des substituts ou en réduisant la demande.

    3. Continuer à compter sur les importations des sources traditionnelles mais augmenter la sécurité en faisant des accords bilatéraux avec les fournisseurs.

    4. Chercher une solution multilatérale en accord avec d’autres pays importateurs.

    6Ces alternatives ne sont évidemment pas de même nature puisque 1, 3 et 4 sont de nature commerciale alors que 2 est de nature technico-économique et n’est envisageable que pour les acteurs qui disposent d’une infrastructure scientifique développée.

    7Quoi qu’il en soit, une certaine conception économique internationale a fait oublier volontairement ou non que tout marché était, outre un lieu ou un rapport d’échange, une relation de pouvoir au sens le plus pur. Cela est vrai pour toutes les ressources renouvelables et non renouvelables comme nous allons le montrer à l’aide de quelques exemples.

    II. Les céréales et particulièrement le blé

    8Bien que liées à des conditions climatiques précises, les céréales peuvent être qualifiées, pour les plus importantes d’entre elles du moins, d’ubiquistes. Les céréales constituent encore, pour de larges portions de l’humanité, l’alimentation de base. Cela signifie qu’il y a une très faible concentration de la demande. Autrement dit, le besoin de céréales est quasiment universel même si certaines populations y recourent peu. Sources de glucides et de protéines, les céréales sont essentielles à la survie des pays les moins développés.

    9Ces quelques remarques très simples donnent déjà des indications suffisantes pour comprendre que les céréales sont un instrument de pouvoir potentiel très efficace. Certaines moins que d’autres, il est vrai. Le riz l’est peu sur le plan international car les grands producteurs sont aussi les grands consommateurs. En revanche, le blé est un instrument de pouvoir terriblement efficace sur le plan international car les grands producteurs ne sont pas les plus grands consommateurs. Le blé est donc l’une des céréales qui voyage le plus. Sa part dans le commerce international est très importante non seulement en tonnage mais aussi en valeur.

    10Depuis une quarantaine d’années, beaucoup de pays sont devenus des importateurs nets de céréales. Cela signifie que la dépendance des différentes régions du monde en matière de céréales s’est accrue. Cette dépendance est d’ailleurs une caractéristique commune à la plupart des pays sous-développés4. L’Asie est devenue importatrice nette de céréales il y a une trentaine d’années tandis que l’Afrique et l’Amérique latine le sont devenues il y a une vingtaine d’années (tableau 6).

    Tableau 6. PRODUCTION ET IMPORTATION DE CÉRÉALES DANS LES RÉGIONS SOUS-DÉVELOPPÉES EN 1974 (En 1000 t.)5

    Production

    Importation

    %

    Afrique

    67 921

    11 019

    16,2

    Amérique centrale

    17 893

    6 003

    33,5

    Amérique du Sud

    35 787

    7 385

    20,6

    Asie (Chine inclue)

    513 867

    56 094

    10,9

    Asie (Chine exclue)

    283 730

    47 322

    16,7

    11Ce tableau indique d’une manière globale la dépendance continentale vis-à-vis des céréales. De la fin des années 60 jusqu’en 1974, les importations de céréales dans les pays sous-développés ont été multipliées en moyenne par 2 ou 3. On notera que c’est la période de la fameuse « révolution verte » qui aurait dû permettre la croissance de l’autosuffisance en matière alimentaire6. L’essentiel des importations a consisté en blé. La situation étant légèrement différente pour le riz et le maïs, céréales pour lesquelles on a noté quelques surplus ici et là. Comme le fait très bien remarquer Helena Tuomi, la dépendance vis-à-vis du blé est la plus forte suivie par celle du maïs7. Si l’on considère que la dépendance peut être mesurée par un rapport entre importation et production, on constate que les pays dépendants sont :

    1. The very poor countries, and countries with poor conditions for agriculture;

    2. Countries involved in war or major political conflict;

    3. Countries where it is a political and/or economic choice of the ruling elite to rely on foreign food supplies rather than indigeneous resources8.

    12À la première catégorie appartiennent les pays africains pauvres ne disposant que d’un petit territoire. À la deuxième appartiennent les pays d’Indochine et du Moyen-Orient (du moins pour certains d’entre eux). La troisième catégorie est plus hétérogène, selon Helena Tuomi, et on y trouve des pays tels que l’Algérie, le Congo, la Libye, le Costa Rica, la République dominicaine, la Jamaïque, le Chili, le Pérou, etc.9. Est-ce à dire que dans les catégories 1, 2 et 3, la situation agricole ou les conditions de l’agriculture soient particulièrement défavorables ? Certainement pas, mais beaucoup de ces pays, en vertu de l’imposition d’une division internationale du travail se sont spécialisés dans la production de café, de thé, de vin, etc.10. Produits qui se vendent sur les marchés internationaux et qui par conséquent rapportent des devises... avec lesquelles on achètera du blé. Il ne s’agit pas de critiquer, à la légère, ces prises de position en matière de politique économique mais il faut néanmoins en tirer certaines conclusions. En effet, dans le contexte international qui est le nôtre et qui est caractérisé par des relations de pouvoir dissymétriques, on doit se demander si choisir d’être dépendant de l’extérieur pour l’alimentation de base est un bon choix. S’il est possible d’assurer l’auto-suffisance ou au moins de diminuer la dépendance en matière de céréales, il faut le faire en priorité sinon le danger d’être dominé et contrôlé par les pays producteurs est grand. Qu’on se souvienne du Chili en 1971-7311. Les céréales constituant dans les relations un enjeu énorme, les pays importateurs nets ont peut-être intérêt à reconsidérer leur développement et la stratégie qu’ils ont choisie si, à certains moments, ils risquent d’être « étranglés » par l’approvisionnement céréalier. « Étranglement » qui exprime très clairement le néocolonialisme que les grands producteurs peuvent faire peser sur les consommateurs.

    13Le cas de l’Amérique latine est, à cet égard, exemplaire. Dans son ensemble, l’Amérique latine est dépendante en matière de céréales : 30 % en 1970, 35 % en 1973. Ce sont les États-Unis qui mènent le jeu dans cette partie du monde : « In sum, we may safely conclude that latin American food dependence comprises mainly dependence of American grain »12. Il est loisible de proposer l’interprétation selon laquelle les États-Unis jouent, actuellement, en matière de blé, le rôle que jouent les pays arabes en matière de pétrole. Analogie qui n’a rien d’excessif puisque le blé, au même titre que les autres ressources alimentaires, est énergie au plein sens du terme. Cette politique du blé des Américains n’est pas sans rappeler celle des grands empires qui appartiennent, comme Rome, depuis longtemps à l’histoire : « The most important single commodity in U.S. exports, as in her whole farm trade, is wheat »13. L’Amérique latine, sauf pour quelques pays dont Cuba, est fortement satellisée par les États-Unis. Les intérêts de ceux-ci y sont considérables, de même que les rapports économiques et politiques. Certes, à moyen terme, les pays latino-américains peuvent s’affranchir de la tutelle américaine mais à court terme cela semble difficile et les États-Unis le savent. Dans ces conditions, les Américains peuvent intervenir très efficacement car ils sont la clé, à court terme, des approvisionnements céréaliers. La position quasi monopolistique des États-Unis sur le marché céréalier est un instrument de pouvoir d’une très grande efficacité dans la sphère de domination américaine. Et ce d’autant plus que les marchés gagnés pour les céréales en préparent d’autres pour des produits industriels: « To the extent that the U.S. pursues trade and aid policies that contribute to economic growth in the developing countries, it is helping to build markets for U.S. farm and non-farm products »14. Il ne fait aucun doute que la stratégie américaine a intégré la nourriture d’une manière générale et le blé en particulier dans ses relations internationales. C’est pourquoi on doit penser avec Mercedes Bresso que la crise des céréales a mis en lumière qu’on ne pouvait pas laisser aux seuls États-Unis le rôle de producteurs des réserves mondiales de céréales. Aussi faut-il dénoncer le faux problème des excédents de blé de la C.E.E.15. Il est évident que ce faux problème, car c’en est un, révèle que l’Europe est peut-être une réalité économique mais qu’elle n’est certainement pas encore une réalité politique. Preuve en est, les Américains ne souhaitent pas que les Européens développent leur production de céréales car cela risquerait de mettre en danger leur pouvoir encore incontesté dans ce domaine et ce d’autant plus que le Canada et l’Australie, autres gros producteurs de blé, appartiennent à leur sphère d’influence.

    14Tant que les Américains disposeront des principales réserves, les relations ne peuvent être que dissymétriques, non pas que les Américains soient plus machiavéliques que d’autres mais tout simplement ils seront tentés d’utiliser, comme d’autres le feraient, le monopole qu’ils détiennent. Une prise de conscience de l’Europe, dans ce domaine, peut être une manière de rééquilibrer la situation céréalière et par là même de s’approcher de relations symétriques. Il est vrai que l’agriculture européenne avec le système des prix garantis à l’intérieur de la C.E.E. n’est pas en mesure de lutter avec les États-Unis. Pourtant, ceci n’est pas absolument vrai car les agriculteurs européens ne sont pas homogènes : certains produisent à des prix concurrentiels, d’autres pas. Une éventuelle stratégie européenne ressortit donc plus à la sphère politique qu’à la sphère économique. Rien n’empêche, en effet, les Européens de jouer un rôle politique rééquilibrant... sauf, peut-être, la volonté de le vouloir. L’Europe n’a, apparemment, pas encore compris tout le parti politique qu’elle pourrait tirer de son agriculture. Les Américains, au contraire, depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale ont parfaitement conçu que l’agriculture était un moyen de la politique internationale et cela à travers les relations économiques et commerciales.

    15On peut mettre en évidence trois objectifs de la politique américaine :

    1. An economic interest in disposing of agricultural surpluses.

    2. A strategic interest in « containing communism ».

    3. A humanitarian concern in abolishing poverty16.

    16Il est évident que le fait de contrôler d’importants surplus est non seulement un avantage économique et commercial tant pour faire face à d’éventuelles crises alimentaires que pour maintenir les prix mais encore un avantage politique qui permet des interventions ponctuelles ou massives vis-à-vis des pays sous-développés. L’intérêt stratégique réside dans le fait de pouvoir mobiliser rapidement de « l’énergie alimentaire » pour empêcher la pénétration communiste. C’est une manière de manipuler les restrictions et les aides dans la perspective de faire échec au communisme. L’aide alimentaire de caractère purement humanitaire même si elle n’est pas exempte d’arrière-pensées politiques ne saurait être négligée ni non plus sous-estimée car la dimension « humanitaire » de la politique américaine sous l’influence des différentes églises est assez importante.

    17Relativement à ces objectifs, on constate que, au cours des trente dernières années, les États-Unis ont véritablement manipulé leurs ressources céréalières comme une arme. Ils ont par exemple réduit leur aide au régime de Goulart au Brésil et à celui d’Allende au Chili. Ils ont suspendu leur aide à l’Inde et au Pakistan lorsqu’ils étaient en guerre en 1965-66, de même qu’aux pays qui ont essayé de nationaliser des intérêts américains, etc.17 La manipulation la plus récente de « l’arme céréalière » est celle à l’endroit de l’U.R.S.S. à la suite de l’invasion de l’Afghanistan. Les Américains ont suspendu leurs exportations à destination de ce pays.

    18Ainsi, le contrôle des céréales ou des ressources alimentaires d’une manière générale est utilisé par les Américains pour des raisons de politique internationale mais aussi pour protéger des intérêts privés lorsque des compagnies américaines sont menacées dans leurs propriétés à l’étranger. C’est une version moderne de la politique de la canonnière bien connue des vieux pays colonialistes de l’Europe. La relation de pouvoir a changé dans son contenu mais certainement pas dans sa forme. Nous avons toujours affaire à des relations dissymétriques d’autant plus insupportables qu’elles affectent des populations entières dans des enveloppes spatio-temporelles importantes.

    19Pourtant cette situation n’est pas irrémédiable. L’atténuation, sinon l’élimination, de la dépendance alimentaire dépend de la stratégie de développement des pays sous-développés dont certains doivent reconsidérer leurs plans. Elle dépend aussi des pays développés qui doivent prendre conscience de la nécessité de déconcentrer les sources de production céréalières afin d’éviter que les Américains ne disposent d’une arme aussi redoutable. Il ne s’agit pas d’une critique des Américains qui se sont donné des moyens de production qui leur permettent ce jeu mais d’une simple constatation qui doit faire réfléchir sur les dangers de toute concentration qui par ailleurs détermine des transports importants consommateurs d’énergie rare. Les transports de céréales ne devraient se faire qu’en cas de nécessité. Or ils alimentent une part énorme du commerce international.

    III. Les ressources énergétiques

    20Depuis 1973, un mythe s’est écroulé, dans le monde occidental, à savoir celui de l’énergie fossile abondante et bon marché. Dès cette date l’affrontement pays producteurs-pays consommateurs va prendre des formes aiguës. La dépendance des seconds à l’égard des premiers va peser lourdement dans les rapports économiques et dans les rapports politiques. Calcul subtil que celui des Arabes qui jouent sur les prix, qui tendent le marché, mais pas trop, juste ce qu’il faut pour ne pas déclencher de réactions excessives, qui, par ailleurs, consentent des prêts aux consommateurs les plus pauvres. L’enjeu pétrolier est, sans conteste, le plus spectaculaire et il faut essayer de le montrer sous ses différents angles.

    21On se souvient que c’est à l’occasion de la fameuse guerre du Kippour que s’est ouverte la crise pétrolière. Conjoncturellement, il s’agit d’une crise de raréfaction « artificielle » obtenue à travers le jeu des prix : raréfaction relative, donc, et non pas absolue. Ceci dit, la crise, ou du moins les instruments de son déclenchement étaient en place bien avant 1973. Il faut, en effet, remonter à 1960, date de fondation de l’O.P.E.P. (Organisation des Pays Exportateurs de Pétrole) pour comprendre le problème. Originellement l’O.P.E.P. regroupait l’Iran, l’Irak, le Koweït, l’Arabie Saoudite et le Venezuela. Progressivement, tous les exportateurs significatifs ont adhéré à l’O.P.E.P. qui s’était en quelque sorte constituée en réaction aux grandes compagnies : Exxon, Texaco, Mobil, Chevron, Gulf, BP et Shell. Réaction bien compréhensible puisque ces compagnies s’efforçaient de maintenir le pétrole brut à un prix très bas voire de réduire encore celui-ci. Situation insoutenable pour les pays producteurs dont c’est souvent la seule richesse mais situation insoutenable aussi d’un point de vue très général puisque ces prix très bas encourageaient le gaspillage de la part des consommateurs et par conséquent le choix par les pays industriels de fonctions de production qui ne tenaient pas suffisamment compte d’une ressource finalement rare parce que finie. La puissance des grandes compagnies soutenues par les États occidentaux déterminait des relations parfaitement dissymétriques avec les pays producteurs.

    22Pour que l’O.P.E.P. réagisse, il a fallu une convergence d’événements « favorables » entre 1960 et 1970. Tout d’abord la guerre des 6 jours en 1967, au cours de laquelle la Libye est devenue consciente de l’impact politique que pouvait avoir la manipulation des fournitures de pétrole. L’inutilisation du T.A.P. (Transarabien Pipe Line) fit monter les prix et renforça la position libyenne. Des négociations furent engagées avec les compagnies et des stratégies dures furent mises en place. Finalement la crise culmina en 1973 lorsque les Arabes utilisèrent la menace pétrolière : diminution de 5 % de la production si les Américains ne changeaient pas leur politique pro-israélienne.

    23Après 1973, il s’en est ensuivi une période de prix record qui mit à nu la stratégie arabe. Les Arabes sont alors assimilables aux acteurs du type AM face aux compagnies qui sont du type Ar elles-mêmes sous-tendues par les acteurs politiques des États. En fait, les acteurs AM n’ont pas une stratégie simple mais double : d’une part ils cherchent à tirer le maximum de revenus pour développer leur économie nationale et d’autre part ils manipulent prix et quantité de pétrole pour intervenir dans d’éventuels conflits.

    24Ce qu’on pourrait appeler la stratégie interne, celle du développement, passe par des acteurs Ar puisque ceux-ci doivent fournir des technologies. Il y a donc là la possibilité d’un rééquilibrage ou si l’on préfère l’occasion de relations symétriques ou relativement telles. Relativement à la stratégie externe, celle du moyen de pression, elle n’est possible que dans la mesure où le pétrole est très concentré quant à sa consommation. De fait, la concentration géographique est forte puisque l’Arabie Saoudite, l’Iran et le Koweït possèdent et contrôlent à eux seuls 40 % du potentiel mondial. Pour sa part, l’État saoudien dispose de 18 à 25 % des réserves mondiales selon les estimations18. Cette remarquable concentration peut inciter ceux qui en sont les bénéficiaires à des interventions dont les effets sont et seront multiformes. Ces interventions risquent d’avoir d’autant plus d’impact que les gros consommateurs sont pratiquement dépourvus de pétrole. Le cas des États-Unis est à mettre à part, encore que les récents problèmes qu’ils traversent montrent assez qu’ils ne sont pas plus que les autres à l’abri de la crise pétrolière. Ils disposent, pourtant, de plus de moyens que les autres pour y faire face. Seule la découverte de nouveaux champs pétrolifères ailleurs qu’au Moyen-Orient pourrait modifier sensiblement la situation et encore faudrait-il qu’ils soient importants et qu’ils soient situés dans des pays consommateurs. Cette hypothèse n’est évidemment pas à exclure (gisements de la Mer du Nord et du Mexique, par exemple) mais sa probabilité dans le moyen terme est faible. Ceci dit les acteurs AM doivent intégrer cette éventualité dans leur stratégie dans la mesure où les acteurs Ar cherchent activement de nouvelles ressources pétrolières ou de substitution (essence synthétique à partir du charbon, comme c’est déjà le cas en Afrique du Sud).

    25Ceci dit, considérons l’évolution des stratégies des acteurs sur le marché pétrolier. Longtemps maîtresses du marché, les Majors ont dû composer au cours des vingt dernières années. Tout d’abord, il y a eu la création, dans les pays producteurs, de sociétés nationales : N.I.O.C. (Irak 1954), C.V.P. (Venezuela 1960), K.N.P.C. (Koweït 1960), Petromin (Arabie Saoudite 1962), Sonatrac (Algérie 1963), I.N.O.C. (Iran 1965). Il s’est agi pour ces sociétés de gérer la production nationale et de jouer un rôle sur le marché international19. En fait, c’est bien davantage puisque cela correspond à l’émergence d’acteurs syntagmatiques AM qui prennent conscience des actions qu’ils peuvent entreprendre. Peu à peu, ces sociétés ont passé des contrats d’un type nouveau avec les sociétés nationales des pays consommateurs : E.N.I. (Italie), Elf-Erap (France), Petrobras (Brésil). Déjà, à l’occasion de ces contrats, la solidarité occidentale fut battue en brèche puisque chacun de ces pays a cherché, pour son propre compte, à s’assurer les approvisionnements les plus sûrs. Il ne fait aucun doute que les actions dispersées des occidentaux ainsi que leurs stratégies souvent divergentes que ce soit au niveau des États ou des compagnies (Majors et « indépendants ») n’ont pas manqué d’attirer l’attention des producteurs qui ont pu ainsi remettre en cause le système traditionnel.

    26À l’origine les sociétés avaient des contrats limités dans le temps et payaient des royalties et un impôt sur les bénéfices, à charge pour elles d’organiser l’exploitation et la commercialisation. Le prix étant le prix porté, F.O.B. port de chargement, tenant compte de la qualité du brut. Mais dès 1955, l’E.N.I. a inauguré, avec l’Égypte, le contrat d’association. Dès 1957, l’E.N.I. a conclu le même type d’accord avec l’Iran. Dans ce type de contrat, l’opérateur étranger se charge de l’ensemble des travaux de recherche et d’exploitation (remboursement de la moitié des frais qu’en cas de découverte commerciale) tandis que le financement du développement est assuré paritairement par la compagnie nationale et le groupe étranger. Au niveau commercial, la société étrangère vend la part qui lui revient et la société nationale vend la sienne tout en exerçant un contrôle permanent. On notera que dans ce type de contrat, la relation est beaucoup moins dissymétrique que dans le système ancien des concessions. Les contrats d’entreprise du groupe Erap en Iran (1960) et en Irak (1968) sont également très significatifs de cette évolution : la société étrangère n’intervenant que « comme un prestataire de services financiers commerciaux et techniques »20. En contrepartie, le partenaire étranger peut acheter, à un prix peu supérieur au prix de revient, une partie de la production. Ainsi de proche en proche, d’étape en étape, les pays producteurs obtinrent des avantages sensibles qui ne pouvaient que les inciter à remettre en cause les principes de base de leurs relations avec les « majors ». Ceci s’est par ailleurs combiné avec une croissance annuelle de 8 %, soit un doublement tous les 9 ans !

    27Tout était en place pour un renversement de la situation en faveur des acteurs AM : majoration du prix du baril et des impôts sur les bénéfices. La dissymétrie longtemps en faveur des acteurs Ar sera désormais en faveur des acteurs AM. Le pétrole est donc devenu une arme politique par excellence. Les Arabes ont ainsi contraint les consommateurs, surtout les Occidentaux, à réorienter et à restreindre leur consommation. De ce point de vue l’action de l’Ο.Ρ.Ε.Ρ., bien que douloureusement ressentie, peut être qualifiée, à moyen terme, de bienfaisante car elle a obligé à économiser d’une part et à redécouvrir des énergies classiques d’autre part.

    28Pratiquement cela a conduit à une révision des politiques énergétiques et à de nouvelles relations de pouvoir qui sont beaucoup plus qu’autrefois marquées par les préoccupations strictement politiques. Pourtant il nous semble que les Arabes ne disposent pas de plus de vingt ans pour tirer tous les bénéfices possibles de cette nouvelle situation. En effet, les acteurs Ar vont porter leurs efforts sur les technologies de manière soit à trouver des énergies de substitution, pour que cesse une trop grande dépendance, soit à trouver des technologies moins dévoreuses de pétrole. Stratégie de l’information opposée à stratégie de l’énergie : c’est la lutte entre Ar et AM.

    29C’est une lutte qu’on retrouve pour d’autres ressources, en particulier avec des métaux tels que le cuivre et l’aluminium.

    IV. Le cuivre et l’aluminium

    30Le cuivre et l’aluminium sont très significatifs car ils représentent quantitativement les 3/4 de la consommation des métaux non-ferreux dans le monde.

    31Depuis 30 ans c’est la « guerre » entre les firmes pour le contrôle des ressources minérales et cela se traduit par une série de phénomènes21 :

    1. Tendance à l’internationalisation de la production avec une attitude agressive des firmes surtout américaines et japonaises.

    2. Restructuration partielle de la division internationale du travail. Les firmes minières n’hésitent pas à céder les actifs des exploitations minières aux bourgeoisies des pays producteurs et même à les aider à développer sur place fonderies et raffineries. Mais par le biais technologique, les multinationales continuent à contrôler les choses car on ne va jamais au-delà de certaines étapes stratégiques du processus de transformation.

    3. Tendance au développement de l’intégration vers l’aval des grandes firmes productrices avec la création d’oligopsones en aval des étapes stratégiques.

    4. Tendance moins nette à la formation de conglomérats et diversification des secteurs.

    32La distinction entre acteurs AM et acteurs Ar se fait toujours plus nettement. Les seconds ont compris qu’ils ne pouvaient pas maintenir leur contrôle direct dans les territoires et ils font contre mauvaise fortune bon cœur en renonçant à la propriété des mines. Toutefois, en compensation ils accentuent leur contrôle sur l’information technologique qui est non seulement développée mais diversifiée. D’où évidemment le développement de l’intégration et la diversification des secteurs industriels.

    33Tous les acteurs Ar ne sont pourtant pas dans la même situation car les multinationales américaines sont prédominantes : en 1973, elles produisaient 56 % du cuivre mondial alors que la consommation des États-Unis et du Canada n’est que de 35 %. Aussi, l’Europe et le Japon sont-ils obligés de passer par les multinationales américaines et les sociétés nationales des pays producteurs pour combler leur déficit22. Dans ces conditions, les Américains sont en mesure d’imposer leur « logique » et peuvent en conséquence entretenir des relations de pouvoir dissymétriques selon les nécessités du moment.

    34L’aluminium appelle des commentaires du même ordre car là encore c’est aux multinationales américaines qu’il faut recourir pour combler les déficits. Cependant 97 % de la bauxite contrôlée par les Américains est situé hors du territoire national, surtout dans les Caraïbes. C’est assez dire que cette zone « pèse » dans la politique extérieure américaine, encore que l’on puisse exploiter des latérites à basse teneur. La position européenne est plus satisfaisante pour l’aluminium que pour le cuivre : 56 % de la production européenne est réalisée dans les pays européens et même si l’on recourt à des importations de 10 à 15 % en provenance des États-Unis, la dépendance est moins nette que dans le cas du cuivre.

    35La stratégie des multinationales minières est de contrôler la production mondiale mais non pas de posséder les mines comme cela était le cas autrefois. Stratégie triple puisqu’elle se construit autour de trois axes : diminution des risques financiers et garantie de la rente à un niveau suffisant, diversification vers l’aval et recours moindre à l’autofinancement mais plus à l’association avec les pays producteurs.

    36Les Américains, dans ce domaine, s’adaptent mieux que les Européens. Les Japonais, à l’instigation de l’État, sont devenus très agressifs sur les marchés. Pour tous, on remarque une intensification de la prospection et de l’exploitation. Cela implique une grande valorisation de la dimension temporelle. Sur le plan territorial, les stratégies diffèrent sensiblement : les Japonais portent leurs efforts sur le territoire national, les Américains, eux, le portent sur l’Amérique latine, l’Australie et l’Asie, quant aux Européens ils investissent surtout l’Afrique et l’Europe. Ce ne sont pas là des comportements surprenants car ils renouent avec des traditions relativement anciennes. Les mêmes tendances se manifestent relativement à la localisation des nouveaux investissements.

    37Malgré les différences dans les stratégies, ces dernières ont toutes un point en commun : les activités les plus intéressantes, c’est-à-dire les plus bénéficiaires (production de l’aluminium brut et des demi-produits) sont conservées près des marchés de consommation23. « Le critère sécurité d’approvisionnement joue un rôle très important en Europe et au Japon et relève d’une approche géopolitique »24.

    38Le « modèle japonais » semble être assez proche du type de l’acteur Ar « pur ». Les firmes ne prennent que des participations minoritaires dans les sociétés exploitantes (10-20 % mais elles réalisent leurs profits par la vente du know how tandis que la commercialisation est laissée aux sociétés exploitantes des pays producteurs avec un recours plus systématique aux contrats à long terme25. Les multinationales ont parfaitement compris que leur contrôle financier et technologique était suffisant pour leur assurer une position de domination par rapport aux acteurs AM. Ces derniers, de fait, ne disposent pas des moyens pour se rendre indépendants. Le plus curieux c’est que les technologies du cuivre et de l’aluminium sont relativement anciennes et par conséquent assez bien connues et donc maîtrisables. Malgré cela, elles demeurent le monopole des multinationales par le système des brevets et des licences. En réalité, il s’agit de technologies lourdes qui nécessitent des investissements énormes prohibitifs pour les producteurs.

    39Évidemment autant les producteurs de cuivre que de bauxite ont cherché à se regrouper dans des organisations. Elles ne sont pas sans intérêt mais elles ne déploient que de faibles effets car l’entente n’est pas parfaite entre les partenaires, entre autres pour des raisons politiques. Là encore, les relations demeurent dissymétriques entre les acteurs Ar et les acteurs AM au détriment de ces derniers.

    40On l’a compris, du moins nous l’espérons, les relations symétriques que nous postulons n’ont pas valeur de normes. Si nous contestons les relations de pouvoir dissymétriques c’est qu’elles contribuent à maintenir le sous-développement dont sont victimes de nombreux pays. À notre sens, le développement s’il passe par des plans très précis passe prioritairement par l’élimination progressive des relations dissymétriques imposées par les acteurs Ar, qui disposent des moyens financiers et des technologies, aux acteurs AM qui ne disposent que des matières premières, qui finalement, sont moins appréciées dans le processus ArM que l’argent et l’information.

    Notes de bas de page

    1 The political economy of food, edited by Vilho Harle, Saxon House, 1978, p. 47.

    2 Ibid., p. 49.

    3 Connelly, Perlmann, op. cit. [Philip Connelly, Robert Perlman, The politics of scarcity, Resource conflicts in international affairs, Oxford University Press, London, New-York, Toronto, 1975]

    4 The political economy…, op. cit., p. 1-3.

    5 Ibid., p. 1-3.

    6 Ibid., p. 4.

    7 Ibid., p. 5.

    8 Ibid., p. 8. (1. Les pays très pauvres et les pays de médiocres conditions agricoles - 2. Pays impliqués dans la guerre ou des conflits politiques importants. - 3. Pays dans lesquels il y a un choix de l’élite au pouvoir de compter sur des ressources étrangères plutôt que sur des ressources indigènes).

    9 Ibid., p. 8-9.

    10 Ibid.

    11 Ibid., p. 10.

    12 The political economy, op. cit., p. 11-12.

    13 Ibid., p. 12.

    14 Ibid., p. 19.

    15 Mercedes Bresso, F. Forte, G. Fornengo, G. Porro, Il bilancio et le politiche strutturali della C.E.E., Le Monnier, Firenze, 1979.

    16 The Political Economy…, op. cit., p. 72-73.

    17 Ibid., p. 85-86.

    18 Cf. L. Mihailovitch, J.-J. Pluchart, Énergie mondiale : Les nouvelles stratégies, A. Colin, Paris 1978.

    19 Mihailovitch…, op. cit., p. 13.

    20 Mihailovitch…, op. cit., p. 15.

    21 Cf. François Gèze, La bataille des matières premières minérales. Multinationales contre pays producteurs, le cas du cuivre et de l’aluminium : Revue Tiers Monde, t. XVII, n° 66, avril-juin 1976.

    22 Gèze, op. cit.,

    23 Gèze, op. cit.,

    24 Ibid., p. 297.

    25 Ibid.

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    1 The political economy of food, edited by Vilho Harle, Saxon House, 1978, p. 47.

    2 Ibid., p. 49.

    3 Connelly, Perlmann, op. cit. [Philip Connelly, Robert Perlman, The politics of scarcity, Resource conflicts in international affairs, Oxford University Press, London, New-York, Toronto, 1975]

    4 The political economy…, op. cit., p. 1-3.

    5 Ibid., p. 1-3.

    6 Ibid., p. 4.

    7 Ibid., p. 5.

    8 Ibid., p. 8. (1. Les pays très pauvres et les pays de médiocres conditions agricoles - 2. Pays impliqués dans la guerre ou des conflits politiques importants. - 3. Pays dans lesquels il y a un choix de l’élite au pouvoir de compter sur des ressources étrangères plutôt que sur des ressources indigènes).

    9 Ibid., p. 8-9.

    10 Ibid.

    11 Ibid., p. 10.

    12 The political economy, op. cit., p. 11-12.

    13 Ibid., p. 12.

    14 Ibid., p. 19.

    15 Mercedes Bresso, F. Forte, G. Fornengo, G. Porro, Il bilancio et le politiche strutturali della C.E.E., Le Monnier, Firenze, 1979.

    16 The Political Economy…, op. cit., p. 72-73.

    17 Ibid., p. 85-86.

    18 Cf. L. Mihailovitch, J.-J. Pluchart, Énergie mondiale : Les nouvelles stratégies, A. Colin, Paris 1978.

    19 Mihailovitch…, op. cit., p. 13.

    20 Mihailovitch…, op. cit., p. 15.

    21 Cf. François Gèze, La bataille des matières premières minérales. Multinationales contre pays producteurs, le cas du cuivre et de l’aluminium : Revue Tiers Monde, t. XVII, n° 66, avril-juin 1976.

    22 Gèze, op. cit.,

    23 Gèze, op. cit.,

    24 Ibid., p. 297.

    25 Ibid.

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    • Lapointe, Dominic. (2021) Geographies of Tourism and Global Change Progress in French Tourism Geographies. DOI: 10.1007/978-3-030-52136-3_6
    • Stock, Mathis. (2021) Geographies of Tourism and Global Change Progress in French Tourism Geographies. DOI: 10.1007/978-3-030-52136-3_1
    • Bousnina, Monia. (2021) Marqueur identitaire et vecteur de transmission : l’architecture en toub, un patrimoine en danger. Cadernos do Arquivo Municipal. DOI: 10.4000/arquivomunicipal.606
    • Asara, Viviana. Kallis, Giorgos. (2023) The prefigurative politics of social movements and their processual production of space: The case of the indignados movement. Environment and Planning C: Politics and Space, 41. DOI: 10.1177/23996544221115279
    • Kuzmany, Börries. Battis, Matthias. Mulej, Oskar. (2022) Accommodating National Diversity Within States: Territorial and Non-Territorial Approaches Since the Late 19th Century. Nationalities Papers, 50. DOI: 10.1017/nps.2022.79
    • Meyer, Teva. (2021) Relational territoriality and the spatial embeddedness of nuclear energy: A comparison of two nuclear power plants in Germany and France. Energy Research & Social Science, 71. DOI: 10.1016/j.erss.2020.101823
    • Salazar, Luis Gabriel Salas. Wolff, Jonas. Camelo, Fabián Eduardo. (2019) Towards violent peace? Territorial dynamics of violence in Tumaco (Colombia) before and after the demobilisation of the FARC-EP. Conflict, Security & Development, 19. DOI: 10.1080/14678802.2019.1661594

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