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    Plan détaillé Texte intégral Rencontres Une géographie de la pensée philosophique La vitalité, la vie et le travail Générativité cardiaque et subjectivité cérébrale La défense de l’institution La célébration de l’autogénérativité du travail de l’entendement Les instruments d’une critique du devenir spectral du travail et de la politique Notes de bas de page Auteur

    La raison au travail, 1

    Ce livre est recensé par

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    Table des matières

    Entre histoire de la pensée médicale et philosophie sociale du travail

    Éric Hamraoui

    p. 533-542

    Texte intégral Rencontres Une géographie de la pensée philosophique La vitalité, la vie et le travail Générativité cardiaque et subjectivité cérébrale La défense de l’institution La célébration de l’autogénérativité du travail de l’entendement Les instruments d’une critique du devenir spectral du travail et de la politique Notes de bas de page Auteur

    Texte intégral

    1Pierre-François Moreau, dont j’ai fait la connaissance à l’occasion d’une journée d’étude consacrée à la pensée du xviie siècle, organisée dans l’académie de Rouen par Myriam Marquier-Morvan1, au début des années 2000, a contribué, de façon décisive, à l’approfondissement de mon questionnement situé à la croisée des champs de l’histoire de la pensée médicale2 et de la philosophie sociale du travail3. Tout d’abord à travers ses encouragements à explorer un domaine d’investigation situé entre philosophie, réflexion sur le corps et analyse du travail. Un point de vue qui, selon lui, rend possible le renouvellement du regard sur l’histoire de la philosophie, avec toutefois le risque de demeurer à la périphérie du monde philosophique universitaire lorsque l’on enseigne en dehors d’un département de philosophie. En me proposant de devenir garant de mon HDR, Pierre-François Moreau a permis l’inscription de mes centres d’intérêt thématiques explorés au Centre de recherche sur le travail et le développement (CRTD) du Conservatoire national des arts et métiers (CNAM) en lien avec ceux menés à l’Institut d’Histoire de la pensée classique de l’ENS de Lyon articulant recherches menées en philosophie et en histoire des sciences et problématiques anthropologiques de définition des rapports entre activité de travail, nature et subjectivité. Mon propos sera ici consacré aux principaux apports au développement de ma réflexion dus aux échanges entretenus avec Pierre-François Moreau depuis plus d’une vingtaine d’années, toujours inspirés, chez lui, par le souci d’élever son interlocuteur.

    Rencontres

    2Pierre-François Moreau est, à mes yeux, l’homme ayant su cultiver avec une extrême générosité l’art de peupler de rencontres4 la solitude laborieuse de ses étudiantes, étudiants et de ses collègues en sachant mettre en rapport les intelligences, en les informant de la tenue de manifestations scientifiques, qu’il en ait été ou non l’instigateur, ou en les invitant à participer à des travaux d’évaluation de productions scientifiques permettant de disposer d’une vue d’ensemble sur l’inspiration et les orientations de celles-ci. Porteuses de « devenirs » suivant chacun une direction propre5, dont Pierre-François Moreau a toujours su encourager l’expression avec respect et clairvoyance, ces rencontres singulières ont elles-mêmes donné lieu à l’exploration des ressources offertes par le croisement des champs du savoir et des pratiques. Aussi ai-je pu, à l’occasion de nos échanges liés à la préparation de mon habilitation à diriger les recherches intitulée « Générativité cardiaque et subjectivité cérébrale » faisant dialoguer les champs de l’histoire philosophique de la médecine, de l’analyse de l’activité et de la philosophie sociale du travail6, avec ceux explorés par les cliniques du travail7, apprendre à concevoir l’interdisciplinarité comme science de la rencontre.

    3Expérience d’un intérieur à la fois mobilisé et insuffisant, d’une « limite », l’interdisciplinarité est, en effet, organisation de la rencontre – et non simple juxtaposition – entre des points de vue différents, considérant que cette différence vaut pour elle-même. Elle ne cherche pas à voir mieux ni plus, mais autrement et autre chose8. Elle favorise l’émergence d’un point de vue singulier qui déborde celui propre aux disciplines à partir desquelles il a été conçu. C’est en ce sens qu’elle peut être dite créatrice de lieux pour la pensée9, ancrages de territoires de savoir en dialogue les uns avec les autres. L’interdisciplinarité se distingue, par conséquent, du seul entrecroisement des points de vue au sein d’un espace fonctionnel de savoir « sans lieux singuliers […], prétendument universel […], purement quantitatif »10. Ainsi conçue, elle est science de la rencontre entre les points de vue de différents savoirs au profit de la référence de ceux-ci à des lieux de pensée nouvellement investis, impulsion de la dynamique d’une localisation du savoir dans la pensée, cœur de la vie de celui-ci. Elle est pour cette raison conjuration du risque d’une délocalisation du savoir de son sol conceptuel nourricier, à l’origine de la disparition de celui-ci comme horizon, et, avec lui, du travail qui assure sa fécondation.

    Une géographie de la pensée philosophique

    4Partant de là les échanges que j’ai eus sur cette question avec Pierre-François Moreau m’ont suggéré, dans une perspective plus phénoménologique, l’idée selon laquelle tout travail philosophique développé sur la base du contact avec un territoire disciplinaire étranger signifie arpenter un territoire, et, ce faisant, y trouver parfois l’occasion d’en apercevoir la géographie philosophique définissable « non comme contenu de savoir, mais dans la dimension de sens qu’elle procure pour les discours et les actions à l’endroit du monde, non comme savoir mais comme orientation vers le monde »11. Or, cette dernière orientation est définissable comme acte avant de l’être comme représentation12. Comme invitation, aussi, à penser la géographie de la pensée en tant qu’« espace concret […], pratiqué, vécu et perçu, un espace de la vie »13.

    5La trajectoire d’analyse théorique inscrite dans cette logique de création d’espaces dialogiques propices à la création de lieux pour la pensée, que Pierre-François Moreau n’a cessé de m’encourager à suivre, est celle qui, partant de la question du cœur – à entendre ici non seulement au sens d’organe ou de symbole, mais encore de définition d’un rapport singulier à soi, aux autres et au monde14 – s’est par la suite centrée sur une approche critique des liens rapprochant, chez les philosophes, les notions de courage et de virilité, avec quelques incursions dans les domaines de l’histoire de la physiologie et de la médecine et en rapport avec la question du travail. Cela dans une perspective initialement proche de la psychodynamique du travail15, qui opère la critique du « mensonge viriarcal » prônant une conception viriliste du courage au prix de l’insensibilité éthique16 et de l’indifférence à l’égard de la souffrance d’autrui.

    La vitalité, la vie et le travail

    6Virilisme et intensivisme17 constituent aujourd’hui les ressorts de la mise en concurrence, chez l’individu, d’une vitalité factice18 – pharmacologiquement stimulée ou idéologiquement conditionnée – avec sa vie et ses rythmes propres. D’où le surgissement d’une antinomie. La vitalité désigne, en effet, communément, non seulement la propriété caractéristique de la vie, au sens physique et intellectuel, son énergie propre, mais encore la santé qui en conditionne l’entretien et rend possible le dynamisme des fonctions, enfin, la vigueur de constitution19. La vitalité est de même, selon Paul Tillich, ce dont le manque caractérise les périodes de névrose ou de faiblesse vitale caractérisées par la perte du pouvoir d’une pleine affirmation de soi, du courage d’être des individus20. Toutefois, la vitalité ne saurait être considérée séparément du genre de vie auquel elle donne la puissance de la vie humaine, indissociable d’une intentionnalité à la mesure de celle-ci. Ainsi s’explique son interdépendance avec l’intentionnalité constitutive de la capacité de l’être humain à transcender les situations auxquelles il se trouve confronté, « à créer au-delà de lui-même sans se perdre soi-même » (faculté que Tillich définit comme don d’une « vitalité intégrale »). Autrement dit, la vitalité, dont la force conditionne celle du courage ne saurait constituer « quelque chose que nous pourrions séparer de la totalité de l’être humain, de son langage, de sa créativité, de sa vie spirituelle et de sa préoccupation ultime »21. D’où le caractère problématique de sa réduction à son sens biologique (le travers d’un vitalisme et d’un naturalisme réducteurs séparant le vital et l’intentionnel), la privant de toute signification22, ainsi que de la division de l’homme entre une intelligence sans vie et une vitalité sans signification due, selon Tillich à l’abandon de l’« âme spirituelle », moyen terme entre intelligence et vitalité, qui réunit vitalité et intentionnalité23. Unité que présupposait le mot grec d’arétè (force et valeur associées à la puissance d’être et d’accomplissement d’un sens). Sans souscrire aux connotations spiritualistes de l’analyse de Tillich, et d’autres auteurs (Maine de Biran et Michel Henry) cités dans l’inédit de mon dossier d’habilitation à diriger les recherches intitulé La vitalité, la vie et le travail à l’épreuve de la vie indigente24, Pierre-François Moreau m’a incité à forger ma propre analyse du double risque, dans l’univers contemporain du travail, d’une réduction de la vie du corps compris dans ses dimensions sensible, agissante et pensante, à un mécanisme d’adaptation de nature psycho-physiologique, et d’une assimilation de la « vie active » de la pensée à la « simplicité en vitalité » de l’exercice de la « force vitale » (Biran)25.

    Générativité cardiaque et subjectivité cérébrale

    7Chemin faisant, le regard de Pierre-François Moreau sur mon travail m’a aidé à percevoir l’antagonisme paradoxal de la vie et de la vitalité institué par le nouveau rapport de travail depuis près d’une quarantaine d’années, comme écho du processus historico-culturel initié au xviie siècle conduisant à l’affirmation du primat d’une « subjectivité cérébrale », d’un « moi-cerveau », sur ce qu’il serait ici possible de définir en termes de « moi-cœur », symbolisant l’initiation d’un processus de vie, d’une « générativité cardiaque »26 de celle-ci.

    8L’emploi de cette dernière expression répond à une double intention : revenir sur la nature de la relation existant entre « les deux pouvoirs constitutifs du substrat fondamental du psychisme » que sont le noos et le thumos, l’intellect et le cœur27 ; penser le régime de temporalité – longue – qui en scande les rythmes et de son extinction programmée à l’heure du règne du court-termisme et du culte de l’immédiateté, qui rend moins probable l’expérience singulière de la combinaison en nous de l’ardeur et de la mesure au prix d’une réduction de notre complexité vivante. D’où le surgissement d’un problème de nature anthropologique tenant à la sanctification du cerveau par le scientisme biologico-cognitiviste28 dont l’analyse des modalités historiques de définition du rapport entre le cœur et le cerveau, ainsi que la pensée du fondement théorique, technique et institutionnel de la primauté ontologique aujourd’hui accordée au second29, permet de comprendre la généalogie.

    9Le concept de subjectivité cérébrale s’inscrit quant à lui en écho à celui de « sujet cérébral » construit par Fernando Vidal. Le même auteur souligne la dimension anthropologique de cette dernière catégorie : « Si, conformément à l’anthropologie chrétienne, l’âme séparée du corps ne suffit pas pour faire un homme, l’homme pour être une personne, n’a désormais besoin que de son seul cerveau ». Partant de ce constat, je tente d’apprécier les conséquences philosophiques et politiques de ce réductionnisme lié à « l’avènement du sujet cérébral » à partir du repérage des manifestations de celui-ci dans les champs médical et social. Ainsi, en médecine, le passage du critère cardiaque de la mort (1847) au critère encéphalique de celle-ci (1968), après la mise au point des techniques de réanimation artificielle et la pratique de la première transplantation cardiaque (1967), a-t-il marqué l’éviction du moi cœur par le moi cerveau au-delà de la consécration du primat de celui-ci sur celui-là. Sur le plan social, la mise en place du système de l’évaluation de la performance, qui sur-sollicite la conscience par le biais de la convocation du sens de la responsabilité et de l’autonomie en vue d’atteindre les objectifs idéalement fixés de la production, conduit à l’indifférence aux sentiments éprouvés du point de vue de la rationalité pathique30. Les conceptions de la subjectivité humaine comme subjectivité cérébrale (l’âme étant considérée comme source ultime des actions humaines et du cheminement de l’homme vers la perfection31), entre le xvie et le xviiie siècle, et, de nos jours, comme subjectivité instrumentale (outil de la domination du corps par la conscience) et morale32 devaient brouiller la représentation de la continuité sensible qui existe entre le corps et la pensée. Cela, au même titre, que, à l’heure actuelle, au sein de la temporalité nécessaire au développement de ceux-ci : le temps du moi cerveau est aujourd’hui celui d’un présent hypertrophié33 coupé du passé et sans liens d’anticipation avec un futur.

    La défense de l’institution

    10L’existence de ce nouveau régime de temporalité menace à terme celle de l’institution, comprise comme « établissement dans une expérience (ou dans un appareil construit) de dimensions […] par rapport auxquelles toute une série d’autres expériences auront sens et feront une suite, une histoire »34, dont Pierre-François Moreau est l’ardent défenseur. Lecteur et commentateur inspiré de l’œuvre de Fernand Deligny (1913-1996), il s’intéresse à la définition opérée par celui-ci des objets de l’institution, de son « matériel humain », de sa diffusion d’une vision du monde, de son appui sur différentes disciplines, de son rapport aux individus qu’elle traite et façonne, ayant besoin d’elle ou dont elle a besoin, de ses « porteurs, de ses acteurs et de ses sujets », enfin, de sa proposition « d’elle-même, parfois à son corps défendant, des profils possibles aux individus ». Comme Deligny, Pierre-François Moreau se méfie des « idéologies de la libération » toujours susceptibles de se muer en leur contraire. Il prête une attention particulière à la notion d’occasion qui, chez Deligny, consiste dans le fait de savoir « profiter des failles » qui s’ouvrent dans l’institution ou acceptées par celle-ci en fonction de « circonstances [qui] jouent le même rôle que le mur ou le plafond pour l’araignée »35, ainsi que du déploiement d’une activité collective, chez l’humain qui vit « en réseau » comme « ensemble permanent ou accidentel de lignes entrelacées »36, dont hasard et coïncidences sont les maîtres-mots – tenant au moyen d’une « liaison d’éléments dispersés et différents » et ayant besoin d’un dehors (d’un « hors »). Pierre-François Moreau met également en avant, chez Deligny, l’existence d’« un patient travail de sape du lexique traditionnel », d’« une entreprise de dé-signification qui seule lui permet de proche en proche d’arriver à exprimer la radicale leçon de son expérience »37. Une définition de l’action de philosopher et des conditions de possibilité de celle-ci ? De la capacité de se départir de l’illusion finaliste, au sens spinoziste du terme ? De la fonction de l’écriture, sans doute, qui permet « de faire advenir dans la région du langage, ce qui se passe de l’autre côté »38 au profit du « jaillissement » de l’humain derrière l’homme, d’une « désindividualisation » de la pensée consciente des illusions du vouloir, des limites de tout « projet pensé » au cœur du déploiement de l’activité humaine comprise en tant que « trajet » usant des occasions, les organisant même, sans les soumettre à la logique du projet39. Un point de vue d’une grande actualité et offrant des ressources pour concevoir une réplique à l’optique gestionnaire et managériale prévalant d’une manière de plus en plus affirmée dans l’administration de la vie universitaire, avec, à terme, le risque de l’empêchement de toute pensée.

    La célébration de l’autogénérativité du travail de l’entendement

    11L’œuvre de Pierre-François Moreau est enfin incitation à l’engagement d’un travail de « réforme » de notre entendement, au sens où l’entend Spinoza40, distinct de celui d’une activité de cérébralisation de l’existence. Entendement qui,

    par sa puissance innée se forme les instruments intellectuels (instrumenta intellectualia) à l’aide desquels il acquiert d’autres forces (alias vires) pour d’autres œuvres intellectuelles (ad alia opera intellectualia) et grâce à ces œuvres (ex iis operibus) [il se forme] d’autres instruments, ainsi il avance de degré en degré (gradatim) jusqu’à ce qu’il ait atteint le comble de la sagesse (donec sapientiæ culmen attingat).

    12L’activité de l’entendement, ainsi décrite dans son principe, est aussi un travail éthique joyeusement émancipateur, indissociable d’une quête en vue de la possession de l’idée vraie peu à peu distinguée des autres perceptions au moyen d’une méthode conduisant à diriger son esprit selon sa propre norme, en vue de comprendre la nature de situations singulières ou inédites et d’établir les règles pour percevoir les choses inconnues conformément à cette même norme.

    Les instruments d’une critique du devenir spectral du travail et de la politique

    13Les principes spinozistes d’une réforme de l’entendement soutenant l’œuvre auto-génératrice de celui-ci constituent une contribution décisive à notre outillage pour la lutte contre le fantasme d’une captation et d’une exploitation infinies de la vie, de la transformation des rapports sociaux en simples flux d’échanges, des corps en sommes d’énergies quantifiables, et de leurs interactions sensibles en images. Leur analyse par Pierre-François Moreau augmente la richesse et la force de cette contribution nécessaire pour concevoir des stratégies susceptibles de contrer l’emprise sur les esprits de cette fiction néovitaliste d’inspiration brutaliste41 aboutissant à l’existence d’un mode inédit de travestissement de la réalité en donnant à voir « la mort sous la figure de la vie »42. Or, ce mode inédit de travestissement de la réalité, devenu le cheval de Troie au moyen duquel les « spectres d’outre-monde » (et non plus d’outre-tombe), « seuls capables de survivre alors que le monde a disparu sous le règne de la technique »43, et qui ont su quitter le plan de la marginalité et de l’invraisemblable réservé aux apparitions fantomatiques. Le recours à cette ruse de guerre est le coup de génie par lequel ils ont su envahir le plan de notre réalité et œuvrer toujours plus efficacement en elle, marquer de leur empreinte le monde du travail44 et de la politique, au point de pouvoir parler aujourd’hui d’un devenir spectral45 de ceux-ci questionnant le sens et la portée de la notion de pouvoir d’agir46.

    Notes de bas de page

    1 Professeure et docteure en philosophie, autrice de Descartes, Pascal, Spinoza et la question de l’effacement du tragique, Paris, L’Harmattan, 2013.

    2 Voir É. Hamraoui et A.-L. Rey dir., Savoir médical, maladie et philosophie (xviiie-xxe siècle), Paris, PUPS, 2016.

    3 Voir É. Hamraoui, « Le soignant et le nouveau régime institutionnel de la mort », Le soignant et la mort, F. Schepens dir., Toulouse, Érès (Clinique du travail), p. 45-56.

    4 Je fais ici écho aux propos tenus par G. Deleuze dans ses « dialogues » avec C. Parnet : « Quand on travaille, on est forcément dans une solitude absolue. On ne peut pas faire école. Il n’y a de travail que noir et clandestin. Seulement, c’est une solitude extrêmement peuplée. Non pas peuplée de rêves, de fantasmes ni de projets, mais de rencontres. Une rencontre, c’est peut-être la même chose qu’un devenir ou des noces. C’est au fond de cette solitude qu’on peut faire n’importe quelle rencontre ». G. Deleuze et C. Parnet, Dialogues, Paris, Flammarion, 1977, p. 13.

    5 Ibid.

    6 L’investigation de ce champ d’analyse s’est concrétisé, en février 2019, par la création d’un Certificat de spécialisation (niveau DU) en philosophie sociale du travail porté par H. Guéguen et moi-même, à la Chaire de psychologie du travail du CNAM.

    7 Voir D. Lhuilier, Cliniques du travail, Toulouse, Érès, 2006.

    8 F. Hubault, « À quoi l’ergonome participe-t-il ? » Performances, hors-série : « Coopérations et coordinations dans l’intervention en ergonomie–frontières, multidisciplinarité, collectifs d’action », 1997, p. 2-10.

    9 É. Hamraoui, « L’interdisciplinarité créatrice de lieux pour la pensée », Éducation permanente, no 202, 2015, p. 33-42 ; « Philosophie sociale du travail et ergologie. Entre point de vue de la détermination et dynamique interdisciplinaire », Ergologia, no 21, 2019, p. 127-146.

    10 A. Berque, « Logique du lieu et génie du lieu », Logique du lieu et œuvre humaine, Bruxelles, Ousia, 1997, p. 195.

    11 J.-M. Besse, Voir la terre. Six essais sur le paysage et la géographie, Arles / Versailles, Actes Sud / ENSP, 2000, p. 126.

    12 Ibid., p. 131.

    13 Ibid., p. 132.

    14 Voir É. Hamraoui, Entrée « Cœur », Dictionnaire du corps, M. Marzano dir., Paris, PUF, 2007, p. 208-212.

    15 Courant théorique initié par C. Dejours à la fin des années 1970, qui décrit, en dialogue avec la psychanalyse, la philosophie et les sciences juridiques, l’impact de la mise en place des nouvelles organisations du travail sur la santé mentale et physique.

    16 Voir C. Dejours, Souffrance en France, Paris, Seuil, 2001.

    17 Voir T. Garcia, La vie intense. Une obsession moderne, Paris, Autrement, 2016.

    18 Voir S. Mohammed Barkat, Le travail en trompe-l’-œil, Paris, Rojos, 2016. Vitalité dont le caractère compulsif se manifeste également dans le contexte actuel où « l’identification [du sujet psychologique et du sujet de la production] s’éloigne des horizons homéostatiques de l’équilibre pour s’opérer dans la logique de l’intensification et de l’illimitation », où « la normalité n’est plus la maîtrise et la régulation des pulsions, mais leur stimulation intensive comme source énergétique première » (voir P. Dardot et C. Laval, La nouvelle raison du monde. Essai sur la société néolibérale, Paris, La Découverte, 2009, 2010, p. 440-441).

    19 Voir É. Hamraoui, « La vitalité, la vie et le travail », Perspectives interdisciplinaires sur le travail et la santé (PISTES), 16-1, 2014, p. 1-22, en ligne : [https://doi.org/10.4000/pistes.3547].

    20 Voir P. Tillich, Le courage d’être [1952], Paris/Genève/Québec, Cerf / Labor et Fides / Presses de l’Université Laval, 1999.

    21 Ibid., p. 65.

    22 Ibid., p. 66.

    23 « La vitalité pure de l’être humain, dit en ce sens Tillich, n’est jamais pure mais toujours d’une autre nature parce que, chez lui, la puissance de la vie c’est sa liberté et sa spiritualité dans laquelle vitalité et intentionnalité sont unies ». Ibid., p. 66.

    24 Ce dernier concept est emprunté à Marx dont P.-F. Moreau a longuement décrypté l’anthropologie philosophique (voir en particulier la conférence suivante donnée dans le cadre du séminaire de Jean Salem : [https://vimeo.com/318168104].

    25 Voir É. Hamraoui, « La vie, l’activité de la pensée dans la philosophie de Maine de Biran (1766-1824) », Aurora, Curitiba, 28, no 45, 2016, p. 1009-1026.

    26 Dans Le pouvoir des commencements. Essai sur l’autorité (Paris, Seuil, 2006), M. Revault d’Alonnes emploie l’expression de « continuité générative » des temps de ce qui fait autorité, au sens de ce qui est principe de la vie politique, à la manière dont le cœur, avec le sang qui l’irrigue, constitue le principe de la vie du corps (« le fondement de la vie et l’auteur de toute chose », disait William Harvey dans son De motu cordis, paru en 1628, où il décrit les lois de la circulation du sang qu’il vient de découvrir).

    27 J. Frère, Ardeur et colère. Le thumos platonicien, Paris, Kimé, 2004, p. 7.

    28 P. Legendre, La 901e conclusion. Étude sur le théâtre de la Raison, Paris, Fayard, p. 238.

    29 F. Vidal, Les sciences de l’âme : xvie-xviie siècle, Paris, Honoré Champion, 2006, p. 378 ; voir également S. Carvallo, L’homme parfait. L’anthropologie médicale de Harvey à Riolan et Perrault 1628-1688, Paris, Classiques Garnier, 2018.

    30 Rationalité que C. Dejours oppose aux rationalités logique et instrumentale éludant la question de la souffrance éthique (voir Souffrance en France, Paris, Seuil, 1998).

    31 F. Vidal, Les sciences de l’âme…, ouvr. cité, p. 37.

    32 Je songe ici au sentiment de nécessité morale revêtu par l’atteinte d’objectifs idéaux de production analysé par M. Lazzarato dans La fabrique de l’homme endetté. Essai sur la condition néolibérale, Paris, Éditions Amsterdam, 2011.

    33 Ce que l’historien F. Hartog nomme « régime d’historicité présentiste ». Voir Régimes d’historicité. Présentisme et expériences du temps, Paris, Seuil (Points), 2003 et 2012.

    34 M. Merleau-Ponty, L’institution de la passivité. Notes de cours au Collège de France (1954-1955), Paris, Belin, 2015, p. 50.

    35 F. Deligny, L’Arachnéen, Paris, L’arachnéen, 2008, p. 12 (cité par P.-F. Moreau dans « Tramer. Deligny, les institution, l’action », Fernand Deligny et la philosophie. Un étrange objet, P.-F. Moreau et M. Pouteyo dir., Lyon, ENS Éditions (La croisée des chemins), 2021, chap. 2.

    36 P.-F. Moreau, « Tramer… », art. cité.

    37 Ibid., p. 10.

    38 Ibid., p. 11.

    39 Ibid., p. 7.

    40 Voir Spinoza, Traité de la réforme de l’entendement, traduction A. Koyré, Paris, Vrin, 1979, § 31, p. 24-27.

    41 « Vecteur […] du néovitalisme qui nourrit le néolibéralisme », le brutalisme « repose sur la profonde conviction selon laquelle il n’existe plus de distinction entre le vivant et les machines. […] Désormais, les mondes de la matière, de la machine et de la vie ne font plus qu’un », A. Mbembe, Brutalisme, Paris, La Découverte, 2020, p. 23.

    42 S. Mohammed Barkat, « L’évaluation, le travail et la vie », F. Hubault coord., Évaluation du travail, travail d’évaluation, Toulouse, Octarès (Le travail en débats - série séminaire Paris 1, juin 2007), 2008, p. 3-12. Byung-Chul Han dira, en un sens proche, que la vie des individus de la société de la positivité soumise à la loi de l’auto-exploitation est comparable « à celle d’un mort-vivant » (voir La société de la fatigue [essai], traduction J. Stroz, Belval, Circé, 2010, p. 57). Aussi, ces mêmes individus sont-ils « trop vivants pour pouvoir mourir et trop morts pour pouvoir vivre », ibid., p. 37. Cela, jusqu’au point de rupture : voir S. Mohammed Barkat, « Suicide et guerre économique », Pratiques. Les cahiers de la médecine utopique, no 53, 2011, p. 14-15.

    43 K. Cappelli, L’avènement des fantômes. Petite histoire métaphysique de la spectralité, Rennes, Éditions Apogée, 2021, p. 67.

    44 Voir, du point de vue des sciences de la gestion, P.-Y. Gomez, Le travail invisible. Enquête sur une disparition, Paris, François Bourin Éditeur, 2013, et, dans une perspective sociologique : R. Sennett, Le travail sans qualités. Les conséquences humaines de la flexibilité, Paris, Albin Michel, 2000 (The Corrosion of Character. The Personal Consequences of Work in the New Capitalism, 1998) ; M.-A. Dujarier, Le management désincarné. Enquête sur les nouveaux cadres du travail, Paris, La Découverte, 2016, et Troubles dans le travail. Sociologie d’une catégorie de pensée, Paris, PUF, 2021.

    45 Voir É. Hamraoui, « Pandémie et devenir spectral de la politique », Atenção à saúde em tempo de pandemia da Covid-19 : contextos nacionais e internacionais Edna Maria Goulart Jozaiero org., Teresina, Editora da UFPI (EDUFPI), p. 165-180.

    46 Voir Y. Clot, Travail et pouvoir d’agir, Paris, PUF, 2008.

    Auteur

    Éric Hamraoui

    Centre de recherche sur le travail et le développement, Conservatoire national des arts et métiers (Paris)

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    1 Professeure et docteure en philosophie, autrice de Descartes, Pascal, Spinoza et la question de l’effacement du tragique, Paris, L’Harmattan, 2013.

    2 Voir É. Hamraoui et A.-L. Rey dir., Savoir médical, maladie et philosophie (xviiie-xxe siècle), Paris, PUPS, 2016.

    3 Voir É. Hamraoui, « Le soignant et le nouveau régime institutionnel de la mort », Le soignant et la mort, F. Schepens dir., Toulouse, Érès (Clinique du travail), p. 45-56.

    4 Je fais ici écho aux propos tenus par G. Deleuze dans ses « dialogues » avec C. Parnet : « Quand on travaille, on est forcément dans une solitude absolue. On ne peut pas faire école. Il n’y a de travail que noir et clandestin. Seulement, c’est une solitude extrêmement peuplée. Non pas peuplée de rêves, de fantasmes ni de projets, mais de rencontres. Une rencontre, c’est peut-être la même chose qu’un devenir ou des noces. C’est au fond de cette solitude qu’on peut faire n’importe quelle rencontre ». G. Deleuze et C. Parnet, Dialogues, Paris, Flammarion, 1977, p. 13.

    5 Ibid.

    6 L’investigation de ce champ d’analyse s’est concrétisé, en février 2019, par la création d’un Certificat de spécialisation (niveau DU) en philosophie sociale du travail porté par H. Guéguen et moi-même, à la Chaire de psychologie du travail du CNAM.

    7 Voir D. Lhuilier, Cliniques du travail, Toulouse, Érès, 2006.

    8 F. Hubault, « À quoi l’ergonome participe-t-il ? » Performances, hors-série : « Coopérations et coordinations dans l’intervention en ergonomie–frontières, multidisciplinarité, collectifs d’action », 1997, p. 2-10.

    9 É. Hamraoui, « L’interdisciplinarité créatrice de lieux pour la pensée », Éducation permanente, no 202, 2015, p. 33-42 ; « Philosophie sociale du travail et ergologie. Entre point de vue de la détermination et dynamique interdisciplinaire », Ergologia, no 21, 2019, p. 127-146.

    10 A. Berque, « Logique du lieu et génie du lieu », Logique du lieu et œuvre humaine, Bruxelles, Ousia, 1997, p. 195.

    11 J.-M. Besse, Voir la terre. Six essais sur le paysage et la géographie, Arles / Versailles, Actes Sud / ENSP, 2000, p. 126.

    12 Ibid., p. 131.

    13 Ibid., p. 132.

    14 Voir É. Hamraoui, Entrée « Cœur », Dictionnaire du corps, M. Marzano dir., Paris, PUF, 2007, p. 208-212.

    15 Courant théorique initié par C. Dejours à la fin des années 1970, qui décrit, en dialogue avec la psychanalyse, la philosophie et les sciences juridiques, l’impact de la mise en place des nouvelles organisations du travail sur la santé mentale et physique.

    16 Voir C. Dejours, Souffrance en France, Paris, Seuil, 2001.

    17 Voir T. Garcia, La vie intense. Une obsession moderne, Paris, Autrement, 2016.

    18 Voir S. Mohammed Barkat, Le travail en trompe-l’-œil, Paris, Rojos, 2016. Vitalité dont le caractère compulsif se manifeste également dans le contexte actuel où « l’identification [du sujet psychologique et du sujet de la production] s’éloigne des horizons homéostatiques de l’équilibre pour s’opérer dans la logique de l’intensification et de l’illimitation », où « la normalité n’est plus la maîtrise et la régulation des pulsions, mais leur stimulation intensive comme source énergétique première » (voir P. Dardot et C. Laval, La nouvelle raison du monde. Essai sur la société néolibérale, Paris, La Découverte, 2009, 2010, p. 440-441).

    19 Voir É. Hamraoui, « La vitalité, la vie et le travail », Perspectives interdisciplinaires sur le travail et la santé (PISTES), 16-1, 2014, p. 1-22, en ligne : [https://doi.org/10.4000/pistes.3547].

    20 Voir P. Tillich, Le courage d’être [1952], Paris/Genève/Québec, Cerf / Labor et Fides / Presses de l’Université Laval, 1999.

    21 Ibid., p. 65.

    22 Ibid., p. 66.

    23 « La vitalité pure de l’être humain, dit en ce sens Tillich, n’est jamais pure mais toujours d’une autre nature parce que, chez lui, la puissance de la vie c’est sa liberté et sa spiritualité dans laquelle vitalité et intentionnalité sont unies ». Ibid., p. 66.

    24 Ce dernier concept est emprunté à Marx dont P.-F. Moreau a longuement décrypté l’anthropologie philosophique (voir en particulier la conférence suivante donnée dans le cadre du séminaire de Jean Salem : [https://vimeo.com/318168104].

    25 Voir É. Hamraoui, « La vie, l’activité de la pensée dans la philosophie de Maine de Biran (1766-1824) », Aurora, Curitiba, 28, no 45, 2016, p. 1009-1026.

    26 Dans Le pouvoir des commencements. Essai sur l’autorité (Paris, Seuil, 2006), M. Revault d’Alonnes emploie l’expression de « continuité générative » des temps de ce qui fait autorité, au sens de ce qui est principe de la vie politique, à la manière dont le cœur, avec le sang qui l’irrigue, constitue le principe de la vie du corps (« le fondement de la vie et l’auteur de toute chose », disait William Harvey dans son De motu cordis, paru en 1628, où il décrit les lois de la circulation du sang qu’il vient de découvrir).

    27 J. Frère, Ardeur et colère. Le thumos platonicien, Paris, Kimé, 2004, p. 7.

    28 P. Legendre, La 901e conclusion. Étude sur le théâtre de la Raison, Paris, Fayard, p. 238.

    29 F. Vidal, Les sciences de l’âme : xvie-xviie siècle, Paris, Honoré Champion, 2006, p. 378 ; voir également S. Carvallo, L’homme parfait. L’anthropologie médicale de Harvey à Riolan et Perrault 1628-1688, Paris, Classiques Garnier, 2018.

    30 Rationalité que C. Dejours oppose aux rationalités logique et instrumentale éludant la question de la souffrance éthique (voir Souffrance en France, Paris, Seuil, 1998).

    31 F. Vidal, Les sciences de l’âme…, ouvr. cité, p. 37.

    32 Je songe ici au sentiment de nécessité morale revêtu par l’atteinte d’objectifs idéaux de production analysé par M. Lazzarato dans La fabrique de l’homme endetté. Essai sur la condition néolibérale, Paris, Éditions Amsterdam, 2011.

    33 Ce que l’historien F. Hartog nomme « régime d’historicité présentiste ». Voir Régimes d’historicité. Présentisme et expériences du temps, Paris, Seuil (Points), 2003 et 2012.

    34 M. Merleau-Ponty, L’institution de la passivité. Notes de cours au Collège de France (1954-1955), Paris, Belin, 2015, p. 50.

    35 F. Deligny, L’Arachnéen, Paris, L’arachnéen, 2008, p. 12 (cité par P.-F. Moreau dans « Tramer. Deligny, les institution, l’action », Fernand Deligny et la philosophie. Un étrange objet, P.-F. Moreau et M. Pouteyo dir., Lyon, ENS Éditions (La croisée des chemins), 2021, chap. 2.

    36 P.-F. Moreau, « Tramer… », art. cité.

    37 Ibid., p. 10.

    38 Ibid., p. 11.

    39 Ibid., p. 7.

    40 Voir Spinoza, Traité de la réforme de l’entendement, traduction A. Koyré, Paris, Vrin, 1979, § 31, p. 24-27.

    41 « Vecteur […] du néovitalisme qui nourrit le néolibéralisme », le brutalisme « repose sur la profonde conviction selon laquelle il n’existe plus de distinction entre le vivant et les machines. […] Désormais, les mondes de la matière, de la machine et de la vie ne font plus qu’un », A. Mbembe, Brutalisme, Paris, La Découverte, 2020, p. 23.

    42 S. Mohammed Barkat, « L’évaluation, le travail et la vie », F. Hubault coord., Évaluation du travail, travail d’évaluation, Toulouse, Octarès (Le travail en débats - série séminaire Paris 1, juin 2007), 2008, p. 3-12. Byung-Chul Han dira, en un sens proche, que la vie des individus de la société de la positivité soumise à la loi de l’auto-exploitation est comparable « à celle d’un mort-vivant » (voir La société de la fatigue [essai], traduction J. Stroz, Belval, Circé, 2010, p. 57). Aussi, ces mêmes individus sont-ils « trop vivants pour pouvoir mourir et trop morts pour pouvoir vivre », ibid., p. 37. Cela, jusqu’au point de rupture : voir S. Mohammed Barkat, « Suicide et guerre économique », Pratiques. Les cahiers de la médecine utopique, no 53, 2011, p. 14-15.

    43 K. Cappelli, L’avènement des fantômes. Petite histoire métaphysique de la spectralité, Rennes, Éditions Apogée, 2021, p. 67.

    44 Voir, du point de vue des sciences de la gestion, P.-Y. Gomez, Le travail invisible. Enquête sur une disparition, Paris, François Bourin Éditeur, 2013, et, dans une perspective sociologique : R. Sennett, Le travail sans qualités. Les conséquences humaines de la flexibilité, Paris, Albin Michel, 2000 (The Corrosion of Character. The Personal Consequences of Work in the New Capitalism, 1998) ; M.-A. Dujarier, Le management désincarné. Enquête sur les nouveaux cadres du travail, Paris, La Découverte, 2016, et Troubles dans le travail. Sociologie d’une catégorie de pensée, Paris, PUF, 2021.

    45 Voir É. Hamraoui, « Pandémie et devenir spectral de la politique », Atenção à saúde em tempo de pandemia da Covid-19 : contextos nacionais e internacionais Edna Maria Goulart Jozaiero org., Teresina, Editora da UFPI (EDUFPI), p. 165-180.

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