• Contenu principal
  • Menu
OpenEdition Books
  • Accueil
  • Catalogue de 15381 livres
  • Éditeurs
  • Auteurs
  • Facebook
  • X
  • Partager
    • Facebook

    • X

    • Accueil
    • Catalogue de 15381 livres
    • Éditeurs
    • Auteurs
  • Ressources numériques en sciences humaines et sociales

    • OpenEdition
  • Nos plateformes

    • OpenEdition Books
    • OpenEdition Journals
    • Hypothèses
    • Calenda
  • Bibliothèques

    • OpenEdition Freemium
  • Suivez-nous

  • Newsletter
OpenEdition Search

Redirection vers OpenEdition Search.

À quel endroit ?
  • ENS Éditions
  • ›
  • Hors collection
  • ›
  • La raison au travail, 1
  • ›
  • Première partie – Questions de méthode :...
  • ›
  • Histoire de la philosophie et histoire d...
  • ENS Éditions
  • ENS Éditions
    ENS Éditions
    Informations sur la couverture
    Table des matières
    Liens vers le livre
    Informations sur la couverture
    Table des matières
    Formats de lecture

    Plan

    Plan détaillé Texte intégral Philosophie et histoire L’histoire de la philosophie comme discipline philosophique L’histoire des idées Contextualisme et histoire intellectuelle En guise de conclusion Notes de bas de page Auteur

    La raison au travail, 1

    Ce livre est recensé par

    Précédent Suivant
    Table des matières

    Histoire de la philosophie et histoire des idées

    Considérations méthodologiques

    Christian Nadeau

    p. 95-105

    Texte intégral Philosophie et histoire L’histoire de la philosophie comme discipline philosophique L’histoire des idées Contextualisme et histoire intellectuelle En guise de conclusion Notes de bas de page Auteur

    Texte intégral

    1Cette réflexion a pour lointain point de départ mes années d’études de doctorat au moment où j’assistais aux séminaires animés par Pierre-François Moreau à l’ENS de Fontenay-Saint-Cloud, entre les années 1996 et 2000 environ. À cette époque, tous les mois, une première séance réunissait des spécialistes de nombreux domaines des sciences humaines autour de travaux en histoire des idées, qu’il s’agisse de philosophie, d’histoire sociale ou d’histoire de la littérature. Pierre-François Moreau avait commencé par plusieurs leçons sur l’histoire des idées et l’histoire de la philosophie, où il nous parlait aussi bien d’Erich Auerbach que de Frances Yates ou de Richard Popkin. Sauf erreur, il s’agissait là des premiers séminaires du Centre d’études en rhétorique, philosophie et histoire des idées, le CERPHI. À ma connaissance, ces leçons n’ont pas été enregistrées ni retranscrites et c’est bien dommage, car elles témoignaient de l’immense érudition de Pierre-François Moreau et de la profondeur de ses analyses méthodologiques sur les rapports entre historiographies et philosophie. Après une pause, ce séminaire était suivi d’un autre, qui à ce moment portait sur le Traité théologico-politique de Spinoza. Ce qui frappait n’était pas une métamorphose du registre méthodologique adopté par Pierre-François Moreau – qui dans les deux cas, laissait beaucoup de place à ses invités, spécialistes d’histoire de l’art, du théâtre, d’histoire des religions, etc. –, mais un changement de public. À part quelques personnes, les deux séminaires attiraient deux auditoires complètement distincts. Bien entendu, si ces deux séminaires avaient lieu le même jour, dans la même salle et avec le même animateur, tout cela était d’abord prévu par simple commodité. Malgré tout, ce que je jugeais alors comme une séparation technique entre deux univers – celui de l’histoire des idées et celui de l’histoire de la philosophie – me semblait bien étrange.

    2Il ne faut pas accorder trop d’importance à cette anecdote. On ne peut évidemment pas en déduire que les spinozistes ne se préoccupaient pas d’histoire des idées ni inversement que les historiens des idées ne s’intéressaient pas au Traité théologico-politique. Il n’en demeure pas moins que les publics, et donc les types d’échanges, les considérations méthodologiques, bref, les visées heuristiques au sujet de textes du passé m’apparaissaient à cette époque complètement séparés d’un séminaire à l’autre, au point où un même texte aurait pu recevoir deux interprétations autonomes, peut-être pas antithétiques mais comme deux voies parallèles.

    3Ce n’est pas le lieu ici, et il ne me serait pas possible de faire une telle étude, de démontrer, à la manière de la sociologie des sciences, si ce décalage entre histoire des idées et histoire de la philosophie est bien réel en France ou ailleurs et comment il se traduit dans les pratiques de recherches, selon les pays et les types d’institutions. Si, pour prendre l’exemple de la France, l’histoire des idées n’a pas le même statut institutionnel, elle est néanmoins présente depuis longtemps, que ce soit au sein de groupes de recherche, ou dans les publications d’auteurs et d’autrices qui en font le plaidoyer. Même l’opposition bien connue de Michel Foucault à l’histoire des idées participe selon moi à une reconfiguration de celle-ci plutôt qu’à sa négation1. Il reste que l’opposition entre histoire des idées et histoire de la philosophie est réclamée par de nombreux travaux.

    4Dans ce qui suit, je proposerai ici l’ébauche d’une cartographie conceptuelle en quatre moments. J’essaierai d’abord d’expliquer sommairement le rapport parfois antagonique entre la philosophie et son histoire. Ce conflit peut être surmonté en affirmant la spécificité de l’histoire de la philosophie, en la concevant comme un travail de reconstruction et de réactualisation des textes du passé. Cela me conduira à présenter l’histoire des idées comme démarche opposée à celle de l’histoire de la philosophie. Pour l’histoire des idées, extraire la philosophie de son histoire oblige précisément à abandonner toute prétention à l’autonomie de l’histoire de la philosophie. Enfin, j’expliquerai en quoi le contextualisme se démarque à la fois de l’histoire de la philosophie et de l’histoire des idées. Chacune de ces approches possède ses avantages et ses défauts. Je conclurai par quelques remarques plaidant pour une réflexion méthodologique sur l’interdisciplinarité.

    Philosophie et histoire

    5La philosophie se pose la question de sa propre histoire depuis l’Antiquité. Ce n’est toutefois qu’autour des xviiie et xixe siècles qu’apparaît l’histoire de la philosophie comme discipline autonome. C’est également à ce moment qu’émerge ce qui encore aujourd’hui représente une tension dans la recherche scientifique en philosophie : ou bien lire l’histoire de la philosophie en se préoccupant peu du contexte historique, quitte à tomber dans l’anachronisme, ou bien focaliser son attention sur ce qui relève de l’histoire, au risque d’enterrer la philosophie dans son passé2.

    6Il y a bien entendu de fortes raisons de se montrer sceptique face à une alternative peu crédible entre une histoire de la philosophie incapable de descendre du ciel des concepts et une histoire des idées réduisant la pensée à leur caractère contingent. Du reste, personne ne doute de l’apport historique d’une interprétation structuraliste de Platon comme celle proposée par Victor Goldschmitt3. Personne ne remet en question non plus la valeur philosophique du livre de Richard Ashcraft sur Locke4, l’exemple par excellence d’une histoire contextuelle des idées politiques. Le contraste entre ces deux modèles scientifiques n’en est pas moins frappant.

    7Il serait possible d’admettre une différence d’approche mais uniquement en tant qu’elle est perceptible par une sociologie de la connaissance. Après tout, l’histoire de la philosophie, comme l’histoire de la littérature ou de la science, est une discipline, avec ses institutions propres, ses spécialistes, ses revues, ses propres classiques, etc. À titre d’exemple, même si ce n’est pas toujours clair, on peut simplement se référer à des publications comme le Journal of the History of Philosophy et le Journal of the History of Ideas. Il est bien évident que de nombreux articles qu’on peut y trouver auraient pu être publiés dans l’une ou l’autre de ces revues. Il y a bien néanmoins deux revues distinctes, qui attirent deux types de lectorats et accueillent deux genres de contributions.

    8Malgré les convergences, il y a encore aujourd’hui une tension persistante entre l’histoire de la philosophie et l’histoire des idées. Elle peut être jugée superficielle, comme un simple partage des compétences dans les pratiques universitaires, ou bien elle peut être revendiquée théoriquement5.

    L’histoire de la philosophie comme discipline philosophique

    9Un exemple de cette tension dans l’historiographie entre histoire de la philosophie et histoire des idées est le débat de 1951 entre Alexandre Koyré et Martial Gueroult, lorsque celui-ci tente d’être élu au Collège de France. Pour Koyré, l’histoire des sciences exige de « replacer les œuvres étudiées dans leur milieu intellectuel et spirituel, de les interpréter en fonction des habitudes mentales, des préférences et des aversions de leurs auteurs ». Inversement, pour Gueroult, il faut à tout prix sauver l’histoire de la philosophie de méthodes qui, par souci d’historicité, refusent de voir la dimension intemporelle des concepts philosophiques. Gueroult dit vouloir trouver : « la présence d’une certaine substance réelle dans chaque philosophie… C’est cet essentiel (la philosophie elle-même) qui, rendant les systèmes dignes d’une histoire, les soustrait au temps historique »6. Gueroult ne nie pas la valeur du passé, mais en nie la prééminence heuristique pour l’histoire de la philosophie7. Lire les œuvres du passé demande un dialogue avec celles-ci qui ne serait pas entravé par des frontières contingentes. On retrouve de nos jours, sous d’autres formes, le même type de thèse chez des auteurs comme Jonathan Bennett, dans ses travaux récents sur l’histoire de la philosophie moderne8. Le problème de ce genre d’approche est qu’à force de lire les auteurs indépendamment de leur contexte, on efface la différence entre philosophie et histoire de la philosophie, d’où des mises en garde comme celles de Michael Frede ou plus récemment de Dan Garber9.

    L’histoire des idées

    10Il faut distinguer au moins deux grandes écoles au sujet de l’histoire intellectuelle, même si d’une certaine manière la seconde est née de la première. Il y a d’un côté la tradition idéaliste de l’histoire des idées telle que formulée et défendue par Arthur Lovejoy ; de l’autre côté se trouvent l’école de Cambridge et le programme méthodologique contextualiste théorisé par Quentin Skinner. Il s’agit bien de deux conceptions de l’histoire intellectuelle qui se rejoignent dans leur opposition à une histoire de la philosophie conçue comme discipline autonome. Mais ces conceptions s’opposent du tout au tout dans leur interprétation du rapport des idées et des concepts à leur histoire, au point où, chez un Skinner, c’est le projet même d’histoire des idées qui est remis en cause.

    11Au début des années 1920, Arthur Lovejoy élabore avec la Société d’histoire des idées de l’université John Hopkins ce qui deviendra plus tard le Journal of History of Ideas, fondé en 1940. Entretemps, Lovejoy élaborera les principes de son projet à la fois dans des articles programmatiques, mais surtout dans son livre The Great Chain of Being, publié en 193610. Pour Lovejoy, l’histoire des idées est un processus pluridisciplinaire. Il existe bien, pour des raisons fonctionnelles, une division des tâches en vue de l’acquisition des connaissances, chaque discipline appelant une certaine spécialisation, mais en fin de compte ce qui les sépare demeure superficiel11. Dès lors, l’histoire de la philosophie, tout comme celle des sciences, de l’art, des idées politiques, de l’économie, de l’éducation, ou des religions, en plus de l’ethnographie, de la sémantique et de la sociologie historique, toutes se fondent dans un même programme, celui de l’histoire des idées.

    12Il est possible de parler d’idéalisme au sujet des thèses de Lovejoy parce qu’il propose une lecture transversale de l’histoire des idées. Selon lui, l’histoire occidentale est ponctuée par des idées récurrentes, qu’il nomme unit-ideas, qu’on peut traduire par « idées fondamentales », qui certes évoluent d’une époque à une autre, mais demeurent les principaux vecteurs d’un dynamisme intellectuel parcourant l’histoire. En ce sens, pour Lovejoy, il est nécessaire de penser au-delà des murs séparant les époques en raison de la permanence de ces idées fondamentales, puisque ce n’est pas le contexte qui agit sur les idées, mais inversement les idées qui agissent sur celui-ci. Il est également non seulement permis, mais requis de penser au-delà des frontières méthodologiques, car ces mêmes unit-ideas ne sauraient être bornées par la manière dont nous avons et continuons de classer les savoirs et les discours. Dans l’optique de l’histoire des idées, il est vain d’opposer science et religion, car toutes deux contribuent à la plénitude de mêmes configurations conceptuelles. Dès lors, l’histoire de la philosophie ne peut être qu’une branche de l’histoire des idées et n’a de sens qu’en tant qu’auxiliaire de celle-ci.

    13Malgré la permanence ou la récurrence de ces idées fondamentales, le programme de Lovejoy est bien une démarche historique, car il s’agit précisément de reconquérir l’unité perdue de ces idées malgré la diversité de leurs représentations dans l’histoire. Cela signifie que les idées ont leur existence propre qu’il s’agit de retrouver à la fois dans l’histoire sociale et culturelle, dans celle de la théologie ou des sciences naturelles, en plus de l’histoire de la philosophie, en retraçant leurs migrations, leurs variantes et leurs combinaisons. Si les idées ont une vie bien à elles, il est possible d’en retracer la biographie dans la « grande chaîne de l’être ».

    Contextualisme et histoire intellectuelle

    14Une critique importante faite aux thèses soutenues par Arthur Lovejoy est que ces dernières obligent à une focalisation sur la signification des idées, et par conséquent des mots, au détriment de leurs usages. C’est ce type de reproche qu’adresse l’historien des idées Quentin Skinner, partisan d’un contextualisme en histoire intellectuelle, aux thèses défendues par Lovejoy et au modèle d’histoire des idées préconisé par le Journal of the History of Ideas au moment de sa création12. À cela, Lovejoy peut répondre que l’usage n’est pas totalement indéterminé et que toute utilisation d’un lexique implique une certaine stabilité de celui-ci. On ne peut donc pas réduire le sens des concepts à leur usage. Skinner ne nie pas une telle chose. Ce qu’il récuse est la primauté de l’« idée fondamentale » pensée comme voie royale de l’investigation historique. La notion d’« idée » en tant que porteuse d’un contenu intemporel ne peut nous conduire à la connaissance d’une œuvre ou d’une époque, et au final, à aucun savoir.

    15La critique de Skinner à l’égard de Lovejoy est radicale : c’est le projet même d’une histoire des idées fondamentales – qualifiées comme telles parce que leurs modes d’usages et leurs variations sont secondaires – qui empêchent de voir le statut d’une notion à un moment x ou y. La focale mise sur les idées-forces à mésestimer leur histoire, en les situant en dehors du langage, au-delà donc des significations vérifiables dans les usages des mots et des notions. Pour reprendre le paradigme de la philosophie politique, il est vain de postuler une conception parfaite de la justice ou de la liberté qui transcenderait la diversité des agents et des rapports sociaux dans une période donnée. Chercher une identité commune à ces notions à travers les âges et les sociétés masque précisément la réalité de leurs usages. Selon Skinner, « toute affirmation est inévitablement l’expression d’une intention particulière en une occasion particulière, destinée à la solution d’un problème particulier »13. Cela ne signifie pas pour autant que les contextes sociaux déterminent les modalités et les objets du discours. Si tel était le cas, l’ensemble des thèses, concepts, œuvres, bref tout ce qui est énoncé, ne serait que le produit de circonstances explicables notamment par l’évolution des modèles économiques. Skinner refuse toute explication de ce type en histoire où un énoncé – par exemple la formulation du principe de souveraineté dans la République de Bodin – s’expliquerait entièrement par l’élucidation d’une chaîne de causalités sociales ou économiques. Tout comme chez Lovejoy, mais pour d’autres raisons, ce genre de méthodes conduisent à une projection de nos propres croyances sur celles des agents du passé, ce qui précisément nous empêche de les déchiffrer.

    16Mais si les idées et les concepts philosophiques sont à penser dans les pratiques discursives d’une époque donnée, est-ce à dire que les contemporains d’une même époque ne peuvent se comprendre entre eux ? En effet, un raisonnement apagogique au sujet du contextualisme skinnerien pourrait conduire à la thèse selon laquelle le seul contexte pertinent d’un texte est son auteur et sa réalité immédiate. Ce qui n’est pas transférable d’emblée d’une idée du Moyen Âge à un historien du xxie siècle ne le serait pas non plus de la fin du xiiie siècle au début xive siècle. Or, Skinner, tout comme Lovejoy, s’intéresse à l’histoire intellectuelle en ce qu’il y voit un réseau de transmissions. Mais il refuse de parier sur la stabilité d’une notion au cours du temps, car cela empêche précisément de rendre compte de l’évolution lexicale des concepts et de leurs usages multiples dans des contextes délimités dans le temps et l’espace14. Et ce réseau de transmission est visible à la fois entre contemporains d’une même période historique, mais aussi à l’intérieur de périodes plus longues, à la condition de ne jamais chercher à aplatir le sens d’une notion à un moment donné en la rattachant à un fil conducteur qui transcenderait les lieux et les siècles.

    17Le problème le plus évident de la méthode contextualiste de Quentin Skinner, si on la compare à l’histoire des idées de Lovejoy ou aux lectures internalistes d’un Goldschmitt ou d’un Gueroult, est qu’elle risque de réduire l’histoire de la pensée à son passé, comme si celui-ci n’avait rien à nous dire puisqu’il exprimerait un monde qui ne nous est plus accessible. Nous n’aurions ainsi rien d’autre à faire des œuvres philosophiques du passé qu’à les étiqueter, à les mettre en valeur dans des livres, un peu à la manière des fossiles conservés au Muséum d’histoire naturelle. Comment nous reconnaître, comment dialoguer avec des textes philosophiques du passé ou des concepts qui semblent appartenir définitivement à une histoire révolue ? Pour Skinner, c’est précisément leur dimension historique qui rend les textes de la Renaissance ou du Moyen Âge si intéressants pour nous. Ils nous intéressent pour ce qu’ils disent d’eux-mêmes, mais aussi pour ce qu’ils nous disent sur nous-mêmes, précisément parce qu’ils portent des visions du monde étrangères aux nôtres. En les situant dans le temps, cela nous oblige nous-mêmes à penser nos propres conceptions du beau, du bien, de la justice, ou de la raison, comme des modalités conceptuelles que nous nous sommes appropriés, et non comme des cadeaux tombés du ciel intemporel des idées.

    En guise de conclusion

    18J’ai commencé par expliquer en quoi la philosophie a toujours entretenu un rapport particulier voire conflictuel à son histoire. Cela m’a conduit à commenter la volonté, chez certains auteurs, de défendre la spécificité philosophique de l’histoire de la philosophie. Le problème de démarches comme celles de Gueroult ou de Goldschmitt est qu’en voulant reconstruire la systématicité d’une pensée, elles jettent le bébé avec l’eau du bain. En effet, elles évacuent volontairement la dimension contingente des textes du passé, c’est-à-dire tout ce qui relève de la conjoncture des rencontres et des réseaux d’échanges, des influences ou encore des stratégies rhétoriques déployés pour des raisons particulières. Or, évacuer la dimension temporelle d’un corpus philosophique peut conduire à un exercice spéculatif stérile qui, à force de chercher une cohérence aux œuvres, refuse de les voir pour elles-mêmes, sacrifiant ainsi la proie pour l’ombre.

    19D’un autre côté, si l’histoire des idées à l’avantage d’inviter à désenclaver l’histoire de la philosophie pour l’obliger à un dialogue avec d’autres disciplines historiques, elle peut donner lieu à une même lecture mythifiée des textes du passé. L’histoire des idées, tout comme l’histoire de la philosophie, manquent leur rendez-vous avec l’histoire dès lors qu’elles visent une unité conceptuelle imperméable à des usages concrets dans des pratiques discursives situées dans le temps et dans l’espace.

    20Dans un livre récent, Claude Panaccio reprend l’opposition présentée ici entre une approche intemporelle ou structurelle de l’histoire de la philosophie et une approche contextuelle. C’est ce que Panaccio nomme le dilemme de MacIntyre :

    Soit on lit les philosophies du passé en fonction des discussions d’aujourd’hui et l’on sombre alors dans l’anachronisme en les reformulant et en les amputant de ce qu’elles ont d’étrange à nos yeux ; soit on s’efforce d’en préserver les caractères distinctifs jusque dans le détail et d’en replacer chaque aspect dans le contexte social et intellectuel qui l’a vu naître, et l’on en fait alors des pièces de musée, dont le seul intérêt tient à leur exotisme.15

    21Refusant l’idée d’une philosophia perennis, Claude Panaccio soutient une thèse « nominaliste » : en histoire de la philosophie, nous ne ferions affaire qu’à des singularités, ou plutôt à des discours qui sont identifiables à des époques précises. Mais il n’en demeure pas moins que pour dire quelque chose de ces textes, encore faut-il les interpréter, ce qui signifie les comprendre dans une logique plus large que celle de leur contexte d’énonciation. Faire l’histoire de la philosophie est nécessairement faire aussi celle de sa réception. Le piège inverse, nous dit Panaccio, serait de tomber dans le relativisme ou l’historicisme.

    22Selon Panaccio, l’opposition entre histoire contextuelle et histoire atemporelle repose sur un faux dilemme parce que même le contextualisme ne peut vouloir s’en tenir à la seule lettre des textes. Expliquer un argument en le situant dans le passé n’éclaire ni le passé, ni l’argument si nous refusons un parti pris d’interprétation, ce qui oblige à une forme de reconstruction philosophique. Inversement, il est impossible de reconstruire un discours philosophique, par exemple la Monadologie de Leibniz, sans respecter des règles philologiques, sans comprendre qui sont les interlocuteurs d’un auteur, quelles sont les différentes versions d’un texte, bref sans contextualisme. Cet œcuménisme apparaît très séduisant. Reste à voir s’il est aussi facile d’y parvenir que de l’admettre comme étant nécessaire.

    23Une manière de penser le rapport entre la philosophie et son histoire serait d’accepter l’invitation à l’interdisciplinarité qui est inhérente à l’histoire des idées. Mais il faudrait éviter de reconduire ce qui, dans l’histoire des idées et dans une certaine manière de voir l’histoire de la philosophie, nous aveugle sur leur contexte et toute sa richesse pour comprendre ce que dit et ce que fait un texte du passé. Pour réaliser un tel programme, il me semble que nous avons besoin d’au moins deux choses.

    24En premier lieu, un changement d’attitude de la philosophie comme discipline, non pas tant à l’égard de son histoire que de l’histoire intellectuelle, qu’il s’agisse d’histoire des sciences, d’histoire sociale, d’histoire de l’art, etc. Il serait peut-être même plus adéquat de parler du rapport de la philosophie aux savoirs de l’histoire en général. À mon sens, cela va bien au-delà de considérations philologiques, même si celles-ci sont un bon point de départ pour se représenter les enjeux en présence. Cela signifie surtout un changement de nos pratiques institutionnelles. Pour reprendre l’anecdote à l’origine de cet article, j’espère voir se multiplier des séminaires où se croiseraient histoire des idées et histoire de la philosophie. De telles rencontres sont déjà très visibles en France16, au Canada ou ailleurs dans le monde, mais ne semblent pas bien soutenues par une épistémologie de l’interdisciplinarité au sein de l’histoire intellectuelle. En second lieu, la question de la spécificité de l’histoire de la philosophie devrait être posée à nouveaux frais, non pas en se démarquant des autres disciplines de l’histoire, mais dans leur interaction avec elles17.

    Notes de bas de page

    1 Sur la place de l’histoire des idées et de l’histoire intellectuelle et des idées dans le monde universitaire en France, voir l’article d’A. Thomson, « L’histoire intellectuelle : quelles idées, quel contexte ? », Revue d’histoire moderne & contemporaine, vol. 59-4, no 5, 2012, p. 47-64. Au sujet du rapport de Foucault à l’histoire des idées, voir L. Paltrinieri, « L’archive comme objet : quel modèle d’histoire pour l’archéologie ? », Les Études philosophiques, vol. 114, no 3, 2015, p. 353-376 et D. Simonetta, « Michel Foucault, le rapport de l’archéologie à l’histoire des idées éclairé par l’étude de manuscrits inédits », D. Simonetta et A. de Vitry dir., Histoire et historiens des idées : Figures, méthodes, problèmes, Paris, Collège de France, 2020, p. 221-242.

    2 Voir les arguments de R. Rorty dans « Quatre manières d’écrire l’histoire de la philosophie », G. Vattimo dir., Que peut faire la philosophie de son histoire ?, Paris, Seuil, 1989.

    3 Voir V. Goldschmidt, Les dialogues de Platon. Structure et méthode dialectique, Paris, PUF, 1947. Voir aussi du même auteur, « Temps historique et temps logique dans l’histoire des systèmes philosophiques », Questions platoniciennes, Paris, Vrin, 1970, p. 13-21, repris dans P. Cerutti éd., Histoire de la philosophie. Idées, temporalités, contextes, Paris, Vrin (Textes clés), 2018, p. 143-154.

    4 R. Ashcraft, La politique révolutionnaire et les Deux traités du gouvernement de Locke, Paris, PUF (Léviathan), 1995.

    5 Parmi les travaux récents sur les fondements méthodologiques en histoire de la philosophie, voir notamment M. Lærke, J. E. H. Smith et E. Schliesser, Philosophy and its History Aims and Methods in the Study of Early Modern Philosophy, Oxford, Oxford University Press, 2013.

    6 A. Koyré, De la mystique à la science, Paris, EHESS, 1986, p. 129. M. Gueroult, Leçon inaugurale au Collège de France, Paris, 4 décembre 1951, p. 16-17, tous deux cités dans F. Dosse, « De l’histoire des idées à l’histoire intellectuelle », M. Leymarie et J.-F. Sirinelli dir., L’histoire des intellectuels aujourd’hui, Paris, PUF, 2003, p. 161-182.

    7 C. Giolito, « Pratique et fondement de la méthode en histoire de la philosophie chez Martial Gueroult », Revue de métaphysique et de morale, vol. 30, no 2, 2001, p. 69-95.

    8 J. F. Bennett, Learning from Six Philosophers: Descartes, Spinoza, Leibniz, Locke, Berkeley, Hume, Oxford, Clarendon Press / Oxford University Press, 2001.

    9 M. Frede, « The History of Philosophy as a Discipline », The Journal of Philosophy, vol. 85, no 11, 1988, p. 666-672 ; D. Garber, « Vers une histoire antiquaire de la philosophie » [2003], traduction P. Cerutti, Histoire de la philosophie…, ouvr. cité, p. 353-373.

    10 Voir A. Lovejoy, « The Historiography of Ideas », Proceedings of the American Philosophical Society, vol. 78, no 4, mars 1938, republié dans A. O. Lovejoy, Essays in the History of Ideas, Baltimore, The John Hopkins Press, 1948, p. 1-13, cité par F. Dosse dans La marche des idées. Histoire des intellectuels, histoire intellectuelle, Paris, La Découverte, 2003, p. 200.

    11 « Les processus à l’œuvre dans l’esprit humain, tant à l’échelle de l’individu qu’à celle du groupe, qui se manifestent dans l’histoire, ne passent pas par des canaux étanches, correspondant aux divisions officielles qu’on a établies dans nos départements universitaires ». A. O. Lovejoy, « Reflections on the History of Ideas », Journal of the History of Ideas, vol. 1, no 1, 1940, p. 4, cité et traduit dans l’introduction d’Histoire et historiens des idées…, ouvr. cité, p. 9.

    12 Q. Skinner, « Signification et compréhension dans l’histoire des idées », Visions politiques, vol. 1, « Sur la méthode », traduction C. Hamel, Genève, Librairie Droz, 2018. Voir aussi J.-F. Spitz, « Quentin Skinner », Revue française d’histoire des idées politiques, vol. 40, no 2, 2014, p. 347-377.

    13 Q. Skinner, « Signification et compréhension… », art. cité, p. 115.

    14 Malgré certains airs de famille, il existe néanmoins d’importantes différences entre le programme méthodologique de Skinner et l’histoire des concepts telle qu’elle est pensée chez un historien comme Reinhart Koselleck. Voir K. Palonen, « The History of Concepts as a Style of Political Theorizing: Quentin Skinner’s and Reinhart Koselleck’s Subversion of Normative Political Theory », European Journal of Political Theory, vol. 1, 2002, p. 91-106 et « L’histoire comme construction sociale et politique. Une lecture croisée de Quentin Skinner et Reinhardt Koselleck », C. Nadeau et A. Lapointe dir., La philosophie de l’histoire au xxe siècle. Hommages offerts à Maurice Lagueux, Québec, Presses de l’Université Laval (Zêtêzis), 2007, p. 279-300.

    15 C. Panaccio, Récit et reconstruction. Les fondements de la méthode en histoire de la philosophie, Paris, Vrin, 2019, p. 12. Le dilemme fait référence à l’article classique de MacIntyre, « La relation de la philosophie à son passé » [1984], traduction P. Cerutti, Histoire de la philosophie, ouvr. cité, p. 323-351. Voir aussi C. Panaccio, « Précis de Récit et reconstruction », Philosophiques, 46 (2), p. 375-380 et les contributions, dans le même numéro de la revue, de D. Perinetti, J. Plourde et de S. Roux consacrées à ce livre.

    16 Par exemple, l’IHRIM (Institut d’histoire des représentations et des idées dans les modernités – UMR 5317).

    17 À ce sujet, voir notamment A.-F. Schmid, « Interdisciplinarité et philosophie comme expérience “en plein champ” », Natures Sciences Sociétés, vol. 20, no 1, 2012, p. 75-81.

    Auteur

    Christian Nadeau

    université de Montréal

    Précédent Suivant
    Table des matières

    Le texte seul est utilisable sous licence Licence OpenEdition Books. Les autres éléments (illustrations, fichiers annexes importés) sont « Tous droits réservés », sauf mention contraire.

    Voir plus de livres
    La France et l’Algérie : leçons d’histoire

    La France et l’Algérie : leçons d’histoire

    De l’école en situation coloniale à l’enseignement du fait colonial

    Frédéric Abécassis, Gilles Boyer, Benoît Falaize et al. (dir.)

    2007

    Les politiques d’éducation prioritaire en Europe. Tome II

    Les politiques d’éducation prioritaire en Europe. Tome II

    Quel devenir pour l’égalité scolaire ?

    Marc Demeuse, Daniel Frandji, David Greger et al. (dir.)

    2011

    La realidad y el deseo

    La realidad y el deseo

    Toponymie du découvreur en Amérique espagnole (1492-1520)

    Carmen Val Julián

    2011

    Les politiques d’éducation prioritaire en Europe. Tome I

    Les politiques d’éducation prioritaire en Europe. Tome I

    Conceptions, mises en œuvre, débats

    Marc Demeuse, Daniel Frandji, David Greger et al. (dir.)

    2008

    L’école et la nation

    L’école et la nation

    Actes du séminaire scientifique international. Lyon, Barcelone, Paris, 2010

    Benoît Falaize, Charles Heimberg et Olivier Loubes (dir.)

    2013

    L’érotisme des problèmes

    L’érotisme des problèmes

    Apprendre à philosopher au risque du désir

    Sébastien Charbonnier

    2014

    La construction de l'enseignement secondaire (1802-1914)

    La construction de l'enseignement secondaire (1802-1914)

    Aux origines d'un service public

    Philippe Savoie

    2013

    Langages, politique, histoire. Avec Jean-Claude Zancarini

    Langages, politique, histoire. Avec Jean-Claude Zancarini

    Romain Descendre et Jean-Louis Fournel (dir.)

    2015

    L'épigramme dans tous ses états : épigraphiques, littéraires, historiques

    L'épigramme dans tous ses états : épigraphiques, littéraires, historiques

    Eleonora Santin et Laurence Foschia (dir.)

    2016

    La raison au travail, 1

    La raison au travail, 1

    Pour une histoire rationnelle des idées

    Delphine Antoine-Mahut, André Charrak, Pierre Girard et al. (dir.)

    2024

    La raison au travail, 2

    La raison au travail, 2

    Traversées du spinozisme

    Raphaële Andrault et Mogens Lærke (dir.)

    2024

    Voir plus de livres
    1 / 11
    La France et l’Algérie : leçons d’histoire

    La France et l’Algérie : leçons d’histoire

    De l’école en situation coloniale à l’enseignement du fait colonial

    Frédéric Abécassis, Gilles Boyer, Benoît Falaize et al. (dir.)

    2007

    Les politiques d’éducation prioritaire en Europe. Tome II

    Les politiques d’éducation prioritaire en Europe. Tome II

    Quel devenir pour l’égalité scolaire ?

    Marc Demeuse, Daniel Frandji, David Greger et al. (dir.)

    2011

    La realidad y el deseo

    La realidad y el deseo

    Toponymie du découvreur en Amérique espagnole (1492-1520)

    Carmen Val Julián

    2011

    Les politiques d’éducation prioritaire en Europe. Tome I

    Les politiques d’éducation prioritaire en Europe. Tome I

    Conceptions, mises en œuvre, débats

    Marc Demeuse, Daniel Frandji, David Greger et al. (dir.)

    2008

    L’école et la nation

    L’école et la nation

    Actes du séminaire scientifique international. Lyon, Barcelone, Paris, 2010

    Benoît Falaize, Charles Heimberg et Olivier Loubes (dir.)

    2013

    L’érotisme des problèmes

    L’érotisme des problèmes

    Apprendre à philosopher au risque du désir

    Sébastien Charbonnier

    2014

    La construction de l'enseignement secondaire (1802-1914)

    La construction de l'enseignement secondaire (1802-1914)

    Aux origines d'un service public

    Philippe Savoie

    2013

    Langages, politique, histoire. Avec Jean-Claude Zancarini

    Langages, politique, histoire. Avec Jean-Claude Zancarini

    Romain Descendre et Jean-Louis Fournel (dir.)

    2015

    L'épigramme dans tous ses états : épigraphiques, littéraires, historiques

    L'épigramme dans tous ses états : épigraphiques, littéraires, historiques

    Eleonora Santin et Laurence Foschia (dir.)

    2016

    La raison au travail, 1

    La raison au travail, 1

    Pour une histoire rationnelle des idées

    Delphine Antoine-Mahut, André Charrak, Pierre Girard et al. (dir.)

    2024

    La raison au travail, 2

    La raison au travail, 2

    Traversées du spinozisme

    Raphaële Andrault et Mogens Lærke (dir.)

    2024

    Accès ouvert

    Accès ouvert freemium

    ePub

    PDF

    PDF du chapitre

    Suggérer l’acquisition à votre bibliothèque

    Acheter

    Édition imprimée

    ENS Éditions
    • decitre.fr
    • mollat.com
    • leslibraires.fr
    • placedeslibraires.fr
    • lcdpu.fr
    ePub / PDF

    1 Sur la place de l’histoire des idées et de l’histoire intellectuelle et des idées dans le monde universitaire en France, voir l’article d’A. Thomson, « L’histoire intellectuelle : quelles idées, quel contexte ? », Revue d’histoire moderne & contemporaine, vol. 59-4, no 5, 2012, p. 47-64. Au sujet du rapport de Foucault à l’histoire des idées, voir L. Paltrinieri, « L’archive comme objet : quel modèle d’histoire pour l’archéologie ? », Les Études philosophiques, vol. 114, no 3, 2015, p. 353-376 et D. Simonetta, « Michel Foucault, le rapport de l’archéologie à l’histoire des idées éclairé par l’étude de manuscrits inédits », D. Simonetta et A. de Vitry dir., Histoire et historiens des idées : Figures, méthodes, problèmes, Paris, Collège de France, 2020, p. 221-242.

    2 Voir les arguments de R. Rorty dans « Quatre manières d’écrire l’histoire de la philosophie », G. Vattimo dir., Que peut faire la philosophie de son histoire ?, Paris, Seuil, 1989.

    3 Voir V. Goldschmidt, Les dialogues de Platon. Structure et méthode dialectique, Paris, PUF, 1947. Voir aussi du même auteur, « Temps historique et temps logique dans l’histoire des systèmes philosophiques », Questions platoniciennes, Paris, Vrin, 1970, p. 13-21, repris dans P. Cerutti éd., Histoire de la philosophie. Idées, temporalités, contextes, Paris, Vrin (Textes clés), 2018, p. 143-154.

    4 R. Ashcraft, La politique révolutionnaire et les Deux traités du gouvernement de Locke, Paris, PUF (Léviathan), 1995.

    5 Parmi les travaux récents sur les fondements méthodologiques en histoire de la philosophie, voir notamment M. Lærke, J. E. H. Smith et E. Schliesser, Philosophy and its History Aims and Methods in the Study of Early Modern Philosophy, Oxford, Oxford University Press, 2013.

    6 A. Koyré, De la mystique à la science, Paris, EHESS, 1986, p. 129. M. Gueroult, Leçon inaugurale au Collège de France, Paris, 4 décembre 1951, p. 16-17, tous deux cités dans F. Dosse, « De l’histoire des idées à l’histoire intellectuelle », M. Leymarie et J.-F. Sirinelli dir., L’histoire des intellectuels aujourd’hui, Paris, PUF, 2003, p. 161-182.

    7 C. Giolito, « Pratique et fondement de la méthode en histoire de la philosophie chez Martial Gueroult », Revue de métaphysique et de morale, vol. 30, no 2, 2001, p. 69-95.

    8 J. F. Bennett, Learning from Six Philosophers: Descartes, Spinoza, Leibniz, Locke, Berkeley, Hume, Oxford, Clarendon Press / Oxford University Press, 2001.

    9 M. Frede, « The History of Philosophy as a Discipline », The Journal of Philosophy, vol. 85, no 11, 1988, p. 666-672 ; D. Garber, « Vers une histoire antiquaire de la philosophie » [2003], traduction P. Cerutti, Histoire de la philosophie…, ouvr. cité, p. 353-373.

    10 Voir A. Lovejoy, « The Historiography of Ideas », Proceedings of the American Philosophical Society, vol. 78, no 4, mars 1938, republié dans A. O. Lovejoy, Essays in the History of Ideas, Baltimore, The John Hopkins Press, 1948, p. 1-13, cité par F. Dosse dans La marche des idées. Histoire des intellectuels, histoire intellectuelle, Paris, La Découverte, 2003, p. 200.

    11 « Les processus à l’œuvre dans l’esprit humain, tant à l’échelle de l’individu qu’à celle du groupe, qui se manifestent dans l’histoire, ne passent pas par des canaux étanches, correspondant aux divisions officielles qu’on a établies dans nos départements universitaires ». A. O. Lovejoy, « Reflections on the History of Ideas », Journal of the History of Ideas, vol. 1, no 1, 1940, p. 4, cité et traduit dans l’introduction d’Histoire et historiens des idées…, ouvr. cité, p. 9.

    12 Q. Skinner, « Signification et compréhension dans l’histoire des idées », Visions politiques, vol. 1, « Sur la méthode », traduction C. Hamel, Genève, Librairie Droz, 2018. Voir aussi J.-F. Spitz, « Quentin Skinner », Revue française d’histoire des idées politiques, vol. 40, no 2, 2014, p. 347-377.

    13 Q. Skinner, « Signification et compréhension… », art. cité, p. 115.

    14 Malgré certains airs de famille, il existe néanmoins d’importantes différences entre le programme méthodologique de Skinner et l’histoire des concepts telle qu’elle est pensée chez un historien comme Reinhart Koselleck. Voir K. Palonen, « The History of Concepts as a Style of Political Theorizing: Quentin Skinner’s and Reinhart Koselleck’s Subversion of Normative Political Theory », European Journal of Political Theory, vol. 1, 2002, p. 91-106 et « L’histoire comme construction sociale et politique. Une lecture croisée de Quentin Skinner et Reinhardt Koselleck », C. Nadeau et A. Lapointe dir., La philosophie de l’histoire au xxe siècle. Hommages offerts à Maurice Lagueux, Québec, Presses de l’Université Laval (Zêtêzis), 2007, p. 279-300.

    15 C. Panaccio, Récit et reconstruction. Les fondements de la méthode en histoire de la philosophie, Paris, Vrin, 2019, p. 12. Le dilemme fait référence à l’article classique de MacIntyre, « La relation de la philosophie à son passé » [1984], traduction P. Cerutti, Histoire de la philosophie, ouvr. cité, p. 323-351. Voir aussi C. Panaccio, « Précis de Récit et reconstruction », Philosophiques, 46 (2), p. 375-380 et les contributions, dans le même numéro de la revue, de D. Perinetti, J. Plourde et de S. Roux consacrées à ce livre.

    16 Par exemple, l’IHRIM (Institut d’histoire des représentations et des idées dans les modernités – UMR 5317).

    17 À ce sujet, voir notamment A.-F. Schmid, « Interdisciplinarité et philosophie comme expérience “en plein champ” », Natures Sciences Sociétés, vol. 20, no 1, 2012, p. 75-81.

    La raison au travail, 1

    X Facebook Email

    La raison au travail, 1

    Ce livre est diffusé en accès ouvert freemium. L’accès à la lecture en ligne est disponible. L’accès aux versions PDF et ePub est réservé aux bibliothèques l’ayant acquis. Vous pouvez vous connecter à votre bibliothèque à l’adresse suivante : https://freemium.openedition.org/oebooks

    Acheter ce livre aux formats PDF et ePub

    Si vous avez des questions, vous pouvez nous écrire à access[at]openedition.org

    La raison au travail, 1

    Vérifiez si votre bibliothèque a déjà acquis ce livre : authentifiez-vous à OpenEdition Freemium for Books.

    Vous pouvez suggérer à votre bibliothèque d’acquérir un ou plusieurs livres publiés sur OpenEdition Books. N’hésitez pas à lui indiquer nos coordonnées : access[at]openedition.org

    Vous pouvez également nous indiquer, à l’aide du formulaire suivant, les coordonnées de votre bibliothèque afin que nous la contactions pour lui suggérer l’achat de ce livre. Les champs suivis de (*) sont obligatoires.

    Veuillez, s’il vous plaît, remplir tous les champs.

    La syntaxe de l’email est incorrecte.

    Référence numérique du chapitre

    Format

    Nadeau, C. (2024). Histoire de la philosophie et histoire des idées. In D. Antoine-Mahut, A. Charrak, P. Girard, & M. M. Zaragozá (éds.), La raison au travail, 1 (1‑). ENS Éditions. https://doi.org/10.4000/12tvo
    Nadeau, Christian. « Histoire de la philosophie et histoire des idées ». In La raison au travail, 1, édité par Delphine Antoine-Mahut, André Charrak, Pierre Girard, et Marina Mestre Zaragozá. Lyon: ENS Éditions, 2024. https://doi.org/10.4000/12tvo.
    Nadeau, Christian. « Histoire de la philosophie et histoire des idées ». La raison au travail, 1, édité par Delphine Antoine-Mahut et al., ENS Éditions, 2024, https://doi.org/10.4000/12tvo.

    Référence numérique du livre

    Format

    Antoine-Mahut, D., Charrak, A., Girard, P., & Zaragozá, M. M. (éds.). (2024). La raison au travail, 1 (1‑). ENS Éditions. https://doi.org/10.4000/12tuc
    Antoine-Mahut, Delphine, André Charrak, Pierre Girard, et Marina Mestre Zaragozá, éd. La raison au travail, 1. Lyon: ENS Éditions, 2024. https://doi.org/10.4000/12tuc.
    Antoine-Mahut, Delphine, et al., éditeurs. La raison au travail, 1. ENS Éditions, 2024, https://doi.org/10.4000/12tuc.
    Compatible avec Zotero Zotero

    1 / 3

    ENS Éditions

    ENS Éditions

    • Plan du site
    • Se connecter

    Suivez-nous

    • Flux RSS

    URL : http://www.ens-lyon.fr/editions/catalogue

    Email : editions@ens-lyon.fr

    Adresse :

    Bâtiment Ferdinand Buisson

    15 parvis René Descartes BP 7000

    69342

    Lyon

    France

    OpenEdition
    • Candidater à OpenEdition Books
    • Connaître le programme OpenEdition Freemium
    • Commander des livres
    • S’abonner à la lettre d’OpenEdition
    • CGU d’OpenEdition Books
    • Accessibilité : partiellement conforme
    • Données personnelles
    • Gestion des cookies
    • Système de signalement