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    Plan

    Plan détaillé Texte intégral Le fait syndical. Des données limitées dans le champ des relations professionnelles Retour sur les coulisses de l’enquête Epasy Apports et limites de l’enquête Epasy en terrain syndical Bibliographie Notes de bas de page Auteur

    Enquêter sur les relations professionnelles

    Ce livre est recensé par

    • Samuel Zarka, La Nouvelle Revue du Travail, mis en ligne le 30 avril 2025. URL : https://journals.openedition.org/nrt/19824 ; DOI : https://doi.org/10.4000/13uoa
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    Table des matières

    Chapitre 1

    « Et votre étude, elle va servir à quoi ? ». Retour sur les coulisses de l’enquête Epasy à la CFDT

    Maxime Lescurieux

    p. 37-54

    Texte intégral Bibliographie Notes de bas de page Auteur

    Texte intégral

    1En France, on estime à environ 10 % le taux de syndicalisation en 2019. Si une relative féminisation du tissu syndical s’opère depuis la fin des années 1990, les femmes sont encore sous-représentées, tant en bas de la hiérarchie et aux niveaux intermédiaires qu’aux postes exécutifs des organisations syndicales. Pourtant, le contexte législatif porte depuis les années 2000 une exigence d’inclusion des femmes dans les activités de représentation. Avant ces obligations légales, certaines organisations syndicales s’étaient dotées de politiques volontaristes, comme la CFDT, qui instaure dès 1982 une mixité proportionnelle pour ses structures exécutives nationales. Cette féminisation par le haut émet souvent un signal positif pour la parité, bien que la présence de femmes aux niveaux intermédiaires reste encore fragile (Silvera 2012).

    2Plusieurs facteurs sont souvent avancés pour expliquer le moindre engagement des femmes dans l’activité militante et syndicale. Le premier facteur relève de la tradition d’implantation des syndicats au sein de secteurs d’activité relativement moins féminisés (Béroud 2013). Le deuxième facteur est lié au contexte et au statut d’emploi. Les femmes sont en effet concentrées dans quelques métiers féminisés du tertiaire, souvent marqués par la précarité d’emploi et une faible présence syndicale, à l’exception de la fonction publique (Guillaume et Pochic 2011). Un troisième facteur retient l’idée de la reproduction des inégalités de genre au sein même des organisations. La culture syndicale, fondée sur des normes masculines, est ici remise en question (Buscatto 2009). Pour finir, l’activité syndicale expose encore aujourd’hui à des risques réels dans une proportion non négligeable d’établissements (Bourdieu et Breda 2016). Ces risques sont de plusieurs ordres, tels que des retards d’avancement dans la carrière professionnelle ou encore des pénalités salariales plus ou moins difficiles à supporter selon certaines catégories de la population active.

    3Alors que ces facteurs jouent un rôle essentiel dans le degré de participation syndicale des femmes, très peu de recherches en France s’intéressent aux conflits d’articulation entre temps syndical, professionnel et domestique, au sens d’un enchevêtrement des pratiques sociales sur une durée limitée. Pourtant, cette problématique n’est pas nouvelle. Elle est présente dès les années 1970 avec le développement massif de l’activité salariale féminine. Les transformations de l’organisation du travail (intensification, développement de la flexibilité du temps de travail, précarisation des emplois, etc.) et certains changements dans la famille (accroissement du nombre de familles monoparentales, recomposées, prise en charge de la dépendance liée au vieillissement de la population, etc.) exacerbent la question de l’articulation des temps sociaux.

    4Cette problématique s’applique également au champ syndical. L’engagement des militantes et des militants déborde sur la vie privée, il empiète sur le soir, le week-end, il s’exerce en continu en cas de négociations collectives, de conflits au travail ou de mobilisations. Limiter son temps d’engagement quand on exerce un, et surtout plusieurs mandats, est difficile. L’institution syndicale ayant un caractère « dévorant » en temps et en attention (Franzway 2001, p. 186). À ce sujet, des enquêtes qualitatives portant sur des militantes et militants syndicalistes ont souligné combien l’accord du conjoint quant à la répartition des tâches domestiques apparaît comme une condition indispensable pour s’engager durablement dans cet univers (Guillaume 2018, p. 248). Dans cette optique, la construction et l’intensité des carrières syndicales seraient la marque d’une certaine disponibilité biographique. Cette notion renvoie à la relative absence de contraintes (familiales, professionnelles, financières, etc.) qui tendent à rendre le militantisme chronophage et/ou risqué (McAdam 1988, p. 44). Elle met en évidence que des contraintes biographiques (par exemple le fait d’avoir des enfants, d’être marié·e, ou d’avoir un travail) constituent d’importantes barrières à l’engagement pour une cause militante dans le temps. Mais alors de quelles manières la disponibilité biographique influence-t-elle l’engagement syndical ? Comment agit-elle sur le processus de fabrication des carrières syndicales ? Permet-elle d’expliquer la persistance des inégalités entre les femmes et les hommes dans l’univers syndical, malgré la mise en place de mesures volontaristes ?

    5Pour répondre à ces questions, une enquête statistique inédite a été menée à la CFDT dans le cadre d’une thèse de sociologie (Lescurieux 2021, p. 454). Financée par l’Institut national d’études démographiques (Ined), l’Enquête sur les parcours syndicaux (Epasy) avait pour objectif de saisir l’enjeu de la disponibilité biographique dans la fabrique des carrières syndicales cédétistes afin d’éclairer la persistance des inégalités entre les femmes et les hommes. Mais si la participation du chercheur à la production des données sur lesquelles il enquête procure un relatif avantage, quels sont les enjeux sociaux qui président à la construction de ce type de sources au sein d’une organisation syndicale ? Ces enjeux ont-ils donné lieu à des tensions ? Quels en sont les effets sur la production d’une enquête statistique en terrain syndical ? Cette contribution entend ainsi revenir sur les coulisses d’une enquête statistique, trop souvent autonomisée et réifiée, en restituant un parcours de recherche qui tente conjointement d’utiliser les sources et les ressources du syndicat tout en participant à leur production. En revenant de manière réflexive sur cette posture d’enquête, ce chapitre permet d’accéder à certaines logiques organisationnelles tout en interrogeant les résultats obtenus.

    6Dans un premier temps, ce chapitre dresse un état des lieux des données actuelles et de leurs limites, que ce soit du côté de la statistique publique ou au sein des organisations syndicales, au regard de l’objet de recherche. Nous reviendrons ensuite sur le processus de fabrication de l’enquête Epasy à la CFDT, en exposant les différentes difficultés rencontrées. Ces contraintes juridiques, théoriques et techniques donnent à voir sous un nouveau jour divers enjeux méthodologiques pour étudier les carrières syndicales. Pour terminer, notre contribution présentera les apports et les limites de ce type d’enquête statistique dans le champ des relations professionnelles.

    Le fait syndical. Des données limitées dans le champ des relations professionnelles

    7Étudier quantitativement les carrières syndicales au regard de la disponibilité biographique n’est pas une chose aisée. Bien qu’une multitude de sources préexistent, aucune ne permet d’éclairer directement cette problématique.

    Les données de la statistique publique

    8Dès 1945, le taux de syndicalisation est estimé à partir des déclarations des huit principales organisations. Elles constituent les seules données disponibles sur le sujet jusqu’en 1996. À partir de cette date, une nouvelle génération d’enquêtes statistiques émerge et supplante les anciennes estimations de la syndicalisation en France (Pignoni 2016). L’Enquête permanente sur les conditions de vie de l’Insee (EPCV) permet d’évaluer pour la première fois le taux de syndicalisation en France. En 2005, la mesure de ce taux est réintégrée à l’enquête Statistiques sur les ressources et conditions de vie (SRCV). Cette enquête recouvre de nombreux thèmes, notamment les revenus, la situation financière et les conditions de vie des ménages. Des questions sur les relations professionnelles et la vie associative des ménages sont posées périodiquement. Enfin, l’enquête Conditions de travail, réalisée en 2013, propose à son tour une question sur l’adhésion syndicale à l’ensemble des personnes salariées. Toute personne active déclarant adhérer à un syndicat est considérée comme affiliée, indépendamment du nombre de cotisations versées au cours d’une année. Dans l’histoire de la statistique nationale, la prise en compte du fait syndical est donc relativement tardive. Si ces enquêtes marquent un tournant dans le champ des relations professionnelles, il demeure néanmoins quelques limites. En effet, ces enquêtes ne fournissent aucun autre critère d’engagement syndical que l’adhésion1. Malheureusement, cela ne permet pas d’étudier l’engagement syndical comme un processus. Or, le syndicalisme doit aussi être compris comme activité sociale individuelle et collective (Fillieule 2001). Ces enquêtes circonscrivent le syndicalisme à l’adhésion dans un temps et un espace définis.

    9Parallèlement, depuis 1992, l’enquête Relations professionnelles et négociations d’entreprise (REPONSE) de la Dares décrit le fonctionnement et l’articulation des instances représentatives du personnel au sein des établissements français. Cette enquête menée par le ministère du Travail tire son origine des enquêtes réalisées depuis 1980 en Grande-Bretagne, les Workplace Industrial Relations Surveys (WIRS) puis les Workplace Employment Relations Surveys (WERS). Inspirée directement de ces enquêtes, REPONSE s’inscrit au début des années 1990 dans un contexte particulier, marqué par « le constat que le dispositif traditionnel d’observation des relations professionnelles françaises en entreprise n’était plus à même de permettre de comprendre les évolutions à l’œuvre » (Amossé et Coutrot 2008). Dès sa création, l’enquête REPONSE poursuit ainsi un double objectif : fournir des statistiques de qualité concernant les structures et les dispositifs d’une part, évaluer le fonctionnement du système français des relations professionnelles d’autre part. Au fil des années, le champ de l’enquête REPONSE s’élargit en passant des établissements de plus de 50 salarié·es aux établissements comptant 11 salarié·es ou plus du secteur privé non agricole. Cette enquête est la première de ce type à interroger simultanément divers·es acteur·rices des relations professionnelles grâce à des questionnaires soumis aux élu·es du personnel de la liste majoritaire (en face-à-face), à des salarié·es (par voie postale) et à un·e représentant·e de la direction (en face-à-face).

    Tableau 1. Nombre de questionnaires collectés selon les années dans le cadre de l’enquête REPONSE

    1999200420102017
    Représentant·es de la direction2 9782 9304 0234 364
    Représentant·es du personnel1 6731 9702 4332 891
    Salarié·es10 30311 76618 53621 320

    10Si l’apport indéniable de REPONSE en fait une enquête relativement inédite dans le champ de la production statistique et des relations professionnelles, celle-ci présente néanmoins quelques limites. Comme l’enquête WIRS puis WERS, REPONSE s’intéresse avant tout à ce qui se passe au sein des établissements. Bien qu’une série de questions sur l’articulation des temps sociaux ait été intégrée aux questionnaires de REPONSE 2017, les données restent lacunaires sur le sujet. Au total, deux questions portent sur ce thème. L’une au sein du volet « salarié·es » : « Votre travail vous permet-il de vous organiser de manière satisfaisante dans votre vie privée ? » ; l’autre au sein du volet « représentant·es du personnel » : « Pour quelle raison pensez-vous qu’il n’y a pas suffisamment de candidats pour occuper ces fonctions ? ». L’une des réponses possibles est : « Les difficultés de concilier fonctions représentatives et vie familiale ou personnelle. » À cette critique s’ajoute celle de l’aspect transversal de l’enquête REPONSE. Là encore, la photographie des relations sociales à une date donnée n’envisage pas l’engagement de manière dynamique. Les événements sont circonscrits à l’année d’enquête et ne sont pas rapportés à une trajectoire biographique.

    Les données syndicales. Le cas de la CFDT et de la CGT

    11Si les grandes enquêtes de la statistique publique constituent aujourd’hui l’une des principales sources pour mesurer et comprendre les relations professionnelles, et plus particulièrement la pratique syndicale en France, d’autres enquêtes ont également été menées au sein de certaines organisations syndicales.

    12À la CGT, des recherches sont régulièrement menées sur la place des femmes dans l’organisation. En 2019, ce syndicat a organisé une nouvelle consultation auprès des femmes syndiquées à la CGT et des femmes non syndiquées, en emploi, retraitées ou privées d’emploi, pour connaître leurs attentes vis-à-vis de ce syndicat. L’enjeu de la démarche était double : accroître la syndicalisation des femmes et favoriser, pour les syndiquées, la prise de responsabilités au sein des structures de ce syndicat. 7 123 questionnaires ont été remplis dont 5 659 par des syndiquées et 1 464 par des non-syndiquées. Néanmoins, les résultats de cette consultation sont à manier avec précaution, car elle n’a pas porté sur un échantillon représentatif ni des femmes syndiquées à la CGT ni des femmes salariées. Les données présentées concernent toujours les répondantes au questionnaire et ne sont pas généralisables à l’ensemble des syndiquées ou à l’ensemble des femmes salariées. Le choix assumé d’exclure les hommes de l’enquête suggère également que le genre n’est qu’une « affaire de femmes ». Cette conception du genre, « aussi fréquente que contestable », semble réductrice dans la compréhension des rapports sociaux de sexe et de la domination (Clair 2012, p. 125).

    13Du côté de la CFDT, des enquêtes sur la place des femmes ont également été réalisées à différentes échelles de l’organisation. Dernière en date, l’enquête Femmes et syndicalisme, menée auprès de 657 militantes et militants et coordonnée par la sociologue Cécile Guillaume en 2006, permet d’éclairer d’un jour nouveau les freins et les ressorts de la prise de responsabilités syndicales. Cette enquête montre le poids significatif de la charge parentale et de la situation conjugale sur le niveau d’engagement. Si cette enquête est cruciale, elle demeure néanmoins limitée dans l’espace (avec probablement des biais de territoire) et strictement liée à un événement (un congrès syndical dans lequel s’est déroulée la diffusion du questionnaire, avec de possibles biais de sélection de la population enquêtée), sans que l’on puisse reconstruire les carrières militantes dans le temps.

    14Ces enquêtes syndicales s’accompagnent d’outils développés par les confédérations elles-mêmes. Depuis 2009, la CFDT dispose d’un fichier informatisé et actualisé pour le prélèvement automatique des cotisations : la base Gasel (Gestion des adhérents et des structures en ligne). Le développement de cet outil s’inscrit dans le cadre d’un processus d’uniformisation et de rationalisation, dans une logique de renforcement du pouvoir confédéral initiée au cours des années 1980. Impulsé sous François Chérèque, le projet est coordonné par Jean-Louis Malys (secrétaire national de 2006 à 2016 chargé du dossier des retraites et du développement) dans le but de rénover et d’unifier le système de cotisations. Au même titre que l’outil Cogitiel de la CGT, Gasel permet en premier lieu à la CFDT de se munir d’un outil gestionnaire et financier. Le second objectif est de disposer d’une base d’informations sur les militant·es pour accompagner le développement syndical. Plus sporadiquement, Gasel est utilisée pour mettre en place des actions, telles que les campagnes d’adhésion tournées vers les moins de 35 ans. Cette base sert enfin d’outil dans diverses stratégies de communication, en permettant par exemple la transparence sur le nombre d’adhérent·es.

    15Néanmoins, comme de nombreuses données et sources d’entreprises (Guillaume et Pochic 2009), Gasel présente des limites statistiques. La première est celle de la construction des catégories statistiques. Plutôt que de suivre la nomenclature des professions et catégories socioprofessionnelles (PCS) de l’Insee, Gasel dispose d’une simple variable dichotomique qui distingue les « cadres » des « non-cadres », ce qui constitue un facteur limitant lorsque l’un des axes de la recherche consiste à étudier les formes de stratification sociale dans les carrières syndicales. À cette contrainte s’ajoute un taux élevé de non-réponse partielle et totale au sein du fichier. La remontée d’informations (des syndicats vers la confédération) n’est effectivement pas systématique. Les raisons sont de plusieurs ordres : d’une part un manque de temps et d’intérêt pour ce type de pratiques dans certaines sections ; d’autre part les désaccords et le conflit interne sur la nécessité de « ficher » les militant·es. Ces limites, parce qu’elles constituent des freins à l’analyse statistique de cette base, ont motivé la création de notre propre enquête statistique, l’enquête Epasy.

    Retour sur les coulisses de l’enquête Epasy

    16Pour comprendre précisément le rôle de la disponibilité biographique dans la construction des carrières syndicales, une enquête statistique sur l’ensemble du territoire et des fédérations a été mise en œuvre au sein de la CFDT. Le premier objectif de l’enquête Epasy était d’étudier les carrières syndicales dans le temps, et ce en interaction avec différentes configurations d’ordre professionnel et familial. De ce but découlait un second objectif, consistant à éclairer la façon dont ces interactions désavantagent certaines populations militantes dans l’accès à des responsabilités syndicales. Ainsi, l’enquête devait permettre de retracer une triple biographie – syndicale, familiale et professionnelle – pour reconstruire la trajectoire des militant·es, de leur naissance à la date d’enquête. À l’issue d’un tirage aléatoire simple, un questionnaire en ligne a été adressé à un échantillon représentatif2 de 30 000 militant·es. Cependant, comme toute enquête statistique, Epasy a rencontré différentes difficultés dans sa mise en œuvre, qui sont le fruit d’enjeux souvent opposés, qu’il convient d’exposer.

    Des contraintes juridiques…

    17En France, l’appartenance syndicale est considérée comme une donnée sensible qui forme une catégorie particulière des données personnelles. Au même titre que les données concernant l’origine, les opinions politiques, philosophiques ou religieuses, la santé ou la vie sexuelle, l’appartenance syndicale est encadrée par la loi no 78-17 du 6 janvier 1978. Dans ce cadre législatif, la collecte de ce type de données est proscrite, sauf si l’utilisation est justifiée par un intérêt public et autorisée par la Commission nationale de l’informatique et des libertés (CNIL). Ainsi, l’enquête Epasy a dû faire l’objet d’une inscription au registre du correspondant informatique et liberté de l’Ined et de la CFDT. Cette inscription implique de veiller au respect d’un certain nombre de règles, en l’occurrence au maintien de l’anonymat des personnes enquêtées. Cet enjeu juridique, qui vise à protéger d’une exposition élevée des données personnelles dans l’espace public, encadre la production et la structure de l’enquête statistique.

    18Cette règle a ainsi conduit à supprimer un certain nombre de questions de l’enquête Epasy, celles pour lesquelles l’anonymat des personnes enquêtées aurait pu être compromis. L’exemple le plus marquant concerne une question sur le parcours syndical des militant·es et les structures au sein desquelles ils et elles circulent. Pour garantir un relatif anonymat des personnes enquêtées, les structures départementales, régionales, fédérales et confédérales ont dû être regroupées, bien que l’homogénéité des pratiques syndicales au sein de ces espaces militants ne soit pas systématique. Ce cadre juridique a ainsi modelé une partie de la structure de l’enquête et la construction des catégories. Celles-ci sont le fruit de normes d’encadrement des pratiques statistiques, elles-mêmes le résultat d’un processus historique.

    19L’enquête a également été encadrée par une convention juridique entre l’Ined et la CFDT afin d’établir un droit de recherche, les règles de confidentialité de l’exploitation des données et les contours du protocole d’enquête. Ce second cadre juridique entendait garantir la protection des données, le secret de la vie privée, l’anonymisation, la propriété intellectuelle, mais également encadrer le processus de collecte de l’enquête Epasy. Le nombre de relances a ainsi été limité par la confédération, alors même qu’une enquête statistique nécessite un certain nombre de rappels afin d’obtenir un taux de réponse satisfaisant et donc des données exploitables, comme en atteste la réponse de la CFDT à notre seconde tentative de relance de l’enquête en juin 2018 :

    Bonjour. Non, il n’est plus possible de faire de relance de l’enquête Epasy. Nous ne relançons qu’une seule fois au maximum notre fichier pour ne pas entraîner un trop grand nombre de désabonnements des militants, surtout en cette période d’élection ! Merci. Bien à toi.3

    20Frôlant l’incident diplomatique avec la confédération4, les négociations avec le service de la communication ont néanmoins permis d’investir plusieurs canaux pour promouvoir l’enquête dans la presse syndicale cédétiste (Syndicalisme Hebdo et CFDT Magazine). Cette séquence dévoile un certain rapport de la confédération à sa base adhérente, couplé d’un enjeu d’audience syndicale, point d’orgue de la légitimité de ce type d’organisation militante en période d’élections professionnelles.

    Aux contraintes théoriques…

    21Au-delà des aspects juridiques, la mise en œuvre de l’enquête Epasy s’est également heurtée à des obstacles théoriques. En inscrivant cette recherche dans un cadre intersectionnel, l’enquête statistique entendait également traiter l’éventuelle discrimination raciale et celle d’une orientation sexuelle minoritaire dans la construction des carrières syndicales. Néanmoins, seule l’imbrication du genre et de la classe a été étudiée dans le processus d’engagement des militant·es de la CFDT. Pourtant, être de nationalité étrangère à la naissance diminue les chances d’adhérer à un syndicat en France (Lescurieux 2019). Discriminées sur le marché du travail français et concentrées dans les secteurs et formes d’emploi où les syndicats sont le moins présents et le droit syndical le moins protecteur (PME, sous-traitance, intérim), les personnes immigrées rencontrent des difficultés à se syndiquer et à se faire représenter (Barron et al. 2011). Si l’origine ou l’orientation sexuelle ne figurent pas dans cette recherche, cela ne résulte pas d’un choix de l’enquêteur, mais plutôt d’une résistance de la CFDT à propos de ces questions.

    22En coulisse, lors de réunions préparatoires de l’enquête Epasy5, l’équipe syndicale qui participe à l’élaboration du questionnaire s’oppose fermement aux questions qui portent sur le lieu de naissance et la nationalité des parents et qui visent à obtenir une information sur le statut de descendant·e d’immigré·e de la population militante. Cette séquence de l’enquête a également été émaillée de tensions en réunion autour de ces questions entre le doctorant, les secrétaires nationaux·ales6 et confédéraux·ales7 présent·es. Par crainte de « choquer » et de « faire fuir » les adhérent·es, la CFDT a unanimement écarté ces questions de recherche de l’enquête Epasy. Pourtant, sur la scène syndicale, cet axe a été inscrit dans la résolution du 49e congrès de la CFDT pour lutter contre le racisme et les discriminations liées à l’origine :

    2.3.2.2.3. L’interdiction de principe de l’utilisation d’outils statistiques ou de repérage reposant sur l’origine des personnes empêche d’avoir une connaissance précise des discriminations en raison de l’origine et donc de lutter efficacement contre elles. L’ampleur de ces discriminations doit conduire la CFDT à demander une évolution des règles en matière de statistiques ethniques.8

    23Lors de ce grand rassemblement militant, cet article fut adopté par 67 % des votant·es. La commission exécutive, par la voie d’une secrétaire nationale chargée de la question des discriminations, a réaffirmé son engagement sur cet enjeu :

    Nous sommes en train de corriger la place faite aux femmes dans notre organisation et nous l’analysons systématiquement. Que faisons-nous quant à la diversité des origines ? Quelle place la diversité a-t-elle dans ce congrès ? Dans nos instances ? Pour autant, les statistiques ethniques font peur et c’est légitime. L’usage doit être régulé… L’assignation à une dimension ne saurait résumer à elle seule la complexité de chacun. Mais cela ne signifie pas renvoyer à l’invisibilité, au déni des différences. Des enquêtes ont eu lieu, comme Trajectoires et origines (Téo) de l’Institut national d’études démographiques. En mobilisant chercheurs et statistiques, ces enquêtes mettent en évidence les freins que subissent certains d’entre nous et l’ampleur des discriminations, notamment indirectes. Ces enquêtes sont indispensables et nous devons en tirer des pratiques syndicales. Certaines pudeurs ressemblent à des démissions, voire à des dénis collectifs […]. La CFDT doit prendre sa place pour que les travaux avancent dans ce sens. La CFDT propose dans cette résolution de s’engager collectivement à prendre en compte l’ampleur de la discrimination pour se tourner résolument vers la lutte contre celles-ci en recherchant d’autres outils et de nouvelles pratiques.9

    24La suppression de ces questions peut rétrospectivement apparaître comme anodine. Il n’en reste pas moins que l’impossibilité d’aborder cette dimension des identités et des discriminations dans une enquête scientifique interroge. Cette question révèle une forme de tabou syndical. Bien que les grandes confédérations affichent un antiracisme militant, leurs actions sur ce terrain, que ce soit sur le marché du travail ou au sein des organisations, restent peu développées, et ce d’autant plus que certains adhérent·es ou militant·es jugent ce combat très secondaire, voire injustifié (Vourc’h et Rudder 2006). L’entreprise de description de la racialisation et de l’ethnicisation expose le chercheur à des difficultés nombreuses, dont la principale réside dans l’impossibilité de développer un vocabulaire autonome distinct de celui produit par les stéréotypes et préjugés (Fassin et Fassin 2006). Pour la première fois, les inégalités d’origines dans les pratiques militantes, et en particulier syndicales, auraient pu être abordées de front. Riche d’enseignements, l’enquête Téo montre pourtant tout l’intérêt de cette question au regard de la vie associative et politique. La participation associative est effectivement plus fréquente parmi la population majoritaire (36 %) que parmi les immigré·es (24 %) et les descendant·es d’immigré·es (29 %). Ce paysage général connaît cependant des inflexions significatives selon l’origine : les personnes originaires d’Afrique subsaharienne, d’Espagne, d’Italie et du reste de l’UE27 font preuve d’une plus grande participation. Les immigré·es de Turquie et du Portugal présentent des niveaux d’engagement associatif nettement inférieurs à la moyenne, contrairement à la réputation de fort investissement communautaire qu’on leur prête. Cependant, par rapport à la population majoritaire, les personnes immigrées et les deuxièmes générations manifestent un niveau d’intérêt plus élevé pour la politique française (Tiberj et Simon 2010). Mais alors, quid du syndicalisme ? La question reste ouverte.

    En passant par des contraintes techniques

    25Pour terminer, nous souhaitons revenir sur les contraintes techniques rencontrées dans le cadre de l’enquête Epasy. Ces difficultés sont liées à des problématiques économiques et temporelles, inhérentes à la production d’une thèse de sociologie.

    26Ces problématiques, parce qu’elles ont déterminé le choix d’une collecte des informations par internet, ont techniquement conditionné l’enquête. Cette option offre deux avantages. D’une part, ce type de collecte limite le nombre d’enquêtrices et d’enquêteurs nécessaires. D’autre part, internet permet d’obtenir une remontée instantanée d’informations. Néanmoins, la collecte en ligne présente des inconvénients. En effet, cette méthode engendre des effets de sélection des personnes enquêtées, bien que les inégalités sociales d’accès aux nouvelles technologies aient diminué depuis les années 2000. Entre 2006 et 2017, en France, la proportion d’employé·es disposant d’une connexion internet à domicile est passée de 51 % à 93 %, celle des ouvrier·ères de 38 % à 83 % (CRÉDOC 2017). Cependant, les inégalités d’accès s’analysent plutôt aujourd’hui en termes de qualité de connexion, avec un net désavantage pour les zones rurales qui ne bénéficient pas de la fibre optique ou qui ne sont parfois même pas couvertes par les opérateurs (Pasquier 2018).

    27Enfin, la mise en ligne de l’enquête Epasy nécessitait l’usage d’un outil spécifique. La convention juridique entre l’Ined et la CFDT prévoyait en effet, pour des raisons techniques et de protection des données, l’utilisation du logiciel Survey Monkey à la confédération. Un service interne à l’organisation syndicale a ainsi été désigné pour l’élaboration et la production numérique de notre enquête. Essentiellement tourné vers les entreprises, Survey Monkey est un service de sondage payant qui poursuit avant tout un but lucratif. Cela n’est pas sans poser certaines questions lorsqu’une recherche publique a recours à ce type de logiciel.

    28Outre les limites bien connues des outils de sondage, Survey Monkey ne permet pas de mener une enquête statistique sur les parcours de vie, c’est-à-dire une enquête qui cherche à étudier les événements, étapes et transitions vécues dans différentes sphères sociales. Pour limiter « l’illusion biographique » (Bourdieu 1986), un calendrier de vie de type fiche « Ageven » était nécessaire pour rendre les événements étudiés visibles et qu’ils puissent ainsi être resitués chronologiquement par les personnes enquêtées (Antoine et al. 1987). Pour des biographies relativement longues, le maniement simultané de plusieurs calendriers est rendu difficile par un travail de mémoire plus laborieux. L’enquête rétrospective nécessite un quadruple effort : 1) se souvenir de l’événement ; 2) connaître sa date ; 3) connaître sa durée ; 4) situer l’événement dans le temps. La sélection des informations passées pose plusieurs problèmes en lien avec la mémoire subjective de l’enquêté·e et la réalité des faits. Pour limiter ce biais de sélection de la mémoire, Éva Lelièvre et Daniel Courgeau suggèrent de nommer et circonscrire l’ensemble des événements et de les exposer à la vue de la personne enquêtée grâce à l’outil des calendriers de vie (Courgeau et Lelièvre 1988). Néanmoins, Survey Monkey ne permet pas ce type de structure de questionnaire. Ainsi, chacune des dimensions étudiées (syndicale, professionnelle et familiale) a dû faire l’objet d’une partie autonome au risque d’augmenter la longueur et donc la probabilité d’abandon du questionnaire, d’ailleurs parfois jugé intrusif par quelques militant·es, le plus souvent des hommes remettant en cause la légitimité de ce type de recherche :

    Bonjour,
    Ayant commencé à remplir votre questionnaire, j’ai abandonné car j’estime qu’il est beaucoup trop intrusif. Il y a des limites concernant la vie privée et j’estime que les questions vont au-delà de ce qui est nécessaire et/ou utile à une étude. Combien de fois ai-je vécu en couple, combien de temps, la décision d’avoir un enfant ou pas a-t-elle été influencée par mon engagement… Auriez-vous vous-même l’envie d’exposer votre vie privée à ce point ? Pour information, nous sommes au moins 2 militants à nous être fait la même réflexion et à ne pas répondre.
    Cordialement.

    29Malgré un taux de réponse relativement faible, 1 115 questionnaires, sur les 30 000 envoyés, ont pu être validés et exploités. Les personnes ayant répondu à l’enquête sont représentatives de l’ensemble des militant·es actif·ives occupé·es10 de la CFDT en France métropolitaine et d’outre-mer, soit 318 012 personnes. À l’aide des variables auxiliaires (sexe, fédérations, union régionale interprofessionnelle), de nouveaux poids de sondage ont été affectés aux personnes répondantes de façon à ce que la structure des 1 115 questionnaires coïncide avec celle de la population mère.

    Apports et limites de l’enquête Epasy en terrain syndical

    30« L’argument statistique » est toujours fragile, c’est du moins ce que révèle l’étude des pratiques statistiques, qui constitue un objet pertinent pour les sciences sociales (Desrosières 2008, p. 328). Il permet néanmoins de concevoir de nouvelles façons de penser, de représenter et d’interpréter une problématique ancienne dans le champ des relations professionnelles, comme celle des carrières syndicales.

    Des carrières syndicales sous un nouveau jour

    31Au-delà d’une contribution méthodologique, le dispositif Epasy souligne l’importance de la disponibilité biographique dans les trajectoires syndicales pour comprendre le maintien des inégalités entre les femmes et les hommes à la CFDT malgré la mise en œuvre de politiques volontaristes. Si ce résultat est certes déjà bien connu des sciences politiques, l’enquête Epasy interroge néanmoins l’apport heuristique de la disponibilité biographique. En effet, peu d’enquêtes discutent la construction de cet outil « allant de soi ». Pourtant, les résultats plaident en faveur d’une dimension objective et d’une dimension subjective de la disponibilité biographique.

    32La dimension objective correspond au temps en soi, c’est-à-dire une disponibilité biographique qui existe objectivement à travers des rapports sociaux et des rapports de production qui facilitent, ou non, l’engagement syndical dans la durée. Dans la sphère professionnelle, selon le genre et la classe, les conditions d’emploi et de travail tendent effectivement à varier et induisent des inégalités temporelles. Or ces inégalités engendrent plus ou moins de difficultés d’accès à l’engagement syndical dans le temps. Dans la sphère privée, là encore, le genre et la classe tendent à fixer des positions et des tâches spécifiques qui engendrent des inégalités temporelles. Les temps domestiques, qu’ils soient parentaux, intimes ou conjugaux, freinent l’engagement dans l’univers syndical et les carrières militantes.

    33La dimension subjective correspond au temps pour soi, autrement dit la capacité à se sentir disponible pour pouvoir s’engager. La construction du sentiment de disponibilité répond à trois facteurs structurants : la classe, le genre et l’âge. Le temps pour soi varie au sein d’un espace hiérarchisé et dominé par la figure du « maître du temps ». Dans ce type de rapport au temps, propre aux classes supérieures, l’urgence est un mode normal d’écoulement du temps, un état mental et corporel valorisé sans se laisser déborder, car anticipé et organisé. La figure du « maître du temps » s’oppose à celle de « l’hédoniste temporel », plus présente dans les classes populaires. L’instabilité professionnelle, les horaires atypiques, la restriction des moyens économique et l’absence de pérennité des revenus réduisent les possibilités de planification réaliste de l’avenir. Le temps pour soi se construit également selon le genre : le temps pour soi masculin, qualifié de « prodigue », doit être dépensé sans compter et consommé de façon ostentatoire, tandis que le temps pour soi féminin, qualifié d’« ascétique », organise et comptabilise le temps de manière efficace pour en gagner, car il est davantage accaparé par les tâches quotidiennes et familiales, relativement aux hommes. Enfin, le sentiment de disponibilité se construit selon l’âge, au cours du cycle de vie des personnes. Cet effet « âge » s’ancre et se fabrique en interaction avec la sphère professionnelle et la sphère privée.

    Une enquête à améliorer

    34Bien que l’enquête Epasy apporte un nouvel éclairage sur les carrières syndicales, celle-ci doit encore être améliorée. Si l’échantillon est intéressant, il comporte néanmoins des biais, comme la sous-représentation de la classe ouvrière (qui constitue 11 % de notre échantillon, contre 20 % de la population active). Cette sous-représentation a très vite limité les investigations statistiques, notamment dans une perspective de genre et de classe. C’est pourquoi nous avons privilégié le niveau de qualification dans notre analyse. Cette variable est également plus fiable pour une analyse rétrospective relative à la classe.

    35D’autre part, l’approche rétrospective de l’enquête Epasy connaît deux limites importantes : le biais sélectif d’échantillonnage et les oublis ou erreurs de mémoire. Contrairement aux enquêtes longitudinales par panel, qui consistent à interroger les mêmes personnes à plusieurs reprises dans le temps, l’enquête Epasy se contente d’étudier le parcours de vie d’une population à une date fixe, date à laquelle les personnes interrogées sont toutes engagées à la CFDT. Dans notre recherche, nous analysons donc uniquement le parcours de vie des militant·es de la CFDT présent·es en 2018. Les trajectoires passées des adhérent·es décédé·es ou qui ne sont plus engagé·es à la CFDT ne sont pas saisies. En contrepartie, l’enquête rétrospective ne souffre pas de biais d’attrition de l’échantillon.

    36L’ensemble de ces biais reste lié à des contraintes extérieures, notamment au temps à disposition pour mener cette enquête. La limite temporelle, liée à un financement, constitue une contrainte dans le processus de collecte et de construction d’une enquête. Ces biais sont aussi liés aux moyens à disposition. Le nombre restreint de personnes mobilisées pour l’enquête a conditionné son mode de mise en œuvre. Or internet reste porteur de problématiques inhérentes à ses usages, bien que cet outil permette d’obtenir des résultats satisfaisants au regard du temps et du coût d’enquête. Enfin, une enquête statistique reste souvent soumise à des logiques extérieures, comme celle de l’audience syndicale, qui permettent néanmoins d’éclairer sous un nouveau jour certains enjeux dans le champ des relations professionnelles.

    *

    37Aujourd’hui, enquêter sur les relations professionnelles implique encore certaines difficultés, comme l’illustre la mise en œuvre de l’enquête Epasy. Bien que la pratique syndicale soit de mieux en mieux mesurée et de manière de plus en plus systématique par les enquêtes de la statistique publique, certaines problématiques continuent d’être occultées. Par ailleurs, si depuis les années 2000 les confédérations syndicales tendent à multiplier les enquêtes à partir d’outils internes, celles-ci souffrent néanmoins d’un certain nombre de biais statistiques. Destinée à pallier ces limites, l’expérience de l’enquête Epasy, menée dans le cadre d’une thèse de sociologie, a permis d’ouvrir de nouvelles perspectives, tout en éclairant, à sa manière, certains enjeux des relations professionnelles, et notamment ceux d’une organisation syndicale. Mais ce type d’entreprise reste soumis à des contraintes juridiques, théoriques et techniques qui façonnent la structure de l’enquête, les données collectées et les résultats produits. Ces contraintes ne sont malheureusement pas écrites à l’avance et doivent être intégrées au fur et à mesure du processus de recherche, en étroite relation avec l’organisation étudiée.

    Bibliographie

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    Notes de bas de page

    1 À l’exception de la dernière enquête Conditions de travail de 2019 qui demande aux participant·es, en plus de l’adhésion syndicale, si elles et ils occupent un mandat syndical ou une fonction de représentant du personnel.

    2 Au regard du sexe, de l’union régionale interprofessionnelle et de la fédération d’appartenance, qui étaient entièrement et correctement renseignées dans Gasel.

    3 Courriel d’un secrétaire confédéral, juin 2018.

    4 À cette occasion, la confédération m’a reproché par téléphone d’avoir été maladroit, voire « malpoli », ce qui a nécessité une réunion d’explication et de plates excuses de ma part.

    5 Trois réunions se dérouleront en 2017 avant la collecte. Elles réuniront le doctorant, ses directrices de thèse, trois secrétaires confédérales responsables du service des enquêtes de la CFDT et une secrétaire nationale chargée des questions sociétales.

    6 Ces militant·es endossent concrètement un rôle politique au sein de l’organisation. Ils et elles sont chargé·es de plusieurs thématiques interprofessionnelles portées au niveau national.

    7 Les secrétaires confédéraux·ales occupent le rôle d’assistanat auprès des secrétaires nationaux·ales. Ils et elles sont recruté·es en fonction de compétences, d’une expertise et de qualifications reconnues. Leurs tâches consistent à préparer les dossiers politiques des secrétaires nationaux·ales par le biais de notes et de synthèses.

    8 Extrait de la résolution du 49e congrès de la CFDT à Rennes, mai 2018.

    9 Discours d’une secrétaire nationale lors du 49e congrès de la CFDT à Rennes, mai 2018.

    10 La population active occupée au sens du Bureau international du travail (BIT) comprend les personnes (âgées de 15 ans ou plus) ayant travaillé (ne serait-ce qu’une heure) au cours d’une semaine donnée. Elle comprend aussi les personnes pourvues d’un emploi mais qui en sont temporairement absentes pour un motif comme la maladie (moins d’un an) ou des congés payés. Ainsi, sont considérées comme inactives les personnes qui, bien que s’étant déclarées chômeur·euses, précisent qu’elles ne recherchent pas d’emploi.

    Auteur

    • Maxime Lescurieux

      Maxime Lescurieux est docteur en sociologie (EHESS/Ined). Sa thèse étudie la construction des carrières syndicales à partir de la problématique d’articulation des temps sociaux. Actuellement responsable de l’enquête ACEMO sur le dialogue social en entreprise à la Direction de l’animation de la recherche, des études et des statistiques (Dares), ses recherches portent sur les relations professionnelles et les inégalités de genre sur le marché du travail. Il a récemment publié, avec Valerya Viera Giraldo et Ariane Leroyer, l’article « Comment la pandémie a-t-elle bouleversé le rapport au travail ? », dans Connaissance de l’emploi (no 172, 2021), ainsi que « La représentation syndicale des femmes, de l’adhésion à la prise de responsabilités : une inclusion socialement sélective », dans La Revue de l’IRES (no 98, 2019).

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    1 À l’exception de la dernière enquête Conditions de travail de 2019 qui demande aux participant·es, en plus de l’adhésion syndicale, si elles et ils occupent un mandat syndical ou une fonction de représentant du personnel.

    2 Au regard du sexe, de l’union régionale interprofessionnelle et de la fédération d’appartenance, qui étaient entièrement et correctement renseignées dans Gasel.

    3 Courriel d’un secrétaire confédéral, juin 2018.

    4 À cette occasion, la confédération m’a reproché par téléphone d’avoir été maladroit, voire « malpoli », ce qui a nécessité une réunion d’explication et de plates excuses de ma part.

    5 Trois réunions se dérouleront en 2017 avant la collecte. Elles réuniront le doctorant, ses directrices de thèse, trois secrétaires confédérales responsables du service des enquêtes de la CFDT et une secrétaire nationale chargée des questions sociétales.

    6 Ces militant·es endossent concrètement un rôle politique au sein de l’organisation. Ils et elles sont chargé·es de plusieurs thématiques interprofessionnelles portées au niveau national.

    7 Les secrétaires confédéraux·ales occupent le rôle d’assistanat auprès des secrétaires nationaux·ales. Ils et elles sont recruté·es en fonction de compétences, d’une expertise et de qualifications reconnues. Leurs tâches consistent à préparer les dossiers politiques des secrétaires nationaux·ales par le biais de notes et de synthèses.

    8 Extrait de la résolution du 49e congrès de la CFDT à Rennes, mai 2018.

    9 Discours d’une secrétaire nationale lors du 49e congrès de la CFDT à Rennes, mai 2018.

    10 La population active occupée au sens du Bureau international du travail (BIT) comprend les personnes (âgées de 15 ans ou plus) ayant travaillé (ne serait-ce qu’une heure) au cours d’une semaine donnée. Elle comprend aussi les personnes pourvues d’un emploi mais qui en sont temporairement absentes pour un motif comme la maladie (moins d’un an) ou des congés payés. Ainsi, sont considérées comme inactives les personnes qui, bien que s’étant déclarées chômeur·euses, précisent qu’elles ne recherchent pas d’emploi.

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    Lescurieux, M. (2024). « Et votre étude, elle va servir à quoi ? ». Retour sur les coulisses de l’enquête Epasy à la CFDT. In F. Alfandari, A. Bonanno, L. Cárdenas, S. Doumenc, W. Gibard, & L. Winiarski (éds.), Enquêter sur les relations professionnelles (1‑). ENS Éditions. https://doi.org/10.4000/books.enseditions.48207
    Lescurieux, Maxime. « “Et votre étude, elle va servir à quoi ?”. Retour sur les coulisses de l’enquête Epasy à la CFDT ». In Enquêter sur les relations professionnelles, édité par François Alfandari, Annaïs Bonanno, Lina Cárdenas, Saphia Doumenc, Willy Gibard, et Lucas Winiarski. Lyon: ENS Éditions, 2024. https://doi.org/10.4000/books.enseditions.48207.
    Lescurieux, Maxime. « “Et votre étude, elle va servir à quoi ?”. Retour sur les coulisses de l’enquête Epasy à la CFDT ». Enquêter sur les relations professionnelles, édité par François Alfandari et al., ENS Éditions, 2024, https://doi.org/10.4000/books.enseditions.48207.

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    Alfandari, F., Bonanno, A., Cárdenas, L., Doumenc, S., Gibard, W., & Winiarski, L. (éds.). (2024). Enquêter sur les relations professionnelles (1‑). ENS Éditions. https://doi.org/10.4000/books.enseditions.48077
    Alfandari, François, Annaïs Bonanno, Lina Cárdenas, Saphia Doumenc, Willy Gibard, et Lucas Winiarski, éd. Enquêter sur les relations professionnelles. Lyon: ENS Éditions, 2024. https://doi.org/10.4000/books.enseditions.48077.
    Alfandari, François, et al., éditeurs. Enquêter sur les relations professionnelles. ENS Éditions, 2024, https://doi.org/10.4000/books.enseditions.48077.
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