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L’imaginaire de Marseille

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Marcel Roncayolo

Annexes

Annexe n° 14

Marseille, aire métropolitaine

Gaston Castel et Jean Ballard

Texte intégral

Gaston Castel et Jean Ballard, Marseille-Métropole, Marseille, 1934, p. 168-185.

1… Il y a mieux à faire pour favoriser le développement de Marseille que d’annexer quelques arpents de pinèdes. L’orientation de sa poussée le montre bien. Nous avons parlé d’un glissement conditionné d’ailleurs par la pression qu’exercent les abords montagneux de la ville. Cet hémicycle de collines la force à diriger son trop plein vers la seule issue possible : l’Étang de Berre, et ces dernières années nous avons assisté à un patient forage de la seule barrière qui pouvait ralentir cette poussée. Dans le même temps, sans attendre la douteuse efficacité du Tunnel du Rove, ni la percée de nouvelles voies, par osmose, peut-on dire la vie urbaine se mit à jaillir de l’autre côté des monts. Exemple du sûr instinct qui dirige les forces de vie : un groupe humain trouve toujours à son excès de santé un exutoire que les ronds de cuir de l’Économie n’avaient pas prévu. Mais pour ceux qui lisent l’horoscope des Villes ou simplement pour ceux qui cherchent à faire des placements de fonds, il est aisé de voir à quel destin la ceinture de l’Étang de Berre est appelée. Ce plan d’eau, si noble, que l’étranger non prévenu prend pour la mer, avec son immense pourtour de pentes herbeuses ou boisées, tantôt douces, tantôt sauvages, offre un cadre sans égal pour la création de centres urbains ininterrompus. D’une part longé par les voies ferrées maîtresses du pays, d’autre part ouvert sur le large par un chenal dont l’aménagement serait un jeu, il présente ce caractère commun aux espaces d’eau de rapprocher ce qu’apparemment ils séparent, de créer une région homogène, d’être les cuvettes où converge l’activité d’un pays. Le reproche d’insuffisante profondeur qui peut valoir pour l’installation d’une base de cuirassés ne tient plus quand il s’agit de chalands à fond plat ou de pétroliers sans grand tirant d’eau et à plus forte raison d’hydravions. Les faits d’ailleurs ont confirmé nos prévisions, quand, au lendemain de la guerre, nous avons préfiguré le Grand Marseille en lui annexant Marignane et Berre. Ce n’était pas encore assez. Nos vues, que certains jugeaient folles, étaient encore trop modestes. Tant il est vrai que cette ville étonnante n’a pas fini de surprendre les plus optimistes.

2Non seulement Marignane et Berre devenues banlieues se sont accrues de leurs aérodromes et de leurs usines, suivant une courbe ascendante de population – surtout pour Berre qui a presque triplé en dix ans – mais encore la boucle se ferme aujourd’hui de l’autre côté de l’étang par Istres et Martigues, entrées à leur tour dans le jeu. Si on considère le réseau routier bien insuffisant d’ailleurs qui aboutit à Marignane par le Rove ou les Pennes, Marseille au bout de cette antenne encore débile, mais traversée d’un intense courant, tient autour de l’Étang un collier à quatre rotules où s’inséreront les cités nouvelles comme les grains d’un chapelet.

3Pour s’en convaincre, il n’est rien de tel que de faire le circuit de l’étang. Le fait concret, parfois obstacle pour l’urbaniste, l’inspire le plus souvent. Il ferait beau voir d’ailleurs que cet amateur d’espace opère en chambre ! Nous sommes allés demander aux choses mêmes confirmation de leur volonté latente. Il est certain de leurs moments qu’il faut saisir. Toute inattention risque de nous faire perdre l’heure où elles se détachent de nous pour nous dépasser. Or, cette heure-là, avec ce qui s’annonce, coûterait cher à Marseille.

4C’est par les ports et le Rove qu’il faut regagner la ceinture de l’étang. Aucun parcours ne réserve à l’œil plus de surprises. C’est une sortie méconnue de Marseille, certainement la plus belle : un promenoir pour panoramas. Les ponts et chaussées en la rendant praticable nous l’ont révélée.

5D’abord la vue des darses successives et des môles nus où les grues, de loin en loin, semblent pêcher à la ligne, puis ces bassins pour cargos désarmés qui ressemblent à des ports en deuil où sévirait la quarantaine et, peu à peu, l’horizon se libère des mâts et des cheminées qui l’encombrent, tandis que les Îles surgies dans les vapeurs évoquent l’adorable ivresse de la mer. Mais on s’élance sur les pentes rocheuses ; la pierre aveuglante plonge dans l’eau sombre où s’enlacent des moires sur les mobiles images sous-marines ; on s’élève sur le bassin de la Lave où s’ouvre la gueule du Tunnel. Nous voilà sous l’un des innombrables viaducs : Marseille s’inscrit dans les arches cintrées comme dans un triptyque géant. C’est l’une des plus belles visions qu’il soit donné d’en avoir.

6Le défilé qui nous mène au Rove, sauvage naguère, est maintenant très fréquenté. C’est une voie d’accès de grand avenir, c’est la véritable artère qui relie Marseille à l’étang, le port maritime à l’aéroport. Voici d’ailleurs l’étang de Berre qui miroite dans l’échancrure de la gorge. Peu de temps suffit à gagner Marignane par cet itinéraire.

7Nous sommes au nœud de la boucle. Écartons-nous-en un instant pour visiter l’aéroport. C’est ici qu’on découvre le rôle de Marignane, ce petit village qui jusqu’ici ne paraît pas s’en douter ; mais il grandira chaque jour davantage et, déjà, il est célèbre dans les cinq continents, il fait partie de la carte schématique du monde.

8Rien n’est plus exaltant que cette vision de l’étendue qu’on sent soumise aux volontés de l’aile. Tout parle ici de force calme, de grâce sobre et légère ; tout dit la netteté de l’esprit, la discipline des horaires. Le jeu héroïque se transforme en utile devoir.

  • 1 Les riverains du canal, convenablement dragué, ont vu naguère glisser dans ce qui fut jadis un chen (...)

9Reprenons maintenant le circuit et roulons vers Martigues. La Venise de Provence, propice à nos jeunes ans, avec ses trois clochers profilés sur le ciel, n’est plus au regard des merveilleux souvenirs de l’enfance qu’une esquisse décorative où de frais lavis remplacent la peinture minutieuse et craquelée d’autrefois. Qu’êtes-vous devenus, Brescon au miroir strié d’algues dormantes, et vous Bordigues, où troublant l’eau morte, le mulet et la dorade jaillissaient pour fuir le piège des roseaux ? Telle quelle, nette et simplifiée, Martigues secoue pourtant l’ombre de ses charmes dans les matinées adorables qui divinisent ses lignes et sa lumière. Elle demeure la portière de l’étang, du grand parc liquide qui miroite jusqu’aux lointains bleus. Comme Berre en face, ce sera de plus en plus une ville active, recherchée par l’industrie qui y trouvera groupés les éléments de réussite. Jusqu’à Port-de-Bouc qui commande l’entrée du canal et possède déjà d’énormes chantiers, ce sera sous peu d’années une file ininterrompue d’usines et d’entrepôts qui formeront un centre de trafic comparable à certains bassins industriels du Nord1.

10Mais nous ne pouvons nous attarder. La route déjà nous happe et nous élève sur les pentes ouest de l’étang, plus abruptes. La voie moins bien entretenue est aussi plus étroite. Il faudra donner ici à la chaussée l’ampleur commune à cet anneau routier. La présence d’une agglomération importante le rend déjà nécessaire, car Istres est un centre de développement constant. Grande base d’aviation militaire, quelque chose en France comme le Brest de l’air, arsenal aussi, en quelques années Istres a acquis une notoriété, une importance qui devaient la rendre florissante. Cette prospérité, qu’une gestion attentive dirige, elle éclate en de beaux immeubles à loyer, rangés sur des boulevards extérieurs à grande allure et dans la toilette de ses rues où perce un évident souci de l’esthétique.

11Une situation très heureuse facilite sa mise en valeur. Istres est pittoresquement adossée à une colline qui se reflète dans le minuscule étang de l’olivier. La vue qu’on découvre en contournant cette nappe d’eau est charmante. De la route en côte, on aperçoit la petite ville dans la perspective du lac, érigeant son vieux clocher à forme de beffroi entre deux épaulements couverts de jardins. Et cette vision vers laquelle on va comme vers un mirage, conduit par les caprices du terrain, s’élève avec nous sur le miroitement des eaux. Le ciel, en arrière-plan un peu roux, frotte déjà les contours avec une imperceptible poudre d’or. Il n’en faut guère plus pour que le tableau s’idéalise et prenne place parmi les toiles les plus célèbres du genre.

12Combien de touristes, amateurs de sites, connaissent-ils ces coins délicieux ? Les riverains eux-mêmes semblent en ignorer tous les charmes. Mais poursuivons notre route. Voici le col d’où on domine les deux versants : le point de vue sur les deux étangs est d’une séduction rare. Notre chemin descend maintenant vers le bord de la petite mer qu’il va longer en corniche, tantôt à l’air libre, tantôt sous un rideau de pins. Le calme de cette rive est profond. À première vue on pourrait croire celle d’un lac, mais qui se laisserait tromper par cet air salin, cette odeur d’algues et d’eau croupies et surtout par cette qualité de joie propre à la mer qui est l’allégresse éblouie de la lumière.

13La nappe d’eau se rétrécit, puis s’arrête au fond d’un vallon minuscule. Nous sommes à l’extrême pointe de l’étang, où s’élèvent quelques carcasses d’usines abandonnées. Non loin, ce sont les poudrières. Cette industrie meurtrière est en chômage. Qui s’en plaindrait ? Dans cet espace il reste une magnifique implantation, un bel outillage dont il sera facile de tirer parti. On n’ôte pas aisément aux habitants d’un pays le goût d’un travail qui les rendit prospères. Saint-Chamas n’est qu’en veilleuse, il reprendra vie et vigueur. Au sortir du village nous entrons en plaine. Une contrée plate, presque une savane, interrompue de bouquets d’arbres, s’étend jusqu’aux rampes bleuâtres des collines. C’est le plan de Berre où la route droite suit un rivage de marais, où l’eau sans vie reste prisonnière de l’algue épaisse. La nudité de ces bords et du ciel accroît semble-t-il le silence. Un squelette de barque est là près d’une cabane en ruines et ce débris nous touche comme une présence. Mais bientôt tout change à ne pas y croire. La contrée se peuple comme par enchantement ; les maisons jaillissent du sol, fraîchement bâties ; le frémissement de la vie nous assiège. C’est Berre. On reste incrédule devant l’essor de ce village perdu jadis au milieu des marais salants et maintenant base aéronautique et grand centre de raffinage de pétrole en France, le deuxième après Rouen. Car c’est ici qu’aboutissent les naphtes de Mossoul, stockées dans ces cuves géantes. On ne sait pas pourquoi ces réservoirs sont à l’air libre, quand, en pleine terre, ils eussent défié tous risques d’incendie. Des navires citernes que le pipe line a remplis sur les môles de Syrie y déversent l’épais liquide et les eaux sont alentour mordorées par la pellicule d’huile qui les couvre. La campagne s’est en quelques années peuplée de villas et de maisons ouvrières. Des artères la sillonnent où la terre est encore fraîchement battue. Une ville ici pousse à vue d’œil, que Marseille ne peut ignorer.

14Plus loin encore, la route s’infléchit vers le sud et la rive perd ses courbes indolentes. Les versants de l’Arbois accidentent le paysage, rétrécissent le cadre de l’étang. Rognac, aux pieds des contreforts, vieux village qui subit déjà la poussée, s’enorgueillit de ses exploitations viticoles et se modernise. C’est ici la fin d’un beau jour. Là-bas, au bout de l’étang, le soleil, point énorme, vient se poser sur l’i gigantesque de son reflet et à mesure qu’ils se rapprochent, tout se décolore : quand ils se sont rejoints tout à fait ils ne sont déjà plus. Et c’en est fait du beau paysage lentement décomposé.

15Mais notre circuit de même se termine. Au loin, dans les terres, les phares de l’aérodrome s’allument et nous bouclons le tour de l’étang au moment même où les derniers avions cessent d’évoluer dans le soir plus dense.

16Eh bien, qui ne voit l’importance d’un tel exode et ses conséquences, si on n’y prend garde ? Les terres colonisées sont rattachées un temps à leur métropole, mais l’imprévoyance ou les négligences de celle-ci lui aliènent parfois ses filiales.

17Si les moyens de communication restent insuffisants, si la route et le rail ne s’adaptent pas au volume des échanges, ceux-ci trouveront peu à peu une orientation nouvelle. Les besoins auxquels ils répondent créeront les industries concurrentes et par suite l’indépendance économique de toute la zone. On voit alors ce que perdrait Marseille. Non seulement lui échapperait la mainmise sur le bassin entier, mais la prospérité de cette agglomération dévierait vers les villes neuves les courants commerciaux et démographiques dont elle bénéficie. En tout cas et dès maintenant, une certaine timidité de vues peut paralyser l’essor de Marseille, nuire à cette expansion dont elle a besoin pour son excédent de population. Région d’immense avenir, le pourtour de l’Étang de Berre absorbera le trop-plein de Marseille ou d’ailleurs. Alors, pourquoi ne pas envisager ouvertement et de la façon la plus rationnelle, au lieu de cette filtration incontrôlée, le peuplement et l’outillage de cette zone qui entre déjà dans notre sphère d’action ?

18… Il est au-dessus de Vitrolles, une falaise qui longe les bords de l’Étang comme un grand mur. Escaladons cette arête et du point le plus propice, là même où l’Air France a élevé son pylône-signal, phare aérien sur les terres ensevelies bientôt sous les houles d’ombre, regardons ce paysage où viennent de se fixer les traits d’une ville géante.

19Au bas de la muraille rocheuse s’est brisée la marée des maisons ; désormais autour de nous se forme une zone de résidence qui, par pinèdes moutonnantes, gagne l’Arbois salubre. Là, Marseille retrouve ce que lui fit perdre sur les pentes de l’Estaque la création des ports, cette riche banlieue nord, digne pendant de celle du sud aux beaux domaines qui s’étend de la Madrague à Saint-Marcel. Mais là n’est pas le grand prodige. Regardons devant nous, dans la lumière oblique du couchant où se profilent les hautes cheminées, les édifices industriels et les citernes gigantesques. L’Étang n’est plus qu’une darse sillonnée en tous sens par les pétroliers, remorqueurs, chalands et vedettes des compagnies, dont les traînées se croisant en un dessin de feu, multiplient les chatoiements de l’eau. Mille chemins mouvants rapprochent mieux les quais opposés de Martigues et Berre, de Marignane et Istres que ne le feraient des routes terrestres. En fait, les bords de cette cuvette sont maintenant le siège d’une intense vie urbaine. Les Usines de Berre environnées d’agglomérations à perte de vue, font signe de leurs cheminées, doigts levés sur le ciel, à celles de la Mède. C’est la grande diagonale industrielle qui prolonge l’axe de Caronte où les riverains voient journellement défiler des bateaux-citernes de 20 à 25 000 tonnes. Elle se marque en eau profonde dans l’Étang qu’on a dragué à cet effet et permet à des paquebots à fort tirant d’accoster Berre même. L’autre diagonale est surtout tracée par un faisceau de voies aériennes. C’est la ligne Marignane-Istres qui représente le bond des avions au-dessus de la nappe d’eau et la liaison des deux principaux centres de la vie aéronautique en France, l’un, plate-forme du trafic aérien transcontinental, l’autre, grand port de guerre.

20En chaîne continue, les habitations se succèdent de ville en ville, entourent les nouveaux foyers d’activité de zones concentriques, relient des nœuds urbains déjà formés – et sous nos yeux apparaît ainsi une énorme ville annulaire qui ceinture l’Étang tout entier. Quelle ardente vision dans le couchant !

21Et Marseille, comment subit-elle ce débordement de sa puissance ? Elle le capte, tout simplement. De cet immense réservoir elle garde les bouches, et conduit le courant dans ses bassins. La région sous nos yeux a deux issues : par mer, Caronte, annexe du port de Marseille et sous sa dépendance immédiate ; par terre, un réseau qui entaille ou troue l’échiné rocheuse au nord de l’Estaque pour gagner directement le port. Le rail, la route, l’autostrade et le métro luttent ici d’importance et disputent un match merveilleux.

22… C’est le métro qui utilise enfin pour les besoins du populaire la percée du Rove. Tout à l’heure, quand le soleil aura disparu derrière les collines d’Istres on en verra sortir, comme d’une fourmilière, un nuage d’hommes qui gagneront leurs maisons parmi ces champs et pourront dilater leurs poumons dans un air plus pur.

23Voilà par quel réseau Marseille absorbe et rend tour à tour l’énergie de ces pays qu’elle équipa. Sur ces lignes de force passe sans cesse le flux qui la vivifie et qu’elle restitue à nouveau pour aviver la source. C’est un échange merveilleux dont profitent la ville et sa colossale excroissance. Et Marseille tient en main, solidement, par son port, ses administrations, sa bourse et ses comptoirs l’immense lasso qu’elle jeta par-delà les collines et dont la boucle en touchant les rivages a fait jaillir l’usine et la maison.

24Désormais elle assure son destin avec une telle faculté de production et de peuplement, et avec de telles ressources, qu’elle peut prétendre à la maîtrise économique et maritime de la Méditerranée. Aucune ville de ce bassin, qui en contient de belles et de puissantes, ne sera en mesure de grandir et de s’outiller comme elle et par suite de rayonner avec cette force d’expansion que donnent un marché desservant un arrière-pays très vaste, des voies de pénétration jusqu’aux mers du Nord et à l’Europe Centrale, et le débouché sur un empire colonial dont le développement est sans arrêt et les besoins incalculables.

25Marseille, déjà Porte et Capitale du Sud, avec son anneau urbain, tel qu’on l’évoque ce soir, de la falaise de Vitrolles, alignant ses milliers de futures demeures et ses kilomètres de rivages illuminés, tandis qu’accourus de tous les horizons, les derniers avions tournoient sur le ciel aux rougeurs mourantes, Marseille, notre cité, prenant conscience de son rôle, est devenue par la volonté des choses, la métropole économique de l’empire.

Notes

1 Les riverains du canal, convenablement dragué, ont vu naguère glisser dans ce qui fut jadis un chenal pour chalands, un pétrolier de vingt mille tonnes qui a passé sous le pont basculant de Jonquières dans la direction de Berre. Les vieux Martégaux n’en croyaient pas leurs yeux.

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