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Les fondateurs

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Agathe Bernier-Monod

Notices biographiques

Note de l’auteur

Ces notices se fondent sur les documents suivants : bases de données BiorabWeimar et Bumast ; Martin Schumacher dir., M.d.R. Die Reichstagsabgeordneten der Weimarer Republik in der Zeit des Nationalsozialismus, Düsseldorf, Droste, 1994 ; les fonds personnels et mémoires de ces trente-quatre députés ; des coupures de presse rassemblées à la Pressedokumentation des Deutschen Bundestages.

Texte intégral

Wilhelm Agatz (1904-1957) [KPD]

1Né en 1904 à Essen, ce mineur et syndicaliste adhère au KPD en 1924. Il est exclu du syndicat des mineurs en 1930 pour avoir organisé une grève. Il représente le KPD au Reichstag de 1930 à 1933. Il entre dans l’illégalité en 1933. Arrêté par la Gestapo en janvier 1934, jugé coupable de haute trahison en mars 1935, il est condamné à trois ans de réclusion à la prison de Luckau, puis à Sachsenhausen. Il est relâché en 1939 avec d’autres députés communistes du Reichstag après la signature du pacte de non-agression germano-soviétique. Au début de la guerre, il est à nouveau incarcéré six semaines à Sachsenhausen. Sa femme réussit à obtenir sa libération, ce qui rend Agatz suspect de collaboration aux yeux du KPD après 1945. Frappé de l’interdiction d’exercer son métier de mineur, il travaille comme maçon jusqu’en 1943. Dans le cadre de la « guerre totale », il est appelé dans le bataillon punitif 999, avec lequel il combat dans le Péloponnèse et en République tchèque. Il contracte la malaria et la dysenterie. Il est ensuite fait prisonnier par les Soviétiques et retenu au camp de Memel en Lituanie. Vice-président du syndicat de mineurs IG Bergbau jusqu’en 1948, il en est exclu en septembre 1950 pour infraction au principe de neutralité politique. Poursuivi pour haute trahison à partir de juillet 1953 pour avoir écrit des tracts appelant à la grève et diffamant Adenauer, il meurt d’affaiblissement en 1957 avant son procès.

Marie [ou Maria] Ansorge, née Scholz (1880-1955) [SPD]

2Née en 1880 à Löchau en Bohème (aujourd’hui Lachov en République tchèque), cette fille de maçon devient ouvrière du textile au terme de l’enseignement primaire. En 1905, elle rejoint le SPD et l’Association des ouvriers du textile de Waldenburg (aujourd’hui Wałbrzych). Pacifiste convaincue, elle est emprisonnée en 1914-1915. De 1910 à 1920, elle est membre du bureau du SPD et du cartel de syndicats de Waldenburg. De 1919 à 1933, elle collabore au journal Schlesische Bergwacht sous la direction de Paul Löbe. Au Reichstag, où elle siège sans discontinuer de 1920 à 1933, elle est la porte-parole des ouvriers de Silésie, des orphelins et invalides de guerre. Entre 1933 et 1935, elle est détenue plusieurs fois. À partir de 1938, elle travaille comme tisserande dans une usine textile. De septembre à novembre 1944, elle est internée à Ravensbrück lors de l’« opération orage ». Après la guerre, elle administre la ville de Niedersalzbrunn (aujourd’hui Szczawienko) en Basse-Silésie. Expulsée en 1946 par les autorités polonaises, à qui a été attribué le contrôle de la région, elle s’installe dans la Ruhr. Elle entre au Bundestag en novembre 1951 à la mort du député Karl Brunner. Au Bundestag, elle se spécialise à nouveau dans les conséquences de la guerre et siège dans les commissions pour les rapatriés et les victimes de guerre.

Fritz Baade (1893-1974) [SPD]

3Né en 1893 à Neuruppin dans le Brandebourg, ce fils d’un directeur de séminaire protestant adhère au SPD en 1915. Pendant toute la Première Guerre mondiale, il est sous-officier brancardier. En 1918-1919, il devient conseiller municipal et directeur du conseil d’ouvriers et de soldats à Essen. Il entreprend ensuite des études d’économie qu’il mène jusqu’au doctorat, puis exerce le métier d’agriculteur jusqu’en 1925. Il dirige ensuite jusqu’en 1929 le Centre de recherche de politique économique de Berlin. En 1927, il coécrit le programme agraire du SPD. Il siège au Reichstag de 1930 à 1933. Limogé de tous ses postes en 1933, il reprend ses activités agricoles. Il quitte l’Allemagne en 1935, trouve refuge en Turquie, où il devient conseiller des ministres de l’Économie et de l’Agriculture. De 1945 à 1948, il séjourne aux États-Unis pour développer des liens avec les milieux politiques et économiques et faire campagne contre les démontages. En août 1948, il représente le Schleswig-Holstein à la convention constitutionnelle d’Herrenchiemsee. De 1948 à 1961, il dirige l’Institut pour l’économie mondiale à l’université de Kiel. Il siège au Bundestag de 1949 à 1965. Il est cosignataire du programme de Bad Godesberg en 1959. Dans les années 1970, il dénonce le nucléaire et la course à l’armement.

Paul Bausch (1895-1981) [Christlicher Volksdienst / CDU]

4Né en 1895 à Korntal (Wurtemberg), ce fils de professeur devient fonctionnaire au ministère de l’Économie du Wurtemberg en 1920. De la Première Guerre mondiale, durant laquelle il sert au grade de premier-lieutenant, il retire des convictions pacifistes. En 1924, il cofonde le parti protestant Service populaire chrétien, qu’il représente au Reichstag de 1930 à 1933. En 1932, il rédige un tract largement diffusé proclamant l’incompatibilité du nazisme et du christianisme et appelant à résister. En mars 1933, il vote en faveur de la loi des pleins pouvoirs. Pendant la domination nazie, il reste à son poste au ministère de l’Économie du Wurtemberg, mais se voit placé sous surveillance policière. En 1945, il participe à la création dans le nord du Wurtemberg du Service populaire chrétien social (Christlich-Sozialer Volksdienst), qui rejoint bientôt la CDU. Président du groupe de travail protestant de la CDU du Wurtemberg, il est un représentant des protestants dans une CDU qui compte une majorité de catholiques. Proche du mouvement du Réarmement moral du pasteur évangéliste américain Frank Buchman, il plaide pour une moralisation de la politique en République fédérale. Il est député au Bundestag de 1949 à 1965.

Ludwig Bergsträsser (1883-1960) [DDP/SPD]

5Né en 1883 à Altkirch en Alsace, cet historien et politiste sert au front de 1914 à 1916, avant de travailler pour l’administration militaire jusqu’en 1918. Membre du DDP à partir de 1918, il siège au Reichstag de 1924 à 1928. S’opposant à la fusion de son parti avec l’organisation d’extrême droite Jungdeutscher Orden, il rejoint le SPD en 1930. De 1916 à 1920, il enseigne l’histoire contemporaine à l’université de Greifswald, puis de Berlin. De 1923 à 1933, il est archiviste à Potsdam, puis Francfort. Licencié en 1933 pour raisons politiques, il vit de ses publications à Darmstadt et entreprend entre 1934 et 1937 des voyages de recherche en Tchécoslovaquie, en France et en Angleterre, qui lui permettent d’entretenir des liens avec des émigrants sociaux-démocrates, dont Wilhelm Leuschner. De 1945 à 1949, il est professeur de sciences politiques à Francfort et Bonn. En avril 1945, le gouvernement militaire américain le nomme président du gouvernement de la province de Starkenburg (Hesse), faisant de lui le premier chef de gouvernement en Allemagne après la défaite. Il représente la Hesse au Conseil parlementaire. Au Bundestag, où il siège pendant la première législature, il a œuvré pour la réforme de l’enseignement supérieur et l’introduction de l’éducation civique à l’école. Président du conseil scientifique de l’Institut d’histoire du temps présent de Munich et cofondateur de la KGParl, il est un des architectes de l’histoire du nazisme en Allemagne.

Otto von Bismarck (1897-1975) [DNVP, NSDAP/CDU]

6Petit-fils du chancelier du même nom, il naît en 1897 dans la propriété familiale de Schönhausen (Saxe-Anhalt). Il représente le DNVP au Reichstag à partir de 1924. Il renonce à son mandat en 1927, quand Gustav Stresemann le nomme diplomate. Il adhère au NSDAP en 1933 et poursuit sa carrière diplomatique dans l’Europe nazie. Il est notamment premier conseiller d’ambassade à Rome jusqu’en 1943. Après la guerre, il rejoint la CDU et s’emploie essentiellement à gérer la fortune des Bismarck. Sa maison à Bonn constitue un des hauts lieux mondains de la ville. Partisan du nucléaire civil, il siège à la commission pour l’énergie nucléaire pendant toute la durée de son mandat au Bundestag, de 1953 à 1965.

Hermann Brill (1895-1959) [USPD, SPD]

7Né en 1895 à Gräfenroda (Thuringe), il rejoint le SPD en 1912. Pendant son service militaire de 1914 à 1916, il est victime d’un accident de dirigeable et souffre ensuite toute sa vie de violentes migraines. En 1918, il quitte le SPD pour l’USPD, qui milite pour la fin de la guerre. Il est instituteur en Thuringe de 1916 à 1919, avant d’entreprendre des études de droit, d’économie et de philosophie. Il soutient une thèse de droit en 1929. De 1927 à 1933, il enseigne en tant que professeur invité de droit public à l’Université populaire socialiste au château de Tinz (Thuringe) et à l’Institut universitaire allemand de politique (Deutsche Hochschule für Politik) de Berlin, qui souhaite renforcer les fondements démocratiques. Il est élu au parlement de Thuringe de 1920 à 1933 et au Reichstag en 1932. En 1933, il est arrêté et placé en détention préventive. En 1934, il rejoint le groupe de résistance Nouveau Départ (Neu Beginnen) et crée l’organisation Front populaire allemand (Deutsche Volksfront) avec Otto Brass en 1936. En 1939, il est condamné à douze ans de prison pour haute trahison. Emprisonné à Buchenwald de décembre 1943 à avril 1945, il est le principal auteur du Manifeste de Buchenwald. En 1945, Brill tente de créer en Thuringe un parti socialiste unitaire, qui est interdit par les autorités soviétiques, puis participe à la refondation du SPD. Il est ministre-président de la Thuringe de mai à juillet 1945. Démis de cette fonction après l’attribution du Land aux forces d’occupation soviétiques, il s’installe en Hesse et devient conseiller du gouvernement militaire américain. Il exerce la fonction de secrétaire d’État et chef de la Chancellerie du ministère d’État de Hesse de juin 1946 à juillet 1949. En août 1948, il représente la Hesse lors de la convention constitutionnelle d’Herrenchiemsee. Il est nommé professeur honoraire de droit à l’université de Francfort en 1948. Avec Ludwig Bergsträsser, il est un des fondateurs de l’Institut d’histoire du temps présent de Munich, centre de recherche pionnier de l’histoire du nazisme. Élu au Bundestag de 1949 à 1953, il est le principal artisan de la loi sur les réparations pour les victimes d’injustices nazies.

Robert Daum (1889-1962) [SPD]

8Il naît en 1889 dans un milieu très modeste à Elberfeld (Wuppertal). De la fin de l’enseignement primaire en 1902 à 1914, il travaille comme manutentionnaire. Il adhère au SPD en 1907 et devient syndicaliste en 1908. Membre du bureau de la succursale d’Elberfeld de l’Association des manutentionnaires entre 1908 et 1914, il est employé par cette association de 1914 à 1932, avant de la diriger à l’échelle de la Westphalie. Il combat comme simple soldat de 1914 à 1918. Il siège au Reichstag d’avril à juillet 1932. Au printemps 1933, il est emprisonné à plusieurs reprises et perd son emploi à la suite de la mise au pas des syndicats. Il travaille comme représentant en assurances et agent immobilier en 1936-1937. De 1943 à 1945, il travaille comme ouvrier métallurgiste dans le cadre de la « guerre totale ». Il est incarcéré à la prison de Wuppertal début août 1944 à l’occasion de l’« opération orage ». À la Libération, il dirige la sous-section du SPD et la commission locale des syndicats de Wuppertal. De 1946 à 1951, il est maire de la ville. Il siège au Bundestag pendant la deuxième législature.

Hans Dirscherl (1889-1962) [Wirtschaftspartei/FDP]

9Il naît en 1889 à Vohenstrauß (Bavière). Après un compagnonnage à travers toute l’Allemagne, il devient maître cordonnier et propriétaire d’un magasin de chaussures. Il sert sous les drapeaux de 1914 à 1917. De 1930 à 1932, il est élu du Wirtschaftspartei au Reichstag. Il semble ne pas avoir été inquiété lors du changement de régime. À la toute fin de la guerre, en avril 1945, il est emprisonné à Nuremberg par la Gestapo pour « subversion à l’effort de guerre », après avoir déclaré que l’arrivée des Américains ramènerait l’ordre. Il est élu au parlement de Bavière de 1947 à 1955. Député discret et absentéiste, il est membre du Bundestag durant la première législature. Il dirige plusieurs associations professionnelles dans le domaine de la cordonnerie et de l’artisanat. En 1957, reconnu coupable de malversation et de détournement de fonds en tant que président de la chambre de commerce de Moyenne-Franconie (Bavière), il est condamné à deux ans d’emprisonnement et frappé de l’interdiction d’occuper un poste public pendant cinq ans.

Oskar Farny (1891-1983) [Zentrum/CDU]

10Né en 1891 à Kisslegg (Wurtemberg), ce fils de propriétaire terrien poursuit des études de droit à Tübingen de 1911 à 1913. Militaire de carrière à partir de 1911, il participe à la Première Guerre mondiale en tant qu’officier supérieur. La paix retrouvée, il gère le domaine parental qui comprend une brasserie. Il dirige, de 1919 à 1976, les Fromageries unies de l’Allgäu, coopérative créée par son père, et siège de 1924 à 1977 au conseil de surveillance de la banque populaire de Wangen. Il rejoint le Zentrum en 1920 et représente le parti au parlement du Wurtemberg en 1920-1921. Il siège sans interruption au Reichstag de 1930 à 1945 en tant que membre du Zentrum de 1930 à mars 1933, puis en tant qu’auditeur du groupe parlementaire nazi jusqu’en 1945. Il n’adhère jamais au NSDAP, mais fait partie de plusieurs organisations nazies (DAF, NSV, NS-Reichskriegerbund et Deutsche Jägerschaft). Il participe à la Seconde Guerre mondiale de 1941 à 1945 comme chef de l’état-major du Stalag V à Stuttgart. Le tribunal de dénazification de Riedlingen (Wurtemberg) le condamne en 1948 à deux ans d’inéligibilité et lui interdit d’occuper un emploi public ou de tenir un discours, avant de l’acquitter au nom de ses liens supposés avec le cercle du résistant Carl Goerdeler – ces liens ne sont pas attestés. La CDU ne l’accepte dans ses rangs qu’à partir de 1952. Il est membre du Bundestag pendant un mois seulement, en septembre 1953, avant d’être nommé au poste de ministre des Affaires fédérales du Bade-Wurtemberg, qu’il occupe jusqu’en 1960.

Heinrich Gerns (1892-1963) [DNVP/CDU]

11Né en 1892 à Bothfeld (Hanovre), ce fils de propriétaire terrien et d’élu local étudie les sciences et techniques ainsi que l’économie à Hanovre et Berlin avant et après la Première Guerre mondiale, au cours de laquelle il sert comme lieutenant de réserve. Il travaille ensuite comme agriculteur près de Plön de 1919 à 1958. En 1922, il cofonde la Société d’approvisionnement en électricité du Schleswig-Holstein. Il est également sociétaire de plusieurs banques et coopératives. Il représente le DNVP au Reichstag de 1928 à 1930. En 1934, il s’engage dans la Wehrmacht et combat ensuite comme colonel dans la Luftwaffe. En 1945, il prend part à la fondation de la CDU. De 1951 à 1955, il siège au Conseil de l’Europe. Durant ses quatre mandats successifs au Bundestag, de 1949 à 1963, il s’intéresse en priorité à la défense, aux relations intra-allemandes et à l’énergie atomique.

Paul Gibbert (1898-1967) [Zentrum/CDU]

12Il naît en 1898 à Moselkern (Rhénanie-Palatinat). Après son service militaire de 1916 à 1918 et des études d’économie à Cologne de 1919 à 1923, il gère l’entreprise viticole familiale de 1923 à 1958. Dans le même temps, il s’engage dans des coopératives et associations viticoles. Il assure la vice-présidence de l’Association allemande de viticulture jusqu’à la fin de sa vie. Entré au Centre catholique en 1925, il est membre du conseil municipal de Moselkern et du conseil cantonal de Cochem de 1929 à 1933, ainsi que du Reichstag de 1932 à 1933. Privé de ses fonctions politiques en 1933, il continue à diriger la ferme familiale. En août 1944, il passe cinq jours en détention préventive après l’attentat contre Hitler. Au lendemain de la guerre, il est maire de Moselkern et participe à la création de la CDU en Rhénanie-Palatinat. Il est élu au parlement de Rhénanie-Palatinat de 1946 à 1951. Au Bundestag, où il siège de 1949 jusqu’à sa mort en 1967, il est un membre assidu de la commission pour l’alimentation, l’agriculture et les forêts.

Fritz Henßler (1886-1953) [SPD]

13Né en 1886 à Altensteig (Karlsruhe), ce typographe de formation effectue son compagnonnage de 1900 à 1904. Il devient membre du SPD et syndicaliste en 1905. En 1911, il obtient un poste de journaliste à la Westfälische Allgemeine Volkszeitung, dont il devient ensuite rédacteur en chef. De 1914 à 1933, il est président du SPD à Dortmund-Hörde. Il combat de 1916 à 1918. Il siège ensuite au conseil municipal de Dortmund de 1924 à 1933 et au Reichstag de 1930 à 1933. Emprisonné au printemps 1933, il entre en résistance. La bibliothèque tenue par sa femme accueille des réunions clandestines. Il est ensuite détenu pendant neuf ans à Sachsenhausen de juin 1937 à avril 1945. Il manque de perdre la vie dans la marche de la mort qui suit l’évacuation du camp. En juin 1945, il est nommé responsable de la reconstruction des syndicats en Westphalie par le gouvernement militaire. De 1946 à 1953, cet ami de Kurt Schumacher fait partie du bureau fédéral du SPD et est maire de Dortmund. Il dirige également le groupe parlementaire SPD au parlement de Rhénanie-du-Nord-Westphalie de 1947 à 1953 et siège au Bundestag pendant la première législature. Il assume ce cumul des mandats au nom de la représentation des intérêts de Dortmund. Il meurt d’une maladie rénale provoquée par son emprisonnement en camp.

Karl Hepp (1889-1970) [DVP, Christlichnationale Bauern- und Landvolkpartei, NSDAP/FDP, Demokratische Arbeitsgemeinschaft, Freie Volkspartei, DP]

14Né en 1889 à Seelbach (Rhénanie-Palatinat), ce fils d’agriculteur et de député au Reichstag étudie l’agronomie et le droit à Munich et Bonn avant de participer à la guerre de 1914 à 1918. Il siège au Reichstag de 1920 à 1932, d’abord en tant que représentant du DVP, puis du CNBL, parti qu’il cofonde en 1928 pour défendre les intérêts des petits paysans. De 1921 à 1930, il dirige le principal groupe de pression agricole de la République de Weimar, le Reichslandbund, très proche du DNVP, puis du NSDAP. À ce poste, il prend part à l’organisation du référendum contre le plan Young. Après l’échec du référendum, il doit quitter sa fonction. Après la prise du pouvoir, il est placé provisoirement en détention préventive. Il adhère au NSDAP en 1937. Pendant la domination nazie, il gère son domaine agricole. Son unique mandat au Bundestag, de 1953 à 1957, reflète l’instabilité du FDP à cette période : membre du FDP d’octobre 1953 à février 1956, il fait partie des seize sécessionnistes du parti refusant de quitter la coalition gouvernementale et formant la Demokratische Arbeitsgemeinschaft, puis le Parti populaire libre (Freie Volkspartei), qui fusionne bientôt avec le DP, parti national conservateur. Spécialiste de l’agriculture, il siège principalement à la commission pour l’alimentation, l’agriculture et les forêts.

Theodor Heuss (1884-1963) [DDP, DStP/FDP]

15Né en 1884 à Brackenheim (Bade-Wurtemberg), il devient journaliste après des études d’économie et d’histoire de l’art à Munich et Berlin. Il collabore à plusieurs journaux libéraux, dont la revue Die Hilfe, dirigée par son mentor Friedrich Naumann. De 1920 à 1933, il enseigne l’histoire contemporaine, la théorie constitutionnelle et le système des partis à l’Institut universitaire allemand de sciences politiques à Berlin. Il est élu au conseil municipal de Berlin de 1919 à 1921, puis de 1929 à 1931, et au Reichstag de 1924 à 1933. En 1932, il connaît un vaste succès éditorial avec le livre Hitlers Weg. Originellement opposé à la loi des pleins pouvoirs, il se plie à la ligne du groupe parlementaire DStP et vote en sa faveur. De 1933 à 1936, il est rédacteur en chef de Die Hilfe et contribue à plusieurs journaux, dont la Frankfurter Zeitung, et aux pages culturelles de Das Reich, journal de Goebbels. Il entretient des liens avec des dirigeants de la résistance comme Carl Goerdeler ou Johannes Popitz. En 1943, il s’installe à Heidelberg. Dans l’après-guerre, son action se concentre sur le Wurtemberg-Bade : il est ministre de la Culture de la région en 1945-1946 et membre de son parlement de 1946 à 1949. Il représente le Wurtemberg-Bade au Conseil parlementaire. Il préside le FDP à partir de décembre 1948. Son mandat au Bundestag ne dure qu’une semaine, écourté par sa nomination en septembre comme président de la République fédérale, fonction qu’il exerce jusqu’en septembre 1959. À ce poste, il œuvre pour la réhabilitation de l’Allemagne sur la scène internationale.

Hermann Höpker Aschoff (1883-1954) [DDP, DStP/FDP]

16Ce fils de pharmacien naît en 1883 à Herford (Westphalie). Après des études de droit, il devient juge. Pendant la Première Guerre mondiale, il sert au grade de capitaine. Membre du bureau fédéral du DDP à partir de 1921, il cofonde le DStP en 1930. Il est membre du Reichstag de 1930 à 1932. De 1925 à 1931, il jouit de l’estime générale en tant que ministre prussien des Finances. Il se retire de la vie politique après le rejet de sa proposition de réduire les salaires dans la fonction publique pour lutter contre la crise. Il refuse le ministère fédéral des Finances que lui offre Brüning dans son gouvernement. Jusqu’en 1937, il collabore régulièrement à l’hebdomadaire Die Hilfe, dirigé par Theodor Heuss, et y publie des tribunes antinazies. Son livre Unser Weg durch die Zeit, critique implicite de la doctrine de Rosenberg, est interdit dès sa parution en 1936. Il est emprisonné de juin à octobre 1937 à Berlin, puis relâché sous l’action de diplomates et d’organisations féminines internationales. Forcé de se signaler comme ancien fonctionnaire sans occupation, il est affecté en 1939 au service des subsistances du Kommando général III, puis de 1940 à 1944 au plan quadriennal et de 1944 à 1945 à la firme Industriekontor, dépendant du ministère de l’Armement et de la production de guerre. Il fuit Berlin à l’arrivée de l’Armée rouge et s’installe à Münster. Il y enseigne l’économie et la finance à l’université à partir d’octobre 1945. De juillet 1945 à août 1946, il est responsable des finances dans le gouvernement de Westphalie. Il représente la Rhénanie-du-Nord-Westphalie au Conseil parlementaire. Rapporteur de la commission des finances, il est considéré comme le « père de la constitution financière » de la République fédérale. Il poursuit cette mission en présidant la commission des finances pendant son séjour au Bundestag, de 1949 à 1951. Il est président de la Cour constitutionnelle fédérale de septembre 1951 à sa mort en 1954.

Michael Horlacher (1888-1957) [BVP/CSU]

17Né en 1888 à Pottenstein (Bavière), ce fils d’architecte étudie l’économie et le droit et obtient un doctorat d’économie en 1913. Pendant la guerre, il est employé par le Bureau de statistique du Reich et par le service de ravitaillement de la Bavière. D’avril 1917 à avril 1918, il est journaliste économique pour la München-Augsburger-Zeitung. Entre 1918 et 1932, il dirige le regroupement des coopératives agricoles de Bavière et la chambre bavaroise d’agriculture. À la même période, il publie de nombreux écrits sur l’économie nationale et l’agriculture. Il est élu au parlement de Bavière de 1920 à 1924 et au Reichstag de 1928 à 1933. Après la prise de pouvoir, il est congédié et arrêté en juin 1933. De nouveau arrêté dans le cadre de l’« opération orage », il est emprisonné à Dachau entre août et octobre 1944. En 1945, il cofonde la CSU, dont il est vice-président de 1948 à 1951. De 1945 à 1948, il dirige la fédération Raiffeisen de Bavière, qui rassemble toutes les coopératives agricoles du Land. Il est président du parlement bavarois de 1946 à 1950. Élu au Bundestag pendant les deux premières législatures, il s’engage pour une relance de l’agriculture dans la commission pour l’alimentation, l’agriculture et les forêts.

Hugo Karpf (1895-1994) [BVP/CSU]

18Né en 1895 à Wüstenzell (Bavière) dans une famille de petits paysans, ce tailleur de formation parcourt l’Allemagne lors de son compagnonnage. Il combat entre 1915 et 1918, est fait prisonnier par les Britanniques, puis libéré en octobre 1919. Après la guerre, il milite dans les associations catholiques de compagnons et d’ouvriers. En 1923, il devient employé de l’Association des travailleurs chrétiens de l’industrie du vêtement à Aschaffenburg, puis membre de son comité directeur à partir de 1924. Il représente le BVP au Reichstag de 1932 à 1933. Licencié du syndicat qui l’emploie pour raisons politiques en mai 1933, il subit plusieurs fouilles et est mis au ban. Enrôlé dans la Wehrmacht en 1939, il est affecté à la commission de l’approvisionnement des chevaux parce que jugé non fiable politiquement. Il est ensuite employé par l’Association des pompes funèbres catholiques, avant de devenir ouvrier non spécialisé, puis coupeur dans une usine textile. Fin 1945, il reprend ses activités syndicales et entreprend de construire un parti chrétien-démocrate dans un Aschaffenburg acquis au SPD. La section qu’il fonde rallie bientôt la CSU. Au Reichstag comme au Bundestag, il voue son action aux ouvriers à domicile. Il contribue à l’élaboration de la loi sur le travail à domicile de 1951.

Heinrich Krone (1895-1989) [Zentrum/CDU]

19Né en 1895 à Hessisch-Oldendorf (Basse-Saxe), ce fils d’ouvrier devient instituteur. Il connaît une ascension rapide pendant la République de Weimar. Il préside l’organisation de jeunesse du Centre catholique (Windthorstbund) de 1922 à 1933 et occupe la fonction de secrétaire général adjoint du Zentrum de 1923 à 1933. En 1924, il adhère à la Bannière d’Empire, dont il devient vice-président de 1927 à 1933. D’avril à juillet 1933, il dirige l’Association de défense contre l’antisémitisme. Il siège au Reichstag de 1925 à 1933. Pendant le nazisme, il assure la survie de sa famille grâce à un emploi de représentant en café et en huiles. Il dirige l’organisation Caritas, qui secourt les catholiques sans ressources et aide les catholiques d’origine juive à émigrer. Il coopère avec le cercle de résistance de Jakob Kaiser. Emprisonné dans le cadre de l’« opération orage » en août 1944, il échappe par la corruption à Bergen-Belsen, où il devait être déporté. Après la guerre, il cofonde la CDU à Berlin avec Ernst Lemmer, Jakob Kaiser et Andreas Hermes. Il se montre alors soucieux d’intégrer les ouvriers au parti. Représentant de Berlin au Bundestag de 1949 à 1965, il défend les intérêts de la ville. Il est secrétaire général à partir de 1951, puis président du groupe parlementaire CDU/CSU de 1955 à 1961. À ces postes, il réorganise le travail du groupe parlementaire et s’efforce de maintenir une relation harmonieuse avec le gouvernement grâce à un contact constant avec Konrad Adenauer, dont il est proche. De 1958 à 1964, il est vice-président de la CDU. Il est ministre fédéral avec attributions spéciales de 1961 à 1964.

Ernst Lemmer (1898-1970) [DDP/CDU]

20Né en 1898 à Remscheid (Düsseldorf), ce fils d’architecte participe à la Première Guerre mondiale. En 1918, il décide de se consacrer à la politique. Après des études de théologie, d’histoire et d’économie, il devient journaliste. Il est secrétaire général du syndicat libéral Hirsch-Duncker des ouvriers, employés et fonctionnaires de 1922 à 1933. Lors de son entrée au Reichstag en 1924, il est le plus jeune député du Parlement. Il y siège jusqu’en 1933 et fait partie de la commission des affaires sociales. Avec les quatre autres élus du DStP au Reichstag, il vote en faveur de la loi des pleins pouvoirs en mars 1933. Pendant la période nazie, il est frappé d’une interdiction de publier. Sous pseudonymes, il est correspondant à Berlin pour des journaux belges, suisses, tchèques et hongrois. À la Libération, il est maire de Kleinmachnow, près de Berlin. En 1945, il change de camp et cofonde la CDU à Berlin avec Heinrich Krone, Andreas Hermes et Jakob Kaiser. Il en est le vice-président de décembre 1945 à janvier 1948. À partir de 1949, il est rédacteur en chef du quotidien berlinois Der Kurier. Appelé au Bundestag en 1952, lors de l’augmentation du nombre de représentants de Berlin, il y demeurera jusqu’à sa mort. En 1954, il candidate sans succès à la présidence du Bundestag et se voit préférer Eugen Gerstenmaier. Il est ministre des Postes et télécommunications en 1956-1957, puis ministre pour les Affaires allemandes de 1957 à 1962 et ministre des Rapatriés, réfugiés et victimes de guerre de 1964 à 1965.

Paul Löbe (1875-1967) [SPD]

21Né en 1875 à Liegnitz en Basse-Silésie (aujourd’hui Legnica en Pologne), ce fils de menuisier baigne dans une culture socialiste dès l’enfance. Il suit une formation de compagnon typographe qui le conduit jusqu’à Rome, Trieste et Budapest. Exempté lors de l’appel sous les drapeaux, il devient journaliste à la Volkswacht de Breslau. Il est élu à l’Assemblée nationale constituante, où il occupe le poste de vice-président, puis au Reichstag de 1920 à 1933. Président du Parlement de 1920 à 1932, il est reconnu pour son impartialité et sa capacité à faire régner l’ordre. En mai 1933, il s’oppose à l’appel à la résistance formulé par la direction du SPD en exil à Prague et opte pour une politique d’adaptation à l’égard du pouvoir nazi. Sous son impulsion, le groupe parlementaire SPD approuve le discours de politique étrangère d’Hitler le 17 mai 1933. En parallèle, il négocie avec Hermann Göring en vue de la libération de sociaux-démocrates. De juin à décembre 1933, il est emprisonné à Berlin et au camp de Dürrgoy (Breslau). Une fois relâché, il travaille comme correcteur pour l’éditeur de Gruyter à Berlin. Après l’attentat contre Hitler, il est de nouveau incarcéré au camp de Gross-Rosen (Pologne) en août et décembre 1944. De 1933 à 1945, il entretient une vaste correspondance avec un grand nombre de militants SPD. Après la guerre, il provoque la colère de Kurt Schumacher en envisageant une coopération entre SPD et KPD. Doyen du premier Bundestag, il en prononce le discours inaugural et vante la tradition démocratique weimarienne et la résistance du SPD. Au Conseil parlementaire et durant son mandat au Bundestag, de 1949 à 1953, il représente Berlin et joue un rôle strictement consultatif. Au Bundestag, il s’engage dans les commissions pour l’organisation et le règlement du Parlement.

Marie-Elisabeth Lüders (1878-1966) [DDP/FDP]

22Née à Berlin en 1878, cette fille de haut fonctionnaire du ministère prussien de la Culture grandit dans l’intelligentsia berlinoise. En 1900, elle prend contact avec des représentantes de la Ligue des associations féminines allemandes. Elle se consacre au travail social dans une association dirigée par Alice Salomon. Elle fait partie des premières femmes inscrites à l’université de Berlin, où elle obtient un doctorat en sciences politiques en 1912. Entre 1916 et 1918, elle dirige la centrale du ministère prussien de la Guerre coordonnant le travail féminin. Elle adhère au Parti populaire progressiste (Freisinnige Volkspartei) du libéral Friedrich Naumann en 1908, avant de s’affilier au DDP. À la mort de Friedrich Naumann, en septembre 1919, elle lui succède à l’Assemblée nationale constituante. Elle siège au Reichstag de 1920 à 1930. S’opposant à la fusion du DDP avec l’organisation nationaliste Jungdeutscher Orden, elle refuse de candidater au Reichstag en 1932 et se consacre au travail international pour le désarmement. Après l’accession des nazis au pouvoir, elle tente d’obtenir les faveurs du régime. Elle est accusée de « perfidie » en 1937 et emprisonnée par la Gestapo pendant plusieurs semaines. Entre 1938 et 1943, elle cache plusieurs familles juives dans sa villa de Grünewald (Berlin). En 1944, elle fuit les bombardements et se réfugie dans le pays de Bade, en Alsace, puis en Bavière à l’arrivée des troupes françaises. En Bavière, elle enseigne dans une école militaire d’Oberammergau à l’invitation des Alliés américains de janvier 1946 à juillet 1947. Rentrée à Berlin, elle adhère en février 1948 au LDP, bientôt rebaptisé FDP. Elle est élue municipale, de 1948 à 1950, et conseillère des affaires sociales à Berlin, de 1949 à 1951. Élue FDP de Berlin au Bundestag de 1953 à 1961, elle est doyenne du Parlement à la même période. Au Reichstag comme au Bundestag, elle œuvre pour la réforme du mariage, du divorce et la déréglementation de la prostitution.

Reinhold Maier (1889-1971) [DDP, DStP, FDP]

23Né en 1889 à Schondorf am Ammersee (Bavière), ce fils d’entrepreneur en bâtiment s’engage volontairement en 1914. À l’issue de la guerre, il étudie le droit et devient avocat à Stuttgart. Il est nommé ministre de l’Économie du Wurtemberg en 1930. Membre du Reichstag entre 1930 et 1933, il prononce le discours justifiant le vote favorable du DStP à la loi des pleins pouvoirs le 23 mars 1933. Pendant la Deuxième Guerre mondiale, il vit séparé de sa femme, d’origine juive, et de leurs enfants, contraints à l’exil en Angleterre. Malgré une mise au ban, il continue de plaider au barreau de Stuttgart. En 1945, il cofonde le Parti populaire allemand (DVP), qui rallie ensuite le FDP. Il est élu au conseil municipal de Schwäbisch-Gmünd (Bade-Wurtemberg). En avril 1947, comme Paul Bausch et Theodor Heuss, il doit répondre devant le parlement du Wurtemberg-Bade de son soutien à la loi des pleins pouvoirs. Tous trois sont finalement acquittés. Ministre-président du Bade-Wurtemberg de 1952 à 1953, il échoue à s’imposer au niveau fédéral. Il semble s’être peu investi au Bundestag, où il siège entre 1953 et 1956, avant son élection au parlement de Wurtemberg-Bade. Nommé président du FDP de 1957 à 1960, il doit de nouveau candidater au Bundestag, où il demeure de 1957 à 1959. En 1959, il met fin à son mandat et se retire de la vie politique. Figure controversée, il provoque des scandales par ses déclarations retentissantes. En septembre 1954, lors de l’affaire John, il demande la démission du gouvernement Adenauer, alors que son parti est membre de la coalition.

Arthur Mertins (1898-1979) [SPD]

24Né en 1898 à Tilsit en Prusse-Orientale (aujourd’hui Sowetsk, oblast de Kaliningrad), il suit une formation d’instituteur avant et après la guerre, à laquelle il participe en tant qu’adjudant de 1915 à 1918. Il rallie le SPD en 1920. La même année, il contribue à la création de la section de Prusse-Orientale du Syndicat libre des instituteurs. De 1925 à 1933, il fait partie du bureau de la section de Prusse-Orientale du SPD. Il est élu au Reichstag de 1929 à 1933 et y œuvre pour la sortie de crise dans les territoires de l’Est. En 1933, il est limogé dans le cadre de la loi nazie sur la restauration de la fonction publique et brièvement détenu. Il reste au chômage jusqu’en 1936. Pendant toute la durée de la guerre, il est engagé volontaire dans la Wehrmacht au grade d’adjudant-chef pour parer à l’accusation de « subversion à l’effort de guerre ». En octobre 1945, il cofonde le SPD à Segeberg (Schleswig-Holstein). De 1947 à 1949, il occupe le poste de secrétaire du parti dans le nord-ouest de Hambourg. Au Bundestag, où il est élu durant la première législature, il est actif dans les commissions des finances et des rapatriés.

Friedrich Nowack (1890-1959) [USPD, SPD]

25Né en 1890 à Neuenburg en Prusse-Occidentale (aujourd’hui Nowe en Pologne), il travaille comme ouvrier agricole puis ouvrier d’usine. Il sert dans les rangs pendant toute la Première Guerre mondiale. Il adhère à l’USPD en 1919 et préside la section du parti à Harburg (Hambourg) de 1920 à 1922. Membre d’un syndicat dès 1908, il est secrétaire général de l’Association des ouvriers d’usine à Harburg-Wilhelmsburg de 1920 à 1933. Il est député au Reichstag de 1924 à 1933. En juin 1933, il est licencié de son poste de secrétaire général de syndicat et subit une interdiction de travailler. Suspecté d’« activité antinationale », il est détenu trois fois entre 1933 et 1936. Pendant la Seconde Guerre mondiale, il est employé par l’usine d’armement Blohm & Voß à Hambourg. De 1945 à 1949, il est élu municipal de cette ville. De 1945 à 1955, il est secrétaire général du syndicat IG Chemie/Papier/Keramik à Hambourg/Harburg et dirige la section locale de la Confédération allemande des syndicats DGB. Élu au premier Bundestag, il s’engage dans les commissions pour l’alimentation, l’agriculture et les forêts et pour les rapatriés.

Hugo Paul (1905-1962) [KPD]

26Né en 1905 à Hagen (Westphalie), il est serrurier et chauffagiste à Remscheid (Ruhr) jusqu’en 1930 et milite dans l’Association des métallurgistes. D’abord membre des Jeunesses socialistes libres, il adhère au KPD en 1923. Il dirige une cellule d’usine pour le parti communiste de 1925 à 1926. De 1926 à 1928, il est à la tête de la section KPD de Remscheid. Au chômage à partir de 1931, il s’engage davantage en politique. De 1931 à 1932, il est secrétaire de l’Opposition syndicale révolutionnaire proche du KPD. De 1932 à 1933, il est secrétaire du KPD à Solingen. Il siège au Bundestag en 1932. En février 1933, il entre dans l’illégalité. De 1933 à 1939, il est emprisonné dans les camps d’Esterwegen et de Sachsenhausen. Relaxé, il travaille comme serrurier à Wermelskirchen, mais demeure sous surveillance policière. À partir du début de l’année 1942, il met en place un réseau de résistance. De nouveau arrêté en 1943, il est interné à la prison de Butzbach (Hesse) jusqu’à la Libération. Dans l’immédiat après-guerre, il est premier secrétaire du KPD en Basse-Rhénanie et ministre de la Reconstruction de la Rhénanie-du-Nord-Westphalie. Il représente ce Land au Conseil parlementaire jusqu’en octobre 1948, puis abandonne son poste pour surcharge de travail. De 1949 à l’interdiction du KPD en août 1956, il fait partie du bureau fédéral du parti. Membre du premier Bundestag, il voit son immunité levée en novembre 1952 à la suite d’une accusation de haute trahison pour avoir critiqué Adenauer et appelé à la grève lors d’un meeting du KPD. Il se réfugie provisoirement en RDA, avant d’être emprisonné à la demande de la Cour constitutionnelle fédérale de 1953 à 1954. À sa libération, il s’installe en RDA, où il devient membre du Comité central et du Politburo.

Kurt Pohle (1899-1961) [SPD]

27Né en 1899 à Forst/Lausitz (Brandebourg), cet ouvrier de l’industrie textile est appelé en 1917 et blessé en 1918. Après sa démobilisation, il dirige l’Œuvre pour les victimes de guerre du Schleswig-Holstein. De 1922 à 1933, il collabore à plusieurs journaux sociaux-démocrates du Brandebourg et de la Basse-Silésie. De 1922 à 1925, il est secrétaire du SPD à Sommerfeld (Brandebourg). Il est élu municipal à Sommerfeld en 1924-1925 et à Striegau en Basse-Silésie (aujourd’hui Strzegom en Pologne) de 1929 à 1933. Il siège au Reichstag de 1930 à 1933. Il est emprisonné d’avril à novembre 1933 et travaille ensuite comme agent immobilier à Königsberg (aujourd’hui Kaliningrad), avant de s’engager dans la Wehrmacht. Il sert comme caporal de 1939 à 1945. De juin 1946 à janvier 1949, il est ministre du Travail, du Bien-être et de la Santé du Schleswig-Holstein. Au Bundestag, dont il est membre de 1949 à 1961, il préside la commission pour les victimes et prisonniers de guerre à partir d’avril 1951.

Heinrich Ritzel (1893-1971) [SPD]

28Né en 1893 à Offenbach (Hesse), il combat en 1915 et est rapidement blessé. De 1915 à 1919, il étudie le droit, l’économie et la philosophie et devient haut fonctionnaire à la mairie de Giessen (Hesse). Maire de Michelstadt de 1929 à 1939, il siège au parlement de Hesse de 1924 à 1930 et au Reichstag de 1930 à 1933. Emprisonné d’avril à juin 1933, il parvient à s’évader et émigre en Sarre, où il travaille comme commissaire de la SDN. Ses biens sont saisis par le régime nazi en avril 1934. En 1935, il gagne la France, puis la Suisse. Ritzel, sa femme et leurs trois fils sont déchus de leur nationalité en décembre 1936. Jusqu’en 1947, il vit à Bâle en tant que fonctionnaire de la SDN en disponibilité. Entretenant des contacts avec les démocrates réfugiés en Suisse, il est à l’initiative du groupe de réflexion Demokratisches Deutschland, qui rassemble Joseph Wirth, Otto Braun et Wilhelm Hoegner, prépare la reconstruction de l’Allemagne et cherche à influencer les plans alliés. En mai 1945, Demokratisches Deutschland publie un manifeste préconisant la mise en place d’une fédération européenne et l’adoption par l’Allemagne du modèle constitutionnel suisse. Après son retour en Allemagne en 1947, il fait partie du bureau du SPD du sud de la Hesse et du congrès central du parti. Élu au Bundestag de 1949 à 1965, il préside la commission pour le règlement et défend les compétences du Parlement. Il est également investi dans la commission du budget. Européen convaincu, il est délégué au Conseil de l’Europe de 1950 à 1957.

Ernst Roth (1901-1951) [SPD]

29Né en 1901 à Zweibrücken (Rhénanie-Palatinat), il devient journaliste après une formation d’instituteur. Il adhère au SPD en 1920. Il dirige la Bannière d’Empire à Mannheim et siège au Reichstag de 1932 à 1933. En juin 1933, il s’exile en Sarre, puis rejoint Strasbourg en février 1934. Il est détenu dans les camps d’internement vosgiens de Mirecourt et Harchéchamp en 1939 à la suite du déclenchement de la guerre. Après sa libération, il gagne le Maroc avec la Légion étrangère, avant de s’établir dans le Vaucluse à partir de 1942. Il devient membre de l’Armée secrète et rallie en mai 1944 les Francs-Tireurs et Partisans français. Il dirige le Comité d’action fondé fin 1944, puis le Groupe des socialistes allemands réfugiés en France à partir de février 1945. Il fait partie des vingt-cinq Allemands recensés ayant combattu dans les Forces françaises de l’intérieur. Après la guerre, il fonde et dirige les journaux sociaux-démocrates en Sarre Saarbrücker Zeitung et Volksstimme. Il est secrétaire général du parti social-démocrate de Sarre et élu de la ville de Sarrebruck. En raison de son opposition à la politique française en Sarre, il est exclu de la région en octobre 1948 et rentre dans son Palatinat natal. Il siège au Bundestag de 1949 à sa mort, en 1951. Suppléant à l’Assemblée consultative du Conseil de l’Europe à partir de 1950, il meurt à la tribune, victime d’une attaque cardiaque en plein discours sur le plan Schuman et la question sarroise.

Hans Schlange-Schöningen (1886-1960) [DNVP, KVP, CNBL / CDU]

30Né en 1886 à Schöningen en Poméranie, il devient militaire de carrière et sert dans la cavalerie de 1906 à 1909. Il participe à la Première Guerre mondiale en tant que capitaine de cavalerie. De 1919 à 1945, il gère le domaine seigneurial hérité de ses parents. De 1924 à 1929, il dirige le DNVP en Poméranie. Il est député au parlement de Prusse de 1920 à 1932 et au Reichstag de 1924 à 1932. À la période weimarienne, la position de cet antidémocrate conseiller d’Alfred Hugenberg évolue vers le centrisme et le « républicanisme de raison ». Opposé au référendum contre le plan Young, il quitte le DNVP en 1930 et adhère au CNBL. Il est commissaire du Reich pour l’aide aux territoires de l’Est et ministre sans portefeuille dans le gouvernement Brüning en 1931-1932. Le rejet de son plan de restructuration de l’agriculture, jugé trop collectiviste par la droite, entraîne la faillite du cabinet Brüning. En 1933, il se retire de la vie publique. Pendant la période nazie, il entretient des contacts avec le cercle de résistance d’Helmuth von Moltke et de Carl Goerdeler. En avril 1945, il fuit l’avancée de l’Armée rouge et s’installe dans le Schleswig-Holstein. Il est à l’initiative de la création du Parti chrétien-démocrate de reconstruction (Christlich-demokratische Aufbaupartei), qui rallie bientôt la CDU. En 1946, il publie Am Tage danach, écrit autobiographique dans lequel il règle ses comptes avec le DNVP, qu’il tient pour responsable de l’ascension du NSDAP. Leader potentiel de la CDU au lendemain de la guerre, il perd ses soutiens du fait de son impopularité comme directeur du Bureau de l’alimentation de la zone britannique, puis de la bizone et de la trizone de 1945 à 1949. Partisan du prolongement du rationnement après la réforme monétaire, de l’économie planifiée et d’une grande coalition, il entre en conflit avec Konrad Adenauer et Ludwig Erhard. En septembre 1949, il candidate sans succès à la présidence de la République. Élu au premier Bundestag, il renonce à son mandat en juin 1950, après sa nomination comme consul à Londres.

Louise Schroeder (1887-1957) [SPD]

31Née en 1887 à Altona (Hambourg) dans une famille ouvrière socialiste, cette sténotypiste de formation adhère au SPD en 1910. Les soirées féminines de la section d’Altona lui fournissent l’occasion de développer un talent oratoire. Élue au bureau de cette même section entre 1915 et 1918, elle entre ensuite à l’Assemblée nationale constituante, puis siège sans interruption au Reichstag de 1920 à 1933. Comptant parmi les femmes entendues au Parlement, elle s’investit dans le domaine des affaires sociales et du droit du travail. La loi de protection des mères de 1927 a ainsi été appelée lex Schroeder. Elle cofonde l’association caritative Arbeiterwohlfahrt en 1919. Suspectée de haute trahison par le pouvoir nazi, elle se retrouve sans ressource et continue de fréquenter les cercles SPD clandestins de Hambourg, puis de Berlin. Au lendemain de la guerre, elle devient vice-présidente du SPD de Berlin et fait partie du bureau fédéral du parti de 1946 à 1957. Adjointe à la mairie de Berlin, elle assure l’intérim d’Ernst Reuter après l’invalidation de son élection par les Soviétiques. Très populaire auprès des Berlinois, elle reste dans l’ombre du maire officiellement élu. Représentante de Berlin au Bundestag de 1949 à sa mort, elle s’y engage, comme au Reichstag, principalement dans le domaine des affaires sociales.

Kurt Schumacher (1895-1952) [SPD]

32Né en 1895 à Kulm en Prusse-Occidentale (aujourd’hui Chełmno en Pologne), il rejoint le SPD en janvier 1918 et devient journaliste politique à la Schwäbische Tagwacht à Stuttgart en 1920. Il fonde et dirige la Bannière d’Empire du Wurtemberg. Il est membre du parlement du Wurtemberg de 1924 à 1931 et du Reichstag de 1930 à 1933. À la fin de la République, il dénonce l’attentisme du SPD face à la montée du nazisme. Dès la prise du pouvoir, il préconise la dissolution du SPD et son entrée dans l’illégalité. Il s’oppose à Paul Löbe quant à la participation sociale-démocrate à la séance du Reichstag du 17 mai 1933 convoquée par Hitler. Il dit avoir passé « neuf ans, neuf mois et neuf jours » en détention entre 1933 et 1945. Après son arrestation en juillet 1933, il est incarcéré dans les camps de Heuberg et de Kuhberg, avant d’être transféré à Dachau en 1935. Il y demeure jusqu’en 1943 et occupe le poste de bibliothécaire du camp. Cette fonction le met en relation avec de nombreux prisonniers sociaux-démocrates. À sa libération, il travaille comme employé de bureau à Hanovre, où il est assigné à résidence. C’est depuis cette ville qu’il lance son appel à la refondation du SPD le 6 mai 1945. De 1946 à sa mort en 1952, il préside le SPD avec autorité. Principal interlocuteur et contradicteur d’Adenauer, il s’oppose à l’idée largement plébiscitée d’une grande coalition. En 1951, il est exclu du Bundestag pendant vingt séances pour avoir traité Adenauer de « chancelier des Alliés ».

Friedrich Wilhelm Wagner (1894-1971) [SPD]

33Né en 1894 à Ludwigshafen (Palatinat) dans une famille de commerçants, il adhère au SPD en 1917. Il combat pendant la Première Guerre mondiale. Après des études de droit, il est avocat à Ludwigshafen. De 1925 à 1933, il dirige l’antenne palatine de la Bannière d’Empire. Il siège au Reichstag de 1930 à 1933. Arrêté en mars 1933, il parvient à s’échapper pour rejoindre la Suisse, puis la France. En octobre 1937, il est déchu de sa nationalité, comme sa femme et leurs deux filles. Il émigre aux États-Unis en février 1941. De retour en Allemagne en 1947, il reprend son activité d’avocat à Ludwigshafen. En 1947-1948, il défend l’entreprise IG Farben lors d’un procès en dénazification. Il représente la Rhénanie-Palatinat au Conseil parlementaire, dont il dirige les commissions pour la Cour constitutionnelle et la justice et pour la délimitation des compétences entre État fédéral et Länder. Il siège au Bundestag de 1949 à 1961. Il est ensuite vice-président de la Cour constitutionnelle fédérale de 1961 à 1967.

Helene Weber (1881-1962) [Zentrum/CDU]

34Née en 1881 à Wuppertal, elle étudie les études romanes, la philosophie et l’histoire, puis enseigne au lycée à Bochum et Cologne. Elle préside la Ligue des femmes catholiques (Katholischer Deutscher Frauenbund, KDFB) et dirige la commission fédérale des femmes du Zentrum à partir de 1919. Elle est la plus jeune femme à entrer à l’Assemblée nationale constituante en 1919. Entre 1920 et 1924, elle est membre du parlement de Prusse avant d’être élue au Reichstag de 1924 à 1933. Sa conception de la politique comme défense des valeurs morales l’amène à s’intéresser en priorité à l’éducation et à la culture. De 1920 à 1933, elle assume la fonction de conseillère ministérielle au ministère des Affaires sociales de Prusse. Démise de ses fonctions en mai 1933, elle poursuit ses activités dans l’association de femmes catholiques Hedwig-Bund qu’elle dirige et conserve des liens avec le milieu démocrate catholique. Elle fait partie des quatre « mères de la Loi fondamentale », seules femmes à siéger au Conseil parlementaire. Elle s’y oppose initialement à l’inscription de l’égalité hommes-femmes dans la Loi fondamentale. Proche d’Adenauer, elle est la femme la plus influente de la CDU, redoutée par ses collègues féminines. Elle est députée au Bundestag de 1949 jusqu’à sa mort en 1962. Défenseuse affichée de la cause des femmes, elle enjoint à ces dernières de s’engager en politique. Elle souscrit toutefois à une compréhension traditionnelle des rôles genrés et s’engage essentiellement pour la protection du mariage et de la famille. Elle siège au Conseil de l’Europe de 1950 à 1962.

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