Figures de l’identité
| , ,Première partie. Grands hommes, héros, empereurs : l’élaboration de modèles politiques, idéologiques et littéraires
Les patriciens déchus : le cas de M. Aemilius Scaurus
Texte intégral
Un patricien peut-il déchoir ? Les enjeux d’un paradoxe
- 1 L’expression se trouve chez G. Bloch, « M. Aemilius Scaurus », p. 4.
- 2 Ascon., 23 C. : […] quae generis claritas etiam inertes homines ad summos honores prouexit.
1Parler de « patriciens déchus »1 semble relever du paradoxe. Nous entendons par cette expression ceux des patriciens dont la famille aurait connu un déclassement social, que celui-ci soit consécutif à une incapacité temporaire à accéder aux principales magistratures ou à des difficultés financières, les deux phénomènes pouvant être liés. Il s’agit d’individus qui, tout en ayant conservé leur statut juridique de patricien, ont perdu le rang qui semblait pourtant indissolublement attaché à celui-ci. Or, que les patriciens puissent déchoir, voilà qui jurait avec les représentations liées à cette catégorie socio-juridique dans la Rome de la fin de la République et du début de l’Empire. Dans une scolie au Pro Scauro, Asconius affirme en effet, à propos de la qualité de patricien, que « cette illustration de la race a toujours porté même des hommes sans activité aux plus hautes charges »2. En d’autres termes, les patriciens constituaient une forme de noblesse par excellence, à telle enseigne que le consulat semblait leur être transmis de façon héréditaire. La récurrence des gentilices des grandes familles patriciennes dans les fastes consulaires donnait ainsi l’illusion d’une hérédité des charges. Une famille patricienne pouvait s’éteindre, c’est ce qui advint par exemple aux Aemilii Pauli, mais non tomber dans l’oubli. Pourtant, Asconius rappelle ce lieu commun pour mieux souligner, dans le même passage, l’exception que constitue le cas de Marcus Aemilius Scaurus, le consul de 115 avant Jésus-Christ, célèbre pour avoir exercé, en qualité de prince du Sénat, une influence considérable sur la vie politique à la fin du iie et au début du ier siècle avant Jésus-Christ. En réalité, que, dans une société censitaire telle que la société romaine, de grandes familles, fussent-elles patriciennes, aient pu connaître des revers de fortune, provoquant un déclassement social et une marginalisation politique, voilà qui ne saurait étonner. Mais les formes de ce processus de déclassement, ainsi que l’extension du phénomène, nous sont pour l’essentiel inconnues : nous pouvons certes constater que des familles disparaissent des sources, mais il nous est le plus souvent impossible de décider s’il s’agit du résultat d’une marginalisation politique, d’une extinction démographique ou des lacunes de la documentation. Les seuls témoignages permettant d’observer ce phénomène avec davantage de précision portent sur les quelques familles qui réapparaissent dans les fastes, après être restées à l’écart de la vie politique pendant plusieurs générations. Mais même dans ce dernier cas, nous ignorons tout des causes de cette éclipse temporaire.
- 3 Voir ainsi M. Chassignet, « La naissance de l’autobiographie à Rome », p. 73.
2Un cas est toutefois mieux connu, celui de M. Aemilius Scaurus, justement. À partir d’une mise en série des sources relatives aux origines de Scaurus l’on aboutit à un récit cohérent, élevé au rang de vulgate : bien que d’origine patricienne, Scaurus était le fils d’un marchand de charbon et, faute d’un patrimoine suffisant, il envisagea de se consacrer au métier de banquier. C’est finalement l’éloquence qui lui permit de s’engager dans le cursus honorum et de faire la carrière remarquable que l’on sait. Son ascension spectaculaire était donc comparable à celle d’un homme nouveau3. Nous essaierons de montrer que la figure de Scaurus s’avère être un artefact qu’il faut déconstruire, le produit de plusieurs traditions, sorties de leur contexte, dont il faut démêler l’écheveau. Nous étudierons successivement les deux traits caractéristiques de la figure de Scaurus, à savoir celui de son impécuniosité et celui de sa nouitas paradoxale, qui constituent deux modalités de la déchéance de sa famille, avant d’analyser les rapports entre les différentes traditions relatives à ce personnage.
3Cette recherche aura pour fin, à travers l’exemple de M. Scaurus, d’interroger le statut social et culturel de la figure du patricien déchu. Scaurus est en effet une figure paradoxale, à la marge du patriciat et de la nobilitas. C’est un patricien, mais qui, du patriciat, n’a conservé que le statut et non la dignitas. C’est apparemment une figure positive, puisqu’il a su sortir sa famille de l’obscurité, mais cela suppose que plusieurs de ses ancêtres n’aient pas su remplir l’exigence de reproduction sociale propre à la nobilitas et au patriciat. L’exaltation de Scaurus est paradoxale, puisqu’elle suppose la dévalorisation de ses ascendants, alors même que les nobles construisaient toujours leurs exploits dans une relation de continuité avec ceux de leurs ancêtres. Une figure paradoxale pouvait-elle servir de principe d’identité et parvenait-elle à produire du consensus ?
Le thème de la paupertas de Scaurus et ses développements
4Le premier témoignage sur l’origine sociale de Scaurus est tiré de l’autobiographie de ce dernier et nous est parvenu de façon indirecte, par l’intermédiaire d’une citation de Valère Maxime :
M. autem Scaurus quantulam a patre hereditatem acciperit, in primo libro eorum, quos De uita sua tres scripsit, refert. Ait enim sibi sex sola mancipia totumque censum quinque atque triginta milium nummum relictum.
- 4 Val. Max., IV, 4, 11.
Quant à M. Scaurus, le modeste montant de l’héritage qu’il a reçu de son père, il l’indique au premier des trois livres qu’il a écrit Sur sa vie. Il dit en effet qu’il ne lui a laissé que six esclaves et une fortune s’élevant à trente-cinq mille sesterces.4
- 5 Cic., Brut., 112. Pour une analyse du contenu et de la finalité du genre autobiographique à Rome, v (...)
- 6 Ce thème apparaît chez Valère Maxime, puisque le lien entre pauvreté (modica fortuna) et virtus est (...)
- 7 Sur l’accusation d’avidité, voir Sall., J., XV, 4.
- 8 Participent de ce phénomène la loi somptuaire qu’il fit voter, ainsi que son attitude intransigeant (...)
- 9 Sur la notion de pauvreté à Rome et sur la différence entre paupertas, qui désigne une pauvreté « s (...)
- 10 Val. Max., IV, 4, 11 : In hac ille pecunia futurus senatus princeps nutritus est spiritus.
5Le récit autobiographique faisait partie des pratiques d’autocélébration de l’aristocratie romaine et l’œuvre de Scaurus n’échappait pas à la règle5. Dès lors, pourquoi évoquer cette anecdote et commencer son récit par l’évocation d’un patrimoine aussi modeste ? Première hypothèse : à la manière de Cicéron, peut-être Scaurus voulait-il insister sur la modestie de ses origines pour mieux mettre en exergue sa propre uirtus, et plus précisément, son activité (industria), à laquelle il devait d’être entré au Sénat et d’avoir gravi les échelons du cursus honorum6. La mention de sa pauvreté risquait toutefois de lui nuire : il exposait son père ou l’un de ses ascendants plus éloignés au reproche d’avoir dilapidé le patrimoine familial et lui-même à celui de s’être enrichi de façon suspecte. Et de fait, Scaurus fut, au cours de sa carrière, accusé de s’être enrichi illégalement, mais sans que l’on sache si cette accusation avait quelque rapport avec la tradition relative à la modestie de son patrimoine avant qu’il n’entre en politique7. Deuxième hypothèse : peut-être Scaurus voulait-il mettre en exergue l’austérité de sa famille. La mise en avant de cette qualité serait cohérente avec d’autres épisodes de la vie de Scaurus, qui semble avoir cherché à se donner l’image d’un noble fidèle au mos maiorum, d’un vieux Romain, figure identitaire fondamentale dans une Rome dont les valeurs traditionnelles semblaient menacées par les effets de la conquête8. C’est en tout cas cette lecture que retint Valère Maxime lorsqu’il intégra cette anecdote dans une liste d’exempla consacrés à la paupertas9. La finalité de ce chapitre est de montrer que la vraie richesse se doit d’être morale et non matérielle, et tout au long de ce développement, Valère Maxime insiste sur le contraste entre la modicité du patrimoine de Romains illustres et la grandeur de leurs actions. Valère Maxime ajoute d’ailleurs, à propos de Scaurus : « Voilà avec quel argent s’est formé un esprit qui allait tenir le premier rang au Sénat. »10 La paupertas est donc relative aux actions accomplies, mais elle l’est aussi à l’époque de Valère Maxime, symbolisant l’ancienne austérité et modération de la classe dirigeante. Cette pauvreté n’est donc nullement le signe d’un déclassement social ou d’une marginalisation politique, mais, considérée indépendamment de toute réflexion sociologique, elle a uniquement une portée morale.
- 11 Le caractère documentaire de l’exemplum de la dot de la fille de l’Africain (Val. Max., IV, 4, 10) (...)
- 12 W. M. Bloomer, Valerius Maximus and the rhetoric of the new nobility, p. 138-146, met ainsi en dout (...)
- 13 Il ressort de De uiris illustribus, LXXII, que Scaurus reçut comme récompense un corniculum. Sur ce (...)
- 14 Sur la documentation relative à son activité judiciaire, voir J.-M. David, Le patronat judiciaire, (...)
6Une seconde difficulté apparaît dans ce passage : la contradiction entre la modicité du patrimoine de Scaurus et le fait qu’il n’en fit pas moins carrière. L’héritage reçu à la mort de son père ne s’élevait qu’à trente-cinq mille sesterces, soit moins d’un dixième du cens équestre. Il convient, au préalable, de nuancer le poids du témoignage de Valère Maxime, dans la mesure où celui-ci, de la même façon que dans l’exemplum consacré à Scipion l’Africain au paragraphe précédent, cherche moins à souligner la pauvreté de ce personnage qu’à donner un indice de l’évolution du mode de vie de l’aristocratie romaine11. Le caractère modeste de l’héritage de Scaurus s’apprécie donc en fonction des normes en vigueur à l’époque de Valère Maxime plutôt qu’à l’aune de celles prévalant à l’époque de Scaurus12. Même s’il faut relativiser la pauvreté de Scaurus, celui-ci n’en a pas moins connu une ascension sociale dont les facteurs restent inconnus. Son ascension peut éventuellement s’expliquer par sa carrière militaire, mais cette hypothèse demeure fragile13. L’on peut aussi estimer qu’en dehors de l’héritage transmis par son père, Scaurus pouvait compter sur d’autres apports financiers : la dot reçue lors de son premier mariage, qui a dû survenir avant qu’il n’entre dans la carrière, a pu améliorer sa situation financière. Enfin, plusieurs sources témoignent de son activité de patron judiciaire, qui dut constituer une source de profit, à tout le moins sous la forme de legs ou de prêts14.
- 15 Voir notamment M. M. Sage, « The Elogia of the Augustan Forum and the De uiris illustribus », p. 19 (...)
7Le thème de la pauvreté de Scaurus fit également l’objet d’un développement dans la biographie que lui consacra l’auteur du recueil du De uiris illustribus. La composition de cette œuvre remonte à la fin de l’Empire, mais son matériau a été en partie puisé dans des recueils biographiques contemporains de la fin de la République et du début du Principat, en particulier celui des uiri illustres composé par Hygin15. Le passage relatif à Scaurus porte donc la marque de cette époque et dérive vraisemblablement d’une tradition plus ancienne encore :
Marcus Aemilius Scaurus nobilis, pauper : nam pater eius quamuis patricius ob paupertatem carbonarium negotium exercuit. Ipse primo dubitauit, honores peteret an argentariam faceret ; sed eloquentiae consultus ex ea gloriam peperit.
- 16 De uir. ill., LXXII, 2.
M. Aemilius Scaurus était un noble réduit à la pauvreté : en effet son père, bien que patricien, avait exercé le métier de marchand de charbon, en raison de sa pauvreté. Lui-même se demanda s’il allait poursuivre une carrière politique ou tenir une banque, mais grâce à son éloquence il accéda à la gloire.16
- 17 Voir R. L. Bates, « Rex in Senatu », p. 252.
- 18 Sur cette incompatibilité, voir J. Andreau, La vie financière dans le monde romain, p. 424-427.
- 19 Voir par exemple A. D’Hautcourt, « Auguste et les banquiers », p. 800-810.
- 20 Voir A. D’Hautcourt, « “Quand je serai grand, je serai banquier” », p. 203-211. Contra R. L. Bates, (...)
- 21 Cic., de Or., II, 280 ; Brut., 113.
8L’on voit généralement dans ce passage la preuve que l’auteur du De uiris illustribus aurait tiré une partie de son matériau de l’autobiographie de Scaurus17. En réalité, la perspective n’est pas la même, puisque la pauvreté de Scaurus est ici considérée dans sa dimension sociale et non plus morale : il n’est pas question du patrimoine de Scaurus, mais il est précisé que sa pauvreté et celle de son père les obligèrent à se tourner vers une activité économique. Or ces activités, qu’il s’agisse du métier de marchand de charbon ou de celui de banquier, apparaissent comme absolument incompatibles avec l’honorabilité requise pour être un homme politique. La formulation est d’ailleurs dépourvue d’ambiguïtés : le choix d’une carrière d’argentarius excluait toute perspective de carrière politique pour Scaurus18. C’est la raison pour laquelle Scaurus se serait tourné vers l’éloquence, la meilleure des voies pour faire carrière. En réalité il n’est pas du tout assuré que Scaurus se soit destiné à l’activité d’argentarius et que son père ait été négociant de charbon. Le procédé consistant à prêter à quelqu’un ou à l’un de ses ascendants un métier incompatible avec son statut social était un lieu commun de l’invective19 et c’est probablement d’un discours hostile à Scaurus que dérive cette tradition20. Celle-ci a pu trouver son origine dans le discours que P. Rutilius Rufus tint contre lui lorsqu’il l’accusa de ambitu en 116 après que Scaurus l’eut battu au consulat21. Plus précisément, ce type d’insinuation malveillante avait toute chance de trouver sa place dans l’un des passages obligés de ce genre de discours, la contentio dignitatis, dans le cadre de laquelle l’accusateur revenait sur les titres de chacun au consulat et notamment sur la naissance des deux parties. Selon une autre hypothèse, le thème peut être issu d’un discours prononcé dans le cadre d’un procès pour brigue contre le fils de Scaurus, le préteur de 56. Quoi qu’il en soit, cette mention dégradante donnait de Scaurus une image totalement opposée à celle véhiculée dans le recueil de Valère Maxime : à la représentation d’un homme à la pauvreté vertueuse s’oppose celle d’un parvenu prêt à tout pour s’enrichir.
Scaurus, figure paradoxale de l’homo nouus
- 22 T. P. Wiseman, New men in the Roman Senate, p. 107-110.
- 23 Sur les liens entre M. Aemilius Scaurus et les Tullii Cicerones, voir C. Nicolet, « Arpinum, Aemili (...)
9À la fin de la République, Cicéron est à l’origine d’une nouvelle tradition, qui ne porte pas sur le patrimoine de Scaurus mais sur son ascendance et donc sa place à l’intérieur de la nobilitas et du patriciat. C’est chez cet auteur qu’apparaît l’idée selon laquelle Scaurus aurait eu une trajectoire comparable à celle d’un homme nouveau, devant son ascension à sa uirtus et non à un capital social et symbolique transmis par son père. Comme le souligne Timothy P. Wiseman, Cicéron, étant un homme nouveau et ne pouvant ainsi évoquer les mérites de ses ancêtres, s’est inventé une parenté symbolique et a choisi parmi les grands hommes de l’histoire de Rome des précédents prestigieux à son action22. L’orateur était d’autant plus fondé à se réclamer de Scaurus que les Tullii Cicerones étaient liés aux Aemilii Scauri, qui entretenaient avec les principales familles du municipe d’Arpinum une relation de patrons à clients23.
10Un passage du Pro Murena est révélateur de l’image d’homme nouveau que l’orateur tenta de projeter sur Scaurus :
Nec mihi umquam minus in Q. Pompeio, nouo homine et fortissimo uiro, uirtutis esse uisum est quam in homine nobilissimo, M. Aemilio. Etenim eiusdem animi atque ingeni est posteris suis, quod Pompeius fecit, amplitudinem nominis quam non acceperit tradere, et ut Scaurus memoriam prope intermortuam generis sui uirtute renouare.
- 24 Cic., Mur., 16.
Jamais je n’ai reconnu à Q. Pompeius, homme nouveau et homme de cœur, une moindre valeur qu’à un personnage de la plus haute noblesse comme M. Aemilius. Car il faut autant de valeur, de morale et de talent pour transmettre à ses descendants, comme l’a fait Q. Pompeius, une illustration qu’on ne tient de personne que pour renouveler, par son mérite, comme l’a fait Scaurus, le renom presque éteint de sa famille.24
11Le patricien Scaurus est comparé à un homme nouveau, Q. Pompeius, pour cette raison qu’il lui fut nécessaire de se refaire un nom, sa famille étant tombée dans l’oubli à force d’être restée à l’écart des magistratures. L’on sait en effet que la famille de Scaurus n’avait pas accédé au consulat depuis quatre générations, depuis le consulat de M. Aemilius Barbula, en 230 avant Jésus-Christ. Scaurus se voit ainsi conférer l’image d’un rénovateur de noblesse, qui rendrait sa situation équivalente à celle d’un créateur de noblesse, c’est-à-dire d’un homme nouveau. Toutefois, Cicéron ne dénie pas à Scaurus sa qualité de noble, qu’il possède de façon éminente, puisqu’il est patricien, et le qualifie de nobilissimus. Cette ambiguïté dissimule une mutation axiologique : à une définition de la noblesse fondée sur la naissance, Cicéron substitue une conception fondée sur la uirtus. L’orateur utilise cet exemplum dans le cadre d’un procès pour brigue qui oppose son client Muréna au rival malheureux de ce dernier au consulat de l’année 62 avant Jésus-Christ, le patricien Ser. Sulpicius Rufus. Celui-ci, lors de la contentio dignitatis, avait stigmatisé la relative modestie de l’origine sociale de Muréna. Cicéron lui oppose ainsi l’exemple d’un patricien qui aurait tiré sa gloire de sa capacité à s’élever dans la hiérarchie sociale. L’exemplum est opportun, car le profil sociologique de Sulpicius était comparable à celui des Scaurus, dans la mesure où il appartenait à une famille qui était longtemps restée à l’écart des magistratures (ibid.). La référence à Scaurus était donc polémique : elle révélait qu’un noble, et de surcroît un patricien, pouvait déchoir et que celui qui parvenait à enrayer ce déclin devait y trouver un motif de gloire. Mais l’allusion à Scaurus pouvait aussi faire consensus : Sulpicius Rufus était appelé à s’identifier à cette figure politique majeure, qu’il pouvait encore espérer égaler, puisque Scaurus avait, tout comme lui, pris du retard dans sa carrière avant d’accéder au consulat. D’ailleurs, plus loin dans le discours (36), Cicéron rappelle que Scaurus avait d’abord été battu au consulat, de surcroît par moins brillant que lui.
- 25 Cic., Scaur. (rapporté par Asconius, 22 C).
12La référence à Scaurus n’était pas seulement utilisée dans ce contexte de conflit avec un adversaire patricien. Huit ans plus tard, dans le Pro Scauro, un plaidoyer prononcé en faveur du fils de Scaurus dans le cadre d’un procès de repetundis, Cicéron rappelle le rôle d’inspirateur qu’aurait joué le père de son client25. Le commentaire qu’Asconius juge nécessaire d’apporter à ce passage révèle le caractère paradoxal de la référence à Scaurus :
Possit aliquis quaerere cur hoc dixerit Cicero, cum Scaurus patricius fuerit : quae generis claritas etiam inertes homines ad summos honores prouexit. Verum Scaurus ita fuit patricius, ut tribus supra eum aetatibus iacuerit domus eius fortuna. Nam neque pater neque auus neque etiam proauus (ut puto, propter tenues opes et nullam uitae industriam) honores adepti sunt : itaque Scauro aeque ac nouo laborandum fuit.
- 26 Ascon., 23 C.
On pourrait se demander pourquoi Cicéron parle ainsi, puisque Scaurus était patricien ; cette illustration de la race a toujours porté même des hommes sans activité aux plus hautes charges. Mais Scaurus était patricien, certes, mais depuis trois générations avant lui sa maison était complètement ruinée. Car ni son père, ni son grand-père, ni son arrière-grand-père – en raison, je pense, de leur peu de fortune et de leur manque d’activité – n’accédèrent aux honneurs. Aussi Scaurus dut-il faire les mêmes efforts qu’un homme nouveau.26
13Asconius explicite le sens de la comparaison entre Cicéron et Scaurus, dont le caractère paradoxal ne serait qu’apparent, et essaie d’expliquer pourquoi un homme nouveau pouvait s’identifier à un patricien. En raison de l’industria qu’il dut mobiliser, parce que ses ascendants s’étaient tenus éloignés des honneurs pendant trois générations, Scaurus eut une carrière comparable à celle d’un homme nouveau. Cicéron put y trouver quelque motif d’espoir, en voyant que le consulat était accessible à un homme sans naissance.
- 27 Sall., J., XV, 4 : homo nobilis, impiger, factiosus, auidus potentiae honoris diuitiarum, ceterum u (...)
- 28 Le fait est d’autant plus significatif que Salluste souligne encore sa nobilitas à deux reprises : (...)
- 29 Voir ibid., p. 48-59.
- 30 Sall., J., LXXXV, 4.
14La comparaison de la tradition cicéronienne avec celle de Salluste est éloquente. Ce dernier, également un homme nouveau, loin d’annexer l’exemplum de Scaurus, le rejette et fait de ce dernier l’archétype du nobilis. Il en propose un portrait largement défavorable, y voyant un « personnage de naissance noble, laborieux, intrigant, avide de pouvoir, d’honneur, de richesses, du reste habile à cacher ses vices »27, mais ne dit rien de ses difficultés financières ni de l’éclipse politique de sa famille. Pour Salluste, Scaurus se définit donc d’abord comme un noble, précision sociologique d’autant plus remarquable que cet historien n’y recourt pas souvent28. Le terme a également une signification politique dévalorisante, renvoyant à la faction des nobles que Salluste accusait de monopoliser le pouvoir, ainsi que le rappelle le terme de factiosus, qui était associé à la nobilitas entendue comme groupe politique29. En revanche, il souligne ses qualités de travailleur (inpiger), ce qui peut faire allusion à son industria. Pour Salluste, le modèle de l’homme nouveau, c’est Marius, Scaurus étant rejeté du côté de ce qu’il appelle la « vieille noblesse »30.
15Deux traditions apparaissent ainsi sur le rapport de Scaurus à la noblesse. Cicéron en fait une figure identitaire pour un homme nouveau, celle d’un rénovateur de noblesse, tandis que Salluste en fait un représentant de la clique des pauci, de ces nobles qui accaparent le pouvoir. Cette divergence révèle que la figure de Scaurus que Cicéron tenta d’imposer ne faisait pas consensus, à la différence d’autres exempla mettant en scène les grands hommes de la République romaine. Scaurus était un acteur politique d’un passé trop récent, d’une époque marquée par l’intensification de la compétition aristocratique et la rupture de la concorde à l’intérieur de la classe dirigeante. Il apparaissait donc comme un enjeu de lutte que chacun essayait d’utiliser en l’intégrant à son système de représentation. La figure identitaire est ici réductible à ses usages rhétoriques.
- 31 Plut., M., 318 C.
16Dans les sources plus tardives, le point de vue de Cicéron apparaît comme la doxa. L’image paradoxale du patricien comparable à un homme nouveau se simplifie jusqu’au contresens comme en témoigne un passage de Plutarque, qui en fait un homme nouveau31.
Les relations entre les traditions relatives à Scaurus
- 32 Voir Klebs, « M. Aemilius Scaurus », col. 584 ; G. Bloch, « M. Aemilius Scaurus », p. 3-13 ; R. L. (...)
17La figure de Scaurus dans l’historiographie moderne32 est le produit de deux traditions distinctes : l’une, la plus ancienne, porte sur la modestie de son patrimoine, l’autre sur la marginalisation politique de sa famille. La première faisait elle-même l’objet d’interprétations divergentes, puisque la pauvreté de Scaurus pouvait être présentée alternativement comme un élément constitutif de sa uirtus ou comme le signe d’un déclassement social incompatible avec une carrière politique. La seconde semble avoir été forgée par Cicéron mais ne fut pas reprise par Salluste.
- 33 Cic., Par., VI, 50.
- 34 Cic., Brut., 112.
- 35 Contra R. G. Lewis, « Scope for Scaurus », p. 348.
- 36 Sur ce sens d’opes, distinct de diuitiae, voir J. Hellegouarc’h, Le vocabulaire latin des relations (...)
- 37 T. R. S. Broughton, The magistrates of the Roman Republic, p. 359.
18Est-il pertinent de faire converger ces deux traditions ? Dans les passages où il s’intéresse au milieu familial de Scaurus, Cicéron passe sous silence tout ce qui pouvait se rapporter à la situation financière des Aemilii Scauri. Il ne mentionne pas non plus Scaurus lorsqu’il cite des hommes politiques pauvres au livre VI des Paradoxes des stoïciens33. S’il loue l’industria de Scaurus, cela n’implique pas nécessairement le dénuement de ce dernier, mais seulement l’éclipse politique de sa famille. Cicéron connaissait pourtant l’autobiographie de Scaurus, à laquelle il fit référence dans le Brutus34. Quant à Asconius, il évoque certes le fait que le déclassement des Aemilii Scauri était peut-être lié à des difficultés financières, mais il ne s’agit que d’une hypothèse, au même titre que le manque d’industria supposé des ascendants de Scaurus (ut puto)35. Il propose donc des interprétations topiques, qui n’impliquent nullement le recours à l’autobiographie de Scaurus et une connaissance de sa situation matérielle. Par ailleurs, les tenues opes auxquelles le scoliaste fait référence peuvent désigner les ressources clientélaires de Scaurus plutôt que son patrimoine36. En revanche Asconius a utilisé les fastes consulaires et connaissait précisément la généalogie de Scaurus, ce qui justifie son développement sur le manque d’industria des ancêtres de Scaurus. Cette dernière hypothèse n’en reste pas moins un lieu commun que le peu que l’on connaît des ancêtres de Scaurus invite à nuancer. L’on sait en effet qu’un Lucius Aemilius Scaurus, peut-être son grand-père, fut légat en 190 et son incapacité à accéder aux magistratures supérieures s’explique peut-être par une mort précoce37. Salluste, qui n’a pas repris le thème cicéronien de la nouitas de Scaurus, n’a pas davantage exploité celui de sa pauvreté, ce qui est remarquable puisqu’il aurait pu l’utiliser pour ternir la réputation de Scaurus et étayer l’accusation selon laquelle il se serait enrichi illégalement.
- 38 ILS, 9338, 4 (= CIL, VI, 32318).
- 39 Cic., Sest., 101.
- 40 Ascon., 27 C.
- 41 Val. Max., VIII, 1, 10.
- 42 Cic., Scaur., I, 1 (a) : retinueret […] generis, familiae, nominis dignitatem (rapporté par Augusti (...)
- 43 Cic., Scaur., I, 1 (b) : commemoratione maiorum (rapporté par Grillius, XX, p. 603, 28 H).
- 44 Cic., Scaur., III, 13 ; 17.
19Quant à Scaurus, s’est-il appesanti dans son autobiographie sur l’éclipse politique de sa famille et a-t-il ainsi préparé la comparaison de son parcours avec celui d’un homme nouveau ? Le faible nombre de fragments qui nous est parvenu ne permet pas de trancher, mais il nous semble que Scaurus se garda bien de se donner l’image d’un homme nouveau. Plusieurs éléments témoignent d’un attachement à son identité nobiliaire et, partant, à son identité patricienne : tout d’abord le fait que Scaurus, dès le début de sa carrière, ait intégré un collège augural, fief de la noblesse où les patriciens étaient surreprésentés38 ; ensuite, son mariage en secondes noces avec une Caecilia Metella39. En épousant une femme issue d’une des plus puissantes familles de la nobilitas, Scaurus donnait à ses descendants une ascendance maternelle susceptible de compenser l’obscurité de leur ascendance paternelle. C’est ainsi que dans le Pro Scauro, Cicéron peut faire référence au prestige du grand-père de son client, sans préciser qu’il s’agit de son grand-père maternel40. Scaurus eut donc recours à un mariage qui ennoblissait sa famille et masquait les difficultés passagères que celle-ci avait connues. À l’ancienneté de sa noblesse, garantie par sa naissance patricienne, il ajoutait l’illustration de celle des Caecilii Metelli. L’éclipse provisoire de la famille s’en trouvait ainsi dissimulée. Enfin, la façon dont Scaurus et son fils sont désignés dans les sources reflète peut-être l’attachement du consul de 115 à l’ancienneté de sa famille, que son statut de patricien suffisait à garantir. En effet, Valère Maxime, qui connaissait indirectement l’autobiographie de Scaurus, parle de la uetustissima nobilitas de ce dernier41. Cicéron, lors du procès de repetundis de 54, dit que le seul souhait de son client était de « de conserver […] l’éclat de sa race, de sa maison et de son nom »42. Asconius évoque la « noblesse de sa race » et rapporte que Cicéron eut précisément pour stratégie oratoire de rappeler le « souvenir de ses ancêtres »43 pour faire oublier le caractère déshonorant de l’accusation. Plus loin il oppose la famille (familia), la race (genus) et le nom de son client à ceux des témoins44. Toutes ces références à l’ancienneté et au prestige de la noblesse des Aemilii Scauri trouvent peut-être leur origine dans des discours ou des pratiques d’autocélébration émanant du prince du Sénat ou de son fils. Rien de comparable en tout cas à la quasi-nouitas exaltée par Cicéron.
20La figure de Scaurus élaborée par l’historiographie moderne amalgame différentes traditions qui ne se recoupent pas. Deux thèmes principaux, qui semblaient composer l’image d’un patricien déchu, doivent en réalité être distingués, celui de la pauvreté de Scaurus et celui de sa nouitas paradoxale. Ces deux thèmes ne renvoient pas davantage à des traditions homogènes. En définitive, Scaurus apparaît comme un être polymorphe, figure de vieux Romain et de parvenu, d’homme nouveau et de noble factieux. Cette pluralité de représentations renvoie à la diversité de sources dont les enjeux et les logiques diffèrent. Elle s’inscrit surtout dans le contexte de compétition politique propre à la fin de la République. Scaurus ne pouvait alors devenir une figure identitaire susceptible de produire du consensus. Apparurent donc des figures de Scaurus, qui fonctionnèrent comme des marqueurs d’identités sociales et politiques.
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Bibliographie
Bibliographie
Andreau Jean, La vie financière dans le monde romain. Les métiers de manieurs d’argent (ive siècle avant J.-C. - iiie siècle après J.-C.), Rome, École française de Rome, 1987.
Badel Christophe, La noblesse de l’Empire romain. Les masques et la vertu, Seyssel, Champ-Vallon, 2005.
Bates Richard L., « Rex in senatu. A political biography of M. Aemilius Scaurus », PAPhS, n° 130, 1986, p. 251-288.
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Notes
1 L’expression se trouve chez G. Bloch, « M. Aemilius Scaurus », p. 4.
2 Ascon., 23 C. : […] quae generis claritas etiam inertes homines ad summos honores prouexit.
3 Voir ainsi M. Chassignet, « La naissance de l’autobiographie à Rome », p. 73.
4 Val. Max., IV, 4, 11.
5 Cic., Brut., 112. Pour une analyse du contenu et de la finalité du genre autobiographique à Rome, voir M. Chassignet, « La naissance de l’autobiographie à Rome », p. 65-78.
6 Ce thème apparaît chez Valère Maxime, puisque le lien entre pauvreté (modica fortuna) et virtus est affirmé en guise de conclusion au développement sur la pauvreté ; Val. Max., IV, 4, 11 : […] ita fidis uberibus Publicolas, Aemilios, Fabricios, Curios, Scipiones, Scauros, hisque paria robora uirtutis aluit, « […] avec constance, elle [la modicité d’une fortune] a été la mamelle où les Publicola, les Aemilii, les Fabricii, les Curii, les Scipions, les Scauri, et tous les héros qui les valaient, ont trouvé leur aliment ». S’impose ainsi l’image paradoxale selon laquelle l’absence de patrimoine sert de viatique à ces personnages.
7 Sur l’accusation d’avidité, voir Sall., J., XV, 4.
8 Participent de ce phénomène la loi somptuaire qu’il fit voter, ainsi que son attitude intransigeante à l’égard de son fils aîné, conduisant ce dernier au suicide pour laver le déshonneur d’avoir quitté le champ de bataille. Enfin, Scaurus avait été désigné prince du Sénat par les censeurs de l’année 115, qui devaient juger son comportement conforme au mos maiorum. Sur les sources relatives à ces événements, voir Klebs, « M. Aemilius Scaurus », col. 584-585.
9 Sur la notion de pauvreté à Rome et sur la différence entre paupertas, qui désigne une pauvreté « socialement présentable », et egestas, qui renvoie à « une conception péjorative de la pauvreté », voir P. Cordier, Nudités romaines, p. 120-123.
10 Val. Max., IV, 4, 11 : In hac ille pecunia futurus senatus princeps nutritus est spiritus.
11 Le caractère documentaire de l’exemplum de la dot de la fille de l’Africain (Val. Max., IV, 4, 10) est explicitement affirmé : Dotis modus XL milia aeris fuit. Quo non solum humanitas patrum conscriptorum sed etiam habitus ueterum patrimoniorum cognosci potest, « La dot s’est élevée à quarante mille as. Ce qui permet de bien voir ce qu’était la bienveillance des sénateurs, mais aussi le niveau des patrimoines d’autrefois ».
12 W. M. Bloomer, Valerius Maximus and the rhetoric of the new nobility, p. 138-146, met ainsi en doute la thèse selon laquelle l’autobiographie de Scaurus aurait pu servir de source à Valère Maxime.
13 Il ressort de De uiris illustribus, LXXII, que Scaurus reçut comme récompense un corniculum. Sur cette récompense, voir V. A. Maxfield, The military decorations of the Roman army, p. 97-99, qui juge possible le lien entre cette décoration avec le poste de cornicularius, qui serait le soldat ayant reçu une telle récompense. Deux autres exemples sont attestés à l’époque républicaine. L’un concerne des equites, ainsi récompensés par Papirius Cursor en 293 (Liv., XLIV, 44-45), l’autre s’applique au grammairien L. Orbilius Pupillus, qui aurait reçu cette récompense pour ses services en Macédoine (Suet., Gram., 9). Ce dernier était un ancien appariteur et il ne servit dans la cavalerie, sans que l’on sache s’il reçut alors le cheval public, qu’après avoir reçu le corniculum. Le rapprochement avec le cas d’Orbilius laisserait supposer que Scaurus n’intégra l’ordre équestre qu’au cours de son service, comme le suggère C. Nicolet, L’ordre équestre, p. 965-966. Ce dernier point est compatible avec le nouvel examen du dossier proposé par J. Linderski, « Orbilius, Scaurus, and the award of corniculum », p. 184-215. Selon cet auteur, Orbilius et Scaurus ne reçurent pas le corniculum mais servirent en qualité de cornicularii, une fonction qui, précisément, se distingue du service équestre.
14 Sur la documentation relative à son activité judiciaire, voir J.-M. David, Le patronat judiciaire, p. 682-684.
15 Voir notamment M. M. Sage, « The Elogia of the Augustan Forum and the De uiris illustribus », p. 192-210.
16 De uir. ill., LXXII, 2.
17 Voir R. L. Bates, « Rex in Senatu », p. 252.
18 Sur cette incompatibilité, voir J. Andreau, La vie financière dans le monde romain, p. 424-427.
19 Voir par exemple A. D’Hautcourt, « Auguste et les banquiers », p. 800-810.
20 Voir A. D’Hautcourt, « “Quand je serai grand, je serai banquier” », p. 203-211. Contra R. L. Bates, « Rex in senatu », p. 252.
21 Cic., de Or., II, 280 ; Brut., 113.
22 T. P. Wiseman, New men in the Roman Senate, p. 107-110.
23 Sur les liens entre M. Aemilius Scaurus et les Tullii Cicerones, voir C. Nicolet, « Arpinum, Aemilius Scaurus et les Tullii Cicerones », p. 276-304.
24 Cic., Mur., 16.
25 Cic., Scaur. (rapporté par Asconius, 22 C).
26 Ascon., 23 C.
27 Sall., J., XV, 4 : homo nobilis, impiger, factiosus, auidus potentiae honoris diuitiarum, ceterum uitia sua callide occultans.
28 Le fait est d’autant plus significatif que Salluste souligne encore sa nobilitas à deux reprises : voir Sall., J., XXV, 4 ; 28, 4. Pour une étude du lexique de la nobilitas chez Salluste, voir U. Paananen, Sallust’s politico-social terminology, p. 44-89.
29 Voir ibid., p. 48-59.
30 Sall., J., LXXXV, 4.
31 Plut., M., 318 C.
32 Voir Klebs, « M. Aemilius Scaurus », col. 584 ; G. Bloch, « M. Aemilius Scaurus », p. 3-13 ; R. L. Bates, « Rex in Senatu », p. 252.
33 Cic., Par., VI, 50.
34 Cic., Brut., 112.
35 Contra R. G. Lewis, « Scope for Scaurus », p. 348.
36 Sur ce sens d’opes, distinct de diuitiae, voir J. Hellegouarc’h, Le vocabulaire latin des relations et des partis politiques, p. 237-238. De la même façon, lorsque Asconius (27 C) précise que les ascendants de Scaurus étaient humiles et obscuri, il ne fait pas nécessairement référence à leur manque de patrimoine, mais à leur absence dans les fastes. Ces deux termes étaient utilisés pour qualifier des hommes nouveaux, par opposition aux nobles.
37 T. R. S. Broughton, The magistrates of the Roman Republic, p. 359.
38 ILS, 9338, 4 (= CIL, VI, 32318).
39 Cic., Sest., 101.
40 Ascon., 27 C.
41 Val. Max., VIII, 1, 10.
42 Cic., Scaur., I, 1 (a) : retinueret […] generis, familiae, nominis dignitatem (rapporté par Augustinus, Rhet., XX, p. 150, 15 ; Arus., VII, p. 508, GK).
43 Cic., Scaur., I, 1 (b) : commemoratione maiorum (rapporté par Grillius, XX, p. 603, 28 H).
44 Cic., Scaur., III, 13 ; 17.
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