§ 13. Estimations des quantités de bois sur pied existant dans les diverses parties d’une forêt
p. 163-165
Texte intégral
1Dans tous les cas, la création d’un plan méthodique d’aménagement exige que l’on connaisse en premier lieu la quantité de bois existant sur pied dans les diverses parties de la forêt, et en second lieu, la loi suivant laquelle ce bois doit s’accroître d’année en année. Cette loi se déduit, ainsi qu’on l’a déjà dit, d’observations faites dans la localité même ou dans des conditions analogues ; l’évaluation de la quantité de bois sur pied ne peut résulter que d’une estimation directe, qui se fait diversement selon le degré de précision qu’il est nécessaire d’y apporter. La méthode la plus expéditive consiste à diviser la forêt par cantons dans chacun desquels le peuplement est à peu près uniforme ; à mesurer la surface de chacun d’eux et à comparer à vue d’œil chaque canton à certains types gradués pour lesquels la quantité de bois contenue par hectare a été constatée : les personnes exercées à ce genre d’évaluation y atteignent un grand degré d’approximation, surtout lorsqu’il s’agit de taillis pour lesquels la quantité de bois contenue par hectare est toujours moins grande et surtout moins variable que pour les futaies. Lorsqu’il faut apporter à l’estimation une grande exactitude, on procède à l’évaluation de chaque arbre en particulier. Ce travail n’est pas seulement le point de départ de l’aménagement méthodique des plus beaux massifs boisés ; c’est aussi le plus sûr moyen d’y introduire la précision dans l’art forestier, en déterminant avec rigueur les lois si intéressantes, si complexes de la croissance des bois. Le cubage direct de la quantité de bois contenue dans le tronc et les branches de chacun des arbres d’une grande forêt serait une opération impraticable : on s’est appliqué à la simplifier tout en lui conservant l’exactitude convenable par des moyens ingénieux et dont nous allons indiquer les principes.
2Les branches sont une fraction quelquefois négligeable, ordinairement peu importante du produit des forêts : on se borne à observer une fois pour toutes le rapport qui existe entre le volume des branches et le volume du tronc dans un certain nombre de conditions types, puis on se borne à mentionner dans le cours des observations mentionnées ci-après, le type auquel se rattache sous ce rapport chaque division naturelle de la forêt. Il ne reste plus alors qu’à s’occuper du cubage des troncs. Chacun de ceux-ci est un solide de forme irrégulière se rapprochant plus du cône droit à base circulaire que de tout autre solide géométrique et il arrive parfois que le volume réel d’un tronc, est sensiblement le même que celui d’un cône qui aurait même diamètre à la base et même hauteur ; plus ordinairement le volume réel de l’arbre est beaucoup plus considérable : mais pour une même futaie où les arbres ont crû à peu près dans les mêmes conditions, le rapport entre le volume réel de l’arbre et celui d’un cône de même base et de même hauteur est à peu près constant ; d’où il suit que ce rapport étant une fois déterminé par expérience, on pourra cuber un tronc quelque irrégulière que soit sa forme par l’observation seule du diamètre à la base et de la hauteur. Ce n’est pas tout, l’observation indique que dans une même futaie les arbres de même essence et de même diamètre à la base ont des hauteurs sensiblement égales, ces hauteurs pourront donc être observées une fois pour toutes, pour chaque essence et pour chaque catégorie de grosseurs : ainsi au moyen de ces observations préliminaires le cubage du bois contenu dans une futaie pourra se ramener à constater le diamètre à la base et l’essence de chaque arbre. L’estimation est donc ramenée à un simple dénombrement dans lequel on observe le diamètre de chaque pied. On rend enfin l’observation du diamètre aussi simple que possible, en mesurant celui-ci non point à la base de l’arbre, mais à hauteur de bras, soit à 1m20 au-dessus du sol. La précision du cubage est absolument indépendante en effet du niveau où le diamètre est observé pourvu que ce niveau soit constant et que le coefficient à l’aide duquel on doit passer du volume conique au volume réel, soit déterminé en conséquence. Pour faire cette détermination, on abattra un certain nombre d’arbres offrant des conditions moyennes, et l’on cubera exactement le volume des troncs gisant sur le sol et on en fera le total ; on calculera d’autre part le volume total d’un pareil nombre de cônes ayant la même hauteur qu’avaient les troncs sur pied et le même diamètre que ceux-ci à 1m20 au-dessus du sol ; la division du premier nombre par le second donnera le coefficient cherché. En multipliant ces déterminations de coefficients pour les diverses conditions qui peuvent résulter dans une forêt peu homogène de la diversité des sols, des essences, et des âges, il est clair qu’on augmente à volonté l’exactitude de l’évaluation.
3En résumé, l’estimation exacte de la quantité de bois sur pied contenue dans une forêt comprend une observation faite sur le terrain et un calcul fait dans le cabinet. La première se résume en un tableau indiquant pour chacune des essences existant dans la forêt, le nombre de pieds d’arbres compris dans chacun des termes d’une série de diamètres croissant par exemple de 5 en 5 centimètres. Le calcul aidé par des tables dressées à cet effet, donne d’abord le volume conique correspondant à chaque diamètre ; puis à l’aide de coefficients convenables, le volume réel du tronc et des branches. De ces résultats, on conclut aisément, si le besoin s’en fait sentir, le poids du ligneux.
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