Avant-propos

1Cet ouvrage est le résultat de deux années d’un séminaire qui s’est tenu à l’ENS Fontenay/Saint-Cloud autour des questions de la vue et du regard au Moyen Âge et à la Renaissance et qui a réuni élèves et anciens élèves de l’École, ainsi que des collègues extérieurs, spécialistes de ces époques.

2Le projet est parti du désir d’approfondir les notions de vue et de regard au carrefour de l’optique, de la théologie, de l’esthétique, de la morale et de la rhétorique, et de mesurer leur évolution depuis les premières œuvres en langue vernaculaire jusqu’au seuil de l’âge classique. La volonté d’embrasser plusieurs siècles – au cours desquels la conception de la littérature, la perception du monde et les outils intellectuels et techniques de la connaissance se modifient – à partir de problématiques communes a accru la difficulté du projet. Elle l’a aussi enrichi car il nous a fallu mesurer les permanences et les ruptures, être attentifs aux écarts et aux reformulations. À travers ces thèmes, un dialogue s’est ainsi instauré entre les époques, entre ceux qui les étudient, entre l’écrit et d’autres représentations.

3Le plan que nous adoptons reflète cet échange : cinq sections s’organisent chacune autour d’une perspective et regroupent des études sur le Moyen Âge et la Renaissance ; une brève introduction justifie le rapprochement et une anthologie de textes annexes amorce un dossier de travail.

4Par ailleurs, nous avons décidé de centrer la publication sur le texte. Aussi avons-nous laissé de côté l’étude de l’iconographie ou l’analyse d’œuvres picturales auxquelles quelques exposés avaient été consacrés. Nous nous sommes attachés aux images que la lettre produit – effets rhétoriques ou visibilité de l’écrit – et aux mises en scènes du regard dans la fiction poétique et narrative.

5Les articles s’efforcent de remplir ce programme sans rien perdre de leur diversité de tons et d’orientations théoriques.

6Nous voudrions enfin saluer le travail qui a été accompli par tous les participants, leur enthousiasme et leur dynamisme qui nous ont permis d’offrir ici le résultat d’un véritable travail d’équipe.

7Nos remerciements les plus chaleureux s’adressent à J.C. Monferran qui a relu avec la plus grande attention tous les articles et nous a souvent donné, aux uns et aux autres, des conseils précieux.