Conclusion

1S’il n’y a pas de discours général sur les femmes chez Malebranche, on a découvert l’importance accordée à l’analyse du féminin pour résoudre les questions les plus délicates de son système. On peut surtout constater que l’étude du féminin est toujours liée à celle de la science. Il s’agit d’un paramètre essentiel afin de comprendre comment mener une recherche de la vérité fructueuse : non seulement parce que cette étude rencontre la question des facultés mobilisées par la science, mais parce qu’elle explore le rôle du corps dans cette quête. L’abandon des principes épigénétiques cartésiens a notamment des conséquences profondes sur toute la physiologie malebranchiste et sur sa description des femmes. Car le préformisme lui permet de reconstruire entièrement le corps, même s’il en garde le principe cartésien essentiel, la circulation sanguine. Le féminin est donc au cœur à la fois de l’anthropologie et de la théologie qui s’allient toujours, chez l’auteur, pour expliquer les moyens de rechercher la vérité, où l’instinctif et l’héréditaire jouent un rôle essentiel, pour le meilleur et pour le pire.

2La femme de Malebranche est avant tout une mère, et c’est ce rôle qui lui confère sa place centrale dans ses analyses. C’est donc une caractéristique sexuée (la capacité de la femme à porter des enfants) qui fonde l’étude différenciée et, nous l’avons vu, polymorphe, du féminin. Une étude psychophysiologique rigoureuse révèle cependant que le comportement féminin n’est pas l’apanage des femmes. L’efféminement est un danger, pas simplement moral mais proprement intellectuel. On trouve ici le thème d’une science efféminée que proposera aussi Poulain, mais en un autre sens. Selon Malebranche, une telle science eût été parfaite sans le péché ; elle est absolument condamnable à cause de lui. Issues d’esprits efféminés, certaines sciences sont mauvaises c’est-à-dire molles, tandis que d’autres sont bonnes car abstraites. Nous pourrions les appeler sciences dures.