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Mariana. L’évêché et les édifices de culte du Ve au XVIe siècle

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Daniel Istria

La basilique intra-muros

Bénédicte Bertholon-Palazzo, Anne-Gaëlle Corbara, Sophie Delbarre-Bärtschi, Delphine Dixneuf, Anne Flammin, Joël Françoise, Daniel Istria et Amina-Aïcha Malek

Texte intégral

1Plus de 50 ans après le début des premières fouilles, la basilique paléochrétienne intra-muros, que l’on peut en raison de ses dimensions et de sa position à proximité immédiate de la cathédrale médiévale interpréter comme l’ecclesia episcopalis, pose encore un certain nombre de problèmes majeurs dont l’intérêt dépasse indubitablement le cadre strict du site et même de la Corse.

2La question de la datation est certainement la principale, du moins c’est bien celle qui a suscité les plus vives discussions depuis sa découverte au début des années 1960.

  • 1 Moracchini-Mazel 1967b, p. 64.
  • 2 Pergola 1984a ; Pergola 1984b ; Pergola 2004.
  • 3 Lavagne 1981.
  • 4 Duval 1982, p. 235-239.
  • 5 Duval 1995, p. 308-365.

3G. Moracchini-Mazel, qui mit au jour ces vestiges, datait la construction de la fin du IVe siècle1. Cette proposition a été rapidement contestée, notamment par Ph. Pergola qui a été l’un des premiers à émettre de sérieuses réserves quant aux méthodes d’investigation mises en œuvre et aux interprétations. Il pense, sur la base de l’analyse stylistique des mosaïques, des évidences historiques (arrivée des évêques africains exilés par Hunéric en 484) puis de l’étude des céramiques, que l’édifice ne peut être antérieur à la fin du Ve voire au VIe siècle2. Pour répondre aux attaques formulées contre ses travaux, G. Moracchini-Mazel sollicite l’expertise de H. Lavagne dont la mission était essentiellement de donner un avis sur la chronologie du complexe à partir de l’étude des mosaïques qu’il attribue au début du Ve siècle3. La publication qui en découle est elle aussi critiquée avec vigueur par N. Duval dans un article, bref et incisif, publié en 19824. Selon l’auteur, les propositions de G. Moracchini-Mazel, Ph. Pergola et H. Lavagne reposent sur des comparaisons qui ne sont pas toujours très pertinentes alors que les datations s’appuient le plus souvent sur des exemples eux-mêmes mal datés. Ses remarques seront reprises dans le premier volume de l’atlas des Premiers monuments chrétiens de la France qui fait un état de la question objectif et dépassionné dans lequel il adopte un point de vue moins tranché que ses prédécesseurs et ne retient prudemment qu’une fourchette très large : Ve-VIe siècle5.

4Toutes les propositions faites jusqu’ici reposent donc sur des « évidences historiques », sur le caractère de l’architecture ainsi que sur le style des mosaïques. Autant d’arguments discutables qui ne permettent que des approximations chronologiques et dont on ne peut certainement plus se satisfaire aujourd’hui.

5Au-delà de cette question récurrente de la chronologie, on s’interroge aussi et encore sur le plan originel de cet édifice, sur ses transformations, incontestablement multiples, ainsi que sur ses aménagements liturgiques qui n’ont été appréhendés que très partiellement et toujours de manière disjointe de l’architecture et des décors, notamment des mosaïques.

1. Morphologie et fonction de l’îlot II avant la construction de la basilique et de son baptistère

  • 6 Fouillés sous la direction de F. Di Renzo entre 2000 et 2007 dans le cadre du Projet collectif de (...)

6Les vestiges antiques repérés sous l’édifice de culte chrétien n’ont fait l’objet à l’heure actuelle que d’une analyse rapide6. Toutefois, il nous a semblé important de les présenter brièvement ici dans la mesure où certains d’entre eux ont guidé l’implantation des constructions paléochrétiennes dans lesquelles ils ont parfois été intégrés.

7Ces vestiges sont situés à l’extrémité méridionale de la ville et à environ 160 m au sud de l’emplacement présumé du forum. Ils occupent le quart nord-ouest de l’îlot II, délimité au nord par un portique d’une largeur d’environ 3 m bordant l’axe A (fig. 1).

Fig. 1 – Plan de la ville avec localisation de la domus A (DAO D. Istria/CNRS).

Fig. 1 – Plan de la ville avec localisation de la domus A (DAO D. Istria/CNRS).
  • 7 On ne peut assurer que celui-ci soit conservé sur toute sa longueur. Les piliers visibles de part (...)

8Le stylobate de ce portique est constitué d’un mur d’environ 25 cm de hauteur et 80 cm d’épaisseur, posé dans le substrat [MR 8118 et 8155] (fig. 2 et 3). Il est destiné à soutenir les piliers en briques dont deux ont été conservés et englobés dans les maçonneries plus tardives : l’un à l’ouest [Pl 301] de 90 cm de longueur, l’autre à l’est [Pl 300] de seulement 58 cm de longueur7. Tous deux sont alignés, mais ils sont décalés vers le sud d’environ 30 cm par rapport à la portion de portique située immédiatement à l’est et de près de 1 m respectivement à celle située à l’ouest ; ces deux segments sont bien individualisés par la présence de piliers en L marquant le début et la fin de chacun d’eux. De fait, et nonobstant la différence de longueur que l’on ne peut expliquer pour le moment, ces deux piliers semblent bien appartenir à un même ensemble d’environ 45 m de longueur en lien avec la domus A située immédiatement au sud et dont la façade pourrait correspondre à l’extension de cette partie du portique.

Fig. 2 – Plan de la domus A (DAO D. Istria/CNRS).

Fig. 2 – Plan de la domus A (DAO D. Istria/CNRS).

Fig. 3 – Travée orientale du collatéral nord de la basilique paléochrétienne en fin de fouille. Sur la gauche on peut voir le stylobate du portique (MR 8155). En haut et sur la droite apparaissent la fondation de l’épaulement nord (MR 8002) et le stylobate de la colonnade nord de la basilique (MR 8010). Ce dernier est construit sur les murs de la domus A (D.Istria/CNRS).

Fig. 3 – Travée orientale du collatéral nord de la basilique paléochrétienne en fin de fouille. Sur la gauche on peut voir le stylobate du portique (MR 8155). En haut et sur la droite apparaissent la fondation de l’épaulement nord (MR 8002) et le stylobate de la colonnade nord de la basilique (MR 8010). Ce dernier est construit sur les murs de la domus A (D.Istria/CNRS).

9Cette domus A semble occuper une grande partie de l’extrémité nord de l’îlot II bien que son emprise au sol n’ait pas pu être déterminée précisément en raison de l’extension limitée de la fouille vers le sud (fig. 4). Elle est connue actuellement sur un espace d’environ 40 × 25 m (soit ≈1000 m²). Possiblement délimitée à l’est par une étroite ruelle, elle s’étendait vers le sud dans un secteur détruit par le fleuve Golo qui y a creusé un profond lit secondaire à la fin du Moyen Âge. De la même manière, son plan est difficilement restituable en raison des lacunes causées par les aménagements médiévaux.

Fig. 4 – Plan de la domus A (DAO D. Istria/CNRS).

Fig. 4 – Plan de la domus A (DAO D. Istria/CNRS).

10Toutes les maçonneries sont constituées d’un blocage de galets et de fragments de briques, revêtu de parements de briques ou de fragments de terre cuite architecturale au moins partiellement en remploi. Le tout est lié au mortier de chaux et repose sur une fondation en galets.

  • 8 Basetti 2013, p. 155-156.
  • 9 Cette piscine appartient à une deuxième phase de construction puisque son mur occidental est appuy (...)
  • 10 Di Renzo 2011.

11L’entrée principale se situe sans doute au nord, sous le portique. Elle ouvrait sur un couloir d’orientation nord-sud, long de 12 m et large de 2,24 m, dallé de carreaux de terre cuite de type bipédales8. Le couloir pourrait conduire soit à une pièce située dans l’axe, soit plus probablement à un atrium dont uniquement la partie orientale serait conservée et dans lequel se poursuit le pavement de terre cuite. Seuls les espaces situés à l’est sont à peu près connus. Ils appartiennent à un complexe balnéaire. La première salle, en grande partie détruite, était accessible depuis l’atrium ou la pièce située dans l’axe du couloir. Il peut s’agir d’un apodyterium doté de murs peints ainsi que d’un sol de mortier lissé dans lequel ont été insérés des fragments de terre cuite. Elle est jouxtée à l’est par une pièce chauffée par hypocauste, contre laquelle est adossée une petite piscine absidée et probablement voûtée9. Ce caldarium communiquait peut-être avec une salle située au nord-est, explorée de manière seulement très partielle, dont le sol était constitué à la fois d’un mortier lissé dans lequel ont été incrustés de petits fragments de pierre, identique à celui du supposé apodyterium, et d’un petit panneau de mosaïque en tesselles blanches et noires qui n’a pu être observé dans sa totalité. À la surface de celui-ci, un cordon de mortier de chaux trahit l’existence d’un élément sans doute arraché au moment de l’abandon. Il dessine un rectangle de 1 m de large et de plus de 1,10 m de long correspondant peut-être à une baignoire ou à un labrum. Au sud-ouest se trouve une salle froide dont le sol de 20 m² est couvert d’une mosaïque blanche et noire représentant les quatre saisons et les murs étaient enduits et peints en rouge, ocre jaune et blanc10. Dans le sol a été aménagé un avaloir permettant via un caniveau maçonné d’évacuer les eaux usées vers le sud en direction du Golo. Quelques marches permettaient de rejoindre ce que l’on croit pouvoir identifier comme l’apodyterium, permettant ainsi de conclure un itinéraire circulaire.

12Près de l’angle nord-est de la domus, des murs parallèles espacés de 2,20 m environ correspondent à deux espaces perpendiculaires, l’un pouvant déboucher au nord sur le portique et l’autre vers l’est. Il est difficile d’en définir la fonction, mais il pourrait s’agir de couloirs secondaires desservant le balneum, voire l’étage de la domus si l’on veut bien y restituer un escalier. Leurs dimensions rendent peu probable une identification comme locaux commerciaux.

2. La première basilique (phase 1)

2.1 La préparation du terrain et le chantier de construction

  • 11 Di Renzo 2013b, p. 130.

13Après son abandon, la domus A semble faire l’objet d’un arasement systématique. Plutôt qu’à un incendie, accidentel ou non, ayant entraîné la destruction, les quelques concentrations de charbons et traces de rubéfaction finalement peu nombreuses et très localisées11, pourraient correspondre à un nettoyage du chantier avant ou après le démontage des murs. Ces derniers apparaissent globalement au même niveau. Une partie des matériaux issus de cette démolition pourrait avoir été réservée afin d’être réutilisée dans la future construction. Cette gestion méthodique ne peut être formellement démontrée, mais les nouveaux murs seront constitués, comme on le verra, essentiellement de matériaux de remploi.

14Une couche de remblai, dont l’épaisseur peut atteindre 40 cm, vient couvrir l’ensemble des sols et des murs. Elle est composée de sédiments de nature hétérogène et de couleur variable, de cailloutis et de matériaux de construction formant de nombreuses poches juxtaposées ou superposées [US 4538, 8009, 8015 à 8021, 8035 à 8046, 8101, 8103, 8105, 8106, 8110, 8111, 8115, 8201 à 8204, 14006, 14010, 14012]. Le mobilier y est abondant, notamment la céramique.

15Au nord, le stylobate du portique méridional bordant la voie [MR 8118 et 8155] sert de base à la construction du mur gouttereau nord (fig. 5). Un pilier du portique [Pl 301], dont il a déjà été question, est englobé dans ce dernier près de l’angle nord-ouest. Le stylobate de la colonnade nord de l’édifice de culte repose quant à lui sur le mur de façade de la domus A alors que les colonnes de la troisième travée occidentale sont implantées sur les murs du probable couloir d’entrée. Tous ces murs antérieurs jouent donc ici un rôle fondamental, puisqu’ils guident l’implantation même de la basilique. De fait, ils pourraient également imposer au moins une partie de ses dimensions, particulièrement en ce qui concerne la largeur du collatéral nord ainsi que celle des travées.

Fig. 5 – Plan de la basilique superposé à celui de la domus A (DAO D. Istria/CNRS).

Fig. 5 – Plan de la basilique superposé à celui de la domus A (DAO D. Istria/CNRS).

16Les autres fondations sont posées en tranchées pleines, creusées dans les remblais, parfois jusqu’au substrat (secteur de l’abside, mur gouttereau sud), mais le plus souvent jusqu’au sol de la domus. Bien visibles dans l’abside (fig. 6), elles sont en revanche plus difficiles à suivre dans les autres secteurs où l’aménagement de sépultures à l’époque médiévale a perturbé la stratigraphie.

Fig. 6 – Fondations de l’abside de la basilique. On peut aussi voir sur cette photo un mur de la domus A coupé par la nouvelle construction (D. Istria/CNRS).

Fig. 6 – Fondations de l’abside de la basilique. On peut aussi voir sur cette photo un mur de la domus A coupé par la nouvelle construction (D. Istria/CNRS).
  • 12 Ces galets proviennent de la terrasse naturelle sur laquelle est construite la ville. Ils ont été (...)

17Ces fondations sont constituées de galets de dimensions hétérogènes (Ø < 30 cm) et de nature très variée12, disposés à plat et en assises subhorizontales. Ils sont liés par un abondant mortier riche en chaux associé à des sables alluvionnaires (Échantillon BP 1), assez proche par sa structure, la composition de la charge comme par la nature de la chaux, du mortier utilisé dans certaines parties des élévations (Échantillon BP 2).

18Les semelles filantes débordent de manière plus ou moins régulière et importante (jusqu’à 10 cm) vers l’intérieur ou vers l’extérieur. Leur hauteur varie d’une cinquantaine de centimètres à plus d’un mètre en fonction de la légère pente naturelle du terrain, du nord vers le sud et de l’ouest vers l’est.

19La mise en place des stylobates continus, sur lesquels reposeront les supports verticaux intermédiaires, est postérieure au mur de l’abside et à la façade ouest sur lesquels ils s’appuient (fig. 7). Les principaux aménagements liturgiques du presbyterium sont installés, très logiquement, au dernier moment, juste avant la pose des sols. Enfin, le vestibule ainsi que les annexes orientales sont construits postérieurement mais toujours semble-t-il dans la même phase de chantier.

Fig. 7 – Section des structures à l’extrémité orientale de la colonnade nord. 261 – mur de l’abside et piédroit de la porte située à l’extrémité du collatéral nord. 8010 – stylobate de la colonnade nord. 260 – pilier de l’état 2. 61 – mur du palais épiscopal du second Moyen Age (DAO D. Istria/CNRS).

Fig. 7 – Section des structures à l’extrémité orientale de la colonnade nord. 261 – mur de l’abside et piédroit de la porte située à l’extrémité du collatéral nord. 8010 – stylobate de la colonnade nord. 260 – pilier de l’état 2. 61 – mur du palais épiscopal du second Moyen Age (DAO D. Istria/CNRS).

20Trois trous de poteaux, probablement destinés à maintenir les échafaudages ou peut-être les cintres permettant la construction des superstructures, ont été identifiés dans les deux dernières travées orientales du bas-côté nord (Ø 30 cm / prof. variable de 30 à 70 cm) [PO 8150, 8157 et 8158] (fig. 8). Ils forment une ligne est-ouest, implantée immédiatement au nord du stylobate de la colonnade nord de la basilique.

Fig. 8 – Sols de propreté et trous de poteaux interprétés comme des supports d’échafaudages et/ou de cintres destinés à la construction des arcatures et de la voûte de l’abside (DAO D. Istria/CNRS).

Fig. 8 – Sols de propreté et trous de poteaux interprétés comme des supports d’échafaudages et/ou de cintres destinés à la construction des arcatures et de la voûte de l’abside (DAO D. Istria/CNRS).

21Ces trous s’ouvrent à la surface du remblai de terre sur lequel ont été posées de fines plaques de chaux friables (2 à 3 cm d’épaisseur) aux contours irréguliers [SL 8004, 8005, 8036, 8037] que l’on retrouve dans l’abside, à la même altitude et à la même place dans la séquence stratigraphique [SL 14008 et 14009]. Dans le collatéral sud, ce sol de propreté est constitué de terre brune très compacte contenant des nodules de chaux [SL 1014 et 1016] (fig. 9).

Fig. 9 – Coupe stratigraphique nord-sud dans le collatéral sud (DAO D. Istria/CNRS).

Fig. 9 – Coupe stratigraphique nord-sud dans le collatéral sud (DAO D. Istria/CNRS).

22Dans les deux dernières travées orientales de la nef centrale, autour du presbyterium (cf. infra), les remblais de terre sont couverts d’une strate [US 8004 et 1005] de béton de chaux avec de gros agrégats (rudus) de 5 cm d’épaisseur en moyenne, qui couvre également au moins une partie des stylobates des colonnades. Elle est régularisée en surface par une couche de mortier plus fin [US 8002, nucleus] qui supportait le tapis de mosaïque [SL 8001] (fig. 10).

Fig. 10 – Coupe stratigraphique dans le collatéral nord (DAO D. Istria/CNRS).

Fig. 10 – Coupe stratigraphique dans le collatéral nord (DAO D. Istria/CNRS).

2.2 Des techniques de construction qui s’inscrivent dans la tradition antique locale

  • 13 S’agissant d’un édifice classé au titre des Monuments Historiques, il n’a pas été possible de supp (...)

23Les élévations ne sont conservées que sur une dizaine d’assises, soit environ 60 cm de hauteur au niveau de l’abside et de l’épaulement sud-est (fig. 11). Elles ont en revanche complètement disparu dans les autres parties ; les murs sud et ouest sont arasés jusqu’au niveau du sol, alors que la faible élévation conservée au nord correspond en fait au mur du stylobate du portique, antérieur donc à la basilique, et réutilisé dans la construction de celle-ci. Dans tous les cas, des restaurations importantes réalisées dans les années 1980 sont venues couvrir le sommet des murs, mais plus que de simples chapeaux de protection, il s’agit bien souvent de reconstructions importantes imitant les maçonneries antiques. En l’absence de documentation élaborée au moment de ces travaux, il est ainsi parfois très difficile, sinon impossible, de distinguer les parties authentiques des ajouts modernes13.

Fig. 11 – L’abside vue du nord-est. On remarquera la semelle de fondation débordante en galets ainsi que les restaurations récentes (post 1960) qui ont surélevé le mur de 4 à 5 assises de briques (partie haute et foncée) (D. Istria/CNRS).

Fig. 11 – L’abside vue du nord-est. On remarquera la semelle de fondation débordante en galets ainsi que les restaurations récentes (post 1960) qui ont surélevé le mur de 4 à 5 assises de briques (partie haute et foncée) (D. Istria/CNRS).
  • 14 On a en effet utilisé des éléments de modules différents (briques et tegulae) et très souvent bris (...)

24Compte tenu du très fort arasement des murs, on ne peut affirmer que les élévations de la nef étaient en galets comme le faisait G. Moracchini-Mazel en se basant essentiellement sur l’observation du mur nord qui correspond, comme on l’a vu, à une construction antérieure réutilisée. On se demande, au contraire, si celles-ci n’étaient pas constituées de deux parements de briques de remploi14 et d’un blocage de galets posés sur un soubassement se terminant au-dessus du niveau de sol, exactement comme dans l’abside et les jambages des ouvertures. C’est aussi ce que laisse penser l’observation de l’épaulement sud, mais il est difficile dans cette partie de distinguer correctement la maçonnerie d’origine et la restauration du XXsiècle (fig. 12). Une telle technique a été mise en œuvre dans l’habitat antique et l’on peut observer plusieurs exemples bien conservés dans tout le secteur sud-est de la ville. Les murs de la basilique étaient peut-être entièrement couverts d’enduit de chaux, aussi bien à l’intérieur qu’à l’extérieur. Des fragments sont en effet conservés sur la paroi intérieure du mur de l’abside ainsi que sur la paroi extérieure du mur de l’angle sud-est, protégée par une maçonnerie plus tardive.

Fig. 12 – Épaulement sud-est de l’abside. Les jambages des deux portes ouvrant sur l’abside et le collatéral sud sont entièrement en briques comme la partie haute des élévations reposant sur un soubassement de galets. Le « chapeau » constitué de galets liés au ciment correspond à la restauration récente (post 1960) (D. Istria/CNRS).

Fig. 12 – Épaulement sud-est de l’abside. Les jambages des deux portes ouvrant sur l’abside et le collatéral sud sont entièrement en briques comme la partie haute des élévations reposant sur un soubassement de galets. Le « chapeau » constitué de galets liés au ciment correspond à la restauration récente (post 1960) (D. Istria/CNRS).
  • 15 Des calcschistes potentiellement transformables en chaux se rencontrent sur les premiers contrefor (...)

25Les mortiers sont dans tous les cas composés d’un liant principal de chaux. En l’absence de gisement calcaire dans la géologie locale, susceptible de fournir la matière première à proximité du site, c'est-à-dire dans un rayon de moins de 6 km, la chaux pourrait avoir été fabriquée soit avec des pierres provenant de divers secteurs15, soit à partir de blocs de récupération collectés sur le site même comme des fragments de calcaire et marbre dont la composition peut varier de manière significative. Les deux solutions peuvent également être combinées. La diversité de composition des chaux pourrait appuyer cette seconde hypothèse tout comme l’utilisation de briques de remploi.

26Les sables sont principalement composés de débris de roches siliceuses et argilo-siliceuses : quartz, puis micas et roches métamorphiques. Ils sont issus de la décomposition et du transport par le Golo des roches qui constituent les reliefs de la Corse sur son versant est. On en distingue toutefois deux types :

  • les sables fins, pauvres en fines argilo-siliceuses qui ont pu être prélevés à proximité du site ;
  • les sables fins, riches en fines argilo-siliceuses, probablement puisés dans une couche que l’on peut identifier comme Fy2, située à l’est de la ville. La présence de fragments de coquilles dans certains échantillons indique que le sable n’a pas été prélevé sur les rives du Golo à la hauteur de la ville où les coquilles sont absentes, mais en aval à proximité des étangs littoraux où se trouve la couche Fy2, soit à une distance d’environ 2,5 km16.
  • 17 Coutelas 2009, p. 21.

27Enfin, des charbons de bois de dimension millimétrique sont présents dans tous les mortiers. Nombreux, ils participent visiblement à la charge et peuvent jouer un rôle de dessiccant plutôt qu’être de simples résidus du combustible mélangé à la chaux vive lors de son extraction du four17. Dans tous les cas ils ont très probablement été produits durant la phase du chantier ce qui, on le verra, ouvre une perspective intéressante en ce qui concerne la datation des structures.

2.3 Le plan

  • 18 Moracchini-Mazel 1967b, p. 16.

28G. Moracchini-Mazel notait déjà, à juste titre, que le plan avait été élaboré à partir d’un pied romain de 29,6 cm. On retrouve effectivement ce module et ses multiples dans quasiment toutes les parties et tous les éléments de la basilique18.

29L’édifice est constitué de trois vaisseaux d’une longueur de 25,19 m et d’une largeur de 16,33 m (fig. 13). La nef centrale a une largeur de 7,58 m pour des bas-côtés d’environ 3,68 m (dimensions intérieures jusqu’aux supports verticaux), ce qui correspond approximativement à un rapport de 1 pour 2. L’abside semi-circulaire a une profondeur de 5,30 m et son ouverture est équivalente à la largeur de la nef (7,58 m).

Fig. 13 – Plan de la basilique paléochrétienne, état 1 (DAO D. Istria/CNRS).

Fig. 13 – Plan de la basilique paléochrétienne, état 1 (DAO D. Istria/CNRS).

30L’ensemble est orienté vers le sud-est (110°) exactement comme les structures antérieures, le portique sud de l’axe A ainsi que la domus A, qui ont guidé son implantation.

Les ouvertures

  • 19 Il ne l’est plus aujourd’hui, sans doute masqué par les restaurations.

31Dans la façade occidentale, le départ du piédroit sud d’un portail central était encore visible au début des fouilles19 [MR 306], mais ce mur devait posséder plusieurs ouvertures, car un jambage vertical [MR 307], construit comme le précédent en briques de remploi, apparaît aussi clairement au nord. Il pourrait très bien correspondre au piédroit nord d’une porte ouvrant sur le collatéral. Le jambage sud pourrait se situer au maximum au niveau du pilastre, soit à 1,90 m, mais sa largeur n’était peut-être que de 1,20 m, comme les autres portes. Dans ce cas elle était parfaitement centrée par rapport au collatéral. Une ouverture identique devrait alors être restituée par symétrie dans le bas côté sud.

32Une porte de 1,20 m de largeur est conservée dans l’épaulement sud, dans l’axe du collatéral [328]. Une ouverture symétrique peut être restituée dans le mur oriental du bas-côté nord. Son jambage sud est visible au niveau de l’angle formé par le départ de l’abside [329]. Enfin, une dernière porte, également de 1,20 m de largeur, est encore visible dans le mur gouttereau sud [327].

33Dans l’abside sont conservées deux ouvertures opposées d’environ 92 cm de largeur, l’une au nord, l’autre au sud [14003 et 14002]. Il est remarquable que partout les jambages de ces ouvertures se prolongent jusqu’aux fondations indiquant ainsi que le niveau des seuils et donc des sols, n’était pas précisément fixé au début de la construction.

34Si les trois portes restituées dans la façade occidentale permettaient sans doute l’accès des fidèles, celles situées au nord-est et dans l’abside étaient très certainement réservées au clergé puisqu’elles donnaient directement accès aux annexes depuis le chœur. Les deux ouvertures proches de l’angle sud-est semblent, quant à elles, desservir le baptistère. Elles pouvaient ainsi, comme on le verra plus loin, permettre la circulation depuis le collatéral sud vers l’annexe C, puis le baptistère, l’annexe B et enfin un retour dans l’église par la porte orientale.

Les colonnades

35Les supports intermédiaires qui délimitent les trois vaisseaux et rythment les neuf travées, posent un problème de lecture dans la mesure où ils n’ont pas été conservés en place, mais ont été remplacés dans une seconde phase par des piliers en briques sur lesquels on reviendra.

  • 20 Références : Mar111880, Mar111884, Mar 111885, Mar 111886, Mar 111891, Mar 111892, Mar 111893, Mar (...)
  • 21 Avella 2013, p. 187.

36La destruction partielle lors des fouilles de quatre de ces piliers [PL 260, 253, 244 et 250] a permis de retrouver dans les sols de mortier des négatifs de plan carré, d’environ 52 cm de côté, au fond desquels on peut encore voir dans chacun d’entre eux un carreau de terre cuite architecturale (fig. 14). Ces éléments, scellés au mortier de chaux sur le stylobate, correspondent très certainement à des sous-bases. Si aucune base n’a été retrouvée en place, quatorze d’entre elles ont été recueillies dans les maçonneries postérieures, dont les piliers de briques (fig. 15)20. Compte tenu de leurs dimensions (50/51 cm de côté, et 30 cm de Ø pour le lit d’attente) et de la situation observable dans le baptistère où deux de celles-ci ont été conservées en place, on peut raisonnablement penser qu’elles soutenaient les seize supports intermédiaires. Il s’agit d’éléments en marbre blanc orangé ou blanc gris, moulurés et de type attique. Ils sont composés, avec quelques variantes, d’une plinthe lisse, d’un tore inférieur, d’un listel, d’une scotie et à nouveau d’un listel surmonté d’un tore supérieur21 (fig. 16).

Fig. 14 – Sous-base de la colonne 308 après démontage du pilier en briques de l’état 2 et destruction du sol de béton de chaux (D. Istria/CNRS).

Fig. 14 – Sous-base de la colonne 308 après démontage du pilier en briques de l’état 2 et destruction du sol de béton de chaux (D. Istria/CNRS).

Fig. 15 – Fragment de base en marbre remployé dans le pilier 308 (D. Istria/CNRS).

Fig. 15 – Fragment de base en marbre remployé dans le pilier 308 (D. Istria/CNRS).

Fig. 16 – Base en marbre découverte remployée dans le premier pilier sud-est de la basilique intra-muros, fouilles G. Moracchini-Mazel (DAO D. Istria/CNRS).

Fig. 16 – Base en marbre découverte remployée dans le premier pilier sud-est de la basilique intra-muros, fouilles G. Moracchini-Mazel (DAO D. Istria/CNRS).
  • 22 L’église romane San Parteo est située à 500 m à l’ouest de la basilique paléochrétienne intra muro (...)
  • 23 Rien n’indique qu’il s’agit ici de colonnes de remploi. On trouve dans les carrières antiques des (...)

37Parmi la vingtaine de fragments de colonnes monolithes retrouvés dans et autour de l’église ou réemployés dans l’abside de l’église romane San Parteo22, plusieurs, voire toutes, peuvent appartenir aux deux colonnades. Elles sont en granite gris ou rosé provenant des carrières de l’île d’Elbe ainsi qu’éventuellement de celles des Bouches de Bonifacio (fig. 17)23. Certaines sont légèrement galbées et elles ne présentent pas toutes des dimensions absolument semblables. Celles que l’on peut reconstituer atteignent 2,92 m de longueur environ pour un diamètre variant de 30 à 38 cm. Certaines sont pourvues de trous de scellement et d’autres non.

Fig. 17 – Colonnes restaurées après la fouille des années 1960 (D. Istria/CNRS).

Fig. 17 – Colonnes restaurées après la fouille des années 1960 (D. Istria/CNRS).
  • 24 Avella 2013, p. 186-187.

38Enfin, 35 fragments de chapiteaux de même gabarit, dont un quasiment complet, 11 fragments de corbeilles et 23 de volutes, appartenant à au minimum 10 individus, peuvent également être rattachés à cet ensemble. L’exemplaire complet a une hauteur de 26  cm, un tailloir carré de 43 cm de côté et un lit de pose de 31 cm de diamètre (fig. 18). En marbre blanc, ils sont de style ionique avec abaque en tablette, échine en arc de cercle et volutes parfaitement circulaires à disques lisses. Ils présentent d’évidentes analogies avec des chapiteaux conservés à Porto, près d’Ostie, et correspondent à une typologie caractéristique des IVe-Ve siècles24.

Fig. 18 – Chapiteau en marbre découvert dans le muret de bouchage de l’entrecolonnement nord de la quatrième travée, fouilles G. Moracchini-Mazel (D. Istria/CNRS).

Fig. 18 – Chapiteau en marbre découvert dans le muret de bouchage de l’entrecolonnement nord de la quatrième travée, fouilles G. Moracchini-Mazel (D. Istria/CNRS).
  • 25 Moracchini-Mazel 1967b, p. 16.

39En l’absence d’éléments pouvant appartenir à des architraves, on peut légitimement supposer que ces supports verticaux devaient recevoir les retombées d’arcatures, peut-être en briques. La première, à l’ouest, était appuyée sur un pilastre en briques un peu plus large que les bases (75 × 52 cm) qui, contrairement à ce qu’avançait G. Moracchini-Mazel25, appartient bien à la phase initiale. On peut aisément le constater au sud où la base du pilastre [PL 251] est liée au mur pignon occidental [MR 237] et placée sous le stylobate de la colonnade [MR 332]. À l’extrémité orientale des deux colonnades, en revanche, il n’existe aucun support visible. On doit donc imaginer que l’arcature était supportée ici sur une imposte placée en hauteur.

Les sols

  • 26 Selon G. Moracchini-Mazel, celui-ci aurait été précédé par un tapis de mosaïque, mais aucun argume (...)

40Deux types de sols ont été identifiés. Dans les sept premières travées et la nef centrale, dans la totalité des collatéraux ainsi que dans l’abside, ils sont constitués d’un béton compact et dur de 10 cm d’épaisseur en moyenne. Ce béton est constitué de gros nodules de chaux (3 à 4 mm) de sable et de graviers alors que la partie supérieure, lissée en surface, est riche en gros fragments de terre cuite (jusqu’à 3,5 cm) donnant à l’ensemble une couleur rosée26. Ces fragments ont été insérés dans le mortier à la manière de crustae.

41Ce sol est posé sur de fines plaques de chaux ou des sols de propreté en terre compacte contenant des nodules de chaux dont il a déjà été question (fig. 19).

Fig. 19 – Sol en béton de chaux de la nef. On peut voir que le pilier en briques a été posé sur ce sol. Le mur en galet en haut de l’image est celui du palais épiscopal du second Moyen Âge dont la base a été restaurée après les fouilles des années 1960 (D. Istria/CNRS).

Fig. 19 – Sol en béton de chaux de la nef. On peut voir que le pilier en briques a été posé sur ce sol. Le mur en galet en haut de l’image est celui du palais épiscopal du second Moyen Âge dont la base a été restaurée après les fouilles des années 1960 (D. Istria/CNRS).

42Les deux dernières travées de la nef centrale ont reçu en revanche des tapis de mosaïque polychrome de part et d’autre du podium (cf. infra). Ils sont bordés de mosaïques blanches qui occupent uniquement les entrecolonnements des deux dernières travées.

Le vestibule

43Vers l’Ouest, la nef est précédée par un vestibule légèrement plus étroit (15,46 m dans l’œuvre) et d’une profondeur de 6,86 m. Il dispose d’une porte au nord de 2,54 m de large, ouvrant sur l’axe A, et d’une autre au sud dont la largeur exacte ne peut être mesurée en raison de son état de conservation. Ses murs sont construits de la même manière que ceux des nefs, mais sont légèrement moins épais (59 cm). L’angle nord-ouest, le seul conservé en élévation, ainsi que les piédroits des ouvertures, sont construits en briques de remploi. Le sol primitif est simplement en terre.

44On ne peut, comme l’a fait G. Moracchini-Mazel, restituer des ouvertures tout le long du grand côté occidental, simplement parce qu’une habitation occupe l’espace situé immédiatement à l’ouest. Cette présence explique aussi le positionnement des deux larges portes sur les petits côtés.

45Aucun aménagement particulier pouvant être rattaché à la phase initiale de fonctionnement n’a été identifié dans ce vestibule qui, par conséquent, pouvait ne pas avoir de fonction liturgique. Son rôle devait être simplement d’assurer la transition entre l’extérieur, notamment la voie publique située au nord, et l’intérieur de l’édifice.

Les annexes

46L’abside est encadrée par deux annexes qui communiquent avec l’église par l’intermédiaire de quatre portes aménagées dès la construction de celle-ci, deux dans l’abside et une à l’extrémité orientale de chaque collatéral.

47Au nord, il s’agit d’une petite pièce (A), que l’on qualifiera par commodité de sacristie, légèrement trapézoïdale, de 2,11/2,39 × 4,23 m, dont les murs sont construits en galets. Elle dispose d’une ouverture au nord, donnant directement accès à la voie. Son mur oriental n’est pas lié mais simplement appuyé sur l’abside. Cette pièce peut donc appartenir à une phase postérieure bien qu’elle s’intègre parfaitement dans le plan d’ensemble et assure, par l’intermédiaire des portes prévues dès la phase initiale de construction à la fois dans l’abside et à l’extrémité du collatéral nord, une transition logique entre le sanctuaire et l’espace extérieur.

  • 27 Moracchini-Mazel 1967b, p. 74 ; Duval 1982, p. 238, note 12.

48Au sud, la pièce (B), d’environ 5,50 m de côté, est délimitée par l’abside, le mur pignon du collatéral sud, le baptistère ainsi que par deux murs d’époque antérieure au nord et à l’est [MR 224 et 173] englobés respectivement dans les maçonneries de l’abside et du baptistère. Leur présence ainsi que la construction, comme on le verra, probablement simultanée de la basilique et du baptistère, indiquent que cette annexe a été aménagée au moment même de la construction du complexe et non durant une phase successive comme cela a été suggéré27. Il s’agit là d’un espace de circulation clé, permettant les communications entre l’extérieur (à l’est), l’abside, le bas-côté sud (tous deux surélevés), la pièce C et le baptistère.

  • 28 Il n’est pas possible que les deux « bases de colonnes » décrites par G. Moracchini-Mazel appartie (...)

49Enfin, au sud-est, entre le mur gouttereau sud de la basilique et le baptistère, une troisième pièce a été identifiée (C). Les constructeurs ont ici aussi réutilisé à l’ouest un mur d’époque antérieure [MR 229] et construit au sud un nouveau mur [230] qui s’appuie à la fois sur ce dernier et sur le baptistère. L’espace ainsi formé est un rectangle de 6,20 × 5,40 m parallèle à la basilique, pourvu d’un sol de béton ainsi que d’une longue banquette aménagée contre le mur nord28. Trois portes permettaient de communiquer avec le collatéral sud de l’église, le baptistère et la pièce B.

50On cherchera à préciser la fonction de ces annexes B et C au moment de l’étude du baptistère.

2.4 Les aménagements liturgiques

Le presbyterium

  • 29 La hauteur de ce podium augmente régulièrement d’ouest en est et passe ainsi de 50 à 60 cm.
  • 30 Moracchini-Mazel (Moracchini-Mazel 1967b) considérait que la forme trapézoïdale du podium était de (...)

51Le presbyterium est constitué d’un podium surélevé de 55 cm en moyenne par rapport au niveau du sol des vaisseaux avec une légère pente d’est en ouest29. Long de 6,60 m, il est plus large à l’ouest (4,60 m) qu’à l’est (4,40 m)30. Il occupe donc toute la longueur et une partie seulement de la largeur des deux travées orientales de la nef centrale. Des espaces de circulation de 1,49 à 1,59 m, pourvus de tapis de mosaïque, sont ainsi réservés au nord et au sud, entre l’espace surélevé et les colonnades.

  • 31 Cette hypothèse avait été suggérée par N. Duval (Duval 1982, p. 238, note 13).

52Les longs côtés nord et sud du podium sont soulignés par un gradin de 25 cm de large situé à 17 cm sous le sol de l’estrade et à environ 40 cm au-dessus du sol de la nef [SL 8224]. Ces deux gradins sont recouverts d’un mortier jaune à la surface irrégulière. À notre connaissance, un tel aménagement ne trouve pas de comparaison. Il ne peut correspondre à une marche compte tenu de sa hauteur trop importante par rapport au sol. On se demande, par conséquent, s’il ne s’agit pas d’une encoche destinée à poser et à maintenir un élément disparu. On pense notamment à une sablière pouvant supporter un chancel en marbre ou même tout simplement en bois31. Deux fragments de piliers en marbre décorés pourraient y être associés (cf. infra).

  • 32 N. Duval (Duval 1982) suggérait qu’elle pouvait être construite en deux temps.
  • 33 G. Moracchini-Mazel imaginait qu’il s’agissait d’une base de statue antique réemployée en raison d (...)
  • 34 Références : Mar 847-23, Mar 841-28, 836, Mar 848, Mar 841-34, Mar 110944-841.35, Mar 111775, Mar (...)

53Cette plate-forme surélevée, dont aucun élément ne permet de douter qu’elle a bien été construite d’un seul jet32, supportait l’autel dont l’emplacement peut être déterminé précisément grâce aux limites de la mosaïque qui dessinent à 1,20 m l’extrémité orientale du podium, un rectangle de 1,90 × 0,90 m. Huit fragments de marbre, appartenant tous à un même élément dont les dimensions correspondent parfaitement à ce négatif (épaisseur 14 cm), ont été retrouvés à proximité. Il s’agit très probablement du socle d’une table d’autel33. Des tenons associés à de petits canaux encore pleins de plomb pouvant servir à la fixation de colonnettes sont visibles sur l’une des faces. Trois d’entre eux, alignés dans le sens de la plus grande longueur, et un quatrième décalé, permettent de restituer deux files parallèles de trois supports verticaux. Quatre petites bases en marbre de 9,5 cm de hauteur, dont le lit d’attente est destiné à recevoir une petite colonne de 12,5 cm de diamètre maximum, ainsi que quatre fûts lisses et un fût cannelé dont les dimensions sont parfaitement compatibles avec ces éléments, pourraient avoir soutenu la table d’autel34 (cf. infra). Cependant, aucune de ces bases ne présente sur le lit de pose de trou de fixation susceptible de correspondre à ceux repérés sur le socle.

  • 35 La construction au Moyen Âge d’un puissant mur empêche définitivement de vérifier la présence de c (...)

54La communication entre cet espace surélevé et les vaisseaux était assurée par trois volées de marches. Seules les fondations de l’escalier nord, de 2,1 × 0,84 m, étaient encore visibles au moment de la fouille des années 1960 – il a été détruit depuis. On peut légitimement supposer l’existence d’un accès symétrique au sud35. Enfin, la trace d’un escalier axial de 1,05 m de longueur et 0,65 m de largeur a également été retrouvée à l’ouest.

Le synthronos

55L’intérieur de l’abside est occupé par un mur semi-circulaire [MR 267] (fig. 20). Il est installé dans une tranchée de fondation étroite [TR 14019] d’une quinzaine de centimètres de profondeur qui coupe une strate de remblai [US 14012]. Ce creusement apparaît au même niveau que la tranchée de fondation et la semelle débordante de la grande abside [MR 14001], installée dans la même unité stratigraphique [US 14012] (fig. 21).

Fig. 20 – Le synthronos vu depuis le sud-est. Toute la partie supérieure a été restaurée après les fouilles des années 1960. Le gros mur rectiligne en galets qui coupe la structure est celui du palais épiscopal du second Moyen Âge (D. Istria/CNRS).

Fig. 20 – Le synthronos vu depuis le sud-est. Toute la partie supérieure a été restaurée après les fouilles des années 1960. Le gros mur rectiligne en galets qui coupe la structure est celui du palais épiscopal du second Moyen Âge (D. Istria/CNRS).

Fig. 21 – Sections du presbyterium (DAO D. Istria/CNRS).

Fig. 21 – Sections du presbyterium (DAO D. Istria/CNRS).
  • 36 Moracchini-Mazel 1967b, p. 20.
  • 37 Duval 1982, fig.  4.
  • 38 Cette relation stratigraphique indique clairement que ce mur ne peut en aucun cas être postérieur (...)
  • 39 Il faut soustraire à cette hauteur de 38 cm. l’épaisseur d’un probable sol de tuileau, aujourd’hui (...)

56Ce mur semi-circulaire est construit en galets liés au mortier de chaux (Échantillon BP 4) et couvert au moins sur sa face extérieure d’un enduit blanc décoré de lignes jaunes ou rouges qui ne permettent plus de restituer de motif intelligible36. Très modifié dans un second temps, son épaisseur n’est plus visible aujourd’hui, mais une photographie ancienne publiée par N. Duval37 montre clairement l’ajout postérieur, sur lequel on reviendra, équivalent à environ 1/5ème de son épaisseur totale. On peut donc restituer un mur d’environ 90 à 95 cm d’épaisseur. Ses extrémités occidentales, se situant un peu en deçà de la corde de l’abside, sont réunies par un mur rectiligne nord-sud partiellement engagé sous le podium38. Sa surface paraît terminée avec soin, ce qui laisse penser qu’il formait une marche de moins de 38 cm de hauteur et probablement de 28  cm, permettant d’accéder depuis l’est sur cette plate-forme39. Il faut en déduire que cette dernière était légèrement plus haute que le sol situé au centre de ce mur semi-circulaire. Un accès semble avoir été réservé entre cette structure et l’extrémité orientale du podium, au moins au nord où elle paraît partiellement conservée immédiatement à l’est de l’escalier, mais très probablement également au sud.

  • 40 Morrachini-Mazel 1967b, p. 20; Duval 1995.
  • 41 Pergola 2004.

57L’idée d’un banc presbytéral suggéré dans un premier temps40 a été rejetée au profit tout d’abord d’une abside tardive de dimension réduite, puis d’un aménagement de type reliquaire d’époque carolingienne41. Cependant, la relation stratigraphique avec le podium qui, comme on l’a vu, le couvre partiellement, indique bien que ce mur est contemporain de la construction de la première basilique. Par conséquent, l’hypothèse qui doit être retenue est celle d’un synthronos, peut-être pourvu d’un dossier, voire d’un repose pieds compte tenu de son épaisseur importante.

58La construction de ce banc presbytéral détermine un couloir semi-annulaire dans l’abside, d’environ 10 m de longueur, large de 2,10 m au centre et de 1,65 à 1,80 m au niveau des portes latérales.

La solea ou couloir axial

  • 42 N. Duval proposait de rattacher cet aménagement à la seconde phase de la basilique, en raison sans (...)
  • 43 Bassi 2011.
  • 44 Borrello et al. 2002.
  • 45 Paoli Maineri 2007.

59L’espace situé immédiatement à l’ouest du podium correspondant aux cinquième, sixième et septième travées, est occupé par un couloir axial long de plus de 7,50 m et large de 1,40 à l’est et de 1,55 m à l’ouest, reliant le centre du quadratum populi et le presbyterium. Il est formé de deux murets [MR 8028 et 8033], épais de 65 à 70  cm, conservés en élévation sur seulement une ou deux assises (≈ 20 cm) et construits en galets, moellons et fragments de briques ou de tuiles liés à la terre. Les parois verticales sont couvertes d’un enduit de chaux blanc contre lequel vient s’appuyer le sol de béton de la nef, ce qui indique que cet aménagement appartient bien à la première phase de la basilique42. Des passages d’environ 70 cm de large ont été réservés aussi bien au nord qu’au sud à l’extrémité orientale du couloir. Bien que cette configuration soit assez originale, on trouve par ailleurs des exemples de passages semblables dès la seconde moitié IVe ou la première moitié Ve siècle dans la basilique dédiée aux saints Cassien et Hippolithe à Riva del Garda en Lombardie43, dans la basilique intra-muros de Porto, près de Rome44, ainsi qu’à Albenga durant une phase un peu plus tardive45.

  • 46 Moracchni-Mazel 1967b, p. 20.
  • 47 Duval 1982 ; Duval 1995.

60Cet aménagement a été interprété comme une schola cantorum par G. Moracchni-Mazel46, mais l’on doit se ranger du côté de N. Duval qui y voit un couloir47.

2.5 Les mosaïques

  • 48 Moracchini-Mazel 1962 ; Moracchini-Mazel 1965 ; Moracchini-Mazel 1967b.
  • 49 Pergola 1984a ; Pergola 1984b.
  • 50 Lavagne 1981.
  • 51 Duval 1982 ; Duval 1995, p. 52-55.

61Les mosaïques ont, dès leur découverte, été étudiées par G. Moracchini-Mazel qui les a signalées d’abord dans de courts articles puis intégralement publiées avec les fouilles du groupe épiscopal dans le cadre de son ouvrage sur les monuments paléochrétiens de la Corse48. Suivront deux colloques en 1980 lors desquels Ph. Pergola remettra en cause les datations et les interprétations proposées par G. Moracchini-Mazel49. Suite à ces deux colloques, à la demande de l’auteur des fouilles, un complément à l’étude de ces mosaïques sera proposé par H. Lavagne en 1981 dans un article paru dans les Cahiers Corsica50. H. Lavagne reconnaît le travail de fond effectué par G. Moracchini-Mazel, notamment concernant l’analyse des scènes figurées, et propose de se concentrer sur une étude stylistique des motifs géométriques. N. Duval en donnera ensuite un commentaire dans le Bulletin monumental de 198251.

Description des mosaïques

  • 52 Une description très complète des pavements est publiée dans Moracchini-Mazel 1967b. Nous nous con (...)

62Trois tapis de mosaïques décorent la partie orientale de la nef de la basilique (fig. 22)52. Le premier recouvre l’espace du podium, de forme légèrement trapézoïdale et surélevé de 55 cm environ par rapport au niveau du sol de la nef, qui occupe les deux travées orientales de la nef principale. Ce podium, long de 6,60 m est plus large à l’ouest (4,60 m) qu’à l’est (4,40 m). Il est entièrement recouvert d’une mosaïque, mises à part deux bandes situées le long des côtés sud et nord, larges de 25 cm et plus basses de 17 cm par rapport à la surface du podium. Deux tapis de mosaïques sont également disposés le long du podium, du côté nord et du côté sud.

Fig. 22 – Relevé d’ensemble de la mosaïque (dessin R. Prudhomme).

Fig. 22 – Relevé d’ensemble de la mosaïque (dessin R. Prudhomme).
  • 53 Cf. le rapport d’intervention inédit du 16 au 20 juin 2014 de l’Atelier de restauration de mosaïqu (...)

63L’ensemble des pavements a été déposé et restauré en 2002 par l’atelier de Loupian. Les sept panneaux se trouvent à présent dans le dépôt du site de Mariana. Le décor du podium est réparti sur trois panneaux et chacun des décors latéraux sur deux plaques. Les panneaux ont été conçus pour s’assembler bord à bord et se verrouiller entre eux53.

  • 54 Moracchini-Mazel 1967b, p. 24, 26 et 32 ; Lavagne 1981, note 2.

64Tesselles : noir, bleu pâle (marbre bleuté très pâle), rose (marbre rosé), blanc (marbre), vert, jaune, brun, gris (pierres indéterminées, schistes ?), rouge (terre cuite). En moyenne, 1 à 1,5 cm de côté54.

65Lit de pose : bain de pose de chaux blanche (env. 0,5 - 1 cm), nucleus (env. 6 - 8 cm) constitué d’un béton gris à nodules de chaux avec petits graviers et quelques éclats de terre cuite architecturale.

Mosaïque du podium (fig. 23)

Fig. 23 – Détail de la mosaïque du podium – le bœuf et la mangeoire sont bien visibles sur la droite. En revanche, seule une partie de la patte arrière du lion est conservée à gauche. Inscription dans la partie haute – […]ALEAS MANDUC […] (P. Neri/CTC).

Fig. 23 – Détail de la mosaïque du podium – le bœuf et la mangeoire sont bien visibles sur la droite. En revanche, seule une partie de la patte arrière du lion est conservée à gauche. Inscription dans la partie haute – […]ALEAS MANDUC […] (P. Neri/CTC).

66Bande de raccord noire

67Bordure : bande blanche, tresse à quatre brins sur fond noir (blanc-rouge, blanc, blanc-rouge, blanc-noir), filet double blanc.

  • 55 Pour une description détaillée des motifs et une première analyse de la mosaïque du podium, voir M (...)

68À l’est, une première bande, bordée par un filet rouge et un filet noir, est occupée par une scène figurée (3,20 × 0,90 cm) accompagnée d’une inscription dont il ne reste que quelques lettres (… ALEAS MANDUC…), illustrant le motif chrétien de la « Paix des animaux ». Un lion (à gauche), mal conservé, et un bœuf (à droite) mangent à la même mangeoire. Aux deux extrémités du panneau apparaît l’appareil isodome d’un mur. L’image et l’inscription sont lisibles depuis l’ouest55.

  • 56 Moracchini-Mazel 1967b, p. 26, 29-30.

69Suit, à l’ouest de la scène figurée, un deuxième espace allongé au centre duquel prend place le socle de l’autel (1,90 × 0,90 cm). De part et d’autre, deux petits tableaux très endommagés présentent peut-être une poule qui picore au nord (0,80 × 0,55 cm) et un cep de vigne au sud (0,80 × 0,40 cm)56.

70Une mince bande de raccord, dont il ne reste que quelques cubes, a été ajoutée au côté sud du tapis de manière à rattraper la différence de largeur des côtés est et ouest.

71Tapis principal (3,50 × 4 / 4,20 m) (fig. 24).

Fig. 24 – Détail de la mosaïque du podium – restes du tapis situé à l’ouest de l’autel (P. Neri/CTC).

Fig. 24 – Détail de la mosaïque du podium – restes du tapis situé à l’ouest de l’autel (P. Neri/CTC).

72Bordure : filet double noir.

73Composition en lacis de neuf grands cercles et douze petits œillets, déterminant quatre octogones irréguliers concaves au centre du tapis et aux lignes de chute du canevas, huit polygones à trois côtés curvilignes. L’ensemble est traité en câbles polychromes noir, blanc, rouge.

74Seul le décor, identique, de deux grands cercles est conservé (presque entièrement au nord et partiellement au sud) :

75Fleuron à quatre feuilles cordiformes alternant avec quatre minces pétales fuselés autour d’un bouton central (rose, rouge, noir).

  • 57 Moracchini-Mazel 1967b, p. 24.

76Un des œillets au sud (placé directement à l’ouest du grand cercle conservé) montre un fleuron similaire à celui des grands cercles, mais très réduit. Un autre œillet (placé directement au nord de même grand cercle conservé), présentait à la découverte un petit fleuron à quatre pétales cordiformes. Au printemps suivant, le décor de cet œillet avait disparu57.

77Deux autres œillets, à l’est des grands cercles conservés, portent des fleurettes polychromes.

  • 58 Ibid.

78Seul un dauphin se retournant sur lui-même est encore visible dans l’un des octogones curvilignes. D’après G. Moracchini-Mazel58, les autres octogones curvilignes présentaient peut-être aussi un décor de dauphins.

  • 59 Lavagne 1981, p. 2.

79Une symétrie des motifs, de part et d’autre de l’autel, était peut-être respectée, comme le souligne H. Lavagne59.

Mosaïques de part et d’autre du podium

  • 60 Morachini-Mazel 1967b, p. 32.

80Tesselles : noir, bleu pâle, rouge, blanc. En moyenne, 1,5 cm de côté60.

Mosaïque au nord du podium (fig. 25)

Fig. 25 – Mosaïque située au nord du podium (P. Neri/CTC).

Fig. 25 – Mosaïque située au nord du podium (P. Neri/CTC).

81Bordure constituée d’une bande noire (min. 8 cm), entre les colonnes des deux premières travées prend place une large bande blanche (env. 48 cm).

  • 61 À l’est de cette ligne, l’espace qui pourrait être décoré d’une quatrième case en mosaïque, est oc (...)
  • 62 Moracchini-Mazel 1967b, p. 35.

82Suit un quadrillage en tresses à deux brins (blanc et bleu pâle) sur fond noir, à sept cases rectangulaires au minimum (motif 137 b). Quatre cases rectangulaires au nord et trois cases rectangulaires au sud61, toutes bordées d’un filet double blanc, d’un filet simple rouge et d’un filet simple noir. D’après les photographies prises in situ, le décor se poursuivait cependant à l’ouest, recouvert ensuite par le mortier rose62. Deux autres cases, dont on ignore la forme et le décor, prolongeaient le pavement à cet endroit. Selon la numérotation de G. Moracchini-Mazel :

  • 63 Les dimensions sont reprises du travail de G. Moracchini-Mazel (Moracchini-Mazel 1967b). La forme (...)

83Case 1 (0,92 × 0,34 m)63 :

84Ligne de peltes dressées affrontées rouges et bleu pâle, ornementées d’un pétale de fleurettes rouge, de part et d’autre d’un carré sur la pointe chargé de carrés alternativement blanc, rouge, noir, blanc (motif 59 a).

85Case 2 (1,09 × 0,35-0,44 m) :

86Ligne de cercles et de carrés sur la pointe tangents, au trait. Les cercles chargés d’un carré sur la pointe inscrit dans un cercle rouge et noir. Le carré sur la pointe chargé d’un cercle inscrit dans un carré sur la pointe rouge et noir.

87Case 3 (1,26 × 0,43-0,45 m) :

88Natte (blanc et bleu pâle sur fond noir). Complément d’une bande de 3-4 lignes de tesselles blanches à l’ouest.

89Case 4 (1,23 × 0,40-0,42 m) :

90Composition losangée d’écailles adjacentes en opposition de quatre couleurs faisant apparaître des lignes d’écailles de quatre couleurs (noir et blanc, bleu pâle et rouge) (motif 217 e).

91Case 5 (1,09 × 0,35-0,44 m) :

92Quadrillage de bandes sinusoïdales opposées, contiguës, en lacis, déterminant des cercles. Au nord et à l’ouest, les bandes sont interrompues au milieu des cercles.

93Case 6 (1,26 × 0,43-0,45 m) :

94Double ligne de cercles sécants noirs et tangents déterminant des fuseaux, avec filets médians rouges (motif 44 e var.).

95Case 7 (1,23 × 0,40-0,42 m) :

96Ligne de peltes dressées affrontées de part et d’autre d’un quatre-tesselles rouges (motif 59 a var.).

Mosaïque au sud du podium (fig. 26)

Fig. 26 – Mosaïque située au sud du podium (P. Neri/CTC).

Fig. 26 – Mosaïque située au sud du podium (P. Neri/CTC).
  • 64 De ce côté également, le décor semblait se poursuivre à l’ouest et aurait été recouvert (après arr (...)

97Quadrillage en tresses à deux brins (blanc et bleu pâle) sur fond noir, vraisemblablement à sept cases rectangulaires au minimum, à l’origine, comme sur le côté nord du podium64. Seules quatre cases rectangulaires au sud sont conservées. Elles sont toutes bordées d’un filet double blanc, d’un filet simple rouge et d’un filet simple noir. Les quatre cases au nord ont été détruites lors de l’établissement du palais épiscopal médiéval. Selon la numérotation de G. Moracchini-Mazel :

98Case 8 (0,95 × 0,31-0,34 m) :

99Ligne de cercles sécants noirs et tangents déterminant des fuseaux, avec filet médian rouge (motif 44 e var.).

100Case 9 (1,05 × 0,47-0,48 m) :

101Composition orthogonale d’octogones irréguliers sécants et adjacents par les grands côtés, déterminant des carrés et des hexagones oblongs (motif 169 c).

102Case 10 (1,10 × 0,70 m) :

103Composition de lignes de parallélogrammes adjacents, en opposition de trois couleurs, faisant apparaître des chevrons bipartites avec effet de relief (motif 203 f).

104Case 11 (1,28 × 0,70 m) :

105Composition orthogonale de petits carrés adjacents, à quatre couleurs, créant un effet de quadrillage de lignes de carrés sur la pointe tangents (motif 133 b).

Analyse stylistique
  • 65 Lavagne 1981, p. 2 ; Lavagne 2000, n° 698, p. 190-191.
  • 66 Lavagne 1981, p. 2-8.
  • 67 Duval 1982, p. 236.
  • 68 Lavagne 1981, p. 4, fig.  2.
  • 69 Lavagne 1978 ; Lavagne 2000, p. 186-187.
  • 70 Lavagne 1978, p. 143-157.
  • 71 Lavagne 1978, p. 157-160 ; Lavagne 2000, n° 695, p. 185-187.

106La composition en lacis de grands cercles et d’œillets est répandue entre le IVe et le VIe siècle, et plus particulièrement dès la fin du IVe siècle en milieu chrétien65. H. Lavagne rappelle l’étude de D. Levi qui montre qu’une étape décisive dans la formation de cette trame est le moment où le grand cercle prend une place nettement plus importante que l’œillet. Il fixe cette période à la fin du IVsiècle, période à partir de laquelle le schéma va connaître son plus grand développement. H. Lavagne propose, suite au travail de recensement du motif qu’il a effectué, de rapprocher la trame de Mariana des exemples d’Italie du Nord, notamment de ceux connus dans la région de Ravenne66. N. Duval estime quant à lui que la composition est trop répandue dans toutes les régions de l’Empire pour pouvoir se prononcer sur une influence italienne. Il souligne le fait que les pavements tardifs de la Gaule du Sud et en particulier de la Provence-Côte d’Azur sont encore mal connus, en dehors des mosaïques de Loupian, datées par H. Lavagne de la fin du IVe siècle67. L’une d’elles présente d’ailleurs une composition en lacis de grands cercles et œillets, proche stylistiquement de celle de Mariana68. H. Lavagne met également en lumière un atelier de mosaïques tardives en Provence qui produit des œuvres de grande qualité à la fin du IVe ou au début du Ve siècle69. Un premier exemple est fourni par un groupe de mosaïques de Saint-Paul-Trois-Châteaux (Drôme)70 et un second qui comprend une mosaïque de Saint-Jean d’Olonne71, mise au jour sous la nef de la chapelle du château, toutes datées de la fin du IVe ou du début du Vsiècle.

  • 72 Bonnet – Peillex 2012, p. 66. Un dépôt de monnaies dans les fondations de la cathédrale sud, const (...)
  • 73 Bassier et al. 1981, p. 143.
  • 74 Delbarre-Bärtschi 2014, n° 50.5 I, p. 244-246 ; Bonnet – Peillex 2012, p. 63-70, fig.  26-32, p. 9 (...)
  • 75 Bassier et al. 1981. Concernant le motif d’octogones sécants, voir aussi Lavagne 2000, Grenoble n° (...)
  • 76 Rinaldi 2005, p. 142-163.

107La mosaïque de la basilique de Mariana, et en particulier les décors situés de part et d’autre du podium, se rapproche stylistiquement de plusieurs autres pavements découverts en Gaule. Il s’agit en particulier des mosaïques de Genève, datée aujourd’hui archéologiquement de la fin du IVe ou du début du Ve siècle72, et de Migennes (troisième quart du Vsiècle)73. Si ces derniers se caractérisent par un tapis à décor multiple délimité par une tresse à deux brins polychromes, celui de Genève présente, comme à Mariana, des motifs de nattes, d’octogones sécants, d’écailles et surtout le motif des cercles en nœuds d’entrelacs aux boucles serrées74. Des compositions d’écailles, de cercles sécants et d’octogones sécants se retrouvent également à Migennes75. Un grand nombre de motifs des mosaïques de Mariana apparaissent aussi sur les pavements des églises A et B de la Piazza Duomo de Vérone (église A : deuxième moitié du IVe siècle ; église B : milieu Ve siècle)76, en particulier la composition en lacis de grands cercles et d’œillets dans l’église A, dont les cercles notamment sont ornés de fleurons polychromes, ainsi que plusieurs tapis à décor multiple délimités par des tresses à deux, trois ou à quatre brins polychromes dans l’église B, dans lesquels apparaissent des motifs de nattes, d’octogones sécants, des cercles sécants ou encore des compositions de peltes.

Analyse iconographique

108Le pourtour du podium, souligné par une bordure, enserre en un ensemble unitaire une organisation tripartite formée d’une composition de lacis, de deux tapis figurés qui encadrent l’autel et d’un troisième panneau historié, longeant ces derniers. Leur état de préservation ne permet pas d’en extraire une interprétation certaine et complète. Cependant nous tenterons en partant des premières hypothèses de G. Moracchini-Mazel, de mettre en lumière les possibles articulations de sens qui président à cet ensemble et leurs liens avec le programme décoratif du baptistère. En d’autres termes nous chercherons à vérifier s’ils pouvaient acquérir une valeur signifiante selon la place qu’ils occupent dans le complexe épiscopal.

109Pour ouvrir la discussion nous commencerons par l’examen du panneau le plus révélateur, celui, historié qui décore le podium de la basilique. Ce tapis figuré situé à l’arrière de l’autel dans le presbyterium de la basilique est lacunaire. Néanmoins, les fragments d’un bovidé penché vers un élément quadrangulaire d’où s’échappent des brindilles que l’on distingue aussi dans la gueule de l’animal, les vestiges d’un autre lui faisant face et dont on reconnaît à peine l’arrière train, les bribes de murs situés de part et d’autre de la scène, et notamment quelques éléments d’une inscription dont il ne subsiste que deux mots tronqués, permettent de l’identifier. C’est en effet la restitution de cette dernière qui fut déterminante pour reconnaître sans ambiguïté la scène représentée.

  • 77 Grover 2012, p. 455 : Messianic Age, Peacefull Kingdom, Golden Age.

110En se fondant sur la longueur du tapis et l’espacement des lettres, G. Moracchini-Mazel restitue Leo et bos simul paleas manducabunt : le lion comme le bœuf mangeront la paille ensemble. Plus précisément, elle note que l’emploi du mot MANDUCARE au lieu de COMEDERE par le mosaïste attesterait qu’il aurait repris une traduction ancienne de la bible ou un commentaire de saint Ambroise des versets d’Isaïe, chapitres XI et LXV de l’Ancien Testament, dépeignant la paix des animaux, dont un extrait, celui du bœuf et du lion mangeant paisiblement ensemble de la paille, a été choisi pour évoquer ce thème. Thème que l’on désigne aussi par royaume messianique de la paix, royaume paisible, Âge d’or ou paradis77.

  • 78 Moracchini-Mazel 1967b, p. 24-27 ; Campbell 1995, p. 125.

111Si plusieurs imageries paradisiaques, notamment en Orient, sont classées comme dérivant de la vision du prophète, à ce jour seules cinq occurrences de l’interprétation picturale du royaume messianique de la paix, accompagnée d’une citation d’Isaïe qui l’identifie, ont été retrouvées dans des églises paléochrétiennes. Quatre sont en Orient, en Turquie à Karlık, Korikos et Anemurium, et en Jordanie à Ma’In et une seule se trouve en Occident, celle de Mariana qui reste jusqu’à présent un unicum dans cette partie de l’Empire78. Les inscriptions sont plus ou moins fidèles aux versets d’Isaïe et s’organisent de sorte à s’adapter à la scène qu’elles accompagnent.

  • 79 Grabar 1960, p. 68.
  • 80 Campbell 1995, p. 129-134.
  • 81 Par example Grover 2012, p. 474.

112La représentation en mosaïque de l’Âge messianique a été interprétée de manière différente par les spécialistes : certains, en se fondant sur l’emplacement des pavements, l’ont associée à l’Eucharistie comme A. Grabar79, ou au baptême comme S. Campbell80, alors que d’autres ont plutôt considéré que la composition de l’image prime sur son emplacement81.

  • 82 Gough 1974, p. 419.
  • 83 Pergola 1984a.
  • 84 Grover 2012, p. 455-493.
  • 85 Grover 2012, p. 479 : « The West maintained a more literal interpretation of the Millenium as bein (...)

113M. Gough82, à propos de la mosaïque de Karlık, l’a attribuée au contexte religieux qui avait cours dans cette région, en particulier à un désir de paix et de réconciliation entre nestoriens et monophysites. Cette dernière interprétation concerne une controverse spécifique et circonscrite à la partie orientale de l’Empire. Hypothèse séduisante mais pas tout à fait convaincante comme le souligne Campbell en raison de l’impossibilité de lier directement ces pavements, leur iconographie et leur datation, à ces doctrines christologiques et leurs débats. De manière analogue, voir dans la mosaïque de Mariana une allégorie de la paix retrouvée en Corse par les évêques africains expulsés par les vandales83, serait simplificateur et même erroné en raison de la datation archéologique de la basilique qui ne coïncide pas avec cet évènement (cf. infra). Enfin, un récent article de R. Grover84 consacré à l’imagerie du lion et du bœuf/zebu affrontés dans les mosaïques de Jordanie, propose une dernière interprétation, celle de voir dans ce motif une invitation à considérer que l’ère messianique a déjà commencé et qu’elle était à l’œuvre sur terre par l’intermédiaire de l’Église. Conception qui serait propre à l’Orient et dont le tournant aurait eu lieu à partir de Constantin85.

114Ce débat montre, d’une part, que l’imagerie de l’Âge messianique ou de la paix des animaux est devenue iconique dans la mesure où elle illustre un texte biblique précis dont elle conserve le caractère narratif, même quand elle ne retient de celui-ci que l’élément le plus signifiant, et d’autre part, que selon son contexte – chronologique, spatial et ornemental- elle convoque plusieurs niveaux de lecture ouvrant sur un faisceau d’éventualités.

Le contexte spatial et ornemental
  • 86 À l’instar de celui d’Anemurium et de Korikos.
  • 87 Grabar 1960, p. 68.

115À Mariana, l’emplacement du tapis figuré à proximité de l’autel est significatif pour illustrer l’Âge messianique86.Selon A. Grabar « pour les chrétiens, la paix finale qu’on évoque, en se servant d’une vieille formule biblique, le paradis qu’elle imagine, sont inséparables de l’autel eucharistique »87. Ce qui conduit G. Moracchini-Mazel à se demander si cette filiation thématique ne se manifesterait pas aussi par la représentation de la mangeoire dont la forme rappellerait un autel tabulaire, le mot manducare contribuant à évoquer le sacrifice qui se tenait à cet endroit ; il est en effet clairement illustré par la posture du bœuf représenté ruminant, la gueule remplie de paille.

  • 88 Campbell 1995, p. 132, c’est le cas aussi à Anemurium où le baptistère a été identifié dans l’anne (...)

116Le tapis est par ailleurs placé devant l’abside et le synthronos à proximité desquels se trouve le baptistère88.

  • 89 Campbell 1995, p. 130.

117Cette disposition spatiale serait le reflet des rites liturgiques les plus anciens où le baptême, au cours duquel étaient invoqués les dons du Saint Esprit, était suivi par l’admission du candidat au sein de son église à travers sa participation à l’eucharistie. Pour Campbell cela témoigne du lien entre l’âge messianique et le baptême qui est non seulement corroboré par la prophétie d’Isaïe mais aussi par les rites tels qu’ils sont décrits par Ambroise de Milan, Théodore Mopsueste ou Augustin d’Hippone qui envisagent les sept dons comme l’accomplissement du baptême et l’anticipation du paradis89.

  • 90 Frank 2009, p. 765-777.

118Vers la fin du IVe siècle, les pasteurs comme Ambroise de Milan se demandaient comment communiquer les grands mystères, ceux de l’eucharistie et du baptême, aux nouveaux initiés. De même, en Orient et en Asie Mineure, Cyrille, Jean Chrysostome et Théodore ont consacré leurs catéchèses à cette question. Leurs sermons furent rédigés pour expliquer les rudiments de la liturgie pendant une période assez courte entre 350 et 390 qui correspond à l’évolution des pratiques du baptême. Au IVe siècle la plupart des conversions se faisaient parmi les adultes alors qu’au Ve siècle les baptêmes d’enfants vont devenir plus courants90.

119Cette brève période correspond à la fourchette chronologique établie récemment pour dater la basilique.

120De part et d’autre de l’autel, deux panneaux, l’un très abîmé représenterait une poule picorant, peut-être accompagnée de poussins selon l’hypothèse de G. Moracchini-Mazel, l’autre un arbre, peut être un cep de vigne.

  • 91 Borresen 1982, p. 207-211 ; Verwilghen 1985, p. 254 : « (…) en s’appuyant sur l’image de la poule (...)
  • 92 Borresen 1982, p. 210.

121A. Grabar, comme G. Moracchini-Mazel, interprète la scène de la poule comme le symbole de l’Église protectrice de ses fidèles. Dans Mathieu 23, 37 Jésus se compare à une mère-poule : « Jérusalem, Jérusalem, toi qui tues les prophètes et lapides ceux qui te sont envoyés, combien de fois ai-je voulu rassembler tes enfants à la manière dont une poule rassemble ses poussins sous ses ailes..., et vous n'avez pas voulu ». Ces versets ont fait l’objet d’une exégèse par deux Pères importants de l’église d’Occident, Hilaire de Poitiers et notamment Augustin d’Hippone dans ses Enarrationes in Psalmos, qui met en parallèle l’attitude maternelle de la poule et la kénose du Christ91. Ces témoignages attesteraient que l’imagerie de la poule, pour signifier Jésus, avait cours aux IVe et Ve siècles et l’on comprend mieux le poids visuel qui lui a été conféré : son emplacement à proximité de l’autel eucharistique souligne qu’elle est l’image du Verbe incarné et crucifié92. De même, la représentation du cep de vigne disposée symétriquement de l’autre côté de l’autel, devait contenir une valeur symbolique tout aussi significative et homologue.

  • 93 Danielou 1961, p. 33-47.
  • 94 Lavagne 1981, fig.  1.
  • 95 Asterios, Hom. XIV ; Danielou 1961, p. 46.
  • 96 Danielou 1961, p. 39 : Pour Saint Cyprien « L'Église, à la manière du Paradis, contient dans ses m (...)

122Dans son ouvrage de référence sur l’imagerie du christianisme antique, J. Danielou, retrace la généalogie iconologique de l’arbre de vie et de la vigne qui renvoient l’un et l’autre à la figure du Christ. Il conclut que sa représentation en arbre de vie ou en cep de vigne, sur lequel se développent les rameaux ou les sarments, « montre dans l'Église l'intimité du Christ et de ses membres »93. On observe d’après le dessin de Prudhomme94 et celui de la publication de G. Moracchini-Mazel que seules les deux branches les plus basses portent une grappe. On peut se demander si cette ambiguïté iconographique témoignerait de la condensation de ces deux thèmes. La proximité de cette image avec l’autel qui souligne son lien avec le thème de l’eucharistie trouve son écho dans l’homélie d’Astérios le sophiste « La vigne divine et antérieure aux siècles a poussé hors du sépulcre et a porté comme fruits les nouveaux baptisés comme des grappes de raisins sur l'autel. La vigne a été vendangée et l'autel, comme un pressoir, a été rempli de grappes. Vignerons, vendangeurs, cueilleurs, cigales chantantes, nous ont montré aujourd'hui encore dans toute sa beauté le Paradis de l'Église (…) »95. Elle atteste aussi du glissement qui s’opère entre la figure du Christ et celle de l’Église et les entrelacements de sens qui sont à l’œuvre. De fait, cette représentation pourrait fonctionner de manière métonymique avec l’arbre signifiant la plantation, métaphore de l’Église ; une thématique qui se rattacherait à la catéchèse baptismale judéo-chrétienne et qui évoquerait aussi le paradis dont les arbres seraient assimilés aux chrétiens plantés par le baptême96.

  • 97 Danielou 1961, p. 39, Éphrem : « Dieu a planté un beau jardin. Il a construit sa pure Église. Au m (...)

123La poule et l’arbre situés de part et d’autre de l’autel et à proximité de la représentation de l’Âge messianique, exprimeraient ainsi la figure du Christ : Verbe incarné et crucifié et arbre de vie ou vigne qui se déploie au sein de l’église-paradis97.

  • 98 Poème en l’honneur de la fontaine Sainte Thècle de Milan, publié par Gruter, Inscriptiones antiqua (...)

124Si le thème du baptême est sous-jacent dans les trois tapis qui enserrent l’autel, il transparaît aussi dans la composition géométrique en lacis, dont les entrelacements animés de dauphins et de fleurons, se déploient en un réseau linéaire régulier. L’ensemble suggère une impression de mouvement. À cette dynamique qui semble sans cesse se renouveler s’associe celle de la floraison signifiée par les fleurons et celle des dauphins bondissants. L’animation suggérée par cette composition évoque l’eau vive qui communique la vie et la présence des poissons le confirme et désignent les chrétiens vivifiés par le baptême. Des octogones concaves n’a survécu qu’un seul dauphin représenté en mouvement donnant l’impression à la fois d’émerger et de replonger. Ces poissons figurés dans le chœur de l’église, sur son podium, et insérés dans un ensemble ornemental marqué par une thématique, comme on l’a vu, en lien avec celle du baptême, font écho à ceux du baptistère. Notamment ceux qui jaillissent des divinités fluviales représentées aux angles de la composition. Celle-ci présente en son centre la cuve baptismale, un octogone irrégulier à quatre côtés concaves sur les médianes, inscrit dans un carré encadré d’une bordure en sparterie. De même, G. Moracchini-Mazel observe que les octogones concaves de la composition en lacis rappellent la forme octogonale du baptistère suivant ainsi les préceptes de saint Ambroise. Dans un poème célébrant le baptistère de Milan, l’évêque fait de l’octogone un préalable à son édification « la fontaine, pour être digne de son rôle, doit être octogonale. C’est sur le nombre huit que doit être bâtie l’église où se donne le saint baptême, où le peuple retrouve le salut »98.

2.6 Les éléments sculptés

Les plaques ajourées

  • 99 Moracchini-Mazel 1967b, p. 61.

125En 1962, vingt-six fragments de plaques ajourées ont été mis au jour en plusieurs lieux du site par G. Moracchini-Mazel (fig. 27). Une partie d’entre eux a été retrouvée au fond du puits à l’est de la basilique et les autres ont été découverts aux alentours du complexe : dans une zone située à l’est ou au sud-ouest sous le niveau dit des thermes, à l’ouest sous un béton rose ou encore derrière l’abside de la basilique, au niveau du sol99. Le recollage entre deux fragments issus de deux endroits distincts - le premier Mar111206 découvert à l’est du baptistère et l’autre au fond du puits Mar111128 – montre que leur lieu de trouvaille sur le site n’est pas significatif.

Fig. 27 – Fragments de plaques ajourées (Ville de Lucciana).

Fig. 27 – Fragments de plaques ajourées (Ville de Lucciana).

Les matériaux

126Certains fragments, cinq au moins, pourraient être en marbre alors que les autres, sur la base du seul examen visuel, sont taillés dans un autre matériau, un calcschiste de couleur verte semblable aux riches locales.

Morphologie des plaques 

127Nous ne disposons pas d’assez d’éléments pour restituer une plaque entière ou même pour évaluer ses dimensions. L’examen des fragments conservant des angles montre néanmoins qu’elles étaient rectangulaires ou carrées. Neuf fragments comportent en effet des parties correspondant sans aucun doute à la bordure ou au cadre d’une plaque. Deux ensembles pourraient se distinguer à partir de la largeur des bordures : le premier comprenant trois plaques en marbre aux cadres assez larges (entre 7 et 13 cm) sans décor associé (Mar 111204, Mar112101/2011.1.841-65, Mar111202) et le second regrouperait toutes les autres dont les bordures ont une largeur n’excédant pas 4, 5 ou 6 cm et qui sont associées à un décor de feuilles de vigne. Parmi ces dernières, certaines ont été taillées dans un schiste de couleur verte et d’autres dans du marbre. Un angle de pièce conservé (841-41) permet de restituer une plaque cernée par deux cadres de largeur différente : l’un de 6 cm et l’autre de 5 cm. La longueur minimale d’une plaque est égale à 22,5 cm (841-41 + Mar111206). Leur épaisseur varie entre 1,5 et 4  cm, mais le plus grand nombre a une épaisseur égale à 1,5 ou 2,5 cm.

Étude du décor : style et iconographie

128Le décor est sculpté dans un relief semi méplat ou gravé. Entre certaines parties du décor comme les lobes d’une feuille par exemple, un espace triangulaire est taillé en biseau et ajouré. Des trous circulaires séparent également d’autres motifs entre eux. Le langage de la sculpture est identique à celui du ciborium.

129Le décor n’est placé que sur une face, le revers est juste dégrossi et présente seulement des traces d’outils (sillons divers). Il était cerné par un cadre plat parfois légèrement biseauté vers l’intérieur. Le fragment de pilastre conservé avec des cannelures rudentées correspond peut-être à un élément de division interne d’une plaque et pourrait scander le décor. On retrouve d’ailleurs cet élément sur les deux côtés opposés du panneau central des cuves de sarcophages du Sud-ouest de la Gaule ou pour séparer deux panneaux. Outre ce motif architectonique isolé, la plus grande partie des fragments offre un décor végétal avec essentiellement des feuilles de vigne, des ceps et des grappes de raisin. Ces feuilles n’ont pas toutes le même traitement ni la même forme. Certaines ont des lobes avec des nervures principales uniquement marquées d’un trait en biseau. D’autres ont des lobes aux nervures palmées plus complexes également marquées par un trait gravé et sur les dernières enfin, certaines nervures sont signalées par un fin bourrelet qui se termine en pointe. Ce même traitement se retrouve sur les feuilles de lierre ou sur les rosaces du décor des architraves du ciborium du baptistère (cf. infra).

  • 100 Dans la croix de la mosaïque absidale du VIe siècle de l’église Saint-Apollinaire-in-Classe de Rav (...)

130Un unique élément montre un fragment d’anneau décoré d’une alternance de losanges et de deux petits triangles opposés qui n’est pas sans rappeler les médaillons ornés de gemmes entourant un chrisme ou une croix. On les retrouve en effet dans l’iconographie de la croix victorieuse ou gemmée qui s’est développée à partir de la deuxième moitié du IVe siècle dans l’iconographie chrétienne100.

  • 101 Durliat – Deroo – Scelles 1987, n° 157a, b, c, p. 113-115.
  • 102 Valensi 1976, p. 33, n° 22.

131C’est dans le répertoire de la sculpture funéraire du Sud-ouest de la Gaule que l’on trouve les comparaisons les plus nombreuses avec les motifs de ces plaques. Des pampres de vigne aux feuilles identiques à celles de ces plaques se développent à profusion sur les sarcophages du Sud-ouest comme sur celui dit de « La chasse de Méléagre « conservé au musée Saint-Raymond de Toulouse101 ou encore sur un sarcophage de Bordeaux dans la crypte Saint-Seurin datés du IVe ou du Ve siècle102. La vigne est en effet un thème de prédilection sur les cuves et les couvercles de ces sarcophages. Dans l'art romain, la vigne signifiait le renouveau, c'est-à-dire l'immortalité et prenait donc tout son sens dans l'art funéraire. La vigne devient, dès les premiers temps chrétiens, l'emblème le plus manifeste du Christ. Dans l'Évangile de Jean on lit en effet : "Je suis la vraie vigne et mon Père est le vigneron… « (Jean 15,1). Mais c'est surtout avec les dernières paroles de Jésus à ses disciples, lors de la Cène, que le vin, la vigne, prennent leur véritable sens symbolique pour les Chrétiens : évangiles de Matthieu (26, 27-29), Marc (14, 23-25), et Luc (22, 17-18, 20). Ces mots fondateurs de la religion chrétienne, transmis par les évangélistes, instituent le sacrement de l'Eucharistie. La vigne en devient le symbole. Le vin de la vigne rappelle le sacrifice du Christ.

  • 103 Moracchini-Mazel 1967b, p. 62, fig.  77.

132G. Moracchini-Mazel indique également que deux fragments présentant une inscription incomplète auraient été remployés dans ces plaques ajourées103.

Destination des plaques 

  • 104 Ses dimensions sont les suivantes : 83 cm. de hauteur, 1,49 m de longueur, 6 cm. de large pour la (...)
  • 105 Angiolini Martinelli 1968, p. 73, n° 132.

133À quel usage ces plaques étaient-elles destinées ? Compte tenu de leur faible épaisseur il semble peu crédible de les interpréter comme des plaques de chancel, à moins qu’elles n’aient été inscrites dans un cadre de barrière plus large (ce que ne laissent néanmoins pas paraître les éléments de bordure conservés). Dans le domaine de la sculpture ravennate, on connaît des transennes avec des parties décorées et ajourées d’épaisseur similaire aux plaques de Mariana mais leur cadre est en revanche beaucoup plus large. P. Angiolini Martinelli présente, dans le corpus dédié à la sculpture paléochrétienne byzantine et haut-médiévale de Ravenne, des transennes qui ont un cadre d’une épaisseur de 6 à 13 cm et une partie interne ornée beaucoup moins épaisse : entre 2 et 3 cm. L’une d’entre elles, provenant de l’église Saint-Vital et conservée au musée national de Ravenne, est datée de la 2ème moitié du VIe siècle104. Ces transennes sont ornées d’un décor géométrique ou végétal avec des feuilles associées à des lignes entrelacées, mêlées à des oiseaux ou des croix. Le thème de la vigne est présent, comme l’illustre la plaque de l’église Saint-Apollinaire le Neuf datée du 3ème quart du VIe siècle où il encadre la représentation de la croix entourée par deux oiseaux affrontés105.

  • 106 Ben Abed-Ben Khader et al. 2004, p. 157-197.
  • 107 Ben Abed-Ben Khader et al. 2004, p. 194.

134Elles ont également pu, et c’est peut-être leur destination la plus vraisemblable, habiller un mobilier liturgique comme un massif d’autel à l’image des plaques découvertes dans la basilique sud de Sidi Jdidi106. De cette basilique de l’arrière-pays de Hammamat en Tunisie, provient une série importante de fragments décoratifs en pierre appartenant au 2ème état de cette église, soit au milieu du VIe siècle. Les plaques d’épaisseurs comparables à celles de Mariana n’étaient décorées que sur une face de motifs géométriques, de rosaces et de croix centrales entre lesquels on retrouve les mêmes petites perforations triangulaires ajourées. La faible hauteur restituable (0,52 m à 0,60 m) et la minceur (de 1 à 5 cm) des plaques tunisiennes ne permettent pas de les interpréter comme des dalles de chancel et les archéologues ont pensé qu’il s’agissait plutôt de plaques ornant le massif de maçonnerie, support de l’autel107.

135Ces éléments de plaques ajourées, même très fragmentaires, sont d’autant plus intéressants qu’ils complètent l’ensemble sculpté déjà exceptionnel du ciborium du baptistère (cf. infra). Ils ont en commun un même langage sculpté et certains détails identiques, comme le traitement similaire des nervures des feuilles avec un bourrelet central. Les comparaisons iconographiques et stylistiques puisées dans le même domaine - celui des sarcophages du Sud-ouest de la Gaule - pourraient également renforcer l’idée de leur appartenance à un même ensemble chronologique. Ces plaques ont pu orner une installation liturgique (devant d’autel ?) à l’image de celles, vraisemblablement un peu plus tardives, de la basilique sud de Sidi Jdidi en Tunisie.

Les piliers de chancel

136Deux fragments de piliers de chancel appartiennent au même ensemble (Mar111215 et Mar111216 – 2011.1.841-58) (fig. 28). Le plus grand fragment mesure 33 cm de long et 9 cm de large. Il présente une face arrière mal dégrossie de 7 cm de large légèrement oblique et une face avant arrondie où se trouve un décor exécuté en bas-relief incomplet. Il s’agit d’une superposition de feuilles recourbées à la nervure centrale évidée avec au sommet une pointe qui s’ourle sur elle-même. Sur les deux faces latérales et opposées une mortaise de 2,5 cm de large et 1,5 cm de profondeur au profil en léger biseau a été taillée. Ces deux mortaises étaient destinées à emboîter deux plaques dans le pilier. Au sommet les traces circulaires dans la pierre laissent supposer l’enlèvement d’une protubérance sculptée, une petite sphère sommitale ou une pomme de pin comme il est courant de trouver sur ce type de mobilier. Le second fragment plus petit (16 cm de long), dont le décor a disparu, pourrait appartenir au même pilier (ou au même type de pièce) car il offre les mêmes proportions. Étant donné les dimensions assez réduites de ce pilier, il semble qu’il ait pu appartenir à une petite barrière de chancel paléochrétienne ou haut médiévale.

Fig. 28 – Pilier de chancel (Ville de Lucciana).

Fig. 28 – Pilier de chancel (Ville de Lucciana).

Bases et fûts de colonnettes 

137Quatre petites bases de 9,5 cm de hauteur, dont le lit d’attente était destiné à recevoir une petite colonne de 12,5 cm de diamètre, pourraient être rattachées au mobilier liturgique (dimensions au sol 14,5 × 16,5 cm) (841-23 et 841-28 et 836 et 848) (fig. 29). Quatre fûts lisses de colonnettes de 10,5 à 11 cm de diamètre (841-34 ; Mar110944-841.35 ; Mar111775 (liste) ; Mar111787 liste) et un fût cannelé de 12 à 12,5 cm de diamètre (Mar111798-837 liste) doivent probablement être associés à cet ensemble. Aucun chapiteau de petite taille n’est néanmoins conservé. Étant donné leurs modestes dimensions, ces bases et ces fûts pourraient être ceux d’un autel.

Fig. 29 – Bases de colonnettes (Ville de Lucciana).

Fig. 29 – Bases de colonnettes (Ville de Lucciana).

3. Vers une nouvelle basilique (Phase 2)

3.1 La reconstruction des murs porteurs et des piliers (phase 2a)

138La basilique fait l’objet d’une reconstruction importante mais pas totale puisque l’abside et ses annexes ne paraissent pas concernées, du moins dans leurs parties basses, les seules à être encore conservées (fig. 30).

Fig. 30 – Plan de la basilique, état 2a (DAO D. Istria).

Fig. 30 – Plan de la basilique, état 2a (DAO D. Istria).

139En revanche, le mur gouttereau nord [MR 218] ainsi que la partie du mur pignon occidental correspondant au collatéral nord [MR 237], conservés en élévation sur seulement une cinquantaine de centimètres, sont presque entièrement réédifiés [MR 308 et 309] (fig. 31) et la porte occidentale du collatéral nord est bouchée.

Fig. 31 – Mur nord de la basilique, élévation intérieure. Les deux phases de construction, l’une en galets l’autre en briques et fragments de tegulae apparaissent clairement. L’alignement vertical de briques au centre de la partie haute correspond à la réutilisation d’un bloc de maçonnerie provenant d’une autre structure (D. Istria/CNRS).

Fig. 31 – Mur nord de la basilique, élévation intérieure. Les deux phases de construction, l’une en galets l’autre en briques et fragments de tegulae apparaissent clairement. L’alignement vertical de briques au centre de la partie haute correspond à la réutilisation d’un bloc de maçonnerie provenant d’une autre structure (D. Istria/CNRS).
  • 108 Moracchini-Mazel 1967b, p. 9.

140La situation des autres murs de la nef est inconnue, mais le plan de 1961 indique que ces nouvelles maçonneries se poursuivaient au niveau de la façade occidentale et du mur sud108 : extrapolation ou réalité ? On ne saurait dire. Tous ces vestiges, ainsi que l’extrémité orientale du mur nord, ont complètement disparu aujourd’hui.

  • 109 G. Morachini-Mazel reconnaissait deux phases dans ces piliers. Nous n’en distinguons quant à nous (...)
  • 110 Moracchini-Mazel 1967b, p. 9, fig.  4. Ces deux piliers ont été partiellement détruits pendant la (...)

141Toutes les colonnes sont remplacées par des piliers (fig. 32 et 33)109. Plus larges que les supports précédents, ils débordent donc des sous-bases qui sont laissées en place, et couvrent le sol de béton et les mosaïques de la phase 1. Leurs dimensions sont irrégulières, mais leur plan peut être assez proche du carré voire très allongé : 69 × 69 cm / 72 × 72 cm / 75 × 76 cm / 69 × 73 cm / 67 × 73 cm... D’après le plan publié en 1967, les derniers piliers orientaux [PL 244 et 260] avaient une longueur environ deux fois plus importante que la largeur110.

Fig. 32 – Détail du pilier 308 en cours de démontage. On remarque la présence de la base de colonne remployée dans la maçonnerie. Le mur en galets à droite est celui du palais épiscopal du second Moyen Âge (D. Istria/CNRS).

Fig. 32 – Détail du pilier 308 en cours de démontage. On remarque la présence de la base de colonne remployée dans la maçonnerie. Le mur en galets à droite est celui du palais épiscopal du second Moyen Âge (D. Istria/CNRS).

Fig. 33 – Pilier 257 de la basilique, phase 2 (D. Istria/CNRS).

Fig. 33 – Pilier 257 de la basilique, phase 2 (D. Istria/CNRS).
  • 111 Parmi ces fragments de sculptures on notera en particulier la présence d’éléments du baldaquin du (...)
  • 112 Ces blocs de maçonnerie sont visibles dans l’élévation intérieure du mur nord.

142Les techniques de construction mises en œuvre sont bien différentes de celles qui caractérisaient le chantier de la phase 1. Les matériaux utilisés sont des fragments de terre cuite architecturale (tuiles et briques) et exceptionnellement quelques galets ainsi que des fragments de sculptures en marbre111 et même des débris de maçonneries en briques encore scellées par leur mortier d’origine112. Il y a donc un remploi systématique des matériaux prélevés in situ.

  • 113 La pierre ponce est une roche volcanique naturellement absente de la Corse. On peut en revanche en (...)

143Les piliers ainsi que l’angle nord-ouest sont montés au mortier de chaux et de sable riche en terre associée (Échantillon BP 11). La présence de pierre ponce associée au sable indique que ce dernier a été prélevé près du littoral, à environ 2,5 km de la ville113. En revanche, les murs sont construits au liant de terre argileuse (Échantillons BP 13 et 14).

144La mise en œuvre est globalement peu soignée comme on peut le voir en particulier sur le mur nord où les assises sont irrégulières. Cependant, un enduit à base de chaux assez épais et résistant est venu couvrir l’ensemble de ces maçonneries, certainement à l’intérieur mais probablement aussi à l’extérieur (Échantillons BP 7 et 9). Sa composition permet de l’associer au mortier de type BP 11 utilisé pour la construction des piliers. Il est bien conservé sur la face intérieure du mur nord jusqu’à sa base.

  • 114 Dans le collatéral sud il a été percé en de nombreux endroits par le creusement de fosses sépulcra (...)

145La limite basse de ces enduits ainsi que le niveau de pose des piliers, indiquent que le sol primitif en béton a été partout conservé. En l’absence d’observations fines lors des fouilles, on ne peut dire toutefois s’il a fait l’objet de quelques réparations. On est seulement en mesure d’affirmer qu’il était parfaitement conservé dans les deux dernières travées orientales du collatéral nord114.

  • 115 Moracchini-Mazel 1967b, p. 71. Les murs construits pour boucher ces portes ont été démontés lors d (...)

146C’est peut-être au même moment que les deux ouvertures placées dans l’abside et la porte nord du vestibule sont condamnées à l’aide notamment des fragments de colonnes provenant de la nef, associés à des fragments de terre cuite architecturale115.

3.2 La réorganisation de la nef (phase 2b)

  • 116 Moracchini-Mazel 1967b, p. 70.

147Les entrecolonnements des huit travées orientales sont obturés par des murs de même épaisseur que les piliers contre lesquels ils sont appuyés et qui, comme eux, reposent sur le sol de béton originel et sur les mosaïques situées de part et d’autre du podium (fig. 34 et 35). Seule la première travée occidentale n’est pas affectée par ces travaux. Construits en matériaux de remploi, ils étaient recouverts d’enduits sur les deux faces116.

Fig. 34 – Plan de la basilique, phases 2b et 2c (DAO D. Istria/CNRS).

Fig. 34 – Plan de la basilique, phases 2b et 2c (DAO D. Istria/CNRS).

Fig. 35 – Mur de bouchage 333 (D. Istria/CNRS).

Fig. 35 – Mur de bouchage 333 (D. Istria/CNRS).

148Contrairement à ce que l’on pensait, le mur [MR 266] d’orientation nord-sud situé entre les premiers piliers ouest des deux alignements, ne correspond pas à cette phase, mais est bien plus tardif. Il est en fait appuyé contre le mur du grand bâtiment de la fin du Moyen Âge et non coupé par ce dernier.

149Tous détruits aujourd’hui, ces murets étaient encore visibles au moment de la découverte sur une hauteur de 40 cm. Les piliers étaient conservés sur une hauteur au moins égale à celle-ci, mais souvent supérieure. Cela signifie peut-être que la hauteur de ces maçonneries destinées à condamner les passages entre les nefs n’a jamais dépassé 40 cm.

  • 117 Moracchini-Mazel 1967b, p. 69-70.
  • 118 Pergola 2004, p. 247.
  • 119 Baratte et al. 2014, p. 158-159 et 317.
  • 120 Lusuardi Siena 2003.
  • 121 Démians d’Archimbaud et al. 2010, p. 63-64.

150Alors que pour les uns ces murets correspondent à des clôtures destinées à séparer les fidèles, notamment les hommes et les femmes117, pour d’autres ce sont ceux d’une église tardive à nef unique, terminée vers l’est soit par la petite abside en galets, soit par la grande abside en briques118. L’absence de mur occidental et la hauteur supposée des murets contredit cette dernière hypothèse et oriente donc vers une fonction liturgique dont on connaît des exemples anciens, notamment dans la basilique I de Thuburbo Maius ou encore dans la basilique III d’Haïdra119, mais aussi plus récents à Luni120 et à Tuscania. On est tenté également de rapprocher cet aménagement de celui identifié par G. Démians d’Archimbaud dans la cathédrale Notre-Dame du Bourg à Digne et interprété comme un chœur canonial121.

3.3 Le réaménagement du presbyterium (phase 2c)

151Le presbyterium fait l’objet de modifications importantes, mais peu lisibles aujourd’hui en raison de la construction des bâtiments de la fin du Moyen Âge et des travaux destructeurs réalisés durant les fouilles des années 1960.

152En avant du banc presbytéral, le sol est creusé sur une profondeur d’environ 80 cm. Les parois de cette fosse sont recouvertes d’une maçonnerie en matériaux hétérogènes (blocs, dalles de schiste, fragments de tuiles…) [MR 305], qui se poursuit en élévation de manière à chemiser le mur du synthronos dont l’épaisseur est portée à 1,20/1,30 m. L’espace semi-circulaire ainsi délimité a une largeur est-ouest de 1,40 m et une longueur nord-sud de 2 m (dans l’œuvre) (fig. 36).

Fig. 36 – Proposition de restitution du presbyterium phase 1 (a) et phase 2c (b) (DAO D. Istria/CNRS).

Fig. 36 – Proposition de restitution du presbyterium phase 1 (a) et phase 2c (b) (DAO D. Istria/CNRS).

153En raison de son positionnement et de ses caractéristiques, cet aménagement peut être interprété comme une crypte, ou plus exactement comme un reliquaire compte tenu de sa taille et de son accessibilité sans doute très limitée ; on peine à imaginer qu’une personne pouvait y entrer. Le chemisage du mur de l’ancien banc presbytéral laisse cependant imaginer une élévation relativement importante supportant très probablement une voûte qui couvrait l’ensemble. On ne sait quelle était la hauteur de cette structure, mais elle devait s’élever à au moins 1 m au-dessus du sol de l’abside pour arriver au nouveau sol du podium qui venait butter contre elle.

  • 122 Un petit témoin de ce sol a été conservé après la fouille à l’extrémité orientale du podium ce qui (...)
  • 123 Le mur nord a également disparu, mais cette situation est documentée par le relevé planimétrique d (...)
  • 124 Moracchini-Mazel 1967b, p. 71.

154Ce podium est lui-même surélevé par une couche de remblai de terre et de galets couverte d’un épais mortier au tuileau, dont l’épaisseur atteint 42 cm au moins à l’est122. L’ensemble est contenu par des murets de briques est-ouest, construits sur les bords de la plate-forme et reposant sur les mosaïques, ainsi que par trois autres disposés perpendiculairement. Le premier [MR 243] est construit à 15 cm de l’extrémité occidentale du podium qu’il dépasse en élévation d’au moins deux assises. Il est adossé au sud sur le deuxième pilier [PL 245]. Son extrémité nord a été détruite, mais la reconstitution graphique permet de déterminer qu’il s’appuyait au mur de bouchage de l’entrecolonnement123. Le deuxième mur, complètement détruit aujourd’hui, était au milieu de la plate-forme. Enfin le troisième, partiellement conservé [MR 304], a été installé à l’extrémité orientale124.

155L’organisation de ces murs, destinés donc à contenir le remblai déposé sur le podium, laisse penser qu’ils pouvaient créer un étagement s’élevant graduellement d’ouest en est ; on comprendrait mal autrement la fonction du muret nord-sud intermédiaire. Le dernier niveau, le plus élevé, se trouvant alors au-dessus du reliquaire.

156Le sol de chaux qui couvre le remblai de l’estrade, partiellement conservé sur une butte-témoin, est en tout point semblable à celui déposé dans l’abside afin de restaurer par secteurs le sol de la phase 1 passablement détérioré. Il se distingue de ce dernier essentiellement par son aspect fortement craquelé [SL 14005].

3.4 Le vestibule et les annexes

  • 125 Pergola 2002.

157Le vestibule situé à l’ouest de l’église fait lui aussi l’objet de modifications. Si aucune trace n’a été identifiée dans ces maçonneries, un petit témoin laissé en place lors des fouilles des années 1962-67 et fouillé en 2002125, a permis de documenter l’évolution de sa fonction. De superficie trop réduite pour donner des informations planimétriques pertinentes, ce témoin a cependant livré une riche stratigraphie (fig. 37).

Fig. 37 – Coupe stratigraphique du témoin conservé dans le vestibule de la basilique (DAO D. Istria/CNRS).

Fig. 37 – Coupe stratigraphique du témoin conservé dans le vestibule de la basilique (DAO D. Istria/CNRS).
  • 126 Ces vestiges ont été perdus depuis leur découverte sans être identifiés.
  • 127 Moracchini-Mazel 1967b, fig.  14.
  • 128 L’aménagement d’espace de vie dans les vestibules des églises n’a rien de très surprenant durant l (...)

158Immédiatement au-dessus du niveau de circulation du vestibule [SL 25 et 32] ont été découverts des restes de sols de terre [SL 20, 21, 26] et de foyers non appareillés, dans lesquels ont été conservés des ossements de faunes et des graines carbonisées [US 10 et 20]126. Peut-être faut-il y associer le bouchage de la porte nord donnant sur la voie à portiques, à l’aide d’une colonne couchée et d’un mur en briques de remploi127. L’état de conservation des vestiges ne permet pas d’en dire davantage, et encore moins d’identifier des liens stratigraphiques qui permettraient d’associer ces vestiges à ceux documentés dans l’église proprement dite. Cependant, ces indices sont les témoins d’une utilisation, peut-être temporaire, d’au moins une partie de cet espace en habitation128.

  • 129 Moracchini-Mazel 1967b, fig.  78. On manque de données stratigraphiques plus précises sur ces espa (...)

159Dans la pièce B, située au sud de l’abside, le sol de terre primitif est surélevé par un apport important de sédiment. Les portes permettant la communication avec l’extérieur à l’est, avec la pièce C à l’ouest et avec l’abside, sont condamnées par la construction de murets remployant des matériaux de construction dont des tronçons de colonnes. L’espace C, au sud de l’église et à l’ouest du baptistère, fait également l’objet d’un remblaiement important avant de recevoir plusieurs sépultures129.

4. Développement d’un nouveau cimetière

  • 130 Ces dernières tombes auraient été découvertes autour de la cathédrale paléochrétienne du côté nord (...)

160Un ensemble funéraire composé d’au moins une centaine de sépultures se situe dans et autour de la basilique. Quarante-huit ont été fouillées sous la direction de Ph. Pergola et une cinquantaine par G. Moracchini-Mazel (fig. 38)130. Elles étaient implantées dans plusieurs espaces internes de l’édifice de culte : la nef sud, la nef centrale et le vestibule, ainsi que dans ses abords immédiats : le long du mur sud (secteur 4), autour de l'abside (secteur 15), à l’ouest (secteur 6) et entre l’abside et le baptistère (secteur Annexe B).

Fig. 38 – Plan de la zone funéraire (DAO A.-G. Corbara).

Fig. 38 – Plan de la zone funéraire (DAO A.-G. Corbara).

161Il n’existe aucune donnée permettant d’établir une chronologie relative de ces sépultures et les remarques d’ordre général doivent être nuancées compte tenu d’une utilisation possible de ce cimetière durant au moins quatre siècles (cf. infra). La densité d’inhumation dans chaque zone est inégale : les secteurs externes sud et est ainsi que la nef sud de la cathédrale sont les plus densément occupés. L’organisation générale est peu perceptible en raison des explorations limitées de certaines zones ainsi que de l’absence de documentation relative à certaines d’entre elles. Les murs de la basilique et des structures annexes ont probablement contribué à structurer les zones d’inhumation. D’ailleurs, les sépultures sont regroupées et orientées majoritairement de la même manière que l’édifice, selon un axe ouest/est. Aucun recoupement n’a été observé tandis que certaines sépultures ont été réutilisées, ce qui indique une probable signalisation des tombes au sol.

  • 131 Ce comptage ne concerne que les sépultures fouillées entre 2000 et 2007 sous la direction de Ph. P (...)
  • 132 Di Renzo 2013c, p. 118. Plusieurs exemples ont également été mis au jour dans des cimetières assoc (...)

162Les pratiques funéraires sont globalement homogènes, avec des dépôts primaires en majorité individuels. Seules trois tombes ont été réutilisées pour l’inhumation d’un deuxième voire de plusieurs individus. Les défunts étaient inhumés en position allongée sur le dos, la tête à l’ouest. La typologie architecturale des tombes est assez variée. Cinq types sont représentés : une tombe en bâtière, une tombe en coffre de lauzes, dix tombes à murets, trois tombes mixtes et 18 tombes en fosse dont huit avec couvercle131. Les tombes les plus soignées (coffres à murets) étaient situées dans les secteurs internes de la cathédrale (vestibule et nef centrale). Cette diversité typologique transparaît plutôt dans la diversité des matériaux et dans les variantes de mise en œuvre (présence d’une couverture ou d’un fond aménagé par exemple) que dans la forme même des tombes. On notera également l’existence dans plusieurs tombes d’un dispositif aménagé pour caler la tête du défunt dont la manifestation la plus élaborée est visible dans les tombes à murets où la logette céphalique est intégrée à l’architecture du coffre. La position de ces tombes ainsi que leur facture laissent penser qu’il s’agit de sépultures destinées à recevoir les dépouilles mortelles de personnages au statut privilégié132.

163L’étude anthropologique des squelettes conservés ne révèle pas de recrutement particulier, sauf en ce qui concerne les sujets immatures. En effet, la population inhumée se compose majoritairement de sujets adultes, des deux sexes et d’âge mature. Toutefois, on observe un déficit des individus immatures et notamment des plus jeunes (d’un âge au décès entre 0 et 4 ans), indiquant qu’ils étaient probablement inhumés dans un autre lieu. Il faut cependant signaler la présence d’un sujet périnatal dont la tombe, isolée et de belle facture, était aménagée contre le mur nord du baptistère dans une position privilégiée. Il est toutefois possible d’observer à travers le morcellement de cet espace une distribution différentielle des sépultures : ainsi, les tombes de la nef centrale et du vestibule, majoritairement en coffre à murets, sont celles d’hommes, d’âge mature, voire avancé, tandis que les sujets inhumés dans la nef sud sont de tous sexes et âgés partageant dans quelques cas des spécificités morphologiques pouvant suggérer un lien de parenté.

164D’un point de vue sanitaire, les sujets présentent majoritairement des lésions osseuses d’ordre dégénératif (arthrose), en concordance avec l’âge au décès de la plupart des sujets situé entre 30 et 59 ans. Quelques traumatismes, indicateurs de stress et inflammations non spécifiques (périostites) ont également été observés. Enfin, les marqueurs de l’état bucco-dentaire sont les plus représentés avec une atteinte généralisée par l’usure et le tartre, de moyenne intensité, ainsi qu’une proportion relativement importante de caries traduisant tant une mauvaise hygiène dentaire qu’une consommation d’aliments riches en hydrate de carbone, accélérant la formation de tartre et l’apparition de caries. L’ensemble de ces atteintes est également en concordance avec l’âge des sujets.

  • 133 Des éléments de coiffe similaires sont attestés en Italie. On peut voir en particulier Martorelli (...)
  • 134 Moracchini-Mazel 1967b, p. 76.
  • 135 Serra 2015.

165Les objets associés aux sépultures sont rares et, pour tout dire, on ne peut affirmer qu’il s’agit bien dans tous les cas de dépôts funéraires. Ainsi, un rivet de bronze ayant peut-être servi d’armature à une chaussure, un dé à jouer en os situé à proximité de la main du défunt (T25) ou encore un récipient en verre fragmenté ont peut-être été placés accidentellement dans les tombes avec la terre de remplissage. En revanche, l’épingle en os et les filaments en or associés découverts au niveau du crâne de la tombe 18, appartenaient certainement à la coiffe de la jeune femme inhumée133. Il en est de même de la petite croix de 4,1 × 2,8 cm constituée deux lamelles d’or très fines (3 mm) rivetées, décorées de petits points en relief réalisés au repoussé, et percées d’un petit trou à chaque extrémité. Ce type d’objet, bien connu par ailleurs et particulièrement dans les zones sous influence lombarde, semble avoir été systématiquement cousu sur les linceuls. Même si l’exemplaire de Mariana a été retrouvé hors contexte134, il provient donc sans doute d’une sépulture du premier Moyen Âge135. Comme les filaments d’or, cette petite croix témoigne certainement du statut social très élevé du défunt.

5. Les datations

  • 136 Moracchini Mazel 1967b, p. 64.
  • 137 Pergola 2004.
  • 138 Lavagne 1981.
  • 139 Duval 1982 ; Duval 1995.

166On peut rappeler que pour G. Moracchini-Mazel, la phase 1 de la basilique doit être datée de la fin du IVe siècle principalement en raison « des évidences historiques »136. Ph. Pergola, en s’appuyant sur le décor de mosaïque et sur l’idée que l’île a été évangélisée par les évêques africains exilés au moment de la domination vandale, y voit une construction de la fin du Ve ou de la première moitié du VIe siècle137 alors que le réexamen du pavement du chœur conduit H. Lavagne à dater l’ensemble de la première moitié du Vsiècle138. N. Duval adopte quant à lui un point de vue moins tranché et s’en tient prudemment à une fourchette chronologique un peu plus large : Ve-VIsiècle139.

167On dispose aujourd’hui de nouveaux éléments pour affiner cette chronologie. Le mobilier apportant des informations pertinentes provient du remblai situé à l’interface entre l’occupation de la domus A et le premier sol de la basilique. Il fournit donc un terminus post quem. Il n’y a toutefois pas de raison de considérer qu’il est très antérieur à l’édifice de culte lui-même puisqu’on a constaté qu’il correspond à un dépôt volontaire destiné à régulariser le sol du chantier de construction.

  • 140 Moracchini-Mazel 1967b, p. 64.

168Quant à la chronologie des phases successives, elle est bien plus difficile à préciser en raison de la rareté des éléments disponibles. Les datations proposées par G. Moracchini-Mazel sont, une fois de plus, peu satisfaisantes dans la mesure où elles reposent encore sur des faits historiques mal documentés : domination vandale, invasions lombardes, razzias sarrasines, « reconquista »140.

5.1 L’abandon de la domus A

  • 141 Le départ de ce caniveau se situe dans le frigidarium.

169En l’absence de céramique caractéristique sûrement associée au dernier sol d’occupation de la domus, la date de l’abandon ne peut être déduite que de l’analyse des monnaies recueillies dans la conduite d’évacuation des eaux usées de l’espace thermal (tab. 1)141. Elles fournissent des indications essentielles puisque ce caniveau était soigneusement fermé et couvert par un sol de béton empêchant de fait toute intrusion de mobilier au moment de l’apport des remblais. Au nombre de 22, ces monnaies indiquent la date de 354 (Constance Galle frappé en 354-355) comme un terminus après lequel s’est produit l’abandon. Mais, en raison de la présence d’une monnaie de chronologie plus large, frappée entre 350 et 361, ainsi que de deux monnaies indéterminées au poids faible pour des émissions du milieu du IVe, il faut peut-être abaisser encore la datation. Toutes ont circulé, mais l’usure n’est pas très importante. Au total, on retiendra une datation dans la seconde moitié du IVe siècle, et peut-être vers les années 360-380.

Tab. 1 – Inventaire des monnaies découvertes dans le caniveau de la domus A.

US Autorité Type Chronologie
4893 Indéterminée AE4 IVe ou Ve siècle
4894 Constant AE4 347-348
4894 Constance II ou Julien AE4 350-361
4894 Constance II AE4 347-348
4894 Constance II AE2 352-355
4894 Constance Galle AE3 354-355
4894 Constance II AE4 348-350
4894 Constance II AE4 347-355
4894 Constance II ou Constant AE4 337-361
4894 Tétricus I Antoninien 271-273
4894 Indéterminée AE4 IVe ou Ve siècle
4894 Constance II AE4 347-348
4894 Constance II ou Constant AE4 347-348
4894 Constance II AE4 352-355
4894 Constance II AE4 348-350
4894 Constance II AE4 352-355
4894 Constance II AE4 352-355
4894 Constantin I Follis 330-333
4894 Constant AE4 347-348
4894 Constance II ou Julien AE4 347-355
4894 Constant ou Constance II AE4 347-348
4899 Constance II AE4 347-348

5.2 Les remblais

  • 142 La céramique découverte dans la nef ne peut être analysée car elle semble, au moment de la fouille (...)
  • 143 Le conditionnement des monnaies a suivi un parcours différent et les risques d’erreurs sont dans c (...)

170La plus grande partie du mobilier datant provient des remblais déposés au-dessus des sols de la domus A et scellés par les sols de béton ou de mosaïque de la basilique. Seuls deux secteurs ont livré des lots de céramique exploitables : la travée orientale du collatéral nord et l’abside142. En revanche les monnaies ont été découvertes dans ces deux zones mais également dans la nef143.

Les monnaies

171Vingt-quatre monnaies y ont été découvertes (fig. 39 et tab. 2). À l’exception de deux d’entre elles, datées du IIe et du IIIe siècle, elles sont toutes du IVe siècle. Les plus récentes sont des Gratien frappés entre 378 et 383. Compte tenu du degré d’usure due à la circulation, la perte de ces monnaies pourrait se situer peu de temps après.

Fig. 39 – Monnaies découvertes dans le niveau de remblais antérieurs aux sols de la basilique (J. Françoise/Arc numismatique).

Fig. 39 – Monnaies découvertes dans le niveau de remblais antérieurs aux sols de la basilique (J. Françoise/Arc numismatique).

Tableau 2 – Inventaire des monnaies découvertes dans le niveau de remblais antérieurs aux sols de la basilique.

N° inventaire US Autorité Type Chronologie
MAR07.4 14012 Constance II Constant ou Julien AE4, fausse monnaie 350- 361
MAR03.14 4538 indéterminée AE4 2e moitié IVe s.
MAR03.20 4538 Licinus I Follis 314-315
MAR03.21 4538 Népotien AE4 juin 350
MAR03.22 4538 Constance II AE4 347-348
MAR04.35 4538 Constant ou Constance II AE4 350-361
/ 4538 indéterminée Sesterce 172
MAR03.6 4538 Constantin I Follis 319
MAR03.7 4538 Constant AE4 347-348
MAR03.10 4538 Valentinien I AE4 364-367
MAR03.11 4538 Gallien Antoninien 258-263
MAR03.12 4538 Valentinien I ou Valens AE4 364-367
MAR03.18 4538 Constance II AE4 355-361
MAR04.20 8501 Constantin I Follis 330-331
MAR03.15 8009 Constance II AE4 350-361
MAR04.9 8009 Gratien (imitation) AE4 378-383
MAR04.62 8019 Constance II AE4 355-361
MAR04.8 8019 Constantin I Follis 336-337
MAR04.26 8020 Constance II AE4 340-350
MAR04.25 8103 Gratien AE4 378-383
/ 8103 Constantin I Follis 330-331
MAR04.16 8103 Constant ou Constantin II AE4 350-361
MAR04.38 8109 Constance II AE4 355-361
MAR04.42 8113 Constance II AE4 355-361

172Les céramiques les plus récentes découvertes sous les sols de tuileau dans l’abside et dans la travée orientale du collatéral nord ne sont pas postérieures au milieu du Ve siècle alors que certaines pièces ne semblent pas remonter au-delà de 400 (amphore spatheion) (fig. 40 et tab. 3). Une datation large dans la première moitié Ve siècle peut donc être retenue en première lecture. Toutefois, la présence de nombreuses catégories dont la production paraît s’arrêter à la fin du IVe ou au début du Ve siècle, amène à resserrer cette chronologie sur les toutes premières décennies du Ve siècle. Cette date correspond donc à la mise en place du remblai immédiatement antérieur à la construction de l’église.

Fig. 40 – Céramiques découvertes dans le niveau de remblais antérieurs aux sols de la basilique (D. Dixneuf/CNRS).

Fig. 40 – Céramiques découvertes dans le niveau de remblais antérieurs aux sols de la basilique (D. Dixneuf/CNRS).

Tableau 3 – Inventaire des céramiques découvertes dans le niveau de remblais antérieurs aux sols de la basilique.

US N° dessin Origine Catégorie Type Datation Bibliographie
8009 1 Africaine Casserole Hayes 197 Bonifay type 10 Fin IIe à la 1re moitié du Ve s. Bonifay 2004 p.  224-225
2 Africaine Plat à cuisson Hayes 181 Bonifay type 3C Fin IVe-milieu Ve s. Bonifay 2004 p. 212-213
3 Africaine Couvercle Hayes 196 Bonifay type 11 var. tardive IVe-début Ve s. Bonifay 2004 p.  225-227
8017 4 Africaine Couvercle Hayes 196 Bonifay type 11 var. tardive IVe-début Ve s. Bonifay 2004 p.  225-227
8103 5 Africaine Amphore Spatheion 1re moitié Ve s. Bonifay Piton 2008
14006 6 Africaine Casserole Hayes 197 Bonifay type 10 Fin IIe-1ère moitié Ve s. Bonifay 2004 p.  225
7 Africaine Plat à cuisson Hayes 23B Bonifay type 1 IIe-fin IVe et milieu IVe-début Ve s. à Arles Bonifay 2004 p.  211-212. Piton 2011, p.  63, fig.11 n°39-40. Treglia, Piton 2011, p.  264-265 fig. 4 n°5.
8 Africaine Pot à cuisson CATHMA A3 Bonifay type 32 Ve s. Bonifay 2004 p.  239-240 et 243
9 Africaine Bol à listel mouluré (gouttes de glaçure verte) CATHMA A1 Bonifay type 13B/C 1re moitié- milieu Ve s. et début du Ve s. à Arles Bonifay 2004 p.  255-256 et 258. Treglia, Piton 2011, p, 262-263, fig. 2 n° 1-5. Menchelli et al. 2007 p.  319 et p, 326, fig. 3 n° 28.
10 Italie-Sicile Amphore Keay 52 IVe-VIIe s. Menchelli et al. 2007 p.  317 et 325, fig.2 n°13-19.
11 Africaine ? Amphore Keay 25 ou 27 Bonifay type 27 ou 35A 2ème moitié IVe s. Bonifay 2004, p.  130 et 132
12 Italie (nord Etrurie) Amphore d’Empoli Ostia IV (279) Fin IVe-début Ve s. Menchelli et al. 2007 p.  316 et 325 fig. 2 n°1-4.
13 Italie (nord Etrurie) Amphore d’Empoli Ostia IV (279) Fin IVe-début Ve s. Menchelli et al. 2007, p.  316 et 325 fig. 2 n°1-4.
- Africaine Sigillée claire D Hayes 91A Bonifay type 49 1re moitié Ve s. Bonifay 2004 p. 178-179.
14012 14 Africaine Plat à cuisson Hayes 23B Bonifay type 1 IIe-fin IVe s. et milieu IVe-début Ve s. à Arles Bonifay 2004 p. 211-212. Piton 2011 p.  63, fig. 11 n° 39-40. Treglia, Piton 2011 p. 264-265, fig. 4 n° 5.
15 Africaine Sigillée claire C Hayes 52B (?) Fin IV-début Ve s. Piton 2011 p.  58 fig. 4 n°2-3.

Synthèse chronologique

  • 144 Bonifay 2004, p. 122.
  • 145 Massy 2013, p. 72. Imitations du type VICTORIA AVGG.
  • 146 Bonifay – Capelli – Cibecchini 2014, p. 42, n° 1 et 53.
  • 147 Moracchini-Mazel 1988, p. 35-44.

173On constate un décalage d’environ 20 ans entre la datation fournie par les monnaies et celle donnée par les céramiques. L’usure des monnaies indique cependant qu’elles ont circulé quelque temps. Par ailleurs, le gisement sous-marin d’Erbalunga, situé à une vingtaine de kilomètres au nord de Mariana, a livré une amphore de type Keay 25-2 / Bonifay Africaine IIIc, datée de la fin du IVe (?)-première moitié Ve siècle144, contenant 21 219 monnaies émises entre le règne de Constantin (310-337) et les années 410-423145. M. Bonifay propose de dater le dépôt vers 425146. À San Giovanni de Pianottoli-Caldarello, sur la côte sud-ouest de l’île, un lot de 335 monnaies a été trouvé dans une petite annexe de la basilique paléochrétienne147. L’étude conduite par Cl. Brenot a montré que la majorité des pièces est datée des décennies centrales du IVe siècle : 335-364. Cependant deux exemplaires sont plus anciens (IIe-IIIe siècles) et deux autres nettement plus récents : un Honorius (394-423) ainsi qu’un Valentinien III (419-455).

174Ces deux exemples montrent que les monnaies du IVsiècle circulent encore au début du siècle suivant. La chronologie du lot de monnaies découvert à Mariana n’est donc pas en contradiction avec celle des céramiques et ne s’oppose aucunement avec une datation de la mise en place du remblai au début Vsiècle.

5.3 Le réaménagement de la basilique

  • 148 Coutelas 2009, p. 21.

175Compte tenu de la rareté des relations stratigraphiques, il est bien difficile aujourd’hui de proposer une chronologie des réaménagements de la basilique, même si l’on dispose de deux datations radiocarbones, l’une résultant de l’analyse d’un charbon de bois découvert dans la maçonnerie du pilier sud-ouest (PL 305), l’autre d’un charbon provenant de la réfection du sol de l’abside (SL 14005) (tab. 4). Ces charbons, peu nombreux dans les mortiers et de dimension millimétrique, sont probablement des résidus du combustible utilisé pour la transformation de la pierre en chaux148.

Tableau 4 – Résultats des analyses radiocarbones des échantillons de charbons prélevés dans la basilique.

Provenance Nature de l’échantillon Code laboratoire Age 14c BP Age calibré à 2 sigma 95 % de probabilité
Basilique : PL 305 Charbon Lyon-15311 1335 ±35 651 à 770 AD
Basilique : SL 14005 Charbon Beta-407891 1180 ± 30 770 à 900 AD et 925 à 945 AD
  • 149 Pergola 2002, p. 22-24.

176La seule donnée certaine que l’on peut retenir est la datation radiocarbone du charbon de bois prélevé à la base du pilier [PL 305] après son démontage complet149. Elle fournit un terminus post quem en 651 pour la réalisation des travaux. Ceux-ci se sont déroulés en au moins trois phases.

177La première (État 2a) concerne les murs porteurs et les piliers dont l’enduit est de même nature (Échantillons BP 7, 9 et 11). C’est aussi à ce moment que l’on a pu utiliser les colonnes venant d’être retirées pour boucher les portes de l’abside et du vestibule.

178La deuxième phase (État 2b) pourrait n’intéresser que les murets de comblement des entrecolonnements qui sont clairement appuyés contre les piliers.

179Enfin, la troisième phase (État 2c) peut correspondre à la réorganisation du presbyterium. Le mur [243], à l’ouest de l’estrade est très probablement appuyé au nord sur un muret de comblement de l’entrecolonnement. Par ailleurs, sa position semble pouvoir s’expliquer par un apport de matériaux destinés à surélever le podium. Bien que cette phase soit dans l’absolu postérieure à l’aménagement du reliquaire, la logique de l’aménagement pousse à les considérer tous deux comme contemporains.

180Pour résumer, on distingue donc trois ensembles qui pourraient s’échelonner dans le temps de la manière suivante :

181État 2a : les murs porteurs et les piliers, peut-être construits dans l’intervalle 651-770.

182État 2b : les murets de comblement des entrecolonnements.

183État 2c : reliquaire, surélévation de l’estrade, peut-être entre 770 et 945, si la restauration du sol de l’abside est bien contemporaine de ces aménagements, mais il n’existe pas de lien stratigraphique entre les deux.

184Une seconde hypothèse de datation peut cependant être formulée. La condamnation des ouvertures, comme le cloisonnement et la hiérarchisation des espaces intérieurs, pourraient répondre à une même logique globale visant à redéfinir la circulation à l’intérieur de l’édifice et à réorganiser la liturgie. Cette logique pousse à considérer tous ces aménagements comme contemporains ou du moins découlant d’un même programme. Deux arguments, très discutables il est vrai mais qui ne peuvent être ignorés, viennent étayer cette interprétation. On notera tout d’abord le chevauchement des deux datations radiocarbones (celle du pilier et celle du sol de l’abside) en 770. D’autre part, les liants utilisés pour la construction du mur gouttereau nord et des bouchages des entrecolonnements sont semblables (Échantillons BP13 et 14), ce qui laisse bien sûr penser à une même campagne de construction que l’on peut proposer de situer vers la fin du VIIIe siècle.

185Dans cette réflexion deux paramètres importants n’ont pas été pris en compte : celui de « vieux bois », qui a une incidence directe sur la datation radiocarbone, et la possibilité que la restauration du sol de l’abside ne soit pas contemporaine de la mise en place du nouveau sol sur le podium même si les mortiers ont un aspect identique. Par conséquent on se limitera très prudemment à proposer une datation postérieure au milieu du VIIe siècle pour l’ensemble des travaux.

5.4 Le vestibule

186La probable transformation du vestibule en habitation est datée par deux analyses radiocarbones sur des graines carbonisées retrouvées dans le foyer (tab. 5). Il n’y a aucune raison de douter que ces graines, très nombreuses, puissent être contemporaines de l’occupation. Les deux strates de cendre superposées (US 10 et 11) sont sans doute très proches chronologiquement l’une de l’autre. Le croisement des deux dates indique une fourchette chronologique comprise entre la fin du IXe et le début du XIe siècle.

Tableau 5 – Résultats des analyses radiocarbones des échantillons de graines prélevés dans le vestibule.

Provenance Nature de l’échantillon Code laboratoire Age 14c BP Age calibré à 2 sigma 95 % de probabilité
Vestibule : US 20 Graine carbonisée Lyon-2370 1135 ± 30 779 à 997 AD
Vestibule : US 10 Graine carbonisée Lyon-2368 1075 ± 30 889 à 1023 AD

5.5 Les sépultures

  • 150 Istria 2014b ; Istria 2014c.
  • 151 Chavarria-Arnau – Giacomello 2014.

187Les analyses radiocarbones ont permis de dater l’utilisation de la zone funéraire au moins entre l’extrême fin du IXe et le XIIIe siècle (tab. 6). Cependant, seuls six squelettes ont été analysés et on ne peut exclure que l’utilisation de ce cimetière ait débuté plus tôt et se soit prolongée jusqu’à la fin du Moyen Âge. On remarquera toutefois que les datations les plus anciennes correspondent à celles obtenues autour des cathédrales d’Ajaccio et de Sagone150. Il est donc envisageable que ces cimetières soient apparus à la fin du premier Moyen Âge. À Mariana du moins, le glissement de la zone funéraire depuis la basilique extra-muros jusqu’au complexe épiscopal, peut être étroitement lié au transfert de reliques dont pourraient témoigner l’aménagement d’un reliquaire, selon un schéma bien connu par ailleurs, notamment dans le nord de l’Italie151.

Tableau 6 – Résultats des analyses radiocarbones des sépultures de la basilique.

Provenance Nature de l’échantillon Code laboratoire Age 14c BP Age calibré à 2 sigma 95 % de probabilité
T4 – individu 1 Os Lyon 2371 915+/-30 1025 à 1209
T4 – individu 2 Os Lyon 2384 990 +/-35 994 à 1155
T17 Os Lyon 2389 1095 +/-30 891 à 1016
T18 Os Lyon 2385 900 +/-30 1034 à 1215
T20 Os Lyon 2414 1075 +/- 25 985 à 1019
T22 Os Lyon 2386 1040 +/- 25 978 à 1023

5.6 L’abandon de la basilique

  • 152 On verra par exemple le cas de la cathédrale de Sagone. L’église romane est construite au milieu d (...)
  • 153 Il ne semble pas, comme on le verra, qu’il existait une autre basilique à l’emplacement de la nouv (...)
  • 154 Moracchini-Mazel 1967b, p. 77.
  • 155 Istria 2005a, p. 278.

188La question de l’abandon de la basilique a été peu abordée et l’on a souvent considéré qu’il était contemporain de la mise en service en 1119 de la nouvelle cathédrale, construite 17 m plus au nord. Toutefois, ce choix de ne pas rebâtir l’édifice sur les arases du précédent bâtiment, comme cela se fait fréquemment152, peut être lu comme un indice assez sûr du maintien en activité de la vieille église153. La découverte sur le sol de celle-ci de quatre monnaies médiévales frappées à Valence, Melgueil et Gênes au XIe-XIIIe siècle154, fournit un autre argument, bien plus convaincant encore, qui confirme l’hypothèse d’une utilisation concomitante des deux églises au moins durant quelques années, sinon quelques décennies. Les deniers de Gênes sont dans tous les cas postérieurs à 1133155.

189Ce n’est que la construction vers la seconde moitié du XIIe siècle de l’imposant édifice interprété comme un palais épiscopal, qui scelle finalement de manière certaine le destin de l’ancienne basilique (cf. infra).

6. Conclusion

  • 156 Moraccini-Mazel 1967a, p. 65.

190C’est au début du Vsiècle, peut-être entre 400 et 410, que commence le chantier de construction de la basilique intra-muros. Installée au sud de la ville, à l’emplacement d’une domus bordant la voie méridionale, elle s’impose d’emblée comme un monument majeur, tant par ses proportions que par ses aménagements liturgiques et son décor qui laissent entrevoir d’importants apports extérieurs. Peut-être dès la seconde moitié du VIIe ou le VIIIe siècle, elle fait l’objet d’une reconstruction partielle que l’on peine à appréhender finement en raison des nombreuses lacunes et de l’absence de liens stratigraphiques conservés. Les raisons de cette reconstruction de sont pas connues. G. Moracchini-Mazel la situait après une destruction violente imputable aux « premières invasions lombardes »156. On préfère rester prudent sur cette question et simplement remarquer que les structures de l’édifice ont gravement souffert au point de devoir en rebâtir une grande partie : on peut estimer que près de la moitié de l’édifice a été reconstruit.

191Les réaménagements postérieurs sont eux aussi mal datés, mais peuvent être attribués génériquement à l’époque carolingienne. Ils modifient pourtant de manière radicale l’espace intérieur. Une clôture maçonnée ferme la quasi-totalité de la nef centrale afin de créer un vaste chœur canonial. À l’est, d’un reliquaire de grandes dimensions est aménagé dans l’espace du presbyterium qui est de fait surélevé et étagé. Ces transformations sont peut-être à mettre au crédit de l’invention ou du transfert de reliques dont la présence explique aussi le développement, dès la fin du IXe siècle, d’un cimetière dans et autour de la basilique. Cet édifice continue d’être utilisé jusqu’au XIIe siècle avant d’être détruit et oblitéré par la construction du possible palais épiscopal.

Notes

1 Moracchini-Mazel 1967b, p. 64.

2 Pergola 1984a ; Pergola 1984b ; Pergola 2004.

3 Lavagne 1981.

4 Duval 1982, p. 235-239.

5 Duval 1995, p. 308-365.

6 Fouillés sous la direction de F. Di Renzo entre 2000 et 2007 dans le cadre du Projet collectif de recherche dirigé par Ph. Pergola, ces vestiges n’ont fait l’objet que d’une publication préliminaire en 2004 (Di Renzo 2013b) et il n’existe à l’heure actuelle aucune synthèse.

7 On ne peut assurer que celui-ci soit conservé sur toute sa longueur. Les piliers visibles de part et d’autre de l’axe A ont une longueur comprise entre 88 et 95 cm.

8 Basetti 2013, p. 155-156.

9 Cette piscine appartient à une deuxième phase de construction puisque son mur occidental est appuyé sur le mur de la pièce chauffée par hypocauste. Le doublement de la paroi laisse penser qu’elle devait supporter une voûte.

10 Di Renzo 2011.

11 Di Renzo 2013b, p. 130.

12 Ces galets proviennent de la terrasse naturelle sur laquelle est construite la ville. Ils ont été charriés par le fleuve Golo depuis la haute vallée, ce qui explique la grande variété de roches présentes : schistes, rhyolites, granodiorites…

13 S’agissant d’un édifice classé au titre des Monuments Historiques, il n’a pas été possible de supprimer ces restaurations afin d’avoir une lecture plus précise des maçonneries.

14 On a en effet utilisé des éléments de modules différents (briques et tegulae) et très souvent brisés.

15 Des calcschistes potentiellement transformables en chaux se rencontrent sur les premiers contreforts, surtout au sud du Golo, en Casinca. On ne peut exclure également l’usage de calcaires prélevés beaucoup plus loin. Ainsi à Sagone, sur la côte occidentale, les fouilles ont livré dans les contextes des Ve-VIe siècles de gros blocs de calcaire provenant de Bonifacio : la distance séparant les deux sites, accessibles par la mer, est de 115 km !

16 Il ne peut s’agir de grains calcaires provenant du sable, car le calcaire est absent de tous les sables étudiés dans ces mortiers, mais bien de fragments de coquilles qui se sont mêlées au sable dans les dépôts alluvionnaires.

17 Coutelas 2009, p. 21.

18 Moracchini-Mazel 1967b, p. 16.

19 Il ne l’est plus aujourd’hui, sans doute masqué par les restaurations.

20 Références : Mar111880, Mar111884, Mar 111885, Mar 111886, Mar 111891, Mar 111892, Mar 111893, Mar 111893 liste, Mar 111904, Mar 1112013.

21 Avella 2013, p. 187.

22 L’église romane San Parteo est située à 500 m à l’ouest de la basilique paléochrétienne intra muros (cf. infra).

23 Rien n’indique qu’il s’agit ici de colonnes de remploi. On trouve dans les carrières antiques des Bouches de Bonifacio (carrières de Cavallo, de la Maddalena et de Santa Reparata à Capo Testa), ces deux types de granite. Des colonnes de même type et de dimensions comparables ont été utilisées dans le baptistère paléochrétien (Ve siècle) de Cornus (Cuglieri), sur la côte occidentale de la Sardaigne.

24 Avella 2013, p. 186-187.

25 Moracchini-Mazel 1967b, p. 16.

26 Selon G. Moracchini-Mazel, celui-ci aurait été précédé par un tapis de mosaïque, mais aucun argument n’est apporté pour justifier cette affirmation (1967b, p. 19). Les fouilles récentes n’ont, d’ailleurs, révélé aucune trace de ce pavement qui n’a donc très probablement jamais existé.

27 Moracchini-Mazel 1967b, p. 74 ; Duval 1982, p. 238, note 12.

28 Il n’est pas possible que les deux « bases de colonnes » décrites par G. Moracchini-Mazel appartiennent bien à cette phase comme elle le prétendait car elles ont été retrouvées « sous le niveau rose », c'est-à-dire sous le sol de tuileau qui semble bien être contemporain de cette pièce (Moracchini-Mazel 1967b, p. 75). La banquette a complètement disparu et elle n’apparaît jamais dans la documentation graphique.

29 La hauteur de ce podium augmente régulièrement d’ouest en est et passe ainsi de 50 à 60 cm.

30 Moracchini-Mazel (Moracchini-Mazel 1967b) considérait que la forme trapézoïdale du podium était destinée a accentuer la perspective afin de théâtraliser l’espace alors que son inclinaison permettait aux fidèles de mieux voir les mosaïques.

31 Cette hypothèse avait été suggérée par N. Duval (Duval 1982, p. 238, note 13).

32 N. Duval (Duval 1982) suggérait qu’elle pouvait être construite en deux temps.

33 G. Moracchini-Mazel imaginait qu’il s’agissait d’une base de statue antique réemployée en raison d’un évidement rectangulaire sur l’une des faces de 77 x 80 cm. pour 4 cm. de profondeur (Moracchini-Mazel 1967b, p. 31).

34 Références : Mar 847-23, Mar 841-28, 836, Mar 848, Mar 841-34, Mar 110944-841.35, Mar 111775, Mar 111787, Mar 111798-837.

35 La construction au Moyen Âge d’un puissant mur empêche définitivement de vérifier la présence de cet escalier au sud.

36 Moracchini-Mazel 1967b, p. 20.

37 Duval 1982, fig.  4.

38 Cette relation stratigraphique indique clairement que ce mur ne peut en aucun cas être postérieur au podium, comme on l’a pensé dans un premier temps alors qu’il était interprété comme l’abside d’une église réduite à nef unique.

39 Il faut soustraire à cette hauteur de 38 cm. l’épaisseur d’un probable sol de tuileau, aujourd’hui complètement disparu ou masqué par le mur 8223 installé durant une seconde phase. Si, comme dans le reste de la basilique ce sol atteignait ici environ 10 cm. d’épaisseur, la hauteur de la marche serait donc de 28 cm.

40 Morrachini-Mazel 1967b, p. 20; Duval 1995.

41 Pergola 2004.

42 N. Duval proposait de rattacher cet aménagement à la seconde phase de la basilique, en raison sans doute de la chronologie tardive habituellement attribuée aux solea dans le bassin occidental de la Méditerranée (Duval 1982). On sait aujourd’hui que ces aménagements liturgiques apparaissent beaucoup plus tôt comme l’a démontré C. Bonnet à Genève (Bonnet – Peillex 2012). Une solea de la première moitié du Ve siècle a également été découverte sur le site Sant’Appianu de Sagone, en Corse.

43 Bassi 2011.

44 Borrello et al. 2002.

45 Paoli Maineri 2007.

46 Moracchni-Mazel 1967b, p. 20.

47 Duval 1982 ; Duval 1995.

48 Moracchini-Mazel 1962 ; Moracchini-Mazel 1965 ; Moracchini-Mazel 1967b.

49 Pergola 1984a ; Pergola 1984b.

50 Lavagne 1981.

51 Duval 1982 ; Duval 1995, p. 52-55.

52 Une description très complète des pavements est publiée dans Moracchini-Mazel 1967b. Nous nous contentons ici d’en reprendre les éléments essentiels et d’actualiser la description en nous tenant au vocabulaire en vigueur aujourd’hui (Balmelle et al. 1985 ; Balmelle et al. 2002).

53 Cf. le rapport d’intervention inédit du 16 au 20 juin 2014 de l’Atelier de restauration de mosaïques de Saint-Romain-en-Gal. Nous tenons à remercier ici Evelyne Chantriaux et Christophe Laporte pour leur précieuse collaboration et de nous avoir mis à disposition l’ensemble de la documentation de l’Atelier de Saint-Romain-en-Gal concernant les mosaïques de Mariana.

54 Moracchini-Mazel 1967b, p. 24, 26 et 32 ; Lavagne 1981, note 2.

55 Pour une description détaillée des motifs et une première analyse de la mosaïque du podium, voir Moracchini-Mazel 1967b, p. 24-30. Cette analyse a ensuite été complétée, pour la « Paix des animaux », par Henri Lavagne (Lavagne 1981, p. 12).

56 Moracchini-Mazel 1967b, p. 26, 29-30.

57 Moracchini-Mazel 1967b, p. 24.

58 Ibid.

59 Lavagne 1981, p. 2.

60 Morachini-Mazel 1967b, p. 32.

61 À l’est de cette ligne, l’espace qui pourrait être décoré d’une quatrième case en mosaïque, est occupé par l’escalier permettant de monter sur le podium.

62 Moracchini-Mazel 1967b, p. 35.

63 Les dimensions sont reprises du travail de G. Moracchini-Mazel (Moracchini-Mazel 1967b). La forme trapézoïdale du podium provoque une légère déformation des cases dans la largeur.

64 De ce côté également, le décor semblait se poursuivre à l’ouest et aurait été recouvert (après arrachement ?) par du mortier rose (Moracchini-Mazel 1967b, p. 35). Voir supra nos remarques à ce sujet.

65 Lavagne 1981, p. 2 ; Lavagne 2000, n° 698, p. 190-191.

66 Lavagne 1981, p. 2-8.

67 Duval 1982, p. 236.

68 Lavagne 1981, p. 4, fig.  2.

69 Lavagne 1978 ; Lavagne 2000, p. 186-187.

70 Lavagne 1978, p. 143-157.

71 Lavagne 1978, p. 157-160 ; Lavagne 2000, n° 695, p. 185-187.

72 Bonnet – Peillex 2012, p. 66. Un dépôt de monnaies dans les fondations de la cathédrale sud, constitués notamment de petits bronzes des règnes de Valens et de Valentinien, situe la construction de ces aménagements vers 400.

73 Bassier et al. 1981, p. 143.

74 Delbarre-Bärtschi 2014, n° 50.5 I, p. 244-246 ; Bonnet – Peillex 2012, p. 63-70, fig.  26-32, p. 93-99, fig.  46.

75 Bassier et al. 1981. Concernant le motif d’octogones sécants, voir aussi Lavagne 2000, Grenoble n° 487-488, p. 54-57.

76 Rinaldi 2005, p. 142-163.

77 Grover 2012, p. 455 : Messianic Age, Peacefull Kingdom, Golden Age.

78 Moracchini-Mazel 1967b, p. 24-27 ; Campbell 1995, p. 125.

79 Grabar 1960, p. 68.

80 Campbell 1995, p. 129-134.

81 Par example Grover 2012, p. 474.

82 Gough 1974, p. 419.

83 Pergola 1984a.

84 Grover 2012, p. 455-493.

85 Grover 2012, p. 479 : « The West maintained a more literal interpretation of the Millenium as being a futur event. In the East however, the Millennium began to be interpreted as allegorical, referring to the established kingdom of God on earth as found in the church and, in a sense, in the new Christian Empire »,  

86 À l’instar de celui d’Anemurium et de Korikos.

87 Grabar 1960, p. 68.

88 Campbell 1995, p. 132, c’est le cas aussi à Anemurium où le baptistère a été identifié dans l’annexe Nord. À Ma’In, de Vaux fait l’hypothèse que l’annexe Nord où se trouve la mosaïque qui représente la prophétie d’Isaïe serait le baptistère de l’église, en se fondant sur l’emploi du chapitre XI d’Isaïe par les Pères de l’Église pour expliquer les « effets de l’infusion du Saint-Esprit dans l’âme au moment du baptême et de la confirmation » : « Un rameau sortira de la souche de Jessé, père de David, un rejeton jaillira de ses racines, sur lui reposera l’esprit du seigneur, esprit de sagesse et de discernement, esprit de conseil et de force, esprit de connaissance et de crainte du seigneur ».

89 Campbell 1995, p. 130.

90 Frank 2009, p. 765-777.

91 Borresen 1982, p. 207-211 ; Verwilghen 1985, p. 254 : « (…) en s’appuyant sur l’image de la poule abritant ses poussins, Augustin évoque cette charité du Christ qui était in forma dei et s’est affaibli in forma servi.

92 Borresen 1982, p. 210.

93 Danielou 1961, p. 33-47.

94 Lavagne 1981, fig.  1.

95 Asterios, Hom. XIV ; Danielou 1961, p. 46.

96 Danielou 1961, p. 39 : Pour Saint Cyprien « L'Église, à la manière du Paradis, contient dans ses murs des arbres chargés de fruits. Elle arrose ces arbres de quatre fleuves, qui sont les quatre évangiles, par lesquels elle dispense la grâce du baptême. » (Epist., LXXXIII, 10.) et chez Origène : « Ceux qui sont régénérés par le baptême sont placés dans le Paradis, c'est-à-dire dans l'Église, pour y accomplir les œuvres spirituelles qui sont intérieures. » (P. G., xii, 100.)

97 Danielou 1961, p. 39, Éphrem : « Dieu a planté un beau jardin. Il a construit sa pure Église. Au milieu de l'Église il a planté le Verbe. La société des saints est semblable au Paradis. » (Hymn. Par., vi, 7-9.).

98 Poème en l’honneur de la fontaine Sainte Thècle de Milan, publié par Gruter, Inscriptiones antiquae, p. 1166, n° 8, cité par É. Mâle, L’Art religieux du XIIe siècle, Paris, 1958, I, p. 68, et note 48.

99 Moracchini-Mazel 1967b, p. 61.

100 Dans la croix de la mosaïque absidale du VIe siècle de l’église Saint-Apollinaire-in-Classe de Ravenne le médaillon central de la croix gemmée entoure l’image du Christ.

101 Durliat – Deroo – Scelles 1987, n° 157a, b, c, p. 113-115.

102 Valensi 1976, p. 33, n° 22.

103 Moracchini-Mazel 1967b, p. 62, fig.  77.

104 Ses dimensions sont les suivantes : 83 cm. de hauteur, 1,49 m de longueur, 6 cm. de large pour la plaque et 2 cm. pour le décor ajouré au centre (Angiolini Martinelli 1968, p. 73, n° 124).

105 Angiolini Martinelli 1968, p. 73, n° 132.

106 Ben Abed-Ben Khader et al. 2004, p. 157-197.

107 Ben Abed-Ben Khader et al. 2004, p. 194.

108 Moracchini-Mazel 1967b, p. 9.

109 G. Morachini-Mazel reconnaissait deux phases dans ces piliers. Nous n’en distinguons quant à nous qu’une seule, peut-être en raison des restaurations récentes qui ont pu les masquer.

110 Moracchini-Mazel 1967b, p. 9, fig.  4. Ces deux piliers ont été partiellement détruits pendant la fouille puis reconstruits. Les dimensions actuelles ne correspondent donc pas à celles d’origine.

111 Parmi ces fragments de sculptures on notera en particulier la présence d’éléments du baldaquin du baptistère.

112 Ces blocs de maçonnerie sont visibles dans l’élévation intérieure du mur nord.

113 La pierre ponce est une roche volcanique naturellement absente de la Corse. On peut en revanche en trouver régulièrement sur le littoral, particulièrement oriental. Très légère, elle flotte et a donc été ramenée sur nos côtes par les courants marins depuis le sud de l’Italie.

114 Dans le collatéral sud il a été percé en de nombreux endroits par le creusement de fosses sépulcrales, peut-être postérieures à cette phase de travaux.

115 Moracchini-Mazel 1967b, p. 71. Les murs construits pour boucher ces portes ont été démontés lors des fouilles des années 1960 et il n’est donc plus possible aujourd’hui de vérifier les relations stratigraphiques.

116 Moracchini-Mazel 1967b, p. 70.

117 Moracchini-Mazel 1967b, p. 69-70.

118 Pergola 2004, p. 247.

119 Baratte et al. 2014, p. 158-159 et 317.

120 Lusuardi Siena 2003.

121 Démians d’Archimbaud et al. 2010, p. 63-64.

122 Un petit témoin de ce sol a été conservé après la fouille à l’extrémité orientale du podium ce qui permet de déterminer cette hauteur.

123 Le mur nord a également disparu, mais cette situation est documentée par le relevé planimétrique de 1961 (Moracchini-Mazel 1967b, fig.  4). Au sud, en revanche, une portion du mur MR 243 a été conservée.

124 Moracchini-Mazel 1967b, p. 71.

125 Pergola 2002.

126 Ces vestiges ont été perdus depuis leur découverte sans être identifiés.

127 Moracchini-Mazel 1967b, fig.  14.

128 L’aménagement d’espace de vie dans les vestibules des églises n’a rien de très surprenant durant les derniers siècles du premier Moyen Âge. Des traces semblables ont été documentées à Loupian ainsi qu’à Saint-Sauveur de Lérins.

129 Moracchini-Mazel 1967b, fig.  78. On manque de données stratigraphiques plus précises sur ces espaces fouillés anciennement.

130 Ces dernières tombes auraient été découvertes autour de la cathédrale paléochrétienne du côté nord : « toutes étaient des tombes sans style, pauvres, totalement dénuées de matériel, en forme de caveaux parallélépipédique ou triangulaires, faits ou recouverts de grandes ardoises, de tuiles et de briques cassées » (Morrachini-Mazel 1967b).

131 Ce comptage ne concerne que les sépultures fouillées entre 2000 et 2007 sous la direction de Ph. Pergola car on ne dispose pas d’informations précises sur les tombes mises au jour par G. Moracchini-Mazel. Les détails de ces données et les analyses de ces sépultures, y compris sur le plan anthropobiologique, sont présentés dans la thèse d’Anne-Gaëlle Corbara (Corbara 2016).

132 Di Renzo 2013c, p. 118. Plusieurs exemples ont également été mis au jour dans des cimetières associés à des cathédrales dans le nord de l’Italie (Turin, Asti, Bologne, Padoue) (cf. Chavarria-Arnau – Giacomello 2014, p. 213).

133 Des éléments de coiffe similaires sont attestés en Italie. On peut voir en particulier Martorelli 2011, p. 729.

134 Moracchini-Mazel 1967b, p. 76.

135 Serra 2015.

136 Moracchini Mazel 1967b, p. 64.

137 Pergola 2004.

138 Lavagne 1981.

139 Duval 1982 ; Duval 1995.

140 Moracchini-Mazel 1967b, p. 64.

141 Le départ de ce caniveau se situe dans le frigidarium.

142 La céramique découverte dans la nef ne peut être analysée car elle semble, au moment de la fouille, du lavage ou du conditionnement, avoir été mélangée avec celle provenant d’autres contextes puisqu’on trouve dans ce lot des productions des Xe et XIe siècles (céramique a vetrina pesante et a vetrina sparsa).

143 Le conditionnement des monnaies a suivi un parcours différent et les risques d’erreurs sont dans ce cas écartés.

144 Bonifay 2004, p. 122.

145 Massy 2013, p. 72. Imitations du type VICTORIA AVGG.

146 Bonifay – Capelli – Cibecchini 2014, p. 42, n° 1 et 53.

147 Moracchini-Mazel 1988, p. 35-44.

148 Coutelas 2009, p. 21.

149 Pergola 2002, p. 22-24.

150 Istria 2014b ; Istria 2014c.

151 Chavarria-Arnau – Giacomello 2014.

152 On verra par exemple le cas de la cathédrale de Sagone. L’église romane est construite au milieu du XIIe siècle exactement sur les arases de la basilique paléochrétienne (Istria 2009b et c).

153 Il ne semble pas, comme on le verra, qu’il existait une autre basilique à l’emplacement de la nouvelle cathédrale (cf. infra).

154 Moracchini-Mazel 1967b, p. 77.

155 Istria 2005a, p. 278.

156 Moraccini-Mazel 1967a, p. 65.

Table des illustrations

Titre Fig. 1 – Plan de la ville avec localisation de la domus A (DAO D. Istria/CNRS).
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Titre Fig. 2 – Plan de la domus A (DAO D. Istria/CNRS).
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Titre Fig. 3 – Travée orientale du collatéral nord de la basilique paléochrétienne en fin de fouille. Sur la gauche on peut voir le stylobate du portique (MR 8155). En haut et sur la droite apparaissent la fondation de l’épaulement nord (MR 8002) et le stylobate de la colonnade nord de la basilique (MR 8010). Ce dernier est construit sur les murs de la domus A (D.Istria/CNRS).
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Titre Fig. 4 – Plan de la domus A (DAO D. Istria/CNRS).
URL http://books.openedition.org/efr/docannexe/image/8248/img-4.jpg
Fichier image/jpeg, 75k
Titre Fig. 5 – Plan de la basilique superposé à celui de la domus A (DAO D. Istria/CNRS).
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Titre Fig. 6 – Fondations de l’abside de la basilique. On peut aussi voir sur cette photo un mur de la domus A coupé par la nouvelle construction (D. Istria/CNRS).
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Titre Fig. 7 – Section des structures à l’extrémité orientale de la colonnade nord. 261 – mur de l’abside et piédroit de la porte située à l’extrémité du collatéral nord. 8010 – stylobate de la colonnade nord. 260 – pilier de l’état 2. 61 – mur du palais épiscopal du second Moyen Age (DAO D. Istria/CNRS).
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Titre Fig. 8 – Sols de propreté et trous de poteaux interprétés comme des supports d’échafaudages et/ou de cintres destinés à la construction des arcatures et de la voûte de l’abside (DAO D. Istria/CNRS).
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Titre Fig. 9 – Coupe stratigraphique nord-sud dans le collatéral sud (DAO D. Istria/CNRS).
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Titre Fig. 10 – Coupe stratigraphique dans le collatéral nord (DAO D. Istria/CNRS).
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Titre Fig. 11 – L’abside vue du nord-est. On remarquera la semelle de fondation débordante en galets ainsi que les restaurations récentes (post 1960) qui ont surélevé le mur de 4 à 5 assises de briques (partie haute et foncée) (D. Istria/CNRS).
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Titre Fig. 12 – Épaulement sud-est de l’abside. Les jambages des deux portes ouvrant sur l’abside et le collatéral sud sont entièrement en briques comme la partie haute des élévations reposant sur un soubassement de galets. Le « chapeau » constitué de galets liés au ciment correspond à la restauration récente (post 1960) (D. Istria/CNRS).
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Titre Fig. 13 – Plan de la basilique paléochrétienne, état 1 (DAO D. Istria/CNRS).
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Titre Fig. 14 – Sous-base de la colonne 308 après démontage du pilier en briques de l’état 2 et destruction du sol de béton de chaux (D. Istria/CNRS).
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Titre Fig. 15 – Fragment de base en marbre remployé dans le pilier 308 (D. Istria/CNRS).
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Titre Fig. 16 – Base en marbre découverte remployée dans le premier pilier sud-est de la basilique intra-muros, fouilles G. Moracchini-Mazel (DAO D. Istria/CNRS).
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Titre Fig. 17 – Colonnes restaurées après la fouille des années 1960 (D. Istria/CNRS).
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Titre Fig. 18 – Chapiteau en marbre découvert dans le muret de bouchage de l’entrecolonnement nord de la quatrième travée, fouilles G. Moracchini-Mazel (D. Istria/CNRS).
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Titre Fig. 19 – Sol en béton de chaux de la nef. On peut voir que le pilier en briques a été posé sur ce sol. Le mur en galet en haut de l’image est celui du palais épiscopal du second Moyen Âge dont la base a été restaurée après les fouilles des années 1960 (D. Istria/CNRS).
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Titre Fig. 20 – Le synthronos vu depuis le sud-est. Toute la partie supérieure a été restaurée après les fouilles des années 1960. Le gros mur rectiligne en galets qui coupe la structure est celui du palais épiscopal du second Moyen Âge (D. Istria/CNRS).
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Titre Fig. 21 – Sections du presbyterium (DAO D. Istria/CNRS).
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Titre Fig. 22 – Relevé d’ensemble de la mosaïque (dessin R. Prudhomme).
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Titre Fig. 23 – Détail de la mosaïque du podium – le bœuf et la mangeoire sont bien visibles sur la droite. En revanche, seule une partie de la patte arrière du lion est conservée à gauche. Inscription dans la partie haute – […]ALEAS MANDUC […] (P. Neri/CTC).
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Titre Fig. 24 – Détail de la mosaïque du podium – restes du tapis situé à l’ouest de l’autel (P. Neri/CTC).
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Titre Fig. 25 – Mosaïque située au nord du podium (P. Neri/CTC).
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Titre Fig. 26 – Mosaïque située au sud du podium (P. Neri/CTC).
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Titre Fig. 27 – Fragments de plaques ajourées (Ville de Lucciana).
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Titre Fig. 28 – Pilier de chancel (Ville de Lucciana).
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Titre Fig. 29 – Bases de colonnettes (Ville de Lucciana).
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Titre Fig. 30 – Plan de la basilique, état 2a (DAO D. Istria).
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Titre Fig. 31 – Mur nord de la basilique, élévation intérieure. Les deux phases de construction, l’une en galets l’autre en briques et fragments de tegulae apparaissent clairement. L’alignement vertical de briques au centre de la partie haute correspond à la réutilisation d’un bloc de maçonnerie provenant d’une autre structure (D. Istria/CNRS).
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Titre Fig. 32 – Détail du pilier 308 en cours de démontage. On remarque la présence de la base de colonne remployée dans la maçonnerie. Le mur en galets à droite est celui du palais épiscopal du second Moyen Âge (D. Istria/CNRS).
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Titre Fig. 33 – Pilier 257 de la basilique, phase 2 (D. Istria/CNRS).
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Fichier image/jpeg, 159k
Titre Fig. 34 – Plan de la basilique, phases 2b et 2c (DAO D. Istria/CNRS).
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Titre Fig. 35 – Mur de bouchage 333 (D. Istria/CNRS).
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Titre Fig. 36 – Proposition de restitution du presbyterium phase 1 (a) et phase 2c (b) (DAO D. Istria/CNRS).
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Titre Fig. 37 – Coupe stratigraphique du témoin conservé dans le vestibule de la basilique (DAO D. Istria/CNRS).
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Titre Fig. 38 – Plan de la zone funéraire (DAO A.-G. Corbara).
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Titre Fig. 39 – Monnaies découvertes dans le niveau de remblais antérieurs aux sols de la basilique (J. Françoise/Arc numismatique).
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Titre Fig. 40 – Céramiques découvertes dans le niveau de remblais antérieurs aux sols de la basilique (D. Dixneuf/CNRS).
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Auteurs

Aix Marseille Université, CNRS, LA3M, Aix-en-Provence, dixneuf@mmsh.univ-aix.fr

© Publications de l’École française de Rome, 2020

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