Versione classicaVersione mobile

Mariana. L’évêché et les édifices de culte du Ve au XVIe siècle

 | 
Daniel Istria

Héritages : Mariana durant l’Antiquité

Daniel Istria

Testo integrale

1. Les origines de la colonie romaine

  • 1 De Consolatione ad Helviam Matrem, VIII, 8.
  • 2 De situ orbis, II, 17.
  • 3 Histoire Naturelle, livre III, 6, 80.
  • 4 De mirabilibus mundi, XXXVII, 151-152.
  • 5 Contra : O. Jehasse pense qu’il est peut-être abusif de considérer que la ville tire son nom de so (...)
  • 6 La colonie de Turris Libisonis / Porto Torres, en Sardaigne, n’est fondée qu’en 46 av. J.-C.

1Durant les IIIe et IIe siècles av. J.-C. et malgré les révoltes que doit contrer l’armée romaine, les échanges entre la péninsule italienne et la Corse deviennent de plus en plus intenses. Il faudra cependant attendre quelques années encore pour voir émerger la première colonie de vétérans : Mariana. Selon Sénèque1, Pomponius Mela2, Pline3 et encore Solin4, elle fut fondée à l’initiative de Caius Marius qui lui laissa son nom5. La date de cette déduction devrait par conséquent s’inscrire soit durant les consulats de Marius, entre 107 et 89 av. J.-C., soit durant son bref retour au pouvoir en 87-86 av. J.-C. Dans tous les cas, il s’agit de la première colonie romaine de la provincia Sardinia et Corsica6. L’installation de vétérans peut ainsi se comprendre comme un projet stratégique, économique et géopolitique à l’échelle de l’île tout entière sinon plus globalement de la province.

  • 7 Géographie, III, 2,7.
  • 8 Jehasse 1986, p. 126.
  • 9 La colonie aurait été fondée par 4000 familles. On connait aujourd’hui de la ville préromaine esse (...)
  • 10 Pergola – Di Renzo 2001, p. 109 ; Pergola 2013b, p. 209 : « … Mariana est sans conteste […] la cap (...)
  • 11 Itinerarium Provinciarum, 85, 4.
  • 12 L’ensemble de la carte de Peutinger est consultable en ligne sur le site de la Biblioteca Augustan (...)

2Mariana est mal documentée par les textes anciens et l’épigraphie. Après les mentions sans équivoque de Sénèque et de Pline l’Ancien qui la qualifient de colonie, Ptolémée la décrit comme une polis7, ce qui fait dire à O. Jehasse qu’elle a alors perdu son statut de colonie dès avant le milieu du IIe siècle de notre ère8. Mais, au-delà de la notion de polis qui reste somme toute assez vague, la terminologie utilisée par le géographe d’Alexandrie est souvent erronée ou du moins peu nuancée, et il semble imprudent d’en tirer de hâtives conclusions de ce type. Paradoxalement, on a aussi suggéré que Mariana avait pu être élevée au rang de capitale administrative de l’île aux dépens de la colonie d’Aleria, une ville de la côte orientale fondée en 565 par les Phocéens9, ou du moins qu’elle joua dès le Haut-Empire un rôle « principal »10. L’Itinéraire d’Antonin, qui la présente comme le point de départ de l’unique route recensée dans l’île11, ou encore la Table de Peutinger sur laquelle seule Mariana est mentionnée12, pourraient en effet témoigner de son rôle administratif prédominant à l’échelle de l’île toute entière.

  • 13 Géographie, V, 2, 6.
  • 14 Histoire naturelle, livre III, 12, 80. La distance la plus courte entre la Corse et la côte italie (...)

3La colonie est installée sur le littoral nord oriental de la Corse, face à l’île d’Elbe (Iluda) et à l’Étrurie et plus particulièrement aux ports de Populonium, qui selon Strabon est le meilleur point d’embarquement pour se rendre en Corse13, et de Vada Volaterrana pris comme point de référence par Pline pour calculer la distance entre l’île et la côte italienne14.

  • 15 Arnaud 2014, p. 126. L’itinéraire septentrional vers l’Espagne, passant par le golfe de Gênes et l (...)
  • 16 Menchelli 2004.
  • 17 CIL. X, 8329, Michel – Pasqualaggi 2014, p. 232-233, n° 2.
  • 18 Reddé 1986, p. 207-211.
  • 19 Reddé 1986, p. 197-205. Contra : M. Pasquinucci considère que dès le IIe siècle av. J.-C. le port (...)

4Selon P. Arnaud, il est possible compte tenu de sa position géographique et du contexte politique dans lequel elle apparaît, que la déduction découle de la nécessité d’assurer la sécurité du Canal de Corse – le Mare Ligusticum – et donc de la route maritime de première importance qui reliait Rome à l’Étrurie, la Ligurie, la Gaule méridionale, voire au-delà à l’Hispanie15. Elle aurait ainsi été pensée dans le cadre d’une stratégie militaire générale à l’échelle de ce vaste espace économique16 (fig. 1). Toutefois, il n’existe à l’heure actuelle aucun indice d’une présence de la marine militaire à Mariana, à l’exception d’une unique inscription funéraire mentionnant un soldat de la flotte de Misène17. Mais s’agit-il d’un soldat mort en patrouille ou en garnison ? Pour M. Reddé, seule Aleria est à considérer comme base navale en Corse dès les guerres puniques et en raison de sa position « idéale »18. Il ne semble d’ailleurs exister aucun véritable port de guerre, du moins à la fin de la période républicaine, dans la moitié nord de la mer Tyrrhénienne19. Sans exclure que Mariana ait pu servir d’escale au moins occasionnelle aux flottes militaires, son port, qui reste encore à découvrir mais que de nombreux indices permettent de situer près de l’embouchure actuelle du Golo et dans le proche étang de Biguglia, a pu constituer une étape, parmi bien d’autres, sur les routes maritimes qui traversent la mer Tyrrhénienne. L’abondance et la diversité des produits d’importation, particulièrement des céramiques, des monnaies et des denrées alimentaires transportées dans les amphores, témoignent indubitablement d’une très large ouverture de la ville sur ce monde méditerranéen tout au long de l’Antiquité (cf. infra).

Fig. 1 – La colonie de Mariana dans son contexte tyrrhénien. Seules les principales agglomérations antiques sont signalées. Les toponymes correspondent à ceux utilisés durant l’époque romaine (DAO D. Istria/CNRS).

Fig. 1 – La colonie de Mariana dans son contexte tyrrhénien. Seules les principales agglomérations antiques sont signalées. Les toponymes correspondent à ceux utilisés durant l’époque romaine (DAO D. Istria/CNRS).

5Cette fondation et l’installation de vétérans de Marius, qui apparaît immédiatement au lendemain d’une longue période de tensions et de révoltes, semble avant tout répondre à un besoin impérieux de contrôle de l’île, ou du moins du secteur nord oriental. La vallée du Golo, celle du Bevinco et la microrégion de la Casinca, constituent autant d’ouvertures sur l’arrière-pays et d’axes de pénétration vers le centre de l’île ou le Cap Corse. Le site choisi peut ainsi être considéré comme stratégique ; mais il en existait bien d’autres, peut-être encore mieux positionnés par rapport aux grands axes de circulation imposés par le relief. C’est peut-être le cas notamment du bassin de Ponte Leccia. Mais le contexte géopolitique interne nous échappe totalement et ce choix aurait par exemple éloigné la colonie du territoire capcorsain des Vanacini.

  • 20 Aleria est à 141 km de Porto Ercole et 183 km de Civitavecchia.
  • 21 Vacchi – Ghilardi – Curràs 2016.
  • 22 Vella et al. 2016 ; Curras et al. 2017.
  • 23 Celui-ci étant conditionné par l’importance du bassin versant, il n’a pu en être autrement durant (...)
  • 24 Les embouchures de la Bravone et du Fium’Alto sont situées respectivement à 11 et 39 km d’Aleria.

6Un autre élément de poids, plus important peut-être que le précédent, a pu jouer en faveur de la côte orientale. Rectiligne et sableuse, celle-ci n’offre pas de lieux de mouillage sûrs entre Aleria au sud20 et le Cap Corse au nord, qui pouvaient constituer des points d’accès privilégiés depuis l’Étrurie et le Latium. Le déplacement du littoral depuis l’Antiquité en raison de l’élévation du niveau de la mer de 30 à 70 cm21, de la dynamique des cours d’eau et des apports sédimentaires marins22, n’a pas fondamentalement modifié cette situation. Seules les embouchures de la Bravone et du Fium’Alto auraient éventuellement pu abriter des infrastructures destinées à accueillir des navires. La configuration de l’embouchure du Golo permettait également l’installation d’un port. Or, par rapport aux précédentes, elle présente deux points forts : le fleuve a un débit bien supérieur23 et sa position est plus proche de la côte italienne. Enfin, contrairement à Bravone ou encore à l’embouchure du Fium’Alto, son éloignement par rapport à Aleria (48 km) pouvait permettre en outre à la nouvelle colonie de disposer d’un territoire vivrier étendu et diversifié nécessaire à son fonctionnement et à son développement24.

  • 25 Une première colonie de vétérans est installée à Aleria par Sylla en 82 ou 81 av. J.-C. Suivront d (...)

7C’est donc un ensemble d’éléments conjugués qui a pu présider au choix du site, mais contrairement à Aleria dont la colonie est déduite à partir d’une agglomération existante25, Mariana introduit une rupture, que l’on peut sans hésiter qualifier de radicale, par rapport au réseau de peuplement antérieur.

2. Urbanisme et architecture

  • 26 Les fouilles du secteur 6, immédiatement à l’ouest de la basilique paléochrétienne intra-muros, on (...)
  • 27 L’habitat de Palazzi est situé à près de 6 km au sud-ouest de Mariana. Il est installé sur un larg (...)
  • 28 Géographie, III, 2,1-7. Le niveau de la mer sur les côtes de Corse durant les deux premiers siècle (...)
  • 29 Vella et al. 2016.

8La ville est apparemment installée sur un terrain vierge26. Il s’agit donc d’une fondation ex nihilo un peu en marge des établissements indigènes, parfois assez importants comme celui de Palazzi, situés en retrait sur les premiers reliefs27. Elle occupe le rebord d’une vaste terrasse composée de dépôts quaternaires d’érosion accumulés sur plusieurs dizaines de mètres d’épaisseur, en particulier de galets pluridécimétriques emballés dans une matrice argilolimoneuse. Sa surface plane, dont l’altitude est comprise entre 3 et 5 m NGF dans le secteur de la ville, présente actuellement une légère pente d’ouest en est (≈ 1%) et du nord vers le sud. Durant l’Antiquité, cette terrasse était nettement surélevée par rapport au fleuve Golo, le Guolae fluvium de Ptolémée (fig. 2)28. La position de ce dernier durant l’Antiquité n’est pas précisément connue, mais l’analyse géomorphologique amène à penser qu’il pouvait couler à plusieurs centaines de mètres au sud de l’habitat. Dans tous les cas, la plaine telle qu’on peut la voir aujourd’hui, n’est que le résultat d’apports fluviatiles considérables (> à 2 m) accumulés durant le petit âge glaciaire dont les premiers signes semblent apparaître ici dès le XIIe siècle29.

  • 30 Vella et al. 2016. Ces conclusions résultent de l’analyse des images Lidar, des mesures de géophys (...)

9L’embouchure du fleuve était en revanche de manière presque certaine située à 1,3 km au nord de l’actuelle ; l’étang de Tanghiccia, à 2,2 km de la limite occidentale de la ville, en conserverait actuellement la trace. Quant au littoral, rectiligne et sableux, il peut être situé à environ 600 m en deçà de l’actuel30 (fig. 3).

Fig. 2 – Orthophotographie de la partie centrale de la plaine de la Marana. La cathédrale romane de Mariana est au centre du cliché. La ville romaine se trouve principalement au nord de celle-ci. Au sud, on peut voir très distinctement les méandres du fleuve Golo (Ph. Dussouilliez/CNRS).

Fig. 2 – Orthophotographie de la partie centrale de la plaine de la Marana. La cathédrale romane de Mariana est au centre du cliché. La ville romaine se trouve principalement au nord de celle-ci. Au sud, on peut voir très distinctement les méandres du fleuve Golo (Ph. Dussouilliez/CNRS).

Fig. 3 – Cartographie de la plaine de la Marana autour du site de Mariana avec localisation des traits de côte anciens (d’après Vella et al. 2016 ; Costa 2015. Fond IGN. DAO D. Istria/CNRS).

Fig. 3 – Cartographie de la plaine de la Marana autour du site de Mariana avec localisation des traits de côte anciens (d’après Vella et al. 2016 ; Costa 2015. Fond IGN. DAO D. Istria/CNRS).
  • 31 Alessandri 1994 ; Istria – Ferreira 2012 ; Chapon 2013.
  • 32 Coutelas et al. à paraître.

10Les fouilles de sauvetage conduites par l’AFAN en 1994 ainsi que les diagnostics archéologiques réalisés par l’Inrap en 2011 et 2013, ont mis en évidence les limites de l’agglomération en plusieurs secteurs31. Partant de ces données, on peut restituer aujourd’hui une ville d’environ une dizaine d’hectares seulement ce qui en fait une très petite agglomération à l’instar d’Aleria dont la superficie a été évaluée à 11 hectares32 (fig. 4). Il s’agit bien sûr d’une approximation qui ne prend pas en compte la densité du tissu urbain ainsi que les possibles zones « vides « d’occupation qu’il est encore impossible d’évaluer correctement.

Fig. 4 – Plan général de l’agglomération antique (DAO D. Istria/CNRS).

Fig. 4 – Plan général de l’agglomération antique (DAO D. Istria/CNRS).
  • 33 Istria – Ferreira 2012.
  • 34 Contra : Corsi – Vermeulen 2015. Les auteurs identifient sur la base de photographies aériennes un (...)

11Le contour de la ville est irrégulier et certains îlots implantés dès le début de notre ère, notamment au nord-est, n’ont pas été bâtis comme l’ont très clairement montré les diagnostics archéologiques33. Cela laisse imaginer que le pomerium dont le tracé a été défini au moment de la fondation peut englober une superficie plus importante, mais que l’on ne peut préciser aujourd’hui. Quant à l’hypothèse de l’existence d’un rempart, dont la localisation semblait pouvoir être repérée sur les photographies aériennes et la documentation cartographique, elle n’est plus recevable aujourd’hui compte tenu de l’absence de vestiges dans les secteurs où ils étaient attendus34.

  • 35 Corsi – Vermeulen 2015, p. 21.

12Les prospections géoradar ont livré des informations d’une précision remarquable permettant de dresser une image presque complète de l’agglomération. Elle apparaît organisée selon un plan orthonormé dans la continuité des vestiges dégagés au sud par G. Moracchini-Mazel dans les années 1960 et plus récemment par l’Inrap. Au moins deux voies importantes est-ouest et trois nord-sud ont été identifiées. Elles délimitent une douzaine d’îlots potentiellement bâtis, qui se présentent sous la forme de rectangles allongés dans le sens nord-sud. Au moins deux d’entre eux ont des dimensions proches de 110 × 50 m. C. Corsi et F. Vermeulen proposent d’y reconnaître, sans doute à juste titre, des modules de 3 × 1,5 actus, soit 107 × 53 m35. Deux autres, au nord-ouest et au sud-est, paraissent bien plus larges alors qu’à l’extrémité méridionale, l’habitat semble se développer de manière irrégulière sur une quarantaine de mètres seulement vers le sud au-delà de la voie est-ouest.

13L’axe A est la voie d’orientation est-ouest la plus méridionale de l’agglomération et la mieux connue aujourd’hui. Repéré sur une longueur de près de 240 m (fig. 5), il est constitué d’un apport de galets et de fragments de terre cuite architecturale constituant une fine couche de roulement « rechargée « à plusieurs reprises. Au moins la portion orientale, dégagée sur environ 120 m de longueur, est bordée des deux côtés par un portique dont la largeur fluctuante (de 2,6 à 3,2 m environ) a une incidence directe sur la largeur de la voie elle-même qui varie par conséquent de 5 m à plus de 6 m. De fait, ces galeries ne semblent pas résulter d’un projet unitaire et homogène, mais au contraire être étroitement associées à la construction au coup par coup des bâtiments au sein des îlots. Le plan analytique (fig. 6) montre dans tous les cas un alignement des piliers en L et des murs perpendiculaires à la voie ainsi que des façades. En conséquence, la présence de ces piliers en angle droit pourrait indiquer des limites d’emprises englobant des portions du portique et les habitations situées en arrière.

Fig. 5 – La voie A vue depuis l’ouest. On peut voir sur la gauche le portique nord (D. Istria/CNRS).

Fig. 5 – La voie A vue depuis l’ouest. On peut voir sur la gauche le portique nord (D. Istria/CNRS).

Fig. 6 – a) Plan du quartier sud de la ville ; b) mise en évidence des différentes unités construites et des portions des portiques (DAO D. Istria/CNRS).

Fig. 6 – a) Plan du quartier sud de la ville ; b) mise en évidence des différentes unités construites et des portions des portiques (DAO D. Istria/CNRS).

14La date de construction de ces galeries reste impossible à préciser aujourd’hui. Les irrégularités témoignent de l’existence de plusieurs phases et d’un étagement des travaux. Ces derniers pourraient, de fait, être réalisés par les maîtres d’ouvrages des constructions situées en arrière, contraints de respecter un plan d’aménagement urbain imposé par l’autorité publique.

15Les prospections géoradar ont montré qu’au moins une autre voie est-ouest, l’axe B, était très probablement pourvue elle aussi de portiques de ce type.

  • 36 Vivarelli 2013, p. 82-83.
  • 37 Le forum d’Aleria, de plan trapézoïdal, a une longueur de 92 m pour une largeur de 39 m à l’est et (...)

16Depuis les investigations de L. Leschi et A. Chauvel, et dans l’attente de nouvelles données plus précises, on peut proposer de localiser le forum dans l’angle nord-ouest de l’agglomération en raison de la présence du podium d’un très probable temple d’environ 16 × 15 m, ainsi que d’un mur de 23 m de longueur terminé au nord par un retour en angle droit vers l’ouest et au sud par une exèdre de 11 m d’ouverture, structurant cet espace vers l’est36. La prospection géoradar montre la présence d’un mur formant angle droit dans l’alignement du précédent, qui pourrait terminer cet aménagement vers le sud. S’il s’agit bien d’un mur de délimitation du forum, les dimensions de ce dernier pourraient approcher 65 × 56 m, soit une superficie près d’une fois et demi supérieure à celle du forum d’Aleria37. Les images radar révèlent deux anomalies au sud-est de ce supposé forum :

  • l’axe B, qui le longe au sud, ne paraît pas se poursuivre vers l’ouest ; sa trace disparaît totalement alors qu’il apparaît très nettement vers l’est ;
  • une trace rectiligne d’une trentaine de mètres de longueur, de même morphologie, de même largeur et de même intensité que l’axe B est connectée à celui-ci, mais forme un angle à 45°. Il pourrait s’agir d’une portion de voie conduisant au forum mais dont on ne peut expliquer l’orientation. Peut-être est-elle antérieure à la place publique et coupée par celle-ci.
  • 38 Istria 2014d. Ce dépôt n’a été que partiellement fouillé lors du diagnostic archéologique réalisé (...)
  • 39 Michel – Pasqualaggi 2014, p. 236-237, n° 28.
  • 40 Ph. Chapon propose toutefois de l’associer à un petit massif maçonné découvert lors de la fouille (...)

17La découverte d’un dépôt cultuel contenant au moins deux statuettes en terre cuite dont un personnage et une tête de bélier appartenant peut-être à un groupe représentant un sacrifice de suovetaurile, ainsi qu’un lot de 16 monnaies datées entre le milieu du Ier et celui du IIe siècle de notre ère, indique peut-être la présence d’un second temple ou du moins d’un petit monument à proximité, mais en dehors du forum38. Un diagnostic archéologique réalisé en 2013 au sud-ouest de l’agglomération a également livré une inscription fragmentaire datée entre 150 et 350, faisant référence à la consécration du temple d’une déesse39. Cet élément a toutefois été retrouvé en position secondaire et ne permet pas de localiser l’édifice40. De manière plus certaine, les fouilles préventives conduites en 2017 par l’Inrap (responsable Ph. Chapon) ont mis au jour un mithraeum au sud-ouest de la ville. L’ensemble comprend une antichambre placée au nord, ouvrant sur la pièce principale de 11 × 5 m. Cette salle d’assemblée où se déroulait le culte est constituée d’un couloir central creusé dans le sol comportant une vasque quadrangulaire à son extrémité nord. De part et d’autre prennent place de longues banquettes larges de 1,80 m et bordées d’un muret soigneusement enduit à la chaux. Dans l’épaisseur de ces banquettes et en vis-à-vis, quatre niches voûtées en briques ont été aménagées dans la maçonnerie. L’une d’entre elles contenait encore trois lampes à huile intactes. À l’extrémité du couloir devait être disposé le bas relief de marbre représentant Mithra tauroctone retrouvé fragmenté.

18Il est peu probable, compte tenu de l’épaisseur des murs, que ce sanctuaire ait été couvert d’une voûte maçonnée évoquant la grotte en référence au lieu de sacrifice du taureau.

  • 41 Chapon 2019, p. 123-130.

19Les lampes à huile découvertes dans les niches peuvent être attribuées au IIIe siècle, alors que le niveau de destruction, auquel sont associées des traces d’incendie, est antérieur au milieu du Ve siècle. L’édifice est remplacé au VIsiècle par un grand entrepôt à trois nefs41.

  • 42 Vivarelli 2013, p. 70-74. Cet édifice se trouve à 150 m au sud-est de la cathédrale médiévale.

20Cinq ensembles thermaux, très partiellement dégagés, sont situés respectivement au sud-est, au sud-ouest et à proximité du possible forum. On ne peut pour l’heure préciser leur statut, même si l’ampleur de certaines pièces laisse penser qu’au moins deux d’entre eux pourraient être des bains publics. C’est peut-être le cas des vestiges dégagés en 1936 par L. Leschi et A. Chauvel au sud de la ville dans le secteur baptisé alors « Fouille A »42. Le sondage, de tout juste 64 m², a permis d’étudier une salle chauffée par hypocauste de 7,5 × 5 m. De plan cruciforme et pourvue d’une abside à l’ouest, elle était couverte d’une voûte dont les fragments ont été retrouvés durant la fouille, et pourvue d’un sol en mosaïque. Les murs, constitués d’un blocage de galets revêtu des deux côtés par un parement de briques, supportaient à l’intérieur un placage de marbre blanc. Trois portes sont connues dont deux de 1,24/1,25 m et une de 2,25 m de large.

21Un ensemble d’ateliers et de boutiques peut être identifié près de ces thermes, au sud-est de l’axe A où tabernae et installations artisanales (forge et pressoir) ont été repérées à proximité d’une structure à péristyle interprétée comme un très probable macellum.

  • 43 L’extrémité nord de ces structures n’a pas été recherchée. Vers le sud, en revanche, elles ont été (...)
  • 44 Vivarelli 2013, p. 78-80, ‘Chantier D’.

22Plus à l’ouest et en limite sud de la ville, les dernières fouilles préventives réalisées par l’Inrap (2016-2017) ont également mis en évidence parmi toute une série de constructions, un pressoir (probablement à raisin) ainsi qu’un grand bâtiment rectangulaire de 9 m de largeur par près de 20 m de longueur, divisé en trois nefs par deux rangées de piliers, que l’on peut interpréter comme un entrepôt. Un horreum aurait également été identifié à proximité du Golo mais à l’autre extrémité de l’agglomération cette fois, en direction du littoral et du probable port. L. Leschi et A. Chauvel y signalent quatre murs parallèles dont la longueur est inconnue, espacés d’environ 4,70 m43. Un sondage profond a mis en évidence « un sol de béton « sur lequel reposait « de nombreux tessons de poterie, dont certains provenant de vases de grandes dimensions, de jarres, d’amphores… »44. Ce mobilier ayant disparu, il n’est plus possible aujourd’hui de proposer une datation quant à l’abandon de cet ensemble.

23Entre cinq et huit domus peuvent être repérées à l’heure actuelle sur l’ensemble de la ville. Elles sont caractérisées par la présence de pièces absidées, d’atrium ainsi que de bains. Il n’est pas encore possible aujourd’hui d’en proposer des plans complets à l’exception de la domus A sur laquelle on reviendra plus en détail.

24L’espace suburbain est marqué par la présence de cinq nécropoles, celle d’I Ponti à l’est ainsi que celles de San Parteo, de Palazzetto, de Murotondo et de Pruniccia du sud-ouest au nord-ouest (fig. 7).

Fig. 7 – Localisation des nécropoles autour de l’agglomération DAO D. (Istria/CNRS).

Fig. 7 – Localisation des nécropoles autour de l’agglomération DAO D. (Istria/CNRS).

25Bien qu’explorées très partiellement, les sépultures à incinération et à inhumation qu’elles renferment semblent être organisées par petits groupes, peu denses, le long d’une voie principale et de ramifications secondaires.

  • 45 Archives départementales de Haute-Corse, Bastia, 1C152. Document consultable en ligne (rouleau 10) (...)
  • 46 Chapon – Istria – Raux 2009.
  • 47 Vivarelli 2013, p. 83. Repérés et partiellement fouillés en 1936-37, ces mausolées ne sont plus vi (...)
  • 48 Moracchini-Mazel et al. 1971 ; Vivarelli 2013, p. 83..

26À l’ouest, le chemin dit de « Lucciana à la Canonica », cartographié sur le Plan Terrier dressé entre 1773 et 177845, s’inscrit dans le prolongement de l’axe A et se poursuit vers l’intérieur des terres ; une petite partie de sa chaussée en terre et de plus de 3 m de largeur, a été reconnue lors de fouilles préventives de la nécropole rurale de Mezzana à 3 km à l’ouest de la ville46. Aux portes de la ville, ce chemin longe les façades des mausolées A et B47 entourés d’une quarantaine de sépultures, dont certaines ont livré un riche mobilier48.

  • 49 Moracchini-Mazel et al. 1971 ; Moracchini-Mazel et al. 1974.
  • 50 Cette datation, proposée par L. Gambaro, repose essentiellement sur le postulat que les sépultures (...)

27Le chemin dit de « Lucciana à Mariana », lui aussi cartographié au XVIIIe siècle, est une bifurcation du précédent qui conduit vers le sud-ouest et dessert au passage le mausolée C connu localement sous le nom de Palazzetto49. Daté de la première moitié du IIe siècle, il est entouré d’une dizaine de sépultures dont certaines, dépourvues de mobilier, pourraient éventuellement dater de l’Antiquité tardive50.

28Enfin, une ramification du chemin « de Lucciana à Mariana « conduit vers le sud où, à 130 m du mausolée C, ont été repérées au moins six tombes à inhumation – peut-être huit – au-dessus desquelles est installée plus tard une basilique chrétienne.

  • 51 Moracchini-Mazel et al. 1974.
  • 52 La présence de sépultures à l’intérieur (Vivarelli 2013, p. 74) nous semble pourtant être un indic (...)
  • 53 La fouille a mis au jour une trentaine de sépultures, principalement à incinération. La plus récen (...)
  • 54 cf. supra et Vivarelli 2013, p. 78-79, ‘Chantier D’.
  • 55 Vella et al. 2016.

29L’axe A se prolonge vers l’est. Il dessert le secteur sud de la nécropole d’I Ponti dont la fouille partielle a été conduite par G. Moracchini-Mazel au début des années 197051. Outre le possible mausolée D, connu depuis les travaux de L. Leschi et A. Chauvel en 1936 (chantier B) mais non interprété comme tel à l’époque52, elle a livré une trentaine de sépultures dont les plus anciennes ont été datées du milieu du Ier siècle de notre ère53. De possibles entrepôts ont également été repérés à proximité lors des travaux anciens54. Au-delà, cette voie pouvait conduire jusqu’au littoral et bien sûr au port dont on croit pouvoir situer l’emplacement à proximité de l’embouchure antique du Golo, c’est-à-dire dans le secteur de l’actuel étang de Tanghiccia à 2,2 km55.

  • 56 À titre de comparaison, le taux d’occupation sur la côte ouest de l’île est d’environ 0,35 établis (...)
  • 57 Chapon – Istria – Raux 2009, Chapon et al. à paraître.
  • 58 À ce sujet on verra les études de mobiliers publiées dans les actes du colloque « Mariana et la va (...)
  • 59 Pellegrino 2014.

30Dans la campagne proche de la ville les établissements antiques sont nombreux : le taux d’occupation est évalué à 1,64 site par kilomètre carré durant le Haut-Empire56. Il s’agit dans tous les cas de petits établissements dont un bon exemple est donné par les opérations d’archéologie préventive réalisées dans le cadre de l’aménagement de la route territoriale 11, une voie rapide nord-sud. Ces opérations ont permis d’explorer un transect de 100 m de largeur moyenne sur 9,3 km de longueur, à 3 km environ à l’ouest de Mariana. Sept gisements archéologiques ont été recensés. À l’exception d’un établissement mal caractérisé, il s’agit d’exploitations agricoles de superficie très modeste (≈ 50, 300, 600 et 1200 m²) occupées au maximum entre le milieu du Ier siècle et le premier tiers du IIIe siècle. L’une d’elles est associée à une petite nécropole57. Vouées essentiellement à la viticulture, ces fermes sont donc abandonnées très tôt, peut-être en raison d’une concentration foncière ou bien d’une réorientation de l’économie de Mariana. Celle-ci semble surtout reposer, durant les derniers siècles de l’Antiquité, sur son rôle de plaque tournante permettant les échanges entre l’île et les principaux centres de Méditerranée dont témoignent les flux de céramiques d’importation58. Ils sont dominés durant le Haut-Empire et particulièrement aux Ier et IIe siècles de notre ère par l’arrivée massive d’amphores et de céramiques (fines, communes et culinaires) depuis la proche péninsule italique. Ces produits sont accompagnés d’amphores vinaires gauloises (II et surtout IV), de céramiques à parois fines de Sardaigne, de rares amphores et céramiques communes de la région de la mer Égée et de Bétique (Dressel 7/11) et déjà de quelques productions africaines qui deviendront prédominantes à partir du IIIe siècle59.

3. Les productions à Mariana et dans sa campagne

  • 60 Toutes les informations qui suivent sont tirées de Chapon – Istria – Raux 2009, Chapon et al. à pa (...)
  • 61 Michel – Pasqualaggi 2014, p. 241-242, n° 14.

31La production la mieux documentée à ce jour à Mariana et dans sa proche campagne est celle du vin. Les plus anciens indices ont été retrouvés dans le secteur objet de fouilles préventives effectuées par l’Inrap en préalable à la construction de la route territoriale 11 sur la commune de Lucciana60. Quatre établissements voués à la viticulture y ont été découverts : Campiani 2, Torra III, Torricella et Suale. S’y ajoute une découverte ancienne sur le site de Campiani 161. Tous sont installés à environ 3 km à l’ouest de l’espace urbain, en position de piémont, mais toujours dans la plaine ; les premiers coteaux se trouvant à plus d’un kilomètre vers l’ouest. Les sols naturels correspondant au niveau d’implantation des structures antiques sont pauvres et constitués de sables argileux très fins provenant de la décomposition des schistes. D’une épaisseur de seulement 5 à 20 cm, ils reposent sur une accumulation de 20 à 60 cm d’épaisseur de colluvions grossières pouvant contenir des graviers et de petites pierres. La couche inférieure correspond aux alluvions anciennes du Golo caractérisées par l’abondance de galets de grande taille.

  • 62 Dix fosses sont conservées, les autres sont restituées.

32Occupés au maximum entre le Ier et le début du IIIe siècle de notre ère, tous ces établissements ont livré des aires de pressurage constituées d’un sol en béton de tuileau associées à des bassins enterrés. L’un d’eux, Torricella, a également conservé les traces d’un pressoir à levier ainsi que d’un foyer que l’on suppose destiné à la fabrication du defrutum. À Campiani 2 a été mis en évidence un chai de 19 m de longueur pour une largeur restituée d’environ 8 m. Il contenait une quarantaine de fosses à dolia62 dont l’étude, ainsi que celle des fragments retrouvés sur place, permet d’estimer le volume de ces récipients à environ 0,35 à 0,40 m3. La capacité totale de stockage peut donc être évaluée à environ 15 000 litres.

  • 63 I. Figueiral ne précise pas s’il s’agit d’olivier sauvage ou cultivé. La question de la culture de (...)

33À proximité immédiate des bâtiments de Torriccella des trous de plantation associés à des tranchées de marcottage ont été conservés, alors que les fosses et puits de Campiani ont livré des pépins de raisin (vitis vinifera), mais aussi des restes de noyer (Juglans regia), d’olivier (Olea europea)63, de pêcher (Prunus persica) et de figuier (Ficus carica).

  • 64 L’analyse des pollens prélevés dans les carottages de l’étang del Sale, aux portes de la colonie d (...)
  • 65 L’étude repose sur un total de 537 taxons provenant de quatre contextes différents mais contempora (...)

34L’espacement d’en moyenne 500 m entre ces établissements contemporains laisse imaginer un vignoble relativement concentré au pied des premiers coteaux et auquel sont mêlés des arbres fruitiers ; les cultures de la vigne, des pêchers et des figuiers pouvant d’ailleurs être étroitement combinées. Les analyses anthracologiques permettent de restituer autour de ce vignoble des zones couvertes d’un maquis largement dominé par la bruyère (Erica sp.), la viorne-tin (Viburnum tinus) et l’arbousier (Arbutus unedo), caractéristique d’une recolonisation d’espaces par la végétation après une déprise agricole ou une intense exploitation de la forêt64. Au-delà apparaît un paysage boisé où sont associés selon les secteurs, chênes à feuilles persistantes (Quercus), pins maritimes (Pinus pinaster), pins noirs (Pinus nigra), pins sylvestres (Pinus sylvestris), ormes (Ulmus), frênes (Fraxinus sp.) et peut-être chênes-lièges (Quercus suber)65.

  • 66 Fouilles Inrap (Ph. Chapon) 2016-2017.
  • 67 Fouilles G. Moracchini-Mazel, années 1960, inédit.

35Il est remarquable qu’aucun établissement viticole postérieur au IIIe siècle ne soit connu dans la campagne : simple hasard des découvertes ou reflet d’une réalité ? En revanche, deux pressoirs à raisin sont documentés dans l’espace intra-muros. Ils présentent des caractéristiques identiques : aire de pressurage à laquelle est associée une cuve maçonnée aménagée dans le sous-sol. Le plus ancien de ces pressoirs, antérieur à la fin du IVe siècle, est situé au sud-ouest de la ville et comporte également deux petites fosses à dolia installées dans l’aire de pressurage66. Le second, fouillé anciennement à quelques mètres du chevet de la basilique paléochrétienne, n’est pas daté précisément, mais pourrait être plus ou moins contemporain de l’édifice de culte (Ve-VIe siècle ?)67. Les chais qui devaient y être associés n’ont pas été identifiés.

  • 68 Bergeret A. et Fabre V., « Bonifacio – Sant’Amanza », ADLFI. Archéologie de la France - Informatio (...)

36L’abandon des établissements de Campiani, Torra III, Torricella et Suale au IIIe siècle pose bien sûr question. Il ne peut s’expliquer par la seule concurrence du vin d’importation d’Italie et d’Afrique dont on verra par la suite qu’il a effectivement occupé une place non négligeable. Les pressoirs identifiés à l’intérieur de la ville, comme ceux fouillés à Sagone, ainsi que les traces de plantation étudiées à Bonifacio68, montrent bien que la viticulture est encore une activité de premier plan durant les siècles de l’Antiquité tardive. Par conséquent, ces abandons témoignent à l’évidence d’une réorganisation de la production à partir du IIIe siècle : celle-ci est peut-être désormais orientée vers l’alimentation d’un marché strictement local, celui de la ville. La diminution du nombre de pressoirs pourrait alors refléter un abaissement du volume produit tout autant que résulter d’un regroupement foncier et d’un contrôle plus rapproché de la production.

  • 69 Michel 2014. Des récipients ayant contenu du miel corse ont cependant été retrouvés hors de Corse, (...)
  • 70 Cette question de l’exploitation du bois reste posée à l’échelle de l’île malgré la brève mention (...)
  • 71 Ces fragments de tuiles ont été repérés en surface, en périphérie nord de la ville (Pruniccia), da (...)
  • 72 Basetti 2013 ; Grimaldi 2013. Le commerce de ces matériaux est documenté en particulier par la déc (...)

37Quelle que soit la période, le poids de la viticulture dans l’économie de Mariana reste bien difficile à estimer et peut être largement surévalué en raison de la « discrétion « des traces archéologiques qui peuvent être laissées par d’autres activités comme la céréaliculture, l’apiculture, pourtant documentées par la littérature69, ou encore l’exploitation du bois70. D’autre part, certaines activités apparaissent aujourd’hui en filigrane et pourraient être à contrario sous-évaluées. C’est notamment le cas de l’artisanat de la terre. Attestée par la présence d’un four au nord de la ville et par quelques fragments surcuits71, la fabrication de terres cuites architecturales (briques et tegulae) a peut-être occupé une place importante dans l’économie de la ville compte tenu de l’utilisation massive de ce matériau de construction, particulièrement à partir du IIe siècle. D’autant plus que l’étude des pâtes et des timbres n’apporte pas de preuves très sûres d’importations72.

  • 73 Menchelli 2013, p. 37-38.
  • 74 Menchelli – Picchi 2016.
  • 75 La marque de L. Rasinius Pisanus est la plus représentée sur les fouilles de Mariana dans les cont (...)
  • 76 Duperron 2018.

38Par ailleurs, les études typologiques et les analyses de pâtes ont permis d’isoler un groupe important de céramiques communes, culinaires et de table que l’on pense fabriquées dans l’île entre le IIIe et le Ve siècle. Malgré l’absence de fours spécifiques et de ratés de cuisson, la rareté de ces vases dans les autres établissements insulaires contemporains laisse penser que les ateliers étaient situés près de Mariana73. S. Menchelli et G. Picchi supposent également la présence d’une officine des Rasinii à proximité de la ville74. Cette hypothèse repose sur la découverte de nombreux vases s’inscrivant dans la typologie des sigillées tardo-italiques et marqués du timbre de l’atelier de L. Rasinius, actif à Pise entre 50 et 120 de notre ère75, ainsi sur l’existence du toponyme Rasignani à 6 km au nord de Mariana. Si l’argumentaire est bien faible, la question vaut néanmoins la peine d’être posée compte tenu de la découverte à Sagone d’un atelier produisant le même type de céramique – sigillée et paroi fine – placé sous le contrôle d’un autre industriel pisan contemporain de L. Rasinius, Caius Pomponus Pisanus76.

4. Les importations

39L’étude des mobiliers a montré un flux ininterrompu d’importations entre le Ier et le VIIsiècle. Cependant, tout au long de ces sept siècles, l’origine ainsi que les volumes de marchandises ont varié et parfois de manière importante. Les céramiques et les monnaies sont bien sûr les éléments privilégiés pour appréhender ces évolutions et variations. Les objets en verre et en métal, bien que très présents, sont plus délicats à traiter puisqu’ils sont moins bien datés et surtout en raison d’une possible production locale qu’il n’est pas encore permis d’identifier clairement tant la typologie de ces produits est encore très mal définie.

4.1 Les céramiques

  • 77 Cette synthèse s’appuie sur les données publiées : Picchi 2013, De Rossi 2013, Puliga 2013, Pasqui (...)
  • 78 On compte ainsi 114 exemplaires datés entre le Ier et le IVsiècle, 42 entre le IIe et le IVe, 53 (...)

40La courbe (graphique 1) illustrant l’évolution des importations de céramiques est établie sur la base de 909 individus, tous types confondus (fine, commune, culinaire, de transport), sûrement attribués et datés entre le Ier et le VIIe siècle77. Les productions locales et régionales attestées ou supposées ont été exclues. Certains types dont la fabrication s’étend sur plus de deux siècles et dont la connaissance actuelle ne permet pas d’affiner la datation ont également été écartés lorsqu’ils n’étaient pas contextualisés ; ils représentent 363 exemplaires supplémentaires dont il faut néanmoins tenir compte dans l’appréciation globale78.

Graphique 1 – Évolution de l’importation des céramiques à Mariana entre le Ier et le VIIe siècle de notre ère (nombre d’exemplaires en ordonnée / siècles en abscisse).

Graphique 1 – Évolution de l’importation des céramiques à Mariana entre le Ier et le VIIe siècle de notre ère (nombre d’exemplaires en ordonnée / siècles en abscisse).

41La courbe qui se dessine à partir de ces données ne donne qu’une tendance générale qui devrait certainement être affinée et nuancée, mais qui permet d’ores et déjà de faire quelques constats importants.

  • 79 Pourcentage calculé sur un total de 143 exemplaires.

42Après un premier pic des importations au Ier siècle, la courbe enregistre une baisse très nette à laquelle succède une stagnation puis une hausse importante traduisant une reprise des importations aux IVe-Ve siècles. Les céramiques introduites constituent alors un volume si élevé qu’il n’a jamais été et ne sera jamais égalé à Mariana. L’analyse plus précise des typologies suggère d’établir l’inversion de la tendance dans un IVe siècle très avancé, moment à partir duquel on constate l’arrivée de quantités importantes de céramiques africaines sigillées D, particulièrement du type Hayes 67 (seconde moitié IVe-milieu Ve siècle), ainsi que d’amphores parmi lesquels les types dominants sont les Keay 25-1 et 3 dont on peut dénombrer au moins 85 d’exemplaires datés du IVsiècle. Cette tendance se poursuit durant la première moitié du Ve siècle avec l’importation de sigillées Hayes 50B, 91A, 61A et B. Au total, ces productions de la seconde moitié du IVe-première moitié du Ve siècle représentent près de 80 % des sigillées claires D importées à Mariana (graphique 2)79.

Graphique 2 – Quantités de vases en céramique sigillée claire D importés à Mariana (nombre d’individus en ordonnée / types en abscisse).

Graphique 2 – Quantités de vases en céramique sigillée claire D importés à Mariana (nombre d’individus en ordonnée / types en abscisse).
  • 80 Bonifay 2004, p. 481.
  • 81 Pour le VIsiècle, on note la présence de sigillées claires D de type Hayes 91 B et C / Bonifay 5 (...)

43Après ce pic, la courbe s’infléchit à nouveau, peut-être comme le suggère M. Bonifay, en raison de la baisse de dynamisme des activités commerciales au départ de l’Afrique vers les années 440-475 dont les effets sont ressentis un peu partout80. Si les céramiques africaines restent nombreuses aux Ve-VIe siècles (plus de 150 individus), elles disparaissent complètement et très tôt dans le courant du VIIe siècle81.

  • 82 Deux amphores de type Bonifay 33C (seconde moitié VIIe siècle) à Ajaccio, une amphore de type Boni (...)

44Cette tendance générale n’est pas propre à Mariana. Il semble en effet qu’elle reflète une situation très généralisée dans l’ensemble de l’île, bien que l’on ne dispose pas encore de données aussi nombreuses et sur une aussi longue durée pour les autres établissements. Partout le flux des importations de céramiques paraît augmenter sensiblement vers la seconde moitié du IVe siècle et amorcer une régression un siècle plus tard. Les témoins de ces échanges sont encore bien présents jusqu’à la fin du VIe siècle, mais tendent à disparaître au VIIe siècle même si quelques rares individus tardifs sont documentés aussi bien à Mariana (une amphore globulaire de Campanie-Latium des VIIe-VIIIe siècles), que dans les établissements de la côte occidentale82.

  • 83 Bonifay 2004, p. 463-475.
  • 84 Bonifay 31 et 22-23, peut-être 41.

45Tout au long de la période, on ne note pas de décalage significatif entre l’importation des céramiques fines et communes d’une part et les amphores d’autre part. Ces importations semblent donc parfaitement concomitantes. Quant à la nature des denrées transportées dans les amphores, toujours très difficile à déterminer83, et compte tenu du nombre d’exemplaires, mais aussi de leur volume respectif, il semblerait que le vin aussi bien italien qu’africain et dans une moindre mesure oriental, domine largement devant les salsamenta d’origine hispanique (amphores Amalgro 51) et africaine84. Étrangement, les amphores destinées au transport de l’huile sont fort peu représentées (Africaine I / Bonifay 21 et peut-être Keay 35 A).

4.2 Les monnaies

  • 85 Erbalunga : 21 219 monnaies du IVe et du début du Ve siècle perdu vers 425 ; Solenzara : 175 monna (...)
  • 86 317 monnaies du IVe siècle ont été retrouvées sur les 1500 m² de fouille.
  • 87 On notera également la découverte sur une épave au large d’Aleria d’une balance en bronze complète (...)
  • 88 C’est une situation peut-être comparable qui est documentée à Pianottoli-Caldarello (site de Ficar (...)

46L’analyse des monnaies (975 exemplaires) montre une augmentation très nette de leur nombre entre le Ier et le IVe siècle (graphique 3). La réforme de 294 a entraîné la multiplication des numéraires en bronze de très faible valeur, ce qui explique certainement leur nombre très élevé au IVe siècle : 462, soit 58 % du corpus. La composition des trésors sous-marins, parfois quantitativement très importants comme celui d’Erbalunga85, étaye cette interprétation. Les découvertes terrestres, mieux contextualisées, montrent en revanche que ces pièces accompagnent un vrai développement du commerce. Ainsi à Sagone, outre l’abondance des monnaies86, on remarque la présence d’éléments de balances ainsi que d’un poids monétaire87. C’est aussi dans le courant du IVe siècle que de possibles structures d’accueil peut-être destinées en tout premier lieu aux commerçants et voyageurs ainsi que des entrepôts et des thermes sont construits à proximité du mouillage88.

Graphique 3 – Les monnaies découvertes à Mariana (nombre d’exemplaires en ordonnée / siècles en abscisse).

Graphique 3 – Les monnaies découvertes à Mariana (nombre d’exemplaires en ordonnée / siècles en abscisse).
  • 89 Il s’agit dans tous les cas de solidi d’Arcadius (395-408). Celui de Mariana a été frappé entre se (...)

47Si la présence de ces petites monnaies de bronze indique bien l’existence d’une activité d’échanges, elle ne peut, à elle seule, être interprétée comme un indice sûr de son dynamisme, ce qui n’est peut-être pas le cas des monnaies d’or du IVe siècle, dont un exemplaire a été retrouvé à Mariana et pas moins de 21 à l’Île Rousse89.

  • 90 On verra par exemple ci-dessus le cas du trésor d’Erbalunga constitué de monnaies émises entre le (...)
  • 91 Il s’agit d’une monnaie d’Argent de Justinien frappée à Ravenne entre le 1er septembre 552 et le 1 (...)

48En revanche, la raréfaction du numéraire est manifeste à partir du Vsiècle, même si aux 18 exemplaires bien datés, tous antérieurs à 455, doivent certainement être ajoutés tout ou partie des 28 petits bronzes attribués génériquement au IVe-Ve siècle – et placés dans le graphique 4 parmi les monnaies du IVe siècle -, mais sans doute aussi une partie de ceux datés du IVsiècle dont on sait aujourd’hui qu’ils ont largement circulé durant les décennies suivantes90. Une seule monnaie est datée du VIe siècle91.

Graphique 4 – Provenances des monnaies du IVe siècle découvertes à Mariana (nombre d’exemplaires en ordonnée / origine en abscisse).

Graphique 4 – Provenances des monnaies du IVe siècle découvertes à Mariana (nombre d’exemplaires en ordonnée / origine en abscisse).

4.3 La place de Mariana sur les routes commerciales

  • 92 Pellegrino 2014, p. 81.
  • 93 Une, du Ier siècle av. J.-C., vient d’Espagne (Cartago Nova) et deux du Ier siècle ap. J.-C. sont (...)

49Jusqu’au IIsiècle de notre ère, les productions italiques dominent très largement. Sigillées, céramiques à parois fines ainsi que céramiques communes provenant principalement d’Étrurie, sont accompagnées d’amphores destinées au transport du vin de même provenance, mais aussi produites dans les régions les plus méridionales de la péninsule et en Sicile. Ces importations italiques jusqu’à une époque relativement tardive ainsi que la rareté des amphores gauloises, font l’originalité de Mariana et plus généralement de la côte orientale de la Corse, y compris par rapport au littoral occidental de l’île92. Les monnaies témoignent également de cette ouverture quasi exclusive sur l’Italie : sur 200 monnaies antérieures à la fin du IIIe siècle, 197 sont frappées à Rome93.

50À partir du IIIe siècle, les importations africaines vont très largement dominer. Tous les types sont représentés ici : sigillées, céramiques communes et culinaires ainsi qu’amphores destinées au transport du vin, de salsamenta et d’huile. Ces dernières sont encore accompagnées d’amphores vinaires de type Empoli (IIIe-Ve siècles), provenant d’Étrurie en assez grand nombre (30 exemplaires), ainsi que de type Crypta Balbi 2 et Keay LII de Sicile (IVe-VIIe siècles) plutôt rares (10 exemplaires).

51Enfin, des produits sont également documentés en petites quantités : les amphores orientales de type LRA1, 3 et 5/6 (8 exemplaires) et de Bétique (types Amalgro 51 A/B et C des IIIe-Vsiècles, 8 exemplaires), les dérivées de sigillées paléochrétiennes de Gaule méridionale du Ve siècle essentiellement (18 exemplaires), les céramiques culinaires de Pantelleria (5 exemplaires) ainsi que les vases en pierre ollaire fabriqués dans les Alpes (10 exemplaires).

  • 94 Pellegrino 2014.

52Plus que les céramiques africaines, présentes en quantité importante partout dans l’île, ce sont ces importations rares ou peu abondantes qui donnent des informations précieuses quand elles sont confrontées aux comptages effectués sur d’autres sites insulaires, et particulièrement ceux de la côte occidentale. Ainsi, ces derniers ne livrent pas ou de manière très exceptionnelle des amphores italiques, siciliennes et hispaniques ainsi que des dérivées de sigillées paléochrétiennes. Inversement, les céramiques communes et culinaires sardes sont bien représentées alors qu’elles sont rares à Mariana94.

53Il est très probable que jusqu’au IIe siècle, Mariana soit alimentée essentiellement par les ports de la côte Tyrrhénienne de l’Italie, Luni, Portus Pisanus, Ostie…, voire par des centres plus modestes comme portus Cosanus (Obertello), Vada Volterrana, Populonia ou portus Falesia (Piombino). C’est par eux que pouvaient transiter des marchandises venant de régions plus éloignées comme la Gaule méridionale, la Sicile, l’Espagne et la Méditerranée orientale.

  • 95 Bonifay 2004, p. 453.
  • 96 Pellegrino 2014.
  • 97 Bonifay – Capelli – Cibecchini 2014, Tableau 1 n° 26, p. 44 et 53.
  • 98 Bonifay 2004, p. 453-454.

54À partir du IIIe siècle s’y ajoutent certainement les ports africains de la côte orientale, particulièrement Carthage, Neapolis, Sullecthum95, depuis lesquels étaient également redistribuées les marchandises, ce dont pourrait aussi témoigner la grande diversité des provenances des monnaies. Uniquement pour le IVe siècle, les 203 monnaies bien identifiées ont été frappées dans pas moins de 17 villes, depuis Londres jusqu’à Antioche, même si encore près de la moitié d’entre elles (48,2 %) viennent de Rome et d’Ostie (graphique 4). L’itinéraire sud-nord par la Tyrrhénienne devait comporter des escales en Sicile et en Italie, voire sur l’île de Pantelleria, mais il est peu probable en revanche que la côte orientale de la Sardaigne avec le port d’Olbia, y ait été intégrée en tout cas pour les navires qui devaient poursuivre leur voyage jusqu’en Corse puisque les céramiques produites dans l’île sont rares à Mariana. Il en était tout autrement de la route le long de la côte occidentale qui en a permis la diffusion au moins jusqu’à Sagone96. Au Ve siècle, cette route de cabotage semble être complétée par un trajet direct comme le montre l’épave de Pinarellu datée des années 425-450, en raison de sa cargaison homogène d’amphores africaines de type Keay 25.2 et de spatheion 1 / Bonifay 3197. Mais rien ne prouve que ces navires s’arrêtaient effectivement en Corse ; ils pouvaient tout aussi bien poursuivre leur chemin jusqu’à la Provence où d’autres épaves, comme celle du Dramont E, témoignent de ces trajets en droite ligne depuis l’Afrique98.

5. Le peuplement autour de la ville

  • 99 La « Carte archéologique de la Gaule : Corse » (Michel – Pasqualaggi 2014), bien que très incomplè (...)
  • 100 Chapon – Istria – Raux 2009 ; Chapon et al. à paraître.

55La répartition de l’habitat autour de la ville est fortement contrastée et fait écho à la pluralité des paysages ou plus précisément des ressources agropastorales. Alors que la densité d’habitats est très faible à l’intérieur des terres, elle est élevée sur les fertiles terres littorales99. C’est aussi là que sont concentrées les petites agglomérations, les vici formant l’ossature du territoire et les centres d’initiatives agraires autour desquels gravitent un semis de fermes isolées et d’annexes100. Les établissements de superficie quelque peu importante (de 1 à 2 hectares) sont toutefois peu nombreux et toujours difficiles à caractériser plus précisément (villae ou vici). Bien que cela reste à démontrer par une étude approfondie d’archéologie spatiale, il est probable que ce réseau d’habitats de plaine, en rupture avec le peuplement des siècles antérieurs, procède directement de la fondation de la ville dans laquelle devait être écoulée la plus grande partie des productions agricoles.

  • 101 Michel – Pasqualaggi 2014, 2B-077, 2B-207, 2B-286, 2B-343, 2B-346.

56À la fin du IVe siècle, cet espace reste densément occupé, même si la majorité de la population est concentrée dans la ville et dans la proche microrégion de Casinca où plusieurs agglomérations sont encore très dynamiques101. Ailleurs, l’habitat est bien plus clairsemé et dispersé. Les activités commerciales sont à ce moment marquées par une nette augmentation comme le montre aussi bien en milieu urbain que rural l’abondance des mobiliers d’importation désormais en provenance principalement d’Afrique du nord.

  • 102 Istria 2014b.

57À l’échelle de l’île, la carte administrative du IVe siècle pourrait être assez peu différente de celle du début de l’époque augustéenne. Elle est structurée en une trentaine d’entités majeures, dont Aleria et Mariana qui occupent toujours le sommet de la hiérarchie fonctionnelle, et les civitates pérégrines. La plupart de ces dernières sont restées en marge d’une véritable urbanisation. Le commerce reste dynamique et les établissements portuaires, bien que de petites tailles, connaissent un véritable regain d’activité. C’est le cas en particulier de Sagone, sur la côte ouest102. Même si quelques rares établissements ont amorcé un déclin irréversible dès le IIIe siècle, la très grande majorité d’entre eux est encore occupée au IVe siècle et le sera encore au moins durant le siècle suivant.

6. Conclusion

  • 103 Sur l’urbanisme d’Aleria on verra Michel – Pasqualaggi 2014, p. 72-73 et p. 144-163 ainsi que Cout (...)
  • 104 Mastino 2005, p. 295-300.
  • 105 Beltràn 2001.

58Mariana et Aleria occupent au début de notre ère la place la plus élevée dans la hiérarchie fonctionnelle du nouveau système de peuplement. La fondation et la réorganisation des deux agglomérations permettent l’introduction de l’urbanisme tout autant que de l’urbanité dans une île alors profondément rurale103. Elles n’en demeurent pas moins des petites villes ; l’une comme l’autre, ne dépassent guère les 10 hectares intra-muros. On ne s’étonnera point, dans ce contexte insulaire peu étendu et peu peuplé, de ces superficies réduites proches finalement de beaucoup de simples vici d’Italie, de Gaule ou d’Espagne. Mariana et Aleria ne sont toutefois pas des cas isolés et l’on connaît dans le monde romain des chefs-lieux de cités de proportions tout aussi modestes. C’est le cas notamment de la civitas Forotraianensium, actuelle Fordongianus en Sardaigne104, ou encore de Barcino/Barcelone en Espagne105.

  • 106 Le monopole exercé jusqu’ici par le port d’Aleria a pu être alors considéré comme un handicap pour (...)
  • 107 Arnaud 2010, p. 112.

59Sans doute dès l’origine, l’aménagement d’un port associé à la ville est considéré comme un enjeu majeur afin de renforcer les liens entre l’île et la péninsule italienne qui jusqu’ici étaient limités en raison du monopole détenu par Aleria106. Sa position dans le Canal de Corse le place certainement très vite dans un rôle de pivot d’un système d’échanges redistributifs, connecté à la fois aux grands ports d’Étrurie, à l’arrière-pays de la colonie ainsi qu’aux ports de seconde catégorie des territoires insulaires plus éloignés comme le Cap, voire la côte occidentale. Il s’agit là d’une fonction déterminante à l’échelle de l’île qui le propulse au rang de port de premier niveau régional avec celui d’Aleria107. Son activité commerciale à différents niveaux (commerce extérieur, intermédiaire et intérieur), dont témoignent l’abondance et la variété du mobilier archéologique, pourrait ainsi constituer la principale ressource économique de la ville. Mais, si les échanges avec l’extérieur ont été fréquents durant toute l’Antiquité, c’est aux IVe et Vsiècles, au moment de l’essor du commerce africain, qu’ils atteignent leur plus grande intensité.

Note

1 De Consolatione ad Helviam Matrem, VIII, 8.

2 De situ orbis, II, 17.

3 Histoire Naturelle, livre III, 6, 80.

4 De mirabilibus mundi, XXXVII, 151-152.

5 Contra : O. Jehasse pense qu’il est peut-être abusif de considérer que la ville tire son nom de son fondateur car, selon Ptolémée, il existe dans le sud de l’île une autre localité dénommée Marianon. Il suppose que ces deux noms, très proches, peuvent avoir une origine indigène commune (Jehasse 1986, p. 126).

6 La colonie de Turris Libisonis / Porto Torres, en Sardaigne, n’est fondée qu’en 46 av. J.-C.

7 Géographie, III, 2,7.

8 Jehasse 1986, p. 126.

9 La colonie aurait été fondée par 4000 familles. On connait aujourd’hui de la ville préromaine essentiellement l’imposant rempart en gros blocs à bossage avec tour d’angle, une portion de la voirie ainsi que l’importante nécropole de Casabianda. Une colonie de vétérans y est installée par Sylla entre 82 et 81 av. J.-C., mais elle ferait l’objet de deux déductions nouvelles de vétérans avant le début de notre ère, probablement à l’initiative de Jules César puis d’Auguste (Michel – Pasqualaggi 2013, p. 72).

10 Pergola – Di Renzo 2001, p. 109 ; Pergola 2013b, p. 209 : « … Mariana est sans conteste […] la capitale de la Corse de l’antiquité tardive, jusqu’à l’avènement de Pise en Corse… ».

11 Itinerarium Provinciarum, 85, 4.

12 L’ensemble de la carte de Peutinger est consultable en ligne sur le site de la Biblioteca Augustana. On trouvera la Corse et la Sardaigne à la Pars IV (Segmentorum III, IV). Mariana est indiquée « Marianis ».

On verra, pour prendre un exemple très proche, que toutes les civitates de la Sardaigne ne sont pas indiquées sur ce document. On trouvera un inventaire exhaustif de ces civitates dans : Mastino 2005, p. 205-316.

13 Géographie, V, 2, 6.

14 Histoire naturelle, livre III, 12, 80. La distance la plus courte entre la Corse et la côte italienne est de 90 km. La distance entre Vada et Mariana (embouchure du actuelle du Golo) est de 117,6 km en ligne droite, celle de Populonia à Mariana de 94 km.

15 Arnaud 2014, p. 126. L’itinéraire septentrional vers l’Espagne, passant par le golfe de Gênes et longeant les côtes provençales et languedociennes, semble avoir été privilégié par rapport à la route méridionale traversant les Bouches de Bonifacio, plus courte mais beaucoup plus dangereuse, particulièrement dans les déplacements d’est en ouest (Arnaud 2014). La grande majorité des épaves antiques retrouvées dans les Bouches suivaient un itinéraire d’ouest en est (information F. Cibecchini, DRASSM).

16 Menchelli 2004.

17 CIL. X, 8329, Michel – Pasqualaggi 2014, p. 232-233, n° 2.

18 Reddé 1986, p. 207-211.

19 Reddé 1986, p. 197-205. Contra : M. Pasquinucci considère que dès le IIe siècle av. J.-C. le port de Pise (Portus Pisanus) assurait des fonctions à la fois commerciales et militaires (Pasquinucci 2003, p. 81-85).

20 Aleria est à 141 km de Porto Ercole et 183 km de Civitavecchia.

21 Vacchi – Ghilardi – Curràs 2016.

22 Vella et al. 2016 ; Curras et al. 2017.

23 Celui-ci étant conditionné par l’importance du bassin versant, il n’a pu en être autrement durant l’Antiquité même si, dans l’absolu, ce débit a certainement varié depuis.

24 Les embouchures de la Bravone et du Fium’Alto sont situées respectivement à 11 et 39 km d’Aleria.

25 Une première colonie de vétérans est installée à Aleria par Sylla en 82 ou 81 av. J.-C. Suivront deux nouvelles déductions dans le courant du Ier siècle av. J.-C.

26 Les fouilles du secteur 6, immédiatement à l’ouest de la basilique paléochrétienne intra-muros, ont toutefois livré sur une très petite surface des indices (éclats d’obsidienne et fragments de céramique modelée) d’une possible occupation néolithique.

27 L’habitat de Palazzi est situé à près de 6 km au sud-ouest de Mariana. Il est installé sur un large plateau dominant la plaine d’une cinquantaine de mètres. Son emprise est d’environ 3 hectares. L’occupation principale semble s’arrêter dans le courant de la première moitié du Ier siècle av. J.-C. soit plus ou moins au moment de la fondation de Mariana. Une occupation sporadique est toutefois documentée jusqu’à l’époque augustéenne, voire un peu plus tard (Chapon 2014).

28 Géographie, III, 2,1-7. Le niveau de la mer sur les côtes de Corse durant les deux premiers siècles avant et après Jésus-Christ était entre 30 et 70 cm. plus bas que l’actuel (Vacchi – Ghilardi – Curràs 2016).

29 Vella et al. 2016.

30 Vella et al. 2016. Ces conclusions résultent de l’analyse des images Lidar, des mesures de géophysique (méthode de Tomographie de Résistivité Electrique) associées à des carottages, ainsi que d’une série de datations par le radiocarbone. Contra : Corsi – Vermeulen 2015, p. 4 : les auteurs soutiennent, sans autre argument, que le littoral se trouvait à proximité de la ville durant l’Antiquité puisque « le fait que Ptolémée qualifie Mariana de ville côtière est la preuve d’une situation antique fortement différente de la situation actuelle quant à l’emplacement de l’embouchure du fleuve ».

31 Alessandri 1994 ; Istria – Ferreira 2012 ; Chapon 2013.

32 Coutelas et al. à paraître.

33 Istria – Ferreira 2012.

34 Contra : Corsi – Vermeulen 2015. Les auteurs identifient sur la base de photographies aériennes une agglomération de 30 hectares fermée par un rempart. Cependant, l’exploration du sous-sol n’a pu, à aucun moment, repérer ce mur alors qu’elle a bien montré, au nord, au sud ainsi qu’à l’ouest, l’absence de construction, et parfois même la présence de sépultures du Haut et du Bas-Empire, dans des secteurs que C. Corsi et F. Vermeulen incluent dans l’espace urbain.

35 Corsi – Vermeulen 2015, p. 21.

36 Vivarelli 2013, p. 82-83.

37 Le forum d’Aleria, de plan trapézoïdal, a une longueur de 92 m pour une largeur de 39 m à l’est et 26 m à l’ouest, soit 2990 m² (temple oriental et portiques inclus), contre environ 3600 m² à Mariana en considérant qu’il se termine vers l’ouest à la hauteur du chevet du temple.

38 Istria 2014d. Ce dépôt n’a été que partiellement fouillé lors du diagnostic archéologique réalisé en décembre 2011 : Istria – Ferreira 2012.

39 Michel – Pasqualaggi 2014, p. 236-237, n° 28.

40 Ph. Chapon propose toutefois de l’associer à un petit massif maçonné découvert lors de la fouille préventive qu’il a dirigée en 2016-2017 dans une pièce attenante au mithraeum et qu’il interprète comme un autel. Cette interprétation est assez peu convaincante.

41 Chapon 2019, p. 123-130.

42 Vivarelli 2013, p. 70-74. Cet édifice se trouve à 150 m au sud-est de la cathédrale médiévale.

43 L’extrémité nord de ces structures n’a pas été recherchée. Vers le sud, en revanche, elles ont été arrachées par le fleuve Golo situé à l’aplomb du talus dans lequel les murs apparaissaient. Quelques-uns des blocs de maçonnerie sont encore visibles aujourd’hui.

44 Vivarelli 2013, p. 78-80, ‘Chantier D’.

45 Archives départementales de Haute-Corse, Bastia, 1C152. Document consultable en ligne (rouleau 10) : http://www.corsedusud.fr/nos-competences/patrimoine-et-culture/les-archives-departementales/plan-terrier/rouleaux-non-georeferences-plan-terrier.

46 Chapon – Istria – Raux 2009.

47 Vivarelli 2013, p. 83. Repérés et partiellement fouillés en 1936-37, ces mausolées ne sont plus visibles aujourd’hui.

48 Moracchini-Mazel et al. 1971 ; Vivarelli 2013, p. 83..

49 Moracchini-Mazel et al. 1971 ; Moracchini-Mazel et al. 1974.

50 Cette datation, proposée par L. Gambaro, repose essentiellement sur le postulat que les sépultures du Haut-Empire sont généralement pourvues de mobilier, contrairement à celles plus tardives (Gambaro 2014, p. 140-141). La fouille de la nécropole de Mezzana a montré pourtant qu’au moins dès le début du IIIe siècle ce n’est pas le cas pour la majorité des tombes (Chapon – Istria – Raux 2009). Cette chronologie est donc à prendre avec beaucoup de prudence.

51 Moracchini-Mazel et al. 1974.

52 La présence de sépultures à l’intérieur (Vivarelli 2013, p. 74) nous semble pourtant être un indice assez sûr permettant de l’identifier comme un mausolée. Il faut toutefois remarquer que l’on ne dispose d’aucune donnée stratigraphique et que l’on ne peut exclure que ces sépultures aient été installées après l’abandon de l’édifice.

53 La fouille a mis au jour une trentaine de sépultures, principalement à incinération. La plus récente des inhumations est datée du IIe siècle (monnaie de Marc-Aurèle frappée en 163-164). On ne peut exclure toutefois des sépultures plus tardives. C’est peut-être le cas notamment de la tombe en coffre de pierres n° XXV (Moracchini-Mazel et al. 1974 ; Gambaro 2014, p. 144).

54 cf. supra et Vivarelli 2013, p. 78-79, ‘Chantier D’.

55 Vella et al. 2016.

56 À titre de comparaison, le taux d’occupation sur la côte ouest de l’île est d’environ 0,35 établissement par km² (information inédite tirée des prospections archéologiques dans la microrégion de Vico-Sagone).

57 Chapon – Istria – Raux 2009, Chapon et al. à paraître.

58 À ce sujet on verra les études de mobiliers publiées dans les actes du colloque « Mariana et la vallée du Golo » (Pergola 2013a) en gardant à l’esprit qu’il ne s’agit là que d’un bilan dressé en 2004. Cette première approche peut être complétée par des articles plus récents : Menchelli et al. 2007, Lang Desvignes 2011. Les productions régionales sont encore peu ou pas connues. En plus du vin, qui ne semble toutefois pas avoir fait l’objet d’une exportation massive, les auteurs antiques évoquent le commerce du bois et du miel (Michel 2014, p. 101-106). Sont désormais également documentées des productions de tuiles, notamment à Mariana, mais aussi de céramiques sigillées à Sagone vers la fin du Ier siècle ou début du IIe à l’initiative de Caius Pomponius Pisanus, bien connu à Pise. Une production de céramique commune (à Mariana ?) entre le Ier et le IVe-Ve siècle a été mise en évidence par S. Menchelli et peut-être, mais la démonstration est dans ce cas bien moins convaincante, de sigillées de type tardo-italique aux Ier et IIe siècles, dans le cadre d’une officine des potiers pisans Rasinii (Menchelli – Picchi 2016).

59 Pellegrino 2014.

60 Toutes les informations qui suivent sont tirées de Chapon – Istria – Raux 2009, Chapon et al. à paraître. Les identifications de graines et de charbons ont été réalisées par I. Figueiral (Inrap).

61 Michel – Pasqualaggi 2014, p. 241-242, n° 14.

62 Dix fosses sont conservées, les autres sont restituées.

63 I. Figueiral ne précise pas s’il s’agit d’olivier sauvage ou cultivé. La question de la culture de l’olivier doit être posée. L’absence, pour le moment du moins, de pressoirs à olive tout comme de mentions d’oliviers dans les textes médiévaux antérieurs au XVe siècle, indiquent que l’oléiculture est au moins peu développée et peut-être cantonnée à quelques microrégions.

64 L’analyse des pollens prélevés dans les carottages de l’étang del Sale, aux portes de la colonie d’Aleria (à 1,5 km de la ville), a mis en évidence l’importance de la forêt de pins au début de notre ère et la baisse significative de la chênaie. Cette situation a été interprétée comme la marque d’une très faible anthropisation du milieu au début de l’époque romaine, ce qui est pour le moins surprenant (Curras et al. 2017). Mais, sur la longue durée (-3500 à nos jours), le spectre pollinique paraît plutôt refléter une exploitation intensive de la forêt de chênes – peut-être durant une phase de reconstruction ou d’expansion de la ville – qui laisse place au maquis et à la pinède dont le développement a pu être favorisé par l’évolution climatique. La présence du maquis dans la campagne de Mariana peut-être ainsi interprétée en référence à ce modèle comme le résultat d’une déforestation, peut-être au moment de la fondation de la colonie. Les analyses polliniques effectuées par M. Reille montrent d’ailleurs de manière générale l’importance des déforestations en montagne comme sur le littoral durant l’Âge du fer et au début des périodes historiques (Marini 2008, p. 258).

65 L’étude repose sur un total de 537 taxons provenant de quatre contextes différents mais contemporains. Suivant les contextes les principales espèces sont représentées de la manière suivante : Erica : 42,9 %, 68,4 % et 85,9 % ; Viburnum tinus : 12,7 % et 51,2 % ; Arbutus unedo : 7,1 % et 11,4 % : Chapon et al. à paraître.

66 Fouilles Inrap (Ph. Chapon) 2016-2017.

67 Fouilles G. Moracchini-Mazel, années 1960, inédit.

68 Bergeret A. et Fabre V., « Bonifacio – Sant’Amanza », ADLFI. Archéologie de la France - Informations [En ligne], Corse, mis en ligne le 26 avril 2017, consulté le 23 avril 2018. URL : http://journals.openedition.org/adlfi/19067.

69 Michel 2014. Des récipients ayant contenu du miel corse ont cependant été retrouvés hors de Corse, notamment à Pompei (une inscription peinte sur le vase l’atteste) ainsi que dans plusieurs centres du nord de l’Italie dont Pise.

70 Cette question de l’exploitation du bois reste posée à l’échelle de l’île malgré la brève mention de l’écrivain grec Théophraste (fin IVe-début IIIe siècle av. J.-C.) qui relate que les Romains sont venus en Corse pour prélever du bois destiné à la construction d’une flotte. Victor de Vita évoque l’exil forcé des évêques africains condamnés à la fin du Ve siècle à couper et transporter du bois également pour la charpenterie maritime. Des témoignages de défrichements dans les secteurs montagneux ont également été révélés par les études palynologiques (Marini 2008, p. 258).

71 Ces fragments de tuiles ont été repérés en surface, en périphérie nord de la ville (Pruniccia), dans le secteur du four, ainsi qu’au sud-ouest dans la fouille préventive conduite par l’Inrap en 2016-2017. Le four a été découvert en 2018 lors de la fouille préventive dans la nécropole de Pruniccia conduite sous la direction d’Emmanuel Lanoë (Inrap).

72 Basetti 2013 ; Grimaldi 2013. Le commerce de ces matériaux est documenté en particulier par la découverte d’épaves près des côtes de l’île. On verra notamment l’épave de l’Isolella, près d’Ajaccio, datée de la fin du Ier ou du début du IIsiècle de notre ère et chargée de tegulae et d’imbrices : Alfonsi 2014, p. 26. On signale également la découverte à Mariana d’une brique avec timbre rectangulaire portant l’inscription COTTVS L PISONI / IN CORSICA que l’on peut interpréter de la manière suivante : Cottus (esclave) de L. Pisonius (fabricant) en Corse (Michel – Pasqualaggi 2014, p. 238, fig.  429).

73 Menchelli 2013, p. 37-38.

74 Menchelli – Picchi 2016.

75 La marque de L. Rasinius Pisanus est la plus représentée sur les fouilles de Mariana dans les contextes du dernier quart du Ier s. On la trouve, majoritairement in planta pedis, sous les formes suivantes : RASIN.PIS / L.R.PI / L.R.PIS / L. RASIN PI / L.R.PIZ / L.R.P.

76 Duperron 2018.

77 Cette synthèse s’appuie sur les données publiées : Picchi 2013, De Rossi 2013, Puliga 2013, Pasquinucci – Menchelli 2013, ainsi que dans Jodin 1971. Les datations ont été actualisées avec Bonifay 2004 ainsi qu’avec Lattara 6 1993.

78 On compte ainsi 114 exemplaires datés entre le Ier et le IVsiècle, 42 entre le IIe et le IVe, 53 entre le IIe et le Ve siècle. Les autres exemplaires s’inscrivent dans des fourchettes chronologiques plus larges et peuvent être attribués au Haut-Empire ou à l’Antiquité tardive.

79 Pourcentage calculé sur un total de 143 exemplaires.

80 Bonifay 2004, p. 481.

81 Pour le VIsiècle, on note la présence de sigillées claires D de type Hayes 91 B et C / Bonifay 54, Hayes 97, Hayes 98 A/B / Bonifay 58, Hayes 99 A et B / Bonifay 55, d’amphores de type Keay 62 variante A / Bonifay 46, Keay 8B / Bonifay 38. Seuls deux fragments de sigillées sont sûrement attribuables au VIIe siècle ou à la fin du VIe : type Hayes 91 D / Bonifay 54 et Hayes 99 C / Bonifay 55. L’amphore Keay 61 / Bonifay 49 n’est documentée que par un exemplaire et les amphores Keay 62 / Bonifay 46 par 4 individus.

82 Deux amphores de type Bonifay 33C (seconde moitié VIIe siècle) à Ajaccio, une amphore de type Bonifay 33C (seconde moitié VIIe siècle) sur le site de Palazzi à Sant’Andrea d’Orcino, une amphore de type Bonifay 33C ou Keay 50 (seconde moitié VIIe siècle), épave ou mouillage de Punta Bianca (Bonifay – Capelli – Cibecchini 2014, tableau 1 n° 10), une amphore de type Keay 61 à Girolata et au moins une amphore de type Keay 61A/D (VIIe siècle) à Calvi (Bonifay – Capelli – Cibecchini 2014, p. 50 et 51).

83 Bonifay 2004, p. 463-475.

84 Bonifay 31 et 22-23, peut-être 41.

85 Erbalunga : 21 219 monnaies du IVe et du début du Ve siècle perdu vers 425 ; Solenzara : 175 monnaies datées entre 325 et 378 ; Vignale : 1000 monnaies de 312 ; la Vacchetta : 240 monnaies émises entre 316 et 330 (Massy 2013, p. 72, 164, 178, 179 ; Bonifay – Capelli – Cibecchini 2014, p. 42, n° 1 et 53).

86 317 monnaies du IVe siècle ont été retrouvées sur les 1500 m² de fouille.

87 On notera également la découverte sur une épave au large d’Aleria d’une balance en bronze complète et du contrepoids d’une deuxième. Les contrepoids, comparables à celui de l’épave de Yassi Ada, sont à figure humaine et représentent vraisemblablement l’impératrice Licinia Eudoxia (422-462) : Cibecchini 2013.

88 C’est une situation peut-être comparable qui est documentée à Pianottoli-Caldarello (site de Ficaria) où ont été découvertes 335 monnaies du IVe siècle (majoritairement entre 335 et 364) et de la première moitié du Vsiècle : un Honorius (394-423) ainsi qu’un Valentinien III (419-455) (Moracchini-Mazel 1988, p. 35-44).

89 Il s’agit dans tous les cas de solidi d’Arcadius (395-408). Celui de Mariana a été frappé entre septembre 394 et janvier 395 à Sirmium. Pour l’Île-Rousse il s’agit de découvertes anciennes, non conservées, dont l’identification précise n’est pas connue. On verra à ce sujet (Michel – Pasqualaggi 2014, p. 219, n° 12).

90 On verra par exemple ci-dessus le cas du trésor d’Erbalunga constitué de monnaies émises entre le règne de Constantin et 423, le tout contenu dans une même amphore africaine de type Keay 25-2. Plus généralement, sur la circulation des monnaies du IVe siècle durant les siècles successifs on verra en particulier les contributions au colloque « Les trouvailles de monnaies romaines en contexte médiéval », Archaeological numismatics, 5/6, 2015-2016.

91 Il s’agit d’une monnaie d’Argent de Justinien frappée à Ravenne entre le 1er septembre 552 et le 14 novembre 565.

92 Pellegrino 2014, p. 81.

93 Une, du Ier siècle av. J.-C., vient d’Espagne (Cartago Nova) et deux du Ier siècle ap. J.-C. sont frappées à Lyon.

94 Pellegrino 2014.

95 Bonifay 2004, p. 453.

96 Pellegrino 2014.

97 Bonifay – Capelli – Cibecchini 2014, Tableau 1 n° 26, p. 44 et 53.

98 Bonifay 2004, p. 453-454.

99 La « Carte archéologique de la Gaule : Corse » (Michel – Pasqualaggi 2014), bien que très incomplète, donne déjà une image suggestive du peuplement antique dans la région de Mariana.

100 Chapon – Istria – Raux 2009 ; Chapon et al. à paraître.

101 Michel – Pasqualaggi 2014, 2B-077, 2B-207, 2B-286, 2B-343, 2B-346.

102 Istria 2014b.

103 Sur l’urbanisme d’Aleria on verra Michel – Pasqualaggi 2014, p. 72-73 et p. 144-163 ainsi que Coutelas et al. à paraître. On connaît aujourd’hui peu de chose de la ville pré-romaine à l’exception d’une partie du rempart hellénistique. Les fouilles préventives ont livré quelques éléments du suburbium d’Aleria qui semble peu densément occupé.

104 Mastino 2005, p. 295-300.

105 Beltràn 2001.

106 Le monopole exercé jusqu’ici par le port d’Aleria a pu être alors considéré comme un handicap pour le commerce, voire un danger dans la mesure où la mainmise sur la cité pouvait permettre le blocus de l’île. La conquête de la Corse par Lucius Cornelius Scipio en 259 av. J.-C., passe justement par la prise d’Aleria.

107 Arnaud 2010, p. 112.

Indice delle illustrazioni

Titolo Fig. 1 – La colonie de Mariana dans son contexte tyrrhénien. Seules les principales agglomérations antiques sont signalées. Les toponymes correspondent à ceux utilisés durant l’époque romaine (DAO D. Istria/CNRS).
URL http://books.openedition.org/efr/docannexe/image/8247/img-1.jpg
File image/jpeg, 48k
Titolo Fig. 2 – Orthophotographie de la partie centrale de la plaine de la Marana. La cathédrale romane de Mariana est au centre du cliché. La ville romaine se trouve principalement au nord de celle-ci. Au sud, on peut voir très distinctement les méandres du fleuve Golo (Ph. Dussouilliez/CNRS).
URL http://books.openedition.org/efr/docannexe/image/8247/img-2.jpg
File image/jpeg, 149k
Titolo Fig. 3 – Cartographie de la plaine de la Marana autour du site de Mariana avec localisation des traits de côte anciens (d’après Vella et al. 2016 ; Costa 2015. Fond IGN. DAO D. Istria/CNRS).
URL http://books.openedition.org/efr/docannexe/image/8247/img-3.jpg
File image/jpeg, 67k
Titolo Fig. 4 – Plan général de l’agglomération antique (DAO D. Istria/CNRS).
URL http://books.openedition.org/efr/docannexe/image/8247/img-4.jpg
File image/jpeg, 81k
Titolo Fig. 5 – La voie A vue depuis l’ouest. On peut voir sur la gauche le portique nord (D. Istria/CNRS).
URL http://books.openedition.org/efr/docannexe/image/8247/img-5.jpg
File image/jpeg, 353k
Titolo Fig. 6 – a) Plan du quartier sud de la ville ; b) mise en évidence des différentes unités construites et des portions des portiques (DAO D. Istria/CNRS).
URL http://books.openedition.org/efr/docannexe/image/8247/img-6.jpg
File image/jpeg, 72k
Titolo Fig. 7 – Localisation des nécropoles autour de l’agglomération DAO D. (Istria/CNRS).
URL http://books.openedition.org/efr/docannexe/image/8247/img-7.jpg
File image/jpeg, 48k
Titolo Graphique 1 – Évolution de l’importation des céramiques à Mariana entre le Ier et le VIIe siècle de notre ère (nombre d’exemplaires en ordonnée / siècles en abscisse).
URL http://books.openedition.org/efr/docannexe/image/8247/img-8.png
File image/png, 48k
Titolo Graphique 2 – Quantités de vases en céramique sigillée claire D importés à Mariana (nombre d’individus en ordonnée / types en abscisse).
URL http://books.openedition.org/efr/docannexe/image/8247/img-9.png
File image/png, 58k
Titolo Graphique 3 – Les monnaies découvertes à Mariana (nombre d’exemplaires en ordonnée / siècles en abscisse).
URL http://books.openedition.org/efr/docannexe/image/8247/img-10.png
File image/png, 944k
Titolo Graphique 4 – Provenances des monnaies du IVe siècle découvertes à Mariana (nombre d’exemplaires en ordonnée / origine en abscisse).
URL http://books.openedition.org/efr/docannexe/image/8247/img-11.png
File image/png, 229k

Il testo e gli altri elementi (illustrazioni, file importati) possono essere utilizzati con OpenEdition Books License, se non diversamente specificato.

Cerca su OpenEdition Search

Sarai reindirizzato su OpenEdition Search