Le bois de chauffage à Toulouse à la fin du Moyen Âge : stocker un matériau lourd et encombrant
p. 153-166
Résumés
Cet article entend évaluer les contraintes spécifiques au stockage du bois de chauffage, en s’appuyant sur l’étude de la ville de Toulouse dans les deux derniers siècles du Moyen Âge. L’historiographie a généralement insisté sur le coût du transport. Il faut aussi rappeler que le bois était un produit encombrant, dont le stockage mobilisait des surfaces importantes. Ces paramètres expliquent l’avantage des espaces portuaires. Les espaces de stockage, pour la consommation ou pour la revente, étaient pourtant divers : le bois est aussi conservé à domicile ou dans des granges nommées « bordes ». La croissance urbaine conduit à une spécialisation de plus en plus claire de certains quartiers dans le stockage du bois. Celle-ci s’explique par un facteur important, le coût du stockage, qui pouvait atteindre jusqu’à 10 % du bois vendu au détail.
This paper deals with firewood and aims at understanding its specific storage constraints. The study focuses on the city of Toulouse in the late Middle Age. Transportation costs have often been highlighted, yet the extent of the surface area needed was a problem too, due to the fact that it is a bulky material. Therefore, port areas offered an advantage, even if many different places such as domestic cellars or warehouses, were used to store firewood. As the city grew, local specialization within the city became more and more important because storage costs were high (it could reach up to 10 % of firewood retail price).
Entrées d’index
Mots-clés : bois, stockage, combustible, ports fluviaux, commerce fluvial
Keywords : wood, storage, fuel, river ports, river trade
Texte intégral
1Si la question du stockage a été, pour des raisons évidentes, envisagée dans l’étude des denrées alimentaires1, elle se pose aussi pour d’autres produits, tout aussi nécessaires au quotidien des populations du passé. Parmi ceux-ci, le bois occupe une place fondamentale, notamment pour son rôle dominant dans la fourniture d’énergie2. Même s’il n’est pas une denrée périssable au même titre que le grain ou le vin, il ne faudrait pas sous-estimer l’importance des contraintes liées à sa conservation. Ce facteur est par exemple décisif pour expliquer la préférence pour le bois vert manifestée par les constructeurs médiévaux3. Assurer un approvisionnement constant en bois supposait la mise en place de structures d’échanges et d’entreposage adaptées. C’est sur la question du stockage que nous voudrions nous attarder ici, en nous intéressant au cas de Toulouse, dans les derniers siècles du Moyen Âge.
2Toulouse était aux XIVe et XVe siècles une ville que la crise de la fin du Moyen Âge avait fait passer de 30 000 à 20 000 habitants4, et qui regagnait progressivement dans la seconde moitié du XVe siècle sa population perdue. Elle tirait l’essentiel de son approvisionnement en combustible des campagnes proches et du commerce fluvial, en particulier sur le cours final de l’Ariège. Le bois y était conduit à la ville par bateau, et, de plus en plus, sur le modèle du bois d’œuvre, par flottage.
3C’est ce commerce, largement documenté par les actes notariés5, qui nous permettra d’évaluer les contraintes spécifiques imposées par une marchandise comme le bois. En effet, la typologie du stockage des céréales suggérée par Carole Puig – typologie basée sur la durée de conservation (court ou long terme) et sur l’usage (commercial, fiscal ou personnel) – s’avère, du point de vue pratique, difficilement transposable au bois6. La vente de bois pouvant être organisée depuis le domicile, la distinction entre usage personnel et revente est malaisée. Il est de même difficile de distinguer totalement vente en gros et vente au détail.
4Les actes notariés sont généralement peu explicites. Ce qu’ils enregistrent, c’est un double engagement, celui du client à payer et surtout celui du fournisseur à livrer le combustible. L’accomplissement de ces promesses est différé, ce qui justifie le recours à un acte écrit. Le contrat précise donc presque systématiquement le lieu de livraison, ce qui, malgré l’imprécision de certaines formules, constitue un renseignement précieux. Ces textes ne nous disent rien de l’usage final du combustible acheté, consommation personnelle ou revente. C’est essentiellement en identifiant des acteurs récurrents, ou traitant d’importants volumes de bois que l’on parvient à supposer que certains acheteurs sont des professionnels qui stockent le bois pour le revendre.
5De la même manière, l’archéologie semble ici de peu de secours7, à la fois parce que les structures de stockage (en particulier en plein air) laissent sans doute peu de trace, mais surtout parce qu’il semble difficile de mettre en évidence une spécialisation qui n’est, à vrai dire, pas toujours bien établie pour les structures alimentaires.
6On le sait, le commerce de la ville médiévale reposait souvent sur l’existence de rues et de quartiers spécialisés8. La ville de Toulouse n’échappait pas à la règle, et différents espaces étaient affectés aux multiples produits qui y étaient élaborés et échangés9. Le commerce du bois obéissait à la même logique, mais cette spécialisation se faisait en fonction de contraintes spécifiques que nous tenterons de mettre en avant. La question du stockage paraît en effet un facteur décisif de la formation du prix du bois, ce qui justifie une approche plus serrée.
Une marchandise pondéreuse et volumineuse
7La première caractéristique du bois est sa masse. Le bois est lourd, et sa valeur marchande, faible. La part du transport est donc particulièrement forte dans son prix de vente, comme l’ont souvent noté les historiens10. L’organisation du stockage du bois découle de cette contrainte fondamentale, et cherche à limiter au maximum le transport.
8La première conséquence en est la multiplicité des dépôts de bois. Comparé à d’autres marchandises, dont la production et l’entreposage sont centralisés, le stockage du bois repose d’emblée sur des lieux multiples, y compris pour le commerce de gros. Il s’agit sans doute de limiter au maximum les déplacements inutiles, en rapprochant les stocks des lieux d’arrivée ou de consommation du bois. La vente du bois en gros se fait ainsi au plus près des lieux d’arrivée, dans les ports où est débarqué le bois (port de Tounis ou surtout port Garaud sur la rive droite, port Saint-Cyprien sur la rive gauche)11, alors que la vente au détail semble se faire dans une multitude de points de distribution répartis partout dans la ville, à partir de stocks entreposés à domicile ou dans des granges appelées « bordes », où est aussi livré le bois acheminé par la route12.
9La seconde conséquence pour le stockage du bois est l’importance centrale de la proximité de la voie d’eau. C’est la géographie fluviale qui fixait d’abord celle des dépôts de bois.
10L’autre grande caractéristique du bois est son volume. À trop insister sur les atouts du transport fluvial, on en oublierait un autre avantage des espaces portuaires : ils proposaient des surfaces de stockage importantes. Le bois est certes un matériau pondéreux, mais c’est aussi un produit volumineux, mobilisant des superficies considérables pour un prix de vente comparativement réduit. Les espaces de stockage portuaires étaient ainsi conduits à se dilater à mesure que le trafic augmentait, ce qui se traduit, dans la documentation notariée, par une évolution de leur qualification, laquelle se fait nécessairement de plus en plus précise. Les contractants étaient en effet contraints d’affiner la désignation des lieux de livraison, en introduisant des nuances entre les différentes parties de ports devenus de plus en plus encombrés et de plus en plus étendus13.
11Ces contraintes aboutissent à la définition d’une géographie centrée sur le fleuve, tout au long de la chaîne d’approvisionnement du marché toulousain.
12Le combustible acheté par les marchands toulousains était parfois livré en forêt, mais souvent entreposé en amont de la ville, sur une berge où il attendait d’être embarqué pour Toulouse, sur des radeaux, ou, le plus souvent, sur de petits bateaux. Il était fréquemment empilé sous forme de bûchers réguliers, les « lignères », correspondant aux mensurations du bois de chauffage exigées à Toulouse14. Les contrats notariés dévoilent ainsi un chapelet de sites, installés en particulier aux alentours de la confluence entre Ariège et Garonne. On y distingue deux types d’emplacements, nommés respectivement « rives » et « ports ». Les « rives » étaient installées dans la partie convexe du méandre, celle où l’eau est moins profonde et où les alluvions s’accumulent : c’était l’échouage, plus que l’amarrage, qui y était privilégié. Ces grèves sablonneuses étaient prisées pour les larges superficies qu’elles proposaient15. Les « ports », eux, étaient associés à un noyau villageois16 et étaient plus durables dans le temps. Ces ports villageois pouvaient comporter un endroit spécialement conçu pour l’embarquement des marchandises : plusieurs contrats des années 1450 prévoyaient à ce titre la livraison du combustible en un point de déchargement particulier dénommé « cargador »17. Les marchands toulousains qui venaient y chercher leur bois exigeaient parfois des fournisseurs qu’ils amènent leur combustible à proximité du fleuve afin de faciliter le chargement des bateaux. On distinguait donc espace de chargement et espace de stockage.
13La même distinction prévalait dans les ports toulousains. Au port Garaud, par exemple, principal point d’arrivée du bois vendu à Toulouse, il existait une partie ouverte sur laquelle s’opérait le débarquement. Une ordonnance capitulaire de 1536, destinée à améliorer l’approvisionnement en combustible de la ville, exigeait que le bois soit mis le plus vite possible « hors les rivages et lieux de décharge dudit port »18. On comprend donc qu’une partie du port restait commune pour permettre l’accès à l’ensemble des stocks, et c’est cette partie que l’on cherchait à désengorger.
14Le bois débarqué à Toulouse était entreposé dans les ports de la ville, aménagés pour le stockage. Le port Garaud n’était pas un espace ouvert, les places y étaient précises, appropriées, et louées aux utilisateurs pour des sommes appréciables19. Comme le montre un acte de 1416, par lequel un marchand de bois loue une place au port Garaud, l’espace était organisé20 : la parcelle était en effet bordée d’un côté par le fleuve, et de l’autre par des rues ouvertes (« carriera publica »), ce qui suggère une vaste surface où sont ménagées des voies de communication permettant l’accès direct aux divers emplacements. Seul un côté portait le nom d’un propriétaire voisin, il est possible que les lots aient été jointifs par un côté, le reste étant réservé à la circulation. Le paysage offert par le port Garaud au XVe siècle ressemblait peut-être au tableau qu’en fait, à la fin du XVIIIe siècle, le plan Jouvin de Rochefort, qui montre des piles de bois régulières, séparées par des espacements constants permettant la circulation21.
15À l’image de ce qui se pratiquait à Paris22, il faut cependant ajouter à l’ensemble des lieux de stockage l’espace fluvial. La documentation normative du début de l’ère moderne impose que le bois demeure « audit port et sur la rivière de Garonne trois jours naturelz », pour y être vendu : le port et le fleuve sont, tous deux au même titre, des espaces marchands23. Dès le début du XVe, les règlementations du commerce du bois illustrent amplement comment les embarcations pouvaient elles-mêmes être des lieux de vente24.
16Non loin des grands ports toulousains, les citadins pouvaient cependant aussi bénéficier d’installations privées, directement ouvertes sur le fleuve, où ils entreposaient leur bois, pour leur usage ou pour le revendre. C’était en particulier le cas des personnages les plus investis dans le négoce du bois, comme Arnaud de Bessaco, fustier réputé de la fin du XVe siècle. Celui-ci détenait un débarcadère réservé, communiquant avec son logis, où il faisait aussi livrer son bois de chauffage25. D’autres grands propriétaires comme les établissements religieux possédaient également leurs propres infrastructures26. De nombreux Toulousains pouvaient en effet s’ouvrir un accès au fleuve : cette proximité, avantage recherché, permettait d’entreposer du bois27. Les inventaires après décès montrent ainsi que les bâtiments donnant sur le fleuve comportaient des pièces destinées au bois venu par la Garonne28.
17La part prépondérante du fleuve dans l’acheminement du bois s’affirme avec le temps et se traduit par une spécialisation plus poussée des espaces de stockage du bois.
Une différenciation spatiale plus marquée
18Combinée à une inflation du trafic de bois et à la densification du bâti urbain, la nécessité de disposer d’espaces suffisamment étendus explique le progressif déplacement du trafic de bois vers l’amont29. Elle se traduit aussi par le déclin de la livraison à domicile, formule dominante jusqu’aux années 1460, qui ne touche plus que 11 % des acheteurs dans les années 1490.
19L’évolution des lieux de livraison indique une différenciation de plus en plus affirmée des espaces toulousains, qui cantonne les dépôts de bois à des terrains mieux définis. Alors que 2 % seulement des contrats de vente de bois prévoyaient une livraison aux ports toulousains dans les années 1460-1470, cette part passe à 25 % dans la décennie 1480, puis à 32 % dans la décennie 1490. Le même phénomène s’observe pour les livraisons prévues « à Saint-Cyprien » (sans que l’on précise s’il s’agit du port ou du quartier), qui passent de 13 % des contrats dans les années 1460-1470 à 14 % dans les années 1480, puis à 28 % dans les années 1490. Il s’agit sans nul doute d’un effet du développement du commerce fluvial, mais aussi d’une séparation de plus en plus marquée des espaces : la livraison à domicile, elle, passe aux mêmes dates de 32 % des contrats à 20 % puis à 11 % seulement du total.
20En concentrant notre observation sur les livraisons de bois prévues à Saint-Cyprien, faubourg situé sur la rive opposée à la Cité toulousaine, on observe la même dissociation entre lieu de résidence et lieu de livraison. Dans un premier temps, ceux qui y font livrer leur bois sont surtout des voisins du quartier, privilégiant la proximité. Dans un second temps, ce sont des Toulousains de l’autre rive, privilégiant les facilités de stockage du secteur, même si leur domicile est plus éloigné30.
21Plus que leur domicile, les Toulousains qui traitaient de gros volumes de bois utilisaient des entrepôts que l’on appelait génériquement « bordes ». Celles-ci, susceptibles d’enfermer une grande variété d’objets, étaient parfois spécifiquement affectées au stockage du bois31. Les spécialistes du commerce du bois disposaient de plusieurs de ces bâtiments, disséminés dans la ville pour servir plus facilement leur clientèle. Jean Sarrat, avocat au Parlement, faisait livrer son bois non seulement à sa borde à Saint-Cyprien, mais aussi à une autre borde, située près de la porte Neuve32. Celle-ci accueillait des volumes importants comme les 220 pagelles (soit presque 200 stères de bois) réclamées par un contrat de mai 1481. Un tel cubage supposait un édifice assez vaste pour provoquer l’hésitation du notaire, marquée par la formule incertaine « borda sive turri » (borde ou tour). Ce contrat révèle l’ampleur de ces dépôts, puisqu’il correspondrait, par exemple, à un bâtiment de quatre mètres de haut, cinq mètres de large et onze mètres de long. Les quantités livrées dans ces entrepôts dépassaient en effet régulièrement la centaine de pagelles de bois33. De tels chargements requéraient des abris assez vastes. Il est possible que ce paramètre ait conditionné le volume de contrats, tant les quantités négociées ont, avec certains acteurs, tendance à se répéter à l’identique34.
22Les bordes, ces entrepôts fermés, se rencontraient aussi bien dans la ville que sur les ports. Elles permettaient d’abriter le combustible pour en faciliter le séchage et améliorer la qualité du produit vendu35. Ce stockage en intérieur concernait nécessairement des volumes moins importants36, mais offrait une protection contre les vols de bois, car ces dépôts étaient fermés à clef37, même si les ports étaient eux aussi vraisemblablement surveillés38. Entreposer le bois en intérieur le mettait enfin partiellement à l’abri des inondations qui menaçaient d’emporter les tas de bois39 : les capitouls avaient, à cet effet, construit des magasins pour le bois dès le XVIe siècle40.
23L’importance des réserves emmagasinées conduisait à privilégier certains quartiers bien précis. La menace des incendies aidant, la constitution de stocks de bois à domicile dans les quartiers les plus denses diminua au profit des faubourgs. Les bordes occupaient ainsi les espaces les moins peuplés de la ville et se concentraient en particulier dans le faubourg Saint-Cyprien, sur la rive gauche, qui rassemble 45 % des mentions41. Cette répartition est liée à la structure du bâti, qui était bien moins dense dans le Bourg et à Saint-Cyprien que dans la Cité, comme l’ont montré les études sur le cadastre de 147842. Secteur plus aéré, séparé de la Cité par la Garonne, le faubourg Saint-Cyprien avait plusieurs avantages, il offrait de plus vastes espaces de stockage, et apportait une sécurité appréciée à une agglomération toujours sous la menace des incendies. Après la catastrophe de 1463 qui avait vu partir en fumée une grande partie de la ville, les capitouls prévirent en effet l’interdiction d’entreposer à domicile plus d’une charge de fagots « en aucunes maison estans et assises es rues fort peuplées »43. La norme elle-même reconnaissait une distinction entre les zones les plus denses et le reste de l’agglomération, où pouvaient être emmagasinés les matériaux nécessaires à la ville. L’augmentation de la part des livraisons de bois à « Saint-Cyprien » dans l’ensemble de la documentation pourrait aussi s’interpréter comme la conséquence d’une politique de prévention envers les dépôts de combustible.
24Au dernier niveau enfin, celui du bois entreposé à domicile, il est moins facile de parler de spécialisation. L’étude des inventaires après décès révèle la variété des espaces domestiques mobilisés pour le bois et indique un possible progrès dans la caractérisation des lieux utilisés pour le stockage. Ceux-ci étaient souvent abrités, sans doute pour faciliter le séchage44. Les solutions étaient variées mais les réserves de combustibles étaient, comme les denrées périssables, entreposées dans des sites dédiés. L’ensemble immobilier que nous révèle un bail de sous-location de 1489 comprend ainsi à la fois une cave pour le vin, une écurie et un « entrepôt pour le bois en dessous »45. Il est probable qu’il s’agisse là de caves enterrées, accessibles directement par la rue et utilisables pour le commerce, à l’image de ce que l’on connaît pour d’autres produits46. Ces lieux étaient disponible à la fois pour la consommation personnelle et pour le commerce47.
Le coût du stockage
25On le voit, le bois présente un certain nombre de caractéristiques (poids, encombrement, caractère inflammable) qui obligent les espaces urbains à disposer d’étendues assez vastes, ni trop proches ni trop éloignées des consommateurs, pour accueillir l’indispensable produit. Cette contrainte se traduit par un coût incorporé dans le prix final du bois vendu.
26Il s’agit d’abord de la mobilisation d’un espace portuaire, mobilisation qui peut être plus ou moins longue et se fait contre le versement d’une redevance seigneuriale, le « ripaticum », dont certains contrats se font l’écho et dont le contenu n’est jamais très clair48. Celle-ci s’additionne au prix payé pour la location d’un emplacement au port, tarifée en fonction de la durée49. À cette somme payée pour le stockage temporaire s’ajoutait surtout le prix des entrepôts où le bois était finalement entassé avant la vente au détail.
27Les exceptionnelles données procurées par le registre d’un marchand de bois de la fin du XVe siècle, Pierre Arvieu, nous permettent d’être plus précis sur la question. Les contrats d’achat montrent que le bois commandé par Pierre Arvieu était déchargé à Toulouse, presque exclusivement à Saint-Cyprien. Les contrats de vente, eux, révèlent que le bois était entreposé dans des « bordes », à partir desquelles Pierre Arvieu organisait son négoce. La principale était la « borde de Jehan Ros », objet de comptes particuliers, qui est citée à plusieurs reprises50. D’autres sont également mentionnées, comme la « borde du camerier »51, la « borde du moyne de la Deorade »52 ou la borde de « Onorat le fournier »53. Ces bordes n’appartenaient pas à Pierre Arvieu, qui devait les louer. On apprend ainsi que, en mars 1493, un associé de Pierre Arvieu, maître Mathelin Maynier, avait loué en son nom une borde à Saint-Cyprien pour le loyer de 4,5 écus par an54. Même si cet entrepôt était le seul dont disposait Pierre Arvieu, on constate que ce loyer amputait sa marge habituelle (autour de 26 écus) de presque un cinquième de son montant, or on sait qu’il disposait de plusieurs entrepôts simultanément55. Il est difficile de se prononcer avec certitude56, mais il paraît plausible que la mobilisation d’espaces de stockage suffisants ait constitué une part importante de l’investissement consenti par le marchand de bois57. On peut considérer qu’il revient au moins à un tiers de la marge brute réalisée par Pierre Arvieu, et sans doute à un dixième du prix final du bois vendu au détail, soit à peu près autant que le bénéfice réalisé par le vendeur58.
28L’observation de l’activité de plusieurs marchands de bois invite à s’interroger sur l’importance de ce paramètre pour le commerce du bois. Les acteurs les mieux documentés, comme Pierre Arvieu ou, au même moment, le sergent Antoine la Broa, se caractérisent en effet par l’alternance entre des phases d’achat et des phases de vente relativement bien séparées dans le temps59. Le tableau 1 montre les informations, nécessairement lacunaires, apportées par la documentation notariée à leur sujet.
Tab. 1 – Rythmes d’achats et de ventes des marchands de bois Antoine la Broa et Pierre Arvieu.
Année | Nombre de pagelles achetées | Nombre de pagelles vendues |
Antoine la Broa | ||
1489-1490 | 288 | 82,5 |
1491-1493 | 101 | 319 |
1494-1496 | 187 | 168 |
1497-1498 | 0 | 125 |
Pierre Arvieu | ||
1490 | 481 | |
1491 | 1366,5 | 535 |
1492 | 655 | 726 |
1493 | 625 | 2124 |
29À considérer ce tableau, il semble que les deux marchands suivent un modèle analogue, alternant des phases d’achat d’une ou deux années et des phases de vente de même durée. Le coût du stockage pourrait être une clé d’interprétation. On se souvient qu’en 1493, Pierre Arvieu renouvelle pour un an le bail d’une borde qu’il occupait depuis déjà deux ans : il est possible que, n’ayant pas réussi à solder l’intégralité de son stock, il soit contraint de reconduire le contrat, alors que l’année 1493 est justement celle où il vend la provision de bois amassée quelques années plus tôt. Le coût du stockage expliquerait alors la volonté de ne pas s’engager dans des investissements à long terme marqués, par exemple, par l’achat d’un entrepôt. Il aurait pour conséquence cette périodicité caractéristique, faisant alterner phases d’achat et phases de vente : plutôt qu’acheter un entrepôt, les marchands choisissent de les louer sur de courtes durées correspondant peut-être au séchage du combustible. Au lieu de réalimenter continuellement ces stocks, ils préfèrent les vider entièrement avant de les reconstituer, peut-être parce qu’ils peuvent ainsi se défaire de certains de leurs entrepôts et éviter les investissements à long terme. Pour limiter le coût du stockage, la gestion des stocks se faisait en effet au plus juste, comme le montre par exemple la décision de Pierre Arvieu d’alimenter une même vente en puisant dans des dépôts différents60.
30L’étude du stockage du bois débarqué à Toulouse délivre plusieurs enseignements. Elle confirme que la géographie fluviale jouait un rôle prépondérant dans la localisation des dépôts de combustible, à condition de souligner que celle-ci n’était pas uniquement liée à l’accessibilité par la voie d’eau. Outre que l’accessibilité terrestre était elle aussi un paramètre important, il faut surtout mettre en avant l’importance des superficies mobilisées, car l’approvisionnement en bois était dévoreur d’espace. Il fallait donc chercher des espaces libres, devant les murailles ou sur les grèves bordant la Garonne. Le coût du foncier occupé était, au même titre que le coût du transport, un paramètre décisif dans la formation du prix du bois61. Il n’est donc pas étonnant de voir de plus en plus nettement s’affirmer une distinction entre lieu de consommation finale et lieu de dépôt des marchandises, qui aboutit, à l’aube de l’époque moderne, à la désignation de plus en plus claire de quartiers spécialisés dans le trafic du bois.
Notes de bas de page
1 Citons le programme « Entrepôts et trafics annonaires en Méditerranée Antiquité-Temps modernes » (Marin – Virlouvet 2016), qui, s’il ne concerne pas l’époque médiévale, part pourtant du constat du « caractère lacunaire de notre information sur les grands bâtiments de stockage » (ibidem, p. 3).
2 Kander et al. 2013, p. 65.
3 Cette habitude peut être rapportée aux « difficultés de stockage que nécessiterait l’approvisionnement constant du marché de la construction courante en bois longuement séché au préalable » (Saint Vitus et al. 1998, p. 70). C’est aussi une des hypothèses avancées par Philippe Bernardi pour expliquer le décalage entre cette pratique et les textes qui préconisent l’usage de bois sec (Bernardi 2011, p. 142). Cf. aussi Salzman 1952, p. 236.
4 Wolff 1954, p. 72-73.
5 Pour le bois de chauffage, il s’agit ici d’un corpus de 1264 actes de vente tirés des archives notariales toulousaines, essentiellement groupées dans la série 3 E des Archives départementales de la Haute-Garonne (AD 31).
6 Puig 2011, p. 159.
7 Notons ainsi que les études régionales relatives aux espaces de stockage dans la maison urbaine n’abordent pas ce point, et se concentrent sur la gestion des denrées agricoles ; Laborie – Conte 2008.
8 L’importance de ce phénomène a sans doute été surestimée : cette spécialisation n’était pas systématique et coexistait aussi avec d’autres formes de commerce (informel, ambulant…) ; Lachaud 2006.
9 Wolff 1978 ; Petrowiste 2007, p. 600.
10 La Roncière 1982, p. 223-229 ; Wolff 1954, p. 456.
11 Le statut des fustiers de 1422 prévoit trois lieux de mesure et de contrôle du bois (port Saint-Antoine, port de Tounis, port Saint-Cyprien ; AD 31, 3 E 4393, fol. 192v, art. XXXII). En 1509, le nombre de ports est ramené à deux (port Garaud et port Saint-Cyprien) pour le bois de chauffage (Archives Municipales de Toulouse, HH 66, fol. 562, art. I). C’est ce qui explique certainement que les marchands de bois d’œuvre (fustiers) soient d’abord organisés sur une base locale, opposant fustiers de Tounis et fustiers de Saint-Cyprien, selon un système assez inhabituel à Toulouse. Cf. Fabre 2017, p. 612-615.
12 En 1509, le capitoulat impose le recours aux mesureurs publics pour toutes les ventes supérieures à deux pagelles, le texte expose donc l’existence de stocks de bois « en aucune mayson ou borde de personnes privées » (ibidem, fol. 563v, art. XII).
13 À partir des années 1480, le « port du Château narbonnais », sous-ensemble du port Garaud, fait ainsi son apparition dans la documentation. La description du port Saint-Cyprien connaît une évolution analogue dans les années 1490, on y précise que la livraison devra se faire « in capite pontis », ou bien sur la « gravière » (AD 31, 3 E 9634, registre non folioté, contrat du 12 février 1497), et l’on se repère de plus en plus par rapport aux rues débouchant sur le port (« a parte carriera Sancte Cipriani » (3 E 2710, fol. 165v et 219v).
14 Fabre 2017, p. 239.
15 Citons les exemples du lieu-dit « La Riverotte », en face de Clermont-le-Fort (AD 31, 3 E 1994, fol. 28, 49v, 63v, 80v, 84, 84v ; 3 E 6768, fol. 184 et 193) et de Sauvioles, quelques centaines de mètres plus loin en aval (3 E 1990, fol. 15v et 79 ; 3 E 1993, fol. 59v et 75).
16 À partir de Venerque, on trouve successivement les localités du Vernet, de Clermont-le- Fort, de Labarthe-sur-Lèze, de Pins-Justaret, de Lacroix-Falgarde, de Pinsaguel et de Portet-sur-Garonne, soit un port tous les kilomètres au moins sur la vallée de l’Ariège jusqu’au confluent.
17 AD 31, 3 E 1994, fol. 63v, 82 et 84 ; 3 E 1990, fol. 15v). Ce vocabulaire se retrouve dans le commerce du bois d’œuvre aixois : Bernardi 1990, p. 92.
18 Archives Municipales de Toulouse, BB 149, fol. 45, art. VII.
19 Ces emplacements existent depuis longtemps et figurent dans les patrimoines déclarés à l’administration fiscale consulaire au début du XIVe siècle ; Wolff 1956, p. 77.
20 AD 31, 3 E 2485, fol. 7.
21 Jouvin de Rochefort 1760.
22 Le Maresquier-Kesteloot 1995, p. 80.
23 Archives Municipales de Toulouse, AA 5, acte n° 222, fol. 479v ou p. 968.
24 Le statut des fustiers de 1422 interdit aux regrattiers de monter à bord des radeaux pour acheter le bois de chauffage qui y est embarqué avant qu’il soit mis en vente (AD 31, 3 E 4393, fol. 195, art. XIV).
25 Il fait ainsi livrer du bois in portu dicti de Bessaco et ante suam domum in flumine Garone (AD 31, 3 E 63, fol. 17v). Il s’agit en fait sans doute d’une portion du port Garaud, souvent citée comme confronts dans divers contrats qui suggèrent l’étendue du terrain considéré (3 E 1996, fol. 43 ; 3 E 3726, fol. 157v).
26 Le monastère de la Daurade, qui jouxte le rivage disposait lui aussi de ses propres équipements portuaires. Le port de la Daurade est en effet un des plus anciens ports de Toulouse (Boudartchouk – Catalo – Cazes 2010, p. 97), et le monastère possède un autre embarcadère sur la rive opposée (Caille – Cazes 2006, p. 131).
27 Il est en effet possible pour les Toulousains de faire l’acquisition de petites parcelles de terrain bordant la Garonne, utilisées comme débarcadères privés et closes par des murets (AD 31, 3 E 4118, fol. 336v). Dans un contrat de 1479, un locataire prend possession d’un hôtel au port Garaud comprenant une remise, dont le texte précise qu’elle a accès au fleuve. Une clause ajoute expressément que le preneur pourra entreposer dans ce réduit jusqu’à trente ou quarante pagelles de bois (3 E 1996, fol. 66).
28 En 1498, l’inventaire du boucher Mathieu Coderc consigne un « radeau de sapin de peu de valeur », amarré à côté de son hôtel sur la Garonne, non loin de ses réserves de bois de chauffage (AD 31, 3 E 5119, fol. 76v). Plus loin du fleuve, on trouve aussi d’amples provisions de bois d’œuvre entreposées dans les dépendances des habitants du port Garaud (3 E 6736, cahier « inventaire de P. Michaelis, port Garaud », fol. 1v 2 et 3v).
29 Celui-ci est illustré par le transfert du siège de la confrérie Sainte-Catherine, organe des métiers du bois, installée initialement dans la Dalbade non loin de l’île de Tounis, et recréée à l’époque moderne dans le faubourg Saint-Michel, non loin du port Garaud ; Fabre 2017, p. 634-635.
30 Sur 224 acheteurs faisant livrer à Saint-Cyprien, les Toulousains, qui ne représentent que 6 % du corpus dans les décennies 1460-1470, voient leur part passer à 59 % dans la décennie 1480, et à 56 % dans la décennie 1490. À l’inverse, les habitants du quartier Saint-Cyprien représentent 81 % des acheteurs dans le premier cas, puis seulement 34 % et 35 % dans les deux derniers. Il existe aussi des acheteurs résidant ailleurs.
31 L’inventaire après-décès de Simon Berthier consigne ainsi spécifiquement l’existence d’une bordam […] pro tenendo ligna stitam in Sancto Cypriano (AD 31, 3 E 5119, fol. 22).
32 AD 31, 3 E 3713, fol. 113 ; 3 E 3731, fol. 87v.
33 AD 31, 3 E 5555, fol. 90 ; 3 E 6757, fol. 118 ; 3 E 11997 (registre 24), fol. 55v ; 3 E 64, fol. 28 ; 3 E 5721, fol. 32 ; 3 12045, fol. 10 et 28 ; 3 E 6149bis, fol. 170. Les livraisons peuvent bien sûr être échelonnées et supposer des volumes moins importants, mais il arrive aussi que la livraison se fasse en une fois (3 E 5721, fol. 32).
34 Le cas est en effet relativement fréquent (AD 31, 3 E 12045, fol. 10 et 28 ; 3 E 4118, fol. 3v, 52v, 244 et 325). Une autre explication pourrait tenir aux moyens de transport : le volume vendu correspondrait, par exemple, à la charge d’un radeau ou d’un bateau. Mais les quantités traitées sont bien trop importantes pour valider cette thèse, d’autant qu’il s’agit ici de transport terrestre.
35 Certains contrats prévoyaient ainsi la livraison de bois décompté en « lignères » à la borde du propriétaire. Cette unité, préférentiellement employée pour mesurer le bois coupé en forêt, était ici associée à un transport jusqu’à une borde à Toulouse, certainement parce que le transport suivait de peu la coupe, la borde toulousaine tenant lieu de hangar de séchage (AD 31, 3 E 4118, fol. 4v, 40v, 54, 81, 311v et 324v ; 3 E 6088, fol. 44v). On trouve la même chose sur les ports amont comme Venerque (ibidem, fol. 47).
36 Les contrats prévoyant la livraison à un port toulousain concernent des quantités de 85 pagelles en moyenne, contre 65 seulement pour les livraisons à une borde, et 38 pour les livraisons à domicile.
37 Un contrat daté du 10 avril 1450 montre une association entre deux vendeurs de bois, le premier possède une maison sur le port Garaud où le second s’engage à entreposer et à mettre en tas deux cents pagelles de bois qui y seront vendues. C’est ce dernier qui tiendra la clef de la maison (AD 31, 3 E 1993, fol. 71v). S’il ne s’agit pas ici à proprement parler d’une « borde », la maison (« domus ») dont il est question ressemble fort à un entrepôt fermé. Le règlement de 1509 sur la mesure du bois de chauffage impose d’ailleurs que ces « maysons ou bordes demeureront clauses » en dehors des moments où les propriétaires voudront en vendre le bois (Archives Municipales de Toulouse, HH 66, fol. 563v, art. XII).
38 Telle est la situation à l’époque moderne (AD 31, 1 E 1005, pièce 13, fol. 20) et sans doute dès le Moyen Âge. Les mentions de vol de bois que nous trouvons dans notre corpus concernent systématiquement le bois entassé en forêt après la coupe : les comptes du collège de Périgord notent ainsi qu’en 1421, « beaucoup de bois a été volé dans la forêt » (11 D 26, fol. 64). Les contrats prévoient parfois que les responsables de la coupe prennent en charge la garde des provisions de bois coupé entreposées dans la forêt (3 E 5124, fol. 26 ; 3 E 4118, fol. 43 ; 3 E 4119, fol. 166v). Le bois entreposé au port semble donc suffisamment bien surveillé pour éloigner ce risque.
39 Telle est peut-être la raison qui explique que, sur le plan de Jouvin de Rochefort, les tas de bois ne soient pas tous orientés dans la même direction mais au contraire disposés de manière alternée, pour faire barrage au flot.
40 Viguié 1990, p. 27.
41 Il s’agit d’un corpus de 62 contrats prévoyant une livraison « à la borde ».
42 Boudartchouk – Catalo – Cazes 2010, p. 196-198.
43 Archives Municipales de Toulouse, HH 66, fol. 540.
44 À la fin du XIVe siècle, deux inventaires révèlent de petits volumes de bois entreposés soit dans une « salle peinte au fond de l’hôtel » (camera depicta in fundo hospitii (AD 31, 3 E 7412, fol. 97v), soit « devant l’hôtel » (3 E 5897, fol. 27). Plusieurs inventaires des années 1410 parlent de provisions de combustible, mais les indications de lieu sont soit totalement absentes (3 E 2957, fol. 12v ; 3 E 3736, inventaire de Mathieu de Portet, fol. 3), soit très allusives, se contentant de mentionner des « chambres » ou des « salles » (3 E 14447, fol. 24 ; 3 E 3736, inventaire de Mathieu de Portet, fol. 1v et 2). À la fin du siècle, par contre, les notations sont plus détaillées : on apprend ainsi qu’une quinzaine de pagelles de chêne sont entreposées sur l’ « ayretel », c’est-à-dire sur le palier d’un barbier (3 E 6148, fol. 144v). On en trouve aussi dans l’entrée de la grande salle chez un charretier (3 E 6148, fol. 157v), ou plus simplement dans la cave ou entrepôt (« penus » (3 E 12064, registre 292, fol. 2), et enfin dans l’écorcherie du boucher Mathieu Coderc (3 E 5119, fol. 76v).
45 Ce locum pro tenendo ligna a parte inferiori est donc certainement souterrain (AD 31, 3 E 7404, fol. 136v).
46 Joy 2008.
47 Le marchand de bois Pierre Arvieu, dont le cas sera détaillé plus loin, utilisait son domicile pour ses affaires, en complément de ses entrepôts de bois.
48 Un contrat de 1457 promet la livraison de tuiles au port du Château Narbonnais quita de omnibus juribus ripatgi (AD 31, 3 E 6150, fol. 41).
49 On voit ainsi, en 1439, le trésorier du collège de Périgord se justifier d’avoir laissé trop longtemps le bois au port Garaud parce qu’il attendait le secours des chevaux du collège après la moisson, lesquels avaient été mobilisés par des hommes d’armes. La somme d’un écu qu’il a acquittée répond à une double exigence, elle solde d’une part le portus alias rivage, et d’autre part la location de l’emplacement (platea) où est entreposé le bois. Ces deux sommes sont confiées au même homme, Renaud Nogeyras (AD 31 11 D 32, fol. 37v).
50 AD 31, 3 E 11992, registre n° 5, fol. 46, 65, 69 et 78.
51 Idem, fol. 75v.
52 Ibidem, fol. 74v.
53 Ibid., fol. 78.
54 Ibid., fol. 70.
55 En 1491 par exemple, Pierre Arvieu loue au moins deux bordes différentes, celle du boucher Jean Ros, et celle déjà louée en son nom par Mathelin Maynier à Saint-Cyprien.
56 On n’est pas toujours assuré du nombre exact de bordes louées par Pierre Arvieu pour mener son négoce, ni du loyer consenti, mais on peut penser que Pierre Arvieu dépense au moins huit écus par an pour la location d’entrepôts, soit un tiers de sa marge de 26 écus.
57 Ce poste est sans doute devenu plus lourd au fil du temps : en 1440, il faut huit écus pour acheter deux bordes au port Saint-Antoine (AD 31, 3 E 1990, fol. 71), en 1496, il en faut quatre par an pour en louer une au port Garaud (3 E 3726, fol. 157v). Même si, sur d’aussi longues périodes, les comparaisons de prix ont peu de sens, on ne peut qu’être frappé par le fait que les loyers de la fin du siècle sont équivalents aux prix d’achat demandés pour un même bien quelques décennies plus tôt.
58 Fabre 2017, p. 774.
59 Idem, p. 747.
60 « Item fut bailhé aux deux peletiers les XXIIItre de la borde de Onorat le fournier et les VI de la borde de Jehan Ros » (AD 31, 3 E 11992, registre 5, fol. 78).
61 Pour Philippe Wolff 1954, p. 456, la part du transport dans le coût final du bois vendu à Toulouse était de 15 % à 28 % ; il s’agit cependant ici du prix de gros.
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