Le choix des sites et ses logiques

Les « complexes titulaires »

8L’hypothèse d’une politique familiale concertée pourrait être validée par le choix des sites privilégiés par les della Rovere pour leurs entreprises de restauration ou même de reconstruction. La restauration de l’Église doit passer, selon les papes du Quattrocento, par la restauration des églises romaines. Si les papes concentrent leurs efforts sur les basiliques majeures, ils délèguent largement la restauration et la reconstruction des autres églises aux cardinaux, en particulier ceux de leurs familles. Chaque cardinal-diacre et chaque cardinal-prêtre, lorsqu’il est élevé à la pourpre, est rattaché à une des plus anciennes églises de Rome, en général une basilique paléochrétienne, dont le nom forme le titre par lequel le membre du Sacré Collège est ensuite désigné16.

9Les cardinaux doivent alors non seulement restaurer leurs églises titulaires, mais également les bâtiments qui leur sont attachés : parfois un monastère et plus souvent encore un palais. Les politiques architecturales mises en place pour restaurer ces « complexes titulaires » prennent des directions très différentes qui vont du simple entretien des bâtiments à la destruction totale pour une reconstruction ex nihilo. La priorité en termes d’investissement, d’espace et de temps est souvent donnée aux lieux d’habitation, les palais, plutôt qu’aux bâtiments religieux. Il est louable de travailler à la grandeur de l’Église en restaurant son église, mais il est encore plus souhaitable, pour un cardinal de la fin du Quattrocento, d’être logé dans un bâtiment en adéquation avec le prestige de sa dignité. Les contemporains attendent en effet des princes de l’Église qu’ils soient logés dans un « palais »17. Alors qu’au début du Quattrocento ce mot désigne souvent un ensemble de maisons plus ou moins reliées entre elles, l’idée d’un vaste bâtiment monolithique, cohérent et systématique semble s’imposer progressivement entre le XV^e et le XVI^e siècle18. Les règles qui doivent présider à la construction d’un palais cardinalice sont d’ailleurs codifiées de manière très précise par Paolo Cortesi dans son traité du De Cardinalatu édité en 151019.

10Les cardinaux imitent dans une certaine mesure la politique pontificale de cette époque puisque les papes concentrent alors leurs efforts sur le complexe du Vatican qui regroupe la basilique Saint-Pierre et le palais apostolique. Les souverains pontifes, en particulier Nicolas V (1447-1455) et Innocent VIII (1484-1492), mettent l’accent sur le palais apostolique20. Ils s’y installent définitivement à partir de Sixte IV en 1471, délaissant le Latran, la résidence pontificale médiévale. Ce transfert du Latran au Vatican renforce encore l’attractivité du Borgo, mais aussi des quartiers situés dans la boucle du Tibre et au nord de Rome. Ceci peut contribuer à expliquer le choix des della Rovere d’investir dans des complexes titulaires proches de ces zones (fig. 2). Les deux papes della Rovere résident au palais du Vatican, comme l’a rappelé l’inscription citée en exergue de cette contribution. Néanmoins ils laissent tout autant leur empreinte sur les lieux à vocation liturgique : Sixte IV lance le chantier de la grande chapelle du palais à laquelle il donne son nom, Jules II en achève la décoration et initie la reconstruction de la basilique Saint-Pierre dans sa forme actuelle21. Il y a donc un double mouvement : de la part du pape, une injonction à la restauration adressée aux cardinaux et, de la part des cardinaux, une volonté d’imitation de la politique de prestige architectural menée par les papes.

Fig. 2. Carte schématique de la Rome des della Rovere.

Saint-Pierre-aux-Liens : une logique de continuité

11Les principales zones de restauration et de reconstruction des della Rovere correspondent d’abord très logiquement à Saint-Pierre-aux-Liens et aux Saints-Apôtres, où le plus grand nombre de cardinaux della Rovere se sont succédés sur la période22. Il faut ajouter San Lorenzo in Damaso, titre dont Raffaele Riario est cardinal-prêtre pendant près de quatre décennies (1480-1517) (fig. 2)23.

12Deux logiques familiales prévalent dans les stratégies architecturales mises en place par les cardinaux della Rovere à Rome : la continuité et la concurrence. Le cas de Saint Pierre-aux-Liens manifeste clairement une logique de continuité. Cinq cardinaux de la famille de Savone se succèdent sur ce titre en cinquante-trois ans, de 1467 à 1520 : d’abord deux papes, quand ils ne sont que cardinaux, Francesco della Rovere (1467-1471) et Giuliano della Rovere (1471-1503), puis trois cardinaux Galeotto Franciotti della Rovere (1503-1507), Sisto Gara della Rovere (1507-1517) et Leonardo Grosso della Rovere (1517-1520)24. Cette présence continue est tout à fait singulière. Comme l’a montré Alessandro Ippoliti, au cours de cette cinquantaine d’années, il existe un programme d’ensemble qui guide les travaux et assure la continuité de l’entreprise ; il est pensé dès Francesco et Giuliano della Rovere25. Ce programme modifie largement le plan original paléochrétien de la basilique eudoxienne. La volonté de remaniement du site est clairement affichée, les della Rovere affirment le 5 août 1479 vouloir faire « une œuvre de reconstruction [reformationis] et de restauration [instaurationis] de la structure et de l’édifice de ladite église de saint Pierre »26. Francesco et Giuliano se concentrent d’abord sur l’église puis entament la restauration du monastère qu’ils confient à des Ambrosiens. Les deux cardinaux suivants, Galeotto Franciotti et Sisto Gara, achèvent la restauration du monastère. Le dernier cardinal, Leonardo Grosso della Rovere, entreprend la construction d’un nouveau palais27.

13Cette continuité dans les pratiques est également présente sur le plan symbolique. En bien des endroits, en particulier à l’intérieur de l’église et du monastère, se trouvent mis en parallèle les blasons pontificaux et cardinalices des della Rovere. Cette mise en parallèle correspond souvent à plusieurs étapes dans la reconstruction du complexe, mais, du même coup, elle donne à voir matériellement la succession familiale. Le puits qui orne la cour du cloître est un exemple très révélateur (fig. 3). Quatre des faces de la margelle octogonale sont ornées des armes pontificales della Rovere sous lesquelles des inscriptions célèbrent les hauts faits du pontificat de Jules II. L’une de ces inscriptions, la plus visible, rappelle explicitement le lien de parenté entre ce pape et son oncle Sixte IV : « Jules II souverain pontife, neveu de Sixte IV »28. Leonardo Grosso della Rovere, le neveu de Jules II, le dernier cardinal della Rovere titulaire du complexe, apparaît quant à lui sur l’arche du puits : un blason cardinalice della Rovere couronne l’inscription « Leonardo, cardinal de Saint-Pierre-aux-Liens et grand pénitencier acheva cet ouvrage en mémoire du grand mérite de son parent Jules II »29. Ce sont donc trois générations successives qui s’élèvent graduellement depuis le sol dans une parfaite continuité. Cependant, la possibilité même de cette continuité repose peut-être avant tout sur le fait que ce site n’est pas un enjeu majeur de pouvoir pour les della Rovere.

Fig. 3. Le puits des della Rovere dans le cloître de Saint-Pierre-aux-Liens.

San Lorenzo in Damaso : une logique de concurrence

14En effet, les della Rovere concentrent davantage d’attention et de moyens sur les titres des Saints-Apôtres et de San Lorenzo in Damaso (fig. 2). Ceux-ci sont situés au centre de la Rome du Quattrocento ; la boucle du Tibre devient au XV^e siècle le véritable cœur économique, culturel et politique de la cité pontificale30. La logique de continuité observée à Saint-Pierre-aux-Liens vaut aussi en grande partie aux Saints-Apôtres : quatre cardinaux della Rovere s’y succèdent entre 1472 et 1508. Néanmoins il est également possible de déceler une véritable logique de concurrence familiale qui oppose San Lorenzo in Damaso à ce complexe dans les entreprises de restauration et de reconstruction de ces sites.

15Quand le cardinal Bessarion meurt en novembre 1472, Sixte IV donne son église titulaire, les Saints-Apôtres, en commende à son neveu favori Pietro Riario31. Il l’avait élevé à la pourpre un an auparavant et lui avait confié le titre de San Sisto moins prestigieux et beaucoup moins bien situé32. Le palais afférent au titre des Saints-Apôtres consiste alors en une demeure simple et modeste, conforme au caractère du cardinal byzantin, mais qui tranche avec les goûts fastueux du cardinal Riario33. Celui-ci entreprend très rapidement d’importants travaux de reconstruction, avec l’idée d’édifier un palais double, de part et d’autre de l’église, qui communiquerait à l’aide d’une loggia ouverte au premier étage de la basilique34. Il souhaite également construire un couvent pour les frères mineurs qui étaient auparavant logés par Bessarion dans l’ancien presbytère de la basilique devenu trop étroit35.

16Quand Pietro Riario meurt moins de deux ans plus tard, le 5 janvier 1474, le palais est loin d’être achevé. Sixte IV transfère le titre à son autre neveu qui avait été nommé à la pourpre en même temps que Pietro : Giuliano della Rovere. Celui-ci conserve son titre de Saint-Pierre-aux-Liens déjà évoqué, mais reçoit, comme son prédécesseur, le titre des Saints-Apôtres en commende36. Outre la logique familiale qui préside à cette transmission, les trois cardinaux qui se succèdent – Bessarion, Pietro Riario et Giuliano della Rovere – exercent à tour de rôle la charge de cardinal-protecteur de l’ordre des frères mineurs37. Mais ce lien ne doit pas masquer pour autant la rivalité qui oppose Pietro Riario et Giuliano della Rovere à la Curie ; les contemporains témoignent même d’une certaine animosité entre les deux cousins et s’entendent à dresser d’eux des portraits aux caractères opposés38. Giuliano reprend pourtant les projets architecturaux de Pietro aux Saints-Apôtres : il restaure l’église, bâtit un nouveau couvent pour les Franciscains, achève la reconstruction du palais débutée par son prédécesseur à droite de l’église et construit le palais prévu à gauche39. Ce sont des travaux longs et laborieux qui durent plus de dix ans puisqu’ils ne sont toujours pas terminés en 148440.

17Or, entretemps, Sixte IV a « refait » un cardinal Riario41. Il attend malgré tout trois ans après la mort de Pietro Riario, car le candidat, Raffaele Sansoni Riario, n’a que quatorze ans quand son oncle décède. Le neveu de Pietro Riario partage les goûts fastueux de son oncle42. Mais le titre des Saints-Apôtres a déjà été réattribué à son grand cousin Giuliano et il doit se contenter du titre de cardinal-diacre de San Giorgio in Velabro flanqué à l’ouest du Palatin. Ce n’est que six ans plus tard, en 1483, qu’il se voit confier en commende le prestigieux titre de cardinal-prêtre de San Lorenzo in Damaso43. Le titre est très bien situé, la basilique semble être en mauvais état, mais le palais adjacent avait dû être restauré dans les années 1440-1450 par Ludovico Trevisan qui passait alors pour l’homme le plus riche de la Chrétienté après Cosme de Médicis44. Raffaele Riario obtient en même temps que cette commende la charge de camerlingue, qui est la plus rémunératrice au sein de la Curie45. Il succède à Guillaume d’Estouteville qui s’était fait construire un palais voisin de l’église de Sant’Apollinare au nord de la place Navone. Ce palais, très bien situé lui aussi, échoit également au cardinal Riario en même temps que la direction de la Chambre apostolique46. De plus, le nouveau camerlingue fait bâtir dès 1483 le « Palatium Innocentianum » à côté de Saint-Pierre pour abriter la nouvelle Chambre apostolique47. Le sénateur de l’Église dispose donc de nombreux logements en adéquation avec sa dignité quand d’autres cardinaux, pourtant issus de milieux fortunés, peinent parfois à se loger à Rome48.

18Ces trois palais prestigieux ne sont toutefois pas aussi luxueux que celui des Saints-Apôtres dont la construction est en voie d’achèvement sous l’égide de Giuliano della Rovere. Raffaele Riario décide alors de se lancer dans un chantier de rénovation totale du complexe de San Lorenzo in Damaso. Le programme aux Saints-Apôtres de l’oncle de Raffaele, Pietro Riario, repris par Giuliano della Rovere avait déjà l’audace d’encadrer l’église de deux palais ; Raffaele Sansoni Riario va plus loin à San Lorenzo puisqu’il intègre complètement l’église qui disparaît dans la façade du palais pour devenir en quelque sorte une chapelle palatine. Il ne s’agit pas d’une restauration, mais bien d’une reconstruction, l’ancienne église paléochrétienne est complètement détruite pour laisser place à une nouvelle église reconstruite quelques dizaines de mètres plus au nord49.

19Les étapes du chantier sont malheureusement mal connues car la plupart des archives ont été perdues50. Il est certain que le complexe est toujours en travaux dans les années 1510, mais ceux-ci commencent bien avant. Une mention du journal de Stefano Infessura montre qu’ils sont déjà bien avancés en 1488 : lorsque le pape Innocent VIII demande au cardinal Riario de rendre à son fils Franceschetto Cybo les quatorze mille ducats qu’il a gagnés contre lui aux dés, le cardinal lui répond qu’il « a déjà tout dépensé en bois, en pierres et en salaires des ouvriers, car il construisait ce palais sur la place de San Lorenzo in Damaso »51. Christoph Luitpold Frommel émet même l’hypothèse selon laquelle la construction du nouveau palais serait déjà dans les intentions du pape Sixte IV lorsqu’il confie le titre à son neveu en 148352. D’ailleurs Raffaele Riario entreprend dès cette année une politique de rachat systématique des terrains qui entourent l’église et l’ancien palais qui lui ont été confiés. Il parvient ainsi à réunir un espace très important53. Il s’agit dès le départ de construire un des édifices les plus fastueux de Rome, ses plans n’ont d’égaux que ceux du complexe de Saint-Marc rénové par Paul II et Marco Barbo, mais qui correspondent bien davantage à ceux d’un palais pontifical. Le délai de plusieurs années qui semble advenir avant le début effectif du chantier est peut-être à mettre sur le compte de l’animosité d’Innocent VIII, élu une dizaine de mois après que Raffaele a obtenu le titre, à la mort de Sixte IV en 1484, vis-à-vis du projet54. Le pape génois est peut-être soutenu dans ce refus par son principal conseiller Giuliano della Rovere dont Raffaele cherche clairement à se démarquer.

20Le cardinal Riario montre en effet sur ce site la volonté de magnifier sa parenté, non pas celle du lignage della Rovere dans son ensemble, mais celle de la branche spécifique des Riario. Dans l’inscription qui court sur toute la façade principale, qui s’étend à l’est sur quatre-vingt-treize mètres, il n’est fait mention que de Sixte IV, ancêtre tutélaire et source de tout le pouvoir dont dispose Raffaele à Rome, mais jamais du nom della Rovere55. La décoration héraldique appuie ce discours : le blason d’angle montre certes les armes pontificales de Sixte IV, mais c’est bien le blason des Riario qui orne un balcon au Sud et qui surplombe plusieurs fenêtres des façades nord et est du palais56. De surcroît, le motif héraldique des armes des Riario, une rose à cinq pétales, orne chacune des fenêtres des mêmes façades (fig. 4). Dans la cour, l’espace semi-public du palais, c’est une floraison de cette rose, j’en ai compté au moins neuf cent soixante-six occurrences. Encore ce nombre ne prend-il en compte que le motif héraldique, les chapiteaux des piliers montrent également des fleurs qui reprennent une rose à cinq pétales (fig. 5). C’est d’autant plus frappant que de toutes les lignées collatérales qui descendent des frères et sœurs de Sixte IV décident de reprendre le nom et les armes du souverain pontife (fig. 1), seuls les Riario font exception.

Fig. 4. L’angle nord-est du palais Riario.

Fig. 5. Détails de la cour du palais Riario.

21Il me semble donc qu’il faut voir une concurrence qui s’installe entre les deux entreprises : les chantiers des titres des Saints-Apôtres et de San Lorenzo in Damaso entrent en compétition dans les années 1480 pour mieux illustrer la rivalité entre les deux cardinaux à leur tête. Raffaele Riario a été privé du palais dont la construction a été initiée par son oncle, il débute alors une entreprise qui n’a aucun précédent dans le faste et le luxe à Rome. Cette concurrence s’étend au-delà de sa mort. Il aurait été logique, comme c’est souvent l’usage, que le cardinal décide de se faire enterrer dans son titre de San Giorgio in Velabro ou auprès de son oncle Pietro aux Saints-Apôtres. Le premier n’est pas assez prestigieux et le second est trop marqué par l’identité de son cousin, Giuliano della Rovere. Il fait donc un choix bien différent sur lequel il insiste dans son testament en prévoyant toutes les éventualités : « Si je meurs alors que je suis hors de la ville dans un lieu distant de plus de soixante milles, je veux que mon corps soit déposé dans une église ou un monastère choisi par l’exécuteur de ce testament. Et lorsque ma chair se sera consumée, que mes os soient transférés en l’église San Lorenzo in Damaso de la Ville que je choisis comme ma sépulture perpétuelle57. » Ce n’est que plusieurs décennies plus tard, alors que le palais Riario est devenu le palais de la Chancellerie, que la sépulture de Raffaele est déplacée auprès de son oncle aux Saints-Apôtres où elle subsiste aujourd’hui58.

La circulation des formes et des acteurs

22Après avoir étudié les logiques qui président au choix des sites de reconstruction et de restauration favorisés par les della Rovere à Rome, je voudrais maintenant m’interroger sur la façon dont ces sites communiquent entre eux sur le plan architectural. Même s’il est difficile de parler d’une politique unitaire, il semble que les différents chantiers de restructuration architecturale des della Rovere à Rome s’influencent les uns les autres à la fin du Quattrocento.

23Il est certain que les projets de reconstruction et de restauration donnent à voir une politique d’emprunts formels à l’échelle de la parenté della Rovere. Ces emprunts touchent parfois les matériaux eux-mêmes. Un exemple peut être relevé en élargissant la conception jusqu’ici exposée de la famille. Ascanio Maria Sforza et Raffaele Riario sont deux cardinaux très proches au sein du Sacré Collège. Girolamo, le frère de Pietro Riario et l’oncle de Raffaele, avait épousé Caterina, la nièce d’Ascanio (fig. 6). Les deux cardinaux sont donc affins, parents par alliance. Or Ascanio autorise Raffaele, avant le mois de novembre 1496, à prélever dans la zone de Termini, adjacente aux thermes de Dioclétien, un certain nombre de colonnes de granite pour les pilastres des angles de la cour de son palais59. Ces réemplois de matériaux antiques sont loin d’être exceptionnels dans la Rome du Quattrocento, en particulier sous Sixte IV60. Les solidarités familiales de ce type ne doivent pas être exceptionnelles, mais il s’agit ici d’un des très rares cas documentés.

Fig. 6. Le lien de parenté entre Ascanio Maria Sforza et Raffaele Riario.

24Il est plus facile et plus classique d’observer l’emprunt de motifs architecturaux. Ceux-ci passent d’un chantier à l’autre au sein de la famille della Rovere. De très nombreux exemples pourraient être développés. Laura Orbicciani note en particulier l’emploi de volutes aux angles de chapiteaux corinthiens de pilastres au palais Riario, au palais des Saints-Apôtres, à Santa Maria della Pace et à Santa Sabina61. À l’exception de la dernière basilique, tous ces sites sont construits ou modifiés par les della Rovere au Quattrocento. Un autre exemple frappant ressort de la comparaison entre les cloîtres des couvents de Saint-Pierre-aux-Liens et des Saints-Apôtres ; le premier construit en 1505 reprend par beaucoup d’aspects formels le second. Les deux cloîtres se rejoignent sur un aspect relativement simple avec des matériaux plutôt humbles et une construction en brique, ils présentent tous les deux des chapiteaux d’inspiration ionique et des voûtes sans aucune archivolte (fig. 7). Les emprunts entre ces deux espaces sont documentés sur le plan archivistique, contrairement à la plupart de ces parallélismes où le chercheur est contraint de se limiter à une analyse formelle. La corniche supérieure du cloître de Saint-Pierre renvoie explicitement dans les sources à celle des Saints-Apôtres. Le frère Bartholomeo précise dans le contrat qu’il passe le 4 avril 1489, au nom du cardinal de Saint Pierre-aux-Liens Giuliano della Rovere, avec un maître florentin qui porte lui aussi le même prénom de Bartholomeo : « Nous voulons sur l’avant-toit une corniche de brique comme celle des Saints-Apôtres dans le cloître62. »

Fig. 7. Les cloîtres des Saints-Apôtres (initié en 1474) et de Saint-Pierre-aux-Liens (initié en 1505).

25Malgré tout, il faut relativiser ces emprunts pour deux raisons. D’abord les chantiers de restauration et de reconstruction des Saints-Apôtres et de Saint-Pierre-aux-Liens restent assez différents, ne serait-ce qu’en raison des contraintes topographiques des sites et à cause des sommes très différentes qui y sont consacrées63. Il faut aussi faire attention au fait que, dans certains cas, il ne s’agit pas d’un emprunt d’un de ces deux bâtiments à l’autre, mais ils s’inspirent tous les deux d’un troisième bâtiment. En la matière, le palais Saint-Marc, construit par Pietro Barbo devenu pape sous le nom de Paul II et par son neveu Marco Barbo, est le grand prédécesseur et le grand modèle de tous les palais cardinalices de la fin du Quattrocento64. Les palais della Rovere n’échappent pas à cette règle. Par exemple le portique d’entrée de Saint-Pierre-aux-Liens ressemble à celui des Saint-Apôtres, mais tous deux s’inspirent du prototype innovant du viridarium du palais Saint-Marc65. Les restaurations et les reconstructions menées par les della Rovere s’inscrivent dans le contexte de l’architecture de la Rome de la Renaissance dont le répertoire formel n’est pas infini.

26Si les motifs architecturaux passent d’une commande à l’autre au sein de la famille della Rovere, c’est certainement aussi en raison du fait que les architectes, les maîtres d’œuvre et les artisans passent de chantier en chantier dans Rome, notamment au service de la famille pontificale et cardinalice. Je voudrais m’arrêter plus spécifiquement sur la figure de Baccio Pontelli. Sa vie est assez mal connue et certainement faite d’allers-retours dans les villes italiennes, mouvements que les chercheurs ont parfois du mal à appréhender66. On lui a attribué de nombreux monuments, ce qui a parfois suscité la controverse parmi les auteurs67. Il est établi que le futur architecte est né à Florence en 1449, où il se forme dans sa jeunesse et où il officie en tant que sculpteur ; il œuvre plus largement en Toscane dans les années 1470, sa présence est notamment attestée dans les sources à Pise. Il se rend à Urbino de manière certaine à partir de 1478, mais peut-être qu’il y séjourne ponctuellement auparavant ; il y parachève sa formation sous les auspices de Francesco di Giorgio Martini jusqu’en 148168.

27Pendant longtemps, en se fondant sur la vie qu’en dresse Giorgio Vasari, on lui a attribué la plupart des chantiers romains de Sixte IV69. Plusieurs auteurs font l’hypothèse que c’est le cardinal Raffaele Riario, bien introduit à la cour des Montefeltre d’Urbino, qui œuvre pour son transfert à Rome. Patricia Meneses soutient plutôt que c’est par l’intermédiaire du préfet de Rome, Giovanni della Rovere, un frère du cardinal Giuliano della Rovere (fig. 1), que Pontelli serait entré au service des della Rovere, après avoir travaillé sur la restauration de la forteresse de Civitavecchia pour le compte de Sixte IV70. À partir de 1483, il travaille certainement trois ans à la construction de la forteresse d’Ostie pour le compte de Giuliano della Rovere qui en devient alors le cardinal-évêque71.

28Il fait peut-être des séjours à Rome dès les années 1470, au cours desquels il travaille certainement pour le compte de Sixte IV et de Giuliano della Rovere72. Il participe pour le premier à la reconstruction de l’hôpital Santo Spirito73. Peut-être faut-il y ajouter la façade de Santa Maria del Popolo et une participation à la chapelle Sixtine74. Pour le compte de Giuliano, il décore et systématise sûrement le palais della Rovere aux Saints-Apôtres en 1482. Cette dernière attribution repose cependant uniquement sur une analyse stylistique75. L’architecte entretient dans tous les cas par la suite des rapports étroits avec le futur Jules II. L’intervention de Pontelli dans le cloître de Saint-Pierre-aux-Liens est, elle, non seulement visible formellement, mais est en plus documentée par les sources qui mentionnent pour les travaux du couvent et du cloître un certain « mastro Bartolomeo di Fiorentina » déjà évoqué ; il pourrait bien s’agir de l’architecte en question76. Giuliano della Rovere l’emploie sûrement, dans les années 1480, pour presque toutes ses entreprises édilitaires. Il est d’ailleurs identifié en 1494 comme « antichissimo servitore del cardinale ad Vincula77 ».

29Entretemps, c’est vraisemblablement quand, en 1487, Innocent VIII le crée architecte pontifical et inspecteur général des fortifications des Marches, que des rapports se nouent avec le cardinal Riario, devenu alors camerlingue et donc en charge de l’édilité à Rome et du paiement des officiers curiaux78. Christoph L. Frommel fait l’hypothèse, qui est depuis reprise par la plupart des spécialistes, que Pontelli pourrait bien avoir fixé le plan d’ensemble du palais de la Chancellerie sur lequel il aurait travaillé pendant trois ans à la fin des années 148079.

30Baccio Pontelli est donc employé à Rome par Sixte IV, Giuliano della Rovere et Raffaele Sansoni Riario80. C’est donc un architecte étroitement attaché aux membres du lignage della Rovere. Cette proximité, ce statut d’architecte de la famille explique très certainement en bonne partie les motifs architecturaux communs retrouvés dans les différentes œuvres de restauration et de reconstruction romaines des della Rovere. Il a parfois été souligné que Pontelli, en tant qu’architecte, devait être entouré d’un groupe de collaborateurs et d’artisans qui lui sont subordonnés81. Je donne d’autant plus volontiers de crédit à cette hypothèse que Pontelli est un architecte maître d’œuvre qui suit ses constructions, même si son rôle d’architecte théoricien a été réévalué récemment et n’est pas à négliger82. L’architecte ne serait alors que la pointe émergée de l’iceberg. Il est très vraisemblable qu’un monde d’artisans et de petits entrepreneurs gravitent autour des chantiers des della Rovere à la fin du XV^e siècle et au début du XVI^e siècle, créant de ce fait une communauté de formes et d’idées architecturales autour de la même parenté.

Le destin familial des entreprises de restauration et de reconstruction

31Pour terminer, il faut s’interroger sur le destin familial des entreprises de restauration et de reconstruction menées par les della Rovere à Rome. Ces chantiers jouent en effet un rôle important dans la transmission d’une identité familiale, par les formes qu’ils prennent, notamment à travers l’érection de monuments funéraires, mais aussi par la transmission même des espaces restaurés au sein de la parenté.

32Santa Maria del Popolo est une basilique que Sixte IV souhaite restaurer à partir de 1472 pour en faire une église gentilice et une nécropole familiale83. La même année il confie le monastère afférent à la Congrégation observante de Lombardie, donc un courant franciscain très proche de Sixte IV et des della Rovere, et produit deux bulles qui accordent des indulgences aux visiteurs84. Il s’agit d’une des plus petites églises de Rome et une des plus excentrées. Pourtant elle joue un rôle très important pour la capitale de la Chrétienté. D’abord, elle est une porte d’entrée empruntée par presque tous les pèlerins et les visiteurs de marque qui se rendent à Rome par la via Flaminia. C’est donc une vitrine architecturale idéale pour une famille comme les della Rovere85. Ensuite, c’est un lieu où la ferveur populaire est très forte, l’église enferme une image miraculeuse de la Vierge, culte favorisé par Sixte IV en tant que franciscain. Le pape souhaite donc restaurer la structure générale du bâtiment, mais il semble déléguer une partie de sa reconstruction et de sa restauration en demandant, avec un succès mitigé, aux membres de sa famille d’acquérir des chapelles pour les décorer86. Dès 1473, Giuliano della Rovere commissionne un nouvel autel pour présenter l’image miraculeuse de la Vierge87. Mais finalement seules deux chapelles latérales sont patronnées par ses parents : l’une est prise en charge par Domenico della Rovere et l’autre par Girolamo Basso della Rovere.

33C’est en 1477, à la fin de la rénovation de la structure d’ensemble par Sixte IV que Domenico acquiert la première chapelle au sud-ouest. Quand Francesco devient pape en 1471 sous le nom de Sixte IV, il est originaire de Savone, d’une modeste famille d’artisans et des marchands. Or le bruit court sous son pontificat qu’il serait le fils d’un batelier ou d’un pêcheur ou même qu’il aurait été adopté étant enfant par les seigneurs della Rovere de Turin88. Il existe en effet, à la même époque, une famille homonyme importante établie à proximité de la capitale du Piémont : les della Rovere, seigneurs de Vinovo, bien établis à la cour de Savoie89. Il n’y a aucune certitude qu’il y ait un lien de parenté entre les deux familles, l’une étant originaire de Turin, l’autre de Savone. Pourtant, Francesco della Rovere, dès son cardinalat, montre une grande affection pour les deux fils du seigneur Giovanni di Vinovo, Cristoforo et Domenico, qu’il fait entrer à son service. Avant même son élection pontificale, il instaure une filiation fictive entre les deux familles90. Il désigne Cristoforo dès 1468 par le terme d’affinis qui vaut autant pour la parenté par alliance que pour une parenté éloignée91. Après son accession au trône pontifical en août 1471, Sixte IV renforce le lien entre les deux familles. Il nomme Cristoforo châtelain de Saint-Ange puis protonotaire apostolique. Celui-ci acquiert, au service de Sixte IV, un nombre important de bénéfices. Il finit par obtenir le 10 décembre 1477 le titre de cardinal-prêtre de San Vitale. Son frère, Domenico, est également nommé protonotaire apostolique dès 1472. Il devient l’année suivante le camérier secret de Sixte IV. Il doit cependant attendre la mort de Cristoforo, en février 1478, pour que Sixte IV le fasse hériter de la plupart des bénéfices de son frère et pour qu’il le « refasse » cardinal du même titre92.

34Le fait que Domenico décide d’acheter une chapelle à Santa Maria del Popolo avant même son élévation, d’y faire enterrer son frère Cristoforo et de s’y faire enterrer quelques années plus tard – dans la même tombe – montre une réelle volonté partagée de rapprocher les deux familles et de s’inscrire dans le même lignage93. Il aurait été pourtant naturel que Domenico se fasse enterrer dans l’église dont il est cardinal en titre et qui est particulièrement prestigieuse, Saint-Clément, à l’instar de ses deux prédécesseurs. L’architecture vient ici donc suppléer les liens du sang pour affirmer la parenté. La volonté restauratrice de Sixte IV permet donc d’insister sur les liens familiaux au sein de la gens della Rovere.

35Girolamo Basso della Rovere suit lui aussi les recommandations de Sixte IV et acquiert une chapelle dans Santa Maria del Popolo94. Lui-même est enterré dans le chœur de l’église par Jules II en 1507. Sa chapelle trouve une autre destination auparavant : de manière fort intéressante, pour réaffirmer encore une fois son identité familiale,
il y fait enterrer son père, Giovanni Basso, qui s’était marié avec Luchina, la sœur de Sixte IV (fig. 1 et fig. 8)95. Il ne s’agit donc pas d’un della Rovere et pourtant la première ligne de son épitaphe affirme « IOANNI DE RUVERE XISTI IIII PONT(ifex) MAX(imus) SORORIO », elle ne relève même pas son patronyme de naissance – Basso – et le premier élément constitutif de l’identité de Giovanni qui est noté est son lien de parenté avec le pontife. Les Basso ne sont pas d’origine noble, Giovanni est notaire, si bien que leurs enfants délaissent le nom de leur père et briguent l’honneur de porter sans correctif ni brisure le nom et les armes de leur oncle. Sixte IV leur octroie cette autorisation dès son élection sur le trône de saint Pierre et elle s’applique à toute la famille96. Là encore il s’agit de réaffirmer le lien généalogique dans la pierre.

Fig. 8. La tombe de Giovanni Basso della Rovere à Santa Maria del Popolo.

36Cela est encore plus évident avec la politique héraldique que la famille de Savone met en œuvre à l’occasion des restaurations et des reconstructions qu’elle entreprend. Outre les inscriptions épigraphiques mentionnées, les della Rovere apposent systématiquement leur blason sur tous les monuments qu’ils modifient. Plusieurs exemples ont déjà été développés dans ce sens – notamment les complexes de Saint-Pierre-aux-Liens et de San Lorenzo in Damaso – d’autres pourraient être ajoutés. Les armes touchent aussi bien les bâtiments séculiers que les édifices sacrés, la chapelle Sixtine elle-même compte de très nombreuses représentations du chêne des della Rovere97. Ces armes, mobilisées en particulier dans la communication politique de Jules II, renvoient au robur antique et à un idéal de vigueur et de régénération98. La famille savonaise tente donc, par ses reconstructions dans Rome, de mettre en avant la puissance et la continuité, ou à tout le moins la mémoire, de son lignage. Pourtant la famille sait bien que le pouvoir pontifical et plus largement ecclésial est transitoire par nature. Ses membres savent que les églises qu’ils restaurent, que les palais qu’ils reconstruisent sont amenés à passer à d’autres après leur mort, sic transit gloria mundi. Sixte IV rappelle dans la bulle Etsi universis de 1475 qu’il est strictement interdit de léguer par héritage un bâtiment construit près d’une église titulaire ou d’un monastère99.

37C’est certainement pour pouvoir disposer de son palais comme bon lui semble que Domenico della Rovere décide de le construire loin de ses deux titres : San Vitale, puis Saint-Clément. Il installe en effet son palais dans le Borgo, où il subsiste aujourd’hui sous le nom du palais de la Pénitencerie. Outre la nouvelle centralité qu’acquiert le Vatican au XV^e siècle, le choix de cet emplacement repose sur plusieurs facteurs. Il n’est que cubiculaire pontifical en 1475 quand il fait débuter les travaux, il faut donc qu’il puisse résider près du palais apostolique. D’un autre côté, il anticipe plus qu’il ne précède sa promotion au cardinalat. Il souhaite donc s’installer près de Sixte IV qui le nomme cardinal et près de son frère Cristoforo, alors châtelain de Saint-Ange100. Il s’inscrit de toute façon dans une zone où les della Rovere ont des chantiers de restauration et de reconstruction très actifs. Sixte IV participe largement à la reconstruction et à la restauration du palais apostolique. Il refonde également dans le voisinage immédiat du futur palais de Domenico, dès 1471, l’hôpital Santo Spirito in Saxia en vue du jubilé de 1475. Il s’agit d’un très ancien hôpital de Rome détruit lors d’un incendie quelques mois auparavant101. C’est justement cet hôpital qui concède à Domenico un bail emphytéotique pour la construction de son palais. Cet espace est donc très étroitement lié aux della Rovere102. Dès lors, le Vatican semble former un autre pôle important des interventions urbaines de restauration et de reconstruction de la part des della Rovere.

38Quand Domenico della Rovere meurt le 23 avril 1501, il lègue par voie testamentaire son palais à trois entités religieuses : le chapitre de Saint-Pierre, une institution liée aux papes et donc à la mémoire de Sixte IV, l’église de Santa Maria del Popolo, une des nécropoles des della Rovere et l’hôpital Santo Spirito in Saxia rénové par Sixte IV. Le cardinal inscrit donc, pour l’avenir, son palais dans une nébuleuse religieuse étroitement liée aux della Rovere. Il précise par ailleurs que trois salles du palais doivent toujours être mises à disposition des membres de sa famille de passage à la Curie, les institutions religieuses leur doivent alors le gîte et le couvert103. De plus, il ajoute que s’il y avait un autre prélat dans sa famille qui voudrait, pour un temps, tenir tout le palais, cela serait possible du moment qu’il s’acquitterait d’un impôt envers ses différents propriétaires ecclésiastiques104. Domenico s’assure ainsi que les della Rovere conservent un pied-à-terre à Rome par-delà sa mort dans le palais qu’il a fait construire.

39Les della Rovere reconstruisent donc amplement la Ville au Quat­trocento, plus qu’ils ne la restaurent. Ces reconstructions urbaines participent à l’instauration de leur lignage et à sa représentation. Non seulement la parenté transparaît dans les pierres, mais, à l’inverse, les pierres aident à instaurer et à affirmer la parenté. Le choix des sites, des maîtres d’œuvre et des motifs utilisés, le discours architectural, tout concourt à créer l’identité d’un lignage qui se donne à voir à la fois dans son unité et dans ses éventuelles discordes.

40Les traces de leur activité qui couvrent, encore aujourd’hui, de très nombreux bâtiments dans l’Urbs font certainement de la famille della Rovere celle qui a le plus profondément rénové la Rome de la Renaissance. Il faudrait d’ailleurs élargir l’analyse aux membres laïcs du lignage qui participent, eux aussi, pleinement à cet effort de reconstruction. Le rôle de Girolamo Riario ou de Francesco Maria della Rovere est aujourd’hui bien établi, en particulier aux palais Altemps et Doria-Pamphilij. Il est même possible d’étendre encore davantage le champ, par exemple en intégrant à l’analyse la villa Farnesina, puisque Agostino Chigi reçoit en 1509 de Jules II le droit pour sa famille de porter le nom et les armes des della Rovere, qui trônent encore aujourd’hui au centre la loggia de Psyché.