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    Publications de l’École française de Rome
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    Plan

    Plan détaillé Texte intégral I. Réinventer les cimetières II. Naissance du cimetière français contemporain III. Limites de la privatisation d’un espace public IV. Les tombeaux V. De nouvelles pratiques funèbres et commémoratives VI. Des rapports nouveaux entre vivants et morts VII. Une nouvelle présence des morts dans la ville : les mémoriaux VIII. Individu, famille, religion IX. La fin d’un cycle ? Bibliographie Notes de bas de page Auteur

    Transitions funéraires en Occident

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    Table des matières

    Une transition funéraire entre Louis XVI et Louis-Philippe

    Régis Bertrand

    p. 423-438

    Résumés

    En moins de trois générations, une transformation des pratiques funèbres et commémoratives s’est produite, avec la fin de l’inhumation dans les églises (1776 et 1804) et la création de vastes cimetières périurbains. L’enclos des morts devient avec le Père-Lachaise (1804) un lieu public où les espaces de circulation et d’inhumation sont distingués. Il se couvre de tombeaux. Il sert de modèle aux nouveaux cimetières urbains français. Les cortèges d’obsèques s’ouvrent après la Révolution à qui veut rendre hommage au mort. Ils pénètrent dans le cimetière, où des discours peuvent être prononcés « devant la fosse ». La visite des tombeaux s’accompagne du dépôt de fleurs, usage inconnu sous l’Ancien Régime. Des mémoriaux des morts « illustres » se répandent dans les villes. Leurs statues migrent du cimetière sur les places et dans les jardins publics. Les noms des rues reçoivent une fonction commémorative. Les médaillons de cheveux puis la photographie permettent aussi la constitution de mémoriaux intimes.

    In less than three generations, a transformation of funeral and commemorative practices occurred, with the end of burial in churches (1776 and 1804) and the creation of large peri-urban cemeteries. The enclosure of the dead became with Père-Lachaise (1804) a public place where the spaces of circulation and burial are distinguished. It is covered with tombs. It serves as a model for the new French urban cemeteries. Funeral processions open after the Revolution to those who wish to pay homage to the dead. They enter the cemetery, where speeches can be made “in front of the grave”. The visit of the tombs is accompanied by the deposit of flowers, a use unknown under the Ancien Régime. Memorials of the “illustrious” dead spread to cities. Theirs statues migrate from the cemetery to the squares and public gardens. Street names are taken a commemorative function. The medallions of hair, then the photograph, also allow the constitution of intimate memorials.

    Entrées d’index

    Mots-clés : cimetières périurbains, visite des tombeaux, commémoration, morts illustres, mémoriaux familiaux

    Keywords : peri-urban cemeteries, visiting graves, commemoration, famous dead, family memorials

    Texte intégral I. Réinventer les cimetières II. Naissance du cimetière français contemporain III. Limites de la privatisation d’un espace public IV. Les tombeaux V. De nouvelles pratiques funèbres et commémoratives VI. Des rapports nouveaux entre vivants et morts VII. Une nouvelle présence des morts dans la ville : les mémoriaux VIII. Individu, famille, religion IX. La fin d’un cycle ? Bibliographie Notes de bas de page Auteur

    Texte intégral

    1Une personne née vers 1760 et morte vers 1840-1850 aura connu au cours de sa vie, pour peu qu’elle fasse partie de la minorité urbaine et en particulier parisienne et des classes aisées ou moyennes, une transformation étonnante des pratiques mortuaires et funéraires et plus encore des rapports entre les vivants et les morts. Elle est enterrée d’une façon qu’elle n’aurait jamais imaginée dans son enfance, dans un paysage dédié aux morts qui n’existait pas en son jeune temps. Le cortège qui accompagne sa dépouille n’est plus strictement composé d’intercesseurs rétribués portant des cierges et de délégations de confréries professionnelles ou de dévotion dont elle était membre ou bienfaitrice. La publication d’un faire-part dans la presse permet à quiconque le souhaite de s’y joindre. Parents et surtout confrères du défunt font porter des couronnes végétales qui sont accrochées au corbillard. Après la cérémonie d’obsèques, ces assistants volontaires continuent d’accompagner sa dépouille jusqu’au cimetière où ils assistent à l’inhumation, précédée, puisqu’il s’agit d’un notable, d’un ou plusieurs éloges. Dans ces nouveaux cimetières, librement accessibles au public, s’élève sa « dernière demeure », soit un caveau surmonté d’un tombeau sur lequel ont été gravées les principales données de son identité et de son existence.

    2Le devenir de ses restes et la survivance de sa mémoire vont être bien différents de ceux que notre notable avait pu assurer à ses parents. Ses proches viendront au cimetière visiter son tombeau, pour y réciter peut-être une prière mais surtout pour y déposer des fleurs, pratique inconnue de l’Ancien Régime. Imaginons enfin que notre contemporain des Lumières puis du Romantisme soit jugé exemplaire par sa conduite, ses talents ou l’usage altruiste de sa fortune. Son souvenir sera ultérieurement perpétué dans la ville où il vécut, voire le chef-lieu ou la capitale, par l’hommage collectif de plaques commémoratives sur les édifices où se déroula sa vie, voire sa statue dans l’espace public, et son nom sera donné à une artère. L’ensemble du statut social des morts, qu’ils soient obscurs ou illustres, est ainsi transformé en un peu plus de deux générations.

     

    3Pourquoi désigner par « transition funéraire1 » cette mutation des rapports entre les vivants et les morts, intervenue pour l’essentiel entre 1770 et 1840-1850, que Michel Vovelle avait auparavant appelée la « révolution du cimetière2 » ? Certes, l’invention d’un nouveau cimetière est essentielle ; mais le phénomène semble avoir englobé en amont l’évolution du rituel de passage et aussi en aval un ensemble de gestes commémoratifs nouveaux qui se déroulent pour l’essentiel mais non uniquement au cimetière. Et aussi parce que cette « transition » fut à peu près contemporaine de cette autre évolution majeure que les historiens désignent couramment par « transition démographique3 », laquelle fut sans doute un des facteurs de cette redéfinition des lieux et de la place des morts auprès des vivants. De plus, une révolution est un phénomène de mutations réalisées en une courte durée, perçu désormais comme violent, ce qui convient mal à des évolutions dépourvues de brutalité qui n’ont pas la même temporalité et sont marquées par de forts décalages sociaux et spatiaux dans le changement des pratiques. La transition est aussi marquée à la fois par l’ampleur des changements et l’importance des continuités.

    I. Réinventer les cimetières

    4Notre contemporain de Louis XVI, de la Révolution, de l’Empire et des derniers rois Bourbons aura vu la fin de l’inhumation dans les églises. Elle est due principalement à la déclaration royale du 10 mars 1776 qui a restreint drastiquement l’inhumation dans les lieux de culte « et généralement dans tous les lieux clos et fermés où les fidèles se réunissent pour la prière et célébration des saints mystères ». Le décret sur les sépultures du 23 prairial an XII (12 juin 1804) a ensuite repris ces mêmes termes pour généraliser l’interdiction d’inhumer « dans les églises, temples, synagogues, hôpitaux, chapelles publiques ». Néanmoins, si le notable que nous avons pris pour exemple est parisien, il aura encore connu des inhumations dans les églises jusqu’à la Révolution, car la déclaration de 1776 avait fait de la ville de Paris une exception, pour laquelle devait être préparé un texte spécifique qui n’était pas prêt à la chute de la monarchie4.

     

    5Depuis le XVIIe siècle, il n’existait ordinairement de caveaux privatifs qu’à l’intérieur des lieux de culte, paroissiaux, conventuels, confraternels, voire hospitaliers. Le plus souvent, les cimetières paroissiaux, souvent étroits, étaient le lieu des inhumations en fosses, anonymes et même souvent superposées, du moins en sites urbains5. Néanmoins, certains cimetières de la France du Nord-Est et peut-être du Nord ont renfermé des tombeaux6. L’apogée statistique de l’inhumation dans les églises semble pouvoir être situé à la fin du XVIIe siècle ou au début du XVIIIe, temps de diffusion maximale de la réforme catholique. Au milieu du XVIIIe siècle, dans les sites urbains qui ont été jusqu’ici étudiés, le cimetière recevait de plus en plus de corps. À la veille de la déclaration royale de 1776, il semble avoir déjà triomphé en certaines villes, y compris pour des catégories aisées. À Toulon, en 1775, plus des quatre cinquièmes des décédés ont été portés au cimetière (82 %)7. La déclaration de Louis XVI a été sollicitée par l’assemblée générale du clergé de France. De fait, le clergé s’efforçait depuis au moins deux générations de limiter sinon d’interdire les sépultures dans les églises, qui bosselaient le pavement, pouvaient émettre des odeurs putrides et étaient jugées indignes de la majesté du lieu. Lors de la construction d’églises urbaines, des cryptes funéraires pouvaient être prévues – c’est le cas de celle de l’église Saint-Sulpice à Paris8. À partir du milieu du XVIIIe siècle, une campagne hygiéniste conduite par des médecins aéristes, dont la France n’avait pas l’exclusivité, affirma la forte nocivité des miasmes émanant des inhumations dans les églises et des cimetières encastrés dans le tissu urbain. Propagée par un petit nombre de publications, citées ou reprises par la presse, elle atteignit ainsi les catégories supérieures et moyennes qui avaient des caveaux dans les églises9. Ce sont ces catégories qui ont conduit la transition funéraire.

    6La déclaration de 1776 allait plus loin : « les cimetières qui se trouveront insuffisants pour contenir les corps des fidèles seront agrandis, et ceux qui, placés dans l’enceinte des habitations, pourroient nuire à la salubrité de l’air, seront portés, autant que les circonstances le permettront, hors de ladite enceinte ». Le décret de 1804 fut encore plus radical : il interdit les inhumations « dans l’enceinte des villes et bourgs ». De fait, le monde rural, prépondérant, semble avoir présenté des situations très différentes au niveau villageois. L’inhumation dans l’église y était ordinairement réduite avant 1776 à la modeste élite du lieu ou à la famille du seigneur et l’essentiel de la population était enterré au cimetière – ce dernier pouvait être hors de l’agglomération ou à sa lisière, d’autant que les villages n’avaient, sauf exception, pas d’enceinte et que l’habitat pouvait y être desserré10. L’ordonnance de Louis-Philippe du 6 décembre 1843 généralisa l’interdiction des cimetières encerclés de maisons11.

    7De nouveaux cimetières, plus vastes que ceux existant jusqu’alors, étaient en gestation ou même déjà ouverts à la fin de l’Ancien Régime en « province », qui se trouva pendant une génération en avance sur Paris. Ils étaient situés hors de l’agglomération, mais en général dans son immédiate proximité afin que le cortège d’enterrement pût les atteindre sans difficulté. L’article 2 du décret de 1804 entérina ces localisations en périphérie urbaine en exigeant que le cimetière fût situé « à la distance de trente-cinq à quarante mètres au moins de leur enceinte ». Comme l’écrit Ph. Ariès, « le cimetière revient dans la topographie12 ». S’amorça dans les villes un regroupement des lieux de repos de plusieurs paroisses qui pouvait aller jusqu’à rassembler les morts dans deux, voire dans un unique cimetière – dans le cas cependant exceptionnel de Lille. Néanmoins ils pouvaient être répartis intérieurement entre les paroisses et surtout, ils restaient fermés au public, sauf le jour des Morts13.

    8L’interdiction de la plupart des caveaux dans les églises s’accompagnait en fait d’une compensation pour leurs ayants droit. Selon l’article 5 de la déclaration de 1776, « ceux qui ont le droit d’être enterrés dans les églises […] pourront choisir dans les cimetières desdites paroisses un lieu séparé pour leur sépulture ; même faire couvrir ledit terrain, y construire un caveau ou monument, pourvu néanmoins que ledit terrain ne soit pas clos et fermé ». En théorie, cette permission ne valait que pour « ceux qui ont actuellement droit par titre légitime […] d’être enterrés dans lesdites églises », mais elle autorisait le retour de tombeaux dans le cimetière. De fait, ce mouvement semble s’être amorcé dans les sites urbains. Il est surtout perceptible dans les archives, lorsqu’au début du XIXe siècle furent désaffectés des cimetières paroissiaux qui s’avèrent avoir renfermé de petits monuments de la fin de l’Ancien Régime. Le paysage funéraire du XIXe siècle s’esquissait ainsi discrètement sous Louis XVI, peut-être avec la transposition au cimetière des formules de caveaux existant dans les églises, ce qui pourrait expliquer les différences régionales de typologie que l’on peut observer ; et aussi sans doute par la reprise, même à une échelle réduite, des formes et du vocabulaire décoratif de l’Antiquité gréco-romaine, avec, dans la mesure où on peut les entrevoir, outre des plaques scellées au mur de l’enclos et des dalles au sol, des cippes, stèles ou pseudo-sarcophages.

    9Le cimetière du futur fut en cette fin du XVIIIe siècle imaginé par les architectes, littérateurs et essayistes. Il fit même l’objet d’un concours de l’Institut en l’an VIII (1800)14. On se garda de retenir, de cet ensemble de textes, les propositions irréalisables ou utopiques. Dominait l’idée d’un cimetière librement accessible, où chacun pourrait aller se recueillir (ou prier) sur la tombe de ses morts, aspiration qui semble être née alors dans les catégories supérieures de la société du renforcement de l’intimité et de l’affectivité familiales, de l’exaltation de l’amitié aussi, en particulier au sortir de la Révolution. Ces nouveaux Champs-Élysées constitueraient une grande leçon pour le visiteur, par la méditation sur la vie, la finitude et l’au-delà qu’inspireraient la végétation et les tombeaux, par les grandes leçons morales qui se dégageraient des épitaphes de ceux qui avaient eu une vie publique et privée exemplaire. Quiconque entrerait dans le cimetière (et saurait lire) devrait en ressortir meilleur.

    II. Naissance du cimetière français contemporain

    10Le décret de 1804 n’entérina que très partiellement ces principes. Il se situe dans la continuité de la déclaration royale de 1776 qu’il cite d’ailleurs. Le nouveau cimetière serait d’abord défini selon des critères de salubrité. La règle y serait l’inhumation en fosse dans le terrain commun et la « reprise » de l’emplacement, selon un délai fixé à cinq ans. La surface nécessaire à chaque fosse et la distance entre les fosses étant définies par les articles 4 et 5, l’article 6 ordonnait de calculer la superficie d’un nouveau cimetière en multipliant par cinq la mortalité moyenne annuelle de la commune qu’il desservirait.

    11L’article 15 prévoyait que « dans les communes où l’on professe plusieurs cultes », chaque culte devrait avoir « un lieu d’inhumation particulier ». Dans le cas où il n’y aurait qu’un seul cimetière, on le partagerait « par des murs, haies ou fossés », en fonction du nombre des adeptes de chaque religion, en ménageant « une entrée particulière pour chaque culte ». L’application de cet article s’est avérée difficile et il a été abrogé par la loi du 14 novembre 1881 qui a « neutralisé » les cimetières. Le cimetière a, depuis la Révolution, eu le statut de domaine public, en général municipal (national dans le cas des nécropoles des guerres). La notion de cimetière paroissial catholique avait disparu avec la constitution civile du clergé, et si de petits cimetières étaient tolérés dans les enclos conventuels, ils étaient réservés aux membres de la communauté. Il y eut cependant des exceptions. Le décret sur la nationalisation des biens de l’Église du 2 novembre 1789 avait compris dans sa définition les cimetières catholiques mais non les cimetières protestants et juifs qui pouvaient exister sur le territoire français, considérés comme relevant de leurs propriétaires légaux, soit qu’ils les aient fondés, soit qu’ils servaient de prête-noms à des groupements de fait de coreligionnaires. Subsistent aujourd’hui encore des cimetières dits consistoriaux, protestants (par exemple le cimetière protestant de Nîmes) et juifs (par exemple le cimetière juif de la Timone à Marseille), propriétés des associations cultuelles15.

    12Le décret de 1804 offrait aux maires la possibilité d’autoriser, « si l’étendue du cimetière le permet », des concessions de terrain destinées à des « sépultures de famille », susceptibles de recevoir des « caveaux, monuments et tombeaux ». Les législateurs ne jugeaient pas ces mesures contradictoires avec le strict calcul de la surface des enclos : ils étaient persuadés que les concessions resteraient réservées aux riches bienfaiteurs des hôpitaux. Par ailleurs, l’article 12, très novateur, reconnaissait le droit à « chaque particulier, sans besoin d’autorisation, de faire placer sur la fosse de son parent ou de son ami une pierre sépulcrale ou autre signe indicatif de sépulture ». Ces tombeaux de peu de durée entérinaient ainsi l’aspiration à faire le deuil d’un proche en visitant le lieu où il reposait. Le décret n’indique cependant pas que les cimetières devaient être accessibles aux visiteurs ou viabilisés.

    13La même année 1804 était ouvert le cimetière parisien de l’est, dit du Père-Lachaise, qui allait devenir le prototype du cimetière du nouvel âge. Contrairement à des affirmations hâtives, le nouveau cimetière parisien n’a donc pas été élaboré selon les normes du décret de 1804. Sa conception est antérieure à la promulgation de ce texte : son organisation dérivait d’un arrêté pris par le préfet de la Seine Nicolas Frochot le 21 ventôse an IX (12 mars 1801), complété par un autre le 15 ventôse an XIII (6 mars 1805)16. Son fonctionnement est resté dérogatoire sur plusieurs points aux prescriptions du décret : ainsi les divisions confessionnelles n’y sont pas prévues et n’y ont existé que pour le cimetière juif, créé ultérieurement. Frochot s’avère influencé par les recherches et les projets de la fin du XVIIIe siècle et le concours de l’an VIII. Il prévoyait en particulier plusieurs types de concessions qui allaient assurer une occupation rapide de certaines parties de l’enclos. Novation essentielle, ce dernier était librement ouvert à la visite, ce qui impliquait la distinction de l’espace d’inhumation et de l’espace de circulation et la nécessité de le viabiliser par un réseau hiérarchisé de voies carrossables, afin que pussent y pénétrer les corbillards. Le Père-Lachaise semble avoir été le premier cimetière français à présenter dès sa création cette distinction interne. Avant lui, l’aménagement du nouveau cimetière de Sainte-Marguerite à Paris prévoyait bien des voies de circulation, mais elles semblent n’avoir été destinées qu’aux fossoyeurs17. Il a pu en être de même des nouveaux cimetières périurbains de la fin de l’Ancien Régime qui n’étaient pas accessibles à la visite. Le Père-Lachaise réemploie d’ailleurs le tracé et les plantations arbustives du parc de la propriété où il est établi. Les premiers tombeaux sont disposés dans ce paysage comme des fabriques de jardin.

    14Sur son modèle, le vaste cimetière urbain au plan parfois très élaboré devint en France une des compositions urbaines les plus originales du XIXe siècle18 – moins qu’en Italie cependant où le cimetière « monumental » renfermait des constructions telles que les galeries ou les vastes chapelles publiques qui restent à l’état de projet en France19.

    III. Limites de la privatisation d’un espace public

    15Le nouveau paysage du cimetière allait être mis au point par l’initiative publique et privée combinées. La municipalité crée le cimetière, le clôture et l’urbanise. Elle le fit planter, définit les emplacements concédés ou de terrain commun. L’administration communale vota aussi le règlement du cimetière qui préciserait minutieusement, en particulier à la fin du siècle, le comportement que devait observer quiconque entrerait dans l’enclos, conformément au « respect dû aux morts » et à la sacralité profane du lieu, la seule officiellement reconnue après sa « neutralisation ».

    16Dans les grandes villes, les conseils municipaux durent, dès la Restauration sinon l’Empire, doter les cimetières nouvellement ouverts et même parfois les anciens d’un tarif de concession afin d’éviter que les notables n’élevassent des tombeaux de famille de fait. Ils durent aussi délimiter dans les cimetières les terrains qui seraient concédés. L’ordonnance de décembre 1843 viendrait ensuite simplifier la procédure d’attribution des concessions et créer, en sus des concessions perpétuelles, des concessions dont la durée serait limitée. Le maire décidait de l’emplacement de chacune et avait un droit de regard sur les inscriptions gravées sur les tombeaux, qu’il exerçait souvent a posteriori.

     

    17Le clergé de l’époque moderne avait organisé les sépultures dans les églises en substituant au désordre des choix faits par les testateurs le quadrillage par des caveaux du sous-sol des nefs. C’est cet ordre qui fut bientôt repris pour le nouveau cimetière, pour tirer le meilleur parti des terrains d’inhumation, à une nuance près : on ne marcherait plus sur les tombes. Des dessertes intérieures permettraient d’accéder à chaque fosse ou chaque tombeau et, dans le cas de ces derniers, elles offriraient l’espace nécessaire pour ouvrir les caveaux afin d’y déposer les cercueils. Les allées, les dessertes intérieures des carrés de concessions et les espaces arborés pouvaient représenter près de 30 % de la superficie qui n’était pas occupée par des inhumations.

     

    18Le cimetière urbain français a ainsi dû combiner deux conceptions différentes et presque antagonistes du lieu de repos : celle du législateur, pour qui la norme était le terrain commun, et celle d’un nombre croissant de familles des classes supérieures et moyennes de la population, voire au cours du siècle de catégories plus modestes, qui ont souhaité posséder un espace de regroupement familial des morts surmonté d’un tombeau pérenne doté de mentions épigraphiques qui assure une certaine permanence de l’identité des restes. En témoigne la croissance du nombre des concessions acquises au cours de chaque décennie que l’on peut observer dans la plupart des cimetières urbains. La demande sociale n’a pas suffi à modifier l’esprit et les termes de la législation. Les municipalités ont parfois tenté d’augmenter les tarifs. Plus souvent, elles ont en général résolu le problème d’abord en agrandissant les cimetières par achat à l’amiable ou expropriation des terrains limitrophes et aussi par une utilisation de plus en plus dense des espaces d’inhumation, souvent au détriment des plantations arbustives. Une ville spécialement dédiée aux morts fut ainsi créée, aux marges de celle des vivants. L’initiative privée couvrit les emplacements des inhumations de monuments pérennes ou au contraire précaires. Des descriptions, des gravures, plus tard des photographies permettent d’entrevoir le foisonnement de croix de bois, de petits monuments et de couronnes métalliques qui couvraient autrefois le terrain commun. Un paysage nouveau est apparu, fortement humanisé, à la fois végétal et de plus en plus minéral.

    IV. Les tombeaux

    19Sous l’Ancien Régime, le sous-sol de certaines églises urbaines pouvait être entièrement aménagé en caveaux, mais seule une très faible minorité de leurs concessionnaires avait droit à un tombeau, isolé ou bien accolé à un mur, parfois réduit à une brève épitaphe nominative d’identification. La plupart des caveaux ne portaient guère que des indications d’appropriation (armes, initiales) ou bien un simple numéro d’ordre, faisant référence à une liste conservée dans les archives paroissiales ou conventuelles. En nombre d’églises, rien ne permettait de les identifier, sinon un plan dans les mêmes archives et la mémoire de leurs ayants droit. Cependant, en des cimetières de petits villages, en particulier montagnards, où aucun tombeau n’était visible, des regroupements familiaux existaient à travers ce que l’on peut appeler des « aires familiales », soit un partage de facto de l’étendue du cimetière entre les familles d’un lieu20.

    20En 1810, Brongniart construisit au Père-Lachaise la première « chapelle », celle de la famille Greffulhe. Le paysage du cimetière se christianisa à partir des années 1830-1840 avec la multiplication des croix, qui semble avoir d’abord commencé sur les fosses du terrain commun. Il allait renfermer un foisonnement de signes et de symboles, qui en firent l’espace le plus densément occupé par des marqueurs religieux au XIXe siècle. Il constitua aussi l’espace public où s’exprima de plus en plus le for privé, voire la vie intime. Dans la ville des vivants, c’était à peine si les sonnettes portaient, à partir de la fin du XIXe siècle, un patronyme et parfois un prénom. Au cimetière, les morts avaient en général droit à l’énoncé de leur état civil complet. Des drames familiaux y étaient exposés par l’épitaphe et aussi la statuaire21.

     

    21Le cimetière était une grande leçon, voulue comme telle au sortir de la Révolution, d’autant que les classes sociales qui y avaient des tombeaux étaient aussi à la tête des municipalités. Sa végétation, persistante ou chaque année renaissante, évoquait le renouveau cyclique de la nature. Les inscriptions des tombeaux incitaient à l’exemplarité, par leur éloge d’êtres illustres ou obscurs qui avaient démontré pendant leur existence parfois courte les plus grandes vertus publiques ou privées. Certes l’inscription d’Ancien Régime soulignait déjà les grandes qualités de celui qu’elle commémorait – car ces longues épitaphes sont individuelles. On peut supposer que, comme aux temps modernes, le caractère encore peu fréquent de l’épigraphie funéraire sur des tombeaux pérennes encore rares avait pour but de justifier l’exception qu’ils constituaient en regard de l’océan des tombes en fosses communes : leurs bénéficiaires avaient été utiles à leur famille, à leur patrie ou à l’humanité. Ils méritaient que l’on sauvegardât leur dépouille et leur souvenir pour l’édification de leurs contemporains et concitoyens. L’éloge individuel a par la suite été abrégé, pour finalement disparaître avec la multiplication de tombeaux familiaux, mais le tombeau de famille allait alors offrir l’image de la continuité familiale et sociale. Les visiteurs à la recherche de la sépulture de quelque personnage illustre croiseraient les parents ou les amis d’un mort venus visiter son tombeau et y déposer des fleurs.

    V. De nouvelles pratiques funèbres et commémoratives

    22Revenons à notre contemporain des dernières décennies du XVIIIe siècle et des premières du XIXe. On sait qu’il a été aussi témoin au cours de sa vie d’une mutation des obsèques. Lorsque ses parents avaient été portés de leur maison mortuaire à l’église, leurs cadavres avaient été précédés et suivis par un cortège fermé ou semi-fermé qui traduisait leur statut en rassemblant des participants rétribués portant des cierges, des pauvres, des prêtres et religieux, jouant un rôle d’intercesseurs du mort auprès de Dieu, et des délégations de confréries professionnelles ou de dévotion. Leur rituel intégrait le disparu au monde des morts, dans l’au-delà. Lui-même va bénéficier d’un cortège ouvert où figurent, outre ses parents, ses confrères et ses amis, quiconque souhaite lui rendre hommage, parfois sans l’avoir personnellement connu. Le port de billets de faire-part subsiste mais on est de plus en plus avisé du décès par l’avis paru dans la presse, avec cette formule significative d’invitation : « le deuil, s’il le veut, se tiendra le… à… ». Le cortège est ouvert à quiconque souhaite rendre hommage au défunt, d’où la tendance dans les articles nécrologiques publiés ensuite dans la presse, à évaluer la notoriété voire la popularité sinon les mérites du mort au nombre de ceux qui ont participé à son enterrement22. De plus, ce cortège se reforme au sortir du lieu de culte pour conduire le mort à sa « dernière demeure », au cimetière. Certains morts bénéficient d’un hommage nouveau : le ou les discours prononcés devant sa tombe. Dans la série des Robert Macaire d’Honoré Daumier, parue de 1836 à 1838 dans Le Charivari, une planche montre combien cet usage récent est déjà entré dans les mœurs. Le mort est désormais rituellement intégré au cimetière.

    VI. Des rapports nouveaux entre vivants et morts

    23Un culte commémoratif des morts est apparu et s’est développé dans les nouveaux cimetières à travers des pratiques nouvelles de commémoration profane. Lors de la mort de ses parents, notre contemporain de ces mutations avait veillé à la célébration des messes que chaque défunt avait prescrites par testament. Il avait sinon décidé de leur nombre et de leur fréquence, demandant en particulier un trentain grégorien dans les jours qui avaient suivi le décès, puis la messe du jour anniversaire de la mort. Ces célébrations rituelles avaient scandé les étapes de l’accompagnement de l’âme du mort dans l’au-delà. À sa mort, ses proches vont sans doute faire dire, s’il est catholique, une messe à son intention peu après son enterrement et une autre au « bout de l’an », lorsqu’une année se sera écoulée depuis son décès. Leur sollicitude ne s’arrêtera pas là, car une pratique, reprise de l’Antiquité, a été mise au point et diffusée dans les grands sites urbains, Paris en premier lieu, au cours des premières décennies du XIXe siècle : celle de la « visite aux tombeaux », accompagnée de leur fleurissement – rite inconnu au XVIIIe siècle, peut-être remis en honneur par les fêtes de la période révolutionnaire, que l’on ne semble guère définir autrement que comme un hommage aux morts, une marque du souvenir. Il s’agit d’abord de couronnes d’immortelles séchées puis de fleurs fraîches ou en pot. À la fin du siècle, pour les fêtes dites de la Toussaint – cette dernière est le premier novembre et le jour des Morts est en réalité le lendemain –, le chrysanthème à la floraison tardive s’impose progressivement comme la « fleur du souvenir », sans exclusive cependant23. Autre trait : le dépôt sur des tombeaux qui sont désormais familiaux ou sur les fosses du terrain commun d’un « mobilier funéraire » doublement personnalisé : il est offert à un défunt nommément désigné et son texte peut traduire des liens directs entre le donateur et le bénéficiaire.

    24Les pratiques de la fête des Morts évoluent. L’accompagnement des âmes dans l’au-delà à l’église par des prières et des messes est doublé et tendra ensuite à être remplacé par ces pèlerinages au cimetière qui peuvent être repris en cours d’année, en ce lieu librement ouvert à la visite, jusqu’à une fois par semaine, voire par jour, à l’endroit précis où sont, pour un endeuillé, ses morts à la fois invisibles et symboliquement (ou illusoirement) présents.

    VII. Une nouvelle présence des morts dans la ville : les mémoriaux

    25Le souvenir d’hommes (et de quelques femmes) « illustres » a d’abord été commémoré au cimetière par leur buste puis leur statue, souvent élevés par souscription publique sur leur tombeau. Mais la richesse permettait aussi d’ériger des statues d’inconnus dans le paysage du cimetière, sans que l’autorité politique du moment leur attribuât une valeur d’exemplarité. La puissance publique contrôlait en revanche l’occupation de l’espace urbain. À partir du milieu du XIXe siècle, le portrait sculpté d’un mort jugé digne de mémoire commença à passer de son tombeau aux artères, places et jardins publics de la ville. Ainsi Balzac bénéficia-t-il à Paris d’abord d’un buste de David d’Angers sur sa tombe puis, à la fin du siècle, d’une statue en pied de Rodin et peu après d’une autre, assise, conçue par Falguière.

    26Les noms des morts illustres se diffusèrent de façon plus fine encore dans l’espace public : ils furent donnés à des rues, des places, des squares, plus tard à des stations de métro, des stades, des établissements d’enseignement ou hospitaliers. Les patronymes servaient certes depuis longtemps à désigner des artères, mais c’étaient ceux de propriétaires de maisons ou bien des lotisseurs d’un quartier. À travers les toponymes commémoratifs, les municipalités prenaient ainsi une maîtrise de plus en plus exclusive de la dénomination des espaces publics. Ajoutons encore les plaques posées sur la façade de la maison natale ou mortuaire ou d’habitation de quelque célébrité, souvent à l’initiative privée puis associative mais sous le contrôle du maire. Le réinvestissement de la ville par des morts prenait ainsi par ces mémoriaux de nouvelles formes, à la fois pour leur rendre hommage, pour perpétuer leur souvenir et pour qu’ils servissent d’exemple – comme auparavant les saints24.

    27Parallèlement, des mémoriaux familiaux se multiplièrent dans l’espace domestique, et en particulier ses pièces intimes, les chambres avec d’abord les travaux faits de cheveux des défunts, vrais reliquaires familiaux dont les femmes pouvaient aussi porter au cou en médaillon une version réduite, en attendant la diffusion de la photographie qui permettrait aussi, à la fin du siècle, la diffusion des portraits des morts sur les tombeaux25. La présence visuelle des morts n’a cessé de se diffuser dans la vie des vivants, à la différence de leur présence imperceptible au siècle précédent.

    VIII. Individu, famille, religion

    28La propagation, à travers la hiérarchie des agglomérations des nouveaux cimetières, des nouvelles pratiques commémoratives venues des villes a été progressive ; elle a rencontré des lenteurs et des résistances au niveau villageois. Elle a en fait duré près d’un siècle.

    29On soulignera la multiplicité des causalités emboîtées et interférant les unes avec les autres qui doivent avoir sous-tendu pareille évolution et restent à bien des égards à préciser. Ce cimetière hérité du XIXe siècle et ce culte des êtres illustres peuvent sembler le reflet d’une étape historique de l’évolution de l’Occident et en particulier de deux caractéristiques de cette aire culturelle, à savoir l’évolution de l’individualité et des rapports affectifs interpersonnels soulignée par Ph. Ariès et la crise des croyances religieuses, sur laquelle M. Vovelle a mis l’accent.

    30Ph. Ariès a lié cette évolution à la « révolution du sentiment », qu’il a aussi appelée le « sens de l’autre »26. P. Yonnet (1948-2011) avait commencé à montrer, avant sa mort prématurée, les deux évolutions majeures de la famille occidentale : le passage à l’« enfant désiré » et la prédominance du modèle du « mariage d’inclination réciproque », puis du « mariage d’amour ». L’épitaphe et la statuaire témoignent avec affectivité du drame majeur que sont à l’époque contemporaine la mort de l’enfant et celle de la jeune épouse.

    31En un siècle où la vie terrestre tendit à être de plus en plus fortement valorisée, jusqu’à devenir au XXe siècle la vie tout court dans l’expression courante, la montée de l’individu, que chaque période a cru diagnostiquer, est manifeste à travers l’hommage rendu aux grands hommes et aussi à des morts obscurs qui ont été de parfaites illustrations des vertus ou des valeurs nouvelles : l’être issu de la Révolution ne vaut plus par sa naissance mais par la qualité de sa personnalité et ses œuvres.

    32Le modèle rémanent que propose le tissu conjonctif des tombeaux pérennes est cependant celui des générations familiales. La concession, cette formule de privatisation d’une portion de l’espace public, est le bien familial par excellence, puisqu’indivis entre les héritiers du concessionnaire. Elle associe le rêve de la perpétuation familiale à celui de la reproduction sociale.

     

    33Dans l’espace cimitérial du XIXe siècle, le foisonnement des symboles religieux peut sembler en fait le signe d’une crise des croyances religieuses. Cette transition funéraire s’est produite dans le contexte de cette originalité majeure de l’histoire de l’Occident qu’est la baisse d’intensité de la foi en la religion catholique qui avait façonné sa culture, au profit non pas d’une autre religion mais du détachement religieux, d’une « sortie de la religion » (M. Gauchet), soit un processus de sécularisation des consciences, une crise de la foi en un Dieu révélé qui est aussi crise de la croyance en une forme de vie après la mort. On ne saurait néanmoins exagérer la discontinuité qu’il implique. Le cimetière du XIXe siècle semble correspondre à une culture de la mort diffuse, qui mettra sans doute près de deux siècles à se dissiper, et à l’espoir qu’existe un au-delà, même s’il est incertain, que nous avons proposé d’appeler un « vouloir croire ». La résurrection et la vie future ne sont plus une certitude absolue mais restent une espérance parfois ardente.

    34L’estompage de l’au-delà chrétien mais non celui de la croyance en une certaine survie après la mort pourraient avoir fait naître, pendant trois à quatre générations, la « société de conservation », naguère décrite par le sociologue J.-D. Urbain, cette fiction d’une présence diffuse et invisible mais intuitivement perceptible des morts dans leurs caveaux qu’illustre le cimetière du XIXe siècle à son apogée – du moins à travers les concessions27. Elle est suggérée par un ensemble de discours aujourd’hui bien oubliés, par le foisonnement des signes et des inscriptions, l’atmosphère même des cimetières urbains. Le « sommeil » à perpétuité de ces morts parfois embaumés28 serait le succédané compensatoire et consolateur de l’espérance d’une vie éternelle.

    IX. La fin d’un cycle ?

    35L’autre alternative à l’au-delà des religions révélées est la perpétuation du souvenir des morts dans la mémoire individuelle, familiale ou collective des vivants. Le XIXe siècle finissant était saturé de mémoriaux : tombeaux individuels et familiaux, mais aussi plaques de rues, plaques sur les maisons natales et mortuaires, statues des hommes dignes de mémoire. Les cimetières en particulier allaient connaître une sorte d’âge d’or en France entre le Second Empire et l’entre-deux-guerres. Dans les grandes villes cependant, ils furent ensuite remis en cause pour leur gigantisme, l’épuisement de la créativité de leur urbanisme, de l’architecture et la sculpture funéraire, la nécrose de leur paysage minéral sous l’effet de l’abandon et de l’oubli et de leur paysage végétal, parvenu au terme de la durée de vie de ses espèces, et aussi la montée en nombre des crémations. Vint le temps où les souvenirs domestiques prirent le pas sur les tombeaux du cimetière et sur les commémorations collectives et où Jean Cocteau put écrire : « Le vrai tombeau des morts est le cœur des vivants. »

    Bibliographie

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    Notes de bas de page

    1 Bertrand 2011, p. 21-56.

    2 Vovelle – Bertrand 1983, p. 13.

    3 Passage d’une population ayant des taux de natalité et de mortalité élevés à une population ayant des taux de natalité et de mortalité faibles.

    4 Dainville-Barbiche 2014, p. 57-58 ; Bertrand – Carol 2016, p. 65-91 (avec les arrêts de parlements antérieurs : Rennes, 1719 ; Paris, 1765 ; Toulouse, 1774).

    5 Bertrand 2014, p. 271 et 277-280.

    6 Thebault 2004, p. 114-124.

    7 Vovelle 1973, p. 100-107 et 333-339 ; Chaunu 1978, p. 317-327 et 434-445 ; Bertrand 2011, p. 29-30.

    8 Zeller 2002, p. 76-77.

    9 Bertrand – Carol 2016, p. 39-64.

    10 Bertrand 2015, p. 68-70.

    11 Bertrand – Carol 2016, p. 65-82, et textes p. 363-370.

    12 Ariès 1977, p. 468.

    13 Lassère 1997, p. 31-57.

    14 Hintermeyer 1981 ; Etlin 1984, p. 199-228 ; Bertrand – Carol 2016, p. 93-112.

    15 Nègre 2000 ; Meidinger 2002, I, p. 163-310.

    16 Publiés par Iszatt-Christy 2011, p. 293-302 ; Etlin 1984, p. 303-369.

    17 Etlin 1984, p. 65-69.

    18 Vovelle 1983, p. 631-650 ; Lassère 1997, p. 97-202 ; Kselman 1993, p. 165-221 ; Lindsay 2012, p. 21-56 ; Bertrand – Groud 2016, p. 23-80. Pour replacer cette évolution dans un contexte plus large : Curl 2002 ; Laqueur 2018.

    19 Vidor 2012 ; Malone 2017.

    20 Bertrand 2015, p. 73-74.

    21 Sur les tombeaux : Bertrand – Groud 2016, p. 180-272.

    22 Bertrand 2006, p. 123-127.

    23 Bertrand 2011, p. 139-155.

    24 Lalouette 2018 ; Bouvier 2007.

    25 Chanlot 1986 ; J. Bolloch dans Héran 2002, p. 112-145.

    26 Ariès 1977, p. 464-466 et 603-608 ; Yonnet 2006.

    27 Urbain 1978, 1989.

    28 Carol 2015.

    Auteur

    • Régis Bertrand

      Aix-Marseille Université, CNRS, UMR 7303 TELEMMe

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    1 Bertrand 2011, p. 21-56.

    2 Vovelle – Bertrand 1983, p. 13.

    3 Passage d’une population ayant des taux de natalité et de mortalité élevés à une population ayant des taux de natalité et de mortalité faibles.

    4 Dainville-Barbiche 2014, p. 57-58 ; Bertrand – Carol 2016, p. 65-91 (avec les arrêts de parlements antérieurs : Rennes, 1719 ; Paris, 1765 ; Toulouse, 1774).

    5 Bertrand 2014, p. 271 et 277-280.

    6 Thebault 2004, p. 114-124.

    7 Vovelle 1973, p. 100-107 et 333-339 ; Chaunu 1978, p. 317-327 et 434-445 ; Bertrand 2011, p. 29-30.

    8 Zeller 2002, p. 76-77.

    9 Bertrand – Carol 2016, p. 39-64.

    10 Bertrand 2015, p. 68-70.

    11 Bertrand – Carol 2016, p. 65-82, et textes p. 363-370.

    12 Ariès 1977, p. 468.

    13 Lassère 1997, p. 31-57.

    14 Hintermeyer 1981 ; Etlin 1984, p. 199-228 ; Bertrand – Carol 2016, p. 93-112.

    15 Nègre 2000 ; Meidinger 2002, I, p. 163-310.

    16 Publiés par Iszatt-Christy 2011, p. 293-302 ; Etlin 1984, p. 303-369.

    17 Etlin 1984, p. 65-69.

    18 Vovelle 1983, p. 631-650 ; Lassère 1997, p. 97-202 ; Kselman 1993, p. 165-221 ; Lindsay 2012, p. 21-56 ; Bertrand – Groud 2016, p. 23-80. Pour replacer cette évolution dans un contexte plus large : Curl 2002 ; Laqueur 2018.

    19 Vidor 2012 ; Malone 2017.

    20 Bertrand 2015, p. 73-74.

    21 Sur les tombeaux : Bertrand – Groud 2016, p. 180-272.

    22 Bertrand 2006, p. 123-127.

    23 Bertrand 2011, p. 139-155.

    24 Lalouette 2018 ; Bouvier 2007.

    25 Chanlot 1986 ; J. Bolloch dans Héran 2002, p. 112-145.

    26 Ariès 1977, p. 464-466 et 603-608 ; Yonnet 2006.

    27 Urbain 1978, 1989.

    28 Carol 2015.

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    Transitions funéraires en Occident

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    Bertrand, R. (2023). Une transition funéraire entre Louis XVI et Louis-Philippe. In G. Cuchet, N. Laubry, & M. Lauwers (éds.), Transitions funéraires en Occident. Rome: Publications de l’École française de Rome. https://doi.org/10.4000/books.efr.56828
    Bertrand, Régis. « Une transition funéraire entre Louis XVI et Louis-Philippe ». In Transitions funéraires en Occident, édité par Guillaume Cuchet, Nicolas Laubry, et Michel Lauwers. Rome: Publications de l’École française de Rome, 2023. doi:10.4000/books.efr.56828.
    Bertrand, Régis. « Une transition funéraire entre Louis XVI et Louis-Philippe ». Transitions funéraires en Occident, édité par Guillaume Cuchet et al., Publications de l’École française de Rome, 2023, https://doi.org/10.4000/books.efr.56828.

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    Cuchet, G., Laubry, N., & Lauwers, M. (éds.). (2023). Transitions funéraires en Occident. Rome: Publications de l’École française de Rome. https://doi.org/10.4000/books.efr.52128
    Cuchet, Guillaume, Nicolas Laubry, et Michel Lauwers, éd. Transitions funéraires en Occident. Rome: Publications de l’École française de Rome, 2023. doi:10.4000/books.efr.52128.
    Cuchet, Guillaume, et al., éditeurs. Transitions funéraires en Occident. Publications de l’École française de Rome, 2023, https://doi.org/10.4000/books.efr.52128.
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