Annexe I. Les zouaves pontificaux

Méthodologie suivie pour réaliser les bases de données sur les zouaves pontificaux et sur la Légion d’Antibes

1Conservées au sein de l’Archivio di Stato de Rome, les matricules des zouaves pontificaux et de la Légion d’Antibes sont des documents d’une grande richesse, qui permettent de mener une analyse quantitative des soldats de ces deux corps. Jusqu’à présent, les quelques études réalisées en ce sens au sujet des zouaves français – en premier lieu par Michel Lagrée, auteur d’une carte de leur recrutement1 – paraissent avoir été conduites à partir de la matricule éditée à Lille en 19102. Cette dernière est cependant bien moins riche que la matricule romaine – elle ne mentionne notamment pas la profession des recrues. Par ailleurs, les informations données par les deux matricules ne concordent pas toujours et les vérifications opérées ont montré que la matricule romaine était plus fiable.

2Plutôt que de procéder à un échantillonnage statistique, nous avons préféré construire pour chacun des deux corps une base de données intégrant la totalité des hommes qui y avaient servi. Si une telle façon de procéder présentait l’inconvénient d’être plus longue à réaliser, elle offrait la possibilité de mener une analyse plus fine de la population étudiée, en autorisant notamment l’étude de sous-populations spécifiques.

3Les données portées à partir des informations des matricules ont été pour chaque soldat : le numéro de matricule, le nom, la commune, le département et le pays de domicile, la profession, la date de naissance, la commune, le département et le pays de naissance, la date d’incorporation au corps et la qualité de simple soldat ou d’officier. Nous avons par ailleurs procédé à deux codages, destinés à permettre une exploitation plus aisée des données. Le premier a concerné les pays de naissance, le second les professions. Enfin, nous avons également ajouté une colonne mentionnant l’âge lors du recrutement.

4Le traitement de la matricule de la Légion d’Antibes n’a pas posé de problème particulier. Il n’en allait pas de même pour la matricule des zouaves pontificaux. Si celle-ci avait dans un premier temps été remplie avec rigueur, les informations portées à partir de la fin de l’année 1861 étaient parfois incomplètes. Bien souvent, n’était mentionnée dans la rubrique « domicile » que la seule ville, sans que le département ne fût précisé. Cette lacune nous a forcé à mener un long travail de recherches dans les états civils numérisés, de manière à déterminer le département dans les cas – nombreux – où le nom de ville mentionné pouvait renvoyer à plusieurs communes différentes. Par ailleurs, parfois, même mentionnées, les informations étaient difficilement déchiffrables. Pour 196 zouaves français, soit 6 % d’entre eux, il a été impossible de déterminer le département de domicile – ce chiffre est suffisamment faible pour ne pas remettre en cause nos conclusions.

5La matricule des zouaves mentionne 10 920 recrues parmi les simples soldats et les sous-officiers et 183 officiers. Certains individus ayant été successivement soldats puis officiers et d’autres ayant contracté plusieurs engagements séparés par une période de retour à la vie civile, la matricule contient un certain nombre de doublons qu’il faut éliminer pour établir le nombre exact des zouaves. Celui-ci est de 10 145 hommes, parmi lesquels on compte 3 210 Français. À ces 10 145 hommes, on a choisi de rajouter pour compléter notre base de données les noms de 116 Canadiens partis le 31 août 1870 d’Amérique et ayant appris la prise de Rome alors qu’ils se trouvaient en Bretagne, puisque le général de Charrette les avait par la suite reconnus comme zouaves et leur avait accordé un numéro de matricule3.

Le codage par profession

6Les matricules signalent la profession des soldats au moment de leur engagement. L’information qui y est portée est le résultat d’une déclaration faite par les acteurs eux-mêmes. Pour la dizaine de milliers d’engagés au sein des zouaves pontificaux, on relève environ quatre cents professions différentes déclarées, ce qui rendait nécessaire de procéder à un codage afin de pouvoir mener une analyse statistique de l’ensemble.

7Les catégories ont été déterminées en partant de la source elle-même. Certaines s’imposaient de manière assez évidente, en raison du très grand nombre de zouaves qui s’en réclamaient. 1 235 zouaves se disaient ainsi étudiants/« studenti »4 et nous avons donc choisi de créer autour de ce noyau une catégorie ; il a été fait de même pour les propriétaires/« possidenti » (884), les cultivateurs/« coltivatori » (1 442), les ouvriers/« operai » (960) et les employés/« impiegati » (445). Ont par ailleurs été créées des catégories « Artisanat et commerce », « Professions intellectuelles et artistiques », « Professions militaires », « Professions religieuses » et « Domesticité ».

8Comme tout codage, celui utilisé tend à écraser une partie des informations de la source brute, dans le but de rendre son traitement statistique opératoire. Il conduit ainsi inévitablement à masquer les différences internes au sein de chaque catégorie retenue. Le problème se pose particulièrement pour la catégorie « Artisanat et commerce », que l’on pourra trouver fort hétéroclite, mais l’imprécision des registres empêchait d’utiliser des désignations plus fines. Le codage risque toujours, par ailleurs, de conduire au contraire à rigidifier les différences entre les catégories retenues, dont les frontières ne sont pourtant, dans la réalité, pas imperméables5. Il importe par conséquent de garder à l’esprit ces deux limites pour ne pas surinterpréter les résultats du traitement statistique.

9Catégories :

• Étudiants : toutes les recrues dont les études étaient encore en cours au moment de leur enrôlement. On peut supposer qu’il s’agit essentiellement de personnes appartenant aux classes supérieures de la population.
• Propriétaires : toutes les recrues se désignant comme telles ou comme rentiers. Si la catégorie exclut clairement les personnes les plus pauvres de la société, elle n’exclut pas a priori des membres de couches intermédiaires, comme par exemple les paysans propriétaires.
• Travailleurs de la terre : toutes les personnes dont le travail a à voir avec l’agriculture. Une telle catégorie inclut sans doute une certaine diversité de conditions sociales.
• Employés, commis, secrétaires : toutes les recrues exerçant un travail de nature avant tout non manuelle qui les situe généralement parmi les couches intermédiaires de la société.
• Ouvriers : toutes les personnes travaillant dans l’industrie et ayant sans doute un faible degré de qualification.
• Commerçants et artisans : toutes les recrues dont le travail consiste en la fabrication et/ou la vente de biens ou de services, à l’exclusion des ouvriers sans qualification et des professions intellectuelles et artistiques.
• Professions intellectuelles et artistiques : toutes les personnes dont le travail requiert des savoir-faire ou des connaissances très peu répandus dans la société.
• Professions religieuses : les anciens religieux.
• Professions militaires : les anciens soldats et officiers.
• Domesticité : toutes les recrues dont le travail est marqué par un très fort lien de subordination personnelle à l’égard de leur employeur.
• Autres : toutes les recrues ne pouvant être rangées dans les catégories précédentes.

Carte 8 – Origine des zouaves français issus du commerce ou de l’artisanat. Carte réalisée avec Philcarto.

Carte 8 bis – Part des artisans et des commerçants parmi les zouaves français (par département). Carte réalisée avec Philcarto.

Carte 9 – Origine des zouaves français issus de l’agriculture. Carte réalisée avec Philcarto.

Carte 9 bis – Part des paysans parmi les zouaves français (par département). Carte réalisée avec Philcarto.

Carte 10 – Origine des zouaves français ouvriers. Carte réalisée avec Philcarto.

Carte 10 bis – Part des ouvriers parmi les zouaves français (par département). Carte réalisée avec Philcarto.

Carte 11 – Origine des zouaves français propriétaires. Carte réalisée avec Philcarto.

Carte 12 – Origine des zouaves français étudiants. Carte réalisée avec Philcarto.

Carte 13 – Origine des zouaves français employés. Carte réalisée avec Philcarto.

Carte 14 – Origine des zouaves français domestiques. Carte réalisée avec Philcarto.

Carte 15 – Origine des zouaves français issus de professions militaires. Carte réalisée avec Philcarto.

Carte 16 – Origine des zouaves français issus de professions intellectuelles ou artistiques. Carte réalisée avec Philcarto.

Carte 17 – Origine des zouaves français religieux. Carte réalisée avec Philcarto.

Carte 18 – Part des membres des classes populaires et moyennes parmi les zouaves français (par département). Carte réalisée avec Philcarto.

Annexe II. La Légion d’Antibes

Annexe III. Le denier de Saint-Pierre

10Précisions à propos de la réalisation des cartes concernant la collecte du denier de Saint-Pierre

11Si la plupart des unités spatiales représentées sur les cartes de la collecte du denier de Saint-Pierre correspondent à des diocèses, il existe quelques exceptions. Cela a été rendu nécessaire par le fait que nous disposions des montants des dons de chaque diocèse et de la population de chaque département, mais que diocèses et départements ne correspondaient pas toujours au XIX^e siècle.

12Lorsqu’un même département englobait plusieurs diocèses (c’est le cas des Bouches-du-Rhône, avec les diocèses d’Aix et de Marseille, et de la Savoie, avec les diocèses de Chambéry, de Saint-Jean-de-Maurienne et de Tarentaise), nous avons additionné les dons des diocèses concernés pour ensuite diviser leur montant par la population du département. Lorsqu’à l’inverse un diocèse englobait deux départements (c’est par exemple le cas du diocèse de Besançon avec le Doubs et la Haute-Saône), nous avons divisé les dons du diocèse par la somme de la population des deux départements qui le composaient.

13Enfin, deux cas étaient plus complexes. Le diocèse de Reims correspondait au département des Ardennes auquel s’ajoutait l’arrondissement de Reims (le diocèse de Châlons correspondait par conséquent au diocèse de la Marne moins l’arrondissement de Reims), tandis que le diocèse de Fréjus correspondait au département du Var auquel s’ajoutait l’arrondissement de Grasse (le diocèse de Nice correspondait par conséquent au département des Alpes-Maritimes moins l’arrondissement du Var). La précision de la population des arrondissements dans la Statistique de la France a permis de recalculer la population de chacun des diocèses concernés.

Carte 19 – Provenance des dons au pape remis à la nonciature de Paris entre 1860 et 1870 (chiffres absolus). Carte réalisée avec Philcarto.

Carte 20 – Provenance des dons au pape en 1864 (chiffres absolus). Carte réalisée avec Philcarto.