Chapitre 6. La micro-région de la vallée du Sarno et de la péninsule sorrentine
p. 359-376
Texte intégral
1Il faut souligner d’emblée que les données publiées concernent majoritairement l’Orientalisant ancien de la vallée du Sarno, de la seconde moitié du VIIIe siècle au second quart du VIIe siècle. Le premier âge du Fer est principalement documenté dans les tombes à partir du début du VIIIe siècle, tandis que les zones fouillées n’ont révélé que très peu de contextes datés de l’Orientalisant moyen ou récent, dans la périodisation générale.
2La chronologie de l’habitat de Poggiomarino-Longola indique cependant une occupation continue de l’âge du Bronze à la première moitié du VIe siècle, ce qui montre combien les données disponibles sont encore lacunaires, et permettent seulement d’ébaucher une interprétation sur l’évolution des importations entre le IXe et le VIe siècle.
3Cet espace a longtemps été considéré en marge des dynamiques tyrrhéniennes, composé de petits villages agricoles peu développés. Cette conception traditionnelle a été très fortement remise en cause par les découvertes de l’habitat de Poggiomarino, qui montre l’existence d’un artisanat spécialisé et une insertion précoce dans les échanges.
6.1. Le premier âge du Fer dans la vallée du Sarno
6.1.1. Les nécropoles
4Un premier aspect marquant des nécropoles de la vallée du Sarno concerne la faible densité d’occupation des zones fouillées1. Cette distribution espacée des tombes, respectée au cours du temps, l’adoption d’une même orientation et d’un même type de tombes sont autant d’éléments qui donnent l’impression d’aires funéraires organisées au niveau de la communauté, avec une grande homogénéité de pratiques à l’échelle de la micro-région. Bien que les données disponibles soient encore parcellaires, il semble possible d’identifier un développement par bandes concentriques, notamment à San Marzano sul Sarno, depuis des zones probablement proches d’un habitat, imaginé par F. Mermati au sommet d’une colline basse, descendant ensuite peu à peu le long des pentes (fig. 28, ch. 2)2.
5Une pratique spécifique aux nécropoles de la vallée du Sarno a été identifiée dans tous les secteurs fouillés (fig. 133-137) : il s’agit d’une structure particulière de tombe, avec un canal circulaire creusé dans le sol au niveau de la fosse, et qui était probablement lié à une structure en bois, une sorte de cabane, qui monumentalisait la sépulture3.
6En ce qui concerne les mobiliers, le premier âge du Fer est caractérisé par une absence d’indicateurs genrés féminins : on ne trouve pas d’objets liés au tissage ou au filage, contrairement à ce qui a été constaté dans d’autres sites campaniens. On trouve par contre un certain nombre d’armes dans les tombes4 qui sont considérées comme des tombes masculines5.
7Les vases d’impasto sont peu nombreux6. De façon récurrente, les tombes contiennent un vase conteneur, un pot par exemple, placé aux pieds du défunt, ce qui peut être lié à une valorisation de la possession de ressources agricoles7.
8Ces constats ont conduit dans un premier temps à interpréter la société de la vallée du Sarno comme une société faiblement différenciée8, avec un habitat de type « paganique dispersé9 ». Le nombre de vases par tombe augmente sensiblement dans la seconde moitié du VIIIe siècle10. Des objets liés au tissage et au filage apparaissent dans des tombes, considérées de ce fait comme féminines, tandis que la fréquence des armes diminue11.
9P. Gastaldi a proposé une interprétation des modifications qui interviennent dans le mobilier funéraire en termes d’idéologie funéraire : on passerait à l’époque orientalisante d’une recherche de la qualité à une recherche de la quantité pour exprimer le statut social de l’individu ou du groupe12. Le nombre d’ornements augmente, et certains indicateurs communs à l’ensemble des sites campaniens apparaissent également dans la vallée du Sarno : outils de travail en fer (hache), broches, couteaux, etc.13. Les tombes à structure complexe, entourées d’un canal circulaire avec une fosse de grande taille, sont également plus nombreuses14. La présence à San Valentino Torio de deux tombes d’enfants15 avec un canal circulaire, au milieu de fosses du même type, mais de grande taille, a été interprétée comme un signe du transfert de la distinction conférée par ce type de structure au groupe familial dans son ensemble, et non plus seulement à certains adultes16.
10Certaines tombes ont été attribuées à des individus originaires de Daunie, du fait de leur orientation différente, mais surtout de la position recroquevillée des cadavres, ainsi que de la concentration de ces tombes dans un même espace17.
11Le passage à l’époque orientalisante a été placé par P. Gastaldi et B. D’Agostino au milieu du VIIIe siècle, du fait d’un changement dans la composition des mobiliers, et surtout de l’apparition de céramique de type grec18. La phase I de l’Orientalisant de la vallée du Sarno coïncide de fait avec la fin de la phase II de l’âge du Fer pour Pontecagnano19.
12Contrairement à ce qui a été observé dans d’autres sites campaniens, comme Pontecagnano ou Capoue, on observe une continuité dans l’occupation et l’organisation des aires funéraires entre le premier âge du Fer et l’Orientalisant ancien. Il faut également souligner que les tombes datées de l’Orientalisant ancien semblent très nombreuses par rapport aux tombes des périodes précédentes et postérieures, même s’il est impossible de savoir s’il s’agit effectivement d’une augmentation de la population ou d’un biais documentaire, avec des secteurs fouillés principalement concernés par les tombes de cette période.
13Il faut souligner ici l’adoption d’un système chronologique particulier dans la vallée du Sarno, en tout cas dans un premier temps. L’Orientalisant démarrerait autour du milieu du VIIIe siècle, soit un quart de siècle plus tôt que dans les autres sites campaniens. Cette première période orientalisante est scindée en deux : l’Orientalisant ancien I (750-725) et l’Orientalisant ancien II (725-675)20. Les tombes postérieures à cette époque étaient très peu nombreuses dans les années 1970, quand P. Gastaldi et B. D’Agostino ont proposé cette périodisation. Il n’y a donc pas de chronologie spécifique aux sites de la vallée du Sarno après le second quart du VIIe siècle. On trouve ainsi souvent dans la bibliographie l’utilisation d’une périodisation plus traditionnelle qui évoque l’Orientalisant moyen ou récent, mais également l’Orientalisant ancien, sans qu’on sache toujours bien s’il s’agit de la période « commune » (725-675) ou de l’Orientalisant ancien de la vallée du Sarno (750-675). On écrira ici « OA I » et « OA II » pour se référer à la chronologie locale, et « Orientalisant ancien » pour la chronologie commune.
6.1.2. Poggiomarino
14À l’occasion de la construction d’une station d’épuration des eaux du Sarno, les traces d’un habitat protohistorique ont été exhumées. Situé dans une zone marécageuse ou lagunaire, cet habitat était composé d’une série d’îlots, surélevés et protégés de l’eau par un système de palissades en bois21. Un grand nombre d’éléments en bois ont pu être fouillés, conservés dans le sol très humide22. Une structure du même type a également été signalée dans le lieu-dit Affrontata dello Specchio23.
15La culture matérielle du site a révélé la présence de formes villanoviennes, à côté de vases typiques de la culture de la Tombe à Fosse. Ce phénomène indique peut-être que les groupes villanoviens installés à Capoue et à Pontecagnano ont échangé avec la vallée du Sarno24.
16Les fouilles de Poggiomarino ont montré l’existence d’un artisanat développé et de formes complexes d’habitat, ce qui modifie fortement le cadre traditionnel. La vallée du Sarno est souvent considérée, dans le cadre de la Campanie archaïque, comme un territoire agricole, qui a fourni des ressources alimentaires aux Grecs lors des premiers moments de Pithécusses25. L’existence d’ateliers métallurgiques est attestée par la découverte de nombreuses scories, ainsi que de moules pour ornements. Il est probable que certaines cabanes aient été réservées à cet usage26. La quantité d’objets découverts semble indiquer que ces productions n’étaient pas limitées à la production individuelle à usage domestique, mais probablement échangées en partie.
17Des pirogues de plus de sept mètres de longueur ont été trouvées en correspondance d’anciens canaux qui reliaient le site de Poggiomarino au fleuve Sarno. Leur chargement, conservé, était composé de bois, de céréales et de limon27. On a par ailleurs découvert des pierres provenant de l’île d’Ischia dans des niveaux orientalisants de Poggiomarino. Cette particularité a été interprétée comme une confirmation de l’existence d’échanges entre les deux sites, avec peut-être des pierres qui servaient à caler le fond des navires, une fois déchargés les biens fournis par les centres de la vallée du Sarno (céréales ?)28. La difficulté de datation des pirogues, ainsi que le caractère préliminaire des publications existantes, invitent cependant à la prudence sur ce point.
6.2. Les biens allogènes dans la vallée du Sarno pendant l’Orientalisant ancien et moyen
18Dans le chapitre qui suit, nous proposons un état des lieux de nos connaissances sur les biens allogènes dans la vallée du Sarno, enrichies récemment de nouvelles publications sur Striano et San Marzano, afin de voir dans quelle mesure l’image traditionnelle d’une micro-région en marge des échanges campaniens demeure valide.
19Les productions allogènes connues dans les sites de la micro-région du Sarno sont pour leur très grande majorité concentrées pendant l’OA local (750-675), avec comme marqueur chronologique de la fin de l’âge du Fer l’apparition de coupes de type grec à chevrons flottants de tradition Géométrique moyen II (775-750), mais datables plus probablement du Géométrique récent I (750-725). Ces coupes se révèlent cependant être presque toutes des productions locales, ce qui a conduit à commencer cette présentation des biens allogènes par une sous-section sur les productions locales de type grec.
6.2.1. Les productions locales de type grec
20La majorité des vases de type grec que l’on trouve dans les tombes de la vallée du Sarno à partir de l’OA I sont en fait des productions locales29, qui débutent donc peu de temps après l’installation des Grecs à Pithécusses. L’hypothèse d’une présence sur place d’artisans eubéens est d’ailleurs probable30. L’ensemble de ces productions de type grec montre l’importance de l’influence des productions de Pithécusses-Cumes, au point qu’il n’est pas toujours aisé de distinguer leurs vases des productions locales31.
6.2.2. Les importations dans les nécropoles de la vallée du Sarno
6.2.2.1. Les biens allogènes lointains
6.2.2.1.1. Les orientalia
21On connaît très mal les ornements en perle de pâtre vitrée, en faïence, et les scarabées de la vallée du Sarno, en particulier pour San Marzano sul Sarno et San Valentino Torio32. En ce qui concerne Striano, on trouve quelques scarabées33, ainsi que des perles de pâte vitrée34.
6.2.2.1.2. Les coupes grecques
22Les objets provenant vraiment de Grèce égéenne sont peu nombreux dans la vallée du Sarno, provenant principalement de Corinthe. En ce qui concerne San Valentino Torio et San Marzano sul Sarno, les données disponibles restent celles de la typologie établie par B. D’Agostino35, avec quelques contextes évoqués ou publiés par la suite36.
23Les tombes de Striano ne contenaient pas de vases corinthiens. On peut remarquer la présence probable d’une kotyle Aetos 666 et d’un skyphos de Thapsos, ce qui montre que la vallée du Sarno reçoit les plus anciens vases corinthiens attestés en Campanie. On a souvent fait l’hypothèse d’une médiation de Pithécusses, puisque tous ces exemplaires sont par ailleurs représentés dans la nécropole grecque, interprétation sur laquelle nous reviendrons en conclusion de ce chapitre.
6.2.2.1.3. Les productions étrusco-latiales
24Une amphore d’impasto à spirale a été trouvée dans la tombe éminente 164 de San Marzano37, ce qui rappelle des cas similaires de Pontecagnano et Pithécusses, à rattacher à des rapports privilégiés entre élites tyrrhéniennes. On trouve également des productions de bucchero étrusque dans deux tombes de l’Orientalisant récent de San Valentino Torio38, ainsi que quelques onguentaires étrusco-corinthiens, dont l’origine étrusque n’est cependant pas assurée39.
6.2.2.1.4. Les vases d’Italie méridionale
25On trouve dans toutes les nécropoles de la vallée du Sarno quelques exemplaires de vases a tenda ainsi que de productions géométriques dauniennes40, phénomène déjà observé dans les autres micro-régions campaniennes. Ces vases sont présents notamment à San Marzano41. Deux vases de type Oliveto-Citra Cairano, en impasto, appartenaient au mobilier de deux tombes proches de San Marzano sul Sarno42.
6.2.2.2. Les importations régionales
6.2.2.2.1. Pithécusses-Cumes
26On trouve dans les tombes de la vallée du Sarno un certain nombre d’importations des centres grecs de Campanie, dès le GR I, bien qu’il soit parfois difficile de les distinguer des productions locales qui débutent au même moment43. Les formes concernées sont uniquement des vases liées à la boisson, oenochoés et coupes à boire. On ne trouve aucun aryballe, ni productions de Red Slip Ware.
6.2.2.2.2. Capoue
27Plusieurs éléments indiquent l’existence de relations d’échange entre Capoue et la vallée du Sarno, à commencer par la présence de fibules spécifiques des productions capouanes44. Des tasses avec l’anse en forme de lyre, typiques de certaines tombes distinguées de Capoue, ont été trouvées dans des tombes également distinguées de la vallée du Sarno45, en plus de possibles productions italo-géométriques de Campanie interne.
6.2.3. Analyse spatiale de la présence de biens allogènes pendant l’époque orientalisante
6.2.3.1. La distinction des tombes
28Le manque de données sur un large échantillon contraint à n’envisager la distinction des tombes que de façon qualitative, d’autant plus que les associations de la grande majorité des contextes publiés de San Valentino Torio et de San Marzano sont très mal connues46.
29Un premier élément de distinction semble être constitué par la présence d’une structure monumentalisée autour de la tombe, les canaux circulaires identifiés dans le chapitre précédent. Ce type de structure est lié à des fosses d’une taille supérieure à la moyenne, ainsi qu’à des mobiliers plus fournis et contenant souvent des objets rares ou précieux47. C’est avant tout pendant les deux premières phases de l’Orientalisant (750-675) de la vallée du Sarno que l’on observe l’apparition d’une distinction plus marquée pour certaines tombes, à travers l’augmentation du nombre de vases, mais également avec des objets spécifiques, que l’on retrouve ailleurs en Campanie : des instruments de travail48, des instruments liés au sacrifice49, ou des objets en bronze liés au banquet50.
30Certaines tombes se distinguent par la concentration de plusieurs éléments de distinction, comme la présence d’un canal circulaire d’un diamètre supérieur à la moyenne, la présence d’un très grand nombre de vases et d’objets rares51.
31La tombe 992 de San Marzano (secteur Romano, fig. 28 ch. 2 et fig. 134 en annexe 3), qui a été retrouvée à peu près intacte, contenait un bassin de bronze, une amphore chiote semblable à un exemplaire de Pithécusses, ainsi qu’une coupe grecque de Pithécusses-Cumes, des broches, un couteau, un pendentif en ambre probablement travaillé à Pithécusses, des mors de cheval en fer et peut-être des éléments relatifs à une sorte de petit char52. Ce contexte exhibe des signes de distinction semblables à ceux que l’on retrouve à Capoue ou à Pontecagnano : l’existence d’une tombe au moins de ce type montre ainsi que les groupes dominants de la vallée du Sarno ont pu probablement atteindre un niveau économique comparable, mais surtout qu’ils adhèrent peut-être à cette idéologie funéraire commune, où l’on exhibe dans la tombe certains symboles spécifiques et certaines productions allogènes prestigieuses comme les vases en métal. Cette tombe se distingue également par la présence d’une double structure de canal circulaire, ainsi que par le diamètre du plus grand canal : il semble, étant donnée surtout la fréquence croissante des structures à canal pendant l’époque orientalisante, qu’une forme supplémentaire de distinction soit liée à la taille de la fosse, au diamètre du canal et éventuellement à la présence d’un second canal.
32La nécropole de San Valentino Torio, dans un secteur inédit53, a révélé la présence d’une tombe de type princier (fig. 27, ch. 2). La tombe 818, datée de la première moitié du VIIe siècle, contenait en effet plus de 200 objets de mobilier, dont des ornements en bronze et en argent, de nombreux instruments liés au tissage, des broches, un couteau, une hache, mais également des productions allogènes diversifiées : scarabées de faïence, céramique de type protocorinthien, céramique daunienne, oenochoé campanienne ou étrusque54. Dans le secteur Milone se trouvait probablement une autre tombe très éminente, la tombe 592 (700-675). Elle contenait une amphore de type phénicien à ogive, provenant peut-être de Sulcis en Sardaigne, ainsi que des vases grecs et de type grec, des scarabées55. Ces quelques exemples, dans l’attente d’une meilleure connaissance du reste des tombes, montrent bien qu’il ne faut pas sous-estimer le rôle de la vallée du Sarno et de ses élites dans les échanges en Campanie à l’époque orientalisante, ne serait-ce que comme consommateurs des produits échangés.
6.2.3.2. Phénomènes généraux
33Les trois sites de nécropole de San Marzano sul Sarno, San Valentino Torio et Striano vont ici être étudiés ensemble, dans la mesure où un certain nombre d’éléments sont communs à l’ensemble des secteurs, ce qui est en soi un phénomène qui confirme la cohérence de cette micro-région comme unité d’analyse pour les échanges.
6.2.3.2.1. Les biens allogènes avant l’Orientalisant ancien I
34Parmi les tombes publiées, peu contiennent finalement des biens allogènes. Les importations débutent au passage à l’Orientalisant ancien I dans les trois sites, à l’exception d’ornements en pâte vitrée et en faïence à Striano, ou du petit char en bronze de la tombe 232 (milieu du IXe siècle). On peut remarquer la présence de perles en pâte vitrée dans un certain nombre de contextes de la seconde phase du Préhellénique (première moitié du VIIIe siècle) à Striano56. Bien que l’échantillon soit réduit, cela montre en tout cas que les orientalia ne sont pas absents de la vallée du Sarno, même s’il serait intéressant de mieux connaître le moment d’apparition de ces ornements orientaux dans les tombes, ainsi que leur diffusion, car ils constituent peut-être un indice d’une fréquentation du littoral de la vallée du Sarno par les navires venus d’Orient avant l’installation des Grecs à Pithécusses.
35On peut d’emblée constater sur les plans que les vases de Pithécusses-Cumes sont diffusés dans tous les secteurs, sans être nécessairement associés à des tombes éminentes. On trouve également souvent des imitations locales de type grec à proximité, parfois associées dans les mêmes contextes57. De même, les tombes les plus éminentes ne comportent pas nécessairement de biens allogènes, bien qu’il faille rester prudent du fait des pillages d’une partie des mobiliers pendant l’Antiquité58.
36En ce qui concerne le lien préférentiel de certaines productions allogènes avec la distinction des tombes, la situation montre en fait surtout les limites d’une définition de la distinction des tombes fondée uniquement sur la structure extérieure, comme évoqué précédemment. Les bassins en bronze, qui peuvent être considérés comme des biens de luxe, par leur valeur intrinsèque, sont en effet attestés dans cinq tombes à San Marzano et San Valentino, dont deux sont de simples fosses sans canal. Il s’agit de la tombe 112 de San Marzano et de la tombe 159 de San Valentino, qui sont cependant à proximité de secteurs riches en tombes monumentalisées : en l’absence de données anthropologiques, il est difficile d’interpréter ce fait. Il semble en tout cas qu’il y ait concentration de signes de distinction, monumentalisation ou objets luxueux, dans les mêmes secteurs, en particulier autour de certaines tombes très distinguées, comme les tombes 123 et 164 de San Marzano, ou les tombes 178 et 180 de San Valentino. On trouve également un bassin en bronze dans la tombe 992, associé à une amphore de transport chiote59 et deux amphores de transport, cette fois des productions locales de Pithécusses, dans la tombe 249, une simple fosse, mais située à proximité immédiate des tombes les plus distinguées de San Marzano60 ainsi que dans une tombe du même niveau à Striano61.
37On trouve à plusieurs reprises l’idée d’un lien préférentiel, dans la vallée du Sarno, entre genre féminin62 et biens allogènes63. Certains mobiliers marquants contenaient en effet, à côté des objets allogènes, des indicateurs de fonction féminins liés au tissage et au filage64. Le manque de données sur l’ensemble des tombes et l’absence de données anthropologiques rendent cependant cette idée difficile à confirmer pour l’instant.
6.2.3.2.2. Les secteurs de San Marzano sul Sarno
38Le secteur Romano (fig. 28, ch. 2 et fig. 134 en annexe 3), légèrement isolé par rapport au reste de la nécropole connue, contenait plusieurs tombes avec une structure monumentale particulièrement marquée par la taille des fosses et le diamètre des canaux65. Trois contextes ont été publiés, qui présentaient des mobiliers particuliers. La tombe 964 contenait le pot muni d’un décor unique, probable production pithécusaine66. Cette impression d’un lien particulier avec Pithécusses semble confirmée par la présence de plusieurs vases dans la tombe 992 : une coupe à chevrons de Pithécusses-Cumes, une amphore peut-être chiote, dont l’unique autre exemplaire est à Pithécusses, un bassin en bronze de type eubéen, un pendentif d’ambre peut-être produit à Pithécusses
39Dans les secteurs partiellement publiés en 1979 (fig. 28, ch. 2, fig. 132 et fig. 133 en annexe 3), on trouve deux secteurs caractérisés par des tombes éminentes et des importations. Autour des tombes 123 et 164, plusieurs tombes contenaient des vases de Pithécusses-Cumes. Dans le secteur situé au sud-est de celui-ci, on trouve une tombe à fosse simple, mais avec un bassin en bronze, des broches et des chenets67, avec à proximité une tombe sans signe de distinction connu, munie de vases de Pithécusses-Cumes, d’une imitation locale de type grec et d’un vase italo-géométrique probablement importé de Pontecagnano68.
40Autour des tombes monumentalisées du secteur situé juste au sud, une oenochoé italo-géométrique proche de productions de Capoue est attestée dans la tombe 280, ainsi que des importations de Pithécusses-Cumes69 et des productions locales de type grec. Un autre exemplaire d’oenochoé de ce type a également été trouvé dans la tombe 277 qui n’a pu être localisée sur le plan70.
41Si l’origine allogène de ces vases était confirmée, on aurait la présence dans un même site de trois productions de type grec : locales, de Pithécusses-Cumes et d’un autre site campanien. Cette question des circulations de productions locales de type grec entre centres non-grecs est très mal connue, car il est très difficile de différencier ces productions71.
42Dans ce même groupe de tombes se trouvent également les deux uniques attestations de vases de type Oliveto-Cairano de San Marzano : il est cependant difficile d’interpréter cette présence, du fait de notre méconnaissance des associations et des contextes funéraires concernés72.
43Dans un petit secteur sans tombes monumentales est attestée de façon unique une statuette de faïence, dans une tombe voisine d’un contexte contenant un vase corinthien et un vase de Pithécusses-Cumes, entre autres73. Plus au sud, deux tombes contiennent des vases de Pithécusses-Cumes74, dont l’une a un mobilier plutôt abondant. Elles s’insèrent dans une zone qui ne contient pas de tombes éminentes, en tout cas en l’état actuel de nos connaissances.
44Ces deux derniers secteurs tendent donc plutôt à donner l’impression de productions de Pithécusses-Cumes assez accessibles, en tout cas plutôt communes dans les nécropoles de la vallée du Sarno, et non pas concentrées dans les tombes les plus distinguées, ce qui aurait plutôt illustré des liens privilégiés voire des dons entre élites. Ce cas de figure semble plutôt incarné par les vases en bronze ou certains ornements rares, ce qui montre également la pluralité des types de biens qui circulent dans une même relation d’échange entre deux sites.
6.2.3.2.3. Les secteurs de San Valentino Torio
45Dans le secteur pris en compte dans l’étude de 1979 (fig. 27, ch. 2 et fig. 135 en annexe 3), un groupe de tombes très éminentes est situé autour des deux tombes 178 et 180. Au nord de la tombe 178, plusieurs tombes contiennent de la céramique locale de type grec. Dans l’une des tombes, un vase de Pithécusses et un vase corinthien ont par ailleurs été découverts75. Deux tombes d’enfant, situées encore plus à l’est, dans un rapport non interprétable avec les tombes précédentes, contenaient des colliers en perles de pâte vitrée. Parmi les tombes situées au sud de la tombe 180, qui elle-même contient un bassin en bronze de type inconnu, des vases de Pithécusses-Cumes76 sont attestés, ainsi que des productions régionales non-grecques, comme une oenochoé italo-géométrique de Capoue dans les tombes 166 et 17577, une coupe peut-être de Pontecagnano78. Une coupe du même type, peut-être produite à Pontecagnano, se trouve également dans la tombe 128, située un peu à l’écart de ce groupe distingué79. La tombe 168 contenait également un askos daunien80.
46Il faut également rappeler les tombes exceptionnelles de l’Orientalisant ancien-moyen signalées dans le secteur Milone, proche des secteurs de 1979 (tombe 592), ainsi que la tombe 818 du secteur Monte dei Morti, à l’ouest, fouillée en 1981.
47Les contextes de 1996 concernaient peu de tombes, dans lesquelles on retrouve certains éléments déjà évoqués. Dans le secteur De Vivo (fig. 27, ch. 2 et fig. 136 en annexe 3), des vases de Pithécusses-Cumes sont attestés dans trois tombes datées de l’Orientalisant moyen81. Ce secteur est composé de trois tombes à canal circulaire, qui contenaient par ailleurs un grand nombre de vases82. Le secteur Farina tout proche (fig. 27, ch. 2 et fig. 137 en annexe 3) est l’un des rares secteurs publiés à contenir des tombes de l’Orientalisant récent, qui contiennent des biens allogènes proches de ce que l’on trouve au même moment dans les sites de Campanie interne : du bucchero sottile importé d’Étrurie, des onguentaires corinthiens et étrusco-corinthiens83. Plus rares à cette époque, deux vases dauniens ont également été trouvés dans ces tombes, ce qui montre en tout cas une continuité par rapport à la période précédente dans les liens économiques avec les sites dauniens84. Ces tombes semblent marquées par une forte distinction, attestée par les deux structures circulaires des tombes 1357 et 1358, et par le grand nombre d’objets de mobilier, selon une logique déjà individualisée pendant l’Orientalisant ancien.
6.2.3.2.4. Striano
48Le secteur le plus étendu, via Serafino (fig. 29, ch. 2), a révélé la présence de perles de pâte vitrée dans plusieurs tombes de genre féminin, à partir de la fin du premier âge du Fer85, ainsi que quelques scarabées dans des tombes de la fin du VIIIe siècle. On peut également noter la présence d’un vase a tenda daté du dernier quart du VIIIe siècle86, ainsi que d’un aryballe KW, type d’objets très rare sinon87 et d’une kotyle corinthienne Aetos 66688, type absent de Pontecagnano, mais de fait présent dans la vallée du Sarno, ce qui va dans le sens d’une convergence des biens allogènes attestés entre la vallée du Sarno et les sites grecs de Campanie.
49Les vases de Pithécusses-Cumes sont difficiles à distinguer des productions locales89, même s’il semble probable que certains vases en proviennent, au vu des nécropoles de San Marzano et San Valentino. On trouve notamment une amphore pithécusaine dans une tombe distinguée du secteur Via Palma90.
50Les tombes de l’Orientalisant récent montrent comme à San Valentino Torio la présence de biens allogènes communs à l’ensemble de la région, comme un alabastre étrusco-corinthien91 et une coupe ionienne92.
6.2.3.3. Les biens allogènes dans l’habitat de Poggiomarino-Longola
51Un premier élément fondamental des fouilles de Poggiomarino tient à la découverte dans le remplissage d’un canal d’un fragment de coupe à demi-cercles pendants datable du deuxième quart du VIIIe siècle93, que l’on range traditionnellement parmi les céramiques ayant atteint la Campanie avant ou pendant l’installation des Grecs à Pithécusses94. Un fragment de coupe à chevrons flottants corinthienne, datée autour du milieu du VIIIe siècle95, a également été trouvé dans ce canal. Des fragments de vases grecs de Pithécusses-Cumes96 ont été découverts, ainsi que des vases corinthiens97 et dauniens, plutôt datés des premiers moments de l’époque orientalisante98.
52Les dernières phases de vie de l’habitat de Poggiomarino, pendant l’Orientalisant récent, ont révélé des biens allogènes attendus, comme du bucchero sottile étrusque99.
53En ce qui concerne l’Orientalisant récent, certains biens allogènes trouvés dans les sites de la vallée du Sarno ou sur le littoral sont mentionnés dans des ouvrages de synthèse, mais on ne dispose pas de données cartographiables pour cette période. Quelques tombes sont connues, contenant des importations classiques à l’époque en Campanie : quelques vases corinthiens, de la céramique étrusco-corinthienne100. On peut remarquer la présence de vases dauniens ou oenôtres à une époque où ils sont rares en Campanie101.
54L’importance des échanges avec le monde étrusque semble une constante dans les sites de la péninsule102, avec toujours la présence de céramique corinthienne, ainsi que des productions en bronze de Capoue103. Des amphores vinaires étrusques sont présentes dès la fin du VIIe siècle dans certains sites104.
Notes de bas de page
1 Cet aspect est déjà souligné par D’Agostino pour San Marzano, D’Agostino 1970, p. 573 : une tombe pour 12 m2. Antonio D’Ambrosio évoque pour Striano des densités plus faibles encore, avec une tombe tous les 25 m2 environ, et dans certains secteurs une tombe tous les 60 m2, D’Ambrosio 2009, p. 10.
2 Mermati 2018b, p. 194.
3 Gastaldi 1979, p. 15-16, et Prayon – Koeder 2011 pour une mise en perspective sur ce type de structure funéraire.
4 P. Gastaldi évoque 60 % de tombes d’hommes adultes qui contiennent au moins une arme pendant le premier âge du Fer, proportion plutôt élevée. Dans cet article de 1979, on voit bien l’évolution d’une interprétation fonctionnelle, celle de l’arme qui indique la fonction guerrière de l’individu, à une interprétation en termes d’idéologie funéraire, où la présence d’armes pourrait également marquer symboliquement un statut dans la communauté, ou une classe d’âge particulière, Gastaldi 1979, note 184, p. 49.
5 Il faut souligner qu’il n’existe pas d’études anthropologiques sur les tombes de la vallée du Sarno, ce qui fait que toute considération sur le genre des individus inhumés est liée à l’identification de certains marqueurs, sans pouvoir vérifier l’effective corrélation de ces indicateurs avec un sexe biologique. Les statistiques générales sur la démographie, fondées sur l’identification de services de vases spécifiques, Gastaldi 1982, p. 225, sont donc à considérer avec prudence.
6 En moyenne 2,6 à Striano, contre 7,6 pendant l’Orientalisant ancien, D’Ambrosio 2009, p. 12.
7 Cette interprétation est à replacer de façon plus large dans la conception longtemps dominante de communautés de petite taille, dont l’économie reposait exclusivement sur l’agriculture, conception exprimée pour la première fois dans D’Agostino 1970, p. 580-581.
8 Gastaldi 1982, p. 226.
9 D’Agostino 1970, p. 579-580.
10 D’Agostino 1970, p. 581, Gastaldi 1979, p. 49, phénomène également constaté à Striano, D’Ambrosio 2009, p. 12.
11 Gastaldi 1979, p. 20, p. 49. Sur les indicateurs de genre féminin, objets liés au filage et au tissage, Mermati 2018a.
12 Gastaldi 1982, p. 232.
13 Gastaldi 1979, p. 23-28.
14 Gastaldi 1982, p. 227.
15 C’est-à-dire de fosses de petite taille, ce qui est interprété comme un indice de l’âge infantile du défunt.
16 Gastaldi 1982, p. 237.
17 Ces tombes sont situées dans une zone datée de l’Orientalisant ancien, Gastaldi 1979, p. 17, qui évoque un phénomène similaire à Pithécusses. Il s’agit de plusieurs tombes situées dans les secteurs à l’est des fouilles 1974-1975 de San Marzano sul Sarno, autour de la tombe 12 notamment.
18 D’Agostino 1970, p. 598-605.
19 Voir tab. 1.
20 Le premier âge du Fer ou Préhellénique est daté entre le milieu du IXe siècle et 775-750. Le début de l’OA I est placé en 750, mais semble parfois débuter dès 775, Gastaldi 1979, p. 14.
21 Le terme italien employé est « isolotto », qui reprend la terminologie utilisée pour décrire les systèmes d’habitat sur pilotis utilisés pendant l’âge du Bronze en Italie septentrionale, Balista – Leonardi 1996 cité dans Albore Livadie – Cicirelli 2003, note 4, p. 91.
22 Albore Livadie – Cicirelli 2008, p. 476, voir la présentation dans le chapitre 1 sur la micro-région.
23 Des fouilles sont annoncées dans Albore Livadie – Cicirelli 2008, note 22, p. 476. La découverte est signalée dans D’Angelo 2004, voir fig. 16 dans le chapitre 1 sur la localisation de ces deux potentiels sites d’habitat.
24 D’Agostino 2011c, p. 70-71, qui se fonde sur le matériel présenté par Bartoli 2006 et Bartoli 2007.
25 Cette hypothèse a en partie été réfutée par S. De Caro, qui estime Pithécusses autonome du fait de l’exploitation de tout le territoire, mais reste partagée par de nombreux chercheurs, De Caro 1994.
26 Albore Livadie – Cicirelli 2003, p. 119, qui évoque la présence d’ambre, de plomb, de bronze, etc.
27 Albore Livadie – Cicirelli 2003, p. 97.
28 D’Anna – Pacciarelli – Rota 2011, note 6, p. 599, qui renvoie à Bartoli 2007.
29 Tab. 98 en ligne.
30 Voir le pot avec une décoration géométrique figurée, étudié dans le chapitre 7.
31 D’Agostino 1979, p. 73.
32 Leur étude n’est pas intégrée à la synthèse de P. Gastaldi, qui indique que ce matériel est en cours d’étude par C. Barocas, Gastaldi 1979, p. 27. On trouve quelques éléments dans D’Agostino 1972, p. 409 et tav. CXVI, où est illustrée une figurine de faïence de la tombe 74 de San Marzano.
33 8 exemplaires en tout, dans 6 tombes : Via Poggiomarino, t. 2 (2), t. 6 (2) ; Via Orto, t. 3 (1) ; Via Palma, t. 9 (2), t. 11 ; Trav. Serafino, t. 6 (1), D’Ambrosio 2009, p. 32.
34 Tab. 99 en ligne.
35 Tab. 98 en ligne.
36 De la céramique protocorinthienne ou de type protocorinthien a été découverte dans les tombes 818 et 633 de San Valentino Torio.
37 Gastaldi 1979, p. 43, p. 50 sur la tombe qui contenait plus de 44 vases, une pointe de lance et une hache en bronze. Cette tombe est datée de l’époque orientalisante, probablement l’OA local (750-675).
38 Une oenochoé et une coupe, dans les tombes 1357 et 1358 du secteur Via Farina, publié dans De Spagnolis Conticello 2001 voir tab. 99 en ligne pour les références bibliographiques.
39 T. 1357, Via Farina-San Valentino, t. 1 (Via de Pace, Striano), voir tab. 99 en ligne.
40 Gastaldi 1979, p. 18 et note 22, p. 18, qui renvoie à De Juliis 1977, p. 81 et suiv.
41 On trouve une brocchetta a tenda dans la tombe 90 (non localisée) et deux dans la tombe 93 de San Marzano, ainsi qu’un askos daunien dans la tombe 168 de San Valentino, Gastaldi 1979, p. 47. Voir tab. 70 annexe 1.
42 Une amphore dans la tombe 288 et un anforisco dans la tombe 290, Gastaldi 1979, p. 43.
43 Voir tab. 98 en ligne sur les vases grecs et de type grec, d’après Gastaldi 1979. On trouve dans la tombe 992 une olla-hydrie pithécusaine exceptionnelle, car dans une forme locale qui laisse penser à une commande spécifique, et avec une décoration figurée de type Cesnola, à côté d’une kotyle pithécusaine du GR I, Greco-Mermati 2006.
44 Albore Livadie – Cicirelli 2012 note 16, p. 134.
45 Dans les tombes 961 et 964 du secteur Romano, Savella – Ottomano 2011, p. 606, qui indique cependant qu’il est probable qu’il s’agisse d’imitations locales, notamment après analyse minéralogique et pétrochimique de fragments.
46 On trouve dans Gastaldi 1979 et D’Agostino 1979 une première typologie du matériel, avec la distribution des types dans les tombes dans certains cas, notamment pour les vases de type grec. Il n’existe cependant pas de catalogue exhaustif de ces mobiliers, et il a semblé trop hasardeux de chercher à les reconstituer à partir de la table de sériation, qui ne prend en compte que les objets les plus significatifs. Les tombes sont de plus présentées sans indication sur leur localisation à San Marzano ou à San Valentino, ce qui pose problème pour les tombes qui ne sont pas numérotées sur les plans disponibles, comme la tombe 277, voir le chapitre 2. L’ensemble des contextes contenant des importations pour lesquels nous disposons de quelques informations sont détaillés tab. 99 en ligne.
47 Gastaldi 1979, p. 50-51. Il faut cependant nuancer le caractère distinctif de ces structures : F. Mermati indique en effet qu’il existe des tombes à structure imposante mais peu de mobilier, tandis que de simples fosses pouvaient contenir des mobiliers très développés et des objets en métal, Mermati 2018b.
48 On trouve ainsi dans certaines tombes des haches en bronze (San Valentino : t. 158, t. 178 et t. 180 ; San Marzano : t. 164), Gastaldi 1979, p. 22, p. 49-50 ; des crochets de fer liés au cardage de la laine dans des mobiliers probablement féminins : t. 123, t. 178, Gastaldi 1979, p. 21.
49 Des fragments de broches et de chenets ont été identifiés dans les tombes 122 (San Marzano) et 277 (non localisée sur les plans disponibles).
50 Un grattoir en bronze a été trouvé dans la tombe 164 de San Marzano, et des fragments de bassin en bronze dans les tombes 112 (San Marzano), 159, 180 (San Valentino) et 272, Gastaldi 1979, p. 21. Un char miniature en bronze, pièce unique, a été trouvé dans la tombe 232 de San Marzano, de même qu’une bulle d’or dans la tombe 96, non localisée, identique à un exemplaire inédit de Pontecagnano (t. 553, Barbarito), et un ceinturon en bronze dans la tombe 168 (San Valentino), Gastaldi 1979, p. 22, p. 28.
51 On peut ainsi identifier deux couples de tombes de ce type, avec à chaque fois des marqueurs genrés masculin et féminin. Dans la nécropole de San Valentino Torio, la tombe 180 (OA I), qui possède la plus grande fosse et le canal circulaire le plus large du secteur, contenait un bassin en bronze, une hache en bronze, ainsi qu’une épée. La tombe de genre féminin 178 (OA I) contenait huit bobines, une fusaïole et douze crochets de cardage, ainsi qu’un très grand nombre d’ornements, avec une hache en bronze, Gastaldi 1979, p. 50-51. Dans la nécropole de San Marzano, la tombe 164 (OA II), masculine, contenait 44 vases, un grattoir en bronze, une lance en fer et une hache de bronze, et la tombe 123 adjacente, de genre féminin, 73 vases ainsi que des outils de tissage, Gastaldi 1979, p. 50-51. On peut également mentionner la tombe 232 de San Marzano, de genre masculin, qui contenait une parure d’armes complexe et un char miniature en bronze, Gastaldi 1979, p. 48.
52 Un élément en fer évoque en effet ceux relatifs au char de la tombe 928 de Pontecagnano, D’Anna – Pacciarelli – Rota 2011, p. 597.
53 Le secteur Monte dei Morti, voir fig. 28 dans le chapitre 1.
54 Rota 1982, Cinquantaquattro 2006, p. 132. On y a notamment trouvé une kylix corinthienne, et de la céramique de Pithécusses-Cumes : kylix, kotyle, coupe sur pied, coupe tripode ; une cruche unique y a également été découverte, avec des motifs qui évoquent le style de la chèvre sauvage, grecque ou étrusque, en cours d’étude, Mermati 2019, p. 252-254.
55 Une fiasque de pèlerin locale semble une sorte de fusion entre les fiasques proche-orientales et les askoi indigènes ; on trouvait également trois oenochoés, un skyphos et un aryballe de Pithécusses-Cumes, un skyphos corinthien, deux aryballes rhodiens KW et sept scarabées, Mermati 2019, p. 259-260.
56 Voir tab. 98 en ligne pour les références.
57 Des productions de Pithécusses-Cumes sont associées à des productions locales dans la tombe 111 de San Marzano, avec une coupe à losanges locale et un canthare de type Ithaque de Pithécusses, et dans les tombes 175 et 190 de San Valentino, avec dans cette dernière en outre un probable vase corinthien.
58 Les tombes 123 et 164 de San Marzano, considérées comme les plus éminentes de ces secteurs, ne comportaient pas de biens allogènes, à l’exception d’une amphorette à spirale, qui est un objet au statut particulier, voir le paragraphe ci-dessus. Les tombes 178 et 180 de San Valentino, là encore les plus éminentes du secteur, ne contenaient pas non plus de biens allogènes.
59 Cette tombe est située dans le secteur Romano de San Marzano sul Sarno, voir fig. 134 en annexe 3.
60 Étude de C. Albore, « Piccola anfora vinaria di tipo fenicio », dans Gastaldi 1979, p. 44-47. L’amphore de la tombe 249 est rapprochée notamment de celle de la tombe 540 de Pithécusses, identifiée ensuite comme une production locale datée du GR II-PCM, donc de la fin du VIIIe-début du VIIe siècles, Buchner – Ridgway 1993, p. 536, tav. CXCII, 197.
61 Il s’agit de la tombe 1 de Via Palma, datée de la fin du VIIIe siècle. Largement pillée dans l’Antiquité, il s’agit d’une tombe à structure simple, qui contenait un vase à plusieurs cols ainsi qu’une pointe de javelot. Il est donc délicat de parler d’une tombe vraiment distinguée, en tout cas d’après les critères définis plus haut, D’Ambrosio 2003, p. 108-111.
62 Il faut rappeler que l’on parle bien ici de genre féminin, puisqu’il n’existe pas d’analyses anthropologiques. Le genre des tombes est ainsi déterminé en fonction de la présence et de l’absence de certains éléments de mobilier, comme les ornements en particulier.
63 Par exemple Greco – Mermati 2006, p. 204.
64 C’est notamment le cas de la tombe 928 étudiée dans Greco – Mermati 2006, mais également de la tombe 964, qui contenait une tasse de Capoue, et de la tombe 992 du même secteur.
65 Tombes 992, 1000, 1001, D’Anna – Pacciarelli – Rota 2011 fig. 1, p. 592.
66 Greco – Mermati 2006, p. 191-195.
67 La tombe 112, Gastaldi 1979, p. 21.
68 Il s’agit de la tombe 111, Gastaldi 1979, p. 36-37, fig. 38-39 pour les coupes grecques de Pithécusses-Cumes et locales, p. 66 sur la lékanè, très semblable à des exemplaires de Pontecagnano, D’Agostino 1968, types 24-26.
69 Dans la tombe 282, voir tab. 98 en ligne.
70 Elle était probablement située à proximité des tombes évoquées précédemment de par son numéro.
71 La tombe 277 contient également une oenochoé de dérivation cycladique, unique, qui semble être une production grecque, bien que la notice de B. D’Agostino soit peu claire sur cet aspect, et le vase non illustré, D’Agostino 1979, p. 69.
72 Il s’agit d’une amphore d’impasto, dans la tombe 288, et d’un anforisco d’impasto dans la tombe 290, Gastaldi 1979, p. 43.
73 On trouve une statuette de faïence dans la tombe 74.
74 Les tombes 21 et 23, voir tab. 98 en ligne.
75 On trouve des vases locaux de type grec dans les tombes 186, 187, 192 et 190, avec dans cette dernière tombe les vases pithécusain et corinthien.
76 Un vase dans les tombes 165, 168 et 175.
77 Type 11b dans la tombe 173, D’Agostino 1979, p. 66, type 14 dans D’Agostino 1968, et type 14 dans la tombe 166, ce dernier objet étant d’une production plus indéterminée, D’Agostino 1979, p. 69.
78 Forme de coppa carenata de style italo-géométrique, dans la tombe 142, D’Agostino 1979, p. 65.
79 D’Agostino 1979, p. 65.
80 Gastaldi 1979.
81 Il s’agit des tombes 1364 De Spagnolis Conticello 2001, p. 91-92, 96-100, fig. 40-43, p. 98 et fig. 45-47, p. 101. Les oenochoés imitent des types corinthiens du PCM, d’où la datation des tombes.
82 Si l’on se réfère aux calculs de A. D’Ambrosio sur Striano, le nombre moyen de vases par tombe pendant l’Orientalisant moyen est de 9,5. Bien qu’il s’agisse d’un autre site, les nombreuses convergences dans les pratiques funéraires entre les nécropoles de la vallée du Sarno permettent de penser que ce chiffre peut être employé pour évaluer également les tombes de San Valentino, tout en restant prudent puisqu’on ne dispose pas de données permettant de réaliser les mêmes calculs. La tombe 1364 contenait 26 vases en tout, la tombe 1366, plus de 30 vases, De Spagnolis Conticello 2001, p. 90-91.
83 On trouve une oenochoé de bucchero sottile et un aryballe corinthien dans la tombe 1357, De Spagnolis Conticello 2001, p. 121, p. 126 ; deux aryballes corinthiens et une kylix de bucchero sottile dans la tombe 1358, qui contenait par ailleurs 58 vases d’impasto ; un skyphos peut-être corinthien dans la tombe 1362, qui contenait 24 vases d’impasto, De Spagnolis Conticello 2001, p. 114.
84 Un canthare daunien provient de la tombe 1358, une olla daunienne de la tombe 1362, De Spagnolis Conticello 2001, p. 114, p. 131, avec renvoi à De Juliis 1983, p. 78-79.
85 Voir tab. 98 en ligne pour les références.
86 Il a été trouvé dans la tombe 19, D’Ambrosio 2009, p. 74.
87 Dans la tombe 9, D’Ambrosio 2009, p. 79.
88 Elle a été trouvée dans la tombe 7 de Via Poggiomarino, D’Ambrosio 2009, p. 81, D’Ambrosio 1990 sur le contexte de découverte. Une kotyle PCR a également été trouvée dans la tombe 3 de Via de Pace, D’Ambrosio 2009, p. 82, D’Ambrosio 1993 sur le contexte.
89 Il n’a pas été possible, à la lecture de D’Ambrosio 2009 en particulier de la typologie des vases de type grec, p. 74-76, de déterminer la nature allogène (de Corinthe ou de Pithécusses-Cumes) ou locale des exemplaires, puisque cet aspect n’est en fait pas vraiment traité dans la description des types, à l’exception notable de la kotyle Aetos 666 évoquée plus haut.
90 Il s’agit de la tombe 1, déjà évoquée, qui contenait par ailleurs un vase à quatre cols et une pointe de javelot, et était située à côté de la tombe 2 qui contenait, entre autres objets, une broche et un couteau, D’Ambrosio 1999, p. 111-113, 147. L’amphore de transport est désignée dans D’Ambrosio 2009, p. 73 comme étant de type phénicien, avec un renvoi à la tombe 339 de Pithécusses, dont l’amphore est justement de production locale, Buchner – Ridgway 1993, p. 392, fig. 214, 225, 228.
91 Dans la tombe 1 de Via de Pace, D’Ambrosio 1993, p. 106-113.
92 Trouvée dans la tombe 2 du secteur Serafino, D’Ambrosio 2009, p. 80.
93 Albore Livadie – Cicirelli 2012, p. 125, fig. 241, p. 416, comparée par C. Albore Livadie à l’exemplaire de la tombe 7129 de Pontecagnano.
94 Dernièrement, D’Agostino 2015.
95 Albore Livadie – Cicirelli 2012, p. 125, comparée à l’exemplaire de la tombe 3184 de Pontecagnano, voir aussi Albore Livadie – Cicirelli 2003, p. 102, fig. 7.
96 Coupes à boire, bouteille, mais aussi, plus étonnant, peut-être un aryballe, Albore Livadie – Cicirelli 2012, p. 126.
97 Des coupes de type Thapsos corinthiennes ont été identifiées, ainsi que des oenochoés PCA, Albore Livadie – Cicirelli 2003, p. 123-124 même si le caractère très fragmentaire des tessons rend difficile la distinction d’avec les imitations pithécusaines. Un aryballe PCM a également été trouvé, Albore Livadie – Cicirelli 2012, p. 128.
98 Un fragment d’olla a tenda et d’une tasse daunienne du GR ont été trouvés dans le remplissage d’un canal, Albore Livadie – Cicirelli 2003, p. 103, fig. 8, et, p. 112.
99 Albore Livadie – Cicirelli 2012, p. 128.
100 Striano : un alabastre étrusco-corinthien dans la tombe 1-Via De Pace ; San Valentino Torio ; un lécythe, un aryballe et une kotyle du CM dans la tombe 607 (secteur Milone, Iannelli 1988, p. 822-826), une coupe du CA dans la tombe 812, un alabastre CA dans la tombe 822 (secteur Monte dei Morti, Rota 1982), une oenochoé de bucchero sottile étrusque et un alabastre corinthien ou étrusco-corinthien dans la tombe 1357, deux aryballes corinthiens et une coupe de bucchero étrusque dans la tombe 1358, de San Valentino Torio, un skyphos corinthien dans la tombe 1362 de San Valentino Torio, voir tab. 99 en ligne.
101 Un canthare dans la tombe 1358, une olla dans la tombe 1362 de San Valentino Torio.
102 Une oenochoé en bronze étrusque a été trouvée à Castellamare di Stabia, de même à Sorrento, Albore Livadie 1985a note 20, p. 136. La datation exacte de ces objets dans le VIe siècle n’est cependant pas très claire.
103 Sampaolo 1990, p. 109.
104 Albore Livadie 1985a, Sampaolo 1990, p. 114.
Le texte seul est utilisable sous licence Licence OpenEdition Books. Les autres éléments (illustrations, fichiers annexes importés) sont « Tous droits réservés », sauf mention contraire.
De la « Cité de Dieu » au « Palais du Pape »
Les résidences pontificales dans la seconde moitié du XIIIe siècle (1254-1304)
Pierre-Yves Le Pogam
2005
L’« Incastellamento » en Italie centrale
Pouvoirs, territoire et peuplement dans la vallée du Turano au Moyen Âge
Étienne Hubert
2002
La Circulation des biens à Venise
Stratégies patrimoniales et marché immobilier (1600-1750)
Jean-François Chauvard
2005
La Curie romaine de Pie IX à Pie X
Le gouvernement central de l’Église et la fin des États pontificaux
François Jankowiak
2007
Rhétorique du pouvoir médiéval
Les Lettres de Pierre de la Vigne et la formation du langage politique européen (XIIIe-XVe siècles)
Benoît Grévin
2008
Les régimes de santé au Moyen Âge
Naissance et diffusion d’une écriture médicale en Italie et en France (XIIIe- XVe siècle)
Marilyn Nicoud
2007
Rome, ville technique (1870-1925)
Une modernisation conflictuelle de l’espace urbain
Denis Bocquet
2007