Chapitre 4. Les Champs Phlégréens autour de Pithécusses et de Cumes
p. 207-322
Texte intégral
1Ce chapitre est consacré à l’étude des échanges de la micro-région dominée par les Grecs en Campanie, qui comprend l’île d’Ischia et les Champs Phlégréens jusqu’à la future baie de Naples (fig. 9, ch. 1), avec comme sites principaux Pithécusses, sur l’île d’Ischia, et Cumes, située sur le littoral opposé, sur la côte qui mène au Latium. L’installation de communautés grecques en Campanie dans le premier quart du VIIIe siècle est un phénomène majeur de l’époque archaïque, un tournant important pour l’ensemble des communautés de la région. Les Grecs sont, entre autres raisons, probablement intéressés par la proximité des ressources étrusques en métaux, plus au nord.
2Leur installation entraînerait la mise en place d’échanges rapides et importants entre les cités grecques et leurs voisins, mais également entre les cités grecques et d’autres régions méditerranéennes, ce qui se traduirait par une intensification générale des échanges en Campanie. Cette image générale ne repose cependant sur aucune étude précise des objets allogènes qui arrivent dans ces sites et des productions locales trouvées à l’extérieur. C’est précisément ce que nous allons proposer dans ce chapitre, afin d’évaluer ce que nous pouvons savoir des produits allogènes reçus par les cités grecques de Campanie, et des différents circuits d’échange observables, selon les régions de provenance ou le type de biens.
3L’une des hypothèses de ce chapitre est de considérer que les échanges d’un site sont étroitement liés au territoire de ce site et à sa situation géographique, au moins autant qu’à l’activité d’une communauté particulière. L’île d’Ischia et les Champs Phlégréens composent ainsi un espace privilégié pour les échanges, situé à un emplacement stratégique le long des côtes tyrrhéniennes, à proximité de plusieurs régions habitées par des communautés prospères. S’il est évident que l’arrivée des Grecs modifie en profondeur l’occupation du territoire et l’exploitation de ces ressources géographiques, il a semblé important ici de ne pas faire commencer l’histoire avec Pithécusses.
4En ce qui concerne les toponymes, une précision : nous parlerons en général de Cumes pour évoquer tant le site grec que le site indigène, car nous ne connaissons pas d’autre nom pour ce lieu. En revanche, l’emploi de Pithécusses pour désigner le site grec d’Ischia est réservé à la période grecque. Comme les sites indigènes d’Ischia sont très mal connus, à l’exception de Castiglione, c’est l’île d’Ischia dans son ensemble qui est considérée comme le territoire occupé par les indigènes opiques ou ausons1 avant la fondation de Pithécusses.
5Ce chapitre est découpé en suivant un ordre chronologique : une première section est consacrée aux échanges des populations opiques, et aux circonstances de l’arrivée des Grecs. Une seconde section présente les échanges de la micro-région sous domination grecque, entre le milieu du VIIIe siècle et le milieu du VIe siècle. L’étude des échanges, c’est-à-dire des objets allogènes, de leur contexte de découverte, de leur lieu de production et de leur réception, comprend une présentation de ces objets, dans chaque contexte, ainsi qu’une réflexion sur l’existence de groupes ayant un accès privilégié, voire exclusif, à certains de ces biens allogènes ou au contraire sur l’accessibilité à tous d’autres types de ces biens.
4.1. L’île d’Ischia et Cumes entre le IXe et le milieu du VIIIe siècle
4.1.1. Pithécusses et Cumes préhellénique
4.1.1.1. La chronologie des phases préhelléniques de Cumes et Pithécusses
6Une chronologie relative a été établie à partir de la documentation de Cumes2, les données sur les Opiques de Pithécusses étant peu nombreuses et en partie inédites3. L’époque préhellénique est scindée en deux phases, le Préhellénique I et le Préhellénique II4. En l’attente des résultats définitifs, la chronologie retenue ici est celle qui est évoquée dans le catalogue du musée de Baia, dans lequel sont publiées quelques tombes préhelléniques5. Le Préhellénique I correspond au IXe siècle et aux phases IA-début IB de Pontecagnano et Capoue. Le Préhellénique II correspond à la première moitié du VIIIe siècle, avec une interruption dans l’utilisation des secteurs de nécropole vers 7506.
4.1.1.2. Que sait-on des Opiques de Cumes ?
7La population indigène de Cumes semble avoir occupé le site depuis l’âge du Bronze : Cumes est l’un des rares sites de Campanie où l’on observe une continuité d’occupation, avec Poggiomarino7. La découverte de tombes dans la zone du futur forum et sous l’habitat gréco-romain a révélé que la nécropole préhellénique s’étendait potentiellement sur plus de dix hectares8, en tenant compte des découvertes du Centre Jean Bérard (fig. 19, ch. 2). Il est cependant très probable qu’il y ait eu une dissémination de petits secteurs de tombes et non une occupation continue de tout cet espace par des tombes préhelléniques.
8On connaît très peu de choses sur un éventuel habitat indigène. Des fouilles sont menées sur l’acropole de Cumes en 1910, menant à l’identification de niveaux d’habitat indigène près du temple d’Apollon9. Il s’agit en fait d’un amas de céramique en déposition secondaire, constitué lors des travaux de terrassement de l’acropole pour la construction du temple d’Apollon à la fin de l’époque archaïque10. Le fragment d’impasto le plus récent est daté du troisième quart du VIIIe siècle. Les fouilles de l’université l’Orientale ont atteint en 2019 des niveaux indigènes en place, identifiant une cabane à partir de traces de trous de poteaux. Cette découverte renforce l’idée d’un habitat indigène dispersé, entouré de petites zones de nécropole11.
9On connaît principalement la société de Cumes préhellénique par ses tombes12. Le mobilier funéraire, tel qu’on peut le reconstituer, semble assez genré, comme dans les sites de la même époque13. L’essentiel du mobilier céramique est constitué de vases d’impasto, à l’exception de quelques vases en métal et de rares coupes grecques en argile tournée14.
10La culture matérielle de Cumes pendant le premier âge du Fer montre une grande proximité avec les espaces villanoviens, Pontecagnano et l’Étrurie méridionale, mais aussi avec des sites de la Culture des Tombes à Fosse voisins15. Ce faciès mixte est cohérent avec sa position, proche de Capoue, mais aussi des sites du Latium et de la vallée du Sarno16. V. Nizzo évoque, dans le cas d’ornements provenant d’Étrurie septentrionale, la possibilité de mariages à l’origine de ces influences réciproques17.
11La communauté qui occupait l’île d’Ischia est en revanche très mal connue, en partie parce que les Grecs semblent s’être installés dans une partie de l’île inhabitée.
4.1.1.3. Pithécusses : les traces de l’âge du Fer
12Les fouilles de l’île d’Ischia n’ont pas révélé de matériel de l’âge du fer indigène sur le site de l’acropole du Monte di Vico, au cœur de la future cité grecque18. L’absence de matériel indigène du premier âge du Fer, comme de matériel mycénien, constitue une lacune remarquée dans un ensemble de fragments qui couvre de façon sinon presque continue un ample arc chronologique, du Bronze19 à l’époque romaine. Cette absence ne doit cependant pas être interprétée trop vite, car l’échantillon pris en compte reste très peu représentatif et hors contexte20.
13Les fouilles21 de G. Buchner sur le promontoire de Castiglione, à quelques kilomètres à l’est du site de Pithécusses ont montré l’existence à cet emplacement d’un établissement indigène prospère22, qui occupait peut-être tout l’espace au sommet de la colline23. Les sondages n’ont pas révélé de stratigraphie claire, plutôt des sortes de décharges, où le matériel céramique est mélangé avec des os d’animaux, des coquilles, des cendres, etc. Des fragments datés de l’âge du Bronze ont également été retrouvés en nombre24, ainsi que quatre fragments de céramique mycénienne, ce qui montrerait une fréquentation de l’île par les navigateurs égéens pendant l’âge du Bronze25.
14La culture matérielle des habitants de Castiglione d’Ischia est très proche de celle de Cumes, mais aussi de celle de Gricignano26, ce qui confirme l’occupation de cette partie nord de la Campanie par des groupes culturellement proches, au faciès mixte entre Culture des Tombes à Fosse et culture villanovienne27.
15Il n’y a donc pas de matériel allogène identifié pendant le premier âge du Fer dans ce que l’on connaît de l’occupation d’Ischia avant l’arrivée des Grecs.
4.1.2. Les échanges : des sites littoraux bien placés dans les échanges tyrrhéniens et régionaux
16Ces communautés opiques, installées à Castiglione et à Cumes depuis l’âge du Bronze, montrent de grandes similarités dans leur culture matérielle : on s’est même demandé si les deux sites ne fonctionnaient pas déjà ensemble. La zone des îles de Vivara et Procida, dominée d’un côté par Pithécusses, de l’autre par Cumes, était sans doute un point de passage fréquenté par les navires qui longent les côtes tyrrhéniennes. L. Cerchiai fait ainsi l’hypothèse d’un véritable système territorial, incluant Cumes et Ischia, grâce auquel les indigènes contrôlaient ce point de passage28. La découverte de fragments mycéniens à Ischia, Vivara et peut-être à Cumes montre en tout cas que ces sites étaient connus par les navigateurs mycéniens29. Quelques siècles plus tard, à l’époque qui nous intéresse, on rencontre à nouveau des importations dans le matériel de Cumes, que nous allons maintenant présenter. Une telle étude est malheureusement impossible à Pithécusses.
17Nous allons tout d’abord présenter les quelques objets importés découverts dans des collections muséales. Plus riches d’informations, les objets allogènes découverts dans des tombes documentées sont ensuite analysés en étudiant certains contextes remarquables de ce point de vue. Nous pouvons ainsi proposer quelques pistes, en conclusion de cette section, sur les groupes impliqués dans ces échanges et sur la nature de ceux-ci.
4.1.2.1. Les objets importés dans le matériel décontextualisé de Cumes préhellénique
18Parmi les collections dispersées dans les musées de Naples, Florence, Rome et Baranello, on peut noter la récurrence de la présence de perles en pâte vitrée30. On trouve également des importations villanoviennes : une tasse en bronze a lamina31, des pendentifs en bronze32. Des boutons en bronze sardes ont été identifiés33. Les orientalia sont représentés par un scarabée34. V. Nizzo mentionne également deux pendentifs en forme de haches bipennes en bronze, documentés dans les archives du musée de Rome, mais qui ont aujourd’hui disparu. Il s’agirait de productions grecques avec une fonction symbolique forte, à relier peut-être à des cadeaux prestigieux35.
19Les fouilles récentes ont concerné des tombes ne contenant pas d’objets allogènes. On ne peut donc étudier la présence d’importations que dans le cas de contextes parfois peu fiables36. Dans les tombes Osta, on relève la présence à plusieurs reprises de perles de pâte vitrée, deux pendentifs égyptiens en faïence, un scarabée, des coupes grecques, des boutons sardes37, un tripode composé d’un bassin en bronze probablement eubéen38 et de pieds en fer, et une coupe probablement chypriote39, ainsi qu’une coupe peut-être eubéenne40.
4.1.2.2. Mobilier associé à ces importations : les limites de notre documentation
20Il est très difficile d’analyser en détail les contextes contenant des objets importés41, car les associations, même fiables, sont probablement incomplètes. E. Gabrici estime ainsi que les plus beaux objets en bronze ont disparu pendant les fouilles, y compris dans le cas des fouilles Stevens et Osta. On peut néanmoins remarquer que les importations relevées sont plutôt cohérentes avec ce que l’on trouve à la même époque dans les tombes de Pontecagnano. La présence assez diffuse de perles de pâte vitrée ne semble pas systématiquement associée avec d’autres éléments importés ou en matériaux rares42. De même la tombe Osta 3 associe une coupe grecque à une fibule, et à six vases en impasto. Cependant, le très faible nombre d’ornements laisse penser qu’une grande partie des ornements a disparu43.
4.1.2.3. Des tombes exceptionnelles : importations rares et signes de distinction sociale
21Plusieurs tombes présentent une concentration d’importations lointaines et d’autres éléments distinctifs, comme un grand nombre d’ornements.
22La tombe Osta 444 associe ainsi un collier de pâte vitrée, des perles d’ambre, deux coupes en bronze dont l’une chypriote, dix boutons sardes et un exceptionnel bassin tripode45. Ces objets importés sont associés à un grand nombre d’ornements et de vases d’impasto46. Il est hélas difficile de réfléchir de façon plus approfondie à partir des tombes de Cumes, car les deux autres tombes contenant plusieurs objets importés, les tombes Osta 29 et 36, présentent des associations douteuses au vu des documents d’archive exhumés par V. Nizzo47.
23On a ainsi quelques tombes qui semblent exceptionnelles, par l’association de plusieurs objets distinctifs, des objets en métal précieux, des coupes grecques, des ornements orientaux (perles de pâte vitrée) parfois rares (scarabée, figurines de faïence). La tombe Osta 4, plutôt fiable, contenait un tripode en bronze probablement grec, objet extrêmement rare à l’époque, qui dans le monde grec de l’époque géométrique a de plus une dimension rituelle et symbolique forte, liée aux célébrations religieuses. Il faudrait alors chercher à mieux comprendre ce qui différencie les simples ornements exotiques, mais plutôt répandus, de ce type de bien importé rare.
24On peut dans ce cadre s’interroger sur la valeur sociale ou économique des coupes grecques découvertes dans ces tombes. Rien ne permet de savoir si elles étaient considérées comme de simples objets exotiques, remplaçant éventuellement les vases à boire locaux, ou s’il faut leur associer immédiatement l’idéologie du banquet, et les relier à des relations plus fortes entre indigènes et dirigeants des navires qui accostent en Campanie. On peut simplement remarquer que, comme à Pontecagnano, ce sont exclusivement des tomerétriebes a priori féminines qui contiennent ces importations lointaines. P. Criscuolo a rapproché les objets des tombes Osta du matériel vendu aux musées de Florence, de Naples et de Baranello. Ces ensembles correspondraient donc à une même zone de la nécropole, la chronologie de ces objets étant d’ailleurs concentrée entre la fin de la phase I et le début de la phase II. L’examen du matériel conduit à faire l’hypothèse d’une exploitation plutôt intense de la partie de la plaine cuméenne située à l’intérieur des murs, qui aurait été utilisée comme lieu de sépulture pour quelques générations, et probablement par un même noyau familial48. Il est certain que la grande majorité des objets importés proviennent de cette zone49, mais nos connaissances à la fois sur cette zone et sur la nécropole de Cumes en général rendent toute tentative d’interprétation de cette concentration périlleuse.
4.1.2.4. Provenance des importations
25Cumes semble constituer un point d’étape le long du littoral tyrrhénien, comme Veio, Capoue ou Pontecagnano, sites dans lesquels on a trouvé des coupes eubéennes de la même période. La présence des coupes eubéennes ou attiques dans les tombes Osta, datées du début du VIIIe siècle, marque ainsi le renouveau des contacts avec les Grecs, interrompus après l’époque mycénienne.
26En ce qui concerne les importations orientales et grecques, Cumes présente un faciès très proche de Pontecagnano à la même époque. La circulation d’objets avec les régions voisines, au nord comme au sud, n’étonne pas non plus : il s’agit probablement dans certains cas de circulations liées à des mobilités de personnes, dans le cas d’ornements et des fibules. P. Criscuolo a fait l’hypothèse d’un rôle intermédiaire des marchands des grands sites côtiers étrusques, notamment de Tarquinia, dans l’arrivée à Cumes des objets sardes50.
27Les sociétés opiques occupant les sites de Castiglione d’Ischia et de Cumes sont donc bien insérées dans les échanges méditerranéens, depuis l’époque mycénienne. Les liens avec les communautés villanoviennes, sardes et avec les navigateurs orientaux et grecs sont bien attestés par les importations présentes dans le mobilier de Cumes préhellénique. L’arrivée des Grecs marque une rupture forte, avec la probable réduction à un statut politique inférieur d’une partie des populations indigènes. Il faudra alors se demander quelles conséquences et quelles évolutions éventuelles ce changement de groupes dominants a pu entraîner pour les échanges de ces deux sites.
4.1.3. L’installation des Grecs : 775-750
28Ce premier moment de vie des colonies grecques de Pithécusses, sur l’île d’Ischia, et de Cumes, sur le littoral campanien opposé, reste mal connu et objet de débats. Il a donc paru nécessaire, pour conclure l’étude de cette micro-région entre le IXe siècle et le milieu du VIIIe siècle, de faire le point sur ce que nous pouvons reconstituer de l’identité des arrivants, de leurs motivations, et surtout de la chronologie et des modalités de cette installation, en tentant enfin de comprendre ce qui a pu arriver aux populations indigènes que nous venons d’étudier.
4.1.3.1. Les Eubéens au VIIIe siècle
29La région grecque d’origine des arrivants est à peu près certaine : il s’agit de l’île d’Eubée, en face de l’Attique. La découverte de céramique eubéenne, le caractère eubéen de l’alphabet grec des inscriptions de Pithécusses ainsi que les sources littéraires concordent sur ce point. Les cités impliquées dans les fondations de Pithécusses et de Cumes sont diversement présentées selon les auteurs.
Tab. 20. Cités fondatrices de Cumes et Pithécusses selon les auteurs antiques51.
Pithécusses | Érétriens - Chalcidiens | Strab. 5, 4, 9 |
Chalcidiens | Liv., 8, 22, 6 | |
Cumes | Chalcidiens | Thuc. 6, 4, 5 ; Liv. 8 22, 6 |
Érétriens - Chalcidiens | DH. 7, 3 | |
Chalcidiens - Cuméens | Strab. 5, 4, 4 | |
Chalcidiens | Scymn. 238-239 | |
30L’une des principales sources antiques reste Strabon, qui évoque une fondation d’Érétrie et de Chalcis52. Le rôle d’Érétrie fait cependant question, car il n’est mentionné que par Strabon et Denys d’Halicarnasse (tab. 20). Il semble cependant probable que les traditions littéraires qui mentionnent Érétrie soient à relier à une tradition locale archaïque, plutôt crédible. Il n’est pas étonnant à l’inverse que de nombreuses sources oublient cette participation : on peut voir là l’influence d’une tradition chalcidienne qui l’emporte après la défaite d’Érétrie face à Chalcis lors des guerres lélantines, probablement à la fin du VIIIe siècle53. L'alliance entre Chalcis et Athènes pendant la guerre du Péloponnèse, Érétrie étant au contraire ennemie d'Athènes, a également pu laisser des traces dans une reconstitution pro-Chalcis de la part d’auteurs pro-Athéniens comme Thucydide54.
31D’autres sources évoquent également le rôle d’une cité nommée Cumes éolique. La présence d’un groupe venu de Cumes en Asie mineure, mentionné par Strabon semble plausible, comme l’atteste la présence d’aspects éoliques dans les traditions religieuses de Cumes et de Naples, ainsi que l’appartenance de cette zone d’Asie mineure à la koinè eubéo-cycladique pendant l’époque géométrique55. La divergence entre les sources est à relier à la réécriture opérée sous le tyran Aristodème de Cumes, à la fin du VIe siècle. Celui-ci met en avant les origines éoliques de Cumes, en lien avec le mythe d’Héraklès. Cette tradition est reprise à Naples. La source de Strabon sur Cumes, Éphore de Cumes, tire probablement ses informations de la tradition napolitaine. Selon A. Mele, il n’est pas étonnant de trouver dans les milieux napolitains cette tradition mise en avant par le tyran. En effet, les rapports toujours complexes des Napolitains envers leur cité fondatrice, Cumes, peuvent expliquer cette valorisation d’une tradition reniée à Cumes même après la chute du tyran et le retour des aristocrates chassés en 50456. Après la tyrannie, l’aristocratie de Cumes va au contraire valoriser les origines érétriennes de Cumes, et c’est probablement cette tradition-là que recueille Timée de Tauroménion, la source de Strabon et de Denys d’Halicarnasse57.
32La présence de membres des groupes dominants eubéens d’Érétrie et de Chalcis dans les trafics méditerranéens est attestée à partir du début du VIIIe siècle, aux côtés des Phéniciens. Ils trouvent probablement dans les échanges à longue distance une source d’enrichissement et de prestige58, ce dont attestent les tombes de Lefkandi et d’Érétrie59. Les cités eubéennes accueillent des artisans qui maîtrisent au plus au point les techniques métallurgiques, transmises peut-être par des artisans orientaux, mais aussi une aristocratie foncière, éleveuse de chevaux60.
33Il est probable qu’au cours de leurs navigations, les Eubéens aient repéré l’emplacement idéal de Cumes et de Pithécusses, et leurs ressources agricoles et commerciales, peut-être déjà exploitées par les communautés indigènes61. La puissance navale et terrestre des Eubéens est soulignée par les sources, avec une élite prospère et puissante62. Il faut notamment rappeler ici que les installations à Pithécusses, puis à Cumes, sur lesquelles nous revenons ci-dessous, ne sont pas des actions isolées. L’installation d’un petit établissement à Zancle est datée du troisième quart du VIIIe siècle63, probablement précédée d’une fréquentation assidue des côtes tyrrhéniennes. Il pourrait s’agir d’un véritable projet stratégique, cohérent avec ce que l’on connaît par ailleurs de l’activité eubéenne en Chalcidique et dans les Cyclades64, à relier avec l’importance des échanges et de la production à haute valeur ajoutée qui semble caractériser à la fois les métropoles et les colonies, sans que cela soit contradictoire avec l’importance essentielle de l’agriculture. La chronologie et le déroulé précis des fondations de Pithécusses et de Cumes restent cependant difficiles à établir avec certitude, du fait de sources à l’interprétation complexe.
4.1.3.2. Quand les Grecs arrivent-ils en Campanie, et selon quelles modalités ?
34La question de la chronologie de l’arrivée des Grecs est intrinsèquement liée au débat sur les statuts respectifs de Cumes et de Pithécusses65. Pithécusses n’est pas toujours mentionnée par les sources, même si certaines évoquent le rôle joué par ses habitants dans la fondation de Cumes66.
35Les fouilles de la nécropole de Pithécusses ont confirmé l’importance de celle-ci dès le GR I67. Quelques fragments de céramique datés du GM II renforcent l’idée d’une fondation dans le second quart du VIIIe siècle, bien que celle-ci soit de toute façon probable du fait du nombre de tombes du GRI. Ces fragments proviennent pour certains de la décharge Gosetti68, de trouvailles hors contexte dans la nécropole69 et de la zone de Pastola70. Un débat subsiste sur leur caractère local ou importé. Pour D. Ridgway notamment, il s’agit de productions locales en ce qui concerne les fragments de la nécropole71, une imitation contemporaine de la production à Corinthe, à la fin du Géométrique Moyen donc, pour répondre à une importante demande des premiers Grecs arrivés à Ischia. Le démarrage d’une production céramique à Ischia peu avant le début du VIIIe siècle serait ainsi attesté.
36Les coupes grecques sur lesquelles se fonde l’idée de circulations maritimes grecques précédent l’installation ont été découvertes dans des tombes du second quart du VIIIe siècle, la phase IIA de Pontecagnano notamment (780-750) : skyphoi à demi-cercles pendants, skyphoi à chevrons, skyphoi à méandre ou à oiseau. Plusieurs de ces vases de Pontecagnano sont bien originaires de Grèce égéenne comme l’ont montré des analyses archéométriques72. Il est cependant possible voire probable que certains de ces vases, même égéens, soient arrivés en Campanie alors que des Grecs étaient déjà installés à Pithécusses, puisque la phase d’installation aujourd’hui admise couvre le second quart du VIIIe siècle. On ne peut donc plus parler d’une phase étendue de fréquentations qui précèderait l’installation, en tout cas pas en se fondant sur les skyphoi géométriques découverts dans les tombes non-grecques de Campanie.
37La nécropole de Cumes grecque, mal connue, n’a pas restitué de mobilier antérieur au Géométrique récent II (725-690). B. D’Agostino estime que des tombes plus anciennes se situaient dans la zone de la muraille archaïque : les fouilles de l’université l’Orientale ont restitué des vases du GR I, des scarabées et des os brûlés dans le remblai qui a servi à préparer la construction de la muraille au VIe siècle73. Les fouilles de l’habitat dirigées par M. D’Acunto confirment cet horizon chronologique. Le niveau d’occupation grecque en place le plus ancien date du GR II, mais des fragments de la fin du GM II et du GR I ont été découverts en déposition secondaire, notamment dans les niveaux de remblai qui préparaient la mise en place d’une rue au début du VIIe siècle74. Le cadre archéologique de cette première phase de vie des Grecs à Cumes (750-720) reste encore à préciser, en gardant en tête l’idée des campements mégariens qui précèdent la mise en place de l’urbanisme75. Une présence grecque est donc attestée à Cumes dans le troisième quart du VIIIe siècle, avec la mise en place d’un urbanisme régulier plutôt dans le dernier quart du VIIIe siècle.
4.1.3.3. La fin des établissements indigènes de Pithécusses et Cumes
38En ce qui concerne la documentation archéologique sur les communautés opiques d’Ischia, les conséquences de l’arrivée des Grecs sont difficiles à déterminer, en particulier parce que le site de Pithécusses est établi dans un secteur de l’île qui ne semble pas être occupé au moment de leur arrivée. Comme les fouilles concernent avant tout les zones grecques de l’île, nos connaissances sur Ischia préhellénique sont très faibles, comme on l’a vu précédemment, en dehors de quelques éléments sur un site indigène à Castiglione d’Ischia. Le matériel céramique de l’âge du Fer de Castiglione76 peut être daté, selon les dernières analyses de Pacciarelli77, au moins jusqu’à la phase II du Préhellénique campanien, ce qui correspond traditionnellement à l’arrivée des Grecs. On connaît mal les fragments d’impasto découverts sur le site même de Pithécusses à Lacco Ameno. G. Buchner a découvert des fragments de type grec sous la couche volcanique, contemporains peut-être des niveaux indigènes78, mais en très petit nombre et très fragmentaires79. Une coexistence des deux communautés est donc possible. La fin de l’établissement de Castiglione pourrait également être liée à des phénomènes volcaniques80, dont la datation reste cependant incertaine par rapport à l’arrivée des Grecs notamment81.
39La situation à Cumes semble davantage documentée, en particulier dans les sources littéraires antiques. Plusieurs sources mentionnent en effet une conquête violente du territoire de Cumes et la réduction en esclavage des Opiques82. La mention au VIe siècle d’esclaves agricoles indigènes qui travaillent la chora de Cumes peut être interprétée en ce sens83.
40En ce qui concerne la documentation archéologique, les tombes préhelléniques les plus récentes sont datées du deuxième quart du VIIIe siècle, bien que cela reste à préciser84.
41À ces raisonnements fondés sur les tombes, les fouilles de l’habitat apportent des compléments. En 2018-2019, les fouilles de l’université l’Orientale dans une grande aire ouverte, correspondant à un péristyle romain dans une grande domus, ont permis d’atteindre des niveaux indigènes du premier âge du Fer, un habitat attesté par la présence de trous de poteaux et de céramique d’impasto culinaire. Quelques fragments de céramique grecque ont été découverts en position primaire dans ces niveaux : un skyphos verni de noir et un fragment qui pourrait être un skyphos à chevrons ou à demi-cercle pendant85. Ce dernier niveau indigène peut être daté des décennies qui précèdent le milieu du VIIIe siècle, au moment justement où les Grecs s’installent à Pithécusses.
42Par ailleurs, dans les niveaux grecs les plus anciens, les fragments de type grec ont été trouvés associés avec de la céramique d’impasto indigène, dans la phase qui précède la mise en place de l’urbanisme86. Cela évoque de façon symétrique la présence de quelques fragments grecs du Géométrique moyen II dans les derniers niveaux indigènes. Le passage de niveaux indigènes avec quelques fragments grecs à des niveaux grecs avec de l’impasto indigène semble pouvoir être daté autour du milieu du VIIIe siècle87.
43B. D’Agostino a rappelé à ce sujet le texte de Phlégon de Tralle, qui évoque l’idée d’un choix, pour les Eubéens, entre la ruse et la force : cette alternative pourrait indiquer une coexistence dans un premier temps, à l’image de la situation des Grecs à Léontinoi88, qui correspondrait peut-être au troisième quart du VIIIe siècle.
44La violence de la conquête a pu varier89, d’une destruction de l’établissement indigène, avec expulsion ou massacre des indigènes, à une prise de pouvoir suite à des combats, mais qui intègre ensuite les indigènes, par mariage peut-être pour les familles dominantes, par mise en esclavage dans les champs pour les autres. La présence d’indigènes, femmes exclusivement ou non, ne change cependant pas le rapport de force global, et le bouleversement de l’organisation du territoire introduit par les Grecs.
45Les transformations de la plaine dès la fin du VIIIe siècle, avec la création de zones d’habitat à l’emplacement de tombes préhelléniques, montrent cependant bien une rupture forte dans l’occupation des lieux, qui correspondrait à la prise de pouvoir effective des Grecs sur le territoire, en accord avec ce que rapportent les sources littéraires. Cette fondation oikistique de la colonie, avec probable délimitation claire des espaces d’habitat et de nécropole, et organisation précoce du plan d’urbanisation, a pu intervenir dans un second temps. C’est cette succession d’étapes qui reste à préciser, et qui est également à faire coïncider avec l’évolution du peuplement de Pithécusses. L’interruption de certains groupes de tombes dans la nécropole de San Montano a conduit V. Nizzo à faire l’hypothèse d’un transfert de certaines familles importantes de Pithécusses à Cumes vers la fin du VIIIe siècle. Il y aurait donc à la fois un décalage, même bref, entre l’installation à Pithécusses et à Cumes, mais également un décalage entre l’installation à Cumes d’un petit groupe, peut-être avec l’accord des indigènes, et la fondation véritable accomplie par la force et la violence90.
4.2. Pithécusses et Cumes entre le VIIIe et le VIe siècles
46Entre le GM II et le GR I, deux cités sont établies en Campanie par des Grecs d’Eubée, à Pithécusses et Cumes, en intégrant probablement la population indigène, selon des statuts variés. Les groupes qui s’installent ont une maîtrise importante des navigations méditerranéennes et connaissent probablement déjà bien le littoral tyrrhénien et ses ressources minières. Ils sont en mesure de contrôler et de peupler assez rapidement Pithécusses et Cumes, ce dernier site au moins étant occupé par une communauté qui semble puissante et peuplée. Il est donc probable qu’arrivent en Campanie des groupes humains plutôt nombreux et ce dès le second quart du VIIIe siècle.
47Les Grecs, à Pithécusses ou à Cumes, sont intégrés très vite dans des relations d’échange avec les communautés campaniennes, probablement par l’intermédiaire de certains groupes dominants. La distribution des vases grecs considérés comme précoloniaux semble de plus indiquer que ces relations s’inscrivent dans des rapports anciens entre élites grecques, étrusques et indigènes. Une clef de lecture sociale, et non ethnique, serait alors plus pertinente, en distinguant le sort des groupes dominants indigènes, liés aux Grecs depuis longtemps, y compris par des mariages, et celui du reste de la population, dans un statut inférieur et qui compose peut-être une population servile agricole91.
4.2.1. Pithécusses, une communauté tournée vers l’artisanat et les échanges ?
4.2.1.1. L’organisation du site
48L’organisation intra-site de Pithécusses est aujourd’hui assez bien connue (fig. 21, ch. 2). Les occupations du reste de l’île n’ont fourni que peu de matériel exploitable ici92, en dehors de Punta Chiarito, contexte sur lequel nous reviendrons ensuite. Le Monte di Vico était probablement le siège d’habitations et peut-être le centre politique et religieux de l’île, du fait de sa topographie93. La découverte en 1965 d’une décharge en contrebas de la colline a permis de mieux connaître le faciès céramique de la zone94.
49Plusieurs sites ont restitué des éléments liés à une fréquentation religieuse, mais il s’agit d’une documentation extrêmement réduite, dans le cas du Monte di Vico95 ou du promontoire San Pietro96 (fig. 20). Il y aurait donc eu un temple sur le promontoire, là où se trouve actuellement la station zoologique, à un emplacement qui devait le rendre visible pour les navires qui arrivaient du sud. Il est cependant difficile de savoir si l’endroit a été occupé avant le VIe siècle : cela montre en tout cas que notre restitution de l’étendue du site de Pithécusses doit être considérée avec précaution.
50En contrebas de la colline de Mezzavia, au lieu-dit Pastolà, un contexte votif riche en matériel, mais d’interprétation difficile, avec une stratigraphie très perturbée, a été partiellement fouillé et publié. Il s’agirait de deux sépultures et d’un possible dépôt votif97, peut-être une sorte d’hérôon, mis en place suite à la redécouverte de ces anciennes tombes à la fin du VIIe siècle, au moment d’une relance de la présence grecque sur l’île98.
51En ce qui concerne les contextes d’habitat, plusieurs structures ont été fouillées près du Monte di Vico, sur la colline de Mezzavia99. Sur une longueur totale de 500 mètres, plusieurs noyaux avaient été identifiés100 par G. Buchner, dont l’un été fouillé à Mazzola101, avec un mélange de structures artisanales et d’habitat (fig. 36).
52Plusieurs maisons ont été fouillées sur la côte méridionale d’Ischia, à Punta Chiarito102 (fig. 37). La stratigraphie du site montre deux périodes de fréquentation, la première entre le milieu du VIIIe siècle et le début du VIIe siècle, la seconde entre la fin du VIIe siècle et la fin du VIe siècle103. Ce premier moment semble se terminer au tout début du VIIe siècle104. L’interruption dans l’occupation du site pendant une grande partie du VIIe siècle semble liée à un épisode volcanique105. L’abandon définitif du site semble également lié à un épisode du même type, même si la datation en est difficile à déterminer106.
53La fouille d’une structure complète107, avec un niveau de sol sur lequel le mobilier céramique était encore en place, a permis de mieux comprendre un type d’habitat archaïque de Pithécusses, qui est proche de ce que l’on connaît dans d’autres sites contemporains108, avec une cour ouverte attenante, munie d’une banquette en pierre, sur laquelle un bassin de pierre était en cours de taille au moment de l’abandon du site109.
4.2.1.2. Les débats sur le statut de Pithécusses
54Un certain nombre de débats ont porté sur le statut de Pithécusses et ses rapports avec Cumes, qui conditionnent fortement notre perception du fonctionnement des échanges dans ces deux cités.
55Il semble aujourd’hui admis que Pithécusses a bien été une cité, dès lors que l’on comprend ce terme dans ses caractéristiques du VIIIe siècle. Les ruptures dans l’occupation du site, liées sans doute à des évènements volcaniques, ainsi que l’émergence de Cumes comme cité dominante de la région, expliquent probablement que Pithécusses soit souvent absente des sources110. Les particularités de Pithécusses (ancienneté de la fondation, importance des importations, population mixte, absence de tombes d’élites, sources littéraires discordantes) ont longtemps conduit à identifier l’établissement à un emporion111, ce qui s’explique également par les débats historiographiques de l’époque.
56C’est là encore le colloque d’Ischia en 1968 qui permet de comprendre dans quels cadres sont reçues les informations nouvelles issues des fouilles de Buchner. Les recherches de référence sur la colonisation grecque, celles d’A. Blakeway, Thomas Dunbabin ou Jean Bérard ont en commun de proposer une vision dichotomique des fondations coloniales, entre colonies agraires et colonies commerciales. C’est pourquoi l’un des enjeux historiques du colloque concerne la détermination de l’existence d’une phase de trafics précoloniaux, qui soutiendrait l’idée de motivations liées au commerce112. Face à cette conception tranchée de la polis et des apoikiai, les découvertes de Pithécusses apportent l’image d’un site complexe qui ne correspond pas, justement, à ces catégories rigides. Dans un premier temps, le site est assimilé à un emporion113, par glissement de l’activité emporia à la structure emporion114.
57L’idée de Pithécusses comme emporion115, structurellement différent d’une véritable apoikia et donc d’une polis, reposait donc sur plusieurs arguments : l’absence de membres des élites eubéennes, de fondateurs connus, la dépendance alimentaire, l’importance des échanges et de l’artisanat, l’ouverture aux étrangers. On peut d’ailleurs remarquer qu’une définition de l’emporion est rarement donnée, ce qui autorise certaines libertés. Les travaux suscités par les théories de K. Polanyi sur le port of trade ont rappelé l’importance d’une domination politique étrangère dans la définition d’un emporion, ce qui peut difficilement s’appliquer à Pithécusses116.
58La découverte du quartier artisanal de Mazzola en 1970, celle de l’établissement de Punta Chiarito en 1985 rendent difficilement soutenable l’hypothèse de l’emporion : Pithécusses apparaît comme un établissement étendu, avec une occupation du territoire plus large et diversifiée que ce que l’on pensait117.
59Ces nouvelles données, enrichies depuis les années 2000 par la reprise de fouilles à Cumes, ont conduit à un rapprochement entre les deux établissements, même si l’antériorité de Pithécusses semblait encore acquise. Face à ces évolutions documentaires, deux positions ont été adoptées. L’une privilégie toujours l’idée d’une rupture structurelle entre Pithécusses et Cumes, même en reconnaissant la proximité entre les deux établissements, avec l’idée de Pithécusses comme apoikia de type particulier118. L’autre position défend au contraire l’idée d’une continuité entre Pithécusses et Cumes d’un point de vue structurel, en considérant que les deux cités eubéennes, comme leurs métropoles, ont une économie proche de celle de Corinthe ou d’Égine, où le commerce et l’artisanat jouent un rôle important, aux côtés de l’agriculture119. Pithécusses est un établissement du VIIIe siècle120, qui n’a pu se développer, pour des raisons complexes et en partie obscures, au-delà du VIIe siècle121. Cette fin prématurée ne doit pas être considérée comme prédestinée : Emanuele Greco souligne une tendance téléologique chez de nombreux auteurs, qui expliquent la brève durée de l’établissement par une faiblesse structurelle incompatible avec le statut de polis122. La divergence entre cette conception et celle qui insiste sur la rupture entre Cumes et Pithécusses peut se lire également comme une différence de conception sur l’émergence de la polis au VIIIe siècle, en rupture ou non avec les formes politiques antérieures. Des différences existent également au sujet du rôle des élites dans ces échanges maritimes123.
60Les fouilles du village de Punta Chiarito ont montré par ailleurs les limites des modèles traditionnellement employés pour analyser la société grecque archaïque, face à la diversité des objets trouvés dans l’une des maisons124. L’essentiel du mobilier est constitué de vaisselle d’usage commun, des vases pour la cuisine, la consommation des aliments, avec également un grand nombre de vases conteneurs disposés le long des parois, mais aussi des outils pour l’entretien de la maison, un filet de pêche, des poids de métier à tisser. Cette première liste évoque l’habitation d’une famille paysanne, dédiée à l’agriculture, mais qui pratique également la pêche, un artisanat composite (fabrication de manches en ivoire) peut-être essentiellement à usage interne. Cette maison contenait également de la céramique fine importée corinthienne, laconienne, avec des vases à parfum, des coupes à boire, une amphore décorée, un cratère, ainsi qu’un bassin en bronze et deux râpes en bronze. Ces derniers éléments évoquent plutôt un mode de vie aristocratique, celui du banquet homérique. Il faut enfin signaler la découverte d’un petit trésor de fragments de bronze, trouvé au fond d’un vase, à l’entrée de la maison, et souvent interprété comme le signe d’échanges prémonétaires. La difficulté de conciliation de ces différents aspects avait poussé G. Buchner à imaginer qu’il s’agissait du lieu de vie d’un paysan travaillant pour un citoyen aisé, lequel ne venait à Punta Chiarito que de façon occasionnelle, pour célébrer par exemple la fin de la récolte, utilisant alors la vaisselle de banquet trouvée sur place, sur le modèle du dominus romain125.
61Deux remarques importantes sont faites à cette occasion par les auteurs. D’une part, le mobilier de Punta Chiarito montre que nos modèles d’évaluation de la richesse et des statuts sociaux, généralement tirés de l’examen des mobiliers funéraires, et souvent de populations indigènes, sont dans ce cas à revoir. Ensuite, le rôle d’indicateur de statut social de la céramique grecque importée, qu’il s’agisse de vaisselle fine126 ou même d’amphores de transport, serait à évaluer au cas par cas : à Pithécusses, il est probable que les biens importés aient été relativement accessibles, car il est certain que l’île a été très fréquentée par les navires qui cabotent le long du littoral tyrrhénien, apportant des métaux étrusques ou des biens d’Orient, huile grecque ou pacotille égyptienne127.
4.2.1.3. Cumes
62En ce qui concerne l’habitat, deux phénomènes sont désormais bien attestés : l’existence de zones artisanales dans l’habitat pendant la seconde moitié du VIIIe siècle et l’implantation d’un urbanisme régulier au début du VIIe siècle, en grande partie repris par la suite.
63Les fouilles entreprises depuis les années 1990 ont révélé plusieurs secteurs d’habitat archaïque128, notamment dans la zone du futur forum129. Deux structures d’époque archaïque ont été identifiées, de plan complexe. Il a pu s’agir d’un espace sacré ou d’un espace artisanal voire multifonctionnel130. De nombreuses scories de fer, des morceaux d’ambre ainsi qu’un exceptionnel pain de bronze de plus de 2.5 kg montrent que ces structures étaient, au moins en partie, dévolues à des activités métallurgiques131. Le niveau de sol le plus ancien132 a restitué de nombreux fragments de céramique locale et importée, dont les plus anciennes sont datées du GR I133. Ce secteur est profondément transformé à la fin du VIe siècle, pour laisser place à un espace public et sacré134.
64Un second secteur d’habitat est en cours de fouille par l’université l’Orientale, après plusieurs campagnes sur la muraille nord de Cumes qui avaient révélé l’ancienneté de la délimitation de l’espace135. Plusieurs niveaux grecs de la fin du VIIIe siècle ont été découverts136. Sous le stenopos nord, un niveau de la fin du VIIIe siècle contenait de nombreuses scories : il y avait probablement là un atelier métallurgique, situé en marge de l’habitat, avant qu’une restructuration de la zone n’y place une voie de communication137.
65Plusieurs sanctuaires archaïques sont connus et localisés, même si les connaissances sont très disparates selon les zones138.
66Après cette présentation de nos connaissances sur l’établissement des Grecs à Pithécusses et à Cumes, nous allons maintenant étudier les pratiques funéraires observables dans les deux sites à partir des fouilles de leurs nécropoles. La différence de qualité et de quantité dans la documentation disponible brouille en effet l’analyse comparée de ces deux sites, alors même qu’ils sont a priori habités par la même société. Ce préalable est indispensable pour envisager ensuite une analyse comparée de la distribution d’objets allogènes dans les mobiliers funéraires de ces deux sites.
4.2.2. Étude comparée des pratiques funéraires à Pithécusses et Cumes
67Avant de présenter l’organisation de la nécropole de Pithécusses, de l’analyse des rituels à leur distribution en fonction de facteurs d’âge ou de statut social, et de comparer ces données avec celles de Cumes, il faut commencer par préciser sur quels éléments se fondent les données concernant l’âge et le sexe ou le genre des défunts à Pithécusses et à Cumes.
4.2.2.1. La détermination du sexe et de l’âge des défunts
68En ce qui concerne les tombes de Cumes grecque, il n’existe pas à ma connaissance d’étude anthropologique. L’âge est déterminé à partir des dimensions de la tombe et de l’emplacement du mobilier, en considérant, on le verra, que les crémations sont réservées aux adultes. Les analyses anthropologiques conduites sur la première et la seconde série de tombes139 de Pithécusses se révèlent plutôt fiables en ce qui concerne l’âge du défunt, bien que des incertitudes subsistent souvent. Elles concordent avec l’analyse des rituels, puisque les crémations concernent des individus de 20 ans ou plus, tandis que les inhumations concernent une majorité d’enfants, ainsi que quelques adultes140.
69Le genre est fondé sur la présence de certains éléments de mobilier, notamment des ornements pour les femmes, bien que dans le cas de nombreuses tombes il ne soit pas possible de proposer une telle identification.
70La situation est plus complexe à Pithécusses. Dans un premier temps, pour la publication de 1993, il est précisé qu’en raison du très mauvais état de conservation des restes osseux, le genre a été déterminé en fonction du mobilier funéraire141. Des analyses anthropologiques sont réalisées par la suite et semblent indiquer une très grande concordance entre la définition du sexe par l’analyse anthropologique et celle du genre à partir du mobilier, notamment des fibules. Celles-ci sont uniquement de type indigène142 : on ne trouve aucune attache grecque, c’est-à-dire avant tout des épingles. Parmi ces fibules, certaines sont traditionnellement considérées comme plutôt masculines, d’autres plutôt féminines, à partir de l’analyse de nécropoles étrusques en Italie. Plus généralement, la présence de fibules, mais aussi d’ornements divers, conduit à attribuer la tombe à une femme. L’absence d’ornements ou la présence d’un certain type de fibule conduit à attribuer la tombe à un homme. La présence en nombre de fibules de type indigène dans les tombes de femmes a conduit G. Buchner, parmi d’autres, à souligner qu’il y avait là très probablement un indice de la présence de femmes indigènes.
It cannot possibly have been the men who set the fashion for indigenous personal ornaments (most of the items are for women, while the men for the most part merely adapted the fibulae with serpentine): it must have been the women. It follows that most, if not all, of the colonists’ women were not Greek but natives, who were not ready to abandon the haberdashery to which they had been accustomed143.
71Cette lecture des mariages mixtes reprend l’idée d’une arrivée principalement d’hommes depuis la Grèce. Outre la remise en cause de cette idée144, le raisonnement à Pithécusses est en partie circulaire, puisque c’est la présence de ces fibules qui « crée » la défunte145.
72Les analyses anthropologiques conduites par M.J. Becker ne concernent qu’un échantillon réduit de tombes146 et utilisent des méthodes qui ne sont pas les plus fiables pour la détermination du sexe, ce qui doit conduire à une grande prudence, notamment avec des cas avérés de révision complète de précédentes analyses147. Il faut également souligner que les sépultures de Pithécusses n’ont restitué qu’une très faible quantité d’ossements dans le cas des crémations, ou des ossements très abîmés dans le cas des inhumations148. Les conclusions de M.J. Becker sur une cohérence presque parfaite entre analyse anthropologique et analyse fondée sur le mobilier dans la détermination du genre, indiquent malgré tout que les identifications proposées sont à considérer comme plutôt fiables. Subsistent cependant de nombreux doutes et fragilités de ces études, qui invitent à considérer cette question du genre et du sexe avec une grande prudence dans l’analyse et surtout dans l’interprétation des résultats.
4.2.2.2. Les rituels funéraires : analyse comparée
73La fouille et l’étude d’un échantillon de plusieurs centaines de tombes à Pithécusses a permis de mettre en évidence une organisation précise des rites funéraires par classe d’âge149. Les nourrissons sont en général inhumés dans des amphores ou des vases conteneurs150. On ne trouve pratiquement pas d’inhumations de ce type à Cumes, ce que G. Buchner explique par la difficulté d’identification de ces sépultures. Il est probable que les fragments de vases en argile grossière n’aient pas été conservés, et de nombreuses tombes ont ainsi disparu151.
74Les jeunes enfants et les adolescents sont inhumés dans des caissons de bois placés dans des fosses creusées à même le sol, avec éventuellement un revêtement de cailloux dans la fosse. Une pierre est souvent posée sur le cercueil et de grands tumuli de pierres sont parfois édifiés au-dessus de la tombe152. Le même type de rituel peut être reconstruit à Cumes pour la préparation des inhumations en fosse153.
75Les adultes grecs, hommes et femmes, sont en général incinérés. Deux types de pratiques crématoires sont attestés à Pithécusses et Cumes : la crémation à tumulus, et la crémation à réceptacle. Dans le cas des crémations à tumulus, les défunts sont incinérés avec leur mobilier funéraire154 sur un bûcher funéraire placé dans un endroit particulier de la nécropole. Les restes du bûcher sont ensuite rassemblés et déposés dans une fosse creusée à même le sol, après avoir éteint les cendres avec du vin, versé par une oenochoé, ensuite brisée et placée dans la tombe. Un tumulus d’une hauteur moyenne d’un mètre marque ensuite l’emplacement de la sépulture155.
76Pour travailler sur des échantillons comparables entre Pithécusses et Cumes, il faut retirer les tombes à inhumations en amphore et les tombes à inhumation sans mobilier, qui n’ont probablement pas été distinguées ni conservées au moment des fouilles d’E. Stevens. Il faut également ne considérer que les tombes du GR II, car on ne connaît pas avec certitude de tombes du GR I à Cumes. On a ainsi à Pithécusses 58 crémations pour 134 inhumations, tandis qu’à Cumes, on a 54 crémations pour 126 tombes, soit des proportions très proches. La proportion de crémations est donc presque identique à Cumes156. On connaît surtout à Cumes les tombes à crémation avec lébès de bronze, mais G. Buchner souligne que les tombes à crémation avec tumulus se sont exceptionnellement bien conservées à Pithécusses. Il est très probable qu’à Cumes elles n’aient pas été identifiées, car une fois le tumulus détruit, la couche de terre noire peut facilement passer inaperçue157. Quelques tombes peuvent néanmoins correspondre à cette pratique, jusque-là seulement observée à Pithécusses, ce qui renforce le parallélisme entre les deux sites158.
77Les crémations à réceptacle suivent un rituel de crémation semblable, si ce n’est que la céramique est absente du mobilier déposé dans le réceptacle de tuf. Les restes du défunt sont en général déposés dans un lébès en bronze, parfois dans une première urne en argent, elle-même placée dans le lébès. Le mobilier comporte seulement les ornements personnels du défunt, le plus souvent en argent159. Ce type de rituel est connu à Érétrie dans le secteur de l’héroôn, ce qui a conduit à supposer qu’il est réservé aux élites eubéennes160. On a trouvé quelques attestations d’armes près ou dans ces tombes161 : trois boucliers en bronze placés sur l’urne qui contenait les restes du bûcher, sur le lébès en bronze ou argent, ainsi que trois pointes de lance en fer, plantées pointes vers le haut à côté du réceptacle de tuf dans le cas de la tombe I Gabrici162.
78Une tombe exceptionnelle du point de vue du rituel est la tombe Artiaco 104163, qui comporte une crémation dont les restes sont conservés dans une urne d’argent, placée dans un lébès de bronze, recouvert d’un tissu de lin pourpre, le tout placé dans un second lébès de bronze, ce qui rappelle le rituel héroïque réservé à Patrocle dans l’Iliade164. Dans l’angle sud-est de la fosse (fig. 58), on a découvert des armes : épée, poignard, éléments d’un char, mors de chevaux, pointes de lance. L’épée serait de type eubéen selon V. Nizzo, ce qui renforcerait l’interprétation de cette tombe comme celle d’un membre de l’élite grecque, et non d’un étrusque ou d’un indigène165.
79Cette articulation par classes d’âge, qui se vérifie également à Cumes166 semble associée à une articulation en termes de hiérarchie sociale. Les inhumations en fosse sans mobilier167 seraient réservées à des adultes de rang modeste168. Les crémations à tumulus avec mobilier simple et ornements en bronze ou fer seraient celles des membres du dèmos, et les crémations à tumulus sans mobilier correspondraient alors à une pratique réservée à une élite de niveau moyen169. Le mobilier funéraire est déposé dans un espace autre, peut-être près de l’ustrinum170. Ce type de rituel est également attesté à Cumes et à Érétrie171. Les crémations à réceptacle correspondraient alors aux membres adultes de l’élite du plus haut niveau. Certaines tombes exceptionnelles montrent cependant la limite d’une conception trop rigide de l’articulation des funéraires172.
80L’analyse du matériel céramique connu des tombes cuméennes du VIIIe siècle montre enfin qu’il est plutôt semblable à celui des tombes de Pithécusses de la même époque173, aspect sur lequel on revient plus loin.
4.2.2.3. L’organisation de l’espace funéraire : des family plots ?
81L’analyse de la stratigraphie horizontale et de la stratigraphie verticale174 montre une organisation complexe dans la nécropole de Pithécusses, avec des tombes qui se superposent ou se chevauchent. G. Buchner évoque l’agglutinamento175 comme principe fondamental de relation entre les tombes : l’union et l’incorporation volontaire d’un tumulus de pierre à un tumulus préexistant176, par superposition ou par destruction partielle du tumulus précédent177. Il s’agit d’une action délibérée de regroupement des tombes, qui selon G. Buchner est liée à un groupe de parenté. La nécropole est ainsi organisée en family plots178 : V. Nizzo recense 52 groupes, composés de 2 à 82 tombes179. Ces sortes de lots familiaux étaient peut-être à l’origine délimités par des piquets de bois180 et attribués dès les débuts de l’établissement, ce qui suppose l’existence d’un pouvoir politique unifié capable de réglementer l’organisation de la nécropole181. En ce qui concerne la nécropole de Cumes, un tel fonctionnement peut être supposé, avec éventuellement au centre des groupes les tombes à crémation à réceptacle, mais l’absence de données stratigraphiques fiables empêche de proposer une analyse aussi précise.
4.2.2.4. La démographie funéraire : évolution comparée
82Les tombes de Cumes grecque publiées par Gabrici ne sont pas évidentes à dater, mais elles ne semblent pas être antérieures à un horizon du GR II (725-690)182. V. Nizzo, reprenant l’étude de la nécropole de Pithécusses, a établi des estimations sur l’évolution démographique de l’établissement à partir de cet échantillon funéraire. Il observe une croissance progressive du nombre de tombes entre le GR I et le GR II, ce qui correspondrait éventuellement à de nouveaux apports de colons eubéens, avec la création de Cumes et d’éventuelles conséquences des guerres lélantines. Vers la fin du VIIIe siècle, il note au contraire une baisse importante du nombre de tombes, et l’interruption de certains groupes, ce qu’il interprète comme un transfert à Cumes d’une partie de la population, peut-être en lien avec des conflits politiques ou des évènements sismiques183.
4.2.2.5. Société et hiérarchie dans la nécropole de Pithécusses
83L’un des enjeux documentaires du débat sur le statut de Pithécusses concerne la présence ou l’absence de tombes considérées comme étant celles des membres de l’élite eubéenne, à même de diriger une véritable polis. La nécropole de Pithécusses a ainsi rapidement été interprétée en termes de stratification sociale, en comparant les pratiques constatées et le matériel funéraire aux tombes connues en Grèce à la même époque184.
84La majorité des tombes comportent un mobilier, avec une présence importante d’importations, et des ornements en métal précieux. L’absence de tombes à crémation avec urne cinéraire en bronze, qui correspond au modèle homérique et aux rituels constatés pour les tombes les plus prestigieuses d’Eubée185 semble dans un premier cas cohérente avec l’interprétation du site comme un emporion186, avec parfois une distinction entre une élite de niveau moyen187, une couche moyenne-haute188, une couche moyenne-basse189. Cette idée de l’absence de véritable élite à Pithécusses190, qui va de pair avec l’image d’une société souple et plus ouverte, est fondée sur deux constats : l’absence d’armes à Pithécusses191 et l’absence des types de tombes habituellement attribuées à l’élite eubéenne, les crémations en réceptacle, présentes à Cumes. On s’accorde cependant sur l’existence d’un degré important d’organisation sociale192, au regard de l’articulation en concessions familiales bien définies et respectées, et à l’articulation fonctionnelle des espaces dès le début de l’établissement grec193.
85Certains chercheurs, dont G. Buchner, sont cependant convaincus de l’existence de ces tombes des élites à Pithécusses, quelque part dans les zones non fouillées. Il est d’une part impensable, selon lui, d’envisager une société grecque de couche moyenne, de commerçants et d’artisans, de paysans et de marins, sans une couche sociale dominante194. Il est probable que, comme à Cumes, ces tombes soient regroupées dans une certaine zone de la nécropole, et que cette zone n’ait pas encore été fouillée195. D’autres indices, liés au matériel céramique ou à la présence de râpes, vont dans ce sens196.
4.2.3. Grecs, Orientaux et Indigènes
86L’une des caractéristiques de Pithécusses, et probablement de Cumes également, tient à la présence au sein des communautés grecques de groupes familiaux orientaux et peut-être indigènes197. Cet élément ne remet pas en question le caractère grec des deux sites, mais il est possible que ces groupes aient joué un rôle spécifique dans la production artisanale et les échanges, en particulier si les groupes grecs ont noué des alliances étroites avec certains groupes dominants étrusques. Dans les paragraphes qui suivent, une mise au point sur cette présence orientale et indigène va être présentée à partir de la documentation disponible.
4.2.3.1. La présence orientale à Pithécusses et Cumes
87Plusieurs indices laissent penser à une présence à Pithécusses de familles araméennes de la région d’Al-Mina198, des cités phéniciennes d’Occident, Carthage en particulier199 et peut-être des cités phéniciennes d’Orient200. Derrière cette question de l’origine des groupes orientaux de Pithécusses se trouve en fait souvent un autre débat, celui qui concerne l’origine des convoyeurs des objets orientaux vers la Campanie. J. Boardman a notamment à plusieurs reprises argumenté en faveur d’un rôle important des Eubéens. Les groupes orientaux de Pithécusses seraient originaires de Syrie du Nord selon lui, peu réputés pour leur navigation, ce qui justifierait l’idée d’une forte implication eubéenne. Cet effacement du rôle phénicien, qu’il s’agisse des cités du Levant ou de Carthage, a été remis en cause par les études sur l’importance des échanges entre Carthage et Pithécusses201.
88La présence d’objets orientaux dans le mobilier d’une tombe ne suffit pas à attribuer celle-ci à un individu phénicien ou araméen202. Pour supposer la présence d’individus originaires du monde phénicien ou araméen à Pithécusses, il faut pouvoir identifier un ensemble d’indices convergents : l’observation d’un rituel spécifique dans la nécropole, la présence d’inscriptions en phénicien ou en araméen, enfin l’influence de pratiques orientales quotidiennes, dans l’alimentation par exemple203.
89Dans la nécropole, plusieurs contextes peuvent être interprétés en lien avec une origine orientale des défunts204. C’est notamment le cas du groupe de tombes autour de l’inhumation en amphore commerciale 575 : cette amphore comportait deux inscriptions de nature commerciale, mais également un symbole funéraire phénicien ou araméen205. Cette présence orientale semble en tout cas pleinement intégrée dans l’espace funéraire206. Plusieurs amulettes carthaginoises en os ou en ivoire, en forme de double hache, ont également été trouvées, en petit nombre, dans la nécropole, notamment dans cette tombe 575. On en trouve cependant cinq exemplaires dans une tombe où il est plus complexe de les considérer comme un marqueur de l’origine du défunt207.
90Les deux tombes 545 et 546 sont interprétées par G. Buchner et D. Ridgway comme la sépulture double d’une jeune mère et de son nourrisson, inhumé dans une amphore placée entre les jambes de la défunte208. Ce même groupe contenait également la tombe à inhumation d’un homme, inhumé avec un mobilier typique des sépultures d’hommes de haut rang dans les sociétés indigènes209. L. Cerchiai estime que les tombes marginales, au sens politique du terme, sont groupées dans la nécropole210. Dans la seconde série des fouilles, un petit dépôt de céramique phénicienne a été découvert juste à côté d’une crémation à tumulus211 : il pourrait s’agir des restes d’un rituel funéraire phénicien212. R. Docter revient également sur l’aménagement de la tombe 298213 : une niche séparée a été creusée dans la fosse, où a été placée une oenochoé, protégée par quelques pierres. Cette pratique, unique à Pithécusses, est en revanche courante dans le monde phénicien214. Un dernier élément, plus fragile, est probablement également à relier à une présence orientale dans la nécropole. Près de la tombe 232 a été trouvé un fragment de canthare de production locale, avec une inscription phénicienne dont seules deux lettres subsistent215, mais qui auraient donc été inscrites sur place216.
91Un dernier aspect concerne le choix d’amphores de transport orientales pour inhumer les nouveau-nés. Il est difficile d’interpréter directement ce phénomène comme un marqueur ethnique, mais il est probable que dans certains cas il s’agisse bien d’un choix délibéré, pour souligner l’appartenance du défunt à une famille d’origine orientale217.
92En ce qui concerne les contextes d’habitat ou de dépôt votif, de la céramique phénicienne de cuisine218 a été trouvée en quantité non négligeable dans la décharge Gosetti219, avec des plats, des bols en Red Slip Ware, mais également des imitations locales220. Des fragments de céramique Red Slip Ware, importée ou imitée, ont été signalés près du contexte de Pastola221, ainsi qu’une oil bottle, une lucerne et deux amphores orientales222, ce qui montre la présence d’une composante phénicienne constante, quel que soit le type de contexte223.
93Un autre élément en faveur d’une présence durable d’Orientaux est lié à l’adoption du plat par les habitants de Pithécusses. Non seulement la technique du Red Slip Ware est imitée localement, mais la forme du plat semble adoptée pour manger, comme en témoigne une production locale abondante224.
94L’adoption de l’amphore phénicienne, avec l’adjonction d’un fond plat, l’imitation locale précoce de céramique Red Slip Ware et du plat témoignent probablement de la présence sur l’île de potiers araméens ou carthaginois, capables de reproduire les formes de leur région d’origine et peut-être d’enseigner celles-ci aux potiers grecs. Un rôle oriental dans les ateliers de métallurgie et de fabrication d’ornements est également probable, compte-tenu de la maîtrise des artisans orientaux dans ces domaines225.
95Ces individus semblent s’être rapidement intégrés à la société pithécusaine, avec peut-être des mariages mixtes. Cette intégration peut expliquer que par la suite, on n’observe plus de marqueurs ethnico-culturels aussi nets liés au monde phénicien, qui n’ont peut-être concerné que les groupes de la première génération226. En ce qui concerne Cumes, les tombes connues contiennent également des importations orientales, mais dans une moindre mesure, en tout cas dans l’état actuel de nos connaissances. Il n’existe pas pour l’instant à Cumes de témoignage épigraphique phénicien ou sémite. Les fouilles de l’habitat ont montré la présence de plats en Red Slip Ware dans les premiers niveaux grecs, souvent de production pithécusaine cependant227.
96La présence de petits groupes phéniciens ou araméens à Pithécusses est un élément important dans notre compréhension des acteurs des échanges : il est probable que cette présence durable ait joué un rôle dans l’importance des échanges de Pithécusses avec le monde phénicien d’Occident, mais également avec le monde phénicien et araméen d’Orient, en particulier pendant la première phase de vie du site. Il faut souligner que les études récentes soulignent la place des productions phéniciennes d’Occident ou de Rhodes dans les amphores ou vases à parfum découverts dans la nécropole : les cités phéniciennes du Levant souvent évoquées dans les premières publications ne sont finalement représentées que par quelques objets228.
4.2.3.2. Les rapports des Grecs avec les populations indigènes
97L’un des enjeux d’une étude des données archéologiques sur la place des groupes indigènes dans les deux cités grecques tient à notre capacité à distinguer entre la culture matérielle indigène locale, celle de Cumes et Pithécusses préhelléniques, et la culture matérielle des groupes de Campanie, voire du Latium et d’Étrurie méridionale229. L’étude de la répartition des vases d’impasto locaux et importés dans la nécropole semble indiquer deux phénomènes différents.
98Dans les mobiliers des tombes de Pithécusses, et de Cumes dans une moindre mesure230, on trouve des éléments de culture matérielle indigène231 dans tous les groupes de tombes et dans des configurations très diverses232. La découverte de vases en impasto local dans les contextes d’habitat, l’imitation en argile tournée de formes indigènes, l’importance du répertoire indigène dans les fibules fabriquées à Pithécusses et Cumes233 sont autant d’éléments qui montrent la permanence d’une présence indigène, souvent réduite aux femmes234.
99Les vases d’impasto importés, comme les amphorettes à spirale qui proviennent du Latium, sont plutôt présents dans des sépultures éminentes, comme des tombes à crémation avec un mobilier fourni235. Il est possible que certains groupes éminents aient noué des alliances, peut-être concrétisées par des mariages, avec des groupes installés dans le Latium236. La tombe Artiaco 104 a également été parfois interprétée comme celle d’un aristocrate grec extrêmement lié au monde étrusque, voire d’un aristocrate étrusque installé à Cumes237. Elle montre en tout cas l’importance des échanges dans la culture de certaines élites, avec ici une association d’objets et de pratiques grecques, étrusques et orientales.
100Dans la seconde série de fouilles, un fragment porte une inscription avec un nom étrusque, écrite avec l’alphabet grec : AMES EMI238. Découvert dans la tombe d’une jeune fille, il pourrait indiquer que celle-ci était originaire d’une région étrusque, peut-être celle de Pontecagnano en Campanie239. Une inscription sur un vase de Cumes témoignerait également d’une présence étrusque240.
101Les tombes d’adultes à inhumation en fosse sans mobilier ont souvent été attribuées, en partie, à des individus indigènes de couche sociale inférieure, peut-être asservis par les Grecs241. Cette lecture ethnique ne repose cependant sur aucun élément archéologique précis. L. Cerchiai avait souligné que les inhumés avec céramique d’impasto et instruments de travail en fer tendaient à être regroupés dans des zones marginales de la nécropole, avec d’autres sépultures anormales, attribuables à des individus non-grecs242. La présence de céramique d’impasto et d’éléments liés au tissage à l’intérieur de groupes de tombes centraux montre que la situation était probablement plus complexe.
102Plusieurs tombes semblent également montrer la présence d’indigènes de statut social élevé, ou en tout cas non-subalterne. Ces tombes présentent des mobiliers avec des outils liés à des fonctions genrées243, ce que l’on retrouve dans les tombes campaniennes contemporaines, notamment à Pontecagnano244. La tombe 678, dite du charpentier, contient plusieurs outils liés au travail du bois. L. Cerchiai a montré qu’il ne s’agissait pas de la tombe d’un artisan grec, mais probablement d’un indigène de haut rang245. Ces sépultures anormales sont cependant situées plutôt en marge des grands groupes et de la nécropole, ce qui montre la complexité d’organisation de celle-ci246.
103Il est également possible que des individus originaires d’Italie méridionale aient vécu à Pithécusses, peut-être avec un statut bas dans la société. Cette interprétation a notamment été proposée pour les quelques cas de déposition fœtale du cadavre, que l’on rencontre surtout dans certaines sociétés d’Italie méridionale247, et reliée à la présence de céramique daunienne dans la nécropole248. Un vase découvert dans la tombe à inhumation 285 portait également une inscription, « Dazimos », interprétée comme une sorte de grécisation d’un nom messapien249. Dans la seconde série de tombes, fouillées entre 1965 et 1967, on trouve un nourisson inhumé dans une olla daunienne, ainsi qu’une tombe de jeune enfant contenant des ornements de type italico et des pointes de lance brisées, ce qui évoque des pratiques des sites étrusques ou indigènes250.
104On connaît très peu de vases en impasto dans les tombes grecques de Cumes, ce qui peut être dû aux conditions de fouille. B. D’Agostino estime cependant probable que l’on retrouve, comme à Pithécusses, une présence indigène avec des statuts divers, ce dont attestent plusieurs vases inédits d’impasto251. L’idée de mariages mixtes est également plausible, de même que la présence d’indigènes de statut non subalterne, peut-être liés aux anciens groupes dominants de Cumes ou à d’autres groupes dominants de Campanie252.
105Une présence orientale, peut-être plusieurs groupes familiaux, est ainsi attestée à Pithécusses, particulièrement visible dans les premiers moments de vie du site. Il est possible que cette présence orientale en Campanie ait facilité l’arrivée de navires phéniciens, ainsi que l’établissement rapide de relations économiques avec Carthage. La permanence d’une présence de la population indigène à Pithécusses et à Cumes recouvre probablement une grande diversité de statuts pour ces groupes. Il est probable cependant que des alliances, peut-être par mariage, aient été nouées entre certains groupes familiaux dominants et les groupes grecs dominants. Le même type de phénomène a probablement eu lieu avec des communautés plus lointaines, en particulier les puissants sites étrusques de Pontecagnano, du Latium ou d’Étrurie. Ces liens familiaux, renforcés par la présence d’individus originaires de ces régions dans les cités grecques de Campanie, ont certainement joué un rôle important dans la mise en place rapide d’échanges économiques réguliers. Ceux-ci s’inscrivaient probablement dans un cadre d’alliances politiques, qui nous échappent cependant à cette époque.
4.2.4. Les productions artisanales
4.2.4.1. Espaces de production et artisans
106Plusieurs espaces de production métallurgique ont été identifiés à Cumes et à Pithécusses. Très rapprochés, de plan ovale puis rectangulaire, les espaces fouillés à Mazzola datent probablement de la seconde moitié du VIIIe siècle253. Cette interprétation se fonde sur la découverte, au niveau du sol antique, de très nombreuses scories de fer, de bronze, mais également d’ornements métalliques travaillés, une fibule incomplète et des petites plaques d’os travaillées254. Une forge située dans une cour en plein air a été identifiée255. Des éléments liés à la métallurgie ont également été trouvés dans la décharge Gosetti, ce qui fait supposer un éventuel transfert d’une partie des activités sur la colline, après l’abandon d’une partie des ateliers de Mazzola256. L’identification d’un atelier de métallurgie à Cumes en usage dès les premiers moments de la colonie257 montrent également qu’il ne faut pas situer uniquement à Pithécusses les activités artisanales.
107L’emplacement d’un atelier au moins de potier peut être localisé dans la zone de Santa Restituta à Pithécusses, utilisé dès le Géométrique récent258. Il est par ailleurs difficile de savoir si Cumes et Pithécusses ont produit en parallèle de la céramique, ou successivement259.
108Dans le domaine de la métallurgie comme de la céramique, l’existence d’une tradition artisanale eubéenne est attestée260. Il est probable que des potiers et peintres corinthiens aient résidé à Pithécusses261, ainsi que des artisans phéniciens, en particulier en ce qui concerne la production d’amphores262. Leur implication dans la production d’ornements est probable, mais reste discutée263.
109Le statut de ces artisans reste très mal connu. L’insistance sur le caractère emporique de Pithécusses a souvent conduit à survaloriser le rôle des artisans et des commerçants au sein du site. Il est probable que la situation soit plus stratifiée, avec un artisanat spécialisé et des productions diversifiées264.
4.2.4.2. Les productions de Pithécusses : les biens manufacturés
110Une production de vases en céramique fine est attestée à Pithécusses et Cumes dès les premiers moments d’occupation de ces sites265. Des influences eubéo-cycladiques266, puis corinthiennes, caractérisent cette production267. F. Mermati a proposé une typologie et un premier catalogue des vases produits localement, qui avaient déjà été identifiés par E. Gabrici et G. Buchner268.
111Cette production céramique est diversifiée, avec à la fois des vases de haut niveau artistique, comme ceux du Peintre de Cesnola, probablement destinés aux membres des classes dominantes269, mais également une production de vases de qualité standardisée, avec une proportion importante d’imitations corinthiennes270. Les ateliers de Cumes et de Pithécusses s’inspirent également des vases phéniciens en Red Slip Ware, ce dont témoigne la production d’un grand nombre de plats de forme phénicienne, mais de décoration grecque. Cette production est principalement active entre le milieu du VIIIe siècle et le second quart du VIIe siècle. Après cette période, la qualité des vases produits semble décliner, tandis que les importations deviennent plus nombreuses271. On continue cependant à observer une production locale, standardisée et avec une décoration linéaire simple, jusqu’à la fin du VIe siècle272. Une production de vases à parfum étrusco-corinthiens est également probable à Cumes au VIIe siècle, inspirée de la production de l’Étrurie du Sud273.
112Une production de fibules et peut-être d’autres ornements est attestée à Pithécusses depuis les fouilles du quartier de Mezzavia274.
4.2.4.3. Les productions de Pithécusses : l’agriculture
113La fertilité de la terre de Pithécusses, mentionnée par Strabon275, peut être rapprochée des attestations de production de vin276, et par la découverte de plusieurs sites qui confirment une assez large occupation de l’île (fig. 20)277. Il est ainsi possible que Pithécusses ait été en partie autonome pour son approvisionnement agricole, loin de l’image du port de commerce uniquement tourné vers les échanges. Il reste cependant probable que dans le dernier quart du VIIe siècle, l’île soit devenue trop peuplée pour pouvoir être autonome278, ce qui pourrait expliquer également le transfert plus massif d’individus à Cumes où le potentiel agricole était bien plus important.
4.2.4.4. Les amphores de Pithécusses, leur contenu et leur diffusion
114Comme souvent, les seules traces de ces biens de consommation échangés sont leurs éventuels contenants. Dans le cas de Cumes et de Pithécusses, des amphores de transport locales ont été exportées peu après le milieu du VIIIe siècle279.
115La production de ces amphores est souvent reliée à une production de vin sur l’île280, ce qui semble confirmé pour les amphores de type B par la découverte à Punta Chiarito de traces d’activités agricoles, et notamment de culture de la vigne281. L’interprétation de ces données, et surtout leur chronologie, reste cependant complexe282. J. C. Sourisseau a également souligné la diffusion relativement restreinte de ces amphores pithécussaines en termes de quantité. Même exploité dans son ensemble, le territoire de Pithécusses ne devait pas permettre une production excédentaire très importante, ce qui n’a pas empêché des exportations d’amphores dès les débuts de la colonie. Au cours du VIe siècle, même en considérant la difficulté liée à l’imitation des amphores B dans plusieurs sites campaniens, la situation semble la même, avec une exportation géographiquement étendue, mais quantitativement limitée283. Dans ce cadre géographique, le vin de Pithécusses a peut-être fonctionné comme un bien relativement luxueux, au moins dans les sociétés étrusques et latiales284.
116Les amphores de type B semblent disparaître vers la fin du VIe siècle, en lien peut-être avec la désorganisation des activités productives sur l’île du fait d’évènements volcaniques285.
117Il est tout cas probable que seul un petit nombre d’amphores contenant du vin ou un autre produit aient été exportées dans un premier temps286. Les données publiées en 2007 pour Carthage indiquent ainsi qu’entre 760 et 675, les amphores de Pithécusses représentent 1,3 % du total des amphores, la majorité des importations étant attribuées à la Sardaigne287. Les productions de Pithécusses semblent par contre complètement absentes dans la phase 675-550288.
118Un élément fondamental et plus assuré concerne l’espace des échanges de ces amphores (fig. 38). Le choix d’un modèle amphorique phénicien, adopté ensuite en Étrurie méridionale, commun à l’ensemble du bassin tyrrhénien289 est tout à fait remarquable, car il distingue fortement les productions pithécussaines des amphores de type grec, corinthiennes ou attiques, qui seront d’ailleurs le modèle choisi par les autres cités grecques d’Occident, comme Sybaris.
119La diffusion de la production locale de céramique fine a été étudiée par F. Mermati, à l’échelle régionale et méditerranéenne.
120La céramique fine produite à Cumes et à Pithécusses a été trouvée dans différents sites méditerranéens (fig. 39)290, même s’il y a parfois indécision entre un vase produit à Pithécusses et exporté, ou produit sur place par des potiers eubéens291. En Campanie (fig. 40), on trouve très tôt des exemplaires dans les nécropoles de Pontecagnano, de la vallée du Sarno ou de Capoue292. Les échanges avec Carthage sont avant tout attestés par les découvertes de céramique fine293, tandis que les quantités d’amphores pithécusaines sont plutôt faibles.
121Les productions de Pithécusses et de Cumes sont exportées très tôt, avant tout au sein de la région campanienne, et dans une moindre mesure en mer Tyrrhénienne. Ces productions sont avant tout des biens manufacturés, notamment de la vaisselle fine ou du vin, ce dernier exporté dans des quantités faibles, mais de façon constante au cours de la période archaïque. L’étude des importations trouvées dans l’habitat et les nécropoles de Pithécusses et de Cumes va permettre de voir ce que reçoivent les deux cités, et dans quelle mesure les régions d’importations coïncident avec celles où les cités grecques exportent leurs biens.
4.2.4.5. Standardisation de la production et échanges prémonétaires
122Il est certain qu’un certain degré de standardisation a existé en ce qui concerne la production de vaisselle céramique, en particulier à partir du VIIe siècle. Il est également probable qu’une partie de la production d’amphores ait eu une contenance réglée. Les analyses métrologiques de Furio Durando semblent montrer une production double, avec d’un côté des amphores non standardisées294, destinées à un usage local, de l’autre des amphores à la contenance très proche, qui étaient peut-être destinées à l’exportation295. Ces analyses ont cependant été faites sur les amphores trouvées à Pithécusses même : il faudrait pouvoir vérifier si les amphores de Pithécusses, notamment la forme A plus ancienne, avaient cette même contenance dans le cas d’exemplaires trouvés justement en dehors de l’île.
123Une inscription sur l’amphore 575 peut également être interprétée en ce sens. Le nombre 200 serait en effet écrit sur le haut de la panse de l’amphore, en araméen. F. Durando a mesuré la contenance de cette : 55-56 litres environ. Il remarque ensuite que cette mesure correspond environ à 200 fois la mesure de la kotyle ionico-attique (0,273 litres). On aurait alors une indication en araméen de la quantité contenue par l’amphore en fonction d’un système de mesure grec, à destination d’une communauté grecque, Pithécusses, au sein de laquelle vivaient des Orientaux capables de comprendre cette inscription296.
124La découverte d’un poids à Mazzola semble également indiquer une production d’ornements précisément réglée, même si la datation de l’objet, comme son identification, restent incertains297.
4.3. Les objets allogènes dans les cités grecques de Campanie
125Un travail de mise en forme des données et de statistiques descriptives a été mené sur la documentation disponible, de façon à faciliter les comparaisons entre types de contextes ou entre les deux sites dans le temps. Ces données sont présentées par site, puis par grand type de contexte (nécropole, habitat, sanctuaire), afin de respecter la spécificité de chaque secteur de fouille. Toutes ces données réélaborées et analysées permettent ensuite de proposer une typologie des objets allogènes, par fonction des biens importés et par origine de ceux-ci.
4.3.1. Les importations de Pithécusses : l’habitat
126La stratigraphie du site de Punta Chiarito montre deux périodes de fréquentation, que nous reprenons ici, la première entre le milieu du VIIIe siècle et le début du VIIe siècle, la seconde entre la fin du VIIe siècle et la fin du VIe siècle298.
4.3.1.1. Les objets allogènes dans la première phase de vie de Punta Chiarito : 740-700
127Les objets allogènes de Punta Chiarito sont ici étudiés à partir des rapports préliminaires de fouille et des collections du musée archéologique de Naples299.
128Le matériel récolté est peu abondant et très fragmentaire : la quantification ici proposée est donc à considérer avec prudence. La majorité des fragments concernent des vases conteneurs ou des vases à boire, et ce sont dans ces deux catégories que l’on retrouve l’essentiel des objets allogènes.
129Parmi les deux fragments d’amphores de transport importées300, on trouve un fragment d’amphore attique SOS et un fragment d’amphore corinthienne301. Les quatre coupes à boire allogènes sont corinthiennes302. On peut signaler la découverte d’un fragment d’amphorette à spirale, assez petit, mais qu’il serait intéressant de confronter aux exemplaires provenant de la nécropole. Même si l’échantillon est mince, la présence relativement importante de coupes à boire corinthiennes confirme les données de la nécropole, où les productions corinthiennes de vaisselle fine à boire sont nombreuses. Ce type de bien manufacturé était probablement plutôt répandu, accessible en quantité suffisante pour qu’une habitation comme celle de Punta Chiarito en possède un certain nombre.
Tab. 21. Les fonctions des vases de Punta Chiarito (740-700).
Fonction | Nombre d’exemplaires | % total | Nombre d’exemplaires allogènes | % imp |
A : stockage ou transport | 8 | 35 % | 2 | 29 % |
E : boire | 6 | 26 % | 4 | 57 % |
B : aliments solides | 5 | 22 % | 0 | 0 |
D : verser | 3 | 13 % | 0 | 0 |
C : contenir des liquides | 1 | 4 % | 1 | 14 % |
Total | 23 | 100 % | 7 | 100 % |
4.3.1.2. Les objets allogènes dans la seconde phase : 625-525
130Le mobilier est, comme dans la première phase, composé majoritairement de vases de stockage et de vases liés à la boisson (verser et boire). Au sein de ce mobilier céramique, les importations concernent essentiellement les amphores de transport et les coupes à boire. Les importations, en dehors des amphores de transport et des coupes à boire, sont presque exclusivement corinthiennes303 : on trouve une lékanè du Corinthien moyen (C2), une oenochoé du Corinthien moyen (B12), un aryballe du Corinthien moyen (B11) et un cratère laconien (C1). Il faut cependant remarquer que le lieu de production « centres étrusques » est volontairement flou. Il est indiqué dans les rapports préliminaires que les six canthares de bucchero, comme les deux coupes de bucchero gris, sont importés, sans davantage de précision304. En l’absence de publication plus détaillée, il est impossible de déterminer si ces vases proviennent du même centre, et si ce centre est situé en Étrurie méridionale ou en Campanie305.
Tab. 22. Les fonctions des vases de Punta Chiarito (625-525).
Fonction | Nombre d’exemplaires | % total | Nombre d’exemplaires importés | % imp |
A : stockage ou transport | 56 | 38 % | 10 | 29 % |
E : boire | 42 | 28 % | 20 | 59 % |
B : aliments solides | 13 | 9 % | 1 | 3 % |
D : verser | 33 | 22 % | 1 | 3 % |
C : contenir des liquides | 3 | 2 % | 1 | 3 % |
G : parfums | 2 | 1 % | 1 | 3 % |
Total | 149 | 100 % | 34 | 100 % |
Tab. 23. Les vases à boire importés à Punta Chiarito : origines (625-525).
Origine | Nombre d’exemplaires | % total |
Local | 22 | 52,5 % |
Corinthe | 10 | 24 % |
Centres étrusques | 8 | 19 % |
Grèce de l’Est | 2 | 4,50 % |
Total | 42 | 100 % |
4.3.1.3. Mazzola
131On dispose seulement d’indications générales dans la bibliographie sur le matériel trouvé à Mazzola, probable quartier métallurgique de Pithécusses, en attendant les publications à venir de M. Cuozzo et P. Guzzo. Jeffery Klein indique ainsi : « le site a produit la gamme d’importations habituelle et attendue à Ischia : cratères, pichets et coupes à boire de Corinthe, coupes et petites cruches de Rhodes et d’Eubée, amphores à huile d’Athènes, jarres à vin ( ?) de Palestine, ainsi que quelques vases puniques et quelques produits des populations indigènes d’Italie centrale306 ». G. Buchner évoque de même un faciès céramique proche de celui trouvé dans la décharge Gosetti, avec très peu de vases fermés, un grand nombre de vases liés à la boisson, en particulier des amphores peintes et des cratères, ainsi que des kotyles de type Aetos 666 et des fragments d’amphores SOS attiques307.
132Quelques fragments sont publiés dans cet article de 1972, et l’on trouve également quelques éléments du matériel de Mazzola exposés dans le musée archéologique d’Ischia308. Une seule structure semble avoir été une maison, la structure I, abandonnée cependant dans les années 720309 : après ce moment, le quartier de Mazzola semble uniquement dédié à une activité métallurgique. Il serait donc important de savoir d’où proviennent les fragments de céramique fine ou d’amphores de transport : s’il s’agit de cette structure d’habitat, on aurait un profil d’objets allogènes plutôt proche de ce que l’on a trouvé à Punta Chiarito. La découverte de fragments d’un grand cratère figuré avec des chevaux a été parfois interprétée comme le signe d’occupants appartenant aux classes dominantes de la société pithécusaine310, ce qui rapprocherait ce contexte de la situation difficile à interpréter de Punta Chiarito, en ce qui concerne le niveau social de ses occupants.
4.3.1.4. La décharge Gosetti
133La prise en compte du matériel de la décharge Gosetti présente deux limites importantes : d’une part, il s’agit d’un matériel en déposition secondaire, dont la représentativité est douteuse ; d’autre part, une petite fraction seulement de ce matériel a été publiée311. Il est donc impossible de raisonner sur la totalité de l’échantillon, en particulier pour la vaisselle céramique.
134Le matériel couvre une large période, du Bronze moyen à l’époque romaine, à l’exception de l’âge du Fer indigène. On y trouve une très grande quantité de céramique corinthienne, du VIIIe au VIe siècles, de la céramique attique, laconienne, mais aussi une grande quantité de céramique locale de tous types et des terres-cuites architecturales.
135Ce matériel semble complémentaire de celui de la nécropole : les grands cratères peints sont ainsi bien représentés, ainsi que les formes liées au repas et à la cuisson. D. Ridgway évoque un échantillon de quelques 10 000 fragments de céramique peinte312. N. Coldstream, dans son étude sur les importations eubéennes, mentionne également des données de synthèse issues des recherches inédites de D. Ridgway. On dispose ainsi de données sur les fonctions des vases étudiés en fragments (tab. 25).
136Les vases pour verser, en majorité des oenochoés, sont ainsi surreprésentés parmi les importations eubéennes, tandis que la distribution de l’ensemble des fragments correspond bien à un contexte d’habitat où les formes domestiques dominent. Le matériel eubéen importé étudié par N. Coldstream est daté du Géométrique récent. Des importations corinthiennes sont mentionnées, mais la fragmentation du matériel rend difficile une datation précise : une très grande majorité des fragments date très probablement des VIIIe et VIIe siècles.
Tab. 24. Le lieu de production des fragments de céramique fine de la décharge Gosetti, d’après Ridgway 1992, p. 42.
Origine | % ensemble |
Local | 81 % |
Corinthe | 16 % |
Eubée | 3 % |
Total | 100 % |
Tab. 25. Les fonctions des vases de la décharge Gosetti (ensemble des vases/importations eubéennes), d’après Coldstream 1995, p. 267.
Fonction | % ensemble | % importations eubéennes |
Verser | 34 % | 67 % |
Boire | 41 % | 31,7 % |
Manger | 25 % | 0,3 % |
Total | 100 % | 99 % |
137Si l’on observe le faciès des importations de vaisselle céramique dans les tombes du Géométrique récent313, les proportions sont comparables (tab. 26), pour les productions de Corinthe ou d’Eubée, même si la représentativité des deux échantillons reste problématique.
Tab. 26. Les origines des vases de la nécropole (750-690).
Origine | Nb exemplaires | % |
Local | 397 | 56,2 % |
Corinthe | 171 | 24,2 % |
Orient (Rhodes, Phénicie) | 96 | 13,6 % |
Argienne Monochrome (Corinthe ?) | 13 | 1,7 % |
Origine inconnue | 12 | 1,7 % |
Eubée | 11 | 1,6 % |
Étrurie-Latium | 4 | 0,6 % |
Calabre/Sybaritide | 1 | 0,1 % |
Total | 707 | 99,8 % |
138Les types de vases diffèrent cependant, avec une présence importante de vases à parfums dans la nécropole, peu fréquents dans la décharge Gosetti. L’essentiel des importations de la nécropole classées ici comme provenant d’Orient correspondent à des aryballes, forme rare dans la décharge Gosetti, ce qui explique peut-être l’absence de productions orientales, en tout cas en l’état actuel de nos connaissances. On peut cependant noter que dix aryballes corinthiens du Protocorinthien Ancien sont exposés dans le musée d’Ischia : même si nous ignorons le nombre total de fragments du même type, cela montre que des aryballes allogènes peuvent se trouver en contexte d’habitat314, comme d’ailleurs à Punta Chiarito. Des plats en Red Slip Ware ont été trouvés dans la décharge Gosetti, mais dans des proportions inconnues, de même pour de la vaisselle de bucchero, plus tardive, des fragments de vaisselle a tenda d’Italie méridionale et des productions laconiennes315.
4.3.1.5. Sant’Alessandro
139L’échantillon publié par S. de Caro n’est pas représentatif, puisque seuls les fragments les plus significatifs ont été pris en compte, sans indications quantifiées sur l’ensemble du matériel récolté. On peut simplement noter la présence de productions corinthiennes de vases liés à la boisson, ce qui confirme la diffusion de ce matériel, et probablement son accessibilité pour une large part des habitants de Pithécusses316.
4.3.1.6. Le matériel du dépôt de la Stipe dei Cavalli à Pastola
140Il s’agit probablement d’un dépôt votif, même si l’interprétation de ce contexte reste débattue317. Il est également certain que seule une partie du dépôt a pu être fouillée et publiée318. L’étude des types de vaisselle céramique retrouvés, ainsi que leur origine (fig. 43), n’a pu être réalisée de façon diachronique, du fait de la difficulté de datation des fragments non-corinthiens319.
Tab. 27. Les fonctions des vases du dépôt votif de Pastola.
Fonction | Nb exemplaires | % |
Boire | 65 | 44,2 % |
Manger | 40 | 27,2 % |
Parfums | 21 | 14,3 % |
Verser | 10 | 6,8 % |
Conteneurs | 7 | 4,8 % |
Cratères | 4 | 2,7 % |
Total | 147 | 100 % |
Tab. 28. La vaisselle céramique de Pastola : origine des vases.
Origine | Nb exemplaires | % |
Local | 82 | 55,8 % |
Corinthe | 47 | 32 % |
Orient | 9 | 6,2 % |
Attique | 2 | 1,4 % |
Étrurie ? | 2 | 1,4 % |
Eubée ? | 1 | 0,7 % |
Ionie | 1 | 0,7 % |
Inconnu | 3 | 2,1 % |
Total | 147 | 100 % |
141L’importance quantitative de la céramique corinthienne est tout à fait comparable à ce que l’on trouve dans la nécropole ou dans l’habitat, et concerne très majoritairement des vases liés à la boisson. Quelques amphores attiques SOS, de la vaisselle en Red Slip Ware, du bucchero complètent cette gamme de biens allogènes, comparable à ce que l’on trouve en général à Pithécusses aux VIIIe et VIIe siècles. De nombreuses formes liées au repas montrent l’importance du plat, forme empruntée aux Phéniciens, dans les pratiques pithécusaines, ainsi que des formes indigènes, comme l’écuelle320.
4.3.2. Les importations dans la nécropole de Pithécusses
142Dans cette section, nous allons passer en revue les objets importés découverts dans les tombes de Pithécusses, en étudiant leur distribution en fonction de la chronologie, de l’emplacement des tombes dans l’espace funéraire ou de facteurs démographiques : l’âge ou le sexe des défunts321.
4.3.2.1. Les tombes du Géométrique récent I (750-725) (fig. 138)
143Les tombes qui contiennent des objets allogènes322 ne présentent pas de profil démographique323 ou rituel spécifique324 : tout au plus peut-on noter une légère surreprésentation des enfants et des femmes (tab. 29). L’échantillon est plutôt fourni, avec 100 tombes datées de cette période, dont 41 contiennent des objets importés (fig. 44). Il faut le souligner d’emblée, les tombes dont la datation est assurée sont souvent des tombes qui contiennent du mobilier, ou qui sont stratigraphiquement associées à d’autres tombes bien datées. Il est donc possible que des tombes sans mobilier ou caractéristiques spéciales, en marge des groupements, échappent à notre analyse.
Tab. 29. Les tombes du GR I : démographie.
Classe d’âge | F-tot | F-imp | H-tot | H-imp | Inc-tot | Inc-imp | Tot-tot | Tot-imp |
Adultes | 8 | 3 | 6 | 3 | 18 | 3 | 32 (32 %) | 12 (27,3 %) |
Enfants | 19 | 11 | 27 | 15 | 16 | 6 | 62 (62 %) | 32 (72,7 %) |
Inc | 1 | 0 | 0 | 0 | 5 | 0 | 6 | 0 |
Total | 28 (28 %) | 14 (32 %) | 33 (33 %) | 18 (41 %) | 39 (39 %) | 12 (27 %) | 100 | 44 |
Tab. 30. Les tombes du GR I : les rites funéraires.
Rite | Tout | Imp |
I | 63 (63 %) | 27 (66 %) |
CT | 27 (27 %) | 11 (27 %) |
E | 10 (10 %) | 3 (7 %) |
Total | 100 | 41 |
144On va par ailleurs avant tout raisonner ici sur les tombes qui contiennent des objets allogènes, mais celles-ci ne représentant au Géométrique récent I que 44 % des tombes. 70 % des objets de mobilier funéraires sont locaux. La part des importations est donc minoritaire, mais non négligeable. La majorité des tombes qui contiennent des objets allogènes n’en ont par ailleurs qu’un ou deux, quelques tombes se démarquant par un nombre exceptionnel d’importations pour la période (six tombes contiennent cinq objets allogènes ou plus, soit 6 % de l’ensemble des tombes et 14 % des tombes qui contiennent des objets allogènes) (fig. 44).
Tab. 31. Les vases dans le mobilier des tombes du GR I : fonctions.
Type | Nb total | % total | Nb imps | % imps |
G : soin | 20 | 19.4 % | 13 | 43. % |
E : boire | 25 | 24.3 % | 12 | 40 % |
D : verser | 48 | 46.6 % | 3 | 10 % |
A : contenir | 4 | 3.9 % | 1 | 3.3 % |
B : manger | 3 | 2.9 % | 0 | |
C : cratères | 2 | 2 % | 1 | 3.3 % |
Total | 103 | 100 % | 36 | 100 % |
Tab. 32. Les vases dans le mobilier des tombes du GR I : origines.
Origine | Nb objets | % |
Local | 72 | 71 % |
Corinthe | 12 | 12 % |
Orient-phé | 7 | 7 % |
Eubée | 3 | 3 % |
Étrurie | 2 | 2 % |
Total | 102 | 100 % |
145Les vases allogènes sont essentiellement des aryballes et des coupes à boire, ces dernières provenant principalement de Corinthe (fig. 45). En ce qui concerne les aryballes, un tiers des objets est local, un tiers provient de Grèce (Argien Monochrome – Corinthe ? – et Eubée), un tiers d’Orient phénicien (Rhodes pour les aryballes, cités du Levant). Les coupes à boire allogènes (douze exemplaires) sont toutes corinthiennes. Les ornements sont majoritairement locaux, mais on compte quarante amulettes d’origine égyptienne (20 scarabées) ou syrienne (20 sceaux)325.
146Le nombre d’objets importés s’est révélé un critère peu efficace pour classer les tombes, comme on le verra plus loin (fig. 44). Au Géométrique récent I, il y a cependant un type de tombe très spécifique du point de vue des importations. Il s’agit des tombes d’enfants ou de femmes qui ne contiennent que des orientalia (scarabées, perles en pâte vitrée). Ce type concerne 51 % des tombes qui contiennent des objets allogènes (41 en tout)326. Il s’agit dans presque 80 % des cas de tombes d’enfants, à enchytrismos ou à fosse327. Ces orientalia sont massivement des scarabées ou des sigillées328. On peut également noter que 60 % des tombes qui contiennent des objets allogènes contiennent au moins un scarabée ou un sceau, ce qui confirme l’importante diffusion générale de ce type d’importations au Géométrique récent I329. Ce phénomène disparaît au cours du Géométrique récent II.
147Par ailleurs, certaines tombes à l’indice de distinction élevé concentrent certaines productions allogènes rares, comme les aryballes orientaux et les amphorettes d’impasto importées. Les aryballes orientaux, qu’ils aient été produits à Rhodes ou dans les cités de la côte phénicienne sont uniquement présents dans ces tombes, de même que les vases en impasto allogènes, qui dans deux des trois occurrences de ce type d’objets sont associés à des aryballes orientaux. Ils sont rares dans les tombes de Pithécusses : sept tombes du Géométrique récent I et du Géométrique récent II en contiennent330.
4.3.2.2. Les tombes du Géométrique récent II (725-690) (fig. 139)
148Les tombes datées du Géométrique récent II constituent le groupe le plus nombreux de la nécropole, avec 337 contextes. Comme au Géométrique récent I, le profil démographique et rituel des tombes qui contiennent des objets allogènes ne montre rien de spécifique, si ce n’est une légère sur-représentation des enfants331. La majorité des tombes ne contient pas d’objets allogènes (219, soit 63 % du total), et parmi celles-qui contiennent des objets allogènes, plus des deux-tiers ne contiennent qu’un ou deux objets allogènes (87 tombes, soit 68 % des tombes qui contiennent des objets allogènes) (fig. 46).
Tab. 33. Les tombes du GR II : démographie.
Classe d’âge | F-tot | F-imp | H-tot | H-imp | Inc-tot | Inc-imp | Tot-tot | Tot-imp |
Adultes | 32 | 14 | 17 | 9 | 48 | 9 | 97 (28 %) | 32 (25 %) |
Enfants | 50 | 33 | 41 | 27 | 145 | 31 | 235 (68 %) | 91 (71 %) |
Inc | 2 | 1 | 2 | 1 | 11 | 3 | 15 (4 %) | 5(4 %) |
Total | 83 (24 %) | 48 (38 %) | 60 (17 %) | 37 (29 %) | 203 (54 %) | 43 (34 %) | 347 | 128 |
Tab. 34. Les tombes du GR II : les rites funéraires.
Rite | Tout | Imp |
CT | 55 (16 %) | 28 (26 %) |
I | 188 (54 %) | 72 (67 %) |
E | 104 (30 %) | 8 (7 %) |
Total | 347 | 108 |
Tab. 35. Les vases dans le mobilier des tombes du GR II : fonctions.
Type | Nb total | % total | Nb imps | % imps |
G : soin | 294 | 49 % | 174 | 62 % |
E : boire | 102 | 17 % | 58 | 21 % |
D : verser | 145 | 24 % | 46 | 16 % |
A : contenir | 29 | 5 % | 1 | 0,1 % |
B : manger | 24 | 4 % | 0 | 0 % |
C : cratères | 5 | 1 % | 3 | 1 % |
Total | 599 | 100 % | 282 | 100 % |
Tab. 36. Les vases dans le mobilier des tombes du GR II : origines.
Origine | Nb objets | % |
Local | 317 | 53 % |
Corinthe | 159 | 26,5 % |
Orient-phé | 88 | 15 % |
Eubée | 9 | 1.,5 % |
Argienne Monochrome (Corinthe ?) | 9 | 1,5 % |
Étrurie | 2 | 0,3 % |
Calabre | 1 | 0,2 % |
Total | 282 | 100 % |
149L’aryballe reste la forme la plus fréquente, également la plus représentée parmi les vases allogènes, tandis que la part des coupes à boire allogènes diminue par rapport au Géométrique récent I (40 % des objets allogènes au GR I, 17 % au GR II). La proportion de vases allogènes augmente globalement dans les mobiliers, passant de 34 % au Géométrique récent I à 47 % au Géométrique récent II : cette augmentation semble principalement liée à un afflux de vaisselle corinthienne, qui passe de 12 % au Géométrique récent I à 26,5 % de l’ensemble des vases au Géométrique récent II (fig. 47). En ce qui concerne les ornements, la part des objets allogènes diminue, ce qui semble en particulier lié à un nombre restreint d’amulettes de Syrie du Nord332.
150Le nombre d’objets allogènes ne semble pas, là encore, être corrélé à des caractéristiques démographiques ou familiales particulières : on en trouve dans tous les types de tombes, dans tous les groupes de tombes de la nécropole333. Les tombes qui contiennent plus de cinq ou six objets allogènes sont cependant, de façon logique, des tombes qui possèdent un mobilier plutôt abondant par rapport à l’ensemble des tombes de la nécropole : ce type de tombes se rencontre plutôt dans des groupes dont l’indice de distinction général est élevé, avec des rites funéraires normaux et des ornements en argent334. Dans ces tombes, le profil des vases allogènes ne diffère pas des tendances générales présentées plus haut, en termes de fonction ou d’origine : on observe souvent un nombre élevé de vases identiques, notamment des aryballes corinthiens.
4.3.2.3. Les tombes du Géométrique Récent (GR I-II)
151Cinquante-trois tombes ont été datées de façon plus large, entre le Géométrique récent I et le Géométrique récent II. Parmi celles-ci, dix tombes contiennent des objets allogènes335. L’essentiel des tombes concernées sont des tombes à inhumation d’enfants336. Les objets allogènes sont avant tout des orientalia, scarabées et perles en pâte vitrée, ce qui n’étonne pas dans des tombes d’enfants337.
4.3.2.4. Protocorinthien moyen (690-650) (fig. 140)
152Le nombre de tombes dans le secteur publié de la nécropole de Pithécusses diminue fortement après le Géométrique récent II338. On ne trouve plus de tombes avec un très haut indice de distinction, et plusieurs groupes familiaux importants semblent disparaître339.
Tab. 37. Les tombes du PCM : démographie.
Classe d’âge | F-tot | F-imp | H-tot | H-imp | Inc-tot | Inc-imp | Tot-tot | Tot-imp |
Adultes | 4 | 3 | 1 | 0 | 10 | 4 | 15 (42 %) | 7 (33 %) |
Enfants | 7 | 7 | 5 | 4 | 5 | 2 | 17 (47 %) | 13 (64 %) |
Inc | 0 | 0 | 0 | 0 | 4 | 1 | 4 (11 %) | 1 (5 %) |
Total | 11 (31 %) | 10 (48 %) | 6 (17 %) | 4 (19 %) | 19 (53 %) | 7 (33 %) | 36 | 21 |
Tab. 38. Les tombes du PCM : les rites funéraires.
Rite | Tout | Imp |
CT | 14 (39 %) | 7 (33 %) |
I | 20 (56 %) | 14 (66 %) |
E | 2 (5 %) | 0 |
Total | 36 | 21 |
Tab. 39. Les vases dans le mobilier des tombes du PCM : fonctions.
Type | Nb total | % total | Nb imps | % imps |
G : soin | 65 | 50 % | 57 | 68 % |
E : boire | 30 | 23 % | 22 | 27 % |
B : manger | 9 | 7 % | 3 | 4 % |
D : verser | 26 | 19 % | 1 | 1 % |
A : contenir | 1 | 1 % | 0 | 0 % |
Total | 131 | 100 % | 83 | 100 % |
Tab. 40. Les vases allogènes au PCM : origines.
Origine | Nb objets | % |
Corinthe | 61 | 73 % |
Orient | 22 | 27 % |
Total | 83 | 100 % |
153De façon plus accentuée au Protocorinthien moyen, les objets allogènes se rencontrent plus fréquemment dans les tombes d’enfants et d’individus de genre féminin. Contrairement aux époques précédentes, on trouve désormais des importations dans la majorité des tombes (58 %), et celles-ci sont plus nombreuses, puisque les tombes ne contenant qu’un ou deux objets allogènes ne constituent plus que 57 % du total des tombes avec objets allogènes (contre 68 % au Géométrique récent II et 86 % au Géométrique récent I) (fig. 48). Cette augmentation générale du nombre d’objets allogènes par tombe concerne principalement les vases corinthiens, même s’il faut rappeler que l’on raisonne sur un échantillon limité.
154Les productions allogènes sont très majoritairement corinthiennes et rhodiennes, avec des formes de vases à boire et d’aryballes : là encore, une grande continuité, même si l’on peut souligner la disparition des orientalia, à l’exception d’un scarabée340. Deux objets allogènes uniques par ailleurs sont à noter : une oenochoé phénico-chypriote dans la crémation 139 et un lécythe probablement produit dans les communautés phéniciennes du sud de l’Espagne341. Ces deux tombes sont étroitement liées, et font partie d’un groupe de tombes où les productions orientales rares étaient déjà présentes au Géométrique récent II342.
4.3.2.5. Le Protocorinthien récent (650-630) (fig. 141)
155Le nombre de tombes datées du Protocorinthien récent est très faible à Pithécusses (19 tombes) : trois seulement contiennent des objets allogènes343. Ces objets sont corinthiens (trois vases à parfum, un vase à boire), et une coupe à boire provient d’Ionie344.
Tab. 41. Les tombes du PCR : démographie.
Classe d’âge | F-tot | F-imp | H-tot | H-imp | Inc-tot | Inc-imp | Tot-tot | Tot-imp |
Adultes | 2 | 1 | 0 | 0 | 4 | 0 | 6 (32 %) | 1 |
Enfants | 1 | 0 | 3 | 0 | 9 | 2 | 13 (68 %) | 2 |
Total | 3 (16 %) | 1 | 3 (16 %) | 0 | 13 (68 %) | 2 | 19 | 3 |
4.3.2.6. Les tombes du Corinthien ancien et du Corinthien moyen (630-570) (fig. 142)
156La nécropole de Pithécusses semble connaître un regain d’occupation au Corinthien ancien, mais dans des secteurs marginaux de la nécropole345. On peut noter la présence, à nouveau, de plusieurs crémations d’adultes, ainsi que d’ornements en métal précieux, avec également deux alabastres en argent, dans deux tombes d’enfant éloignées346.
Tab. 42. Les tombes du CA : démographie.
Classe d’âge | F-tot | F-imp | H-tot | H-imp | Inc-tot | Inc-imp | Tot-tot | Tot-imp |
Adultes | 2 | 2 | 3 | 1 | 2 | 1 | 7 (19 %) | 4 (22,9 %) |
Enfants | 3 | 3 | 10 | 10 | 13 | 1 | 26 (72 %) | 14 (77,8 %) |
Inc | 2 | 0 | 0 | 0 | 1 | 0 | 3 (8 %) | 1 (0,3 %) |
Total | 7 (19 %) | 5 (28 %) | 11 (61 %) | 11 (61 %) | 16 (44 %) | 2 (11 %) | 36 | 18 |
Tab. 43. Les tombes du CA : les rites funéraires.
Rite | Tout | Imp |
CT | 8 (22 %) | 3 (17 %) |
I | 17 (47 %) | 15 (84 %) |
E | 11 (31 %) | 0 |
Total | 36 | 18 |
157Des phénomènes déjà observés pendant le Protocorinthien moyen se confirment : les tombes contenant des objets allogènes sont majoritaires (53 %), et celles qui contiennent seulement un ou deux objets de ce type représentent à peine plus de la moitié des tombes avec objets allogènes (52 %) (fig. 49).
158Le profil des biens allogènes est également conforme à ce qui a été observé dans les périodes précédentes : les formes concernées sont presque exclusivement des vases à boire et des vases à parfum. Parmi les vases à boire et les vases à parfum, les vases importés sont d’ailleurs majoritaires347. La part globale des vases allogènes est devenue largement supérieure aux vases locaux : ceux-ci ne représentent plus que 29 % de l’ensemble des vases. Cette évolution est largement due à l’importance quantitative des productions corinthiennes dans la nécropole de Pithécusses (fig. 50). Les ornements allogènes sont par contre devenus très rares, avec seulement deux scarabées348. On peut remarquer la disparition des productions orientales, c’est-à-dire provenant de Rhodes principalement ou des cités phéniciennes du Levant, et l’apparition des productions ioniennes et étrusco-corinthiennes (fig. 50)349.
Tab. 44. Les vases dans le mobilier des tombes du CA : fonctions.
Type | Nb total | % total | Nb imps | % imps |
E : boire | 46 | 45 % | 45 | 55 % |
G : soin | 38 | 33 % | 36 | 44 % |
D : verser | 29 | 25 % | 1 | 1 % |
Total | 113 | 100 % | 82 | 100 % |
Tab. 45. Les vases dans le mobilier des tombes au CA : origines.
Origine | Nb objets | % |
Corinthe | 72 | 63 % |
Local | 33 | 29 % |
Ionie | 5 | 4 % |
Italo-corinthien | 5 | 4 % |
Total | 115 | 100 % |
159Au Corinthien moyen, la nécropole compte 4 tombes, dont deux contiennent des objets allogènes, principalement corinthiens350. On peut noter le nombre très élevé de vases corinthiens de la tombe 191, avec la multiplication d’exemplaires identiques d’un même vase.
4.3.2.7. Essai de typologie des groupes de la nécropole du point de vue des objets allogènes
160L’un des objectifs de cette étude des tombes de Pithécusses était de comprendre s’il existait des facteurs explicatifs à la présence d’objets allogènes dans les tombes. L’établissement d’une typologie des tombes vis-à-vis de ce phénomène permettrait alors en retour d’établir une typologie provisoire des objets allogènes, selon leur fréquence, leur rareté, leur corrélation avec d’autres facteurs. Compter le nombre d’importations par tombe s’est révélé une méthode peu concluante. De même, il n’y a pas de lien direct entre la distinction des tombes et la présence d’importations, sauf pour certains objets très spécifiques. Les importations ne sont pas uniquement présentes dans les tombes éminentes. Les objets importés étaient pour une partie d’entre eux relativement accessibles à l’ensemble de la population représentée dans la nécropole.
161L’étude de la distribution spatiale351 montre que les tombes qui contiennent des objets allogènes sont présentes dans tous les groupes. Les tombes contenant un nombre exceptionnel de ces biens (au-delà de 10) sont plutôt liées à des groupes marqués par une forte distinction. La présence de biens allogènes, même en quantité importante, ne semble pas être en soi un critère qui permet de classer les groupes de tombes. Seule la concentration importante d’un certain type de ces biens, avec de nombreux exemplaires par tombe, et la présence de productions de qualité supérieure352, semble être corrélée avec des indices de distinction élevés353.
162Une grande permanence peut être relevée en ce qui concerne le type des objets allogènes : essentiellement des aryballes et des coupes à boire, avec parfois des vases pour verser, et, au Géométrique récent, des amulettes égyptiennes et araméennes de Syrie du Nord. Corinthe s’affirme peu à peu comme le principal lieu de production de cette vaisselle céramique allogène, tandis que les productions phéniciennes orientales semblent disparaître après le Protocorinthien moyen.
163Pour établir un classement des groupes de tombes, ce sont davantage certains objets importés rares qui ont servi de marqueurs. Cette étude se fonde sur les données du Géométrique récent II où l’échantillon de tombes est suffisamment important pour que la fréquence ou la rareté d’un objet puisse être signifiante (fig. 139).
164L’étude descriptive des productions allogènes permet de distinguer deux types d’importations : les vases corinthiens et rhodiens KW, ainsi que les orientalia se trouvent très fréquemment dans les tombes qui contiennent des objets allogènes, et leur répartition spatiale ne montre aucune spécificité.
165À l’inverse, certains objets sont plus rares :
- Les statuettes en faïence égyptiennes (dans quatre tombes)
- Les aryballes orientaux (dans trois tombes)
- Les vases eubéens (dans quatre tombes)
- Des amulettes carthaginoises en forme de hache (dans trois tombes)
- Les amphorettes étrusco-latiales (dans une tombe)
- Un askos calabrais (dans une tombe)
- Une amphorette phénicienne (dans une tombe)
166La répartition spatiale des vases eubéens ou des statuettes en faïence ne révèle rien de particulier. Il ne semble pas en tout cas s’agir d’objets allogènes liés uniquement à des groupes au statut élevé, ce qui semble cohérent avec le type d’objet concerné. Les statuettes sont un type d’orientalia à la fonction probablement apotropaïque plutôt rare, mais que l’on retrouve dans d’autres sites italiens. Les exemplaires de Cumes sont d’une exécution qualifiée de rudimentaire par F. De Salvia, et sont souvent présents en plusieurs exemplaires. La présence de vases eubéens n’a rien d’étonnant dans une colonie eubéenne, même si le faible nombre des exemplaires provenant d’Eubée doit être souligné.
167Les deux aryballes orientaux du Géométrique récent II sont d’un type différent des exemplaires présents dans les tombes du Géométrique récent I354. Il s’agit de vases d’usage commun, très fréquents dans les sites phénico-puniques, et qui sont ici présents dans des tombes sans distinction particulière355.
168L’askos de Sybaritide se trouve dans la tombe à inhumation de deux enfants, qui ne contient par ailleurs que peu de mobilier, et se trouve à proximité de plusieurs tombes adultes à inhumation sans mobilier, ce qui pourrait caractériser des groupes familiaux de statut social inférieur voire servile. Il est possible que ce vase soit lié à la région d’origine de l’un des membres du groupe.
169L’amphorette étrusco-latiale et l’amphorette phénicienne se trouvent dans des tombes du groupe A01, sur lequel on reviendra.
170Ce n’est donc pas la présence d’objets allogènes en soi qui est associée à la distinction, mais le nombre, la diversité voire la rareté de certaines attestations. Il semble en tout cas que les orientalia ne puissent pas être considérées comme des biens de grande valeur, de par leur diffusion importante dans toute la nécropole. L’accès aux objets allogènes semble donc relativement répandu, en tout cas pour un certain nombre de biens.
171La répartition spatiale de ces biens rares a permis de distinguer plusieurs types de groupes de tombes.
- Type 1 : Des groupes sans tombes éminentes voire avec peu ou pas de crémations, dans lequel on trouve des objets orientaux parfois rares, ainsi que des éléments liés au monde indigène (objets, rituels)
- Type 2 : Des groupes à la distinction élevée, avec des objets allogènes nombreux mais communs
- Type 3 : Des groupes à la distinction élevée, avec des objets allogènes nombreux et qui concentrent certaines importations rares
172Le type 1 inclut les groupes B01, B15 et A07356.
173Dans le groupe A07, la tombe 284 (Géométrique récent II) contient ainsi une des deux oil bottle phéniciennes du Levant, ainsi que des scarabées. Il s’agit d’une double inhumation d’enfants. Au Protocorinthien moyen, la tombe 272, l’inhumation d’une jeune fille, contenait un autre lécythe phénicien, l’unique exemplaire de cette époque. Ces tombes à inhumation étaient situées en dessous du tumulus d’une tombe à crémation, la tombe 139, dont le mobilier était uniquement composé d’une oenochoé piriforme dite chyprio-phénicienne, unique exemplaire de ce type à Pithécusses, et d’une pointe en fer dont la fonction n’est pas identifiable. Une petite statuette égyptienne en faïence a été trouvée à proximité de ces tombes.
174Ces productions orientales sont peut-être ici un indice de liens particuliers entretenus par ce groupe avec le monde phénicien d’Orient. Interpréter ces objets rares comme des marqueurs ethniques semble ici difficile, car les rites funéraires sont normaux, et on trouve également, dans la tombe 284, un vase en impasto local. Le groupe familial semble d’un niveau moyen et les tombes se trouvent en marge de la nécropole : au sud-ouest de ce groupe, on ne trouve plus que des tombes à inhumation, disposées de façon peu dense.
175Le groupe B01 ne contient que des tombes à inhumation. On y trouve plusieurs objets rares dans le reste de la nécropole, qui renvoient au monde phénicien. La tombe 700 contient ainsi l’unique exemplaire de fibule provenant des sites phéniciens du Détroit espagnol : il est possible que cette fibule, élément d’ornement personnel, ait appartenu au défunt, qui a pu l’acquérir soit au cours de voyages, soit parce qu’il était originaire de ces zones.
176Le groupe B15 ne contient également pas de tombes à crémation. La tombe à inhumation en amphore 694 contient un étui porte-amulette très courant à Carthage, unique à Pithécusses357.
177Le type 2 rassemble les groupes B03, B05 et B14358. Ceux-ci contiennent des tombes avec des indices de distinction élevés, notamment plusieurs crémations contenant des ornements en argent. On y trouve des objets allogènes qui ne diffèrent pas des assemblages classiques définis plus haut (coupes à boire corinthiennes, aryballes KW et corinthiens, scarabées, etc.). On trouve par ailleurs dans ces groupes plusieurs éléments liés au monde indigène, comme des instruments liés au tissage dans des tombes féminines, des vases en impasto local359.
178Le type 3 concerne deux groupes de tombes très différents, A01 et B12, qui ont en commun de concentrer tous les objets allogènes liés au monde étrusco-latial, ainsi que des allogènes rares liés au monde phénicien360.
179Une tombe du groupe B12 datée du Géométrique récent I, détruite par les tombes 622 et 623361, contenait probablement un aryballe oriental, parmi les plus anciens de Pithécusses362, ainsi qu’un vase du nord de la Basilicate, unique exemplaire de la production a tenda fine363. La tombe à crémation 235 contient également un aryballe oriental, ainsi qu’un petit pot d’impasto importé. Au Géométrique récent II, la tombe à inhumation d’enfant 631 contient une amphorette étrusco-latiale364, tandis que la tombe à crémation féminine 232 comportait un fragment de canthare avec une inscription sémitique365. Ce groupe ne comportait pas d’objet lié à la culture matérielle indigène, et les tombes sont caractérisées par un niveau de distinction moyen (peu d’ornements en argent).
180Le groupe A01 semble par bien des aspects un élément central de la nécropole et probablement de la société pithécusaine, et ce caractère exceptionnel se retrouve également dans les objets allogènes. Les productions corinthiennes, certes présentes dans toute la nécropole, sont ici particulièrement nombreuses, avec une multiplication du nombre d’exemplaires par tombe au Géométrique récent II.
181Ce groupe monopolise également presque les productions de qualité supérieure comme celles attribuées au Bird-Plant Group366. Plusieurs tombes éminentes associent des biens rares, liés au monde étrusque et au monde oriental. Au Géométrique récent I, la tombe 166 contient ainsi quatre aryballes orientaux367 et une amphorette d’impasto allogène368. Au Géométrique récent II, la tombe à crémation 159 contient une amphorette à spirale, tandis que la tombe 168 contient un vase rhodien, la célèbre coupe de Nestor et un vase d’impasto importé369. La tombe à inhumation 483 contient une amphorette phénicienne d’Orient, unique à Pithécusses, et la tombe à inhumation 495 des amulettes carthaginoises en forme de double hache.
182Plusieurs objets liés au monde indigène peuvent également être identifiés dans ces deux groupes, ce que B. D’Agostino et L. Cerchiai interprètent comme le signe du rôle intégrateur joué par les familles éminentes de Pithécusses, qui intègrent des individus indigènes, et semblent avoir eu des contacts avec des groupes indigènes sur le littoral tyrrhénien.
183Les vases d’impasto allogènes sont présents dans les tombes 166 et 235370. Il s’agit de deux tombes à crémation, qui marquent pour ces adultes un certain statut dans la communauté371. Le petit pot d’impasto de la tombe 235 a été rapproché par V. Nizzo de celui de la tombe 168, datée du Géométrique récent II. Il s’agirait de vases des régions étrusques ou du Latium372. L’amphorette de la tombe 166 proviendrait du Latium373. On retrouve ici l’analyse développée par B. D’Agostino, qui compare la présence d’amphorettes dans des tombes féminines de rang à Pithécusses à la situation, comparable, observée à Pontecagnano374.
184Il s’agirait alors peut-être de marqueurs ethniques, qui montrent l’alliance de Grecs de Pithécusses avec des groupes du Latium ou d’Étrurie méridionale, peut-être par mariage. Cette analyse peut éventuellement s’appliquer pour la tombe 235. Il peut également s’agir de vases qui témoignent de relations d’échanges entre les groupes familiaux concernés et des communautés du littoral tyrrhénien. Il n’y a pas de lien apparent entre ce profil du point de vue des objets allogènes et l’âge ou le genre375. Deux de ces tombes sont caractérisées par un indice de distinction élevé, lié au type de rituel et à la présence, pour la tombe 166, d’un grand nombre d’ornements. La tombe 662, inhumation à fosse probablement avec caisson de bois376, contenait un nombre plutôt élevé d’ornements (neuf) et de vases (quatre). L’échantillon analysé est cependant très faible numériquement.
185En ce qui concerne les tombes des fouilles de 1965-1967, les publications existantes se sont concentrées sur la présence de signes renvoyant au monde indigène davantage que sur les importations377. On peut signaler la présence de plusieurs tombes féminines avec des vases d’Étrurie ou du Latium, avec le cas de la tombe éminente 944 associant amphorette à spirale et aryballe oriental378. L’olla daunienne utilisée comme vase pour inhumer un nouveau-né renvoie à un objet ayant une fonction de marqueur ethnico-culturel, lié à la mobilité de personnes dont témoigne sûrement également la présence d’inhumations de rannicchiati379. Les importations habituelles (aryballe KW rhodien, productions protocorinthiens ou argiennes monochromes, scarabées, sceaux) sont mentionnées, ainsi que quatre amphores phéniciennes de la zone du Détroit. Il semble y avoir moins d’objets du monde phénicien.
186Avant de passer aux objets allogènes de Cumes, un paragraphe spécifique a été réservé aux amphores de transport, qu’elles proviennent de la nécropole ou de l’habitat. Les amphores employées comme conteneurs pour des inhumations d’immatures ne peuvent en effet pas être considérées comme des éléments de mobilier, même s’il est probable que des mécanismes de sélection spécifiques au contexte funéraire interviennent. La comparaison entre le profil des amphores trouvées dans la nécropole et dans l’habitat peut permettre de préciser leur utilisation dans chaque contexte.
4.3.3. Les amphores de transport à Pithécusses
4.3.3.1. Les amphores allogènes dans la nécropole de Pithécusses
187On compte 95 amphores de transport employées comme conteneurs pour des inhumations de très jeunes enfants, dont les deux tiers pendant le Géométrique récent II380.
Tab. 46. Répartition des amphores à inhumation par période.
Datation | GR I | GR II | GR I-II | PCM | PCR | PCR-CA | PCM-CA | CA | Total |
Nombre d’exemplaires | 16 | 96 | 3 | 4 | 1 | 7 | 1 | 8 | 136 |
% | 11 % | 70 % | 2 % | 3 % | 1 % | 5 % | 1 % | 6 % | 100 % |
188Il est seulement possible de raisonner pour l’époque tardo-géométrique, entre 750 et 690, où les effectifs sont suffisamment importants. Le nombre d’amphores devient très réduit à partir du début du VIIe siècle, ce qui correspond à une diminution globale du nombre de tombes dans ce secteur de la nécropole. Afin d’effectuer des comparaisons avec les contextes d’habitat, dans la mesure du possible, il a donc semblé plus pertinent de raisonner sur l’ensemble de la période du Géométrique Récent, soit la seconde moitié du VIIIe siècle381.
189Si l’on raisonne par région plus large de provenance (fig. 52), on peut regrouper les amphores qui proviennent de Grèce continentale, qui ont probablement été apportées selon le même type de logistique, voire de navires : les amphores corinthiennes, eubéennes et attiques. Les amphores non identifiées mais de type grec ont également été inclues dans ce groupe : dans la seconde moitié du VIIIe siècle, il n’y a pas de production d’amphores de transport connue dans le monde grec d’Occident en dehors de Pithécusses, ces amphores peuvent donc être considérées comme provenant de Grèce égéenne.
Tab. 47. Les amphores de la nécropole au GR : origines.
Origine | Nb amphores | % |
Local | 71 | 65,7 % |
Non id. grecque | 8 | 7,4 % |
Attique SOS | 5 | 4,6 % |
Détroit | 5 | 4,6 % |
Non id. non-grecque | 5 | 4,6 % |
Étrurie | 3 | 2,7 % |
Carthage ou Sicile | 3 | 2,7 % |
Corinthe | 2 | 1,8 % |
Non id. | 2 | 1,8 % |
Chios | 1 | 0,9 % |
Levant | 1 | 0,9 % |
Sardaigne | 1 | 0,9 % |
Eubée | 1 | 0,9 % |
Total | 108 | 100 % |
190Une seconde zone est constituée par les sites phéniciens d’Occident, avec Carthage, la Sicile et la Sardaigne : il est souvent difficile de distinguer les productions d’amphores dites orientales à ogive de ces espaces, que l’on préfère donc associer ici382. Il n’y a qu’un seul exemplaire d’amphore de transport provenant des cités phéniciennes du Levant, trouvée dans un contexte particulier383. Cinq amphores sont de type non grec, mais sans qu’un centre de production plus précis ait pu être déterminé : il s’agit d’amphores du type oriental à ogive, avec au moins deux fabriques différentes identifiées384. Si ces hypothèses étaient vérifiées, il faudrait alors imaginer une proportion légèrement plus haute d’amphores du monde phénicien d’Occident et d’amphores étrusques dans le tab. 48, sans que cela modifie fondamentalement la distribution des différentes catégories (tab. 48).
Tab. 48. Les amphores de la nécropole au GR : origines par région.
Origine | Nb amphores | % |
Local | 71 | 65,7 % |
Monde grec | 17 | 15,7 % |
Monde phénicien d’Occident | 9 | 8,3 % |
Non id. non-grecque | 5 | 4,6 % |
Étrurie | 3 | 2,7 % |
Orient | 1 | 0,8 % |
Total | 108 | 100 % |
191Si l’on considère l’espace tyrrhénien comme un ensemble, au-delà de la distinction entre cités phéniciennes ou étrusques, on constate que la part des amphores importées en provenance de cités tyrrhéniennes (17, 15,7 %) est identique à celle des amphores grecques, ce qui montre, au-delà des liens avec le monde grec, l’importance et la précocité des échanges à l’échelle de la mer Tyrrhénienne.
4.3.3.2. Les amphores importées dans l’habitat de Pithécusses
192Les amphores archaïques de la décharge Gosetti ont été publiées en 1986 par Norma Di Sandro. Les exemplaires sont très fragmentaires : on n’a pris ici en compte que les fragments signifiants (fond, lèvre, col, anse)385. Il faut également tenir compte de mécanismes de sélection survenus au moment de la fouille de ce dépôt secondaire386, et souligner la difficulté de toute quantification sur ce type de matériel, où le nombre de fragments et le nombre d’amphores ne sont que très rarement équivalents387.
193Pour certaines classes d’amphores, des études ultérieures conduisent à modifier sensiblement l’attribution de certains fragments. C’est notamment le cas pour les productions dites phéniciennes à épaule hémisphérique distincte388. Les amphores rangées sous l’appellation orientales à ogive n’ont pas en revanche été étudiées depuis. Plusieurs fragments ont été rapprochés d’exemplaires de la nécropole, tandis que de nombreux autres semblent postérieurs à l’époque archaïque389. Parmi les amphores non attribuées à une production, et en l’absence de nouvelle étude, seul le fragment SG326 a été pris en compte. Il est en effet rapproché du fragment de col comportant l’image imprimée d’Ajax portant Achille, qui est a priori une amphore archaïque de type grec390. La datation des fragments d’amphores corinthiennes A391 serait également à vérifier, car N. Di Sandro propose une datation bien plus ancienne que celle de C. Koehler392.
194Une fois actualisées les données de l’étude de N. Di Sandro393, on peut obtenir une estimation de la distribution des amphores de transport importées de la décharge Gosetti (tab. 49-50) (fig. 53-54)394.
Tab. 49. Les amphores de la décharge Gosetti : origine des fragments (phase 1).
Phase 1 (750-650) | Nb assuré | % assuré | Nb large | % large |
Corinthienne A | 9 | 45 % | 24 | 55,8 % |
Attique SOS | 9 | 25 % | 8 | 18,6 % |
Orientale à ogive | 0 | 0 % | 5 | 12 % |
Grèce inc SOS | 3 | 15 % | 3 | 6,9 % |
Eubée SOS | 2 | 10 % | 2 | 4,7 % |
Phénicienne du Détroit | 1 | 5 % | 1 | 2,3 % |
Total | 11 | 100 % | 43 | 99,9 % |
Tab. 50. Les amphores de la décharge Gosetti : origine des fragments (phase 2).
Phase 2 (650-550) | Nb large | % large |
Grèce Est inc | 9 | 33,3 % |
Chios | 10 | 27,8 % |
Samos | 9 | 25 % |
Lesbos | 3 | 8,3 % |
Étrurie | 1 | 2,8 % |
Inc | 1 | 2,8 % |
Total | 36 | 100 % |
195Dans son étude, N. Di Sandro distingue des fragments dont l’attribution est assurée de ceux pour lesquels elle est plus incertaine, le plus souvent parce qu’il s’agit de fragments moins caractéristiques395. On a choisi ici de séparer les fragments en deux phases, en suivant la chronologie proposée par N. Di Sandro pour les fragments corinthiens. Les productions de Grèce de l’Est débutent plutôt au VIIe siècle, elles sont donc placées dans la seconde phase (650-550)396. Le VIIe siècle est mal connu dans la nécropole de Pithécusses, en particulier jusqu’au début du Corinthien ancien, et très peu d’amphores importées ont alors été employées comme conteneurs pour inhumation. Comme N. Di Sandro utilise les amphores de la nécropole afin d’affiner les datations des fragments de la décharge Gosetti, on retrouve nécessairement la même impression d’une concentration des fragments de part et d’autre d’un vide, entre 690 et 630 av. J.-C.
196Pendant la première phase (750-700), les amphores corinthiennes sont largement majoritaires, suivies par les amphores attiques et leurs imitations eubéennes puis par les amphores du bassin tyrrhénien, sans qu’une distinction entre productions étrusques et phéniciennes soit possible (fig. 53). La seconde phase présente un profil très différent, avec une disparition des amphores corinthiennes, et des productions allogènes qui proviennent presque exclusivement de Grèce de l’Est (fig. 54)397. La nécropole fournit des données très parcellaires sur les amphores à partir du Protocorinthien moyen (690-650) : il est donc difficile d’étendre la comparaison au-delà de 680. On peut en tout cas supposer, d’après les indications de G. Buchner, que la majorité des amphores reste de production locale, dans une proportion hélas impossible à préciser. Le profil des biens allogènes dans la décharge Gosetti reste ainsi cohérent par rapport à ce que l’on trouve dans d’autres sites campaniens, et dans la nécropole398.
197Le matériel de Mazzola n’a pas été intégralement publié. Une amphore SOS est attestée399, mais G. Buchner évoque de très nombreux fragments de ce type provenant tant de Mazzola que du scarico Gosetti400.
198Les amphores de transport trouvées à Punta Chiarito représentent 46 % des vases de stockage du mobilier401. Il est cependant difficile de savoir si les amphores importées sont arrivées à Punta Chiarito encore remplies de leur contenu originel ou si elles sont ici en réemploi402. Ces statistiques restent assez fragiles, dès lors que l’effectif est faible, mais on peut malgré tout observer que la majorité des amphores de transport sont locales, et corinthiennes parmi les amphores importées.
199Cette présentation de l’ensemble des données disponibles pour étudier les importations à Pithécusses permet d’aborder les importations de Cumes avec un point de comparaison pertinent, en particulier pour le matériel funéraire.
4.3.4. Les importations à Cumes : l’habitat
200Les fouilles en cours devraient rapidement apporter davantage d’informations, mais les seuls contextes qui permettent une étude quantifiée des fragments de céramique d’habitat de Cumes grecque sont les remblais de la muraille nord et le matériel du sondage 25 du Centre Jean Bérard. Ce sont deux contextes où le matériel est en déposition secondaire et ne constitue pas un échantillon forcément représentatif du contexte d’origine. L’extrême fragmentation du matériel complique également l’attribution des fragments à une production spécifique, ainsi que l’identification d’un nombre de vases maximum ou minimum à partir des fragments403. Ces limites sont à garder en tête tout au long de l’analyse quantitative proposée ci-dessous : on ne dispose pour l’instant que de données à considérer avec précaution, qui indiquent éventuellement des tendances générales, en aucun cas des mesures fiables de flux commerciaux.
4.3.4.1. Le sondage 25 du Centre Jean Bérard
201Le matériel archaïque récolté lors de ce sondage404 a été étudié de façon préliminaire par Priscilla Munzi405. Il correspond probablement à des contextes d’habitat et de sanctuaire, situés juste au-dessus, sur le promontoire au sud du Monte di Cuma406. Le matériel céramique est majoritairement daté entre le milieu du VIIe siècle et le début du Ve siècle, à l’exception de quelques fragments protocorinthiens originaux ou imités. Une première quantification a été proposée par P. Munzi407, que nous reprenons ici (tab. 51). La grande majorité des fragments importés date cependant de la seconde moitié du VIe siècle, en dehors des limites chronologiques de cette étude408.
Tab. 51. La céramique fine du sondage 25.
Production | % fragments | % NMI |
Local | 79,3 % | 68,2 % |
Attique VN | 6,5 % | 12,3 % |
Protocorinthienne | 0,3 % | 1,5 % |
Corinthienne | 0,6 % | 1,5 % |
Attique FN | 0,5 % | 4 % |
Laconienne | 0,1 % | 0,4 % |
Bucchero campanien | 1 % | 4 % |
Gréco-orientale | 0,1 % | 0,6 % |
Total | 88,4 % | 92,5 % |
202On peut simplement relever que la grande majorité des fragments sont de production locale (68,20 % des individus), avec la présence d’importations corinthiennes, laconiennes, gréco-orientales et étrusques (céramique étrusco-corinthienne) en petites quantités.
4.3.4.2. Le matériel des remblais de la muraille nord de Cumes
203La publication du matériel céramique fouillé dans les remblais de la muraille tardo-archaïque de Cumes permet une évaluation quantifiée des fragments. Ceux-ci sont cependant en déposition secondaire, et couvrent un arc chronologique allant du milieu du VIIe siècle à la fin du VIe siècle. La majorité des fragments n’entre donc pas, comme on le verra, dans le cadre de cette étude. L’étude de ce contexte renseigne avant tout sur la présence de certaines classes céramiques dans un contexte d’habitat ou de sanctuaire, et les proportions constatées peuvent également être considérées, bien que leur représentativité soit difficile à établir.
4.3.4.2.1. Préambule méthodologique
204Lors des fouilles de la muraille nord de Cumes, les équipes de l’université l’Orientale ont fouillé deux remblais dans la muraille, qui présentent l’intérêt d’être des milieux clos, bien que le matériel s’y trouve en déposition secondaire409. Ces deux contextes ont pu être datés de façon assez précise : le remblai archaïque410 a pour terminus ad quem 560 av. J.-C. ; le remblai tardo-archaïque411, 500-490 av. J.-C.412. On peut considérer que le matériel trouvé dans les remblais de la muraille archaïque nord de Cumes correspond à des couches de l’habitat grec archaïque413, à l’exception de quelques objets liés à des tombes grecques414.
205La publication du matériel des remblais ne distingue pas le matériel local et importé dans plusieurs cas415. Pour les productions de type protocorinthien et corinthien, la distinction entre productions locales et importations corinthiennes est indiquée au cas par cas pour chaque fragment : à partir d’un comptage des exemplaires concernés, les productions locales d’imitation et les productions allogènes ont pu être distinguées pour les vases individualisés416. Pour le bucchero et les coupes ioniennes, la distinction entre production locale et allogènes a également pu être effectuée, plus ou moins facilement417.
206En ce qui concerne la quantification, plusieurs problèmes se sont posés. Il semble qu’il y ait une distinction, dans la publication, entre les fragments attribuables à une production, mais trop fragmentaires pour identifier une forme précise, ou trop génériques pour être dessinés, et les fragments dessinés, qui reçoivent un numéro d’inventaire, avec parfois plusieurs fragments sous le même numéro, quand ils appartiennent tous à un même vase. De ce fait, les différents fragments dessinés et catalogués ont été considérés comme des individus418, et quand c’était possible, on a privilégié une étude de la distribution des différentes classes céramiques fondée sur le nombre d’exemplaires catalogués, plutôt que sur le nombre de fragments419. Il existe cependant quelques classes pour lesquelles les fragments n’ont pas permis d’individualiser d’exemplaires catalogués : le bucchero étrusque et campanien420 et les coupes ioniennes421. Afin de raisonner sur l’ensemble de l’échantillon, on a donc choisi de prendre en compte le nombre de fragments plutôt que le nombre d’exemplaires, malgré les limites de cette méthode de comptage422.
207Les tableaux suivants sont donc à considérer avec précaution, en particulier ceux qui concernent le remblai tardo-archaïque, car plusieurs quantifications résultent de calculs ultérieurs, fondés sur les publications423. Les productions postérieures au cadre chronologique envisagé ici sont indiquées en italique.
4.3.4.2.2. Le matériel allogène
208Les productions allogènes de céramique fine peuvent être étudiées principalement pour la période qui va du milieu du VIIe siècle à la fin du VIe siècle. Pour commencer, une quantification des exemplaires et des fragments a été effectuée pour chaque contexte, suivant la méthodologie décrite plus haut.
Tab. 52. La céramique fine du remblai archaïque.
TA | Nb vases | % |
Local italogéométrique | 41 | 38,70 % |
Local imitation PC | 26 | 24,50 % |
Coupes ioniennes | 10 | 9,40 % |
PC importé | 8 | 7,50 % |
C importé | 4 | 3,80 % |
Bucchero campanien | 4 | 3,80 % |
Gréco-oriental | 4 | 3,80 % |
Local imitation C | 3 | 2,80 % |
Euboico-cycladique GR II | 2 | 1,90 % |
Importations étrusco-corinthiennes | 2 | 1,90 % |
Bucchero Étrurie méridionale | 2 | 1,90 % |
Total | 106 | 100,00 % |
Tab. 53. La céramique fine du remblai tardo-archaïque.
TTA | Nb vases | Nb fragments |
Local italogéométrique | 61 | 1 029 |
Bucchero campanien | 17 | 412 |
Coupes ioniennes locales | 376 | |
C importé | 37 | 169 |
Local imitation PC | 38 | 164 |
PC importé | 20 | 89 |
Bucchero Étrurie méridionale | ? | 69 |
Coupes ioniennes importées Velia/Poséidonia | 63 | |
Coupes ioniennes importées Grèce de l’Est | 53 | |
Local imitation C | 7 | 19 |
Euboico-cycladique TG II | 11 | 11 |
Gréco-oriental | 11 | 11 |
Imp étrusco-corinthien | 7 | 15 |
Inconnu | 8 | 8 |
Local Black on White | 2 | 2 |
Caere | 2 | 2 |
Total | 221 | 2 492 |
209Ces premiers tableaux permettent de constater qu’en ce qui concerne le VIIIe siècle et la première moitié du VIIe siècle, la majorité des productions allogènes sont corinthiennes, avec quelques vases eubéo-cycladiques. Cette situation rappelle celle de Pithécusses, en particulier le matériel de la décharge Gosetti424, même s’il faut rappeler que les remblais ne sont probablement pas représentatifs de ces premières phases de vie.
210L’essentiel des productions importées est datable entre le milieu du VIIe siècle et la fin du VIe siècle : céramique corinthienne, céramique étrusco-corinthienne, bucchero étrusque, bucchero campanien, céramique gréco-orientale, coupes ioniennes de Grèce de l’Est, impasto de Caere. Ces classes céramiques ont été regroupées par zone de provenance géographique : Grèce de l’Est (coupe ioniennes importées, céramique gréco-orientale), Étrurie (bucchero sottile, impasto rouge de Caere), Corinthe (céramique corinthienne importée), Vélia/Poséidonia (coupes ioniennes B2 importées), Campanie (bucchero pesante e transizionale).
Tab. 54. La céramique fine du remblai archaïque : tableau simplifié des importations.
TA- importations VII-VIe siècles | Nb vases | % |
Grèce Est | 14 | 54 % |
Corinthe | 4 | 15,40 % |
Étrurie | 4 | 15,40 % |
Campanie | 4 | 15,40 % |
Total | 26 | 100,20 % |
Tab. 55. La céramique fine du remblai tardo-archaïque : tableau simplifié des importations.
TTA-630-500 | Nb fragments | % |
Campanie | 412 | 51,80 % |
Corinthe | 169 | 21,30 % |
Étrurie | 86 | 11,00 % |
Grèce Est | 64 | 8,00 % |
Velia/Poseidonia | 63 | 8,00 % |
Total | 794 | 100,10 % |
211Plusieurs éléments sont à prendre en compte pour interpréter ces données (tab. 54-55, fig. 55-56) : d’une part, la distribution du remblai archaïque repose sur un très petit nombre de fragments, et la part de la Grèce de l’Est est probablement sur-estimée ; d’autre part, le bucchero campanien est surtout diffusé dans la seconde moitié du VIe siècle, alors que les autres classes céramiques sont présentes dès le VIIe siècle. L’étude des amphores par S. Savelli425 a hélas surtout restitué du matériel daté du VIe siècle ou de la seconde moitié du VIe siècle : il était très difficile d’identifier des productions datées du début du VIe siècle. De ce fait, cette analyse n’a pas pu être prise en compte ici.
212Cette publication des remblais de la muraille archaïque, qui offrent un panorama détaillé, mais en déposition secondaire, des biens allogènes à Cumes au VIe siècle en particulier, commence à être enrichie par les premières publications partielles sur le matériel du VIIIe et du VIIe découvert lors des fouilles en cours de l’habitat grec.
213Les fouilles de l’université Federico II dans la zone du forum426 ont principalement permis d’identifier des niveaux de fréquentation de la fin du VIIIe et du plein VIIe siècle427. Dans toute la zone du forum ont été identifiées des strates de matériel archaïque en déposition secondaire, déposées là lors des travaux de terrassement liés à la monumentalisation de la zone à la fin du VIe siècle. La prédominance des formes ouvertes et de la céramique de cuisine indique qu’il s’agissait bien d’une zone d’habitats428. Cette céramique archaïque date du Géométrique récent I et du Géométrique récent II429. Les fouilles ont par ailleurs atteint dans quelques sondages en profondeur des niveaux d’occupation datant des débuts de la présence grecque. Les niveaux les plus anciens, datés du dernier quart du VIIIe siècle et du début du VIIe siècle, ont restitué quelques vases corinthiens, principalement des coupes à boire430, et des fragments de Red Slip431, ainsi qu’un fragment d’amphore attique SOS432. Dans les niveaux d’occupation postérieurs, la céramique est exclusivement locale433.
214Une situation similaire se rencontre dans l’habitat plus au nord, fouillé par l’université l’Orientale. Les phases les plus anciennes rencontrées dans quelques sondages en profondeur correspondent à la seconde moitié du VIIIe. Parmi les fragments publiés, on trouve plusieurs vases corinthiens, certains datés du Géométrique récent I434. M. D’Acunto estime également à 25 % la part des véritables importations corinthiennes dans la céramique protocorinthienne et d’imitation protocorinthienne435.
215L’étude de la situation dans la nécropole de Cumes, très compliquée pour des questions de sources et de méthodologie expliquées ci-dessous, va permettre de préciser le faciès des productions allogènes entre le dernier quart du VIIIe et le milieu du VIIe siècle : cette différence chronologique ne facilite pas l’étude, mais permet de souligner quelques tendances générales, en particulier l’importance des relations avec le Latium et l’Étrurie méridionale, ainsi que la proximité entre Cumes et de Pithécusses.
4.3.5. Les importations à Cumes : la nécropole
216La documentation de la nécropole grecque de Cumes est très lacunaire436. La reconstitution qui est proposée ici permet de prendre en compte un peu plus de 160 tombes archaïques, sur lesquelles nos connaissances sont plus ou moins détaillées437 (fig. 143-146). En ce qui concerne la chronologie, il semble notamment que les tombes du VIe siècle soient sous-représentées dans notre échantillon, ce qui tient à la topographie de la nécropole438. Les fouilles de Stevens dans les domaines Majorano et Micillo, au nord de la nécropole, ont en effet surtout révélé des tombes du VIIIe et de la première moitié du VIIe, ainsi que des tombes plus récentes, à partir de la fin du VIe siècle.
4.3.5.1. Statistiques générales
217La grande majorité des tombes pour lesquelles une datation peut être proposée appartiennent à la période comprise entre le GR II et le PCM.
Tab. 56. Les tombes grecques de Cumes : distribution par période.
Période | Nombre de tombes | % |
GR II-PCM | 90 | 54 % |
PCR-CM | 19 | 11 % |
Inc | 58 | 35 % |
Total | 167 | 100 % |
218Contrairement à Pithécusses, où plusieurs indices attestent d’une baisse démographique importante après le PCM, la nécropole de Cumes a probablement connu un nombre de tombes croissant entre le milieu du VIIIe et le milieu du VIe siècle439. Le faible nombre de tombes postérieures au Protocorinthien moyen (690-650) invite à considérer avec prudence les éléments d’analyse sur les importations de cette période dans le mobilier des tombes.
219En l’absence d’informations suffisantes, le genre des tombes n’est pas indiqué, et l’âge du défunt ne peut être envisagé que dans certains cas440.
Tab. 57. Les tombes grecques de Cumes : rituels et démographie.
Rite | Classe d’âge | Nombre | Pourcentage |
CR | adultes | 14 | 8,4 % |
CT | adultes | 13 | 8 % |
CB | enfants | 21 | 12,6 % |
CB | inconnu | 41 | 24,6 % |
IF | enfants | 24 | 14,4 % |
IF | inconnu | 54 | 32,3 % |
Total | 167 | 100,3 % |
220Le rapport entre crémation et inhumation est ainsi de 16,4 % de crémations441 pour 84,6 % d’inhumations. Il est probable qu’un certain nombre d’adultes aient été inhumés, car la proportion enfants/adultes était environ de deux tiers/un tiers à Pithécusses. Ici, avec les données disponibles, les enfants composent 27 % de la population funéraire et les adultes 16,4 %, tandis que 56,6 % des tombes sont sans classe d’âge déterminée. Il faut enfin rappeler qu’aucune tombe à inhumation en amphore de transport n’a été indiquée dans les journaux de Stevens. Au vu de la situation à Pithécusses, cette absence semble douteuse.
221Le nombre de biens allogènes par tombe (fig. 57) est un nombre minimum, car pour un certain nombre de contextes, connus seulement par les descriptions des journaux d’E. Stevens, il est souvent impossible de distinguer productions locales et corinthiennes ou eubéennes. Les aryballes KW sont en revanche plus facile à repérer442.
Tab. 58. Le nombre de vases allogènes dans les tombes de Cumes.
Nombre de vases allogènes | GR II-PCM | PCR-CM |
0 | 18 | 3 |
1 | 28 | 2 |
Entre 2 et 4 | 34 | 8 |
5 et plus | 9 | 5 |
Total | 89 | 18 |
222Entre le Géométrique récent II et le Protocorinthien moyen (725-650), 20 % des tombes ne comportent aucun objet allogène443, ce qui semble indiquer que la proportion de tombes contenant une importation au moins est plus élevée à Cumes qu’à Pithécusses. Il est possible que les biens allogènes aient été beaucoup plus fréquents à Cumes qu’à Pithécusses, d’autant qu’il est probable que les tombes non identifiées par E. Stevens aient plutôt été des tombes sans mobilier. Il est également possible que les secteurs fouillés ici envisagés aient été des secteurs avec une population différente de la nécropole de Pithécusses, dans lesquels les tombes étaient majoritairement munies de mobilier. Le nombre de tombes à inhumation sans mobilier est en effet faible à Cumes, ce que certains chercheurs relient à l’envoi des populations de statut inférieur ou servile dans la campagne, avec des nécropoles extra-urbaines444.
4.3.5.2. Les produits allogènes dans le mobilier des tombes (tab. 59)
223On retrouve une grande similitude avec les biens allogènes dans les mobiliers contemporains de Pithécusses, si ce n’est que les seules formes vraiment représentées sont les aryballes445. Cela tient à la documentation disponible : les aryballes KW ont une forme et un aspect particulier, qualifié de rustique par E. Stevens, ce qui a permis de les identifier y compris dans les tombes uniquement décrites par E. Stevens. Il est en revanche très difficile de différencier les productions corinthiennes des productions locales pour d’autres vases comme les aryballes ou les kotyles : cela a pu être fait uniquement pour les tombes publiées par E. Gabrici quand les vases étaient illustrés ou décrits de façon claire, voire republiés récemment. Les aryballes protocorinthiens de Cumes ont également été étudiés par C.W. Neeft, ce qui donne une visibilité accrue à cette forme parmi les importations corinthiennes. Les scarabées enfin sont systématiquement signalés par E. Stevens ou E. Gabrici, ce qui là encore facilite leur identification.
Tab. 59. Les biens allogènes dans les tombes de Cumes.
Biens allogènes | Nb objets | Nb tombes | % tombes |
Scarabées | 101 | 59 | 53 % |
Aryballes corinthiens | 53 | 27 | 24 % |
Aryballes KW | 46 | 19 | 17 % |
Vases à boire corinthiens | 13 | 4 | 4 % |
Autres vases corinthiens | 3 | 3 | 2,5 % |
Total | 216 | 112 | 100 % |
224Le nombre de scarabées est particulièrement remarquable si on le compare aux données de Pithécusses, ce qui pose peut-être la question de la datation de certaines tombes446. Les scarabées sont très fréquents parmi les tombes qui contiennent des biens allogènes, et sont souvent l’unique objet allogène connu de la tombe, ce qui rappelle un phénomène observé parmi les tombes de Pithécusses au Géométrique récent I, et non au Géométrique récent II447.
225La fréquence des aryballes n’est pas non plus étonnante, de même que les origines corinthienne et rhodienne des aryballes allogènes. L’absence de céramique de type Argienne Monochrome peut être notée, même si cela peut être dû aux données disponibles. Des formes phéniciennes ou orientales auraient en revanche probablement été remarquées, or ces vases, certes rares à Pithécusses, sont complètement absents de la nécropole.
226On trouve cependant des productions orientales rares à Cumes, systématiquement associées à des tombes avec un fort indice de distinction : des aryballes en faïence, dont deux exemplaires ont été republiés dans le catalogue du musée de Baia448. Plusieurs vases en impasto très lissé et noir sont également signalés, dont certains semblent correspondre à des amphorettes du type de celles trouvées à Pithécusses, et provenant de l’aire étrusco-latiale449.
227Contrairement à Pithécusses, on trouve à Cumes des objets allogènes rares et en matériaux précieux : des vases en argent450, des armes et ornements en métaux précieux, provenant d’Étrurie méridionale451 et peut-être d’Orient. Cette catégorie d’objets allogènes, certainement accessibles seulement à une petite partie de la population, se trouve presque exclusivement associée dans certaines tombes à crémation ou dans des tombes à inhumation toutes proches.
4.3.5.3. Analyse spatiale de la présence d’objets allogènes dans la nécropole de Cumes (fig. 143-146)
228Comme dans la nécropole de Pithécusses, la présence d’objets allogènes ne semble pas corrélée avec un indice de distinction élevé, et l’analyse de la répartition spatiale des tombes avec objets allogènes montre que celles-ci se trouvent dans tous les secteurs et parmi tous les types de tombes. Les biens allogènes communs, scarabées, aryballes KW, vases corinthiens de qualité moyenne, ne semblent donc pas réservés aux tombes éminentes et étaient probablement des produits plutôt accessibles.
229Il est difficile à Cumes de mener le même raisonnement qu’à Pithécusses sur les groupes de tombes, puisqu’on ne dispose pas de la même qualité d’information stratigraphique. Certains regroupements peuvent néanmoins être interprétés en ce sens : on retrouve à plusieurs reprises un schéma avec au centre, quelques tombes à crémation à réceptacle, entourées de tombes à inhumation avec un mobilier diversifié et fourni, des tombes à crémation à tumulus, et plus loin, peut-être des tombes à inhumation en fosse avec peu de mobilier. Notre connaissance de la nécropole dans son extension originelle est cependant très partielle, ce qui ne facilite pas la compréhension de son organisation spatiale. Quelques groupes de tombes semblent néanmoins présenter des associations d’objets allogènes inhabituelles, que l’on va maintenant détailler.
230Dans la propriété Scala452, deux groupes de tombes concentrent des productions orientales rares (aryballes en faïence) et des amphorettes d’impasto peut-être originaires des zones étrusco-latiales, avec plusieurs tombes dont l’indice de distinction est très élevé.
231On a tout d’abord le groupe formé autour de la crémation à réceptacle 90019, on trouve des tombes qui contiennent un bandeau en or453, un bandeau en argent et or454, un aryballe en argent455, ainsi qu’un aryballe en faïence égyptien456.
232Plus au nord se trouve un autre groupe de tombes, centré autour de deux tombes à crémation particulièrement éminentes : il s’agit de deux crémations à réceptacle en tuf, avec une urne cinéraire en argent contenue dans un bassin en bronze, le tout recouvert d’un bouclier en bronze étrusque, avec un plat en argent dans l’une, un aryballe en argent dans l’autre, outre des ornements personnels en argent457. Juste à côté de ces deux tombes se trouvent deux tombes à inhumation en caisson de bois qui contiennent, outre des productions allogènes communes, deux aryballes en faïence et une kotyle en argent458, un aryballe en faïence et une amphorette en impasto probablement importée459. On retrouve ici l’association de productions étrusco-latiales et orientales rares dans certains groupes qui concentrent les indicateurs de distinction, ici à un niveau inconnu à Pithécusses dans la quantité de matériaux précieux, ce qui rappelle les tombes dites princières qui apparaissent au même moment dans plusieurs centres d’Étrurie et du Latium.
233Le groupe de tombes du secteur Artiaco460 montre le même phénomène, avec une similitude plus grande avec les rituels de ces tombes étrusco-latiales461. La tombe 104 contient plusieurs objets luxueux étrusques, orientaux et peut-être falisques462, les tombes à inhumation 103bis et 111 ne contiennent par contre que des biens allogènes communs463.
234Deux ensembles plus énigmatiques se trouvent également dans la nécropole de Cumes. Tout au nord, dans le secteur Micillo (fig. 146), une tombe à inhumation464 contenait ainsi un bandeau en argent, un vase corinthien rare et une oenochoé naxienne, unique en Campanie465. Ce secteur de la nécropole ne contenait pas de tombe à crémation, même s’il faut souligner qu’il n’y a pas eu de fouilles immédiatement au nord ou au sud de cette bande de terrain.
235Au nord du secteur Maiorano (fig. 144), à la frontière avec la propriété Scala, la tombe 88049, crémation à tumulus, contenait une amphorette phénicienne, identique à celle de la tombe 483 de Pithécusses466, et la tombe 88050 contiguë une amphorette d’impasto, probablement allogène. Il est difficile de savoir si ces tombes appartiennent à un groupe distinct, ou sont situées en périphérie de groupes déjà évoqués, comme celui autour de la crémation 88012, immédiatement au sud, ou de la crémation 90019, juste au nord467.
236Il semble donc que l’on retrouve comme à Pithécusses une association privilégiée de certains biens échangés avec certains groupes à la distinction élevée. Tous les groupes avec un fort indice de distinction ne présentent pas ce profil : on peut citer le groupe de crémations éminentes au sud de la propriété Majorano, qui ne comporte que des biens allogènes communs468. La spécificité de Cumes tient à l’association de ces biens rares orientaux et étrusco-latiaux avec des biens très luxueux provenant peut-être des mêmes zones, les vases en argent phéniciens et les armes étrusques.
237Il reste très difficile de savoir dans quelle mesure ces groupes de tombes (Artiaco 104 bien sûr, 90067-90072 également) correspondent aux groupes familiaux les plus puissants parmi les groupes dominants, qui afficheraient leur puissance par l’ostentation de biens non seulement précieux, mais également étrangers, ou s’il s’agit plutôt de pratiques funéraires différentes, peut-être liées à des liens privilégiés, chez ces groupes élitaires, avec les circuits d’échange tyrrhéniens. En somme, il s’agirait de comprendre si ces productions allogènes rares et parfois luxueuses, orientales et étrusco-latiales, sont simplement des attributs des groupes les plus puissants de la société cuméenne, ou si elles signalent des groupes dominants, parmi d’autres, avec des caractéristiques spécifiques, et peut-être un rôle spécifique dans les échanges tyrrhéniens.
238Nous avons étudié les biens allogènes de Pithécusses et de Cumes en replaçant toujours ceux-ci dans leur contexte de découverte, et en comparant les deux sites, qui révèlent d’ailleurs de très grandes similitudes. Cette étude précise, quantifiée si possible, permet maintenant de proposer une typologie de ces biens allogènes, en tenant justement compte des fonctions et des usages en fonction de leur contexte de découverte. La proximité constatée entre Pithécusses et Cumes a conduit à établir cette typologie pour les deux sites, tout en soulignant au cas par cas les différences constatées, en particulier pour les productions luxueuses en métal.
4.4. Les échanges de Cumes et de Pithécusses : typologie des importations
4.4.1. Par type de bien
239En ce qui concerne les matières premières et les biens agricoles, la présence de minerai de fer de l’île d’Elbe a été confirmée par les analyses effectuées sur les scories de Mezzavia469, et il ne faut pas exclure une importation de minerais d’autres régions tyrrhéniennes, comme la Sardaigne, fréquentée par les Eubéens470. Une arrivée régulière d’huile attique et corinthienne peut également être supposée, dès lors que l’on considère que c’était le produit majoritairement contenu dans les amphores SOS attiques et dans les amphores corinthiennes471.
240Le vin constitue un bien particulier : la production de vin sur l’île est très probable, et on peut alors penser que le vin importé servait un besoin autre que le simple accès à cette boisson : recherche de productions de goût différent, volonté de distinction, etc. Il est probable que les amphores ioniennes aient servi à contenir du vin, et la question se pose également pour les amphores orientales.
241La fréquence des athyrmata apportés par les navires phéniciens (scarabées, sceaux, perles de pâte vitrée, statuettes de faïence) dans le mobilier des tombes, en particulier au GR, est liée à leur fonction d’amulette ou d’ornement exotique. Leur distribution montre cependant qu’en dépit de leur origine lointaine, il s’agissait probablement d’objets peu coûteux et disponibles. Il est cependant intéressant de noter que ces objets ne répondent pas aux mêmes besoins qu’en Eubée : là, ils sont principalement employés dans un contexte religieux, pour manifester la piété des citoyens, tandis qu’à Pithécusses et Cumes, et plus généralement en Campanie, ils ont un rôle magico-religieux lié au monde funéraire, particulièrement pour les enfants472. Pithécusses et Cumes suivent ici un usage campanien plutôt qu’eubéen.
242Une partie des vases corinthiens, en particulier les formes ouvertes comme les coupes à boire, sont très fréquents dans la nécropole, quelle que soit l’époque envisagée : en cela, Pithécusses et Cumes témoignent d’un phénomène observé dans d’autres sites grecs d’Occident, où une production corinthienne de qualité moyenne se rencontre dans de grandes proportions, au point, ici, de remplacer en partie les productions locales. Ces vases n’avaient probablement pas une grande valeur d’acquisition, et devaient être facilement disponibles pour les familles des défunts. L’importance quantitative de cette production corinthienne de qualité moyenne dans les contextes d’habitat et de sanctuaire (décharge Gosetti) confirme cette impression.
243Les productions eubéennes et de type Argien Monochrome constituent un cas plus complexe : les exemplaires sont plutôt rares, mais leur distribution ne montre rien de particulier, en tout cas pas de corrélation avec un indice de distinction élevé.
244Les vases à parfum constituent le type de vase le plus courant dans la nécropole, et l’essentiel des biens allogènes, toutes périodes confondues. Il s’agit en revanche d’une forme plutôt rare dans l’habitat. C’est ici le contenu qui est recherché : on ignore par contre dans quelle mesure les différentes origines de ces vases correspondent à des goûts ou à des propriétés différentes. Parmi ces vases à parfum, les deux productions les plus communes, peut-être aussi les plus accessibles, sont les aryballes de Corinthe et les aryballes rhodiens de type KW, à Pithécusses comme à Cumes. Quelques exemplaires plus soignés et rares se trouvent avant tout dans les tombes dont l’indice de distinction est élevé, ce qui confirme l’existence d’une gamme diversifiée de productions, en termes de coût comme d’accessibilité473 .
245Certains objets ont une distribution très particulière, et ne semblent pas pouvoir être considérés comme des importations, c’est-à-dire des objets arrivés à Cumes et Pithécusses pour y être acquis, indépendamment de liens préexistants entre les acquéreurs et le lieu d’origine ou les producteurs de ces objets. Les amphorettes à spirale, les vases dauniens ainsi que certains objets orientaux entrent dans cette catégorie, même s’ils témoignent de relations sociales très différentes, de l’alliance entre groupes dominants à l’affirmation d’une origine géographique et culture particulière. Il s’agit de vases rares, mais qui restent des vases en impasto ou en céramique fine, et n’ont donc probablement pas la même valeur que des vases en métal.
4.4.2. Les échanges de Cumes et de Pithécusses : origines des biens allogènes
246La présentation synthétique qui suit a pour objectif de clarifier l’existence de trois sphères d’échanges distinctes, qui correspondent à des zones géographiques différentes, sans que cela signifie nécessairement qu’il n’y ait pas de recoupement en termes de trajets suivis ou de navires transporteurs474.
247Le groupe numériquement le plus important, tel qu’en atteste la documentation disponible, est constitué par les productions de Grèce continentale, avec les productions de Corinthe, de la région attique et peut-être de la région d’Argos475. Ce regroupement est lié à une hypothèse, souvent mise en avant pour expliquer cette masse d’objets corinthiens en Occident : le passage obligé par l’isthme de Corinthe pour rejoindre les mers occidentales, moment où les navires chargeaient leurs cales de marchandises, y compris de peu de valeur, comme la vaisselle céramique, qui prenait peu de place, mais qui s’écoulait facilement dans les cités d’Occident, assurant un complément intéressant476.
248Le monde phénicien d’Orient, qui comprend les cités du Levant, Rhodes et Chypre, constitue le deuxième groupe. Les bijoux et amulettes égyptiennes, les vases à parfums rhodiens, des amphores de transport au contenu inconnu, mais également quelques objets luxueux comme des vases en argent ou des aryballes en faïence partent de cette région, pour accoster à Pithécusses et Cumes. On constate cependant une diminution très forte des productions orientales à partir de la fin du GR II, et une extinction presque complète de ce flux à la fin du PCM477. La disparition de ce faciès matériel oriental est un phénomène qui concerne Pithécusses comme Cumes : les évènements politiques orientaux, avec la montée en puissance de l’Assyrie, ont pu jouer un rôle478. Le développement de Carthage a pu également concentrer sur les rivages tunisiens la présence phénicienne en mer Tyrrhénienne.
249Ces deux premiers groupes ont en commun d’être des centres de production lointains : les navires qui en proviennent ont effectué une navigation longue et parfois dangereuse pour arriver en Campanie. Les navires en question étaient peut-être parfois les mêmes : il n’existait pas, en particulier au GR, de navigation en droite ligne. L’Eubée, proche de Corinthe, était fréquentée depuis longtemps par les navires phéniciens479. Il est également probable que ces mêmes navires effectuent plusieurs arrêts, le long du littoral tyrrhénien, ce qui contribuerait à expliquer la distribution des mêmes biens de Pontecagnano à Vulci.
250Carthage constitue un autre pôle important des échanges de Pithécusses, moins visible à Cumes480. Les productions, biens agricoles en amphores ou vaisselle de Red Slip Ware, sont peu nombreuses numériquement mais bien représentées au GR, même s’il n’est pas toujours évident de distinguer les importations des biens personnels de Phéniciens immigrés à Pithécusses. Quelques amphores et une fibule témoignent de l’arrivée à Pithécusses de biens provenant des cités phéniciennes du Détroit, même s’il est difficile de savoir dans quelle mesure Carthage a pu jouer ici un rôle d’intermédiaire.
251L’Étrurie méridionale, intermédiaire avec les centres miniers, est enfin le dernier partenaire important de Pithécusses et Cumes : les métaux étrusques ont dû être essentiels à l’activité métallurgique des cités grecques, qui exportaient au moins du vin et des vases à boire vers les grands centres étrusques. C’est Cumes qui a restitué le plus grand nombre de vases liés à l’Étrurie dans le mobilier des tombes ou dans l’habitat, ce qui est lié à la chronologie plus longue du matériel de Cumes481, avec un ensemble de biens luxueux, armes et ornements en bronze, présents dans le mobilier de quelques tombes aristocratiques particulièrement distinguées.
4.5. Conclusion
252L’étude des échanges à l’époque préhellénique a montré que Cumes, au moins, est un site déjà fréquenté par les navires grecs, phéniciens, et qui entretient des relations denses avec les régions étrusco-latiales villanoviennes. Les Eubéens connaissent peut-être déjà cette communauté, si l’on interprète en ce sens le trépied en bronze eubéen trouvé dans la tombe Osta 4 (datée du début du VIIIe siècle). Ils arrivent ainsi, dans le second quart du VIIIe siècle, dans une région déjà insérée dans les trafics tyrrhéniens ; eux-mêmes sont familiers de ces échanges, avec un rôle probablement important d’une partie des groupes dominants eubéens depuis longtemps, ce dont témoignent les tombes du secteur de la Toumba de Lefkandi. L’intégration probable de certains individus ou groupes indigènes explique probablement l’établissement très rapide de liens avec les sites étrusques et latiaux, dans la continuité des phénomènes de l’âge du Fer. La présence de familles orientales témoigne de l’importance des relations entre Eubéens et Phéniciens, qui contribuent à une fréquentation accrue des côtes campaniennes par ces derniers.
253Pithécusses, puis Cumes, mettent rapidement en place une production diversifiée, avec des vases en céramique, des ornements et probablement du vin, qui sont exportés dans des quantités restreintes, mais dans un espace géographique assez vaste, principalement centré autour de la mer Tyrrhénienne. Les biens allogènes dans ces sites proviennent au contraire avant tout de Grèce égéenne et d’Orient, tout au long de la période archaïque. Corinthe s’impose comme le principal lieu de production des vases allogènes trouvés à Pithécusses et Cumes, qu’il s’agisse de coupes à boire, d’aryballes ou d’amphores (à huile ou à vin ?). On trouve ainsi, avec une régularité signifiante, entre 15 et 30 % de vases corinthiens au GR dans les contextes archéologiques de Pithécusses. Les régions phéniciennes d’Orient, en particulier Rhodes, fournissent le deuxième contingent le plus important, avec les aryballes KW et d’autres productions moins fréquentes. Ce sont probablement les mêmes navires qui apportent en Campanie de très nombreuses amulettes, que l’on trouve très fréquemment dans les tombes d’enfant au GR, jusqu’au PCM. Entre le milieu du VIIIe et le milieu du VIIe siècle, on trouve ensuite, en petites quantités, mais de façon constante, à Pithécusses comme à Cumes, dans les tombes comme dans l’habitat, des productions eubéennes (vases à boire) et attiques (amphores). Les tombes de Cumes montrent l’existence d’une sphère d’échange très exclusive, qui permet aux groupes dominants grecs d’acquérir depuis les sites étrusques des armes, des ornements et des vases en métaux précieux, probablement de grande valeur, ainsi que quelques vases en métal phéniciens.
254On observe des changements importants dans les sites d’origine des biens qui arrivent en Campanie à partir de la seconde moitié du VIIe siècle, même s’il faut rappeler que cet effet de rupture chronologique est en grande partie lié à nos sources. Les productions provenant des espaces phéniciens disparaissent presque complètement. L’espace grec égéen demeure la région d’origine de la majorité des biens allogènes, mais celles-ci proviennent désormais surtout des cités grecques d’Ionie. Cette tendance se renforce au début du VIe siècle, les vases corinthiens ne constituant plus qu’une petite part des vases à boire allogènes. Les productions étrusques s’imposent également, avec la diffusion des vases de bucchero et des productions étrusco-corinthiennes.
255Pithécusses et Cumes semblent avoir reçu le même type de biens allogènes au long de la période, même si des biais documentaires importants subsistent. L’image de Pithécusses comme lieu privilégié d’arrivée des objets allogènes est ainsi démentie par l’étude, même partielle, des données dans la nécropole de Cumes : elles y sont également très nombreuses et de même type, à l’exception de la céramique phénicienne. Les biens allogènes concernés restent assez constants, principalement des coupes à boire, des vases à parfums, des amulettes et, pour les amphores, probablement de l’huile et du vin. Il faut cependant souligner une différence majeure dans la documentation disponible : la nécropole de Cumes n’a pas restitué d’amphores de transport, ce qui peut être lié aux conditions de fouille. La Méditerranée orientale demeure tout au long de la période archaïque le principal espace de provenance des biens allogènes de Pithécusses et Cumes, qui au contraire semblent plutôt exporter leurs productions au sein de l’espace tyrrhénien.
Notes de bas de page
1 A. Mele prèfère le terme d’Ausons, Mele 2014, p. VII, mais nous avons vu en introduction que le terme d’Opiques peut également être employé.
2 Le site de Cumes va être l’un des premiers sites campaniens pour lequel une phase préhellénique est connue, dès la seconde moitié du XIXe siècle, et qui présente surtout l’intérêt, d’un point de vue chronologique, d’avoir été ensuite une colonie grecque. Hermann Müller-Karpe, qui cherche dans son ouvrage de 1959 à établir une chronologie unifiée de l’âge du Fer des deux côtés des Alpes, accorde ainsi une grande importance au site de Cumes. La présence dans quelques contextes préhelléniques issus des fouilles Osta de coupes grecques lui permet d’arrimer les datations relatives du Fer italien sur des éléments de chronologie absolue, liés à la céramique grecque, elle-même, cependant, datée par rapport aux dates supposées de fondation des colonies, Müller-Karpe 1959.
3 Les fouilles de G. Buchner à Castiglione d’Ischia sont évoquées plus loin, voir fig. 20.
4 L’étude des tombes préhelléniques découvertes par le Centre Jean Bérard, le premier secteur de nécropole fouillé de façon précise et documentée, conduit actuellement à préciser l’évolution de la culture matérielle préhellénique de Cumes.
5 Il faut également mentionner la thèse de doctorat inédite de Pia Criscuolo, qui a étudié le mobilier préhellénique issu des fouilles du XIXe siècle et conservé au musée de Naples, en partie publiée dans les actes du colloque de Tarente consacré à Cumes, Criscuolo – Pacciarelli 2009. V. Nizzo dans ce même colloque a cependant estimé que les problèmes liés aux mélanges des mobiliers des tombes Osta et Stevens avaient été sous-estimés.
6 En tout cas dans le secteur étudié par le Centre Jean Bérard, voir Zevi et al. 2008, p. 102 (J.-P. Brun, P. Munzi). Les datations des tombes préhelléniques publiées dans ce catalogue restent assez larges, en attendant une périodisation plus précise, par exemple « Preellenico I = Fase IA-IB iniziale di Pontecagnano e di Capua (IX sec. A.C.) », Zevi et al. 2008, p. 103 sur la tombe SP700703. Les tombes Osta 3 et 29 qui contenaient les skyphoi grecs du Géométrique moyen sont datées des années 780-770 et sont parmi les tombes les plus récentes, Albore Livadie 1985b, p. 70.
7 Criscuolo – Pacciarelli 2009, p. 331 et Jannelli 1999. P. Gastaldi revient dans Gastaldi 2018 sur l’occupation du site depuis l’âge du Bronze.
8 Greco 2009, p. 387.
9 E. Gabrici interprète la succession de couches indigènes et grecques, ainsi que le mélange des vases d’impasto et de la céramique grecque fine, comme une preuve de ce que l’élément indigène constituait le substrat de la population de l’acropole, Gabrici 1913 col. 763.
10 G. Buchner réétudie ce matériel lors de sa réorganisation des collections préhistoriques du musée archéologique de Naples dans les années 1950. Selon lui, les couches identifiées par E. Gabrici sont simplement le remblai déplacé pour créer le terrassement nécessaire à la construction du temple. Il est cependant probable que les travaux aient intercepté des couches du premier âge du Fer, Buchner – Rittmann 1948, d’après des sondages effectués dans une zone proche et d’après les résultats de fouilles d’A. Maiuri en 1932 dans une zone proche. Ce matériel a été réétudié par L. Jannelli en 1999, qui publie également des documents d’archives sur les fouilles de G. Buchner, ainsi que des informations issues d’entretiens avec le chercheur italien. On trouve des fragments du Néolithique, du Bronze final, du Bronze récent, du premier âge du Fer, ainsi que de la céramique grecque postérieure, Jannelli 1999, p. 80.
11 D’Acunto 2019, p. 1421-1422.
12 Les tombes sont majoritairement à inhumation, avec des corps allongés sur le dos, probablement dans des caissons en bois, déposés dans des fosses renforcées par des éclats de tuf jaune, remplies de cailloux, voir les remarques générales d’E. Gabrici et sa description des tombes Stevens, Greco 2009, p. 387. On connaît également plusieurs tombes à crémation. L’une a été fouillée par le Centre Jean Bérard, trois autres ont été découvertes lors des fouilles de l’université L’Orientale de Naples, dont deux en déposition secondaire, situées sous des rues grecques, et une tombe en position primaire, sous le stenopos p, qui a été publiée dans Gastaldi 2018, p. 182-186.
13 Les tombes dites masculines contiennent des instruments de travail, des ornements, parfois des armes, tandis que les tombes dites féminines contiennent des fusaïoles, symbole du filage, et des ornements comme des colliers d’ambre et de perles de pâte vitrée, des pendentifs et des fibules en bronze. Ces attributions ne reposent cependant pas sur des analyses anthropologiques systématiques.
14 Albore Livadie 1985b, p. 69.
15 Ces rapprochements sont tirés de l’article de Criscuolo – Pacciarelli 2009 qui donne les conclusions de sa thèse. On les retrouve également dans les études menées par V. Nizzo sur le matériel conservé dans les musées de Florence et de Rome, Nizzo 2011 et Nizzo 2008, en particulier, p. 181 et, p. 200.
16 Albore Livadie 1985b, p. 68.
17 Nizzo 2008, p. 200.
18 Les données sur la future acropole grecque proviennent de prospections de G. Buchner dans les années 1930, qui y a récolté un certain nombre de fragments, voir le chapitre 2. Il évoque des traces d’un établissement de l’âge du Bronze, ensuite des fragments grecs datés du VIIIe siècle, Buchner 1936, p. 65.
19 Une partie du matériel de l’âge du Bronze de la décharge Gosetti, composé d’une trentaine de fragments de vases et d’éléments liés au tissage, est exposé dans la vitrine 5 du musée de Pithécusses. Quelques éléments sont rapidement décrits dans Buchner 1936 puis dans Buchner – Gialanella 1994.
20 Voir les mises en garde de G. Buchner et P. Zancani Montuoro lors du colloque d’Ischia en 1968, D’Agostino 1969, p. 120-121.
21 G. Buchner a effectué dans les années 1930 plusieurs petits sondages sur cette colline, limités par la nécessité de ne pas abîmer la vigne cultivée sur les lieux, Buchner 1936, p. 70. M. Pacciarelli est revenu sur cette fouille, étudiant une partie du matériel de l’âge du Fer, dans Pacciarelli 2011, p. 51-56.
22 Le site présente plusieurs ressources : il s’agit d’une sorte de forteresse naturelle, Buchner 1936, p. 68, proche d’un torrent, avec des gisements d’argile de qualité, Buchner 1936, p. 69. Un village de cabanes attesté par la découverte de trous de poteaux aurait été identifié par Buchner lors de fouilles en 1942, Buchner 1946, cité par Pacciarelli 2011, p. 51, avec photographie de la fouille. La taille imposante des pithoi retrouvés évoquerait une culture du vin, ou en tout cas un changement dans l’économie domestique, Buchner 1936, p. 84. L’étude des ossements, la présence de nombreux éléments liés au tissage révèle d’autres éléments sur l’économie vivrière de la communauté de Castiglione : élevage de moutons, chèvres, porcs, bœufs ; récolte et consommation de mollusques ; cultivation de diverses céréales, Buchner – Gialanella 1994, p. 39-40.
23 Il semble que cet espace ait une surface maximale et approximative de 6 400 m2, soit moins d’un hectare, Buchner 1936, p. 71.
24 Buchner 1936, p. 70, Buchner – Gialanella 1994, p. 30-37.
25 Un premier fragment est décrit et publié dans Buchner 1936, p. 78. Le catalogue du musée d’Ischia en présente trois : Buchner – Gialanella 1994 fig. 3, p. 32.
26 Certains fragments de Castiglione sont très proches de vases trouvés sur l’acropole de Cumes ou dans les tombes préhelléniques, Buchner 1936, p. 82. Sur l’impasto de Gricignano, Cerchiai 2017, qui renvoie à Cerchiai 1999, p. 660-661.
27 On peut notamment citer un vase biconique de type villanovien, ce qui confirme l’inscription de la communauté de Castiglione dans la culture matérielle mixte de la Campanie à l’époque, Pacciarelli 2011, p. 55-56. La production d’impasto de Gricignano montre la présence de formes typiques de la mesogeia campanienne, ainsi que de Capoue, D’Agostino 2011c, p. 75.
28 Cette organisation, qui dépasse largement une simple subsistance, permet aux indigènes d’entrer tôt en contact avec les circuits d’échanges tyrrhéniens, Cerchiai 2017.
29 D’Acunto 2020b, p. 1289 avec références bibliographiques.
30 Gabrici 1913 col. 76 sur la collection Stevens, Nizzo 2008, p. 212.
31 Indiquée par P. Criscuolo comme semblable à l’exemplaire de la tombe Osta 5, mais V. Nizzo considère justement qu’une telle coupe n’appartient pas à la tombe Osta 5. Il s’agit d’une coupe provenant a priori d’Étrurie villanovienne, Criscuolo 2007, p. 301.
32 Nizzo 2008, p. 199-200, plutôt provenant de Populonia ou Vetulonia.
33 Gabrici 1913 col. 74, même si l’origine sarde n’est pas indiquée avec certitude.
34 Criscuolo 2007, p. 303.
35 Nizzo 2008, p. 175.
36 Tab. 81 en ligne présente les objets allogènes dans les tombes Osta avec le mobilier associé et les références bibliographiques.
37 Tombes Osta 4 et 10, respectivement Gabrici 1913 col. 94-95 et col. 100-101. Cette attribution à une production sarde est une hypothèse, du fait de la ressemblance de ces objets avec les boutons sardes publiés dans Lo Schiavo 1994, p. 65, fig. 1, voir fig. 34.
38 Criscuolo 2011, p. 569, P. Criscuolo renvoie sur ce point à l’analyse de Müller-Karpe 1959, p. 234-235 et tav. 17, B32.
39 Fig. 34, tombe Osta 4 : Gabrici 1913 col. 94-95. Cette tombe est étudiée en détail plus loin.
40 Tombe Stevens 4, Gabrici 1913, Criscuolo – Pacciarelli 2009, p. 338. Voir la typologie en annexe 1.
41 Ces contextes sont listés tab. 81 en ligne.
42 Dans la tombe Osta 7, on trouve un collier de pâte vitrée associé à plusieurs ornements (fibules, spirales) et à des vases en impasto, ainsi que des petites bobines : il s’agit peut-être d’une tombe de fillette, datée selon P. Criscuolo de la seconde phase du Préhellénique, Gabrici 1913 col. 94-95, Criscuolo – Pacciarelli 2009. Dans la tombe Osta 25, les perles de pâte vitrée semblent associées à un rasoir, divers ornements, une fusaïole, des vases en impasto, Gabrici 1913 col. 107-108. La présence d’éléments masculins (rasoir) et féminins (fusaïole) rend cependant cette association douteuse, Nizzo 2007a. Dans les tombes Osta 31 et 35, les perles de pâte vitrée sont associées à des ornements, des fusaïoles et des vases en impasto, correspondant probablement à des tombes féminines. La tombe 31 est datée de la première période préhellénique par P. Criscuolo, Gabrici 1913 col. 111-112 et col. 114, Criscuolo – Pacciarelli 2009.
43 Les associations sont jugées fiables par V. Nizzo, Gabrici 1913 col. 93-94 et Nizzo 2007a.
44 Datée par P. Criscuolo dans la phase IIA, Criscuolo 2007, p. 574.
45 Voir la mise au point dans la typologie en annexe sur les bassins tripodes en bronze en Campanie.
46 On trouve en effet dans cette tombe plus de neuf fibules, une chaîne en bronze, une spirale, une tige en fer, des anneaux, ainsi que onze vases d’impasto, ce qui, relativement, la place parmi les tombes préhelléniques les plus fournies en objets, de façon quantitative et également qualitative, Gabrici 1913, col. 94-95, Criscuolo – Pacciarelli 2009. V. Nizzo juge ces associations à peu près correctes.
47 Nizzo 2007a.
48 Criscuolo 2007, p. 304.
49 D’Acunto 2020b, p. 1298-1300.
50 Cette hypothèse a été formulée initialement par Bartoloni 1994 et Lo Schiavo 1994. P. Gastaldi dans son analyse du mobilier sarde de Pontecagnano penche plutôt pour un rôle des commerçants phéniciens, Gastaldi 1994, p. 56.
51 D’après le tableau dans Mercuri 2004, p. 206, plus complet. Seuls les auteurs les plus anciens ont été indiqués ici, tandis que le tableau de L. Mercuri indique également des auteurs plus récents (par exemple Virgile ou Stéphane de Byzance).
52 Voir l’annexe sur les sources littéraires pour le passage Strab. 5, 4, 9.
53 Mele 2014, p. 26-27
54 Mercuri 2004, p. 208-209.
55 Mele 2014, p. 60, voir également les découvertes de céramique eubéenne à Cumes par M. Frasca, Frasca 1998.
56 Mele 2014, p. 73-75.
57 Voir l’introduction de F. Lassere sur les sources de Strabon dans Lasserre 1967, p. 15-16.
58 Mele 2014, p. 38.
59 Les récits homériques garderaient la trace des récits de ces navigateurs eubéens, notamment dans la description du littoral tyrrhénien, Mele 2014, p. 77.
60 Les sources littéraires mentionnent en effet la réputation guerrière des hippobotai de Chalcis (Hdt. 5, 77 ; 6, 100 ; Arist. Pol. 1289b ; Strab. 10, 447 ; Plu. Per. 23) et des hippeis d’Érétrie (Arist., Ath. 15, 2 ; Strab. 10, 448 ; Plut. Mor. 760). Voir Mele 1975 et récemment Mele 2014 et Simon – Verdan 2014. Certaines de ces sources littéraires sont retranscrites en annexe, ici en gras.
61 Voir la section sur Cumes et Pithécusses avant l’arrivée des Grecs, et Cerchiai 1995b.
62 C’est en tout cas la reconstitution proposée par Mele 2014, p. 19. Liv. 8, 22, 5-6 rappelle la thalassocratie détenue par les Chalcidiens dans les eaux campaniennes, et Aristote attribue aux aristocrates éleveurs de chevaux hippobotai d’Eubée la colonisation eubéenne en Occident, (Arist. F 603 Rose, cité par Strab. 10, 1, 8), cité par Mele 2014, p. 19.
63 Zancle devient ensuite une véritable cité, et Rhégion est fondée peu après, voir Mele 2014, p. 33-38.
64 Mazarakis-Ainian 1998 et Lemos 1998.
65 Sur Pithécusses et la forme politique de cette communauté, voir la section dédiée plus loin dans ce chapitre.
66 Liv. 8, 22 (en annexe). Tite-Live évoque une arrivée des Chalcidiens à Pithécusses, puis une installation à Cumes dans un second temps. Dès le début du VIIe siècle, Pithécusses est un établissement mineur par rapport à Cumes, qui devient la cité grecque dominante en Campanie. Il devait donc être difficile, peut-être pour les habitants de Pithécusses eux-mêmes, de penser que Pithécusses avait pu être un établissement prospère avant Cumes. Le déclin précoce de Pithécusses semble ainsi conditionner une sorte d’oubli de cette phase brève où Cumes avait le second rang, Mele 2014, p. 30, p. 32-33. A. Mele valorise la description du Pseudo-Scylax, qui conserverait la mémoire de voyages eubéens sur le littoral tunisien, liée à des récits de navigateurs ioniens de la fin du VIe siècle. Cette tradition a été utilisée par Hécatée de Milet au début du Ve siècle (FGH 1 F343), Mele 2014, p. 28-29, qui renvoie à Mazzarino 1947, p. 117 et 262 et Peretti 1979. À la fin du VIe siècle, Pithécusses apparaît donc aux yeux des navigateurs ioniens en mer tyrrhénienne comme une cité grecque, au même titre que Naples et Cumes.
67 Le second secteur fouillé contient d’ailleurs une majorité de tombes du GR I, ce qui confirme l’important développement de la cité dès cette époque, Buchner 1983 et Cinquantaquattro 2012.
68 Ridgway 1981, p. 50-52, Pl. II. Ridgway utilise dans son analyse les conclusions de C. Neeft dans Neeft 1975, qui date plutôt le fragment du début du GR I, tandis que Ridgway maintient une datation à la fin du GM II.
69 Ridgway 1981, p. 48 et pl. I. Le premier fragment avait déjà été évoqué en 1968 par N. Coldstream, comme un skyphos local de caractère GM II tardif, presque une kotyle : Coldstream 1968, p. 354. Il s’agit, comme l’a indiqué Buchner à Ridgway, du fragment publié sous le nom Sp. 5/5 dans Pithekoussai I, voir la note 17, p. 48 dans Ridgway 1981. Le second fragment correspond au Sp. 4/4. Respectivement Buchner – Ridgway 1993, p. 705, tav. 247 et, p. 702, tav. 245.
70 Ce matériel, découvert près de l’emplacement du dépôt votif étudié dans D’Agostino 1996c est inédit. Nous suivons ici les indications de D’Agostino 1999a, p. 57. G. Buchner et B. D’Agostino penchent également pour une origine locale du fragment.
71 Ridgway 1982, p. 49. P. Pelagatti et F. Villard, à qui ces fragments ont été montrés, pensaient qu’il s’agissait plutôt d’importations corinthiennes.
72 D’Agostino 2015, voir la typologie en annexe sur ces vases.
73 D’Agostino et al. 2006, évoqué plus loin en détail.
74 Dans la zone fouillée sous le stenopos p, M. D’Acunto date le niveau de sol « grec » fouillé en place le plus ancient des années 710-700, ensuite détruit pour mettre en place le stenopos p au début du VIIe siècle, présentation lors du colloque Euboica II en mai 2018 à Ischia, en cours de publication.
75 D’Acunto 2019, p. 1419-1420.
76 Le matériel de l’âge du Fer d’Ischia, provenant de Castiglione, du Monte di Vico (Scarico Gosetti) ou de Mazzola est exposé dans trois vitrines du musée d’Ischia. Des descriptions sommaires sont données dans le catalogue du musée, mais il n’existe pas à ma connaissance d’étude détaillée de ce matériel, qui permettrait d’affiner notre compréhension des dernières phases de vie de l’établissement indigène. On doit encore se fonder sur les descriptions de G. Buchner dans son article de 1936, qui représente plutôt un rapport préliminaire, une publication plus détaillée du matériel pré- et protohistorique ayant été envisagée, mais visiblement pas achevée.
77 Pacciarelli 2011, p. 52.
78 G. Buchner concluait que les fragments géométriques grecs appartenaient nécessairement à la dernière période de vie du village. Il y a donc eu, selon lui, coexistence un certain temps du village indigène avec le site grec, Buchner 1936, p. 88.
79 Ces fragments ne sont connus ensuite que par la publication du colloque d’Ischia en 1969 et n’ont pas été réétudiés depuis à ma connaissance. G. Buchner décrit le premier comme le pied d’un skyphos, le second comme un fragment de panse d’un skyphos à chevrons du type de ceux étudiés par D. Ridgway à Veio, peut-être eubéen, Buchner 1969, p. 95-96, fig. 25a, 25b. W. Johannowsky les date du Géométrique moyen et place leur lieu de production dans les Cyclades, les comparant aux tasses attiques de la même époque trouvées à Capoue et dans la tombe Osta 3 de Cumes, Incontro Ischia 1968, p. 9, dans les résumés préliminaires.
80 G. Buchner avait en effet remarqué que le niveau de sol correspondant à la dernière phase de vie de l’établissement était surmonté d’une couche de plusieurs mètres d’épaisseur de cendres et de pierres volcaniques, Buchner 1936, p. 71. Il s’agirait d’une éruption volcanique du mont Rotaro, qui correspond peut-être à un phénomène décrit par Strab. 5, 4, 9 C247 (en annexe). Les tessons les plus récents, en-dessous de cette couche volcanique, sont datés par Buchner du VIIIe siècle, tandis qu’au-dessus, les tessons les plus anciens sont datés au plus tard du VIIe siècle, Buchner 1936, p. 92.
81 Une datation à la fin du VIIIe siècle est évoquée en 1936, Buchner 1936, p. 92. En 1986, Buchner évoque plutôt une éruption dans la première moitié du VIIIe siècle en ce qui concerne Castiglione (donc avant l’arrive de Grecs), et date de la fin du VIIe siècle un évènement volcanique qui dépose dans la vallée de San Montano une couche de cendres et de sable, et qui serait à relier au départ mentionné par Strabon, Buchner 1986, p. 167-168.
82 Liv. 8, 22 et Phleg. FGH F36 B X 53-56 (en annexe), Mele 2014.
83 DH., 7, 8-4, ainsi que l’analyse de D’Agostino 1996b et D’Agostino 1999a.
84 P. Criscuolo et M. Pacciarelli penchent pour une interruption de la présence indigène dans la phase IIA locale, qui correspond en gros à celle de Pontecagnano (second quart du VIIIe siècle), d’après leur analyse des tombes préhelléniques. Ils estiment donc qu’il y a eu destruction de l’établissement indigène à l’arrivée des Eubéens de Pithécusses. Cette datation est contestée par V. Nizzo, qui estime qu’un nombre non négligeable d’objets issus des nécropoles préhelléniques datent plutôt de la phase IIB campanienne, intervention de V. Nizzo dans une discussion lors du colloque de Tarente en 2008, Cuma 2009, p. 562. Les tombes fouillées par le Centre Jean Bérard semblent plutôt appartenir à la première phase du Préhellénique de Cumes. La reconstitution des derniers moments d’occupation des secteurs de nécropole préhelléniques repose donc sur les mobiliers en partie mélangés des fouilles du XIXe siècle.
85 D’Acunto 2019, p. 1421-1422.
86 D’Agostino 2011b, p. 44.
87 Ces niveaux n’ont cependant pas été identifiés dans le même secteur : le niveau indigène a été récemment atteint dans la cour de la domus romaine, dans la campagne 2019, avec une situation stratigraphique très perturbée pour les niveaux grecs, tandis que des niveaux grecs en place du Géométrique récent II avaient été identifiés dans des secteurs de taille restreinte lors de campagnes précédentes.
88 D’Agostino 2011b, p. 44.
89 L’idée d’une fondation pacifique est en tout cas à écarter, comme le souligne A. Mele dans une discussion à l’occasion du colloque de Tarente sur Cumes, Cuma 2009, p. 568.
90 C’est la situation décrite pour Zancle par Thuc. 6, 4, 5-6 (en annexe), voir l’intervention de Mele dans Cuma 2009, p. 568.
91 D’Agostino 1999a, p. 58-62.
92 Voir la présentation dans le chapitre 1.
93 Il s’agit d’une colline avec un plateau étendu au sommet, aujourd’hui occupé par un centre thermal. La vue sur la côte campanienne est excellente, et de chaque côté de cette colline se trouvent deux plages abritées, voir fig. 21 et la description de cet emplacement idéal dans Buchner – Rittmann 1948, p. 43. Dans les années 1930, G. Buchner y repère des fragments de céramique lors de promenades, principalement de la céramique grecque du VIIIe et du VIIe siècles avec quelques vases corinthiens ainsi que de la céramique d’usage commun, conservant de nombreuses caractéristiques formelles et techniques de la production d’impasto indigène, Buchner 1936, p. 66 et Buchner – Rittmann 1948, p. 50-51.
94 Il s’agit de la décharge Gosetti, que nous nommerons parfois le scarico Gosetti en conservant l’italien (fig. 21). G. Buchner avait déjà localisé cette zone dans les années 1930. Il avait remarqué sur le dessus de la falaise orientale du promontoire du Monte di Vico un petit secteur, mis à nu par l’érosion, où se distinguait une sorte de section verticale, présentant à un endroit une couche avec une grande quantité de tessons et de fragments de tuile. G. Buchner avait ensuite conduit un petit sondage dans ce secteur, limité cependant par l’implantation d’une vigne, qu’il ne fallait pas abîmer. Il a retrouvé ce même niveau d’occupation riche de tuiles et de tessons. La construction d’une villa par un M. Gosetti en 1965 a offert l’occasion de mettre au jour une grande quantité de matériel, à l’occasion du creusement des fondations. Le matériel apparaît cependant très mélangé, sans stratigraphie : il s’agit donc d’un amoncellement secondaire de matériel provenant du promontoire, peut-être suite à des travaux d’aplanissement, Di Sandro – Buchner 1986, p. 9-11. Le matériel est déjà évoqué par B. D’Agostino dans D’Agostino 1969, voir également Buchner 1983, p. 263-267, Buchner 1986, et la présentation dans Ridgway 1992, p. 39-42.
95 G. Buchner a trouvé sur le Monte di Vico une série de terres-cuites architectoniques, ainsi que trois grands blocs de tuf vert, à relier à la présence d’un temple grec, au plus tard du VIe siècle, Buchner 1936, p. 66. Cette hypothèse est renforcée par la découverte de terres cuites architecturales dans la décharge Gosetti, liée à l’acropole. On trouve une grande partie des terres-cuites du Monte di Vico et de la décharge Gosetti publiée dans Scatozza Höricht 2007. Les fragments de la décharge Gosetti sont exposés dans le musée de Pithécusses, dans les vitrines 39 et 40, voir Buchner – Gialanella 1994, p. 80-83. Un modèle réduit de temple archaïque est ainsi exposé, qui permet peut-être de mieux connaître l’architecture des premiers temples de Pithécusses.
96 Une section stratigraphique réalisée par G. Buchner aurait permis d’identifier, au-dessus de la roche, une couche de fréquentation humaine pleine de fragments de vases et de tuiles. Ces tuiles sont de matrice archaïque, peintes de bandes rouges et noires, identiques à celles qui ont été trouvées sur le Monte di Vico. Elles correspondraient ainsi au revêtement d’un temple grec du VIe ou du Ve siècle, ce que confirme la découverte d’un petit fragment de terre-cuite architecturale décorée. Cette couche est recouverte par une épaisse couche de pierres, liée selon Buchner à l’éruption du cratère-lac de Porto d’Ischia, survenue au IIIe siècle, Buchner – Rittmann 1948, p. 68-69.
97 Le matériel a été découvert lors du creusement des fondations d’une maison privée au lieu-dit Pastolà. Les archéologues sont intervenus alors que du béton avait déjà été coulé, endommageant notamment l’une des tombes. Une partie du matériel avait été recueillie par le propriétaire du terrain, et l’ensemble du contexte est très perturbé. Un dépôt votif a été identifié par B. D’Agostino, en-dessous duquel se trouverait une tombe contenant les restes d’une crémation, D’Agostino 1996c, p. 10-11 et les remarques de G. Buchner, p. 92 dans le même volume. Une amphore géométrique peinte avait été trouvée à proximité par don Pietro Monti, le prêtre de l’église Santa Restituta de Lacco Ameno. Il s’agit probablement, selon B. D’Agostino, d’une amphore ayant servi à l’inhumation d’un nourisson, D’Agostino 1996c, p. 11, note 3, p. 11.
98 Cette redécouverte aurait pu avoir lieu à l’occasion de la construction d’un sanctuaire dédié à Héra : l’hérôon était ainsi associé à ce culte, ce qui expliquerait certaines particularités du matériel retrouvé. En dehors des vases funéraires, on trouve des figurines de chevaux, de chars et de navires en terre cuite, une statuette androgyne, D’Agostino 1996c, p. 88-91. G. Buchner pense qu’il s’agit plutôt de deux sépultures superposées, dont l’une avec un riche mobilier, mais évoque également l’hypothèse d’un prêtre d’Héra enseveli près du temple de sa déesse, ce qui expliquerait, là encore, l’association d’offrandes funéraires et cultuelles, D’Agostino 1996c, p. 92-95.
99 Une prospection de surface avait en effet permis d’identifier la présence de fragments de céramique grecque sur les pentes nord-est.
100 G. Buchner mentionne lors du colloque d’Ischia en 1968 avoir récolté des fragments de céramique géométrique, entre autre des coupes de type Thapsos, en surface, à côté du jardin de la villa Arbusto, Buchner 1969, note 1, p. 100. Pendant l’été 1996, à côté du musée de Villa Arbusto alors installé, un terrassement a mis à jour les restes d’une structure archaïque, qui de par son inscription topographique et chronologique, semblerait une extension de l’établissement de Mazzola, De Caro – Gialanella 1998, p. 337, ici signalé par Scatozza Höricht 2007, p. 23, voir fig. 21 l’emplacement Villa Arbusto. Des fouilles ont repris entre 2017 et 2019 dans la zone du musée, dirigées par Nadine Burkhardt et Stephan Faust, avec de premiers résultats présentés lors du colloque Euboica II à Ischia en mai 2018, dont les actes devraient paraître prochainement.
101 Voir Buchner 1971, Klein 1972, p. 35 pour le déroulé des fouilles. Entre 1969 et 1971 sont identifiées et fouillées quatre structures, dont l’une, la structure I, correspond à une habitation, Klein 1972, p. 35-37. Les trois autres structures seraient plutôt des ateliers métallurgiques. Ces fouilles sont inédites pour l’essentiel, bien que le matériel soit en cours d’étude par M. Cuozzo, qui a présenté de premiers résultats lors du colloque d’Ischia en mai 2018.
102 L’emplacement de Punta Chiarito est indiqué fig. 21.
103 Des sondages autour des fondations du mur (1) ont permis de trouver quelques fragments de céramique datant environ de la construction de ce mur : il s’agit de deux fragments de skyphoi de type Thapsos à panneau et d’un fragment de kotyle hémisphérique (respectivement A1, A2 et A3, tab. 79 en ligne), datés du Géométrique récent II (750-730), Gialanella 1994a, p. 171-172, datation d’après Neeft 1981.
104 Le fragment le plus récent trouvé dans ce niveau de sol le plus ancien est un fragment de kotyle corinthienne du Protocorinthien Ancien, (A4). Les plus anciens fragments trouvés dans le niveau de sol le plus récent, postérieur à l’éruption qui recouvre alors le site, appartiennent à des skyphoi corinthiens du Protocorinthien moyen (B1, B2). C. Gialanella et S. De Caro supposent donc une éruption survenue au début du VIIe siècle, avec une réoccupation du site plutôt vers la fin du VIIe siècle, en considérant que l’essentiel du matériel de la seconde phase est plutôt daté du Protocorinthien récent et du Corinthien ancien et moyen : Gialanella 1994a, p. 173.
105 Une couche de cendres et de pierres volcaniques, d’une épaisseur variant environ entre 0,5 et 1 m, a été identifiée entre les deux niveaux d’occupation. Deux sections stratigraphiques ont été publiées en 1994, qui montrent bien la succession des phases volcaniques et d’occupation : fig. 4 et fig. 6 dans Gialanella 1994a, p. 172 et, p. 175.
106 C. Gialanella et S. De Caro ont proposé le début du VIe siècle. Le niveau de sol le plus récent était recouvert par une épaisse couche de boue de plusieurs mètres de haut, qui succédait à une couche d’un mètre d’épaisseur de cendres et de pierres volcaniques : Gialanella 1994a, p. 170. Des fragments céramiques ont été trouvés mélangés à cette couche de cendres, et permettent de dater la fin de l’établissement entre la fin du VIIe et le début du VIe siècle, Gialanella 1994a, p. 171. Jean-Christophe Sourisseau propose plutôt une fin de l’établissement dans le dernier quart du VIe siècle. Le niveau de sol le plus récent était recouvert par une épaisse couche de boue de plusieurs mètres de haut, qui succédait à une couche d’un mètre d’épaisseur de cendres et de pierres volcaniques : Gialanella 1994a, p. 170. Des fragments céramiques ont été trouvés mélangés à cette couche de cendres, et permettent de dater la fin de l’établissement entre la fin du VIIe et le début du VIe siècle, Gialanella 1994a, p. 171.
107 Il s’agit de la cabane (6) et de la cour (5), fig. 37.
108 S. De Caro propose d’ailleurs une analyse comparée des plans de maisons archaïques connus. Il suppose l’existence d’un second étage, qui compenserait la faible superficie de la maison, environ 27 m2 : cet élément avait fait supposer dans un premier temps qu’il s’agissait plutôt d’un espace de stockage, mais l’abondance de la vaisselle d’usage domestique indique plutôt une fonction d’habitat, De Caro – Gialanella 1998, p. 346-351, avec des références à Fusaro 1982.
109 Gialanella 1994a, p. 176-177, plan fig. 5, p. 173.
110 Voir la première section de ce chapitre.
111 Ce terme a d’ailleurs souvent été employé sans conceptualisation précise dans un premier temps, car c’est en partie Pithécusses qui va relancer le débat, justement, sur ce qu’est un emporion.
112 Ces enjeux sont présentés dans l’introduction de B. D’Agostino, Incontro Ischia 1968, p. 3-6.
113 David Ridgway cite ainsi les présentations de Sally Humphreys, « une base amicale pour passer l’hiver, réparer les bateaux ou charger des cargaisons préparées à l’avance par des agents » ou de R.M. Cook, « un emplacement utile pour s’arrêter et se ravitailler », Ridgway 1981.
114 Il est en effet évident que l’emporia, au sens du commerce à longue distance, a joué un rôle important dans l’économie du site, comme en attestent les objets allogènes dans les tombes et la présence probable de Phéniciens. L’argument central de ceux, comme B. D’Agostino, qui font de Pithécusses un emporion, c’est-à-dire une structure vouée au commerce, est l’idée d’une dépendance alimentaire de Pithécusses, qui expliquerait la mise en place d’échanges avec la vallée du Sarno, notamment. Cette idée est exprimée pour la première fois par B. D’Agostino dans Incontro Ischia 1968, p. 72-73, puis à nouveau dans La céramique grecque 1982, p. 64-65. D. Ridgway défend également dans un premier temps cette idée d’un site dédié à l’emporia, notamment parce qu’il semble que la nécropole montre une société de niveau moyen, faite d’artisans et de commerçants, à la population mixte, sans aristocratie visible, Ridgway 1981.
115 Voir par exemple, encore en 1985 dans le catalogue de l’exposition Napoli antica, les pages sur le matériel de Pithécusses sont introduites sous le titre L’emporion di Pithecusa, Buchner 1985.
116 E. Lepore le rappelait déjà en conclusion du colloque de 1968, Lepore 1969.
117 De Caro 1994. L’absence de chora, argument contre le statut d’apoikia ne tient plus vraiment, et la complexité de l’organisation artisanale révélée par le quartier de Mazzola va dans le même sens. E. Greco souligne d’ailleurs que cet aspect avait bien été observé par D’Agostino 1973, sans que celui-ci aille au bout de l’analyse, Greco 1994, p. 218. Voir plus loin sur les productions de Pithécusses, dont les productions agricoles, et la question de l’autosuffisance alimentaire.
118 C’est la position de B. D’Agostino, qui invente cette expression dans un article de 1994, D’Agostino 1994a. L’établissement d’Ischia appartiendrait à un horizon précolonial, dont il représente le crépuscule, mais il resterait le fruit « d’initiative privées d’aristocrates marginaux », à la différence des fondations organisées par les élites dirigeantes des métropoles, D’Agostino 1994a, p. 26, D’Agostino 1999a. Il pense également que les découvertes de Punta Chiarito ne remettent pas en cause l’idée d’une dépendance alimentaire de l’établissement grec, qui explique l’intérêt pour Cumes. Pour une analyse opposée, qui conclut à l’autosuffisance possible de l’île, voir De Caro 1994. Dans son article de 2011, B. D’Agostino évoque cette fois une agriculture destinée à l’exportation, une phytalia, peut-être en pensant à la culture de la vigne, là encore distinguant Pithécusses d’une apoikia traditionnelle, D’Agostino 2011b, p. 37. D. Ridgway estime alors qu’il faut d’ailleurs remettre en cause les catégories rigides d’emporion et apoikia, qui ne faisaient probablement pas sens pour les Grecs du VIIIe siècle, et que Pithécusses est à comparer avec les cités contemporaines, et non avec une conception postérieures. Les colonies auto-suffisantes parce que productrices de nourriture, cités-États, sont des produits du monde des cités grecques, c’est-à-dire du monde du VIIe siècle au plus tôt, Ridgway 1992, p. 55. Voir en ce sens les remarques de Mele 2014, p. 22-23, qui rappelle que les traditions archaïques insistent surtout sur la communauté humaine organisée comme définition de la polis. D. Ridgway ne propose pas cependant de nouvelle qualification de Pithécusses, qui semble toujours appartenir à un horizon différent, antérieur, de celui des apoikiai au sens plein, comme Cumes.
119 Voir en introduction les réflexions d’E. Lepore sur des économies associant agriculture et commerce comme à Corinthe ou Égine.
120 Greco 1994, p. 15.
121 « Expérience sédentaire autonome et complexe, qui n’a pas atteint le développement complet d’une polis à cause de la crise qui la traverse une fois fondée Cumes », Mele 2014, p. 7.
122 C’est notamment le cas de Ridgway 1992, p. 197.
123 B. D’Agostino soutient ainsi que ce sont de jeunes aristocrates, en marge des groupes dominants, car peut-être appartenant aux branches cadettes, qui se lancent dans l’emporia, comme en témoigne l’exemple de Démarate de Corinthe, D’Agostino 2011b, p. 37.
124 Tab. 79 en ligne et fig. 37.
125 De Caro – Gialanella 1998, p. 351-352.
126 Le cas des cratères laconiens est sur ce point particulièrement intéressant. On a trouvé des fragments de ce type à Punta Chiarito, mais aussi près de Villa Arbusto, dans une structure du même type que celle de Mazzola. Or ce type de vase est traditionnellement relié par G. Buchner à des pratiques réservées à une certaine élite : seules dix tombes à crémation sur les 111 tombes à crémation comptées entre 750 et 599 contenaient un cratère, et ceux-ci ont surtout été découverts dans la nécropole en lien avec leur combustion à l’occasion des funérailles des membres dominants de la société, qui ne plaçaient pas de mobilier céramique dans leur tumulus, mais le laissaient sur le foyer. La relative fréquence de fragments de cratères locaux, corinthiens ou laconiens dans l’habitat invite à distinguer peut-être plus fortement la valeur funéraire ou fonctionnelle de ce type de vase, De Caro – Gialanella 1998, p. 352.
127 De Caro – Gialanella 1998 note 48, p. 352.
128 Jusque-là, seuls les niveaux d’époque romaine, avec le forum, le temple de la Masseria, les temples sur l’acropole avaient fait l’objet de fouilles. Un récapitulatif des anciennes fouilles, avec la bibliographie correspondante, se trouve dans Greco 2009, p. 385-386.
129 Fig. 22 pour la localisation sur le plan général. Deux structures d’habitat d’époque archaïques ont été identifiées. La première est caractérisée par une taille plutôt importante. G. Greco indique que plusieurs éléments observés lors des fouilles laissent penser que la structure présentait une extension et un plan plus complexes qu’une simple maison : il s’agissait peut-être d’un espace sacré ou, plus probablement, d’un atelier artisanal, voire d’un espace multifonctionnel, Greco 2009, p. 391-392. Quelques mètres plus loin, une seconde structure a en effet été identifiée, probablement en rapport avec cet espace (structure B). Des trous de poteaux indiquent probablement une toiture légère et l’emplacement de vases conteneurs a été identifié à plusieurs endroits, ainsi que les traces d’un foyer, Greco 2009, p. 393. De nombreuses scories de fer, des morceaux d’ambre ainsi qu’un exceptionnel pain de bronze de plus de 2,5 kg montrent que ces structures étaient, au moins en partie, dévolues à des activités métallurgiques, Greco 2009, p. 397, fig. 7-8, p. 398.
130 Greco 2009, p. 391-392. Quelques mètres plus loin (fig. 22), une seconde structure a en effet été identifiée, probablement en rapport avec cet espace (structure B). Des trous de poteaux indiquent probablement une toiture légère et l’emplacement de vases conteneurs a été identifié à plusieurs endroits, ainsi que les traces d’un foyer, Greco 2009, p. 393.
131 Greco 2009, p. 397, fig. 7-8, p. 398.
132 Une seconde phase de vie des structures correspond à la fin du VIIe siècle et à la première moitié du VIe siècle. Une nouvelle orientation est suivie pour la construction des murs, mais il semble qu’il s’agisse toujours d’un habitat, Greco 2009, p. 405. Plusieurs autres structures de la même époque ont été identifiées dans cette zone de Cumes. Des canaux pour l’écoulement des eaux, des trous de poteaux, des niveaux de sol, des foyers et quelques murs ont ainsi été mis à jour sous les structures d’époque romaine. La céramique trouvée dans ces couches correspond à un horizon de la fin du VIIe siècle, Greco 2009, p. 408-410.
133 On trouve notamment des skyphoi de Thapsos avec panneaux, Greco 2009, p. 389, p. 398-399. Ce matériel sera présenté plus en détail dans la section suivante.
134 G. Greco relie ces travaux à la tyrannie d’Aristodèmos, dont l’œuvre édilitaire est connue grâce aux sources littéraires, Greco 2009, p. 426. Des travaux d’ampleur concernent à la même époque la muraille nord de Cumes, D’Agostino – D’Andrea 2002.
135 D’Agostino – Fratta – Malpede 2005, D’Agostino et al. 2012. Les recherches se sont ensuite concentrées sur la zone située entre les thermes et la muraille, fig. 22. Des analyses géophysiques ont permis de déterminer la zone à fouiller, D’Agostino – D’Andrea 2002 et D’Acunto 2008. Un quartier d’habitat romain a été découvert, mais quelques sondages en profondeur indiquent que les rues romaines suivent des tracés datant au plus tard du VIe siècle, D’Acunto 2014, p. 22.
136 D’Agostino – D’Acunto 2009, p. 497-499, 504-520, D’Acunto 2019.
137 D’Acunto 2014, p. 23-24, D’Acunto 2019, p. 1422.
138 Voir fig. 22 et l’état des lieux dans Rescigno 2012, p. 14-15. Des fragments de terres cuites architecturales archaïques avaient été trouvés sur l’acropole lors de fouilles au XIXe et XXe siècle, ce qui montre la présence d’un sanctuaire dans cette zone depuis, au plus tard, le VIe siècle. Il est probable qu’un sanctuaire archaïque ait été également édifié dans la zone du fondo Valentino, au sud-ouest du Monte di Cuma, Stevens y avait effectué des fouilles, et avait trouvé des structures monumentales, aujourd’hui perdues, Greco 2009, p. 414, Rescigno 2012, p. 15. Des prospections de surface ont permis de récolter du matériel céramique d’époque archaïque, ce qui rend probable l’existence d’une zone sacrée dès le VIIe siècle, peut-être dédiée à Héra selon l’hypothèse de Valenza Mele 1977, Valenza Mele 1992 ici cité dans Greco 2009, p. 414, voir également La Rocca – Rescigno – Soricelli 1995 .
139 Gigante – Bondioli – Sperduti 2012, p. 62 sur les critères de détermination de l’âge, voir également l’article à paraître dans la publication des actes du colloque Euboica II.
140 Gigante – Bondioli – Sperduti 2012, p. 64 sur l’âge adulte de toutes les tombes à crémation étudiées dans la deuxième série des fouilles, p. 69 pour une synthèse sur les classes d’âge et les rituels, en accord avec Becker 1995.
141 « La definizione del sesso dell’individuo […] è fondata sulle fibule », Buchner – Ridgway 1993, p. 19.
142 “With a few exceptions […] objects of personal adornment – fibulae, earrings, pendants, etc.- found in the Pithekoussai tombs find exact parallels in the temporary tombs of Etruria […] Right from the beginning, the Greek colonists of Pithekoussai and Cumae […] used non-Greeks, indigenous personal ornaments, especially fibulae”, Buchner 1979, p. 133-135.
143 Buchner 1979, p. 133-135. La fibule serpentiforme est une fibule dont l’arc comporte une ou deux courbes et des boucles, très courante par exemple à Pontecagnano.
144 Graham 2001 évoqué dans Bérard 2014, p. 149.
145 Voir la synthèse avec références bibliographiques dans Bérard 2014.
146 112 crémations et 17 inhumations, Becker 1995, p. 275. Une détermination du sexe a été tentée pour 95 individus (p. 276), à partir de l’examen des os, de leur taille et de leur aspect gracile ou robuste. Certains anthropologues considèrent cependant que seuls les ossements du bassin sont véritablement déterminants, et qu’une analyse fondée sur la « gracilité » des ossements féminins reste peu fiable, voir là-dessus les remarques et la bibliographie de Mariaud – Delamard 2007, p. 67. Pour la seconde série de tombes, les analyses se fondent sur les différences de morphologie du crâne et du bassin et les différences de dimensions des ossements, ainsi que leur aspect robuste ou gracile, Gigante – Bondioli – Sperduti 2012, p. 61. La détermination du sexe fondée sur l’étude du crâne a cependant été jugée largement insuffisante par plusieurs chercheurs, voir Mariaud – Delamard 2007, p. 77 pour des références bibliographiques.
147 Voir le cas de la tombe 168 évoqué plus loin. Il y a également plusieurs cas où analyse anthropologique et analyse du mobilier ne concordent pas, par exemple dans le cas de la tombe 863, dont les ossements ont été analysés comme ceux d’un homme, mais qui contenait plusieurs scarabées et des ornements en électrum, traditionnellement associés aux femmes, Cinquantaquattro 2012, p. 268.
148 Gigante – Bondioli – Sperduti 2012 évoquent un poids total des ossements étudiés pour les crémations entre 53 et 432 gr, contre 1,126 kg d’ossements pour les femmes et 1,491 kg d’ossements pour les hommes dans le cas des tombes à crémations du secteur Colucci de Pontecagnano.
149 Ce schéma est présenté pour la première fois dans Buchner 1954, puis dans Buchner 1961, Buchner 1966 ; Buchner 1969, Buchner 1975 ; Buchner 1977 ; Buchner 1979, Buchner 1983. On se reportera également à Buchner 1982a, voir également Ridgway 1984, p. 26-31, p. 37-39 et Nizzo 2007b, p. 30-36. Voir la sous-section précédente sur les analyses anthropologiques qui confirment cette analyse.
150 Ces inhumations souvent dites à enchytrismos, avec ou sans mobilier, représentent 27 % des tombes de l’échantillon publié en 1993, Ridgway 1992, p. 27.
151 La proportion d’inhumations de nourrissons devait donc être proche de celle de Pithécusses, Buchner 1977, p. 136.
152 Ridgway 1992, p. 30.
153 Stevens avait en effet noté un certain nombre d’indications au moment des fouilles, en partie publiées par Gabrici 1913. On trouve par exemple une tombe à inhumation avec un mobilier abondant et un tumulus de pierres : la tombe LII, publiée dans Gabrici 1913, col. 366, voir la description du mobilier tab. 91 en ligne.
154 Sur les 87 tombes à crémation publiées en 1993, quatorze tombes énigmatiques selon Ridgway, ne présentaient pas de mobilier. Ce type de pratique, avec ou sans mobilier, concerne 18 % des tombes, Ridgway 1992, p. 27-28. Il s’agit peut-être de crémations avec le mobilier brûlé séparément, et qui n’est pas déposé ensuite dans le tumulus. Cette pratique caractériserait selon G. Buchner les membres de la classe dominante, et permettrait d’expliquer la découverte de fragments sporadiques de grands cratères figurés dans la nécropole, qui proviendraient de ces zones où s’accumulait le mobilier brûlé. V. Nizzo estime à 2/3 le nombre de fragments perdus dans le transport des restes du bûcher de l’ustrinum à la sépulture, Nizzo 2018, p. 62.
155 Ridgway 1992, p. 29.
156 Ces nombres pour Cumes proviennent de Buchner 1977, p. 136-137, mais ne correspondent pas uniquement à la publication d’E. Gabrici, où se trouvent 68 tombes antérieures au VIe siècle.
157 Buchner 1977, p. 137.
158 Il s’agit des tombes Stevens XXXVI, XXXVIII et XL dans Gabrici 1913, voir tab. 91 en ligne pour les références bibliographiques. G. Buchner, consultant les carnets de fouille de Stevens, relève également six autres sépultures, non publiées par E. Gabrici : Buchner 1977, note 15, p. 137.
159 Une description du mobilier de ces tombes, indiquées par la mention CR, se trouve tab. 91 en ligne. Leur localisation dans la nécropole est visible, voir fig. 144-146 en annexe 3.
160 Albore Livadie 1975 qui fait référence à Bérard 1970. Il ne s’agit cependant pas d’un rituel réservé aux hommes, puisqu’à Cumes, deux tombes, 86046 et 90067, sont attribuées à des femmes par C. Albore-Livadie, d’après le type de fibules retrouvées. G. Buchner recense dix tombes de ce type, avec un ossuaire de bronze ou d’argent, déposé dans un cube de tuf creusé. Il s’agit des tombes I, II, XI, XLIII, LVI, LIX, LXIX, LXX publiées dans Gabrici 1913. Il faut y ajouter deux tombes décrites dans les cahiers Stevens et non publiées par Gabrici, Buchner 1977, note 18, p. 139 avec renvoi à Bérard 1970, tombes 5, 7 et 8 tav. 6, 24, 25 ; tav. 7, 26, 27 pour les « modèles » érétriens.
161 G. Buchner souligne cependant qu’on a finalement trouvé peu d’armes à Cumes, à l’exception de la tombe Gabrici I et de la tombe Artiaco 104, ce qui peut également s’expliquer par de mauvaises conditions de préservation. Les éléments en fer situés à l’extérieur du cube, comme dans le cas de la tombe Gabrici I, ont ainsi pu passer inaperçus : Buchner 1977, p. 140.
162 Boucliers en bronze : tombes XI (86046), LVI (90067), LIX (90072), Gabrici 2013, col. 214, 260-262. À noter que la tombe LVI contenait également des fibules et des ornements de type féminin, tandis que la tombe LIX contenait des fibules à arc serpentiforme de type masculin, ce qui indiquerait ici que le bouclier ne peut être considéré comme une arme qui marque les tombes masculines.
163 Une liste du mobilier est présentée dans tab. 92 en ligne avec un schéma sur l’organisation de la tombe fig. 58.
164 Le mobilier et l’agencement de cette tombe sont uniques à Cumes, mais correspondent parfaitement à d’autres tombes à Pontecagnano, dans le Latium et en Étrurie, ce qu’avait déjà noté Pellegrini 1903. Les funérailles de Patrocle sont décrites dans Il. 23-24.
165 Nizzo 2016 note 82, p. 445. V. Nizzo analyse également l’amphore SOS comme étrangère à la tombe 104 : il s’agirait d’une inhumation en amphore placée juste à côté, ce qui renforcerait le caractère grec de l’ensemble, au-delà du rituel suivi, la crémation avec recueil des restes du bûcher en lébès d’argent, identique à celui d’autres tombes grecques de Cumes.
166 Buchner 1977, p. 138.
167 Elles représentent 16 % du total des tombes publiées en 1993, ce qui n’est pas négligeable, d’autant qu’il s’agit a priori d’adultes, Ridgway 1992, p. 27.
168 La plupart ne contenaient pas de traces de cercueil en bois, et dans certaines, le cadavre avait été disposé en position fœtale, ce qui fait penser à un rituel indigène, peut-être daunien. Il existe cependant des exceptions : des adultes inhumés en fosse avec un mobilier important, comme la célèbre tombe 178 dite du charpentier, sur laquelle on revient dans la sous-section suivante, Ridgway 1992, p. 28, p. 30.
169 Buchner 1982a, p. 284-285. Le terme est choisi pour distinguer ces groupes des tombes les plus prestigieuses, comma la tombe 104 de Cumes, où le rituel est différent, avec les restes du bûcher enveloppés d’un tissu et placés dans un lébès de bronze.
170 De fait, G. Buchner a identifié trois zones de la nécropole, vierges de tombes, mais où l’on distingue des traces de brûlure, et où de nombreux fragments de céramique brûlée ont été trouvés, Ridgway 1992, p. 32-33.
171 B. D’Agostino pense que la différence entre les tombes avec ou sans céramique est idéologique. Dans le cas de la tombe 104, il y a eu une volonté de ne déposer que des ktèmata, des objets précieux, dans la tombe, dans D’Agostino 1975 ; D’Agostino 1977a ; Buchner – Ridgway 1993, p. 119 et D’Agostino 1977b.
172 La tombe 483 est surmontée d’un tumulus semblable à celui des crémations, et attribuée à une fillette. D’Agostino 2011b rapproche cette tombe de la tombe 168, alors considérée comme celle d’un jeune garçon incinéré, et évoque des rôles sacerdotaux pour ces deux jeunes gens, en lien avec des inscriptions. La célèbre tombe 168 a longtemps été considérée comme celle d’un jeune garçon, Buchner – Ridgway 1993, p. 212. Une analyse récente avec de nouvelles méthodes identifie les restes de trois hommes adultes, ainsi que des ossements animaux. Cela pourrait confirmer une indication de G. Buchner dans son journal, sur l’aspect complexe de l’ensemble et sur la présence de trois creusements dans le sol au niveau de la strate de terre noire, Gigante et al. 2021.
173 Buchner 1977, p. 134. L’aspect général en est bien différent, du fait des conditions de température du sol de Pithécusses, qui a fait fondre les vases. Il est également probable que les fouilleurs du XIXe siècle n’aient conservé que les vases entiers, c’est-à-dire souvent les vases fermés, comme les aryballes, ce qui expliquerait leur sur-représentation à Cumes, Buchner 1977, p. 135. G. Buchner estime ainsi, à l’examen des journaux de fouille de Stevens, qu’il y avait en fait davantage d’aryballes KW que publiés par E. Gabrici, voir la note 13, p. 135 dans Buchner 1977. L’analyse des objets allogènes confirme cette impression.
174 Les groupes familiaux identifiés par V. Nizzo à Pithécusses sont représentés sur les plans de la nécropole, fig. 138-142 en annexe 3, et indiqués pour chaque tombe, voir tab. 85-89 en ligne. Une section schématique d’un lot de tombes se trouve dans le troisième volume de Buchner – Ridgway 1993.
175 Buchner 1982a, p. 277.
176 Buchner 1982a.
177 Nizzo 2007b, p. 14.
178 Buchner 1982a, p. 277.
179 Nizzo 2007b, p. 15.
180 Ridgway 1992, p. 30.
181 Buchner 1982a, p. 278.
182 Buchner 1977, p. 145.
183 Nizzo 2007b, p. 27. On peut rappeler ici le texte de Strabon qui mentionne une stasis, puis des éruptions volcaniques. Ce passage reste très difficile à interpréter, mais on peut remarquer que l’établissement de Punta Chiarito, comme celui de Mazzola, s’interrompent au début du VIIe siècle, en partie suite à des évènements volcaniques ou sismiques, voir plus haut dans ce chapitre.
184 Il semble également que certains critères statistiques de richesse, liés par exemple à la présence d’ornements en argent ou en bronze, aient été appliqués, Buchner 1982a, p. 278, Ridgway 1992, p. 37-38.
185 Bérard 1970 tombes 5, 7 et 8 tav. 6, 24, 25 ; tav. 7, 26, 27 dans la zone dite de l’héroôn, et pour un panorama général sur les pratiques funéraires d’Érétrie, Blandin 2007.
186 Pithécusses serait un établissement de marins, de marchands et d’artisans, ouvert aux étrangers, avec une stratification sociale moins rigide que les cités traditionnelles. L’idée d’une communauté de niveau moyen est répétée souvent, par exemple Ridgway 1992, p. 39.
187 Pas encore l’élite eubéenne, les hippobotai, mais un statut supérieur aux artisans, marchands, etc. Cette couche sociale correspond aux tombes à crémation à tumulus sans mobilier, voir Buchner 1982a, p. 284-285.
188 Les tombes à crémation d’adultes avec des ornements en argent, Buchner 1982a, p. 278.
189 Les tombes à crémation d’adultes avec des ornements en bronze, Buchner 1982a, p. 278. Cette idée de juger de la couche sociale par le métal des ornements est reprise dans Ridgway 1992, p. 38. Il est d’ailleurs très probable que Buchner tire ces idées des travaux statistiques en cours à l’époque de D. Ridgway.
190 V. Nizzo évoque un ceto egemonico représenté par les tombes à crémation, mais le terme reste vague : Nizzo 2007b, p. 29.
191 Dans la seconde série de fouilles, deux tombes de Pithécusses contenaient des armes. L’une, la tombe 950, est un contexte très particulier avec un homme adulte inhumé les chevilles enserrées de lourds anneaux de fer, comme prisonnier, avec une épée ou une dague sur la poitrine ; l’autre, la tombe 951, avec inhumation d’un jeune enfant, contenait entre autres un couteau et deux pointes de lance intentionnellement coupées, associées à des crochets, des pendentifs et une pince. Les crochets correspondent peut-être à un système de fermeture, que l’on peut rapprocher de ceux de la tombe 624 de Pithécusses. Le pendentif renvoie à des exemplaires italiques, étrusques ou adriatiques, tandis que la pince, présente dans la tombe 530 de Pithécusses, renvoie également au monde centro-italique et à Capoue et Pontecagnano. Les deux pointes de lance pourraient avoir été défonctionnalisées et considérées pour leur valeur en métal selon une proposition de P. Guzzo, sur le modèle des broches de l’époque orientalisante. La valorisation d’une sépulture enfantine rappelle également les nécropoles orientalisantes de Pontecagnano. Sur cette tombe, avec références bibliographiques, Cinquantaquattro 2012, p. 41, p. 42 sur la tombe 950.
192 Ridgway 1992, p. 31.
193 Buchner 1982a, p. 275-276.
194 Buchner 1977, p. 141. Cet avis est partagé par E. Lepore, voir la discussion à la fin de Buchner 1975 p. 130, et par Mele 2014, p. 19-20.
195 Buchner 1977, p. 141. Les zones fouillées se situent de plus probablement en périphérie de la nécropole, voir Nizzo 2007b, p. 25.
196 Les cratères du peintre de Cesnola, avec leurs représentations liées à un contexte aristocratique d’amateurs de chevaux, sont interprétés ainsi. Une râpe a été trouvée à Punta Chiarito. Cet objet, souvent présent dans les tombes indigènes avec les vases du banquet, est lié à un mode vie héroïque typique des aristocraties grecques de l’époque. L’imitation de ces pratiques par les groupes de niveau moyen, artisans et commerçants, témoigneraient également, justement, de la présence d’une aristocratie et de son mode de vie, Mele 2014, p. 18-19.
197 L’étude de la présence d’individus venus d’ailleurs et non-Grecs peut également être par des analyses physico-chimiques des ossements avec l'étude des isotopes du strontium qui caractérisent les lieux où sont nés et ont grandi les individus. Sur un échantillon de 50 individus analysés, 12 présentent des valeurs « anormales » et indiquent probablement que ces 12 individus n’ont pas la même origine que les autres. Il faut signaler que sur ces 12 individus, 11 ont été identifiés comme des hommes. Présentation au colloque Euboica II en mai 2018, en cours de publication par M. Gigante (université de Bologne), W. Müller (université Goethe de Francfort), A. Sperduti et L. Bondioli (Musée national ethnographique L. Pigorini de Rome).
198 Un indice est peut-être constitué par les inscriptions en araméen de l’amphore de la tombe 575. Il s’agit selon Garbini d’une langue araméenne influencée par le phénicien, ce qui semble indiquer la région d’Al-Mina, qui a par ailleurs fourni un grand nombre de sceaux du Lyre-Player, Buchner 1978. N. Coldstream évoque plutôt une origine rhodienne de l’amphore, et d’une partie des Orientaux de Pithécusses, Ridgway 1992, p. 53.
199 Les recherches des fouilleurs de Carthage, H. Niemeyer et R. Docter, l’ont montré de façon définitive : Docter - Niemeyer 1994 et Docter 2000.
200 Il est cependant difficile de distinguer, à partir des traces matérielles de Pithécusses, entre Phéniciens d’Orient et d’Occident. John Boardman rappelle également l’importance de Chypre et de Rhodes, à côté des cités phéniciennes du Levant et des populations araméennes de la Syrie du Nord : Boardman 1994, p. 95.
201 Docter – Niemeyer 1994, Ridgway 1994. Ce débat sur le rôle réciproque des Eubéens et des Phéniciens a eu des conséquences également sur l’interprétation d’Al Mina : voir la synthèse de Snodgrass 1994.
202 Ridgway 1998 note 3, p. 148.
203 La présentation de référence reste Buchner 1982b. R. Docter a repris ces différents éléments en enrichissant l’analyse par des comparaisons avec les contextes phéniciens, notamment en ce qui concerne les rituels funéraires : Docter 2000. La quantification de cette présence de familles phéniciennes ou araméennes est probablement impossible à déterminer. D. Ridgway avait proposé le pourcentage de 15 %, mais en se fondant sur la proportion de crémations adultes contenant des aryballes « levantins » au GR I, Ridgway 1992, p. 55. G. Buchner avait proposé de considérer les proportions réciproques d’inscriptions grecques et phénico-araméennes.
204 Dans la seconde série de fouilles, il ne semble pas y avoir de contextes de ce type, d’après les éléments connus pour l’instant. Quatre amphores phéniciennes sont attestées, dont trois très proches dans la partie centrale du secteur, où l’on ne trouve pas de tombes à crémation, signe peut-être d’une forme de marginalité, Cinquantaquattro 2012, p. 36. D’après la silhouette de trois des amphores (t. 908, t. 933, t. 934) sur le plan tav. C dans cet article, il s’agit du type à épaule distincte, qui proviennent généralement des sites phéniciens proches du Détroit de Gibraltar, voir la typologie en annexe.
205 Buchner – Ridgway 1993, p. 569, tav. CXCVI, 204, 224. Ces inscriptions ont été étudiées pour la première fois dans Garbini 1978 et Buchner 1978. Un dessin agrandi de l’inscription est publié dans Ridgway 1992 fig. 29. Cette amphore a été souvent étudiée : Buchner 1978, Buchner 1979, Ridgway 1992, p. 52-53, Boardman 1994, Docter 2000, p. 138-139. L’amphore est exposée dans la vitrine 18 du musée de Pithécusses, Buchner – Gialanella 1994, p. 68-69. L’origine orientale probable d’un ou plusieurs membres de ce groupe familial est proposée par G. Buchner dans Buchner 1982b, p. 293-294, repris par Ridgway 1992 et Docter – Niemeyer 1994. Sur le centre de production de cette amphore, voir tab. 90 en ligne.
206 Docter 2000, p. 136-139.
207 R. Docter relève la découverte à Carthage d’une amulette en bronze presque identique aux haches miniatures de la tombe 433 de Pithécusses, Docter – Niemeyer 1994, p. 112 et note 71, p. 112. La tombe 433 est la tombe à inhumation d’un adolescent, qui contenait ces cinq amulettes en bronze en forme de double hache, ainsi qu’un couteau et un objet qui était peut-être un hameçon de pêche. L’objet est décrit comme « Piccolo amo di filo di bronzo piegato a gancio uncinato », donc comme une sorte de crochet recourbé en bronze, Buchner – Ridgway 1993, p. 447. La photographie de l’objet fait penser à l’hameçon de la tombe 1187, dont le mobilier est exposé dans le musée d’Ischia et étudié dans Lubtchansky 1999. On y trouve une dizaine de poids de filet de pêche ainsi qu’un hameçon (Inv. 238677) identique formellement au crochet de la tombe 433. L’hameçon de la tombe 1187 est cependant en plomb, tandis que le crochet est en bronze. Le mobilier de la tombe 433 comprenait également, une oenochoé locale, un scarabée et une perle de pâte vitrée, Buchner – Ridgway 1993, p. 446-447, pl. CLXII, tav. 134. On a donc ici une tombe qui cumule des objets rares. La présence d’amulettes n’est pas étonnante pour un adolescent, mais le couteau est un objet symbolique fort, plutôt rare dans la nécropole de Pithécusses.
208 Le mobilier de cette sépulture double contient un lécythe phénicien de type mushroom jug ou lécythe à bobèche, une coupe tripode, des statuettes de faïence et un scarabée. Cette coupe tripode est l’unique exemplaire retrouvé en contexte funéraire dans la nécropole. Un autre exemplaire fragmentaire a été trouvé dans la terre de remplissage proche des tumuli du groupe A05. Ces fragments proviennent probablement du bûcher sur lequel on consumait les offrandes funéraires de certains groupes. Il est cependant impossible de déterminer si les fragments provenant de ce bûcher, et dispersés dans un second temps, étaient ou non relatifs aux crémations de ce groupe A05. Exemplaire Sp 7/2, voir Buchner – Ridgway 1993, p. 712, Nizzo 2007b, p. 168.
209 Il s’agit de la tombe 678 dite du charpentier, qui contenait plusieurs outils de travail en fer, Cerchiai 1999.
210 Cerchiai 1999.
211 Cinq plats, Buchner 1982b, p. 283-285.
212 R. Docter présente ainsi plusieurs cas comparables dans les fouilles de Carthage et de Tyr : Docter 2000, p. 140-146. Quelques vases en Red Slip Ware sont attestés dans le mobilier des tombes 545, 284 et 312, Buchner 1982b, p. 280, exemplaires auxquels on peut ajouter le lécythe à bobèche de la tombe 272. Il s’agit cependant de vases de type lécythe, oil bottle ou lécythe à bobèche/brocca a fungo : on peut donc supposer que ces vases ont été échangés pour leur contenu, comme les aryballes orientaux présents dans d’autres tombes de Pithécusses.
213 Buchner – Ridgway 1993, p. 355-356, fig. XLVIe, 3, 114.
214 Docter 2000, p. 146.
215 Buchner 1982b, p. 290-291, fig. 14; Ridgway 1992, p. 55, fig. 30; Buchner – Ridgway 1993, p. 288-290, pl. CXL, 95. Pour une bibliographie plus complète, voir Docter 2000, p. 139. Le fragment est exposé dans la vitrine 18 du musée de Pithécusses, Buchner – Gialanella 1994, p. 69-70.
216 Ce fragment proviendrait d’une tombe différente de la t. 232 ; il s’agit donc d’un fragment hors contexte, Buchner – Ridgway 1993, p. 289.
217 R. Docter note en tout cas à Carthage une apparente préférence pour les amphores levantines, alors que les amphores grecques, très présentes dans l’habitat, sont quasiment absentes de la nécropole, Docter 2000, note 35, p. 146.
218 L’ensemble des fragments de Red Slip Ware trouvés dans la nécropole, dans la décharge Gosetti ou à Pastola est publié dans les planches 6 et 7 de Buchner 1982b, p. 284-285, voir également tab. 83-84 en ligne.
219 Un fragment de plat avec une inscription phénicienne a notamment été découvert, Ridgway 1992, fig. 31, d’après Buchner 1978 fig. 5-7.
220 En l’absence de publication de ce matériel, on peut signaler que plusieurs fragments sont exposés dans la vitrine 12 du musée archéologique de Pithécusses, Buchner – Gialanella 1994, p. 49-50, avec quelques mentions dans Ridgway 1992, p. 42. Une grande partie des fragments allogènes ont été attribués à une production carthaginoise, même si certains fragments proviennent peut-être d’un site phénicien de Sardaigne : Docter – Niemeyer 1994 et la note 13, p. 139-140 dans Docter 2000 sur un fragment d’amphore de Santa Restituta qui proviendrait de Sardaigne. La provenance cartaginoise d’un grand nombre de vases en Red Slip Ware trouvés à Pithécusses a été confirmée par une analyse archéométrique d’A. Peserico, mentionnée par Docter 2000, p. 140.
221 Voir les numéros 100 à 110 dans le catalogue, D’Agostino 1996c, p. 63-64.
222 Numéros 111 à 115, D’Agostino 1996c, p. 65-66. Tous ces objets sont exposés dans la vitrine 33 du musée archéologique de Pithécusses.
223 R. Docter signale également la découverte de deux fragments d’une amphore de transport carthaginoise par P. Monti à Sant’Angelo d’Ischia, ainsi que des fragments du même type, déjà mentionnés, dans le sous-sol de l’église Santa Restituta : Monti 1997 p. 33, p. 35, pl. 5 et fig. 4, cité dans Docter 2000, note 5, p. 135-136.
224 Les Eubéens connaissaient déjà bien cette forme, mais ne semblent pas l’avoir adoptée pour leur propre usage avant Pithécusses : Coldstream 1998a.
225 Buchner 1975, Strom 1990, p. 87-88. G. Buchner excluait par contre la fabrication d’huiles parfumées, comme à Rhodes, du fait de la faible diffusion des aryballes locaux, Buchner 1982b, p. 295.
226 C’est en tout cas l’hypothèse de Docter 2000, p. 146. Un article sur les Phéniciens de la seconde génération à Pithécusses était d’ailleurs annoncé.
227 Présentation de M. D’Acunto lors du colloque Euboica II en mai 2018, sous presse.
228 C’est un tournant important, dont témoigne par exemple Ridgway 1993, p. 77. Il évoque à plusieurs reprises l’origine levantine d’une partie de la population, notamment en se fondant sur les aryballes dits « levantins » ou les amphores, qui ont depuis été attribués d’une part à Rhodes, d’autre part aux sites phéniciens de Carthage, de Sicile ou de la zone du Détroit de Gibraltar.
229 D’Agostino 2011b, p. 39. Certains vases d’impasto local se trouvent également dans des tombes éminentes, D’Agostino 2011b, p. 39-40.
230 Les vases en impasto local ou les éléments liés au tissage sont indiqués dans le mobilier des tombes de Cumes, voir tab. 91 en ligne.
231 Comme le relève B. D’Agostino, la publication de Pithekoussai I ne distingue pas les productions en impasto de formes grecques ou de formes non grecques. Les formes considérées comme indigènes, par comparaison avec le répertoire de Castiglione et avec celui des sites campaniens contemporains, sont : l’amphorette, l’écuelle et la fusaïole, D’Agostino 1999a, p. 59.
232 La surreprésentation des vases d’impasto, des fusaïoles ou des poids de métier à tisser dans les tombes de femmes ou d’enfants est peut-être à relier à des mariages mixtes, bien que l’identification du genre soit à considérer avec précautions à Pithécusses, voir Cinquantaquattro 2012, p. 33-36 sur les tombes au sud du secteur fouillé entre 1965 et 1967.
233 G. Buchner attribue cette influence aux femmes indigènes, épousées par les colons. Buchner 1966, Buchner 1983, p. 271, D’Agostino 1999a, p. 58, D’Agostino 2011b. Sur les mariages mixtes, Buchner 1964, Coldstream 1993.
234 Voir le paragraphe sur les analyses anthropologique à Pithécusses au début de la section 2 sur les objets allogènes dans la nécropole de Pithécusses.
235 B. D’Agostino a de plus remarqué que ces tombes étaient associées au sein du même lot de tombes, qui contient également la coupe de Nestor, D’Agostino 1999a, p. 60-61, voir également Cerchiai 1999, p. 666. Il s’agit ici de la tombe 159 et du fragment Sp12/1 découvert entre les tombes 166 et 483. Dans les tombes de la seconde série, on observe également deux tombes à crémation féminines d’après le mobilier qui sont dans le même groupe (t. 826 et t. 863), ainsi que la tombe 944 qui associait amphorette à spirales et aryballe oriental comme la tombe 159. Dans ce dernier cas, l’analyse anthropologique a révélé la présence de deux individus adultes, un homme et une femme, Cinquantaquattro 2012, p. 38-40. L’analyse du strontium semble indiquer que la femme a une origine différente de celle de la majorité de la population.
236 D’Agostino 1999a, p. 60, également le cas semblable d’une tombe féminine de Pontecagnano.
237 Strom 1990 sur un Étrusque et Guzzo 2000 sur l’idée du dernier chef indigène. Plusieurs tombes de Cumes présentent un mobilier proche, bien que moins somptueux : voir l’analyse développée dans le paragraphe sur les importations dans la nécropole de Cumes.
238 Il s’agit de la tombe 1148, fouillée en 1977, datée de la fin du VIIIe siècle, Buchner – Bartonek 1995, p. 163 n. 20.
239 Guzzo 2016.
240 Colonna 1995 et Buchner – Bartonek 1995 sur ce point.
241 Ridgway 1992, p. 30, Nizzo 2007b, p. 31-32.
242 Cerchiai 1999, p. 666, repris dans D’Agostino 2011b, p. 40-41.
243 B. D’Agostino signale ainsi une tombe de jeune fille qui contenait un petit couteau et une aiguille de couture en bronze, ainsi que deux tombes contenant des haches, une tombe contenant un scalpel, quatre tombes contenant des punteroli de fer et huit tombes contenant des fusaïoles d’impasto, D’Agostino 2011b, p. 38-39. La référence sur le sujet est Iaia 2006. Voir fig. 30 dans le chapitre 2 sur ces outils.
244 Voir le chapitre 3 sur les échanges de Pontecagnano à l’époque orientalisante (725-575 av. J.-C.).
245 Cerchiai 1999. P. Guzzo évoque un charpentier calabrais, car la fibule est d’un type très présent en Calabre : Guzzo 2016.
246 Cerchiai 1999, p. 669. La tombe 950, dans la deuxième série de fouilles, est celle d’un homme adulte inhumé avec des sortes de gros anneaux aux chevilles. Une sorte de poignard a été retrouvé dans la fosse, ce qui est très rare à Pithécusses. L’analyse du taux de strontium dans son squelette indique une origine autochtone, ce qui complexifie l’interprétation de celui qui apparaît comme un prisonnier ou un individu dont on a voulu assurer qu’il reste bien immobilisé même après la mort, Cinquantaquattro 2012, p. 42-43 et Cinquantaquattro 2017, p. 178-281.
247 Ridgway 1992, p. 32, Cerchiai 1999.
248 P. Guzzo estime que l’importance du répertoire d’Italie méridionale dans les fibules trouvées et/ou fabriquées à Pithécusses appuie cette idée : Guzzo 2016. Voir sur ce point la typologie du mobilier en annexe ou le chapitre 3 sur la présence d’individus en provenance des mêmes régions à Pontecagnano.
249 Colonna 1995, p. 327. La Messapie désigne l’extrémité sud de l’Apulie, correspondant notamment au Salento actuel.
250 Tombe 951, Cinquantaquattro 2012, p. 40-41, voir plus haut.
251 Ces vases ont été vus par B. D’Agostino dans les réserves du Musée archéologique de Naples. Il s’agit d’amphorettes et de vases à verser dans la tradition de la Culture des Tombes à Fosse, et plusieurs semblent postérieurs à la conquête de Cumes par les Grecs, D’Agostino 1999a, p. 61.
252 P. Guzzo interprète ainsi la tombe 104 Artiaco comme la tombe du dernier roi indigène, Guzzo 2000, voir plus haut dans la section 2 sur les interprétations de ce contexte complexe.
253 Ces espaces auraient été abandonnés au cours du premier quart du VIIe siècle. Certaines structures sont ensuite réoccupées dans la première moitié du VIe siècle, Buchner 1971, Klein 1972, p. 36-37, Ridgway 1992, p. 43-47.
254 Une présentation très rapide des éléments métalliques se trouve dans Klein 1972, p. 37, fig. 5 et 6. Ceux-ci sont en grande partie exposés dans la vitrine 15 du musée d’Ischia, Buchner – Gialanella 1994, p. 58-59, fig. 25. D. Ridgway publie également un dessin de la fibule incomplète et d’un fragment de cratère géométrique local dans Ridgway 1992 fig.26.
255 La localisation de ces ateliers, en dehors de l’habitat principal sur le Monte di Vico, n’est pas étonnante : il est probable que l’on souhaitait ainsi protéger les maisons des risques d’incendie et des fumées dégagées par les activités métallurgiques.
256 Ridgway 1992, p. 42-43. Des scories, des blocs de fer, quelques tuyères liées à un four sidérurgique, quelques fonds de creuset en terre-cuite ont été découverts. Le dessin d’un fragment de tuyère en céramique est publié dans Ridgway 1992 fig. 24.
257 L’atelier métallurgique était situé en marge du premier habitat grec, près des futures murailles archaïques (fig. 22, ch. 2), D’Acunto 2009, D’Acunto 2019. Des traces de métallurgie ont également été identifiées dans les espaces fouillés par l’université de Naples Federico II près du forum de Cumes, Greco 2009, voir la section précédente.
258 Olcese et al. 2017. Don Pietro Monti avait mis à jour sous et à côté de l’église les restes de fours de potier hellénistiques et romains, Monti 1980 et Olcese – Giunta 2010.
259 Voir la section consacrée à la production de Pithécusses-Cumes dans la typologie en annexe 1.
260 Sur le rôle des métaux et de leur recherche dans les sites eubéens, voir récemment Heymans – Verdan 2020.
261 Neeft 1987, p. 59-65.
262 Hypothèse développée plus haut. Les découvertes récentes de Sant’Imbenia confirment cette idée : la présence d’artisans d’origine orientale y a été proposée par I. Oggiano en lien avec des activités d’échange, Rendeli 2014. Le parallèle avec Pithécusses est proposé par Sourisseau, avec la bibliographie correspondante, dans la note 60, p. 158-159 de Sourisseau 2011.
263 Buchner 1979, Strom 1990, Guzzo 2004.
264 Voir les réflexions de D’Agostino 1973 sur le statut social des artisans dans le monde grec.
265 Les fouilles en cours dans des contextes d’habitat à Cumes montrent que l’on trouve, dans les niveaux grecs les plus anciens, à la fois des fragments de céramique corinthienne et des fragments de céramique produite localement, Gasparri – Greco 2007, p. 313, signalé également par D’Acunto 2017 et D’Acunto 2019.
266 Ces influences eubéennes seraient caractéristiques des premiers moments de l’installation, avant de céder le pas aux influences corinthiennes. La production du Peintre de Cesnola, très proche des productions eubéennes, est ainsi caractéristique de ce premier moment de la production pithécusaine. L’absence de cratères dans ce style à Cumes constituerait alors un argument en faveur de l’antériorité de Pithécusses, voir Mermati 2012b, note 29, p. 33. Des influences attiques sont également perceptibles, mais elles sont plutôt à attribuer à l’origine eubéenne des colons. On trouve en effet très peu d’importations attiques à Pithécusses, tandis que les productions attiques ont directement influencé les productions en Eubée, Mermati 2012b, p. 236.
267 Gasparri – Greco 2007, qui renvoie aux réflexions de M. Rendeli dans Rendeli 2005, p. 110.
268 Gabrici 1913. Dans le volume sur Pithécusses, on trouve la mention explicite d’une production locale, voir Buchner – Ridgway 1993. De premières mentions précises se trouvent dans Coldstream 1968 et Coldstream 1971. Neeft identifie également plusieurs ateliers pithécusains qui réalisent des aryballes : Neeft 1987, Mermati 2012b, p. 21-23 sur l’historiographie.
269 Le répertoire iconographique renvoie au monde de l’élite eubéenne, avec la présence importante de chevaux, Coldstream 1971.
270 C’est principalement cette production de qualité moyenne qui est exportée, voir la typologie en annexe.
271 Mermati 2012b, p. 33.
272 Mermati 2012b, p. 32.
273 Hypothèse de Frère 2007, p. 100, voir la typologie céramique en annexe.
274 Voir plus haut sur l’identification d’une fibule inachevée à Mazzola dans la section précédente, Strom 1990, Guzzo 2004, Guzzo 2012.
275 Strab. 5, 4, 9. Je reprends ici la présentation des sources dans Zurbach 2017.
276 Olcese – Giunta 2010, ainsi que les études archéobotaniques sur la vigne à Punta Chiarito, Gialanella 1998.
277 Voir la présentation des données dans le chapitre 2.
278 V. Nizzo dans la discussion du colloque de Tarente en 2013, Poleis e politeiai... 2016, p. 542. Il rappelle que d’après les estimations de De Caro 1994, entre 1 000 et 2 000 hectares sont disponibles pour l’agriculture à Ischia. En reprenant les calculs d’A. Mele de 4 à 5 hectares nécessaires par hoplite à l’époque grecque, en considérant a minima des familles de quatre personnes, l’île peut nourrir entre 600 et 2 400 personnes par générations. Or d’après les données de la nécropole, cette population en croissance exponentielle devait plutôt correspondre à 1 200-2 400 individus par génération voire 2 500-5 000 pendant le Géométrique récent II, si l’on considère bien que les 613 tombes éditées ne forment que 10 % de l’ensemble des tombes, a minima, et qu’il y avait peut-être des habitats et des nécropoles en dehors du Monte di Vico, même de plus petite taille.
279 Voir la typologie céramique en annexe sur le type amphorique de Pithécusses.
280 La bibliographie précédente est rassemblée dans la note 43, p. 155 de Sourisseau 2011, p. 155.
281 Le lien est fait assez rapidement par Di Sandro – Buchner 1986, note 125, et Gialanella 1994b, p. 199, p. 170-171. La découverte d’un lot d’amphores de type B dans ce contexte indique clairement qu’une partie au moins de ces amphores servait à contenir du vin, Sourisseau 2011, p. 156.
282 Comme le rappelle J.-C. Sourisseau, on a fait l’hypothèse d’une production de vin dès le IXe siècle à Poggiomarino, ce qui peut aller dans le sens d’une production rapide de vin à Pithécusses, Sourisseau 2011, p. 155.
283 Sourisseau 2011, p. 169. Comme il reste difficile de distinguer, en outre, les exemplaires campaniens de type B de certaines productions étrusques, il convient de rester prudent dans le maniement des données chiffrées.
284 Sourisseau 2011, p. 173.
285 J.-C. Sourisseau propose en effet d’abaisser la date de l’abandon de l’établissement de Punta Chiarito : Sourisseau 2011, p. 171-172 : plusieurs coupes ioniennes et amphores corinthiennes ne pourraient ainsi pas être datées avant le dernier quart du VIe siècle : dans cet ensemble, les éléments les plus récents seraient des produits importés en amphores, par nature périssables, p. 172. Il est cependant également possible que les amphores soient là en réemploi, déjà vidées de leur contenu initial.
286 La diffusion des amphores de Pithécusses concerne avant tout l’espace tyrrhénien, avec peu d’exemplaires dans chaque site. La présence de ces amphores dans certaines tombes princières du Latium ou d’Étrurie, associées à des vases à boire, indique qu’une partie au moins de ces amphores contenait probablement du vin, Sourisseau 2011, p. 156, qui renvoie à Gras 1983.
287 Voir le graphique 335, p. 618 dans Docter 2007, Sourisseau 2011, p. 164.
288 Docter 2007 abb. 336, p. 618.
289 Voir la typologie céramique en annexe.
290 D’après les recherches de F. Mermati, les productions de Cumes et de Pithécusses ont été trouvées, en Campanie, à Naples, Pizzofalcone, Suessula, Calatia, dans la vallée du Sarno, à Montesarchio, Abella, Gricignano, Capua, Pontecagnano ; dans le Latium, à Caere, Tarquinia, Castel di Decima, Satricum, Lavinium, Tuscania, Roma ; en Méditerranée, à Gioia Tauro, Bologne, Sulcis, S. Imbenia, Almunecar, Toscanos, Utique et Carthage, Mermati 2012b, p. 239 et suiv.
291 C’est notamment le cas pour les vases trouvés à Carthage. En l’absence d’analyses pétrographiques, il est difficile de trancher. F. Mermati estime que dans les deux cas, ces vases témoignent d’échanges importants entre les deux sites, du commerce de vases à la mobilité d’artisans, Mermati 2012a.
292 Une oenochoé de Cumes-Pithécusses est souvent le seul vase en argile fine dans des mobiliers surtout composés d’impasto, voir le chapitre 6.
293 Sourisseau 2011, p. 165, qui renvoie à Docter – Niemeyer 1994 et à Docter 2000, p. 336-337.
294 La notion même de contenu standardisé est bien sûr à relativiser : Durando 1987, p. 56.
295 F. Durando note que sept ou huit exemplaires ont une contenance proche de 34,5 litres, qui correspond à la contenance de l’amphore eubéenne de type SOS, Durando 1989, p. 87-88. En ce qui concerne la forme B, l’analyse est moins claire : les mesures oscillent entre 30 et 45 litres, avec cinq exemplaires autour de 36-37,5 litres. Il y aurait là une tentative de stabilisation du volume, avec une rupture nette vis-à-vis de la production de type A, Durando 1987, p. 329.
296 Durando 1989, p. 81-84.
297 Il s’agit d’un petit disque de plomb entouré d’un anneau de bronze, dont le poids, 8,72 g, est très proche du poids des statères eubéo-attiques postérieurs (8,79 g), Ridgway 1992, p. 44-45, Ridgway 2000, p. 237. Le matériel de Mazzola n’a été que très partiellement publié. G. Buchner indique d’ailleurs en 1971 qu’il est possible que le poids date de la phase ultime de vie de l’établissement de Mazzola, vers la fin du VIIe siècle, même s’il se dit convaincu d’une datation vers la fin du VIIIe siècle.
298 Voir la présentation de ce contexte et de son interprétation dans la section précédente.
299 Un plan des structures se trouve dans la section précédente, fig. 37 ainsi qu’un tableau du matériel connu, voir tab. 82 en ligne. Dans les rapports, trois contextes sont distingués : le niveau de sol le plus ancien, A, qui correspond principalement à la structure 1 ; la cour et la banquette B, qui datent en fait de la seconde phase d’occupation du site, entre la fin du VIIe siècle et le VIe siècle ; le sol de la maison ovale, 6, daté de la même période. On a ici regroupé le matériel qui date de la seconde phase d’occupation, c’est-à-dire le mobilier dont le numéro dans le catalogue est précédé de B ou C. Il s’agit donc d’une description des importations sur une période d’environ un siècle.
300 Ces deux fragments correspondent à la catégorie A du tab. 61.
301 Gialanella 1994a, p. 183.
302 Il s’agit de deux skyphoi du Géométrique récent II et de deux kotyles de la même période : Gialanella 1994a, p. 183, également publiés dans Gialanella 1996.
303 La figure 41 présente les données concernant les origines des vases à boire, voir tab. 82 en ligne.
304 Les six canthares sont publiés dans le catalogue de 1994 : Gialanella 1994a, p. 188 ; au moins deux en tout cas : 18, 22 et 18, 23 dans Gialanella 1996.
305 Voir l’annexe 1 sur les centres de production du bucchero allogène dans les sites campaniens.
306 Klein 1972, p. 38.
307 Buchner 1972, p. 367-369.
308 La figure 7 de l’article de 1972 présente, à côté de fragments locaux, deux ou trois fragments de kotyles corinthiennes, l’une à chevrons et l’autre avec au moins un oiseau aux jambes droites, ainsi qu’un fragment attribuable à une production rhodienne, le motif central ressemblant effectivement à celui de la coupe de Nestor : Klein 1972, p. 39 fig. 7.
309 Probablement construite vers 750, cette maison, la seule structure sans trace d’activité métallurgique présente un plan mixte, avec un espace rectangulaire, et un autre ovale, ce qui est plutôt commun à cette époque en Grèce, Ridgway 1992, p. 43-44, et Fusaro 1982 pour une remise en contexte de ces structures.
310 A high-official en charge de la métallurgie, source importante de revenus ? Coldstream 1998a, p. 309. Plusieurs fragments de cratères sont publiés dans Ridgway 1992, p. 44.
311 Les amphores archaïques ont été publiées dans Di Sandro – Buchner 1986 voir plus bas. Les productions eubéennes ont été étudiées dans Coldstream 1995. Quelques fragments sont exposés dans le musée de Pithécusses : voir tab. 83 en ligne, avec les références dans Buchner – Gialanella 1994. Neuf fragments sont publiés dans Ridgway 1981, fig. 2, dont six sont reproduits dans Ridgway 1992, fig. 21. Deux fragments de plats locaux peints sont également publiés en 1984, fig. 22, ainsi que des photographies de fragments de céramique corinthienne du GM, GR, PCA, sans précision de numéro d’inventaire cependant, pl. 13. Pour un état des lieux des publications, y compris sur les monnaies, les poids de métier à tisser : voir la note 16, p. 24 dans Scatozza Höricht 2007.
312 Ridgway 1992, p. 40-42. G. Buchner mentionne en 1981 que D. Ridgway a déjà dessinés 270 fragments de skyphoi de type Thapsos, appartenant en majorité à des exemplaires distincts, et 138 fragments de cratères de type Thapsos, ce qui donne une première idée de la quantité de fragments encore inédits, Buchner 1983, p. 266.
313 Voir plus loin fig. 42. Pour obtenir ces chiffres, on a pris en compte uniquement les tombes datées du GR I, du GR II ou du GR I-II. Les amphores de transport employées comme contenant pour l’inhumation de très jeunes enfants ont été exclues ici. Il semble en effet plus prudent d’étudier à part ces amphores, et non de les assimiler au reste des objets du mobilier funéraire. Seule la céramique fine a été retenue ici, afin d’avoir des données comparables à celles de la décharge Gosetti. Les amphores de transport sont étudiées plus bas. L’origine « Orient » regroupe les productions de type KW, très probablement produites à Rhodes, les productions de Rhodes, des cités phéniciennes d’Occident comme les aryballes orientaux dont le lieu de production est incertain (Rhodes ?), voir la typologie en annexe.
314 La décharge Gosetti correspond probablement également à des contextes de sanctuaires.
315 Les fragments de céramique a tenda sont mentionnés dans Buchner 1969, p. 95. Ce matériel est exposé dans le musée archéologique d’Ischia, voir Buchner – Gialanella 1994.
316 De Caro 1994.
317 Voir la présentation plus haut.
318 On a ici regroupé le matériel trouvé in situ et les fragments récoltés dans la terre environnante, probablement issus du dépôt, mais dispersés par la construction moderne de la rampe, D’Agostino 1996c, p. 10.
319 Ont été pris en compte seulement les fragments de vaisselle céramique, en excluant les sculptures architecturales, les sculptures en terre-cuite, les poids de métier à tisser et la broche, voir tab. 84 en ligne.
320 On trouve également un certain nombre de lékanés. Cela permet de relativiser les conclusions de Coldstream 1998a, qui s’étonnait du faible nombre de vases servant à manger dans la nécropole ou dans la décharge Gosetti, et faisait l’hypothèse de récipients en matériaux périssables.
321 Voir le paragraphe consacré aux analyses anthropologiques dans la section précédente.
322 Les tombes du GR I qui contiennent des objets allogènes ont été regroupées tab. 85 en ligne, qui contient la liste des objets allogènes pour chaque tombe avec les références bibliographiques correspondantes.
323 Abréviations employées ici et pour la suite de l’étude des objets allogènes dans la nécropole : F-tot : les tombes attribuées à des femmes, en prenant en compte toutes les tombes de la période ; F-imp : les tombes attribuées à des femmes, en ne prenant en compte que les tombes qui contiennent des objets allogènes. H désigne les tombes attribuées à des hommes, Inc les tombes sans âge ou genre attribué.
324 CT désigne les crémations à tumulus, I les inhumations en fosse, et E les inhumations en vase conteneur, ou enchytrisme.
325 On compte 241 ornements au GR I, dont 53 allogènes, soit 22 % de l’ensemble des ornements.
326 Il s’agit des tombes 223, 422, 434, 519, 571, 582, 602, 634, 644, 647, 688, 420, 433, 436, 490, 491, 574, 575, 600, 549 et 592, ici dans leur ordre d’apparition dans tab. 85 en ligne (selon le nombre total d’importations de la tombe).
327 Voir tab. 85 en ligne.
328 On compte parmi ces tombes 13 scarabées égyptiens et 20 sceaux de Syrie du Nord, soit 80 % des sceaux et 72 % des scarabées.
329 Certaines tombes contenaient un grand nombre d’exemplaires : la tombe 591 contenait six scarabées, la tombe 592, huit scarabées ; il s’agit de deux inhumations en fosse très proches, d’un enfant (t. 549) et d’une femme adulte (t. 592).
330 Pour le type B10 (AI-O) A, voir la note précédente. Le type B10 (AI-O) B de V. Nizzo est présent dans les tombes 284 et 312 du GR II. Le type B10(AI-O) C correspond à un aryballe avec une tête humaine figurée, trouvé dans la tombe 215 (GR II) et qui provient de Syrie du Nord, Nizzo 2007b, p. 120.
331 Pour rappel : les amphores de transport allogènes ne sont pas prises en compte ici comme bien allogène si elles servaient de contenant pour le corps, afin de ne pas mélanger deux catégories différentes de vases utilisés dans un cadre funéraire.
332 Sur 658 ornements au Géométrique récent II, on trouve 68 importations, soit 10 % du total, contre 22 % d’importations au Géométrique récent I. Parmi ces importations, on trouve 35 scarabées égyptiens, mais seulement quatre sceaux de Syrie du Nord.
333 Fig. 139 en annexe 3 (plan couleur GR II).
334 C’est particulièrement vrai pour les tombes qui contiennent un nombre exceptionnel d’importations : t. 145, t. 168, t. 651, t. 483. Voir tab. 86 en ligne, l’analyse spatiale plus bas, et l’annexe sur la construction de l’indice de distinction.
335 Sept tombes seulement en enlevant les cas d’inhumations en vase où l’importation est l’amphore, cas traité dans le paragraphe sur les amphores importées à Pithécusses, voir tab. 90 en ligne.
336 Le profil démographique est donc déséquilibré en faveur des enfants, avec une seule tombe adulte à crémation, mais il n’y a là rien de significatif étant donné le très faible effectif. Sur les 53 tombes datées du GRI-GRII, on compte 18 adultes (33 %), 28 enfants (53 %), sept jeunes (12 %) ; neuf femmes (17 %), cinq hommes (9.5 %), 39 cas indéterminés (73,6 %) ; six crémations à tumulus (11,32 %), 17 enchytrismes (31 %), 30 inhumations en fosse (57 %). Si l’on considère uniquement les tombes qui contiennent des importations (10), les enfants représentent neuf tombes sur dix, avec cinq tombes à enchytrismes et quatre tombes à inhumation en fosse.
337 Trois sceaux du groupe du Joueur de Lyre, de Syrie du Nord, et un scarabée ont été trouvés dans le mobilier des tombes 478, 701 et 371, voir tab. 87 en ligne.
338 36 tombes ont été recensées, parmi lesquelles 21 contiennent des importations, soit 58 %.
339 Notamment les groupes A01, B12, B03, B05. V. Nizzo a démontré l’importance de cette baisse démographique, qu’il interprète comme une conséquence d’un transfert à Cumes d’une partie de la population.
340 Dans la tombe 436, voir tab. 88 en ligne.
341 Dans la tombe 272, voir tab. 88 en ligne. L’identification du lécythe comme production de la région du détroit de Gibraltar se trouve dans Docter – Niemeyer 1994, p. 113, voir en particulier la note 79 sur un exemplaire semblable d’Almunecar.
342 Il s’agit du groupe A07 de Nizzo 2007b. Voir le paragraphe sur la typologie des groupes de tombes par rapport aux biens allogènes et la fig. 139 en annexe 3.
343 On a pris en compte les tombes datées dans les niveaux 33-35 de la stratigraphie élaborée par V. Nizzo : t. 266, t. 290, t. 263 dans tab. 89 en ligne des tombes PCR-CM qui contiennent des biens allogènes, ici dans leur ordre de présentation, Nizzo 2007b.
344 Voir tab. 89 en ligne la description des importations et les références bibliographiques.
345 On compte 36 tombes datées du CA, correspondant aux niveaux 36-38 de la stratigraphie de V. Nizzo, voir fig. 142 en annexe 3.
346 T. 286, p. 348, tav. CLII ; t. 555, 555.7, p. 552. Les deux vases sont presque identiques.
347 45 coupes à boire sur les 46 exemplaires sont importées (avec 42 coupes corinthiennes) ; 36 vases à parfums sur les 38 exemplaires sont importés (dont 29 vases corinthiens).
348 Dans les tombes 245 et 286, voir tab. 89 en ligne pour les références bibliographiques.
349 Ce dernier cas est plus ambigu, car il est probable qu’il y ait eu une production de ce type à Cumes et dans plusieurs sites campaniens : l’origine exacte de ces vases est donc difficile à déterminer.
350 Tombes 244 et 191, voir tab. 89 en ligne.
351 Voir fig. 138-142 en annexe 3.
352 Par exemple les vases attribués à l’atelier du Bird-Plant Painter de Corinthe par C.W. Neeft, et qui sont concentrés dans le groupe A01, comme l’a remarqué L. Cerchiai. Neeft 1987, p. 66-71, Cerchiai 1995a.
353 C’est notamment le cas du groupe A01, peut-être le plus distingué de la nécropole au GR I et au GR II, sur lequel on reviendra.
354 Voir la typologie en annexe sur les aryballes orientaux du GR I, probablement rhodiens donc de même origine que les nombreux aryballes KW plus récents, et sur les oil bottle du GR II.
355 L’une, la t. 312, ne contient en tout que deux vases comme mobilier funéraire, et il s’agit d’une inhumation d’adulte ; l’autre, la t. 284, est une double inhumation d’enfants, située dans un groupe familial probablement très lié au monde oriental, A07, sur lequel on revient plus loin. Un exemplaire plus soigné, à figuration animale, a été trouvé dans la tombe 215, tombe à crémation d’adulte : il s’agit peut-être ici d’un objet plus recherché pour sa qualité d’exécution, qui contenait peut-être une huile coûteuse, ce qui s’accorderait avec le niveau de distinction élevé du groupe familial de la tombe 215, voir fig. 139 en annexe 3.
356 Voir fig. 138-140 en annexe 3.
357 Voir le pendente di bronzo dans Buchner – Ridgway 1993, p. 669, tavv. CLXXXVI, 191, également dans Nizzo 2007b, p. 100 type A30A5b2. L’identification de cet objet avec un porte-amulette se trouve dans Docter – Niemeyer 1994, p. 111.
358 Voir les plans 138-140 en annexe.
359 B03 : des fusaïoles dans une tombe de garçon, t. 608 (GR I) un vase en impasto dans la crémation 227 (GRI). B05 : dix fusaïoles, des vases en impasto dans la riche tombe à crémation 208 (GR II), des statuettes de faïence et un vase en impasto dans la tombe à inhumation d’un enfant (t. 606, GR II). B14 : plusieurs inhumations d’enfants avec un grand nombre d’objets allogènes (voir fig. 139 en annexe 3), une tombe de femme avec une fusaïole (t. 641 ? GRII).
360 Tous les aryballes orientaux datés du GR I sont concentrés dans ces deux groupes. Un aryballe du même type est signalé par G. Buchner dans la tombe à crémation 167 du GR I, mais ce vase, comme trois autres, a été retrouvé très fragmentaire et non brûlé, ce qui fait douter de son appartenance au mobilier de la crémation 167, scepticisme partagé par Nizzo 2007b, p. 120. Il est cependant notable que cet autre aryballe oriental provienne d’une zone très proche de la tombe 166. Il n’existe pas d’illustration ou de photographie de ce vase. Buchner – Ridgway 1993, p. 211-212.
361 Nizzo 2007b, p. 188, qui semble même considérer deux autres tombes, en plus des tombes 622 et 623, nommées P622-623 bis et P622-623 ter.
362 Buchner – Ridgway 1993, p. 607, semblable aux exemplaires de la tombe 166. Voir également Nizzo 2007b B10 (AI-O)A, p. 120 et la note 236, p. 217.
363 Sp 11/1, petite cruche geometrica proto-daunia, Buchner – Ridgway 1993, p. 718, tav. CCXIV, 255. Nizzo 2007b B110 (AI-IM)A, p. 124. Voir également Buchner 1964 fig. 6b ; Buchner 1966, p. 10, tav. 99, 3 ; Colonna 1974, p. 300, n. 17.
364 Voir la typologie en annexe sur les productions étrusco-latiales en Campanie.
365 Buchner – Ridgway 1993, p. 290 avec la bibliographie correspondante.
366 Cerchiai 1995b.
367 Sur huit exemplaires au total pendant le GR I, Nizzo 2007b, p. 120.
368 Une autre amphorette en impasto, à spirales et d’origine étrusco-latiale, a été trouvée entre le tumulus de la tombe 166 et celui de la tombe à inhumation 433, au niveau de la base des tumuli. Il est cependant difficile de déterminer si cette amphorette peut être reliée au groupe A01, Buchner – Ridgway 1993 Sp 12/1, p. 720.
369 Voir la typologie des objets allogènes sur ce vase.
370 T. 166, Buchner – Ridgway 1993, p. 209, tav. 65 ; t. 235, Buchner – Ridgway 1993, p. 291, tav. 94.
371 Voir le paragraphe consacré aux rituels funéraires.
372 Type B330 (Im-I) dans Bartoloni – Nizzo 2005, p. 149, Bartoloni – Nizzo 2005.
373 Type B170 (Im-I) dans Nizzo 2007b, p. 139-140, présent dans les tombes 166, 944, 159, 631 et 526. Les autres tombes datent du GR II, note 249, p. 217 : Bartoloni – Nizzo 2005.
374 D’Agostino 2011a, p. 39. Sur Pontecagnano : Cuozzo 2003, p. 85 et p. 122.
375 On a en effet deux tombes à crémation d’adultes, l’une d’un homme (t. 212), l’autre d’un individu au genre indéterminé (t. 235) ; une inhumation en fosse de fillette (t. 662) et une inhumation en fosse de jeune femme (t. 166).
376 Buchner – Ridgway 1993, p. 648.
377 Cinquantaquattro 2012, Cinquantaquattro 2017 ainsi que l’article à paraître dans la publication des actes du colloque Euboica II.
378 Voir l’analyse plus haut.
379 Cinquantaquattro 2012, p. 36.
380 Voir tab. 90 en ligne qui présente l’ensemble des amphores de la nécropole avec leur datation, en suivant leur ordre de publication dans Buchner – Ridgway 1993. Pendant la première phase de la nécropole, au GR I, seize amphores ont été retrouvées. Le corpus le plus important provient des tombes du GR II. Trois amphores sont datées du GR en général : il s’agit d’une amphore locale, t. 517.1, et d’une amphore non identifiée et non conservée, t. 417. Le nombre d’amphores utilisées comme conteneur pour les inhumations diminue considérablement après le GR II. On compte seulement trois amphores au PCM, toutes locales : il s’agit des amphores t. 269.1, t. 282.1, t. 475.1. Une seule amphore, non conservée, t. 261, est datée du PCR, tandis que la période de transition entre PCM et CA compte huit amphores locales : t. 274, t. 275, t. 277, t. 278, t. 280, t. 290, t. 460, t. 534. Au Corinthien ancien, sept amphores sont locales : t. 247, t. 281, t. 285, t. 288, t. 289, t. 302, et une amphore chiote : t. 247.
381 L’ensemble des tombes contenant des amphores de transport de la nécropole datées du GR I, du GR II et du GR I-II constitue un échantillon de 115 amphores. Parmi celles-ci, sept amphores n’ont pu être identifiées ni conservées. On a choisi de les retirer de l’échantillon, pour ne raisonner que sur les amphores dont le lieu de production a pu être déterminé.
382 Voir la typologie en annexe.
383 Il s’agit de l’amphore de la tombe 483, qui était la tombe à inhumation d’une jeune fille et contenait un très grand nombre d’objets allogènes (24), dont cette petite amphore (36.5 cm). Il ne s’agissait donc pas ici d’une amphore de transport employée pour recueillir la défunte, mais d’un élément du mobilier funéraire. Il est donc probable que cette amphore, comme les aryballes, ait été acquise à l’origine pour son contenu, que nous ignorons. On a donc classé cette amphore parmi les amphores de transport. Buchner – Ridgway 1993, p. 487, tav. 144.
384 D’après les indications de Buchner, les amphores des tombes 437 et 499 sont très proches en termes de forme et de pâte, de même pour les amphores des tombes 367 et 617. Dans ce dernier cas, on peut rapprocher la forme de l’amphore 437 du type T-3.1.1.1 des productions carthaginoises de la typologie de Ramon Torres 1995, p. 181-182, fig. 30, p. 379. Les amphores des tombes 367 et 617 semblent plutôt à rapprocher de l’amphore de la tombe 418, de par la position des anses et la largeur de la panse, proches en cela de la forme B locale : il pourrait s’agir d’amphores produites sur le littoral médio-tyrrhénien, peut-être dans les cités étrusques méridionales : voir la bibliographique sur l’amphore de la tombe 418, voir tab. 90 en ligne.
385 N. Di Sandro indique dans le tableau final un grand nombre de fragments de panse de petite taille, qu’elle a tenté de rattacher à l’une des grandes classes amphoriques, mais dont elle ne présente pas de description détaillée ou de représentation graphique dans le catalogue. Onze fragments seraient relatifs à des amphores corinthiennes A ou B, ou samiennes ; 63 fragments à des amphores phéniciennes ; 22 fragments à des amphores orientales : 118 fragments demeurent inclassables, Di Sandro – Buchner 1986, p. 129.
386 G. Buchner explique clairement qu’un choix a été fait entre les fragments de céramique grezza, « ne furent conservés ainsi que les fragments d’amphores qui apparurent les plus significatifs, et surtout ceux qui étaient clairement allogènes, tandis que les fragments d’amphores locales, bien plus fréquents, n’ont été conservés que dans des proportions réduites », G. Buchner dans Di Sandro – Buchner 1986, p. 10 (traduction personnelle de l’italien).
387 N. Di Sandro a plutôt considéré qu’un fragment équivalait à une amphore, sauf dans certains cas : elle indique ainsi avoir dessiné des fragments relatifs à 354 amphores, dont 244 sont inclus dans le volume, les 110 amphores restantes étant datées de l’époque hellénistique.
388 N. Di Sandro attribue 19 fragments à une production de la seconde moitié du VIIIe siècle, avec description de la classe, p. 91-93. Les fragments de la décharge Gosetti sont rapprochés des amphores des tombes 614, 441 et 513, p. 91, Di Sandro – Buchner 1986. Ces fragments ont depuis été étudiés par J. Ramon-Torres, et sont rattachés, comme les amphores des tombes mentionnées, à une production des sites phéniciens de la zone du détroit de Gibraltar, mais tous les fragments, sauf un, sont rattachés à des productions du Ve-IVe siècles, Ramon Torres 1995, p. 144. Seul le fragment SG221 est rattaché au type T-10.1.1.1, production de la zone du Détroit de la fin du VIIIe siècle.
389 Les fragments SG224, 227, 230, 229 semblent très proches du type T-11.2.1.3 de J. Ramon Torres, daté du Ve siècle. Certaines fragments (SG233-235) ont été rapprochés de l’amphore de la tombe 523 de Pithécusses, rattachée au type T-3.1.1.1 de Ramon-Torres, production carthaginoise de la fin du VIIIe siècle. Le fragment SG236 est en revanche proche de l’amphore 402, Di Sandro – Buchner 1986, p. 104, qui a depuis été attribuée à une production non-phénicienne, peut-être étrusque ou latiale.
390 Di Sandro – Buchner 1986, p. 121-122. Le fragment avec le sceau, exposé dans le musée archéologique d’Ischia, a été publié dans Buchner 1966, p. 11.
391 Il faut d’emblée signaler la présence dans la décharge Gosetti de plusieurs types de productions amphoriques de Corinthe. Il est à peu près certain que les fragments de type A sont datables dans l’horizon chronologique qui nous intéresse (VIIIe-milieu du VIe siècle), tandis que les fragments de type A1 sont clairement plus tardifs (Ve -IVe siècles). On a exclu de l’analyse, pour l’instant, les fragments de type Corinthien B, dont une partie a depuis été identifiée par J.-C. Sourisseau comme une production sybarite, qui démarre au début du VIe siècle, mais s’affirme surtout dans la seconde moitié du siècle. Les autres centres producteurs de Grande Grèce débutent plutôt cette production dans la seconde moitié du VIe siècle, en dehors du cadre chronologique ici considéré. Di Sandro – Buchner 1986, p. 22-24, Sourisseau 2011.
392 En ce qui concerne les fragments rattachés au type A de C. Koehler, ceux-ci sont d’un type daté du VIIe -VIe siècle par la chercheuse américaine. N. Di Sandro, se fondant sur des amphores de la nécropole, notamment celle de la tombe 702, propose plutôt une datation dans la deuxième moitié du VIIIe siècle. Di Sandro – Buchner 1986, p. 24, Koehler 1979 tav. 13. 8. Il ne semble pas que ces fragments aient été depuis réétudiés, et il faut souligner que les fragments du scarico Gosetti n’ont pas été directement pris en compte par C. Koehler : N. Di Sandro compare simplement les fragments de Pithécusses à certains fragments étudiés et dessinés par C. Koehler.
393 Un article plus détaillé sur cette étude est en préparation.
394 Les amphores locales n’ont pas été prises en compte, car leur nombre total est assurément sous-estimé.
395 La prise en compte de ces fragments peut modifier les proportions des objets allogènes. On a donc présenté les données en séparant d’un côté les tableaux et graphiques qui ne tiennent compte que des fragments certains (Nb fragments assurés, % assuré) et ceux qui incluent les fragments moins assurés (Nb fragments large, % large).
396 C’est en tout cas ce que propose P. Dupont dans Dupont 1982. L’étude des amphores archaïques de Milet a conduit A. Naso à proposer une production d’amphores milésiennes dés la fin du VIIIe siècle, Naso 2005. Comme les fragments dont il est question ici ne peuvent être attribués à un site précis, on a préféré conserver l’horizon chronologique traditionnel. De plus, les fragments d’amphores gréco-orientales des remblais de Cumes ont été plutôt datés de la seconde moitié du VIIe -fin du VIe siècle par Savelli 2006, p. 112-115.
397 Entre 85 % (fragments assurés) et 94 % (ensemble des fragments) des objets allogènes. La chronologie des amphores attiques et corinthiennes pourrait probablement être affinée, car elle donne ici l’impression de deux blocs séparés, avec d’une part, entre 750 et 700, toutes les amphores attiques ou corinthiennes, d’autre part, à partir de 650, uniquement des amphores de Grèce de l’Est, et de façon plus floue, des amphores tyrrhéniennes pendant tout l’arc chronologique.
398 F. Durando estimait au contraire qu’il y avait un contraste fort entre le profil des amphores de la nécropole et de l’habitat. Il évoque 75 % d’amphores locales dans la nécropole au GR I-II, contre 12 % d’amphores locales dans la décharge Gosetti. Avec les données rassemblées tab. 50, on arrive pour le GR I-II à 81,4 % d’amphores importées pour 18,5 % d’amphores locales dans la décharge Gosetti, des proportions comparables malgré les modifications effectuées. Mais ces données ne peuvent, et encore, être considérées que pour la proportion respective des différentes classes allogènes, pas pour le rapport allogène/local, puisque l’on sait qu’une grande partie des fragments locaux n’ont pas été conservés, alors qu’ils apparaissaient majoritaires lors de la découverte puis de la fouille de la décharge Gosetti.
399 Buchner 1972, p. 364 et dans le musée de Pithécusses.
400 J. Klein, qui a étudié l’évolution des amphores attiques SOS, aurait dit à Buchner qu’il y avait davantage d’exemplaires du type le plus ancien dans les magasins d’Ischia que dans tous les magasins des musées d’Athènes, Buchner 1972, p. 367.
401 On trouve sinon 30 vases d’autre type : pots, chytrai, pithoi, etc. Voir tab. 82 en ligne et fig. 37 pour la localisation de ces vases de stockage dans la maison.
402 Voir sur ce point les intéressantes réflexions de S. De Caro sur un contexte de Pompéi, où des amphores allogènes étaient réutilisées pour contenir d’autres productions locales : De Caro – Gialanella 1998 note 48, p. 352.
403 Une méthode de quantification de la céramique indiquant un NMI (Nombre Maximum d’Individus) a été appliquée par P. Munzi, Munzi 2007, note 8, p. 112, qui fait référence à Arcelin – Tuffreau-Libre 1998.
404 Les conditions de fouille sont présentées plus haut.
405 Munzi 2007. Il est en cours d’étude, avec le matériel du sanctuaire nord, dans le cadre de la thèse de doctorat de L. Basile, à l’université de Naples L’Orientale.
406 Localisation indiquée sur la figure 22, chapitre 2.
407 Munzi 2007, p. 112-113, avec une représentation graphique de la distribution des différentes classes : fig. 3, p. 112.
408 Les céramiques attiques à vernis noir ou à figures noires constituent l’essentiel des biens allogènes dans cet échantillon, à côté du bucchero campanien : dans les deux cas, il s’agit de phénomènes de la seconde moitié du VIe siècle, en dehors du cadre chronologique retenu ici. De même, le bucchero campanien est surtout diffusé dans la seconde moitié du VIe siècle à Cumes, Del Verme 2006, p. 42.
409 Il s’agit d’amas de terrain placés entre deux élévations de pierres : l’ensemble de ces éléments constituait la muraille archaïque, voir la fig. 10, p. 11 dans l’introduction de B. D’Agostino, Cuozzo 2006, p. 5-11. Le remblai archaïque présente une situation compliquée, avec peut-être plusieurs moments de constitution, tandis que le remblais tardo-archaïque semble être le résultat d’une unique action, Cuozzo 2006, p. 10.
410 Abrégé TA dans tab. 52 et 54, d’après l’italien terrapieno arcaico .
411 Abrégé TTA dans tab. 53 et 55, d’après l’italien terrapieno tardo-arcaico.
412 Cuozzo 2006, introduction de B. D’Agostino, p. 5.
413 Les fouilles du Centre Jean Bérard à l’ouest de cette muraille ont montré des traces d’habitat à partir de la fin du VIIe siècle, Bats – Brun – Munzi 2009, p. 529-530.
414 C’est seulement le cas pour le remblai tardo-archaïque, probablement lié aux travaux réalisés par Aristodème de Cumes. Le creusement de fossés profonds aurait rencontré des tombes grecques du VIIIe siècle : on trouve ainsi dans le remblai des ossements humains, deux scarabées et des fragments de céramique de la fin du VIIIe siècle typiques des mobiliers de cette époque : Cuozzo 2006, introduction de B. D’Agostino, p. 10.
415 Les critères de présentation du matériel sont explicités par B. D’Agostino dans Cuozzo 2006, p. 10-11.
416 Le résultat de ce travail est exposé tab. 53-55, réalisés à partir de l’étude des fragments protocorinthiens imités et allogènes, Cuozzo 2006, p. 26-29, quantification : fig. 12, p. 27, et de celle des fragments corinthiens imités et allogènes, Cuozzo 2006, p. 33-35, quantification : fig. 14, p. 35.
417 La méthode adoptée pour les coupes ioniennes est détaillée plus loin. Pour le bucchero, on a repris les hypothèses de Laura Del Verme, qui considère que le bucchero le plus fin, dit sottile, ainsi que le bucchero gris proviennent des centres d’Étrurie méridionale, tandis que les exemplaires en bucchero plus épais, pesante e transizionale correspondent à des productions des centres étrusques de Campanie, diffusées pendant tout le VIe siècle, mais surtout dans la seconde moitié du siècle : comme le tableau quantifié est découpé suivant ces catégories, on peut directement en déduire la distribution des exemplaires et/ou des fragments par région de production, Del Verme 2006, fig. 15, p. 40 pour le tableau quantifié.
418 On reprend ici l’idée développée par P. Munzi pour les fragments du sondage 25, Munzi 2007, note 8, p. 112, qui fait référence à Arcelin – Tuffreau-Libre 1998. On ne peut cependant pas parler de NMI, car cette méthode n’est pas appliquée par les chercheurs qui ont étudié le matériel de première main, et qui sont les seuls en mesure d’appliquer correctement cette méthodologie de quantification.
419 On dispose d’informations sur les exemplaires catalogués et les fragments pour la majorité des classes céramiques, grâce à des tableaux quantifiés très utiles : céramique protocorinthienne allogène et imitée (Cuozzo 2006, p. 26-29, fig. 12, p. 27) ; céramique italo-géométrique (Cuozzo 2006, p. 29-33, fig. 13, p. 30) ; céramique corinthienne allogène et imitée (Cuozzo 2006, p. 33-35, fig. 14, p. 35) ; bucchero étrusque et campanien (Del Verme 2006 fig. 15, p. 40-41 avec des exemplaires pour le remblais archaïque, le bucchero pesante e transizionale et le bucchero gris du remblais tardo-archaïque.
420 Dans le cas du remblais tardo-archaïque, 64 fragments de bucchero sottile : Del Verme 2006, p. 39-43, fig. 15, p. 40.
421 841 fragments dans le remblai tardo-archaïque, Tubelli 2006, fig. 16, p. 45.
422 Pour certaines classes, le comptage du nombre d’exemplaires correspond au nombre de fragments, et a été réalisé à partir des indications données dans les synthèses générales.
423 Ces données moins fiables ont été indiquées en italique. Il s’agit du nombre de fragments pour les coupes ioniennes, examinés plus loin, et pour la céramique protocorinthienne et corinthienne allogène. Au niveau des exemplaires, la distinction d’avec les imitations locales a pu être réalisée grâce à l’étude détaillée de chaque exemplaire, Cuozzo 2006, p. 26-29 et p. 33-35. La proportion entre imitation et bien allogène a été supposée égale au niveau des fragments, ce qui a permis de calculer des quantités supposées de fragments pour chaque cas. Ainsi, dans le cas des céramiques protocorinthiennes, on compte 20 exemplaires allogènes (34 %) pour 38 imités (66 %), ce qui donnerait, pour un total de 253 fragments dans le remblai tardo-archaïque, 89 fragments allogènes et 164 fragments imités (d’après les chiffres de la fig. 12, p. 27). Pour la céramique corinthienne, on compte 37 exemplaires allogènes (84 %) pour 7 exemplaires imités (16 %), ce qui donnerait, pour un total de 188 fragments, 169 fragments allogènes et 19 fragments locaux.
424 Les productions eubéennes ont été étudiées dans Coldstream 1995, qui rappelle qu’elles ne représentent qu’une petite partie des biens allogènes, très majoritairement corinthiens pour la même époque. Voir la présentation des biens allogènes dans l’habitat de Pithécusses plus haut.
425 Savelli 2006.
426 Localisation des zones concernées fig. 22.
427 Cette dernière phase chronologique a notamment été identifiée dans l’un des sondages, mais la céramique mentionnée est uniquement locale : Gasparri et al. 2007, p. 33 (G. Greco).
428 Greco 2009, p. 19.
429 Cette particularité chronologique indique peut-être une première phase de changement urbain au début du VIIe siècle. La composition de ces strates est indiqué comme très proche du dépôt rituel étudié par G. Bacci à Zancle, lié à une cérémonie de clôture, Greco 2009, p. 19. Une présentation récente de ce contexte se trouve dans Bacci 2015.
430 Deux skyphoi et une kotyle sont publiés dans Greco 2009 fig. 17-19, p. 25.
431 Il n’est pas indiqué si ces fragments sont allogènes ou locaux, Greco 2009, p. 24, mais la référence à la publication des fragments du remblais par l’université l’Orientale, Cuozzo 2006, p. 22-23, renvoie plutôt à des productions locales.
432 Greco 2009, p. 24.
433 Greco 2009, p. 402-416.
434 D’Acunto 2009, p. 507, D’Acunto et al. 2014, p. 23 sur la présence de plats de type phénicien, mais probablement de production locale. La publication à venir sur l’intervention de M. D’Acunto dans Euboica II devrait enrichir ce cadre.
435 Présentation lors du colloque Euboica II à Lacco Ameno en mai 2018, sous presse.
436 Voir fig. 143-146 en annexe 3 pour un plan d’ensemble de la nécropole grecque, un plan des secteurs les plus riches en tombes archaïques et plusieurs plans à grande échelle. Ces figures présentent les quelques données topographiques connues sur des secteurs de la nécropole grecque archaïque. Il est cependant certain que de larges secteurs restent inconnus, parfois par destruction liée à la réoccupation de la zone par des tombes postérieures : c’est déjà l’avis de G. Pellegrini sur la partie sud de la nécropole : Pellegrini 1903.
437 Tab. 91 en ligne présente le résultat de ce travail, avec les informations rassemblées sur 167 tombes, dont 94 retrouvées à partir des journaux d’E. Stevens. Un article est en préparation sur la reconstitution des mobiliers et de la topographie à l’origine de l’analyse dans cette section.
438 N. Valenza Mele suppose que ces tombes se trouvaient plutôt dans le secteur des fouilles du comte de Syracuse (indiqué fig. 19, ch. 2), Valenza Mele – Rescigno 2010, p. 101-103. Gabrici indique en effet que pendant les fouilles Granata dans le secteur Correale, plusieurs tombes à réceptacle de tuf et urne en bronze ont été découvertes : Gabrici 1913, col. 845-848.
439 N. Valenza Mele rappelle ainsi les chiffres donnés pour la bataille de Cumes à la fin du VIe siècle : 600 cavaliers et 4500 hoplites. Elle en conclut que seule une petite fraction des tombes du VIe siècle, et même des siècles précédents, a été fouillée, le reste des tombes se trouvant probablement dans des niveaux inondés, Valenza Mele 1981, p. 156.
440 Les crémations sont réservées aux adultes et les fosses dont la longueur est inférieure à 1,5 0m ont été considérées comme des inhumations d’enfants.
441 Les abréviations suivantes sont employées tab. 57 pour les rites funéraires : CR pour crémation à réceptacle, CT pour crémation à tumulus, CB pour inhumation en caisson de bois, IF pour inhumation en fosse simple.
442 Leur forme particulière avait été notée par une lettre spéciale par Stevens.
443 En enlevant les tombes à inhumation en amphores de transport à Pithécusses, on a 243 tombes datées du GR II, dont 142 sans biens allogènes (58 %), et 34 tombes datées du PCM, dont 13 sans biens allogènes (38 %).
444 Valenza Mele 1981, p. 104.
445 Tab. 59, la colonne % tombes indique le pourcentage des tombes qui contiennent cette production allogène.
446 On compte en tout 87 scarabées ou sceaux dans les 723 tombes de Pithécusses publiées en 1993, concentrés sur la période GR I-PCM, et surtout au GR I (43). On peut penser que les scarabées évoqués par E. Stevens ou E. Gabrici regroupent également les sceaux du type Lyre Player.
447 Le manque de données sur les vases importés dans de nombreux cas invite cependant à considérer ce phénomène à Cumes avec prudence.
448 Zevi et al. 2008, p. 215.
449 Tombes 88036, 88050, 90073 (tab. 91 en ligne). Les photographies de trois amphorettes sont reproduites dans le volume de Gabrici, qui correspond aux objets des tombes 88050 (Gabrici 37, tav. LIII,5), 90034 (Gabrici 51, tav. LIII,6) et 90073 (Gabrici 60, tav. LIII,4). La tombe 90034 datant du CA-CM, il s’agit peut-être de bucchero étrusque, qui commence à être diffusé à cette époque. Les descriptions de Gabrici sont cependant assez allusives : « Anforetta d’impasto nero finissimo, lavorata a mano, a superficie levigata, collo lungo e due anse a nastro che si slargano in basso. Sopra una di queste e graffita con punta sottilo una croce gammata con appendice ; sull’altra alt mm. 135 (tav. LlII, 5) » pour l’amphorette de la tombe 88050, Gabrici 1913 col. 246-247 ; « Anforetta d’impasto nero lavorata a mano, a collo lungo e due anse impostate sul labbro e sul ventre ; alt. cm. 9 (tavola LIII, 6). »
450 L’oenochoé chypriote ou phénicienne en argent de la tombe Artiaco 104, une kotyle et un ossuaire en argent peut-être orientaux, une amphorette en argent étrusque ? ; 86008, 86046, 88012, 90067, 90072, CR, urne cinéraire en argent ; 90071, IF, une kotyle en argent ; 90072, un aryballe en argent ; 90075, un plat en argent (tab. 91 en ligne).
451 Tombe Artiaco 104 : un bouclier étrusque, des bijoux précieux étrusques, un support et deux vases en bronze falisques ou de Capoue, des armes étrusques ; boucliers en bronze étrusques dans les tombes 90067 et 90072.
452 Voir fig. 145 en annexe 3, tab. 91 en ligne.
453 Tombe à crémation à tumulus 90006.
454 Tombe à inhumation en caisson de pierre 90011.
455 Tombe à inhumation en caisson de bois avec également un caisson de pierre 90007.
456 Tombe à inhumation en caisson de bois 90017.
457 Il s’agit des tombes 90067 et 90072.
458 Tombe 90071.
459 Tombe 90072. Un plat en argent se trouve dans la tombe à inhumation proche 90075, et un vase rare en bronze dans la tombe à inhumation 90077.
460 Fig. 58, tab. 91-92 en ligne.
461 La tombe Artiaco 104 a été publiée pour la première fois par Pellegrini 1903. Elle présente une grande quantité d’ornements, des armes, les éléments d’un char, des vases en métal... Le caractère exceptionnel de l’agencement de la tombe, du mobilier et même de l’emplacement (fig. 58) ont conduit les chercheurs à s’interroger sur l’identité du défunt.
462 Le mobilier de cette tombe est présenté dans tab. 92 en ligne.
463 Voir tab. 91 en ligne.
464 Il s’agit de la tombe 91012, tab. 91 en ligne.
465 Le seul autre exemplaire connu en Italie a été trouvé à Cerveteri, Zevi et al. 2008.
466 Cette tombe comportait des ornements en argent, ainsi que 22 fusaïoles d’impasto. On peut donc supposer qu’il s’agissait d’une crémation de jeune femme ou de femme, appartenant à un niveau plutôt élevé de la société de Cumes, si l’on suit le schéma de Pithécusses.
467 La localisation des tombes 88049-88050, à mi-chemin entre ces groupes, est bien visible fig. 144 en annexe 3.
468 Il s’agit du groupe étudié par C. Albore en 1975, Albore Livadie 1975 : tombes 86005, 86006, 86007, 86008, 86015, 86048, 86049, fig. 144 en annexe 3.
469 Klein 1972.
470 Rendeli 2014.
471 Voir la typologie en annexe 1.
472 Cette différence a été soulignée par De Salvia 1975, Albore Livadie 1983, Boardman 1994.
473 Il s’agit notamment des aryballes orientaux du GR I, voir la note 358, p. 76, et de l’aryballe de la t. 215 (GR II) : il s’agit du type B10 (AI-O)C de Nizzo 2007b, p. 120.
474 Cette première typologie est reprise et développée dans le chapitre 7 avec les données de tous les sites campaniens.
475 Bien qu’il soit probable qu’une grande partie de cette production provienne plutôt de Corinthe et de sa région, voir la typologie céramique en annexe 1.
476 La découverte récente d’une épave au large d’Otrante chargée de céramique protocorinthienne avec notamment plusieurs dizaines de coupes à boire placées dans un grand pithos, des amphores corinthiennes A, des oenochoés et des hydries, voir la présentation de M. Osanna lors du colloque de Tarente en septembre 2021. Il s’agit probablement de céramique du Protocorinthien moyen, ce qui illustre l’importance quantitative de la céramique échangée entre Corinthe et l’Occident, ainsi que la nature commerciale de ces échanges, loin de trafics occasionnels.
477 C’est le cas pour les productions d’aryballes KW, les sceaux, les scarabées, Nizzo 2007b, p. 37, fig. 23-24.
478 V. Nizzo supposait, pour expliquer ce phénomène à Pithécusses, un transfert des fonctions emporiques à Cumes. On a vu cependant que la situation est identique à Cumes, témoignant d’un phénomène plus général, Nizzo 2007b, p. 37, qui renvoie à Botto 1990, Martelli 1991.
479 Il est peu probable qu’il soit possible ou même vraiment utile, à partir des données archéologiques, de démêler ce problème. Les débats historiographiques à ce sujet, non dénués de préjugés, sont présentés plus haut.
480 Les plats en Red Slip Ware trouvés à Cumes sont plutôt des productions locales, même si cette attribution est à confirmer, car il s’agit de fouilles en cours, D’Acunto 2009.
481 Le bucchero étrusque, ainsi que les productions étrusco-corinthiennes, arrivent surtout en Campanie à la fin du VIIe siècle.
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