Chapitre 3. les échanges dans la micro-région de Pontecagnano
p. 123-206
Texte intégral
1Ce chapitre est consacré à l’étude des objets importés découverts dans les tombes de Pontecagnano, du Pagliarone, de Monte Vetrano et de Casella. Il est organisé en trois sections, suivant un découpage chronologique : premier âge du Fer (900-725), Orientalisant ancien et moyen (725-625), enfin Orientalisant récent (625-575). Cette tripartition recouvre également une grande hétérogénéité dans les données disponibles. Il n’a été possible de réaliser une étude quantifiée et précisément spatialisée que pour les tombes du premier âge du Fer, pour lesquelles des publications conséquentes existent1. Dans chaque section, une première sous-section est consacrée à une présentation des pratiques funéraires : topographie, rituels, mobilier funéraire, signes de distinction identifiables. Une seconde sous-section est ensuite consacrée aux objets importés découverts dans les tombes, en présentant l’éventail des biens concernés à chaque époque, pour ensuite étudier les modalités de leur distribution dans les tombes. Une attention particulière sera portée aux objets allogènes que l’on interprète en lien avec des migrations de personnes plutôt que des échanges de biens, phénomène particulièrement attesté à Pontecagnano.
3.1. Le premier âge du Fer
3.1.1. Les pratiques funéraires à Pontecagnano
3.1.1.1. La périodisation des sites indigènes de Campanie
2On considère généralement que les sites de Pontecagnano et du Pagliarone correspondent à des établissements fondés au début du IXe siècle. Des traces préhistoriques et de l’âge du Bronze ont été trouvées sur ces sites, mais il semble y avoir eu une rupture dans l’occupation entre la fin de l’âge du Bronze et le début de l’âge du Fer2.
3Les chronologies suivies ici sont celles établies dans les publications de tombes du premier âge du Fer de Pontecagnano3. La comparaison de la culture matérielle du site avec celle des autres sites campaniens, mais aussi du Latium et d’Étrurie4 conduit les auteurs à proposer la chronologie suivante :
Tab. 7. Correspondances des périodes de Pontecagnano avec des datations absolues.
Période | Datation absolue av. J.-C. |
IA | 900-850 |
IB | 850-780/770 |
IIA | 780/770-750 |
IIB | 750-730/720 |
4Cette périodisation reprend le découpage initié par H. Müller Karpe5, fondé sur la rupture constituée par l’arrivée des Grecs en Campanie. Le début de la phase II vers 780-775 correspondrait en particulier à l’arrivée de coupes grecques dans le mobilier des tombes6, ce qui serait le signe d’une fréquentation régulière par les Grecs des côtes campaniennes, avant la fondation plus pérenne de Pithécusses puis de Cumes7. L’étude de l’organisation des échanges est ainsi d’emblée structurée par ce choix chronologique, qui conditionne également l’étude des rapports entre Pontecagnano et les Grecs, marchands venus d’Égée puis voisins. Les importations lointaines apparaissent nécessairement dans la phase IB8 et l’arrivée des vases grecs est définie comme « l’évènement le plus significatif9 » de la phase II.
3.1.1.2. Des sites villanoviens
5Les plus anciennes tombes découvertes dans les nécropoles du Pagliarone et de Pontecagnano sont de deux types : des inhumations en fosse, proches de ce que l’on connaît dans d’autres sites campaniens de la Culture de la Tombe à Fosse comme Cumes préhellénique10, mais aussi des tombes à puits dans lesquelles un vase contient les restes d’une incinération. Certaines tombes masculines sont caractérisées par l’usage d’urnes biconiques pour recueillir les cendres du défunt, surmontées d’une forme de casque en céramique. La présence de ce rituel, ainsi que de vases très proches de la culture matérielle de sites dits villanoviens ont conduit les fouilleurs à proposer l’hypothèse d’une installation à Pontecagnano de petits groupes venus d’Étrurie méridionale11. Le même type de procédé aurait eu lieu à Sala Consilina et peut-être à Capoue, avec des groupes provenant d’autres sites villanoviens12. La culture matérielle de Pontecagnano renvoie notamment à celle de Cerveteri ou de Vulci13. Si la question des routes de circulation, maritimes ou terrestres, est encore discutée, l’existence précoce de mobilités individuelles entre Pontecagnano et l’Étrurie méridionale sera à prendre en compte dans l’analyse des objets allogènes villanoviens puis étrusques s’ils proviennent de ces régions.
3.1.1.3. Sexe et genre pendant le premier âge du Fer
6L’attribution du genre dans les tombes de Pontecagnano a été établie à partir de la présence de marqueurs de genre dans le mobilier, en particulier sur les fibules14, en l’absence d’analyses anthropologiques fiables, du fait du mauvais état de conservation des ossements, pour les inhumations, ou de la difficulté d’analyse liée à la crémation15. Le mobilier considéré comme caractéristique des tombes féminines regroupe des objets liés au travail textile : fusaïoles, fuseaux, bobines (fig. 30, ch. 2). Le mobilier lié aux tombes masculines est constitué de rasoirs ou d’armes (fig. 30, ch. 2), avec la présence de couvercles des urnes en forme de casque, ce dernier élément faisant écho aux fonctions « guerrières » valorisées dans les tombes attribuées aux hommes. Certains mobiliers ne contenaient aucun de ces marqueurs de genre. Les analyses anthropologiques effectuées ont montré qu’ils s’agissaient d’adultes, ce qui conduit les auteurs à privilégier une interprétation liée à une position inférieure dans la hiérarchie sociale16. L’absence d’indications sur le sexe des défunts fondée sur des études anthropologiques est une limite importante à l’analyse de la variabilité funéraire et de la distribution des objets allogènes en lien avec le sexe et/ou le genre, bien que certaines études semblent confirmer les attributions fondées sur ce type de mobilier pour cette époque17.
3.1.1.4. Traitement du corps et démographie
7La nécropole du Pagliarone, où les tombes sont toutes datées de la première phase du Fer, se distingue des nécropoles dites « urbaines18 » par un plus grand nombre d’inhumations, en particulier liées aux tombes féminines19. La crémation semble dans un premier temps réservée aux hommes, puis les crémations de femmes augmentent dans la phase IB. On ne trouve pas une telle différence dans le traitement des corps entre homme et femme dans les tombes de Pontecagnano. Le site du Pagliarone, établissement périphérique, a peut-être davantage intégré des groupes indigènes20, en particulier des femmes, qui auraient alors été inhumées selon le rite traditionnel. Dans les phases IA et IB, une tombe masculine à inhumation serait ainsi une « anomalie », au sens statistique, et éventuellement un élément à prendre en compte si l’on y trouve des objets allogènes spécifiques.
8Le droit à une tombe individuelle dans les nécropoles communes semble réservé, dans la première phase de l’âge du Fer, aux adultes. Si les deux genres sont représentés de façon comparable, du moins pour les tombes où une attribution est possible sur la base du mobilier, les enfants sont en effet clairement sous-représentés21.
9Un changement se produit à la fin de la phase IB, et surtout pendant la phase II. On peut citer à cet égard le groupement de tombes infantiles dans le secteur ECI de la nécropole orientale, autour de la tombe prestigieuse d’un enfant, la tombe 3211 (fig. 95). Il s’agit cependant d’un cas exceptionnel, ce qui sera à considérer dans l’analyse du mobilier de cette tombe. La sélectivité funéraire par classes d’âge à l’œuvre dans les nécropoles de l’Agro Picentino trouve des équivalents dans d’autres sites villanoviens en Étrurie méridionale, où les nouveaux-nés sont souvent enterrés à proximité des habitations, mais également dans des sites grecs, comme Athènes à l’époque géométrique22.
10Les rituels funéraires évoluent également dans la phase II avec la diffusion de l’inhumation23. Un nouveau type de rituel apparaît également : les restes de la crémation sont parfois déposés dans le fond d’une fosse ou d’un caisson, avec ou sans urne cinéraire24.
3.1.1.5. La variabilité du mobilier d’accompagnement
11Le mobilier d’accompagnement présente également d’importantes différences dans sa composition selon les tombes et au cours du premier âge du Fer.
12Dans certains cas, la tombe est complètement vide, ce qui fait penser à un cénotaphe25. Il existe également des tombes d’adultes, d’après des analyses anthropologiques, dans lequelles on trouve seulement un ou deux éléments de mobilier, généralement un vase et une fibule, parfois simplement une fibule, liée au vêtement du défunt. Ces tombes sont attribuées à des individus en marge de la société ou de statut inférieur, ou à des jeunes gens qui n’auraient pas atteint un certain âge26. Le simple fait d’être enterré dans la nécropole semble cependant un privilège à cette époque, comme évoqué plus haut, même si les modalités d’exclusion ou d’inclusion restent à définir plus précisément.
13La fin de la phase II de l’âge du Fer (750-730) a récemment fait l’objet de plusieurs études de B. D’Agostino et P. Gastaldi. Ils ont montré l’importance de ces décennies qui précèdent l’époque orientalisante, avec l’apparition de plusieurs comportements funéraires qui se poursuivent par la suite. L’existence d’une différenciation funéraire marquée, avec certaines tombes éminentes qui structurent l’espace funéraire, n’est pas une nouveauté de la phase IIB. On observe cependant l’apparition de nouveaux objets dans ces tombes, qui montrent peut-être une évolution dans l’idéologie funéraire des groupes dominants27. Des instruments en fer liés au travail manuel sont ainsi présents à côté des armes dans certaines tombes masculines28 (fig. 30, ch. 2).
14Les armes deviennent plus communes dans les tombes masculines de la fin de la phase II, notamment des pointes de lance ou de javelot. L’épée semble devenir alors l’arme privilégiée des tombes masculines les plus éminentes29, désormais des tombes à fosse à inhumation dans plusieurs cas. Le couteau, symbole économique et religieux, se rencontre plus fréquemment dans les mobiliers ostentatoires des deux sexes, ainsi que, plus rarement, des broches et des chenets30. La présence de vases en bronze allogènes se diffuse également31.
3.1.1.6. Aménagements et topographie au cours du premier âge du Fer
15Les noyaux de l’âge du Fer se répartissent en deux grandes zones principales, la nécropole occidentale du Picentino, et la nécropole orientale de S. Antonio (fig. 17, ch. 2). Ces deux zones sont situées à environ 500-600 m de la future zone d’habitat, et sont délimitées par la présence de cours d’eau32 (fig. 91). La nécropole du Picentino semble suivre un développement en « tâche d’huile », à partir de quelques noyaux plus anciens.
16Pendant la phase IA, les tombes ne présentent pas de différences marquées33. La phase IB marque des changements à plusieurs niveaux. On observe des différenciations plus marquées dans la composition du mobilier, et surtout l’apparition de structures monumentales pour signaler certaines tombes dans le paysage de la nécropole34. Ces structures peuvent consister en une couverture imposante, un système de clôture avec des plaques de traversin, voire la mise en place d’une cabane au-dessus de la tombe, avec une sorte de plateforme35. Des regroupements des tombes sont identifiables36, avec la présence au centre des groupes d’un couple de tombes aménagées de façon distinctive37.
17De tels regroupements sont lisibles dans les zones Bisogno (fig. 92), Bovi (fig. 93) et dans le secteur Aiutolo du Pagliarone (fig. 96)38, mais sont moins visibles pour la zone Stanzione, à l’exception de quelques tombes à crémation avec caisson de travertin39 (fig. 92).
18La phase II de Pontecagnano permet de comparer les deux zones de nécropole, puisqu’elle est particulièrement bien représentée dans le secteur ECI40. L’organisation du secteur ECI est différente de celle observée jusque-là dans les secteurs de la nécropole occidentale. On ne distingue plus de regroupements de plusieurs dizaines de tombes. Les tombes sont alignées de façon dense, avec une orientation similaire. On observe également des regroupements de quelques tombes, parfois deux seulement, souvent entourées d’une enceinte spécifique41 (fig. 95). L. Cerchiai analyse la configuration de ce secteur comme la marque d’une organisation qui devient plus systématique42 et évoque « un noyau [de sépultures] qui se développe à partir d’un groupe de tombes ‟à réceptacle“, et révèle avec la phase II une planification précise de la zone funéraire organisée selon des files parallèles disposées selon des orientations perpendiculaires43 ». Il s’agit cependant d’un espace marginal dans la nécropole orientale : il faudrait connaître l’aspect des autres secteurs pour voir si la différence d’organisation entre les deux nécropoles se confirme. La monumentalisation des sépultures se développe de façon générale, et le mobilier des tombes devient plus important, en quantité comme en qualité44.
19Cette évolution de l’organisation des nécropoles est fondamentale pour notre étude, car elle rappelle que chaque tombe devra être réinsérée dans un contexte précis : une tombe contenant peu de mobilier n’aura pas la même place selon qu’elle date de la phase IA, où c’est un cas fréquent, ou de la phase II, où cela tend à devenir rare. L’identification de regroupements volontaires de tombe est également un phénomène fondamental pour notre analyse. Le raisonnement devra ainsi porter sur la présence d’objets importés à deux échelles : celle de la tombe et celle du groupe de tombes. L’exemple de la zone ECI montre également l’importance de situer les secteurs de nécropole les uns par rapport aux autres, afin de localiser d’éventuels secteurs marginaux, ce qui peut avoir une signification pour les tombes concernées.
3.1.1.7. La culture matérielle
20Il est certain qu’existaient à Pontecagnano, très tôt, une production céramique, à usage local principalement, et une production métallurgique de qualité, en particulier d’épées. La phase II de l’âge du Fer, qui débute dans le premier quart du VIIIe siècle, est marquée par des transformations importantes dans la culture matérielle, avec une évolution technologique dans la fabrication des vases locaux d’impasto45, mais également l’introduction de nouvelles formes et de nouveaux motifs décoratifs inspirés des productions grecques. Quelques vases de Grèce arrivent en effet dans les mobiliers de Pontecagnano, à côté d’un grand nombre d’imitations locales plus ou moins proches des schémas décoratifs grecs, en lien probablement avec l’installation d’artisans eubéens dans le site46.
3.1.2. Les échanges : chronologie et organisation
3.1.2.1. Caractéristiques générales
21 Il faut avant tout préciser les termes géographiques employés ici. On avait défini de façon générale les objets allogènes ou importés comme des objets produits en dehors du site considéré. L’étude de ces objets à Pontecagnano pendant le premier âge du Fer permet de délimiter deux groupes. Le premier groupe comprend les objets provenant de la région campanienne, c’est-à-dire de la vallée du Sarno, de Cumes, de Capoue, de Pithécusses. Ils ont circulé sur une distance relativement faible47.
22Les productions du type a tenda, dont l’origine est incertaine48, présentent une distribution difficile à interpréter, et sont donc considérées à part, pour des raisons sur lesquelles on reviendra.
23Un second groupe d’objets a au contraire circulé sur une distance très étendue : il s’agit des objets produits en Méditerranée orientale (Grèce égéenne, Eubée, Cyclades, Rhodes, Syrie du Nord, Chypre, Égypte), qui sont souvent des objets en bronze ou des ornements. On a classé dans ce groupe les objets provenant de zones éloignées, mais qui appartiennent à l’espace tyrrhénien : Étrurie, Sardaigne et Sicile.
24La présentation des objets allogènes est découpée en deux parties, qui suivent les deux phases du premier âge du Fer de Pontecagnano définies plus haut. Dans chaque section, on commence par présenter les productions régionales, avant d’étudier les productions lointaines. La question des circulations d’objets liées à des mobilités individuelles est systématiquement envisagée.
3.1.2.2. Phase I : mobilités régionales et présence rare d’objets allogènes lointains
25Un premier fait fondamental des échanges pendant la première phase du Fer à Pontecagnano et dans le Pagliarone est leur faible importance quantitative49. Presque inexistants dans la phase IA, les objets importés deviennent cependant de plus en plus nombreux vers la fin de la phase IB. Les productions lointaines dans la phase IA consistent en des perles de pâte vitrée50 de probable provenance orientale : on en trouve dans deux tombes féminines du Pagliarone au mobilier plus diversifié et nombreux que la moyenne51.
26Dans la phase IB52, les objets allogènes sont plus nombreux et proviennent d’espaces plus distants géographiquement. Plusieurs groupes se distinguent : des vases a tenda dans plusieurs tombes, des objets de la région de Torre Galli et quelques biens rares de Sardaigne et de Chypre accompagnent l’augmentation du nombre d’orientalia.
27Dans les nécropoles de Pontecagnano, on peut ainsi évoquer le cas d’une amphore qui provient peut-être de Cumes53. Le mobilier ne contient qu’un seul autre vase, une tasse en impasto local. Il s’agit du seul vase produit dans la région et daté de la première phase dans les nécropoles urbaines. Trois vases a tenda54 faisaient de même partie du mobilier de sépultures de femmes, dont l’une dans un secteur de Pontecagnano. Les deux sépultures contenaient des indicateurs de statut ou de fonction assez forts55. Ces deux tombes se distinguent l’une par l’emplacement et la diversité relative du mobilier, l’autre par la présence d’un couteau. La présence de deux vases dans la tombe 679 pourrait être liée à leur fonction de bien de prestige exotique, pour la tombe d’une femme dont la fonction sociale ou domestique est soulignée et rare. La tombe 223 ne possède pas de caractéristiques particulières, si ce n’est une relative marginalité topographique. Elle ne présente en effet pas vraiment de signe distinctif, de genre ou de position. Elle semble associée, topographiquement, à l’inhumation d’une femme (t. 220), qui elle non plus ne présente pas de caractère distinctif marquant56.
28Une autre forme de mobilité pourrait avoir été celle d’hommes adultes, parfois qualifiés de « guerriers » du fait de la présence d’armes rares et très décorées dans leurs tombes. La présence d’objets d’une zone de l’actuelle Calabre correspondant au Bruttium antique (un pot57 et deux épées) est ainsi interprétée par P. Gastaldi en lien avec la mobilité d’individus58, en particulier de « mercenaires » venus de zones situées dans l’actuelle Calabre méridionale59.
29Ces guerriers ont peut-être circulé avec une femme, au moins. C’est en tout cas ainsi que l’on peut interpréter le contexte de la tombe 174 du secteur Stanzione. L’utilisation de l’olla piumata comme urne cinéraire dans une tombe féminine invite à penser qu’il s’agit là d’une femme originaire de la région de production de l’objet60. La proximité de la tombe 180 indique peut-être un lien entre les deux individus61. La tombe 174 contenait des perles orientales, tout comme une autre tombe féminine très proche de la tombe à épée du Pagliarone, la tombe 2066. Lors de la phase IB ce sont d’ailleurs les seules tombes féminines à contenir des perles orientales, qui sont par ailleurs bien représentées à Torre Galli ou dans la zone oenôtre, par exemple à Francavilla Maritimma. La tombe 166 qui appartient au même groupe que les tombes 174 et 180 contenait une cruche de Sala Consilina62. Les liens de ce site avec Pontecagnano sont bien connus, et cela évoque ici le parcours qui relie la Sybaritide à Pontecagnano via le Vallo di Diano.
30La qualité d’exécution de décors sur les armements, la présence d’ornements en nombre et en diversité supérieurs à la moyenne dans la tombe féminine, la présence de perles orientales, donnent l’impression d’individus capables de déployer des signes de distinction au sein de la nécropole. L. Cerchiai a rappelé cependant la localisation marginale du groupe dans le secteur Stanzione. Deux tombes féminines à crémation, caractérisées par l’utilisation d’un vase allogène63 comme urne cinéraire, sont ainsi situées à côté de la tombe du « guerrier » oenôtre. Il y aurait là la présence d’un « secteur de la nécropole ouvert de façon stable à l’accueil d’allogènes des deux sexes [...] selon un rapport d’hospitalité dont il est difficile de préciser la nature et les implications64 ».
31Deux vases a tenda ont par ailleurs été trouvés dans des tombes de « guerriers65 », insérées dans des groupes de tombes éminentes. L’une d’elle est une tombe à inhumation en fosse, rituel rare pour les tombes de « guerriers66 » pendant la phase IB. La présence d’une épée d’origine étrusque67 et de ce vase a tenda renforce l’idée d’un individu lié à des régions extérieures, même si sa provenance géographique est ambigüe. Il s’agit peut-être simplement de l’affirmation d’une ouverture vers les zones extérieures, liée ou non à l’implication du défunt dans des activités lointaines. Une tombe au mobilier également complexe est la tombe 879 du Pagliarone68. Une amphore de type RNL, de Campanie du nord ou du Latium, est associée à un vase à deux cols exemplaire unique jusqu’à présent à Pontecagnano69.
32Un autre groupe d’objets renvoie à des trajets maritimes plus lointains : une pyxide en argile de Sicile, un vase métallique de Sardaigne et un chaudron de Chypre. Ces trois objets exceptionnels proviennent du secteur du Pagliarone. La pyxide provient d’une tombe masculine avec un couvercle d’urne en forme de casque de la fin de la phase IB70. La tombe immédiatement adjacente, une tombe féminine à crémation à réceptacle71 contient une attache de chaudron chypriote72. Elle se distingue d’ailleurs par ses ornements, nombreux et divers.
33Le vase miniature en bronze sarde se trouve dans une tombe située dans l’autre noyau de sépultures du Pagliarone, au nord de la voie ferroviaire73. Cette tombe contient des armes remarquables74, mais ce secteur reste difficile à interpréter du fait du peu de tombes fouillées et de son isolement géographique. Plusieurs ornements ainsi que ce vase ont récemment été interprétés en lien avec une activité de tissage, ce qui compliquerait la détermination du genre du défunt. Ce type de vase miniature sarde est par ailleurs attesté dans des tombes étrusques, toutes féminines, et interprété dans un cas comme un éventuel conteneur à substances parfumées, en lien avec un rôle rituel de la défunte75. Ces objets sardes, par ailleurs présents dans un secteur inédit de la nécropole orientale, le secteur Landolfi (boutons figurés)76, ont souvent été interprétés en lien avec la présence de femmes sardes dans le monde étrusque77, selon un modèle déjà évoqué pour les circulations d’objets régionaux. Le cas de cette tombe du Pagliarone, avec des armes, rend difficile cette interprétation, si l’on tient compte des marqueurs habituels du genre adoptés pour l’étude des nécropoles étrusques.
3.1.2.3. Phase II : l’apparition de circuits d’échanges de biens à l’échelle régionale et méditerranéenne
34Le nombre d’objets allogènes augmente de façon très importante dans la phase II, avec là encore un effet de structure chronologique78. Les circuits d’échanges semblent évoluer, y compris à l’échelle régionale.
35 Une nouvelle catégorie d’objets importés apparaît dans quelques tombes pendant la phase II : des productions de Capoue (fig. 73 en annexe)79. Leur distribution est difficile à interpréter80, mais leur proximité au sein de la nécropole est notable dans deux cas81. L’association, dans la tombe 211, d’un objet de Capoue avec des objets lointains distingue celle-ci de la plupart des tombes féminines avec des vases campaniens, que l’on a interprétées dans les paragraphes précédents comme d’éventuelles mobilités féminines. Il est également possible qu’il ne s’agisse pas de mobilités individuelles, mais de la circulation d’objets, dans le cadre d’échanges entre les deux sites villanoviens82.
36Un dernier vase, un pot, n’est pas attribué avec certitude à une production de Capoue83. La tombe 3231 qui la possède ne présente pas de caractéristiques de genre84 et est située sur le côté d’un groupe de tombes éminentes, sur lequel on reviendra. Elle avait cependant une structure monumentale, avec une fosse très longue et une sorte d’enceinte en plaques de tuf85. L’interprétation de ce contexte est donc délicate, même s’il tend à corroborer l’idée d’une distribution particulière des productions capouanes par rapport au schéma habituellement rencontré pour les objets régionaux.
37Il faut signaler la présence à Monte Vetrano pendant la phase IIB de plusieurs vases provenant de Capoue ou imitant ces productions, dont certains typiques des mobiliers distingués, des écuelles avec anses en forme de cheval, ainsi que la présence d’une tasse de Capoue dans une tombe du secteur Fontanelle86 .
38 Un groupe d’amphores importées de la vallée du Sarno87 a également été trouvé dans plusieurs tombes de la phase II. La majorité des tombes concernées possède par ailleurs des objets allogènes lointains88 ou des indices de statut89, éléments souvent renforcés par leur localisation au centre des groupes de tombes90 qui apparaissent plus nettement pendant cette seconde phase de l’âge du Fer. Trois tombes contenant une amphore de la vallée du Sarno ne présentent pas ces mêmes caractères distinctifs91. Elles sont cependant situées à proximité de groupes de tombes éminentes. Il faut souligner également que l’une des amphores a probablement été utilisée au cours des rituels funéraires qui précèdent la fermeture de la tombe92. L’association de ces amphores avec des vases à boire, parfois des coupes grecques, est presque systématique93. Ces éléments invitent à s’interroger sur la fonction de ces amphores, et sur les motifs de leur circulation.
39Il semble possible que la présence de ces amphores dans les nécropoles soit la trace du commerce d’un produit contenu dans ces amphores, peut-être un liquide. Leur présence dans des tombes majoritairement éminentes laisse penser qu’il s’agissait peut-être d’un bien de prestige. La proximité géographique de la vallée du Sarno ainsi que la technique très habituelle du vase, en impasto, contredisent cependant cette idée à première vue, mais dans une analyse peut-être trop limitée des objets échangés pour eux-mêmes.
3.1.2.4. Distribution des objets allogènes dans les secteurs de Pontecagnano et du Pagliarone
40Nous allons maintenant passer en revue la distribution des objets importés dans les différents secteurs de nécropole connus, en commençant par le secteur Aiutolo de la nécropole du Pagliarone.
41On l’a évoqué, ce secteur est composé de tombes datées de la phase I, avant, donc, l’arrivée plus importantes d’importations lointaines, notamment des coupes grecques. Un défunt a été interprété comme un homme émigré depuis l’aire oenôtre de la Sybaritide ou de la zone de Torre Galli94. Quelques perles de pâte vitrée sont attestées, ainsi qu’un vase de Cumes ou du Latium (t. 879) et un vase a tenda. La grande majorité des tombes ne contient aucun objet importé, mais il faut signaler les deux tombes 683 et 684, qui contenaient un exceptionnel chaudron chypriote et un vase sicilien de céramique piumata. La présence d’un vase miniature sarde dans un secteur au nord indique que le site du Pagliarone est particulièrement bien inséré dans ces premiers échanges maritimes.
42Dans la nécropole occidentale, la situation est assez contrastée selon les secteurs, avec une concentration notable d’importations lointaines et prestigieuses dans le secteur Aedilia dans des contextes de la fin de la phase II.
43Dans le secteur Stanzione, un groupe se démarque par la concentration de coupes grecques et de vases régionaux de Capoue95 (fig. 92). On y trouve six tombes contenant des coupes grecques96, mais également deux tombes d’enfants contenant un grand nombre d’ornements, l’une un scarabée97. Des indicateurs de fonction sont également présents : un couteau et des chenets98. Les tombes ne sont pas particulièrement monumentales, contrairement à ce que l’on observe dans le secteur adjacent Bisogno, dans la même phase (fig. 92). Elles sont rapprochées, mais sans former un véritable regroupement comme on l’observe dans d’autres secteurs. Il est également probable que ces tombes soient situées dans un espace marginal de la nécropole, qui marque la limite septentrionale de la nécropole du Picentino99.
44Il faut également rappeler la présence dans l’angle ouest du secteur du petit groupe de tombes attribuées à des individus immigrés d’une région proche de Torre Galli en Calabre actuelle100.
45Dans le secteur Bisogno adjacent (fig. 92), la situation est très différente. On y trouve des tombes très éminentes, comme la tombe 2145, mais aucune importation lointaine. Une amphore de Cumes est attestée dans une tombe de la phase IA et deux vases a tenda dans des tombes de la phase II101. On voit ici qu’il n’y a pas d’association systématique entre tombe très éminente et vase grec.
46Dans le secteur Colucci (fig. 94), on trouve quatre tombes avec des vases grecs. Trois de ces tombes (t. 6504, t. 6500 et t. 6528/9) sont situées dans un même ensemble de tombes, qui contient également quelques perles de pâte vitrée et plusieurs tombes très éminentes (t. 6504, t. 6523, t. 6499, t. 6544). Ces tombes sont organisées différemment du reste du secteur, autour de plusieurs tombes à caisson placées le long d’un axe, hélas très abîmées par la construction d’un aqueduc sur ce tracé au XIXe siècle102. Cette organisation évoque celle du secteur ECI.
47Les deux autres groupes de tombes du secteur Colucci sont organisées autour de couples de tombes, peut-être de petits groupes familiaux regroupés en un plus vaste ensemble103. Un vase grec se trouve également dans la tombe 6547 située dans un autre groupe de tombes au sud-est du secteur. Le groupe de tombes situé au nord-est du secteur est marqué par la présence de structures monumentales qui signalent des tombes éminentes, très souvent du type à réceptacle. Cet ensemble se démarque des autres par une forme de conservatisme dans le rituel, avec la présence importante de crémations en puits ou en réceptacle encore dans la phase II, alors que ce type de tombes disparaît au même moment des autres secteurs104. Comme le notent B. D’Agostino et P. Gastaldi en introduction de la publication, dans ce secteur, le caractère éminent des tombes est marqué avant tout par leur monumentalisation, avec d’importantes couvertures de pierre, plutôt que par le mobilier105. On ne trouve aucun vase grec dans ces tombes, l’unique vase allogène est une olla a tenda106, mais plusieurs tombes contenaient des perles de pâte vitrée107.
48Dans le secteur Bovi, deux groupes de tombes au nord du secteur ne contenaient aucune importation lointaine108. Autour des tombes très éminentes 4851 et 4852, on trouve seulement un vase a tenda, dans la tombe 4851 d’un homme avec armes. En revanche, dans le groupe situé au sud du secteur, un petit groupe de tombes se démarque par l’adoption de rituels nouveaux et par la présence d’importations grecques. Les tombes 4866 et 4871 sont des crémations avec dépôt des restes du bûcher au fond d’une fosse (t. 4871) ou d’un caisson (t. 4866)109 (fig. 93). Ces deux tombes contenaient un vase grec. La tombe 4870 contient un bassin en bronze, identique à des exemplaires eubéens trouvés à Lefkandi110. Il s’agit d’un objet unique à Pontecagnano, associé dans cette tombe à des scarabées : il s’agit par ailleurs probablement de la tombe d’un nouveau-né111. L’inhumation d’un nourrisson est très rare dans cette phase, même si la présence d’enfants commence à apparaître. Cette tombe d’enfant est peut-être liée à la tombe féminine adjacente. B. D’Agostino a interprété ce type de tombes comme le signe de l’adoption par certains groupes de Pontecagnano de marqueurs liés au monde grec, en lien avec des stratégies identitaires funéraires spécifiques, qui les différencient d’autres groupes aux rituels plus conservateurs112, par exemple dans les secteurs Colucci, Bisogno ou Bovi.
49Le secteur Aedilia a récemment été évoqué par B. D’Agostino et P. Gastaldi, avec des informations sur la présence d’objets importés dans plusieurs tombes du secteur113. Un petit groupe de tombes situé au sud du secteur présentait une concentration exceptionnelle d’importations lointaines, associées à des signes de distinction notables. Ces tombes sont datées de la fin de la phase II. Les deux tombes jumelles 3090 et 3090bis contenaient ainsi des armes associées à des signes de fonction qui se diffusent pendant l’époque suivante : chenets, broches, bassins en bronze, instruments de travail (hache, poinçon)114. La tombe 3088 toute proche contenait également des outils et une épée, arme rare en cette fin de phase II115. La tombe féminine 3091 contenait trois vases de type grec, un couteau, des broches et un exceptionnel vase de faïence phénicien116. Plusieurs vases grecs ou de type grec sont également attestés au nord du secteur (fig. 97). Ce petit groupe de tombes était probablement situé en marge de la nécropole du premier âge du Fer, car délimité au sud par un chemin qui passait juste à côté des tombes 3090 et 3090bis. Le reste du secteur est par ailleurs occupé par des tombes orientalisantes.
50En ce qui concerne la nécropole orientale, on ne connaît de façon détaillée que le secteur ECI, avec quelques indications sur les tombes du secteur Barbarito-Santoro117. Plusieurs contextes exceptionnels ont été récemment publiés118 (fig. 17).
51 L’isolement du noyau de sépultures du secteur ECI (fig. 95) par rapport à la nécropole orientale de Pontecagnano et sa destruction partielle suite à la transformation de ce secteur en zone artisanale pendant la période orientalisante donnent l’impression d’une zone marginale. Serenella De Natale fait l’hypothèse d’un groupe chargé de fonctions particulières dans la communauté, peut-être liées aux échanges119. La représentativité de ce secteur en ce qui concerne la distribution des objets allogènes pendant la phase II doit donc être envisagée avec prudence, en l’attente de nouvelles publications120.
52Deux ensembles principaux sont identifiables, structurés autour d’un ou deux couples de tombes qui cumulent les signes de distinction, les objets symboles de fonction et les objets allogènes lointains de différentes origines. Un premier groupe est identifiable au nord du secteur, autour de deux associations : un couple éminent avec une tombe guerrière masculine et un ensemble de tombes d’enfants surmonté d’une cabane monumentale. Le couple central est composé d’une tombe féminine, la tombe 3214, qui possède un mobilier particulièrement distingué, et d’une tombe masculine, la tombe 3241, qui est l’une des rares tombes de la phase II à posséder un casque en céramique comme couvercle de l’urne et des armes. Ces deux tombes sont des crémations en caisson, entourées d’enceintes qui délimitaient une plateforme, « structure monumentale [qui] émergeait notablement du niveau du sol antique et se superposait aux deux tombes121 ».
53Un second groupe se trouve au sud du secteur. Il semble s’organiser autour de deux couples de tombes, et présente également une concentration de coupes grecques, d’orientalia, d’imitations et d’objets étrusques122.
54Les tombes proches contiennent également des coupes grecques, des orientalia ou des symboles de fonction : il semble même que ces éléments soient particulièrement concentrés dans des tombes féminines123. On peut notamment relever la présence d’une sorte de service à vin provenant d’Étrurie méridionale interne dans la tombe féminine 3280124.
55Quelques tombes légèrement isolées de ces deux ensembles présentent des caractéristiques proches125. Il faut également rappeler le mobilier exceptionnel de la tombe 3184126, composé d’armes127, de vases, dont deux amphores de la vallée du Sarno, et de deux objets rares : une broche en fer et un bassin en plomb128. Ce contexte est cependant difficile à interpréter, de par son isolement forcé lié aux conditions de fouille.
56Bien que les informations soient très parcellaires, le secteur Barbarito-Santoro semble également concentrer des importations lointaines, avec des vases étrusques en bronze et de la céramique grecque129. Le secteur Landolfi, situé tout à l’est de la nécropole, était surtout constitué de tombes de la phase I, mais plusieurs tombes de la phase II contenaient des vases grecs130. Il faut enfin signaler deux contextes exceptionnels datés de la fin de la phase II. La tombe 7178 (fig. 17) dans le secteur Citro par ailleurs inédit contenait plusieurs vases en bronze importés ainsi que des objets marqueurs de statut comme des broches et un couteau. L’ensemble de vases évoque celui de la tombe 4461, plus tardive, dans la nécropole occidentale131. La tombe 7765 contenait un vase étrusque rare en bronze, probablement lié au parfum, une tasse de Capoue, ainsi qu’une riche parure ornementale avec des importations orientales, des broches et des chenets132.
3.1.2.5. Monte Vetrano et Casella : les objets allogènes
57À Monte Vetrano, plusieurs tombes datées du troisième quart du VIIIe siècle contenaient des objets allogènes rares et nombreux, ce qui a souvent été interprété en lien avec le rôle de l’établissement dans les échanges de la micro-région133. La tombe 74 féminine, située dans le secteur Boscariello-Metanodotto134, exhibe des signes de distinction équivalents voire supérieurs aux tombes contemporaines de la phase IIB de Pontecagnano, par exemple la tombe 7178 dont le service de vases en métal est très proche135. On y trouve des ornements nombreux et diversifiés, dont un scarabée sur pendentif d’argent, et surtout plusieurs vases en bronze rares qui proviennent de toute la Méditerranée : une coupe assyrienne décorée de taureaux, un vase biconique étrusque, une ciste adriatique, une situle de type Kurd, un encensoir étrusque, un bassin de bronze de type eubéen, une navicelle sarde de l’âge du Bronze136. Le vase sarde évoque les importations de la phase précédente, au Pagliarone notamment, et l’ancienneté du vase est tout à fait notable137. Les vases en bronze sont d’ailleurs présents dans plusieurs contextes de cette nécropole, ce qui indique le haut niveau des groupes de Monte Vetrano138.
58Deux tombes ont été interprétées par L. Cerchiai comme celles de guerriers originaires de Sybaritide selon un axe de mobilité déjà rencontré dans la phase précédente139. On trouve des vases a tenda dans d’autres tombes du secteur140, ce qui témoigne de l’importance de Monte Vetrano comme point d’arrivée des circulations d’hommes et d’objets en provenance de la région oenôtre, à travers le Vallo di Diano.
59Les productions grecques et orientales sont également représentées, même s’il est difficile de savoir si les contextes datent de la phase IIB ou de l’Orientalisant ancien. On trouve ainsi dans le secteur Boscariello-Cioffi plusieurs pendentifs en argent avec scarabées141. Un scarabée de grande qualité, du groupe du Joueur de Lyre, a été trouvé hors contexte dans le secteur Boscariello-Viabilità142. La tombe 111, située dans le secteur Boscariello-Viabilità, contenait un skyphos grec à chevrons ; il s’agit de la tombe d’une femme, avec un rituel rare à cette époque, une crémation en lébès de bronze importé de type eubéen143. On retrouve comme dans le cas de la tombe 4870 le lien entre présence de biens importés et adoption d’éléments allogènes, grecs ici, dans le rituel.
60Seule une petite partie de la nécropole de Casella a été fouillée, révélant la présence de tombes éminentes144, avec une tombe en particulier, la 4900 qui possédait un mobilier tout à fait remarquable145. On y trouve en effet cinq vases grecs, dont quatre importés de Pithécusses et un de Corinthe, qui composent le mobilier type des tombes pithécusaines contemporaines : oenochoé, coupe à boire, lékanè. Inhumation en fosse d’un enfant, cette tombe contenait également un scarabée et serait selon L. Cerchiai à dater du troisième quart du VIIIe siècle. Elle précède donc la plupart des attestations de céramique pithécusaine à Pontecagnano, et semble déjà présenter les éléments du « corredo base » orientalisant146. Il est cependant difficile d’interpréter ce contexte isolé : si cette association est rare, la présence de biens allogènes n’est pas particulièrement plus importante à Casella, bien que ce site soit souvent interprété comme l’avant-poste de Pontecagnano près du littoral.
3.1.2.6. Synthèse sur les objets allogènes à Pontecagnano pendant le premier âge du Fer
61Cette analyse détaillée des objets importés dans les nécropoles de Pontecagnano et du Pagliarone permet ainsi de mettre en évidence l’évolution des flux d’individus ou de biens concernés par les échanges. Dans la phase I, on peut signaler les circulations liées au monde oenôtre, qu’il s’agisse d’individus immigrés en Campanie ou de vases a tenda, dont la zone de production était plus vaste, mais qui proviennent très probablement des espaces oenôtres dans le cas des exemplaires de Pontecagnano, à l’exception de l’askos de la tombe 494. Leur présence à Pontecagnano et dans le site du Pagliarone est analysée par P. Gastaldi comme une preuve de l’intérêt des communautés villanoviennes « à intégrer dans la communauté l’une des composantes majoritairement impliquées dans la diffusion des objets en fer, en particulier des épées, vers les centres septentrionaux147 ». On retrouve ici l’importance des métaux dans les échanges qui se développent en Méditerranée. Ceux-ci sont en effet avant tout liés à l’approvisionnement en minerai de fer étrusque et on sait également le rôle des sites oenôtres dans la diffusion de la technologie du fer, utilisé en particulier pour les armes. La situation de Torre Galli, sur une sorte de proéminence au milieu du littoral de l’actuelle Calabre, en fait un point de cabotage idéal, et probablement utilisé par les navires grecs et phéniciens qui arrivent d’Orient, comme l’atteste la présence d’un scarabée et d’objets chypriotes148. Des liens étroits semblent avoir existé entre Pontecagnano et la Sybaritide, des espaces situés sur de mêmes routes parcourues notamment par les Eubéens149.
62Quelques objets orientaux rares, comme une anse de chaudron de Chypre, signalent l’insertion précoce de Pontecagnano dans les routes fréquentées par les navires qui dès le IXe siècle ou le tout début du VIIIe siècle cabotent le long des rivages italiens. La présence de quelques objets sardes peut s’intégrer dans ces échanges tyrrhéniens précoces avec des navires venus d’Orient dans la seconde moitié du IXe siècle. Situles et boutons sardes appartiennent en effet à une classe d’objets sardes bien documentés sur le littoral étrusque150.
63Dans les phases I et II, quelques vases d’impasto de Cumes ou de Capoue ou encore des productions a tenda ont été interprétés comme les indices de mobilités féminines, dans le cadre de rapports entre communautés151. On peut considérer que ces mobilités individuelles, féminines en particulier, dessinent la carte de l’espace régional de l’Agro Picentino, c’est-à-dire des communautés suffisamment proches géographiquement pour que se mettent en place des rapports réguliers et des échanges de femmes152. Cette sphère d’échanges, à l’échelle régionale et impliquant des mobilités individuelles, ne rencontre d’ailleurs que très peu la sphère des échanges lointains, en tout cas tel que les tombes permettent de l’étudier. Les tombes qui contiennent des importations régionales ne présentent que rarement des indicateurs de distinction forts, et sont situées un peu en marge des groupes les plus éminents153.
64Dans la phase II, les productions régionales sont moins explicables comme des mobilités féminines, semblant plutôt se référer à des biens consommés dont restent les amphores (Sarno) ou des vases plutôt connotés comme des marqueurs de statut (Capoue). On trouve des vases en bronze et en argile étrusques, concentrés dans des secteurs orientaux de la nécropole, tandis que c’est à Monte Vetrano que l’on retrouve des traces des circulations sardes et oenôtres étudiées déjà pour la première phase.
65Les objets allogènes les plus nombreux sont désormais les coupes grecques, accompagnées de presque autant d’imitations locales de type grec sur des formes cependant différentes. Diffusées dans plusieurs dizaines de tombes, elles sont cependant concentrées particulièrement dans certains groupes, parfois avec d’autres signes liés au monde extérieur, et grec en particulier, comme l’adoption de rituels funéraires de type grec avec lébès de bronze ou crémation en caisson. Il faut en effet souligner que, si tous les groupes qui bénéficient des trafics tyrrhéniens montrent des indices forts de distinction, l’inverse n’est pas vrai. Certains groupes, parfois autour de tombes parmi les plus prestigieuses de la nécropole, ne comportent pas d’importations lointaines. C’est notamment le cas du secteur Bisogno (fig. 92), qui comporte pourtant la monumentale tombe 2145. On y trouve des éléments allogènes, mais il s’agit d’importations régionales, à l’exception d’une épée peut-être importée d’Étrurie. Les deux groupes au nord du secteur Bovi (fig. 93), avec des armes et des structures monumentales, ne contiennent pas non plus d’importations lointaines.
66 Deux remarques sur ces aspects doivent être faites. D’une part, il ne s’agit pas d’un rapport individuel à ces phénomènes d’échange, mais bien d’un phénomène qui concerne l’ensemble du groupe de tombes, peut-être lié à des liens de parentèle.
67Se pose également la question d’un lien entre emplacement en marge de la nécropole et exhibition de signes allogènes, dans le cas du secteur ECI notamment : S. de Natale suggère d’ailleurs que cet emplacement appuie l’idée d’un groupe aux fonctions spécifiques dans la communauté, peut-être liées aux échanges154. Cet aspect pose la question de la place de ces groupes dans la communauté : la marginalité de leurs tombes s’accompagne d’un haut niveau de distinction de celles-ci. Il faut également toujours rappeler que très peu de tombes fouillées dans les secteurs orientaux sont publiées, ce qui limite l’analyse de la spécificité de ce secteur.
68Le rôle des trois sites de dimensions plus réduites et de durée brève, le Pagliarone, Casella et Monte Vetrano, n’apparaît pas clairement après l’étude des biens allogènes. Ils présentent en fait une distribution proche de ce que l’on observe à Pontecagnano, en particulier si l’on tient compte des indications concernant des secteurs encore inédits. Le petit vase miniature de la phase IB du Pagliarone, ou le vase sarde en bronze en forme de bateau liée à la tombe IIB de Monte Vetrano sont exceptionnels, même si une tombe de la nécropole orientale a restitué quelques boutons sardes. Replacés dans l’ensemble des attestations, ils montrent un même schéma de distribution des objets allogènes lointains qu’à Pontecagnano : une concentration dans une partie seulement des tombes les plus ostentatoires, quelle que soit l’origine de ces biens (étrusque, orientale, grecque).
69Si les vases en bronze étrusques ou orientaux semblent liés aux tombes les plus distinguées, ce n’est pas toujours le cas des coupes grecques, qui sont de plus fréquemment associées à des imitations locales. Leur distribution semble plutôt se rapprocher de celle des perles orientales, comme des biens plutôt liés aux groupes distingués, mais pas exclusivement. Il est également difficile de restreindre leur consommation funéraire aux seuls groupes montrant des signes d’ouverture vers l’extérieur. Certes, le secteur Bisogno n’en a pas restitué, mais le secteur Colucci, caractérisé par le conservatisme des rituels, contient plusieurs tombes avec coupe grecque et perles orientales.
70Les objets étrusques restent en effet rares et circonscrits à des zones précises de la nécropole (le secteur ECI notamment), tandis que les coupes grecques dans la phase II sont plus nombreuses et plus diffusées : 106 vases répartis dans 58 tombes. Il faut remarquer ici que notre connaissance sur les coupes grecques ou de type grec est bien plus étendue du fait de la publication d’une étude dédiée à ces vases155. Du fait des nombreuses mentions relatives aux vases étrusques dans différents articles, on peut cependant penser que l’essentiel des attestations est connu, en particulier pour les vases en bronze.
71Ces vases grecs sont principalement des skyphoi, de plusieurs types : vernis entièrement en noir, à demi-cercles pendants, à chevrons, à méandre, à oiseau. On compte également une oenochoé et deux écuelles156. La présence quasi immédiate d’imitations locales, dont certaines sont attribuées à des peintres eubéens installés à Pontecagnano, est un phénomène remarquable. Il faut rappeler ici la découverte d’un grand pot avec un décor géométrique figuré dans le style dit du peintre de Cesnola, utilisé dans le cadre d’un rituel funéraire au-dessus de la tombe 3892 et déposé brisé sur cette tombe157. Sur les 106 vases décrits dans la publication de 1999, 51 sont des vases grecs (dont 45 de façon certaine), 42 des vases locaux de façon certaine dont 14 probablement réalisés par des Eubéens installés à Pontecagnano, 13 enfin sont d’origine indéterminée. Les chiffres sont ainsi presque équivalents entre vases grecs et de type grec locaux. Dans plusieurs cas sur lesquels nous reviendrons, les productions allogènes et locales sont associées dans le même mobilier. Les formes diffèrent cependant, avec des productions locales de cruches, d’écuelles, de pots, bien que quelques skyphoi locaux soient également attestés158.
72La corrélation entre la présence de coupes grecques et des signes de distinction n’est cependant pas aussi évidente qu’on pourrait le penser159. Deux variables semblent plus significatives : la présence de signes de « fonction »160 et l’insertion dans des groupes de tombes qui monopolisent les productions tyrrhéniennes.
73La présence d’orientalia161 et d’importations grecques n’est ensuite que peu corrélée162. Cette disjonction est liée en partie au fait que les orientalia présents ici sont avant tout des perles en pâte de verre, très rarement des scarabées. Ce type d’objets se retrouve de fait presque exclusivement dans des tombes féminines163. La présence de scarabées, attestée dans trois tombes164, concerne les deux sexes, et au moins une tombe d’enfant165.
74Nous allons maintenant étudier l’évolution de cette situation au cours de l’époque orientalisante, en commençant par l’Orientalisant ancien et moyen, jusqu’au milieu du VIIe siècle.
3.2. Les échanges de Pontecagnano pendant l’Orientalisant ancien et moyen
75On considère ensemble les deux périodes de l’Orientalisant ancien et moyen du fait de la documentation disponible : pour un certain nombre de tombes, la datation est déductible des cartes d’ensemble publiées récemment, sur lesquelles une même couleur regroupe les deux phases166. En ce qui concerne la nécropole orientale, on trouve une distinction entre : « dernier quart du VIIIe-début du VIIe s. » (OA, 725-675), « premier-second quart du VIIe s. » (OA-OM, 700-650), « second quart du VIIe s. » (OM, 675-650), « troisième quart du VIIe-première moitié du VIe s. » (OM-OR, 650-550) pour plusieurs cartes167. Afin d’harmoniser la périodisation sur l’ensemble de la nécropole, pour l’étude des échanges, on a donc scindé l’Orientalisant en deux grandes phases, qui se répartissent environ de part et d’autre du milieu du VIIe siècle168, ce qui fait que les tombes les plus récentes de l’Orientalisant moyen sont plutôt étudiées dans la section suivante. Des précisions chronologiques sont effectuées au cas par cas, quand la documentation le permet.
76Les données disponibles sur les tombes orientalisantes de la nécropole du Picentino sont trop parcellaires pour permettre une étude de la démographie, à l’exception de quelques secteurs169. Il semble néanmoins que les secteurs identifiés soient représentatifs démographiquement170.
3.2.1. Les productions de Pontecagnano (725-650)
77L’importante influence des productions grecques rend souvent difficile la distinction entre importations véritables et imitations locales171. Le succès de certaines formes172 pose également la question des effets culturels et économiques de ces importations. Le rôle des productions de Pithécusses et de Cumes semble avoir été fondamental dans l’établissement et le développement des productions de type grec à Pontecagnano, ce qui s’inscrit dans le cadre plus large de l’influence des centres grecs campaniens sur la culture matérielle funéraire, avec l’introduction à l’orientalisant ancien d’un « corredo base » constitué de céramiques de type grec, avec des formes liées à la consommation du vin173.
3.2.2. La variabilité funéraire (725-650)
3.2.2.1. De nouvelles pratiques funéraires
78L’un des phénomènes les plus marquants de l’époque orientalisante concerne la place nouvelle des enfants dans la nécropole. Pendant le premier âge du Fer, les tombes de non-adultes représentent en moyenne 20 % de l’ensemble des tombes, ce qui ne correspond pas à la mortalité probable de l’époque. Les aires funéraires de l’Orientalisant comptent au contraire entre 60 et 70 % d’enfants : on peut alors parler d’une représentativité démographique de la nécropole du point de vue des classes d’âge174.
79L’élargissement de l’accès des enfants à la nécropole commune semble s’accompagner d’une exclusion sociale. Cette dimension est extrêmement difficile à établir : l’hypothèse repose sur le constat d’une grande homogénéité des mobiliers, à l’exception des tombes les plus distinguées, et sur l’absence presque complète des tombes contenant très peu ou pas de mobilier. L’étude statistique de M. Cuozzo sur la variabilité funéraire dans la nécropole orientale semble confirmer cet aspect, même si sa traduction sociale reste à considérer avec prudence175.
80Les transformations de la nécropole de Pontecagnano pendant l’Orientalisant ancien concernent également le mobilier funéraire, avec l’adoption généralisée d’un « corredo base » composé d’une oenochoé et d’une coupe de type grec, d’une amphorette d’impasto et d’un vase pour manger176.
Fig. 31. Le corredo base de Pontecagnano à l’époque orientalisante.

81On observe ainsi plusieurs phénomènes contemporains177 :
- Une restructuration générale du territoire avec l’implantation de nouvelles aires funéraires
- Une nouvelle organisation des tombes, en petits groupes centrés autour d’une ou deux tombes très distinguées
- Une place nouvelle et importante accordée aux enfants et à la lignée familiale, avec une ritualité nouvelle
- L’exclusion probable de certains groupes sociaux dans certaines aires funéraires
- L’adoption de certains aspects communs de mobilier, tant pour l’ensemble des tombes (« corredo base ») que pour les tombes distinguées
- Des comportements funéraires différents selon les secteurs, en particulier dans la nécropole orientale
82
Ces différents aspects ont été interprétés comme le signe d’une imposition par certains groupes dominants d’une nouvelle idéologie funéraire, centrée sur la valorisation du groupe familial étendu et de sa perpétuation dans le temps long178. Les nécropoles de Pontecagnano semblent cependant avant tout caractérisées par la concurrence de plusieurs idéologies, ce que l’on peut relier à la coprésence de plusieurs groupes dominants179. Ce dernier phénomène semble en partie confirmé par le caractère dynamique de la distribution des tombes les plus prestigieuses : en dehors du groupe de la place Risorgimento, on peut supposer que le déplacement des secteurs les plus éminents dans l’espace funéraire correspond à l’apparition de nouveaux groupes dominants, et au déclin d’anciens groupes180, ce que confirme l’étude des nécropoles pendant l’Orientalisant récent.
3.2.2.2. De nouvelles formes de distinction dans la première moitié du VIIe siècle
83On trouve fréquemment dans les travaux qui portent sur les nécropoles orientalisantes de Pontecagnano les qualificatifs « éminent », « princier » ou « émergent ». Dès lors que notre étude des objets allogènes s’intéresse au rôle de la distinction des tombes comme facteur explicatif, il est nécessaire d’interroger ce que recouvrent ces notions, pour voir quels sont les critères retenus dans l’historiographie, avant de proposer une analyse fondée sur l’indice de distinction élaboré dans le cadre de ce travail.
3.2.2.2.1. La nécropole orientale
84Une esquisse de définition de ces termes, de leurs implications socio-politiques et des critères archéologiques associés se trouve dans l’ouvrage de M. Cuozzo, valable surtout pour l’Orientalisant ancien et moyen. On ne prendra pas en compte la présence d’importations pour identifier les tombes éminentes, afin de ne pas produire de raisonnement circulaire. La catégorie des vases métalliques fait cependant exception. Du fait de la valeur intrinsèque de ces objets, ils sont considérés comme des biens de luxe accessibles uniquement à une élite et sont un élément central dans le mobilier des tombes considérées comme éminentes.
3.2.2.2.2. La nécropole occidentale
85Dans le cas des secteurs de la nécropole occidentale, le vocabulaire employé est moins homogène, ce qui tient également à la grande diversité des pratiques funéraires observées. Les tombes sont qualifiées de « riches181 », parfois ce sont des groupes de tombes qui sont décrits comme atteignant « des niveaux exceptionnels d’émergence182 ».
86Pour rassembler ces éléments avec les remarques concernant la centralité ou la monumentalisation des tombes, la modalité « dist » a été indiquée dans les tableaux 77 et 79 en ligne. Cette modalité indique ainsi que la distinction des tombes concernées a été identifiée à partir des éléments présents dans les textes, mais que l’on ne trouve pas de qualificatif précis dans la bibliographie, contrairement à ce que l’on a pour les secteurs orientaux et pour les tombes dites princières. Cette différence dans les modalités de la variable « distinction » entre les nécropoles occidentale et orientale n’est pas qu’un fait de documentation : le tab. 77 montre surtout une différence dans les pratiques funéraires, marquées dans les secteurs occidentaux par un comportement moins homogène dans les tombes éminentes, qui sont d’ailleurs, topographiquement et en termes de mobilier, éloignées des tombes qualifiées de « princières ».
87Pour pallier le manque de données détaillées sur certains secteurs, le raisonnement a parfois porté sur les secteurs dans leur ensemble et sur un niveau de distinction, établi de façon qualitative en reprenant les critères décelables dans les synthèses de C. Pellegrino183. Les secteurs ont été classés en fonction de la monumentalisation observée (enceinte, tumulus, plateformes), du degré d’organisation interne (agrégation claire en petits groupes autour d’une tombe éminente ou étalement continu), du type de tombes et de rituel (fosse simple ou caisson, inhumation ou crémation), des mobiliers (simples et sobres ou articulés, avec des ornements précieux, des vases nombreux) et du type de tombe éminente (présence de vases en bronze, d’armes, centralité, monumentalité...).
3.2.2.2.3. Vocabulaire harmonisé pour la distinction des tombes
88L’expression de tombe « princière » sera réservée aux contextes suivants : 926, 928, 1963, 2465 et 4461184. Pour les autres tombes qui possèdent des signes de distinction dans leur mobilier, leur structure ou leur emplacement, nous reprenons l’expression de « tombe de type princier » utilisée dans la bibliographie dans le cas de tombes qui exhibent plusieurs signes de distinction sans atteindre le niveau d’ostentation des tombes princières, notamment pour les vases en métal (voir le tab. 17 plus loin). Pour le premier niveau de distinction, on parlera de tombe éminente, émergente ou plus rarement de tombe ostentatoire dans le cas de mobiliers contenant de très nombreux objets, des objets en métal, etc. Les tableaux 77-79 précisent les éléments concrets que recouvrent ces adjectifs en termes de mobilier, de monumentalité, etc.
89En l’absence de publication exhaustive de ces tombes, il n’a pas été possible de construire un indicateur de distinction quantifié comme pour les tombes du premier âge du Fer. Les indications seront davantage subjectives ou liées aux impressions des auteurs qui ont eu accès au matériel. Le faible nombre et les spécificités des tombes princières permettent cependant de limiter la confusion. Cela permettra également de mieux insister sur l’existence d’un système de signes de distinction commun, présent de façon complète dans les tombes de type princier ou particulièrement ostentatoires, et de façon segmentaire dans les tombes éminentes. Je reprends donc globalement ici le modèle mis en place par M. Cuozzo en le confrontant également aux données de la nécropole occidentale et en adoptant un vocabulaire socio-politique plus neutre.
3.2.2.2.4. Les groupes de la nécropole occidentale du point de vue de la distinction
90On trouve un premier groupe de secteurs avec un faible niveau de distinction observé185.
91Le secteur B (Gaeta) en est un premier exemple. Les tombes sont organisées en petits groupes, mais aucune tombe ne se distingue vraiment. Tous les groupes de cette zone sont marqués par la présence d’éléments issus de régions d’Italie centro-méridionale (Oliveto-Cairano, Daunie)186. Un second exemple est le secteur C (Sabbato II.1), inédit. Il s’agit de tombes à fosse simple, sans monumentalisation ni organisation claire observées, avec des mobiliers peu fournis187. Les zones Ex-Biblioteca et Saggio 1 présentent des caractéristiques proches. Dans la zone Ex-Biblioteca, on n’observe pas d’organisation claire des tombes ni de monumentalité, et les mobiliers sont très simples188. La zone Saggio 1 est plus difficile à classer, car des enceintes sont visibles, mais les tombes semblent là encore très sobres en mobilier189.
92Cinq secteurs sont ensuite caractérisés par des tombes d’un niveau de distinction inégal, une monumentalité et une organisation limitées. Le secteur F (Del Mese I) (fig. 102) contient notamment la tombe masculine 99 avec armes et couteau, associée à une tombe féminine 96bis qui contenait une broche et une parure ornementale particulièrement diversifiée, les deux tombes étant entourées d’une enceinte. Ces deux tombes, dont la localisation est assurée, montrent la présence d’un niveau de distinction plutôt élevé dans cette partie du secteur, d’où son classement dans le second groupe190.
93Le secteur E (Granozio III) (fig. 100) est, comme le secteur F, majoritairement inédit. Des éléments de monumentalisation ont été identifiés, avec une enceinte autour de la tombe 1428 et des espaces vides délimités juste à côté et plus au sud191. Le secteur ne compte qu’une seule tombe éminente, « l’unique tombe d’un certain niveau », la tombe 1469, celle d’un homme adulte avec armes192. L’espace est organisé de façon dense en petits groupes de tombes, autour d’enceintes ou d’espaces vides193. La plupart des tombes, infantiles, ont un mobilier sans éléments spécifiques, mais qui semble globalement « numériquement plus consistant » que dans les tombes du secteur C (Gaeta)194. Dans le secteur A (Sabbato I) (fig. 100-101), deux couples de tombes éminentes ont été identifiées dans la partie nord, avec des armes (1608 et 1609) ou des éléments Oliveto-Cairano (1877 et 1894) autour desquels s’organisent les autres tombes195.
94Ces tombes ne présentent cependant pas de signes de distinction habituels, comme des instruments de travail en fer ou des vases en bronze. Le secteur est de la zone Saggio 2 (fig. 104) appartient également à ce groupe. Il s’agit d’un petit groupe de tombes, autour de la tombe éminente 9211. On trouve des éléments de monumentalité (enceintes), autour des tombes 9192 et 9218, et la tombe 9211 qui contenait des ornements précieux nombreux et des broches de fer, qualifiée d’ « exceptionnelle », avec également des éléments liés à la région adriatique (pectoral piceno)196. On trouve enfin dans le groupe le secteur Bassano 1935-Palazzina II (fig. 103). Ces tombes sont peu connues, mais la présence de la tombe particulièrement éminente 17, ainsi que de la tombe 10 qui contenait un bassin en bronze, à la limite de l’Orientalisant récent, a conduit à placer ce secteur parmi ceux de distinction moyenne197.
95Trois secteurs se démarquent des autres du fait d’une concentration de tombes éminentes dans le secteur ou de la présence d’éléments de distinction notables dans celles-ci (instruments en fer, vases en bronze). Dans le secteur G (Del Mese I-De Santis I) (fig. 102), on trouve ainsi de nombreux éléments de monumentalisation, avec des enceintes et un tumulus probable autour de la tombe 1481, et une concentration inédite de tombes masculines armées, dont certaines à crémation (t. 1318, t. 1373, t. 1467, t. 1481, t. 1426, t. 81)198. La tombe éminente 1481 contenait une broche, mais aucun vase d’argile, à l’exception d’un aryballe pithécusain, ce qui évoque les tombes 926 et 928199. L’attribution à ce secteur de la tombe 45 est supposée par C. Pellegrino, qui met en doute une localisation dans le secteur F200. Une autre tombe est probablement à localiser entre les secteurs de fouilles Del Mese I et De Santis, la tombe 129, qui contenait des vases pithécusains201.
96Le secteur De Chiara (fig. 104) est organisé en trois petits ensembles, autour de tombes dont le mobilier contenait des éléments de distinction. La tombe 9482 contenait des objets orientaux nombreux et rares, la tombe 9197, entourée d’une enceinte, possédait deux vases de régions montagneuses (vase daunien et vase d’impasto de la zone irpine), tandis que la tombe 9467 possédait une phiale en bronze, peut-être étrusque202.
97Il faut enfin considérer dans ce groupe le secteur Erra III (fig. 103). On y trouve une enceinte et une tombe éminente, la tombe 1811, qui contenait une amphorette d’impasto étrusco-latial, et surtout une amphore de transport étrusque, associées à des éléments Oliveto-Cairano. Les signes de distinction ont surtout été découverts dans une fosse adjacente, Gr1673 : hache, broches, chaudron en bronze203.
98Enfin, un secteur tout à fait exceptionnel du point de vue de la distinction et des objets allogènes est situé Piazza Risorgimento, autour des deux tombes princières 926 (fig. 32) et 928. On ignore hélas tout des tombes qui entourent celles-ci, si ce n’est l’organisation probablement centripète autour du tumulus qui devait recouvrir ces tombes (voir plan fig. 105). Sans revenir dans le détail sur l’exceptionnel mobilier de ces deux tombes, on peut signaler la concentration d’importations de luxe (vases en bronze et en argent), régionales (vase de Cumes-Pithécusses) ou plus lointaines (vases du nord de la Basilicate, étrusques, phéniciens peut-être)204.
Fig. 32. La tombe 926.

3.2.3. L’Ager Picentinus et l’arrière-pays montagneux pendant la période orientalisante
3.2.3.1. Objets allogènes, individus allogènes ?
99La présence d’objets allogènes dans le mobilier des tombes a été reliée à trois types de comportements par M. Cuozzo, qui évoque des « systèmes de signes structurés » liés à une région géographique extérieure205 :
- rapports privilégiés entre groupes élitaires, exhibés dans la tombe pour marquer une distinction sociale ou culturelle vis-à-vis des autres secteurs de la nécropole
- des mariages entre membres des groupes dominants : le système de signes est alors présent dans des tombes féminines et infantiles, par petits groupes dispersés
- la mobilité d’un groupe entier de personnes, avec diverses modalités d’intégration possibles
100L’étude des deux premières configurations sera au cœur des pages qui suivent. Si l’on considère généralement que les ornements sont des biens personnels, qui ont probablement voyagé avec le défunt, la question est plus délicate pour les vases. Il est probable en effet que certains groupes aient conservé des liens avec leur région d’origine, facilitant l’établissement de circulations entre Pontecagnano et les régions d’Italie centrale. Il est donc possible que dans le cadre de ces circulations, des vases allogènes soient arrivés à Pontecagnano, principalement déposés dans les tombes de ces groupes immigrés en tant que marqueurs ethniques, mais non exclusivement.
101C’est notamment le cas des productions matt-painted et de certains vases oenôtres206 que l’on trouve majoritairement dans des groupes probablement immigrés207, mais également dans des tombes éminentes où l’aspect de marqueur ethnique est plus problématique, voire peu probable208. Une place à part semble devoir être réservée aux vases dauniens exclusivement trouvés dans des tombes princières de l’Orientalisant moyen209. B. D’Agostino proposait de voir là la trace d’une production alimentaire prestigieuse de l’aire daunienne, importée dans ce récipient210.
3.2.3.2. Des groupes d’Italie centro-méridionale à Pontecagnano
102Plusieurs articles récents se sont intéressés à la présence de groupes provenant de différentes régions montagneuses dans l’arrière-pays de Pontecagnano211. Le nombre d’attestations, la diversité des modalités d’intégration montre qu’il ne s’agit pas d’une migration de quelques individus isolés, mais plutôt de l’arrivée de groupes entiers, probablement encouragée et soutenue par certains groupes dominants de Pontecagnano selon L. Cerchiai. C’est un aspect qu’il est important d’établir avant de commencer l’étude des échanges, car les objets allogènes de ces tombes sont alors à relier à une mobilité de personnes plutôt qu’à considérer comme de simples traces d’échanges. Nous verrons tout d’abord quels sont les indicateurs archéologiques qui permettent d’identifier les éventuelles tombes de ces groupes, avant de présenter leurs différentes régions de provenance et les modalités d’intégration de ces groupes à Pontecagnano, d’après les données funéraires.
3.2.3.2.1. Indicateurs archéologiques d’une présence allogène à Pontecagnano
103Il existe un certain nombre d’objets dans les tombes à l’époque orientalisante, qui ne peuvent être considérés en eux-mêmes comme des indices d’une origine allogène de l’individu enterré212. Dans certains cas, on observe cependant la concentration de plusieurs comportements funéraires anormaux par rapport aux pratiques de Pontecagnano. C’est leur association, et la similarité avec les pratiques observées dans les potentiels espaces d’origine, qui permet de supposer qu’il s’agit de groupes allogènes immigrés à Pontecagnano213.
104
Ces indicateurs archéologiques sont les suivants214 :
- une position recroquevillée du cadavre215
- des ornements typiques de la région d’origine216 (fig. 33)
- des vases en impasto ou en argile fine allogènes, ou produits sur place, mais selon une tradition étrangère à Pontecagnano217 (fig. 33)
- un positionnement spécifique du mobilier218
- la concentration de plusieurs de ces éléments dans un même groupe de tombes
105Une différence peut également être faite entre les tombes qui reproduisent fidèlement le costume funéraire de leur région d’origine, dans sa totalité, et celles, dans un second temps, qui sélectionnent seulement certains objets219, en respectant par ailleurs la norme funéraire, signe d’intégration complète du groupe.
Fig. 33. Vases et ornements de la culture Oliveto Citra-Cairano à Pontecagnano.

3.2.3.2.2. Origines de ces groupes allogènes
106La région d’origine de la plus grande partie de ces groupes semble être l’Irpinie220, en particulier les sites de culture Oliveto Citra-Cairano221. Certains éléments renvoient également aux régions situées au nord de l’Irpinie : la vallée du Liris et les régions montagneuses de l’Irpinie ; la région des Piceni, sur la côte adriatique ; la Lucanie, avec des éléments liés à Sala Consilina, mais aussi aux régions apuliennes et dauniennes (voir la carte fig. 70 en annexe). L. Cerchiai a souligné que cette mobilité concerne un axe Ofanto-Sele222, incluant le littoral adriatique et les régions lucaniennes, ce qui rappelle les composantes ethniques et le parcours suivi par les groupes armés qui attaquent Cumes en 524 av. J.-C.223.
3.2.3.2.3. Modalités d’intégration dans les aires funéraires de l’ager Picentinus
107Les premières attestations d’une immigration vers la plaine picentine de groupes provenant des régions montagneuses ont été trouvées dans les nécropoles de Monte Vetrano, dans des contextes datés de la transition entre la phase IIB du Fer et l’Orientalisant ancien. La présence de certains ornements ou d’individus en position recroquevillée renvoie à des mobilités en provenance de la vallée de l’Ofanto, jusqu’aux espaces adriatiques.
108Il existe des différences entre les nécropoles orientale et occidentale. Dans cette dernière, ce sont avant tout des tombes féminines et infantiles qui contiennent des éléments culturels d’Italie centrale, dispersées dans plusieurs zones. Cela pourrait être interprété en lien avec des mariages, d’après le modèle de M. Cuozzo évoqué plus haut. Ces tombes allogènes sont par ailleurs plus anciennes dans la nécropole occidentale, parfois contemporaines des établissements de Casella et Monte Vetrano. Elles contiennent cependant quasi systématiquement des éléments du « corredo base » en vigueur à Pontecagnano, en particulier l’amphorette de type Pontecagnano, ce qui montre que l’exhibition d’objets évoquant une possible région d’origine n’est pas incompatible avec le respect des normes funéraires collectives. Cette adhésion au modèle commun est moins marquée dans d’autres cas où les tombes renvoyant à des individus allogènes sont majoritaires, sans signes particuliers de distinction.
109Dans d’autres secteurs, les tombes sont plus dispersées ou moins distinguées (Ex-Biblioteca). Il est probable, dans certains cas, que cette intégration soit liée à un lien particulier avec certains groupes de Pontecagnano : on trouve ainsi quelques tombes comportant des signes de la culture Oliveto-Cairano en périphérie des tombes éminentes des zones Sabbato I et Ina Casa. L’intégration de ces groupes allogènes, originaires en majorité de la région d’Oliveto Citra, mais également d’autres régions d’Italie centrale, est marquée par une grande diversité, qui montre qu’il ne s’agit pas en tout cas de groupes qui ont une place marginale au sein de la communauté politique224.
110Les indicateurs archéologiques de présence de ces groupes d’Italie centrale semblent disparaître dans la première moitié du VIe siècle, ce qui témoigne soit d’une extinction de ces mobilités, soit d’un changement dans les comportements funéraires, qui semblent effectivement à cette période plus fortement soumis à une norme collective225.
111Un certain nombre d’objets allogènes ne sont donc pas à strictement parler importés : ils sont arrivés à Pontecagnano avec leurs propriétaires, eux-mêmes émigrés depuis les régions montagneuses qui bordent la plaine de Pontecagnano. Ce phénomène révèle en tout cas l’importance de Pontecagnano dans les circulations des populations centro-méridionales, ce qui constitue une spécificité du centre picentin à l’intérieur de la Campanie et se traduit dans les échanges économiques de Pontecagnano.
3.2.4. Les objets allogènes dans les nécropoles
112On a essayé de décrire l’organisation spatiale des nécropoles en variant les termes selon le principe suivant, dans l’ordre décroissant de superficie : zone > secteur > ensemble de tombes > groupe de tombes. Le terme de secteur est par ailleurs réservé aux espaces délimités lors des fouilles en fonction de l’emprise au sol de l’immeuble à construire, avec le plus souvent un nom spécifique donné au moment de la fouille, celui du propriétaire du terrain le plus souvent. Zones, ensembles et groupes désignent des espaces identifiés par les chercheurs à partir des données de terrain, en fonction de certaines propriétés des tombes.
3.2.4.1. Les objets allogènes dans la nécropole du Picentino (725-625)
113La présence de céramique corinthienne est très probablement sous-estimée dans l’analyse qui va suivre sur la nécropole occidentale, du fait de la présence d’imitations pithécusaines et locales226. On ne connaît ainsi qu’une seule tombe contenant des vases protocorinthiens227. On peut également signaler la présence de quelques vases de production Argienne Monochrome228. La présence de scarabées et d’aryballes KW semble assez diffuse, en tout cas distribuée dans tous les types de secteurs229. On peut signaler un petit groupe de tombes infantiles avec une concentration exceptionnelle de scarabées au nord de la zone Granozio, avec plusieurs exemplaires par tombe230. La tombe éminente 9482 (De Chiara) contenait une concentration rare d’objets provenant de Méditerranée orientale : un scarabée, un lécythe type Argien Monochrome, un aryballe KW et des petites figurines de faïence, probablement comme pendentifs231.
114En dehors de quelques vases en bronze, les productions étrusques sont assez peu représentées dans la nécropole occidentale : on compte seulement quelques vases d’impasto étrusco-latial, dans un cas associés à une amphore de transport232.
115Comme la céramique corinthienne, la céramique de Pithécusses-Cumes n’est pas toujours facile à distinguer des productions locales, et de ce fait certainement sous-estimée233. Quelques exemplaires sont cependant connus, plutôt situés dans des tombes éminentes234. Plusieurs vases d’impasto provenant d’autres centres campaniens ont également été trouvés, particulièrement concentrés dans les zones Granozio et Ex-Biblioteca235. Il est possible que ces vases correspondent en partie à des objets apportés par leurs propriétaires eux-mêmes immigrés à Pontecagnano, car ils sont distribués dans deux secteurs marqués par la présence d’individus allogènes.
116Plusieurs vases d’argile fine, de production matt-painted (Lucanie du nord, Sala Consilina) ou daunienne, ont enfin été trouvés dans des tombes situées dans des secteurs marqués par une présence allogène236.
3.2.4.2. Typologie des secteurs de la nécropole occidentale
117Les secteurs de la nécropole du Picentino présentent des profils très différents, aspect accentué par l’inégale documentation disponible. Les considérations qui suivent sur les objets allogènes sont donc à envisager comme des pistes de travail préliminaires.
118On distingue trois types de secteurs, du point de vue de la présence de productions importées : des secteurs à la distinction faible, avec très peu d’objets allogènes connus (Gaeta, secteur C, Saggio 1, Ex-Biblioteca) ; des secteurs marqués par la présence de tombes éminentes sans ou avec très peu de biens allogènes, ces derniers étant peu nombreux en général dans le secteur (Sabbato I, De Santis, Erra III, Saggio 2) ; des secteurs (à l’exception plus ambigüe du secteur E) avec des tombes éminentes qui concentrent des productions grecques et orientales (Bisogno, De Chiara autour de la tombe 9482, secteur F). Le secteur E présente un profil très spécifique vis-à-vis des autres groupes et sera évoqué pour finir.
119Dans plusieurs secteurs marqués par une distinction globale faible, les objets importés sont quasi-absents : c’est le cas du secteur A (Sabbato I)237, du secteur B (Gaeta)238, du secteur C (Sabbato II.1)239 et de deux secteurs fouillés au nord de la nécropole, Saggio 1 et Ex-Biblioteca, dans lesquels tous les objets de mobilier sont locaux ou liés à des mobilités de groupes240. Tous ces secteurs, à l’exception du secteur C, sont marqués par la présence de petits groupes originaires d’Italie centrale, qu’il s’agisse de la région voisine de culture Oliveto Cairano, ou d’espaces plus lointains, dans la vallée de l’Ofanto ou près du littoral adriatique241.
120Cette quasi-absence d’objets allogènes a également été constatée dans des secteurs qui contiennent des tombes éminentes. Dans le secteur A septentrional, les tombes de ce type avaient un mobilier uniquement local. Des vases d’impasto étrusco-latial242 ont cependant été signalés dans les tombes voisines243. En ce qui concerne le secteur De Santis, qui correspond à une grande partie de l’ensemble G identifié par C. Pellegrino, il est possible de préciser en partie la distribution des biens importés244. La tombe 1481 de type princier (OA, 700-675) se démarque par sa position isolée. Probablement entourée d’un tumulus, elle contenait des armes, des broches ainsi qu’un aryballe KW245. Au nord-ouest du secteur, un petit groupe de tombes de l’Orientalisant récent se démarque par la présence de deux plateformes monumentales et d’importations. Dans le premier sous-groupe, la tombe 1377 (OM, 675-650) contenait une amphorette à spirale et un skyphos étrusco-latiaux246. Elle était entourée d’une sorte de plateforme et recouvrait les tombes 1399 et 1401247, cette dernière contenant une possible kotyle corinthienne248 ainsi qu’un skyphos étrusco-latial très similaire à celui de la tombe 1377249. La tombe 1402 toute proche contenait une épée, un couteau et un scarabée250, avec un ensemble de vases très fourni dont une kotyle corinthienne du PCM251. Un second sous-groupe se développe à côté de la tombe 1318 (OM, 675-650). Il s’agit probablement d’un bustum, c’est-à-dire d’une fosse dans laquelle prenait place le bûcher funéraire, avec ensevelissement des restes au même endroit. Une petite olpè de bronze a été trouvée, très fragmentaire252, à côté de nombreux vases brisés, d’outils et de lances. Dans les tombes de l’Orientalisant récent juste au sud de ce bustum, on trouve de la céramique corinthienne ou de type corinthien dans les tombes 1344253, 1351254 et 1353255, ainsi que deux tombes éminentes au mobilier très abondant, bien qu’uniquement de production locale256. Pour cette époque, la quantité d’importations corinthiennes est faible, si l’on pense aux tombes princières étudiées par L. Cerchiai dans les secteurs Edil Pag et Via Sicilia. Il faut enfin noter les deux tombes associées 1320 et 1325, avec bassin de bronze et aryballe corinthien257. Presque toutes ces tombes sont des tombes d’enfants, dans un secteur où celles-ci sont majoritaires258. On y reviendra, mais cette valorisation des tombes d’enfants, du point de vue du mobilier et notamment de la distribution des objets importés, est un phénomène marquant de l’époque orientalisante dans les tombes de Pontecagnano.
121Certaines tombes éminentes présentent un profil singulier du point de vue des objets allogènes, qui semblent être soit étrusques, soit grecs et orientaux, soit d’Italie centro-méridionale. La tombe 1811, unique tombe éminente de la zone Erra III pendant l’Orientalisant ancien et moyen, contenait ainsi une amphorette d’impasto étrusco-latial à spirales ainsi qu’une amphore de transport étrusque, vase présent par ailleurs exclusivement dans les tombes orientalisantes éminentes ou « princières » de Pontecagnano259. L’association de ces vases avec des éléments de culture Oliveto Citra évoque le secteur Chiancone IV, dans la nécropole orientale, qui présente ce type de configurations. Les productions grecques, orientales et de Pithécusses-Cumes dominent dans les tombes 9482 et 9435 (De Chiara)260, 2166 et 2173 (Bisogno)261, ainsi que dans un petit groupe de tombes mal connues au nord du secteur E262.
122Les tombes éminentes 9178 et 9189 (Saggio 2) ont restitué des vases en argile fine de type matt-painted263. On observe de même dans le secteur E une concentration de productions de centres de type « Culture des Tombes à Fosse », campaniens ou d’Italie centrale, de différentes régions, mais la localisation exacte des tombes concernées n’est pas connue264. Ce même ensemble de tombes, parmi lesquelles certaines ont plusieurs éléments du costume funéraire Oliveto-Citra, contient également plusieurs aryballes KW.
123En dehors des aryballes KW, des productions de type Argien Monochrome et des scarabées, qui semblent distribués dans tous les secteurs, indépendamment de la distinction des tombes, les objets allogènes semblent sinon plutôt concentrés dans les tombes éminentes, de façon très segmentée : peu de tombes contiennent des biens allogènes de différents types et de différentes provenances. Il est possible que plusieurs de ces configurations correspondent à l’affichage de liens privilégiés avec les espaces de production de ces objets, dans une logique d’affirmation d’une identité de groupe spécifique. Il ne s’agit jamais d’une exclusion absolue d’objets : on trouve ainsi des vases grecs dans presque tous les groupes, de même pour les amphorettes étrusco-latiales. C’est plutôt la répétition et la concentration de plusieurs éléments d’un même groupe d’importations qui pourraient être interprétées comme l’intention de manifester un lien spécifique avec cette région, qu’il s’agisse de l’Italie centro-méridionale ou du monde gréco-oriental. Nous ne connaissons cependant que très partiellement le détail de la composition des mobiliers ou des rituels. Une tombe tout à fait unique, mais très mal connue, est par exemple la tombe 45, l’une des premières fouillées au début des années 1960 : elle contenait plusieurs vases de Pithécusses-Cumes, parmi lesquels des oenochoés, plutôt rares à cette époque à Pontecagnano, associées à un service d’amphorettes et d’oenochoés étrusques (impasto ou bucchero), de nombreux ornements, dont de petits animaux sculptés en ivoire qui évoquent des ornements carthaginois de Pithécusses265.
124Ce type de fonctionnement segmentaire se retrouve de façon accentuée dans la nécropole orientale, mieux connue.
3.2.4.3. Les objets allogènes dans la nécropole orientale
125L’étude de M. Cuozzo permet une première approche de la présence d’importations dans la nécropole orientale. En l’absence de catalogues exhaustifs du mobilier, il faut cependant considérer la présentation qui suit avec précaution266.
3.2.4.3.1. Démographie de la nécropole orientale
126Les données démographiques ont été rassemblées267 à partir de notices dans la publication de 2003 : les éléments obtenus sur la démographie sont donc à considérer comme indicatifs. Des études anthropologiques ont été menées sur les tombes des secteurs Simeone, Babino et Chiancone I268. Les tombes du secteur Ina Casa ne contenaient plus de restes anthropologiques, détruits par l’acidité du sol : de ce fait, les raisonnements sur la classe d’âge des défunts reposent sur les dimensions observables du corps, d’après la taille de la fosse et la disposition du mobilier269.
127Le sexe biologique est parfois connu, d’après les analyses anthropologiques, mais dans la plupart des cas, le qualificatif masculin ou féminin est de l’ordre du genre, établi après une étude d’ensemble des marqueurs archéologiques, culturellement déterminés, de ces deux catégories270. On peut remarquer que les proportions en termes de classe d’âge correspondent à peu près à ce que l’on peut attendre d’une société préindustrielle, avec un rapport 1/3-2/3 entre adultes et jeunes/enfants, sur l’ensemble des tombes comme sur les seules tombes contenant des objets allogènes. Ces tombes ne montrent pas de profil démographique particulier, si ce n’est une légère surreprésentation des tombes masculines271.
Tab. 8. Les tombes de la nécropole orientale pendant l’Orientalisant ancien et moyen : démographie.
Âge-Genre | F-tot | F-imp | H-tot | H-imp | Inc-tot | Inc-imp | Total-tot | Total-imp |
Adulte | 32 | 6 | 26 | 8 | 16 | 1 | 74 (20 %) | 15 (20 %) |
Jeune | 18 | 4 | 8 | 5 | 10 | 2 | 36 (10 %) | 11 (14 %) |
Enfant | 8 | 2 | 16 | 7 | 170 | 33 | 194 (53 %) | 42 (55 %) |
Inc | 1 | 0 | 6 | 2 | 56 (15,3 %) | 7 | 155 (17 %) | 9 (11 %) |
Total | 59 (16 %) | 12 (16 %) | 56 (15 %) | 22 (29 %) | 252 (69 %) | 43 (55 %) | 366 (100 %) | 76 (100 %) |
128Les tombes avec objet allogène (76) constituent 21 % de l’ensemble des tombes (tab. 8) : comme souvent, on va raisonner sur une minorité de tombes, dont la démographie semble cependant refléter celle de l’ensemble de la nécropole : d’autres facteurs, comme la distinction de la tombe ou son emplacement géographique, vont de ce fait être particulièrement examinés.
3.2.4.3.2. Les types d’objets
129On constate la récurrence de certaines productions allogènes et de certaines associations dans la nécropole de S. Antonio (tab. 9). Les productions orientales englobent les scarabées égyptiens (dans 16 % des tombes avec biens allogènes), les aryballes KW (dans 17,3 % des tombes avec biens allogènes) et la céramique de type phénicien (oil bottle, plat tripode : dans cinq tombes, soit 6,7 %)272. Les productions corinthiennes concernent principalement des aryballes, même s’il faut souligner qu’il est possible que des coupes corinthiennes se soient également trouvées dans les tombes273. Les productions étrusques sont avant tout représentées par des amphorettes en impasto (23 exemplaires), même si l’on trouve également quelques coupes à boire en impasto (skyphos, gobelet) et un plat274.
Tab. 9. Les vases allogènes dans la nécropole orientale pendant l’Orientalisant ancien et moyen : origines.
Origine des objets allogènes | Nombre de tombes |
Orient | 30 (34 %) |
Étrurie méridionale | 28 (32 %) |
Pithécusses-Cumes | 18 (20,5 %) |
Corinthe | 12 (13,5 %) |
Total | 88 (100 %) |
130Les productions de Pithécusses et Cumes regroupent principalement des oenochoés, d’imitation protocorinthienne ou figurées dans le style eubéen local, ainsi que des plats en Red Slip Ware. Comme pour les productions corinthiennes, il est probable qu’un certain nombre de vases à boire échappent ici à notre comptage. Cette présence de plats en Red Slip Ware d’origine pithécusaine275 est un phénomène spécifique à cette zone de la nécropole, inconnu à Pithécusses276. On trouve également deux amphores de transport de Pithécusses, dans deux tombes éminentes277.
131M. Cuozzo a observé la récurrence de la vaisselle de type phénicien dans des tombes masculines (adulte, jeune ou enfant) : sur les quinze tombes qui contiennent un vase phénicien ou de type phénicien, dix tombes sont masculines, les cinq tombes restantes sont de genre inconnu278. La présence seule d’un aryballe KW semble moins significative en termes de genre279, de même que l’association d’un aryballe KW avec d’autres biens allogènes, sauf quand il s’agit d’impasto étrusco-latial280. On trouve enfin quelques vases corinthiens, principalement des aryballes281.
132La distribution des productions étrusques ne présente pas de spécificités d’un point de vue démographique282, les scarabées sont en revanche plutôt présents dans des tombes féminines et infantiles283, ce qui correspond à ce que l’on observe ailleurs, notamment à Pithécusses.
133On va commencer par présenter le profil de chaque secteur du point de vue des objets allogènes, avant de souligner certains aspects spécifiques qui concernent l’ensemble des secteurs284.
3.2.4.3.3. La zone I : le secteur Ina Casa
134Dans la zone I, au nord de la nécropole orientalisante, qui correspond au secteur Ina Casa, 23 % des tombes contiennent des objets importés285. Les tombes du secteur Ina Casa ne montrent pas d’écart significatif par rapport aux données relatives à l’ensemble de la nécropole orientale (tab. 10) : on constate la même sur-représentation légère des tombes masculines parmi ces tombes, qui sont majoritairement concentrées dans la zone méridionale du secteur, autour du tumulus et de l’enceinte286. Il s’agit donc d’un secteur central, qui concentre par ailleurs les tombes à plus haut niveau de distinction. Pour autant, un lien direct entre présence de biens allogènes et distinction de la tombe n’est pas décelable, autrement que par cet aspect topographique : sur les 31 tombes OA-OM comportant des biens allogènes, sept sont de type princier ou princières, soit 23 %287. Cependant, la présence de biens allogènes semble malgré tout caractériser plus fortement ce type de tombes, puisque 39 % de celles-ci en contiennent (contre 23 % de l’ensemble des tombes).
Tab. 10. Les tombes du secteur Ina Casa pendant l’Orientalisant ancien et moyen : démographie.
Âge-Genre | F-tot | F-imp | H-tot | H-imp | Inc-tot | Inc-imp | Total-tot | Total-imp |
Adultes | 13 | 3 | 10 | 3 | 2 | 0 | 25 (19 %) | 6 (20 %) |
Jeune | 13 | 3 | 4 | 2 | 0 | 0 | 17 (13 %) | 5 (17 %) |
Enfant | 1 | 0 | 1 | 0 | 66 | 16 | 68 (52 %) | 16 (53 %) |
Inc | 1 | 0 | 5 | 2 | 15 (11 %) | 1 | 21 (16 %) | 3 (10 %) |
Total | 28 (21 %) | 6 (20 %) | 20 (16 %) | 7 (23 %) | 81 (63 %) | 17 (57 %) | 131 (100 %) | 30 (100 %) |
135Ce secteur est avant tout marqué par la fréquence des productions étrusques dans les tombes, avec la récurrence des mêmes formes, en particulier de l’amphorette d’impasto288 : seize tombes contiennent un vase en impasto étrusco-latial (53 % des tombes avec biens allogènes) et il s’agit de l’unique bien allogène dans douze cas. Ces vases d’impasto sont particulièrement concentrés dans les tombes qui entourent la tombe princière 2465 et dans l’enceinte à sa droite.
136Ces amphorettes jouent selon M. Cuozzo un rôle dans l’affirmation d’une identité spécifique, marquée par l’importance des liens avec l’Étrurie méridionale289 et le rôle central des femmes dans le groupe290. La tombe princière 2465, unique tombe de ce niveau dans l’ensemble de la nécropole orientale, est ainsi celle d’une femme adulte inhumée, qui exhibe des attributs réservés dans la nécropole occidentale à des hommes dont les mobiliers contiennent des armes291, mais peut aussi être comparée à des sépultures féminines étrusques du même rang292.
137Les productions corinthiennes connues sont ici des aryballes, dont certains de qualité, concentrés dans des tombes proches de la tombe 2465293. Les objets corinthiens, orientaux ou gréco-campaniens sont plutôt rassemblés dans la bande méridionale du secteur, sans être ensuite systématiquement associés aux tombes éminentes des tumuli ou de l’enceinte.
3.2.4.3.4. La zone 2 : le secteur Chiancone IV
138La démographie du secteur dans son ensemble (tab. 11) est conforme à celle de l’ensemble de la nécropole orientale. Les tombes avec objets allogènes (14 tombes, 15 individus) représentent 18 % de l’ensemble, avec une surreprésentation des tombes adultes et masculines. Les tombes de garçons ou d’adolescents (6) représentent ainsi 40 % de ces tombes.
Tab. 11. Les tombes du secteur Chiancone IV pendant l’Orientalisant ancien et moyen : démographie.
Âge-Genre | F-tot | F-imp | H-tot | H-imp | Inc-tot | Inc-imp | Total-tot | Total-imp |
Adultes | 7 | 2 | 7 | 2 | 0 | 0 | 14 (16,5 %) | 4 (26,5 %) |
Jeune | 3 | 0 | 2 | 2 | 4 | 0 | 9 (10,5 %) | 2 (13,5 %) |
Enfant | 4 | 1 | 11 | 4 | 26 | 1 | 41 (49 %) | 6 (40 %) |
Inc | 0 | 0 | 0 | 0 | 20 | 3 | 20 (24 %) | 3 (20 %) |
Total | 14 (16,5 %) | 3 (21 %) | 20 (24 %) | 6 (43 %) | 50 (59,5 %) | 4 (29 %) | 84 (100 %) | 15 (100 %) |
139Le secteur Chiancone IV est assez nettement organisé autour, à l’ouest, d’un tumulus marqué par la présence de tombes éminentes avec des marqueurs de type Oliveto-Citra294 et à l’est d’un second tumulus, plus petit.
140Dans le premier groupe de tombes, organisé autour de la tombe de distinction très élevée 5928, les productions allogènes sont également présentes dans des tombes masculines et féminines éminentes et sont toutes orientales ou grecques (d’Égée ou de Pithécusses-Cumes) ou gréco-campaniennes295, à l’exception notable de deux vases d’impasto étrusco-latial dans des tombes sans distinction spécifique, mais placées dans le tumulus296. On peut signaler la présence de biens allogènes rares, comme deux amphores de transport de Pithécusses, dans deux tombes féminines éminentes de culture Oliveto Citra, et d’une hydrie corinthienne dans la tombe masculine de type princier 5928. On retrouve l’association préférentielle entre productions phéniciennes, aryballes et genre masculin297, même s’il faut signaler le profil exceptionnel de la tombe éminente de femme adulte 5926, de culture Oliveto-Citra, qui contenait deux bassins en bronze étrusques, une oenochoé en bronze et un plat Red Slip Ware de Pithécusses, habituellement présent dans les tombes masculines.
141Ce secteur présente des caractéristiques spécifiques sur plusieurs points. Il montre des liens privilégiés avec les espaces d’Italie centrale et méridionale, ce qui peut se comparer aux liens avec l’Étrurie méridionale exhibés par les tombes du secteur Ina Casa étudiées plus haut. Dans le cas du secteur Chiancone IV, M. Cuozzo privilégie l’hypothèse de la mobilité d’un groupe entier d’individus provenant de ces régions centrales298. Ce groupe immigré semble bien intégré à la communauté, avec l’exhibition de signes de distinction communs dans plusieurs tombes et l’adhésion à un certain nombre de normes communes dans l’organisation de l’espace et la composition du mobilier299.
3.2.4.3.5. La zone 3 : les secteurs sud-orientaux (Chiancone I, II, III, Chiesa)
142La plupart des tombes de cette zone datent de la première moitié du VIIe siècle, et sont agencées en trois ensembles principaux, séparés par deux voies de circulation300. Dans le secteur ouest, Chiancone I et Chiesa, on trouve deux petits ensembles, avec une probable monumentalisation301. L’ensemble central semble constitué de trois groupes de tombes : il n’est pas évident de comprendre la topographie générale de cette zone, car les données disponibles résultent de fouilles différentes, effectuées à plusieurs dizaines d’années d’intervalle302. Séparé de l’ensemble central par une seconde voie de circulation interne à la nécropole, on trouve un troisième ensemble, avec deux groupes principaux de tombes303.
143La secteur Chiancone III à l’ouest a vu sa topographie bouleversée par des constructions modernes et les zones adjacentes n’ont pas été fouillées. Le contexte de la tombe infantile 5780 est donc inconnu ; cette tombe éminente contenait un scarabée, un aryballe KW et trois vases de Pithécusses-Cumes (deux oenochoés et un skyphos)304.
Tab. 12. Les tombes du secteur Chiesa-Chiancone I pendant l’Orientalisant ancien et moyen : démographie.
Âge-Genre | F-tot | H-tot | Inc-tot | Total-tot |
Adultes | 1 | 2 | 0 | 3 (10,5 %) |
Jeune | 0 | 1 | 0 | 1(3,5 %) |
Enfant | 1 | 0 | 20 | 21 (72,5 %) |
Inc | 0 | 1 | 3 | 4 (13 %) |
Total | 2 (7 %) | 4 (13,5 %) | 23 (79,5 %) | 29 (100 %) |
144La démographie du premier ensemble (Chiesa et une grande partie de Chiancone I, SE-1-4, SE-7) (tab. 12) montre une part importante des enfants305. Le raisonnement par genre ou sexe est ici limité par un manque de données, puisque 79,5 % des tombes sont sans genre déterminé. Parmi ces 29 tombes, neuf contiennent des biens allogènes, soit 31 % de l’ensemble, un pourcentage plus élevé que dans l’ensemble de la nécropole. Ces tombes sont toutes des tombes infantiles, concentrées dans le tumulus qui entoure la tombe 575 de type princier, et dans le petit groupe de tombes infantiles adjacent, SE-7. Les productions allogènes sont composées à parts égales de scarabées (dans quatre tombes), de vases grecs et orientaux (dans quatre tombes) et étrusco-latiaux (dans trois tombes, dont l’une contient également un vase de Pithécusses). On peut également remarquer la fréquence des coupes grecques ou de type grec, allogènes ou non, dans ces tombes306.
145Des biens allogènes rares se trouvent dans les deux tombes éminentes 582 (femme adulte) et 575 (enfant) : des vases en bronze étrusques (phiale, lébès), un pot daunien, qui rappellent une partie du mobilier des tombes princières 926 et 928307. Trois vases rares en impasto de Caere se trouvent également concentrés dans les deux groupes infantiles SE-6 et SE-7308. Trois pendentifs orientaux sont présents dans les tombes féminines 582, 600 et 576 (OR) : d’après le dessin publié en 1968, il pourrait s’agit de pendentifs de type « porte-amulette » phénicien, provenant peut-être de Carthage, car très semblables à un exemplaire de Pithécusses analysé ainsi309.
146La démographie du second ensemble (Chiancone I-II, SE 5-6, 8-11) (tab. 13) ne montre rien de significatif, si ce n’est, comme dans le secteur précédent, le peu de données disponibles sur le genre ou le sexe des tombes.
Tab. 13. Les tombes du secteur Chiancone I-II pendant l’Orientalisant ancien et moyen : démographie.
Âge-Genre | F-tot | H-tot | Inc-tot | Total-tot |
Adultes | 2 | 1 | 1 | 4 (19 %) |
Jeune | 1 | 1 | 0 | 2 (9,5 %) |
Enfant | 0 | 1 | 10 | 11 (52,5 %) |
Inc | 0 | 0 | 4 | 4 (19 %) |
Total | 3 (14,5 %) | 3 (14,5 %) | 23 (71 %) | 21 (100 %) |
147On compte cinq tombes contenant des biens allogènes, soit 24 % de l’ensemble, qui présentent des profils divers310. On peut noter la présence d’un aryballe KW dans une tombe masculine (742) et dans une tombe féminine (745). En dehors de la tombe 745, dont les liens avec les noyaux plus au sud sont problématiques, le reste des tombes avec biens allogènes se concentre autour de la tombe de type princier 4693 et du noyau adjacent de tombes, qui sont marquées par la présence de signes de culture Oliveto Citra311.
148Les importations des tombes éminentes sont d’ailleurs remarquables, avec des vases en bronze typiques des tombes princières (bassin, phiale), mais également une kotyle en bronze, forme unique à Pontecagnano. La tombe 4484 contient une oil bottle phénicienne, un scarabée et une oenochoé de Pithécusses312. Au sud-ouest de la tombe 4693, la tombe infantile 571 contient un scarabée, et la tombe 570 un vase en faïence, non conservé, qui évoque des exemplaires de Tarquinia et de Cumes313.
Tab. 14. Les tombes du secteur Chiancone II pendant l’Orientalisant ancien et moyen : démographie.
Âge-Genre | F-tot | H-tot | Inc-tot | Total-tot |
Adultes | 2 | 2 | 5 | 9 (28 %) |
Jeune | 0 | 0 | 0 | 0 |
Enfant | 0 | 0 | 17 | 17 (53 %) |
Inc | 0 | 0 | 6 | 4 (19 %) |
Total | 2 (6 %) | 2 (6 %) | 26 (88 %) | 32 (100 %) |
149Les adultes semblent surreprésentés dans le secteur Chiancone II, pour lequel on dispose de très peu d’informations sur le genre ou le sexe des individus314. Six tombes contiennent des objets allogènes, soit 19 % de l’ensemble : il s’agit essentiellement de tombes d’enfants, à l’exception d’une tombe d’homme adulte (4486)315. Le profil de ces biens allogènes est proche de ce que l’on a observé dans les deux autres secteurs, avec des productions grecques et orientales dominantes316. On peut remarquer l’absence de vases étrusques, rare dans la nécropole orientale, et l’absence plus générale de biens allogènes dans les deux tombes éminentes 4560 et 4524.
150Les trois secteurs étudiés présentent un certain nombre de similarités dans les biens allogènes observés, notamment la fréquence des productions grecques et orientales, avec des associations voire des objets qui évoquent les mobiliers contemporains de Pithécusses. Malgré la présence de deux voies internes de circulation, qui séparent les secteurs, on peut se demander dans quelle mesure la zone intermédiaire contient des secteurs liés entre eux de quelque façon, comme cela est supposé pour la zone Ina Casa au nord317.
3.2.4.3.6. La zone 4 : les secteurs intermédiaires (Babino, Alfinito, Malangone)
151Le secteur Alfinito (fig. 113) se compose exclusivement de tombes d’enfants, dont quatre sont datées de l’Orientalisant ancien et moyen318. Ce petit groupe de tombes est probablement à rapprocher du secteur Chiancone I319. On trouve un scarabée, une amphorette d’impasto étrusco-latiale et un aryballe corinthien, dans trois tombes différentes, dont deux sont marquées par des éléments de distinction (ornements, diversité des types de vases320).
152Le secteur Babino (fig. 113) semble organisé autour de la tombe éminente 1520. Il contient 18 tombes, au profil démographique classique321. Seules trois tombes comportent des objets allogènes, soit 16 % du total322. La tombe masculine 1520, autour de laquelle semble s’organiser le secteur, contient une oil bottle phénicienne : les trois exemplaires de Pontecagnano sont ainsi relativement proches, entre ce secteur et le secteur Chiancone II plus bas. La tombe adjacente 1522 contient une amphorette d’impasto étrusco-latiale, et la tombe 1524 un scarabée ; il s’agit de deux tombes de jeunes garçons.
153Neuf tombes composent le secteur Simeone (fig. 114), isolé des autres car entouré de zones non-fouillées323, dont trois contiennent des objets allogènes (36 %)324. Ce secteur ne comporte pas de tombe éminente. On trouve un scarabée dans la tombe 1541 et un plat en Red Slip Ware, l’unique exemplaire phénicien (Carthage ?) de la nécropole, ainsi qu’un aryballe d’imitation protocorinthienne de Pithécusses (t. 1535).
154On connaît davantage le secteur Malangone (fig. 115).
Tab. 15. Les tombes du secteur Malangone pendant l’Orientalisant ancien et moyen : démographie.
Âge-Genre | F-tot | F-imp | H-tot | H-imp | Inc-tot | Inc-imp | Total-tot | Total-imp |
Adultes | 6 | 1 | 2 | 1 | 4 | 1 | 12 (24,5 %) | 3 (30 %) |
Jeune | 0 | 0 | 0 | 0 | 7 | 3 | 7 (14 %) | 3 (30 %) |
Enfant | 1 | 0 | 1 | 0 | 19 | 1 | 21 (43 %) | 1 (10 %) |
Inc | 0 | 0 | 0 | 0 | 9 | 2 | 9 (18,5 %) | 2 (20 %) |
Total | 7 (14 %) | 1 (11 %) | 3 (6 %) | 1 (11 %) | 39 (79,5 %) | 7 (78 %) | 49 (100 %) | 9 (100 %) |
155Les tombes de jeunes semblent surreprésentées parmi les tombes avec objets allogènes, les tombes d’enfants sous-représentées par rapport au schéma présenté par les autres secteurs325. On trouve deux tombes éminentes dans ce secteur, autour desquelles s’organisent deux groupes distincts de tombes, marqués par une probable monumentalisation sous forme de tumulus. Dans le tumulus ouest, la tombe jumelle éminente 6905-6905bis contenait une situle de type Kurd, peut-être étrusque, au sein d’un mobilier de type princier, la tombe de jeune 6906 adjacente contenait un plat en Red Slip Ware de fabrication pithécusaine, la tombe 6986, en marge du tumulus, contenait un bassin tripode phénicien et la tombe d’enfant 6985 un scarabée. Au nord de ce tumulus, on trouve deux vases d’impasto étrusco-latial (gobelet et amphorette) dans la tombe 6923, ainsi qu’un plat en Red Slip pithécusain dans la tombe 4969. Dans le second tumulus à l’est, la tombe éminente 4968 contenait quatre oenochoés de Pithécusses-Cumes, et la tombe 6867, du même groupe, un aryballe KW et une amphorette étrusco-latiale. On retrouve, comme dans les secteurs méridionaux, une prédominance des productions orientales et de Pithécusses-Cumes, avec quelques objets étrusques326.
156À l’issue de cette présentation de la distribution des objets importés dans les nécropoles orientales et occidentales, il apparaît de façon nette et attendue que les tombes éminentes présentent un profil spécifique vis-à-vis des objets importés, sans être pour autant les seules tombes à en contenir.
3.2.4.4. Les tombes éminentes : une homogénéité dans les importations associées au mobilier, au-delà des différents secteurs ?
157L’apparition dans le paysage funéraire des tombes éminentes, de type princier ou « princières », est un phénomène important qui caractérise ce premier moment de l’époque orientalisante, bien que plusieurs aspects du mobilier et du rituel aient déjà été développés dans la phase IIB de Pontecagnano327. Du point de vue des objets allogènes, ces tombes se distinguent avant tout par la présence de vaisselle métallique.
3.2.4.4.1. Démographie dans la nécropole orientale
158On compte une seule tombe princière dans la nécropole orientale, la tombe féminine adulte 2465 du secteur Ina Casa, sept tombes de type princier et 41 tombes éminentes.
159Parmi les sept tombes de type princier, quatre sont des tombes d’hommes adultes (57 %), deux des tombes de garçons (29 %) et la dernière est une tombe d’enfant de genre indéterminé. 86 % des tombes de ce type sont donc masculines. Trois tombes se trouvent dans le secteur Chiancone IV, et une dans chacun des trois secteurs intermédiaires, Chiancone I, Chiancone II et Chiesa. On peut noter l’absence de tombes de ce type dans le secteur Ina Casa, ainsi que dans le secteur Malangone. Par rapport à la prédominance masculine pour les tombes de type princier, la situation des tombes éminentes est inversée.
Tab. 16. Les tombes éminentes pendant l’Orientalisant ancien et moyen : démographie.
Âge-Genre | F-tot | F-imp | H-tot | H-imp | Inc-tot | Inc-imp | Total-tot | Total-imp |
Adultes | 13 | 4 | 9 | 3 | 0 | 0 | 22 (54 %) | 7 (44 %) |
Jeune | 1 | 1 | 1 | 1 | 0 | 0 | 2 (5 %) | 2 (12,5 %) |
Enfant | 2 | 1 | 4 | 1 | 1 | 0 | 7 (17 %) | 2 (12,5 %) |
Inc | 0 | 1 | 3 | 2 | 1 | 0 | 10 (24 %) | 3 (19 %) |
Total | 22 (54 %) | 7 (44 %) | 17 (41 %) | 7 (44 %) | 2 (5 %) | 0 | 41 (100 %) | 16 (100 %) |
Tab. 17. Les tombes éminentes, de type princier et princières pendant l’Orientalisant ancien et moyen : distribution.
Secteur | « Princière » | « De type princier » | « Éminente » |
Ina Casa | 1 (2465) | 0 | 15 (1750, 1781, 1869, 1914, 1937, 1938, 1944, 1951, 1956, 1998, 1999, 2312, 2438, 2456, 2468) |
Chiancone IV | 0 | 3 (5867, 5870, 5926) | 11 (5873, 5909, 5910, 5929, 5946, 5968, 5977, 5980, 5986, 5987, 5998) |
Malangone | 0 | 1 (6905) | 13 (4968, 6870, 6928) |
Intermédiaire : Chiancone I-III, Chiesa | 0 | 3 (Chiesa : 1507 ; Chiancone I : 575 ; Chiancone II : 4693) | 7 (Chiesa, 1504 ; Chiancone I ; 582, 745 ; Chiancone II : 4484, 4524, 4560, 4630) |
Simeone, Alfinito, Babino | 0 | 0 | 1 (Babino 1520) |
3.2.4.4.2. Les importations des tombes éminentes dans la nécropole orientale
160Les vases en bronze allogènes semblent un attribut quasi exclusif des tombes de niveau de type princier ou princières328. La tombe 2465 contient une oenochoé en bronze phénico-chypriote ou étrusque, un lébès oriental ou eubéen, une phiale en tulipe et un bassin peut-être étrusques329. Toutes les tombes de type princier contiennent également des vases en bronze, à l’exception de la tombe 5870330. Ce type de bien allogène est en revanche bien plus rare parmi les tombes éminentes, où seules trois d’entre elles en contiennent, soit 7 %331. L’origine exacte de ces productions est difficile à déterminer, même si les centres d’Étrurie méridionale ont probablement produit l’essentiel des bassins et des coupes332.
161En dehors de ces vases en bronze, les objets allogènes sont plutôt conformes à ce que l’on a observé pour l’ensemble de la nécropole. On trouve des productions de Pithécusses-Cumes dans huit tombes333, des productions orientales dans dix tombes334. On peut remarquer que 50 % des aryballes KW de la nécropole se trouvent dans ces tombes princières ou de type princier, ainsi qu’une part significative des vases de Cumes-Pithécusses (36 %) et d’Orient (60 %). Les vases étrusques au contraire sont au nombre de quatre. Il s’agit d’amphorettes en impasto, principalement dans des tombes éminentes du secteur Ina Casa335. On trouve enfin un seul vase corinthien336 ainsi qu’un vase en argile fine daunien, dans la tombe 575.
162Seuls les vases en bronze, les amphores de transport (vin ?) et peut-être les vases oenôtres du nord de la Basilicate des tombes 926 et 928 semblent être des biens allogènes exclusivement présents dans les tombes éminentes, de type princier ou princières. On peut également remarquer une localisation préférentielle, mais pas exclusive des productions grecques, orientales et de Cumes-Pithécusses dans ces tombes. Si les productions de type phénicien et phéniciennes sont exclusivement présentes dans des tombes masculines337, ce n’est pas le cas des aryballes KW et des vases de Pithécusses-Cumes338.
3.2.4.4.3. Démographie dans la nécropole occidentale
163Quatre tombes princières ont été identifiées dans la nécropole occidentale entre l’Orientalisant ancien et moyen : t. 926 (fig. 32), t. 928, t. 1963, t. 4461 (fig. 99). Ces deux dernières tombes ont été fouillées sur le tracé de la route S.S.18, et on ignore tout de leur environnement immédiat. Elles sont cependant situées dans une zone plutôt en marge des secteurs occupés à la même époque, comme les tombes 926 et 928, placées dans une zone isolée, l’actuelle Piazza Risorgimento. Il s’agit de quatre tombes d’hommes adultes incinérés, un rituel qui devient minoritaire parmi les adultes de Pontecagnano.
164Parmi les tombes éminentes ou de type princier, on trouve d’une part une majorité de tombes masculines avec des armes dans le mobilier, souvent à crémation en bustum339, d’autre part des tombes féminines340 ou infantiles341 dans d’autres secteurs.
3.2.4.4.4. Les biens allogènes des tombes éminentes dans la nécropole occidentale
165Comme dans la nécropole orientale, on trouve plusieurs vases de bronze342. Les deux tombes princières 926 et 928 contenaient en outre des vases en argent, ainsi que des amphores corinthiennes et des olle oenôtres du nord de la Basilicate, aux marges de la Daunie. Les amphores de transport, comme dans la nécropole orientale, semblent ainsi réservées aux tombes au moins éminentes, puisque l’autre occurrence de ce type d’objets est une amphore de transport étrusque dans la tombe éminente 1811 (Erra III). Le cas des vases oenôtres est plus complexe, mais il semble bien qu’il faille distinguer ces objets du reste des productions centro-italiques, car les deux autres occurrences de cette production se trouvent également dans des tombes éminentes, cette fois dans la zone De Chiara343. Il semble également que les vases grecs, étrusques et de Pithécusses-Cumes soient plutôt présents dans les tombes éminentes ou dans des tombes du même groupe, ce qui n’est pas le cas des aryballes KW et peut-être des scarabées.
166L’étude des biens allogènes pendant l’Orientalisant ancien et moyen a montré de nettes différences entre les nécropoles orientales et occidentales en ce qui concerne la distribution, au-delà d’un certain nombre de comportements homogènes dans les tombes les plus éminentes. Les signes de la distinction évoluent justement avec l’Orientalisant récent, et on peut alors se demander comment évolue la place des objets allogènes dans les tombes des groupes dominants.
3.3. Les échanges de Pontecagnano pendant l’Orientalisant moyen-récent (650-575)
167La seconde moitié du VIIe siècle est marquée par plusieurs évolutions notables, tant dans la variabilité funéraire, dans l’organisation topographique des nécropoles que dans les types de biens allogènes attestés.
3.3.1. Les productions (650-575)
168Une production locale de bucchero se développe à partir de la fin du VIIe siècle, après une première phase d’arrivée de bucchero allogène, de Caere notamment. Le début du VIe siècle semble se caractériser par une réorganisation importante des ateliers locaux, avec l’implantation de nouvelles productions de type étrusque (bucchero, étrusco-corinthien). On peut distinguer de façon assez nette une production de luxe, qui imite les productions étrusques de bucchero incisé et les vases étrusco-corinthiens figurés344 et une production en série de qualité moindre, qui combine ces nouvelles formes au répertoire local traditionnel345.
169L. Cerchiai a notamment étudié la mise en place au début du VIe siècle de ces productions étrusco-corinthiennes liées à deux traditions distinctes, de Vulci et de Caere, ces deux ateliers semblant étroitement liés chacun à un groupe élitaire de Pontecagnano346. L’un de ces groupes, dont les tombes se trouvent dans le secteur Via Sicilia347, exhibe un grand nombre de vases corinthiens, ioniens et étrusques, parfois rares. L. Cerchiai évoque pour ce groupe une « extraordinaire propension commerciale signalée surtout par l’acquisition de céramique corinthienne348 ». Ces différents éléments vont dans le sens d’une transformation des cadres de production céramique, pour une partie au moins des ateliers, avec le rôle joué par certaines familles dominantes, peut-être à l’origine de l’implantation des artisans étrusques, et une modification importante de l’organisation de la production349.
170Distinct de ces deux ateliers, J. Szilagyi a identifié parmi les productions étrusco-corinthiennes un « Groupe de Pontecagnano », présent dans plusieurs tombes inédites350. Ces nouvelles productions influencent le répertoire italo-géométrique local en argile fine, avec l’apparition au début du VIe siècle de nombreuses formes dérivées du répertoire étrusque et le développement d’un nouveau style décoratif. Cette production s’interrompt cependant dans le second quart du VIe siècle351.
171L’identification de certaines productions, liées à la présence d’artisans étrangers et encouragées par une demande spécifique, montre le rôle joué par certains groupes dominants dans ces circulations artisanales et dans le renouvellement de la culture matérielle de Pontecagnano. Dans le cadre de la concurrence entre groupes et de l’implication de certains dans les liens avec l’extérieur, l’étude des objets importés de Pontecagnano pendant cette même période va justement permettre de voir dans quelle mesure leur distribution dépend ou non du même type de logiques. On s’interrogera également sur un lien entre l’évolution des influences dans les productions céramiques et l’évolution dans les types et les origines des biens allogènes que l’on trouve dans les mobiliers des tombes picentines.
3.3.2. Une nouvelle topographie des nécropoles et de nouvelles pratiques funéraires pendant l’Orientalisant récent
172La fin du VIIe siècle marque une nouvelle phase de restructuration de l’espace funéraire. Les aires mises en place au début de l’Orientalisant ancien ne sont pas systématiquement abandonnées, certains connaissent même un regain d’occupation, par exemple Piazza Risorgimento352, mais on constate un déclin démographique dans plusieurs secteurs353. De nouvelles aires sont implantées dans les espaces intermédiaires de la nécropole orientale354, de nouvelles zones sont employées dans la nécropole occidentale355.
173Les tombes sont souvent organisées en files, à l’intérieur de petits groupes, ce qui est particulièrement visible dans la nouvelle aire funéraire Via Firenze356. On constate également un déplacement des signes de distinction vers de nouveaux groupes de tombes, par exemple au nord de la propriété Sabbato I ou dans le nouveau secteur Via Firenze. Ces remaniements dans la nécropole sont contemporains de l’aménagement monumental des aires sacrées, avec la mise en place de deux sanctuaires à l’ouest et du sanctuaire d’Apollon dans la zone sacrée méridionale357.
174Cette nouvelle phase de planification des espaces est souvent interprétée comme un processus d’urbanisation de Pontecagnano, avec une nouvelle définition de l’espace proto-urbain, désormais sanctionnée par des sanctuaires monumentalisés, et une réglementation commune plus stricte de l’organisation funéraire, avec de petits groupes, probablement familiaux, qui se substituent aux grandes agrégations autour de tumuli monumentaux358. Cet aspect est particulièrement visible dans la période suivante, à partir du second et du troisième quart du VIe siècle, où le mobilier funéraire se réduit considérablement, de façon homogène dans les différents secteurs359 ce qui laisse supposer l’application d’une norme commune à l’ensemble de la communauté, loin de l’exhibition de mobilier qui caractérisait la période précédente. Ces nouveaux secteurs restent en usage jusqu’au Ve siècle, ce qui témoigne de la stabilité politique et sociale de la communauté360.
3.3.3. Évolutions des signes de distinction
175Plusieurs phénomènes concomitants entraînent une modification importante des mobiliers éminents361. M. Cuozzo, dans son étude sur le bucchero de luxe produit à Pontecagnano, a souligné la ressemblance forte de ces exemplaires avec les productions métalliques, ce qui lui fait supposer que ce bucchero a pu avoir une fonction substitutive de la vaisselle métallique dans les tombes éminentes. On ne trouve en effet plus de vases en métal dans le mobilier des tombes à Pontecagnano à partir du début du VIe siècle, contrairement à ce que l’on observe ailleurs en Campanie362. L’arrivée du bucchero étrusque et d’onguentaires étrusco-corinthiens est largement remplacée à partir du début du VIe siècle par une production locale, parfois de haute qualité363.
176L. Cerchiai a montré que les tombes princières du secteur Via Sicilia364 se caractérisent par la récurrence d’une série d’éléments de mobilier, liés au banquet, par la présence exclusive dans ces tombes d’une production locale étrusco-corinthienne et de bucchero de grande qualité, ainsi que par le dépôt d’un grand nombre d’objets importés, en particulier de la céramique corinthienne et gréco-orientale, dans des proportions inconnues ailleurs365.
177On peut résumer ainsi ces nouveaux critères :
- Isolement du reste des tombes
- Rituel spécifique (crémation et cratère corinthien comme urne)
- Mobilier vasculaire articulé lié au banquet
- Traces de cérémonies funèbres
- Amphores vinaires
- Productions corinthiennes ou productions locales réservées à ces tombes
3.3.4. Les objets allogènes et leur distribution (650-575)
3.3.4.1. Les objets allogènes
178Les productions corinthiennes sont présentes dans 27 tombes366, ce qui est comparable à la fréquence des productions étrusques (bucchero ou étrusco-corinthien) (24 tombes)367. Les vases corinthiens sont particulièrement concentrés dans les secteurs les plus éminents (Sabbato I, Baldi, Via Sicilia), tandis que les vases étrusques, en particulier le bucchero semblent plus diffusés dans l’ensemble des secteurs. Il peut s’agir d’un effet de source. Nous avons pu interroger la base de données inédite construite par C. Pellegrino sur la nécropole occidentale. Il a été possible d’étudier la distribution de bucchero étrusque, mais pas de céramique corinthienne, car il existe une unique catégorie « céramique grecque ou de type grec » dans laquelle importations et productions locales sont pour l’instant mélangées368. Les productions ioniennes apparaissent surtout à partir du début du VIe siècle, de ce fait surtout présentes dans la nécropole méridionale369. Quelques vases de Pithécusses-Cumes sont encore recensés dans le secteur Bisogno370, probablement plutôt datés du troisième quart du VIIe siècle.
3.3.4.2. Les objets allogènes dans les nécropoles occidentale et méridionale
179On constate une différence forte, du point de vue des biens allogènes, entre des secteurs où l’on en trouve seulement quelques exemplaires (bucchero, aryballe KW), ou aucun, souvent de distinction faible (Secteurs C, D, E, F, G, Erra III), et les secteurs les plus éminents, avec une fréquence et une quantité inédites de productions étrusques et corinthiennes (Sabbato I, Baldi, Via Sicilia, Bisogno, Di Maio Ferro, Gaeta).
180Il faut d’emblée signaler que certains secteurs implantés pendant l’Orientalisant ancien ne semblent plus fréquentés371 tandis que dans d’autres cas, les tombes datées de l’Orientalisant récent ne montrent pas de niveau de distinction comparable à celles de la période précédente (secteur G)372. Dans ces derniers cas, on observe la présence de biens allogènes très courants (bucchero notamment), avec une fréquence plutôt faible373.
181Dans certains secteurs, on ne trouve des objets allogènes que dans une ou deux tombes, les plus éminentes à cette époque. C’est notamment le cas de la tombe 6063-6068 (Gaeta), qui contenait de la céramique corinthienne, étrusco-corinthienne, du bucchero de Caere, ainsi qu’un vase oenôtre et un vase de la région médio-ofantine374, et de la tombe 1809 (Erra III), étudiée plus loin parmi les tombes éminentes. Dans la zone Bisogno, plusieurs tombes montrent des signes de distinction375 et contiennent des productions corinthiennes, étrusco-corinthiennes et ioniennes communes, mais dont la fréquence caractérise ce secteur376. Les nouveaux secteurs implantés pendant l’Orientalisant récent, Braccale et Forte-Bassano, ne contenaient pas d’objets importés.
3.3.4.3. La nécropole orientale
3.3.4.3.1. Démographie
182On observe une baisse marquée du nombre de tombes dans les secteurs installés pendant les périodes précédentes, avec 109 tombes datées entre 650 et 575, contre 366 entre 725 et 650377. Parmi ces 109 tombes, 30 contiennent un objet allogène, soit 28 % des tombes, ce qui est une proportion supérieure à celle de la période précédente.
Tab. 18. Les tombes de la nécropole orientale (650-575) : démographie.
Âge-Genre | F-tot | F-imp | H-tot | H-imp | Inc-tot | Inc-imp | Total-tot | Total-imp |
Adultes | 2 | 0 | 6 | 0 | 2 | 1 | 10 (9 %) | 1 (3 %) |
Jeune | 1 | 0 | 0 | 2 | 0 | 2 | 3 (3 %) | 2 (7 %) |
Enfant | 0 | 0 | 0 | 0 | 65 | 6 | 65 (60 %) | 6 (20 %) |
Inc | 0 | 0 | 0 | 1 | 30 (27,5 %) | 20 | 30 (28 %) | 21 (70 %) |
Total | 3 (14 %) | 1 (11 %) | 6 (6 %) | 1 (11 %) | 99 (91 %) | 29 | 109 (100 %) | 30 (100 %) |
183Deux aspects importants émergent des tableaux 18 et 19. D’une part, on connaît plutôt mal les tombes postérieures à 650 av. J.-C, avec une minorité de tombes pour lesquelles le genre a été identifié (9 %)378. D’autre part, l’occupation semble véritablement continuer uniquement dans les secteurs Ina Casa, Chiancone II et Chiancone IV379.
184Les objets allogènes trouvés dans les tombes après le milieu du VIIe siècle montrent également des évolutions, sur lesquelles on reviendra. Le phénomène le plus notable concerne la prédominance forte des productions étrusques (bucchero et onguentaires étrusco-corinthiens) : on en trouve dans 23 tombes, soit 77 % des tombes qui contiennent des biens allogènes380. On trouve également de la vaisselle corinthienne dans huit tombes, avec des coupes à boire ou des onguentaires381. Les deux scarabées et le vase d’Italie centrale semblent des objets isolés, dans deux cas relatifs à des tombes de la fin de l’Orientalisant moyen en continuité avec les pratiques funéraires précédentes382.
3.3.4.3.2. Le secteur Ina Casa
185Les tombes datées entre 650 et 575 sont majoritairement des tombes d’enfants (44 tombes, soit 66 % de l’ensemble)383, mais il n’a pas été possible d’établir ce type d’informations pour les tombes avec objets allogènes. Comme dans les autres secteurs de la nécropole orientale, on constate un net déclin démographique après 650, avec la formation au début de l’Orientalisant récent de nouveaux petits regroupements de tombes, dans lesquels la céramique importée (corinthienne et étrusque) est très fréquente384. On ne trouve aucune tombe éminente dans le secteur à cette époque, et les nouveaux groupes sont situés au nord des tumuli, dans une zone à la topographie très perturbée par une carrière385. On constate également une continuité d’occupation des secteurs centraux, avec des tombes sans caractéristique spécifique.
186Vingt-deux tombes comportent des objets allogènes, soit 33 % des tombes de cette époque dans le secteur Ina Casa, et 73 % de l’ensemble des tombes avec biens importés de la nécropole orientale. Ces productions sont très majoritairement étrusques, de bucchero ou de type étrusco-corinthien386.
187L’Orientalisant récent dans ce secteur est ainsi marqué par une homogénéité plus grande des mobiliers, y compris en ce qui concerne les biens importés387.
3.3.4.3.3. Les autres secteurs
188Dans le secteur Chiancone IV, on compte quinze tombes datées entre 650 et 575, dont trois contiennent des objets importés388, soit 20 % de l’ensemble. Ces productions allogènes sont exclusivement étrusques, correspondant de fait aux types les plus répandus à cette époque : bucchero et céramique étrusco-corinthienne. Dans la bande méridionale (Chiancone I-III, Chiesa), le secteur 1 (Chiesa-Chiancone I) ne compte qu’une nouvelle tombe à cette époque389. Dans le secteur 2 (Chiancone I-II), aucune nouvelle tombe n’est installée après 650. Le secteur 3 (Chiancone II) montre au contraire une continuité d’occupation, avec quatorze tombes datées de cette période, dont trois contiennent des biens allogènes (21 %)390. Le secteur Alfinito comprend deux tombes de l’Orientalisant moyen-récent, dont l’une contient un scarabée391. Les deux tombes de cette époque dans le secteur Babino ne contenaient pas de productions allogènes, de même dans le secteur Simeone. Dans le secteur Malangone, six tombes sont datées de la seconde moitié du VIIe siècle, dont l’une contient un vase corinthien392.
189Les tombes postérieures au milieu du VIIe siècle dans la nécropole orientale montrent un comportement semblable vis-à-vis des biens allogènes : on trouve très majoritairement des vases étrusques ou corinthiens communs, dans des tombes qui ne présentent pas de signe distinctif spécifique par rapport à l’ensemble des tombes, et dans des proportions légèrement supérieures à ce que l’on a observé dans les périodes précédentes393. On ne trouve de tombe éminente dans aucun de ces secteurs, comme dans le cas d’Ina Casa : les tombes les plus éminentes sont placées dans un nouveau secteur, qui se met en place avec l’Orientalisant récent dans la zone Edil Pag, au sud des secteurs de l’Orientalisant ancien et moyen394.
3.3.5. Les tombes de type princier pendant l’Orientalisant récent
190Les critères qui permettent d’identifier les tombes dites « de niveau princier » ou éminentes évoluent fortement avec l’Orientalisant récent. Outre l’emplacement et la centralité, le mobilier est désormais caractérisé par la présence de nombreux vases corinthiens, étrusco-corinthiens, étrusques (bucchero), au sein d’un mobilier céramique très abondant et diversifié395. Ce schéma se vérifie dans les nouvelles tombes éminentes des anciens secteurs de la nécropole occidentale, comme la tombe 1809 de la zone Erra III396, la tombe 4390 du secteur Risorgimento, les tombes 1693 et 1697 de Sabbato I397, mais également dans les nouvelles tombes princières du secteur Via Sicilia.
191On connaît très mal les tombes princières ou de type princier de l’Orientalisant récent dans la nécropole orientale. Deux tombes ont été publiées par L. Cerchiai, implantées dans le secteur Edil Pag : les tombes 4306 et 4307, qui partagent avec les tombes de type princier du secteur Via Sicilia de la nécropole occidentale plusieurs caractéristiques, notamment la présence exclusive dans ces tombes d’une production locale de type étrusco-corinthien figurée398.
192Au-delà des tombes individuelles, certains groupes de tombes à fort niveau de distinction montrent une concentration d’importations, en particulier dans les zones Sabbato I, Bisogno, Risorgimento et Baldi, mieux connues. Les amphores de transport allogènes, peut-être contenant à l’origine du vin, semblent une prérogative de ces tombes, dans la continuité de la période précédente, de même que le cratère corinthien, en particulier quand il est employé comme urne cinéraire399.
193Le milieu du VIIe siècle semble marquer un moment d’évolution assez net des biens allogènes : on passe d’une prédominance des productions grecques, orientales et de Pithécusses-Cumes (aryballes corinthiens, aryballes KW, oil bottle, bassin tripode phénicien, scarabées, plats en Red Slip Ware pithécusains, vases de Pithécusses-Cumes, amphores de transport grecques) et étrusques de type particulier (amphorettes d’impasto), présentes de façon préférentielle dans les tombes les plus distinguées ou proches d’elles, à des productions allogènes plus communes, fréquentes et homogènes quel que soit le type de tombe ou son emplacement : vases de bucchero et onguentaires étrusques, vases corinthiens de qualité moyenne. Il faut également tenir compte, à partir du début du VIe siècle, du développement des productions étrusco-campaniennes, dont la présence à Pontecagnano est peut-être sous-estimée. Cette difficulté à détecter les productions régionales était déjà présente pour les productions pithécusaines, du fait de l’existence parallèle d’imitations locales.
194Pendant le premier âge du Fer et le début de l’époque orientalisante, les productions allogènes lointaines semblent ainsi systématiquement concentrées dans certains groupes des tombes, qui adoptent plus fréquemment des pratiques funéraires de type grec, comme la crémation en caisson, ou qui exhibent des objets phéniciens parfois très rares ailleurs en Campanie.
195Les « systèmes de signes allogènes » envisagés par M. Cuozzo se déploient ainsi de multiples façons, à partir d’un même ensemble de biens disponibles : seuls les vases en métal, les amphores de transport et certains vases dauniens semblent distribués exclusivement dans les tombes les plus éminentes. Pour le reste, certains biens importés comme les vases de Pithécusses-Cumes, les aryballes rhodiens, les scarabées ou même les amphorettes étrusco-latiales, semblent diffusés dans tous les types de tombes et dans tous les groupes ou presque, même en un seul exemplaire. Davantage que leur simple présence, c’est ainsi leur récurrence et leur association avec d’autres signes renvoyant au même espace (ornements, autres vases plus rares) qui semble en faire parfois des marqueurs spécifiques d’un lien affiché avec cette aire culturelle. C’est notamment le cas dans le groupe Ina Casa autour de la tombe princière 2465, qui concentre la majorité des amphorettes étrusco-latiales, ainsi que d’autres vases de cette provenance et une tombe centrale qui cumule les signes étrusques.
196Il faut également souligner la présence de modalités de consommation funéraire très proches de celles de tombes de Pithécusses-Cumes, dans les associations de vases en termes de fonction, le « corredo base », ou dans des associations de vases grecs ou de type grec, particulièrement denses dans certains groupes. La présence de biens de type phénicien, y compris très rares en Campanie comme un vase de faïence verte ou un plat tripode, ou encore des oil bottle ou des plats en Red Slip Ware, sont autant de signes des liens étroits entre ces sites : ces objets, en dehors de Pontecagnano, n’ont été trouvés qu’à Pithécusses-Cumes400. Ils sont cependant utilisés de façon tout à fait spécifique, notamment les plats en Red Slip Ware, seuls plats présents, et qui sont quasiment absents de la nécropole de Pithécusses.
197Cette ouverture vers l’extérieur et vers des pratiques allogènes ne date pas de l’Orientalisant : plusieurs indicateurs attestent de cette attitude pendant le premier âge du Fer. Il n’y a donc pas de modèle commun de consommation des biens allogènes à Pontecagnano pendant le premier âge du Fer ou l’Orientalisant ancien-moyen. On observe une certaine homologation des pratiques pour les tombes les plus éminentes, mais c’est davantage une grande diversité d’usages qui domine dans la diffusion des objets importés dans le reste des tombes. On peut noter la relative diffusion et accessibilité de certains biens, comme les vases de type grec (à l’exception de certains vases corinthiens), les amphorettes étrusco-latiales, les scarabées et les aryballes rhodiens. La présence des vases à parfums reste limitée, mais elle existe dès le dernier quart du VIIIe siècle, diffusée dans presque tous les groupes de tombes, avec des vases d’origine différente, y compris des vases de type phénicien, ce qui pose la question de contenus différenciés. L’utilisation de produits parfumés est souvent reliée à des rituels funéraires nouveaux, car adoptés à partir de pratiques grecques ou orientales : on aurait ici un indice du degré de connaissance et d’accueil de ces pratiques allogènes par certains groupes de Pontecagnano, bien avant la diffusion bien plus massive d’onguentaires étrusco-corinthiens et locaux à partir de la fin du VIIe siècle.
198La distribution des vases régionaux ou d’Italie centro-méridionale reste difficile à interpréter. Dans certains cas, ils ont pu être rattachés à des mobilités de groupes entiers, par leur inscription dans un système de signes allogènes complet, ou à des mobilités féminines éventuelles. Certains de ces vases régionaux restent plutôt liés à des circulations difficiles à interpréter, notamment l’ensemble des vases attribués à un espace flou qui englobe le nord de la Campanie, avec les sites indigènes de la Culture de la Tombe à Fosse, le Latium et parfois l’Étrurie méridionale. On aimerait ainsi localiser avec plus de précision les lieux de productions des amphorettes étrusco-latiales, des vases de la mesogeia campanienne dans la nécropole occidentale ou de la fameuse classe RNL pendant le premier âge du Fer. On a également précisé combien l’identification des productions régionales, de Cumes-Pithécusses puis étrusco-corinthiennes ou de bucchero, restait difficile. De par les cas attestés ou supposés d’imitations et de migrations artisanales, les productions locales intègrent rapidement des motifs et des techniques de ces centres régionaux, ce qui rend l’individualisation des vases allogènes difficile. La quantité estimée de vases de Pithécusses-Cumes pose notamment la question de leur échange : peut-on considérer qu’il s’agit seulement d’échanges non marchands entre élites, puisqu’il ne s’agit pas de mobilités individuelles ou de groupes, pour reprendre les trois schémas proposés par M. Cuozzo ? Il semble qu’on ait davantage ici des biens échangés dans le cadre d’échanges marchands, pas directement liés à des relations personnelles entre groupes dominants, ce qui cadrerait avec des exemplaires relativement standardisés et communs. Un dernier phénomène fondamental de l’époque orientalisante dans les nécropoles de Pontecagnano concerne la visibilité nouvelle des enfants. Du point de vue des objets allogènes, les tombes éminentes infantiles concentrent ainsi les objets importés, dans des modalités différentes selon les secteurs, sans que l’on observe pourtant une distribution spécifique liée à l’âge des défunts401.
199Tout change avec la seconde moitié du VIIe siècle, et surtout à la fin du VIIe siècle et au début du VIe siècle. Le métal disparaît des tombes de Pontecagnano, les objets allogènes deviennent standardisés et d’un nouveau type. On ne trouve plus d’ornements orientaux ou d’objets de type phénicien, ni de vases de Pithécusses-Cumes, mais des vases corinthiens et étrusques, de bucchero ou d’argile, en grand nombre, dans davantage de tombes et en davantage d’exemplaires dans chaque tombe. Les signes de distinction évoluent : les secteurs d’implantation changent, les rituels également avec l’arrivée d’un nouveau rituel, la crémation suivie du dépôt des cendres dans un cratère corinthien. Les tombes les plus éminentes ne monopolisent plus certains types d’importations. Elles se caractérisent désormais par la multiplication des productions importées courantes, corinthiennes et étrusques, et par l’exclusivité de certaines productions figurées locales. Cette homogénéisation des mobiliers, où seule la quantité varie réellement, est contemporaine d’une moindre différenciation topographique, avec de petits groupes de tombes alignées qui remplacent les grands tumuli du VIIe siècle.
Notes de bas de page
1 Voir le chapitre 2.
2 Cinquantaquattro 2001, Pellegrino – Rossi 2011, p. 55.
3 D’Agostino – Gastaldi 1988, p. 101-115, avec une mise à jour dans De Natale 2016, p. 35-40, avec les correspondances en termes de chronologie absolue, p. 38, repris dans tab. 7.
4 D’Agostino – Gastaldi 1988, p. 110-112.
5 Müller-Karpe 1959a, ainsi que les réflexions fondamentales dans Peroni 1979.
6 B. D’Agostino dans De Natale 2016, p. 40 note 32 sur l’utilisation des datations de Coldstream 1968 pour la céramique corinthienne, avec un Géométrique récent I attique daté entre 760 et 735, débutant donc un peu plus tôt que le Géométrique récent I corinthien.
7 Voir la section consacrée aux vases du Géométrique moyen en Campanie dans la typologie céramique en annexe.
8 D’Agostino – Gastaldi 1988, p. 103.
9 D’Agostino – Gastaldi 1988, p. 109.
10 Voir la présentation en introduction.
11 Le caractère villanovien de Pontecagnano a fait débat, en particulier sur l’idée d’une émigration de petits groupes. Renato Peroni et plusieurs de ses élèves ont ainsi proposé d’interpréter la culture matérielle et funéraire mixte de Pontecagnano comme le résultat d’une diffusion de pratiques et d’objets, sans nécessairement de mobilités humaines. Derrière cette vision diffusionniste, il y avait à l’époque une volonté d’aller contre l’idée d’une colonisation étrusque de la Campanie, encore assez présente et largement remise en cause depuis. R. Peroni soulignait également les limites du concept unitaire de culture villanovienne, Peroni 1994.
12 D’Agostino 1994b, ainsi que la mise au point récente de D’Agostino 2011c.
13 La découverte d’inscriptions en étrusque sur des vases de la nécropole, datés du milieu du VIIe siècle, confirme ce caractère étrusque, voir Pellegrino 2017 pour un bilan. Pendant l’Orientalisant récent, un important renouveau dans les productions céramiques de Pontecagnano a été lié à l’arrivée d’artisans de ces deux sites étrusques, Cerchiai 1990b.
14 D’Agostino – Gastaldi 1988, p. 239.
15 L’étude anthropologique a parfois permis de déterminer l’âge, mais pas le sexe pour la grande majorité des cas, Bartoli – Vitiello – Mallegni 1988, p. 249.
16 D’Agostino – Gastaldi 1988, p. 240.
17 Vida Navarro 1992.
18 Expression employée dans le volume D’Agostino – Gastaldi 1988a pour désigner les nécropoles de Pontecagnano, et indiquer l’aspect périphérique du Pagliarone par rapport à ce site.
19 D’Agostino – Gastaldi 1988, p. 156 : 78 % des tombes masculines sont à crémation contre 53 % des tombes féminines, tandis que les tombes indifférenciées se répartissent équitablement entre les deux rituels. Il est indiqué en note 24, p. 156 que, pour les tombes de la propriété Landolfi de la phase IA, inédites, la crémation concerne 88 % des tombes, masculines ou féminines. Dans la nécropole du Picentino, pour les périodes IA et IB, le pourcentage de crémations est d’environ 80 %. Calculs réalisés à partir de la base de données.
20 D’Agostino – Gastaldi 1988, p. 241.
21 D’Agostino – Gastaldi 1988, p. 238-240.
22 Morris 1987. Sur la représentativité démographique des nécropoles et l’archéologie des « sujets invisibles », voir les réflexions dans Cuozzo 2003, p. 23-24. M. Cuozzo a proposé un panorama des évolutions théoriques en archéologie funéraire dans Cuozzo 1996.
23 Tendance déjà signalée dans D’Agostino 1982b, p. 215.
24 Ces deux éléments funéraires sont d’ailleurs souvent corrélés, D’Agostino 2015, p. 92-93.
25 Gastaldi 1998, p. 156, hypothèse proposée dans le cas où aucune trace de restes humains n’est attestée. Cette hypothèse est notamment évoquée pour certaines tombes à crémation, avec une structure de puits, dans la nécropole du Pagliarone (IA-IB). Dans d’autres cas, ces tombes, majoritairement à fosse, ont probablement contenu des enfants. C’est notamment le cas dans le secteur ECI (IIA-IIB), ce qu’indique la petite taille des fosses, mais surtout les examens anthropologiques, D’Agostino – Gastaldi 1988, p. 239 et De Natale 1992, p. 136.
26 D’Agostino – Gastaldi 1988, p. 239-240.
27 Voir tab. 75 en ligne qui recense les tombes éminentes de la phase IIB avec leurs éléments de mobilier, à laquelle on renvoie pour le détail des contextes concernés par ce paragraphe.
28 Cette pratique est bien attestée en Italie méridionale, et rappelle la valorisation du travail manuel également présente dans l’Odyssée, D’Agostino – Gastaldi 2012, p. 426. Les outils sont étudiés dans la partie typologique de D’Agostino – Gastaldi 1988a, p. 75. Ils sont peu nombreux à Pontecagnano, et il est encore plus rare d’en trouver plusieurs dans la même tombe, voir la note 307, p. 96 sur les haches, avec bibliographie correspondante.
29 D’Agostino – Gastaldi 2012, p. 417.
30 Voir les références dans le chapitre 2 sur la construction d’un indicateur de distinction pour les tombes de Pontecagnano.
31 D’Agostino – Gastaldi 2012, p. 423-424.
32 La limite constituée par le fleuve Picentino est encore évidente aujourd’hui. Dans le secteur oriental, des fouilles ont révélé que le torrent Frestola suivant un cours différent dans l’Antiquité, puisqu’en dessous du cours actuel ont été trouvées des tombes de l’âge du Fer, D’Agostino – Gastaldi 1988a, p. 5. Sur les limites des nécropoles de l’âge du Fer, Pellegrino – Rossi 2011, p. 53-54 et p. 210.
33 Ces remarques restent cependant très partielles, car un grand nombre de tombes de cette phase ont été fouillées dans le secteur Landolfi, dans la nécropole de S. Antonio, et sont inédites.
34 D’Agostino – Gastaldi 1988, p. 240-241.
35 Ce dernier cas est illustré par une unique tombe, la tombe 2145 du secteur Bisogno, D’Agostino – Gastaldi 1988, p. 166-167, et la note 20, p. 41 dans Pellegrino 1999.
36 C’est par exemple le cas dans le secteur Bisogno, où l’on a un groupe de sept tombes monumentales, avec des enceintes de plaques de tuf, voire des sortes de cabanes, datées de la première phase du Fer : tombes 2145, 2106, 2150, 2151 et 2152, D’Agostino – Gastaldi 1988a, p. 197-198, 194-196, 198-200, 200-202, 202, 202-203.’
37 En ce qui concerne l’idée de couples de tombes, les tombes 2145-2106 et 2151-2150 correspondent à chaque fois à l’association topographique d’une tombe masculine et d’une tombe féminine de la même époque, la fin de la phase IB et le début de la phase II, D’Agostino – Gastaldi 1988a, p. 236-237.
38 Ils ont été mis en évidence dans D’Agostino – Gastaldi 1988a, p. 206 pour la zone Bovi, et par Pellegrino 1999, p. 36 et suiv.
39 Il s’agit des tombes 206 et 227, D’Agostino – Gastaldi 1988a, p. 142 et p. 158-160.
40 51 % des tombes de la phase II publiées proviennent de la zone ECI, 22 % du secteur Stanzione.
41 L’élaboration du plan suit les analyses de De Natale 1992, p. 139-140.
42 Il semble en effet que les tombes non publiées de ce secteur, qui correspondent aux fouilles de Daniele Sibilio et se situent dans la partie nord du secteur, correspondent à des tombes à réceptacle de la phase IB. Ces tombes sont visibles dans De Natale 1992, fig. 3.
43 Cerchiai 1990c, p. 39. Si l’on observe le plan du secteur Palazzina III (fig. 95), on peut reconnaître, par la forme des tombes, et l’organisation générale du secteur, un groupe de tombes à réceptacle au nord et une masse de tombes de la phase II rangées en files, comme le décrit L. Cerchiai. Ces tombes à réceptacle au nord, inédites, seraient le noyau originel à partir duquel s’est développé ce secteur par la suite.
44 De Natale 1992, p. 140.
45 D’Agostino – Gastaldi 1988, p. 41.
46 D’Agostino – Gastaldi 1988, p. 44-46, voir également la typologie céramique en annexe sur la diffusion des vases grecs en Campanie.
47 La distance maximale est ici celle qui sépare Pontecagnano de Capoue, soit environ 80 km, 18h de marche soit 2-3 jours.
48 Cette production est rangée sous le type 26 dans la typologie de D’Agostino – Gastaldi 1988, p. 42-43. Voir la typologie en annexe sur les productions d’Italie du Sud en Campanie.
49 Les objets allogènes, en excluant les objets d’ornements, représentent 31 objets, tous secteurs et époques confondues, sur un total d’environ 1500 objets. Toutes périodes et secteurs confondus, les tombes qui contiennent au moins un objet importé représentent 9 % de l’ensemble des tombes.
50 Une perle en pâte vitrée a été trouvée dans la tombe 666 du Pagliarone, Gastaldi 1998, p. 77 et une perle en faïence dans la tombe 723 du Pagliarone, Gastaldi 1998, p. 102-103.
51 La tombe 666 contient 14 ornements, alors que la moyenne de l’époque, pour les tombes féminines et dans ce secteur, est de 3,6 ornements par tombes, la médiane de 2 ornements par tombe. Il s’agit d’ailleurs de la tombe féminine la plus richement ornée dans ce secteur à cette époque. La tombe 723 contient huit ornements, ce qui la place également dans les tombes les plus ornées.
52 Voir tab. 75 en ligne pour le catalogue des contextes.
53 Il s’agit de la tombe 2042 du secteur Bisogno, datée de la phase IA, voir D’Agostino – Gastaldi 1988, p. 169.
54 Il s’agit de la production a tenda définie dans D’Agostino – Gastaldi 1988, p. 42-43 et Ruby 1988.
55 La tombe 2068 du secteur Bisogno est la sépulture à crémation à réceptacle d’une femme, contenant un mobilier relativement riche en quantité et en diversité d’objets et d’ornements. Elle est située légèrement en marge des autres tombes du secteur Bisogno, à proximité de la tombe à fosse 2042, qui semble centrale et contenait une amphore de Cumes, D’Agostino – Gastaldi 1988, p. 180-181. La tombe 679 du Pagliarone contenait deux cruches a tenda et un couteau. C’est l’unique tombe à contenir un couteau dans le secteur du Pagliarone, et la seule tombe de la phase IB connue à posséder un couteau dans toutes les nécropoles de Pontecagnano, Gastaldi 1998, p. 85-86.
56 D’Agostino – Gastaldi 1988, p. 153-154 et fig. 92 en annexe 3 pour un plan détaillé du secteur Stanzione.
57 L’olla piumata de la tombe 174 est rangée dans le type 27A. Il s’agirait alors d’une production sicilienne, D’Agostino – Gastaldi 1988, p. 44. Mais une étude plus attentive par une spécialiste de la Sicile, R.M. Albanese Procelli, indique une production plutôt oenôtre. L’objet n’a pas en effet de correspondants en Sicile, Albanese Procelli 1994, p. 165, indiqué dans Gastaldi 1994a, p. 54.
58 Gastaldi 1994a, p. 53-54, rappelé par Cerchiai 2013, p. 140 dans le cadre d’une analyse plus générale de la présence d’individus étrangers à Pontecagnano.
59 Il s’agit de la tombe 180 du secteur Stanzione et de la tombe 889 du secteur Aiutolo du Pagliarone. La tombe 180 est située dans le secteur Stanzione, mais sa localisation exacte est inconnue. Les indications la situent près de la tombe 174, D’Agostino – Gastaldi 1988, p. 132-133. La tombe 889 est située dans le secteur du Pagliarone, Gastaldi 1998, p. 127-128. Ces deux tombes contenaient chacune une épée probablement produite près de Torre Galli (fig. 96). Il s’agit de deux tombes à inhumation, du début de la phase IB. La présence de ce rituel anormal pour des guerriers renforce l’hypothèse de la présence à Pontecagnano de guerriers originaires d’Italie du Sud, plus précisément de Torre Galli, sur la côte tyrrhénienne. On reviendra sur le lien de ce site avec les îles siciliennes et sardes, Gastaldi 1994a, p. 54-55 et Cerchiai 2013, p. 140.
60 Il faut cependant noter que l’on trouve également dans cette tombe une cruche définie dans D’Agostino – Gastaldi 1988, p. 131 comme importée, sans précisions ultérieures. Cerchiai rappelle que les analyses de A. M. Bietti Sestieri ont rapproché cette cruche d’exemplaires du Latium, Cerchiai 2013, p. 139, qui renvoie à Bietti Sestieri 1992, p. 261.
61 La tombe 889 est adjacente à la tombe féminine 2066, de la même période. Celle-ci contient un riche mobilier et notamment plusieurs perles en pâte vitrée, Gastaldi 1998, p. 140-141. C’est également le cas de la tombe 174.
62 D’Agostino – Gastaldi 1988, p. 129 évoquent une « brocca a tenda grossolana » dans cette tombe du début de la phase II, que Yntema 1990 place de façon erronée dans la deuxième moitié du IXe siècle. Il attribue le vase à une production de type South Italian Early Geometric typique de Sala Consilina, p. 38-39.
63 Un pot qui imite la céramique piumata mais plutôt originaire de Calabre pour la tombe 174, une cruche a tenda pour la tombe 166, D’Agostino – Gastaldi 1988, p. 131 et p. 129.
64 Cerchiai 2013, p. 141.
65 La tombe 4851 est une tombe à crémation à réceptacle, où les cendres sont recueillies dans une urne biconique recouverte d’un casque en céramique. Elle est entourée d’un cercle de pierres, et appartient à l’un des groupements identifiés dans le secteur Bovi, D’Agostino – Gastaldi 1988, p. 208-209, et la figure 94 en annexe. Elle peut être rapprochée de la tombe 2150 du secteur Bisogno, qui contient une tasse a tenda et constitue une des tombes les plus centrales d’un groupement très distinctif, autour de l’éminente tombe 2145.
66 Il s’agit de la tombe 2150 du secteur Bisogno, à compléter avec les analyses sur la tombe 180 de Gastaldi 1994a, p. 127-128.
67 Il s’agit d’un fourreau d’épée de type Veio, peut-être importé d’Étrurie méridionale, D’Agostino – Gastaldi 1988 respectivement, p. 200 et p. 77.
68 Il s’agit d’une tombe à crémation qui ne contient par ailleurs que l’urne biconique avec couvercle en forme de casque, et une fibule
69 Gastaldi 1998, p. 122 et fig. 72.1 pour l’amphore, p. 122 et fig. 72.2 pour le vase à deux cols, avec déjà D’Agostino – Gastaldi 1988, p. 19, mais sans références ou explications détaillées sur sa fonction. On aurait envie de le rapprocher des vases multiples, D’Agostino – Gastaldi 1988, p. 35 et tav. 13, mais son classement dans la série des vases d’usage quotidien, sa forme proche de l’askos invitent à penser qu’il s’agit peut-être d’une forme étrangère au répertoire de Pontecagnano, d’où son unique occurrence dans la nécropole. Le caractère étranger du vase renforce la singularité de la tombe, de par son association avec une amphore produite à Cumes ou en Campanie septentrionale.
70 Gastaldi 1998, p. 75, déjà D’Agostino – Gastaldi 1988 pour une présentation de la pyxide dans la typologie des productions importées de céramique piumata, p. 44. Il s’agit a priori de l’unique exemplaire dans la nécropole de Pontecagnano et du Pagliarone, note 79 p. 85 pour des compléments bibliographiques, dans Gastaldi 1998.
71 Il s’agit de la tombe 683. Ce type de rituel n’est pas aussi répandu chez les femmes que dans les nécropoles urbaines de Pontecagnano : il peut donc s’agir en soi d’un élément de distinction, Gastaldi 1998, p. 163-164.
72 Gastaldi 1998, p. 88 et la note 106, p. 89 pour la bibliographie.
73 Gastaldi 1998, p. 143 pour la description de la tombe et Gastaldi 1994a pour une analyse détaillée, p. 52-54, avec une reproduction du mobilier fig. 2, p. 53.
74 Une épée finement décorée et deux emmanchures en os décoré de cercles imprimés, probablement liées à des couteaux, Gastaldi 1998, p. 52 pour l’épée. Il s’agit d’une production proche de celle de Cumes, comme l’indique la note 6, p. 52, avec bibliographie correspondante, Gastaldi 1998, p. 51 pour les emmanchures. La note 4, p. 51-52 précise que ces objets sont bien documentés dans des nécropoles d’Étrurie, comme à Populonia et Vetulonia. Deux crochets de bronze, uniques, sont également présents comme ornements, Gastaldi 1998, p. 51.
75 Cette interprétation reste difficile à accepter en l’absence d’analyses de contenu, Arancio – Moretti Sgubini – Pellegrini 2010 sur une tombe de Vulci contenant le même type de petit vase, qui renvoie à des attestations à Populonia, p. 190. Dans le cas de cette tombe de Vulci, le genre de la défunte est cependant déterminé par le mobilier, les analyses ostéologiques menées sur les os calcinés n’ayant permis de déterminer que l’âge et le nombre des individus : un adulte et un enfant.
76 Gastaldi 1994.
77 Torelli 1981, p. 58 sur l’idée d’une « dame sarde » qui serait allée se marier à Vulci, cité par Arancio – Moretti Sgubini – Pellegrini 2010, p. 190.
78 On l’a vu, la phase II est en partie définie comme le moment d’apparition des coupes grecques dans les tombes de Pontecagnano.
79 Les formes concernées ici sont des tasses (t. 203, t. 211, t. 221) et une cruche (t. 3231), D’Agostino – Gastaldi 1988, p. 140, p. 146 et p. 153-154, et De Natale 1992, p. 81. La cruche de la tombe 3231 est difficile à attribuer à une zone précise, car elle présente des caractéristiques formelles proches de modèles des zones de Culture de la Tombe à Fosse, et une décoration proche de vases de Capoue. La tombe a été trouvée déjà endommagée, avec une partie du mobilier disparu. Les trois tasses proviennent de Capoue, D’Agostino – Gastaldi 1988, p. 31.
80 Deux des tombes ne présentent pas d’indicateur particulier de genre ou de distinction, les tombes 203 et 221 du secteur Stanzione. La tombe 221 contient cependant une hache, ce qui pourrait permettre de la relier à un individu masculin. Une autre tombe, la tombe 211, présente au contraire plusieurs signes de distinction, comme une fosse longue (2,80 m) et un mobilier abondant : onze vases et cinquante-neuf éléments d’ornements ou de tissage, D’Agostino – Gastaldi 1988, p. 145-148, avec un vase imitant le style grec, D’Agostino – Gastaldi 1988, p. 146 et D’Agostino – Gastaldi 1988, p. 47-48 pour l’étude de ces productions. Elle contenait également des orientalia, dont un scarabée en stéatite et un grand nombre de perles en pâte vitrée ainsi que quelques perles d’ambre, D’Agostino – Gastaldi 1988, p. 148-149, avec la synthèse typologique de R. Peroni sur les scarabées de Pontecagnano dans D’Agostino – Gastaldi 1988, p. 67-68.
81 La tombe 211 et la tombe 221 sont très proches, voir fig. 92 en annexe 3.
82 Ruby 1993b.
83 De Natale 1992b, p. 15 sur le type de pot 3 IMP, considéré comme une importation. Le pot de la t. 3231 possède une forme typique de la Culture de la Tombe à Fosse, mais une décoration capouane, note 6, p. 30 pour la référence dans Johannowsky – Merolla 1983.
84 Sa datation et son genre sont imprécis, De Natale 1992, p. 81-82.
85 De plus, il est probable qu’une partie du mobilier ait disparu suite à l’endommagement de la zone par une structure postérieure, une décharge de terre foncée, dans laquelle on a trouvé du matériel plus récent, De Natale 1992, p. 81.
86 Scala 2011, p. 150, Gobbi 2011, p. 193 sur les écuelles avec anses en forme de cheval, et Cerchiai 2013, p. 145 sur la tombe 29 de Fontanelle.
87 Dix-huit exemplaires, dont neuf dans le secteur ECI (tombes 3184, 3207, 3213, 3223, 3230, 3264, 3286, 3287, 3293), trois dans la nécropole du Picentino (tombes 208 et 231, Stanzione ; tombes 2157 Bisogno), deux dans la nécropole du Pagliarone (tombes 682 et 1095). Les deux derniers exemplaires sont localisés dans un secteur non publié, probablement dans la zone du Picentino (tombes 581 et 610). Cet inventaire provient de la distribution signalée pour la classe d’amphores 7E, attribuée à la vallée du Sarno dans D’Agostino – Gastaldi 1988, p. 24 et des exemplaires de cette classe présents dans la publication de De Natale 1992, pour les tombes de la nécropole orientale. Voir également la typologie de référence en annexe.
88 On trouve des coupes grecques dans les tombes 231, 3264 et 3286, D’Agostino – Gastaldi 1988, p. 162, De Natale 1992, p. 96 et p. 113. Des perles en pâte vitrée font partie des ornements des tombes féminines 3213, 3230 et 3287, De Natale 1992, p. 69-70, p. 80-81, p. 115-116.
89 L’exceptionnelle tombe 3184 contenait un bassin en plomb, exemplaire unique, et une broche en fer, ainsi que des armes. Les tombes 3213 et 3230 contenaient un couteau, la tombe 3287 une grande quantité d’ornements, la tombe 3207 ainsi que la tombe 2157 des armes, De Natale 1992, p. 49, p. 68-69, p. 80-81, p. 115-116, p. 58-59 et D’Agostino – Gastaldi 1988, p. 203.
90 Voir les plans en annexe.
91 Les tombes 208, 3323 et 3293, D’Agostino – Gastaldi 1988, p. 143, De Natale 1992, p. 76 et p. 120-121. Il faut rappeler qu’on ne connaît rien sur les tombes 581 et 610.
92 Il s’agit de l’amphore de la tombe 3223 du secteur ECI. Elle a été retrouvée brisée en de nombreux fragments, au cours de la fouille : elle ne faisait semble-t-il pas partie du mobilier déposé autour du corps du défunt, qui a lui été retrouvé dans un état correct. On peut faire l’hypothèse d’un usage de cette amphore au cours des rituels qui précèdent la fermeture de la tombe, car ce phénomène de vases brisés a été constaté dans d’autres cas, De Natale 1992, p. 120-121.
93 Si l’on exclut les écuelles des vases pour boire, toutes les tombes de cette phase contiennent au moins une tasse ou un vase pour boire, à l’exception des tombes 3207 et 3223.
94 Tombe 889, voir plus haut.
95 Un premier sous-groupe semble relier les tombes de la zone nord-ouest de Stanzione, tandis qu’un second concentre peut-être une tombe d’enfant, et plusieurs tombes contenant un scarabée, des importations grecques ou capouanes. La tombe 227 contient un scarabée de faïence, mais il s’agit d’une tombe à caisson à crémation, ce qui est rare pour les tombes d’enfants, D’Agostino – Gastaldi 1988, p. 143.
96 On trouve des coupes grecques (nombre indiqué entre parenthèses) dans les tombes 204(1), 206(3), 229(1) et 231(2). Trois coupes ont également été retrouvées près de ces tombes, mais dans un contexte très perturbé et probablement relatif à plusieurs tombes, nommé G228 dans le catalogue, D’Agostino – Gastaldi 1988, p. 140-141, p. 142, p. 161, p. 161-162 et p. 161.
97 La tombe 211 contenait un scarabée, de nombreuses perles de pâte vitrée et des objets en or, très rares, ainsi qu’une écuelle de type grec, D’Agostino – Gastaldi 1988, p. 146-148. La tombe 204, outre deux coupes grecques, contenait également deux imitations locales.
98 Le couteau appartient à la tombe 226, qui possède également des armes et une imitation locale, D’Agostino – Gastaldi 1988, p. 157-158. La tombe 224, féminine, contenait deux chenets, généralement interprétés en lien avec la fonction domestique de la femme, D’Agostino – Gastaldi 1988, p. 155-156.
99 Voir la figure 91 : une route passait probablement juste au-dessus de ces tombes, délimitant la nécropole.
100 Tombe masculine 180, tombe féminine 174, voir l’analyse plus haut dans ce chapitre.
101 Tombe 2042 pour le vase de Cumes, tombes 2068 et 2150 pour les vases a tenda, voir l’analyse plus haut dans ce chapitre.
102 De Natale 2016, p. 122, voir fig. 94 en annexe 3.
103 De Natale 2016, p. 121.
104 De Natale 2016, p. 120-121.
105 De Natale 2016, p. 7-8.
106 Dans la tombe 6376.
107 Dans les tombes 6327, 6350, 6355, 6357, 6359, 6375.
108 Les tombes masculines avec armes 4856 et 4858 ne contenaient pas d’objets allogènes.
109 D’Agostino – Gastaldi 1988, p. 218 et, p. 223-224. La tombe 4866, masculine, est une crémation en caisson, mais ne contenait pas d’armes, seulement un casque en céramique comme couvercle de l’urne biconique. La tombe masculine 4862, à réceptacle, présente le même schéma, tandis que la tombe masculine 4868 ne contient ni casque ni armes. Ces tombes datent toutes de la phase II : l’absence d’armes est donc plutôt « anormale ». La tombe 4871 est une crémation en fosse, rituel minoritaire, même s’il se développe au cours de la phase II. Cette tombe était par ailleurs entourée d’une enceinte en plaques de tuf. Sa localisation, juste à côté du fleuve, peut sembler légèrement marginale par rapport au reste de la nécropole du Picentino, D’Agostino – Gastaldi 1988, p. 223-225, et voir fig. 92 en annexe.
110 D’Agostino – Gastaldi 1988, p. 49 pour la notice typologique de la coupe 31A et la note 124, p. 87 pour les références aux publications sur Lefkandi.
111 La présence de trois grosses fibules de fer avec des traces d’étoffe fait supposer aux auteurs la présence d’un linge entourant le corps du nourrisson. La petite taille de la fosse, 1,52 m de longueur, et la présence des scarabées, vont dans ce sens
112 D’Agostino 2015.
113 D’Agostino – Gastaldi 2012 évoquent les tombes 3088, 3089, 3090 et 3090bis, 3091 et 3093 et donnent quelques indications sur la présence de vases grecs et de type grec dans le reste des tombes, voir la synthèse tab. 75 en ligne et fig. 97 en annexe 3.
114 D’Agostino – Gastaldi 2012, p. 402, fig. 5, voir également Gobbi – Aurino 2012.
115 D’Agostino – Gastaldi 2012, p. 402.
116 D’Agostino – Gastaldi 2012, p. 402-403. Voir la typologie en annexe 1 sur ce vase.
117 On sait par des allusions et des publications partielles que le secteur Santoro-Barbarito ainsi que le secteur Landolfi contenaient des tombes avec des objets allogènes comme un encensoir étrusque (t. 496), une tasse en bronze étrusque (t. 528), plusieurs vases grecs (ces derniers contextes sont à placer dans la zone Barbarito-Santoro), D’Agostino 1962 et D’Agostino 1982b. La tombe 7178 provenant de la nécropole orientale contenait un service de vases en bronze allogènes exceptionnel par leur nombre et leur diversité, datée de la phase IIB, D’Agostino – Gastaldi 2012, voir la localisation de ces tombes sur le plan (fig. 17, ch. 2).
118 D’Agostino – Gastaldi 2012 : tombes 3006, 3009, 3010, 7178, 7765.
119 Cette hypothèse sera discutée plus loin. L’auteure compare notamment cette situation à celle de la nécropole de l’Osteria dell’Osa, De Natale 1992, note 58, p. 145 pour la bibliographie précise.
120 On sait par des allusions et des publications partielles que le secteur Santoro-Barbarito ainsi que le secteur Landolfi contenaient des tombes avec des objets allogènes comme la tombe 7178 provenant de la nécropole orientale contenait un service de vases en bronze allogènes exceptionnel par leur nombre et leur diversité, datée de la phase IIB, D’Agostino – Gastaldi 2012, voir la localisation de ces tombes sur le plan (fig. 17, ch. 2).
121 De Natale 1992, p. 139, à associer à la description de la tombe 3241 dans De Natale 1992, p. 83. La cabane était liée à la tombe 3211, mais englobait d’autres enfants. Voir, outre la description de la tombe 3211 dans De Natale 1992, p. 63-65, l’analyse de la structure, p. 139 du même volume.
122 La tombe féminine 3276, inhumation en fosse, contenait un grand nombre d’ornements précieux, et un encensoir en bronze de production étrusque. La tombe masculine 3284, inhumation en fosse, contenait des armes, une coupe grecque, et plusieurs outils, ce qui est rare. Deux tombes féminines adjacentes, la tombe 3286 et la tombe 3280 contiennent l’une, une coupe grecque, l’autre, un remarquable service à vin étrusque, De Natale 1992, p. 113-114 et p. 108-109.
123 La tombe 3214 contient une coupe grecque, deux imitations locales et un grand nombre d’ornements rares : perles en pâte vitrée, en ambre, pendentifs en or et en argent, nombreux coquillages, ainsi que des ornements en os, De Natale 1992, p. 70-73. La tombe 3211 est une tombe de fillette, qui contenait deux coupes grecques, un couteau, des perles en pâte vitrée et de très nombreux objets genrés liés au tissage, De Natale 1992, p. 62-65. La tombe 3212 contenait un pendentif en défense d’éléphant, unique, De Natale 1992, p. 65-67. La tombe 3224, peut-être celle d’une fillette de par la présence d’un vase miniature, contenait une coupe grecque. La tombe 3248 voisine contenait l’unique exemplaire de situle étrusque en bronze connu à Pontecagnano, De Natale 1992, p. 86-87, p. 24 sur la situle et note 26, p. 31 avec les références bibliographiques.
124 Cette tombe contient en effet une sorte de cantare et un pot, De Natale 1992, p. 113-114. Le pot est de type « 3 IMP » et le cantare est simplement défini dans la description comme une tasse à deux anses, étrangère au répertoire local. Le pot, d’après la typologie dans Natale 1992b, p. 15, présente une décoration diffusée à Capoue, mais également en Étrurie méridionale. La note 58, p. 129 du même volume précise qu’il s’agit très probablement d’une production étrusque. M. Gras a étudié ces objets, et identifie la tasse à un des antécédents des canthares étrusques en bucchero. On aurait là deux productions d’Étrurie méridionale interne, de la région de Vulci peut-être, Gras 1984.
125 Les deux tombes masculines 3285 et 3289 sont topographiquement associées. Il s’agit de deux crémations en caisson. La tombe 3285 contient un couteau, une hache, une pointe de lance, deux coupes grecques et une imitation locale. La tombe 3289 associée contient un couteau et un vase biconique recouvert d’un casque en céramique. La tombe 3288 à fosse, adjacente, contient un couteau et une amphore d’imitation locale, De Natale 1992, p. 111-113, p. 118-119 et p. 117. Deux coupes grecques, associées à deux amphores de la vallée du Sarno, ont été trouvées dans une tombe féminine à fosse 3264, voisine de ces tombes, De Natale 1992, p. 95-97. Un couple de tombes un peu à l’écart du secteur comportait la même association de marqueurs de distinction avec une coupe grecque importée. La tombe féminine 3208 présentait une structure monumentale et contenait une coupe grecque, ainsi qu’un ceinturon de bronze. La tombe masculine 3207 contenait un poignard, De Natale 1992, p. 59-61 et p. 59.
126 Elle est située dans le secteur ECI Scuola et datée de la phase II, De Natale 1992, p. 49-50. On ignore malheureusement la composition de certaines tombes environnantes, non publiées dans De Natale 1992. Il s’agit de façon générale d’un secteur très perturbé par des aménagements archaïques, avec la mise en place d’une zone artisanale. Il s’agit en tout cas d’une fosse remarquable par sa longueur (4,60 m).
127 Une épée, deux pointes de lance et un poignard.
128 Ces deux derniers objets rattachent peut-être la tombe aux échanges avec l’Égée. La broche est en effet un « symbol status » ambigu selon D’Agostino – Gastaldi 1988, p. 76.
129 Un encensoir étrusque (t. 496), une tasse en bronze étrusque (t. 528), plusieurs vases grecs D’Agostino 1962 et D’Agostino 1982b.
130 D’après Bailo Modesti et al. 1999, voir tab. 75 en ligne.
131 On y a découvert un lébès eubéen en bronze, une situle de type Kurd associée à deux cistes à cordons, une tasse de bronze étrusque, une coupe à calotte. L’association de la situle de type Kurd avec les cistes à cordons évoque la tombe 4461, D’Agostino – Gastaldi 2012, p. 408, fig. 8.
132 D’Agostino – Gastaldi 2012, p. 410, fig. 9.
133 On ne dispose pas pour ce secteur d’un plan avec les numéros de tombes : il n’a donc pas été possible d’étudier la distribution spatiale de ces tombes, même si le lot 2, autour de la tombe 74, semble concentrer des tombes éminentes avec des objets allogènes en matières précieuses, Scala 2011, p. 151.
134 Ce contexte exceptionnel est présenté dans Cerchiai – Nava 2008, p. 100-101, Iannelli 2011.
135 Signalé déjà dans D’Agostino – Gastaldi 2012.
136 Ces vases sont présentés dans le catalogue de la tombe 74, avec dessin ou photographie, Iannelli 2011, p. 172-174.
137 Iannelli 2011, p. 170, qui renvoie aux analyses de Lo Schiavo – Milletti – Falchi 2008, p. 37-38.
138 Les vases en bronze sont souvent mentionnés sans précisions particulières, et il est de ce fait difficile de savoir s’il s’agit de productions allogènes, souvent étrusques, ou locales, Scala 2011, p. 149. Secteur Boscariello-Metanodotto : t. 1 (coupe hémisphérique), t. 51 (deux bassins), t. 75, t. 81 et t. 126 (bassin et coupe hémisphérique), t. 82 et t. 125 (bassin) ; t. 104 (Viabilità), (coupe en or avec décoration de fleurs, bassin de bronze), t. 111 (bassin de type eubéen), références tab. 80 en ligne.
139 Il s’agit des deux tombes 24 et 51, qui contenaient des épées longues, imitations égéennes produites dans l’aire oenôtre. Le mobilier est déposé le long du côté droit des défunts, avec un pot a tenda parmi les vases de la tombe 24. Ces deux tombes sont caractérisées par la présence de signes de distinction de la phase IIB, comme les bassins en bronze et le service d’instruments en fer, Cerchiai 2013, p. 144, note 19, p. 144 sur les épées, avec bibliographie.
140 Tombes 23, 35, 44, ainsi que dans la t. 127 du secteur Viabilità, références bibliographiques tab. 80 en ligne.
141 Tombes 39 et 63 avec une statuette de Ptah-Pateco ; t. 73, t. 74, t. 80, t. 90, voir tab. 80 en ligne pour les références bibliographiques.
142 Cerchiai – Nava 2008.
143 Ce contexte évoque la tombe 4870 du secteur Bovi, où le lébès n’était cependant pas utilisé comme urne cinéraire. La tombe 111 est datée selon Cerchiai 2013, p. 144 du troisième quart du VIIIe siècle, qui reprend Cerchiai – Rossi – Santoriello 2009, p. 81-82.
144 La tombe 4890 contenait des instruments en fer et un couteau, Cinquantaquattro 2001, p. 26-27.
145 Il s’agit de la tombe 4900, Cinquantaquattro 2001, p. 46-49.
146 Cerchiai 2013, p. 142-143.
147 Gastaldi 1998, p. 171, mais déjà Gastaldi 1994a qui cite deux articles fondamentaux de F. Delpino sur ce sujet : Delpino 1986, Delpino 1993 et Albanese Procelli 1994, p. 164.
148 Un scarabée de Torre Galli est d’ailleurs identique à l’exemplaire de la tombe 4870 du Picentino, notice de R. Peroni sur les scarabées de Pontecagnano dans D’Agostino – Gastaldi 1988, p. 68. Le chaudron de bronze de la tombe 683 du Pagliarone est semblable à un exemplaire retrouvé à Torre Galli : Gastaldi 1998, note 117, p. 170, qui renvoie à Pacciarelli 1996. Pour une synthèse sur Torre Galli, Pacciarelli 2004, p. 451-460 en particulier.
149 Plusieurs formes céramiques attestées à Pontecagnano pendant la phase II sont très proches d’exemplaires de Francavilla Marittima, notamment dans les productions locales de type grec avec de grands motifs de cercles concentriques. On parle d’« Oinotrian Euboean pottery » pour cette production datée des années 725, dans des sites où des skyphoi eubéens du Géométrique moyen II sont présents en nombre, voir Jacobsen – Mittica – Handberg 2009 et Jacobsen et al. 2010 cités par De Natale 2016, p. 27.
150 On reprend ici l’analyse de Gastaldi, qui rappelle les études de référence : Gras 1985, p. 113 et suiv., Lo Schiavo – Ridgway 1987 et Lo Schiavo – D’Oriano 1990. Les fouilles de Sant’Imbenia, en Sardaigne sous la direction de M. Rendeli ont apporté des informations fondamentales sur le fonctionnement d’un centre sarde ouvert aux échanges et producteur d’objets métalliques, en lien avec Grecs, Phéniciens et Étrusques, Rendeli 2013 et Rendeli 2014.
151 Le terme de mobilité individuelle n’est d’ailleurs probablement pas approprié, puisqu’il s’agit probablement de relations entre groupes, Rallo 1989 sur les femmes comme bien précieux qui circule. Cette hypothèse est notamment liée au type des vases concernés, en impasto sans décoration : B. D’Agostino estime difficile d’imaginer une valeur propre à ces objets, ayant entraîné leur échange en dehors de ces mobilités individuelles. Leur manque de valeur intrinsèque les distingue des objets allogènes considérés comme précieux : tous ces objets (amphorettes, fusaïoles, écuelles) ne peuvent avoir été des objets d’échanges matrimoniaux ou des tributs ; ils se justifient donc seulement comme signes d’appartenance ethnique, D’Agostino 1999a, p. 59. Ce type d’interprétations se retrouve pour d’autres contextes féminins avec objets allogènes. Il est typique d’un moment historiographique où la lecture de textes anthropologiques avait attiré l’attention sur l’importance des échanges matrimoniaux dans les relations entre sociétés structurées en chefferies ou en clans. Cet aspect est souligné par Ettore Lepore dans une remarque sur l’interprétation de M. Torelli sur le rôle des sanctuaires pour les échanges matrimoniaux, Lepore 1988, p. 52. Cette perspective est également présentée par Arancio – Moretti Sgubini – Pellegrini 2010, p. 190, qui renvoie à Torelli 1981, p. 58. Gilda Bartoloni se montre plus sceptique, par exemple dans Bartoloni 1989, p. 40.
152 Cet aspect est exploré de façon plus approfondie dans le chapitre 7.
153 Cartes de synthèse 92-97 en annexe.
154 De Natale 1992, p. 141, et note 58, p. 145.
155 Bailo Modesti et al. 1999.
156 Voir la typologie en annexe.
157 De Natale 1992a, p. 22-24 avec l’analyse de L. Cerchiai.
158 Voir les différentes cartes de synthèses. Des imitations locales étaient également présentes dans quelques tombes plus marginales, dont l’une présentait une structure monumentale. La tombe féminine 3266 contenait, outre une cruche d’imitation locale, un grand nombre d’ornements, notamment des perles de pâte vitrée, des bijoux d’argent, d’ambre, d’or, et un couteau. La tombe 3267 masculine contenait également une imitation locale, ainsi qu’une hache et une pointe de javelot, De Natale 1992, p. 97-102. La tombe 3892, en marge du secteur, est une crémation en caisson entourée d’une enceinte en plaques de tuf. Le pot d’imitation locale a probablement été brisé lors des rituels funéraires, De Natale 1992, p. 125-126.
159 La réalisation de plusieurs tableaux croisés entre la présence d’importations grecques et plusieurs variables comme un aménagement monumental, un grand nombre d’ornements, la présence de matières rares... ne donne rien de significatif.
160 Voir la section sur la création d’indicateurs de distinction. On peut noter la présence, rare, dans la tombe 3284, de plusieurs outils : des clous, un scalpel, une hache, peut-être liés au travail du bois, De Natale 1992, p. 110-111 pour la description de la tombe. Les outils, rares à cette époque à Pontecagnano, sont étudiés dans la partie typologique de D’Agostino – Gastaldi 1988, p. 75.
161 Outre les perles en pâte vitrée, on trouve des scarabées et un ornement en défense d’éléphant, dans la tombe 3212 du secteur ECI, De Natale 1992, p. 67.
162 Seules 23 % des tombes qui contiennent des orientalia contiennent des importations grecques, et environ 1/3 des tombes qui contiennent des importations grecques contiennent également des orientalia.
163 100 % des tombes contenant quelques perles en pâte vitrée sont des tombes féminines.
164 On en trouve dans les tombes 211 et 227 du secteur Stanzione, dans la tombe 4870 du secteur Bovi, en deux exemplaires, D’Agostino – Gastaldi 1988, p. 67-68, l’analyse de R. Peroni.
165 Il s’agit de la tombe 227 du secteur Stanzione, identifiée comme celle d’un enfant par l’analyse des restes osseux, cependant peu nombreux et limités surtout à des fragments de paroi crânienne, Bartoli – Vitiello – Mallegni 1988, p. 252. Il s’agit cependant d’une crémation, ce qui n’est pas attesté par ailleurs pour des enfants à Pontecagnano. L’exemple de Pithécusses invite à penser que les deux autres tombes sont peut-être également des tombes d’enfants, même si la longueur de la fosse de la tombe 211 (2,80 m) en fait douter. La tombe 4870 est longue de 1,52 m, compatible éventuellement avec un enfant ou un adolescent.
166 Tav. V dans Pellegrino et al. 2009, tav. X dans Pellegrino 2015.
167 Cuozzo 2003.
168 Voir fig. 99-116 en annexe 3, qui reprennent en général cette répartition en deux groupes.
169 On dispose d’un catalogue uniquement pour les tombes orientalisantes du secteur Bisogno, Pellegrino 1999 et d’informations plus ou moins parcellaires sur les autres zones de fouilles, voir tab. 78 en ligne.
170 Indications de C. Pellegrino sur les zones Del Mese et De Santis I, Pellegrino 2015, p. 37-38, sur Sabbato I, Pellegrino et al. 2009, p. 181.
171 Cuozzo 2010, p. 60-61. Voir la typologie en annexe sur ce point, notamment sur la difficile identification d’importations dans les mobiliers orientalisants, notamment en ce qui concerne les productions de Pithécusses-Cumes.
172 Le passage à l’époque orientalisante est également marqué par un changement important dans le répertoire local des productions en impasto, avec notamment l’introduction de formes empruntées au répertoire grec. La typologie de référence se trouve dans D’Agostino 1968, complétée par Cuozzo – D’Andrea 1991, voir également Cuozzo 2000.
173 Mis en évidence dans Cuozzo 2003, complété par Cuozzo 2010, p. 59-60.
174 Ces tombes infantiles sont dans plusieurs cas regroupées dans un groupe particulier au sein de l’aire funéraire : on observe donc une forme de différenciation de l’espace de la nécropole, Cuozzo 2003, p. 24-25 pour une réflexion générale sur la place des enfants, et p. 204-212. Le développement, dans certains cas, de cultes chtoniens liés à ces groupes de tombes infantiles serait à relier à l’imposition d’une nouvelle idéologie funéraire qui donne sens à la haute mortalité infantile de l’époque, en accentuant l’importance de la lignée familiale, et de la place de certains enfants dans celle-ci. M. Cuozzo rapproche notamment l’enceinte du secteur Ina Casa, qui comportait un système de canaux et de fosses votives, à des cas similaires étrusques, Cuozzo 2003, p. 212. Cette valorisation de la lignée familiale expliquerait l’existence des tombes nommées par M. Cuozzo des « petits princes » ou des « petites princesses », des tombes de jeunes enfants qui imitent certains aspects des tombes « princières » adultes, Cuozzo 2003, p. 196, p. 203-204, et sa contribution, « Strutture del rito e del culto nella necropoli orientale », dans Pellegrino 2009, p. 193-194.
175 C’est moins vrai pour la nécropole occidentale, où l’on trouve des tombes avec une fibule pour seul mobilier, mais cet aspect demanderait une étude plus poussée, une fois publiées les tombes de ces secteurs. Sur la nécropole orientale, Cuozzo 2003, p. 23 (« élites visibles, majorité invisible ? »), p. 28 sur les techniques statistiques, p. 80-81 pour la description de l’analyse de la variabilité funéraire employée.
176 Cuozzo 2003, p. 98-99, tav. 1, p. 283. L’amphorette servait probablement pour boire, Cuozzo 2019, p. 325 (discussions).
177 Nous reprenons ici en partie la synthèse de M. Cuozzo, « Paesaggio delle necropoli e strutture del culto tra il periodo orientalizzante e la prima età arcaica », dans Pellegrino 2009, p. 191-193.
178 Voir le chapitre 2.
179 Cuozzo 2003, p. 19-23.
180 Cet aspect est souligné dans Pellegrino 2015, p. 40-42.
181 Tombes 6063 et 6068, secteur Gaeta, Pellegrino et al. 2009, p. 180 ; tombes 1693 et 1697, p. 182.
182 Pellegrino et al. 2009, p. 182 pour les tombes qui entourent les deux tombes centrales 1608 et 1609. Par rapport à ce groupe, celui qui entoure la tombe 1809 atteint d’ailleurs « des niveaux d’exhibition comparables à ceux du noyau occidental de Sabbato I », Pellegrino et al. 2009, p. 183, dans le secteur Erra III.
183 On a ici principalement employé le vocabulaire présent dans Pellegrino 2003 chapitre 7, p. 69-84, repris avec des évolutions dans Pellegrino et al. 2009, p. 181-191 et Pellegrino 2015. Les secteurs sont avant tout évalués les uns par rapport aux autres, ce qui correspond bien à ce que l’on entend ici par « distinction » (voir le second chapitre).
184 Voir le chapitre 2.
185 Les secteurs sont identifiés fig. 99 en annexe 3.
186 Pellegrino 2003, p. 71-72, Pellegrino et al. 2009, p. 179.
187 Pellegrino 2003, p. 72-73.
188 Pellegrino – Rizzo – Grimaldi 2017.
189 Pellegrino – Rizzo – Grimaldi 2017.
190 Il faut néanmoins souligner que la topographie de cette zone de fouilles est très mal connue, ce qui complique la compréhension de l’organisation spatiale des tombes et la localisation précise de celles-ci, Pellegrino 2003, p. 78. La tombe 45 est placée dans ce secteur d’après la planche 10 de Pellegrino 2015, mais dans sa thèse, Pellegrino 2003, p. 81, C. Pellegrino indique plutôt que cette tombe appartient au secteur G : ces deux informations ne concordant pas, l’emplacement exact de la tombe 45 reste inconnu, même si l’attribution au secteur G est privilégiée.
191 Cuozzo 2015, p. 457-458.
192 Cuozzo 2015, p. 458.
193 Pellegrino 2003, p. 74.
194 Pellegrino 2003, p. 75.
195 Pellegrino et al. 2009, p. 181.
196 Cerchiai – Pellegrino – Cinquantaquattro 2013, p. 148.
197 Cerchiai – Pellegrino – Cinquantaquattro 2013, p. 148-149.
198 Pellegrino 2003, p. 79-80, Pellegrino 2015, p. 37.
199 Pellegrino 2003 note 29, p. 79, et Cuozzo 2015, p. 451-452.
200 Pellegrino 2015, note 56, p. 38.
201 D’Agostino 1962, p. 107-108, fig. 45-47.
202 Pellegrino – Rizzo – Grimaldi 2017.
203 Pellegrino et al. 2009, p. 183-184.
204 Voir tab. 78 en ligne et la typologie sur le détail des vases en bronze et argent en annexe 3. Les tombes princières sont évoquées ensemble dans une section spécifique plus loin dans ce chapitre.
205 Nous reprenons ici l’analyse développée dans Cuozzo 2003, p. 222-223.
206 Voir la typologie céramique pour les références bibliographiques sur ces productions.
207 Vases matt-painted : Saggio 2, tombes 9161, 9178, 9215, 9189.
208 On trouve dans la tombe 9197 du secteur De Chiara, centrale et entourée d’une enceinte, un vase biconique d’impasto d’Italie centrale et une petite cruche matt-painted, Pellegrino – Rizzo – Grimaldi 2017 dans un lot de tombes, certes incomplet, qui ne présente aucun autre marqueur de type Oliveto-Citra. Le cas de la tombe 6063 est plus complexe : il s’agit d’une tombe éminente de l’Orientalisant récent, insérée dans un secteur marqué par la présence allogène d’éléments Oliveto-Citra, mais qui contient plusieurs vases corinthiens et étrusques, ainsi qu’un vase provenant de l’aire ofantine, et un vase oenôtre. On ne dispose cependant que d’une notice rapide, dans Pellegrino et al. 2009, p. 180 et note 49, p. 180.
209 On trouve un pot daunien ou plutôt du nord de la Basilicate dans les tombes princières 926 et 928, D’Agostino 1977b, p. 41-43, et 575, du secteur Chiancone I, D’Agostino 1968, p. 132-133 (voir la typologie céramique en annexe).
210 D’Agostino 1977b, p. 43.
211 Les premières études sont Cinquantaquattro – Cuozzo 2002 et Cinquantaquattro 2003 avec un examen approfondi des données de la nécropole orientale dans Cuozzo 2003 en particulier, p. 26-28. Une synthèse générale sur l’Ager Picentinus se trouve dans Cerchiai 2013 ainsi que dans Cuozzo – Pellegrino 2016 tandis que Pellegrino – Rizzo – Grimaldi 2017 examine de nouveaux secteurs dans lesquels une présence allogène a été identifiée.
212 Cerchiai 2013, p. 139.
213 La présence de ces indicateurs est signalée par l’abréviation « OC », générale, qui concerne d’ailleurs aussi bien les indicateurs d’autres régions du centre de l’Italie, voir fig. 100-117 et tab. 77-79 en ligne. Dans la suite de cette sous-section, l’étude reste au niveau des groupes de tombes, avec renvoi à la bibliographie de référence pour les études détaillées des tombes individuelles.
214 Cette liste a été établie à partir des exemples donnés dans Pellegrino – Rizzo – Grimaldi 2017 et Cuozzo – Pellegrino 2016.
215 Ce comportement funéraire est particulièrement fréquent dans la moyenne vallée de l’Ofanto, qui recouvre l’Irpinie et le nord de la Basilicate, ainsi que les régions adriatiques proches de l’embouchure de l’Ofanto, Cinquantaquattro – Cuozzo 2002, p. 132-137, Pellegrino 2003, p. 72, Cerchiai – Pellegrino – Cinquantaquattro 2013, p. 82-83. Cet aspect a également été étudié dans le cas de la nécropole de Pithécusses, Cerchiai 1999.
216 Exemples des ornements de type Oliveto-Citra Pellegrino – Rizzo – Grimaldi 2017, fig. 7 et 8, p. 225-226.
217 Cuozzo 2003, fig. 7, p. 67 pour une planche de synthèse.
218 Par exemple le mobilier disposé le long du côté droit du corps, Scala 2011, p. 151.
219 Ces objets jouent alors un rôle d’« ethnic markers », Pellegrino – Rizzo – Grimaldi 2017 note 93, p. 243.
220 Nom donné par Strabon à la région montagneuse à l’est de la plaine campanienne, Strab. 5, 4, 12, Lisio – Russo – Sisto 2010.
221 Une synthèse sur la culture matérielle de ces sites peut se trouver dans Bailo Modesti 1980, Bailo Modesti 1982, Piceni e l’Italia medio-adriatica 2003, voir la sous-section suivante pour la distribution spatiale de ces groupes dans la nécropole de Pontecagnano.
222 Voir également sur cet aspect, de l’autre côté des Appenins, D’Ercole 2002.
223 Cerchiai 2013, p. 149, qui cite l’analyse de Colonna 1994.
224 Dans plusieurs cas (Saggio 2, Chiancone IV), les groupes originaires d’Irpinie montrent ainsi un niveau social élevé dans le mobilier ou la monumentalité des tombes, Cerchiai 2013, p. 149, Pellegrino 2015, p. 42, voir fig. 104 et fig. 112 en annexe 3.
225 Cerchiai 2013, p. 151.
226 Voir la typologie en annexe, en particulier la note méthodologique concernant les données de Pontecagnano. Il faut également rappeler que les productions de type Argien Monochrome proviennent peut-être également de la région de Corinthe.
227 Il s’agit de la tombe 1687, zone Sabbato I, sans détails sur les vases en question, Pellegrino et al. 2009, p. 181-183.
228 Un lécythe est attesté dans la tombe 9482, et il y a probablement d’autres exemplaires.
229 La présence de scarabées est documentée dans les tombes 2173 (Bisogno), 9435 (De Chiara). La distribution des aryballes KW, sans connaissance toutefois des numéros de tombes précis, a été documentée grâce à la consultation de la base de données géolocalisée mise au point par Pellegrino dans le cadre de sa thèse de doctorat, Pellegrino 2003. Seules quelques recherches ont été effectuées, du fait de difficultés techniques liées au support et à l’ancienneté des logiciels. Je remercie d’ailleurs chaleureusement C. Pellegrino d’avoir pris le temps de m’expliquer le fonctionnement du logiciel, de faire pour moi quelques recherches et de m’avoir communiqué plusieurs chapitres de sa thèse inédite, notamment la typologie du matériel. Le résultat de ces requêtes figure directement sur les cartes, et non dans le tab. 77 en ligne, puisque les numéros exacts de tombes ne sont pas connus.
230 Pellegrino 2003 note 24, p. 77, voir fig. 100 en annexe 3.
231 Des colliers de ce type sont connus ailleurs en Campanie, la comparaison la plus ressemblante pour ces deux figurines se trouve cependant à Tarquinia, avec des ornements identiques dans la tombe dite de Bocchoris, mais aussi dans une tombe de Guarda Perticara, au cœur de la Lucanie, note 105, Pellegrino – Rizzo – Grimaldi 2017, p. 246.
232 On trouve un vase d’impasto étrusco-latial (forme non précisée) principalement dans des tombes de la zone Sabbato I : t. 1642, t. 1687, t. 1691 d’après le plan tav. VI, Pellegrino et al. 2009 (présence d’impasto étrusco-latial indiquée par un triangle). La tombe 1811 (Erra III) contenait une amphorette étrusco-latiale à spirales et une amphore de transport étrusque, ainsi que des vases d’impasto de type Oliveto-Cairano, Pellegrino et al. 2009 note 58, p. 183. La tombe 9482, déjà évoquée, possédait également dans son mobilier un vase d’impasto d’Étrurie interne. La tombe 1377 du secteur De Santis contenait une amphorette à spirales et un skyphos d’impasto probablement importé d’Étrurie méridionale ou du Latium.
233 Dans la typologie établie par C. Pellegrino, il est indiqué que certaines formes, comme les kotyles d’imitation protocorinthienne, sont probablement toutes des productions de Pithécusses, note 37, p. 142 dans Pellegrino 2003.
234 C’est le cas des tombes 1481 (De Santis I), 2166 (Bisogno) et 9435 (De Chiara, oenochoé associée à un scarabée). Une kotyle de type PCA se trouve dans la tombe 6042, située dans un secteur plutôt éminent pendant la période suivante. D’autres exemplaires se trouvent dans des tombes inédites, dont l’emplacement exact ne peut être que supposé : tombes 45, 77, 129 (Del Mese I ? De Santis ?), tombe 1292 (Sabbato II ?), D’Agostino 1962 (45, 129) et Pellegrino 2003, note 36, p. 142.
235 Granozio : t. 1387 (amphorette de la vallée du Sarno), Pellegrino 2015, p. 39 ; Ex-Biblioteca : t. 3863, t. 3866, t. 3914 (amphorettes de la mesogeia campanienne), Pellegrino – Rizzo – Grimaldi 2017, p. 229. Plusieurs tombes sont également mentionnées sans localisation connue dans la zone Granozio III : deux amphorettes de la mesogeia campanienne (t. 1285, t. 1301, t. 1347), vase de la vallée du Sarno (t. 1279, t. 1387), Pellegrino 2003, p. 74-77, note 34, p. 83.
236 On trouve des vases matt-painted dans les tombes 3882 (Ex-Biblioteca), 9178 et 9189 (Saggio 2), Pellegrino – Rizzo – Grimaldi 2017 note 57, p. 229 ; des vases du géométrique daunien dans les tombes 9197 (associé à un vase d’impasto d’Italie centrale - Irpinie) et 9215 (type Lavello), p. 243-44 et p. 257, ainsi que deux pots du nord de la Basilicate dans les tombes princières 926 et 928 (Del Mese II). Voir la typologie en annexe 1.
237 C’est particulièrement vrai pour les groupes situés au sud de ce secteur, Pellegrino 2003, p. 70-71, fig. 100-101 en annexe 3.
238 Il faut cependant signaler une exception, la tombe 6042, qui contient un aryballe KW (d’après la requête effectuée sur la base de données de C. Pellegrino) et une kotyle pithécusaine, Pellegrino 2003 note 36, p. 142, voir l’analyse sur la distinction du groupe plus haut, et fig. 100 en annexe 3.
239 Les quelques productions allogènes connues, aryballes KW et vases étrusques, sont plutôt associées à des tombes datées de la seconde moitié du VIIe siècle, mais cette idée serait à étayer de façon plus précise une fois publiées les tombes.
240 Pellegrino – Rizzo – Grimaldi 2017.
241 Voir fig. 101 en annexe 3.
242 Cet aspect est étudié dans la typologie en annexe 1.
243 Les tombes 1687 et 1691 contenaient un vase d’impasto ou de bucchero étrusco-latial, probablement de l’impasto d’après leur datation, tav. VI dans Pellegrino et al. 2009. La tombe 1687 contenait également de la céramique corinthienne.
244 Voir le chapitre 1 et la typologie en annexe 1 sur les limites de la publication Mehren 2019.
245 Pellegrino 2003 note 29, p. 79 et Mehren 2019, p. 123, fig. 395, p. 257 sur l’aryballe. Le catalogue du mobilier se trouve dans Mehren 2019, p. 122-124. On trouvait de nombreux vases d’impasto, des pointes de lance et un couteau, à côté des broches.
246 Catalogue du mobilier de la tombe 1377, Mehren 2019, p. 71-72, avec dessin de l’amphorette fig. 168, p. 189, fig. 167, p. 188 pour le skyphos.
247 Mehren 2019, p. 14 et p. 17 sur l’aménagement.
248 Mehren 2019 fig. 200, p. 199 et fig. 213, p. 202. La kotyle PCM du catalogue, p. 83, a une argile jaune pâle, ce qui correspond à l’argile corinthienne. Une autre kotyle est dite « de type PCM », p. 83, peut-être de Pithécusses-Cumes, ainsi qu’une oenochoé, fig. 206, p. 200, mais il s’agit d’une hypothèse personnelle, car la publication ne fait jamais référence aux productions de Pithécusses-Cumes.
249 Mehren 2019, p. 83 n. 10.
250 Un autre scarabée provient de la tombe 1438, Mehren 2019, p. 102.
251 Mehren 2019, p. 87.
252 Elle est mentionnée dans Mehren 2019, p. 34 sans illustration ou renvoi à des exemplaires proches dans d’autres sites.
253 L’une des oenochoés pourrait être de production Pithécusses-Cumes, Mehren 2019, p. 162 fig. 77.
254 Mehren 2019, p. 50-51 et fig. 88-90, p. 166 sur un alabastre corinthien et des alabastres plutôt étrusco-corinthiens, probablement locaux, ainsi qu’une kotyle, fig. 94, p. 167.
255 Mehren 2019, p. 169, un alabastre (mais possible production locale).
256 Tombes 1373 et 1358, Mehren 2019, p. 56-61 et p. 66-71. Une coupe sur pied haut à anses en forme de cheval, de type Capoue, a été découverte dans la tombe 1373, fig. 145, p. 183.
257 Dans la tombe 1320 (700-675), Mehren 2019, p. 37, on trouve un bassin à rebord perlé, fig. 15, p. 147 tandis que la tombe 1325 (675-650) contenait un aryballe PCM et peut-être une oenochoé de Pithécusses-Cumes, Mehren 2019, p. 43, fig. 40, p. 153 et fig. 55, p. 156 pour l’aryballe. L’argile de l’aryballe, « reddish yellow », ressemble peu à celle de Corinthe d’après cette description. Une autre oenochoé provient peut-être de Pithécusses-Cumes, dans la tombe 1436 (675-650), avec une argile rose qui pourrait bien correspondre à l’argile phlégréenne, Mehren 2019, p. 226-227 (hypothèse personnelle).
258 Tombes d’enfants : 1320, 1325, 1344, 1353, 1377, 1481 ; probablement d’enfants : 1401, 1402 ; indéterminé : 1358 ; tombes d’adultes : 1318, 1351, 1373, 1399. L’âge des défunts a été déterminé en partie par analyses anthropologiques, en partie par la taille des tombes et l’emplacement du mobilier, Mehren 2019, p. 14-16 et fig. 3.
259 Pellegrino et al. 2009, p. 183.
260 La tombe 9482 a été présentée plus haut. La tombe 9435, dans le secteur situé à côté, contenait deux scarabées et une oenochoé de Pithécusses, Pellegrino – Rizzo – Grimaldi 2017, p. 244-245.
261 La tombe 2166 comportait deux coupes à boire corinthiennes et une oenochoé de Pithécusses, au sein d’un mobilier vasculaire étendu et diversifié, et la tombe 2173 possédait une coupe corinthienne et un scarabée, dans un mobilier là encore plus diversifié et nombreux que la moyenne, Pellegrino 1999, p. 54-56.
262 Ces tombes infantiles montrent une concentration exceptionnelle de scarabées, avec quatre tombes contenant au moins trois scarabées chacune, Pellegrino 2003, note 24, p. 77.
263 Pellegrino – Rizzo – Grimaldi 2017, p. 256-257.
264 On trouve un vase campanien dans les tombes 1347, 1387 (Vallée du Sarno), 1285, 1279 (mesogeia), un vase d’Irpinie dans les tombes 1285, 1288, 1301, 1341, 1445, Pellegrino 2003, note 34, p. 83.
265 D’Agostino 1962, p. 155-161, fig. 45-47.
266 Voir la note méthodologique dans la typologie en annexe.
267 Abréviations employées ici et pour la suite de l’étude des objets allogènes dans la nécropole : « F-tot » : les tombes attribuées à des femmes, en prenant en compte toutes les tombes de la période ; « F-imp » : les tombes attribuées à des femmes, en ne prenant en compte que les tombes qui contiennent des objets allogènes. « H » désigne les tombes attribuées à des hommes, « Inc » les tombes sans âge ou genre attribué.
268 Lombardi Pardini – Polosa – Pardini 1984, reprises ici par Cuozzo. Les premiers résultats d’une étude du même type sur les secteurs Chiancone IV et Malangone, ainsi qu’une tombe de Chiancone III, se trouvent dans l’Appendice 1, p. 244 -246 dans Cuozzo 2003.
269 Deux catégories ont ainsi été établies, « adulte par dimensions » quand le corps semble plus grand qu’1,55 m, et « enfant par dimensions », quand le corps est plus petit qu’1,30 m, Cuozzo 2003, p. 78.
270 Cuozzo 2003, p. 48.
271 Ce phénomène est peut-être en partie lié à l’association préférentielle de certains objets allogènes bien identifiés dans les tombes masculines, comme les aryballes (KW, corinthiens) et la céramique de type phénicien. Des objets moins bien connus, notamment parmi les vases à boire ou à verser, ont pu échapper à notre comptage dans des tombes féminines.
272 Il est cependant probable que ces vases phéniciens aient en fait été produits dans l’aire tyrrhénienne, dans un site phénicien d’Occident, comme Carthage, ou même à Pithécusses, voir la typologie en annexe.
273 Pour la distribution des différentes classes, voir Cuozzo 2003 notes 59-60, 66-67, p. 72, 68, 71-72, 76, p. 73.
274 Cette dernière pièce, unique, est de très grande qualité, placée dans la tombe 2000 du secteur Ina Casa, Cuozzo 2003 note 46, p. 71. Ces objets allogènes sont par ailleurs concentrés dans le secteur Ina Casa : sur les 29 tombes qui contiennent au moins un objet étrusque, 16 sont dans le secteur Ina Casa, soit 55,2 %. Le reste des tombes avec vases étrusques se répartit entre les secteurs Chiancone IV (cinq tombes), Chiancone I (trois tombes), Malangone (trois tombes), Alfinito (une tombe) et Babino (une tombe).
275 L’identification de Pithécusses comme lieu de production se fonde sur la comparaison avec les exemplaires du site, mais elle n’est indiquée que de façon rapide. Il n’existe pas à ma connaissance d’illustration ou d’étude plus précise sur ces objets, Cuozzo 2003, p. 55. Un seul plat serait d’origine phénicienne, ou carthaginoise ?, celui de la tombe 1546, Cuozzo 2003, p. 56 et note 43, p. 70
276 Dix exemplaires sont connus dans la nécropole orientale de Pontecagnano. On ne trouve aucun plat en Red Slip Ware dans la nécropole de Pithécusses, si ce n’est dans une petite fosse, dans la seconde série de fouilles, interprétée comme un dépôt après une cérémonie rituelle, et dans les secteurs votifs ou d’habitat (décharge Gosetti, dépôt votif Pastola), voir le chapitre sur Pithécusses-Cumes.
277 Tombes 5946 et 5977 du secteur Chiancone IV.
278 Cuozzo 2003, p. 100. Plats en Red Slip Ware : dix exemplaires, dans dix tombes dont sept masculines. On compte deux hommes adultes, t. 5926 (Chiancone IV) et t. 2456, associé à un aryballe KW (Ina Casa) ; un jeune homme, t. 2453 (Ina Casa) ; deux garçons, t. 5870 (avec un gobelet d’impasto étrusco-latial, Chiancone IV), et t. 5929, avec une oenochoé de Pithécusses-Cumes (Chiancone IV) ; deux jeunes de genre indéterminé, t. 4969 et t. 6906 (Malangone) ; deux enfants de genre indéterminé : t. 1910, avec un gobelet d’impasto étrusco-latial (Ina Casa) et t. 1546 (Simeone) ; enfin un individu de genre et d’âge indéterminés, t. 5856 (Chiancone IV). Vases phéniciens (oil bottle, bassin tripode) : un homme adulte, oil bottle, t. 1520 (Babino) ; deux garçons, t. 5910 (bassin tripode, Chiancone IV) et t. 4484 (oil bottle avec scarabée et oenochoé de Pithécusses-Cumes, Chiancone II) ; un enfant de genre indéterminé, t. 4961 (oil bottle, Chiancone II) ; un individu de genre et d’âge indéterminés, t. 6986 (bassin tripode, Malangone), voir tab. 78 en ligne pour les références bibliographiques.
279 On trouve un aryballe KW seul dans sept tombes, dont deux tombes féminines (fillette, t. 5909, Chiancone IV ; jeune femme, t. 745, Chiancone I), deux tombes masculines (homme adulte, t. 1937, Ina Casa ; jeune homme, t. 742, Chiancone I) et trois individus de genre indéterminé (un enfant, t. 4635, Chiancone II ; deux individus d’âge indéterminé : t. 1996 Ina Casa et t. 5871, Chiancone IV).
280 Aryballe KW et amphorette étrusco-latiale : deux tombes de jeunes hommes (t. 5873 et t. 5934, Chiancone IV), un individu de genre et d’âge indéterminés (t. 6867, Malangone), un enfant (t. 605, Chiancone I), un homme adulte (avec un plat Red Slip Ware imité, t. 1750, Ina Casa). L’association entre un aryballe KW, un vase de Pithécusses-Cumes, et un autre objet allogène, est présente dans deux tombes d’enfants de genre indéterminé : t. 4634, avec un aryballe corinthien, Chiancone II, et t. 5780, avec un scarabée, Chiancone III.
281 T. 1964 (aryballe globulaire PCA) ; t. 2444 (aryballe globulaire-conique) ; t. 608, t. 2347, t. 1950, t. 1969 (aryballe PCM) ; t. 2323 (aryballe piriforme) ; t. 1956 (pyxide PCM) ; t. 2455 (kylix à sigma), Cuozzo 2003 note 59-60, 66-68, p. 72, note 71-72, 76, p. 73. Voir la note méthodologique dans la typologie en annexe sur Pontecagnano.
282 Notamment du fait du grand nombre de tombes indéterminées dans le secteur Ina Casa. On a pris également en compte les tombes sans datation assurée, mais qui peuvent probablement être datées de l’Orientalisant ancien et moyen d’après leur localisation et leur mobilier : t. 605 (Chiancone I), t. 1752, t. 1942 (Ina Casa). Sauf précision, le vase allogène est une amphorette à spirale incisée. On compte trois tombes féminines, cinq tombes masculines, toutes classes d’âge confondues. L’essentiel des tombes pour lesquelles l’âge est connu sont des tombes de jeunes ou d’enfants : deux jeunes, trois garçons et huit enfants de genre indéterminé, pour un seul adulte, de genre féminin. Il faut cependant noter que douze tombes sont celles d’individus de genre et d’âge indéterminés, soit 41 % de l’ensemble des tombes contenant des vases d’impasto étrusco-latial. Tombes féminines : adulte, t. 1956, Ina Casa ; jeune fille, t. 2543, amphorette et oenochoé, Ina Casa ; d’âge indéterminé, t. 1951, Ina Casa. tombes masculines : jeune, t. 5934, Chiancone IV ; enfants, t. 1522 (Babino), t. 5867, skyphos, Chiancone IV et t. 5870, gobelet, Chiancone IV ; d’âge indéterminé t. 1950, Ina Casa. Tombes de genre indéterminé : jeune, t. 4964, amphorette et gobelet, Malangone ; enfants : t. 2464, t. 1952, t. 1910 (gobelet), t. 1942 (Ina Casa), t. 737 (oenochoé), t. 748 (skyphos), t. 603 (skyphos), t. 605 (petit pot) (Chiancone I). Individus d’âge et de genre indéterminés : t. 6867, t. 6923 (amphorette et gobelet) (Malangone) ; t. 5915 (gobelet, Chiancone IV) ; t. 1752, t. 1949, t. 1986, t. 1989, t. 2000 (plat aux hérons), t. 2011, t. 2449, t. 2469 (Ina Casa) ; t. 692 (Alfinito).
283 On compte quinze tombes contenant un scarabée, dont trois ne sont pas datées de façon certaine, mais sont probablement à placer entre l’Orientalisant ancien et moyen : t. 563, t. 606 (Chiancone I), t. 1725 (Ina Casa). Sur ces quinze tombes, douze sont des tombes d’enfants, soit 80 %. Deux tombes sont féminines : adulte, t. 2465 (Ina Casa, tombe princière), jeune fille t. 2497 (Ina Casa). Une tombe appartient à un garçon, t. 1524 (Babino). À l’exception d’un individu de genre et d’âge indéterminés, t. 1725 (Ina Casa), les onze tombes restantes sont des tombes d’enfants de genre indéterminé : t. 5780 (aryballe KW, vases de Pithécusses-Cumes, Chiancone III) ; t. 563, t. 568, t. 571, t. 592, t. 606 (Chiancone I), t. 1541 (Simeone), t. 1892, t. 1909 (Ina Casa), t. 4546 (Chiancone II), t. 6985 (Malangone).
284 Voir tab. 78 en ligne pour l’ensemble de l’analyse.
285 Calcul réalisé à partir des données rassemblées dans tab. 78 en ligne. On compte 131 tombes OA-OM dans ce secteur, dont 101 ne contiennent a priori pas d’objets allogènes
286 Voir fig. 109-111 en annexe 3.
287 Il s’agit des tombes 1750, 1786, 1937, 1951, 1956, 2456, 2465, voir les références tab. 78 en ligne.
288 On compte treize amphorettes de ce type dans les tombes du secteur Ina Casa (1752, 1942, 1949, 1950, 1951, 1952, 1956, 1989, 2011, 2449, 2543, 2464, 2469 ; d’autres formes d’impasto sont également présentes : kylix (1750, 1785), oenochoé (2543), gobelet (1910), Cuozzo 2003, p. 86.
289 Outre la présence récurrente des amphorettes et d’autres vases étrusco-latiaux, on note une convergence dans les panoplies funéraires féminines, particulièrement visible dans la tombe 2465. Cette situation évoque pour M. Cuozzo davantage des rapports privilégiés entre élites que des mobilités de personnes, Cuozzo 2003, p. 222.
290 L’analyse de la variabilité funéraire a révélé que les tombes ayant les valeurs les plus hautes sont très majoritairement des tombes féminines, Cuozzo 2003, p. 100-112, ici, p. 105, et p. 194. M. Cuozzo évoque même l’hypothèse d’un système de descendance bilinéaire pour ce groupe, du fait de la mise en scène du lien entre femmes éminentes et enfants, sur le modèle étrusque, Cuozzo 2003, p. 214-219.
291 On trouve ainsi, outre les instruments liés au sacrifice (broches, chenets, couteau), les éléments d’un char et une écuelle avec les anses en forme de cheval, Cuozzo 2003, p. 107, note 36, p. 130 et p. 199-200. Les sépultures d’hommes avec armes sont d’ailleurs plutôt situées en marge des groupes centraux, Cuozzo 2003, p. 88.
292 On peut identifier plusieurs ornements très précieux et rares provenant de centres étrusques, outre l’abondante vaisselle en bronze, le char, les instruments de travail textile et du sacrifice : Cuozzo 2003, p. 201.
293 Un aryballe PCM se trouve dans les tombes 1950, 1969 et 2347 ; les exemplaires des tombes 1950 et 2347 sont étudiés dans Neeft 1987 note 72, p. 73 ; un aryballe globulaire PCA dans la tombe 1964, Neeft 1987, note 8, p. 423 ; un aryballe globulaire-conique corinthien dans la tombe 2444 ; une pyxide PCM dans la tombe 1956.
294 Il s’agit des tombes 5977, 5998, 5980, 5970, 5968, 5926, 5946, toutes féminines éminentes, auxquelles il faut ajouter la tombe d’un homme adulte, 5986, voir fig. 112 en annexe 3.
295 On trouve un objet oriental, corinthien ou de Pithécusses-Cumes dans 11 tombes, soit 73 % des tombes avec bien allogène.
296 On trouve un gobelet dans la tombe 5915 et une amphorette dans la tombe 5934.
297 T. 5870, éminente, garçon, plat Red Slip Ware de Pithécusses (associé à un gobelet étrusco-latial) ; t. 5873, éminente, jeune homme, aryballe KW et amphorette étrusco-latiale ; t. 5910, éminente, garçon, bassin tripode phénicien et bassin de bronze ? ; t. 5928, de type princier, homme adulte, amphore corinthienne ; t. 5929, éminente, garçon, plat Red Slip Ware de Pithécusses et oenochoé de Pithécusses-Cumes.
298 Cuozzo 2003, p. 222-223.
299 Cuozzo 2003, p. 222.
300 Par commodité, on a repris ici la numérotation des groupes de tombes employée dans Cuozzo 2003, p. 169-179, tab. IX, voir fig. 108 et 116 en annexe 3, où SE désigne l’emplacement au sud-est de la nécropole de ces secteurs.
301 Il s’agit des groupes SE1-4 et SE-7. Malgré la présence de deux secteurs de fouille différents, Cuozzo souligne que « ce noyau [Chiesa] semble en continuité avec les noyaux fouillés sur le côté est, tandis que des espaces vides les séparaient des zones au nord et au sud », Cuozzo 2003, p. 170. Les deux noyaux semblent par ailleurs complémentaires d’un point de vue démographique, avec deux tombes adultes, la tombe éminente 1507 et la tombe 582 de type princier, à côté de nombreuses tombes infantiles, Cuozzo 2003, p. 177.
302 Il s’agit des groupes SE-5, SE-6, SE-8.
303 SE-9, SE-10.
304 Cuozzo 2003, p. 169.
305 On a pris en compte ici les tombes pour lesquelles la datation a les modalités suivantes dans la base de données : « OA », « OM », « OA-M », « O » et « vide ». Dans le secteur Chiancone I, plusieurs tombes n’ont pas de datation déterminée, mais peuvent raisonnablement être datées de la même période que les tombes environnantes, ce qui a conduit à les inclure ici.
306 Elles sont présentes dans 19 tombes sur 29, soit 65,5 % des tombes de ce secteur.
307 D’Agostino 1977b, p. 24 pour le lébès avec référence directe à l’exemplaire de la t. 575, p. 27 pour la phiale, p. 41-43 pour le pot daunien.
308 On trouve en tout deux oenochoés (t. 737 ici, t. 2543 Ina Casa) et trois skyphoi (t. 748, t. 603 et t. 5867 Chiancone IV), contre 23 amphorettes à spirale, qui plus est présentes dans toutes les zones de la nécropole, d’après les données de Cuozzo 2003 note 46, p. 71. Il y a également un vase d’impasto de Caere dans la tombe 567, mais la forme n’en est pas précisée.
309 Les trois pendentifs sont signalés dans D’Agostino 1968, p. 83, fig. 6, p. 83. Les pendentifs des tombes 576, 582 et 600 sont en bronze, de forme allongée avec une sorte de petit rouleau en haut, ce qui évoque fortement des exemplaires de Pithécusses, par exemple celui de la tombe 694, Buchner – Ridgway 1993, p. 668-669, tav. XVb, CLXXXVI, 191, et Ridgway 1998, p. 306.
310 On trouve une tombe d’homme adulte de type princier (4693), une tombe éminente de garçon (4484), une tombe éminente de jeune homme (742), une tombe éminente de jeune fille (745), deux tombes d’enfants (571, 737).
311 Le groupe de tombes organisé autour de la tombe masculine de type princier 4693 semble organisé d’une part en tombes masculines, autour de la tombe 4693, d’autre part en tombes féminines avec des éléments de culture Oliveto-Citra, Cuozzo 2003, p. 177 : il est possible que ceux-ci soient liés à une mobilité de femmes dans le cadre de mariages entre groupes dominants.
312 On compte trois oil bottle phéniciennes dans la nécropole orientale, les deux autres étant dans le secteur Malangone (4969) et Alfinito (1520), voir la typologie en annexe.
313 B. d’Agostino le décrit comme un « vase en faïence de dimensions notables, recouvert d’émail vert », D’Agostino 1968, p. 84. On trouve dans la tombe dite « du scarabée Bocchoris » de Tarquinia un vase de faïence vert, en forme de situle. Un aryballe de faïence bleu-vert se trouve dans la Raccolta Cumana du Musée archéologique de Naples, Zevi et al. 2008, p. 215 avec la bibliographie correspondante (notice de L. Petacco).
314 Des analyses anthropologiques ont été conduites dans le cadre de l’étude pour publication de ces tombes. Des informations plus précises seront ainsi bientôt publiées sur ce secteur.
315 Les cinq tombes d’enfants avec objets allogènes sont : t. 4691, t. 4635, t. 4634, t. 4546 et t. 4474.
316 La tombe 4474 contient une kotyle PCM, un aryballe de Pithécusses ainsi que trois vases de type grec (deux aryballes, une coupe) dont l’origine n’est pas assurée. On trouve un scarabée dans la tombe 4546, deux aryballes KW dans les tombes 4634 et 4635, enfin des vases de Pithécusses-Cumes dans les tombes 4634 et 4486 et une oil bottle phénicienne dans la tombe 4691.
317 Les secteurs Alfinito et Babino, immédiatement au nord, présentent également des affinités avec le secteur Chiancone I. Cette bande intermédiaire est cependant marquée par une mauvaise connaissance des relations stratigraphiques et topographiques entre les différents secteurs, du fait de fouilles différentes et de nombreuses perturbations liées aux constructions modernes, Cuozzo 2003, p. 194-195, voir fig. 113-116 en annexe 3.
318 T. 689, t. 690, t. 691, t. 692.
319 Cuozzo 2003, p. 195.
320 Il s’agit des tombes 691 (aryballe corinthien) et 692, voir tab. 78 en ligne.
321 Le groupe de tombes est composé de cinq tombes d’adultes (une femme, deux hommes, deux individus de genre indéterminé) (28 %) et de dix tombes d’enfants (dont deux garçons et huit individus de genre indéterminé) (56 %), avec trois tombes d’individus d’âge et de genre indéterminés. Treize tombes sont donc sans genre déterminé, soit 72 % de l’ensemble.
322 On trouve cependant de la céramique de type grec, parmi laquelle probablement quelques exemplaires allogènes, dans onze tombes, soit 61 % des tombes.
323 Il présente des affinités avec le secteur Ina Casa plus au nord, mais la topographie reste trop mal connue pour aller plus loin dans le raisonnement, Cuozzo 2003, p. 195. On y trouve six tombes d’enfants (1535, 1541, 1545, 1546, 1550, 1552) (67 %), une tombe de jeune fille (1548), une tombe de femme adulte (1551) et une tombe adulte de genre indéterminé (1533).
324 Ce pourcentage élevé n’est pas très significatif, étant donnée la petite taille du groupe de tombes, et surtout notre ignorance sur l’étendue totale de l’ensemble de tombes correspondant.
325 Le faible nombre de tombes considérées invite comme toujours à la prudence sur ce type de considérations statistiques.
326 On trouve par ailleurs un ou plusieurs vases de type grec dans 14 tombes, soit 30 % des tombes de cette époque.
327 D’Agostino – Gastaldi 2012 voir tab. 75 et 77 en ligne.
328 Le raisonnement est ici en partie circulaire, puisque cette présence semble faire partie des critères qui permettent d’établir le caractère « princier » de la tombe dans Cuozzo 2003.
329 Cuozzo 2003, p. 109-111, fig. 20, éléments 15, 16, 17, 18.
330 La tombe 6905 contient une situle de type Kurd, la tombe 575 et la tombe 4693 contiennent toutes deux un bassin et une phiale en tulipe, la tombe 5867 et la tombe 1507 un bassin de bronze et la tombe 5926 deux bassins à rebord perlé, ainsi qu’une oenochoé phénico-chypriote, voir tab. 78 en ligne.
331 La tombe 4630 (Chiancone II) contient une kotyle de bronze, vase unique à Pontecagnano. La tombe 5910 (Chiancone IV) contient un bassin de bronze. La tombe 5970 (Chiancone IV) contient « des vases en bronze », mais les formes n’en sont pas précisées, Cuozzo 2003, p. 146.
332 Voir tab. 74.
333 Il s’agit dans trois cas de vases en Red Slip Ware, t. 1750, t. 5929 et t. 2456, ce qui représente tout de même 30 % de l’ensemble des exemplaires de la nécropole. On trouve sinon une oenochoé figurée type Ischia-Cuma-Tarquinia dans les tombes 5929 et 4484. La tombe 5780 contenait deux oenochoés de Pithécusses-Cumes et un skyphos d’imitation protocorinthienne, et la tombe 4968 quatre oenochoés figurées : ces cinq tombes représentent 42 % des tombes contenant des objets allogènes de ce type. Les tombes 5946 et 5977 contenaient deux amphores pithécusaines, uniques exemplaires de la nécropole. La quasi-absence de coupes à boire tient peut-être au fait qu’il s’agit d’une forme très imitée localement, ce qui rend difficile l’identification des originaux pithécusains.
334 Il s’agit d’un aryballe KW dans les tombes 745, 1750, 1937, 2456, 5780, 5873, 5909, d’un bassin tripode phénicien dans la tombe 5910 et d’une oil bottle phénicienne dans les tombes 1520 et 4484, Cuozzo 2003, p. 55-56, notes 42-44, p. 70-71.
335 Tombes 1786, 1951, 1956. On trouve également une amphorette d’impasto étrusco-latiale dans la tombe 5873. Il s’agit de 17 % de l’ensemble des exemplaires de la nécropole.
336 Une pyxide PCM dans la tombe 1956.
337 La tombe d’hommme 1520 (Babino) contient une oil bottle, tout comme la tombe de garçon 4484 (Chiancone II), qui contient en outre un scarabée et une oenochoé de Pithécusses. La tombe 5926 (Chiancone IV, homme adulte) contient un plat en Red Slip Ware, tout comme les tombes 5870 (Chiancone IV, garçon), 5929 (Chiancone IV, garçon), 2456 (Ina Casa), avec dans ce cas également un aryballe KW. La tombe 5910 (Chiancone IV) contient un bassin tripode phénicien.
338 On trouve un aryballe KW dans une tombe de jeune fille (t. 745, Chiancone I) et dans une tombe de fillette (t. 5909, Chiancone IV), ainsi que des oenochoés de Pithécusses-Cumes dans les tombes de femmes 4968 (Malangone) et 5946 (Chiancone IV), et une amphore pithécusaine dans la tombe de femme adulte 5977 (Chiancone IV).
339 C’est le cas des tombes 1428 (Secteur E), Pellegrino 2003, p. 74-75, 1318 et 1467 (Secteur G). Les tombes 99 (Secteur F), 1469 et 1481 (Secteur G) (hommes adultes), 1608 et 1609 (Sabbato I) (jeunes hommes) comportaient des armes, parfois des instruments de travail (1469, 1467).
340 Seule la tombe éminente 96, tombe féminine avec une broche et des ornements nombreux, était associée à une tombe masculine (99). Les deux tombes 1877 et 1894 de femmes adultes (Sabbato I) appartiennent à des femmes probablement originaires des zones irpines, d’après leur mobilier funéraire, Pellegrino et al. 2009, p. 181. La tombe 9467 (De Chiara) est une tombe de femme adulte qui contenait des broches, un couteau, des ornements précieux, une inscription et une phiale tulipe en bronze, associés à des éléments de la panoplie funéraire Oliveto-Cairano, Pellegrino – Rizzo – Grimaldi 2017. Le groupe situé à l’ouest du secteur De Chiara comporte une tombe de femme adulte éminente contenant une écuelle avec anses en forme de cheval (9517).
341 La tombe 1320 est l’unique tombe éminente du secteur G qui soit une tombe infantile, avec de nombreux ornements et un bassin de bronze, Pellegrino 2015, p. 38. Le secteur ouest de De Chiara semble organisé autour de la tombe de fillette 9482, avec de nombreuses productions orientales. Le groupe adjacent est organisé autour de deux tombes éminentes de garçons, la tombe 9197 (écuelle avec anses en forme de cheval, vase daunien) et la tombe 9124, Pellegrino – Rizzo – Grimaldi 2017. La tombe 1811 (Erra III) est celle d’un garçon de douze ans, qui contenait des vases étrusques, Pellegrino et al. 2009, p. 183. Les deux tombes éminentes du secteur Bisogno sont des tombes infantiles au mobilier vasculaire diversifié et articulé, comportant plusieurs objets grecs, Pellegrino 1999, p. 54-56.
342 Un bassin de bronze, non caractérisé, dans la tombe 1320 ; une phiale en tulipe probablement étrusque dans la tombe 9467 ; un bassin étrusque à rebord perlé dans la tombe 10 ; un lébès, un chaudron, un bassin, une oenochoé, une phiale en tulipe dans la tombe 926 ; un bassin, un chaudron, deux lébétès, un tripode, une phiale en tulipe, deux oenochoés trilobées dans la tombe 928 ; une situle type Kurd, une amphore biconique, un lébès et un masque pour cheval dans la tombe 4461.
343 Il s’agit des tombes 9197 et 9215.
344 Voir la typologie en annexe pour une présentation de ces productions. On a ainsi trouvé plusieurs vases de cette production de luxe dans la décharge Granozio, située dans le groupe de tombes infantiles du secteur de Via Sicilia, marqué par la présence de plusieurs tombes éminentes et de type princier, Cerchiai 1990b sur ce secteur, et Cuozzo 1993, p. 149-163, avec catalogue des exemplaires, reproductions photographiques et analyse du contexte de découverte, Cuozzo – D’Andrea 1991, p. 63-74 pour une typologie générale.
345 Une typologie des productions locales de l’Orientalisant récent se trouve dans Cuozzo – D’Andrea 1991, ici en particulier p. 92. D’après un modèle déjà proposé pour certains centres étrusques, il est possible que certains ateliers aient été polyfonctionnels, produisant plusieurs classes de céramique, et à l’intérieur de celles-ci des productions de qualité différente pour diverses clientèles, ce qui rendrait compte des similarités observées dans les formes et les motifs décoratifs, Cuozzo 2003, p. 54.
346 Cerchiai 1990b. Il s’agit donc d’une production restreinte de grande qualité, réservée à certains individus, en tout cas retrouvée exclusivement dans deux petits noyaux de tombes de distinction très élevée. Il s’agit, Via Sicilia, des tombes 590, 856, 1254 et 3339, et dans le secteur oriental Edil Pag, des tombes 4306 et 4307, Cerchiai 1990b, p. 9-18. On aurait ainsi des ateliers artisanaux spécialisés, probablement autour de maîtres étrusques immigrés, liés de façon très forte, peut-être clientélaire, à certains groupes dominants, Cerchiai 1994, p. 409.
347 D’Agostino 1968 et fig. 25.
348 Cerchiai 1994, p. 410.
349 M. Cuozzo évoque même le développement d’une « vaste et composite activité manufacturière comprenant diverses classes de céramique », avec des ateliers « dotés de formes avancées d’organisation et de technologie », Cuozzo 2003, p. 54. Cerchiai 1990b, p. 3 évoque un « phénomène d’expansion productive qui investit le centre campanien au début du VIe siècle, en lien avec un processus de concentration urbaine et des conséquentes transformations socio-économiques qui semblent liées à l’étrusquisation ».
350 On trouve des aryballes de ce groupe dans les tombes 271bis (Erra III), 1271bis, 591 (Via Sicilia), 1193 (Granozio), 1248 (Granozio), Frère 2007, p. 56.
351 Cuozzo – D’Andrea 1991, p. 80, Cuozzo 2003, p. 54.
352 Les nouvelles tombes se placent cependant à distance du groupe éminent de l’Orientalisant moyen, Pellegrino et al. 2009, p. 175.
353 Pellegrino et al. 2009, p. 178-179. Dans certains secteurs, comme Bisogno ou Granozio III, on observe au contraire un regain d’occupation à la fin du VIIe siècle, après un demi- siècle d’abandon. Les tombes plus anciennes sont respectées, et constituent même parfois le centre autour duquel s’organisent les nouveaux groupes, comme dans le secteur Bisogno, ce qui recouvre probablement un aspect idéologique, Pellegrino 1999, p. 179.
354 Il s’agit des secteurs Santoro et Citro, au nord, et Edil Pag, au sud, Pellegrino et al. 2009, p. 174-175, voir fig. 109 en annexe 3.
355 Il s’agit des aires funéraires de Via Sicilia, Via Firenze et Via Colombo, voir fig. 98 en annexe 3.
356 Voir fig. 98 en annexe 3, Pellegrino 2004 sur le secteur Baldi.
357 Pellegrino et al. 2009, p. 174, Bailo Modesti et al. 2005a et Cerchiai 1995b, p. 108.
358 Cerchiai 1994, p. 405-406, Pellegrino 2003, p. 91
359 Ce phénomène est très visible dans le groupe de Via Sicilia, Cerchiai 1994, p. 411, et dans le secteur Baldi de l’aire Via Firenze, Pellegrino 2004, p. 176.
360 Cerchiai 1994, p. 408 interprète également la moindre visibilité des individus allogènes dans la nécropole, au-delà de leur intégration, comme le signe d’une communauté ayant désormais une identité politique assez forte pour imposer des normes communes et partagées de mobilier funéraire, Cerchiai 2013, p. 151.
361 Voir tab. 79 en ligne sur les tombes de l’Orientalisant récent.
362 Cuozzo 1993, p. 164, qui renvoie à D’Agostino – Gastaldi 1988 pour les attestations à Capoue et à Cumes.
363 Cerchiai 1990b, p. 3 pour les céramiques étrusco-corinthiennes, voir la typologie céramique en annexe 1.
364 Il s’agit des tombes 3339, 3338, 3340, 856, 590, 591, 2711, Cerchiai 1994, p. 409, voir tab. 79 en ligne pour les références bibliographiques.
365 Cerchiai 1994, p. 409.
366 On trouve des vases corinthiens, toutes formes confondues, dans les tombes 1605, 1693, 1697, 1705, 1711, 1715, 1840, 1846, 1866, 1867, 1878 (Sabbato I), 6063 (Gaeta), 2147, 2149, 2161 (Bisogno), 4390 (Di Maio Ferro), 808 (Bellofiore-Via Sicilia), 856 (Erra-Via Sicilia), 1210, 1247, 1254 (Granozio-Via Sicilia), 3339 et 590 (Via Sicilia), 8349, 8389, 8390, 8396, 8398, 3991 (nécropole méridionale, Baldi et De Santis IIb). Les formes suivantes sont représentées : aryballes corinthiens (tombes 2147, 2161, 1210, 1247, 2149, 8349, 1254), une pyxide (1254), des alabastres (8389, 8390, 8398), des kotyles (8390, 8398, 3991, 856, 3339 (six kotyles vernies de noir)) des cratères (8396, 1840), ainsi que des vases dont la forme est inconnue (1697, 1705, 1711, 1605, 1693, 6063, 1846, 1866, 1867, 1878) ; la tombe 4390 contenait une oenochoé, quatre kotyles, des plats et des aryballes corinthiens, la tombe 590 une oenochoé, un cratère, seize kotyles, deux pyxides, deux aryballes et deux alabastres.
367 Des vases en bucchero étrusque ont été trouvés dans les tombes 8412, 8398, 8390, 8389 (Baldi), 2160 (Bisogno), 6063 (Gaeta), 1686, 1693, 1697, 1712, 1860, 1861, 1866, 1867, 1879 (Sabbato I). Des vases de production étrusco-corinthienne sont distribués dans les tombes 8390 (Baldi), 2149, 2160 (Bisogno), 3959 (De Santis IIb-Via Sicilia), 6063 (Gaeta), 1697, 1705 (Sabbato I), 9161 (Saggio 2).
368 Requêtes effectuées dans le SIG de la nécropole occidentale construit par C. Pellegrino.
369 Coupes ioniennes : 2160 (Bisogno), 3962 (A2-B2), 3992 (A2-B2), 3993 (A2-B2) (De Santis IIb-méridionale), 4390 (B1) (Baldi), 5202 (à filets), 5234 (A2-B2) (Di Maio Ferro), 856 (B2, Erra-Via Sicilia), 1209 (A2-B2). On trouve deux alabastres de bucchero ionien dans les tombes 1809 (Erra III) et 856 (Erra), ainsi que dans l’ustrinum 1605 (Sabbato I, information orale C. Pellegrino), ainsi qu’un lécythe gréco-oriental (3968 - De Santis IIb).
370 Un plat dans la tombe 2170 et une oenochoé dans la tombe 2158-2163.
371 C’est le cas visiblement des secteurs De Chiara, Ex-Biblioteca, Saggio 1 et Saggio 2.
372 Ce phénomène est particulièrement visible dans le secteur G, où un ensemble de tombes s’implante autour de la tombe distinguée 1318, sans présenter le même profil. On y trouve quelques vases de bucchero allogène. Le secteur F reste très mal connu, Pellegrino 2003, p. 78 : on peut seulement indiquer la présence d’un aryballe KW. Les secteurs C et D sont marqués par une baisse sensible du nombre de tombes, qui restent peu éminentes, Pellegrino 2003, p. 73-74, à l’exception d’une mystérieuse tombe féminine contenant une amphore vinaire corinthienne. Le secteur E connaît de même un déclin démographique, les nouvelles tombes ne présentant pas d’aspect particulier, Pellegrino 2003, p. 77-78.
373 Il faut souligner à nouveau l’existence d’un biais documentaire qui rend le bucchero allogène particulièrement visible.
374 Ces deux derniers objets sont les seuls vases d’Italie centrale connus à l’époque. Cette tombe de nourrisson est considérée comme la plus distinguée du groupe de tombes qui s’implantent dans cette zone après un abandon de 20-30 ans, et révèlerait le niveau de ce secteur, qui ne transparaît pas dans les autres tombes adultes, selon une coutume funéraire spécifique, peut-être à relier à l’origine allogène de plusieurs des individus enterrés. On trouve en effet une présence de signes liés aux espaces situés de l’autre côté des Appenins, autour d’Aufidena et au sud de la région des Piceni, Pellegrino et al. 2009, p. 180.
375 Une fosse remplie de céramique brûlée, avec des fragments de vases en bronze, des broches de la première moitié du VIIe siècle a été interprétée comme le résultat de cérémonies expiatoires : la mise en place des tombes de l’Orientalisant récent aurait détruit des tombes distinguées plus anciennes, d’où la présence de matériel antérieur, Pellegrino 1999, p. 47-48.
376 Les tombes 2147, 2149, 2160 et 2161 ont un mobilier vasculaire nombreux et diversifié, et contiennent des onguentaires corinthiens et étrusco-corinthiens.
377 Analyse détaillée pour chaque secteur, Cuozzo 2003, p. 125-128 (Ina Casa), p. 163-164 (Chiancone IV), p. 177-178 (Chiancone I-III, Chiesa), p. 189 (Babino, Alfinito, Malangone).
378 Cela est en grande partie dû à l’importante proportion de tombes du secteur Ina Casa à cette période, pour lesquelles aucun reste osseux n’a pu être retrouvé : seule la classe d’âge du défunt a pu être déterminée dans certains cas, en examinant les dimensions de la fosse et la disposition du mobilier.
379 La part du secteur Ina Casa est notamment très forte dans les tombes avec objets allogènes : sur les 30 tombes concernées, 22 proviennent du secteur Ina Casa, soit 73 % de l’ensemble.
380 La forte part des tombes du secteur Ina Casa parmi les tombes avec objets allogènes y contribue fortement, et ce secteur montre une présence importance de céramique étrusque depuis l’Orientalisant ancien. D’après Cuozzo 2003 notes 77 et 78, p. 73. Ina Casa : bucchero : t. 1726, t. 1780, t. 1870, t. 1904, t. 2287, t. 2429, t. 2432, t. 2441, t. 2442 ; onguentaire étrusco-corinthien : t. 1742, t. 1746, t. 1760, t. 1806, t. 1988, t. 2025, t. 2287 (un aryballe et deux alabastres), t. 2427, t. 2429, t. 2432, t. 2440, t. 2441, t. 2450. Chiancone II : t. 4468 et t. 4473 (onguentaire étrusco-corinthien). Chiancone IV : t. 5853 (onguentaire étrusco-corinthien), t. 5866 (bucchero), t. 5849 (onguentaire et bucchero).
381 D’après Cuozzo 2003. t. 1958, aryballe CM ; t. 1803, t. 4473, pyxide ou kotyle CM, note 83, p. 74 ; t. 2323, aryballe piriforme ; t. 601, t. 2450, t. 4965 : black kotyle corinthienne, note 76, p. 73. t. 2297, olpè TR.
382 Il s’agit de la tombe 689 (Alfinito, scarabée) et de la tombe 1739 (Ina Casa, vase daunien et amphorette étrusco-latiale). La tombe 4685 (Chiancone II) qui contient l’autre scarabée est datée de l’Orientalisant récent, et contient également du bucchero étrusque et un onguentaire étrusco-corinthien.
383 M. Cuozzo indique des proportions générales, mais il n’a pas été possible de retrouver des informations sur chaque tombe, ce qui explique que de très nombreuses tombes du secteur, voir tab. 78 en ligne, ne comportent pas d’indication sur leur classe d’âge.
384 Il s’agit du petit groupe autour de la tombe 2287, des tombes 2427, 2428 et 2429, et du groupe à l’est (2432, 2440, 2441, 2442), Cuozzo 2003, p. 126 et note 72, p. 131.
385 Cuozzo 2003, p. 126 sur cet aspect. Deux tombes qui présentent des signes de distinction, avec des éléments liés à la culture Oliveto-Cairano, les tombes 2462 et 2463, sont situées en marge du petit tumulus, mais elles présentent des aspects qui diffèrent de ce que l’on connaît dans ce secteur.
386 On sait que la céramique étrusco-corinthienne est représentée par des onguentaires (aryballe, alabastre), mais on ne dispose pas d’informations sur les formes du bucchero, même s’il est probable que les formes liées à la consommation du vin (oenochoé, canthare) soient les plus représentées.
387 Cuozzo 2003, p. 127.
388 Il s’agit des tombes 5849 (bucchero et onguentaire étrusco-corinthien), 5853 (bucchero) et 5866 (onguentaire), Cuozzo 2003 notes 77-78, p. 73.
389 Il s’agit de la tombe 601, qui contient une black kotyle corinthienne, Cuozzo 2003 note 76, p. 73.
390 Il s’agit des tombes 4468 (onguentaire étrusco-corinthien), 4473 (onguentaire étrusco-corinthien, pyxide ou kotyle CM) et 4685 (scarabée, bucchero, onguentaire étrusco-corinthien), Cuozzo 2003 notes 76-79, p. 73.
391 Il s’agit de la tombe 689.
392 Il s’agit d’une black kotyle, dans la tombe 4965, Cuozzo 2003, p. 189.
393 Les objets allogènes sont plus nombreux, avec parfois plusieurs exemplaires dans chaque tombe, et légèrement plus fréquents, même si la sur-représentation du secteur Ina Casa joue beaucoup sur cet aspect.
394 On ne connaît que les deux tombes princières 4306 et 4307, publiées dans Cerchiai 1990b qui ont été évoquées plus haut.
395 La tombe 4390, dans le secteur Risorgimento, contenait ainsi au moins neuf vases corinthiens : une oenochoé, quatre kotyles, au moins un plat, un aryballe annulaire, un aryballe sphérique, une pyxide, associés à des coupes ioniennes, Cerchiai 1994, p. 54. La tombe 8390 (Baldi) contenait au moins 50 vases, dont deux vases corinthiens, et de nombreuses productions étrusco-corinthiennes, ainsi que six vases de bucchero, Pellegrino 2004, p. 173. La tombe 3339, Via Sicilia, contenait au moins une cinquantaine de vases, avec six kotyles corinthiennes, tandis que la tombe 590 du même secteur, parmi une soixantaine de vases, contenait 24 vases corinthiens (une oenochoé, un cratère, seize kotyles, deux pyxides, deux aryballes, deux alabastres), associés à deux amphores étrusques, Cerchiai 1990b, p. 22.
396 Cette tombe inédite contenait une centaine de vases, dont de nombreux vases du Corinthien moyen, des exemplaires étrusco-corinthiens locaux et une amphore étrusque, Cuozzo 2006, p. 72 et note 18.
397 La tombe 1693, mal connue, contenait de la céramique corinthienne, étrusco-corinthienne et du bucchero. La tombe 1697 contenait, outre six grands scarabées, de nombreux vases corinthiens (onguentaires, kotyles, kylikes, oenochoés), de la céramique étrusco-corinthienne, du bucchero et deux bassins en bronze étrusques, Pellegrino et al. 2009, p. 181-183.
398 D’Agostino – Gastaldi 2012. La tombe 4306 comportait quatre aryballes corinthiens et une amphore étrusque, en plus d’une soixantaine de vases locaux en impasto ou de type italo-géométrique, ainsi que plusieurs vases étrusco-corinthiens locaux. La tombe 4307 contenait une centaine de vases (impasto, bucchero local, productions italo-géométrique et étrusco-corinthienne locales), parmi lequel on compte cinq aryballes corinthiens et une amphore étrusque, Cerchiai 1990b, p. 4, p. 20.
399 Tombe 1840 Sabbato I et tombe 8396B Baldi. La présence d’un cratère corinthien dans le mobilier de la tombe 590 peut être interprétée dans le même sens.
400 Ce constat est bien sûr à relativiser étant donné que ce sont les sites campaniens les mieux connus pour l’instant.
401 Il s’agit d’une recherche en cours, notamment autour du secteur Chiancone II.
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