Chapitre 1. La Campanie : un territoire régional d’étude des échanges archaïques
p. 27-64
Texte intégral
1La Campanie à l’époque archaïque n’existe pas1 : le nom même dérive de l’ethnique Campani, qui apparaît dans les sources littéraires au Ve siècle pour désigner des groupes qui s’emparent du pouvoir à Capoue2. C’est pourtant cet espace régional qui a été choisi comme cadre de l’étude d’histoire entreprise ici, à la suite d’autres chercheurs. Comment justifier ce choix ? Ce chapitre proposera plusieurs pistes, en interrogeant la région comme échelle géographique.
2L'échelle régionale en géographie française est particulièrement marquée par la figure de Paul Vidal de la Blache3 et de ses élèves. L’histoire des régions de France est alors ancrée dans une étude attentive de la géologie, du paysage, des villes, etc. Cet enseignement va avoir une profonde résonance chez les historiens, à travers les figures de passeurs de Lucien Febvre, puis de Fernand Braudel4, entraînant le développement de monographies régionales5.
3Ce succès durable est critiqué par Yves Lacoste en 1976 dans son livre provocateur, La géographie, ça sert, d'abord, à faire la guerre. Il considère notamment que la région est un « puissant concept-obstacle6 ». Les régions seraient le plus souvent le « résultat de l'enchevêtrement tout au long de l'histoire des influences humaines et des données naturelles7 », sans explicitation des critères de ces découpages, présentés comme « naturels », mais qui résultent en fait « d'une stricte mais discrète sélection des faits8 ». Le choix de la région comme échelle d’étude implique donc une délimitation géographique qui ne va pas sans risques, notamment celui de créer artificiellement une cohérence du simple fait que l'on a décidé d'étudier ensemble certains espaces, mais aussi celui de n’observer les phénomènes qu’à cette échelle intermédiaire.
4Ce risque de myopie est bien présent dans notre étude, car l’origine des biens retrouvés dans les tombes campaniennes pointe souvent vers une échelle méditerranéenne, plutôt que régionale. Un prolongement nécessaire de ce travail serait ainsi d’aller suivre le parcours de certains de ces biens, de Rhodes à Pontecagnano ou de Corinthe à Calatia.
5Nous commencerons ainsi dans une première section par présenter l’évolution de l’historiographie vers une approche régionalisée de la Méditerranée, dans laquelle s’inscrit ce travail sur la Campanie. Les limites choisies ici pour ce territoire régional seront ensuite explicitées, avant d’en décrire les quatre micro-régions, leurs paysages, leur structure interne et l’évolution du peuplement à l’échelle micro-régionale. Une troisième section présentera les sociétés qui occupent ces territoires, en envisageant notamment les conséquences historiographiques de la présence de colonies grecques.
1.1. Une région méditerranéenne
6L’éclatement de l’espace méditerranéen en régions est le résultat de deux moments historiographiques majeurs : le changement de perspective géographique prôné par F. Braudel, puis une reformulation des propositions braudéliennes avec une réflexion sur un découpage régional de la Méditerranée.
1.1.1. L’échelle régionale en Méditerranée
7L’espace méditerranéen est constitué en sujet principal d’une étude historique dans la thèse de F. Braudel, publiée en 19499. Ce renversement, survenu au cours de la rédaction, traduit l’influence de l’école de géographie française vidalienne sur l’historien10.
8Cette réflexion a été ensuite étendue à d’autres périodes, notamment antiques et médiévales, par Nicholas Purcell et Peregrine Horden11. Ils en arrivent à modifier la définition de la Méditerranée proposée par F. Braudel, en identifiant plusieurs caractéristiques permanentes de cet espace12. La Méditerranée est selon eux fondamentalement fragmentée en micro-régions13.
9L’échelle régionale, adoptée depuis longtemps pour l’étude de territoires continentaux, est ici utilisée pour découper les « plaines liquides14 » de la Méditerranée. Cette réflexion avait d’ailleurs été menée en parallèle en France, en particulier dans les travaux de M. Gras qui propose une étude des échanges archaïques dans un sous-ensemble méditerranéen, la mer Tyrrhénienne. Celui-ci insistait cependant sur la nécessité d’une étude des espaces littoraux qui bordent cette mer, notamment en identifiant des systèmes socio-économiques régionaux15. Cette approche a été au cœur de travaux qui ont renouvelé notre vision de plusieurs régions archaïques d’Italie, notamment des espaces souvent considérés comme marginaux dans les échanges, l’Adriatique méridionale16 et la Calabre17.
10La Campanie de ce point de vue est à envisager comme une région méditerranéenne, par son insertion dans des échanges à plus vaste échelle. Elle possède cependant une cohérence interne du point de vue des échanges : c’est en tout cas la thèse au cœur de ce travail. Le territoire campanien possède par ailleurs une singularité qui conditionne fortement l’historiographie concernant les échanges : il s’agit d’une région où s’implantent au milieu du VIIIe siècle deux sites grecs, Pithécusses et Cumes.
1.1.2. La Campanie, entre territoire colonial et réseau grec
11La colonisation grecque a longtemps été étudiée comme un phénomène foncier et agricole avant tout, ce qui a largement été nuancé depuis18. La question foncière reste cependant un enjeu important qui peut conditionner les rapports entre communautés indigènes et grecques, en concurrence potentielle pour l’accès à la terre19.
12En Campanie (fig. 4), la cohabitation à l’échelle régionale avait de plus une dimension locale, puisque les Grecs s’installent à Cumes à l’emplacement même du site indigène précédent20. Les historiens ont longtemps pensé, pour des sites comme Cumes ou Métaponte, que l'arrivée des Grecs avait conduit à une expulsion des indigènes déjà présents21. De nouvelles fouilles montrent que la situation archéologique est parfois plus nuancée22.
13Il est difficile, en l'absence de témoignages littéraires, de trouver des sources permettant de savoir s'il y a eu une partie de la population indigène locale réduite en esclavage. L’utilisation d’une partie de la population indigène de Cumes comme main d’œuvre agricole a été supposée à partir des sources littéraires23. Les tombes à inhumation avec un mobilier très limité ou absent ont ainsi été interprétées à Pithécusses par Giorgio Buchner comme des tombes d’indigènes dans un statut subalterne24. La question de la posture du défunt fait également débat : certains interprètent la présence de squelettes recroquevillés dans des tombes sans mobilier comme la trace d'une population indigène servile en Campanie, originaire de la Daunie antique25. De façon plus générale, on a longtemps envisagé les relations entre Grecs, Étrusques et Opiques sous l’angle de la domination des autochtones par les sociétés « extérieures » plus avancées26 qui arrivent dans ces espaces.
14Dans l’étude à l’échelle régionale envisagée ici, l’ancrage territorial des sociétés est considéré comme essentiel, y compris pour les Grecs de Campanie. Une conception différente est au cœur des travaux d’Irad Malkin, qui a notamment pris la Campanie comme exemple. Il a proposé de considérer l’histoire grecque archaïque en général à travers le modèle du réseau, afin d’insister sur l’importance égale de toutes les cités grecques, coloniales ou non27. De ce point de vue, ses travaux ont marqué une étape fondamentale dans la réfutation d’une ancienne conception où le monde colonial était une périphérie par rapport aux centres égéens. Cette idée de réseau a cependant pour conséquence d’accorder une moindre importance au territoire régional dans lequel s’insèrent les différentes colonies grecques. C’est avant tout leur appartenance au réseau des cités grecques qui est valorisée.
15Dans ce cadre, la Campanie a été étudiée par I. Malkin comme un exemple de « Middle Ground28 ». L'usage de la force ne profitant à aucun des partenaires, la cohabitation entre indigènes et colons donnerait lieu à des emprunts culturels nombreux et à l'émergence d'une culture originale. Cette vision dynamique des relations entre Grecs et non-Grecs insiste à raison à la fois sur le caractère ouvert de la communauté grecque qui arrive, issue d’un monde où les cités sont en formation, et sur l’insertion préalable des communautés locales dans des réseaux d’échanges, en particulier avec des Grecs29. La chronologie de cette situation ouverte correspondrait aux VIIIe et VIIe siècles. Elle se termine avec l’intensification des conflits entre Grecs et Étrusques au VIe siècle30, bien qu’ils ne soient pas spécifiques à la Campanie.
16Outre que cette culture commune consiste surtout dans la diffusion en Campanie de la culture grecque, ce qui est une conception peut-être trop hellénocentrée de la situation, cette analyse repose sur une préconception indémontrée : la faible structuration politique des sociétés en présence. Les indigènes ne seraient que « des chefferies vaguement fédérées, avec une forme de hiérarchie interne », tandis que les colons ne sont « ni intéressés ni capables de coordonner un programme d'expansion territoriale31 ».
17Luca Cerchiai a récemment proposé une nouvelle interprétation de ce modèle du « Middle Ground » pour la Campanie des VIIIe et VIIe siècles32. Il insiste d’emblée sur le fait qu’une situation de ce type n’implique pas pour autant une absolue symétrie et égalité entre les partenaires, et sur le caractère instable et transitoire d’une telle configuration33.
18À partir d’une analyse précise de certains dossiers archéologiques, il montre notamment que l’idée d’un « Middle Ground » campanien ne peut s’appliquer qu’au VIIIe siècle. Des restructurations importantes prennent déjà place au début du VIIe siècle autour des centres campaniens de Capoue et de Pontecagnano, tandis que Cumes semble devenir le cœur de la présence grecque au détriment de Pithécusses34. Ce nouveau modèle d’étude des dynamiques campaniennes au VIIIe siècle réintroduit l’idée de rapports de force et d’asymétrie au sein d’interactions qui peuvent être nombreuses et riches.
19Le choix d’une échelle régionale d’étude des échanges implique ici de prendre en compte les rapports de force éventuels qui se nouent autour du partage d’un même territoire par ces sociétés diverses. Ce territoire, justement, va maintenant être défini de façon plus détaillée, dans les limites choisies, en proposant un état des lieux de nos connaissances sur les paysages antiques et la structuration proposée en micro-régions.
1.2. La Campanie, un territoire régional
1.2.1. Le territoire campanien et ses limites entre le VIIIe et le VIIe siècle
20La première monographie dédiée à la Campanie antique35 est l'œuvre de Julius Beloch à la fin du XIXe siècle. L’espace campanien est défini comme le territoire « qui était habité dans l’Antiquité par le peuple des Campani, c’est-à-dire la région qui du Volturnus au nord s’étend jusqu’aux montagnes de Sorrente et de Nocera, et du Mont Tifata et du Mont Vergine à la mer36 ». Cet espace est défini par les évènements de l’époque classique, où ce peuple des Campani apparaît dans les sources littéraires. La péninsule amalfitaine marque la limite méridionale du territoire. Une délimitation semblable est adoptée dans une autre synthèse sur la Campanie par Martin Frederiksen, sur des critères géologiques cette fois. La zone de montagnes qui sépare le Salernitain de la plaine du Vésuve est considérée comme une frontière naturelle37.
21L’examen des sources archéologiques archaïques est au contraire au fondement de la démarche de L. Cerchiai. Sa synthèse sur la Campanie archaïque commence d'emblée par un chapitre sur « Il popolamento indigeno nell'età del ferro38 », dans un espace qui couvre la plaine de Pontecagnano jusqu’au nord de Capoue. Ces limites plus larges sont expliquées par la cohérence forte en termes de culture matérielle entre ces sites, ainsi qu’à toute une série de phénomènes communs observables à l’époque archaïque. Nous avons choisi ici de reprendre ce cadre géographique général.
22Entre le massif du Cilento au début de l’actuelle Calabre et le massif de Roccamonfina dans le Latium, dont le littoral est bordé de massifs montagneux, nous étudierons la Campanie comme une succession de trois plaines abritées, du sud au nord : la plaine qui s’étend de la péninsule amalfitaine aux massifs du Cilento, la vallée du Sarno et la plaine campanienne, autour de Capoue. Ces plaines sont bordées, d’une part par des baies ou des lagunes accueillantes pour les navires, depuis le cordon dunaire antique de la plaine de Pontecagnano jusqu’au rivage de Pompéi ou de Naples et Pouzzoles, d’autre part par une série de reliefs, percés de voies de communication fréquentes et empruntées, qui relient la Campanie aux régions d’Italie centrale.
23La véritable justification d’une telle échelle régionale tient cependant surtout à l’examen des données archéologiques, qui montrent l’importance des affinités culturelles et matérielles, entre Pontecagnano, Cumes, Capoue et la vallée du Sarno, ainsi que l’existence de circulations de personnes entre ces sites39. Cela a également conduit à limiter l’espace campanien considéré aux zones de plaine qui se déploient entre Capoue et Pontecagnano40.
24Les limites choisies ici pour la Campanie ont conduit à ne pas prendre en compte dans cette étude les sites de montagne, comme Montesarchio, bien que des circulations aient existé entre l’intérieur des terres et le littoral. Les montagnes ne sont pas une frontière infranchissable, mais les échanges qui se déroulent entre la plaine et le littoral, ou le long du littoral, sont d’une intensité, d’une fréquence et d’une facilité plus grandes que ceux qui empruntent des vallées escarpées. La limite septentrionale délimitée ici est celle du Volturne, le fleuve situé au nord de Capoue. Ce choix est principalement dicté par les sources disponibles, encore très limitées pour la Campanie septentrionale. Au sud, nous avons choisi de ne considérer que la plaine qui entoure directement Pontecagnano, sans inclure les sites qui bordent le Sele : il nous a semblé que, jusqu’à la fondation de Poseidonia, cette partie méridionale est davantage reliée au Vallo di Diano et à l’Italie méridionale du point de vue des échanges.
1.2.2. Structuration interne : les micro-régions campaniennes
25Les quatre micro-régions qui composent la Campanie archaïque, dans le découpage adopté ici, sont des territoires marqués par une cohérence géographique et ethnico-culturelle. L’aspect antique de ces paysages, certains éléments sur leur exploitation du territoire et des voies de communication existantes puis l’évolution des dynamiques de peuplement à l’échelle micro-régionale seront successivement présentés41.
1.2.2.1. Pontecagnano et l’ager Picentinus
Fig. 7 – Le paysage antique de Pontecagnano.

26Le terme d’ager Picentinus42 désigne chez Pline l’Ancien la plaine côtière qui s’étend de la péninsule sorrentine au fleuve Sele, bordée par une chaîne montagneuse pré-apenninique. En dehors de cette brève notice, le site découvert à l’emplacement de l’actuelle commune de Pontecagnano n’était pas connu, avant que des interventions archéologiques nombreuses n’en révèlent l’ampleur au cours du premier âge du Fer et de l’époque orientalisante. Contrairement à d’autres zones comme la plaine campanienne ou les Champs Phlégréens, c’est donc presque exclusivement l’archéologie qui a servi de source pour reconstruire l’occupation et les caractéristiques de cette micro-région.
27Pontecagnano semble le site central, de par son envergure, le nombre de tombes découvertes, mais également sa durée de vie, à côté de sites de vie plus brève et de dimensions moindres.
28La limite nord-ouest de cette micro-région est constituée par une barrière naturelle, bien que franchissable (fig. 7) : la chaîne montagneuse qui se prolonge dans la Méditerranée avec la péninsule amalfitaine. La plaine picentine est bordée au nord-est par des chaînes de montagnes, avec plusieurs axes de communication, notamment à proximité de Pontecagnano. La limite la plus difficile à déterminer se situe au sud-est : la plaine dans laquelle se situe Pontecagnano s’étend depuis la péninsule amalfitaine jusqu’au massif du Cilento. Avant la fondation de Poseidonia, qui va renforcer l’importance de l’axe de communication vers l’intérieur via la vallée du fleuve Sele et celle de l’Ofanto43, jusque vers la côte ionienne ou adriatique, la partie sud de la plaine est occupée par des sites de taille moyenne, de culture matérielle différente, nettement tournés vers les zones de l’intérieur. Pontecagnano semble au contraire d’emblée intégrée dans les circulations maritimes, mais aussi dans des rapports étroits avec les sites campaniens de l’autre côté de la péninsule amalfitaine44. C’est pourquoi nous nous concentrons dans cette étude sur Pontecagnano sans examiner les sites plus méridionaux.
1.2.2.1.1. Paysage antique, ressources littorales et géographiques
29Des études récentes, à partir d'anciennes cartes45 et de recherches géophysiques46 ont montré que le littoral avait un aspect bien différent pendant l'Antiquité, en particulier dans ses époques les plus anciennes comme l'âge du Fer. Des travaux de bonification importants ont été effectués à l'époque moderne afin d'assainir la plaine, ce qui a considérablement modifié l'aspect du paysage et le tracé de certaines rivières47. La plaine proche de Pontecagnano était auparavant marquée par un paysage de dunes, de lacs, comme le Lago Piccolo et le Lago Grande, un petit et un grand lac situés près du Pagliarone et de Casella pour le premier, près de l’Arenosola et du fleuve Sele pour le second, et probablement de zones marécageuses48, comme le montre la reconstitution proposée par l'université de Salerne (fig. 7).
30La zone lagunaire située le long du littoral présentait ainsi un environnement favorable pour l'accostage des navires49, et donnait aux sites principaux, souvent situés plus en retrait dans la plaine, un accès rapide au littoral, grâce aux fleuves50.
31Un emplacement possible pour un port de Pontecagnano pourrait être le site de Podere Angelo, situé à 1,4 km de Masseria Casella (fig. 7). Une concentration notable de matériel archéologique daté de la fin du VIIIe siècle à la fin du VIIe- début du VIe siècles51 y a été découverte. Le Lago Piccolo aurait en effet été un idéal point d'approche pour une navigation qui, suivant le parcours de cabotage, exploitait comme point d’ancrage les côtes basses, souvent fournies par les lagunes52. Il pouvait constituer l'approche naturelle vers Pontecagnano et représenter un environnement favorable au développement de certaines productions liées aux ressources lacustres53.
32Les nombreux fleuves qui traversent la plaine de l’Agro Picentino relient le littoral aux zones montagneuses, en particulier autour du site de Montevetrano, où le Picentino offre un accès relativement aisé vers l'arrière-pays. Le Sele constitue une voie d'entrée vers l'Italie méridionale, à travers le Vallo di Diano, vallée au cœur de laquelle est implanté le site villanovien contemporain de Pontecagnano, Sala Consilina54. La vallée du Sarno et la plaine campanienne sont accessibles par un parcours de piémont, le long d'un trajet qui coupe la péninsule amalfitaine55, où s’implante au VIIe siècle le site de Nocera.
1.2.2.1.2. Localisation des habitats : une phase de proto-urbanisation ?
33Les fouilles sur le site de Pontecagnano n'ont pas jusqu'à présent révélé d'éléments liés à un habitat de l'âge du Fer56. Cependant, la localisation des noyaux de nécropole, l'absence de sépultures de l'âge du Fer dans la future zone de l'habitat, l'absence de structures d'habitat dans les zones de nécropole.... laissent penser à une répartition fonctionnelle très ancienne, datant peut-être des débuts de l'établissement de Pontecagnano57. La présence, entre les noyaux de nécropole, d'un plateau légèrement surélevé, et la comparaison avec d'autres sites villanoviens58 invite à imaginer la localisation de l'habitat à cet endroit (fig. 7 et fig. 91 en annexe).
34Il est cependant impossible, en l'état actuel de nos connaissances, de savoir si cet espace central était occupé par un ou plusieurs noyaux d'habitations, et surtout s'il n'y avait pas d'autres noyaux d'habitations alentours59, comme l'établissement du Pagliarone60, situé à seulement 2-3 km du plateau d’habitat potentiel de Pontecagnano.
35S’il s'avère que Pontecagnano possède rapidement un habitat groupé, avec des nécropoles situées en dehors des lieux de vie, on serait dans une configuration de type proto-urbaine, que l'on retrouve dans des sites villanoviens au nord61. L'unification et le groupement des habitats sont souvent analysés comme le résultat d'une évolution politique vers un pouvoir politique central.
36L’une des spécificités de la micro-région autour du site de Pontecagnano est d’être composée de plusieurs sites entre le premier âge du Fer et le début de l’époque orientalisante, avec des sites de taille restreinte et d’une durée de vie limitée, ce qui a souvent conduit à les interpréter comme des sites satellites de Pontecagnano.
1.2.2.1.3. Pagliarone, Casella et Monte Vetrano, des établissements secondaires de l’Agro Picentino ?
37Bien que le site de Pontecagnano ait concentré l’essentiel des études, du fait de l’ampleur des nécropoles exhumées et de la longue durée d’occupation du site, un trait fondamental de la micro-région picentine est la présence contemporaine d’autres établissements, souvent plus petits : le Pagliarone, puis Casella et Monte Vetrano.
38Le site du Pagliarone a été identifié après la fouille de plusieurs secteurs de nécropole, datés uniquement entre les phases IA et IB du premier âge du Fer (900-775). Les liens de ce petit établissement avec Pontecagnano, très proche, restent difficiles à définir, car le site du Pagliarone présente un faciès spécifique, tant en termes de culture matérielle que de pratiques funéraires62. La dynamique régionale du premier âge du Fer entre Pontecagnano et le Pagliarone, établissement plus proche du littoral, prend fin avec l’abandon du Pagliarone, autour du second quart du VIIIe siècle.
39Le site de Casella est composé d’un secteur de tombes à inhumation datées de la seconde moitié du VIIIe siècle. Le matériel de Casella montre de nombreuses ressemblances avec celui, contemporain, de Pontecagnano, tout en présentant des éléments inconnus dans les tombes de Pontecagnano, cependant mal documentées pour cette période. Il est donc difficile de statuer sur le lien entre Casella et Pontecagnano63. L'habitat correspondant se situait probablement sur la rive gauche de la rivière Asa64. Il s'agit d'un emplacement situé à l'intersection d'une voie de communication qui relie Pontecagnano au littoral65.
40Si l'on considère que Casella, comme Pagliarone, sont deux sites très fortement liés à Pontecagnano, on peut interpréter ces deux établissements comme les deux avant-postes du centre picentin, qui se succèdent dans le temps, à proximité du lac ouvert sur la mer qui pouvait constituer un point d’approche pour les navires. Selon une autre interprétation, avancée par G. Bailo-Modesti et A. Gobbi, Casella serait davantage à relier aux sites de l'Arenesola et du Gaudo, plus proches du Sele66. Ces trois sites sont situés sur une sorte de ligne parallèle au littoral. Il pourrait s’agir de fondations initiées par des groupes provenant de l'arrière-pays montagneux, attirés par les activités économiques de production et d'échange du littoral tyrrhénien. La différence entre ces deux interprétations tient avant tout au rôle, difficile à démontrer ou à infirmer, d'initiative et de contrôle politique détenu ou non par Pontecagnano.
41Au moment où s'implante l'établissement de Casella, un autre site se développe à proximité de l'entrée dans les montagnes apennines, Monte Vetrano. Des fouilles récentes ont révélé la présence de trois zones de nécropole dans ce site proche de Pontecagnano, situé près d’une des principales voies d’accès vers l’intérieur des terres (fig. 18)67. Ces différentes aires funéraires sont situées au pied de la colline de Monte Vetrano, au sommet de laquelle se trouvait probablement l'habitat correspondant68. Toutes les tombes fouillées s'inscrivent, comme Casella, dans la seconde moitié du VIIIe siècle, et leur matériel est très proche dans ses types et sa composition de celui des tombes de Casella69. Elles sont organisées en groupes supposés familiaux, avec une différenciation funéraire marquée70.
42Outre la présence d'objets importés, plusieurs tombes contiennent des signes liés à des panoplies funéraires allogènes, ce qui fait penser à la présence d'individus originaires des montagnes voisines, mais également de régions plus lointaines, notamment le nord de la Basilicate actuelle, ancienne Oenôtrie, ainsi que des régions adriatiques71. Les spécificités de peuplement de Monte Vetrano conduisent à mettre en doute son lien avec Pontecagnano. Il s’agissait peut-être d’un établissement autonome vis-à-vis de Pontecagnano, fondé par des groupes de l'arrière-pays montagneux. Il s’agirait alors d’une sorte d’avant-poste leur permettant de mieux participer aux échanges campaniens et tyrrhéniens, puisque Monte Vetrano est idéalement situé au débouché de voies d'accès à l'Italie centrale, mais également sur les routes qui relient la plaine picentine à la vallée du Sarno72.
43Il existe bien des tombes pour lesquelles plusieurs éléments, le rituel funéraire, l’emplacement et le type du mobilier, etc. renvoient à des aires culturelles différentes de Pontecagnano, notamment l’Italie interne73.
44Il n’existe ni à Casella ni à Monte Vetrano de tombes plus récentes que le dernier quart du VIIIe siècle. Il semble donc que ces deux établissements cessent d’exister au début du VIIe siècle. Plusieurs éléments laissent penser que les groupes de Monte Vetrano ont pu se transférer à Pontecagnano. La micro-région picentine est désormais concentrée autour d’un unique centre, Pontecagnano.
1.2.2.1.4. Un changement d’occupation du territoire au début du VIe siècle
45La dynamique d’occupation du territoire se modifie, à l’échelle de la plaine picentine, à la fin du VIIe siècle74. La fondation de Fratte, probablement par des groupes venus d’Étrurie interne75, a été interprétée dans le cadre d’une implantation étrusque plus marquée en Campanie76. On constate par ailleurs à cette époque une intensification des quantités d’objets étrusques ou d’inscriptions étrusques découverts, de Pompéi à la côte amalfitaine, puis à Fratte. Pontecagnano est un centre étrusco-campanien, certes, mais lié à d’autres centres étrusques, plus méridionaux. Plus au sud, le site grec de Poseidonia va également s’affirmer comme un centre important à l’échelle régionale, de façon contemporaine au développement de Fratte de l’autre côté de la plaine. Entre ces deux sites, Pontecagnano décline dès la seconde moitié du VIe siècle, pour ne devenir qu’un centre mineur à l’époque classique.
46Fratte comme Poseidonia ne sont cependant bien connus qu’à partir du milieu du VIe siècle77 : on a donc choisi ici de ne pas les inclure dans l’analyse.
Fig. 8 – La micro-région de Pontecagnano entre le IXe et le VIe siècle.

1.2.2.2. Les Champs Phlégréens grecs : Pithécusses, Cumes et ses fondations
Fig. 9 – La micro-région grecque de Campanie.

47L’île d’Ischia et les Champs Phlégréens composent un espace privilégié pour les échanges, situé à un emplacement stratégique le long des côtes tyrrhéniennes. En ce qui concerne les toponymes, une précision : nous parlerons en général de Cumes pour évoquer tant le site grec que le site indigène, car nous ne connaissons pas d’autre nom pour ce lieu. En revanche, l’emploi de Pithécusses pour désigner le site grec d’Ischia est réservé à la période grecque. Comme les sites indigènes d’Ischia sont très mal connus, à l’exception de Castiglione, c’est l’île d’Ischia dans son ensemble qui est considérée comme le territoire occupé par les indigènes opiques78 avant la fondation de Pithécusses.
1.2.2.2.1. Le paysage antique
48L’aspect actuel de Cumes ne permet pas de comprendre l’intérêt du site à l’époque antique. L’ensablement du littoral et le comblement de l’ancienne lagune ont en effet profondément modifié le paysage (fig. 10). Les études de géomorphologie entreprises par le Centre Jean Bérard dans le cadre du projet de recherche des ports de Cumes ont permis de mieux comprendre l’évolution du paysage depuis l’Antiquité79. La présence d’une zone lagunaire est attestée, de même que la présence en bas du rocher de l’acropole de plages, comme on peut le voir dans la fig. 10. La plage située au sud de l’acropole n’était cependant pas très bien abritée des vents : il est possible que la lagune ait été également employée pour les navires, car elle était reliée à la mer par des canaux, au nord de Cumes80. Du point de vue des formations géologiques de Campanie, Cumes et Ischia font partie des Champs Phlégréens, ce qui rend les terrains agricoles très fertiles, mais entraîne également des évènements sismiques réguliers, en particulier à Ischia pendant l’époque archaïque81. Le véritable port de Cumes, ou les ports, étaient cependant probablement plutôt à localiser à Dikearchia et près de Palaepolis-Pizzofalcone.
Fig. 10 – Le paysage antique de Cumes.

1.2.2.2.2. Une micro-région mal connue archéologiquement
49En ce qui concerne la Palaepolis mentionnée par les sources littéraires82, on s’accorde aujourd’hui à la faire correspondre avec la colline de Pizzofalcone à Naples. Sur cette colline, des travaux dans le quartier de Santa Lucia ont permis de découvrir de la céramique grecque de Pithécusses-Cumes, quelques importations corinthiennes, mais aussi de la céramique d’impasto et de la céramique phénicienne, un faciès qui correspondant à celui de Pithécusses ou de Cumes83. Une installation dès le milieu du VIIIe siècle semble même indiquée par les différentes découvertes de matériel du Géométrique récent dans plusieurs sites sur la colline, avec une présence plus importante à la fin du VIIIe siècle, indiquant peut-être la transformation d’un simple epineion en un établissement plus structuré84.
50L’installation sur le site de la future Neapolis semble par ailleurs antérieure à la date de fondation avancée jusque-là, vers 470, à partir de l’examen des mobiliers funéraires connus85. Une fréquentation étendue est attestée à partir du milieu du VIe siècle86. D’après B. D’Agostino, Parthénope pourrait bien avoir été une véritable polis, et non un simple phrourion, un avant-poste provisoire ou epineion, un port, si l’on suit E. Lepore qui attribue à Parthénope un rôle dans la transmission des phratries de Cumes à Neapolis87. En face de la colline de Pizzofalcone, l’îlot correspondant à l’actuel Castel dell’Uovo, la Mégaris des sources littéraires, est probablement occupé dès cette époque. Les fouilles récentes du port de Naples, sous la station de métro Municipio, ont restitué quelques fragments du début du VIIe siècle. Il est possible que cet emplacement ait déjà été utilisé comme port à l’époque archaïque, dans la mesure où le littoral autour de Pizzofalcone est peu propice à l’accostage des navires88.
51Dikearchia, la future Pouzzoles, est selon Strabon un epineion de Cumes, avant de devenir une véritable cité quand les Samiens émigrés y sont accueillis vers 53189. Les premières traces d’occupation grecque datent du début du VIIe siècle. Le cap Misène était également un point stratégique dans la baie de Naples, probablement rapidement occupé par les Grecs90.
52En ce qui concerne les dynamiques d’occupation du territoire à l’échelle de cette micro-région grecque, l’état de nos connaissances indique une coexistence de deux sites majeurs, Pithécusses et Cumes pendant la seconde moitié du VIIIe siècle, avant que Cumes ne devienne le site principal de la micro-région au début du VIIe siècle.
53L’examen des fouilles de la nécropole de Pithécusses indique en effet une diminution très nette du nombre de tombes au début du VIIe siècle déjà. Ce phénomène a été interprété en lien avec le développement de Cumes, dont témoigne l’augmentation des tombes de cette époque. Un conflit socio-politique est évoqué par Strabon, et d’éventuelles éruptions volcaniques sont à considérer, qui expliqueraient par exemple l’abandon de Punta Chiarito91. B. D’Agostino propose d’identifier à la fin du VIIe siècle un nouveau moment d’occupation de l’île, dont témoignerait le contexte votif de Pastola92.
54Il reste difficile de saisir la chronologie générale de ces dynamiques de peuplement, notamment en ce qui concerne Dikearchia et le Castel dell’Uovo. Ces sites semblent cependant fonctionner avec Pizzofalcone au VIIe siècle au moins, avec une réorganisation nette à la fin du VIe siècle : Pizzofalcone-Paleopolis est détruite, une Neapolis est refondée plus à l’est de la baie93, sur l’emplacement de l’actuelle ville de Naples, avec intégration des anciens établissements, dont celui, supposé, du Castel dell’Uovo.
55La micro-région grecque de Campanie semble en tout cas tournée vers la mer, du point de vue de l’occupation du territoire, avec des sites littoraux placés dans les baies les plus favorables à l’accostage des navires, ou près de passages qui permettaient peut-être des taxes, comme entre Ischia et Cumes. Cette dimension maritime des économies grecques de Campanie ne doit pas conduire à sous-estimer la place de l’agriculture. L’exploitation du territoire agricole autour de Cumes est mentionnée dans les textes, et les groupes dominants de Cumes sont caractérisés comme des propriétaires fonciers aisés, hippobotai, éleveurs de chevaux94. Le territoire de Cumes reste mal connu95, bien qu’une exploitation agricole soit attestée par des mentions plus tardives96. Martin Frederiksen a proposé de reconstituer un territoire étendu, à partir de la situation attestée à la fin du VIe siècle97.
1.2.2.3. La plaine campanienne au pied des montagnes : Capoue, Calatia, Suessula, Nola et Nocera
56Strabon évoque la présence de villes étrusques en Campanie, à la tête desquelles se trouvait Capoue98. De ce fait, on a souvent étudié avec Capoue d’autres sites placés sur le tracé de la future via Appia romaine : Calatia, Suessula, Nola et Avella. D’envergure plus restreinte, ces sites sont pourtant caractérisés par les pratiques funéraires de la Culture de la tombe à Fosse99. Ces sites sont liés par de nombreux traits de culture matérielle, ainsi que par la présence importante de marqueurs étrusques, matériels et épigraphiques, à partir de la seconde moitié du VIIe siècle notamment100. Cette proximité culturelle résulte également d’un facteur géographique commun : ces sites sont tous situés au pied de massifs montagneux, aux marges de la plaine campanienne, placés à intervalles réguliers sur un axe interne parallèle au littoral qui relie le Latium à la Basilicate.
Fig. 11 – Les sites de la plaine campanienne.

57La Campanie a été comparée par Polybe à un théâtre, dans lequel on entrerait par plusieurs portes, les vallées fluviales qui permettent de connecter la plaine à l’arrière-pays montagneux101. Ces vallées aboutissent justement, du nord au sud, à Capoue, Nola et Suessula102. L’occupation humaine stable de la plaine campanienne, l’Ager Campanus des sources romaines réputé pour sa fertilité, est cependant faible pendant l’âge du Fer et l’époque orientalisante. Cela est peut-être lié à la présence du Clanis, fleuve dont les abords étaient marécageux, bien que constituant d’excellentes terres agricoles une fois bonifiés103. La présence, aux deux extrémités de cette plaine, de Capoue et de Cumes, a probablement joué un rôle important dans l’absence de centre intermédiaire, la frontière entre les deux territoires devant se situer au niveau du Clanis104. La ligne de côte était par ailleurs probablement plus avancée : on connaît cependant très mal la zone de l’embouchure du Volturne105.
58L’exploitation de cette plaine autour du Volturne était sans nul doute un secteur important de l’économie capouane. On peut également supposer que des élevages de chevaux existaient dans la plaine campanienne, ce dont témoignent les sources littéraires106.
1.2.2.3.1. L’occupation du territoire au début de l’âge du Fer : Capoue et Suessula
59Capoue est l’un des rares établissements campaniens pour lequel on a une continuité d’occupation depuis les phases finales du Bronze, avec une arrivée de petits groupes villanoviens à la fin du Xe ou au début du IXe siècle qui se mêlent à la population déjà présente107. Plusieurs études récentes se sont intéressées à la forme de l’établissement de Capoue pendant les premières phases de l’âge du Fer108. L’un des enjeux principaux de ces recherches est de déterminer dans quelle mesure Capoue présente un aspect protourbain109. L’identification d’un habitat unitaire indiquerait alors des évolutions semblables à celles constatées au même moment en Étrurie méridionale110.
60Il semble y avoir une forte croissance démographique de la population de Capoue entre les phases IIB et IIC (760-720 environ), ce qui peut être lié à un biais documentaire, mais également s’expliquer par l’immigration de groupes, provenant peut-être de la région environnante dans le cadre du processus de proto-urbanisation du site111. L’hypothèse d’un habitat dispersé, avec plusieurs nécropoles liées aux différents noyaux d’habitat112, mais avec une forme de cohésion culturelle, est avancée par G. Melandri113, qui propose de dater au VIIIe siècle le processus progressif d’agrégation autour de l’habitat qui correspond à la future cité historique114(fig. 12).
Fig. 12 – Capoue.

61De l’autre côté de la plaine, l’établissement de Suessula semble remonter au milieu du IXe siècle115. De nombreux vases d’impasto renvoient à des contextes du VIIIe siècle116, mais les données disponibles restent très lacunaires et souvent décontextualisées. L’identification de l’habitat protohistorique a fait l’objet de prospections géophysiques, qui ont permis d’en délimiter les contours, et de montrer l’existence d’une répartition fonctionnelle ancienne des espaces de vie et de nécropole (fig. 13)117.
Fig. 13 – Suessula.

1.2.2.3.2. La transition vers l’Orientalisant : de nouveaux sites
62Dans la seconde moitié du VIIIe siècle, plusieurs établissements se développent aux pieds des montagnes, sur une probable voie d’accès vers l’intérieur des terres : Calatia, Nola, Avella (fig. 11).
63Les plus anciennes tombes de la nécropole de Calatia, centre situé près de l’actuelle ville de Maddaloni, datent ainsi du troisième quart du VIIIe siècle118. L’établissement de Nola débute également dans la seconde moitié du VIIIe siècle119. Les premières traces d’utilisation des nécropoles d’Avella datent également de la fin du VIIIe siècle120.
64Gricignano, situé à mi-chemin entre Cumes et Capoue, semble n’avoir existé que dans la seconde moitié du VIIIe siècle121. L. Cerchiai évoque la possibilité d’un habitat situé à la gauche du Clanis de l’époque, situé donc en position d’avant-poste vers la côte, par rapport aux établissements existants de Suessula et Capoue122.
65Le passage à l’époque orientalisante est ainsi marqué par le développement de plusieurs établissements en marge de la plaine campanienne : Calatia, Nola s’affirment, tandis que le site de Gricignano est abandonné à la fin du VIIIe siècle. L. Cerchiai évoque une forme de marginalisation des groupes de la Culture de la Tombe à Fosse, face à l’affirmation des deux grands centres de Capoue et de Cumes, ce qui explique que la plaine campanienne reste vide jusqu’à la fin de l’époque classique123.
Fig. 14 – Évolution du peuplement en Campanie interne (IXe-VIe siècles).

1.2.2.4. La vallée du Sarno
Fig. 15 – Le paysage antique de la vallée du Sarno.

66Autour du fleuve Sarno ont été découvertes plusieurs aires de nécropoles, à Striano, San Marzano sul Sarno et San Valentino Torio, qui partagent un grand nombre d’aspects communs dans les pratiques funéraires et la culture matérielle, ce qui indique probablement que la haute vallée du Sarno est occupée par une même communauté, répartie dans plusieurs sites autour du fleuve. Le rite pratiqué est exclusivement l’inhumation, ce qui place ces sites parmi ceux de la Culture de la Tombe à Fosse campanienne, qu’ils contribuent majoritairement à définir, avec le site de Cumes124. Cette cohérence à l’échelle de la vallée se maintient au cours de la période orientalisante, ce qui a conduit à considérer ensemble ces sites, et à étudier la vallée du Sarno comme l’une des micro-régions campaniennes.
1.2.2.4.1. L’occupation de la vallée
67Contrairement à ce qui a été observé dans d’autres sites campaniens, comme Pontecagnano ou Capoue, on observe une continuité dans l’occupation et l’organisation des aires funéraires entre le premier âge du Fer et l’Orientalisant ancien125. Si l’Orientalisant moyen et récent est mal connu par les tombes, l’occupation du site d’habitat de Poggiomarino est attestée à cette époque.
68Les fouilles du site de Poggiomarino-Longola au début des années 2000 ont permis de connaître un site d’habitat dans la vallée du Sarno, ce qui a d’ailleurs relancé les discussions sur les hypothèses émises par I. Dall’Osso au début du XXe siècle126. On situait jusque-là l’habitat relatif aux nécropoles dans les montagnes127. Il est très probable que le site de Poggiomarino ait été relié au Sarno par un système de canaux ou d’affluents. La découverte de deux grandes pirogues, dans les deux canaux les plus larges, semble aller dans ce sens128.
1.2.2.4.2. Castellamare di Stabia, un site littoral lié à la vallée du Sarno ?
69Peu avant le milieu du VIIe siècle, un établissement se développe à Castellamare di Stabia, qui semble lié à la vallée du Sarno par sa culture matérielle.
70Castellamare di Stabia est un site d’une durée de vie plutôt limitée, puisque les premières attestations d’occupation de la nécropole datent du milieu du VIIe siècle, tandis que le nombre de tombes diminue de façon importante après le milieu du VIe siècle129, au moment où se développe Pompéi. De ce fait, on interprète généralement ce site comme le résultat d’une dynamique micro-régionale en direction du littoral, avec un site qui aurait été le débouché des sites de la vallée du Sarno sur la mer Tyrrhénienne, avant une nouvelle réorganisation du territoire dans la première moitié du VIe siècle, avec le développement de Pompéi et de Nocera130.
1.2.2.4.3. Les changements du début du VIe siècle
71On trouve très peu de tombes datées du début du VIe siècle dans les nécropoles de la vallée du Sarno, et leur utilisation semble s’interrompre presque complètement au milieu du VIe siècle. Le site de Poggiomarino semble également abandonné au même moment, la dernière phase de vie étant caractérisée par la présence de bucchero noir, ce qui est peut-être lié au comblement progressif des canaux, qui reliaient le site au fleuve Sarno131.
72L’Orientalisant récent est marqué par le développement de deux sites en marge de la vallée, Pompéi et Nocera, situés sur des axes de circulation importants, et qui semblent concentrer l’essentiel du peuplement de la vallée au milieu du VIe siècle.
73L’existence d’un port fluvial a été démontrée pour le site de Pompéi, qui était à l’époque situé sur le littoral, légèrement en retrait sur une sorte de plateau132. Les traces d’une enceinte datée du début du VIe siècle ont été identifiées, de même que des traces de fréquentation du sanctuaire d’Apollon133, ce qui indique probablement que le site a déjà atteint une certaine ampleur dans la première moitié du VIe siècle. Ces éléments restent cependant très parcellaires, et on ne connaît pas de tombes datées de ce premier moment de fort développement du site. Il est probable que le site de Pompéi ait déjà existé pendant le premier âge du Fer, du fait de la découverte d’impasto protohistorique dans plusieurs secteurs134, mais on ignore l’étendue de ce site à l’époque135, et dans quelle mesure il constituait déjà un site littoral d’interface entre la mer et la vallée du Sarno.
74On sait très peu de choses sur le site de Nocera avant la seconde moitié du VIe siècle, même si certains éléments de culture matérielle semblent montrer que le site commence à être fréquenté à la fin du VIIe siècle136. Le matériel publié ou exposé dans le musée de Nocera Inferiore concerne uniquement des contextes postérieurs au milieu du VIe siècle137.
75En ce qui concerne la péninsule amalfitaine, plusieurs sites semblent occupés pendant l’époque orientalisante138, mais les données disponibles sont très lacunaires et souvent inédites. Ces sites, dont la culture matérielle est très proche de celle de la vallée du Sarno et de la Campanie interne, semblent cependant avoir eu une cohérence propre, ce dont témoigne l’existence d’un type d’écriture et d’un alphabet spécifique à la péninsule sorrentine139. Le site de Vietri sul Mare débute comme Fratte au début du VIe siècle140. Près de Sorrente, plusieurs petits sites se développent, comme Deserto Sant’Agata dei Golfi, Piano di Sorrento ou Vico Equense141. La nécropole de Vico Equense a fait l’objet d’une publication partielle, mais l’essentiel du matériel est décontextualisé, et postérieur au milieu du VIe siècle142. Le sanctuaire d’Athéna à Punta della Campanella montre des signes de monumentalisation dans la seconde moitié du VIe siècle, mais il est possible qu’il ait été fréquenté dès la fin du VIIIe siècle143. Il semble que seuls Castellamare di Stabia, puis Fratte, aient été de véritables établissements, le reste des sites connus étant plutôt de petits habitats jouant un rôle d’escale144. De ce fait, nous ne prenons pas en compte dans l’analyse ces sites, nous limitant à la vallée du Sarno à l’exclusion de Pompéi d’une part, à Pontecagnano et son environnement immédiat d’autre part.
Fig. 16 – Évolution du peuplement dans la vallée du Sarno (IXe-VIe siècles).

76Plusieurs phénomènes communs se dégagent de cette présentation par micro-région.
77Pithécusses, Cumes, Pontecagnano et Capoue, entre autres, ont probablement dès le VIIe siècle une forme pré-urbaine145. On connaît hélas très peu de contextes d'habitats, en dehors de Cumes qui commence à être mieux connue146.
78En ce qui concerne le territoire agricole lié à ces sites, certains chercheurs ont supposé que la présence de certains petits établissements, qui semblent très liés par leur culture matérielle et leur rituel funéraire à un site voisin plus important, pouvait donner des indications sur le territoire contrôlé par ce site, comme dans le cas de Pontecagnano avec Pagliarone puis Casella. La frontière entre les territoires dominés par Cumes et Capoue, quelque part dans la zone fertile de la plaine campanienne, est également un sujet discuté147.
79Cette question du territoire contrôlé par les communautés est importante à double titre pour l’étude des échanges. D’une part, on connaît des cas de sanctuaires de frontière qui ont pu jouer un rôle de lieux de rencontres entre communautés voisines, et d’échanges éventuels, comme l’Héraion du Sele. D’autre part, ces territoires ne sont pas des espaces vides : ils sont constitués de ressources, agricoles ou de matières premières, qui déterminent les productions de la cité, mais aussi de fleuves navigables, de portions du littoral accueillantes, à Dikearchia, ou de routes internes très fréquentées, comme pour Capoue. Ces « voies du commerce148 » sont encore très mal connues. Au-delà de leur identification physique, et d’une meilleure compréhension des circulations qui s’y déroulent, leur contrôle par une cité donnée peut entraîner la mise en place de diverses taxes commerciales.
1.2.3. Des espaces régionaux pluriels et dynamiques
80La région n’est pas une échelle rigide ou unique d’analyse. « Pour ceux qui ont bien compris Vidal de la Blache, il n’est jamais question de considérer chaque unité comme un bloc refermé sur lui-même : c’est de son insertion dans des espaces plus vastes qu’elle tire une partie de sa spécificité149 ». Une région n’est jamais non plus définie a priori : il s’agit d’une démarche scientifique de régionalisation, qui vise à définir des régions par l’analyse de la distribution de certains phénomènes150. Il est ainsi possible qu’un même site se trouve dans plusieurs régions : économique, naturelle, culturelle, linguistique, etc.
81Dans le cadre de notre étude, une attention particulière sera ainsi apportée, après l’étude des sites, à une étude de la distribution de certaines productions locales, ou de certains biens exogènes. Il est probable que certains ensembles émergent, différents peut-être selon les productions. Il est également possible que d’autres découpages de l’espace semblent plus pertinents pour certains types de biens : la façade littorale tyrrhénienne dans son ensemble, la Campanie et le reste de l’Italie du Sud, la bande côtière campanienne et l’arrière-pays montagneux, etc.
82Les théories et analyses dynamiques de l’espace géographique sont au cœur de renouvellements récents dans la discipline, autour de l’idée de réseaux et d’espaces vécus : en analysant par exemple les mobilités effectives des individus à l’échelle d’une semaine, certains ensembles géographiques inédits émergent. Plusieurs outils sont ainsi à la disposition du géographe : une analyse de la polarisation de l’espace par certains centres, une analyse des flux, des réseaux... avec des outils statistiques et de représentation graphique adaptés151. Il faut toutefois rappeler combien la géographie dispose de données plus complètes et étendues, tant sur le territoire observé que sur la population qui l’habite. L’archéologue prend le risque de construire des analyses de réseaux, par exemple, dont le fondement premier réside dans des hypothèses, davantage que dans des données tirées du terrain152.
83Plusieurs types de régions sont distingués dans la géographie française du début du XXe siècle. Il y a la région naturelle, « des aires où les conditions de relief, de sol et de climat sont assez uniformes pour qu’on puisse les considérer comme des milieux homogènes ». La région géographique correspond à une région naturelle aménagée par l’homme153. On peut également parler de région économique154, de région administrative, de région culturelle, selon les facteurs retenus pour délimiter un ensemble géographique cohérent où se déroulent un certain nombre de pratiques homogènes. L’un des enjeux de ce travail sera justement, en conclusion, de s’interroger sur l’espace campanien retenu comme région économique. Si l’on reprend la définition proposée par Étienne Juillard155, il faut ainsi considérer une région d’après l’usage qu’en font les sociétés, dont attestent par exemple les réseaux d’échanges. Tout l’enjeu est ensuite de caractériser l’articulation territoriale de ces réseaux, avec d’éventuels phénomènes de polarisation et de redistribution depuis des centres principaux.
Notes de bas de page
1 Cerchiai 1995b, p. 15.
2 Voir l’introduction.
3 Celui-ci joue un rôle fondamental dans la structuration académique de la discipline géographique, et dans son ancrage avec les sciences historiques. Il dirige ainsi le Tableau de la géographie de la France, Vidal de La Blache – George 1994, qui constitue le premier volume, en 1903, de l'Histoire de France de E. Lavisse.
4 Grataloup 1986.
5 On peut citer par exemple la thèse de Georges Duby sur La société aux XIe et XIIe siècles dans la région mâconnaise, soutenue en 1952.
6 Titre d'un des chapitres du livre, p. 105, Lacoste 2012.
7 Lacoste 2012, p. 106.
8 Lacoste 2012, p. 109.
9 La thèse de F. Braudel devait au départ porter sur « Philippe II et la politique espagnole en Méditerranée de 1559 à 1574 » : sous l'influence de Lucien Febvre, c'est la Méditerranée qui devient le centre de son étude, pour aboutir au livre célèbre, La Méditerranée et le monde méditerranéen à l'époque de Philippe II.
10 Braudel 1992.
11 Horden – Purcell 2000.
12 La Méditerranée est conçue comme un espace écologique spécifique, caractérisé par la conjonction de quatre phénomènes, dont : une extrême fragmentation topographique ; un régime de communications particulier, facilité par la présence d'îles et la découpe des côtes, qui permet une grande connectivité, Purcell 2003, p. 10. L'une des critiques les plus élaborées de ces théories a été proposée par Ian Morris, centrée sur le caractère anhistorique de leur modèle et sur l’absence de prise en compte des conflits ou des inégalités, Morris 2003, p. 42-45.
13 Les exemples donnés sont en effet très divers : la vallée de Bekaa au Liban ; l'Étrurie du Sud ; la « Green Mountain » en Cyrénaïque antique, sur les côtes libyennes ; l'île de Mélos, avec d'ailleurs une carte sans échelle, comme la première carte sur l'Étrurie et celle sur la mer Égée, ce qui renforce une sorte de confusion dans les échelles géographiques de ces micro-régions, Horden – Purcell 2000, p. 55, 60 et 73.
14 Gras 1985 p. 7, citant F. Braudel.
15 Gras 1985, p. 704-705.
16 D’Ercole 2002.
17 Mercuri 2004.
18 L'étude du territoire de la cité coloniale a été profondément repensée dans les années 1960, comme en témoigne le colloque de Tarente de 1967 sur « La città e il suo territorio » et les réflexions novatrices d’E. Lepore et M. Finley. Plusieurs champs de recherches se sont ensuite développés, parmi lesquels, suite aux fouilles de Mégara Hyblaea par G. Vallet et F. Villard, les études sur l'organisation de la cité et de sa chora au sens d'espaces agricoles, Lepore 1968. Des synthèses récentes sur ces questions se trouvent dans D’Ercole 2012, p. 16, p. 52, p. 56, Pollini 2012.
19 Un colloque important dans l’historiographie à ce sujet reste Finley 1973.
20 Il semble que l’établissement de Pithécusses ne s’installe pas à l’emplacement exact du site indigène. Cependant, une présence indigène sur l’île est probable, et son intégration éventuelle dans la société majoritairement grecque de Pithécusses reste un sujet complexe, détaillé dans le chapitre 4.
21 Voir chapitre 4.
22 Marianne Kleinbrink analyse ainsi des restes de cabanes indigènes découvertes en-dessous du temple grec de Timpone della Motta comme les restes d’un édifice de culte indigène. La continuité de fonction irait alors à l’encontre du modèle de conquête violente du territoire par les colons grecs de Sybaris, Kleibrink 2000, interprétation nuancée par exemple dans Verger – Pace 2012. L’Incoronata, site indigène dans l’arrière-pays de Métaponte, avait été interprété comme un établissement indigène détruit ensuite par les Grecs. Mario Denti propose une interprétation plus complexe de cohabitation de groupes issus des deux sociétés, Denti 2018, § 27 et 28.
23 Zurbach 2008 p. 92-93, note 37, p. 93 sur Syracuse. La situation de Locres est mieux connue, Zurbach 2017 p. 520, qui propose une autre lecture que celle de Mercuri 2010, et souligne : « La création d'une main d'œuvre rurale indigène sur le territoire est un phénomène crucial, car il modifie entièrement les conditions des rapports entre colons et indigènes. Il ne s'agit plus de deux sociétés séparées et qui se côtoient, mais d'une seule société où les statuts recouvrent nettement une division de classe. »
24 Buchner 1982a ou Ridgway 1992 p. 30.
25 Ce type d'interprétation socio-ethnique des contextes funéraires reste cependant très difficile à démontrer, Mercuri 2004 pour une analyse nuancée. Les indicateurs indigènes dans la nécropole de Pithécusses, récemment étudiés dans la deuxième série de tombes par Teresa Cinquantaquattro, Cinquantaquattro 2012, montrent une situation bien plus complexe d’intégration avec une grande diversité de configurations. La nécropole du Ponte di Ferro près de Poseidonia est également interprétée parfois comme la nécropole des indigènes asservis par les colons grecs, G. Avagliano dans Poseidonia-Paestum, Atti del Convegno di Taranto 27, Tarente 1988 p. 329-330, indication trouvée dans Zurbach 2017 p. 516, note 1968.
26 C’est notamment l’interprétation avancée dans Lepore 1989, p. 18-20.
27 Malkin 2005, p. 57. Une identité grecque se serait justement construite à l'époque archaïque grâce aux colonies, qui formaient un réseau, du fait de la prise de conscience de leur identité commune au contact de non-Grecs, avec un rôle fédérateur joué par le sanctuaire panhellénique de Delphes, Malkin 2005, p. 59.
28 L'expression provient des travaux de Richard White sur la zone des Grands Lacs, où avant l'expansion américaine les Indiens et les marchands européens vivaient en relative harmonie, voir le compte-rendu de Antonaccio 2013.
29 « Personne en Campanie n’était un “Autre” absolu », Malkin 2002, p. 159.
30 Malkin 2002, p. 170. C’est une autre limite de l’usage de la Campanie comme exemple : elle semble avant tout une terre traversée par les Grecs et les Étrusques, une zone de rencontre qui est finalement peu examinée pour elle-même, et où les populations autochtones sont peu présentes.
31 Malkin 2002, p. 151.
32 Cerchiai 2017.
33 Cerchiai 2017, p. 219.
34 Cerchiai 2017, p. 231.
35 Beloch 1890.
36 Beloch 1989, p. 7.
37 Frederiksen 1984, p. 1-3.
38 Cerchiai 1995b, p. 7.
39 Je reprends ici le modèle de Cerchiai 1995b : sur le plan de la culture matérielle, les chapitres consacrés à l’analyse des données matérielles confirment cette idée.
40 Sur l’exclusion de la zone du Sele, voir la section consacrée à la micro-région autour de Pontecagnano ci-dessous.
41 L’étude de la documentation disponible à l’échelle intra-site est présentée dans le chapitre 2.
42 Cette désignation remonte à l'époque romaine, peut-être déjà au IIIe siècle. Une colonie romaine, Picentia, est fondée en 268 av. J.-C. par les Romains, pour y déporter les Picentins vaincus, D’Agostino 1996a, Cinquantaquattro 2001 p. 89 avec toute la bibliographie précédente. On lit souvent une version italienne de l’expression latine, Agro Picentino. L’expression provient d’un passage de Pline l’Ancien, qui évoque « A Surrentino ad Silerum amnem XXX m.p.p. ager Picentinus fuit Tuscorum », « Du pays de Sorrente au fleuve Silérus, sur une distance de 30 milles, le territoire du Picénum a appartenu aux Étrusques », Plin. HN, 3, 9, 17 (en annexe) avec ici la traduction de H. Zehnacker dans l’édition CUF de 1983, p. 42-43. Voir également la mention du territoire des Picentes anciennement étrusque chez Strab. 5, 4, 13 (en annexe).
43 Voir sur ce point D’Ercole 2002.
44 Ces aspects seront étudiés en détail dans le chapitre 3.
45 Gastaldi 1998, repris dans Cinquantaquattro 2001, p. 79-85.
46 Rossi 2004, et l'article de G. Bonifacio dans le même volume, Bonifacio 2004.
47 Cinquantaquattro 2001, p. 79-83 pour une étude détaillée, avec le renvoi à la bibliographie spécialisée et la présentation d'anciennes cartes.
48 Ces zones ont été occupées pendant une grande partie de l'Antiquité. Une étude anthropologique des restes osseux des nécropoles de Pontecagnano pourrait indiquer une plus grande résistance à la malaria et aux maladies paludiques, note 34, p. 85 dans Cinquantaquattro 2001 pour les références des articles concernés. C'est seulement à partir de l'Antiquité tardive que la zone commence à se dépeupler, Cinquantaquattro 2001, p. 85.
49 La présence d'un lac peu profond, relié à la mer, permettait en effet aux bateaux d'accoster sans craindre des effets de courant ou des récifs.
50 Ce paysage lagunaire est assez fréquent dans cette partie du littoral tyrrhénien, note 50, p. 232 dans Rossi 2004, sur le paysage lagunaire caractéristique de la zone du Sele, mais également de Tarquinia, avec bibliographie.
51 Bonifacio 2004 p. 242 : fragments d'impasto, amphorette de type Pontecagnano, céramique de type protocorinthien, également fragments de grands conteneurs d'impasto rouge.
52 Cerchiai 1995b, p. 81, voir également Bonifacio 2004, note 41, p. 242.
53 On peut imaginer comme activités productives : « extraction du sel, pêche, salaison de poissons, activités de stockage », Bonifacio 2004, p. 242 et note 39, p. 242, qui renvoie à Cristofani 1983, p. 18, Gastaldi 1994a, p. 49. Ce type de paysage générait une véritable « économie palustre » avec des activités pastorales et agricoles spécifiques, Traina 1986 et Traina 1988, référence indiquée par Cinquantaquattro 2001, p. 85. De telles activités sont supposées pour les établissements côtiers de l'Étrurie méridionale, Pacciarelli 1991, p. 191 et Pacciarelli 1994, p. 233-234.
54 Ruby 1995b.
55 Gastaldi 1998, p. 169-170.
56 Voir notamment la mise au point dans Bailo Modesti et al. 2005b et la bibliographie précédente dans Rossi 2004 note 2, p. 225. Des traces d'habitat ont été identifiées dans la zone du Parco Archeologico et dans la zone du futur sanctuaire d’Apollon, voir en dernier lieu Pellegrino – Rossi 2011, p. 122, note 28 avec bibliographie et Massanova 2017. Un habitat orientalisant a été identifié entre Via Bellini et Via Verdi à proximité de cet espace, oblitéré par l’implantation du sanctuaire au début du VIe siècle. La réfection de certaines voies a entraîné la création de remblais composés de fragments plus anciens, provenant très probablement de l’habitat du VIIe siècle. La céramique étudiée par D. Massanova correspond aux classes de matériel connues dans la nécropole, Massanova 2017, p. 87-89.
57 C'est en tout cas l'avis de D’Agostino – Gastaldi 1988, p. 6-7. Une synthèse claire et récente de l'évolution du site de Pontecagnano, du néolithique à l'époque hellénistique, est proposée par C. Pellegrino dans Pellegrino 2015 « Capitolo 8 : Pontecagnano e l'Agro Picentino : dinamiche di occupazione e di sviluppo territoriale », p. 205-225.
58 Voir le paragraphe « Inquadramento topografico e morfologico dell'abitato antico » de A. Rossi dans Rossi 2004, p. 227-228, et les indications bibliographiques dans la note 5, p. 68 de Pellegrino – Rossi 2011.
59 Ruby 1995b, p. 30-38 sur Sala Consilina.
60 Sur la localisation de l'habitat du Pagliarone, supposée sur un plateau surélevé entre deux ruisseaux : T. Cinquantaquattro, A. D'Andrea, Appendice A. Ipotesi sulla localizzazione dell'insediamento del Pagliarone : aerofotointerpretazione e trattamento digitale delle immagini, in Gastaldi 1998, p. 187-189.
61 Pacciarelli 2001. B. d’Agostino et P. Gastaldi privilégient la thèse d'un habitat unique, D’Agostino – Gastaldi 1988, p. 6.
62 Voir le chapitre 3.
63 Cinquantaquattro 2001, p. 53, p. 71-72.
64 Des prospections ont révélé la présence de céramique du VIIIe siècle en surface dans la localité Volta delle Torre, Cinquantaquattro 2001, p. 72, note 45, p. 72.
65 L'existence de cette voie est attestée par la distribution de certains groupes de tombes sur cet axe, depuis celles de la propriété Montecatini (IB) jusqu'aux groupes de l'Orientalisant récent Via Colombo, Cinquantaquattro 2001, p. 73.
66 Bailo Modesti – Gobbi 2010.
67 Voir la présentation dans le chapitre 2.
68 Cerchiai et al. 2012, p. 95-97.
69 Cinquantaquattro 2009a, p. 118-119.
70 Nava 2009, p. 22-23.
71 L'examen de ces différentes régions d'origine est détaillée dans le chapitre 3, car Monte Vetrano semble de ce point de vue préfigurer des mobilités que l'on retrouve ensuite dans les nécropoles de Pontecagnano, Cerchiai 2013.
72 Carmine Pellegrino et Carmelo Rizzo ont même proposé de voir dans Monte Vetrano « une sorte d'emporion indigène inséré dans le circuit des trafics maritimes, probablement avec une fonction compétitive et concurrentielle par rapport à Pontecagnano et à son port sur le Lago Piccolo », Pellegrino – Rizzo – Grimaldi 2017. T. Cinquantaquattro avait plutôt souligné les proximités existantes entre le matériel des tombes et celui de Casella ou de Pontecagnano, jugeant les objets allogènes limités à des éléments de mobilier, Cinquantaquattro 2009a, p. 118.
73 Cerchiai et al. 2012.
74 Une synthèse se trouve dans D’Agostino 1994b, voir également Colonna 1994 sur les inscriptions étrusques.
75 Cerchiai 1990a. Strab., 5, 4, 13 C 251 mentionne une Marcina qui correspond probablement à Fratte (voir texte en annexe).
76 Un phénomène semblable est attesté dans la plaine campanienne entre Capoue et Nola, voir la présentation dans la sous-section consacrée à cette micro-région.
77 D’Agostino 1994b, p. 441.
78 Les caractéristiques de cette population locale sont présentées dans le chapitre 4.
79 La figure 10 présente le résultat de ce projet : Morhange – Stefaniuk 2009. Une recherche pluridisciplinaire, associant des carottages, des études de résistivité électrique, des mesures magnétiques et des sondages archéologiques, a permis de reconstituer l’évolution géomorphologique du territoire de Cumes dans le temps, en montrant notamment l’ensablement progressif du littoral et de la lagune.
80 Le canal est encore visible sur des plans du XVIIIe siècle, voir Morhange 2002, fig. 7 p. 163.
81 Buchner 1986.
82 Liv. 8, 22 (en annexe) mentionne une Palaeopolis, fondation de Cumes située à peu de distance du site de Neapolis, tandis que d’autres sources comme Strab. 14, C654 ou Lutatius évoquent une Parthénopè (en annexe). Strabon attribue la fondation de cette Parthénopè à des Rhodiens. Il est possible qu’une présence rhodienne ait existé dans la région, mais rien ne permet de confirmer archéologiquement cette idée. Sur les sources littéraires concernant Parthénopè, voir De Caro 1985, Càssola 1986, qui penche pour une effective présence rhodienne contra Gras 1986. Voir également les études plus anciennes, signalées dans De Caro 1985, p. 102 : Gabrici 1948, Napoli 1952.
83 Il s’agissait d’un groupe de matériel en déposition secondaire, un dépotoir retrouvé à Chiatamone, vico Pallonetto dans le quartier de Santa Lucia, récupéré le long des marges occidentales de la colline de Pizzofalcone à l’occasion des travaux de la fin du XIXe siècle pour assainir le quartier. Du matériel issu de tombes provient d’une probable zone de nécropole via Nicotera dans le même quartier, D’Agostino – Giampaola 2005, p. 50-51, qui renvoie à De Caro 1985, p. 99-101 pour une synthèse sur ce matériel, avec de premières analyses dans Napoli 1952, Napoli 1967, De Caro 1974. Voir également le réexamen de ce matériel dans D’Agostino – Giampaola 2005, p. 50-51, avec l’identification d’une kotyle d’impasto typique de la culture indigène, un plat de Pithécusses et une cruche phénicienne, le tout daté de la fin du VIIIe siècle – début du VIIe siècle. Une synthèse récente avec une carte qui indique l’emplacement de ces différentes découvertes dans Giampaola 2017, fig. 1 p. 208. Des fouilles récentes ont eu lieu place Santa Maria degli Angeli, restituant du matériel semblable à celui des autres décharges déjà connues.
84 Giampaola 2017, p. 208.
85 D’Agostino – Giampaola 2005, p. 49.
86 D’Agostino – Giampaola 2005, p. 59-60, avec catalogue du matériel d’époque orientalisante et archaïque provenant des fouilles du Chiatamone et de la muraille classique de Neapolis p. 64-80.
87 D’Agostino – Giampaola 2005, p. 61, en référence à Lepore 1967, p. 204. Sur la fondation de Neapolis, voir la présentation des sources dans Polito 2020. Si les traces archéologiques diminuent fortement dans la zone de Pizzofalcone au Ve siècle, en lien avec l’installation à Neaopolis, on observe une reprise de fréquentation au IVe siècle, ce qui fait écho au témoignage de Tite-Live sur la résistance des habitants de Palaepolis face aux Romains pendant les guerres samnites (327-326), De Caro 1985, p. 100.
88 Giampaola 2017, p. 212. Les dragages répétés durant l’Antiquité ont déplacé les niveaux les plus anciens, ce qui n’a pas permis de découvrir une stratigraphie en place pour ces premiers moments d’exploitation du littoral. Cependant, des fragments sporadiques datés du début du VIIe siècle ont été découverts : impasto, céramique protocorinthienne, phénicienne.
89 Strab. 5, 4, 6 en annexe. Sur l’émigration samienne, analyse des sources littéraires dans Lepore 1976, ici dans Lepore 1989, p. 22-23. Voir également la synthèse de Adinolfi 1977 et de Zevi 1993, signalés dans Zurbach 2017.
90 D’Acunto 2020b, p. 1302-1303.
91 Nizzo 2007b, p. 27, renvoyant à Strab. 5, 4, 9 C248 (en annexe). Si ce passage de Strabon reste difficile à associer à des évènements précis, on peut remarquer que l’établissement de Punta Chiarito, comme celui de Mazzola, s’interrompent au début du VIIe siècle, voir le chapitre 4.
92 D’Agostino 1996c, p. 88-91.
93 La fondation officielle a pu intervenir après les débuts d’occupation effective du site, voir plus haut sur une installation de population dans la seconde moitié du VIe siècle.
94 Mele 2014, p. 19
95 Je reprends ici la présentation et les références de Zurbach 2017, p. 602-603.
96 D’Agostino 1996b, p. 536-537. La situation est mieux connue à l’époque d’Aristodème de Cumes à la fin du VIe siècle, voir la présentation des sources dans Zurbach 2017, p. 603.
97 Frederiksen 1984, fig. II et p. 68-69 qui indique le Clanis comme frontière « naturelle » sans approfondir la question.
98 Strab. 5, 4, 9 C248 (en annexe) voir Camporeale 2011. Cette idée tient en partie à l’importance postérieure de Capoue, qui occupe une place dominante dans les sources littéraires, du fait de son rôle de grande rivale italienne de Rome, Heurgon 1942, p. 3.
99 Cette distinction est esquissée dans Johannowsky 1983a, p. 287.
100 À partir de la seconde moitié du VIIe siècle, les sources archéologiques et épigraphiques témoignent d’une présence accrue de marqueurs étrusques, dans la culture matérielle locale, les objets allogènes ou les inscriptions, voir le chapitre 5.
101 Plb. 3, 91 (en annexe) cité par Heurgon 1942, p. 36.
102 Johannowsky 1974, p. 249.
103 Jacques Heurgon évoque la « bande insalubre » de l’ancien Clanis, assaini au XVIIIe siècle, Heurgon 1942, p. 6-8. Une synthèse des sources littéraires antiques sur la fertilité des terres de l’ager campanus se trouve dans Melandri 2011b, p. 8-9.
104 Cela expliquerait pourquoi les centres ausons se situent en marge de cette plaine, Cerchiai 1995b, p. 26. La question irrésolue de la frontière entre les territoires de Capoue et de Cumes peut être approchée en tenant compte de sources postérieures sur l’existence d’une sorte de sanctuaire de frontière, dont témoigne la Tabula Capuana, Cristofani 1995, voir la reconstitution de Frederiksen 1984, p. 68-69.
105 Bonghi Jovino 2013.
106 Heurgon 1942, p. 16, Melandri 2011b, p. 8.
107 Voir le chapitre 5.
108 Allegro et al. 2008, Melandri 2012, Bonghi Jovino 2013.
109 G. Melandri reprend la définition de Colin Renfrew citée dans Mandolesi 1999. Un centre protourbain doit réunir trois critères : une agglomération démographique, la présence de lieux de réunion périodique avec une importance religieuse, une aire centrale avec fonction de redistribution des biens et services, Melandri 2012, note 1, p. 483. En réalité, il semble que ce soit principalement le premier critère qui puisse être démontré : à Capoue, les premières traces de fréquentation des zones de sanctuaire datent plutôt du VIIe siècle, et le dernier critère reste assez énigmatique dans sa traduction archéologique.
110 Notamment pour le site de Tarquinia, Mandolesi 1999, p. 142, cité dans Melandri – Sirano 2016, p. 493. Le même type de problématiques se rencontre pour Pontecagnano. M. Bonghi Jovino, tout en adhérant à la reconstitution de Melandri, nuance la pertinence du modèle de Tarquinia, car dans ce cas il n’y a pas de migrations de groupes humains, Bonghi Jovino 2013, p. 129.
111 Melandri 2011b p. 505, pour expliquer la croissance exponentielle du nombre de tombes dans la nécropole Fornaci.
112 On aurait, entre le Bronze final et le début de l’âge du Fer, quatre noyaux d’habitat : un sur les pentes du mont Tifata, qui correspond aux tombes de S. Angelo in Formis ; un près du cours nord de la rivière Marotta ; un près de l’Italtel ; un habitat près du Fondo Tirreone, dont la nécropole est peut-être le Nuovo Mattatoio. Melandri 2012, p. 487. Les différentes possibilités de localisation de l’habitat qui correspond à la nécropole du Nuovo Mattatoio sont présentées dans Melandri 2012, p. 493-494. Dans sa thèse, G. Melandri évoque aussi le modèle romain de la Stadtwerdung : différents petits villages, caractérisés par une unité ethnique et culturelle, dont l’un est plus actif et dynamique, et tend à centraliser et gouverner le processus de concentration de l’habitat, d’après le schéma forgé dans Müller-Karpe 1962 réemployé dans Sommella 1991, p. 170.
113 Un « tissu d’habitats parcellisé avec une multiplicité d’unités topographiques proches les unes des autres, et en quelque sorte confédérées par une forte cohésion culturelle de type clanique ou supra-familiale, chacune avec sa nécropole de référence », Melandri 2012, p. 496, qui reprend une hypothèse d’Albore Livadie 2007, p. 237-238.
114 Cette chronologie expliquerait le développement exponentiel de la nécropole Fornaci au VIIIe siècle, qui correspondrait dans un premier temps à l’un des noyaux d’habitat, Melandri 2012, p. 498, p. 501.
115 D’après la typologie des fibules trouvées dans la collection Spinelli, Ferone 2008, p. 19.
116 Maria Borriello souligne l’écart entre le petit nombre de tombes de l’âge du Fer identifiables dans les publications du XIXe siècle et la quantité d’objets datables de cette période, Borriello 1989, p. 220.
117 Cette recherche a fait l’objet d’une thèse de doctorat, inédite, par A. Rossi, Rossi 2002 cité dans Giampaola – Rossi 2011, note 1, p. 455.
118 Voir tab. 95 en ligne, les datations sont le plus souvent celles qui sont indiquées dans les publications. Dans le cas des tombes étudiées par Albore Livadie 1974, certaines tombes n’avaient pas de datation précisée, et on en a donné une, indiquée avec un point d’interrogation, en se fondant sur le matériel d’importation.
119 Cerchiai – Salvadori 2013, p. 436, rappelle que Werner Johannowsky avait mentionné la présence de matériel décontextualisé daté du premier âge du Fer parmi les tombes de Nola, Johannowsky 1983a, p. 304, note 114, tandis que certains objets montraient une occupation de Casamarciano, à côté de Nola, au début de l’âge du Fer, Albore Livadie 2007, p. 234-237. Du matériel du premier âge du Fer proviendrait également de la nécropole Torricelle, Vecchio-Livadie 2002, p. 59, cité par Ceserano 2011, p. 145. La datation dans le troisième quart du VIIIe siècle d’une tombe de la nécropole San Massimo semble confirmer l’existence de Nola dans la seconde moitié du VIIIe siècle, Cerchiai – Salvadori 2013, voir fig. 26.
120 Cinquantaquattro 2006, p. 112. Ce site a également été étudié dans Cinquantaquattro 2000, Cinquantaquattro 2009b. Plus de 50 % des tombes ont cependant été trouvées déjà pillées, Cinquantaquattro 2000, p. 63. Les zones de nécropole, S. Nazzaro à l’est, et S. Paolino à l’ouest de l’habitat archaïque, semblent déjà en place, avec des tombes à inhumations, des productions d’impasto typiques de la Culture de la Tombe à Fosse campanienne ainsi qu’une organisation des tombes en regroupements distincts (fig. 25, ch. 2). Les références bibliographiques sur les études menées sur cette zone, souvent concernant des tombes postérieures aux périodes envisagées ici, sont rassemblées dans Cinquantaquattro 2006, note 12, p. 113. Seul un secteur de la nécropole a fait l’objet d’une étude préliminaire détaillée, qui contenait 156 tombes datées de la fin du premier âge du Fer et de l’époque orientalisante, Cinquantaquattro 2009b.
121 Une nécropole a été fouillée au début des années 2000, mettant au jour 93 tombes, toutes datables entre 740 et 700, voir fig. 130 en annexe 3, De Caro 2011, Laforgia 2010, ce qui indique que l’établissement correspondant débute dans la phase IIC de Capoue (740-715). Il semble par ailleurs que le secteur fouillé corresponde à l’intégralité de la nécropole, car les fouilles ont aussi concerné d’autres secteurs sans révéler de tombes, information confirmée par E. Laforgia, que je remercie.
122 Cerchiai 2017.
123 Cerchiai 2010. Le cours irrégulier du Clanis et la présence de zones marécageuses ont probablement joué un rôle également, comme évoqué plus haut.
124 Voir l’introduction.
125 Il faut cependant souligner que nos données restent très fragmentées du point de vue de la chronologie. Le site de Poggiomarino a été fréquenté entre le IXe et le VIe siècles au moins, mais les tombes publiées sont principalement datées du VIIIe siècle, voir le détail dans le chapitre suivant.
126 Lors de fouilles dans la vallée du Sarno, au lieu-dit Zeccagnoli, au nord de San Marzano, celui-ci avait remarqué la présence de restes en bois qui évoquaient des constructions sur pilotis, comparables à ce que l’on découvrait dans le nord de l’Italie, avec la civilisation des Terramare étudiée par L. Pigorini. Un débat scientifique, mais aussi idéologique s’en est suivi, Guzzo 2003, p. 145-146. Les rapports de Dall’Osso sont restés inédits et sont apparemment introuvables. On ne dispose donc que du récit indirect de S. De Blasi dans Pais 1908, p. 477-482, Guzzo 2003, p. 139-144 sur cet épisode. L’emplacement de ces fouilles a été reconstitué par Guzzo 2003, fig. 1, p. 143, voir fig. 15.
127 De Spagnolis Conticello 2001, p. 32.
128 Voir la présentation détaillée de ces fouilles dans le chapitre 6.
129 Une première étude de ces contextes se trouve dans Albore Livadie 2001, Albore Livadie 2002.
130 Cerchiai 2010, p. 77-78.
131 Cerchiai 2010, p. 121.
132 Cerchiai 2010., p. 71-72, voir la fig. 15 sur l’aspect du littoral archaïque, qui confirme l’idée de Pompéi comme epineion de la vallée du Sarno, évoquée dans Strab. 5, 4, 8 C247 (en annexe 2).
133 De Caro 1986.
134 Ces découvertes sont recensées par De Spagnolis Conticello 2001, p. 31, que nous reprenons ici : une fibule protohistorique dans la zone du temple d’Apollon, De Caro 1986, p. 29, note 129 ; des fragments d’impasto et de bucchero sous la maison de Lucrecius Frontone, Wjnia 1982, p. 331, note 8 et p. 337 fig. 2, Peters 1993, p. 15 fig. 9 ; de même des fragments d’impasto sous la maison de Ganimède, Reusser 1982, p. 355 ; des fragments d’impasto dans la zone du sanctuaire de l’Abondance, Elia 1984, p. 184 ; les traces d’une cabane du premier âge du Fer-Orientalisant ancien sous la terrasse du Forum Triangulaire, Carafa – D’Alessio 1995, p. 138.
135 Marisa de Spagnolis écrit que ce site est d’emblée « lié sans aucun doute à une fonction emporique » et évoque un sanctuaire d’Apollon jouant un rôle dans ce cadre, De Spagnolis Conticello 2001, p. 31, mais les données disponibles restent faibles.
136 Cerchiai 2010, p. 71, Romito 2005, p. 15. Une mise au point bibliographique sur Nocera archaïque se trouve dans Johannowsky 1994, note 1, p. 109. Une carte générale du site de Nocera se trouve dans Albore Livadie 1994 fig. 2, p. 42.
137 Romito 1994, Romito 2005, p. 73-75.
138 Une tombe du premier âge du Fer a été trouvée près de Sorrento, mais les traces de cette occupation restent faibles, Cerchiai 2010, p. 75.
139 Cerchiai 2010, p. 77.
140 Cerchiai 2010, p. 75.
141 Russo 1998, p. 52, Cerchiai 2010, p. 75-76 sur la nécropole de Deserto Sant’Agata dei Golfi et la découverte de structures archaïques à Piano di Sorrento.
142 Bonghi Jovino 1982. Les éléments généraux indiqués par Russo 1998, p. 40, note 104, renvoient également à des contextes de la seconde moitié du VIe siècle.
143 Un fragment de céramique géométrique de type eubéen a été trouvé sur place par G. Buchner, qui l’indique à Claude Albore Livadie dans une lettre de 1992, évoquée par Russo 1998, note 270, p. 63.
144 Sampaolo 1990, p. 109-110.
145 Melandri 2011b sur Capoue et Bailo Modesti – Salerno 1995, Pellegrino – Rossi 2011 sur Pontecagnano.
146 Voir les fouilles en cours de l’université de Naples l’Orientale dirigées par Matteo d’Acunto, présentées dans le chapitre 4.
147 Voir les mentions plus haut sur Cumes et Capoue.
148 Schnapp 1999.
149 Claval 2006, p. 28.
150 C’est notamment une limite de l’approche régionale de Gary Reger, soulignée dans Feyel 2006, p. 356-357 : la région cycladique étudiée n’est jamais vraiment définie. L’approche de Christophe Feyel se veut justement différente : « La région économique nous apparaît comme un phénomène dynamique à restituer dans ces évolutions au moyen d’une multitude d’enquêtes, et non comme une structure prédéterminée dans laquelle s’insèreraient naturellement les activités économiques », p. 367.
151 Pumain – Saint-Julien 2010 et Pumain – Saint-Julien 2014.
152 C’est ce qui ressort par exemple d’une lecture attentive de l’analyse formelle de réseau appliquée par Francesca Fulminante aux cités d’Étrurie méridionale, Fulminante 2012. Derrière l’analyse de réseau, ce sont en fait la taille et l’importance des sites qui sont les variables les plus importantes, et ces deux variables sont entièrement composées d’hypothèses sur la taille théorique atteignable par les habitats, en dépit des nombreux débats portant sur la densité et l’unicité des habitats du premier âge du Fer en Italie centrale. On ne gagne pas nécessairement beaucoup en précision par rapport au modèle des polygones de Thiessen, avec un investissement important en construction des données.
153 Claval 2006, p. 26.
154 Claval 2006, p. 128.
155 Juillard 1974, cité par Feyel 2006, p. 357, dont je reprends ici la présentation. On retrouve cette même conception chez F. Braudel, par exemple Braudel 1979, p. 338-343 sur les régions économiques modernes.
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