1L’intérêt archéologique de l’ensemble de ce matériel, toutes provenances confondues, l’emporte sans doute sur son intérêt strictement numismatique, du moins du point de vue du fouilleur. Il paraît être peu original et s’inscrire dans le respect de faciès connus. Aussi n’a-t-il pas été présenté en numérotation continue, comme le sont les trésors ou les dépôts, mais en rapport avec les provenances, en faisant référence aux unités stratigraphiques qui font la véritable identité de chacune des monnaies1. En simplifiant, il se répartit en trois ensembles (v. tableau).

Tableau récapitulatif des monnaies (F  – frappes officielles ; I  – imitations).

1°) Le corpus

2Un premier groupe est composé par les monnaies découvertes dans la « maison ouest » et surtout dans la « maison sud » où l’étude de la céramique renforce sa valeur indicative en regard de la chronologie. Chronologiquement, il se répartit respectivement dans le courant de la deuxième moitié du IV^e siècle dans la « maison sud » et effleure la première décennie du siècle suivant dans la maison ouest. Cette part est restée numériquement peu développée car le nombre peu assuré des campagnes successives, autorisées et financées année après année dans l’incertitude de la suivante, ainsi que la concentration nécessaire sur le projet de fouille, rendaient téméraire le développement des sondages relatifs au contexte qui, pourtant, indirectement comme la suite l’a montré, n’étaient pas étrangers à l’histoire du monument chrétien. D’où le regret de ne pas avoir pris le temps de procéder pareillement, de manière limitée, dans le cas de la basilique sud.

3Un deuxième groupe, le plus important en nombre, provient de l’îlot intermédiaire et de l’îlot sud-est du groupe épiscopal, avec une prédominance du premier. Ce matériel recouvre la durée d’existence du groupe épiscopal dans son premier état. La part issue de l’îlot de la basilique III lui vient en appoint. Le point de départ chronologique et le point d’arrivée sont assez bien repérés et l’entre-deux couvre une partie du V^e siècle. Mais le monnayage est articulé sur la deuxième moitié du siècle précédent avec seulement quelques dépassements vers le siècle suivant. La céramique ouvre cet arc chronologique vers sa seconde moitié.

4Enfin, les îlots des basiliques I et II donnent une image d’un état final au-delà du VI^e siècle, mais avec une part de « résidualité » accrue qui peut être attribuée autant à la permanence de la circulation monétaire qu’au brassage des couches archéologiques dû aux terrassements qui ont accompagné chacun des épisodes de reconstruction du groupe et aux pratiques funéraires. Ce qui importe ici est la très faible part d’un renouvellement ou d’un enrichissement du stock. Au cours de cette dernière période il faut aussi compter avec la réduction probable à un simple usage cultuel de l’îlot de la basilique II, celui de la basilique sud n’ayant sans doute jamais été plus que cela, ce qui appauvrit numériquement les dépôts. Dans ces conditions, le faciès n’est pas très différent de celui des autres îlots déjà abandonnés dans la seconde moitié du V^e siècle, indice de la fixité du système monétaire entre V^e et VI^e siècle et de son non-renouvellement. Par rapport au groupe précédent, les variations n’y sont sensibles qu’à l’unité et non dans la masse. S’accentue donc l’amplitude du décalage entre le temps indiqué par la céramique et celui, plus ancien, que suggère le monnayage. La constatation vaut certainement aussi pour le VII^e siècle, période pendant laquelle la céramique, mais en petite quantité, montre une certaine permanence de l’usage des lieux et pour laquelle le sou d’or de Constantin IV est le seul témoignage numismatique contemporain.

5La composition du corpus s’inscrit pour l’essentiel dans une histoire de la circulation monétaire africaine dont R. Turcan avait déjà jeté les bases dès l’étude des trésors de Tipasa2. Les rythmes définis alors sont ici conformes.

2°) Périodisation

6a) Les monnaies puniques ne sont pas étonnantes sur un site d’origine libyque dont l’occupation se maintint vraisemblablement sans interruptions jusqu’à l’époque romaine3. Due sans doute à une erreur de fouille, une confusion possible entre deux sols superposés peut expliquer une sur-représentation de ces espèces dans la pièce 108 de l’îlot sud-est. Sinon, à l’unité, pour chacun des îlots, des exemplaires sont régulièrement attestés dans les niveaux du V^e siècle. Des imitations figuraient aussi parmi eux (Basilique II, n° 1 ? et Îlot sud-est, n° 6), preuve de leur valeur libératoire dans un contexte où, à cette époque, les monnaies imitées, non officielles, constituaient déjà le plus grand nombre. La constatation est habituelle d’un usage de ces quelques unités anciennes au même titre que du monnayage contemporain à la fin de l’Antiquité4. On sait que, pour des raisons symboliques, la valeur de ces espèces anciennes est confirmée par l’imitation de l’iconographie des monnaies puniques sur certaines frappes d’époque vandale5.

7b) Après une monnaie d’époque républicaine anecdotique (Îlot basilique II, N° 2), le monnayage des I^er et II^e siècles n’est représenté que par 7 unités, toutes frappées à Rome, ce qui est attendu (Basilique I, N° 3, As d’Auguste ; Basilique II, denier de Domitien, N° 3 ; Îlot intermédiaire, as de Trajan, N° 3 ; Îlot sud-est, sesterce de Domitien, N° 8 et sesterce d’Antonin le Pieux, N° 9 ; « maison sud », sesterce de Philippe, n° 4 et As d’Alexandre Sévère, N° 5).

8c) À ce monnayage du Haut-Empire font suite les exemplaires radiés au type Consecratio de Claude II. Sous la forme officielle ou sous celle de contrefaçons, ces espèces sont constantes dans la circulation africaine de la fin de l’Antiquité6 et les strates d’origine ou de fabrication des unes et des autres ont été répertoriées et décrites7. Semblable à la reprise de l’iconographie punique pour des imitations d’époque vandale, l’effigie radiée s’alimente du souvenir de la Rome impériale et de son prestige pour favoriser les contrefaçons jusque dans le courant du V^e siècle8.

Îlot basilique sud : monnaies officielles, N^os 5, 6, 7, 8, 9

« Maison ouest » : monnaies officielles,N^os 1, 2

« Maison sud » : monnaie officielle, N° 6

Îlot basilique II : monnaies officielles : N^os 6, 7 ; imitations : N^os 5, 8, 9

Rues : imitations, N^os 2, 29 

Îlot basilique III : monnaie officielle : N° 4 ;

Îlot intermédiaire : monnaie officielle, N° 5 ; Imitations N^os 6, 7, 8 

Îlot sud-est : imitations, N^os 10, 11, 12

9Au nombre de 23 unités, certaines de ces monnaies, officielles, figurent dans des couches archéologiques de peu contemporaines de l’émission (Îlot basilique I, N^os 6 et 7 ; Îlot basilique III, N° 4, de même que la monnaie de Quintillus, Îlot basilique III, N° 3) et sont à soustraire du total. Les autres ont été recueillies à l’intérieur de tous les îlots dans des couches datées du V^e siècle, utilisées indifféremment, qu’elles soient officielles ou contrefaçons9. Quelques monnaies de même période ont circulé concurremment (Gallien, Îlot basilique II, N° 2 ; Gordien III, Îlot basilique III, N° 2 et Îlot intermédiaire, N° 2 ; Claude II, type Securitas, Basilique I, N° 5), mais celles issues des annexes orientales de la basilique III proviennent de niveaux archéologiques sous-jacents contemporains des émissions. Enfin, le temps de la Tétrarchie n’est représenté que par deux frappes (Dioclétien ou Maximilien Hercule, Îlot basilique II, N° 10 ; Galère, Îlot sud-est, N° 13), pauvreté reconnue ailleurs en Afrique et partiellement expliquée par les aléas de l’atelier de Carthage à cette époque10. Le monnayage du Haut-Empire représenterait donc moins de 2 % du total. Les caractéristiques des dépôts et les proportions confirment la faible part de « résidualité ». La date à laquelle ont été fabriquées les imitations comprises dans ce lot est évidemment incertaine mais, en partie au moins, elles sont vraisemblablement contemporaines des contrefaçons des frappes officielles ultérieures.

10d) L’époque du règne de Constantin est bien attestée par les 5 frappes officielles trouvées dans la pièce 207 de la « maison sud ». On en compte en tout 18, identifiables pour cette période qui n’est pas encore celle des contrefaçons puisqu’une seule serait répertoriée, d’ailleurs d’une fabrication de détermination incertaine (Basilique III, N° 7).

Maison sud : N^os 7, 8, 9, 10, 11.

Îlot basilique II : N^os 13, 14, 15.

Rue et ruelles : N° 3.

Basilique III : N^os 6, 7, 8, 9.

Îlot intermédiaire : N^os 9, 10, 13, 14, 15.

Îlot sud-est : N° 14.

11e) Les émissions de la période suivante (335-348) connaissent le commencement de la contrefaçon mais 17 frappes officielles dominent encore sur 11 imitations dont on ne sait évidemment si elles furent contemporaines des émissions ou postérieures à elles11.

12Les exemplaires au type Victoriae dd avggq nn sont ceux pour lesquels la proportion des monnaies officielles est la plus forte :

• Frappes officielles : Basilique I, N° 12 ; Groupe épiscopal H.S., N° 7 ? ; « Maison ouest », N° 14 ; « Maison sud », N^os 12 et 13 ; Îlot basilique II, N^os 12, 19, 20 ; Îlot basilique III, N° 11 ; îlot intermédiaire, N^os 24 et 27 ; Îlot sud-est, N^os 23 et 24.
• Imitations : Îlot basilique II, N^os 21, 22 ; Îlot basilique III, N^os 10, 12 ; Îlot intermédiaire, N^os 25 et 26, Îlot sud-est, N° 25).

13Les frappes au type Gloria exercitvs sont moins nombreuses et le rapport est plus équilibré entre frappes et imitations mais les nombres sont faibles :

• Frappes officielles : Îlot basilique II, N° 17 ; Îlot sud-est, N^os 15, 16, 17.
• Imitations : Îlot basilique II, N^os 16, 18 ; Îlot sud-est, N^os 18, 19).

14Les monnaies officielles sont aussi dominantes pour les autres émissions dont celles au type des Vota (« Maison sud », N° 11, Îlot basilique II, N° 11 ; Îlot intermédiaire, N^os 23, 28 ; Îlot sud-est, N^os 20, 22). Les imitations sont moins nombreuses : Îlot basilique I, N° 11 ; Groupe épiscopal H.S., N^os 5, 6 ; Îlot basilique II, N° 23).

15f) Après une interruption de quelques années12, une articulation se manifeste d’abord, comme partout13, par l’irruption des monnaies au type Fel Temp Reparatio pour lesquelles on compte 35 frappes officielles pour 114 imitations identifiables, soit 149 exemplaires au total14. La proportion des premières par rapport aux secondes, 23,5 %, correspond à peu près au rapport général établi sur le site entre monnayage officiel et imitations.

Basilique sud : 0 frappe officielle, 5 imitations ;

Groupe épiscopal H.S. : 4 frappes officielles, 5 imitations

« Maison ouest » : 1 frappe officielle, 1 imitation

« Maison sud » : 0 frappe officielle, 8 imitations

Îlot basilique II : 5 frappes officielles, 22 imitations

Rues : 2 frappes officielles, 5 imitations

Îlot basilique III : 2 frappes officielles, 8 imitations

Îlot intermédiaire : 13 frappes officielles, 48 imitations

Îlot sud-est : 5 frappes officielles, 12 imitations

16Contemporaines des précédentes, les 21 frappes officielles (25 %) et les 81 imitations identifiables au type Spes Reipublice ajoutent 102 exemplaires aux noms de Constance II ou de ses co-empereurs. Les deux types confondus, Fel Temp Reparatio et Spes Reipublice, représentent 29 % des frappes officielles du IV^e siècle (56 sur 193) et la moitié des imitations (195 sur 397). Le premier rapport – 1/3-2/3 – est à peu près identique à celui constaté par R. Turcan dans les trésors de Tipasa pour le seul type Fel Temp Reparatio.

Basilique sud : 1 frappe officielle, 2 imitations

Groupe épiscopal H. S. : 2 frappes officielles, 3 imitations

« Maison sud » : 0 frappe officielle, 5 imitations

Îlot basilique II : 7 frappes officielles, 13 imitations

Rues : 0 frappe officielle, 3 imitations

Îlot basilique III : 2 frappes officielles, 3 imitations

Îlot intermédiaire : 7 frappes officielles, 39 imitations

Îlot sud-est : 2 frappes officielles, 13 imitations

17Au total, frappes officielles et imitations confondues, les 251 exemplaires des deux types correspondent à 26 % du corpus, ce qui est une proportion minimale dans la circulation monétaire locale de la fin du IV^e siècle et du V^e siècle. L’estimation est certainement basse en effet compte tenu du nombre des contrefaçons indéterminées15.

18g) Par le nombre, les émissions de la dynastie valentinienne (364-378) sont en recul sensible par rapport aux précédentes, mais occupent le deuxième rang derrière elles16.

19Le type Securitas Reipublicae compte 18 exemplaires officiellement frappés (29 %) et 62 contrefaçons identifiables (71 %), selon un rapport proche du tiers :

Îlot basilique sud : 1 frappe officielle, 4 imitations

« Maison ouest » : 0 frappe officielle, 1 imitation

Rues : 1 frappe officielle, 1 imitation

Îlot basilique II : 4 frappes officielles, 15 imitations

Îlot basilique III : 0 frappe officielle, 1 imitation

Îlot intermédiaire : 8 frappes, 30 imitations

Îlot sud-est : 3 frappes officielles, 10 imitations

20Le type Gloria Romanorum est attesté par 13 frappes officielles et 23 imitations : à cette période, la proportion des imitations n’est pas accrue par rapport à celle des émissions contemporaines :

Îlot basilique sud : 1 frappe officielle, 1 imitation

Groupe épiscopal H.S. : 1 frappe officielle, 1 imitation 

« Maison ouest » : 1 frappe officielle, 0 imitation

Îlot basilique II : 0 frappe officielle, 4 imitations

Îlot basilique III : 2 frappes officielle, 2 imitations

Îlot intermédiaire : 5 frappes officielles, 12 imitations

Îlot sud-est : 4 frappes officielles, 3 imitations

21h) Ensuite, l’époque de la dynastie théodosienne est illustrée par 45 frappes officielles, mais elle couvre un temps plus long, soit une trentaine d’années. Le type Salus Reipublicae, le mieux représenté, n’est attesté que par 10 monnaies officielles, contre 54 imitations. Pour le type Victoria Auggg, on ne relève que 7 frappes officielles et seulement 11 imitations. Ces émissions précèdent tout juste le temps de l’arrêt de l’alimentation en monnaies fraîches des sites africains. Les questions liées à la datation de ces espèces ont même laissé penser qu’aucune frappe officielle d’entre elles ne serait en réalité attribuable de façon certaine au V^e siècle17. Simultanément, ce temps est celui où Aradi montre certains signes de faiblesse dans sa trame urbaine, en dépit de la construction du groupe épiscopal.

22i) De fait, les émissions postérieures à la première décennie du V^e siècle ne sont attestées qu’à l’unité dans chacun des îlots, pour atteindre un total d’une douzaine bien que le groupe épiscopal puis la basilique sud aient justement été construits à cette période et qu’ils aient connu alors leur plein développement. Ces émissions ont d’ailleurs été mentionnées pour leur intérêt individuel dans la stratigraphie où elles apparaissent pour la plupart à titre résiduel dans les niveaux relatifs au second état des deux îlots dont les églises, la basilique sud et la basilique II, furent reconstruites. En regard de cette pauvreté, le dénombrement des frappes officielles du IV^e siècle compte 202 unités, soit 95 % du nombre cumulé des 212 frappes du IV^e et du V^e siècle, dont 144 pour la seule seconde moitié du IV^e siècle (68 %), nombres et pourcentages qui rendent d’autant plus sensible la brutalité de la rupture au commencement du V^e siècle18.

23La prédominance des monnaies de cette seconde moitié du IV^e siècle dans des niveaux se rapportant à l’usage de monuments chrétiens de date postérieure n’est pas une surprise. N. Duval constatait déjà le phénomène lorsqu’il étudiait les églises de Sbeitla19 et citait le petit trésor découvert dans l’une des basiliques du groupe épiscopal, la basilique dite de Vitalis20. Plus généralement, depuis longtemps les archéologues ont été mis en garde sur le caractère « non datant » d’un matériel monétaire du IV^e siècle dont la circulation se prolonge sur des décennies21, quasiment sans renouvellement, composé en grande partie de monnaies non officielles, dites « de nécessité », destinées à pallier la pénurie, les échanges reposant alors sur un stock existant de monnaies officielles et surtout d’imitations qui deviennent à leur tour prototypes pour des surmoulages. Se situerait donc à cette date le point de départ d’un glissement vers une économie naturelle au niveau local et quotidien mais en fonction de la richesse du corpus de Aradi, et de certains des sols sur lesquels les monnaies ont été trouvées, elle ne semble pas encore être de pratique répandue dans le temps d’existence du groupe épiscopal, au moins dans son premier état22. Peut-être les choses changent-elles à l’époque du second. L’initiative de ces contrefaçons, au niveau des autorités provinciales, domaniales ou locales reste en question, au point que le terme de « monnaies féodales » a été avancé23. L’expression renvoie vers les réalités médiévales au temps desquelles l’institution ecclésiale frappait monnaie. Elle aurait pu commencer dans ces temps plus anciens par des contrefaçons, mais le site n’en a pas porté témoignage.

24j) Enfin, dans le lot, l’attention se porte sur les 6 monnaies de période vandale, trouvées lors de la fouille de l’îlot de la basilique II (N^os 140 à 145), identifiées comme imitations frappées (N° ^s140 et 144) ou coulées (N° ^s 141 et 143), ainsi que sur la frappe officielle issue de la basilique sud (N° 37). Elles relèvent du type des « Victoires anonymes à flan mince » attribuées au règne de Thrasamund24. Les imitations sont donc encore attestées pour les monnaies de la période barbare selon une proportion élevée même sur un nombre aussi limité. L’interprétation de l’un de ces exemplaires (N° 145), qui se rattache par son module aux productions précédentes ou à une production apparentée, sera à examiner pour ce qu’il enseigne sur l’histoire de cet ensemble cathédral. Le petit nombre de ces monnaies d’époque vandale tient peut-être aux conditions incertaines de la fréquentation des lieux au temps de leur contrefaçon et de leur usage. Complétées par une monnaie officielle de Justinien et un decanummion incertain, ainsi que par une autre monnaie portant vraisemblablement l’effigie de Gelimer recueillie devant le portail extérieur, elles achèvent chronologiquement le cycle historique de la documentation numismatique du groupe épiscopal. Enfin, pour la queue de peloton, il a déjà été question du sou d’or de Constantin IV découvert dans les annexes de la basilique sud.

3°) Les ateliers

25Un relevé des ateliers peut être esquissé à partir de 135 frappes et de 70 imitations dont l’exergue porte l’empreinte de provenance de leur prototype. L’exercice n’est qu’indicatif en fonction d’un corpus qui demeure réduit et d’une conservation aléatoire des mentions retrouvées en exergue. L’approvisionnement est limité au Bassin méditerranéen et, secondairement, adriatique. L’atelier de Rome domine, et une correspondance s’établit entre le nombre des frappes officielles et celui des imitations, ce qui est cohérent pour une provenance très majoritaire25. Pour l’Occident, l’atelier d’Arles est le seul dont la production apparaît significative, mais le nombre des imitations n’est plus en rapport avec celui des monnaies officielles. L’apparition de l’atelier de Lyon est anecdotique. Plus au nord, celui de Trèves est absent d’une distribution pourtant largement répartie en dépit des nombres faibles. Pour les régions centrales de l’Empire, les émissions d’Aquilée et de Siscia sont représentées. Enfin, hormis celui de Constantinople qui est faiblement attesté par quelques imitations, le groupe des ateliers de Propontide équilibre le poids de celui de Rome. Sur des nombres aussi faibles, la recherche de rapports chronologiques entre approvisionnement à partir d’ateliers occidentaux ou orientaux n’est pas concluante26. Globalement, grâce à l’atelier romain, avec 75 frappes officielles, l’Occident est un peu mieux représenté que l’Orient qui n’en compte que 63. Mais ces chiffres sont de peu de valeur. Enfin, exceptée une frappe de l’époque tétrarchique, l’atelier de Carthage est absent, mais il n’est pas actif sur la plus grande partie des IV^e et V^e siècles27. Après l’époque punique, il ne réapparaît qu’à celle du royaume vandale pour une frappe de Gunthamund et une autre attribuable à Gelimer, tandis que cinq ou six autres exemplaires, dont certains de l’époque de Thrasamund, issus de l’îlot de la basilique II sont vraisemblablement des imitations. Cet atelier est quand même à l’origine de la frappe du sou d’or de Constantin IV.

Carthage : 2 frappes officielles (époques vandale et byzantine), 5 imitations (époque vandale)

Rome : 37 frappes officielles, 31 imitations

Arles : 14 frappes officielles, 3 imitations

Lyon : 1 frappe officielle, 5 imitations

Ticinum : 1 frappe officielle

Ravenne : 2 frappes officielles

Aquilée : 9 frappes officielles, 2 imitations

Siscia : 5 frappes officielles, 2 imitations

Sirmium : 1 imitation

Ateliers occidentaux indéterminés : 4 frappes officielles, 1 imitation

Thessalonique : 12 frappes officielles, 5 imitations

Héraclée : 10 frappes officielles

Constantinople : 2 frappes, 7 imitations

Nicomédie : 9 frappes officielles, 1 imitation

Cyzique : 18 frappes officielles, 3 imitations

Antioche : 5 frappes officielles, 3 imitations

Alexandrie : 3 frappes officielles, 4 imitations

Ateliers orientaux indéterminés : 4 frappes officielles, 1 imitation

26Trois exemplaires ont été percés intentionnellement. Tous sont des frappes officielles. Le plus ancien représente au droit les têtes des Cabires ou des Dioscures (Îlot sud-est, N° 7). La perforation circulaire a été faite face aux deux visages, dont l’image a donc été respectée. Il n’est pas impossible que le percement soit d’époque punique car cette pratique est déjà reconnue. Une monnaie de Trajan a été percée sur sa bordure selon l'axe vertical du revers qui figure l’empereur cavalier dont la silhouette a été privilégiée (Îlot intermédiaire, N° 3). Effectuée au niveau du cou du souverain, la perforation circulaire place tête en bas le portrait figuré au droit. Sur ces deux monnaies, l’emplacement de la perforation indique qu’elles étaient destinées à être portées et elles sont très usées. Enfin, une monnaie d’Odoacre a été percée en son centre, pour affichage ou comme accessoire de vêtement ou de parure, sans qu’il ait été porté attention au portrait du souverain (Îlot basilique I, n° 38)28.