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Guerres et richesses d’une nation

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Cédric Quertier

Chapitre 1 – Guerres et paix : l’internationalisation de la question pisane

Texte intégral

  • 1 Chittolini 2005 ; Chittolini 2003 ; Chittolini 1979.
  • 2 Gamberini – Lazzarini 2012 ; Zorzi 2011 ; Zorzi 2008 ; Boutier – Landi – Rouchon 2004 ; Zorzi – Con (...)

1L’essentiel des relations diplomatiques toscanes du XIVe siècle est d’abord marqué par les dernières entreprises impériales et gibelines, puis par les réactions face à l’expansionnisme de Milan1 et de Florence2, qui cherchent à construire et à renforcer leur État régional. L’objectif est ici de comprendre comment se positionnent Pise et Florence dans les grands enjeux diplomatiques toscans et italiens du XIVe siècle, grâce à l’analyse des questions militaires et diplomatiques évoquées dans les registres des Provvisioni registri de la commune florentine qui mentionnent Pise. Ils complètent les travaux existants sur l’histoire politique et militaire de la Toscane.

2L’exposition est limitée aux questions dans lesquelles les deux villes sont impliquées, ce qui produit un effet déformant et a des implications différentes dans les deux cas. Certes, s’affirmer pour ou contre Florence est un enjeu majeur pour Pise qui a peu d’alliés proches. Mais du point de vue florentin, s’il s’agit d’une question importante, ce n’est ni la seule ni la plus dangereuse, dans la mesure où Florence peut réorienter ses échanges vers Bologne et Venise, voire Gênes.

  • 3 Tangheroni 2003.
  • 4 Tangheroni 2002.

3Il convient cependant de rappeler quelques grandes tendances de l’histoire pisane. À Pise, le XIVe siècle est marqué par une politique extérieure de repli vers la Toscane après la perte de ses possessions méditerranéennes3. En effet, l’étendue de l’empire naval pisan se réduit : après le désastre naval de la Meloria contre la flotte génoise (1284), la commune perd le contrôle de la Sardaigne (1324-26) au profit de la Couronne d’Aragon. Mais Pise connaît un regain de fortune dans les années 1340, quand elle est capable de menacer militairement Florence et de soumettre Lucques (1342-1369), quand elle étend son influence jusqu’à la Maremme et jusqu’à la Lunigiana. De plus, son commerce reste dynamique des années 1340 aux années 13904. Le port de Pise connaît des fortunes diverses au cours du siècle, marqué notamment par la fermeture du port aux Florentins de 1356 à 1369 et de 1399 à 1406.

  • 5 Zorzi 2013.
  • 6 Lenzi 2001 ; Tangheroni 1995 ; Vigo 1879.
  • 7 Ciccaglioni 2007 ; Ciccaglioni 2006 ; Ceccarelli Lemut 2005 ; Ceccarelli Lemut 1999 ; Cristiani 19 (...)
  • 8 Poloni 2004b ; Poloni 2004a ; Tangheroni 1978b.
  • 9 Pauler 1995.
  • 10 Caturegli 1921.
  • 11 Silva 1912.
  • 12 Banti 1971.
  • 13 Scaramella 1894 ; Scaramella 1914.
  • 14 Tognetti 2010a ; Silva 1909.

4Quant à la vie politique pisane, elle est marquée par la seigneurialisation du pouvoir5 et l’attitude changeante des dirigeants à l’égard de Florence. De 1313 à 1316, Pise est dirigée par le condottiere gibelin Uguccione della Faggiola6, puis par la famille des Donoratico – une branche gibeline des della Gherardescha – de 1316 à 1347 (Gherardo entre 1316 et 1320, puis Ranieri I entre 1320 et 1325, (Boni)Fazio di Donoratico entre 1329 et 1340 et enfin Ranieri novello, dirigeant avec Tinuccio della Rocca entre 1341 et 1347)7, qui entretiennent des relations mouvementées avec Florence. De la moitié du siècle environ daterait l’accentuation de la fracture politique entre la faction des Raspante anti-Florentins et des Bergolini pro-Florentins, dont le profil a été récemment réévalué8. La ville est dominée de 1347 à 1356 par la famille Gambacorta, qui mène une politique favorable à Florence, avant la descente de l’empereur Charles IV (1354-1355)9, l’expulsion des marchands florentins de Porto Pisano en 1356, la guerre contre Florence (1362-1364) et la seigneurie de Giovanni dell’Agnello (1364-1368) qui poursuit cette hostilité10. La situation change avec la seconde descente de l’empereur (1368-1369), qui voit l’établissement de la seigneurie de Pietro Gambacorta, largement favorable à Florence (1369-1392)11, avant que Jacopo d’Appiano n’établisse un régime hostile (1392-1399) suite à une révolte populaire visant également les intérêts florentins12. L’opposition à la Cité du Lys est également marquée par la guerre de 1397-98 et par la dédition de la ville aux seigneurs de Milan, Gian Galeazzo Visconti (1399-1402), puis Gabriel Maria Visconti après 140213. Ce rattachement en forme d’annexion de Pise à l’État milanais entraîne la guerre avec Florence, qui ne peut se permettre de laisser le contrôle de cette ville stratégique à son ennemi mortel. Elle finit par conquérir durablement Pise en 140614 (mais Livourne et Porto Pisano sont achetés à Gênes en 1421), au prix de la destruction d’une grande partie des archives pisanes.

  • 15 Source : Due 1994, table 16.

Carte 2 – Seigneuries et communes toscanes au début du XIVe siècle15

Carte 2 – Seigneuries et communes toscanes au début du XIVe siècle15

1.1. Le réveil gibelin : l’opposition à Florence renforcée par les puissances extérieures et le rêve d’une seigneurie régionale (1310-1329)

1.1.1. Le rêve avorté des gibelins : la descente d’Henri VII (1310-1313)

5Élu roi des Romains en 1308, Henri VII pénètre en Italie en octobre 1310 afin de se faire couronner à Rome. Mais Robert Ier d’Anjou, roi de Naples depuis 1309, se rapproche du pape et forme en 1311 une Ligue guelfe avec Florence, Bologne, Sienne, Lucques, Pistoia et Volterra, afin de contester ses prétentions hégémoniques en Italie.

  • 16 Outre Pise, seules Arezzo, Cortona, Montalcino et Corneto soutiennent officiellement Henri VII en (...)
  • 17 Poloni 2016, p. 123-124.

6Pise, traditionnellement gibeline, l’accueille avec enthousiasme le 6 mars 1312. Elle devient son centre d’opération et rassemble tous les exilés gibelins de Toscane16. Pour autant, la mise en place arbitraire du pouvoir du prétendant à l’empire qui, en quelques heures le 17 mars, dépose les Anziani, remplace le podestat et le capitaine du Peuple par ses fidèles et impose un serment à toute la population de Pise, mécontente jusqu’aux gibelins de la ville attachés à la défense des institutions communales17.

  • 18 Figliuolo – Giuliani 2020, p. 18-20.

7Après une série de victoires militaires, Henri VII se fait couronner à Rome le 29 juin 1312. Il assiège ensuite Florence à l’automne-hiver 1312-1313. Sa mort le 24 août 1313 vient cependant contrarier la renaissance gibeline de Pise et soulage provisoirement Florence. La fin de la guerre semble se profiler, mais les partisans des solutions pacifiques et belliqueuses s’affrontent à Pise18.

1.1.2. Uguccione della Faggiola : construire un pouvoir régional contre Florence (1313-1316)

  • 19 Tangheroni 1995, p. 34.
  • 20 Tangheroni 1995, p. 36.

8À la mort de l’empereur Henri VII, les populaires Pisans partisans de l’affrontement avec les guelfes, qui ont réussi à recruter 1 800 mercenaires impériaux désœuvrés pour maintenir la puissance militaire gibeline, appellent au pouvoir Uguccione della Faggiola en septembre 1313, afin de signer une paix honorable19. Or, le refus de Frédéric III de Sicile, le nouveau prétendant à l’empire, de s’allier avec Pise pour ne pas avoir à rompre ses rapports avec la Couronne d’Aragon20, laisse à Uguccione della Faggiola les mains libres pour mener la politique qu’il entend dans la région.

  • 21 Cristiani 1997, édition du traité p. 363-366 ; original : ASFi, Quaderni pergamenacei del Diplomat (...)
  • 22 Cristiani 1997, p. 356-357.

9Ainsi, malgré la mort de l’empereur, les forces gibelines sont en position de force en Toscane, et les guelfes réagissent tardivement, Robert Ier d’Anjou cherchant notamment à temporiser et à limiter son aide. Le 27 février 1314, un traité de paix est donc signé entre Pise et Robert Ier d’Anjou, étendu aux cités guelfes – dont Florence21 –, mais il n’est pas ratifié par Uguccione della Faggiola. Or, les négociations de ce traité ont duré au moins jusqu’en novembre 1313 : autrement dit, elles ont commencé avant l’arrivée au pouvoir d’Uguccione della Faggiola et se sont poursuivies après. D’après certaines chroniques, les Pisans auraient joué un double jeu : d’une part, l’appel au condottiere Uguccione della Faggiola viserait à poursuivre la politique gibeline agressive et, d’autre part, les négociations avec le roi Robert Ier d’Anjou visaient à déterminer si les conditions pouvaient être avantageuses. Le condottiere n’aurait pas supporté d’être rejeté au rôle de second plan de chef d’armée22.

  • 23 Poloni 2004, p. 235-236 ; Tangheroni 1995, p. 37 ; Cristiani 1962, p. 261-267.
  • 24 Poloni 2004, p. 231 ; Cristiani 1962, p. 299.
  • 25 ASFi, Provvisioni registri, fol. 130, 26 mars 1314 ; approbation fol. 140r, 27 mars 1314 ; Cristia (...)
  • 26 Tangheroni 1995, p. 39 ; Cristiani 1962, p. 300-301.
  • 27 Ciccaglioni 2013, p. 21-23.

10Ce dernier s’oppose vigoureusement à cette paix désavantageuse pour Pise, car il faut restituer des châteaux conquis et concéder des avantages commerciaux aux guelfes. Le 22 mars 1314, Uguccione accuse les ambassadeurs d’avoir comploté pour donner la ville à Robert Ier d’Anjou et tente de déclencher une émeute anti-guelfes. Comme Banduccio Bonconti et son fils Pietro cherchent à éteindre l’émeute et à faire prêter serment d’allégeance aux Anziani de Pise, Uguccione della Faggiola les fait arrêter et décapiter le 24 mars23, alors qu’ils avaient constamment soutenu la politique gibeline24. La paix avec Florence est donc virtuellement suspendue, alors que cette dernière la ratifie le 26 mars 1314 – elle normalise également ses relations avec Sienne, Lucques et Massa Maritima – et le notifie le même jour à Pise, puisque cette dernière ne lui a pas encore formellement notifié son opposition au traité25. L’objectif du condottiere est de faire un exemple pour mettre en place un régime personnel au détriment des marchands du Popolo pisan, avec l’appui des artisans des Sette Arti et des grandes familles nobles comme les Lanfranchi26. En effet, ces dernières ont été à la pointe de l’expansionnisme pisan, mais ont délaissé les nouvelles activités commerciales du XIIIe siècle : la seigneurie d’Uguccione leur permet de retrouver un rôle de premier plan, et de jouer un rôle majeur dans la politique expansionniste du « circuit » gibelin27.

  • 28 Figliuolo – Giuliani 2020, p. 21-23 ; Cristiani 1962, p. 294-303.
  • 29 Tangheroni 1995, p. 40.
  • 30 Pinto 1995, p. 24 ; Tangheroni 1995, p. 40 ; Davidsohn 1956-1968, t. 4, p. 761 sqq.
  • 31 Pinto 1995, p. 23.

11La politique extérieure agressive d’Uguccione della Faggiola, financée par de lourdes impositions, est marquée par l’offensive contre les cités guelfes28 : il conquiert Lucques en juin 131429 et attaque Florence, peu soutenue par les puissances extérieures en raison de la mort du pape Clément V (avril 1314) et de Philippe le Bel (novembre 1314). Sa grande offensive de mars 1315 se traduit, malgré le déséquilibre des forces, par l’éclatante victoire militaire contre les forces guelfes anéanties à Montecatini, dans le Valdinievole (29 août 1315)30. Cette victoire sera fêtée tous les 29 août à Pise jusqu’en 1406 tandis que la fête de San Jean-Baptiste est déplacée du 29 août au 24 juin à Florence, pour effacer le rappel du traumatisme31.

  • 32 Ciccaglioni 2013, p. 21-23 ; Poloni 2004, p. 280.

12Mais cette victoire militaire n’entraîne pas de succès politique durable pour Uguccione, car l’état d’alerte militaire constante, les très fortes impositions, et l’impossibilité pour les marchands pisans d’accéder aux marchés méridionaux et toscans épuisent l’économie. Ainsi, l’élite populaire pisane doit choisir entre, d’une part, composer avec les grandes familles nobles évincées et s’opposer frontalement à Florence en honorant le patrimoine idéologique gibelin et, d’autre part, normaliser les relations avec Florence afin de pouvoir accéder aux routes commerciales de Toscane et du Mezzogiorno angevin32. À l’occasion de son absence de Pise, une large coalition renverse alors Uguccione della Faggiola le 10 avril 1316.

  • 33 Tangheroni 1995, p. 44-45.

13La pression sur Florence s’allège donc, bien que les chroniqueurs et certains documents mettent en avant l’ingratitude de la population pisane à l’égard de leurs dirigeants victorieux33. Pour autant, Castruccio Castracani degli Antelminelli de Lucques constitue par la suite une autre menace mortelle pour Florence, qui voit son leadership sérieusement menacé en Toscane dans les années 1310-1320.

1.1.3. Sous Gherardo et Ranieri I Donoratico de Pise, une pacification contrariée par Castruccio Castracani et Louis IV de Bavière (1316-1329)

  • 34 Ciccaglioni 2013, p. 23-24 et p. 166-180 ; Poloni 2004, p. 281 ; Ronzani 1990 ; Ronzani 1983 ; Ros (...)

14Entre 1316 et 1347, les Donoratico dominent tour à tour la vie politique pisane et mettent en place un pouvoir personnel similaire à une seigneurie : Gherardo (1316-1320), puis Ranieri I (1320-1325), Fazio (1329-1340) et le jeune Ranieri novello sous la tutelle de Tinuccio della Rocca (1341-1347). Cette période est marquée, malgré d’indéniables épisodes de tensions, par une normalisation des relations avec Florence, bien que les désirs expansionnistes des deux villes s’entrechoquent à la fin des années 1330. La sociologie du milieu dirigeant pisan évolue : tous les populaires et les marchands nouent une alliance politique avec la famille noble des Donoratico qui leur permet de redessiner leur horizon économique, alors que les grandes familles aristocratiques sont divisées et marginalisées dans le jeu politique, bien qu’elles dominent le chapitre de la cathédrale34.

  • 35 Dal Borgo, 1765, p. 322-344.
  • 36 ASFi, Provvisioni registri, 15, fol. 91r, 16 septembre 1317 ; approbation fol. 95v, 16 septembre 1 (...)
  • 37 Rossi Sabatini 1938, p. 83
  • 38 Rossi Sabatini 1938, p. 93-94 ; ASPi, Comune A, 48, fol. 68v et 130v.

15Dans un premier temps, Gherardo Donoratico (1316-1320) cherche à pacifier les relations avec les voisins guelfes, même si le jeu politique pisan reste tendu à propos de la politique extérieure. La validité du traité du 27 février 1314, jamais appliqué, est rappelée, puis les négociations de paix avec Robert Ier d’Anjou reprennent : Pise ratifie la paix avec le royaume angevin le 12 août 1316. Ensuite, une paix générale avec la Ligue guelfe – dont fait partie Florence – est signée le 12 mai 131735, mais les relations entre les cités toscanes restent instables. À cet égard, les relations entre Pise et Florence restent ambiguës : le podestà de Pise, Guido del fu Baldo, obtient que sa belle-fille, Caterina, obtienne la restitution des biens de son père Giano della Bella saisis en 129436 ; les deux villes collaborent en 1318-1320 sur la question des fuorusciti de Lucques37 et du contrôle de la circulation entre les villages de l’Arno à la périphérie du contado pisan38.

  • 39 Ciccaglioni 2013, p. 27-28 ; Rossi Sabatini 1938, p. 113 sqq.
  • 40 Rossi Sabatini 1938, p. 92-93.

16Mais le pouvoir personnel de Gherardo Donoratico devient plus autoritaire après la conjuration des Lanfranchi (1319), qui cherchent à faire revenir Uguccione della Faggiola pour mener une politique extérieure gibeline et anti-florentine. De plus, le seigneur de Lucques, Castrucio Castracani degli Antelminelli, cherche à étendre sa domination en Toscane et mène une vigoureuse politique anti-florentine, qui séduit certaines familles nobles de Pise (Lanfranchi, Gualandi, Sismondi), alliés aux Visconti de Milan, aux Scaliger de Vérone et à l’empereur Louis IV de Bavière39. En avril 1320, Castruccio Castracani attaque Florence avec l’aide de Pise40, mais, forte des collaborations des années précédentes et décelant que le seigneur de Lucques est à l’origine de cette hostilité, Florence émet des lettres de représailles contre Castruccio sans viser Pise : la situation reste sur le fil du rasoir, mais la rupture n’est pas consommée en 1320. Gherardo Donoratico débute donc sa seigneurie par une pacification et l’achève par des tensions avec Florence lorsqu’il meurt en mai 1320.

  • 41 Ciccaglioni 2013, p. 27-28 ; Rossi Sabatini 1938, p. 114 et p. 144.

17Sous Ranieri I Donoratico (mai 1320-1325), l’oncle de Gherardo, Pise se rapproche davantage de Castruccio Castracani jusqu’à l’automne 1323, bien que ce dernier complote pour prendre la ville41.

  • 42 Rossi Sabatini 1938, p. 113 et p. 119-122 ; Giovanni Villani 1990-1991, t. 2, X, 127, p. 328-330 e (...)
  • 43 Rossi Sabatini 1938, p 116 ; Giovanni Villani 1990-1991, t. 2, X, 209, p. 391-392.

18Les affrontements avec Florence sont rarement directs, mais Pise soutient les entreprises militaires de Castruccio Castracani. Ainsi, Pise envoie-t-elle en mai 1321 des renforts au seigneur de Lucques contre Florence et les Malaspina. En juillet 1322, les difficultés internes se cumulent avec l’armement des galères et les préparatifs de guerre contre Florence : afin de protester contre l’augmentation des taxes sur ses marchandises, cette dernière rassemble de nombreuses troupes, mais elles sont finalement dissoutes en août, puis Florence libère des prisonniers pisans en septembre. La tension diminue donc, bien que le conflit douanier perdure jusqu’en décembre 1322 (voir chap. 6, § 2.4.)42. Pour autant, l’opposition larvée entre les deux villes persiste puisque Pise envoie des renforts pour aider Castruccio Castracani dans son offensive contre Florence dans les environs de San Miniato en juin 132343.

  • 44 Rossi Sabatini 1938, p. 124-126 ; originaire de Florence, l’archevêque de Pise réussit à faire pre (...)

19Durant cette période, Florence est par ailleurs indirectement impliquée dans le conflit entre l’archevêque Oddone della Sala et la commune de Pise : l’archevêque jette l’interdit sur Pise au début 1319 et se transfère à Florence, où il rend justice. Mais sa promotion comme patriarche d’Alessandria (Piémont) en juin 1323 et son remplacement par le Florentin Simone Saltarelli, qui réussit à s’attirer la sympathie de la population pisane, est une victoire pour Pise44.

  • 45 Rossi Sabatini 1938, p. 147-148. Par exemple, Florence soutient et finance certains opposants pisa (...)
  • 46 Poloni 2006.

20En mars 1323, les projets de conquête de Pise liés au complot contre Ranieri Donoratico consomment la rupture avec Castruccio Castracani, et provoquent en retour le rapprochement avec Florence, bien que les sujets de tensions avec la population pisane restent vifs45, en particulier suite à la dépression économique après la perte de la Sardaigne (1324-1326)46.

  • 47 Rossi Sabatini 1938, p. 157.
  • 48 ASFi, Provvisioni registri, 25, fol. 12v, 26 novembre 1326 ; approbation fol. 34v, 27 novembre 132 (...)

21Après la mort de Ranieri I Donoratico en 1325, Pise se contente de rester neutre dans le conflit entre Castruccio Castracani et Florence47 – qui subit une défaite traumatisante à Altopascio le 23 septembre 1325 –, même si cette dernière prévoit en août 1326 des sanctions contre tout Florentin entretenant des relations commerciales ou envoyant des ambassades dans les villes sous le contrôle du condottiere (Lucques, Pise, Pistoia, Savone)48. Pise doit bientôt défendre son indépendance face aux rêves impériaux de Louis IV de Bavière (1327-1329).

  • 49 Ciccaglioni 2013, p. 30-31.
  • 50 Rossi Sabatini 1938, p. 161-170

22En septembre-octobre 1327, les Pisans dirigés par un groupe restreint de familles (dont Bonifazio di Donoratico) s’opposent à l’accueil de l’empereur Louis IV de Bavière qui fait étape lors de son voyage vers Rome49, alors qu’ils doivent parallèlement affronter l’hostilité d’Alphonse IV d’Aragon en mer tyrrhénienne. Cette profonde inflexion par rapport au gibelinisme traditionnel de la ville est en réalité une défense de l’indépendance communale : le but est d’éviter de débourser des sommes colossales et une conquête de Pise par Castruccio Castracani, principal soutien de l’empereur50.

  • 51 Rossi Sabatini 1938, p. 163
  • 52 Rossi Sabatini p. 171, p. 174 et p. 179.

23Cette perte d’indépendance tant redoutée eut lieu durant un an et demi – Louis IV de Bavière investit dans la ville le 11 octobre 1327 – avec le soutien du popolo minuto51, interrompue par la domination de Castruccio entre avril et septembre 1328. Usurpant la domination impériale sur la ville, ce dernier rassemble en hâte une armée pour reprendre Pistoia aux Florentins : Pistoia cède en août 1328, avant que Castruccio Castracani ne meure de fièvre52, au grand soulagement de Florence.

  • 53 Rossi Sabatini, p. 182-184.
  • 54 Ciccaglioni 2013, p. 33 ; Rossi Sabatini 1938, p. 188.

24Revenant à Pise pour y rétablir son pouvoir, bientôt délégué à son vicaire Tarlato Tarlati d’Arezzo, l’empereur Louis IV de Bavière bénéficie d’un accueil plus favorable de la population. Mais les occasions manquées de protéger Pise contre Florence constituent autant de motifs d’hostilité grandissante : Pise est occupée pour éviter que la tête de pont gibeline en Toscane ne tombe sous domination florentine, mais le vicaire impérial ne riposte pas aux incursions florentines et angevines dans le contado (janvier-février 1329), et le transfert de son antipape à Pise, qui excommunie les Florentins (19 février 1329), rencontre peu d’échos53. Finalement, la population menée par Bonifazio di Donoratico chasse le vicaire impérial le 17 juin 132954.

1.2. Normalisation des relations et expansionnismes parallèles (1329-1345)

1.2.1. Les Donoratico entre pacification et recherche d’un rebond en Toscane

  • 55 Ciccaglioni 2013, p. 157 et p. 91-108.
  • 56 Qui peut ainsi économiser près de 150 000 florins, d’après Giovanni Villani 1990-1991, t. 3, XII, (...)
  • 57 Ciccaglioni 2013, p. 210-211.

25Bonifazio Donoratico (1329-1340) met en place son pouvoir personnel, réforme en 1329 le mode d’élection des Anziani en faveur des marchands contre les artisans55 et s’efforce de rétablir des relations pacifiques avec Florence56 – soutenue contre Sienne et les Malaspina – et les Angevins. Il doit pourtant composer avec la persistance des rébellions des nobles pisans entre 1329 et 1335 et affronter une grave révolte en 133557.

  • 58 Rossi Sabatini 1938, p. 191-193.

26Dès mai 1329, la situation commence à se normaliser entre Pise et Florence avec les négociations pour signer un traité bilatéral, obtenu de haute lutte en raison de la pression maximale exercée par Florence qui sait le besoin impérieux de paix des Pisans : affichant leur volonté pacifique durant les négociations, ils n’hésitent cependant pas à insister sur les franchises de taxes et de droits de douane à Porto Pisano, se retirent provisoirement des négociations pour faire monter les enchères, avant finalement de signer le traité à Montopoli en août 132958.

  • 59 Ciccaglioni 2013, p. 218-242.

27Après la perte de la Sardaigne en 1324-1326 et les dépenses occasionnées par la présence impériale en 1327-1329, les années 1330 sont considérées par les contemporains comme un âge de paix et de relative prospérité durant lesquelles les cités toscanes développent leur programme politique sans qu’il soit obéré par les puissances extérieures. Le rapprochement de Pise avec la papauté y est pour beaucoup : après l’élection du Florentin Simone Saltarelli comme archevêque de Pise (1323), Fazio di Donoratico remet au pape Jean XXII l’antipape qu’a fait élire Louis IV de Bavière (1330). Pise devient alors la ligne de front de la lutte du pape contre le gibelinisme toscan et va jusqu’à négocier la transformation de la ville en vicariat apostolique59.

  • 60 Rossi Sabatini 1938, p. 193-194.
  • 61 Ciccaglioni 2013, p. 242-243.

28Dès lors, la politique extérieure de Pise sous domination de Bonifazio Donoratico (1329-1340) se réoriente vers des relations plus cordiales avec ses voisins guelfes avec qui des traités sont signés60, par un intérêt croissant pour les territoires toscans et une certaine velléité expansionniste – cause de tensions et conflits – en direction du nord-ouest (Lunigiana, environs de Sarzana et Massa, causes de tensions avec l’évêque de Luni, les Malaspina, Lucques, etc.), du sud-ouest (Valdera, au détriment de Volterra), du sud (Maremme, cause de tensions avec Sienne à cause du protectorat pisan sur Massa Marittima), et surtout du nord : en particulier, la domination de Lucques, abandonnée par les Castracani et vendue au plus offrant par les mercenaires allemands restés sur place, est un sujet d’opposition croissante entre les deux villes de 1329 à 1342 – date de sa conquête par Pise –, car cette dernière refuse de se voir encerclée par des territoires sous domination florentine comme Pistoia, San Miniato et Lucques. De fait, dans les années 1330, l’opposition à Florence, devenue une puissance économique majeure en Europe et ayant des velléités expansionnistes en Toscane, devient la composante majeure de gibelinisme pisan et la clé principale d’interprétation de la politique de Pise61.

  • 62 Abelès 2015.
  • 63 Ciccaglioni 2013, p. 212-213.

29Quant à Florence, elle mène une politique expansionniste dans les années 1330, qualifiée de « conquête défensive » car elle entend combler les « vides » laissés par la disparition de Castrucio Castracani et ne laisser aucune place à ses compétiteurs. En juin 1336, elle s’allie à Venise contre les Scaliger de Vérone et surtout contre les Visconti de Milan. Entre 1331 et 1338, son expansion en Toscane vise avant tout à empêcher que les Scaliger et les Visconti n’y acquièrent des possessions et ne l’encerclent. C’est pourquoi Florence acquiert le droit de gérer l’ordre public à Pistoia et Arezzo, garantit la seigneurie des Casali de Cortona et obtient la dédition de Colle Val d’Elsa62. Ces bouleversements diplomatiques et guerriers se traduisent par le développement d’un nouveau guelfisme florentin, qui justifie les actions florentines par la défense des libertés communales contre les tyrans lombards63.

1.2.2. Conquérir Lucques, un enjeu stratégique majeur

  • 64 Rossi Sabatini 1938, p. 196.

30La question lucquoise obère donc durablement les relations, toujours méfiantes, entre Pise et Florence : impossible pour Pise d’admettre une domination florentine à sa périphérie, qui signifierait l’émergence d’une frontière commune entre les deux puissances toscanes antagonistes. C’est pourquoi, dès 1329, Pise lève des fonds et débute les négociations d’achat, bientôt abandonnées pour signer la paix avec Florence à Montopoli64. Ensuite, Pise aide Gherardo Spinola (hiver 1330-1331) pour éloigner la perspective d’une domination florentine sur Lucques.

  • 65 Rossi Sabatini 1938, p. 198.
  • 66 ASFi, Provvisioni registri, 26, fol. 33v, 13 juillet 1333.
  • 67 Rossi Sabatini 1938, p. 201.
  • 68 Rossi Sabatini 1938, p. 214-215.

31Mais Florence fait preuve de bonne volonté pour soutenir le régime de Bonifazio Donoratico, perçu comme favorable à ses intérêts. En janvier 1332, Florence envoie des troupes pour écraser les rebelles pisans aidés par les Génois, les Lucquois, les Parmesans et l’archevêque en fuite65. De la même manière, lors du déclenchement du conflit entre Pise et Sienne parce que la première souhaite mettre en place un protectorat sur Massa Marittima et la seconde ériger Talamone en alternative portuaire à Porto Pisano, Florence rassemble de nombreuses troupes sur son territoire tout en restant neutre, afin de stopper l’avancée des armées pisanes (février 1333) et de faire pression pour la signature d’une paix. L’évêque de Florence sert d’intermédiaire entre les deux cités et doit administrer Massa durant trois ans66, mais Sienne s’empare de la cité par la ruse (août 1335), ce qui accroît les tensions entre Florence et Pise67. Cela n’empêche pas Florence de continuer à aider Bonifazio Donoratico en novembre 1335 et à régler un problème de frontières en février 134068. Les relations restent donc globalement cordiales jusqu’à la fin des années 1330.

  • 69 Tangheroni 1978a, p. 213 ; Pinto 1972 ; Rossi Sabatini 1938, p. 219-220.

32Lorsque Florence achète Lucques en 1341, les pires craintes de Pise se réalisent, puisque les deux villes ont désormais une frontière commune. Pour Florence, il s’agit d’un prolongement de sa mise en place d’une politique de domination des autres puissances toscanes afin d’éviter l’irruption de puissances extérieures, mais, pour Pise, cela représente un revirement majeur. La prise de pouvoir du jeune Ranieri novello Donoratico, placé sous la protection de Tinuccio della Rocca en 1341 (jusqu’en 1347) vise ainsi à réaffirmer la puissance pisane, même s’il convient de nuancer les jugements de G. Rossi Sabatini faisant de Ranieri novello et Tinuccio della Rocca de farouches opposants à Florence, puisque des accords politiques sur la vente de céréales ont lieu dans les années 134069.

  • 70 Rossi Sabatini 1938, p. 220-221.
  • 71 Ciccaglioni 2013, p. 216-218 ; d’après la Cronica di Pisa 2005, p. 108-109, les discussions dans l (...)
  • 72 Ciccaglioni 2013, p. 38-39 ; Rossi Sabatini 1938, p. 222-223. Sur cette guerre, voir notamment Gre (...)

33Quoi qu’il en soit, afin d’éviter l’encerclement, Pise signe au mois d’août 1341 un pacte décennal d’alliance avec Luchino Visconti, seigneur de Milan, puis avec les Gonzague de Mantoue et les Da Corregio de Parme, signe de l’élargissement de la question lucquoise à toute l’Italie septentrionale70. La guerre est déclenchée et soutenue par les mêmes familles qui étaient favorables à la pacification avec Florence dans les années 1330, contrairement à ce qu’affirmait G. Rossi Sabatini71. Pise rassemble une armée impressionnante capable de contenir l’offensive des forces florentines dans le Val d’Arno et le Val d’Elsa et de leur infliger une sérieuse défaite le 2 octobre 1341. Choquée par cette défaite, Florence ne réussit pas à obtenir assez de renforts du roi de Naples Robert Ier d’Anjou, même si son envoyé Gautier de Brienne est bientôt fait seigneur de la Cité du Lys. La seconde offensive florentine de mars 1342 se solde par un échec confus : à l’occasion d’un retrait de troupes florentines, les Lucquois se sentant abandonnés envoient des représentants à Pise pour négocier une paix, finalement signée le 2 juillet 1342. Pour quinze ans, Pise obtient le commandement militaire de Lucques, qui conserve son autonomie administrative, mais doit fortement contribuer aux finances de l’occupant72.

  • 73 Rossi Sabatini 1938, p. 224
  • 74 Ciccaglioni 2013, p. 134 ; Rossi Sabatini 1938, p. 224-225 ; ASPi, Comune A, 29, fol. 82 ; ASFi, P (...)
  • 75 ASFi, Provvisioni registri, 32, fol. 106r, 19 janvier 1344 ; approbation fol. 109, 20 janvier 1344
  • 76 Cracco – Vasina – Luzzati 1987, p. 656.

34Pise et Florence, respectivement représentées par Tinuccio della Rocca et par Gautier de Brienne, signent aussi une paix en octobre 1342 : les Florentins reconnaissent la domination pisane sur Lucques en échange de quelques forteresses dans le Valdinievole, de Barga et de Pietrasanta, d’un tribut et de conditions favorables à Porto Pisano73. Une fois le duc d’Athènes chassé de Florence (août 1343), une nouvelle paix plus favorable aux Florentins est signée à San Miniato en novembre 1343 (voir chap. 5 et 6)74 et, pour en respecter les conditions, les condamnations des Pisans sont cancellées par Florence en janvier 134475. De la sorte, le contrôle du territoire de Lucques bloque pour une quinzaine d’années l’expansionnisme de Florence à l’ouest, puisque Pise contrôle la basse Lunigiana, la Garfagnana et le Valdinievole. En 1344-1345, Pise mène une guerre contre les Visconti de Milan et les Malaspina, cause de graves dévastations, mais la paix de Pietrasanta (17 mai 1345) renforce les positions pisanes dans la Lunigiana et la Garfagnana. La paix règne alors en Toscane pour une quinzaine d’années, et consacre une division des sphères d’influence entre les trois plus grandes cités, Florence, Pise et Sienne76.

1.3. L’ascension et la chute des Gambacorta (1347-1355)

1.3.1. Un pouvoir fragile globalement neutre

  • 77 Ciccaglioni 2013, p. 184-185.

35Alors qu’une crise de confiance se développe contre les compagnies florentines qui font faillite en série durant les années 1340, et que la lutte pour la succession au royaume d’Anjou fait rage et déstabilise le système politique guelfe, les familles dirigeantes de Pise finissent par s’opposer frontalement, juste après la mort du dernier des Donoratico (5 juin 1347). Ceux qui voulaient rester fidèles à la mémoire de Ranieri novello, surnommé Bergo, sont alors surnommés les Bergolini. Quant à la faction adverse, elle est qualifiée de prédateurs, de Raspante, à la suite d’une violente campagne de propagande : à l’été 1347, leurs adversaires dénoncent la politique extérieure et fiscale des partisans des della Rocca, accusés de malversations, d’enrichissements et d’avoir tenté d’empoisonner le jeune seigneur pour prendre sa place77.

  • 78 Ciccaglioni 2013, p. 183-192.
  • 79 Volpe 1911, notamment p. 235.
  • 80 Silva 1912, p. 14-19. Synthèse et reprise des débats dans Ciccaglioni 2013, p. 183-193 : le qualif (...)

36Les factions des Bergolini et des Raspante se forment donc dans les années 1340, malgré les tentatives erronées des historiens pour leur donner une origine plus ancienne et trop simplificatrice78. Dans le schéma de G. Volpe79 repris de manière plus rigide par P. Silva80, les deux factions se différencient en fonction de leur attitude envers Florence, déterminée à son tour par le profil socio-économique du groupe. D’un côté, la faction des Raspante est considérée comme anti-florentine car regroupant les familles qui seraient impliquées dans l’artisanat textile concurrencées par les lanaioli florentins. De l’autre, celle des Bergolini est présentée comme pro-florentine car rassemblant les familles impliquées dans le commerce international et dans le transport maritime des marchandises florentines.

  • 81 Tangheroni 1973, p. 137.
  • 82 Melis 1955 ; Melis 1959.
  • 83 Tangheroni 2002, p. 31-49.
  • 84 Tangheroni 2002, p. 51-75.
  • 85 Poloni 2006.

37Mais ce schéma interprétatif a été totalement contredit par l’examen des actes privés, alors que P. Silva, N. Caturegli et G. Rossi Sabatini se concentraient sur les seuls actes publics81. M. Tangheroni, reprenant notamment les travaux de F. Melis82, a tout d’abord démontré qu’il est impossible d’individualiser des familles impliquées dans un seul domaine d’activité durant tout le XIVe siècle83 et que les ralliements aux factions se font moins pour des raisons sociales ou programmatiques que pour des motifs personnels84. Ensuite, A. Poloni a insisté sur la reconfiguration permanente de ces grandes familles, actives dans plusieurs secteurs même si elles ont souvent un secteur de pointe, qui peut changer en fonction des opportunités de l’époque : implication dans le commerce et le financement de la commune, dans la marine marchande après la perte de la Sardaigne, investissement dans les rentes foncières85.

  • 86 Ragone 1999a.
  • 87 Les Lanfranchi, Gaetani, Sismondi, Gualandi et le comte de Montescudaio soutiennent notamment les (...)
  • 88 Ciccaglioni 2013, p. 193-194 et p. 197-198 ; Cristiani 1962.
  • 89 Ciccaglioni 2013, p. 203.

38Ces mois incertains de lutte de factions tournent à l’avantage des Bergolini, qui expulsent Tinuccio della Tocca et ses partisans le 24 décembre 1347. Andrea Gambacorta86 – père de Pietro Gambacorta qui deviendra en 1369 le seigneur de Pise – et Cecco Alliata dirigent alors les affaires de la cité. Au sein du cercle dirigeant, cette période est marquée par la nouvelle implication des grandes familles aristocratiques87, une politique matrimoniale et des activités économiques proches, ce qui favorise l’émergence d’un véritable patriciat88. De plus, la famille Gambacorta est plus nombreuse à occuper des postes communaux, et Francesco Gambacorta développe ses contacts internationaux. C’est pourquoi à partir de 1349 les Gambacorta prennent l’ascendant sur Cecco d’Alliata89 et renforcent leur emprise après la mort d’Andrea Gambacorta en 1351 : ses fils, notamment Pietro, et son neveu Francesco assurent la continuité politique.

  • 90 Pauler 1995, p. 27-28 ; Benvenuti 2003, p. 209-210.
  • 91 Ragone 1999b.
  • 92 Ciccaglioni 2013, p. 206-207.

39La politique extérieure de Pise est marquée par une double neutralité : le refus d’entrer en guerre contre Florence en suivant les intérêts de Milan dominée par Bernarbò Visconti, et le refus d’entrer en guerre contre Gênes en s’alliant avec Venise90. D’un point de vue florentin, les ambitions toscanes croissantes des Visconti posent problème, car elles bloquent son développement commercial et son approvisionnement via Bologne et Venise, son deuxième port de référence après Pise. Durant la guerre entre Milan et Florence à la suite de la conquête de Bologne par Bernarbò Visconti en 1350, Francesco et Lotto Gambacorta transmettent à Florence la proposition de paix milanaise, signée le 31 mars 1353 grâce à leur entremise et à celle du pape91 : elle fixe le principe – pas toujours respecté – de la non-ingérence réciproque en Lombardie et en Toscane. La même année, la proposition des ambassadeurs milanais d’entrer dans une alliance anti-florentine, est refusée par les Anziani et l’ensemble de la population pisane92.

1.3.2. La descente de l’empereur Charles IV bouleverse les rapports de force politiques à Pise

  • 93 ASFi, Provvisioni registri, 36, fol. 128, 26 juin 1349.
  • 94 ASFi, Provvisioni registri, 40, fol. 43r, 28 juin 1354.
  • 95 Brucker 1962, p. 163.
  • 96 Les Ricci sont plus ou moins accusés de Gibelinisme, et s’opposent aux Albizzi.

40Au début des années 1350, le roi d’Aragon tente plusieurs médiations pour éviter la guerre entre Pise et Florence (134993, 135494). Mais, à l’automne 1354, la descente en Italie de l’empereur Charles IV, nouvellement élu et en quête d’un couronnement romain, fait craindre à Florence l’émergence de rébellions gibelines à Lucques, Pise et Sienne95 et chez elle96. Autrement dit, la présence impériale en Toscane menace de donner encore plus d’acuité à l’antagonisme entre Florence et Pise.

  • 97 Ciccaglioni 2013, p. 131.
  • 98 Pauler 1995, p. 55-76.
  • 99 ASFi, Provvisioni registri, 32, fol. 72r, 13 novembre 1343 ; 32, fol. 106r, 19 janvier 1344 ; 33, (...)

41À l’invitation de Francesco Gambacorta qui le loge, le séjour de l’empereur à Pise (18 janvier-23 mars 1355, puis de nouveaux après le mois d’avril), bouleverse la donne97, car il exerce le pouvoir personnellement ou par l’intermédiaire de ses vicaires impériaux de 1354 à 136298. Si l’empereur confirme la domination de Pise sur la Lunigiana, la Garfagnana et Lucques, il est de plus en plus opposé à la domination pisane sur Lucques99, qui fait l’objet de tensions entre les partisans et les ennemis de Pise.

  • 100 Ragone 1999b.
  • 101 Benvenuti 2003, p. 211-212.

42Cette période est marquée, d’une part, par les tensions et les oppositions frontales entre les factions des Bergolini et des Raspante, que Charles IV tente de pacifier et, d’autre part, par de brèves ententes pour réformer la commune et empêcher que l’empereur ne dirige durablement la ville. Au printemps, les Raspante fomentent une révolte anti-impériale – l’empereur est accusé de vouloir vendre Lucques aux Florentins – avant de présenter les Bergolini guidés par les Gambacorta comme les coupables : Francesco Gambacorta est arrêté, torturé, et condamné à mort le 26 mai 1355, de même que ses frères Lotto et Bartolomeo100. À la fin du mois de mai 1355, l’empereur quitte finalement Pise101.

1.4. Quinze années de guerres et de tensions (1356-1370)

  • 102 Source : Zorzi – Connell 2002, p. 3.

Carte 3 – L’expansion territoriale de Florence au XIVe siècle102

Carte 3 – L’expansion territoriale de Florence au XIVe siècle102

1.4.1. Des tensions persistantes pour le contrôle des périphéries (1356-1362)

43Avec l’expansion de Florence en Toscane et la réorientation de la politique pisane vers l’intérieur des terres, les sujets de frictions se multiplient là où les périphéries des deux puissances se rejoignent.

  • 103 Pauler 1995, p. 80-84 et Caturegli 1921, p. 10-11, 24-28.

44De 1355 à 1357, un des enjeux majeurs pour Pise est d’obtenir le départ des Florentins de Porto Pisano103, qui ne peuvent pas davantage accéder à Motrone, le petit port lucquois contrôlé par la cité littorale à cette époque. Les Florentins ne peuvent donc accéder au littoral du nord de la Toscane, et se tournent vers Talamone, en territoire siennois.

  • 104 Brucker 1962, p. 173-175.
  • 105 ASFi, Provvisioni registri, 42, fol. 94r, 30 juillet 1355 ; 43, fol. 11r, 22 janvier 1356 ; 43, fo (...)
  • 106 Brucker 1962, p. 181.

45Leurs relations diplomatiques et militaires se tendent également. Après une période de neutralité et en dépit des tensions persistantes, Florence se rapproche de la papauté dans les années 1350 et soutient l’entreprise militaire du cardinal Albornoz, chargé par le pape Clément VI de rétablir son autorité temporelle en Italie. Ce rapprochement vise à protéger Florence de la menace exercée par les Visconti au nord et des mercenaires désœuvrés, attirés par les campagnes militaires d’Albornoz et qui menacent d’attaquer les riches communes toscanes104. C’est pourquoi la ville commence par tenter d’inclure Pise dans une ligue contre les mercenaires, qui fait office de tentative d’alliance secrète contre Milan (1354-1356)105, encore perçue comme une menace par Florence après la paix de Sarzana (1353), malgré des épisodes d’entente cordiale (par exemple, en 1359)106.

  • 107 ASFi, Signori, Missive, 11, fol. 135rv ; Caturegli 1921, n. 1 p. 23 et n. 2 p. 63.
  • 108 Caturegli 1921, p. 22.
  • 109 ASFi, Provvisioni registri, 48, fol. 56v, 21 octobre 1360 ; Caturegli 1921, n. 2 p. 26.

46Ensuite, Florence soutient Giovanni dell’Agnello dans ses attaques contre les points stratégiques du contado pisan (début 1355)107. Dans les années 1350 en effet, une grande partie des tensions entre Florence et Pise porte sur le contrôle de la zone intermédiaire entre les deux villes, sur laquelle les deux communes n’exercent qu’une souveraineté indirecte. Les axes d’expansion de Florence et de Pise s’entrechoquent dans le Valdarno inférieur, que les deux communes cherchent à contrôler (in)directement, s’accusant mutuellement de conquêtes agressives en prétendant protéger les communes proches. Un conflit entre les distrettuali du Valdinievole, zone-tampon entre les sphères d’influence de Pise et de Florence débute en 1355. La cause de cette hostilité tient à l’enchevêtrement des territoires et des propriétés qui oblige les paysans pisans à traverser des territoires florentins, où on leur demande de payer des taxes alors qu’ils cherchent simplement à rejoindre leur cité ou leur domicile, et non pas à faire transiter des marchandises pour les revendre ailleurs108. Les deux parties finissent par trouver un accord (21 octobre 1360) qui garantit le libre passage des paysans pisans devant se rendre sur leurs terres en traversant le territoire florentin109.

  • 110 Pour l’établissement de cette domination, voir Green 1995 ; Meek 1980 et Leverotti 1992.
  • 111 Blomquist 2004 ; Banti 1995 ; Green 1986 ; Lucarelli 1981 ; Manselli 1984/1985.
  • 112 Caturegli 1921, p. 24.
  • 113 Lors de leur guerre commune, Florence soutient aussi la révolte lucquoise contre Pise d’avril 1364 (...)
  • 114 Pauler 1995, p. 84-85 ; Fabbri 1994, p. 100 ; Fabbri 2011, p. 182-183.
  • 115 Pauler 1995, p. 29.
  • 116 ASFi, Provvisioni registri, 52, fol. 54v, 23 octobre 1364 : Florence verse à Volterra 2 200 florin (...)

47Le conflit porte également sur des villes plus importantes, comme Lucques et Volterra. Florence cherche ainsi à atteindre Pise en affaiblissant la position de cette dernière à Lucques, qu’elle occupe depuis 1342110. L’exercice est toutefois délicat, car Florence cherche à empêcher la coalition des rebelles lucquois autour de Castruccio Castracani111, jugé trop proche des forces milanaises de Bernabò Visconti112. Cela n’empêche pas la « cité du Lys » (Florence) de favoriser et soutenir des révoltes lucquoises contre le pouvoir pisan, comme en mai 1355113. Commune importante à la jonction entre les deux sphères d’influence, Volterra attise également les appétits hégémoniques. Depuis que les Belforti ont fait appel à Pise en mai 1356114, ses dirigeants sont en négociation pour l’achat de Volterra, ce que refusent ses habitants115 avant que Florence ne mette la main sur la ville en 1361 et n’y gagne un soutien durable116.

  • 117 Caturegli 1921, p. 29 : Coreglia, Lignana et Sorana.
  • 118 ASFi, Provvisioni registri, 50, fol. 37rv ; Caturegli 1921, p. 32.
  • 119 Pour une synthèse du traitement qu’en font les chroniques florentines, voir Gros-Collomp 2008.

48La prise de Volterra renforce considérablement les velléités guerrières et les tensions menacent de dégénérer en conflit direct à tout moment. En avril 1361, Florence accuse Pise d’avoir rogné son territoire en occupant plusieurs localités à la périphérie des territoires de Lucques et de Pistoia117. Dans cette perspective, la prise de Pietrabuona par Florence à la fin 1361 n’est qu’une réponse tactique pour monnayer la restitution de ces territoires118. Sa reprise par les Pisans en janvier 1362 est pourtant le déclencheur de la guerre directe119, car elle permet de contrôler le Valdinievole.

1.4.2. La guerre entre Pise et Florence et ses conséquences politiques (1362-1364)

  • 120 Benvenuti 2003, p. 214.
  • 121 Caturegli 1921, n. 2 p. 30. Dès 1360, il est également stipendié par Florence le 25 octobre 1362 a (...)
  • 122 Caturegli 1921, n. 1 p. 88 et n. 3 p. 30. Il est naturalisé pour avoir entretenu près de 500 arbal (...)
  • 123 Avec l’aide des soldats du comte de Collegali et les habitants de Vicchio : ASFi, Provvisioni regi (...)
  • 124 ASFi, Provvisioni registri, 50, fol. 8, 26 août 1362 ; ASFi, Provvisioni registri, 50, fol. 29, 15 (...)
  • 125 Fucecchio, mais aussi Ghizzano, Cascina et Riglione : ASFi, Provvisioni registri, 50, fol. 17r, 12 (...)
  • 126 ASFi, Provvisioni registri, 50, fol. 58v, 1er décembre 1362 : plusieurs citoyens florentins sont r (...)
  • 127 Peccioli est prise par les Florentins : ASFi, Provvisioni registri, 53, fol. 88r, 11 décembre 1365 (...)
  • 128 Montecchio, Laiatico et Loiano sont conquises, et il faut approvisionner Peccioli et d’autres loca (...)

49La guerre est officiellement déclarée en mai 1362120. Les Florentins, qui n’hésitent pas durant la guerre à stipendier des chefs militaires pisans appartenant à la faction rebelle des Bergolini (Pietro Gambacorta dès 1360121, Gualterotto Lanfranchi en 1362-1363122), commencent par envahir le territoire pisan123 et menacent les murailles de l’ennemi124. Ils ciblent particulièrement le Valdinievole et y prennent possession de plusieurs localités125. Les Pisans répliquent par des attaques dans le contado de Volterra, disputé de longue date126. Porto Pisano fait aussi l’objet d’attaques, afin de priver Pise de ressources pour payer ses mercenaires et l’empêcher de recevoir des renforts de l’extérieur. Début 1363, les Florentins réussissent à mettre la main sur plusieurs localités au prix de dépenses importantes pour le salaire des soldats127 et l’approvisionnement des zones conquises128.

  • 129 Nuccino Sornacchi est présenté dans les actes des conseils florentins comme le principal acteur : (...)

50Après avoir subi une épidémie de peste, renforcé ses fortifications et bénéficié du départ du condottiere embauché par les Florentins, Pise reprend l’initiative et obtient plusieurs victoires. En avril 1363, Florence réplique en tentant de soulever Lucques, mais les conjurés sont arrêtés, mis à mort ou exilés129.

  • 130 Benvenuti 2003, p. 215-216.

51En mai 1363, Florence réussit à faire prisonnier le chef militaire pisan, mais le sien meurt le mois suivant. La réaction pisane est alors des plus énergiques : la commune recrute les mercenaires anglais de la Compagnie Blanche à l’été 1363. L’armée pisane, forte de plusieurs dizaines de milliers d’hommes, est alors capable d’assiéger les portes de Florence et de dévaster son contado durant trois vagues successives : en juillet-août, à la fin août, puis début septembre 1363. Les Florentins tentent une contre-offensive, mais la Compagnie Blanche à la solde des Pisans réussit à détruire leur camp retranché dans la forteresse d’Incisa (octobre 1363). Pise ne peut néanmoins pas prendre Florence et le pape Urbain V tente vainement une médiation de paix entre les deux villes130.

  • 131 Ils dévastent notamment Vinci – certainement l’objet d’une tentative de soulèvement contre le pouv (...)
  • 132 Benvenuti 2003, p. 353-354.

52Les Pisans reprennent l’offensive en février 1364 et sont renforcés le mois suivant par la compagnie d’Hanneken von Baumgarten. Le célèbre John Hawkwood (Giovanni Acuto dans les documents italiens) dirige les forces pisanes – près de 9 000 hommes – à travers le Valdinievole131. En avril 1364, les forces pisanes sont capables de menacer une nouvelle fois les murailles de Florence, qui se tire de ce mauvais pas grâce à sa puissance financière lui permettant d’acheter les mercenaires à la solde de Pise et de les inciter à déserter132.

  • 133 ASFi, Provvisioni registri, 51, fol. 23v, 9 octobre 1363.
  • 134 Caturegli 1921, p. 33 ; Benvenuti 2003, p. 353-354.
  • 135 ASFi, Provvisioni registri, 52, fol. 12r, 23 août 1364 ; fol. 17r, 6 septembre 1364 ; fol. 80v, 21 (...)

53Les Florentins, appuyés par les fuorusciti pisans133, peuvent alors envahir le territoire pisan dès le mois de mai 1364. Porto Pisano et Livourne sont saccagés et incendiés, avant que les Florentins ne retournent dans le Valdera. La commune de Pise force John Hackwood à l’attaquer, mais la bataille de Cascina (28 juillet 1364) est un désastre pour la cité portuaire134. Pour cela, les conseils florentins décident de distribuer une prime de 20 000 florins aux soldats ayant participé à la victoire, soit le double de ce qui avait été convenu, en plus de leur condotta135. À l’issue de cette victoire, les Florentins se retirent sans occuper ni Lucques ni Pise, mais en position de force pour imposer leurs conditions de paix.

  • 136 Caturegli 1921, p. 60.

54Ce désastre militaire provoque aussi un électrochoc dans la vie politique pisane : le 12 août 1364, Giovanni dell’Agnello, qui a été de 1355 à 1364 l’ambassadeur privilégié pour négocier les tensions avec Florence136, prend le pouvoir après avoir été un des chefs du parti raspante et anti-florentin.

  • 137 Caturegli 1921, p. 99 ; publication du traité dans Catellacci 1888, dont les négociations sont évo (...)
  • 138 ASFi, Provvisioni registri, 52, fol. 53r, 23 octobre 1364. Dans les années 1350, Florence avait dé (...)
  • 139 ASFi, Provvisioni registri, 53, fol. 139r, 11 avril 1366.

55Dans sa politique extérieure, Giovanni dell’Agnello souhaitait au départ mener une opposition frontale avec les Florentins, mais ses relations furent en réalité cordiales au début de son règne. Après de longs palabres, il signe la paix avec Florence le 30 août 1364137. Le but de cette paix est de revenir à la situation d’avant-guerre, en obligeant à libérer les prisonniers et les forteresses. Mais elle doit aussi punir les Pisans, puisque les Florentins ne prévoient pas de revenir à Porto Pisano et que les Pisans doivent verser 100 000 florins d’or de tribut sur dix ans. Ce tribut est toutefois prioritairement affecté au remboursement des créanciers pisans138 et au paiement de celui que Florence doit au seigneur de Padoue (en avril 1366)139.

  • 140 C’est le cas pour Spinelloccio di messer Jacopo Tolomei da Siena, mercenaire de Florence détenu du (...)
  • 141 ASFi, Provvisioni registri, 52, fol. 55r, 23 octobre 1364.
  • 142 ASFi, Provvisioni registri, 52, fol. 30v, 4 octobre 1364 : il s’agit de Gualteroctus domini Andree (...)
  • 143 Caturegli 1921, n. 2 p. 97.

56Les Provvisioni comportent aussi des cas d’indemnisations de prisonniers florentins après leur détention140, donnant ainsi l’impression que la commune cherche à effacer le préjudice moral. Inversement, Pise doit payer près de 3 000 florins pour la libération de ses prisonniers141 listés dans une délibération du 4 octobre 1364142. Face ce traité humiliant pour Pise, Florence est quant à elle assez prudente pour féliciter Giovanni dell’Agnello d’avoir déjoué une conjuration en décembre 1364143.

1.4.3. La « guerre de San Miniato » précipite la chute de Giovanni dell’Agnello (1364-1369)

  • 144 Caturegli 1921, p. 108-114 ; Salvestrini 2008 ; Mazzoni 2017.
  • 145 Zorzi – Connell 2002, p. 12 ; De Angelis 2010, p. 70.
  • 146 Caturegli 1921, p. 109-111 : en janvier 1366, septembre 1366 et septembre 1367.
  • 147 Caturegli 1921, p. 112-114.
  • 148 Caturegli 1921, n. 3 p. 203 et p. 204.
  • 149 ASFi, Provvisioni registri, 57, fol. 124v, 24 novembre 1369 ; 58, fol. 155r, 23 décembre 1370. Flo (...)

57Une fois la paix signée, les tensions entre Florence et Pise sur les territoires disputés dans le Valdarno inférieur reprennent. Dès 1366, les deux villes s’affrontent à nouveau pour contrôler San Miniato al Tedesco144, ancien siège du vicariat impérial de Toscane situé à équidistance de Florence et de Pise. Depuis la première descente de l’empereur Charles IV (décembre 1354-juin 1355), le problème est de savoir si San Miniato va rester proche des gibelins toscans guidés par Pise ou des populaires guelfes dirigés par Florence. Elle n’est pas directement contrôlée par Florence, qui espère la voir rester guelfe145. Inversement pour Giovanni dell’Agnello, l’attaquer revient à attaquer les intérêts florentins en Toscane sans s’y opposer directement146. La commune de San Miniato se tourne alors vers Florence pour signer un accord garantissant sa liberté (octobre 1367), ce à quoi les Pisans répliquent par des incursions militaires. Au printemps 1369, la médiation du pape permet de faire accepter à Florence que la commune reste autonome entre les deux puissances147. Florence réussit à mettre définitivement la main sur la ville en janvier 1370, après une campagne militaire148 qualifiée dans certaines Provvisioni florentines de « guerre contre San Miniato149 ».

58Par ailleurs, dans la seconde moitié du XIVe siècle, les compagnies de mercenaires sont fréquemment utilisées par les communes et les principautés, qui n’utilisent plus le mécanisme de la conscription citoyenne à une époque de perfectionnement des métiers de la guerre. Les entreprises de concentration territoriale et d’expansionnisme des communes et des seigneuries dominantes imposent le recours à ces compagnies facilement mobilisables pour parvenir à ses fins ou pour résister, dans le cadre de ligues intercommunales, à l’expansionnisme de ses voisins. Un deuxième mécanisme explique la formation de ces ligues dans la seconde moitié du XIVe siècle : les sociétés ou compagnies de mercenaires se regroupent pour mettre en coupe réglée un territoire, en lui laissant le « choix » entre payer ou se faire vandaliser. Afin de leur résister, les petites et moyennes puissances territoriales sont alors obligées de se regrouper dans une ligue dirigée par une grande cité (ici Florence ou Milan).

  • 150 Caturegli 1921, p. 104 : en avril 1365.
  • 151 Caturegli 1921, p. 106. La ligue est signée entre Pise, Lucques, le pape, la reine Jeanne de Naple (...)
  • 152 Caturegli 1921, p. 107.

59Ainsi, en 1365, le pape et l’empereur s’accordent pour unir leurs efforts afin de détourner les compagnies de mercenaires de l’Italie en les envoyant en croisade contre les Turcs150. Florence est toutefois dans une position particulière, car elle ne possède pas d’armée propre : elle a donc besoin du soutien des compagnies et ne peut s’opposer frontalement aux compagnies milanaises qui la menacent au nord et à l’ouest. La ville soutient donc mollement l’initiative de ligue anti-mercenaires, qui se cantonne à limiter leur extension (19 septembre 1366)151. Cette ligue permet toutefois au cardinal Albornoz de continuer à unifier les possessions pontificales, mais, à l’occasion de l’escale du pape à Porto Pisano (28 mai 1367), l’espoir d’une légitimation du pouvoir de Giovanni dell’Agnello est annihilé par le refus du pape d’être reçu à Pise152.

  • 153 Brucker 1962, p. 221-222.
  • 154 Brucker 1962, p. 228-229.

60Pour autant, dès 1367, Florence affronte une série de graves crises diplomatiques : la réinstallation de la papauté à Rome, le seconde descente en Italie de l’empereur, la révolte de San Miniato et la guerre contre Bernabò Visconti, alors même que la politique extérieure de la commune devient de plus en plus un ferment de débat et de division entre les factions153. Florence se rapproche d’ailleurs progressivement du pape, considéré comme un puissant seigneur dont le pouvoir temporel pourra compenser les volontés expansionnistes de Bernarbò Visconti en Toscane. Dans cette perspective, les Florentins surveillent de très près la ville de Pise de peur que, par désespoir, son ennemi séculaire ne s’en remette totalement aux forces milanaises : ils pensent que Milan a aidé Pise durant la guerre de 1362-1364 et continue de le faire ensuite154.

  • 155 Brucker 1962, p. 236-238.
  • 156 Benvenuti 2003, p. 219-220.
  • 157 Benvenuti 2003, p. 221.
  • 158 Ciccaglioni 2010.

61Lors de sa seconde descente en Italie (printemps 1368), l’empereur Charles IV signe une trêve avec les Visconti et se rend en Toscane à l’invitation des exilés lucquois, provoquant l’irritation des Florentins qui réussissent néanmoins à traiter plus facilement qu’en 1355 l’obstacle impérial155. Si l’empereur commence par reconnaître la seigneurie du doge Giovanni dell’Agnello sur Pise et Lucques en le nommant vicaire impérial (25 août 1368), ce dernier est finalement déposé156. L’empereur négocie ensuite le retour de la faction des Bergolini sans leur chef Pietro Gambacorta, qui parvient toutefois à revenir à Pise (24 février) et achète aussitôt le pardon de l’empereur en lui versant 12 000 florins (4 mars 1369)157. L’effort impérial de pacification se poursuit avec la formation de la compagnie San Michele, composée de 4 000 hommes neutres qui doivent arbitrer les différends entre Raspante et Bergolini (mars-avril 1369)158.

  • 159 Benvenuti 2003, p. 222-223 ; Silva 1908, p. 627-634 et p. 651-667, retranscription du texte p. 668 (...)
  • 160 ASFi, Provvisioni registri, 57, fol. 39r, 18 juillet 1369.

62Lucques redevenue indépendante sur décision impériale en mars, les Gambacorta prennent le pouvoir à Pise dans la nuit du 3 au 4 avril 1369 et dispersent la compagnie San Michele. Après des épisodes d’opposition armée, un accord est trouvé pour verser 50 000 florins d’or à l’empereur afin qu’il quitte la ville. Florence, consciente de ses intérêts et confiante dans l’inclination favorable de Pietro Gambacorta à son égard, prête cette somme en échange d’un traité commercial très avantageux (18 juin 1369)159. L’empereur se rend ensuite à Florence (juillet 1369)160 et finit par accorder le renouvellement de ses privilèges à cette dernière.

1.5. Les relations Florence-Pise sous Pietro Gambacorta (1370-1392)

1.5.1. La nouvelle politique extérieure pisane (1369-1375)

  • 161 Silva 1912, p. 75-106.
  • 162 Silva 1912, p. 168-169.
  • 163 ASFi, Provvisioni registri, 58, fol. 2v, 7 juin 1370.
  • 164 ASFi, Provvisioni registri, 58, fol. 140v, 6 décembre 1370 : requête de Pietro Gambacorta pour le (...)

63Pietro Gambacorta est investi du titre de Capitano delle Masnade e Difensore del popolo (23 septembre) et établit un régime seigneurial qui maintient les apparences républicaines161. Sous son règne, Pise stoppe son expansionnisme dans le Valdarno inférieur et cherche la paix avec Florence en harmonie avec les autres communes. On a qualifié cette attitude de politique « florentinisante » ou pro-florentine des Gambacorta, qui cherchent à éviter tout conflit direct avec les Florentins ou, du moins, à rester neutre162. Florence maintient en juin 1370 des troupes de mercenaires allemands à Pise pour appuyer Gambacorta163 et probablement le forcer à rembourser le prêt accordé, dont il cherche à étaler les échéances164.

  • 165 Caturegli 1921, p. 203 ; ASFi, Provvisioni registri, 57, fol. 165r, 15 février 1370 et 58, fol. 15 (...)
  • 166 Benvenuti 2003, p. 224-225.

64L’habitude de la diplomatie toscane de former des ligues autour du pape, de Florence ou des Visconti pour empêcher ou favoriser l’expansionnisme d’un acteur se poursuit. En effet, une ligue sous l’égide du pape Urbain V dirigée contre Bernabò Visconti est formée en octobre 1369, avant que Florence et Pise ne rejoignent le camp papal (3 avril 1370)165. En guise de représailles, une armée milanaise commandée par Giovanni dell’Agnello – le chef de la faction des Raspante – dévaste le contado pisan (13 mai) avant d’être secourue par la ligue papale (juin)166.

  • 167 Silva 1912, p. 169-170. Copie dans ASLu, Capitoli, 31. Ratifiée aussitôt à Florence le 27 octobre  (...)
  • 168 Silva 1912, p. 171-172.

65En 1371, lors de la guerre entre les Visconti et les Este, une ligue contre les compagnies mercenaires est signée le 24 octobre 1371 pour quatre ans entre le pape, Florence, Pise, Sienne, Lucques et Arezzo167. Dirigée contre Bernarbò Visconti, ce dernier envoie une compagnie à Fucecchio dans l’espoir de déclencher une guerre avec Pise (novembre), qui doit appeler à l’aide ses alliés168.

  • 169 Silva 1912, p. 174.
  • 170 Silva 1912, p. 176 ; Benvenuti 2003, p. 226-227 ; Balestracci 2009, p. 124-126.
  • 171 Comme c’était déjà le cas auparavant, voir Tangheroni 1978a.

66La pression militaire sur le territoire pisan s’atténue jusqu’en 1375169. Mais après la signature de la paix entre Milan et la Papauté, John Hawkwood menace de dévaster la Toscane. Pise cherche à se désengager, mais cela n’empêche pas le condottiere de prendre Calci et Montemagno (28 juin-3 juillet 1375), obligeant la ville à lui offrir 25 000 florins pour qu’il cesse ses exactions170. Pise connaît ensuite une décennie de paix relative, au prix du maintien d’une neutralité bienveillante envers Florence171.

1.5.2. La difficile neutralité pisane durant la guerre des Huit Saints (1375-1378)

  • 172 Brucker 1962, p. 279-281.
  • 173 Brucker 1962, p. 293-294.
  • 174 Silva 1912, p. 179-183.
  • 175 Silva 1912, p. 182-183 : « Per Pisa poi aveva gran peso una speciale circostanza : la tendenza sch (...)
  • 176 Silva 1912, p. 183-185.

67Florence change alors d’alliance et s’engage dans une ligue intercitadine englobant Bernabò et Galeazzo Visconti (24 juillet 1375), traduisant ainsi son hostilité grandissante envers la papauté, qu’elle accuse de vouloir renverser les régimes communaux, de menacer son hégémonie, voire de vouloir étendre son domaine temporel en Toscane depuis sa réinstallation à Rome172. Elle pousse les cités toscanes à la suivre : dans le cas Pisan, Florence adresse une lettre à Pietro Gambacorta le 22 juillet 1375 pour l’informer que des agents du pape cherchent à le renverser173. Pise préfère adopter une position neutre, contrairement à Arezzo et Sienne174. Selon P. Silva, le refus pisan se justifie par la menace que font peser les Visconti sur la Toscane et par la volonté de ne pas s’opposer au pape. Inversement, adhérer à cette ligue aurait permis de ne pas mécontenter Florence, menace plus immédiate qu’un pape romain, d’autant que la famille Gambacorta et la faction des Bergolini ont, selon lui, de grands intérêts économiques à Florence175. En 1376, elle propose la paix entre Florence et la Papauté puis cherche à négocier une adhésion réduite à la ligue176.

  • 177 Silva 1912, p. 188-189.
  • 178 Silva 1912, p. 193-194.
  • 179 Brogi 1994-95, p. 158-162.
  • 180 Gherardi 1867 et 1868, p. 97 et doc. 286.
  • 181 Gherardi 1867 et 1868, p. 97 et Cronica di Pisa… 1729, col. 1070.

68Mais la position pisane est rendue encore plus difficile par l’interdit papal jeté sur les Florentins et tous ceux qui les aident. Prise dans un étau entre Florence et les mercenaires papaux prêts à envahir la Toscane, Pise est contrainte de jouer un véritable exercice d’équilibriste. D’une part, elle refuse d’envoyer des renforts à Florence, se contente d’évacuer son contado pour subir moins de dommages177 et accueille même fastueusement le pape de passage à Livourne (novembre 1376)178. Mais, d’autre part, Pietro Gambacorta refuse d’expulser les Florentins de Pise179, alors que les Lucquois180, les Romains et les Napolitains181 le font, ce qui montre toute l’importance que revêt la présence florentine, sanctuarisée par le traité bilatéral de 1369.

  • 182 Silva 1912, p. 192.
  • 183 Il se rend personnellement à Florence le 4 avril 1377 : Silva 1912, p. 196 ; Brucker 1962, p. 324.
  • 184 Silva 1912, p. 193-195.
  • 185 Silva 1912, p. 197.

69Au lieu de rompre avec la Papauté182, Pise reste sur le fil et lance des tentatives de médiation entre Florence et le pape. La famille du seigneur elle-même – Andrea puis son père Pietro Gambacorta183 – est envoyée en ambassade dans les deux camps à l’automne et l’hiver 1376. Pise s’efforce d’user de toutes les possibilités d’un règlement diplomatique, même lorsque le pape exige l’expulsion des Florentins de Gênes dans les quarante jours après avoir excommunié la ville184. La position de Pise est donc de jouer un rôle de médiateur pour offrir un règlement du conflit par la voie diplomatique et, uniquement en dernier recours, de prendre le parti de Florence, puissance menaçante la plus proche où le régime possède de nombreux intérêts. La paix n’est toutefois signée qu’en juillet 1378, après la mort du pape Grégoire XI (28 mars) et peu de temps avant que Galeazzo Visconti ne le suive dans la tombe (août)185.

1.5.3. Sous la pression des mercenaires, la population partagée entre Milan et Florence (1380-1392)

  • 186 Brucker 1981, p. 142-143.

70Sur fond d’opposition entre partisans du pape et de l’antipape lors du Grand Schisme (après 1378), les préparatifs de l’expédition de Charles de Durazzo pour conquérir le royaume de Naples (automne 1381) et sa contestation par Louis Ier d’Anjou (été 1382), font craindre que la Toscane ne soit dévastée par les mercenaires faisant route vers le sud. Durant les années 1380, Florence cherche à imposer son hégémonie en Toscane et sur toute une partie des possessions pontificales d’Italie centrale, puisque son aire d’influence, sa volonté de contrôler les axes de transports et les ressources, mais aussi son désir d’imposer la paix et la sécurité à ses conditions s’étendent jusqu’aux environ de Rome, de Gubbio, d’Urbino, de la Spezia et de Bologne186. Dans ce cadre, Pise, avec qui les relations sont excellentes, occupe très peu la diplomatie florentine dans les années 1380.

  • 187 Silva 1912, p. 205-209 ; ASFi, Provvisioni registri, 69, fol. 84r, 18 juillet 1380.
  • 188 Silva 1912, p. 210-212.
  • 189 Silva 1912, p. 214-215.
  • 190 Silva 1912, p. 217-218. Florence négocie durant tout l’été : ASFi, Provvisioni registri, 73, fol.  (...)

71Lors des négociations pour former des ligues anti-mercenaires sous la direction de Florence, Pise maintient sa neutralité en étirant les négociations pour éviter d’y adhérer ou ne le faire qu’en dernier recours. Cette situation survient à plusieurs reprises. Au printemps 1380, Pise accepte de verser un tribut de 10 000 florins pour éviter d’être mise à sac, puis d’entrer dans la ligue toscane (12 juillet)187, ce qui n’empêche pas son territoire d’être ravagé à l’automne188. En 1381, une nouvelle ligue générale de défense est constituée (mai, puis octobre), mais Pise n’y adhère pas. En 1382, Pise verse de nouveau 10 500 florins à la compagnie San Giorgio pour éviter d’être attaquée189. Par la suite, elle négocie le passage des compagnies de mercenaires allant combattre dans le royaume de Naples et retarde son adhésion à une ligue générale contre les mercenaires, qui entre en vigueur le 21 octobre 1384190.

  • 191 Brucker 1977, p. 104-105.
  • 192 Silva 1912, p. 221-225 ; ASFi, Provvisioni registri, 74, fol. 192v, 30 octobre 1385.
  • 193 ASFi, Provvisioni registri, 75, fol. 1r, 3 avril 1386.

72À la suite de l’achat d’Arezzo (novembre 1384), la politique extérieure florentine passe d’une volonté de survie à une revendication affirmée de sa puissance et à une volonté d’expansionnisme en direction du sud et de l’est191. En mai 1385, Gian Galeazzo Visconti est devenu maître de la Lombardie et reprend sa politique expansionniste en direction du Piémont, de la Ligurie, des principautés des Da Carrara (centrée sur Padoue) et des Scaliger (centrée sur Vérone), de Bologne et de la Toscane. Craignant pour leur autonomie, les communes toscanes signent alors une ligue contre les compagnies d’aventures (9 septembre), avant d’entamer les négociations pour constituer une ligue secrète contre les Visconti192, finalement signée le 3 avril 1386193. Quant à Milan, elle cherche toujours à obtenir plus de faveurs des Pisans, en s’appuyant sur la faction minoritaire des Raspante, dont le chef Jacopo d’Appiano a été chancelier des Anziani de Pise avant d’entrer brièvement au service des Visconti.

  • 194 Brucker 1977, p. 118-119.
  • 195 Brucker 1981, p. 145-146.
  • 196 Silva 1912, p. 225-229 ; Benvenuti 2003, p. 229.
  • 197 Silva 1912, p. 229-230 ; Banti 1971, p. 10-17.
  • 198 Collino 1907a, p. 271 ; Silva 1912, annexe doc. 15 p. 320-321, lettre du 1er janvier 1387 (st. f.) (...)
  • 199 Cronica volgare di anonimo Fiorentino… 1915, col. 143.
  • 200 ASFi, Signori, Carteggio – Missive, 20, fol. 218, 2 décembre 1387 ; ASFi, Signori, Carteggio – Mis (...)
  • 201 Andronico et Marcovaldo della Rocca : Silva 1912, p. 233.
  • 202 Banti 1971, p. 56 ; Collino 1907a, p. 217 n. 1 ; sur Vanni d’Appiano, voir Collino 1907a, n. 2 p.  (...)

73En 1386, l’installation en Toscane du pape Urbain VI signe la fin de l’épisode d’hégémonie diplomatique de Florence en Italie centrale et réveille les oppositions contre elle194. De plus, sans qu’on sache si les deux événements sont liés à l’activisme des Raspante, une révolte conteste la seigneurie des Gambacorta sur Pise en même temps que les armées des Visconti n’avancent en Toscane (1387). Leur expansionnisme menace de plus en plus Florence alors que leurs rapports étaient cordiaux depuis 1370. En octobre 1387, Gian Galeazzo Visconti annexe ainsi la seigneurie des Scaliger (Vérone et Vicence) et menace d’encercler Florence, privée d’alliés en raison de sa politique agressive durant la période précédente195. L’entrée dans le territoire pisan et florentin des mercenaires de Bernardo de la Salle à la solde des Visconti provoque de nombreuses attaques contre les Florentins196. À Pise, un tumulte a notamment lieu vers le 20 décembre 1387197. Les ambassadeurs florentins présents à Pise sont malmenés et insultés par une partie de la population198. Pietro Gambacorta doit même conseiller aux Florentins résidant à Pise de ne pas sortir de chez eux199. Lors de cette révolte, la faction des Raspante soutenue par une partie des artisans – les Sette arti, ceux qui seraient en concurrence avec Florence, dans le schéma obsolète de G. Volpe – et par les Visconti vise donc à la fois Gambacorta et les Florentins qui, pour leur part, restent solidaires du seigneur en envoyant des milices pour le soutenir200. De plus, certains chefs exilés des Raspante sont expulsés de Florence en février 1388201. Pietro Gambacorta dépolitise l’incident en attribuant l’événement à des groupes de jeunes turbulents, mais Florence réplique connaître parfaitement leur chef : Vanni d’Appiano, fils du chef de la faction anti-florentine, celle des Raspante202.

  • 203 Brucker 1981, p. 145-146.
  • 204 Silva 1912, p. 235-236.
  • 205 Brucker 1977, n. 96 p. 120.
  • 206 Silva 1912, p. 43 et p. 325 ; Silva 1912, p. 235-236 ; Quertier 2013.
  • 207 Comprenant Florence, Bologne, Ravenne, Imola, Faenza.
  • 208 Silva 1912, p. 240 ; texte reproduit dans Collino 1907a, p. 350 sqq.

74Pise tente toujours de rester neutre, mais la propagande des Visconti et de leurs affidés, Vanni et Jacopo d’Appiano, fait son effet, d’autant que l’affrontement direct entre Florence et Gian Galeazzo Visconti en Toscane et en Italie centrale se manifeste de nouveau en 1388. En effet, la guerre du Conte di Virtù contre les seigneurs de Padoue et Vérone, ainsi que les projets d’alliance avec Sienne font craindre à Florence que ces territoires auparavant considérés comme des puissances stabilisantes du nord de l’Italie, ne deviennent des menaces mortelles203. Les Raspante répandent des rumeurs insidieuses dans une période de tensions croissantes : Florence enverrait des mercenaires dans le contado pisan pour déstabiliser la ville, et s’accorderait avec Pietro Gambacorta au détriment de la population. D’ailleurs, en mai 1388, l’incursion des milices de John of Beltoft dans le contado pisan semble leur donner raison204 malgré les dénégations florentines (juin 1388)205, qui ne peuvent empêcher plusieurs répliques de tumultes visant indifféremment les Gambacorta et les Florentins (août et octobre 1388)206. En septembre, Florence cherche vainement à obtenir l’adhésion de Pise à sa ligue anti-mercenaires207 et demande à ses ambassadeurs d’accroître la pression en ce sens après la chute de Trévise et de Padoue208 tandis que, de son côté, le chef des rebelles pisans – Jacopo d’Appiano – se rend à la cour des Visconti.

  • 209 Brucker 1981, p. 152-153.
  • 210 Silva 1912, p. 241-243.
  • 211 Pour l’ambassade de novembre 1388, voir Collino 1907a, p. 350, et Roncioni 1844-1845, p. 948 ; pou (...)

75Pise conserve donc une position d’équilibriste entre Milan et Florence : avec constance, Pietro Gambacorta propose ses bons offices – par exemple, en faisant de Pise un lieu de négociation entre les deux villes209 – pour éviter le conflit direct, mais le courant anti-florentin l’empêche d’impliquer la ville dans la ligue dirigée par la Cité du Lys210. Cette opposition prend de l’ampleur comme en témoignent les ambassades florentines espionnant les fuorusciti pisans emmenés par Jacopo d’Appiano à la cour de Pavie211.

  • 212 ASFi, Provvisioni registri, 78, fol. 120r, 29 juillet 1389.
  • 213 Silva 1912, p. 243-249.
  • 214 Gian Galeazzo Visconti signe une ligue avec Sienne contre Florence et ses alliés (le 20 septembre  (...)
  • 215 Silva 1912, p. 263 ; Frati 1889.
  • 216 Silva 1912, p. 264-265 ; ASFi, Provvisioni registri, 78, fol. 381r, 11 février 1390.
  • 217 Brucker 1981, p. 154.

76Parallèlement, Gian Galeazzo Visconti louvoie et tente de se rapprocher de Pietro Gambacorta en l’invitant à venir à la cour de Pavie (mars 1389). Malgré les inquiétudes de Florence, toujours menacée par les mercenaires de Bernardo de la Salle, le seigneur de Pise entreprend ce voyage (mai 1389), en laissant son fils Benedetto gouverner une ville agitée. À son retour à la mi-juin, il rend compte de sa mission de bon samaritain aux Florentins212. Elle permet d’ouvrir une négociation directe entre les deux « crypto-belligérants » dès le mois suivant213. Les positions évoluent très vite et peuvent apparaître contradictoires214, mais cette séquence confirme la position arbitrale de Pietro Gambacorta, qui n’hésite pas à payer de sa personne pour arracher un accord entre les ennemis mortels. Toutefois, l’hostilité devient de plus en plus explicite après l’expulsion des Florentins – dont les ambassadeurs sont arrêtés – et des Bolonais des terres lombardes215. Le début de l’année 1390 (janvier-mars) est marqué par la poursuite des négociations, même si Pietro Gambacorta refuse de quitter Pise dont il craint le soulèvement216, à cause de l’influence croissante des Raspante alliés aux Visconti217.

  • 218 Lazzarini 2010, p. 69 et 77.
  • 219 Silva 1912, p. 267 ; Brucker 1981, p. 153 sqq.
  • 220 Brucker 1981, p. 157.
  • 221 Silva 1912, p. 269-271.

77À cette époque, la hantise obsidionale de l’élite florentine dominée par les Albizzi est très nette : si la Dominante était défiée depuis les années 1340 par les seigneuries du nord des Apennins, par le renforcement de l’État pontifical suite à l’action du cardinal Albornoz, cette peur de l’encerclement atteint son acmé entre 1390 et 1402, lorsque l’action de Gian Galeazzo Visconti se conjugue à celles du roi de Naples, Ladislas d’Anjou Durazzo (1386-1414), du pape, et de Gênes sous domination française218. Dans ce contexte, Florence et Bologne s’allient et déclenchent une guerre directe contre les territoires dominés par Gian Galeazzo Visconti en Romagne et en Toscane (d’avril 1390 à janvier 1392)219. La Toscane est d’abord épargnée par les combats, ce qui n’empêche pas les exilés florentins à Pise d’ourdir un complot pour renverser le régime (automne 1390)220. Bien que Pise ne soit pas belligérante ni membre de la ligue des Visconti et du roi de France contre Florence (février-mai 1391), son territoire subit de graves dommages221, tandis que les incidents entre marchands florentins et pisans se multiplient, mais ne décident pas Pietro Gambacorta à cesser de soutenir Florence.

  • 222 Les ambassadeurs florentins messer Giovanni di Ruggieri de’ Ricci et messer Tainaldi de’ Gianfigli (...)
  • 223 Brucker 1981, p. 158.
  • 224 Silva 1912, p. 273 ; ASFi, Signori, Carteggio – Missive, 22, fol. 158-159, deux lettres du 12 sept (...)
  • 225 Banti 1971, p. 59.
  • 226 Silva 1912, p. 273-274.
  • 227 Silva 1912, p. 277-284 ; ASFi, Provvisioni registri, 81, fol. 143v, 8 juillet 1392.

78En septembre 1391, le théâtre d’opérations principal se déplace en Toscane. Jacopo D’Appiano s’affirme véritablement comme chef de la faction adverse, les Raspante, et rassemble les exilés pisans à Pavie. Il semble avoir joué un grand rôle en juillet 1391 dans la capture et la détention des ambassadeurs florentins Giovanni di Ruggieri de’ Ricci et Tainaldi de’ Gianfigliazzi222, alors que fuorusciti florentins membres de la faction rebelle et exilée à Pise complotent au même moment pour aider les Visconti dans leur invasion de la Toscane223. Il rejoint l’armée milanaise et attaque les Florentins de Pise, ce qui décide Florence à combattre sur le territoire pisan224. Pietro Gambacorta, bien que menacé par une conjuration en décembre225, ne se rallie pas aux Visconti (octobre-novembre 1391)226. Parallèlement à ces escarmouches du printemps et de l’été 1391, des négociations ont lieu jusqu’en septembre pour faire entrer Pise dans une ligue sous hégémonie florentine hostile à Gian Galeazzo Visconti, toujours selon le même schéma227.

  • 228 Silva 1912, p. 285 ; Cronica volgare di anonimo Fiorentino… 1915, p. 160.
  • 229 Banti 1971, p. 60.
  • 230 Silva 1912, p. 286.
  • 231 ASFi, Provvisioni registri, 82, fol. 226v, 28 août 1393 ; Banti 1971, p. 112-113. Lotto Gambacorta (...)

79La maladie de Pietro Gambacorta, l’efficacité croissante de la propagande des Raspante identifiant la seigneurie pisane aux Florentins, passés en quelques années du statut de concurrents à celui d’ennemis, créent les conditions d’un soulèvement populaire. En outre, Jacopo d’Appiano a rassemblé les opposants autour de lui et la libération de son fils Vanni, que Florence détenait, lui rend sa pleine liberté d’action228. Une première conjuration est déjouée en juin 1392229, sans que l’implication directe des Milanais puisse être prouvée230. Le second essai fut le bon : le coup d’État du 21 octobre précipite la chute de Pietro Gambacorta, tué avec son fils Benedetto, tandis que ses biens sont saisis et que l’archevêque, Lotto Gambacorta, doit décamper sans pouvoir mettre la main sur les propriétés familiales231.

  • 232 Lazzarini 2010, p. 72.

80Ainsi, alors que Pise est capable de s’opposer et de menacer frontalement Florence dans les années 1330 et 1340, notamment au moment de la prise de contrôle de Lucques, la victoire florentine à Cascina en 1364 et la paix signée en 1378 à la suite de la guerre des Huit Saints contre les territoires sous domination du pape, qui contrôlent Bologne, Pérouse et la Romagne, contribuent à changer le rapport de force et à miner les possibilités d’autonomie pisane. Dans les années 1390, les mouvements de Gian Galeazzo Visconti en direction de la Toscane accroissent le danger pour Florence232. En 1392, Pise bascule du côté milanais avec l’arrivée au pouvoir de Jacopo.

1.6. Le résistible basculement de Pise dans le camp des Visconti (1392-1399)

  • 233 Banti 1971, p. 315-316.
  • 234 Brucker 1981, p. 165-166.

81Ayant conquis le pouvoir avec l’appui des forces anti-florentines, Jacopo d’Appiano est toutefois contraint d’adopter une position ambiguë au début de son règne. En effet, Florence, visiblement inquiète et interprétant la chute de Gambacorta comme l’œuvre de Gian Galeazzo Visconti – ce que récuse O. Banti233 – exhorte Pise à conserver sa liberté (23 octobre). Le nouveau seigneur reprend à son compte les prérogatives de Difensore del popolo e capitano delle masnade (25 octobre) et se veut rassurant devant les ambassadeurs florentins (30 octobre), ce qui ne suffit pas à les apaiser. Or, après la signature du traité de Bologne (avril 1392) entre les ennemis de Gian Galeazzo Visconti en Lombardie (Florence, Bologne, Padoue, Mantoue, Ferrare, et indirectement Venise), le rapprochement de Pise avec Milan menace la position florentine en Toscane, puisque Sienne et Pérouse lui sont aussi hostiles. Pourtant, les relations entre Pise et Florence sont relativement calmes jusqu’en 1395, car les dirigeants florentins doivent régler les problèmes fiscaux et politiques soulevés par la guerre, avant d’opter pour une politique extérieure moins agressive, signe de temporisation dans le conflit avec Milan234.

1.6.1. Le problème des fuorusciti et du contrôle du contado pisan

  • 235 Comme De Angelis 2010 le met en évidence pour la période de conquête de Pise.

82Les fuorusciti, membres de la faction des Bergolini soutenus par Florence, sont un des premiers problèmes à régler pour le nouveau seigneur. En effet, parallèlement à la diplomatie officielle qui affiche sa bonne volonté, la diplomatie secrète de Florence se méfie de Jacopo d’Appiano. Les délibérations des Dieci di Balià prouvent la pluralité des tactiques testées en même temps et la concurrence entre plusieurs camps à Florence235.

  • 236 Banti 1971, p. 148-150.
  • 237 Banti 1971, p. 155-157.

83Ainsi, des Florentins pénètrent dans le territoire pisan juste après le changement de seigneur et leur commune livre des canons aux fuorusciti Bergolini présents à Legoli (novembre 1392)236. Le cœur de la résistance se situe dans les possessions rurales des Gambacorta, qui servent logiquement de base de repli : Francesco Gambacorta se retranche à Buriano et Priamo Gambacorta à Pietracassa. Jacopo d’Appiano doit donc mener plusieurs expéditions pour soumettre tout le territoire : les forteresses orientales sont renforcées en 1393 et Pietracassa est reprise (8 mai 1393)237.

  • 238 Banti 1971, p. 152.

84Jacopo d’Appiano est donc lui aussi contraint de mener une politique d’équilibriste entre Florence et Gian Galeazzo Visconti jusqu’en décembre 1392. Mais l’effort militaire contre les fuorusciti et l’hostilité latente de Florence affaiblit les maigres forces pisanes, ce qui le rapproche insensiblement de Milan. Quant au gouvernement florentin, il laisse libre ses citoyens de s’opposer à Jacopo d’Appiano. Ensuite, à mesure que s’éloigne la crainte d’une guerre immédiate, le cercle dirigeant florentin s’oriente vers une politique ambiguë du seigneur de Pise, afin de ne pas lui permettre de renforcer son pouvoir. Les deux puissances mènent donc une guerre froide tout en ayant en apparence des rapports diplomatiques cordiaux238.

1.6.2. Le problème des mercenaires et leurs incursions en territoire pisan

  • 239 Banti 1963, p. 245-247 et p. 248-250.
  • 240 ASFi, Provvisioni registri, 82, fol. 86v, 13 juin 1393.
  • 241 Banti 1971, p. 150.
  • 242 Banti 1971, p. 159-160.

85Si Jacopo d’Appiano réussit finalement à extirper la menace des fuorusciti du contado, les compagnies de mercenaires239, officiellement sans solde, mais discrètement financées par Florence240, continuent d’affaiblir l’économie pisane. C’est pourquoi Florence continue de demander à Pise d’adhérer aux ligues contre les mercenaires, afin qu’elle rejoigne indirectement son camp. Elle demande à Jacopo d’Appiano de confirmer la ligue signée par son prédécesseur en 1389 (12 novembre 1392)241 et lui propose d’entrer dans une nouvelle ligue à l’automne 1393, mais les négociations traînent pour ne pas s’opposer frontalement à Milan. Florence réussit donc à s’imposer comme État-guide de la Toscane en demandant aux communes moins puissantes d’adhérer à ses ligues intercommunales. Ces dernières sont par ailleurs un des rares moyens pour les petites communes comme Pise de résister aux pressions extérieures et de conserver leur autonomie plus que leur indépendance, ou leur « liberté » dans le langage florentin242.

  • 243 Benvenuti 2003, p. 232.
  • 244 Banti 1971, n. 47 p. 166.
  • 245 Banti 1971, p. 153-154.

86Les relations de Pise avec Gian Galeazzo Visconti sont tout aussi ambiguës. Jacopo d’Appiano refuse de lui laisser le contrôle des forteresses, même en échange d’une aide militaire243. L’entente avec le duc milanais n’est en fait qu’une alliance défensive visant à contrebalancer l’influence insidieuse de Florence, l’ennemi héréditaire, en tâchant de préserver la souveraineté pisane. Il ne s’agit pas de prolégomènes d’une vente de la ville à Gian Galeazzo Visconti244, malgré les craintes florentines face aux mouvements des troupes milanaises sur le territoire pisan (décembre 1392)245. Quant à Gian Galeazzo Visconti, il maintient une relation déséquilibrée et instrumentale : autant il se prétend l’ami et le protecteur du régime de Jacopo d’Appiano qui a ses entrées depuis longtemps à la cour milanaise, autant il l’intimide en le mettant en concurrence avec d’autres chefs fuorusciti de sa faction.

  • 246 Banti 1971, p. 166-170.
  • 247 Banti 1971, p. 172 et n. 59 p. 173.

87Le printemps et l’été 1393 sont consacrés aux discussions avec Florence qui ne renonce pas, en apparence, à faire entrer Pise dans sa ligue anti-mercenaires. Mais, dans le même temps, elle cherche à affaiblir sa voisine en aidant secrètement les fuorusciti regroupés autour de Priamo Gambacorta quand le contado pisan est menacé par les compagnies financées par Gian Galeazzo Visconti (juin)246. Florence profite du moment pour demander avec insistance le remboursement de ses marchands attaqués en octobre 1392. L’attitude florentine est donc faussement cordiale, se réservant toujours la possibilité de faire pression sur Pise. Cette dernière ne s’en laisse pas conter et menace de rejoindre le camp des Visconti247.

  • 248 Banti 1971, n. 69 p. 177 et n. 72 p. 179.
  • 249 Banti 1971, p. 180.
  • 250 Banti 1971, p. 184-185.

88Mais, début 1394 l’entente entre le duc d’Orléans et Gian Galeazzo Visconti menace de créer un déséquilibre trop fort et pousse Florence à éviter de rompre avec Pise. En réalité, deux lignes de conduite s’affrontent dans les conseils florentins : ceux qui, comme Giovanni de’ Ricci, souhaitent continuer à traiter de manière ambiguë Pise jusqu’à ce que la situation ne tourne en faveur de Florence, et ceux qui, comme Maso Albizzi et Pazzino Strozzi, sont partisans d’une entente cordiale. De fait, au printemps 1394, Florence adopte simultanément deux lignes de conduite : elle s’efforce, d’une part, de ne pas détériorer ses relations avec Pise et cherche, d’autre part, à la convaincre de signer un accord avec plusieurs compagnies de mercenaires. La Cité du Lys et Gian Galeazzo Visconti rivalisent également pour soutenir des groupes de fuorusciti concurrents248. En mai 1394, Pise réagit en demandant à Florence d’intervenir contre les compagnies d’aventures. Jacopo d’Appiano se tourne davantage vers Gian Galeazzo Visconti249. Même s’il licencie les troupes de Visconti une fois la pression retombée, il riposte en octobre 1394 en envoyant des compagnies attaquer le sud du contado florentin. Les combats entre Pise et Florence par compagnies de mercenaires interposées sont donc plus fréquents250.

  • 251 Banti 1971, p. 188 ; Brucker 1981, p. 171.
  • 252 Banti 1971, p. 193.
  • 253 Banti 1971, p. 195.
  • 254 Banti 1971, p. 199.
  • 255 Banti 1971, p. 197-198 et n. 81 p. 184.

89Ainsi, Florence et Milan se rapprochent insidieusement d’un affrontement direct, compliqué par l’implication du roi de France dans le jeu italien251. Le premier accroc a lieu fin mai 1395 quand les compagnies attaquent Lucques, qui demande l’aide de Florence252. Lucques adhère à la ligue (19 juillet)253, ce qui permet à Florence de se ménager un débouché maritime (Motrone) et de pouvoir interrompre les communications entre les territoires sous tutelle milanaise : Sarzana, Pise et Sienne254. Dans le même temps, les assauts de Pise contre Volterra continuent, tandis que des Florentins financent une compagnie pour provoquer la chute de Jacopo d’Appiano255.

  • 256 Banti 1971, p. 200.
  • 257 ASFi, Provvisioni registri, 84, fol. 293, 26 février 1396 ; 85, fol. 347r, 26 février 1397 ; 86, f (...)

90Les causes de tensions militaires sont donc nombreuses, mais les grandes manœuvres diplomatiques continuent. En effet, après le succès florentin que représente l’entrée de Lucques dans sa ligue, l’échec de l’alliance de Visconti avec le roi de France (janvier 1396) et de sa prise de contrôle de Gênes (mars 1396) soulage Florence256. Gian Galeazzo Visconti temporise en ouvrant des négociations pour une paix générale avec Florence (mars-mai 1396). Mais cette dernière en profite pour renforcer ses fortifications, dans les environs de San Miniato257. Elle cherche aussi à rallier Sienne en proposant de transférer ses marchands à Talamone.

  • 258 Brucker 1981, p. 173.
  • 259 Brucker 1981, p. 172.

91Après cette pause, la guerre des compagnies au service des deux communes reprend. Durant l’été 1396, Pise est attaquée au nord par Lucques, au sud par le comte de Montescudaio, à l’est indirectement par les Florentins. Florence cherche en effet à ne pas attaquer frontalement Pise et le ton des délibérations des conseils s’avère conciliant (même si elle fournit des troupes à Lucques)258 afin de ménager les biens de ses marchands sur place. Toutefois, comme Pise est devenue depuis 1394 la base de départ des mercenaires à la solde de Visconti, Florence cherche à la maintenir sous pression en soutenant la rébellion de son nouvel allié, le comte de Montescudaio. Elle lance enfin une compagnie de mercenaires attaquer le territoire pisan fin juin 1396, ce qui constitue l’un des premiers affrontements directs entre les armées milanaises et florentines. Par ailleurs, en août 1396 a lieu le procès contre Ardingo di Ugucciozzo de’ Ricci, éminent marchand florentin dont la famille a été marginalisée depuis peu à Florence, coupable d’avoir fourni des informations sur les mouvements de troupes et l’activité diplomatique de la cité du Lys à son associé pisan, Giovanni Grassolini. Or ce dernier est le consul des Florentins à Pise qu’a imposé Jacopo d’Appiano lors du changement de régime259 : on reproche à Ardingo Ricci d’avoir fait passer au consul des Florentins le message selon lequel un grand nombre de Florentins étaient hostiles à la guerre dont ils ne supportaient plus le coût et d’inciter les Pisans à la résistance dans l’espoir de provoquer une révolution à Florence, autrement dit, on l’accuse de comploter directement avec le seigneur de Pise.

  • 260 Banti 1971, p. 204-207.
  • 261 Banti 1971, p. 216.

92Les Florentins temporisent, en raison des dégâts occasionnés par la guerre contre Lucques et de la menace de faillites collectives que fait peser l’arrivée à Porto Pisano d’un navire florentin transportant une valeur mirobolante d’épices, ce qui pousse les protagonistes à accepter une trêve de dix mois (novembre 1396)260. Mais les concentrations de troupes renforcent le scénario d’un affrontement direct. Visconti envoie des troupes à Pise (décembre 1396), ce qui permet de contrer l’alliance de revers entre Florence et le royaume de France (septembre 1396). Le basculement du royaume de France du camp milanais dans le camp florentin oblige Gian Galeazzo Visconti à relâcher la pression sur la Toscane, puisqu’il ne peut se permettre de combattre sur trois fronts à la fois (Piémont, Mantoue et Toscane)261.

1.6.3. La guerre directe entre Florence et Pise, un élément des guerres viscontéennes (1397-1398)

  • 262 Banti 1971, p. 221-223.
  • 263 Banti 1971, p. 225.
  • 264 ASFi, Provvisioni registri, 86, fol. 93v, 26 juin 1397.
  • 265 Banti 1971, p. 230-231.
  • 266 Banti 1971, n. 25 p. 231 et n. 28 p. 232.

93Au total, l’armée des Visconti compte environ de 10 000 à 12 000 hommes, ce qui oblige Florence à concentrer ses forces sur les points stratégiques. Mais ayant appris que Visconti cherchait à la conquérir, elle cherche à compenser en dépêchant ses ambassadeurs à Pise pour régler les tensions entre Pise, Lucques et le comte de Montescudaio (février 1397)262. Elle déclare la guerre à Gian Galeazzo Visconti le 18 mars 1397263. L’armée viscontéenne ravage le contado florentin et tente momentanément de prendre appui sur le port fluvial de Signa (mars 1397). La menace est cependant contenue, puisque Florence réussit à débaucher certains chefs militaires et lance des pourparlers avec les Milanais, les Pisans et les Siennois (juin 1397)264. Les discussions se poursuivent à l’automne (octobre-décembre 1397)265, mais les deux parties ne sont pas prêtes à signer la paix : Pise exige le rétablissement de son hégémonie sur tout le littoral tyrrhénien, alors que l’armée florentine poursuit ses incursions contre les installations portuaires pisanes266.

  • 267 Banti 1971, p. 233-236
  • 268 Banti 1971, p. 237-241.
  • 269 Brucker 1981, p. 178.
  • 270 Banti 1971, p. 240-241.
  • 271 Brucker 1981, p. 178.

94La mort de l’héritier putatif, Vanni d’Appiano (6 août 1397), bouleverse les plans du seigneur pisan, qui réclame à Milan une nouvelle aide militaire. L’incertitude domine alors : Lucques et Pise tentent de signer une trêve séparée, pour autant, des discussions visant à céder Pise au Visconti ont aussi lieu au tournant 1397-1398267, tandis que certaines troupes pisanes attaquent les mercenaires viscontéens (4 janvier 1398)268 après les avoir chassés de la ville269. Mais les pourparlers débutés le 23 janvier 1398270 portent aussi sur la révision du traité de 1369, jugé trop favorable aux Florentins : les deux parties laissent filer une occasion de pacifier leurs relations271. Les ambassadeurs sont finalement renvoyés le 14 février 1398.

  • 272 Banti 1971, p. 249-252.
  • 273 Banti 1971, p. 253 et p. 256.
  • 274 Banti 1971, p. 257.
  • 275 Banti 1971, p. 261-263.

95En outre, la situation militaire générale se durcit quand les Vénitiens rejoignent la ligue anti-Visconti (février 1398). Quant à Jacopo d’Appiano, il signe finalement à Pavie un accord avec Gian Galeazzo Visconti (24 mai 1398), qui le dépossède de ses prérogatives seigneuriales, puisqu’il ne peut plus décider de la paix ou de la guerre sans le consentement du duc de Milan, en échange d’une protection militaire et diplomatique durant dix ans272. Les hostilités reprennent afin d’arriver en position de force lors de futures négociations (mars 1398)273. Mais le rapport de force est favorable à Florence, qui signe une nouvelle trêve avec Pise (mai 1398)274. Cela ne change rien aux intentions des Florentins, qui menacent à nouveau de transférer leurs marchands à Talamone (juin 1398). À la mort de Jacopo d’Appiano (1er septembre 1398), son héritier Gherardo demande aussitôt des renforts militaires au duc de Milan275.

1.6.4. La politique extérieure pisane s’infléchit sous Gherardo d’Appiano (1398-1399)

  • 276 Banti 1971, n. 19 p. 267 ; ASFi, Signori, Legazioni e commissarie, Istruzioni e lettere, 1, fol. 1 (...)
  • 277 Banti 1971, p. 274, n. 35 ; ASFi, Dieci di balìa, Deliberazioni e condotte, 7, fol. 236 : Giovanni (...)
  • 278 Banti 1971, n. 35 p. 274.
  • 279 Banti 1971, n. 36 p. 274-275 ; Leonardo Bruni Aretini 1914-1926, p. 275 .
  • 280 Banti 1971, n. 37 p. 275.
  • 281 Banti 1971, p. 276.
  • 282 ASFi, Provvisioni registri, 87, fol. 374r, 29 janvier 1399.

96Gherardo d’Appiano relance les négociations sur la révision du traité de 1369 avec les Florentins, qui échouent (septembre-octobre 1398)276 en raison de l’incapacité florentine à faire des concessions sur les droits de douane payés à Pise et à inclure le problème pisan dans les enjeux globaux de la guerre avec Visconti. Pise poursuit ses tentatives d’accord : elle envoie secrètement Giovanni Grassolini, consul des marchands florentins et riche marchand disposant d’appuis277 à Florence (voir ci-dessus), négocier de nouveaux rapports d’amitiés et réclamer une aide financière contre les ennemis extérieurs (décembre 1398)278. Ces dernières initiatives montrent le timide rapprochement de Gherardo d’Appiano avec les Florentins279. En guise de refus, ces derniers proposent une alliance qui exclurait Visconti280, ce qui entraîne la suspension des discussions (20 décembre 1398)281. Les Florentins continuent parallèlement de recourir à tous les moyens pour contrôler les places-fortes du contado pisan282.

  • 283 Banti 1971, p. 276.
  • 284 Banti 1971, p. 281-284.
  • 285 Meli – Tognetti 2006.

97Les discussions pour la cession de Pise à Gian Galeazzo Visconti commencent aussitôt (janvier 1399)283. Visconti achète la ville pour 200 000 florins et entend installer Gherardo d’Appiano dans une seigneurie toscane en échange d’une aide militaire. Il dépossède alors les Anziani de leurs derniers pouvoirs (21 janvier) et prend formellement le titre de seigneur de Pise, renforcé symboliquement par le titre de comte que lui a décerné l’empereur Venceslas (1378-1400)284. Antonio Porro, l’émissaire milanais, prend officiellement possession de Pise (19 février) tandis que Gherardo d’Appiano rejoint sa nouvelle seigneurie, centrée sur Piombino (26 février)285.

  • 286 Source : Due 1994, table 16.

Carte 4 – Les territoires dominés par Gian Galeazzo Visconti en 1402286

Carte 4 – Les territoires dominés par Gian Galeazzo Visconti en 1402286

1.7. Pise sous domination étrangère (1399-1406)

1.7.1. Le passage sous le contrôle des Visconti et la menace florentine (1399-1405)

  • 287 Brucker 1981, p. 187.

98Après avoir mis la main sur Pise, Milan étend sa domination sur Sienne (4 août 1399), Pérouse (18 janvier 1400), auxquels s’ajoutent ensuite Assise, Spolète, Nocera et Bologne (juin 1402), tandis que Paolo Guinigi, seigneur de Lucques depuis octobre 1400, soutient Milan. Les pires craintes d’encerclement de l’élite florentine dominée par les Albizzi – qui s’allie avec Robert de Bavière (1401) après l’avoir fait avec Charles VI de France (1396) – sont alors en passe de se réaliser, d’autant que Florence doit aussi gérer les résistances, dissensions et velléités de rébellion sur son territoire, ce qui l’empêche de s’opposer efficacement aux Visconti et donne l’image d’un régime vulnérable287.

  • 288 Scaramella 1894, p. 442 ; Scaramella 1914 ; Masetti-Bencini 1896 ; Silva 1913 ; Landogna 1929. Apr (...)
  • 289 Scaramella 1894, p. 443-444.
  • 290 De Angelis 2010, p. 54.
  • 291 Brucker 1981, p. 223, en février 1403.
  • 292 De Angelis 2010, p. 52-53 : les Da Carrara, les Rossi de Parme, les Cavalcabò de Crémone et Carlo (...)

99Mais la mort de Gian Galeazzo Visconti le 3 septembre 1402 redistribue les cartes288. Selon les volontés du défunt, Pise est attribuée à Gabriele Maria, son jeune bâtard (17 ans), assisté par la veuve régente, Caterina Visconti, qui ne sont cependant reconnus seigneurs de Pise que le 10 août 1403289. Florence profite de l’inexpérience de Gabriele Maria, de la dispersion des possessions des Visconti et de l’hostilité de la population pisane, épuisée par tant d’années de guerre, pour temporiser290, malgré la persistance des attaques sur les confins pisans291. Le cercle dirigeant florentin se divise néanmoins sur l’attitude à adopter, tout en poursuivant les négociations (décembre 1402-janvier 1403) et en recherchant de nouveaux alliés parmi les seigneurs menacés par les Visconti292.

  • 293 Scaramella 1894, p. 445.
  • 294 Brucker 1981, p. 226.
  • 295 Scaramella 1894, p. 446.
  • 296 Benvenuti 2003, p. 232 ; Scaramella 1894, p. 447. Francesco Alliata, Gherardo Bonconti – dont plus (...)
  • 297 Scaramella 1894, p. 444-445 ; De Angelis 2010, p. 53.
  • 298 De Angelis 2010, p. 55 ; Brucker 1981, p. 229.
  • 299 Brucker 1981, p. 228.

100Gabriele Maria et sa mère « naturelle », Agnese Mantegazza, prennent possession de Pise en novembre 1403, de crainte de voir la ville leur échapper293 à la suite des négociations secrètes de Florence pour acquérir la ville au printemps 1403294. Gabriele Maria se réserve les principales affaires régaliennes et laisse le reste aux Anziani (20 décembre 1403)295, mais doit déjouer une conjuration des soutiens des Gambacorta (en janvier 1404)296. Quant aux Florentins, après avoir tenté d’obtenir la ville par négociation297, ils essayent vainement de la prendre par la ruse (janvier 1404)298, puis cherchent à nouveau à négocier un accès au port avec les mêmes privilèges qu’en 1369, si d’aventure la cité restait sous domination milanaise (février 1404)299.

  • 300 Lalande 1988, p. 99-140 ; Di Fabio 2003.
  • 301 Lazzarini 2010, p. 72 ; Lalande 1988, p. 128.

101Cette dernière entreprise révèle la faiblesse du nouveau maître de Pise, qui se résout à complexifier le jeu diplomatique en s’alliant avec Gênes. Or, cette dernière a été achetée par le roi de France, Charles VI (1395), représenté depuis 1401 par le maréchal Jean Lemeingre, dit Boucicaut300. Au lieu de s’opposer à un Visconti, les Florentins doivent aller se plaindre au roi de France, alors que les Lucquois, soutenus par le roi de Naples, Ladislas d’Anjou Durazzo et le pape Boniface IX (1389-1404), manœuvrent contre les Florentins à la cour de France (mai 1404). En somme, la question pisane, de Toscane peut potentiellement devenir une affaire péninsulaire voire européenne301.

  • 302 Scaramella 1894, p. 448 ; texte du traité édité dans Leibnitz 1693, doc. 108, p. 277.
  • 303 Piattoli 1930b, p. 181.
  • 304 De Angelis 2010, p. 56 ; Morelli 1985, p. 275 ; Cronica volgare di anonimo Fiorentino… 1915, p. 30 (...)
  • 305 Brucker 1981, p. 235.
  • 306 Scaramella 1894, p. 449.

102Pour sceller l’alliance, Gabriele Maria accepte d’être le vassal du roi de France et remet Livourne à Boucicaut en signe de bonne foi (15 avril 1404)302. Ce dernier reste en place après que le roi de France a cédé ses droits sur Pise à son frère Louis Ier, duc d’Orléans (mai 1404), et ordonne à Florence de ne pas réitérer ses agressions contre Pise. La Seigneurie rétorque poursuivre une guerre jamais achevée par un traité de paix303. En guise de réponse, Boucicaut fait capturer des marchands florentins et plus de 100 000 florins de marchandises présents à Gênes304 (200 000 florins selon Brucker305) : Florence a le choix entre les perdre définitivement ou signer une trêve de quatre ans avec Gabriele Maria306.

  • 307 Scaramella 1894, p. 449 ; Scipione Ammirato 1847, p. 17, 908 ; les raisons de cette action génoise (...)
  • 308 Scaramella 1894, p. 449-451 ; ASFi, Dieci di balìa, Istruzioni e Commissarie, Lettere missive, 2 ( (...)
  • 309 De Angelis 2010, p. 57.
  • 310 Scaramella 1894, p. 452 ; ASFi, Capitoli, Regesti, fol. 248v-250, 25 juillet 1404, paragraphes 2 e (...)
  • 311 De Angelis 2010, p. 57-58.

103Les Florentins envisagent plusieurs solutions de repli307. Ils cherchent d’abord vainement à pousser le lieutenant milanais, Giovanni Colonna, à renverser Gabriele Maria Visconti308. Ils essayent aussi de persuader Agnese Mantegazza de leur laisser la ville, mais après la perte des soutiens milanais de Gabriele Maria Visconti et la sortie de Sienne du giron milanais, Florence signe une paix séparée avec cette dernière (avril 1404)309, ainsi qu’une trêve avec Pise (25 juillet 1404, approuvée par Pise le 30 septembre), qu’elle songe aussitôt à briser310. L’ambassade florentine auprès du roi de France réclame en effet que ce dernier renonce à protéger Gabriele Maria et les Pisans, que les Florentins puissent rompre la trêve avec les Visconti et qu’ils puissent ainsi accéder librement à Talamone, bloquée par les forces génoises. Le roi accepte, mais subordonne la rupture de la trêve à l’envoi d’une ambassade française à Gênes (décembre 1405-février 1405). Florence peut alors agir plus librement contre les Visconti311.

  • 312 Scaramella 1894, p. 455.

104Une fois signée la trêve avec les Florentins, les rapports restent relativement cordiaux avec Pise en 1404-1405 : dans sa correspondance, Florence assure ne pas être à l’origine des mouvements militaires contre Pise, même si elle fut vraisemblablement associée à la tentative de prise de la ville par Andrea Gambacorta (1405)312.

1.7.2. Pise dominée par Gênes : la lutte finale avec Florence (1405-1406)

  • 313 Lalande 1988 p. 128.
  • 314 Scaramella 1894, p. 456 ; Lalande 1988, p. 128-131.

105Après la restitution d’obédience le 25 mai 1403313, le nouvel antipape d’Avignon, Benoît XIII (1394-1423), décide de se transférer en Italie pour s’opposer à celui de Rome, Innocent VII. Le roi de France envisage alors vainement de faire de Pise une ville de résidence papale et demande à Gabriele Maria de changer d’obédience314.

  • 315 Lalande 1988, p. 132.
  • 316 De Angelis 2010, p. 58.
  • 317 Scaramella 1894, p. 457 ; Brucker 1981, p. 235.

106Mais Boucicaut transmet la proposition de céder Pise à Florence, afin de permettre à Benoit XIII de rallier les Florentins à l’obédience avignonnaise315. Durant les négociations, les Génois réclament 400 000 florins pour la cession de la ville316, avant que Gabriele Maria ne propose une alliance entre les deux cités (17 juillet 1405). Mais le secret est éventé et déclenche un soulèvement populaire le 27 juillet 1405, obligeant les Visconti à se réfugier à Sarzana317. Cette résistance acharnée achève de convaincre Boucicaut, qui reçoit la pleine souveraineté sur Pise durant l’été, de la nécessité de vendre Pise aux Florentins.

  • 318 De Angelis 2010, p. 58-59.
  • 319 La version pisane du texte : ASPi, Comune A, Protocolli in fogli volanti e quaderni, 29, cahier 18 (...)
  • 320 De Angelis 2010, n. 45 p. 60.
  • 321 De Angelis 2010, n. 55 p. 61 ; Brucker 1981, p. 237.

107Les délégations génoises et florentines négocient alors la cession de la ville, de son contado – à l’exception de Livourne qui reste génoise jusqu’en 1421 – et de la forteresse de Ripafratta pour 206 000 florins, ainsi qu’un engagement à rester neutre dans le schisme papal318, ce qui est acté à la fin août 1405319. La Seigneurie florentine adopta ensuite une ligne de conduite prudente, en justifiant cette acquisition par la dangerosité de voir Pise la gibeline conserver son indépendance320. Provoquée par cette occupation, la population pisane se soulève, début véritable de la guerre directe pour bien des chroniqueurs florentins (6 septembre)321.

  • 322 Benvenuti 2003, p. 235 ; De Angelis 2010, n. 57 p. 61 ; Brucker 1981, p. 237.
  • 323 De Angelis 2010, p. 62.

108Florence intervient militairement (octobre)322 : le siège dure plusieurs mois, et Pise, encerclée et attaquée de toutes parts par les Florentins, les Milanais, les Français et les Génois, qui se disputent la dépouille stratégique du corps malade de la Toscane, doit également affronter les dissensions internes : Giovanni Gambacorta se fait nommer Capitano et defensore del Popolo, mais l’ancienne amitié de sa famille avec Florence ne suffit pas à ramener la paix. Afin d’empêcher le saccage de la ville et dans l’espoir de rallier une partie de la population, Florence réussit à le convaincre d’ouvrir les portes323.

  • 324 Brucker 1981, p. 237.
  • 325 De Angelis 2010, p. 49-51 et 63-64.
  • 326 De Angelis 2010, p. 50-51.
  • 327 De Angelis 2010, p. 63-64.

109Finalement, dans la nuit du 6 octobre 1406, l’acte de vente de la ville (pour seulement 50 000 florins d’or) est rédigé. Les troupes florentines en prennent possession le 9 octobre, cause de grande joie et de fêtes spontanées au sein de la population florentine, avant que la commune – qui, cette fois-ci, a bénéficié d’une conjoncture exceptionnellement favorable pour réaliser son projet324 – n’organise des festivités religieuses et des cérémonies civiques325. Les Pisans qui ont favorisé l’entrée des Florentins sont récompensés : Giovanni Gambacorta reçoit la citoyenneté florentine en complément de la somme et de la seigneurie promises326. Florence tente d’apaiser les tensions en faisant revenir les partisans des factions pisanes dans la ville, mais retient en otage leurs chefs. Cette prudence de la Seigneurie n’empêche pas le profond sentiment d’humiliation ressenti par les Pisans327.

Notes

1 Chittolini 2005 ; Chittolini 2003 ; Chittolini 1979.

2 Gamberini – Lazzarini 2012 ; Zorzi 2011 ; Zorzi 2008 ; Boutier – Landi – Rouchon 2004 ; Zorzi – Connell 2002 ; Zorzi – Connell 2000 ; Blockmans – Genet 1995-2000 ; Chittolini – Molho – Schiera 1994.

3 Tangheroni 2003.

4 Tangheroni 2002.

5 Zorzi 2013.

6 Lenzi 2001 ; Tangheroni 1995 ; Vigo 1879.

7 Ciccaglioni 2007 ; Ciccaglioni 2006 ; Ceccarelli Lemut 2005 ; Ceccarelli Lemut 1999 ; Cristiani 1962 ; Rossi Sabatini 1938 ; Toscanelli 1937 ; Ardito 1920.

8 Poloni 2004b ; Poloni 2004a ; Tangheroni 1978b.

9 Pauler 1995.

10 Caturegli 1921.

11 Silva 1912.

12 Banti 1971.

13 Scaramella 1894 ; Scaramella 1914.

14 Tognetti 2010a ; Silva 1909.

15 Source : Due 1994, table 16.

16 Outre Pise, seules Arezzo, Cortona, Montalcino et Corneto soutiennent officiellement Henri VII en Toscane.

17 Poloni 2016, p. 123-124.

18 Figliuolo – Giuliani 2020, p. 18-20.

19 Tangheroni 1995, p. 34.

20 Tangheroni 1995, p. 36.

21 Cristiani 1997, édition du traité p. 363-366 ; original : ASFi, Quaderni pergamenacei del Diplomatico, Arch. Generale, 27 février 1313 (style florentin ; 1 314 st. c.) ; ratification du traité à Florence : ASFi, Provvisioni registri, 14, fol. 138, 26 mars 1314 (approbation fol. 140r, 27 mars 1314) ; envoi à Pise de Duccio di Salamone, messager et syndic spécial pour annoncer à Pise la ratification de la paix : ASFi, Provvisioni registri, 14, fol. 140r, 27 mars 1314.

22 Cristiani 1997, p. 356-357.

23 Poloni 2004, p. 235-236 ; Tangheroni 1995, p. 37 ; Cristiani 1962, p. 261-267.

24 Poloni 2004, p. 231 ; Cristiani 1962, p. 299.

25 ASFi, Provvisioni registri, fol. 130, 26 mars 1314 ; approbation fol. 140r, 27 mars 1314 ; Cristiani 1997, p. 360 ; Cristiani 1997, p. 360-361.

26 Tangheroni 1995, p. 39 ; Cristiani 1962, p. 300-301.

27 Ciccaglioni 2013, p. 21-23.

28 Figliuolo – Giuliani 2020, p. 21-23 ; Cristiani 1962, p. 294-303.

29 Tangheroni 1995, p. 40.

30 Pinto 1995, p. 24 ; Tangheroni 1995, p. 40 ; Davidsohn 1956-1968, t. 4, p. 761 sqq.

31 Pinto 1995, p. 23.

32 Ciccaglioni 2013, p. 21-23 ; Poloni 2004, p. 280.

33 Tangheroni 1995, p. 44-45.

34 Ciccaglioni 2013, p. 23-24 et p. 166-180 ; Poloni 2004, p. 281 ; Ronzani 1990 ; Ronzani 1983 ; Rossi Sabatini 1938, p. 98.

35 Dal Borgo, 1765, p. 322-344.

36 ASFi, Provvisioni registri, 15, fol. 91r, 16 septembre 1317 ; approbation fol. 95v, 16 septembre 1317.

37 Rossi Sabatini 1938, p. 83

38 Rossi Sabatini 1938, p. 93-94 ; ASPi, Comune A, 48, fol. 68v et 130v.

39 Ciccaglioni 2013, p. 27-28 ; Rossi Sabatini 1938, p. 113 sqq.

40 Rossi Sabatini 1938, p. 92-93.

41 Ciccaglioni 2013, p. 27-28 ; Rossi Sabatini 1938, p. 114 et p. 144.

42 Rossi Sabatini 1938, p. 113 et p. 119-122 ; Giovanni Villani 1990-1991, t. 2, X, 127, p. 328-330 et t. 2, X, 163, p. 359-360.

43 Rossi Sabatini 1938, p 116 ; Giovanni Villani 1990-1991, t. 2, X, 209, p. 391-392.

44 Rossi Sabatini 1938, p. 124-126 ; originaire de Florence, l’archevêque de Pise réussit à faire pression sur les conseils florentins pour faire canceller la condamnation à l’exil et la restitution des biens de son frère Lapo Saltarelli : ASFi, Provvisioni registri, 23, fol. 30v, 26 novembre 1326 ; approbation fol. 34v, 27 novembre 1326.

45 Rossi Sabatini 1938, p. 147-148. Par exemple, Florence soutient et finance certains opposants pisans comme Giovanna di Gallura (voir Davidsohn 1977-1978, vol. 4, p. 969) ou Simone Visconti di Pisa : ASFi, Provvisioni registri, 21, fol. 43r, 17 septembre 1324 (approbation fol. 48r, 18 septembre 1324) ; 23, fol. 35v, 3 décembre 1326 (approbation fol. 43v, 4 décembre 1326) ; 24, fol. 30v, 11 décembre 1327 (approbation fol. 33v, 12 décembre 1327).

46 Poloni 2006.

47 Rossi Sabatini 1938, p. 157.

48 ASFi, Provvisioni registri, 25, fol. 12v, 26 novembre 1326 ; approbation fol. 34v, 27 novembre 1326.

49 Ciccaglioni 2013, p. 30-31.

50 Rossi Sabatini 1938, p. 161-170

51 Rossi Sabatini 1938, p. 163

52 Rossi Sabatini p. 171, p. 174 et p. 179.

53 Rossi Sabatini, p. 182-184.

54 Ciccaglioni 2013, p. 33 ; Rossi Sabatini 1938, p. 188.

55 Ciccaglioni 2013, p. 157 et p. 91-108.

56 Qui peut ainsi économiser près de 150 000 florins, d’après Giovanni Villani 1990-1991, t. 3, XII, 131, p. 252-256 ; voir Rossi Sabatini 1938, p. 219.

57 Ciccaglioni 2013, p. 210-211.

58 Rossi Sabatini 1938, p. 191-193.

59 Ciccaglioni 2013, p. 218-242.

60 Rossi Sabatini 1938, p. 193-194.

61 Ciccaglioni 2013, p. 242-243.

62 Abelès 2015.

63 Ciccaglioni 2013, p. 212-213.

64 Rossi Sabatini 1938, p. 196.

65 Rossi Sabatini 1938, p. 198.

66 ASFi, Provvisioni registri, 26, fol. 33v, 13 juillet 1333.

67 Rossi Sabatini 1938, p. 201.

68 Rossi Sabatini 1938, p. 214-215.

69 Tangheroni 1978a, p. 213 ; Pinto 1972 ; Rossi Sabatini 1938, p. 219-220.

70 Rossi Sabatini 1938, p. 220-221.

71 Ciccaglioni 2013, p. 216-218 ; d’après la Cronica di Pisa 2005, p. 108-109, les discussions dans les conseils pisans opposent Giovanni Benigni, juge et docteur, qualifié de procurateur et d’avocat des Florentins (payé 500 florins d’or par an pour cela) qui déconseille d’entrer en guerre en raison du déséquilibre des forces –, alors que Gianni Bonconti propose le contraire, en cherchant à l’impliquer l’ensemble de la population.

72 Ciccaglioni 2013, p. 38-39 ; Rossi Sabatini 1938, p. 222-223. Sur cette guerre, voir notamment Green 1995 et Meek 1980.

73 Rossi Sabatini 1938, p. 224

74 Ciccaglioni 2013, p. 134 ; Rossi Sabatini 1938, p. 224-225 ; ASPi, Comune A, 29, fol. 82 ; ASFi, Provvisioni registri, 32, fol. 72r, 13 novembre 1343.

75 ASFi, Provvisioni registri, 32, fol. 106r, 19 janvier 1344 ; approbation fol. 109, 20 janvier 1344.

76 Cracco – Vasina – Luzzati 1987, p. 656.

77 Ciccaglioni 2013, p. 184-185.

78 Ciccaglioni 2013, p. 183-192.

79 Volpe 1911, notamment p. 235.

80 Silva 1912, p. 14-19. Synthèse et reprise des débats dans Ciccaglioni 2013, p. 183-193 : le qualificatif de Bergolini dériverait notamment de Bergo, le pseudonyme secret de Ranieri novello di Donoratico, alors que le terme de Raspante serait un qualificatif péjoratif faisant allusion au vol d’argent et à l’accaparement de biens communaux par leurs adversaires.

81 Tangheroni 1973, p. 137.

82 Melis 1955 ; Melis 1959.

83 Tangheroni 2002, p. 31-49.

84 Tangheroni 2002, p. 51-75.

85 Poloni 2006.

86 Ragone 1999a.

87 Les Lanfranchi, Gaetani, Sismondi, Gualandi et le comte de Montescudaio soutiennent notamment les Bergolini.

88 Ciccaglioni 2013, p. 193-194 et p. 197-198 ; Cristiani 1962.

89 Ciccaglioni 2013, p. 203.

90 Pauler 1995, p. 27-28 ; Benvenuti 2003, p. 209-210.

91 Ragone 1999b.

92 Ciccaglioni 2013, p. 206-207.

93 ASFi, Provvisioni registri, 36, fol. 128, 26 juin 1349.

94 ASFi, Provvisioni registri, 40, fol. 43r, 28 juin 1354.

95 Brucker 1962, p. 163.

96 Les Ricci sont plus ou moins accusés de Gibelinisme, et s’opposent aux Albizzi.

97 Ciccaglioni 2013, p. 131.

98 Pauler 1995, p. 55-76.

99 ASFi, Provvisioni registri, 32, fol. 72r, 13 novembre 1343 ; 32, fol. 106r, 19 janvier 1344 ; 33, fol. 30v, 24 juillet 1344 ; 34, fol. 41r, 21 avril 1346.

100 Ragone 1999b.

101 Benvenuti 2003, p. 211-212.

102 Source : Zorzi – Connell 2002, p. 3.

103 Pauler 1995, p. 80-84 et Caturegli 1921, p. 10-11, 24-28.

104 Brucker 1962, p. 173-175.

105 ASFi, Provvisioni registri, 42, fol. 94r, 30 juillet 1355 ; 43, fol. 11r, 22 janvier 1356 ; 43, fol. 25r, 11 février 1356 ; 43, fol. 26v, 17 février 1356 ; 43, fol. 65v, 19 avril 1356 ; 43, fol. 103r, 21 juin 1356.

106 Brucker 1962, p. 181.

107 ASFi, Signori, Missive, 11, fol. 135rv ; Caturegli 1921, n. 1 p. 23 et n. 2 p. 63.

108 Caturegli 1921, p. 22.

109 ASFi, Provvisioni registri, 48, fol. 56v, 21 octobre 1360 ; Caturegli 1921, n. 2 p. 26.

110 Pour l’établissement de cette domination, voir Green 1995 ; Meek 1980 et Leverotti 1992.

111 Blomquist 2004 ; Banti 1995 ; Green 1986 ; Lucarelli 1981 ; Manselli 1984/1985.

112 Caturegli 1921, p. 24.

113 Lors de leur guerre commune, Florence soutient aussi la révolte lucquoise contre Pise d’avril 1364. Pour les révoltes, voir Caturegli 1921, p. 125 n. 2 et Cronica di Pisa… 1729, col. 1040. Pour les traités entre rebelles lucquois et Florence, voir Memorie e documenti per servire alla storia…1813, I, p. 391.

114 Pauler 1995, p. 84-85 ; Fabbri 1994, p. 100 ; Fabbri 2011, p. 182-183.

115 Pauler 1995, p. 29.

116 ASFi, Provvisioni registri, 52, fol. 54v, 23 octobre 1364 : Florence verse à Volterra 2 200 florins d’or pour l’avoir aidé contre Pise durant la guerre.

117 Caturegli 1921, p. 29 : Coreglia, Lignana et Sorana.

118 ASFi, Provvisioni registri, 50, fol. 37rv ; Caturegli 1921, p. 32.

119 Pour une synthèse du traitement qu’en font les chroniques florentines, voir Gros-Collomp 2008.

120 Benvenuti 2003, p. 214.

121 Caturegli 1921, n. 2 p. 30. Dès 1360, il est également stipendié par Florence le 25 octobre 1362 au début de la guerre contre Pise.

122 Caturegli 1921, n. 1 p. 88 et n. 3 p. 30. Il est naturalisé pour avoir entretenu près de 500 arbalétriers balestieri contre les Raspante pisans : ASFi, Provvisioni registri, 50, fol. 37, 25 octobre 1362 et 51, fol. 23v, 9 octobre 1363 ; ASFi, Provvisioni registri, 50, fol. 37rv ; Caturegli 1921, n. 2 p. 53.

123 Avec l’aide des soldats du comte de Collegali et les habitants de Vicchio : ASFi, Provvisioni registri, 50, fol. 15r, 12 septembre 1362 et fol. 29, 15 octobre 1362.

124 ASFi, Provvisioni registri, 50, fol. 8, 26 août 1362 ; ASFi, Provvisioni registri, 50, fol. 29, 15 octobre 1362.

125 Fucecchio, mais aussi Ghizzano, Cascina et Riglione : ASFi, Provvisioni registri, 50, fol. 17r, 12 septembre 1362 et fol. 92, 18 janvier 1363. Plusieurs paiements d’arbalétriers originaires de San Giovanni in Altura, Carmignano et Poggibonsi ayant combattu dans le Valdera et le Valdinievole sont effectués à cette période : ASFi, Provvisioni registri, 50, fol. 62, 1er décembre 1362 et fol. 102v, 15 février 1363.

126 ASFi, Provvisioni registri, 50, fol. 58v, 1er décembre 1362 : plusieurs citoyens florentins sont remerciés et payés pour leurs actions à Volterra durant la guerre.

127 Peccioli est prise par les Florentins : ASFi, Provvisioni registri, 53, fol. 88r, 11 décembre 1365. Pour le paiement des soldats, voir ASFi, Provvisioni registri, 50, fol. 118v, 7 mars 1363 et fol. 133, 3 avril 1363.

128 Montecchio, Laiatico et Loiano sont conquises, et il faut approvisionner Peccioli et d’autres localités de la Valdera : ASFi, Provvisioni registri, 50, fol. 103, 15 février 1363.

129 Nuccino Sornacchi est présenté dans les actes des conseils florentins comme le principal acteur : ASFi, Provvisioni registri, 53, fol. 30r, 27 août 1365. Sans qu’il soit explicitement mentionné comme acteur lors de la tentative de soulèvement lucquoise, on retrouve également un paiement de 2 000 florins pour Niccolò del fu Giovanni Diversi da Lucca : ASFi, Provvisioni registri, 52, fol. 55r, 23 octobre 1364. Ses cousins Nicoletto et Andrea di Giovanni Diversi sont aussi engagés en condotta par Florence en 1365-1368 : Meek 1991.

130 Benvenuti 2003, p. 215-216.

131 Ils dévastent notamment Vinci – certainement l’objet d’une tentative de soulèvement contre le pouvoir florentin fomentée par les Pisans – et Lamporecchio : ASFi, Provvisioni registri, 56, fol. 110v, 12 décembre 1368.

132 Benvenuti 2003, p. 353-354.

133 ASFi, Provvisioni registri, 51, fol. 23v, 9 octobre 1363.

134 Caturegli 1921, p. 33 ; Benvenuti 2003, p. 353-354.

135 ASFi, Provvisioni registri, 52, fol. 12r, 23 août 1364 ; fol. 17r, 6 septembre 1364 ; fol. 80v, 21 décembre 1364.

136 Caturegli 1921, p. 60.

137 Caturegli 1921, p. 99 ; publication du traité dans Catellacci 1888, dont les négociations sont évoquées dans les actes des conseils : ASFi, Provvisioni registri, 52, fol. 1r, 8 août 1364.

138 ASFi, Provvisioni registri, 52, fol. 53r, 23 octobre 1364. Dans les années 1350, Florence avait déjà recours aux services de Pisans et se retrouvait parfois endettée auprès d’eux, comme par exemple pour Buonaccorso di Bonizzo da Pisa, à qui Florence devait 3 500 florins, finalement remboursés à son frère et héritier universel Benedetto di Bonizzo : ASFi, Provvisioni registri, 39, fol. 188v, 16 août 1352.

139 ASFi, Provvisioni registri, 53, fol. 139r, 11 avril 1366.

140 C’est le cas pour Spinelloccio di messer Jacopo Tolomei da Siena, mercenaire de Florence détenu durant de longues années à Pise (ASFi, Provvisioni registri, 51, fol. 157v, 20 juin 1364) ou encore d’Angelo di Guiduccio, messager de la commune durant la guerre Florence-Pise, qui fut fait prisonnier durant 64 jours dans les environs d’Arezzo et dû subir des violences continuelles et fut blessé par un tonneau durant sa détention, ce qui le laisse handicapé (ASFi, Provvisioni registri, 55, fol. 7v, 14 juin 1367).

141 ASFi, Provvisioni registri, 52, fol. 55r, 23 octobre 1364.

142 ASFi, Provvisioni registri, 52, fol. 30v, 4 octobre 1364 : il s’agit de Gualteroctus domini Andree de Gualfraduccis / dominus Johannes Buçacherini / dominus Pierus della Roccha / Lemmus Ser Jacopi del’Angnello / Cambinus Bucchini de Pisis / Jacopus Francisci de Piombino / Arcolanus Leonis de Pisis / Barçotus Bandini de Pisis / Colinus Cei de Pisis / Johannes Anelli de Pisis / Johanes ser Maççe de Pisis / Lemmus Andree de Pisis / Dinis Tocti de Pisis / Johannes Francisci de Pisis / Johannes Montis de Pisis / Jacopus Johannus de Pisis / probum Puccinum Lupetti de Luccha / Andreas Michelis de Pisis / Petrus Cecchi de Civitate Castelli / Pierus Francisci de Pisis / Paulus Losci de Pisis.

143 Caturegli 1921, n. 2 p. 97.

144 Caturegli 1921, p. 108-114 ; Salvestrini 2008 ; Mazzoni 2017.

145 Zorzi – Connell 2002, p. 12 ; De Angelis 2010, p. 70.

146 Caturegli 1921, p. 109-111 : en janvier 1366, septembre 1366 et septembre 1367.

147 Caturegli 1921, p. 112-114.

148 Caturegli 1921, n. 3 p. 203 et p. 204.

149 ASFi, Provvisioni registri, 57, fol. 124v, 24 novembre 1369 ; 58, fol. 155r, 23 décembre 1370. Florence a aussi dû en 1371 acheter Castelfalfi, au sud de San Miniato, pour qu’elle ne reste pas aux mains de Pise : ASFi, Provvisioni registri, 58, fol. 183v, 17 février 1371.

150 Caturegli 1921, p. 104 : en avril 1365.

151 Caturegli 1921, p. 106. La ligue est signée entre Pise, Lucques, le pape, la reine Jeanne de Naples, Florence, Todi, Pérouse, Arezzo et Cortona.

152 Caturegli 1921, p. 107.

153 Brucker 1962, p. 221-222.

154 Brucker 1962, p. 228-229.

155 Brucker 1962, p. 236-238.

156 Benvenuti 2003, p. 219-220.

157 Benvenuti 2003, p. 221.

158 Ciccaglioni 2010.

159 Benvenuti 2003, p. 222-223 ; Silva 1908, p. 627-634 et p. 651-667, retranscription du texte p. 668-702. Selon Banti 1971, p. 41-42, c’est Jacopo d’Appiano qui est envoyé à Florence pour négocier. Pour les versements des sommes, voir ASFi, Provvisioni registri, 56, fol. 211r, 9 mai 1369 ; 57, fol. 5r, 23 mai 1369 ; 57, fol. 33r, 25 juin 1369.

160 ASFi, Provvisioni registri, 57, fol. 39r, 18 juillet 1369.

161 Silva 1912, p. 75-106.

162 Silva 1912, p. 168-169.

163 ASFi, Provvisioni registri, 58, fol. 2v, 7 juin 1370.

164 ASFi, Provvisioni registri, 58, fol. 140v, 6 décembre 1370 : requête de Pietro Gambacorta pour le prolongement du délai de paiement d’une somme équivalant à 25 000 florins d’or que Pise doit payer à Florence.

165 Caturegli 1921, p. 203 ; ASFi, Provvisioni registri, 57, fol. 165r, 15 février 1370 et 58, fol. 155r, 23 décembre 1370.

166 Benvenuti 2003, p. 224-225.

167 Silva 1912, p. 169-170. Copie dans ASLu, Capitoli, 31. Ratifiée aussitôt à Florence le 27 octobre : ASFi, Provvisioni registri, 59, fol. 153r, 27 octobre 1371.

168 Silva 1912, p. 171-172.

169 Silva 1912, p. 174.

170 Silva 1912, p. 176 ; Benvenuti 2003, p. 226-227 ; Balestracci 2009, p. 124-126.

171 Comme c’était déjà le cas auparavant, voir Tangheroni 1978a.

172 Brucker 1962, p. 279-281.

173 Brucker 1962, p. 293-294.

174 Silva 1912, p. 179-183.

175 Silva 1912, p. 182-183 : « Per Pisa poi aveva gran peso una speciale circostanza : la tendenza schiettamente fiorentinizzante del capo del governo e del partito prevalente legato a Firenze da enormi vincoli d’interessi, e propenso quindi a prendere le parti di quella città, quando la scelta fra essa e il Papa non si fosse più potuta evitare » (nous soulignons).

176 Silva 1912, p. 183-185.

177 Silva 1912, p. 188-189.

178 Silva 1912, p. 193-194.

179 Brogi 1994-95, p. 158-162.

180 Gherardi 1867 et 1868, p. 97 et doc. 286.

181 Gherardi 1867 et 1868, p. 97 et Cronica di Pisa… 1729, col. 1070.

182 Silva 1912, p. 192.

183 Il se rend personnellement à Florence le 4 avril 1377 : Silva 1912, p. 196 ; Brucker 1962, p. 324.

184 Silva 1912, p. 193-195.

185 Silva 1912, p. 197.

186 Brucker 1981, p. 142-143.

187 Silva 1912, p. 205-209 ; ASFi, Provvisioni registri, 69, fol. 84r, 18 juillet 1380.

188 Silva 1912, p. 210-212.

189 Silva 1912, p. 214-215.

190 Silva 1912, p. 217-218. Florence négocie durant tout l’été : ASFi, Provvisioni registri, 73, fol. 72r, 2 août 1384 ; 73, fol. 75r, 2 août 1384.

191 Brucker 1977, p. 104-105.

192 Silva 1912, p. 221-225 ; ASFi, Provvisioni registri, 74, fol. 192v, 30 octobre 1385.

193 ASFi, Provvisioni registri, 75, fol. 1r, 3 avril 1386.

194 Brucker 1977, p. 118-119.

195 Brucker 1981, p. 145-146.

196 Silva 1912, p. 225-229 ; Benvenuti 2003, p. 229.

197 Silva 1912, p. 229-230 ; Banti 1971, p. 10-17.

198 Collino 1907a, p. 271 ; Silva 1912, annexe doc. 15 p. 320-321, lettre du 1er janvier 1387 (st. f.) des Florentins à Pise (transcription de ASFi, Signori, Carteggio – Missive, 21, fol. 1).

199 Cronica volgare di anonimo Fiorentino… 1915, col. 143.

200 ASFi, Signori, Carteggio – Missive, 20, fol. 218, 2 décembre 1387 ; ASFi, Signori, Carteggio – Missive, 20, fol. 239, 14 décembre 1387.

201 Andronico et Marcovaldo della Rocca : Silva 1912, p. 233.

202 Banti 1971, p. 56 ; Collino 1907a, p. 217 n. 1 ; sur Vanni d’Appiano, voir Collino 1907a, n. 2 p. 270-271.

203 Brucker 1981, p. 145-146.

204 Silva 1912, p. 235-236.

205 Brucker 1977, n. 96 p. 120.

206 Silva 1912, p. 43 et p. 325 ; Silva 1912, p. 235-236 ; Quertier 2013.

207 Comprenant Florence, Bologne, Ravenne, Imola, Faenza.

208 Silva 1912, p. 240 ; texte reproduit dans Collino 1907a, p. 350 sqq.

209 Brucker 1981, p. 152-153.

210 Silva 1912, p. 241-243.

211 Pour l’ambassade de novembre 1388, voir Collino 1907a, p. 350, et Roncioni 1844-1845, p. 948 ; pour celle du 20 janvier 1389, voir Silva 1912, appendice doc. 17, p. 322-323 et ASFi, Dieci di Balia, Commissioni, 1, fol. 163-164.

212 ASFi, Provvisioni registri, 78, fol. 120r, 29 juillet 1389.

213 Silva 1912, p. 243-249.

214 Gian Galeazzo Visconti signe une ligue avec Sienne contre Florence et ses alliés (le 20 septembre : Silva 1912, p. 249-254), avant d’entrer dans la ligue générale des Toscans contre les mercenaires (le 9 octobre : ASFi, Provvisioni registri, 78, fol. 205r, 6 octobre 1389), tandis qu’une ligue défensive secrète est signée le lendemain entre Florence, Pise, Bologne, Pérouse et Lucques.

215 Silva 1912, p. 263 ; Frati 1889.

216 Silva 1912, p. 264-265 ; ASFi, Provvisioni registri, 78, fol. 381r, 11 février 1390.

217 Brucker 1981, p. 154.

218 Lazzarini 2010, p. 69 et 77.

219 Silva 1912, p. 267 ; Brucker 1981, p. 153 sqq.

220 Brucker 1981, p. 157.

221 Silva 1912, p. 269-271.

222 Les ambassadeurs florentins messer Giovanni di Ruggieri de’ Ricci et messer Tainaldi de’ Gianfigliazzi sont capturés par Gian Galeazzo Visconti, alors que Jean III d’Armagnac (1359-1391) est tué lors d’une bataille près d’Alessandria, comme nous l’apprend une provvisione de mai 1393 réclamant le remboursement de plus de 8 000 florins de dépenses faites par ces ambassadeurs revenus après 20 mois de captivité en Lombardie, dans la Lunigiana et dans le contado de Pise (ASFi, Provvisioni registri, 82, fol. 61, 30 mai 1393 et fol. 128v, 27 juin 1393). Cet acte confirme donc la Cronica volgare di anonimo Fiorentino… 1915, p. 133-135.

223 Brucker 1981, p. 158.

224 Silva 1912, p. 273 ; ASFi, Signori, Carteggio – Missive, 22, fol. 158-159, deux lettres du 12 septembre 1391 ; ASFi, Consulte e pratiche, 28, fol. 181-183v.

225 Banti 1971, p. 59.

226 Silva 1912, p. 273-274.

227 Silva 1912, p. 277-284 ; ASFi, Provvisioni registri, 81, fol. 143v, 8 juillet 1392.

228 Silva 1912, p. 285 ; Cronica volgare di anonimo Fiorentino… 1915, p. 160.

229 Banti 1971, p. 60.

230 Silva 1912, p. 286.

231 ASFi, Provvisioni registri, 82, fol. 226v, 28 août 1393 ; Banti 1971, p. 112-113. Lotto Gambacorta tente un coup de main contre Pise en juin 1396 : Cronica volgare di anonimo Fiorentino… 1915, p. 204-205.

232 Lazzarini 2010, p. 72.

233 Banti 1971, p. 315-316.

234 Brucker 1981, p. 165-166.

235 Comme De Angelis 2010 le met en évidence pour la période de conquête de Pise.

236 Banti 1971, p. 148-150.

237 Banti 1971, p. 155-157.

238 Banti 1971, p. 152.

239 Banti 1963, p. 245-247 et p. 248-250.

240 ASFi, Provvisioni registri, 82, fol. 86v, 13 juin 1393.

241 Banti 1971, p. 150.

242 Banti 1971, p. 159-160.

243 Benvenuti 2003, p. 232.

244 Banti 1971, n. 47 p. 166.

245 Banti 1971, p. 153-154.

246 Banti 1971, p. 166-170.

247 Banti 1971, p. 172 et n. 59 p. 173.

248 Banti 1971, n. 69 p. 177 et n. 72 p. 179.

249 Banti 1971, p. 180.

250 Banti 1971, p. 184-185.

251 Banti 1971, p. 188 ; Brucker 1981, p. 171.

252 Banti 1971, p. 193.

253 Banti 1971, p. 195.

254 Banti 1971, p. 199.

255 Banti 1971, p. 197-198 et n. 81 p. 184.

256 Banti 1971, p. 200.

257 ASFi, Provvisioni registri, 84, fol. 293, 26 février 1396 ; 85, fol. 347r, 26 février 1397 ; 86, fol. 350r, 21 février 1398 ; 88, fol. 1r, 26 mars 1399.

258 Brucker 1981, p. 173.

259 Brucker 1981, p. 172.

260 Banti 1971, p. 204-207.

261 Banti 1971, p. 216.

262 Banti 1971, p. 221-223.

263 Banti 1971, p. 225.

264 ASFi, Provvisioni registri, 86, fol. 93v, 26 juin 1397.

265 Banti 1971, p. 230-231.

266 Banti 1971, n. 25 p. 231 et n. 28 p. 232.

267 Banti 1971, p. 233-236

268 Banti 1971, p. 237-241.

269 Brucker 1981, p. 178.

270 Banti 1971, p. 240-241.

271 Brucker 1981, p. 178.

272 Banti 1971, p. 249-252.

273 Banti 1971, p. 253 et p. 256.

274 Banti 1971, p. 257.

275 Banti 1971, p. 261-263.

276 Banti 1971, n. 19 p. 267 ; ASFi, Signori, Legazioni e commissarie, Istruzioni e lettere, 1, fol. 121v, 6 octobre 1398 et fol. 124.

277 Banti 1971, p. 274, n. 35 ; ASFi, Dieci di balìa, Deliberazioni e condotte, 7, fol. 236 : Giovanni di ser Tommaso Grassolini est lié à Feo Mattei, Rinaldo Gianfigliazzi et Guido Tommasi.

278 Banti 1971, n. 35 p. 274.

279 Banti 1971, n. 36 p. 274-275 ; Leonardo Bruni Aretini 1914-1926, p. 275 .

280 Banti 1971, n. 37 p. 275.

281 Banti 1971, p. 276.

282 ASFi, Provvisioni registri, 87, fol. 374r, 29 janvier 1399.

283 Banti 1971, p. 276.

284 Banti 1971, p. 281-284.

285 Meli – Tognetti 2006.

286 Source : Due 1994, table 16.

287 Brucker 1981, p. 187.

288 Scaramella 1894, p. 442 ; Scaramella 1914 ; Masetti-Bencini 1896 ; Silva 1913 ; Landogna 1929. Après quelques escarmouches sur les frontières pisanes : Brucker 1981, p. 193.

289 Scaramella 1894, p. 443-444.

290 De Angelis 2010, p. 54.

291 Brucker 1981, p. 223, en février 1403.

292 De Angelis 2010, p. 52-53 : les Da Carrara, les Rossi de Parme, les Cavalcabò de Crémone et Carlo Malatesta de Rimini.

293 Scaramella 1894, p. 445.

294 Brucker 1981, p. 226.

295 Scaramella 1894, p. 446.

296 Benvenuti 2003, p. 232 ; Scaramella 1894, p. 447. Francesco Alliata, Gherardo Bonconti – dont plusieurs parents ont occupé la fonction de consul des marchands florentins à Pise (ASFi, Mercanzia, 198, fol. 20r-21r, 12 novembre 1379, élection de Domenico d’Andrea Bonconti ; et 209, n. f., 18 décembre 1385 : élection de Lodovico Bonconti) – Bartolomeo Scorno et Francesco Guttaio sont accusés de conspiration.

297 Scaramella 1894, p. 444-445 ; De Angelis 2010, p. 53.

298 De Angelis 2010, p. 55 ; Brucker 1981, p. 229.

299 Brucker 1981, p. 228.

300 Lalande 1988, p. 99-140 ; Di Fabio 2003.

301 Lazzarini 2010, p. 72 ; Lalande 1988, p. 128.

302 Scaramella 1894, p. 448 ; texte du traité édité dans Leibnitz 1693, doc. 108, p. 277.

303 Piattoli 1930b, p. 181.

304 De Angelis 2010, p. 56 ; Morelli 1985, p. 275 ; Cronica volgare di anonimo Fiorentino… 1915, p. 302-303.

305 Brucker 1981, p. 235.

306 Scaramella 1894, p. 449.

307 Scaramella 1894, p. 449 ; Scipione Ammirato 1847, p. 17, 908 ; les raisons de cette action génoise et les négociations postérieures sont examinées dans Piattoli 1930b, p. 182-190.

308 Scaramella 1894, p. 449-451 ; ASFi, Dieci di balìa, Istruzioni e Commissarie, Lettere missive, 2 (1402-1409), fol. 53 (27 mars 1403) et 56 (18 avril 1403).

309 De Angelis 2010, p. 57.

310 Scaramella 1894, p. 452 ; ASFi, Capitoli, Regesti, fol. 248v-250, 25 juillet 1404, paragraphes 2 et 3 ; Guasti 1866-1893, II, reg. XI, 57, p. 143-145 ; Brucker 1981, p. 231.

311 De Angelis 2010, p. 57-58.

312 Scaramella 1894, p. 455.

313 Lalande 1988 p. 128.

314 Scaramella 1894, p. 456 ; Lalande 1988, p. 128-131.

315 Lalande 1988, p. 132.

316 De Angelis 2010, p. 58.

317 Scaramella 1894, p. 457 ; Brucker 1981, p. 235.

318 De Angelis 2010, p. 58-59.

319 La version pisane du texte : ASPi, Comune A, Protocolli in fogli volanti e quaderni, 29, cahier 18b, fol. 98 ; pour la version milanaise : Osio 1864-1877, I, p. 391, doc. 262, qui est toutefois mutilé ; Scaramella 1894, p. 460 ; De Angelis 2010, p. 60 ; Brucker 1981, p. 236.

320 De Angelis 2010, n. 45 p. 60.

321 De Angelis 2010, n. 55 p. 61 ; Brucker 1981, p. 237.

322 Benvenuti 2003, p. 235 ; De Angelis 2010, n. 57 p. 61 ; Brucker 1981, p. 237.

323 De Angelis 2010, p. 62.

324 Brucker 1981, p. 237.

325 De Angelis 2010, p. 49-51 et 63-64.

326 De Angelis 2010, p. 50-51.

327 De Angelis 2010, p. 63-64.

Table des illustrations

Titre Carte 2 – Seigneuries et communes toscanes au début du XIVe siècle15
URL http://books.openedition.org/efr/docannexe/image/43024/img-1.jpg
Fichier image/jpeg, 508k
Titre Carte 3 – L’expansion territoriale de Florence au XIVe siècle102
URL http://books.openedition.org/efr/docannexe/image/43024/img-2.jpg
Fichier image/jpeg, 402k
Titre Carte 4 – Les territoires dominés par Gian Galeazzo Visconti en 1402286
URL http://books.openedition.org/efr/docannexe/image/43024/img-3.jpg
Fichier image/jpeg, 590k

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