1La place des clercs dans les machineries étatiques des derniers siècles du Moyen Âge a donné lieu à divers travaux depuis une trentaine d’années, dans le sillage de la recherche globale sur ce que l’on a appelé la « genèse des États modernes »1. Les études ont montré que leur pratique de l’écrit, leur maîtrise du latin, leur maîtrise aussi de l’art oratoire et de la réflexion conceptuelle acquises au cours de leurs études ont garanti aux gens d’Église un rôle clé à la fois dans la construction idéologique de l’État et dans le monde de ses serviteurs, d’autant que les compétences requises par ce service étaient globalement les mêmes que celles mises en œuvre dans les administrations ecclésiastiques auxquelles ils appartenaient et qu’ils animaient.

2Le chantier est pourtant très loin d’être achevé et notre connaissance de la place des hommes d’Église dans le fonctionnement de la chose politique et administrative appelle encore des recherches pour cerner des situations spécifiques ou dégager éventuellement des évolutions chronologiques. C’est ce que je propose ici en retenant le cas des membres du chapitre de la cathédrale d’Angers au service des ducs et duchesses de la seconde maison apanagée d’Anjou-Provence. Leur dénominateur commun est d’avoir détenu une des trente prébendes de ce chapitre – quel que fût le sens de leur carrière ecclésiastique antérieure ou ultérieure – et d’être identifiés dans telle ou telle fonction comme serviteurs des princes en Anjou.

3Au milieu du XIV^e siècle, le roi de France Jean II le Bon concède à son second fils, Louis, l’Anjou (et le Maine) en apanage, qu’il érige ensuite en duché en 1360. Angers devient pour plus d’un siècle, jusqu’à la mort sans héritier mâle direct de René d’Anjou en 1480, la capitale d’une principauté territoriale. La ville a la particularité d’être le siège d’une université, issue des écoles de droit développées au XIII^e siècle et qui se sont progressivement transformées en un studium au siècle suivant, spécialisé dans l’enseignement des droits savants jusqu’à la création par le pape Eugène IV – à la demande de la duchesse Yolande d’Aragon et de son fils aîné Louis III – des facultés qui lui faisaient défaut (arts, théologie et médecine)2. Cette université était alors la seule de la France de l’Ouest, avant la fondation de celle de Poitiers en 1431 sur la requête du roi Charles VII puis de celle de Nantes en 1460 – mais qui eut des débuts très difficiles. Angers disposait aussi d’un équipement religieux particulièrement dense : outre la cathédrale, sept collégiales séculières (dont deux de fondation comtale, Saint-Laud et Saint-Martin, dans lesquelles le duc jouissait du droit de collation des prébendes), trois abbayes de bénédictins (et une de moniales) et quatre couvents mendiants, sans compter les dix-sept paroisses de la ville et plusieurs prieurés d’abbayes angevines ou extérieures au diocèse.

4On le sait, les membres du clergé impliqués à des degrés divers dans le fonctionnement de l’État pouvaient être d’origine très diverse – moines, chanoines réguliers ou séculiers, religieux mendiants… – et remplir des fonctions qui l’étaient tout autant, les unes spirituelles (aumôniers, confesseurs, chapelains…) et les autres profanes. Mon propos est limité aux seuls membres du chapitre cathédral d’Angers qui ont œuvré au service de l’« État angevin » – s’il a jamais vraiment existé. Cette restriction découle de plusieurs facteurs. En dépit de la faveur des princes angevins pour les ordres mendiants, les frères semblent n’avoir joué aucun rôle dans le fonctionnement politique et administratif de l’apanage. Les autres réguliers, attestés ponctuellement dans le gouvernement au temps de la première maison apanagée issue de Charles I^er d’Anjou, ont presque disparu sous la seconde, même si l’on rencontre encore Guillaume de Chanac3, abbé bénédictin de Saint-Florent de Saumur (1354-1368) comme chancelier de Louis I^er d’Anjou autour de 1360, ou Thibaut Ruffier, abbé de Saint-Aubin d’Angers (1386-† 1412), conseiller et membre de la Chambre des comptes d’Anjou dont la présence est attestée à plus de 160 séances entre 1397 et 14104. Les chanoines, en revanche, sont bien présents au service des princes angevins comme dans la plupart des appareils d’État des derniers siècles du Moyen Âge, et ce partout en Occident5. Il n’y a pas lieu de revenir ici sur les raisons de cet état de fait qui mériterait à lui seul un travail et dont la clé se trouve dans la « sécularité » assumée de ce milieu ecclésiastique6.

5Le chapitre cathédral d’Angers a laissé des archives importantes qui ont permis d’établir un répertoire prosopographique de ses membres dans le cadre de la collection des Fasti Ecclesiae Gallicanae7. J’ai déjà eu l’occasion d’envisager la place des chanoines dans le monde des serviteurs du roi René8, entre 1434 et 1480 : sur un effectif de 142 chanoines de la cathédrale et de la collégiale ducale de Saint-Laud qui composait la base de cette étude, 22 (soit 15 %) sont identifiés comme serviteurs. La présente étude ne prend en compte que le chapitre cathédral, mais sur toute la durée de la seconde maison d’Anjou, soit un effectif de 361 chanoines attestés entre 1356 et 1480, parmi lesquels 41 (soit un peu plus de 11,3 %) sont connus pour avoir travaillé dans les rouages administratifs angevins (chancellerie, Chambre des comptes…) ou rempli des fonctions au service des princes (conseillers, secrétaires, ambassadeurs…) – à l’exclusion des charges spirituelles. On le voit, la part des chanoines serviteurs des princes angevins reste minoritaire, mais si on y ajoute les dizaines d’autres engagés dans les affaires du siècle, au service de la monarchie ou d’autres princes, et ceux qui ont fait une partie de leur carrière à la curie pontificale ou comme enseignants dans les universités, leur participation active à la marche de la société est tout sauf négligeable.

6Le fil conducteur de cette étude consiste à croiser la carrière ecclésiastique et celle dans le siècle des chanoines de la cathédrale d’Angers. Laquelle devance l’autre, et si elles sont articulées, laquelle détermine l’autre ? Par exemple, le cumul des bénéfices est-il davantage développé chez les chanoines officiers que chez les autres ? L’accès aux dignités du chapitre ou à celles d’autres églises angevines ou extérieures à ce diocèse, voire à l’épiscopat, est-il facilité par une expérience dans les affaires temporelles ? Le degré et la discipline des grades pris par les chanoines officiers dans telle ou telle université les distinguent-ils des grades des clercs qui ne l’ont pas été ? Les sources permettent-elles d’identifier une culture livresque ou des pratiques culturelles propres au milieu des chanoines officiers ?

7Pour répondre à ces questions, nous envisagerons d’abord une pesée globale de la présence cléricale et canoniale dans les grands organes du gouvernement des princes angevins. Une seconde partie est consacrée à l’étude des grades universitaires, et une dernière aborde ce que nous devinons des bibliothèques personnelles dans ce milieu des chanoines officiers. L’étude a évidemment supposé de croiser les fonds ecclésiastiques avec les sources émanées directement des princes et des institutions de gouvernement. À ce corpus de base vient s’ajouter une source exceptionnelle à plus d’un titre : le Journal de Jean Le Fèvre, moine bénédictin devenu évêque de Chartres et chancelier de Louis I^er d’Anjou puis de sa veuve Marie de Blois, tenu entre 1381 et 1388, qui permet de voir vivre de l’intérieur l’administration et le monde des officiers9.

8En annexe de cette étude est placé un répertoire prosopographique des 41 individus concernés. Pour ne pas alourdir le corps du texte, les chanoines qui y sont nommés sont suivis de la mention entre parenthèses et en gras de leur numéro d’identification qui permet de retrouver plus facilement leurs notices respectives. Dernière précision : les chiffres donnés dans cette étude sont à prendre comme des ordres de grandeur indicatifs, non comme des valeurs absolues.

Pesée globale de la présence canoniale et nature des offices

9Le conseil est le moteur de l’État, mais il s’organise empiriquement avec une grande souplesse. En effet, le prince restant la source de tout pouvoir, son conseil est ce qu’il veut qu’il soit, d’où la distinction entre ce que le chancelier Jean Le Fèvre appelle le conseil « strict » ou « étroit » – une question restreinte est débattue par un petit nombre de participants – et le conseil « bien général » au cours duquel un grand nombre d’individus, pas forcément tous conseillers d’ailleurs, abordent un vaste domaine de discussion. Le conseil peut être simplement consultatif, délibératif ou exécutif, et il n’a aucune périodicité fixée. Marcelle-Renée Reynaud10 a pu ainsi relever que dans la période du veuvage de Marie de Blois couverte par le Journal de Le Fèvre, il y a eu jusqu’à 8 séances mensuelles en juillet 1385 ou janvier 1388, mais aucune certains autres mois. Sous son fils Louis II, la moyenne est d’environ 5 réunions annuelles (mais 11 en 1406 et 1409), alors que le fils de ce dernier, Louis III, réunit pas moins de 70 séances en 1424.

10Marcelle-Renée Reynaud a également établi la composition de ce conseil au cours des règnes successifs : la régence de Marie de Blois après la mort de son mari Louis I^er d’Anjou en Italie du Sud en septembre 1384, le gouvernement personnel de Louis II d’Anjou de 1400 à sa mort à Angers en 1417, la régence de sa veuve Yolande d’Aragon entre 1417 et 1424, et enfin le règne de son fils aîné Louis III jusqu’à sa mort, lui aussi en Italie méridionale, en 1434. Le tableau qu’elle donne, que je reprends en le simplifiant11, montre une forte présence cléricale. Tous ne sont évidemment pas chanoines d’Angers, en particulier lorsque le prince réside en Provence, mais on relève surtout de fortes oscillations de la part des hommes d’Église dans le conseil : ils sont nettement plus nombreux sous les régences des duchesses, sans que l’on sache cependant si cela découle d’un choix personnel de leur part ou d’une contrainte imposée par la faiblesse de leur genre12. En matière de grades universitaires, les clercs – quasiment tous juristes – dominent sur la durée, malgré la concurrence croissante des roturiers lettrés pendant que la noblesse retenue au conseil continue à bouder nettement les études.

11Notre échantillon est de 41 individus : 29, dans les sources, apparaissent comme « conseillers » sans que ce qualificatif implique forcément de siéger en conseil. Ils sont surtout nombreux (une douzaine) sous Marie de Blois, mais c’est là un effet de source causé par la précision du Journal de Le Fèvre. Plusieurs de ceux qui y sont mentionnés ont ensuite traversé les règnes, tels Hardouin de Bueil (11), chanoine devenu évêque d’Angers (1374-† 1439) avec une exceptionnelle longévité, ou le doyen Jean de Cherbée (20) jusque sous Louis II. Encore bien présents sous Yolande d’Aragon, dont l’archidiacre André Cotin (3) qui préside son conseil, leur nombre (cinq cas seulement) est singulièrement faible sous René d’Anjou, pourtant bien présent localement et dont le principat a duré près d’un demi-siècle. Ce peut être un premier indice du déclin de la présence canoniale dans les rouages du pouvoir, ou la marque d’un changement plus profondément politique. Le pouvoir royal, en s’immisçant dans la composition des chapitres cathédraux – une fois terminée la grande foire d’Avignon et une fois établi le régime de la Pragmatique Sanction de Bourges en France en 1438 – pouvait peser, à terme, sur l’élection des évêques. Or, dans les années 1460 et 1470, les procédures incessantes au Parlement de Paris qui voient deux à trois compétiteurs s’affronter pour une prébende ou une dignité capitulaire font passer le chapitre d’Angers sous la coupe de Louis XI qui n’attend que le retour de l’apanage de son oncle au domaine royal. D’ailleurs, sur les cinq chanoines conseillers de René, quatre sont entrés dans le chapitre bien avant ces péripéties : Bouhalle (18) en 1414, Lequeu (2) en 1427, Lebreton (19) en 1440 et le doyen Renaud Cornilleau (36) en 1446. Le dernier, Jean de La Réauté (27), avait servi René quand il était chanoine de Saint-Laud ; lorsqu’il devint chanoine et doyen de la cathédrale en 1472, il était depuis trois ans président du Parlement de Paris…

12Attestée pour la première fois en 1368 lorsqu’elle contesta une donation – qui venait dilapider le domaine ducal dont elle devait préserver l’intégrité – de Louis I^er à la collégiale Saint-Laud, la Chambre des comptes d’Anjou a été réformée d’abord en 1400 par Louis II qui en fixa alors l’effectif à onze membres, puis par René d’Anjou qui le ramena à six en 1437. La Chambre n’est pas le terrain favori des chanoines, huit d’entre eux seulement y étant attestés. L’ordonnance de réforme de 1400 énumère les onze membres de la Chambre des comptes13 : parmi eux, l’insubmersible Hardouin de Bueil (11), qui en a été le président depuis 1382 jusqu’à au moins 1423, le doyen Jean de Cherbée (20), conseiller des princes depuis Louis I^er d’Anjou jusqu’à sa mort en 1412, Jean Le Bégut (13) et Brien Prieur (4). Au temps de René, deux chanoines ont tenu la présidence de cette chambre : Alain Lequeu (2) dans les années 1440, et Jean de La Vignole (22), nommé en 1467 et destitué dix ans plus tard « pour ce que il estoit grandement pourveu au service de monseigneur le roi »… Il est vrai que pendant la confiscation du duché par Louis XI entre 1474 et 1476 (qui faisait suite au testament de René qui lésait son neveu), le roi lui avait confié l’administration du diocèse : son précédent détenteur, Jean de Beauvau (15), déposé par le pape en 1467 était toujours sous le coup d’une excommunication, et Jean Balue, son intrigant successeur sur le siège d’Angers, avait été arrêté sur ordre de Louis XI en 1469 et croupissait toujours dans les geôles royales. Sans être membre de la Chambre des comptes, certains chanoines ont rempli des fonctions en matière financière, tel Jean Dupuy (25) dans le comté de Provence, ou Olivier du Solier (33) missionné par Marie de Blois pour contracter un emprunt en Arles. Il arrive aussi qu’un officier soit chargé de dresser un inventaire, ce qui dénote une autre forme de culture arithmétique14.

13Le chapitre cathédral donne également des secrétaires tout au long de la période, sous Louis I^er et Marie de Blois (8, 21, 30, 31, 33), sous Louis II et Yolande d’Aragon (24, 26, 39) et au temps de René d’Anjou (10, 12, 22, 24, 28). Preuve de la confiance et de l’étroitesse des liens noués entre eux et les princes, quelques chanoines officiers figurent parmi les exécuteurs testamentaires élus par les ducs : Jean Dupuy (25) et Jean Porcher (26) par Louis II, Guillaume Tourneville (10) et La Vignole (22) par René avant sa disgrâce.

14Il reste à envisager la chancellerie. D’abord commune au comté de Provence et à l’apanage dans le royaume au cours des dernières décennies du XIV^e siècle, la chancellerie fut ensuite démembrée pour devenir propre à chaque territoire. Nous connaissons quatre chanceliers successifs à Louis I^er : l’abbé Guillaume de Chanac déjà mentionné, auquel ont succédé deux laïcs puis l’évêque de Chartres Jean Le Fèvre jusqu’à sa mort en 1390. Trois clercs de la cathédrale d’Angers prennent leur suite : l’inévitable Hardouin de Bueil (11), sous Marie de Blois, Louis II puis Yolande d’Aragon ; après un temps de vacance (ou une lacune des sources ?), elle échoit en 1440 au chanoine et archidiacre Jean Bernard (16) – promu dès l’année suivante archevêque de Tours – qui la tient jusqu’à sa démission en 1451, date à laquelle elle est confiée à Jean de Beauvau (15), ancien chanoine promu quant à lui sur le siège épiscopal d’Angers en 1447 qui l’occupe sans doute jusqu’à sa destitution en 1467. À cette date, elle est reprise définitivement par un laïc.

Grades universitaires et carrières ecclésiastiques

15Les travaux menés sur le monde canonial convergent vers un même constat : les chanoines des derniers siècles du Moyen Âge sont très nombreux à avoir fréquenté les universités. À la fin du XIV^e siècle, le chapitre cathédral de Paris compte 58 % de gradués et celui de Laon 82 % dans les premières années du siècle suivant15. Dans les trois premières décennies du XV^e siècle, les chanoines de la cathédrale de Rouen sont à 67 % gradués16. Il est intéressant de prendre en compte la situation dans le chapitre cathédral du Mans car la concession de l’apanage comportait non seulement l’Anjou mais aussi le comté du Maine. Un registre de conclusions capitulaires qui couvre la décennie 1420 a permis d’identifier 92 chanoines ou dignitaires du Mans, dont 66 (72 %) sont pourvus d’un grade17 : la moitié sont des licenciés et un quart des docteurs, le dernier quart regroupant les simples maîtres ès arts. Parmi ceux qui ont un grade supérieur, deux tiers sont des juristes, les autres étant théologiens ou médecins – disciplines très marginalement représentées à Angers. Assez curieusement, les princes angevins n’ont que rarement recruté des officiers dans le chapitre du Mans. En revanche les chanoines du Mans sont nettement plus nombreux au service de la monarchie, avec 18 conseillers de Charles VI et/ou de Charles VII auxquels viennent s’ajouter 6 membres du Parlement de Paris sous ces règnes.

16Dans le chapitre cathédral d’Angers, la domination des juristes est beaucoup plus marquée qu’au Mans et la présence de la faculté des droits de la ville n’y est évidemment pas pour rien, tant pour la culture des séculiers que des réguliers18. Sans prendre en compte les simples maîtres en arts, à la différence des exemples de la France septentrionale qui viennent d’être cités plus haut, moins de la moitié de l’effectif des chanoines non officiers des Angevins est dotée de grades pris dans les facultés supérieures (tableau 2)19 ; chez les prébendés officiers, près de quatre sur cinq le sont. Une petite moitié des chanoines gradués non officiers sont docteurs ; ils sont les deux tiers chez les officiers. Une autre différence concerne les disciplines : l’absence de théologiens et de canonistes purs chez les officiers, et surtout un rapport exactement inverse entre civilistes et utroquistes, ces derniers dominant dans le monde des officiers. Ce haut degré de formation des chanoines officiers rend compte du fait que près d’un tiers d’entre eux ont donné au cours de leur vie un enseignement universitaire, à Angers et une fois ailleurs avec Gilles Bellemère (1), principalement avant les années 1430 (4, 6, 7, 8, 20, 29, 37, 38), pour quelques-uns après (16, 18, 27, 36), du fait surtout de la concurrence croissante des régents laïques au cours du XV^e siècle.

17Entre la naissance et la puissance du lignage (même si l’on connaît peu l’extraction précise de nombreux individus), la reconnaissance d’une formation intellectuelle de haut niveau, le poids des réseaux et le service des affaires du siècle, il est bien difficile de démêler l’écheveau qui assure de belles carrières. Néanmoins, à l’instar des chanoines d’Angers qui ont servi la curie, la monarchie ou d’autres princes territoriaux (une bonne trentaine à chaque fois dans ces trois situations durant la période étudiée), les chanoines officiers pratiquent le cumul des bénéfices à un plus haut niveau et accèdent ou tiennent – la chronologie n’est pas toujours établie – beaucoup plus facilement des dignités capitulaires. En ne retenant que les bénéfices canoniaux cumulés avant, pendant ou après leur attestation à Angers, les 41 officiers ont détenu une centaine d’autres prébendes : 33 dans les collégiales d’Angers (dont 14 à Saint-Laud, chez les ducs), et 67 dans d’autres diocèses, la plupart du temps dans la France septentrionale (Bretagne, Maine, Touraine…). Sur ces mêmes 41 chanoines, 30 ont occupé au moins une dignité au cours de leur carrière : 17 dignités dans le chapitre cathédral d’Angers (tableau 3), 12 dans les collégiales de la ville, 7 au Mans et 18 autres dignités extérieures à ces deux diocèses. En général, ce sont des dignités qui n’imposent pas d’investissement dans la liturgie ou la pastorale, d’où la rareté des chantreries ou de la pénitencerie des cathédrales.

18Couronnement d’une carrière, neuf chanoines officiers sont devenus évêques, mais selon des voies diverses. Quelle a été l’influence des princes angevins dans ces promotions ? Certains la doivent sans conteste à la faveur du pape : Faydit d’Aigrefeuille (5), devenu cardinal, est cousin de Clément VI, et Gilles Bellemère (1), un Manceau de naissance, est un pilier de la curie, récompensé à l’époque du Grand Schisme par trois évêchés successifs (Lavaur, Le Puy, enfin Avignon). Hardouin de Bueil (11), est nommé très jeune en 1374 par Grégoire XI, dont il est un familier depuis sa jeunesse ; mais son père a été lieutenant général de Louis I^er pour l’Anjou, le Maine et la Touraine dès les années 1360, ce qui laisse planer un doute sur le ressort principal de cette élévation. Deux chanoines officiers des ducs le sont aussi devenus auprès du roi de France, ce qui ne gâche rien : Thibaud Lemoine (40), nommé à Sées puis Chartres par Eugène IV, sert Charles VII, tout comme Jean Bernard (16) lors de sa désignation sur le siège de Tours en 1441. C’est alors l’époque des bonnes relations entre René d’Anjou et son beau-frère Charles VII, comme pour la promotion de Beauvau (15) sur le siège d’Angers en 1447. En revanche, le poids du prince est indéniable dans les trois derniers cas : Jean Michel (24), fermement soutenu pour le siège d’Angers en 1439 par Yolande d’Aragon alors que René tente de s’imposer à Naples, Jean Bélard (14) et Jean de Seillons (29) promus respectivement à Fréjus et Senez, dans les terres angevines de Provence où le comte est roi.

Pratiques culturelles et bibliothèques

19Formés à la rhétorique lors de leurs études, les officiers peuvent être amenés à user de l’art oratoire dans l’exercice de leurs fonctions. Certains chanoines sont ainsi investis de missions diplomatiques, en Bretagne (8, 13), en Italie (10, 23, 32), au concile de Constance (29) ou à celui de Bâle pour Jean Bélard (14),natif du Maine devenu évêque de Fréjus – un des exemples relativement rares de mobilité des hommes entre Anjou et Provence. Alors que René est toujours captif de son cousin le duc de Bourgogne Philippe le Bon après la défaite de Bulgnéville (1431), Alain Lequeu (2) est dépêché par Yolande d’Aragon aux négociations du traité d’Arras de 1435 qui mit enfin un terme à la guerre civile en France. Néanmoins, aucune harangue éventuellement prononcée en ces circonstances n’étant parvenue jusqu’à nous, il est impossible d’apprécier les talents oratoires de ces chanoines officiers. Une anecdote rapportée par le chancelier Jean Le Fèvre montre en tout cas qu’ils savaient à l’occasion défendre les intérêts des princes angevins avec fermeté : le 9 octobre 1385, en vue de rencontrer le pape Clément VII au sujet des prétentions du duc de Berry, « furent appelés maistre Briant Prieur (4) et l’arcediacre de Chasteau de Ler pour ce qu’ils estoient un po durs »20.

20Hors de l’écrit administratif, on ne connaît de productions propres aux chanoines officiers que de manière tout à fait exceptionnelle. Il y a bien sûr l’œuvre immense du canoniste Gilles Bellemère (1), conseiller de Louis I^er et de Marie de Blois dans les années 1380, mais elle doit tout à son enseignement universitaire et est pour l’essentiel postérieure aux dates de son canonicat et de sa dignité d’archidiacre à Angers21. Dans le troisième quart du XV^e siècle, Jean de Beauvau (15) a donné plusieurs traductions, dont le Discours sur la guerre de Troie de Dion Chrysostome translaté de l’italien au français22, qui gagneraient à être étudiées plus précisément, ce qui n’est toutefois pas mon propos. Bilan fort maigre.

21En l’absence de tout inventaire après-décès23, les seules sources qui permettent d’envisager les livres des chanoines officiers sont les testaments et les manuscrits aujourd’hui conservés (14, 20, 24, 41), voire les sources nécrologiques (41), mais l’on connaît le caractère très aléatoire des enseignements que l’on peut tirer de ce genre d’indications. Les legs de livres par Jean de Beauvau (15) et Jean Bernard (16) – qui ont tous deux accédé à l’épiscopat – laissent entrevoir de belles collections ; des expressions comme « mes autres livres » ou « le reste de mes livres » ne permettent toutefois pas d’en circonscrire précisément les contours ni les thématiques, tout comme pour Thibaud Lemoine (40), devenu évêque de Chartres, dont le testament de 1441 mentionne ses livres déposés en « deux coffres » en son hôtel de Blois. Le testament de l’expert en finances Guillaume Tourneville (10), daté de 1476, pose le même problème : « Item, comme il soit ainsy que j’aye achaté plusieurs livres, tant messelz, breviaires, decretz, decretales et autres livres des droiz et des ars, bible et autres traittez, partie pour mon usaige et partie pour faire apprendre scienze à mes neveux Michiel et Guillot, partie desquels est en leurs mains et partie entre les miennes et dont je me sers et aide à mon plaisir »24. Les mentions explicites de livres dans les testaments sont en réalité d’une insigne pauvreté pour ces gens de savoir pourtant tous pourvus d’un grade universitaire et ayant pour certains également enseigné (tableau 4).

22La dénomination de ces volumes est donnée dans les notices en annexe de la présente étude, tout comme les mentions de manuscrits conservés. Les uns comme les autres ne témoignent d’aucune originalité puisqu’il s’agit principalement de bibles, de missels ou de bréviaires, ou dans quelques cas de textes littéraires qui sont tout à fait conformes aux titres que l’on rencontre habituellement dans les milieux canoniaux. Sauf exceptions (22, 34, 35), il faut insister sur le fait qu’ils ne présentent aucun rapport avec le champ de leurs cursus universitaires et les grades qu’ils ont décrochés.

23Deux officiers ont toutefois possédé des bibliothèques sortant de l’ordinaire du monde canonial. Jean de La Vignole (22), chanoine (à partir de 1461) et doyen du chapitre (1465-1495), ancien président des Grands Jours d’Angers et de la Chambre des comptes jusqu’à sa destitution en 1477, fait preuve d’un certain éclectisme25. Son testament énumère douze volumes légués à la cathédrale ou à la collégiale Saint-Laud dont il avait également été doyen : à côté d’une bible imprimée en deux volumes, d’un missel, des Évangiles, d’un volume en impression des lettres de saint Jérôme, d’un volume non précisé (les Étymologies ?) d’Isidore de Séville, il mentionne également la Somme d’Azon – seule marque de sa formation de juriste – et celle du théologien franciscain Jean de Galles, un Mariale et un Commestorium viciorum. Plus original, il dispose d’un volume de plus de deux cent lettres De viris illustribus et un volume ubi sunt multe auctoritates, doctorum et philosophorum classés alphabétiquement.

24Jean Bouhalle (18), est assurément le plus intéressant. Chanoine d’Angers pendant un demi-siècle jusqu’à sa mort en 1465, ce docteur in utroque a également tenu la dignité de maître-école et a été régent et chancelier de l’université d’Angers. On ne conserve pas son testament, mais dix-sept de ses manuscrits subsistent aujourd’hui. Un seul est en relation avec sa formation de juriste et son enseignement : un volume de Décrétales26, du XIII^e siècle, ayant aussi appartenu à deux autres officiers, La Vignole (22) et Renaud Cornilleau (36). Douze de ces manuscrits conservés intéressent la vie religieuse, la spiritualité ou la théologie, parmi lesquels trois datent du XII^e siècle. Dans leur écrasante majorité, ces textes émanent de réguliers, moines noirs ou blancs (en particulier Bernard de Clairvaux), chartreux ou religieux mendiants :

• un volume contient des lettres d’Yves de Chartres et l’Expositio Veteris Testamenti d’Isidore de Séville, du XII^e siècle27 ;

• un volume de sermons de saint Bernard de Clairvaux, et un autre qui recueille certaines de ses œuvres, tous deux datés du XII^e siècle28 ;

• lettres et traité du même saint Bernard sur l’ordre des Templiers, du XV^e siècle29 ;

• un volume copié pour Bouhalle à Tours en 146030, qui rassemble les Flores sancti Bernardi et son De beatissima Virgine Dei Genitrice Mariae ;

• le Liber de Vita Jesu Christi (première et deuxième parties) du chartreux Ludolphe de Saxe († 1377/8), copié pour lui en 1459 par Jean Guynart, clerc du diocèse d’Angers31 ;

• les Postilles du religieux franciscain Nicolas de Lyre († 1349), en quatre gros volumes, du milieu du XV^e siècle32 ;

• la Summa de casibus conscientiae du franciscain piémontais Astesan († v. 1330), manuel de confession copié sur vélin en 1456/7 par Yves Pihier, clerc du diocèse d’Angers33 ;

• pour finir, le sacramentaire du bénédictin Guillaume de Montlauzun († 1343), manuscrit du XV^e siècle, acheté par Bouhalle en 1461 auprès de Jean Le Mercier, garde de la bibliothèque de l’université d’Angers34.

25Les quatre derniers manuscrits conservés relèvent d’un tout autre domaine. Que ce soit sous l’angle de l’histoire ou sous celui de l’humanisme, ils témoignent de l’ouverture de Jean Bouhalle à la nouveauté littéraire, trait qu’il partage d’ailleurs avec René d’Anjou dont il est devenu conseiller à la veille de l’expédition du prince en Italie (1438-1442)35. Le lieu de conservation actuelle de trois de ces manuscrits montre qu’ils ont suscité le vif intérêt des bibliophiles de l’époque moderne :

• Glasgow, Hunterian Library, ms. 204 (U. I. 8) : l’Histoire ecclésiastique d’Eusèbe de Césarée et celle de Cassiodore ;

• Paris, BnF, ms. lat. 3127 : Lettres de Nicolas de Clamanges († 1437), avec des extraits rapides de textes divers de Gontier Col († 1418) et des humanistes italiens Guarino de Vérone († 1460), Maffeo Veggio († 1458) ou de Zénon de Castiglione qui fut évêque de Bayeux (1432-† 1459) ; ce recueil a été copié pour Bouhalle par Pierre Marguereti, clerc du diocèse de Chalon-sur-Saône, qui écrit avoir achevé son travail le 29 octobre 1456 ; l’éloge qu’il dresse de Bouhalle est particulièrement appuyé36 ;

• Vatican, Bibliothèque apostolique, Ottoboni lat. 604 : ce volume est un recueil de différents cahiers, de plusieurs mains des XIV^e et XV^e siècles ; il comprend : fol. 1-73, le Chronicon Eusebii de saint Jérôme (continuation d’Eusèbe de Césarée) ; fol. 73-76, le Chronicon de Prosper d’Aquitaine († v. 463, continuateur de Jérôme) ; fol. 77-80, le Breviarium de Festus qui est un abrégé d’histoire romaine (vers 370) ; fol. 80, deux brefs extraits du De consideracione de saint Bernard ; fol. 81-93, le De chorographia du géographe romain du I^er siècle Pomponius Mela37 ;

• Vatican, Bibliothèque apostolique, Regina lat. 313 : copié pour Bouhalle en 1461 par Louis Rape, clerc du diocèse de Limoges, il comprend le De bello judaïco d’Hegesippus (adaptation de Flavius Josèphe du IV^e siècle) et l’Oratio contra poetas d’Hermolaus Barbarus.

26La chronologie des commandes indique une véritable frénésie de Jean Bouhalle dans les années 1456 à 1461, sans que l’on en connaisse la cause. De même, on ignore tout des canaux par lesquels il a pu se procurer tous ces textes et auteurs, notamment italiens, dont la diffusion n’était pas alors répandue dans la France de l’Ouest.

27Formés pour la plupart dans les universités, voués au service de l’Église et adonnés à celui des princes angevins, la quarantaine de membres du chapitre cathédral d’Angers ici étudiés forme un groupe assez homogène malgré leur étalement sur plus d’un siècle. Gens de savoir versés dans les droits savants, ils mènent en général de belles carrières bénéficiales marquées par un taux de cumul relativement élevé et couronnées pour près d’un quart d’entre eux par un siège épiscopal voire métropolitain. Il paraît certain que ces hommes ont connu une aisance financière, même si elle est évidemment tributaire du nombre et de la nature des bénéfices détenus. Un exemple : conseiller et membre de la Chambre des comptes, Jean de Cherbée (20) était doyen du chapitre (1380-† 1412), sachant que le décanat de la cathédrale d’Angers – sans compter ses nombreux autres bénéfices – est taxé à hauteur de 150 l. t. dans les registres des annates levées par les collecteurs pontificaux38. Aux revenus de ces bénéfices s’ajoutaient les émoluments des offices occupés au service des princes angevins, là aussi variables. À titre d’exemple, d’après le Journal Jean Le Fèvre, Gui de Cleder (8), retenu conseiller en mars 1385, perçoit 100 l. t. de gages annuels39 ; en 1385 toujours, le trésorier Jean Haucepié (21) – sa dignité était taxée à 14 l. t. dans le pouillé du vingtième de 1330, soit un revenu vingt fois supérieur – perçoit en sus de ses gages habituels, « pour un mois iiii^xx et x frans et fu pour aller avec Madame à Paris devers le roy »40. Quant aux grands offices, dans les années 1380, la chancellerie rapportait 2 000 francs et la présidence de la Chambre des comptes la moitié41. À l’autre extrémité de la période étudiée, en 1476, le testament de Tourneville (10) permet d’estimer son avoir à environ 3 700 l. t.42. Ils avaient donc les moyens de vivre très confortablement et de se constituer de belles bibliothèques dont nous ne percevons malheureusement pas toutes les ressources.

28Investis dans le fonctionnement administratif des institutions du duché d’Anjou, ces hommes d’Église le sont aussi dans les engagements politiques et diplomatiques des princes angevins dont ils sont bien obligés de partager les orientations. Je ne résiste pas ici à citer un épisode à la fois miraculeux et politique de la vie de Jean Boucher (17), longtemps chanoine de la cathédrale d’Angers (1392-† 1437) et tardivement conseiller de Yolande d’Aragon, attesté à son service exactement au moment de l’épopée de Jeanne d’Arc dans laquelle le rôle de la duchesse et de son fils Louis III d’Anjou – pour lesquels Boucher siégea au concile de Bâle – est bien connu. Le livre des miracles du sanctuaire tourangeau de Sainte-Catherine-de-Fierbois contient ce récit qui met en scène Boucher en train de célébrer une messe pour le roi, la « Pucelle digne de Dieu », la paix et la prospérité du royaume 43 :

29Ego Johannes Boucher, in legibus licenciatus, Ecclesiarum Turonensis et Andegavensis canonicus, ac Sancti Joannis Andegavensis decanus, die martis post festum Pasche, hoc est xviii°mensis aprilis, anno Domini milesimocccc° xxx°, in domo mea Andegavis, de nocte quasi hora nona, graviter infirmari incepi, unde tantus dolor capitis me invasit et intollerabilis qui michi duravit quasi usque ad quartam horam post mediam noctem, quam plus sperabam pre dolore tanto decedere quam reconvalescere ; qua hora memor gloriose virginis Katherine quam semper in necessitatibus consuevi habere recursum, me eius precibus et meritis confidens adjuvari eidem me recommandendo vovi, et subito, et absque intervallo, Dei gratia et ipsius virginis gloriose, ut firmiter credo, dolor tantus inportabilis disparuit, et infra dies paucos sospitatem recuperavi.Et iter pedes arripui causa voti adimplendi. Et Deo gratias, in presenti capellas missa alta voce tam pro rege puella Deo digna, et regni hujus prosperitate et pace celebravi.Die veneris, quinta maii, anno quo supra.

Annexe – Répertoire prosopographique des chanoines de la cathédrale d’Angers, officiers des ducs d’Anjou (1356-1480)

30Les chanoines d’Angers ont fait l’objet de la publication du volume consacré à ce diocèse dans la collection des Fasti Ecclesiae Gallicanae en 2003, déjà cité, dans lequel on trouve pour chacun la mention des sources manuscrites ou imprimées. Les notices qui suivent en reprennent le matériau, mais uniquement pour ce qui intéresse les questions abordées dans cette étude sur les carrières et la culture de ces chanoines officiers. Par rapport aux notices publiées en 2003, de nombreux compléments ont été apportés sur leurs carrières d’officiers suite aux recherches menées dans le cadre de ce programme ANR.
Une notice type a été élaborée avec les éléments de problématique ici traités. L’absence d’informations entraîne la suppression du champ concerné.


N-Nom latin / nom vernaculaire
     a. Date du canonicat à Angers (motifs d’entrée et de sortie du bénéfice si connus).
     b. Dignité ou fonction détenue au chapitre d’Angers.
     c. Autres bénéfices : seulement les prébendes, dignités ou évêchés détenus, à l’exclusion des bénéfices mineurs (cures, chapellenies).
     d. Grades universitaires ; carrière universitaire.
     e. Carrière civile : office ou fonction au service de la Maison d’Anjou.
     f. Carrière civile : autre office ou fonction (curie pontificale, monarchie, autres princes).
     g. Livres.


1- Aegidius Pulchermatris / Gilles Bellemère
     a. 1371 (collation apostolique)-1383 (promotion épiscopale).
     b. Archidiacre d’Angers (1371-1383).
     c. Chanoine du Mans (1364-1378) et archidiacre de Montfort-le-Rotrou (1368-1371) ; chanoine d’Amiens (1368-1383), de Bayeux (1379-1383), de Paris ( ?-1383) ; archidiacre d’Avignon ( ?-1383) ; évêque de Lavaur (1383-1390), du Puy (1390-1392) puis d’Avignon (1392- † 1407).
     d. Docteur in utroque iure (1373) ; régent des universités d’Angers puis d’Avignon.
     e. Conseiller et émissaire de Louis I^er d’Anjou (1382-1383) ; conseiller de Marie de Blois (1385-1386, 1387).
     f. Auditeur de la Rote (1374) et des lettres contredites (1376).
     g. A possédé la Summa de ecclesiastica potestate d’Augustin d’Ancône ; en 1419, le cardinal Amédée de Saluces lègue à l’université d’Avignon vingt-huit manuscrits qu’il tenait de Bellemère (dont la quasi-totalité de ses propres œuvres tant juridiques que théologiques ou relatives au Grand Schisme)44.

2 – Alanus Coci / Alain Lequeu
     a. 1427-1450 (mort).
     b. Archidiacre d’Angers (1442-1450).
     c. Chanoine de Reims (1435-1450) ; chanoine de Saint-Laud d’Angers (1436-1450) ; chanoine de Nantes (1438-1450) ; chanoine du Mans (1424-1442).
     d. Bachelier en droit canon.
     e. Ambassadeur de Yolande d’Aragon au congrès d’Arras (1435) ; conseiller de René d’Anjou ; président de la Chambre des comptes d’Anjou (1442-1450), nommé « par consideracion des longs travaux, peines, diligences et services » déjà rendus45.

3 – Andreas Cotini / André Cotin
     a. 1409-1422 (mort).
     b. Archidiacre d’Angers (1409-1422).
     c. Chanoine du Mans (1419-1422).
     d. Licencié in utroque iure.
     e. Président du Conseil de Yolande d’Aragon.
     f. Conseiller avocat au Parlement de Paris (1415-1422).
     g. Il lègue une Légende dorée à l’un de ses serviteurs, et au garde de son sceau les Étymologies d’Isidore de Séville et l’Historia Trojana46.

4 – Briencius Prioris / Brien Prieur
     a. 1385 (permutation avec sa prébende de Saint-Laud d’Angers)-1412 (mort).
     b. Maître-école (1390-1412).
     c. Chanoine de Saint-Laud d’Angers (1378-1385) ; chanoine et chantre du Mans (1379-1405) ; chanoine et trésorier de Nantes (?-1386) ; dignitaire de Saint-Martin de Tours (1390-1394) ; chanoine de Rouen (1392-1394).
     d. Docteur en droit civil ; régent de l’université d’Angers (1368-?) ; procureur de l’université d’Angers pour la soustraction d’obédience de 1398.
     e. Conseiller de Marie de Blois depuis 1385 ; auditeur des comptes du trésorier d’Anjou-Provence (1386) ; maître de la Chambre des comptes d’Anjou (1400-1412).
     f. Auditeur des causes apostoliques (1379).

5 – Fayditus de Agrifolio / Faydit d’Aigrefeuille
     a. …-1387 (résignation).
     c. Chanoine de Saintes (1346), Paris (1348), Arras (1358), Orléans (1358) ; chanoine et doyen de Bourges (1346) ; archidiacre de Montauban ; évêque de Rodez (1361-1371) puis d’Avignon (1371-1391) ; administrateur de l’abbaye de Montmajour (1385-1391) ; cardinal du titre de Saint-Martin (1383).
     d. Bachelier en droit civil.
     e. Conseiller de Marie de Blois (1384-1388).
     f. Chapelain pontifical.

6 – Gauffridus Boterelli / Geoffroi Le Bouteiller
     a. 1363 (collation apostolique)-1391 (mort)
     b. Chantre (1363-1391).
     c. Chanoine de Chartres (1356) ; chanoine de Bourges et archidiacre de Châteauroux (?-1363) ;      chanoine de Dol (1363-?) et de Paris (1367-1378).
     d. Docteur in utroque iure ; régent de l’université d’Angers (1378).
     e. Conseiller de Marie de Blois (?-1384-1387-?).
     g. Par testament (1390), il lègue son missel à une chapellenie qu’il fonde dans la cathédrale d’Angers47.

7 – Gauffridus Gogart / Geoffroi Gogart
     a. 1371 (collation apostolique)-1402 (mort).
     c. Chanoine du Mans (1378-1386), d’Auxerre (1386- ?) ; chanoine de Saint-Jean d’Angers (1386-1402) ; doyen de Tours (1396-1402).
     d. Docteur in utroque iure ; régent à l’université d’Angers (1393).
     e. Auditeur et procureur de Marie de Blois (1386-1396) ; conseiller et maître des requêtes de Louis II (1402) ; lieutenant du juge-mage de Provence (1402).
     f. Auditeur de la Rote (1372-1396)

8 – Guido de Clederio / Gui de Cleder
     a. 1373-1398 (mort).
     c. Chanoine de Saint-Pierre (1363-?) et de Saint-Jean (1369-?) d’Angers ; chanoine de Saint-Malo et archidiacre de Dinan dans ce diocèse (?-1369-?) ; chanoine et chantre de Dol (?-1393-?).
     d. Docteur in utroque iure ; régent de l’université d’Angers (1363-1393).
     e. Ambassadeur de Marie de Blois en Bretagne (1384) ; secrétaire de Marie de Blois (1384-?) ; conseiller (1385-1386-?).
     f. Ambassadeur de Jeanne de Penthièvre (mère de Marie de Blois), prétendante au duché de Bretagne.
     g. Il lègue un missel et un bréviaire en deux volumes à la cathédrale d’Angers48.

9 – Guillermus Rolini / Guillaume Rolin
     a. 1381-1399 (mort).
     c. Abbé de Toussaint (chanoines réguliers) d’Angers (1381-1399).
     d. Docteur in utroque iure.
     e. Conseiller de Marie de Blois (1385- ?).

10 – Guillermus Turnevilla / Guillaume Tourneville
     a. 1465-1477 (mort).
     c. Chanoine de Saint-Pierre (1448- ?), chanoine et chantre de Saint-Laud d’Angers (1456-1467).
     d. Licencié en droit civil.
     Commis de René d’Anjou en Barrois (1441) et en Provence (1449) ; secrétaire de René (1445-1477) ; trésorier du Pas du Perron (1445) ; trésorier général des guerres de René en Lombardie (1452-1454) ; conseiller et maître-auditeur de la Chambre des comptes d’Anjou (1458-1477), en tant que « personne suffisant espert et bien entendu en fait de finances et de comptes »49 ; procureur de Jeanne de Laval pour la seigneurie de Mirebeau (1474) ; un des onze exécuteurs testamentaires de René d’Anjou (1474).
     g. Testament de 1476 : « Item, comme il soit ainsy que j’aye achaté plusieurs livres, tant messelz, breviaires, decretz, decretales et autres livres des droiz et des ars, bible et autres traittez, partie pour mon usaige et partie pour faire apprendre scienze à mes neveux Michiel et Guillot, partie desquels est en leurs mains et partie entre les miennes et dont je me sers et aide à mon plaisir »50.

11 – Hardoinus de Bulleyo / Hardouin de Bueil
     a. 1366-1374 (promotion épiscopale).
     b. Évêque d’Angers (1374- † 1439).
     c. Chanoine de Chartres (1368-1374) ; chanoine de Sens et archidiacre du Gâtinais dans ce diocèse (1371-1373).
     d. Étudiant en droit civil en 1371, sans grade connu.
     e. Chambellan et maître des requêtes de Louis I^er d’Anjou ; lieutenant de Louis I^er pour l’Anjou et la Touraine (1382), avec autorisation de Clément VII de porter les armes ; au nom du même, « gardien de ses pais sur fait de genz d’arme assembler pour debouter pillars »51 (1383) ; président de la Chambre des comptes d’Anjou (1382-1423-?) ; chancelier de Marie de Blois (1390- ?), de Louis II (1400-1417) et de Yolande d’Aragon (1417-1424).
     f. Membre du grand Conseil de Charles VII (1425).

12 – Hermanus de Vienna / Herman de Vienne
     a. 1453-1491 (mort).
     c. Chanoine et doyen de Saint-Martin d’Angers (1447-1491) ; chanoine de Reims (1450-1466) et de Rouen (1454-1472).
     d. Bachelier en médecine ; fonde à Saint-Martin d’Angers la fête de la nation de France de l’université d’Angers.
     e. Secrétaire et « chirurgien » de René d’Anjou (v. 1440).
     f. « Chirurgien » de Charles VII.

13 – Johannes Beguti / Jean Le Bégut
     a. 1350-1407.
     c. Chanoine de Tours (1362-?), de Saint-Aignan d’Orléans (1362-?), de Chartres ; chanoine du Mans (?-1393-?) et de Saint-Pierre-de-la-Cour du Mans (1382-1385) ; chanoine de Saint-Laud d’Angers (1386-?).
     d. Licencié in utroque iure.
     e. Conseiller de Louis I^er d’Anjou et de Marie de Blois ( ?-1382-1388- ?) ; ambassadeur de Marie de Blois en Bretagne (1384) ; maître de la Chambre des comptes (?-1397-1407-?).
     f. « Familier » de Jean de Berry.

14 – Johannes Belardi / Jean Bélard
     a. 1414-1423 (promotion épiscopale).
     c. Chanoine de Saint-Pierre-de-la-Cour du Mans (1405-?), chanoine du Mans (1406-1422) et doyen (1416-1422) ; chanoine de Saint-Hilaire de Poitiers (1412) ; évêque de Fréjus (1422- † 1449).
     d. Licencié in utroque iure (1398).
     e. Conseiller de Yolande d’Aragon (1417-1435) ; ambassadeur de Louis III au concile de Bâle.
     f. Avocat au Parlement de Paris (1403).
     g. Deux de ses manuscrits sont conservés : le premier, daté de 1381, contient des œuvres de Sénèque et le second, autographe (début du XV^e siècle), rassemble l’Historia Trojana et le Bonum universale de apibus de Thomas de Cantimpré52.

15 – Johannes de Bellavalle / Jean de Beauvau
     a. 1439 (succède à Jean Michel, infra, n° 24)-1447 (promotion épiscopale).
     b. Trésorier d’Angers (?-1442-?) ; succède à Jean Michel comme évêque d’Angers (1447-1467), déposé ; administrateur du diocèse d’Angers (1476- † 1479).
     c. Chanoine de Saint-Laud d’Angers (1441-1447) ; chanoine de Paris (1446-1447) ; chanoine de Saint-Hilaire de Poitiers (1446-1448) ; administrateur de l’archevêché d’Arles (1443-1449) et abbé commendataire de Montmajour.
     d. Maître ès arts (1446).
     e. Chancelier de René d’Anjou (1451-1467).
     f. Conseiller de Charles VII (1456) ; ambassadeur de Charles VII à Rome (1462) ; chancelier de Charles de France (1467-1472), frère de Louis XI.
     g. À sa mort, il légua de nombreux livres – manuscrits ou, déjà, imprimés – à la Chartreuse parisienne de Vauvert : bible, missel à l’usage d’Angers, les Moralia sur Job de Grégoire le Grand, les lettres de saint Jérôme, le Miroir de Vincent de Beauvais en plusieurs volumes, Thomas d’Aquin également en plusieurs volumes ou le franciscain Francesc Eiximenis. Beauvau a également été traducteur, comme son cousin Louis de Beauvau († 1462) – qui a traduit en français le Roman de Troyle et Criseida de Boccace. Jean de Beauvau a laissé trois traductions du latin au français (Volucraire, Lapidaire et le Traité de la figure et image du monde53qu’il offrit au roi Louis XI en 1479), et une de l’italien au français avec le Discours sur la guerre de Troie de Dion Chrysostome54.

16 – Johannes Bernardis / Jean Bernard
     a. 1423 (succède à Thibaud Lemoine, infra, n° 40)-1441 (promotion archiépiscopale).
     b. Archidiacre d’Angers (1434-1441).
     c. Chanoine de Bourges (1422-?), de Bayeux (1436-1441) ; chanoine du Mans (?-1430-?) ; chanoine et trésorier de Tours (1430-1441) ; chanoine et doyen de Saint-Jean d’Angers (1437-1441) ; archevêque de Tours (1441- † 1466).
     d. Docteur in utroque iure (1424) ; régent de l’université d’Angers (1434-1437).
     e. Chancelier de René d’Anjou (1440-1451).
     f. Maître des requêtes de Charles VII (depuis 1424), conseiller du roi (1454).
     g. Par son testament55, il lègue plusieurs livres : à son Église de Tours, son grand missel « et trois volumes appelés Panthalogia et le Livre de Papias »56 ; à sa paroisse de naissance, Écuillé (en Anjou), son petit missel ; à un maître, une bible en deux volumes, et sa « petite bible » à un autre clerc. « Quant à ma grande bible et mes autres livres, ils seront donnés en supplément du présent testament » ; cet inventaire annexe n’est pas conservé. Par ce même testament, il lègue encore à un neveu un Directorium iuris « et parmi mes autres livres ceux que jugera bon mon neveu maître Pierre Le Roy ». Il laisse un bréviaire à son chapelain et termine ainsi : « Je veux que le reste de mes livres qui sont de peu de valeur soient vendus ou distribués au profit de mes neveux selon la décision de mes exécuteurs ». Il mentionne aussi la restitution à l’abbaye de Gâtines d’un Décret et d’un volume de Décrétales qu’il avait saisis sur les biens d’un maître mort dans son fief alors qu’il était trésorier de Tours, et qui appartenaient à cette maison.

17 – Johannes Boucheri / Jean Boucher
     a. 1392-1437 (mort).
     c. Chanoine du Mans (?-1381-?) ; chanoine et doyen de Saint-Jean d’Angers (1417-1437) ; chanoine de l’Église de Tours (?-1430-?).
     d. Licencié en lois.
     e. Conseiller de Yolande d’Aragon (?-1429-1430-?).

18 – Johannes Bouhalle / Jean Bouhalle
     a. 1414-1465 (mort).
     b. Maître-école (1432-1465) ; vicaire (1439-1446) de l’évêque Jean Michel (infra, n° 24).
     c. Chancelier de l’Église de Tours (1414-1432), chanoine de Saint-Martin de cette ville (1414-?) ; chanoine de Saint-Pierre d’Angers (1436-1460) et doyen (1446-1460) ; chanoine de Rennes (1460-1465).
     d. Docteur in utroque iure ; régent et chancelier de l’université d’Angers.
     e. Conseiller de René d’Anjou à partir de 1437.
     g. Voir supra, la liste de ses livres.

19 – Johannes Britonis / Jean Lebreton
     a. 1440-1448.
     c. Chanoine de Saint-Martin d’Angers (1434-1436) ; chanoine du Mans (?-1447) ; chanoine et doyen de Saint-Martin de Tours (1440-1463).
     d. Maître ès arts (1448).
     e. Conseiller de René d’Anjou.
     f. Conseiller de Charles VII ; conseiller de Charles III du Maine (frère de René).

20 – Johannes de Cherbeyo / Jean de Cherbée, d’Echerbaye
     a. 1380-1412 (mort).
     b. Doyen (1380-1412).
     c. Chanoine de Saint-Malo (1363-?) ; chanoine de Notre-Dame de Nantes (1363-?) et de la cathédrale (1378-?) ; chanoine de Tours (1378-?) ; chanoine de Saint-Pierre (1378-?) et de Saint-Laud d’Angers (1399-1412), et de Saint-Pierre-Montlimart dans ce diocèse.
     d. Docteur in utroque iure (1378) ; régent de l’université d’Angers.
     e. Conseiller de Louis I^er d’Anjou, de Marie de Blois et de Louis II ; clerc de la Chambre des comptes d’Anjou (?-1397-1412)
     f. Maître des requêtes de Charles VI.
     g. Il a possédé une bible du XIII^e siècle aujourd’hui conservée57, et un bréviaire légué à la cathédrale d’Angers58.

21 – Johannes Hauchepie / Jean Haucepié
     a. 1373-1386 (mort).
     b. Trésorier (1373-1386).
     c. Chanoine de Cambrai (?-1363) ; chanoine d’Amiens (1363-1383) et archidiacre d’Amiens (1363-1373) ; chanoine de Paris (1370-1373).
     e. Secrétaire de Louis I^er d’Anjou (1380-?) ; conseiller de Marie de Blois (1383-1386).

22 – Johannes de La Vignolle / Jean de La Vignole
     a. 1461-1495 (mort).
     b. Doyen (1465-1495) ; vicaire épiscopal (1469-1485).
     c. Chanoine de Laon (?-1461) ; chanoine de Saint-Jean (?-1461) et chanoine et doyen de Saint-Laud d’Angers (1473-1485).
     d. Docteur in utroque iure (1470) ; greffier du conservateur des privilèges de l’université d’Angers (1456).
     e. Notaire et secrétaire de René d’Anjou (1457) ; président des Grands Jours d’Anjou (1467-1477) ; président de la Chambre des comptes d’Anjou (1467-1477) ; un des onze exécuteurs testamentaires de René d’Anjou (1474) ; destitué par René en 1477 « pour ce que il estoit grandement pourveu au service de monseigneur le roi »59.
     f. Conseiller au Parlement de Paris (1461) ; conseiller de Louis XI.
     g. Voir supra, la liste de ses livres.

23 – Johannes Lesne / Jean Lesne
     a. 1428-1429.
     d. Licencié en droit civil.
     e. Procureur de Yolande d’Aragon en cour de Rome

24 – Johannes Michaelis / Jean Michel
     a. 1428-1439 (promotion épiscopale).
     b. Évêque d’Angers (1439- † 1447).
     c. Chanoine et chantre de Saint-Laud d’Angers (1416-?) ; chanoine du Mans (1419-1439), archidiacre de Château-du-Loir dans ce diocèse (1430-1438) ; chanoine d’Aix-en-Provence (1419-1428) ; chanoine et trésorier de Bayeux (?-1431-1432-?) ; chanoine de Beauvais (1438-1439).
     d. Bachelier en décret (1403), bachelier en lois (1416)
     e. Secrétaire de Louis II d’Anjou (1416-1417) ; secrétaire de Yolande d’Aragon (1419-1427) ; conseiller de la Chambre des comptes d’Anjou (1426-?) ; secrétaire de René d’Anjou.
     g. Son missel est aujourd’hui conservé60.

25 – Johannes de Podio / Jean Dupuy
     a. 1401-1401 (résignation).
     e. Trésorier général de Louis II d’Anjou (1401) ; exécuteur testamentaire de Louis II (1417) ; maître rational en Provence (1419).

26 – Johannes Porcherii / Jean Porcher
     a. 1418-1430.
     c. Chanoine de Rouen (1414-1421) et de Reims (1417-1435) ; chanoine de Saint-Laud d’Angers (1419-1435).
     d. Docteur en droit civil.
     e. Secrétaire de Louis II puis de Yolande d’Aragon ; exécuteur testamentaire de Louis II (1417).
     f. Conseiller au Parlement de Paris (1387-1414).

27 – Johannes de Regalitate / Jean de La Réauté
     a. 1472-1481 (mort).
     Chanoine de Saint-Laud (1444-1479) et de Saint-Martin (?-1481) d’Angers.
     d. Docteur in utroque iure ; régent de l’université d’Angers (1452-1458).
     e. Conseiller de René d’Anjou.
     f. Conseiller de Charles VII et de Louis XI ; président du Parlement de Paris (1469-1473).
     g. Son testament mentionne deux livres : une bible avec la lectura de Nicolas de Lyre léguée à un neveu, et un missel donné à la collégiale Saint-Laud61.

28 – Johannes du Rocher / Jean du Rocher
     a. 1470 (résignation) ; 1471-1478 (mort).
     c. Chanoine de Saint-Maimbeuf d’Angers (1448-1473).
     e. Secrétaire de René d’Anjou.

29 – Johannes de Seillonis, de Sallone / Jean de Seillons
     a. 1402 (succède à Geoffroy Gogart, supra, n° 7)- 1410 (promotion épiscopale).
     c. Doyen de Tours (1402-?) ; évêque de Senez (1409- † 1442).
     d. Licencié in utroque iure ; régent de l’université d’Angers
     e. Député de Louis II d’Anjou au concile de Constance (1416).
     f. Conseiller au Parlement de Paris (1425).

30 – Johannes de Vernone / Jean de Vernon
     a. 1368 (collation apostolique) -1373.
     c. Chanoine de la collégiale Saint-Pierre de Laon ; chanoine de Rouen (1374-1375).
     e. Secrétaire de Louis I^er d’Anjou (1363).
     f. Secrétaire de Charles V (1368-1371)

31 – Julianus Boucherii / Julien Boucher
     a. …1371…
     c. Chanoine de Saint-Martin (?-1365-?), chanoine et doyen de Saint-Laud (1366-1370).
     d. Maître ès arts.
     e. Notaire et auditeur de Louis I^er d’Anjou (1365).

32 – Nicholaus Perrigaldi / Nicolas Perrigaud, Perrigault
     a. 1419 (succède à Pierre Bonhomme, infra n° 35, devenu pénitencier) -1432 (mort, à Naples, où il accompagnait Louis III).
     b. Doyen (1422-1432).
     c. Chanoine du Mans et archidiacre de Passais (1421-?) ; chanoine de Coutances (1430).
     d. Licencié in utroque iure.
     e. Conseiller et ambassadeur de Yolande d’Aragon et de Louis III d’Anjou.

33 – Oliverius de Solerio / Olivier du Solier
     a. …1388…
     c. Chanoine de Saint-Martin d’Angers (1385- ?)
     d. Maître ès arts.
     e. Secrétaire de Marie de Blois (1384-1388- ?)62.

34 – Petrus Bonihominis / Pierre Bonhomme (l’aîné)
     a. 1356-1397 (mort).
     c. Chanoine et doyen de Saint-Pierre d’Angers (?-1389).
     d. Licencié in utroque iure.
     e. Conseiller de Marie de Blois (?-1387-?).
     g. Par son testament de 1391, il lègue un Code et un Digeste vieux à son clerc (depuis quinze ans)63.

35-Petrus Bonihominis / Pierre Bonhomme (le jeune)
     a. 1416-1446 (mort).
     b. Pénitencier (1418-1421).
     c. Chanoine et doyen de Saint-Pierre d’Angers (1406-1446) ; chantre de Paris (1414).
     d. Licencié in utroque iure.
     e. Conseiller de Louis II et de Louis III d’Anjou.
     g. Par son testament de 1446, il lègue sept manuscrits à trois clercs (Manipulum sacerdotum, Librum de viciis et virtutibus, Lectura magni Cathonis, deux volumes de droit…) et demande que ses autres livres soient bien gardés et transmis à un membre de sa parentèle s’il s’y trouvait un étudiant64.

36 – Reginaldus Cornilelli / Renaud Cornilleau
     a. 1446-1462 (mort).
     b. Doyen (1446-1462) ; official de l’évêque Jean Michel (supra, n° 24).
     c. Chanoine de Tours.
     d. Docteur en droit civil ; régent de l’université d’Angers.
     e. Conseiller de René d’Anjou ; rédacteur des statuts de l’ordre de chevalerie du Croissant fondé en 1448 (établi dans la cathédrale d’Angers).

37 – Reginaldus Hastelou / Renaud Hastelou
     a. 1394-1415 (mort).
     b. Official d’Angers (1399).
     c. Chanoine de Saint-Malo (1378) ; chanoine de Rennes.
     d. Licencié en droit civil, docteur (1390).
     e. Conseiller de Marie de Blois.

38 – Ricardus Eudes / Richard Eudes
     a. 1406-1426.
     c. Chanoine et doyen de Saint-Laud d’Angers (?-1400-?).
     d. Docteur en droit civil ; régent de l’université d’Angers (1413). Homonyme ou pas du médecin en faveur duquel Marie de Blois donne 100 francs pour la fête de sa maîtrise à Montpellier en 1385 et qu’elle prend à son service65 ?
     e. Conseiller de Louis II d’Anjou.

39 – Robertus Boutevillain / Robert Boutevillain
     a. 1405-1436 (mort).
     c. Chanoine de Reims (1405, évincé) ; Chanoine de Saint-Laud d’Angers (1410-1436).
     d. Docteur en droit civil.
     e. Secrétaire de Marie de Blois, puis de Louis II d’Anjou (?-1410-?)
     f. Scribe apostolique de Jean XXIII (1412-1413).

40 – Theobaldus Monachi / Thibaud Lemoine
     a. 1423-1434 (promotion épiscopale).
     b. Archidiacre d’Angers (1423-1434).
     c. Chanoine de Saint-Pierre d’Angers (1425-?) ; nommé par Eugène IV évêque de Sées (1433) puis évêque de Chartres (1434- † 1441).
     d. Docteur in utroque iure.
     e. Procureur de René d’Anjou pour son adoption par le cardinal Louis de Bar (1419) ; conseiller de Yolande d’Aragon.
     f. Maître des requêtes de Charles VII.
     g. Par testament, il lègue à un neveu un bréviaire à l’usage d’Angers et sa lectura de Geoffroi de Saligny, et à deux autres neveux tous ses livres, « desquels la plus grande partie est en deux coffres à l’Ostel de l’Aumosne de Blois et les autres à Chartres »66.

41 – Thomasus Girou / Thomas Girou
     a. 1408-1422 (mort).
     b. Official (1408-1420) ; archidiacre d’Outre-Loire (?-1412), et maître-école (1412-1422).
     c. Chanoine de Saint-Laud d’Angers (1401-1422).
     d. Docteur in utroque iure ; il reçoit 100 l. t. de Marie de Blois pour la fête de son doctorat en 1398.
     e. Conseiller de Marie de Blois, puis de Louis II d’Anjou.
     g. Sa notice dans l’obituaire de la cathédrale mentionne le legs de 17 volumes de théologie à la bibliothèque du chapitre67. Trois livres lui ayant appartenu sont conservés : Historia scolastica de Pierre Comestor, un volume qui regroupe un Compendium theologiae et la Somme des vices de Guillaume Peyraud, et une Legenda aurea68.