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Reliques romaines

 | 
Stéphane Baciocchi
, 
Christophe Duhamelle

Rome et les catacombes : archéologie, institutions, distribution

Historiographie de l’origine des catacombes depuis de Rossi

Éric Rebillard

Texte intégral

De quelques croyances populaires

  • 1 G.B. de Rossi, La Roma sotterranea cristiana, III, Rome, 1864-1877, I, p. 85.
  • 2 A. Bosio, Roma sotterranea, Rome, 1634, p. 2D.
  • 3 Liber Pontificalis, texte, introd. et comment. par L. Duchesne, Paris, 1955- 1957, 2e éd., t. 1, p. (...)
  • 4 Cyprien, epist. 80, 1, 4 avec le commentaire de G.W. Clarke, The Letters of St. Cyprian of Carthage(...)
  • 5 Les notices concernent d’ailleurs des papes assez tardifs : Liberius (352-356), Bonifatius (418-422 (...)
  • 6 O. Marucchi, Le catacombe romane, Rome, 1905, p. 8. Il ne dit rien à ce sujet dans la première édit (...)

1De la possibilité que les catacombes aient pu servir de refuges et de lieux d’habitation pour les chrétiens durant les persécutions, de Rossi ne dit mot dans la Roma sotterranea. Il se contente de les décrire comme des lieux de sépulture, de prière et de réunion1. L’affirmation se trouve pourtant en bonne place au livre I de la Roma sotterranea de Bosio et semble avoir été communément reçue à l’époque2. Elle était basée sur un petit nombre de notices peu fiables ou interprétées de façon erronée. Du pape Gaius (283-296), il est ainsi dit qu’il échappa à la persécution de Dioclétien « en habitant dans les cryptes », mais la notice est peu sûre3. Une lettre de Cyprien rapporte qu’en 258, le pape Sixte II trouva la mort dans le « cimetière », mais rien n’invite à penser qu’il y habitait : il y célébrait tout simplement la liturgie4. Plusieurs notices du Liber Pontificalis mentionnent aussi que des papes ont habité tel ou tel « cimetière », mais le mot peut y désigner en fait une basilique cimitériale et les bâtiments attenants5. En 1905, Orazio Marucchi, dans la deuxième édition de son guide des catacombes, rejette cette croyance populaire6. Le silence de de Rossi permet de penser qu’il ne reprend pas l’affirmation à son compte.

  • 7 Il n’est pas nécessaire ici d’évoquer le rôle de de Rossi dans les débats sur le « vase de sang » : (...)
  • 8 P. Testini, Le catacombe e gli antichi cimiteri cristiani in Roma, Bologne, 1966, p. 180. Sur la dé (...)

2D’une façon semblable, sans réfuter explicitement les positions défendues antérieurement, de Rossi ne reprend pas à son compte la croyance encore commune à son époque selon laquelle les catacombes renferment principalement des sépultures de martyrs. En effet, au-delà de la prudence que lui impose son sensus ecclesiasticus, il est significatif qu’il n’y ait pas, dans l’introduction au premier volume de Roma sotterranea, de discussion des signes grâce auxquels une sépulture de martyr peut être identifiée7. Pasquale Testini, qui offre une commode synthèse des positions contemporaines sur la question, retient que la seule tombe sainte sûrement identifiée lors de sa découverte est celle du martyr Jacinthe, qui a été trouvée intacte, avec une inscription en place8.

Origine des catacombes

  • 9 G.B. de Rossi, La Roma sotterranea… cit., I, p. 184-197.
  • 10 Pour une analyse méthodologique des critères de datation traditionnellement utilisés, voir P. Styge (...)
  • 11 P.-A. Février, Études sur les catacombes romaines, I. Le développement de la catacombe de Priscille(...)
  • 12 P.-A. Février, Études sur les catacombes romaines, II. La catacombe de Priscille et l’origine des c (...)
  • 13 Ibid., p. 11. Sur le problème posé par ce texte, voir ci-dessous.
  • 14 P. Testini, Le catacombe e gli antichi… cit., p. 49-81.
  • 15 U.M. Fasola et P. Testini, I cimiteri cristiani, dans Atti del IX Congresso Internazionale di Arche (...)
  • 16 Voir, par exemple, U.M. Fasola et V. Fiocchi Nicolai, Le necropoli durante la formazione della citt (...)

3Comme Bosio, de Rossi soutient que l’origine des catacombes remonte à l’époque apostolique. Il pense avoir des preuves solides pour les catacombes de Commodille, de Domitille, de Priscille et de Sainte-Agnès9. Paul Styger, dans une série d’études publiées à partir de 1924, qu’il synthétise et systématise dans ses Römische Katakomben de 1933, est le premier à critiquer la méthode suivie par de Rossi pour dater l’origine des catacombes et il la repousse au milieu du IIe siècle10. Au début des années 1960, Paul-Albert Février conclut qu’il n’y pas de trace de christianisme avant la fin du IIe siècle dans la catacombe de Priscille11. Passant ensuite en revue les catacombes de Calliste, de Prétextat et de Domitille, il peut affirmer : « L’étude des catacombes apporte donc peu de renseignements sur la situation des cimetières romains du IIe siècle »12. Seule la notice de la Tradition apostolique semble le retenir de ne situer le développement de cimetières communautaires qu’à partir du milieu du IIIe siècle13. Dans l’important ouvrage de synthèse publié en 1966, Pasquale Testini écrit : « Pour l’ensemble du Ier siècle et pour une bonne partie du IIe, le problème des cimetières chrétiens, dans l’état actuel de notre connaissance, ne se pose pas »14. U.M. Fasola et P. Testini, dans le rapport sur les cimetières chrétiens qu’ils donnent au IXe Congrès d’archéologie chrétienne en 1975, concluent que le développement des catacombes communautaires commence à être bien documenté dans la seconde moitié du IIIe siècle15. Il est maintenant généralement admis qu’avant le IIIe siècle, les chrétiens enterraient leurs morts comme les païens et vraisemblablement au milieu d’eux16.

  • 17 Sur les difficultés de la terminologie, voir P. Pergola, Le catacombe romane : storia e topografia, (...)
  • 18 Sur ce terme, voir ibid., p. 60-62 ; H. Brandenburg, Überlegungen zu Ursprung und Entstehung der Ka (...)

4Un autre bouleversement a été amorcé, lui, seulement à la fin des années 1960, quand il est apparu que l’origine des catacombes ne pouvait plus être considérée comme un phénomène uniquement chrétien. En effet, à l’origine des catacombes, si ce terme peut être réservé aux vastes réseaux souterrains, à plusieurs étages, constitués de galeries aux parois creusées de tombes17, se trouve en général une série de noyaux indépendants, qui ont par la suite été peu à peu reliés entre eux jusqu’à former ces grands ensembles, sans qu’il soit toujours facile de reconstituer les étapes de ce développement. Or, parmi ces hypogées18, il peut s’en trouver des païens comme des chrétiens.

  • 19 Tout ce développement dépend étroitement de la thèse non publiée de P. Pergola, Les cimetières chré (...)

5La catacombe de Domitille est l’exemple le mieux connu19. Des sept noyaux pré-constantiniens, deux seulement ont des propriétaires dont le christianisme peut être tenu pour certain : la région dite du « scalone » de 1897, avec 135 mètres de galeries et environ 400 sépultures, où ont été retrouvées in situ des inscriptions au formulaire caractéristique, et l’hypogée « des martyrs » où furent inhumés Nérée et Achille. L’hypogée dit des Flavii, où G.B. de Rossi croyait reconnaître la tombe des membres chrétiens de la famille de Flavia Domitilla, la propre nièce de l’empereur Domitien, est en réalité un hypogée païen creusé à la fin du IIe ou au début du IIIe siècle : ce n’est que dans la seconde moitié du IIIe siècle qu’il est utilisé par des chrétiens. L’Ampliatus, qui donne son nom à un autre hypogée, loin d’être l’homonyme de l’Épître aux Romains, serait un affranchi païen : l’iconographie des deux chambres funéraires du noyau primitif ne contient aucun élément explicitement chrétien. C’est le cas aussi de l’hypogée du Bon Pasteur, de toute évidence un tombeau familial avec une galerie centrale qui conduit à la chambre funéraire du propriétaire et des couloirs latéraux percés de loculi pour les autres membres de la familia. Enfin, l’appartenance religieuse des propriétaires des deux hypogées dits des Flavii Aurelii ne peut pas être déterminée : l’un avec une quinzaine de sépultures était familial ; l’autre, qui en comptait environ 250, était peut-être la propriété d’un collège. L’exemple de Domitille ne peut pas être généralisé, mais il suggère que l’on ne peut tenir pour certain que le regroupement de sépultures obéisse à des motifs religieux.

De Rossi et l’organisation des catacombes

6Cela amène à poser la question de l’organisation des catacombes proprement dites. De Rossi est le premier à avoir proposé une reconstruction historique du système, s’efforçant de faire coïncider avec les monuments archéologiques les quelques informations livrées par les textes.

  • 20 Editio princeps, Oxford, 1851, par E. Miller.
  • 21 G.B. de Rossi, Esame archeologico e critico della storia di s. Callisto narrata nel libro nono dei (...)
  • 22 La question de l’identité d’Hippolyte ne peut pas être discutée ici. La controverse est ouverte en  (...)
  • 23 Hippolyte, Refutatio omnium haeresium, IX, 12 (éd. par M. Marcovich, Berlin, 1986, p. 352-353).
  • 24 G.B. de Rossi, Esame… cit., p. 8-9.
  • 25 G.B. de Rossi, Esame… cit., p. 10.

7Le point de départ de de Rossi est un texte qui a été découvert peu auparavant20 et qu’il décrit comme « une révélation sur l’Église de Rome » : les Philosophumena sive Omnium haeresium refutatio21. Attribué à Origène par les manuscrits, ce pamphlet a été rédigé en réalité par un clerc romain qui refusa de reconnaître l’élection de Calliste en 217 et qui est communément identifié comme Hippolyte22. Il y est dit notamment que Calliste est rappelé d’exil par Zéphirin en 197, associé au gouvernement de l’Église et affecté eis to koimeterion23. De Rossi propose d’abord de reconnaître dans la fonction de Calliste celle d’un archidiacre24. Il s’attache ensuite à élucider le sens de son affectation « au cimetière ». Après avoir affirmé que le cimetière est la catacombe qui porte encore aujourd’hui son nom, la catacombe de Calliste sur la voie Appia, De Rossi explique que l’expression d’Hippolyte doit s’entendre par antonomase, car il s’agit du premier cimetière officiel de l’Église de Rome25.

  • 26 Texte conservé dans Digeste, 47, 22, 1. Sur la législation de Septime Sévère en la matière, voir A. (...)
  • 27 Tertullien, Apologeticum, 38-39.
  • 28 Voir G.B. de Rossi, Dei sepolcreti cristiani non sotterranei, dans Bullettino di archeologia cristi (...)
  • 29 G.B. de Rossi, Esame… cit., p. 11-12.

8Pour expliquer le caractère officiel du cimetière, il recourt à la législation des Sévères sur les collèges. Il s’agit de différentes mesures libéralisant la création d’associations à but funéraire ou religieux pour les tenuiores26. Ces textes législatifs sont rapprochés à leur tour d’un passage où Tertullien défend les chrétiens d’avoir formé des associations illicites27. Ainsi est formulée l’hypothèse que les chrétiens ont recouru à la législation associative pour s’organiser légalement dans l’Empire28 et que l’honneur accordé à Calliste a été d’être le premier chef d’une société chrétienne, un collège funéraire légalement déclaré qui pouvait par conséquent posséder corporativement un cimetière29.

  • 30 G.B. de Rossi, La Roma sotterranea… cit., III, p. 515 s.
  • 31 Liber Pontificalis… cit., I, p. 5 : Hic regiones diuisit diaconibus et multas fabricas per cymeteri (...)
  • 32 Eusèbe, Histoire ecclésiastique, 7, 13 (texte grec, trad. et annotations par G. Bardy, Paris, 4e éd (...)
  • 33 Liber Pontificalis… cit., I, p. 157 : Hic presbyteris ecclesias dedit et cymeteria et parrocias dio (...)

9C’est donc à la fin du IIe siècle que, selon de Rossi, l’Église de Rome institue son premier cimetière communautaire. Pour décrire les développements de cette institution jusqu’à la paix constantinienne30, il s’appuie d’abord sur la notice du Liber Pontificalis consacrée au pape Fabien (236-250). Celle-ci lui attribue d’une part la création des régions ecclésiastiques, dont l’administration est confiée aux diacres, et d’autre part des interventions dans les cymeteria31. À l’aide de quelques épitaphes contenant une indication topographique, de Rossi esquisse aussi un système de répartition des cimetières en fonction des régions ecclésiastiques. Il rappelle ensuite qu’en 260, quand il met fin à la persécution initiée par Valérien en 257, Gallien permet aux différents évêques de « recouvrer les lieux où se trouvent ce qu’on appelle les cimetières »32. Les effets de la mesure de Gallien peuvent enfin se mesurer dans la notice que le Liber Pontificalis consacre au pape contemporain, Denys (260-268), qui réorganise l’administration des cimetières en les liant cette fois aux paroisses romaines33.

10Il serait possible d’ajouter çà et là une ou deux pièces supplémentaires au système proposé par de Rossi, mais l’essentiel est là : de la naissance du premier cimetière de la communauté chrétienne de Rome à la création d’un cimetière par paroisse quand l’Église s’est dotée d’une véritable administration.

État des connaissances sur l’administration des catacombes

  • 34 Voir J. Perry, The Roman collegia : the modern evolution of an ancient concept, Leyde, 2006, p. 40- (...)
  • 35 L. Duchesne critique la thèse de De Rossi dans son cours lithographié sur les Origines chrétiennes (...)
  • 36 Voir L. Duchesne, Histoire ancienne de l’Église, I, Paris, 1906, p. 384-387 (citation p. 387).
  • 37 J.-P. Waltzing, Étude historique sur les corporations professionnelles chez les Romains, I, Paris, (...)
  • 38 Pour une histoire de la controverse après ces premières passes d’armes, voir F.M. de Robertis, Stor (...)
  • 39 J’ai proposé une réfutation systématique de la thèse de De Rossi et de ses avatars dans É. Rebillar (...)
  • 40 Ibid., p. 55-56 avec bibliographie et, plus récemment, les deux monographies de P. Harland : Associ (...)

11La thèse de la formation de collèges par l’Église a été très tôt critiquée, en particulier par Louis Duchesne34. Les deux hommes ont échangé plusieurs lettres à ce sujet35, mais Duchesne est resté pour le moins circonspect, allant jusqu’à écrire dans le premier tome de son Histoire ancienne de l’Église : « De fictions légales, de collèges funéraires, de titres mystérieux, les documents ne donnent ni témoignage ni soupçon »36. Jean-Pierre Waltzing suit Duchesne dans son Étude historique sur les corporations professionnelles chez les Romains en 1895 et consacre en 1912 un article à une réfutation en règle de la thèse de de Rossi, s’appuyant en particulier sur une critique interne du passage de l’Apologétique de Tertullien37. En dépit de ces sévères critiques, la thèse de de Rossi a reçu le soutien de savants importants38, mais elle n’est plus guère défendue aujourd’hui39. Les spécialistes de l’Église ancienne continuent toutefois à s’intéresser aux collèges dans la mesure où ils permettent de mieux comprendre ce que pouvaient être les premières organisations chrétiennes40.

  • 41 Pour la composition du Catalogue Libérien, inclus dans le célèbre Chronographe de 354, voir L. Duch (...)
  • 42 C. Pietri, Régions ecclésiastiques et paroisses romaines, dans Actes du XIe Congrès International d (...)
  • 43 C. Pietri, Roma Christiana… cit., I, p. 133-134.

12Le système d’administration ecclésiastique des cimetières proposé par de Rossi sur la base des notices du Liber Pontificalis a été considérablement révisé par Charles Pietri. Si ce dernier retient comme historique la division en sept régions à l’époque de Fabien (236-250), ou en tout cas avant l’époque de rédaction du Catalogue Libérien, source de la notice du Liber Pontificalis, soit avant 35441, il a, en revanche, réfuté définitivement la thèse du rattachement aux circonscriptions régionales de l’administration des cimetières. Le catalogue des épitaphes contenant une indication topographique compte de trop nombreuses exceptions à la règle proposée par de Rossi et il en est de même de celui des interventions presbytérales dans les catacombes42. De même, il a exprimé de très grandes réserves sur le rôle des diacres défini par G.B. de Rossi à partir de la notice d’Hippolyte sur Calliste et de la présente notice43.

  • 44 Innocent Ier, Ep. 25, 5, 8 avec le commentaire de R. Cabié, La lettre du pape Innocent I à Decentiu (...)
  • 45 Voir Liber Pontificalis… cit., I, p. 277 et n. 11 ; É. Rebillard, koimhthrion et coemeterium cit., (...)
  • 46 C. Pietri, Régions ecclésiastiques… cit., p. 1045-1046.

13Quant à la notice sur le pape Denys, qui semble associer cimetières et paroisses, elle doit être interprétée à la lumière de la lettre du pape Innocent Ier à Decentius de Gubbio où il est question du fermentum, les espèces consacrées pour la célébration des églises titulaires44. Les cymeteria ne désignent pas les cimetières, mais les basiliques suburbaines selon un sens bien attesté dans le Liber Pontificalis45 et, comme les parrociae, ils sont constitués en diocesis du fait de leur éloignement et ne bénéficient pas de la distribution du fermentum46.

  • 47 C. Pietri, Roma Christiana… cit., I, p. 131-134.
  • 48 Sur le corps de métier des fossores, voir principalement J. Guyon, La vente des tombes à travers l’ (...)
  • 49 C. Pietri, Roma Christiana… cit., I, p. 659-667 ; id., Appendice prosopographique à la Roma Christi (...)
  • 50 J. Guyon, La vente… cit., p. 592.
  • 51 Voir É. Rebillard, Les formes de l’assistance funéraire dans l’Empire romain et leur évolution dans (...)
  • 52 C. Pietri, Roma Christiana… cit., I, p. 134.

14Il ne reste donc pas grand chose du système proposé par de Rossi. La seule responsabilité attestée dans l’administration des catacombes est celle des fossores47. Ce sont eux qui ont la responsabilité technique du développement des catacombes : creuser les galeries, aménager les tombes, réunir les différents réseaux, veiller à leur sécurité. Ce sont eux aussi qui vendent les emplacements et qui en perçoivent le prix48. Il s’agit d’un corps de métier, composé d’artisans spécialisés qui pourraient avoir été employés à l’origine dans le creusement des cunicules, des divers ouvrages hydrauliques et dans les arénaires qu’ont souvent réutilisés les catacombes. Toutefois Pietri a bien montré que les fossores n’appartiennent pas au clergé49. Le dossier épigraphique de ventes de tombes dans les catacombes, étudié par Jean Guyon, montre en outre que leur action était autonome par rapport au clergé et que l’ingérence de celui-ci dans leurs activités était très limitée50. À partir du IVe siècle, ce corps de métier bénéficie d’immunités fiscales51 qui permettent à ses membres d’offrir leurs services à peu de frais. Il n’est plus possible, en revanche, de soutenir qu’au IIIe siècle l’Église pourvoyait à leur entretien, comme le pense encore Pietri52.

  • 53 Ibid., I, p. 130.

15C’est la notice de la Tradition apostolique sur la sépulture des pauvres qui, vraisemblablement, le lui suggérait53. Voici une traduction française de la notice telle qu’elle est utilisée par les historiens :

  • 54 Hippolyte, La tradition apostolique, 40 (éd. par B. Botte, Paris, 1968), p. 122-123.

On n’imposera pas une lourde charge pour enterrer dans les cimetières, car c’est la chose de tous les pauvres. Cependant on paiera le salaire de l’ouvrier à celui qui a fait la fosse, et le prix des briques. Quant à ceux qui se trouvent en cet endroit et en ont le soin, l’évêque les nourrira au moyen de ce qui est donné à l’Église, afin que ceux qui viennent en ces lieux n’aient pas une lourde charge54.

  • 55 Les articles d’A. Faivre, La documentation canonico-liturgique de l’Église ancienne, dans Revue des (...)
  • 56 Sur ce point, voir le résumé des débats dans M. Metzger, Nouvelles perspectives… cit., p. 245-247.
  • 57 M. Guarducci a pu montrer en effet que la « statue d’Hippolyte » était en réalité un assemblage d’é (...)
  • 58 Voir n. 22 supra.
  • 59 Le premier à proposer un texte a été E. Schwartz en 1910 (Über die pseudoapostolische Kirchenordnun (...)
  • 60 M. Metzger, Nouvelles perspectives… cit., p. 244. La rétroversion proposée récemment par A. Stewart (...)

16Or la valeur documentaire de cette notice pose de nombreux problèmes55. D’une part, l’attribution à Hippolyte de Rome de la paternité de la Tradition apostolique ne repose que sur la liste des ouvrages gravée sur le socle de la statue découverte par Ligorio en 1551 et aujourd’hui à la Bibliothèque Vaticane. Or, outre les difficultés liées au titre lui-même56, la possibilité qu’il s’agisse d’une statue d’Hippolyte est maintenant abandonnée57, sans même mentionner les incertitudes liées à Hippolyte en tant que tel58. D’autre part, le texte est une rétroversion, c’est-à-dire un texte que la critique a reconstruit à partir de textes postérieurs apparentés entre eux et censés dépendre d’un archétype commun59. Marcel Metzer a non sans raison qualifié le texte de « texte fantôme »60.

  • 61 É. Rebillard, Religion et sépulture… cit., p. 130-134.
  • 62 M. Simonetti, Roma cristiana tra vescovi e presbiteri, dans V. Fiocchi Nicolai, J. Guyon (dir.), Or (...)

17En examinant comment la notice sur la sépulture des pauvres avait été reconstituée, j’ai pu montrer que Bernard Botte avait fait appel à ce qu’il croyait connaître au sujet de l’organisation funéraire des chrétiens aux IIe et IIIe siècles et qu’ainsi l’utilisation de la notice condamnait les historiens à un raisonnement circulaire61. Devant les difficultés accumulées quant à l’identité de l’auteur et au contenu même du texte, Manlio Simonetti a quant à lui récemment suggéré qu’il fallait au moins provisoirement en suspendre toute utilisation, en tout cas comme source documentaire sur la Rome du IIIe siècle62.

  • 63 M.H. Williams, The organisation of Jewish burials in ancient Rome in the light of evidence from Pal (...)

18L’indépendance financière et administrative des fossores vis-à-vis du clergé invite donc à les considérer comme des entrepreneurs funéraires du type de ceux que Margaret Williams imagine avoir été responsables du développement des catacombes juives63. En tout cas, il est singulier que nous n’ayons aucune indication sur la façon dont l’Église de Rome administre les catacombes.

L’origine de la catacombe de Calliste

19Reste la notice de la Refutatio sur Calliste. Elle pose à mon sens deux problèmes : celui du sens du mot grec koimeterion au début du IIIe siècle, puis celui de l’identification de la mission confiée à Calliste par Zéphyrin.

  • 64 Voir J. Krammer, Was bedeutet κοιμητηρίον in den Papyri ?, dans Zeitschrift für Papyrologie und Epi (...)
  • 65 Voir M.B. Ogle, The sleep of death, dans Memoirs of the American Academy in Rome, 11, 1933, p. 81-1 (...)
  • 66 Voir A. Ferrua, Il Cimitero dei nostri morti, dans Civiltà Cattolica, 109, 1958, p. 273-285, repris (...)
  • 67 Principalement l’Attique (voir J.S. Creaghan et A.E. Raubitschek, Early Christians epitaphs from At (...)
  • 68 A. Ferrua, Il Cimitero… cit., p. 293 cite des textes d’Athanase d’Alexandrie, d’Eusèbe de Césarée, (...)
  • 69 Pour une discussion plus complète qui prend en compte le sens du mot et son évolution en latin, voi (...)

20Le verbe grec, dont le substantif koimeterion est dérivé, signifie « être couché », « dormir », et le substantif lui-même a le sens de « dortoir » depuis ses premières attestations au IVe siècle avant J.-C. jusque dans les Règles des monastères byzantins, où il peut encore désigner le dortoir monastique64. Les premiers emplois funéraires du mot datent de la fin du IIe siècle de notre ère. Il s’agit d’une appropriation par les chrétiens d’un terme spécifique, dont l’emploi s’explique aisément par l’image scripturaire de la mort comme sommeil en attente de la résurrection65. En grec, la première attestation chrétienne remonte à la notice ici discutée. Dans les quelques autres emplois anciens, le mot désigne très clairement une tombe, et non un cimetière66. C’est aussi le sens de tombe ou de tombeau qui est largement attesté par l’épigraphie grecque dans les régions les plus diverses67. Les textes grecs qui emploient koimeterion avec le sens de cimetière datent au plus tôt du IVe siècle68. Il est donc peu vraisemblable que le mot koimeterion désigne autre chose qu’une tombe ou un tombeau dans la notice sur Calliste69.

  • 70 É. Rebillard, koimhthrion et coemeterium cit., p. 991 ; id., L’Église de Rome et le développement (...)
  • 71 Sur la notion d’un tombeau professionnel, voir J.-C. Picard, Étude sur l’emplacement des tombes des (...)
  • 72 J. Guyon et V. Fiocchi Nicolai, Relire Styger : les origines de l’area I du cimetière de Calliste e (...)

21Cela ne peut pas être sans conséquence sur l’interprétation à donner de la mission confiée à Calliste. J’ai pour ma part suggéré qu’il s’agissait de l’aménagement de la « crypte des papes », et non celui de l’ensemble de l’area I, comme il est généralement admis depuis de Rossi et Styger70. La « crypte des papes » est la chambre funéraire où sont enterrés les évêques de Rome à partir de l’épiscopat d’Antéros (235-236). La mission de Calliste aurait ainsi été celle de la construction d’un tombeau professionnel71, un projet tout différent de celui de la création d’un cimetière communautaire. Cette interprétation présente la difficulté d’avoir à expliquer pourquoi un tombeau commandité en 197 n’a pas été utilisé avant 230. Maintenant que Jean Guyon et Vincenzo Fiocchi Nicolai ont montré qu’il fallait écarter définitivement la possibilité qu’Urbain y ait été enterré72, l’aménagement de la crypte doit être daté de l’épiscopat de Pontien (230-235), et non de celui de Zéphyrin.

  • 73 Ibid., p. 158 : « le koimeterion ne peut être que l’area I elle-même, comme le reste de la traditio (...)
  • 74 Ibid., p. 156-158 pour les conclusions.
  • 75 Ibid., p. 158 ; cf. J. Guyon, À propos d’un ouvrage récent : retour sur le « dossier des origines » (...)

22Faut-il alors revenir à l’interprétation traditionnelle ? C’est ce que, tout en la nuançant fortement, proposent Jean Guyon et Vincenzo Fiocchi Nicolai73. En reprenant à nouveaux frais l’analyse des origines de l’area I de la catacombe de Calliste, ils montrent que la « crypte des papes » est née à l’extrême fin de la phase III, ce qui donne un terminus post quem non pour les trois premières phases, et ils évaluent que la capacité du « cimetière » est alors de 1130 tombes, ce qui, pour la période 200-235, est suffisant pour servir une population d’environ un millier de personnes74. Ils concluent alors que le projet de Zéphyrin était « non de créer un cimetière “communautaire” où les fidèles seraient plus ou moins tenus de faire élection de sépulture, mais de satisfaire les désirs de ceux qui, au sein de son Église, désiraient reposer côte à côte, ce qui est tout autre chose »75. La nuance est importante : l’évêque Zéphyrin et son entreprenant diacre Calliste auraient répondu à l’attente des fidèles, d’où les tâtonnements des premières phases, et non imposé un modèle aux membres de leur congrégation.

Un dernier verrou à lever pour l’historiographie des catacombes

  • 76 J. Guyon, À propos… cit., p. 252 : « le fait que, dès le tournant des années 200, l’Église locale a (...)
  • 77 Voir les chapitres 2 et 3 de : É. Rebillard, Religion et sépulture… cit., deux chapitres peu commen (...)

23Dans la belle relecture du « dossier des origines » des catacombes proposée par Jean Guyon, l’idée que les chrétiens aspiraient à être inhumés ensemble tient une place importante et explique même le développement postérieur des catacombes76. J’ai montré, pourtant, que cette aspiration était mal documentée et qu’en particulier, il ne semble pas possible de limiter a priori l’aspiration des chrétiens à une sépulture collective avec leurs seuls coreligionnaires77.

  • 78 G.B. de Rossi, La Roma sotterranea… cit., I, p. 50-51.
  • 79 J. Bodel, From columbaria to catacombs : collective burial in pagan and Christian Rome, dans Commem (...)

24La possibilité que les catacombes n’aient pas servi exclusivement de lieux de sépulture aux chrétiens est un des derniers verrous à lever pour l’historiographie des catacombes. De Rossi, dans la Roma sotterranea, balaye d’un trait de plume les positions défendues par François Maximilien Misson78, et la question semblait être entendue depuis lors. Elle vient pourtant d’être rouverte79.

  • 80 F.M. Misson, Nouveau voyage d’Italie, 5e éd., Utrecht, 1722, p. 240-247. Le voyage date de 1688 et (...)
  • 81 Pour Misson, l’évocation des Mânes était absolument inimaginable pour des chrétiens. Aujourd’hui, i (...)
  • 82 La charge polémique est en quelque sorte double ici car ces balsamaires ne sont autres que les fame (...)
  • 83 Sur ces cimetières publics pour les pauvres et les étrangers, voir J. Bodel, Dealing with the dead  (...)
  • 84 De Rossi et de nombreux savants après lui considéraient qu’il était interdit à un chrétien d’être e (...)

25Il n’est pas inutile d’évoquer rapidement les arguments de Misson. Loin de prétendre que les catacombes sont simplement des cimetières païens, il entend suggérer que les chrétiens n’étaient pas seuls à y être enterrés80. Il mentionne notamment qu’y ont été retrouvées des inscriptions dont le formulaire contient l’évocation païenne traditionnelle aux Dieux Mânes81, tandis que d’autres portent des marques indiscutablement chrétiennes, telles que le chrisme ou des symboles comme la colombe et le poisson, précisément pour distinguer les tombes chrétiennes des autres. De même, les nombreux balsamaires, les petits vases à parfum en verre, sont considérés comme un type de mobilier funéraire typiquement païen82. Pour Misson, en fait, les catacombes ne sont autres que les puticoli évoqués par Horace (Satires 1, 8, 8-13), où étaient enterrés dans la promiscuité la plus complète les pauvres et les étrangers83. Ni cette dernière hypothèse, ni les autres arguments utilisés ne peuvent plus être retenus, mais l’idée que la charge de la preuve devrait peser sur ceux qui soutiennent que les catacombes ne contiennent que des sépultures chrétiennes n’est pas sans mérite. En effet, la plupart des sépultures ne présentent aucun indice d’appartenance religieuse, ni inscription au formulaire explicite, ni peinture à l’iconographie claire, par exemple. Dans la mesure où païens et chrétiens pouvaient être enterrés ensemble84, il est difficile d’écarter a priori que c’était le cas aussi dans les catacombes.

  • 85 J. Bodel, From columbaria to catacombs… cit., p. 183-185.
  • 86 Voir, toutefois, plus haut l’évocation de Philipe Pergola.
  • 87 Depuis les publications de Ferrua sur Dino Compagni, en particulier Le pitture della Nuova Catacomb (...)

26John Bodel a même récemment montré qu’il était démographiquement improbable que les catacombes romaines aient été exclusivement utilisées par des chrétiens. Bodel part du constat que nous ne connaissons qu’environ 1,5 % de l’ensemble des sépultures de Rome pour les trois premiers siècles ; si les catacombes sont exclusivement chrétiennes, cela signifierait qu’auraient été préservées 18 % de l’ensemble des sépultures chrétiennes et moins de 0,01 % des sépultures de tous les autres groupes85. Tous les chiffres utilisés sont fragiles, mais l’écart entre les proportions est tel qu’il est invraisemblable que les catacombes n’aient été utilisées que par des chrétiens. Il faut bien prendre la mesure de l’affirmation. Que des noyaux non chrétiens soient incorporés dans les catacombes au cours de leur développement n’est guère plus contesté86, que quelques hypogées ou catacombes de petite taille ait eu une population mixte est accepté87, mais l’utilisation exclusive des grandes catacombes dites communautaires par les chrétiens a toujours été considérée comme allant de soi.

  • 88 J. Bodel, From columbaria to catacombs… cit., p. 189 s.
  • 89 Ibid., p. 210-219 sur les columbaria, p. 219-227 sur les catacombes.

27Une fois cela établi, Bodel suggère de ne plus considérer les catacombes comme un cas d’espèce, mais comme le témoin d’un changement général dans les pratiques funéraires de la capitale88. Il en rapproche et en distingue soigneusement à la fois un autre développement, légèrement antérieur, celui des columbaria. Les columbaria sont ces monuments, parfois semi-enterrés, qui contiennent plusieurs milliers de niches dans lesquelles étaient placées des urnes cinéraires. Ce que columbaria et catacombes ont en commun c’est de faire place à des regroupements de sépultures qui dépassent de loin la famille, même étendue, au sens romain du terme, à tous les dépendants. La principale différence entre les deux types de monuments est que les catacombes sont par nature extensibles, ouvertes, avec des limites mal définies, alors que les columbaria sont définis par l’espace enfermé entre leurs quatre murs89.

  • 90 Ibid., p. 227-232.
  • 91 Ibid., p. 232 : « [les collegia] offraient un modèle souple permettant aux chrétiens des villes de (...)
  • 92 Ibid., p. 233-234.

28Contemporaine de l’apparition des columbaria est l’invention des collegia, ou associations, une institution sociale née pour procurer une sépulture à des groupes qui dépassent en taille ce que peuvent supporter les structures familiales ou patronales90. Bodel rejette à son tour la thèse de de Rossi selon laquelle l’église ou les églises locales étaient autant de collegia légalement constitués et défend la possibilité pour les chrétiens d’avoir constitué des collegia afin de gérer leur besoin de sépulture collective. Il semble toutefois qu’il n’envisage que des collegia dont tous les membres seraient chrétiens91. De même, en conclusion, il suggère que les catacombes, d’abord utilisées par une population mixte, ont ensuite particulièrement attiré les chrétiens. Il met en relation leur structure ouverte et leur ambiance d’outre-monde avec les nouvelles relations qui s’établissent entre les vivants et les morts et avec les aspirations communautaires des chrétiens92. Aussi les affirmations de départ sur l’utilisation mixte des catacombes sont-elles au final quelque peu nuancées.

  • 93 Les positions défendues par John Bodel et moi-même ont été récemment confirmées et renforcées par B (...)
  • 94 Voir les conclusions de K. Bowes, Early Christian archaeology : a state of the field, dans Religion (...)

29Le débat n’est pas clos93, mais, avec la déconstruction des « catacombes chrétiennes », qui a commencé avec de Rossi, a commencé aussi plus largement la déconstruction de l’archéologie chrétienne comme discipline94.

Notes

1 G.B. de Rossi, La Roma sotterranea cristiana, III, Rome, 1864-1877, I, p. 85.

2 A. Bosio, Roma sotterranea, Rome, 1634, p. 2D.

3 Liber Pontificalis, texte, introd. et comment. par L. Duchesne, Paris, 1955- 1957, 2e éd., t. 1, p. 161 avec le commentaire de L. Duchesne, p. XCVIII.

4 Cyprien, epist. 80, 1, 4 avec le commentaire de G.W. Clarke, The Letters of St. Cyprian of Carthage, New York, 1984-1989, IV, p. 305-308 ; voir Damase, epigram. 13 sur les circonstances de la mort.

5 Les notices concernent d’ailleurs des papes assez tardifs : Liberius (352-356), Bonifatius (418-422) et Iohannes 3 (566-574), respectivement Liber Pontificalis… cit., I, p. 207, 227 et 305-306. Sur le sens de cymeterium dans le Liber Pontificalis, voir le commentaire de L. Duchesne, Liber Pontificalis… cit., I, p. 277 et n. 11.

6 O. Marucchi, Le catacombe romane, Rome, 1905, p. 8. Il ne dit rien à ce sujet dans la première édition de la guide parue en français en 1900.

7 Il n’est pas nécessaire ici d’évoquer le rôle de de Rossi dans les débats sur le « vase de sang » : voir l’introduction d’A. Ferrua à G.B. de Rossi, Sulla questione del vaso di sangue. Memoria inedita con introduzione storica e appendici di documenti inediti per cura del P. Antonio Ferrua, S.I., Rome, 1944 ; cf. M. Ghilardi, Sanguine tumulus madet : Devozione al sangue dei martiri delle catacombe nella prima età moderna, Rome, 2008.

8 P. Testini, Le catacombe e gli antichi cimiteri cristiani in Roma, Bologne, 1966, p. 180. Sur la découverte en 1845, voir G. Marchi, Monumenti delle arti cristiane primitive nella metropoli del cristianesimo, Rome, 1847, p. 237-272.

9 G.B. de Rossi, La Roma sotterranea… cit., I, p. 184-197.

10 Pour une analyse méthodologique des critères de datation traditionnellement utilisés, voir P. Styger, Die römischen Katakomben. Archäologische Forschungen über den Ursprung und die Bedeutung der altchristlichen Grabstätten, Berlin, 1933, p. 1-18 ; sur l’absence de sépulture chrétienne dans les catacombes avant le milieu du IIe siècle, p. 319.

11 P.-A. Février, Études sur les catacombes romaines, I. Le développement de la catacombe de Priscille, dans Cahiers archéologiques, 10, 1959, p. 1-26.

12 P.-A. Février, Études sur les catacombes romaines, II. La catacombe de Priscille et l’origine des catacombes, dans Cahiers archéologiques, 11, 1960, p. 1-14, ici p. 9.

13 Ibid., p. 11. Sur le problème posé par ce texte, voir ci-dessous.

14 P. Testini, Le catacombe e gli antichi… cit., p. 49-81.

15 U.M. Fasola et P. Testini, I cimiteri cristiani, dans Atti del IX Congresso Internazionale di Archeologia Cristiana, Rome, 1978, I, p. 103-139, p. 139.

16 Voir, par exemple, U.M. Fasola et V. Fiocchi Nicolai, Le necropoli durante la formazione della città cristiana, dans Actes du XIe Congrès d’archéologie chrétienne, Rome, 1989, t. 2, p. 1154-1155.

17 Sur les difficultés de la terminologie, voir P. Pergola, Le catacombe romane : storia e topografia, Rome, 1997, p. 73.

18 Sur ce terme, voir ibid., p. 60-62 ; H. Brandenburg, Überlegungen zu Ursprung und Entstehung der Katakomben Roms, dans Vivarium : Festschrift Th. Klauser zum 90. Geburtstag, Münster, 1984, p. 11-49 ; L. Reekmans, Spätrömische Hypogea, dans Studien zur spätantiken und byzantinischen Kunst F.W. Deichmann gewidmet, Bonn, 1986, II, p. 11-37.

19 Tout ce développement dépend étroitement de la thèse non publiée de P. Pergola, Les cimetières chrétiens de Rome depuis leurs origines jusqu’au neuvième siècle : le cas du « praedium Domitillae » et de la catacombe homonyme sur la « Via Ardeatina », Thèse de l’Université d’Aix-Marseille, 1992. Il faut aussi mentionner les travaux de L. Pani Ermini sur l’hypogée dit des Flavii (L’ipogeo detto dei Flavi in Domitilla, dans Rivista di archeologia cristiana, 45, 1969, p. 119- 173 et 48, 1972, p. 235-269) et de P. Testini sur celui de l’Ampliatus (Nuove osservazioni sul cubiculo di Ampliato in Domitilla, dans Atti del IX Congresso Internazionale di Archeologia Cristiana, Rome, 1978, II, p. 141-157). Pour une évocation de la réception de ces thèses nouvelles dans les années 70, quand il publia son premier article sur Domitille (Il « praedium Domitile » sulla via Ardeatina : analisi storico-topografica delle testimonianze pagane fino alla metà del III sec. d.C., dans Rivista di archeologia cristiana, 55, 1979, p. 313-335), voir P. Pergola, Gli ipogei all’origine della catacomba di Domitilla : una rilettura, dans V. Fiocchi Nicolai, J. Guyon (dir.), Origine delle catacombe romane. Atti della giornata tematica dei Seminari di Archeologia Cristiana (Roma 21 marzo 2005), Vatican, 2006, p. 177-184.

20 Editio princeps, Oxford, 1851, par E. Miller.

21 G.B. de Rossi, Esame archeologico e critico della storia di s. Callisto narrata nel libro nono dei Filosofumeni, dans Bulletino di archeologia cristiana, 4, 1866, p. 1-14 ; voir G.B. de Rossi, La Roma sotterranea… cit., I, p. 197 où il renvoie à l’étude à paraître.

22 La question de l’identité d’Hippolyte ne peut pas être discutée ici. La controverse est ouverte en 1947 par P. Nautin, Hippolyte et Josippe : contribution à l’histoire de la littérature chrétienne du IIIe siècle, Paris, 1947 et le dossier a beaucoup avancé grâce à deux tables rondes de l’Istituto Patristico Augustinianum : Ricerche su Ippolito, Rome, 1977 et Nuove ricerche su Ippolito, Rome, 1989. Une étude importante et controversée : A. Brent, Hippolytus and the Roman church in the third century : communities in tension before the emergence of a monarch-bishop, Leyde, 1995 ; voir le compte-rendu de M. Simonetti, Una nuova proposta su Ippolito, dans Augustinianum, 36, 1996, p. 13-46. Dernièrement, voir Ippolito, Contro Noeto, éd. par M. Simonetti, Bologne, 2000 ; J.A. Cerrato, Hippolytus between East and West : the commentaries and the provenance of the corpus, Oxford, 2002 ; M. Simonetti, Per un profilo dell’autore dell’Elenchos, dans Vetera Christianorum, 46/2, 2009, p. 157-173.

23 Hippolyte, Refutatio omnium haeresium, IX, 12 (éd. par M. Marcovich, Berlin, 1986, p. 352-353).

24 G.B. de Rossi, Esame… cit., p. 8-9.

25 G.B. de Rossi, Esame… cit., p. 10.

26 Texte conservé dans Digeste, 47, 22, 1. Sur la législation de Septime Sévère en la matière, voir A. Daguet-Gagey, Septime Sévère, un empereur persécuteur des chrétiens ?, dans Revue des études augustiniennes, 47, 2001, p. 3-32, ici p. 14-22.

27 Tertullien, Apologeticum, 38-39.

28 Voir G.B. de Rossi, Dei sepolcreti cristiani non sotterranei, dans Bullettino di archeologia cristiana, 2, 1864, p. 25-32 ; id., Le varie e successive condizioni di legalità dei cemeteri, il vario grado di libertà dell’arte cristiana, e la legalità della medesima religione nel primo secolo verificate dalle recenti scoperte nel ce-metero di Domitilla, dans Bullettino di archeologia cristiana, 1865, p. 89-99. cf. G.B. de Rossi, La Roma sotterranea… cit., I, p. 101-108 et III, p. 508-514.

29 G.B. de Rossi, Esame… cit., p. 11-12.

30 G.B. de Rossi, La Roma sotterranea… cit., III, p. 515 s.

31 Liber Pontificalis… cit., I, p. 5 : Hic regiones diuisit diaconibus et multas fabricas per cymeteria iussit.

32 Eusèbe, Histoire ecclésiastique, 7, 13 (texte grec, trad. et annotations par G. Bardy, Paris, 4e éd. revue, 1994, p. 188). L’expression est le plus souvent traduite « les lieux appelés cimetières » sans tenir compte de ta choria : voir É. Rebillard, koimhthrion et coemeterium : tombe, tombe sainte, nécropole, dans Mélanges de l’École française de Rome. Antiquité, 105 (2), 1993, p. 975-1001, ici p. 982.

33 Liber Pontificalis… cit., I, p. 157 : Hic presbyteris ecclesias dedit et cymeteria et parrocias diocesis constituit.

34 Voir J. Perry, The Roman collegia : the modern evolution of an ancient concept, Leyde, 2006, p. 40-60.

35 L. Duchesne critique la thèse de De Rossi dans son cours lithographié sur les Origines chrétiennes (1878-1881) et c’est à ce sujet que les deux hommes échangent deux lettres en juin 1882. Ce sont les lettres 172 et 174 dans P. Saint-Roch (éd.), Correspondance de Giovanni Battista De Rossi et de Louis Duchesne (1873-1894), Rome, 1995, p. 218-219 et 220-222.

36 Voir L. Duchesne, Histoire ancienne de l’Église, I, Paris, 1906, p. 384-387 (citation p. 387).

37 J.-P. Waltzing, Étude historique sur les corporations professionnelles chez les Romains, I, Paris, 1895, p. 314-321 ; id., La thèse de J.-B. De Rossi sur les collèges funéraires chrétiens, dans Bulletin de l’Académie royale de Belgique (Classe des lettres, etc.), 6, 1912, p. 387-401 ; voir Collegia, dans Dictionnaire d’archéologie chrétienne et de liturgie, III-2, Paris, 1948, col. 2107-2140.

38 Pour une histoire de la controverse après ces premières passes d’armes, voir F.M. de Robertis, Storia delle corporazioni e del regime associativo nel mondo romano, Bari, 1973, II, p. 64, n. 1, qui se rallie à la thèse de De Rossi (p. 64- 89). Voir les considérations de J. Perry, The Roman collegia… cit., p. 58-60, qui sont toutefois à prendre avec grande précaution, car il se méprend aussi bien sur le point de vue de Visscher que sur le mien. La référence à Visscher est un article paru en 1951 (F. de Visscher, Le régime juridique des plus anciens cimetières chrétiens à Rome, dans Analecta Bollandiana, 69, 1951, p. 39-54 – et non dans les Studi in onore di Siro Solazzi en 1948 comme indiqué par Perry), puis repris dans Le droit des tombeaux romains, Milan, 1963, p. 261-276. Visscher rejette clairement la thèse des collèges chrétiens et avance celle de fondations funéraires chrétiennes.

39 J’ai proposé une réfutation systématique de la thèse de De Rossi et de ses avatars dans É. Rebillard, Religion et sépulture. L’Église, les vivants et les morts dans l’Antiquité tardive, Paris, 2003, p. 57-61.

40 Ibid., p. 55-56 avec bibliographie et, plus récemment, les deux monographies de P. Harland : Associations, synagogues, and congregations : claiming a place in ancient Mediterranean society, Minneapolis, 2003 ; id., Dynamics of Identity in the World of the Early Christians : Associations, Judeans, and Cultural Minorities, New York, 2009.

41 Pour la composition du Catalogue Libérien, inclus dans le célèbre Chronographe de 354, voir L. Duchesne, Liber Pontificalis… cit., I, p. VI-XII.

42 C. Pietri, Régions ecclésiastiques et paroisses romaines, dans Actes du XIe Congrès International d’Archéologie Chrétienne, II, p. 1035-1062, ici p. 1050- 1054 ; C. Pietri, Roma Christiana. Recherches sur l’Eglise de Rome, son organisation, sa politique, son idéologie de Miltiade à Sixte III (311-440), Rome, 1976, I, p. 133-135.

43 C. Pietri, Roma Christiana… cit., I, p. 133-134.

44 Innocent Ier, Ep. 25, 5, 8 avec le commentaire de R. Cabié, La lettre du pape Innocent I à Decentius de Gubbio, Louvain, 1973, p. 26-29.

45 Voir Liber Pontificalis… cit., I, p. 277 et n. 11 ; É. Rebillard, koimhthrion et coemeterium cit., p. 996.

46 C. Pietri, Régions ecclésiastiques… cit., p. 1045-1046.

47 C. Pietri, Roma Christiana… cit., I, p. 131-134.

48 Sur le corps de métier des fossores, voir principalement J. Guyon, La vente des tombes à travers l’épigraphie de la Rome chrétienne (IIIe-VIIe siècles) : le rôle des fossores, mansionarii, praepositi et prêtres, dans Mélanges de l’École française de Rome. Antiquité, 86, 1974, p. 549-596. L’ouvrage d’E. Conde Guerri, Los « fossores » de Roma paleocristiana : estudio iconografico, epigrafico y social, Vatican, 1979, vaut surtout pour son catalogue pictural.

49 C. Pietri, Roma Christiana… cit., I, p. 659-667 ; id., Appendice prosopographique à la Roma Christiana (311-440), dans Mélanges de l’École française de Rome. Antiquité, 89, 1977, p. 371-415, ici p. 398-406.

50 J. Guyon, La vente… cit., p. 592.

51 Voir É. Rebillard, Les formes de l’assistance funéraire dans l’Empire romain et leur évolution dans l’Antiquité tardive, dans Antiquité tardive, 7, 1999, p. 269- 282, ici p. 274-276.

52 C. Pietri, Roma Christiana… cit., I, p. 134.

53 Ibid., I, p. 130.

54 Hippolyte, La tradition apostolique, 40 (éd. par B. Botte, Paris, 1968), p. 122-123.

55 Les articles d’A. Faivre, La documentation canonico-liturgique de l’Église ancienne, dans Revue des sciences religieuses, 54, 1980, p. 204-219 et 237-297 (repris substantiellement dans Id., Ordonner la fraternité. Pouvoir d’innover et retour à l’ordre dans l’Église ancienne, Paris, 1992, p. 361-394) et de M. Metzger, Nouvelles perspectives pour la prétendue Tradition apostolique, dans Ecclesia Orans, 5, 1988, p. 241-259, ont le mérite de poser la question en ces termes de valeur documentaire et de conditions d’utilisation par l’historien. Voir la synthèse et la bibliographie proposées par E. Peretto dans son édition du Pseudo-Ippolito, Tradizione Apostolica, Rome, 1996, et aussi C. Markschies, Wer schrieb die sogenannte Traditio Apostolica ? : neue Beobachtungen und Hypothesen zu einer kaum lösbaren Frage aus der altkirchlichen Literaturgeschichte, dans W. Kinzig, C. Markschies, M. Vinzent, Tauffragen und Bekenntnis : Studien zur sogenannten « Traditio Apostolica », zu den « Interrogationes de fide » und zum « Römischen Glaubensbekenntnis », Berlin, 1999, p. 1-74.

56 Sur ce point, voir le résumé des débats dans M. Metzger, Nouvelles perspectives… cit., p. 245-247.

57 M. Guarducci a pu montrer en effet que la « statue d’Hippolyte » était en réalité un assemblage d’éléments différents dû à Ligorio, qu’il s’agissait d’une figure féminine, allégorie de la sagesse, qui devait être placée dans la bibliothèque du Panthéon et sur le socle de laquelle aurait été gravée, non la liste des œuvres d’un auteur unique, mais la liste des ouvrages placés dans une armoire voisine : M. Guarducci, La statua di Sant’Ippolito, dans Ricerche su Ippolito, Rome, 1977, p. 17-30 ; ead., La « statua di Sant’Ippolito » e la sua provenienza, dans Nuove Ricerche su Ippolito, Rome, 1989, p. 61-74. A. Brent a suggéré que la statue provenait malgré tout d’une domus ecclesia appartenant à un écrivain appelé Hippolyte (A. Brent, Hippolytus and the Roman church… cit., p. 109-114).

58 Voir n. 22 supra.

59 Le premier à proposer un texte a été E. Schwartz en 1910 (Über die pseudoapostolische Kirchenordnung, Strasbourg, 1910), mais ce sont les rétroversions de G. Dix (The Treatise on the Apostolic Tradition of St. Hippolytus of Rome, bishop and martyr, 1re éd., Londres, 1934 et 2e éd. avec corrections, préface et bibliographie par H. Chadwick, Londres, 1968) et surtout de B. Botte (La tradition apostolique de saint Hippolyte : essai de reconstitution, Münster, 1963 ; id., La tradition apostolique, Paris, 1968) qui ont longtemps fait autorité.

60 M. Metzger, Nouvelles perspectives… cit., p. 244. La rétroversion proposée récemment par A. Stewart-Sykes pose les mêmes problèmes (Hippolytus, On the Apostolic Tradition, an English version with introduction and commentary, Crestwood, 2001). Le parti pris par P. Bradshaw, M.E. Johnson et L. Edwards Philipps de présenter les différentes traductions ou versions côte à côte est beaucoup plus intéressant (The Apostolic Tradition : A Commentary, Minneapolis, 2002). Voir déjà J.-M. Hanssens, La liturgie d’Hippolyte : documents et études, Rome, 1970.

61 É. Rebillard, Religion et sépulture… cit., p. 130-134.

62 M. Simonetti, Roma cristiana tra vescovi e presbiteri, dans V. Fiocchi Nicolai, J. Guyon (dir.), Origine… cit., p. 29-40, ici p. 40.

63 M.H. Williams, The organisation of Jewish burials in ancient Rome in the light of evidence from Palestine and the Diaspora, dans Zeitschrift für Papyrologie und Epigraphik, 101, 1994, p. 165-182, en particulier p. 181-182.

64 Voir J. Krammer, Was bedeutet κοιμητηρίον in den Papyri ?, dans Zeitschrift für Papyrologie und Epigraphik, 80, 1990, p. 269-272.

65 Voir M.B. Ogle, The sleep of death, dans Memoirs of the American Academy in Rome, 11, 1933, p. 81-117.

66 Voir A. Ferrua, Il Cimitero dei nostri morti, dans Civiltà Cattolica, 109, 1958, p. 273-285, repris dans Scritti vari di epigrafia e antichità cristiane, Bari, 1991, p. 284-296 (édition utilisée), ici p. 290 à propos des textes suivants : Hippolyte, Commentaire sur Daniel, 4, 51 ; Origène, Homélies sur Jérémie, 4, 3, 16 ; l’édit de Gallien dans Eusèbe, Histoire ecclésiastique, 7, 13.

67 Principalement l’Attique (voir J.S. Creaghan et A.E. Raubitschek, Early Christians epitaphs from Athens, dans Hesperia, 16, 1947, p. 1-54, ici p. 5-6) et la Macédoine (voir D. Feissel, Recueil des inscriptions chrétiennes de Macédoine du IIIe au VIe siècle, Paris, 1983, p. 116 et note additionnelle p. 250), mais plus généralement « de la Sicile au Pont, à la Lycaonie, à la Cappadoce, à la Cilicie et à la Syrie par la Grèce, la Macédoine et la Thrace, comme par la Lydie, la Bithynie, la Phrygie et la Galatie » (L. Robert, Les inscriptions de Thessalonique, dans Revue de philologie, 100, 1974, p. 180-246, ici p. 189, n. 43). Déjà A. Ferrua, Il Cimitero… cit., p. 290-291.

68 A. Ferrua, Il Cimitero… cit., p. 293 cite des textes d’Athanase d’Alexandrie, d’Eusèbe de Césarée, de Jean Chrysostome, ou encore le Concile dit de Laodicée. Voir É. Rebillard, Religion et sépulture… cit., p. 14-17 pour une explication de cette évolution en rapport avec le culte des martyrs.

69 Pour une discussion plus complète qui prend en compte le sens du mot et son évolution en latin, voir ibid., p. 15.

70 É. Rebillard, koimhthrion et coemeterium cit., p. 991 ; id., L’Église de Rome et le développement des catacombes. À propos de l’origine des cimetières chrétiens, dans Mélanges de l’École française de Rome. Antiquité, 109, 2, 1997, p. 741-764, p. 744.

71 Sur la notion d’un tombeau professionnel, voir J.-C. Picard, Étude sur l’emplacement des tombes des papes du IIIe au Xe siècles, dans Mélanges de l’École française de Rome, 81, 1969, p. 725-782, ici p. 733.

72 J. Guyon et V. Fiocchi Nicolai, Relire Styger : les origines de l’area I du cimetière de Calliste et la crypte des papes, dans V. Fiocchi Nicolai, J. Guyon (dir.), Origine… cit., p. 121-161, ici p. 136-139 et 153.

73 Ibid., p. 158 : « le koimeterion ne peut être que l’area I elle-même, comme le reste de la tradition érudite l’a toujours admis ».

74 Ibid., p. 156-158 pour les conclusions.

75 Ibid., p. 158 ; cf. J. Guyon, À propos d’un ouvrage récent : retour sur le « dossier des origines » des catacombes chrétiennes de Rome, dans Rivista di archeologia cristiana, 81, 2005, p. 235-254, en particulier p. 249.

76 J. Guyon, À propos… cit., p. 252 : « le fait que, dès le tournant des années 200, l’Église locale ait tenu à répondre, au même titre que les évergètes chrétiens, à l’attente de certains fidèles qui aspiraient à une sépulture collective, a évidemment pesé sur le devenir de l’ensemble des catacombes qui ne cessèrent dès lors d’être créées afin de satisfaire cette attente ».

77 Voir les chapitres 2 et 3 de : É. Rebillard, Religion et sépulture… cit., deux chapitres peu commentés par Jean Guyon.

78 G.B. de Rossi, La Roma sotterranea… cit., I, p. 50-51.

79 J. Bodel, From columbaria to catacombs : collective burial in pagan and Christian Rome, dans Commemorating the Dead : Texts and Artifacts in Context, Studies of Roman, Jewish and Christian Burials, Berlin, 2008, p. 177-242.

80 F.M. Misson, Nouveau voyage d’Italie, 5e éd., Utrecht, 1722, p. 240-247. Le voyage date de 1688 et la première édition de 1691.

81 Pour Misson, l’évocation des Mânes était absolument inimaginable pour des chrétiens. Aujourd’hui, il est admis que quelque 270 inscriptions romaines identifiées comme indubitablement chrétiennes comportent la mention des Mânes : voir C. Carletti, Epigrafia dei cristiani in Occidente dal III al VII secolo, Bari, 2008, p. 193-194.

82 La charge polémique est en quelque sorte double ici car ces balsamaires ne sont autres que les fameux « vases de sang ». Sur le mobilier des catacombes, voir P. de Santis, Elementi di corredo nei sepolcri delle catacombe romane : l’esempio della regione di Leone e dalla galleria Bb nella catacomba di Commodilla, dans Vetera Christianorum, 31, 1994, p. 23-51.

83 Sur ces cimetières publics pour les pauvres et les étrangers, voir J. Bodel, Dealing with the dead : undertakers, executioners and potter’s fields in ancient Rome, dans V.M. Hope, E. Marshall (dir.), Death and disease in the ancient city, New York, 2000, p. 128-151.

84 De Rossi et de nombreux savants après lui considéraient qu’il était interdit à un chrétien d’être enterré au milieu de païens, mais les quelques textes invoqués étaient sur-interprétés et il est aujourd’hui admis non seulement qu’il n’y avait pas d’interdit ecclésiastique, mais que païens et chrétiens étaient souvent enterrés ensemble. Voir M.J. Johnson, Pagan-Christian burial practices of the fourth century : shared tombs ?, dans Journal of Early Christian Studies, 5-1, 1997, p. 37-59 et É. Rebillard, Religion et sépulture… cit., p. 40-42.

85 J. Bodel, From columbaria to catacombs… cit., p. 183-185.

86 Voir, toutefois, plus haut l’évocation de Philipe Pergola.

87 Depuis les publications de Ferrua sur Dino Compagni, en particulier Le pitture della Nuova Catacomba di via Latina, Vatican, 1960.

88 J. Bodel, From columbaria to catacombs… cit., p. 189 s.

89 Ibid., p. 210-219 sur les columbaria, p. 219-227 sur les catacombes.

90 Ibid., p. 227-232.

91 Ibid., p. 232 : « [les collegia] offraient un modèle souple permettant aux chrétiens des villes de s’organiser en groupes (parfois – mais en aucun cas toujours – des congrégations) afin de faire valoir un intérêt commun pour les sépultures collectives ».

92 Ibid., p. 233-234.

93 Les positions défendues par John Bodel et moi-même ont été récemment confirmées et renforcées par B.E. Borg, Crisis and Ambition : Tombs and Burial Customs in Third-Century CE Rome, Oxford, 2013, p. 72-121.

94 Voir les conclusions de K. Bowes, Early Christian archaeology : a state of the field, dans Religion Compass, 2-4, 2008, p. 575-619.

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