Introduction
p. 1-16
Texte intégral
1« Up to the twelfth century the typical medieval Cicero was a teacher of misogyny and flight from active life. […] Not till the thirteenth century did Cicero begin once more to be recognised as a Roman thinker »1. En étudiant la réception médiévale de Cicéron, Hans Baron distinguait deux temps : une longue période, d’abord, s’étendant de l’Antiquité tardive à la scolastique, interprétant les œuvres latines à l’aune de la foi chrétienne, durant laquelle la pensée cicéronienne a été contenue dans le champ moral ; ensuite, l’apparition d’une lecture politique des textes romains, transformant un Cicéron conservateur, garant d’une organisation sociale et intellectuelle sclérosée, en symbole d’une nouvelle ère civique et esthétique, donnant à voir toute l’historicité des structures culturelles et institutionnelles italiennes. Baron, bien qu’interrogeant la réception de Cicéron sur plusieurs siècles, éludait les possibles mutations, imprégnations ou impasses que celle-ci a pu connaître sur le temps long. L’histoire du personnage serait celle d’une bascule des acteurs, des goûts et des interprétations littéraires du scriptorium vers la chaire de l’humaniste. Selon Baron, ce renversement des référents s’établirait, sans préambule, au XIIIe siècle. Par les exemples qu’il mobilisait, l’historien pointait avec plus de précision la Florence de Brunetto Latini comme espace étroit d’une conversion, dont la forme achevée ne sera incarnée par Pétrarque qu’au siècle suivant. Ce faisant, Baron créait une parenthèse aux contours chronologiques flous, contenant dans la pénombre les soubresauts d’une relecture civique des textes cicéroniens.
2Cet interstice, sorte d’angle-mort dans la réception de Cicéron, n’est pas propre à Baron. Parmi les études consacrées à la lecture des auteurs classiques, le XIIIe siècle fait figure de parent pauvre. Alors qu’il retraçait l’histoire de Cicéron à travers les siècles, Tadeusz Zieliński réduisait déjà la sombre période médiévale à un très court développement, heureusement achevé par les lumières de Pétrarque2. Plus récemment, les ouvrages collectifs dédiés aux interprétations post-antiques de Cicéron n’ont accordé qu’une place restreinte à un bas Moyen Âge ne répondant pas aux critères humanistes3. Comment expliquer ce désintérêt ?
3Invariablement comparés aux expressions d’une culture latine renouvelée, les siècles antérieurs à Pétrarque ont semblé un long vacuum pour les admirateurs de Cicéron. La réception des classiques a été étudiée via la mise en exergue de quelques périodes jugées fastes, au rythme de Renaissances identifiées à l’époque carolingienne, au XIIe siècle puis à la fin du XIVe siècle. L’invention historiographique des deux premières a mis en lumière l’impermanence des codes littéraires et didactiques médiévaux, tout en accentuant la dichotomie entre temps d’inertie et phases de dynamisme intellectuel4. De l’identification de ces « temps forts » naît la parenthèse mise en avant par Baron : entre un XIIe siècle aux enseignements profondément restructurés par la scolastique et un XIVe siècle pétri d’idéaux antiques, que deviennent les auteurs classiques ? Cicéron recèle une grande force évocatrice auprès des humanistes, entre inspiration littéraire et modèle républicain. Comment se produit la transition entre le moraliste christianisé et le sénateur romain ? Dans cette mutation, quel rôle tient le fil rouge rhétorique ?
4Ce livre propose d’étudier l’évolution du regard porté sur Cicéron, maître du discours devenu un citoyen aux engagements contestés. Cette désapprobation, particulièrement marquée dans le contexte italien, est moins révélatrice de la moralité du sénateur que des idéaux civiques de ses lecteurs. Dans le monde communal du XIVe siècle, les débats que soulèvent ses engagements témoignent de l’actualité accordée aux situations que décrivent les sources romaines : par ses pratiques et sa faillibilité, tout en conservant son auctoritas, Cicéron est devenu un alter ego antique. Un tel paradoxe est à lire à travers une mutation culturelle, à la fois littéraire et politique.
Lire la res publica dans la Commune
Le Cicéron médiéval : un rhéteur aux préoccupations morales
5Cicéron (106-43 av. n. è.) est un auteur bien connu des lettrés médiévaux, lesquels s’y réfèrent le plus souvent par son nomen, Tullius, jusqu’au XIVe siècle. L’influence conceptuelle et lexicale de sa morale sur la patristique en a fait une autorité de première importance, bien que ses œuvres n’aient été que partiellement transmises au bas Moyen Âge. Ces dernières sont les seules sources à disposition du lecteur communal pour connaître le personnage, en complément des textes de Salluste. Les compilations biographiques antiques n’ayant pas rencontré une importante audience avant le XIVe siècle, les portraits de Cicéron sont tributaires d’un corpus didactique, duquel émergent trois figures principales : le moraliste, l’orateur et le rhéteur.
6Trois des œuvres morales de Cicéron sont couramment diffusées au Moyen Âge, bien qu’elles soient avant tout transmises par extraits dans des compilations et des florilèges : le De officiis, le De amicitia et le Cato Maior de senectute. Par ses recommandations, Cicéron y apparaît en homme sage, aux enseignements compatibles avec le christianisme. L’orateur plaidant devant ses pairs n’est qu’irrégulièrement évoqué par les textes. Les prises de paroles de Cicéron, connues par les discours adressés à César (Pro Marcello, Pro rege Deiotaro et Pro Ligario) ainsi que par les tribunes In Catilinam, servent aux auteurs médiévaux à illustrer la maîtrise de l’éloquence – et non à interroger les positions politiques de Cicéron. En effet, la figure du rhéteur prévaut : le De inventione et la Rhetorica ad Herennium font partie des œuvres classiques les plus diffusées en Occident durant les derniers siècles du Moyen Âge.
7L’autorité didactique acquise par Cicéron lui attribue une capacité normative. En tant que figure morale, il définit les règles du bon comportement social. Parallèlement, son éloquence, imitée ou critiquée, est l’étalon des jugements rhétoriques. Le caractère prescriptif de ses textes lui octroie une audience politique spécifique dans le cadre communal. Son enseignement trouve, en effet, un relai pratique dans les modes, pluriels, de la communication au sein des cités, lesquelles manifestent un besoin discursif nouveau au XIIIe siècle.
Les communes italiennes : des institutions aux besoins rhétoriques grandissants
8L’oralité tient une place inédite dans le Duecento communal, au point que Carlo Delcorno a associé cette période à une « culture de la parole »5. Celle-ci s’exprime à l’université, à travers l’engouement pour la disputatio, qui valorise le débat d’arguments et la confrontation verbale. Moins conflictuelle, mais toujours effort de persuasion, elle se manifeste dans l’apostolat des ordres mendiants, nés pour répondre aux nouveaux besoins spirituels des laïcs et à la lutte contre les hérésies. Leur prédication, tournée vers la ville, s’orne de gestes et d’exempla pour convaincre la concio, réunion du peuple de la cité. Dans le même temps, le rassemblement d’auditeurs s’institutionnalise : on voit, dans les statuts communaux, la participation aux assemblées devenir un devoir à part entière des citoyens6. Ce phénomène s’affiche dans la trame urbaine des villes, progressivement aérées de places. La parole s’inscrit dans l’urbs pour toucher la civitas : elle devient politique, comme mode de revendication et de gouvernement au sein des assemblées citadines.
9Entre la fin du XIIe siècle et le début du XIIIe siècle, les collèges consulaires, forme d’autogouvernement adoptée par les villes du nord et du centre de l’Italie un siècle plus tôt, laissent peu à peu place à une magistrature unique : celle du podestat. Élu, tout comme l’étaient les consuls, pour un mandat à durée déterminée, il est, à leur différence, étranger à la cité qu’il est appelé à diriger. D’une part, ce choix répond à un souci d’efficacité : en désignant le délégataire de l’autorité publique hors du corps civique, on espère soustraire son gouvernement aux intérêts privés. D’autre part, il dénote un espoir d’impartialité7, répondant aux valeurs idéologiques qui animent la Commune, parmi lesquelles prédominent la pax et la iustitia8. Or l’avènement du podestat a été synonyme d’une multiplication des corps de discussion. Ce nouveau paysage politique pousse à l’élaboration de pratiques spécifiques d’éloquence, constituant un trait caractéristique de l’Italie communale – parfois jusqu’à la caricature9. Face à l’idéal d’un consensus basé sur la persuasion rationnelle, le podestat ne peut se permettre d’être mauvais orateur. Devant maîtriser une densification de la parole politique, il doit, parallèlement, se montrer bon commanditaire d’une pratique écrite toujours plus présente.
10Durant les années centrales du XIIIe siècle, le Popolo, ensemble de citoyens élevés socialement par des pratiques souvent financières et marchandes, voit l’intégration de ses représentants au gouvernement communal. Ces derniers réduisent mécaniquement la part de représentation des anciennes élites consulaires au sein des conseils. Dans un contexte de renouveau des études juridiques, le Popolo s’appuie sur le droit et sur l’idéal de iustitia pour légitimer cette entrée aux fonctions gouvernementales et se prémunir contre ses opposants. Cette ligne politique, alliée à des pratiques enclines à la confrontation et à la médiation, favorise une production documentaire déjà florissante. En outre, les conflits politiques, économiques et militaires opposant les cités italiennes au cœur du XIIIe siècle incitent les acteurs communaux à enrichir une rhétorique visant à louer ou à blâmer les corps civiques représentés.
11L’institutionnalisation de la commune populaire coïncide chronologiquement avec de nouvelles divisions des cités en partes. Alors que les conflits opposant autonomies communales et autorité impériale ont repris sous le règne de Frédéric II, l’intervention pontificale en Italie a progressivement polarisé les affrontements en deux camps symboliques : guelfes, favorables à Rome, contre gibelins, soutiens de l’Empire. La dichotomie, diffusée à l’Italie depuis l’espace toscan, s’inscrit dans la conflictualité locale, se superposant à des oppositions lignagères et territoriales. Bien que le positionnement des individus, comme des communes, réponde souvent à des intérêts pragmatiques locaux, les renversements réguliers des gouvernements citadins comme les mesures répressives qui leurs succèdent entretiennent l’investissement dans ces luttes à la fois fédératrices et intestines10. L’affrontement se prolonge dans la culture écrite, poètes et vulgarisateurs composant défenses et attaques11.
12L’épuisement des querelles guelfes dans les premières années du XIVe siècle ouvre la voie à une réorganisation des institutions communales. Celles-ci limitent les structures horizontales du pouvoir et favorisent un agencement hiérarchique des organes existant12. Les affrontements des partes ont déjà permis, au siècle précédent, diverses tentatives de prises de pouvoir personnelles, concentrant en une seule autorité plusieurs capacités décisionnelles. Divers facteurs poussent à l’unification des pouvoirs derrière un homme ou une famille. L’instabilité du gouvernement des factions, les velléités expansionnistes des communes sur les campagnes et sur les cités voisines ainsi que la turbulence des seigneurs du contado sont autant de motifs d’une militarisation des rapports urbains comme de la recherche d’une figure fédératrice. Pour plusieurs communes, la crise institutionnelle se résout, ainsi, dans l’affirmation d’une voix prépondérante, sinon unique13. D’autres cités, dont Florence, maintiennent effectif plus longtemps le principe d’un pouvoir collectif, malgré un resserrement de l’accès aux charges autour d’une oligarchie financière. Les plus puissantes cités réussissent à s’imposer sur leurs faibles voisines au cours du XIVe siècle. La réduction du nombre d’acteurs politiques au sein de la péninsule favorise, en contrepartie, les oppositions symboliques entre modèle seigneurial et idéal républicain. Dans la littérature partisane, les guerres opposant la viscontéenne Milan à Florence sont ainsi transcrites par le combat d’un prestige inégal accordé, d’une part, à une tyrannie clientélaire et, d’autre part, à l’organe de préservation de la libertas. Par sa force évocatrice, l’Antiquité romaine tient une place de choix dans ces argumentaires. Or Cicéron est une figure particulièrement suggestive, pouvant tenir tout à la fois le rôle de protagoniste et d’inspirateur dans les louanges adressées aux institutions collégiales.
Une didactique civique adressée à un lectorat élargi ?
13L’importance accordée aux pratiques verbales dans et entre les instances communales a eu pour corollaire le développement précoce d’une littérature didactique dédiée à l’éloquence et à l’ensemble des procédés permettant de l’atteindre. Le dictamen, apparu au Mont-Cassin puis ayant bénéficié de l’essor des études juridiques à Bologne dès la fin du XIe siècle, décrit les modalités de la communication écrite, tout particulièrement politique et diplomatique14. Adressé prioritairement aux chanceliers et aux notaires, il transmet les normes structurelles et stylistiques de la composition, mise en pratique à travers les échanges épistolaires. Reprenant les théories de la rhétorique orale classique en les adaptant aux besoins scripturaires, les dictamina diffusent et relayent un ensemble de modèles discursifs, participant à l’établissement d’une phraséologie administrative cohérente d’une chancellerie à l’autre ou, à l’inverse, sciemment individualisante. Ce genre didactique n’est pas spécifique à l’espace communal : les écoles pontificale, impériale et française – notamment orléanaise – tiennent une place importante dans l’établissement d’une codification de l’écrit. On reconnaît toutefois aux lettrés communaux d’avoir tenté plusieurs retours (artificiels) du dictamen vers l’oralité. Quelques traités donnent les règles de la concio, c’est-à-dire de la prise de parole devant l’assemblée civique, ou, plus communément, confient au lecteur des exemples de discours, classés en fonction du but recherché par l’orateur et de l’auditoire présent. Cicéron accorde son auctoritas à ces ouvrages, dans lesquels sa figure de théoricien est parfois complétée par l’image du citoyen défendant ses pairs à la tribune. Par l’analogie créée entre sénateur romain et lecteur communal, plusieurs des traités transmettent un modèle civique fondé sur l’éloquence publique. Ce caractère central de la parole est un critère pertinent dans la définition d’une littérature politique spécifiquement communale. On le retrouve, en effet, sous une forme similaire, alliant théorie rhétorique et modèles discursifs, dans les libri de regimine adressés aux podestats. La caractérisation de la norme oratoire dans l’exercice politique communal confierait à Cicéron une responsabilité toute particulière dans la formation des élites urbaines.
14Parallèlement, le dynamisme précoce de la trattatistica vernaculaire apparaît comme une spécificité communale dans l’Europe du XIIIe siècle. Dès le siècle précédent, l’espace « français » s’est distingué par une importante production poétique et narrative en langue vulgaire15, dans laquelle les thèmes relevant des arts libéraux ont rarement été développés. Dans le monde communal, la seconde moitié du XIIIe siècle voit la multiplication des volgarizzamenti, adaptations de la langue et du contenu d’œuvres latines en direction d’un public non spécialiste. Les textes rhétoriques de Cicéron figurent parmi les premiers manuels traduits en toscan dans les années 1260, rapidement suivis par ses discours, avant que ses œuvres morales les plus connues soient vulgarisées à leur tour au cours du siècle suivant. Les observateurs médiévaux, déjà, notaient le soubassement civique d’une telle démarche pédagogique, comme en témoigne la nécrologie rédigée par Giovanni Villani à la mémoire de son concitoyen Brunetto Latini16. Ce dernier, en traduisant la rhétorique cicéronienne en toscan, aurait permis aux Florentins de maîtriser l’éloquence nécessaire au gouvernement. Villani fait une lecture politique de l’œuvre de Brunetto Latini, laissant entendre que le volgarizzamento a permis à des illitterati d’accéder à une culture de la res publica (comprise ici comme la Commune).
15L’émergence d’un corpus didactique de l’oralité et la multiplication des traductions actualisant les modèles républicains dans un cadre communal ont été lues par les commentateurs modernes comme autant de conséquences d’une évolution socio-institutionnelle. Les auteurs des principaux traités dédiés à l’éloquence et aux recommandations civiques cicéroniennes étaient parallèlement des acteurs du monde politique communal ; il est donc tentant d’estimer que leur production littéraire a été alimentée par leurs ambitions citadines. Un tel constat, invite, par exemple, à lire les volgarizzamenti des années centrales du XIIIe siècle comme des instruments d’éducation politique à destination des nouvelles élites populaires. Il serait néanmoins vain de considérer la culture communale comme un champ clos. Les biographies des différents auteurs comme leurs méthodes de travail témoignent d’échanges constants entre milieux socio-culturels (notamment entre juristes, maîtres de grammaire, représentants des grands studia mendiants ou encore marchands) ainsi qu’entre espaces géographiques et institutionnels.
Culture communale et « pré-humanisme » : une lecture à rebours
16Une seconde dépendance chronologique a fréquemment été accolée à la culture communale, particulièrement en raison de sa réception des figures antiques : sa présentation dans l’historiographie de l’humanisme comme antichambre d’une nouvelle sensibilité esthétique17. D’un point de vue stylistique, cette filiation pointe l’intérêt grandissant des auteurs pour les références latines classiques à partir de la fin du XIIIe siècle et la volonté progressive de rétablir le texte dans son état supposé initial. En tant qu’expression politique, avant tout étudiée à partir du cas florentin, le futur humanisme se lit à travers le républicanisme, dont l’autodétermination communale devrait être l’ébauche.
17Cette interprétation soulève deux difficultés. D’une part, elle établit un régime d’historicité spécifique pour le monde communal, l’extrayant de sa contemporanéité médiévale. L’identification d’un « pré- » humanisme conduit à négliger la forte continuité reliant les expressions culturelles de ce monde aux héritages qui les animent, tout comme à nier leur évolution en interaction avec les modèles émanant d’espaces et de groupes extra-communaux. D’autre part, l’établissement d’une généalogie intellectuelle conduit à isoler des ancêtres fondateurs18. Émerge ainsi une conception essentialiste de la culture communale, représentée dans son ensemble par l’égrenage de personnalités saillantes. Une telle délimitation suggère la cohérence des expressions et des référents entre des territoires marqués par une évolution institutionnelle proche mais aux composantes sociales distinctes et mouvantes. L’établissement d’un groupe d’auteurs privilégiant les figures de la latinité classique, précurseur d’une rupture dans l’histoire des connaissances, rejette ceux qui n’y participent pas dans les limbes d’une culture médiévale mal identifiée.
18Le réinvestissement des textes de Cicéron par Brunetto Latini, Pétrarque ou Coluccio Salutati a souvent été considéré comme l’indice d’un attrait neuf pour l’Antiquité. En intégrant ces auteurs au corpus du pré-humanisme, on détache leurs œuvres de leurs inspirations et traditions, logeant leur nouveauté dans un génie exprimé sans antécédent. Pourtant, dès lors que l’on considère les efforts de Brunetto Latini pour aviver le souvenir d’un civisme cicéronien, on constate que la redécouverte de manuscrits classiques au XIVe siècle ne peut expliquer seule une interprétation renouvelée. Le caractère novateur des auteurs antérieurs au XVe siècle ne réside pas dans leur connaissance de Cicéron, mais dans le discours qu’ils lui font tenir, tourné vers la vie temporelle. Or, sur ce point, la diffusion d’un « humanisme civique » prête à débat. La valorisation de la vita activa alimentée par les modèles classiques est indéniable au XVe siècle19. En revanche, ses premières expressions sont encore mal identifiées, tout comme son processus de maturation. L’engagement civique prôné par Brunetto Latini est-il équivalent à celui que revendique Coluccio Salutati ? Une lecture à rebours tend, ici encore, à rechercher les prémisses du républicanisme renaissant auprès des prédécesseurs du chancelier florentin20.
Quels discours fait-on tenir à Cicéron ?
État de la recherche
19À ce jour, aucune étude spécifique n’est consacrée à la réception médiévale de Cicéron. Une seule thématique a été bien investiguée : l’influence de sa rhétorique. À ce sujet, les travaux de John Ward et de Virginia Cox sont fondamentaux, précisant les études plus générales dédiées à la rhétorique médiévale21. Virginia Cox a estimé que les réélaborations vernaculaires des œuvres de Cicéron avaient connu un essor grandissant dans les années 1260, en lien avec un besoin accru de participation oratoire du Popolo aux institutions communales22. L’idée que les formes du discours urbain aient été modifiées en réaction ou en parallèle de cet intérêt renouvelé pour le Cicéron orateur se heurte toutefois à la profonde imprégnation dictaminale des modèles oratoires de la période. Aucune recension des argumentaires développés en assemblée n’ayant été conservée, les codes de la prise de parole ne peuvent être déduits qu’à partir de textes didactiques. Enrico Artifoni a fourni l’essentiel des recherches consacrées à cette pédagogie de la rhétorique civique dans le monde communal23. Il insiste, à l’inverse de Virginia Cox, sur la permanence des règles de l’ars dictaminis au sein des normes de l’oralité politique sur un temps long24.
20La place de Cicéron dans les dictamina est plus mince que ne pourrait le laisser croire sa qualification de magister rhetoricae. Figure tutélaire des dictatores, il n’inspire qu’indirectement leurs compositions : ses normes du débat oratoire ne correspondent pas aux règles de la composition écrite. On ne trouve, de ce fait, pas de synthèse traitant l’influence de Cicéron sur cette littérature, qu’il convient d’aborder à travers les études ponctuelles consacrées aux divers maîtres de l’ars dictaminis25. Parmi eux, seuls Brunetto Latini et Boncompagno da Signa ont été étudiés sous l’angle cicéronien26.
21Les cadres politiques et sociaux de l’étude sont, quant à eux, balisés par l’historiographie existante. L’histoire du monde communal s’est longtemps attachée à la description des institutions urbaines et de leurs personnels, de même qu’elle a investigué les conflits intra- et inter-citadins. Ce dernier champ, relayé par l’histoire de la justice, est toujours d’actualité, renouvelé par l’usage de sources iconographiques ou narratives jusqu’ici moins mobilisées27. À cette importante tradition d’histoire institutionnelle s’est accolée, à partir des années 1970, une réflexion sur les notions d’appartenance et de participation civiques à la Commune. Celle-ci a investigué le sentiment identitaire créé par l’institution, en analysant notamment ses expressions sociales et urbaines28. La thématique civique a été particulièrement bien étudiée à travers la valorisation d’un « Bien commun », idéal récurrent des textes communaux mais combinant des référents multiples en une définition mouvante29. De même, la traduction historiographique de l’appartenance civique a suscité plusieurs études, généralement à une échelle locale30. L’écriture de l’histoire urbaine est régulièrement le moyen, pour les auteurs médiévaux, de valider ou de juger négativement les comportements des citoyens et des gouvernants. En ce sens, elle est aujourd’hui considérée comme relevant du champ de la communication politique.
22L’étude du monde communal a pleinement profité du linguistic turn, bénéfice dont témoignent notamment les travaux de Quentin Skinner31. Le contextualisme qu’a proposé ce dernier a par la suite été alimenté par une analyse de la démarche scripturaire à l’origine des sources32. Ces apports successifs ont favorisé l’étude des langages politiques dans l’historiographie communale. Aux travaux d’Enrico Artifoni, s’ajoute désormais une bibliographie florissante, examinant le discours urbain tout autant que les conditions de sa création et, dans quelques cas, de sa réception. Aucun de ces ouvrages n’a pour l’instant traité spécifiquement du cas cicéronien, mais ils offrent des cadres d’interprétation transposables à divers modes d’expression communaux33. L’intérêt porté à la démarche scripturaire conduit, aujourd’hui, à croiser les classical reception studies avec l’histoire des structures scolaires médiévales. Cela autorise une approche incarnée des auteurs, en établissant quelques hypothèses de répartition entre références reçues et références choisies au sein de leur parcours intellectuel34.
Difficultés méthodologiques
23L’étude de normes civiques à travers la réception du modèle cicéronien soulève au moins trois difficultés méthodologiques, associées à l’absence de sources décrivant fidèlement les propos tenus en assemblée.
24Tout d’abord, mener une étude à l’échelle du monde communal suppose l’identification de celui-ci en tant qu’aire culturelle. L’unité ainsi produite repose sur un mode institutionnel de gouvernement, dont l’homogénéisation a été intensifiée par la circulation podestatale. Dans une étude visant à distinguer un mode civique, la définition par l’institution apparaît pertinente puisqu’elle permet d’analyser les divers types de caractérisation de la juste participation aux affaires publiques à partir d’un référent commun, fondé sur un système délibératif. Toutefois, cette délimitation géographique s’accorde mal, d’une part, à la fréquente circulation des individus hors du monde communal et, d’autre part, à la répartition inégale des manuscrits et des studia dans l’espace italien. Ces limitations appellent à considérer l’aire culturelle communale comme un cadre hypothétique et non homogène voué à circonscrire l’étude.
25Une deuxième difficulté tient à l’absence de définition stabilisée de la citoyenneté communale. La législation statutaire, qui varie d’une ville à l’autre, établit ses modes d’acquisition mais ne lui donne pas de contenu précis, si ce n’est en termes fiscaux, de résidence locale et de capacité militaire35. En outre, la citoyenneté communale ne correspond pas à un statut politique unique, ni ne donne automatiquement droit de participer aux assemblées36. Par la confrontation au modèle cicéronien, on cherchera ici à préciser l’attitude morale et le comportement attribués au bon citoyen. C’est donc moins la citoyenneté que le civisme qui est visé, soit l’ensemble du langage, verbal ou non, développé par l’individu pour montrer son attachement à la cité et son investissement.
26La troisième difficulté tient, précisément, à la question du langage et à la représentativité des auteurs. La rédaction des sources utilisées revient à un ensemble limité d’individus, qui utilisent un lexique, des expressions et un ensemble de conventions propres à leur milieu. La majorité des acteurs de la réception cicéronienne appartiennent aux professions notariales, juridiques et scolaires. À l’inverse, marchands, banquiers, artisans n’apparaissent qu’en filigrane dans l’étude. On ne peut donc pas généraliser les usages faits de Cicéron et les expressions civiques qui en découlent au monde communal en tant qu’ensemble social ; ils peuvent en revanche être associés à un ensemble institutionnel, étant souvent une émanation de son langage officiel.
Cadres de l’enquête
27Bien que l’objet de cette étude puisse se rapprocher des classical reception studies37, celle-ci ne s’y intègre pas pleinement : elle n’apporte aucun éclairage philologique à la tradition des textes de Cicéron, ni ne propose d’interprétation stylistique des sources. Par les outils mobilisés, cette enquête participe d’une démarche historique plus que littéraire. En outre, bien que faisant un pas vers l’histoire culturelle, elle ne prétend pas questionner les représentations collectives du monde communal dans leur ensemble. L’exemple cicéronien n’autoriserait qu’une réponse en négatif, puisqu’il est propre à une typologie de sources : dans une optique d’histoire sociale des idées, ce sont les acteurs, leurs modes d’interprétation et d’argumentation ainsi que leurs ambitions qui ont été mis en lumière. Ainsi, l’enquête prend appui dans une perspective à la fois critique et généalogique38 sur un corpus dont l’unité tient à sa mise en scène du discours, que celui-ci soit didactique, historique ou politique.
Limites institutionnelles, géographiques et chronologiques
28Les productions intellectuelles émanant du monde communal ne respectent pas les limites territoriales associées aux communes. Constatant, par exemple, que le Tresor de Brunetto Latini est tenu pour une œuvre caractéristique de la pensée communale, on peut s’interroger quant aux critères de cette dernière. Ils ne sont pas géographiques, puisque Brunetto est en France lorsqu’il compose son texte39. Ils ne sont pas linguistiques, le notaire ayant choisi une rédaction en picard. Ils tiennent majoritairement ici à l’environnement culturel et social de l’auteur : les cités régies par un gouvernement communal permettent de délimiter des espaces de formation, de vie ou de participation politique des auteurs intégrés à l’étude. Certaines œuvres manifestant une conception non communale du pouvoir ont été considérées en raison de la grande résonnance qu’elles ont connu auprès d’auteurs usuellement présentés comme communaux. C’est le cas, notamment, de plusieurs libri de regimine.
29En outre, la caractérisation communale de plusieurs espaces soulève des interrogations institutionnelles. Parmi eux, figurent les communes des États pontificaux et la République de Venise. Les premières répondent encore, pour notre période, aux caractéristiques institutionnelles du monde communal et, surtout, manifestent dans le cadre de la réception cicéronienne une importante continuité en regard des cités toscanes. Venise, quant à elle, n’entre jamais pleinement dans le schéma communal au cours de notre période. Le principe électif du dogat et le rôle tenu par les assemblées éloignent la Sérénissime des pouvoirs princiers mais la fonction pérenne du doge et l’affiliation oligarchique des institutions revendiquée à partir de 1297 la tiennent en retrait des discours communaux. En outre, les caractéristiques sociales du notariat et des juristes vénitiens les distinguent fortement de leurs confrères émiliens ou toscans40. De ce fait, les œuvres émanant de la culture vénitienne apparaissent peu dans cette étude, mais leur présence est soulignée lorsqu’elles témoignent d’un usage caractéristique de la figure cicéronienne.
30Afin de questionner l’existence d’une spécificité communale de la référence cicéronienne, la période choisie se veut large : elle prend en considération l’apogée des institutions communales mais aussi les prémices de leur réinterprétation par les pouvoirs seigneuriaux. L’étude débute dans les années 1190 par la défiance affichée de Boncompagno da Signa à l’égard de la tradition rhétorique et se clôt, dans la première décennie du XVe siècle, alors qu’une nouvelle appropriation de Cicéron est en cours, marquant l’entrée vers une norme scripturaire et stylistique rénovée41.
Corpus mobilisé
31Hormis quelques sondages iconographiques, l’étude se concentre sur une production textuelle. Trois grandes catégories d’écrits ont été exclues du corpus, pour des raisons pragmatiques. Les sources de la pratique sont absentes – hors mention spécifique –, leur caractère utilitaire rendant la référence aux auctoritates antiques particulièrement rare au sein d’écrits, dans le même temps, prolifiques. Afin de mener une enquête systématique, des documents d’archive n’ont été intégré au corpus qu’à des échelles géographiques, typologiques et temporelles restreintes. Pour des raisons similaires, la luxuriante production poétique caractérisant l’Italie communale des XIIIe et XIVe siècles n’a été considérée que par des exemples isolés, bien qu’elle exprime souvent des considérations politiques et qu’elle puisse, dans certains cas, emprunter ses réflexions à Cicéron42. Enfin, ont été exclus les textes définissant les normes du discours religieux : ceux-ci renvoient à des référents et à une interprétation du verbe ne faisant que rarement appel aux considérations cicéroniennes43.
32Le corpus constitué comprend trois champs d’investigation : les normes de l’exercice politique, l’éthique sociale et la rhétorique. La première thématique est décrite par les libri de regimine, associés à des modèles de discours gouvernementaux circulant parfois de façon indépendante, qui décrivent les activités ainsi que les comportements attendus du podestat. Ils comprennent un ensemble de recommandations morales et, souvent, les règles d’une bonne intervention oratoire. Courants au XIIIe siècle, ils sont progressivement remplacés au siècle suivant par la rédaction de traités politiques ne s’attachant plus à la personne du gouvernant mais aux idéaux que la Commune doit défendre. J’ai confronté, dans quelques cas, ces projections expectatives avec d’autres interprétations des réalités communales, dont les chroniques constituent une lecture a posteriori. Les deux autres thèmes d’investigation renvoient à des œuvres didactiques : traités moraux d’une part, manuels d’éloquence écrite ou orale d’autre part.
Parcours suivi
33Un premier temps est consacré à la transmission et à la réception des textes de Cicéron au sein de la culture communale. La partie 1, à partir d’un sondage des manuscrits cicéroniens aujourd’hui conservés, détaille l’évolution des choix réalisés par les copistes à l’échelle du Moyen Âge occidental. Elle dresse un portrait général des milieux culturels à l’origine de ces copies ainsi que des individus les ayant achetés puis conservés. La partie 2 se penche sur les modes de réinvestissement des œuvres de Cicéron dans la littérature communale italienne. Cette partie s’intéresse, parallèlement, à la dimension théorique de la transmission, en questionnant la valeur didactique de Cicéron dans l’enseignement communal tout comme sa position supposée d’auctoritas.
34Un second temps (partie 3) interroge les représentations de Cicéron en tant que personnage au sein de la pensée civique communale. Les portraits de l’homme et leurs échos dans la cité sont abordés chronologiquement, la connaissance biographique de Cicéron ayant été fortement modifiée par la redécouverte de manuscrits au XIVe siècle.
35Enfin, un dernier temps de l’étude est consacré aux discours que la communauté tient sur elle-même à travers Cicéron et sa promotion au statut de citoyen exemplaire. La partie 4 sonde les idéaux communaux et pointe les absences répétées de l’autorité politique de Cicéron face à l’aura grandissante d’Aristote. Ses présences questionnent, à l’inverse, l’intérêt démonstratif qu’y puisent les auteurs communaux : la pensée de Cicéron a-t-elle une valeur légitimatrice a posteriori ? A-t-elle également une influence génératrice ? La dernière partie identifie les types de comportements que les élites vantent à travers Cicéron. L’imaginaire politique qu’il évoque évolue en regard des nouvelles interprétations que proposent les humanistes à la fois de la communauté et de sa personnalité. L’enquête se clôt par une réflexion sur l’identité de l’orateur communal alter Tullius et, en regard, sur l’être cicéronien créé, entre personnage conceptuel, auctoritas et figure historique.
Notes de bas de page
1 Baron 1938, p. 79‑80.
2 Zieliński a étudié les différentes périodes de la réception cicéronienne en regard d’un référent idéal qu’est le corpus antique. Il lit donc le Moyen Âge en fonction de ce que celui-ci n’a pas. Cela le conduit à présenter les siècles antérieurs au XIVe siècle comme une période de « perte ». Cf. Zieliński 1897.
3 Narducci 2006 ; Van Deusen 2013 ; Altman 2015 ; Manuwald 2017, Pieper – Van der Velden 2021.
4 Ampère 1840, p. 32‑33 ; Haskins 1927.
5 Delcorno 1994, p. 2.
6 Le Goff – Schmitt 1979, p. 269.
7 Cette neutralité souhaitée connaît des limites pratiques en ce que le choix du podestat se fait au sein de villes « amies » : l’élu répond ainsi aux attentes de la frange dominante de la localité dans laquelle il exerce. Cf. Maire Vigueur 2000, p. 925‑938.
8 Sur la formulation de ces idéaux dans le monde communal, voir notamment : Centro di studi sulla spiritualità medievale 1975 ; Maire Vigueur 1986 ; Dessì 2005c ; Rossi 2005 ; Vallerani 2007.
9 On cite régulièrement l’étonnement d’Otton de Freising, retranscrit dans les Gesta Frederici imperatoris, devant les longs discours déclamés par les ambassadeurs italiens. Ceux qui participent à cette coutume s’en moquent parfois eux-mêmes : le juriste Odofrède, dans son étude du Corpus iuris civilis, raille par exemple les Lombards, incapables de se laver les mains sans échanger un discours. Cf. Artifoni 1993, p. 60‑61.
10 Milani 2005a.
11 Parmi de nombreux exemples possibles, voir les études de cas développées dans : Perrus – Marietti – Fontes 2005 ; Fontes – Gagliano 2013.
12 Chittolini 1996, p. x‑xxviii.
13 Jones 1997, p. 347‑403. L’historiographie est partagée quant au rapport de ces nouvelles seigneuries avec les institutions communales préexistantes. Si, pour certains historiens, les nouveaux potentats s’affirment de façon autoritaire sur les anciens espaces de délibération, d’autres estiment que la seigneurie s’insère dans les cadres décisionnels communaux et les contraint sur la longue durée. Cf. Rao 2011, p. 27‑28 ; Maire Vigueur 2013, p. 10‑12.
14 De Ghellinck 1939, p. 142‑146. Sur le développement de l’ars dictaminis et ses implications politiques, voir Grévin 2008a ; Grévin – Turcan-Verkerk 2015 ; Grévin – Hartmann 2019.
15 Pour un résumé des affrontements historiographiques relatifs à la naissance de cette littérature, voir : Jaeck 2015.
16 « Nel detto anno MCCLXXXXIIII morì in Firenze uno valente cittadino il quale ebbe nome ser Brunetto Latini […]. E fu quegli che spuose la Rettorica di Tulio, e fece il buono e utile libro detto Tesoro, e il Tesoretto, e la Chiave del Tesoro. […] egli fue cominciatore e maestro in digrossare i Fiorentini, e farli scorti in bene parlare, e in sapere guidare e reggere la nostra repubblica secondo la Politica » : Giovanni Villani, Nuova cronica, IX.10.
17 Au sein d’une historiographie – désormais majoritairement anglo-saxonne – qui utilise le concept de pré-humanisme sous des définitions diverses, voir : Berrigan 1969 ; Skinner 1990 ; Witt 2000, p. 19‑22. Au sujet des biais d’une lecture téléologique de l’humanisme, voir : Grévin 2013.
18 Les tenants du pré-humanisme littéraire se divisent, notamment, quant à l’identification de Lovato Lovati comme figure initiatrice du mouvement. Cf. Witt 2000, p. 19‑22 ; Black 2006.
19 Concernant l’évolution historiographique de la notion, voir : Moulakis 2011.
20 Sur la variation du « républicanisme » interprété par les historiens, voir : Nederman 2000.
21 Murphy 1974 ; Ward 1995 ; Cox 1999 ; Cox – Ward 2006 ; Ward 2019.
22 Cox 1999, p. 256 ; Cox 2003.
23 Au sein d’une abondante bibliographie, voir notamment : Artifoni 2010 ; Artifoni 2011 ; Artifoni 2012b ; Artifoni 2014. Voir également : Cammarosano 2000 ; Haye 2005.
24 Artifoni 2011, p. 258‑262.
25 Parmi ces études, on peut puiser des résultats importants dans : Goldin 1988 ; Grévin 2008b.
26 Alessio 1979 ; Mabboux 2013 ; Benenati 2017 ; Tanturli 2017.
27 Une synthèse des évolutions de l’historiographie communale au sein de différentes écoles nationales est disponible : Zorzi 2008b. Giuliano Milani a proposé, il y a une quinzaine d’années, un bilan historiographique sur le traitement des communes italiennes aux XIXe et XXe siècles : Milani 2005b, p. 159‑168. Sur l’historiographie des communes du Popolo : Poloni 2012.
28 Centro di studi sulla spiritualità medievale 1972 ; Bordone 2002 ; Menzinger 2017.
29 Parmi des études récentes émerge une approche comparatiste : Lecuppre-Desjardin – Van Bruaene 2010b ; Centro italiano di studi sull’alto Medioevo 2012. Sur les enjeux civiques de la notion : Cammarosano 2014.
30 Martini 1970 ; Albini 1998 ; Puncuh 2002.
31 Skinner 1979 ; Skinner 1986 ; Skinner 1992.
32 Francesconi 2014.
33 Cammarosano 1994 ; Gamberini – Petralia 2007 ; Mairey – Gautier 2009 ; Briguglia – Ricklin 2011 ; Gamberini – Genet – Zorzi 2011 ; Crouzet-Pavan – Lecuppre-Desjardin 2012 ; Cammarosano – Chastang 2014.
34 Pour le contexte florentin, voir : Black 2001.
35 Racine 2009 ; Menzinger 2013 ; Vallerani 2017.
36 Ascheri 2012.
37 Ce champ pluridisciplinaire, au croisement de l’histoire, de la philologie et de la littérature, a remplacé dans les années 1990 l’ancienne qualification de classical tradition. Cette mutation permet d’insister sur les réappropriations apportées par les auteurs médiévaux et modernes à l’œuvre considérée comme originale et sur la part de choix incombant aux acteurs dans la création d’une tradition littéraire. Cf. De Pourcq 2012.
38 Sont repris ici deux présupposés explicités par Michel Foucault : un principe de limitation, qui circonscrit les thématiques et les modes de transmission choisis par les auteurs en fonction d’un contexte spécifique, et un principe d’appropriation, qui implique que la réception d’un texte est fonction de la formation reçue par les lecteurs et du contexte culturel dans lequel elle s’inscrit. Cf. Foucault 1971, p. 62-63.
39 Brunetto Latini, Tresor, I.93.
40 Jusqu’au XVe siècle, le notariat vénitien est marqué par son appartenance ecclésiastique, phénomène hérité des traditions byzantines. Cf. Bartoli Langeli 2006, p. 61.
41 Revest 2013 ; Revest 2021.
42 Le corpus poétique mérite d’être abordé dans des développements ultérieurs, tout particulièrement pour la précocité de ses expressions politiques en vulgaire.
43 Les manuels d’ars praedicandi citent seulement de façon intermittente les modèles rhétoriques de Cicéron. Cf. Briscoe – Jaye 1992, p. 17‑19.
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