Conclusion générale
p. 349-358
Texte intégral
1L’argent, c’est le pouvoir : lorsque Florus1 cherche à montrer à quel point l’entrée de César dans Rome, à l’issue de la guerre civile-éclair des premiers mois de 49 av. J.-C., représenta une rupture, c’est en premier lieu à l’appropriation du Trésor Public qu’il fait référence. Selon lui, le régime césarien correspondit à une institutionnalisation de la violence, mais surtout à une dépossession du peuple romain, sur le plan patrimonial, au profit d’un individu. La résolution par César, en un sens monarchique, de la crise des années 130-50 av. J.-C., aurait ainsi conduit à l’absorption de la sphère publique dans une sphère privée, et à la régression de la cité romaine vers un modèle d’« administration patrimoniale », au sens wébérien.
2En 45 av. J.-C., César s’affranchit des règles institutionnelles qui régissaient jusqu’alors le gouvernement des finances publiques, en obtenant du Sénat autorité sur le Trésor2. Il s’était déjà approprié de fait les prérogatives sénatoriales en matière fiscale3, et aurait désormais monopolisé la fonction d’ordonnateur, ce qui revenait à faire verser les recettes publiques dans une caisse qu’il contrôlait4, à disposer du patrimoine public5 et à décider des dépenses6. Une partie de la pecunia publica semble avoir été désormais conservée au temple d’Ops sur le Capitole7. Il pourrait s’agir soit d’une nouvelle caisse créée par le dictateur César8, soit du déplacement d’une partie de ce qui se trouvait traditionnellement à l’Aerarium9. D’autres sommes encore étaient gardées dans la résidence du dictateur et grand pontife10, qui se trouvait, il est vrai, être un lieu public, la domus publica11.
3L’autorité des responsables de l’administration financière reposait désormais sur les liens que ces personnages entretenaient avec le dictateur, et le nombre des agents de statut servile s’accrut. Dion Cassius rend ainsi raison du doublement du nombre des questeurs par la nécessité de récompenser, par l’octroi d’une magistrature, les partisans de César12. L’administration de la pecunia publica aurait dans un second temps été ôtée aux quaestores et confiée à des prétoriens portant le titre de praefecti, ce qui manifestait leur dépendance directe à l’égard de César13, et la volonté de ce dernier de détacher le gouvernement des finances des fonctions électives. En outre, les services de Moneta et la gestion de certains uectigalia furent confiés à des esclaves préposés14.
4Les finances publiques devinrent l’instrument de la perpétuation du pouvoir césarien. Ressources publiques et privées semblent avoir été confondues dans le cas des gratifications offertes aux légions15, et les fonds civiques furent orientés vers une dépense prioritaire, l’entretien des troupes16. Dion Cassius17 attribue d’ailleurs à César un « mot célèbre », selon lequel « deux choses créent, maintiennent et accroissent le pouvoir, les soldats et l’argent ». On comprend qu’au lendemain des Ides de mars, Brutus ait justifié lors d’une contio l’assassinat de César par la dénonciation du comportement de ce dernier vis-à-vis des caisses publiques18 ; que lors de la séance du Sénat réunie au temple de Tellus par Antoine, des projets de confiscation du patrimoine de César au profit de l’Aerarium aient été évoqués19 ; que l’accusation de Brutus ait porté suffisamment pour qu’Antoine, comme consul, se soit senti obligé de susciter une quaestio sur le sujet ; et qu’il ait été massivement appuyé sur ce point par la curie, désireuse de récupérer ses compétences traditionnelles sur les finances publiques20. Il est certes possible de lire le régime césarien comme l’aboutissement d’une évolution encouragée par le Sénat lui-même dans la décennie précédente, au bénéfice de Pompée, d’abord grâce à la loi Cornelia Caecilia de 5721, puis grâce aux SC votés lors du déclenchement de la guerre civile22, et de considérer que les années 49-44 correspondirent à une « rationalisation » de l’administration23 des finances, sous l’influence de personnages comme Cornelius Balbus, administrateur des biens de César24 puis praefectus Vrbi25. Il est clair toutefois qu’à partir du moment où le Trésor Public servit prioritairement à satisfaire les intérêts matériels d’une fraction du corps civique – les soldats qui, dans le contexte des guerres intestines, constituaient le socle du pouvoir césarien, la res publica avait changé de nature, et la notion d’utilitas publica était vidée de sens.
5Avant 49, l’administration des finances publiques républicaines semble avoir répondu à des principes bien différents, et le fonctionnement de l’Aerarium que nous avons retracé incite à apporter des retouches importantes à la doxa, héritée de l’historiographie du XIXe siècle, du « primitivisme » de la cité romaine.
6D’une part, le gouvernement des finances n’était pas le monopole d’un individu, mais la sphère de compétence d’un Conseil et l’objet d’un débat public. Certes, Rome était une cité aristocratique, et les séances du Sénat n’étaient pas accessibles aux citoyens. Toutefois, à l’intérieur du groupe des sénateurs susceptibles de peser, les enjeux financiers étaient l’objet de négociations, d’interprétations divergentes, d’affrontements parfois véhéments ; dans le même temps, le poids du mos26 permettait sans doute de pondérer les différends. En outre, les domaines d’intervention du Sénat et des magistrats étaient clairement circonscrits, et les conflits politiques semblent longtemps avoir été résolus par ce biais. Jusqu’à la fin du IIe siècle av. J.-C., le Sénat exerça pleinement ses prérogatives en matière financière. À l’exception des titulaires de l’imperium relativement aux revenus de la guerre, les magistrats ne disposaient pas de l’autorisation de recettes ou de dépenses publiques, et la mise en place de nouveaux impôts dépendait non des censeurs, mais d’un SC. Les compétences financières du Sénat constituaient un puissant instrument de contrôle des magistrats, qui ne pouvaient agir si la curie ne leur débloquait pas de fonds, et d’autorégulation de l’aristocratie, par l’usage de plafonner les lignes de crédit accordées aux responsables publics. Il faut admettre, cependant, que le gouvernement sénatorial des finances publiques présentait des points faibles. D’une part, le contrôle financier des magistrats et sénateurs ne fut jamais formalisé dans une procédure de reddition de comptes. Certes, les deux derniers siècles de la République furent marqués par de réels perfectionnements : l’élaboration de la catégorie juridique du péculat permit la protection du numéraire et des documents conservés à l’Aerarium, la répression de la rétention de reliquats d’argent public, et peut-être, là où la législation de repetundis s’en était montrée incapable, la prise en compte de la responsabilité pénale de l’entourage des magistrats, mais jamais les responsables publics n’eurent à répondre de leurs actes devant une instance spécifique. D’autre part, l’historiographie positiviste n’avait pas tort de décrire le gouvernement républicain des finances publiques comme un « bricolage » en bonne part inspiré par les usages en vigueur pour la gestion des patrimoines privés. À de rares exceptions près – les Porcii Catones par exemple, peut-être parce qu’à l’origine, une lignée d’hommes nouveaux devait affirmer d’autres formes d’excellence que celles privilégiées par la nobilitas, les sénateurs romains ne paraissent pas avoir valorisé la notion de compétence financière. Toutefois, leur « amateurisme » n’est pas en soi la preuve d’un « primitivisme » de la cité romaine : y compris dans les États démocratiques contemporains, l’accès aux responsabilités publiques n’est pas conditionné à la possession de compétences techniques.
7Par ailleurs, les services de l’Aerarium républicain peuvent à bon droit être qualifiés d’administration, et cette dernière présentait un degré de développement supérieur au système césarien. Contrairement à ce qu’écrivaient les historiens du XIXe siècle, l’organisation institutionnelle de la cité romaine, à l’époque républicaine, n’était pas entravée par les chevauchements de compétences et les dysfonctionnements. Les questeurs qui avaient pour province l’Aerarium n’administraient pas les finances de la cité romaine, mais supervisaient un service de caisse et des archives, en étant encadrés par les magistrats supérieurs. Globalement, ils n’étaient, dans l’exercice de leur charge, pas sujets aux empiètements d’autres titulaires de fonctions, puisque les caisses des édiles et des pontifes évoquées par T. Mommsen ne paraissent en fait pas avoir existé aux IIe et Ier siècles av. J.-C., et que les édiles ne pouvaient ni recevoir des sûretés, ni procéder à l’inscription de données sur les « registres comptables » de la cité. L’organisation de l’administration républicaine des finances publiques répond en partie aux critères wébériens de la « rationalité administrative », tout en présentant des éléments d’originalité qui la rendent irréductible aux catégories modernes. Le système romain était centralisé, puisqu’il ne comptait à Rome que deux caisses – une arca principale et un fonds de réserve, et qu’il mettait en réseau autour des « bureaux » de l’Aerarium, par le biais d’échanges de documents et par la remise de bilans comptables, les services de la Monnaie, ceux des magistrats en poste domi, au premier chef les censeurs, ceux des gouverneurs de provinces, ainsi que les « sièges » des sociétés de publicains. Au Trésor Public même, le travail des employés était organisé sur une base hiérarchique, correspondant au degré de responsabilité confié à l’agent, et il respectait des règles de procédure. Lorsque l’on tente de reconstituer les opérations réclamées par la mise en œuvre de certaines décisions financières du Sénat, leur degré de complexité ne peut que frapper : le savoir-faire d’au moins une fraction des scribes de l’Aerarium devait être bien réel. Le régime républicain paraît avoir travaillé, même si ce fut de façon inaboutie, à émanciper l’administration de l’Aerarium des relations inter-personnelles. Au moins à partir de la lex Cornelia de XX quaestoribus, les appariteurs des questeurs furent recrutés suivant des procédures qui tentaient de rompre les liens personnels entre magistrats et agents administratifs. La rémunération de ces derniers, prévue par la loi, se faisait sur les caisses publiques, et ne dépendait pas de leurs supérieurs hiérarchiques. En outre, la République romaine, à côté des apparitores employés dans les « bureaux » de l’Aerarium, sut se doter d’une administration fiscale qui reposait sur des principes très différents des nôtres. Les publicains étaient qualifiés par l’intégration à un ordo, c’est-à-dire en pratique par un niveau censitaire et par la reconnaissance d’une dignité, matérialisée par la possession d’un titre. Ils se voyaient en conséquence accorder un droit d’usage sur certains lieux publics, des privilèges juridiques, et recevaient délégation de puissance publique pour accomplir leurs missions27. Ils ne peuvent donc être assimilés, comme on le fait généralement, à des acteurs privés.
8Enfin, avant la prise du pouvoir par César, les choix effectués en matière de dépenses publiques montrent que le sumptus publicus était orienté vers un objectif majeur et intéressant au premier degré l’ensemble des citoyens, la survie de la communauté. L’utilitas publica coïncidait avec la salus rei publicae. Concrètement, il s’agissait, d’un côté, d’assurer le financement de la guerre (solde, fournitures militaires, équipement de la flotte) et, de l’autre, en cas de crise de subsistances, de pourvoir à l’approvisionnement de Rome. Les initiatives des Gracques peuvent être lues – et elles le furent par certains sénateurs contemporains – comme des tentatives pour accroître, aux frais du Trésor Public, leurs clientèles, mais elles s’inscrivent également dans la ligne des deux préoccupations qui, traditionnellement, présidaient à la dépense publique légitime.
9En définitive, si l’on essaie de cerner ce qu’était l’Aerarium républicain, on est amené à conclure qu’il s’agissait principalement d’un service comptable28, comme le sera ensuite le Fiscus29, et que les faiblesses techniques de l’Vrbs purent, paradoxalement, orienter les méthodes de l’administration romaine vers l’abstraction. L’adoption tardive par les Romains de l’instrument monétaire, et les contraintes résultant de l’usage du métal pesé, conduisirent probablement à recourir très tôt à une unité de compte correspondant à la livre de bronze30, à établir des systèmes d’équivalence, sur cette base, entre valeurs métalliques et ressources en nature31, et à contraindre les citoyens à tenir un strict relevé des actes juridiques concernant leurs patrimoines. Les jeux d’écritures comptables semblent avoir constitué le quotidien du travail à l’Aerarium, le recours aux documents écrits y avoir été massif, et l’on ne peut pas imputer à la reprise d’instruments techniques élaborés dans le monde grec cette caractéristique de l’administration romaine. D’ailleurs, si le terme « chirographe » témoigne d’une origine grecque, les exemplaires romains conservés montrent des changements formulaires notables respectivement aux précédents hellénistiques, en particulier la double rédaction, la mention de témoins et l’apposition d’un sceau32. Les tabulae publicae du Trésor Public républicain, anticipant le contenu du Breuiarium totius imperii d’Auguste33, renfermaient un « inventaire de la puissance et de la richesse » de Rome qui était aussi un « inventaire du savoir » que les Romains avaient de leur empire34.
10En outre, si l’on considère l’époque républicaine dans sa durée, il semble que l’on puisse établir une corrélation entre les grandes étapes de structuration de l’Aerarium et l’émergence des questions annonaires. Dans la seconde moitié du Ve siècle av. J.-C., avec le passage de la classis unique à deux ou trois classes, la nécessité d’évaluer plus précisément les patrimoines des citoyens pour déterminer leurs obligations militaires aurait amené à généraliser l’usage de l’unité de compte correspondant à la livre de bronze ; dans le même temps, les autorités de la cité auraient admis le principe des achats de céréales sur fonds publics en cas de disette et le versement d’une solde aux citoyens-soldats ; l’Vrbs se serait donc pensée comme une communauté de guerriers, mais où mobilisés, mobilisables et civils étaient unis par des liens de solidarité matérialisés par des échanges de ressources35. À la fin des Guerres samnites, l’apparition de l’instrument monétaire permit le franchissement d’un palier : c’est peut-être la nécessité d’acquérir des céréales auprès de cités étrangères déjà entrées dans une économie monétarisée qui conduisit les Romains à adopter cette innovation ; c’est en tout cas à partir de là que les dépenses consacrées aux travaux publics prirent leur essor, et la nécessité d’assurer par conséquent des ressources régulières à la cité amena probablement à organiser plus systématiquement l’exploitation de l’ager publicus. Avec la lex Sempronia frumentaria, l’idée que l’on pouvait légitimement financer sur le Trésor un certain nombre d’avantages matériels au bénéfice des citoyens remodela profondément la conception de la collectivité politique et s’accompagna de l’organisation fiscale de la province d’Asie, qui eut nécessairement des répercussions sur le développement de l’Aerarium. La même corrélation s’observe en 58, avec la loi frumentaire de Clodius, la provincialisation de Chypre et la curatelle confiée par le tribun à Sex. Cloelius/Clodius. Il me semble par conséquent nécessaire de mettre en discussion l’idée, développée dans l’historiographie contemporaine, d’une « construction de l’État » romain du seul fait de la guerre. Outre le fait que les notions de personne juridique ou de représentation restèrent étrangères à la Rome antique, qui ne fut donc jamais un État, la mise en œuvre de la dépense militaire ne paraît pas avoir été l’unique aiguillon qui conduisit les Romains à se doter d’une administration financière, puis à la perfectionner.
11À partir de l’époque gracchienne, les usages du patrimoine public – et en son sein, de la pecunia publica conservée à l’Aerarium – furent l’enjeu de débats qui opposèrent deux fractions de l’aristocratie romaine, les optimates et les populares. Les premiers estimèrent que les finalités de la cité romaine ne pouvaient être atteintes que par la préservation des biens publics et leur indivision : l’ager publicus italien ou provincial, par les redevances qui y étaient perçues, permettait de financer les guerres extérieures et de faire ponctuellement face aux crises de subsistance ; la dépense publique devait être limitée et elle-même productive. Les seconds, en revanche, avancèrent que le partage des biens civiques et la prise en compte des commoda du peuple renforçaient la solidarité des citoyens à l’intérieur de l’Vrbs, et que l’Aerarium pouvait être l’instrument de cette politique. Ces divergences engageaient la définition même de la res publica, puisque ce terme recouvrait autant l’organisation politique de la communauté que, très concrètement, l’ensemble des biens relevant de la cité.
12Les fissures qui se formaient dans le consensus aristocratique, puisqu’elles concernaient des enjeux aussi centraux que la cohésion de la collectivité civique et la capacité de chaque citoyen à subordonner ses propres intérêts à l’utilitas publica, purent alimenter au Ier siècle av. J.-C. le sentiment de crise. L’expression lacerare rem publicam, insistante chez Cicéron à partir des années 5036, semble renvoyer à une hantise optimate de déchirure de l’ordre politique37 mais aussi de démantèlement du patrimoine public. Chr. Meier avait résumé la situation du dernier siècle de la République dans la formule, demeurée célèbre, de « crise sans alternative »38. Selon lui, l’aristocratie optimate, parce qu’elle s’identifiait avec la res publica, était dans l’incapacité absolue de réformer la cité ; les hommes politiques romains qui tentèrent d’imposer des changements d’envergure, pour leur part, auraient été comparables à des médecins dont les traitements sont fatals au patient. L’examen du dossier des finances publiques amène à faire preuve d’un peu plus de nuances39. Certains des membres de l’aristocratie tardo-républicaine au moins surent agir pour perfectionner la cité romaine et tentèrent de penser la res publica d’une façon nouvelle. Les populares, à travers la figure des Gracques, s’efforcèrent de mettre en adéquation les principes de fonctionnement de la cité avec l’éthique du droit prétorien, et de donner dès lors aux citoyens la rétribution de ce qu’ils faisaient pour la communauté. Les optimates, dont une génération s’était levée contre la lex Sempronia frumentaria, semblent avoir été en mesure de saisir l’importance des questions d’approvisionnement à partir des années 7040, d’accroître considérablement la dépense publique consacrée à ce poste, et de proposer ainsi à la plèbe urbaine un modèle de cité où les citoyens trouveraient toute leur place. Par ailleurs, on observe, principalement dans l’œuvre de Cicéron, la coexistence de différentes définitions de la communauté politique, issues d’une réflexion sur les liens des citoyens avec le patrimoine public. La res publica pouvait être lue comme une societas dont les membres mettaient en commun leurs richesses et partageaient leurs profits, ou comme une familia régie par la patria potestas, où les ciues-filii, dépourvus de capacité patrimoniale, respecteraient l’intégrité des biens civiques. Cette dernière représentation de la cité légitimait certes l’indivision des biens publics face aux propositions des populares, mais elle donnait aussi au populus Romanus la place centrale du père et la titularité sur le patrimoine de la cité. Quelques optimates comme quelques populares semblent ainsi avoir eu en partage l’idée qu’une alternative était possible, et que cette alternative se trouvait dans le peuple.
Notes de bas de page
1 Flor. epit. 2, 13, 21 : Aerarium quoque Sanctum, quod quia tardius aperiebant tribuni iussit effringi, […] et patrimonium populi Romani ante rapuit quam imperium. Woytek 2003, p. 48-56.
2 D.C. 43, 45, 2, parmi les honneurs votés en 45. Jehne 1987, p. 68-69 ; Woytek 2003, p. 311-315 ; Ferrary 2010, p. 18.
3 Il s’agit de la modification de l’organisation fiscale de la province d’Asie en 48/47 : Plu. Caes. 48, 1 ; App. BC 2, 92 et 5, 4 ; D.C. 42, 6, 3. Jehne 1987, p. 75 ; Merola 2001a, p. 72-84 ; Le Teuff 2017, p. 62-63 et 68. Suet. Iul. 43, 1 fait par ailleurs état de l’instauration de portoria sur les marchandises étrangères. Woytek 2003, p. 315.
4 App. BC 3, 73. Woytek 2003, p. 330.
5 App. BC 2, 94, pour l’ager publicus, dans le cadre des distributions foncières aux vétérans. César avait de fait usé de ce pouvoir dans les années précédentes : D.C. 41, 39, 1, pour les offrandes des temples.
6 App. BC 2, 94, pour l’achat sur fonds publics de terres à des particuliers.
7 Cic. Att. 14, 14, 5 ; 14, 8, 1 ; 16, 14, 4 = SB n° 362, 368, 425 ; Phil. 1, 17 ; 2, 35 ; 2, 93 ; 5, 11 et 15 ; 8, 26 ; Vell. 2, 60, 4. Aronen 1996, p. 363. Woytek 2003, p. 328 souligne que les sources qui font du temple d’Ops le lieu de conservation des deniers publics ne sont pas contemporaines des événements.
8 Pouthier 1981, p. 239-257 estime que les 700 millions évoqués par les sources correspondaient au butin de la campagne d’Hispanie contre les fils de Pompée ; Jehne 1987, p. 77 et Ramsey 2004, p. 172 pensent quant à eux à une caisse rassemblant le produit de la vente des biens des Pompéiens.
9 Cic. Phil. 2, 93 évoque les tabulae quae sunt ad Opis. La complémentarité fonctionnelle d’Ops et de Saturne, qui a été soulignée plus haut (chapitre 1, « Une hypothèse sur les attributions initiales de l’Aerarium »), permettait de légitimer un transfert ; en outre, le Capitole était probablement l’endroit où à l’époque républicaine étaient conservés les fonds de réserve de l’Aerarium Sanctius (introduction, « L’Aerarium Sanctius »). Qui plus est, le dies natalis du temple d’Ops au Capitole semble avoir été placé le 23 août, ce qui suggère que le culte fut originellement conçu comme une duplication des rites en l’honneur d’Ops qui étaient célébrés à la Regia le 25. Comme grand pontife, César avait autorité sur les cultes de la Regia, et il pouvait donc sans doute à ce titre revendiquer une compétence particulière sur le sanctuaire d’Ops du Capitole.
10 App. BC 3, 79. Plu. Ant. 15, 1 indique que Calpurnia, la veuve de César, remit à Antoine 4000 talents.
11 Suet. Iul. 46, 1. La dénomination Regia qui apparaît en Cic. Att. 10, 3a, 1 = SB n° 193 est probablement un mot d’esprit qui dévoilait la nature réelle du régime césarien en faisant allusion à la contiguïté des deux bâtiments. Scott 1996, p. 165.
12 D.C. 43, 47, 2.
13 Suet. Iul. 76, 3 ; D.C. 43, 48, 1-3 ; RRC 475/1-2 ; RRC 494/31. Jehne 1987, p. 69-72 ; Welch 1990, p. 53 et 58-60.
14 Suet. Iul. 76, 3. Pour Moneta, Zehnacker 1973, p. 87 ; Jehne 1987, p. 73-74 ; Woytek 2003, p. 315 pense que seule la direction du service fut concernée. Dans l’ensemble, sur la réforme césarienne de 45 av. J.-C., Corbier 1974, p. 634-635.
15 App. BC 2, 94.
16 D.C. 41, 17, 1. App. BC 3, 63 laisse entendre que les fonds qui parvinrent en mars 44 entre les mains d’Antoine avaient été rassemblés pour la guerre contre les Parthes. Selon Pouthier 1981, p. 245-246, il y aurait eu ainsi une forme de continuité entre Trésor d’Ops et Aerarium Sanctius.
17 D.C. 42, 49, 4-5.
18 App. BC 2, 138 ; 3, 224.
19 App. BC 2, 135-136.
20 App. BC 3, 73, 78-79, 224. Sur tous ces aspects, Woytek 2003, p. 317-331.
21 Vervaet 2020, p. 159 et 165-166 insiste cependant sur les limites apportées à l’imperium de Pompée par les sénateurs en 57.
22 Cic. Att. 4, 1, 6-7 = SB n° 73 ; Cic. Att. 7, 21, 2 = SB n° 145 ; Caes. civ. 1, 6 ; App. BC 2, 34 : la disposition de l’intégralité du Trésor Public aurait été accordée à Pompée, qui aurait exercé ses prérogatives en adressant des mandata aux consuls. B. Woytek 2003, p. 29-37 ; Vervaet 2006, p. 931-932 et 953.
23 De façon générale, sur la recherche, par la chancellerie césarienne, de l’efficacité et de la célérité, Jehne 2010, p. 210.
24 Gell. 17, 9, 1 ; Cic. Att. 13, 52, 1 = SB n° 353, qui évoque précisément une scène de vérification des comptes de César en présence de Balbus. Des Boscs-Plateaux 1994, p. 22-23 et 26-28 ; Rodríguez Neila 2006, p. 147, 157, 169-170.
25 Welch 1990, p. 64-68 ; Lamberty 2005, p. 164-165 ; Rodríguez Neila 2006, p. 176. Balbus était présent lors de la fameuse réception du Sénat par César devant le temple de Vénus Génitrix, soit parce qu’il avait été intégré à la curie par le dictateur entre la fin 45 et le début 44, soit parce qu’il lui servait de « conseiller » sur les questions financières : Suet. Iul. 78, 1-3, qui fait également état de Trebatius Testa, connu pour ses compétences juridiques ; Plut. Caes. 60, 8.
26 On pense à l’usage de voter des dépenses au montant récurrent, ou à celui de reproduire vraisemblablement, d’un lustre sur l’autre, les clauses de certains contrats publics.
27 Recouvrement fiscal et probablement vérification des monnaies.
28 La quantité limitée des réserves monétaires et métalliques entreposées à l’Aerarium, dont témoigne Plin. nat. 33, 55-56, ne me semble pas être l’indice de la détresse des caisses civiques ou de la faiblesse des richesses publiques comparativement aux patrimoines aristocratiques : les fonds publics se trouvaient en bonne partie dans les caisses des magistrats supérieurs militiae, des gouverneurs et des publicains, et la fonction du Trésor Public consistait moins à les thésauriser qu’à en garder le relevé.
29 Schmall 2011, p. 576 ; Galeotti 2016, p. 444.
30 Cette tendance des Romains à raisonner à partir d’unités de compte abstraites pourrait expliquer, à l’époque tardo-républicaine, l’usage en ce sens du HS, alors que le nombre de ces monnaies en circulation était relativement réduit : Hollander 2007, p. 85.
31 Hollander 2007, p. 60, 62-63, 65, 66 et 103-104.
32 Amelotti – Migliardi Zingale 1990, p. 304.
33 Suet. Aug. 101, 6-7 ; Tac. ann. 1, 11, 4 ; D.C. 56, 33, 2.
34 Nicolet 1988c, p. 195-196.
35 Paiement de la solde des mobilisés par les mobilisables, de l’indemnité de fourrage des cavaliers par les veuves et les orphelins, et en sens inverse versement de la praeda dans les caisses publiques ; soutien alimentaire aux citoyens lors des crises.
36 Cic. p. red. in sen. 3 ; rep. 1, 9 ; off. 1, 57.
37 On en trouve également trace chez Varron : Leonardis 2015, p. 230.
38 Meier 1966, p. 201-205 et 266.
39 France 2021, p. 305-306 et 313-335, sur la capacité de l’aristocratie tardo-républicaine à opérer des réformes.
40 Avec les achats de blé sur fonds publics effectués en 75 par Cicéron, la loi Terentia Cassia de 73, le SC de 62 et la cura annonae de Pompée de 57. La question ne se limite pas à un problème de maintien de l’ordre public, même si cette dimension entrait aussi en considération (cf. Virlouvet 1985, p. 119). Il fallait garantir une assise au régime républicain menacé, d’où le processus d’identification progressive, au Ier siècle av. J.-C., entre la plèbe urbaine et le peuple tout entier : David 2014, p. 47.
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