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Le peuple et l’argent

 | 
Clara Berrendonner

Chapitre 1 – Naissances de l’Aerarivm

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1Si l’on commence par admettre, à titre d’hypothèse de travail, le caractère rudimentaire de l’Aerarium républicain et de ses méthodes de gestion, on est amené à chercher dans les insuffisances techniques de la cité romaine l’un des facteurs qui expliqueraient cette situation. L’apparition tardive du monnayage romain pourrait, au premier chef, avoir considérablement freiné le développement de l’administration financière de la cité. On peut même s’interroger sur l’existence d’un Trésor Public à Rome, tant que l’Vrbs ne disposa pas d’instruments monétaires susceptibles de servir d’outils au prélèvement fiscal et à la dépense publique.

  • 1 Thomsen 1957-1961, III, p. 15, 23 et 25.
  • 2 Burnett 1978, p. 129 ; Burnett 1989, p. 36 et 40 ; Holloway 1992, p. 227 ; Burnett 1998, p. 35-36  (...)

2La chronologie des premières monnaies romaines demeure discutée, tout comme la finalité de cette innovation. La difficulté de la question est accrue par l’existence, dans les premières décennies du monnayage romain, de trois variétés de pièces, les monnaies frappées d’argent, les monnaies frappées de bronze et les monnaies coulées de bronze (dénommées aes graue dans la bibliographie moderne). Alors que les numismates ont longtemps postulé que les trois types de monnaies étaient fabriqués parallèlement, et que les monnaies frappées de bronze constituaient les subdivisions des monnaies d’argent1, ils tendent, depuis quelques décennies, à considérer qu’il faut les dissocier2.

  • 3 Caccamo Caltabiano 1981, p. 33-36 a classé chronologiquement les monnaies napolitaines de bronze m (...)
  • 4 Pedroni 1993, p. 30-31, reprenant Mommsen 1865, III, p. 224-225.
  • 5 Thomsen 1957-1961, III, p. 78-81 ; Crawford 1974, I, p. 131 ; Burnett 1989, p. 37 et 61 ; Catalli (...)
  • 6 Le poids des didrachmes romains d’argent semble avoir décru de série en série, ce qui doit renvoye (...)
  • 7 Thomsen 1957-1961, III, p. 92-99 et 261, suivi dans un premier temps par Crawford 1974, I, p. 37-3 (...)
  • 8 Burnett 1978, p. 121 : dans les trésors de Valesio et de Campanie, les didrachmes napolitains enfo (...)
  • 9 Vitale 1998, p. 151 souligne que les premiers didrachmes romains sont diffusés dans les zones stra (...)
  • 10 Thomsen 1957-1961, I, p. 63-64 ; III, p. 54-55 et 61 : comme le trésor de Capoue contenait des as (...)
  • 11 Thomsen 1957-1961, III, p. 71, qui relève toutefois que la conclusion à laquelle il parvient est p (...)
  • 12 Thomsen 1957-1961, III, p. 221.
  • 13 Dig. 1, 2, 2, 30 (Pompon.), croisé avec la Per. 11, 8, a été interprété en ce sens. Voir introduct (...)
  • 14 Dans un premier temps, Crawford 1974, I, p. 133-134 et 136 semble avoir repris à son compte le rai (...)
  • 15 Pedroni 1993, p. 83-91.
  • 16 Burnett 1978, p. 129 et n. 33.
  • 17 Datation vers 300 av. J.-C. : Burnett 1978, p. 129, suivi par Crawford 1982, p. 99 ; Marchetti 199 (...)
  • 18 Burnett – Crawford 2014, p. 251.
  • 19 Jaia – Molinari 2011, p. 91.

3De manière générale, l’« école anglaise » représentée par A. Burnett et M. H. Crawford propose une chronologie plus basse que l’« école italienne » pour les premiers bronzes frappés romains, mais une chronologie plus haute pour les premières monnaies d’argent. Tous les spécialistes s’accordent sur le fait que le bronze frappé Tête laurée d’Apollon/protome de taureau et légende grecque Rômaiôn (RRC 1 = HN 251*) doit être la plus ancienne « monnaie romaine », et que cette pièce montre des parentés avec certaines monnaies napolitaines. Toutefois, ils s’opposent sur la datation des pièces napolitaines qui servent de parallèles à RRC 13. On a donc l’impression que ce sont finalement des arguments externes, de cohérence historique, qui déterminent les positions adoptées. D’un côté, on estime que la légende grecque implique que les pièces RRC 1 étaient utilisées par des hellénophones, donc des Campaniens : la monnaie romaine serait donc née autour de 338 av. J.-C., suite à l’octroi de la ciuitas sine suffragio à des populations qui vivaient déjà dans un système monétaire4. De l’autre, on privilégie une chronologie politico-diplomatique : si RRC 1 fut frappée par un atelier napolitain, ce ne put être qu’après la conclusion du traité de 326 av. J.-C. entre Rome et Naples5. Pour sa part, la première monnaie romaine d’argent doit, pour des raisons métrologiques6, être RRC 13/1 (Tête casquée de Mars/protome de cheval et légende Romano = HN 266*). R. Thomsen la datait des années 295-275 av. J.-C., principalement sur des arguments stylistiques7. A. Burnett a proposé de relever la chronologie de cette pièce aux années 310-300 av. J.-C., en réinterprétant les données livrées par les trésors monétaires8. Toutefois, sur la base des monnaies tarentines présentes dans les trésors aux côtés des exemplaires de RRC 13/1, plusieurs auteurs ont à nouveau situé cette émission à l’époque de la Guerre de Pyrrhus9. La métrologie des bronzes coulés, enfin, montrait, selon R. Thomsen, qu’ils avaient été émis en séries parallèles à celles des didrachmes d’argent10. L’as lourd Janus/Mercure (RRC 14/1 = HN 268), dans la mesure où son poids correspond exactement à une livre, devait être le plus ancien11. Son apparence stylistique assez grossière impliquait qu’il ait été légèrement antérieur au didrachme correspondant, RRC 13/112. Puisque les débuts du monnayage romain à Rome même devaient coïncider avec la création des triumvirs monétaires, datée de 289 av. J.-C.13, les as lourds Janus/Mercure témoignaient sans doute de la première phase d’activité de ces magistrats, entre 289 et 280 av. J.-C.14. L. Pedroni15 parvient à une chronologie similaire à partir d’un raisonnement totalement différent. Il faudrait, à son avis, réordonner chronologiquement les séries d’as lourds par poids décroissant, ce qui ferait de RRC 18/1 (= HN 279) et 19/1 (= HN 285) des pièces antérieures à RRC 14/1. La corrélation entre l’as Janus/Mercure RRC 14/1 et le didrachme RRC 13/1 orienterait vers une datation de ces deux pièces vers 275 av. J.-C. Les émissions de 275 av. J.-C. auraient été réalisées grâce aux métaux précieux pris à Pyrrhus à Bénévent : les séries antérieures d’as lourds devraient donc être mises en relation avec les plus importants butins du début du IIIe siècle, notamment celui sur Crotone en 277 et celui sur les Sabins en 290. A. Burnett16 a pour sa part contesté la possibilité d’associer les émissions d’argent à celles des bronzes coulés et, après différentes oscillations17, il a opté pour une fourchette chronologique large, comprise entre la fin du IVe siècle et 275 av. J.-C18. On notera que les fractions d’as lourds RRC 14/4 et 6 et 18/4 et 6 découvertes dans les dépôts de fondation du sanctuaire de Torvaianica, près de Lavinium, sont quant à elles datées archéologiquement entre 280 et 260 av. J.-C19.

  • 20 Burnett 1989, p. 55 ; Burnett 2012, p. 310-311 ; Cornell 1989a, p. 418.
  • 21 Mattingly 1991, p. 278 ; Parise 1998, p. 203 ; Catalli 2001, p. 103. On rapprochera de cette conce (...)
  • 22 Caccamo Caltabiano 1981, p. 47 ; Pedroni 1993, p. 30-31. Coarelli 2013, p. 34-36 et 53 et Coarelli (...)
  • 23 Bernard 2018a, p. 9 et 19 ; Bernard 2018b, p. 141-143 et 175-180.
  • 24 L’option de Marchetti 1993a, p. 27, 55, 60 et 65, qui fait des didrachmes à légende Romano ou Roma(...)
  • 25 Crawford 1982, p. 99 ; Crawford 1985, p. 29 ; Jaia – Molinari 2011, p. 93 ; Coarelli 2013, p. 144- (...)
  • 26 Burnett 1978, p. 124 ; Burnett 2015, p. 821 ; Crawford 1985, p. 47 ; Pedroni 1995, p. 220-222 ; Pe (...)
  • 27 Pedroni 1996b, p. 65.

4Par-delà les positions chronologiques opposées des différents savants, trois grandes interprétations des débuts du monnayage romain ont été données. Un premier groupe de chercheurs avance des explications d’ordre culturel ou politique. Les Romains auraient commencé à frapper monnaie pour exprimer, vis-à-vis des cités de Grande Grèce déjà dotées de cet instrument, leur hellénisation20 ou au contraire leurs prétentions hégémoniques21. Un deuxième ensemble privilégie l’option économique. Les premières pièces romaines de bronze frappé auraient répondu aux besoins des ciues campaniens, installés dans une région où l’économie monétaire était déjà bien enracinée22 ; les didrachmes traduiraient l’implication croissante de l’aristocratie romaine dans le commerce du vin et l’aes graue exprimerait le développement des échanges commerciaux et du travail salarié dans la Rome du début du IIIe siècle23. La grande majorité des auteurs lie cependant l’apparition du monnayage romain à un accroissement massif de la dépense publique, à caractère militaire24 ou édilitaire25. Une dernière hypothèse, que l’on peut considérer comme une variante de la précédente, voit dans la monnaie l’outil qui permit la distribution du butin de guerre26 ou le remboursement du tributum27 aux citoyens romains.

  • 28 Mommsen 1889-1896, VII, p. 351.

5Les études consacrées à l’apparition du monnayage romain, même si elles ne l’explicitent pas véritablement, établissent donc au minimum l’hypothèse d’un changement d’échelle des activités du Trésor Public romain au tournant des IVe et IIIe siècles av. J.-C., au maximum une corrélation entre création de la monnaie et possibilité même de la dépense publique. En cela, elles rejoignent les conceptions de T. Mommsen, qui affirmait que les dépenses publiques étaient pratiquement inconnues de la cité romaine dans les premiers temps de la République28. Dès lors, deux questions connexes se posent : l’Aerarium existait-il avant qu’il y ait un monnayage romain ? S’il faut répondre par l’affirmative, est-il possible de dater sa création ?

6Pour essayer d’y voir plus clair, on confrontera les conceptions des Anciens à celles de l’historiographie moderne. On examinera donc, dans un premier temps, les étiologies du Trésor Public que livrent les sources littéraires et juridiques. On passera ensuite en revue les avis avancés, depuis le XIXe siècle, sur le degré de développement des finances publiques romaines avant la première Guerre punique : après avoir brossé, à partir des textes antiques, le tableau des recettes et dépenses de la cité, on éprouvera la validité des interprétations qui en ont été proposées par les historiens modernes. Le terrain ainsi déblayé, on tentera de cerner quelles purent être les attributions primitives du Trésor Public romain.

1 – Les récits étiologiques antiques sur l’Aerarivm

  • 29 Liv. 2, 5, 9 ; D. H. 5, 13, 1.

7Les historiens antiques n’intègrent pas à leurs récits d’excursus sur les origines du Trésor Public romain. Pour Tite Live ou Denys d’Halicarnasse, la dépense publique existait déjà à l’époque royale, mais c’est pour la première fois à la date de 509 av. J.-C. qu’est mentionné explicitement l’Aerarium, à propos de la récompense accordée à Vindicius, l’esclave qui avait dénoncé le complot visant à renverser le régime républicain29. Le Trésor Public semble donc, pour les historiens augustéens, avoir été consubstantiel à la res publica libera. Pour cerner les débuts de l’Aerarium, il faut donc se tourner vers d’autres types de sources, en l’occurrence les érudits et les juristes. Plutarque est le seul à offrir un récit circonstancié de l’institution du Trésor Public. Toutefois, d’autres auteurs, sans évoquer directement la création de l’Aerarium, s’intéressent à lui comme lieu ou comme prouincia. En d’autres termes, leurs réflexions portent soit sur le temple associé au Trésor Public (l’aedes Saturni du Forum), soit sur l’instauration de la questure. On peut donc tenter de voir, en croisant les deux types de données, si, à côté de celle de Plutarque, d’autres interprétations de la naissance de l’Aerarium circulaient dans l’Antiquité.

La reconstruction de Plutarque

8Plutarque est l’unique auteur qui propose, dans deux passages concordants, un récit étiologique de la constitution de l’Aerarium. Les extraits concernés sont la 42e Question romaine et le chapitre 12 de la Vie de Publicola :

  • 30 Une autre traduction française est disponible dans Scheid 2012, p. 60.

Plu. QR 42 (trad. CUF J. Boulogne)30.

‘διὰ τί τῷ τοῦ Κρόνου ναῷ χρῶνται ταμιείῳ τῶν δημοσίων χρημάτων, ἅμα δὲ καὶ φυλακτηρίῳ τῶν συμβολαίων ;’
πότερον ὅτι δόξα κατεῖχε καὶ λόγος οὐκ εἶναι πλεονεξίαν ἐν ἀνθρώποις οὐδ᾽ἀδικίαν Κρόνου βασιλεύοντος, ἀλλὰ πίστιν καὶ δικαιοσύνην ;
ἢ ὅτι καρπῶν εὑρετὴς καὶ γεωργίας ἡγεμὼν ὁ θεός ; ἡ γὰρ ἅρπη τοῦτο σημαίνεικαὶ […]
καρπῶν δ᾽ ἀφθονία καὶ διάθεσις γένεσίς ἐστι νομίσματος : διὸ τὸν αἴτιον καὶ φύλακα ποιοῦνται τῆς εὐδαιμονίας. μαρτυρεῖ δὲ τούτῳ τὸ τὰς ἀγομένας δι᾽ ἐννέα ἡμερῶν ἐπ᾽ἀγορὰν συνόδους, νουνδίνας δὲ καλουμένας, ἱερὰς τοῦ Κρόνου νομίζεσθαι : πράσεως γὰρ καὶ ὠνῆς περιουσία καρπῶν ἀρχὴν παρέσχεν.
ἤ ταῦτα μέν ἐστι παλαιά, πρῶτος δὲ ταμιεῖον ἀπέδειξε τὸ Κρόνιον, τῶν βασιλέων καταλυθέντων, Οὐαλέριος Ποπλικόλας πειθόμενος εὐερκῆ καὶ καταφανῆ καὶ δυσεπιβούλευτον εἶναι τὸν τόπον ;

Pourquoi utilisent-ils le temple de Cronos à la fois comme le dépôt du Trésor Public et comme le lieu où l’on garde les contrats ?
Est-ce parce que prévalaient dans les discours l’opinion que, sous le règne de Cronos, existaient parmi les hommes, non pas la cupidité et l’injustice, mais la bonne foi et la justice ?
Ou bien est-ce que parce que le dieu a découvert les produits de la terre et a mis sur la voie de l’agriculture ? C’est ce que signifie la faucille […]. Or l’abondance des produits de la terre et leur distribution engendrent la monnaie. C’est pourquoi les Romains font du responsable de leur prospérité aussi son gardien. L’atteste le fait que les réunions tenues tous les huit jours sur l’agora, appelées nundinae, sont, croient-ils, consacrées à Cronos ; c’est, en effet, dans la surabondance des produits que la vente et l’achat ont trouvé leur point de départ.
Ou bien sont-ce là des pratiques anciennes et est-ce Valerius Publicola qui, après le renversement de la royauté, fut le premier à déclarer Trésor le temple de Cronos, parce qu’il était persuadé que l’endroit était bien clos, exposé aux regards et difficile à violer sur une machination ?

 

Plu. Publ. 12, 3-4. (trad. CUF R. Flacelière – E. Chambry – M. Juneaux).

3. ἐπῃνέθη δὲ καὶ διὰ τὸν ταμιευτικὸν νόμον. ἐπεὶ γὰρ ἔδει χρήματα πρὸς τὸν πόλεμον εἰσενεγκεῖν ἀπὸ τῶν οὐσιῶν τοὺς πολίτας, οὔτ᾽ αὐτὸς ἅψασθαι τῆς οἰκονομίας οὔτε τοὺς φίλους ἐᾶσαι βουλόμενος οὔθ᾽ ὅλως εἰς οἶκον ἰδιώτου παρελθεῖν δημόσια χρήματα, ταμιεῖον μὲν ἀπέδειξε τὸν τοῦ Κρόνου ναόν, ᾧμέχρι νῦν χρώμενοι διατελοῦσι, ταμίας δὲ τῷ δήμῳ δύο τῶν νέων ἔδωκεν ἀπο δεῖξαι. καὶ ἀπεδείχθησαν οἱ πρῶτοι Πούπλιος Οὐετούριος καὶ Μινούκιος Μᾶρκος καὶ χρήματα συνήχθη πολλά, 4. τρισκαίδεκα γὰρ ἀπεγράψαντο μυριάδες, ὀρφανοῖς παισὶ καὶ χήραις γυναιξὶν ἀνεθείσης τῆς εἰσφορᾶς.

  • 31 Cf. Plu. Publ. 11, 3.

On approuva aussi sa loi relative aux questeurs. Comme les citoyens étaient obligés de contribuer de leurs biens aux frais de la guerre31, et qu’il ne voulait ni se mêler lui-même d’administrer ces contributions ni en laisser le soin à ses amis, et encore moins mettre les revenus publics dans la maison d’un particulier, il désigna pour y déposer le temple de Saturne, qui sert encore aujourd’hui à cet usage, et il remit au peuple le droit de nommer questeurs deux jeunes gens. Les premiers nommés furent Publius Veturius et Marcus Minucius, qui recueillirent beaucoup d’argent. 4. Car cent trente mille citoyens se firent inscrire, sans compter les enfants orphelins et les femmes veuves, qui furent exemptés de contributions.

  • 32 Boulogne 2002, p. 105.
  • 33 Calpurnius Pison : Flacelière – Chambry – Juneaux 1957-1983, II, p. 53-54 ; Valerius Antias : Solt (...)
  • 34 Alfisi 1974-1975, p. 11-12.
  • 35 Delvaux 1989, p. 135-138. Fenestella semble être mort sous le règne de Tibère ; il avait écrit un (...)
  • 36 Alfisi 1974-1975, p. 14.

9Les éditeurs modernes considèrent que les Questions romaines furent publiées à l’époque où Plutarque réunissait le matériau nécessaire aux Vies32. Les deux œuvres s’appuieraient donc sur des références en partie communes. Les noms les plus souvent invoqués pour les sources de la Vie de Publicola sont Calpurnius Pison, Valerius Antias et Denys d’Halicarnasse33. Toutefois, E. Alfisi34 et G. Delvaux35 ont proposé de faire de Fenestella la source des deux passages qui mentionnent l’installation par Publicola du Trésor Public dans le temple de Saturne. En effet, les Questions romaines 41-43 forment une unité thématique. Or, Fenestella est explicitement cité à la fin de la Question 41, qui donne les mêmes informations que la Vie de Publicola 11, 5-7. Comme on a également un parallèle entre la fin de la Question 42 et la Vie de Publicola 12, 3-4, Plutarque doit avoir continué à utiliser le même auteur. Par ailleurs, E. Alfisi n’excluait pas que Fenestella ait lui-même eu recours à Varron36.

10Plutarque propose une reconstruction extrêmement articulée de l’« invention » du système républicain des finances publiques. L’installation de l’Aerarium sur le Forum, dans le temple de Saturne, fut pour lui concomitante de la création d’une nouvelle magistrature chargée de la gestion des fonds publics, la questure. Le contexte qui aurait motivé cette innovation aurait été un cens préalable à un dilectus et à la levée d’une contribution de guerre. Les mesures de Publicola exprimaient le nouvel idéal républicain, c’est-à-dire le primat de la souveraineté du peuple (illustrée ici par l’élection des questeurs), et la nécessité de diviser entre plusieurs titulaires les responsabilités publiques auparavant concentrées dans la personne royale. De ce point de vue, la questure, au même titre que la prouocatio, aurait été une limite apportée à l’imperium.

  • 37 Rotondi 1912, p. 191 ; Flach 1994, p. 68-69, n° 12.
  • 38 Plu. Publ. 9, 4.
  • 39 Plu. Publ. 12, 5-6.

11Le genre biographique privilégié par Plutarque estompe quelque peu la dimension chronologique : est-il donc possible de préciser sous quelle année Plutarque plaçait l’institution des questeurs et la mise en service de l’aedes Saturni ? Le vote de la loi instaurant la questure37 se situe, dans la Vie de Publicola, au moment où, après la mort de Brutus38, Publicola demeure quelque temps consul sans collègue. Les élections de Lucretius puis de M. Horatius ferment la section consacrée à l’activité législative de Publicola39, avant que Plutarque n’entame, à propos de la dédicace du Capitole, un long excursus sur l’histoire du temple. Si l’on compare les indications de Plutarque avec les chronologies livienne et dionysienne des premières années de la République, on peut a priori être la première ou la deuxième année de la res publica libera :

Année de la République Consuls chez Tite Live Consuls chez Denys d’Halicarnasse
1 2, 1, 8 et 2, 2, 3 : Brutus et Collatinus
2, 2, 11 : Brutus et P. Valerius Publicola
(2, 6, 9 : mort de Brutus)
2, 8, 4 : Publicola et Sp. Lucretius
2, 8, 4 : Publicola et M. Horatius Puluillus
Consécration du Capitole
5, 1, 2 : L. Iunius Brutus et L. Tarquinius Collatinus
5, 12, 3 : Brutus et P. Valerius
(5, 15, 3 : mort de Brutus)
2 2, 8, 9 : Publicola II et T. Lucretius 5, 20, 1 : Valerius II et Lucretius
Cens
D’après 5, 21, 1 : Valerius II et M. Horatius Pulvillus
3 2, 15, 1 : Sp. Larcius et T. Herminius 5, 21, 1 : P. Valerius III et M. Horatius Pulvillus II
Consécration du Capitole en 5, 35, 3

12Comme Denys est le seul autre auteur à faire état d’un cens accompli par Publicola, il serait vraisemblable que Plutarque ait suivi la même chronologie. Cependant, les deux récits ne coïncident pas tout à fait, puisque chez Plutarque, le census a lieu avant l’élection de Lucretius, et chez Denys, après. Toutefois, l’un et l’autre n’adoptent peut-être pas la même perspective. Si Plutarque évoquait la décision d’entreprendre un cens, et Denys l’achèvement de cette opération, leurs propos deviennent non seulement conciliables entre eux, mais aussi compatibles avec ceux de Tite Live. La création de la questure et l’installation du Trésor Public dans le temple de Saturne auraient eu lieu en l’An un de la République.

Les autres sources antiques

  • 40 La construction du temple serait soit antérieure, soit concomitante à la création du Trésor Public
  • 41 La création de la questure du Trésor suppose que le Trésor existe déjà ou vient d’être créé.

13Le reste de la tradition antique ne s’intéresse pas directement à l’Aerarium. En revanche, dans la mesure où elle s’interroge ou sur l’édification du temple de Saturne, ou sur la création de la questure, elle est susceptible de fournir un terminus post40 ou ante quem41 pour l’institution du Trésor Public. Après avoir passé en revue le contenu de chaque dossier, synthétisé les acquis de la Quellenforschung et fait le bilan des interprétations avancées par les auteurs modernes, on mettra en lumière les apports de la tradition « non-plutarchéenne ».

La construction et la dédicace du temple de Saturne

  • 42 Les sources sont commodément rassemblées par Pensabene 1984, p. 13-15 et Coarelli 1999a, p. 234-23 (...)

14Les textes qui font allusion à la fondation de l’aedes Saturni sont les suivants42 :

Liv. 2, 21, 1-2 (trad. CUF G. Baillet)

2, 21, 1. Consules Q. Cloelius et T. Larcius, inde A. Sempronius et M. Minucius. 2. His consulibus aedis Saturno dedicata, Saturnalia institutus festus dies. A. deinde Postumius et T. Verginius consules facti.

Ce fut le consulat de Quintus Clélius et Titus Larcius, puis celui d’Aulus Sempronius et Marcus Minucius, pendant lequel le temple de Saturne fut consacré et la fête des Saturnales instituée. Ensuite Aulus Postumius et Titus Verginius devinrent consuls.

D.H. 6, 1, 4 (trad. CUF J.-H. Sautel).

ἐπὶ τούτων φασὶ τῶν ὑπάτων τὸν νεὼν καθιερωθῆναι τῷ Κρόνῳ κατὰ τὴν ἄνοδον τὴν εἰς τὸ Καπε τώλιον φέρουσαν ἐκ τῆς ἀγορᾶς, καὶ δημοτελεῖς ἀναδειχθῆναι τῷ θεῷ καθ᾽ ἕκαστον ἐνιαυτὸν ἑορτάς τε καὶ θυσίας. τὰ δὲ πρὸ τούτων βωμὸν αὐτόθι καθιδρύσθαι λέγουσι τὸν ὑφ᾽ Ἡρακλέους κατεσκευασμένον, ἐφ᾽ οὗ τὰς ἐμπύρους ἀπαρχὰς ἔθυον Ἑλληνικοῖς ἔθεσιν οἱ τὰ ἱερὰ παρ᾽ ἐκείνου παραλαβόντες : τὴν δ᾽ἐπιγραφὴν τῆς ἱδρύσεως τοῦ ναοῦ τινὲς μὲν ἱστοροῦσι λαβεῖν Τῖτον Λάρκιον τὸν ὑπατεύσαντα τῷ πρόσθεν ἐνιαυτῷ, οἱ δὲ καὶ βασιλέα Ταρκύνιον τὸν ἐκπεσόντα τῆς ἀρχῆς, τὴν δὲ καθιέρωσιν τοῦ ναοῦ λαβεῖν Πόστομον Κομίνιον κατὰ ψήφισμα βουλῆς. τούτοις μὲν δὴ τοῖς ὑπάτοις εἰρήνης ὥσπερ ἔφην βαθείας ἐξεγένετο ἀπολαῦσαι.

C’est sous ces consuls, dit-on, que fut consacré à Cronos le temple situé le long de la voie qui monte du Forum au Capitole, et que furent célébrés pour la première fois en l’honneur de ce dieu des fêtes et des sacrifices annuels aux frais de la Cité. On rapporte que se dressait auparavant au même endroit un autel bâti par Héraclès, sur lequel ceux qu’il avait chargés de ce culte faisaient brûler les prémices en sacrifice, selon le rite grec. Pour ce qui est de l’inscription de la fondation du temple, certains rapportent que c’est Titus Larcius, consul l’année précédente, qui l’avait faite, d’autres remontent même au roi Tarquin, celui qui avait été chassé du pouvoir – selon eux, la consécration du temple fut effectuée par Postumus Cominius, agissant sur décret du Sénat. Ces consuls, comme je l’ai dit, ont donc pu jouir pleinement de la paix.

 

Macr. sat. 1, 8, 1 (trad. La Roue à Livres Ch. Guittard).

Nunc de ipso dei templo pauca referanda sunt. Tullum Hostilium cum bis de Albanis, de Sabinis tertio triumphasset, inuenio fanum Saturno ex uoto consecrauisse et Saturnalia tunc primum Romae instituta, quamuis Varro libro sexto, qui est de sacris aedibus, scribat aedem Saturni ad forum faciendam locasse L. Tarquinium regem, Titum uero Larcium dictatorem Saturnalibus eam dedicasse. Nec me fugit Gellium scribere senatum decresse ut aedes Saturni fieret, eique rei L. Furium tribunum militum praefuisse.

Il me faut maintenant fournir quelques précisions concernant le temple même du dieu. D’après mes sources, Tullus Hostilius, après avoir triomphé deux fois des Albains, et la troisième des Sabins, consacra un sanctuaire à Saturne à la suite d’un vœu, et alors furent instituées à Rome les Saturnales, mais Varron écrit en son livre VI, consacré aux édifices sacrés, que le roi Lucius Tarquin mit en adjudication la construction du temple de Saturne en bordure du Forum, et que le dictateur Titus Larcius célébra sa consécration lors des Saturnales. Je n’ignore pas non plus que Gellius a écrit que la Sénat décréta la construction d’un temple de Saturne et en confia l’exécution au tribun militaire Lucius Furius.

15On ajoutera :

Varro ling. 5, 42, à propos du Capitole (trad. J. Collart)

Hunc antea montem Saturnium appellatum prodiderunt et ab eo late Saturniam terram, ut etiam Ennius appellat […]  ; Eius uestigia etiam nunc manent tria, quod Saturni fanum …

Selon la tradition, cette colline s’appelait auparavant Mons Saturnius (Mont de Saturne) et tout le continent environnant Saturnia terra (terre de Saturne), comme Ennius l’appelle encore… Il en subsiste d’ailleurs trois traces, savoir : le sanctuaire de Saturne…

 

Sol. 1, 12-13 

Aedem etiam, quae Saturni aerarium fertur, comites eius (= Évandre) condiderunt in honore Saturni, quem cultorem regionis illius cognouerant extitisse. Iidem et montem Capitolinum Saturnium nominauerunt.

Ses compagnons fondèrent le temple qui contient le Trésor de Saturne, en l’honneur de Saturne, dont ils savaient qu’il avait habité la région. Les mêmes nommèrent le mont du Capitole « Saturnien ».

  • 43 Liv. 2, 19, 3-2, 20, 13.
  • 44 Liv. 2, 21, 3.
  • 45 Je m’en suis tenue aux chapitres 1-33 du livre II, estimant, à la suite de Soltau, que la première (...)
  • 46 Liv. 2, 8, 5 ; 2, 18, 5 ; 2, 33, 3. Calpurnius Pison est cité en 2, 32, 3, mais pour écarter sa ve (...)
  • 47 Soltau 1897, p. 147. L’argument est essentiellement que Liv. 2, 18, 6 mentionne la tradition qui f (...)
  • 48 Ogilvie 1965, p. 272, 276, 284, 286 ; Musti 1970, p. 116 : comme la création de la dictature est l (...)
  • 49 D.H. 5, 47, 2 et 5, 74, 4 (sur l’invention de l’ouatio et sur l’origine albaine de la dictature : (...)
  • 50 Musti 1970, p. 116 et 119 ; Mora 1999, p. 25-26 (pour qui l’annaliste Gellius aurait été la source (...)
  • 51 Mora 1999, p. 24-26 semble raisonner sur la base du « principe gentilice » (les annalistes mettrai (...)

16Tite Live et Denys d’Halicarnasse choisissent tous deux de placer la dédicace du temple de Saturne sous le consulat d’A. Sempronius et M. Minucius, soit la douzième année après la chute de la Royauté. Toutefois, ils ne positionnent pas le consulat en question de la même manière par rapport à la bataille du Lac Régille. Tite Live situe la victoire romaine deux ans auparavant43, tandis que Denys fait partie des auteurs qui plaçaient la bataille du Lac Régille l’année suivant le consulat de Sempronius et Minucius44. Dans les premiers chapitres du livre II45, Tite Live ne cite le plus souvent ses références que de façon générique46. W. Soltau jugeait que le matériau des chapitres 16-21 du livre II avait été puisé essentiellement chez Valerius Antias47, mais R. Ogilvie et D. Musti48 ont avancé le nom de Licinius Macer. En dehors du passage qui nous intéresse, Denys, pour sa part, ne renvoie, dans les livres V-VI, qu’au même Licinius Macer49. Les philologues modernes considèrent donc que cet annaliste fut largement utilisé par Denys pour le début de l’ère républicaine50. Pour F. Mora51, la version secondaire qui attribuait à Postumus Cominius la dédicace du temple de Saturne doit être rapportée à Postumius Albinus.

  • 52 Chassignet 1999a, p. XLIX-LI, et frg. 25 (= 24 P. = 25 Beck-Walter = 27 Cornell). Cn. Gellius para (...)
  • 53 Cardauns 1976, p. 50, frg. 73. Le traité varronien remonte aux lendemains de Pharsale (Lehmann 199 (...)

17Macrobe, pour sa part, fait explicitement état des traditions qu’il a rassemblées : d’abord une version anonyme, puis celle de l’annaliste Cn. Gellius52, qu’il rejette toutes deux ; enfin, celle de Varron, empruntée aux Antiquités Divines53.

  • 54 Enn. ann. I, XXIII Vahlen = XVIII Skutsch = XIX Flores.

18Les sources « secondaires » pour notre dossier (Varron dans le De Lingua Latina et Solin), qui évoquent une fondation du temple de Saturne à l’époque mythique, pourraient s’être appuyées sur des poètes, puisque Varron cite Ennius54.

19On aboutit donc, pour la fondation de l’aedes Saturni, aux options suivantes :

Date proposée pour la fondation du temple Référence Possible source
Âge mythique Varron De lingua latina, Solin Œuvres poétiques, dont Ennius ?
Règne de Tullus Hostilius Macrobe ?
Locatio par Tarquin le Superbe, dédicace par Post. Cominius (An 8 de la République) Denys Un auteur antérieur au milieu du Ier siècle, puisque Varron dans les Antiquités Divines semblait mélanger cette version et la suivante (Postumius Albinus pour F. Mora)
Consulat de T. Larcius (An 11 de la République) Denys idem
Dédicace sous le consulat d’A. Sempronius et M. Minucius (An 12 de la République) Tite Live, Denys Licinius Macer ?
L. Furius Macrobe Cn. Gellius, explicitement cité
  • 55 Walt 1997, p. 85-87 ; Chassignet 2004, p. LVIII.
  • 56 À moins que Gellius n’ait évoqué plusieurs étapes de l’histoire édilitaire de l’aedes Saturni.

20Les traditions concernant la construction du temple de Saturne paraissent avoir été élaborées principalement par des annalistes moyens ou récents. Alors qu’on considère généralement que Licinius Macer dérive de Gellius55, ces deux auteurs pourraient sur le sujet de l’aedes Saturni avoir présenté des versions différentes56.

  • 57 Liv. 2, 18, 5.
  • 58 Pour D.H. 5, 73, 1, c’est en l’An 11, qui est toujours une année où T. Larcius fut consul.

21Il est en outre envisageable que les variantes évoquées par Denys et Varron (lignes 3 et 4 du tableau) soient nées de l’attribution de la dédicace du temple à l’An 8 de la République. En effet, Post. Cominius, pour Tite Live comme pour Denys, n’exerça le consulat que cette année-là. Or, selon les deux historiens, il eut T. Larcius pour collègue. Pour Tite Live57, c’est toujours la même année que T. Larcius fut nommé dictateur58. On pouvait donc, si l’on suivait la chronologie varrono-livienne, faire allusion au même événement en le datant du consulat de Cominius, de celui de Larcius ou de la dictature de Larcius.

 

  • 59 Lanciani 1985, p. 257 ; De Ruggiero 1913, p. 155 ; Lugli 1947, p. 30.
  • 60 Gjerstad 1962, p. 757-762.
  • 61  Gjerstad 1962, p. 760 et 762 identifie le roi L. Tarquin évoqué par Macrobe avec Tarquin l’Ancien, (...)
  • 62 Gjerstad 1962, p. 758-759 : Tite Live et Denys évoquent une dédicace effectuée par les consuls de (...)
  • 63 Platner – Ashby 1929, p. 463 ; Coarelli 1976-1977, p. 356-375 ; Coarelli 1983-1985, I, p. 206 ; Co (...)

22C’est le privilège implicitement accordé au témoignage des historiens augustéens qui amena les archéologues spécialistes du Forum romain, dans les synthèses publiées avant la deuxième Guerre mondiale, à dater le temple de Saturne de 497 av. J.-C59. Dans un article de 1962, E. Gjerstad60 se fit ensuite le défenseur d’une hypothèse chronologique permettant d’harmoniser les données contrastées de Tite Live, Denys d’Halicarnasse et Macrobe. Ces auteurs pouvaient selon lui être conciliés, parce qu’ils faisaient vraisemblablement allusion à des étapes successives de l’histoire du temple de Saturne. Denys et Macrobe auraient mentionné la plus ancienne phase du sanctuaire, antérieure à la fondation de la République. Le culte, en l’absence de temple, se serait alors organisé autour d’un autel ou d’un fanum. En 497 av. J.-C. l’aedes Saturni, construite par le roi Tarquin l’Ancien61, aurait été dédiée par le dictateur T. Larcius62. Enfin, comme tous les L. Furii qui exercèrent le tribunat consulaire sont datés entre 432 et 370 av. J.-C., les travaux évoqués par l’annaliste Gellius (cité par Macrobe) renverraient à une restauration du temple de Saturne, entreprise après le passage des Gaulois de 390 av. J.-C. Les études postérieures ont donc, avec des nuances, admis l’existence d’un culte archaïque de Saturne au nord-ouest du Forum, et daté l’aedes Saturni, de façon générique, des « premières années de la République »63.

  • 64 Pour une présentation synthétique assortie de la bibliographie, Cifani 2008, p. 109 et 111.
  • 65 Catalano et al. 2001, p. 188.

23Les fouilles archéologiques semblent avoir apporté, dans les dernières décennies, quelques éléments à l’appui de cette chronologie64. La démolition, en 1980, de la Via di Foro Romano a été l’occasion d’une reprise des fouilles dans trois secteurs, la zone s’étendant du Cliuus Capitolinus au « Tabularium », le temple de Saturne et l’espace situé à l’arrière du temple. Dans les secteurs de fouilles B et F a été dégagé un niveau sableux jaunâtre, similaire à celui qui avait été auparavant trouvé dans le temple des Castores, lui-même daté des premières années de la République. Les archéologues y ont vu la confirmation de la datation du temple de Saturne donnée par les sources littéraires. Un sondage effectué en 2000 à l’arrière du temple de Saturne a par ailleurs mis au jour une canalette qui contenait du matériel céramique daté des VIe-Ve siècles av. J.-C65. Les éditeurs ont suggéré que cette structure pouvait être liée à la construction de l’aedes Saturni.

Les origines de la questure

24Un second groupe d’auteurs antiques s’était, pour sa part, intéressé aux origines de la questure.

25Les textes en question sont :

Tac. ann. 11, 22, 4-6 (trad. CUF P. Wuilleumier).

4. Sed quaestores regibus etiam tum imperantibus instituti sunt, quod lex curiata ostendit ab L. Bruto repetita. Mansitque consulibus potestas deligendi, donec eum quoque honorem populus mandaret. Creatique primum Valerius Potitus et Aemilius Mamercus sexagesimo tertio anno post Tarquinios exactos, ut rem militarem comitarentur. 5. Dein gliscentibus negotiis duo additi qui Romae curarent ; mox duplicatus numerus, stipendiaria iam Italia et accedentibus prouinciarum uectigalibus ; 6. post lege Sullae uiginti creati supplendo senatui, cui iudicia tradiderat.

4. Quant à la questure, elle fut instituée dès l’origine de la royauté, comme le montre la loi curiate reprise par L. Brutus. Et les consuls gardèrent le pouvoir de choisir les questeurs, jusqu’à ce que cet honneur aussi fût conféré par le peuple. Les premiers créés furent Valerius Potitus et Aemilius Mamercus, soixante-trois ans après l’expulsion des Tarquins, avec la charge de suivre le règlement des questions militaires. 5. Puis, avec le développement des affaires, on en désigna deux autres pour exercer à Rome. Ensuite le nombre fut doublé, quand l’Italie fut devenue tributaire et qu’il y eut de surcroît les impôts des provinces. 6. Enfin une loi de Sylla en créa vingt, pour compléter le Sénat, auquel il avait transféré les jugements.

 

Pomponius, libro singulari Enchiridii, Dig. 1, 2, 2, 22-23 (trad. H. Hulot).

22. Deinde cum aerarium populi auctius coepisset, ut essent qui illi praessent, constituti sunt quaestores, qui pecuniae praessent, dicti ab eo quod inquirendae et conseruandae pecuniae causa creati erant. 23. Et quia, ut diximus, de capite ciuis Romani iniussu populi non erat lege permissum consulibus ius dicere, propterea quaestores constituebantur a populo, qui capitalibus rebus praeessent : hi appellabantur quaestores parricidii, quod etiam meminit lex duodecim tabularum.

On établit des questeurs lorsque le trésor public devint considérable ; ils avaient soin de veiller à la conservation des sommes qui y étaient renfermées. On les appela questeurs, parce que leurs fonctions consistaient à rechercher et conserver l’argent. Il y avait d’autres questeurs qui jugeaient dans les affaires capitales ; parce que, comme nous avons dit, les consuls ne pouvaient point juger dans ces matières, sans l’ordre du peuple. On les nomma questeurs des parricides : la loi des douze tables en fait mention.

 

Ulpien, libro singulari de officio quaestoris, Dig. 1, 13, 1 pr.-1 (trad. H. Hulot).

Origo quaestoribus creandis antiquissima est et paene ante omnes magistratus. Gracchanus denique Iunius libro septimo de potestatibus etiam ipsum Romulum et Numam Pompilium binos quaestores habuisse, quos ipsi non sua uoce, sed populi suffragio crearent, refert. Sed sicuti dubium est, an Romulo et Numa regnantibus quaestor fuerit, ita Tullo Hostilio rege quaestores fuisse certum est : et sane crebrior apud ueteres opinio est Tullum Hostilium primum in rem publicam induxisse quaestores. 1. Et a genere quaerendi quaestores initio dictos et Iunius et Trebatius et Faenestella scribunt.

L’origine des questeurs est fort ancienne, et précède presque toutes les autres magistratures. Gracchanus Junius, au livre sept des puissances, rapporte que Romulus lui-même, et Numa Pompilius, ont eu deux questeurs nommés, non par eux-mêmes, mais par le peuple. Si toutefois il est douteux qu’il y ait eu des questeurs sous Romulus et Numa, il est au moins certain qu’il y en avait sous Tullus Hostilius ; et l’opinion commune des anciens écrivains est que les questeurs ont été introduits par ce roi dans la République. Junius, Trebatius et Fenestella tirent l’étymologie du nom de questeur, du mot chercher.

 

Lyd. Mag. 1, 24-27 (trad. CUF M. Dubuisson-J. Schamp).

24. Τὸ πιστὸν τοῖς γράφουσιν ἡ τῶν ἀρχαίων ἐπιτίθησι μαρτυρία. Ἰούνιους τοίνυν Γρακχανὸς ἐν τῷ Περὶ Ἐξουσιῶν αὐτοῖς ῥἢμασι περὶ τοῦ καλουμένου παρὰ Ῥωμαίοις κυαίστωρος· προεχώρησαν τῇ ψήφῳ τοῦ δήμου. Τοῦλλος δὲ ὁ ῥὴξ μετὰ τούτους ἀναγκαίαν εἶναι τὴν τῶν κυαιστόρων ἀρχὴν ἔκρινεν, ὡς τοὺς πλείους τῶν ἱστορικῶν αυτῷ τὴν τοιαύτην προαγωγὴν ἀναγράψαι καὶ μόνῳ. Ἀπὸ δὲ τῆς ζητήσεως οὕτως ὀνομασθῆναι αύτοὺς Ἰούνιους καὶ Τρεβάτιος καὶ Φενεστέλλας εἶπον. […] Ταῦτα μὲν ὁ Ἰούνιος, ὁ νομικὸς δὲ Οὐλπιανὸς ἐν τῷ De officio quaestoris, ἀντὶ τοῦ Περὶ τῆς τοῦ κυαίστορος τάξεως, περὶ κυαίστορος ἀποχρώντως διαλέγεται.

25. Ζητῆσαι δὲ ἀξιόλογον εἶναι νομίζω τί μέν ἐστι κυαίστωρ, τί δὲ κυαισίτωρ· καὶ τί μὲν σημαίνει διὰ τῆς διφθόγγου γραφόμενον, τί δὲ ψιλῆς. Κυαίστωρ τοίνυν ὁ ζητητὴς ἀπὸ τοῦ quaerere, οἷον ἐρευσᾶν· οἱ γὰρ παῤἝλλησιν ἐρευνάδες παρὰ Ῥωμαίοις κυαίστωρες ὠνομάσθησαν, κυαισίτωρ δὲ ὁ τιμωρός· τὸ μὲν γὰρ πρῶτόν ἐστι παρὰ Ῥωμαίοις δισύλλαβον, τὸ δὲ τρισύλλαβον. Ἐπὶ γὰρ τοῦ μόνου Μίνωος τοῦ Κρητός, ὅς γενέσθαι τιμωρὸς κατὰ τὸ μυθικὸν τῶν ἐν Ἅιδου ψυχῶν ἐνομίσθη τὸ κυαισίτωρος ὄνομα ὁ Ῥωμαίων ποιητὴς ἐν ἕκτῳ τῆς Αἰνηΐδος τέθεικεν. Ὅθεν καὶ κυαιστίωνας τὰς τιμωρίας καὶ κυαιστιωναρίους τοὺς τῶν ποινῶν ὑπηρέτας Ῥωμαῖοι ἔγνωσαν καλεῖν. Ὁ μὲν γὰρ κυαίστωρ ζητητής ἐστιν ἐπὶ χρήμασιν ὁ δὲ κατ΄ἐπέκτασιν καὶ συλλαβῆς προσθηκην ἐπ΄ἐγκλήμασιν· ἑκάτερον δὲ διὰ τῆς διφθόγγου γραφήσεται, κἂν εἰ τὸν ταμίαν διασημαίνῃ, ὅτι κυαίστους ὁ πόρος παρὰ Ῥωμαίοις καλεῖται. Ὅτε δὲ μὴ δίφογγος ᾖ ἐν προοιμίοις ἡ λέξις ἀλλὰ ψιλῇ γράφεται, οὐδέτερον μὲν τῶν εἰρημένων σημαίνει, τὸν δὲ μεμψίμοιρον καὶ βλάσφημον διὰ τῆς γραφῆς ἐπιδείξει, ὅτι queror μέμφομαι ῥήματι κοινῷ πάθος ἅμα καὶ ἐνέργειαν παραδηλοῦντι λέγουσιν, καὶ κυεριμωνίας καὶ κυερήλας τὰς μέμψεις.

26. Ὅπως δὲ μὴ τυχὸν τεχνολογίαις τἀληθὲς δόξωμεν σοφίζεσθαι, πρὸς τῶν περὶ ταῦτα ἠσχολημένων μάθωμεν. Γάϊος τοίνυν ὁ νομικὸς ἐν τῷ ἐπιγραφομένῳ παρ΄αὐτοῦ Ad Legem XII Tabularum, οἷον Εἰς τὸν Νόμον τοῦ Δυοκαιδεκαδέλτου, αὐτοῖς ῥήμασι πρὸς ἑρμηνείαν ταῦτά φησιν· ὡς δὲ τὸ γαζοφυλάκιον τοῦ δήμου εἰς ἐπίδοσιν ἦλθεν, προεχειρίσθησαν κυαίστωρες ὑπὲρ τῆς αὐτοῦ φροντίδος ἀπὸ τῆς περιποιήσεως καὶ φυλακῆς τῶν χρημάτων οὕτως ὀνομασθέντες. Ἐπειδὴ δὲ περὶ κεφαλικῆς τιμωρίας οὐκ ἐξῆν τοῖς ἄρχουσι κατὰ Ῥωμαίου πολίτου ψηφίσασθαι, προεβλήθησαν κυαίστωρες παρρικιδίου, ὡς ἂν εἰ κριταὶ καὶ δικασταὶ τῶν πολίτας ἀνελόντων. Παρρικίδας δὲ Ῥωμαῖοι ὁμωνύμως τούς τε γονέων τούς τε πολιτῶν φονέας ἀποκαλοῦσιν, παρέντης ἑκατέρους προσαγορεύοντες. Διαφορὰν δὲ ἐπὶ τῆς ἐπωνυμίας ταύτην παρέχουσί τινα· συστέλλοντες γὰρ τὴν πρώτην συλλαβὴν καὶ βραχεῖαν ποιοῦτες τοὺς γονέας, ἐκτείνοντες δὲ τοὺς ὑπηκόους συμαίνουσιν.

27. Τῷ δὲ τρίτῳ καὶ <τεσσαρακοστῷ καὶ> διακοσιοστῷ τῶν ὑπάτων ἐνιαυτῷ, ἐπὶ τῆς ὑπάτείας Ῥηγούλου καὶ Ἰουλίου, κρινάντων Ῥωμαίων πολεμεῖν τοῖς συμμαχήσασι Πύρρῳ τῷ Ἠπειρώτῃ, κατεσκευάσθη στόλος καὶ προεβλήθησαν οἱ καλούμενοι κλασσικοί, οἷον εἰ ναυάρχαι, τῷ ἀριθμῷ δύο, καὶ δέκα κυαίστωρες, οἷον ταμίαι καὶ συναγωγεῖς χρημάτων. Τίνι δὲ διαφέρει κυαίστωρ κυαισίτωρος προειρήκαμεν. Καὶ διεφυλάχθη ἡ τοιαύτη συνήθεια καὶ συναγωγὴ τῶν πόρων τοῖς τε ὑπάτοις τοῖς τε πραίτωρσιν ἐκδημοῦσιν.

24.1. Le témoignage des anciens ajoute du crédit aux auteurs. 2. Junius Gracchanus, dans son traité Des pouvoirs, dit textuellement de celui qu’on appelle à Rome le « questeur » : « ils sont élus par le vote populaire. 3. Après ceux-ci, le roi Tullus jugea que la charge de questeur était nécessaire, si bien que la plupart des historiens lui attribuent, et à lui seul, la création de cette dignité. 4. Junius, Trebatius et Fenestella disent qu’elle tire son nom de l’enquête (5. suit un passage sur les quaestores candidati). 6. Voilà ce que dit Junius ; le jurisconsulte Ulpien traite en détail du questeur dans son De officio quaestoris, c’est-à-dire « Les fonctions du questeur ».

25.1. Il me paraît intéressant d’examiner ce qu’est le quaestor, ce qu’est le quaesitor, et d’autre part ce que le mot signifie suivant qu’il a la diphtongue [quae-] ou la voyelle simple [que-]. 2. Le quaestor, c’est l’enquêteur, de quaerere « chercher » ; ceux que les Grecs appelaient « chercheurs » furent dénommés quaestores par les Romains. 3. Le quaesitor, c’est le juge (le premier de ces mots est dissyllabique en latin et le second trisyllabique). 4. Le poète romain, dans le sixième livre de l’Enéide, n’a appliqué ce nom de quaesitor qu’à un seul personnage, le Crétois Minos, qui fut, d’après la légende, juge des défunts dans l’Hadès. 5. C’est pour cela que les Romains ont décidé d’appeler quaestiones les châtiments et quaestionarii les fonctionnaires chargés d’infliger les peines. 6. Le quaestor est un enquêteur chargé des finances ; avec un allongement et une syllabe supplémentaire, un enquêteur qui s’occupe des accusations. L’un et l’autre de ces mots prennent la diphtongue, même quand il s’agit du trésorier, parce que les recettes se disent en latin quaestus. 7. Quand le mot a au début, non une diphtongue, mais une simple voyelle, il n’a aucun de ces deux sens ; il désigne, de la façon dont il est écrit, celui qui proteste et profère des insultes : queror signifie « se plaindre » (le verbe est commun, à la fois actif et passif) et les plaintes se disent querimoniae et querelae.

26.1. Afin qu’on n’aille pas penser que nous profitons de ces détails techniques pour prendre des limites avec la vérité, instruisons-nous auprès de ceux qui se sont occupés de ces questions. 2. Le jurisconsulte Gaius, dans l’ouvrage qu’il a intitulé Ad legem XII tabularum, c’est-à-dire Sur la loi des Douze Tables, déclare textuellement (je traduis) : quand le trésor public en vint à s’accroître, on désigna pour s’en occuper des questeurs, ainsi nommés d’après la garde et la conservation de l’argent. 3. Comme, d’autre part, il n’était pas permis aux magistrats de prendre une décision au sujet d’un citoyen romain dans une affaire entraînant la peine capitale, on créa des quaestores parricidii, c’est-à-dire des arbitres et des juges de ceux qui auraient tué un citoyen. 4. Les Romains appellent de la même façon, parricidae, les meurtriers de leurs parents et les meurtriers de leurs concitoyens ; parents et citoyens sont qualifiés les uns et les autres de parentes. 5. Mais il y a une différence dans l’appellation : quand ils abrègent la première syllabe et la rendent brève, ils veulent parler des « parents » ; s’ils l’allongent, il s’agit des « sujets ».

27.1. Dans la deux cent quarante-troisième année depuis la création des consuls, sous le consulat de Regulus et de Julius, lorsque les Romains eurent décidé d’entrer en guerre contre les alliés de Pyrrhus d’Épire, on équipa une flotte et l’on promut les (officiers) appelés classici, ou commandants de navires, au nombre de deux, et dix questeurs, comme trésoriers et collecteurs de fonds. La différence entre quaestor et quaesitor, nous l’avons déjà indiquée. 2. Cet usage, la collecte des recettes, s’est maintenu pour les consuls et les préteurs hors de Rome.

 

Zonar. 7, 13, 1.

Καὶ τὴν τῶν χρημάτων διοίκησιν ἄλλοις ἀπένειμεν, ἵνα μὴ τούτων ἐγκρατεῖς ὄντες οἱ ὑπατεύοντες μέγα δύνωνται. ὅτε πρῶτον οἱ ταμίαι γίνεσθαι ἤρξαντο· κοιαίστωρας δ᾿ ἐκάλουν αὐτούς. οἳ πρῶτον μὲν τὰς θανασίμους δίκας ἐδίκαζον, ὅθεν καὶ τὴν προσηγορίαν ταύτην διὰ τὰς ἀνακρίσεις ἐσχήκασι καὶ διὰ τὴν τῆς ἀληθείας τὴν ἐκ τῶν ἀνακρίσεων ζήτησιν· ὕστερον δὲ καὶ τὴν τῶν κοινῶν χρημάτων διοίκησιν ἔλαχον, καὶ ταμίαι προσωνομάσθησαν. μετὰ ταῦτα δ᾿ ἑτέροις μὲν ἐπετράπη τὰ δικαστήρια, ἐκεῖνοι δὲ τῶν χρημάτων ἦσαν διοικηταί.

Il confia à d’autres l’administration financière, de façon à ce que les hommes exerçant le consulat ne soient pas trop puissants en étant maîtres de ces fonds. Pour la première fois des trésoriers furent désignés, et on les appela questeurs. Ceux-ci tout d’abord jugeaient les causes capitales, d’où leur dénomination, en raison des instructions qu’ils menaient (?) et de la recherche de la vérité liée à ces instructions. Ensuite ils se virent confier l’administration des fonds publics, et on leur donna le nom de trésoriers. Après cela les tribunaux furent remis à d’autres, tandis qu’eux administraient les fonds.

(le frg. D.C. 15 b est trop elliptique pour pouvoir être assigné à la création de la questure, comme le suggère l’éd. Loeb).

 

auxquels on adjoindra Varro ling. 5, 81 (trad. J. Collart).

Quaestores a quaerendo, qui conquirerent publicas pecunias et maleficia, quae triumuiri capitales nunc conquirunt ; ab his postea qui quaestionum iudicia exercent quaesitores dicti.

Questeurs (quaestores), nom tiré de quaerere (enquêter), ceux qui avaient le pouvoir de se mettre en quête (conquirerent) des recettes publiques et des actions frauduleuses que recherchent maintenant les triumuiri capitales (les trois commissaires aux affaires criminelles) ; mais après eux, par la suite, les magistrats chargés d’instruire les enquêtes judiciaires (quaestiones) furent appelés quaesitores (juges d’instruction).

26Si l’on excepte Varron, les auteurs qui évoquent les origines de la questure sont tous postérieurs au Ier siècle de notre ère.

  • 66 Nörr 1976, p. 531.
  • 67 Urso 2005, p. 41 et 165.
  • 68 Urso 2016, p. 145. Une anticipation de cette idée se trouve déjà chez Schwegler 1867-1870, II, p.  (...)
  • 69 Urso 2005, p. 163-193 : dans les livres de Dion Cassius sont insérées des « fiches » sur la créati (...)

27Parmi les historiens, on trouve Tacite et Dion/Zonaras. Tacite, qui insère une « fiche » sur l’histoire de la questure dans le fil du récit des Annales, pourrait s’être appuyé sur un « Tableau historique des magistratures romaines » tel que ceux que la littérature tardo-républicaine avait produits66. Selon G. Urso, Zonaras aurait croisé les données fournies par Dion Cassius avec celles de la Vie de Publicola67. Sa référence principale, Dion, aurait pour sa part utilisé un liber de magistratibus68 dont l’auteur serait identifiable avec Q. Aelius Tubero69.

  • 70 Sur Pomponius, Nörr 1976, p. 497-604. Bretone 1984, p. 209-283. Le texte que l’on a au Digeste, se (...)
  • 71 Bretone 1970, p. 182, repris dans Bretone 1984, p. 283.
  • 72 Schulz 1946, p. 169.
  • 73 Bretone 1970, p. 177-182, repris dans Bretone 1984, p. 275-283. Stolfi 2002, p. 277-289 croise les (...)
  • 74 Nörr 1976, p. 518-523 pour Varron, p. 527- 529 pour le De iure ciuili cicéronien.
  • 75 Nörr 1976, p. 531-532.
  • 76 Sur le genre constitué par les libri de officio, Schulz 1946, p. 242-247 ; Dell’Oro 1960, notammen (...)
  • 77 Riba 1919, col. 1039, n° 79 ; Wissowa 1919, col. 1031-1033, n° 68, qui suppose qu’il s’agit du mêm (...)
  • 78 Sonnet 1936, col. 2251-2261, n° 7 ; Dell’Oro 1960, p. 9 ; Nicolet 1966-1974, II, p. 1043-1044, n°  (...)
  • 79 Dell’Oro 1960, p. 9.

28Les juristes des IIe et IIIe siècles ap. J.-C. forment le second groupe d’auteurs qui retraçaient les débuts de la questure. C’est par deux citations du Digeste que l’on peut remonter à eux. Pomponius70, d’une part, parlait de la questure dans l’Enchiridion. L’identification des sources de cet ouvrage est une question « très ardue », aux dires mêmes de M. Bretone71 : F. Schulz72 avait pensé au De iure ciuili de Varron et à Cicéron (notamment au De Republica), M. Bretone73 lui-même évoque le De iure ciuili in artem redigendo de Cicéron, mais D. Nörr a écarté ces hypothèses74 au profit d’une Histoire des magistratures sans doute rédigée à l’époque tardo-républicaine, et peut-être connue de Pomponius par l’intermédiaire d’un manuel75. Ulpien, de son côté, avait consacré un ouvrage aux « Compétences du questeur »76. Il y faisait, sur la création de la questure, référence aux ueteres, au De potestatibus de M. Iunius Gracchanus77, au juriste C. Trebatius Testa78 et à Fenestella79. G. Wissowa, dans la Realencyclopädie, estimait qu’Ulpien n’avait eu accès à Iunius Gracchanus que par l’intermédiaire de Varron.

  • 80  Caimi 1984, p. 122-124 ; Wallinga 1992, p. 359-380 ; Mazza 2004, p. 220 ; Dubuisson - Schamp 2006, (...)
  • 81 Caimi 1984, p. 151-160 ; Dubuisson – Schamp 2006, p. CLXXXIII.
  • 82 Caimi 1984, p. 161-172 résume les hypothèses possibles sur la base de la bibliographie antérieure (...)
  • 83 Bandy 1983, p. 274 ; Caimi 1984, p. 172 ; Cloud 1998, p. 99 et 107 (qui corrige ce qu’il affirmait (...)

29Le traité Des Magistratures de l’État romain, de Jean le Lydien, rédigé probablement entre 545 et 554 ap. J.-C.80, se présente, dans sa section consacrée à la questure, comme un collage de citations. En 1, 24, Jean commence par évoquer le De potestatibus de Iunius Gracchanus, puis, sur l’étymologie du mot quaestor, il renvoie à Iunius, Trebatius et Fenestella. Vient ensuite un exposé des fonctions des quaestores candidati, rapporté à Iunius, et le paragraphe se conclut par une référence au De officio quaestoris d’Ulpien. Le paragraphe 25 différencie, à partir de l’étymologie, les fonctions de quaestor et de quaesitor. Enfin, en 1, 26, on trouve une mention du Commentaire à la Loi des XII Tables de Gaius. Toutefois, la cohérence interne du texte de Jean le Lydien paraît problématique. Si Iunius est bien Iunius Gracchanus, il ne pouvait parler des questeurs du Prince, qui n’existaient pas à sa propre époque. Le paragraphe 24 du livre I doit en fait reposer sur des emprunts à Ulpien, Jean n’ayant probablement jamais eu entre les mains le De potestatibus de Gracchanus. Il serait même envisageable que Jean le Lydien n’ait eu accès à Ulpien que par la citation qu’en faisait le Digeste81. Par ailleurs, les phrases attribuées à Gaius ressemblent fort au Dig. 1, 2, 2, 22-23, c’est-à-dire à l’Enchiridion de Pomponius82. La plupart des savants modernes estiment que Jean le Lydien s’est trompé en recopiant la référence de ce passage dans le Digeste83. Si la compilation justinienne est la source de Jean le Lydien sur les origines de la questure, la valeur informative du Des Magistratures de l’État romain se révèle limitée.

  • 84 Les flèches indiquent l’utilisation certaine d’un auteur par un autre, les pointillés une probable (...)

30Au total, les textes antiques qui s’intéressaient aux origines de la questure pourraient avoir, pour un certain nombre d’entre eux, emprunté à un genre bien particulier, les libri de potestate magistratuum. Les résultats de la Quellenforschung opérée par les modernes peuvent être résumés dans le schéma suivant84 :

31Il est envisageable que les ouvrages tardo-républicains sur les magistratures, dans lesquels on a proposé de voir la source de Tacite, Pomponius et Dion Cassius, ne soient en fait qu’un seul et même volume utilisé par les trois auteurs.

 

  • 85 Pina Polo – Díaz Fernández 2019, p. 10-19.

32Les historiens et les romanistes discutent, depuis le milieu du XIXe siècle, de l’interprétation à donner des textes antiques qui évoquent les origines de la questure85. Le débat s’est focalisé sur trois points, la date d’apparition, dans l’absolu, d’une fonction désignée par le nom de quaestor, les rapports des quaestores (aerarii) et des quaestores parricidii, et le moment où les questeurs acquirent des compétences financières.

  • 86 Becker 1843-1867, II/2, p. 328 ; Petry 1845, p. 11 ; Wagner 1848, p. 1 ; Zumpt 1865-1869, I/1, p.  (...)
  • 87 Mommsen 1889-1896, IV, p. 221-224, synthétisé dans Mommsen 1893, p. 180.
  • 88 Cic. rep. 2, 62 ; D.H. 10, 56, 2.
  • 89 Mispoulet 1882-1883, I, p. 125 ; De Sanctis 1907-1957, I, p. 417.
  • 90 Jones 1972, p. 34 ; Tondo 1973, p. 136 ; Garofalo 1985, p. 422, n. 36 ; Amirante 1987, p. 86 et 88 (...)

33Alors que l’historiographie pré-mommsénienne avait situé à l’époque royale la création de la questure86, T. Mommsen87 affirma que les questeurs n’avaient pu être mis en place avant l’instauration du régime républicain. Il invoquait essentiellement deux arguments. Les auteurs antiques les plus anciens, donc les plus fiables, ne mentionnaient pas les questeurs dans leurs récits de la période royale : c’est donc qu’ils considéraient que la fonction n’existait pas à cette époque. Par ailleurs, comme les questeurs urbains étaient au nombre de deux et que la questure, comme le consulat, fut suspendue à l’époque décemvirale88, il y avait nécessairement une corrélation étroite entre les deux magistratures. La position de T. Mommsen domina un temps89, avant qu’un retour à l’« option royale » ne s’amorçât90.

  • 91 Fest. p. 247 L. : Parrici[di] quaestores appellabantur, qui solebant creari causa rerum capitalium (...)
  • 92 Becker 1843-1867, II/2, p. 335.
  • 93 Varro ling. 5, 81.
  • 94 Becker 1843-1867, II/2, p. 329-330 : comme les questeurs existaient à l’époque royale et que les s (...)
  • 95 Becker 1843-1867, II/2, p. 333 et 335.
  • 96 Becker 1843-1867, II/2, p. 335.
  • 97 Zumpt 1865-1869, I/1, p. 73 et 76-77.
  • 98 Financières pour les premiers, judiciaires pour les seconds.
  • 99 Zumpt 1865-1869, I/1, p. 74 : Plu. Publ. 2, 3, lorsqu’il décrit la création des questeurs du Tréso (...)
  • 100 Zumpt 1865-1869, I/1, p. 75-76 : on peut comprendre le texte de Zonaras comme disant que les quest (...)
  • 101 Mommsen 1889-1896, IV, p. 237 et n. 2.
  • 102 Dig. 1, 2, 2, 22 (Pompon.).
  • 103 Liv. 4, 43, 3.
  • 104 Lange 1876-1879, I, p. 385-387, 665 et 881 ; Karlowa 1885-1901, I, p. 256-257 ; Mispoulet 1882-188 (...)
  • 105 Latte 1936, p. 24-28 notamment.
  • 106 Heuss 1944, p. 112 ; Kaser 1950, p. 78 ; Bleicken 1955, p. 112, n. 1 ; Cloud 1971, p. 19 et 25-26  (...)
  • 107 Staveley 1954, p. 425 ; Santalucia 1979a, p. 112 ; Garofalo 1989, p. 19-23 ; Càssola – Labruna 199 (...)

34Par ailleurs, la mention, chez Pomponius et Jean le Lydien, d’une fonction dont les titulaires se nommaient quaestores parricidii conduisait à s’interroger sur les rapports que ces quaestores parricidii entretenaient avec les quaestores nude dicti. S’agissait-il d’une seule et même responsabilité ou de deux charges distinctes ? Les sources antiques sont muettes sur les quaestores parricidii, à l’exception d’un ou deux lemmes de Festus91. Dès le milieu du XIXe siècle, W. A. Becker et A. W. Zumpt posèrent les fondements des deux positions antagonistes entre lesquelles la recherche postérieure allait se partager. Pour W. A. Becker, il fallait identifier les deux types de questeurs92. L’étymologie amenait à faire dériver quaestor de quaerere93, donc à postuler que les attributions originelles des questeurs furent judiciaires94. Les questeurs judiciaires devaient au départ être désignés par le simple nom de quaestores ; comme l’indiquent Plutarque et Zonaras, ils acquirent en 509 av. J.-C. de nouvelles compétences, consistant dans l’administration du Trésor95 ; dès lors, on prit l’habitude de les désigner par le terme de quaestores parricidii lorsque, ponctuellement, ils étaient amenés à instruire un procès capital96. A. W. Zumpt, au contraire, sépara nettement les quaestores (aerarii) des quaestores parricidii97. Les compétences totalement différentes98 des deux catégories de questeurs, le « profil sociologique » distinct des deux groupes99 et la nécessité de chercher une interprétation concordante de l’ensemble des sources100 amenaient selon lui indiscutablement à cette conclusion. T. Mommsen101 investit de son autorité la thèse d’A. W. Becker : dans les XII Tables, les quaestores parricidii étaient mentionnés102, alors que Tite Live déclare que les questeurs n’étaient que deux avant 421 av. J.-C103. Le titre de quaestores parricidii était donc la dénomination initiale de la questure. Cet avis l’emporta104 jusqu’à la publication, dans les TAPhA de 1936, d’un article de K. Latte105 qui revenait à la conclusion de A. W. Zumpt. K. Latte remarquait que les quaestores parricidii devaient avoir eu compétence pour des affaires de meurtre – quel que soit le sens que l’on donne au terme parricidium. Or, les procès questoriens connus ne traitent pas d’assassinats. Les chercheurs anglais et allemands postérieurs ont, dans l’ensemble, adhéré au raisonnement de K. Latte106, tandis que la position mommsénienne est toujours défendue par certains savants107.

  • 108 Mispoulet 1882-1883, I, p. 125 concluait pour sa part à un non liquet.
  • 109 Mommsen 1889-1896, IV, p. 244 ; Karlowa 1885-1901, I, p. 256 ; apparemment Bonfante 1923, p. 40 ; (...)
  • 110 Becker 1843-1867, II/2, p. 333 et 336 ; Petry 1845, p. 11 et 35 ; Wagner 1848, p. 12 et 21 ; Lange (...)
  • 111 Karlowa 1885-1901, I, p. 257, suivi par G. De Sanctis, F. De Martino, B. Santalucia, F. Càssola et (...)
  • 112 Zumpt 1865-1869, I/1, p. 65, 73 et 77 ; Palmer 1970, p. 240 ; Tondo 1973, p. 136 ; Covino 2011, p. (...)
  • 113 Wagner 1848, p. 22 ; Schwegler 1867-1870, II, p. 137 et 139 ; Latte 1936, p. 32-33 ; Kunkel 1995, (...)
  • 114 Coli 1956, p. 191 ; Martino 1972-1975, I, p. 287.
  • 115 Liv. 4, 43, 3.

35Un dernier débat, connexe aux précédents, portait sur le moment où les questeurs avaient acquis leurs compétences financières108 : la discussion avait là une incidence directe sur la date et le processus de genèse de l’Aerarium. Pour T. Mommsen et ses disciples, les questeurs avaient eu concurremment, dès leur création en 509 av. J.-C., des attributions financières et judiciaires109. Pour les historiens qui plaçaient à l’époque royale les origines de la questure, l’administration du Trésor s’était en revanche greffée sur des responsabilités judiciaires initiales110. C’est parce les questeurs avaient été amenés à gérer les biens confisqués aux condamnés à mort qu’un Trésor Public s’était progressivement constitué111. L’idée dominante est que la questure devint une magistrature financière régulière dès l’instauration de la République et que le Trésor Public naquit à la même date ou très peu de temps après. Une opinion différente s’exprime chez un groupe d’auteurs qui, en valorisant le témoignage de Tacite, soit estiment que la questure n’acquit le statut de magistrature ordinaire qu’à partir du moment où les questeurs furent élus par le peuple112, soit situent franchement la naissance des questeurs financiers en 446 av. J.-C113. Enfin, U. Coli et F. De Martino114 paraissent lier le doublement du nombre des questeurs (sans doute en 421 av. J.-C115.) à l’acquisition de leurs nouveaux pouvoirs de gestion de Trésor. En définitive, les travaux consacrés aux origines de la questure aboutissent à trois hypothèses concurrentes : la première situe la naissance du Trésor Public romain lors de la mise en place du régime républicain, la seconde opte pour les lendemains du Décemvirat, la troisième pour le dernier quart du Ve siècle av. J.-C.

Les apports de la tradition non-plutarchéenne

36En reprenant à présent les données des textes littéraires différents de Plutarque, on peut effectuer une première synthèse des conceptions chronologiques de leurs auteurs.

 

37La tradition sur l’aedes Saturni se partageait en deux branches. Un premier groupe d’auteurs (Varron, Macrobe, Solin) rapportait l’aedes Saturni à un passé lointain, voire mythique (l’époque de Saturne, d’Evandre, de Tullus Hostilius), puis mentionnait l’installation du Trésor Public dans le temple, sans la dater. Un second groupe (Gellius, Varron, les historiens augustéens) situait apparemment la construction de l’édifice, sans évoquer sa fonction administrative, ou dans les premières années de la République, ou à l’époque des tribuns consulaires. Ils devaient donc vraisemblablement penser que l’utilisation du temple comme Trésor Public fut plus tardive.

 

38Quant à la questure, il faut noter qu’à l’exception de Pomponius et Jean le Lydien, aucun écrivain antique n’explicite l’existence de différentes variétés de questeurs. Les textes parlent de quaestores ou de tamiai, en général.

  • 116 On peut déduire de leur opposition sur les modalités de la désignation des questeurs que M. Iunius (...)
  • 117 Madvig 1881-1882, I, p. 440.

39Une première catégorie d’auteurs (les ueteres, M. Iunius Gracchanus, Tacite, Ulpien) datait, avec des divergences internes, l’institution de la questure de l’époque royale116. Tacite déclarait en outre qu’une province questorienne limitée à l’Vrbs – donc à l’administration du Trésor – avait été mise en place un certain temps après l’An 63 de la République. En cette circonstance, deux nouveaux questeurs avaient été créés. On peut comprendre le texte de Tacite de deux manières : soit il disait qu’avant le doublement de leur nombre, les questeurs avaient d’autres attributions que les finances publiques, et qu’on institua des quaestores urbani = Aerarii pour la première fois x années après 446 av. J.-C., soit il déclarait qu’au moment où l’on multiplia par deux le nombre des questeurs, on sépara les tâches questoriennes domi et militiae117. Dans ce cas, les questeurs avaient déjà, auparavant, des compétences financières. Quoi qu’il en soit, il semble que chez Tacite, l’expression gliscentibus negotiis ait fait allusion au développement des finances publiques, et donc que le Trésor était pour lui antérieur au doublement du nombre des questeurs.

  • 118 On retrouverait cette conception dans le discours de Canuleius chez Liv. 4, 4, 3.
  • 119 Pomponius, sur ce point, peut être rapproché de Plutarque, pour qui la questure, comme la prouocat (...)

40Pomponius dissociait lui aussi la création de la questure de celle de l’Aerarium. C’est en raison de l’accroissement des activités du Trésor que l’on aurait institué des magistrats spécifiquement chargés de ce dernier. L’ordre d’exposition de Pomponius, lorsqu’il passe en revue l’origine des différentes magistratures romaines, suggère qu’il estimait que la questure avait été introduite entre les magistratures de la plèbe (494 av. J.-C.) et le décemvirat (451 av. J.-C.)118. Par ailleurs, Pomponius, quand il évoquait les quaestores parricidii, liait assez clairement leur création à l’existence de la prouocatio119. Tout le problème tient donc à l’identification du moment où, selon Pomponius, la prouocatio fut instaurée. L’attribuait-il à l’année 509 et à Publicola, ou bien la considérait-il comme un acquis des années 451-449 av. J.-C. ?

  • 120 Zonaras concorde donc avec Plutarque (voir infra).
  • 121 Varro ling. 5, 81.

41Zonaras, enfin, situait en 509 la création des questeurs du Trésor120. Il précisait qu’ils furent dès lors désignés par le titre de tamiai, alors qu’auparavant on les nommait koiaistôres, parce qu’ils étaient compétents en matière de juridiction capitale. L’abréviateur byzantin semble avoir considéré que les questeurs financiers et judiciaires constituaient une seule et même catégorie de responsables publics, et que leurs compétences évoluèrent dans le temps : elles furent d’abord centrées sur la juridiction capitale, puis cumulèrent à partir de 509 cette dernière et la gestion du Trésor, avant de se cantonner aux finances. La reconstruction de Zonaras paraît faire écho, au moins dans une certaine mesure, à celle de Varron121, qui semble lui aussi avoir décrit l’évolution des compétences questoriennes comme une amputation progressive de leurs attributions.

 

  • 122 Macr. sat. 1, 8, 1.
  • 123 Dig. 1, 13, 1.pr. (Ulp.).
  • 124 Chassignet 1999a, p. XIII, à la suite de Peter, Cichorius et Schanz-Hosius, refuse d’attribuer à H (...)
  • 125 Sur Tuditanus, Cichorius 1902, p. 588-595 ; Münzer 1921b, col. 1442 notamment, n° 92 ; Chassignet (...)
  • 126 Wissowa 1919, col. 1032-1033, n° 68, suivi par Zucchelli 1975, p. 123 et Rankov 1987, p. 90.

42Par ailleurs, à partir de la documentation non plutarchéenne, il est peut-être envisageable de croiser sur un point le dossier de la construction du temple de Saturne et celui de la création des questeurs, et éventuellement de retrouver par ce biais trace d’une tradition alternative sur les origines de l’Aerarium. On semble en effet avoir attribué au roi Tullus Hostilius à la fois la consécration du sanctuaire122 et l’institution de la questure123. Cette conception pourrait être ancienne. On trouvait en effet chez les ueteres l’idée que Tullus Hostilius avait créé les questeurs ; or, M. Iunius Gracchanus semble avoir tenté de donner à sa propre thèse de l’élection des quaestores l’autorité d’une grande ancienneté ; la thèse « hostilienne » doit donc être antérieure à Gracchanus. Elle pourrait donc avoir été défendue soit par un annaliste ancien ou moyen qui s’intéressait à l’histoire institutionnelle, soit par le rédacteur d’un des premiers traités consacrés aux magistratures romaines. Or, ne répondent guère à ces critères que Cassius Hemina124 et Sempronius Tuditanus, auteur de Libri magistratuum et d’Annales125. Peut-être faut-il préférer ce dernier : G. Wissowa126 pensait que le De Potestatibus de Gracchanus avait été écrit en réponse aux Libri magistratuum du consul de 129, adversaire politique de Ti. Gracchus.

La version de Plutarque et le reste de la tradition : une version minucienne de la naissance de l’Aerarivm ?

43Est-il par ailleurs possible d’aller plus loin et de confronter de façon plus approfondie la version de Plutarque et ce que l’on trouvait chez les autres auteurs ? Il semble, d’une part, que Plutarque et le reste de la tradition aient eu des sources communes. D’autre part, chez le biographe et chez d’autres auteurs, une même gens était associée à l’histoire du Trésor Public.

 

44S’il faut suivre l’opinion des philologues modernes qui ont vu dans Fenestella, et peut-être à travers lui Varron, la source principale de Plutarque sur l’origine de l’Aerarium, on ne peut qu’être frappé par le fait qu’Ulpien lui aussi citait l’annaliste. Par ailleurs, la version de Dion/Zonaras suit Plutarque sur la création de la questure du Trésor en 509 et semble avoir intégré une conception de l’évolution des compétences questoriennes déjà perceptible chez Varron. Varron et Fenestella pourraient ainsi avoir irrigué l’ensemble des traditions sur les origines de l’Aerarium et de ses magistrats.

 

  • 127 Plu. Publ. 12, 3 ; Münzer 1932a, col. 1942, n° 17. 
  • 128 Liv. 2, 21, 1 ; D.H. 6, 1, 4 ; Münzer 1932b, col. 1945-1946, n° 32.
  • 129 RRC 242/1 et 243/1 : Wiseman 1996, p. 57-74 ; Evans 2011, p. 659-660, qui envisage également l’hyp (...)
  • 130 Münzer 1932a, col. 1942, n° 17 : chez Plu. Publ. 3, 3, un C. Minucius est le premier priuatus à pr (...)
  • 131 Gagé 1966, p. 118-119 ; Gagé 1976, p. 247.

45En outre, le nom de M. Minucius paraît avoir été attaché à la création de l’Aerarium à la fois chez Plutarque et chez les historiens augustéens. Plutarque127 faisait d’un M. Minucius l’un des deux premiers questeurs, tandis que Tite Live et Denys128 donnaient ce nom à l’un des consuls qui auraient dédié le temple de Saturne. T. R. S. Broughton identifiait les deux personnages en la figure d’un questeur de 509, devenu consul en 497 av. J.-C. Ce M. Minucius Augurinus aurait été le fondateur des Minucii : son tombeau aurait encore été représenté dans les années 130 av. J.-C. sur des deniers frappés par des monétaires de la famille129. F. Münzer estimait qu’un annaliste avait inséré une série de Minucii dans les premières années de la République130. On peut aussi songer à une tradition familiale131 ou annalistique qui revendiquait pour les Minucii des compétences financières particulières.

 

46Au point où nous sommes parvenus, nous sommes peut-être en mesure d’identifier trois traditions divergentes sur l’origine de l’Aerarium. La première, explicitement exposée par Plutarque, attribuait à la première année du régime républicain la création des questeurs et l’affectation du temple de Saturne à la conservation du Trésor Public. La seconde, que nous pensons pouvoir reconstituer, faisait du roi Tullus Hostilius le fondateur du sanctuaire de Saturne et le premier souverain à avoir eu des questeurs. Une dernière tradition paraît avoir lié la création de l’Aerarium à la figure d’un M. Minucius. Il s’avère difficile d’en inférer une chronologie précise, mais il faut en tout cas privilégier une datation proto-républicaine.

  • 132 Magdelain 1973, p. 409 = Magdelain 1990, p. 504.
  • 133 Voir infra, « Les contributions de guerre : tributum ex censu et impôt acquitté par les uiduae et (...)

47Sur le plan historique, aucune des étiologies antiques ne paraît a priori très convaincante. La version « hostilienne » paraît avoir été motivée par la volonté de faire remonter très haut dans le temps les institutions connues à l’époque républicaine ; peut-être a-t-elle été nourrie par le fait que l’on trouvait pour la première fois trace de subordonnés du roi sous le règne de Tullus Hostilius132. La reconstruction de Plutarque soulève de son côté trois difficultés. D’une part, elle postule l’existence d’un tributum dès le début de la République, ce qui s’oppose à l’opinion de la plupart des chercheurs modernes133. D’autre part, elle voit dans la création des magistratures romaines le résultat d’un processus législatif, ce qui semble être une reconstruction étiologique. Enfin, elle participe de la tendance à vouloir attribuer à l’An un de la République le plus grand nombre possible d’innovations institutionnelles. La version « minucienne », quant à elle, cumulerait pratiquement le même défaut et la volonté de glorifier une lignée aristocratique en particulier.

48Peut-on, par conséquent, échapper à cette aporie en posant autrement le problème de la naissance de l’Aerarium, c’est-à-dire en examinant la vraisemblance des activités qui lui sont rapportées pour la période antérieure à la première Guerre punique ? La voie choisie par les modernes a consisté à passer au crible le témoignage des sources littéraires sur ce point, en jaugeant sa crédibilité à l’aune d’un critère majeur, sa compatibilité avec l’existence d’un système monétaire.

2. Les reconstructions modernes

  • 134 Clerici 1943, p. 411 ; Gatti 1970, p. 134 et n. 27 ; Cloud 2003, p. 119.
  • 135 Clerici 1943, p. 408.

49Les historiens modernes se sont en effet interrogés sur la possibilité qu’il y ait eu un Trésor Public à Rome avant l’adoption du monnayage134 : pour reprendre les termes de C. Gatti, « in una economia non monetaria quale era quella romana in questo periodo (elle fait ici allusion à la fin du Ve siècle av. J.-C.) era difficile sia che funzionasse realmente una cassa dello stato […] sia che si potesse imporre appunto un tributo a tutti i cittadini ». Dans cette optique, la monnaie constituerait la condition sine qua non de l’existence de l’Aerarium, puisqu’elle serait l’outil technique indispensable au prélèvement fiscal135 et à la dépense publique. Dès lors, pour déterminer quand l’Aerarium fut créé, il s’agit dans un premier temps de voir si l’adoption du monnayage par la cité romaine constitue le repère chronologique décisif. Pour ce faire, on tentera d’abord de voir comment les sources décrivent, pour la période correspondant aux années 509-264 av. J.-C., les recettes et les dépenses de la cité romaine. On exposera ensuite les arguments sur lesquels la majorité des historiens modernes se sont appuyés pour réfuter le témoignage des textes antiques, avant de soumettre ces arguments à leur tour à la critique.

Quel tableau des recettes et dépenses publiques les sources littéraires dressent-elles pour l’époque antérieure à la première Guerre punique ?

50À lire les textes antiques, les revenus de la cité romaine, entre la mise en place du régime républicain et le déclenchement de la première Guerre punique, consistaient davantage dans des entrées extraordinaires qu’ordinaires. Les ressources tirées des ennemis vaincus (butin, indemnités de guerre et rançons) paraissent avoir occupé la première place, devant le tributum, le produit des confiscations et des amendes, et différentes formes de dons à la cité. Les recettes ordinaires, quant à elles, se composaient peut-être de quelques uectigalia.

Les recettes extraordinaires

Les ressources tirées des ennemis vaincus : butin, indemnités de guerre et rançons

  • 136 Coudry 2009a, p. 21-79, et plus particulièrement p. 23-32.
  • 137 Coudry 2009a, p. 29-30 ; Östenberg 2009, p. 61.

51M. Coudry136 a mis en lumière les règles qui régissaient l’affectation de la praeda à l’époque républicaine. Le Trésor Public recevait généralement l’or et l’argent saisis durant la campagne, ainsi que le prix des prisonniers vendus sur le théâtre d’opération. Le butin ramené à Rome et exposé dans la procession triomphale était lui aussi versé au Trésor137, à l’exception des spolia, qui servaient le plus souvent à l’ornement des lieux publics. M. Coudry étaye sa démonstration par des exemples qui remontent majoritairement aux IIIe et IIe siècles av. J.-C. : la documentation antérieure à la première Guerre punique va-t-elle exactement dans le même sens ?

  • 138 Où cela reste un projet.
  • 139 En 495, 494, 493, 492, 481, 478, 469, 459, peut-être 449, 427 av. J.-C.
  • 140 Des ventes de prisonniers de guerre à Rome sont évoquées en 503 et 495, puis en 389, 385, 356, 347 (...)
  • 141 En 509, 496, 495 ?, 449, 396, 389, 368, 309 et 293 av. J.-C. Tagliamonte 2006, p. 266 suppose que (...)
  • 142 En 389, 368 et 293 av. J.-C.
  • 143 En 410 et 396 av. J.-C.
  • 144 En 503, 462, 389, 347 av. J.-C.
  • 145 La remise du tributum aux citoyens en 503, 306 et 283 av. J.-C. ; peut-être des dépenses cultuelle (...)

52Plus de 80 épisodes de capture de butin, échelonnés entre 509 et 264 av. J.-C., permettent de connaître le sort des prises de guerre romaines (voir annexe 1). Le devenir des métaux précieux saisis sur le théâtre d’opérations apparaît assez clairement : en 495, 493138 et 469, ils auraient été distribués aux soldats ; à partir du milieu du Ve siècle en revanche (459, 310 et 293 av. J.-C.), ils auraient été déposés à l’Aerarium. Les ventes de prisonniers sur le théâtre d’opérations ne sont mentionnées que sept fois. Bien plus souvent, les textes évoquent la répartition des prises de guerre – y compris les hommes capturés – entre les soldats romains139. La dernière indication en ce sens apparaît à la date de 427. Il serait donc envisageable que dans le dernier quart du Ve siècle, avec l’augmentation du nombre des ennemis capturés par les Romains, la distribution des prisonniers de guerre aux soldats ait été remplacée par leur transfert à Rome et leur vente140. Quant au butin ramené à Rome, une partie, qui est définie soit qualitativement (les spolia ou l’or), soit quantitativement (la dîme du butin), paraît avoir été offerte aux dieux141, notamment à Jupiter Optimus Maximus142. Le butin montré dans la pompa triumphalis était ensuite versé au Trésor Public : les sources évoquent sa vente, réalisée sur le théâtre d’opérations143 ou à Rome144, ou bien associent à l’évocation du triomphe une dépense publique qui aurait été effectuée grâce au butin145. Si l’on met en série toutes ces occurrences, il semble que les versements à l’Aerarium se soient faits plus réguliers à partir de 410 av. J.-C.

 

  • 146 D.H. 5, 49, 2 ; D.H. 8, 82, 1 ; App. Sam. 4, 1 ; Liv. 10, 31, 3 ; Liv. 10, 46, 10 ; peut-être Liv. (...)
  • 147 Liv. 10, 46, 10.
  • 148 Fernandez Nieto 1989, p. 383-385 ; Ñaco del Hoyo 2003, p. 28-46 ; France 2007a, p. 340-341 = Franc (...)
  • 149 D.H. 8, 68, 3 ; D.H. 9, 17, 1 ; D.H. 9, 36, 2 ; Liv. 2, 54, 1 ; D.H. 9, 59, 4 ; Liv. 5, 27, 15 ; L (...)
  • 150 D.H. 8, 68, 2 ; Plu. Cam. 10, 8 ; Liv. 10, 37, 5 et Zonar. 8, 1 ; Liv. 10, 46, 12 ; Zonar. 8, 6.
  • 151 En 394 (Liv. 5, 27, 15), le versement de l’indemnité de guerre permet d’éviter la levée du tributu (...)
  • 152 Liv. 8, 36, 11 ; 9, 43, 6 ; 10, 5, 12 ; 10, 37, 5 ; 10, 46, 12 utilise le terme de pactio.
  • 153 Liv. 9, 41, 7.

53Les sources littéraires font également état d’indemnités de guerre et de rançons que les Romains exigeaient de leurs ennemis. L’imposition d’une rançon semble avoir été une alternative à la vente des prisonniers de guerre146. Proposée notamment aux aristocraties ennemies147, elle permettait à terme de se concilier les esprits. Les indemnités de guerre148, quant à elles, correspondaient soit à la prise en charge de la solde des légions, demandée à un adversaire en position de faiblesse qui ouvrait des tractations de paix149, soit à un versement limité dans le temps, infligé à une communauté défaite qui avait déjà conclu une trêve ou un traité150. Si quelques indices suggèrent que les rançons et les indemnités de guerre postérieures à un accord diplomatique aboutissaient au Trésor151, il n’en est pas de même pour les indemnités exigées à l’ouverture de négociations. Le magistrat à la tête des armées romaines fixait le montant de ce stipendium152 et conditionnait à son versement l’autorisation d’envoyer une ambassade au Sénat. Comme le dit explicitement Tite Live, on avait là une forme de paiement des communautés ennemies pour accéder à la curie153. Cette formule était utilisée pour financer la solde sans risquer les transports de fonds depuis Rome et sans attendre le retour domi. Les sources antiques paraissent donc avoir conservé le souvenir d’une époque où il arrivait que les fonds nécessaires à la solde ne transitassent pas par l’Aerarium.

  • 154 D.H. 5, 49, 2 et 8, 82, 1. Les mentions, chez Denys d’Halicarnasse, d’indemnités de guerre au débu (...)
  • 155 App. Sam. 4, 1 ; Liv. 10, 31, 3 ; Liv. 10, 46, 10.
  • 156 Liv. 4, 27, 15 et Plu. Cam. 10, 8 ; Liv. 10, 37, 5 et Zonar. 8, 1 ; Liv. 10, 46, 12 ; Zonar. 8, 6. (...)
  • 157 Catalli 1990, p. 101-104 et 115 : une série à la roue porte au revers un motif de cratère qui évoq (...)

54À l’exception de deux cas de rançons datés des toutes premières années de la République, et évoqués par Denys en des termes assez vagues154, les occurrences sont toutes postérieures à 322155. Les indemnités qui doivent avoir été versées au Trésor remonteraient pour leur part aux années 394, 294, 293 et 272 av. J.-C156. Les adversaires des Romains qui furent contraints à ces versements étaient d’une part les Falisques, d’autre part les Étrusques de Perusia, Arretium et Volsinii. Or, les monnaies étrusques de la série à la roue, qui pourraient avoir été émises par Arretium, sont susceptibles de remonter au IVe siècle, tout comme les séries d’or volsiniennes à légende velsu, même si une datation dans les premières décennies du IIIe siècle apparaît préférable à F. Catalli157. L’imposition de rançons et d’indemnités de guerre pourrait donc avoir été globalement contemporaine du monnayage.

Les contributions de guerre : tributum ex censu et impôt acquitté par les uiduae et les orbi

55Les contributions de guerre se subdivisaient quant à elles dans le tributum exigé des citoyens et dans celui levé sur les uiduae et les orbi.

  • 158 D.H. 5, 20, 1 ; Plu. Publ. 12, 3-4. Selon Liv. 1, 43, 13 et D.H. 4, 19, 1, le tributum ex censu au (...)
  • 159 D.H. 4, 43, 2.
  • 160 D.H. 5, 47, 1 ; D.H. 6, 22, 1 ; Liv. 2, 23, 5 et Zonar. 7, 14 ; Sall. hist. 1, 11 M.
  • 161 Richard 1978, p. 499 et 540 ; Cornell 1995, p. 266-267 souligne la difficulté de cette reconstruct (...)
  • 162 D.H. 8, 73, 3 et 5. Les échos gracchiens de ce passage ont été mis en évidence par Gabba 1964, p.  (...)
  • 163 Il s’agit du fameux épisode des Fabii à la Crémère (Liv. 2, 48, 5-2, 50, 11 ; D.H. 9, 15, 2 ; Eutr (...)
  • 164 Liv. 4, 36, 2.
  • 165 Liv. 4, 59, 11-4, 60, 8 ; D.S. 14, 16, 5, qui situe les faits sous le tribunat consulaire de P. Co (...)
  • 166 Flor. epit. 1, 12, 8 met pour sa part l’accent sur l’allongement de la durée des campagnes résulta (...)
  • 167 Liv. 5, 10, 5 ; 5, 12, 7 ; 6, 31, 4 ; 10, 46, 6 ; Zonar. 8, 3 ; Plin. nat. 34, 25 ; D.H. 19, 16, 3 (...)

56Les sources littéraires distinguent trois grandes phases dans l’histoire du tributum, les trois premières décennies du Ve siècle av. J.-C., le dernier quart du Ve siècle, et enfin la période postérieure. Pour les auteurs antiques, l’instauration du régime républicain alla de pair avec un retour au système servien158, qui avait été abandonné sous le règne de Tarquin le Superbe159. Une contribution de guerre proportionnelle au cens aurait ainsi été régulièrement levée dans les premières années de la République160. Son poids aurait été l’un des facteurs de la Sécession plébéienne de 494161. Dans les années 480-470 av. J.-C., les patriciens auraient donc réfléchi à des moyens alternatifs de financer la guerre, soit par la vente ou la location des terres publiques162, soit par le recours à des armées gentilices combattant à leurs frais163, sans qu’aucune de ces tentatives ne soit pérennisée. Les sources sont ensuite muettes sur les contributions de guerre jusqu’à la fin du Ve siècle. En 424 av. J.-C., des plébéiens qui briguaient le tribunat consulaire auraient proposé l’instauration d’une solde pour les citoyens romains et son financement par un uectigal pesant sur les possessores agrorum164. Le projet avorta, mais en 406 av. J.-C.165, alors que la guerre de Veii allait éclater, les sénateurs auraient décidé de verser une indemnité aux citoyens-soldats : il s’agissait de se concilier les plébéiens afin de garantir leur participation à la future campagne166. Les tribuns de la plèbe, quant à eux, se seraient élevés contre une dépense qui allait nécessiter la levée d’une taxe. Entre les années 410-400 et le déclenchement de la première Guerre punique, les sources font ensuite ponctuellement allusion à la levée du tributum167, mais, comme on l’a vu plus haut, elles lient très majoritairement le financement de la solde à l’imposition d’indemnités de guerre.

  • 168 Marquardt 1888, p. 208 ; Walter 1860, I, p. 268 ; De Sanctis 1907-1957, I, p. 357 ; Mohr Mersing 2 (...)
  • 169 Clerici 1943, p. 427 et 449, n. 5 ; De Martino 1972-1975, I, p. 213-214 ; Nicolet 1976b, p. 22 ; C (...)
  • 170  Becker 1843-1867, II/2, p. 73 ; Marquardt 1888, p. 115 ; De Sanctis 1907-1957, II, p. 140-141 ; Cl (...)

57Les modernes considèrent presque unanimement168 que le tributum ex censu servien et proto-républicain n’a pas de fondement historique169 et que la création conjointe du tributum et de la solde remonte au plus tôt à l’époque du siège de Veii170.

 

  • 171 Fest. p. 71 L., 95 L., 247 L. ; Cato orat. frg. 68-69, ap. Prisc. gramm. II, p. 318-319 H. ; Varro (...)
  • 172 Fest. p. 91 L. ; Gaius inst. 4, 27.
  • 173 Liv. 1, 43, 9.
  • 174 Le Dig. 50, 16, 242, 3 indique que Labeo comprenait dans cette catégorie non seulement les veuves, (...)
  • 175 Cic. rep. 2, 36.
  • 176 Plu. Cam. 2, 4-5.
  • 177 Mommsen 1889-1896, VI/1, p. 290, n. 2. Oakley 1997-2005, II, p. 386 développe une variante de l’in (...)
  • 178 Kubitschek 1893, col. 682.
  • 179 Hill 1952, p. 11.
  • 180 Belot 1866, I, p. 143 et 147 ; Lange 1876-1879, I, p. 550 ; Becker 1843-1867, II/1, p. 251.
  • 181 On n’aurait donc pas de renseignement sur l’origine des fonds dépensés par le Trésor pour l’aes eq (...)

58Cl. Nicolet avait insisté sur la nécessité de ne pas confondre la solde des cavaliers avec les indemnités d’achat (aes equestre)171 et d’entretien (aes hordearium)172 des chevaux publics. La description livienne du système servien173 indique en effet que le Trésor versait 10 000 as aux chevaliers, afin qu’ils se procurassent leurs montures. Une somme de 2000 as annuels, destinée à la nourriture des chevaux, s’y ajoutait. Cette dernière était financée par un impôt payé par un groupe spécifique de contribuables, les uiduae174. Or, Cicéron175 et Plutarque176 font également état d’un impôt exigé des orphelins : T. Mommsen177 comprenait que l’aes equestre était acquitté par les orphelins, l’aes hordearium par les uiduae ; W. Kubitschek178 et H. Hill179 que les deux indemnités étaient financées par les orbi et uiduae. Il me semble que la lecture d’Ém. Belot180, également envisagée par H. Hill, rend mieux compte de l’ensemble des sources : l’aes equestre aurait été fourni par l’Aerarium181, l’aes hordearium par les uiduae, auxquelles se seraient ajoutés, à un moment donné (l’époque du siège de Veii ?), les orphelins.

  • 182 Nicolet 1966-1974, I, p. 40 tire de Fest. p. 508 L. l’idée qu’à partir d’un certain moment, l’aes (...)

59On considère souvent que le système des indemnités équestres fut rapidement remodelé182. Trois textes éclaireraient cette évolution :

Liv. 7, 41, 8 (trad. CUF R. Bloch).

(342 av. J.-C., conclusion du soulèvement des légions romaines stationnées en Campanie) 

Aeque impotens postulatum fuit ut de stipendio equitum – merebant autem triplex ea tempestate – aera demerentur…

Avec la même exigence abusive, les soldats demandèrent que fût diminuée la solde des cavaliers, qui était en ce temps-là triple de celle des fantassins…


Plb. 6, 39, 13 et 15 (trad. CUF R. Weil).

σιτομετροῦνται δ᾽ οἱ μὲν πεζοὶ πυρῶν Ἀττικοῦ μεδίμνου δύο μέρη μάλιστάπως, οἱ δ᾽ ἱππεῖς κριθῶν μὲν ἑπτὰ μεδίμνους εἰς τὸν μῆνα, πυρῶν δὲ δύο […] δίδοται δὲ τοῖς μὲν συμμάχοις τοῦτ᾽ ἐν δωρεᾷ : τοῖς δὲ Ῥωμαίοις τοῦ τε σίτου καὶ τῆς ἐσθῆτος, κἄν τινος ὅπλου προσδεηθῶσι, πάντων τούτων ὁ ταμίας τὴν τεταγμένην τιμὴν ἐκ τῶν ὀψωνίων ὑπολογίζεται.

La ration de vivres est pour les fantassins d’environ deux tiers de médimne attique de blé, pour les cavaliers de sept médimnes d’orge par mois et deux de blé […] Pour les alliés, ces rations sont gratuites, tandis que pour les Romains, la nourriture et les vêtements ainsi que les armes supplémentaires dont ils peuvent avoir besoin sont toujours déduits de la solde par le questeur, selon un barême.


Liv. 24, 18, 13-15 (trad. CUF P. Jal).

(214 av. J.-C., contribution exceptionnelle demandée aux orbi et uiduae durant la deuxième Guerre punique)

cum haec inclinatio animorum plebis ad sustinendam inopiam aerarii fieret, pecuniae quoque pupillares primo, deinde uiduarum coeptae conferri, nusquam eas tutius sanctiusque deponere credentibus qui deferebant quam in publica fide ; inde si quid emptum paratumque pupillis ac uiduis foret, a quaestore perscribebatur.

Alors que tous les esprits tendaient à venir en aide à la détresse du Trésor, les fonds des pupilles d’abord, des veuves ensuite y furent rassemblés ; ceux qui faisaient ces dépôts estimaient que rien n’était plus sûr et plus saint que de les mettre sous la garantie publique ; si les pupilles et les veuves avaient quelque chose à acheter, le questeur faisait un ordre de paiement.

  • 183 Mommsen 1889-1896, VI/1, p. 291 ; VI/2, p. 73.
  • 184 Hill 1943, p. 134 ; Walbank 1957-1979, I, p. 722.
  • 185 Gabba 1977, p. 26. Cosme 2007, p. 23 suggère à l’inverse que ce fut à partir de 214 av. J.-C. que (...)
  • 186 Kubitschek 1893, col. 683 et Marchetti 1978, p. 202-203 estiment qu’en Liv. 7, 41, 8, aera désigne (...)

60T. Mommsen183 concluait qu’à partir de 342 av. J.-C., l’indemnité de fourrage baissa, car on en retrancha le montant de la solde des cavaliers. H. Hill jugeait quant à lui que l’aes hordearium fut tout simplement aboli en 342 : on pouvait selon lui déduire de Polybe qu’aux IIIe-IIe siècles av. J.-C., les frais d’entretien des chevaux publics étaient prélevés sur la solde des cavaliers184. E. Gabba pensait qu’en 342, les fantassins romains demandèrent vainement que l’aes equestre et l’aes hordearium fussent englobés dans le stipendium des cavaliers, et que cette évolution ne fut actée qu’à l’époque de Polybe. La disposition exceptionnelle qui frappa le patrimoine des uiduae et des orbi en 214 av. J.-C. montrerait pour sa part que ces deux catégories de contribuables n’étaient alors plus soumises à quelque impôt que ce soit, et donc que les deux indemnités équestres étaient désormais à la charge du Trésor185. Toutefois, W. Kubitschek et P. Marchetti ont émis de sérieuses objections contre l’idée qu’en Tite Live 7, 41, 8, aera puisse désigner les indemnités équestres186. Par ailleurs, l’interprétation donnée par E. Gabba de Polybe 6, 39, 13 et 15 et Tite Live 24, 18, 13-15 peut être discutée. Polybe déclare en effet que les cavaliers touchaient une ration de blé et une ration d’orge, mais il n’évoque plus que le blé quand il passe aux retenues sur la solde. On peut comprendre que l’orge acheté par les autorités publiques romaines ne faisait pas l’objet d’une retenue, peut-être parce qu’il était encore financé par l’aes hordearium. Par ailleurs, les dispositions de 214 av. J.-C., qui correspondent à une sorte de mise sous tutelle des patrimoines des uiduae et des orbi, ne signifient pas que ceux-ci étaient auparavant exemptés d’impôts. J’aurais donc tendance à estimer que le système de l’aes hordearium ne subit pas de modification jusqu’au IIe siècle.

  • 187 Becker 1843-1867, II/2, p. 73 ; Lange 1876-1879, I, p. 547-551 ; Marquardt 1888, p. 115 ; Hill 194 (...)
  • 188 Willems 1885, II, p. 408 ; Nicolet 1966-1974, I, p. 45 ; Gabba 1977, p. 25.

61Les historiens modernes sont partagés sur la date de l’introduction de l’aes equestre et de l’aes hordearium, et donc de la contribution des veuves et des orphelins : certains ont admis la chronologie livienne et ont fait des indemnités équestres une réalité antérieure à l’institution du stipendium des fantassins187 ; d’autres ont pensé que l’aes equestre et de l’aes hordearium avaient été créés concomitamment à ce dernier188.

Amendes et confiscations

62Les sources littéraires mettent également au nombre des revenus de l’Aerarium le produit des amendes et des confiscations.

  • 189 Plu. Publ. 11, 4, peut-être D.H. 5, 19, 4 ; Rotondi 1912, p. 191 ; Flach 1994, p. 67, n° 11.
  • 190 Cic. rep. 2, 60 ; D.H. 10, 48, 1 et 10, 50, 1-2 (qui nomme les consuls en question Sp. Tarpeius et (...)
  • 191 Fest. p. 268-270 L. ; Rotondi 1912, p. 200-201 ; Flach 1994, p. 101-103, n° 24.
  • 192 Cic. rep. 2, 60 (les consuls se seraient nommés C. Iulius et P. Papirius) ; Liv. 4, 30, 1 et 3 (qu (...)
  • 193 Zumpt 1865-1869, I/1, p. 317 et Tondo 1969, p. 269 envisageaient que la loi Valeria n’ait concerné (...)
  • 194 Degrassi 1947, p. 25 ; Liv. 3, 32, 5, où Menenius et Sestius sont le dernier couple consulaire pré (...)

63Une série de mesures législatives votées entre l’instauration de la République et 430 av. J.-C. auraient concerné les amendes. Il s’agit d’une loi de Publicola remontant à la première année du régime républicain189 et de trois lois comitiales, portées respectivement par les consuls Tarpeius et Aternius190, Menenius et Sestius191 et Iulius et Papirius192. Les textes antiques ne concordent toutefois ni sur la chronologie relative, ni sur le contenu de ces lois, ce qui a conduit les historiens et les juristes modernes à en proposer des interprétations divergentes193. Cicéron datait ainsi la loi Aternia Tarpeia quarto circiter et quinquagesimo anno post primos consules, soit de 455-454 av. J.-C., tandis que Festus la considérait comme postérieure à la loi Menenia Sestia, votée à l’initiative de consuls qui auraient exercé leur mandat en 452194. En outre, aux dires d’Aulu-Gelle et Festus, la loi Aternia Tarpeia établissait un système d’équivalences, pour le paiement des amendes, entre têtes de bétail et aera, tandis que Tite Live semble à première vue rapporter cette innovation à la loi Iulia Papiria. Les divergences concernant la loi de 454 av. J.-C. pourraient s’expliquer soit par des erreurs d’Aulu-Gelle et Festus, qui auraient confondu entre elles les différentes leges de multa du Ve siècle, soit par un silence de Denys, qui n’aurait pas inclus dans sa présentation de la loi Aternia Tarpeia les dispositions concernant l’aestimatio. Quoi qu’il en soit, les sources paraissent avoir reconstruit la succession des lois sur les amendes comme un processus en trois temps, d’abord fixation d’un niveau maximum pour les amendes décidées par les magistrats, ensuite établissement d’un système de conversion entre têtes de bétail et aera, enfin réappréciation de ces équivalences.

  • 195 Cic. rep. 2, 60, qui ne précise pas l’objet de ces amendes.
  • 196 Val. Max. 2, 9, 1 ; Plu. Cam. 2, 4.

64En pratique, les amendes laissées à la seule appréciation des magistrats paraissent avoir été extrêmement rares. Seuls les censeurs de 430, Pinarius et Papirius195, et de 403 av. J.-C., Camille et Postumius196, en auraient fait usage.

  • 197 Daguet-Gagey 2015, p. 143-150. Sur la juridiction édilicienne en général, Bauman 1974, p. 245-264, (...)
  • 198 Liv. 7, 28, 9 : iudicia… populi ; dicta dies ; 10, 23, 11 : diem… dixerunt.
  • 199 Mommsen 1889-1896, IV, p. 185 ; Garofalo 1989, p. 141-167.
  • 200 Feneratores : Plin. nat. 33, 19 ; Liv. 7, 28, 9 ; 10, 23, 11 ; pecuarii : Liv. 10, 23, 13 ; 10, 47 (...)
  • 201 Santalucia 1994, p. 72-73 ; Manzo 2001, p. 126-127.
  • 202 Santalucia 1994, p. 75-76.

65Le statut des amendes édiliciennes est pour sa part assez difficile à cerner197. Le vocabulaire employé par Tite Live198 incitait T. Mommsen à voir dans les multae prononcées contre les feneratores en 344 et 295 av. J.-C. des sanctions résultant de procès comitiaux199. Toutefois, comme les personnages poursuivis par les édiles étaient en général des pecuarii ou des feneratores200, il serait concevable que les magistrats aient agi pour réprimer des infractions aux lois Liciniae de 367201. B. Santalucia202 rappelle qu’un certain nombre de lois républicaines autorisaient « tout magistrat qui le souhaiterait » à sanctionner d’éventuels contrevenants. Le responsable public choisissait alors soit d’infliger une amende inférieure à la multa maxima, soit d’engager un procès comitial pour une amende supérieure, soit de recourir à la procédure par sponsio. Cette dernière solution devait généralement être privilégiée, pour réserver aux comices les affaires politiques les plus importantes.

  • 203 Lanfranchi 2015, p. 543.
  • 204 Bleicken 1955, p. 116.
  • 205 Santalucia 1994, p. 61 ; Lovisi 2006, p. 46. Venturini 1981, p. 194 juge pour sa part qu’en 476 (D (...)
  • 206 Lovisi 2006, p. 55.
  • 207 Lovisi 2006, p. 46.
  • 208 Mommsen 1889-1896, III, p. 375-376 ; Neumann 1901, col. 203.
  • 209 D.H. 18, 5, 4 ; Per. 11, 4 ; Bravo – Griffin 1988, p. 447-521.
  • 210 Chez Denys d’Halicarnasse, les poursuites intentées contre Postumius paraissent motivées principal (...)

66Les sources évoquent également les amendes infligées à l’initiative des tribuns de la plèbe203. Les procès devant la plèbe auraient eu lieu régulièrement entre 476 et 368, puis en 290 av. J.-C. J. Bleicken204 tendait à nier toute crédibilité aux procès tribuniciens pour amende antérieurs à 367, alors qu’une partie de la doctrine205 estime qu’à partir des XII Tables, le concile se vit officiellement reconnaître le droit de juger les causes non capitales. Quoi qu’il en soit, il semble peu crédible que, tant que la lutte des ordres fut vivace, les multae décidées par la plèbe soient allées à l’Aerarium206. On peut donc a priori hésiter entre les dates de 367207 et 287 av. J.-C.208 comme point de départ du versement au Trésor Public des amendes résultant d’une procédure tribunicienne. Les enjeux du procès de L. Postumius Megellus209, en 290, ne permettent pas de trancher, car suivant les versions les tribuns semblent être intervenus soit pour réprimer une atteinte envers la plèbe, soit pour défendre les intérêts de toute la communauté civique210.

  • 211 Cic. rep. 2, 60.
  • 212 Varro ling. 5, 180 ; Fest. p. 468 L. ; Gaius inst. 4, 13-14. Klingmüller 1914, col. 1667-1674 ; Ta (...)
  • 213 Albanese 1964, p. 106-108.
  • 214 Gaius inst. 4, 13-14. On trouve les mêmes éléments chez Fest. p. 468 L.

67Cicéron211 faisait de la loi Aternia Tarpeia une lex de multa et sacramento. Le sacramentum212 était l’une des plus anciennes actions de la loi. Les parties en cause se présentaient devant l’autorité publique et engageaient une somme garantissant la bonne foi de leurs prétentions, puis le magistrat désignait un juge pour trancher le litige. La partie déboutée devait verser à l’Aerarium la somme initialement engagée. B. Albanese213 a attiré l’attention sur le fait que Gaius214 qualifiait les sacramenta de poenae. Il se pourrait donc qu’à haute époque, les « sanctions pécuniaires » infligées aux citoyens romains aient été le plus souvent des sacramenta.

68En définitive, les amendes qui aboutissaient dans les caisses publiques ne devaient pas être très nombreuses : l’Aerarium devait vraisemblablement bénéficier plus régulièrement des sacramenta.

 

  • 215 Liv. 3, 38, 12 déclare que le second collège décemviral fut contraint de recourir à la prise de ga (...)

69Les sanctions infligées par les autorités publiques prenaient également la forme de confiscations. Les textes antiques font état de la saisie de pignora pour garantir la présence des sénateurs aux séances de la curie215, de la vente des biens de l’incensus et de ceux des condamnés pour « haute trahison ». Seuls les deux derniers cas semblent avoir donné lieu à des recettes pour le Trésor.

  • 216 Volterra 1956, p. 298-312, avec bibliographie antérieure.
  • 217 Plu. Cam. 39, 3 ; Val. Max. 6, 3, 4 et Per. 14, 3 ; Zonar. 7, 19. Cf. D.H. 4, 15, 6 ; 5, 75, 3.
  • 218 D.H. 8, 81, 3 ; 8, 87, 5 ; 10, 33, 3.

70Selon E. Volterra216, le citoyen qui omettait de se présenter au cens217 ou qui refusait le dilectus218 (à l’origine d’ailleurs, les deux opérations devaient coïncider) était ipso facto transformé en esclave public. Il était alors vendu au profit de l’Aerarium et ses biens passaient au peuple romain sans qu’un acte spécifique de transmission ne soit nécessaire.

  • 219 Il s’agit des soutiens de Tarquin le Superbe (D.H. 5, 13, 4), de Sp. Cassius (Liv. 2, 41, 11 ; D.H (...)

71La confiscation des biens était par ailleurs une peine accessoire accompagnant la condamnation à mort pour atteinte aux intérêts supérieurs de la cité. On en a trace à six reprises entre 486 et 329 av. J.-C219. Tite Live évoque la vente du patrimoine de Sp. Maelius et Vitruvius Vaccus au profit du Trésor Public, et mentionne le rôle joué par les questeurs dans cette opération.

Les autres recettes extraordinaires

  • 220 L’or coronaire n’a pas à être envisagé ici, car il n’était pas déposé à l’Aerarium, mais au Capito (...)

72Les entrées restantes de la cité romaine se composaient des présents diplomatiques220, du produit des collectes et des souscriptions, de la vente de blé par les autorités publiques, et de l’héritage des Vestales mortes intestat.

  • 221 D.H. 20, 14, 2 ; Val. Max. 4, 3, 9 ; D.C. frg. 41.

73Les récits concernant la légation romaine envoyée en 273 av. J.-C. auprès du roi Ptolémée Philadelphe221 montrent que les présents offerts par les souverains étrangers devaient être versés au Trésor. Toutefois, en 273, les ambassadeurs romains furent autorisés à garder par devers eux ce qu’ils avaient reçu. On s’interroge donc sur ce qu’était réellement la norme en la matière. De toute façon, la question des cadeaux faits aux ambassadeurs ne se posa probablement qu’à partir du moment où les Romains entrèrent en contact avec les monarchies hellénistiques.

  • 222 Plu. Publ. 23, 4 ; Apul. apol. 18, 21 ; Eutr. 1, 11, 4 ; Vir. Ill. 15, 6 ; Amm. 14, 6, 11 ; Aug. c (...)
  • 223 Plin. nat. 18, 15 et 34, 21.Torelli 1993a et b est d’avis que le don offert à Minucius consistait (...)
  • 224 Varron chez Serv. georg. 3, 18.

74Par ailleurs, dans des circonstances exceptionnelles, les autorités romaines pouvaient organiser une souscription publique ou en recueillir le produit. On en a mention pour les funérailles de Valerius Publicola222, pour le financement de colonnes honorifiques à L. Minucius et C. Maenius223, et pour celui d’une catégorie de ludi224.

  • 225 Liv. 2, 34, 7 ; Liv. 4, 16, 2 (voir aussi Zonar. 7, 20, en 438 av. J.-C.).

75Dans le contexte des crises d’approvisionnement du Ve siècle, afin de compenser les frais entraînés par les importations de blé, le Sénat aurait parfois vendu ces céréales, à un prix modéré, aux citoyens romains225.

  • 226 Gell. 1, 12, 18. Saquete 2000, p. 117 ; Wildfang 2006, p. 64-66 ; Bätz 2012, p. 54.

76Enfin, Aulu Gelle226, citant le Commentaire aux XII Tables d’Antistius Labeo, indique que les biens de la Vestale morte intestat revenaient à l’Aerarium.

Les recettes ordinaires

  • 227 Liv. 2, 9, 6 décrit la mise en place du régime républicain comme une abolition de la fiscalité ant (...)

77Pour leur part, les revenus ordinaires du Trésor Public étaient peut-être issus de l’affermage de la vente du sel et de rares uectigalia. Il est à noter que les sources littéraires ne font pas mention de portoria pour les premiers siècles de la République227.

La vente du sel

  • 228 Liv. 2, 9, 6, avec des divergences sur la leçon du texte. (Weissenborn – Müller 1962-1963, II, p.  (...)
  • 229 Liv. 29, 37, 3 ; D.C. frg. 57, 70.

78Aux dires de Tite Live228, la cité romaine aurait pris des mesures concernant la vente du sel dès 509 av. J.-C. On ignore ensuite tout du commerce de cette denrée jusqu’à la date de 204 av. J.-C. Cette année-là, les censeurs auraient mis en place un nouum uectigal et affermé la vente du sel à un prix variable suivant les fora et les conciliabula229.

  • 230 Becker 1843-1867, II/2, p. 123, n. 27 ; Madvig 1881-1882, I, p. 386 ; Cagnat 1882, p. 238 et 244 ; (...)
  • 231 Fernandez Nieto 2006, p. 218-221.
  • 232 Carusi 2008, p. 200-201.

79L’historiographie moderne a généralement vu dans la disposition de 509 av. J.-C. l’instauration d’un monopole public sur la vente du sel230. F. J. Fernandez Nieto231 se montre en revanche hostile à cette idée. Il estime que les exploitants des salines versaient originellement aux autorités romaines une partie de leur production en nature, puis qu’après l’introduction de la monnaie, le droit d’exploiter les salines fut acquitté en argent. Les censeurs fixèrent dès lors dans le contrat d’affermage le prix de vente maximum autorisé pour la marchandise. En 204, le uectigal recognitif versé par les exploitants des salines, qui était jusqu’alors symbolique, aurait été augmenté et aurait désormais constitué une source de revenus importante pour l’Aerarium. Le « monopole » sur le sel n’aurait donc jamais signifié que l’octroi aux exploitants des salines du privilège de vendre la précieuse denrée. C. Carusi232, pour sa part, juge que le monopole public sur la vente du sel fut établi en 204 av. J.-C.

80Il me semble que Tite Live 2, 9, 6 et 29, 37, 3 fait allusion à un contrôle établi par les autorités civiques sur la vente du sel, qui aurait dès lors été exclusivement l’objet de contrats publics, et aurait donné lieu à l’inscription dans la lex locationis du prix de la marchandise délivrée aux citoyens romains. Il est difficile d’établir qui acquittait le uectigal institué en 204 : Tite Live semble suggérer qu’il s’agissait des consommateurs, Dion Cassius des exploitants des salines.

La vicesima233

  • 233 Bradley 1984, p. 175-182 ; Günther 2008, p. 95-99.
  • 234 Liv. 7, 16, 7-8. L’établissement du texte fait difficulté, puisqu’un certain nombre de manuscrits (...)
  • 235 Liv. 27, 10, 11.
  • 236 Cic. Att, 2, 16, 1= SB n° 36.

81Tite Live234 relate pour l’année 357 av. J.-C. un curieux épisode qui aurait abouti à une innovation fiscale. Le consul Cn. Manlius, qui conduisait une campagne contre Falerii, aurait fait voter par ses troupes l’instauration d’une taxe correspondant au vingtième de la valeur eorum qui manumitterentur. Les sénateurs, déclenchant l’ire des tribuns de la plèbe, auraient validé cette mesure afin d’assurer des entrées régulières à l’Aerarium. La uicesima n’est ensuite plus mentionnée qu’en 209 av. J.-C235 – le produit de la taxe, alors converti en or, aurait été conservé à l’Aerarium Sanctius et constitué une réserve en cas de nécessité – et 59 av. J.-C236., où Cicéron affirme que la uicesima demeurait l’unique redevance encore perçue en Italie.

  • 237 Amirante 1988, p. 38.
  • 238 Botsford 1909, p. 297 ; Di Porto 1981, p. 327 ; Poma 1987-1988, p. 102 ; Hölkeskamp 1987, p. 96 ; (...)
  • 239 Mommsen 1985, I, p. 224 ; Willems 1880, p. 150.
  • 240 Ferenczy 1976, p. 66 ; Di Porto 1981, p. 376 ; Hölkeskamp 1987, p. 95-96.
  • 241 Botsford 1909, p. 202 ; Di Porto 1981, p. 316 et 318 ; Amirante 1988, p. 43.
  • 242 Liv. 3, 54, 11 ; 5, 46, 7.
  • 243 Liv. 7, 27, 4.
  • 244 Pedroni 1995, p. 214 préfère mettre en relation la loi Manlia avec le plébiscite de Duilius et Men (...)

82La loi Manlia a été interprétée comme une tentative patricienne pour affaiblir le rôle normatif du concile237 ou pour soustraire l’activité des comices à l’intercession tribunicienne238 et, dans son contenu, comme une loi destinée à limiter les affranchissements239 ou une mesure visant à circonscrire les clientèles des nobles plébéiens240. Si l’on admet, à titre d’hypothèse de travail, l’historicité de cette mesure, il doit y avoir un rapport logique entre la forme très particulière prise par le vote de la lex Manlia et sa teneur. Comme le soulignent G. W. Botsford, A. Di Porto et L. Amirante241, l’assemblée convoquée par Cn. Manlius ne se confondait pas avec les comices tributes, puisqu’elle était composée seulement d’une partie des adsidui. Elle évoquerait plutôt les « assemblées militaires » dont on a témoignage pour les Ve et IVe siècles av. J.-C242., et qui prirent parfois sur elles des décisions engageant l’ensemble de la communauté. Les troupes de Manlius devaient être intéressées en quelque manière au sort de qui manumitterentur. On peut supposer que Tite Live voulait désigner par cette expression les esclaves-prisonniers de guerre qui seraient à l’avenir libérés par leurs maîtres : les citoyens-soldats pouvaient estimer avoir des droits sur eux, puisqu’ils avaient contribué à leur capture. Or, la création, grâce aux esclaves émancipés, d’une nouvelle recette pour l’Aerarium permettait d’écarter la perspective de la contribution de guerre. Tite Live243 mentionne d’ailleurs quelques chapitres plus tard la suspension pour quelque temps de la levée du tributum244.

Les revenus de l’ager publicus

  • 245 Mommsen 1889-1896, IV, p. 351.

83Alors que dans la conception mommsénienne245 la cité romaine aurait « vécu du sien » durant les premiers siècles de la République, on a en fait fort peu de mentions, avant la première Guerre punique, de uectigalia tirés de l’ager publicus. L’existence de la scriptura, de revenus tirés de la Sila et de la vente d’agri quaestorii demeure hypothétique pour cette période.

  • 246 Cimma 1981, p. 19 ; Milazzo 1993, p. 47-53.
  • 247 Plin. nat. 18, 11-12. Trapenard 1908, p. 28.
  • 248 Liv. 10, 23, 13 ; 10, 47, 4.
  • 249 Tibiletti 1948, p. 228-229 (repris dans Tibiletti 2007, p. 78-79) ; Burdese 1952, p. 38 et 55 ; Ma (...)
  • 250 App. BC 1, 33-34.
  • 251 Trapenard 1908, p. 36 et Clerici 1943, p. 453 estimaient que la scriptura apparut peu après la cré (...)
  • 252 Burdese 1952, p. 39.
  • 253 Skydsgaard 1974, p. 29 ; Botteri 1977, p. 319-320 ; Roselaar 2010, p. 135.
  • 254 Tac. ann. 11, 22, 5 ; Per. 15, 8. Skydsgaard 1974, p. 17-18, puisque Tac. ann. 4, 27, 3 atteste qu (...)
  • 255 Harris 1976, p. 99-100 ; Corbier 1991, p. 167.

84Peut-être peut-on tout de même supposer l’existence de droits de pacage sur l’ager publicus à assez haute époque246. Un passage de Pline l’Ancien suggère en effet que la redevance tirée des pascua fut la première dont disposa le peuple romain247. Or, Tite Live248 fait état d’amendes perçues sur les pecuarii dès les premières années du IIIe siècle av. J.-C. G. Tibiletti249 avait, avec prudence, lié ces sanctions à de possibles infractions à la loi Licinia, puisque cette dernière, aux dires d’Appien250, comprenait des normes sur le nombre de têtes de bétail susceptibles de paître sur l’ager publicus. Plusieurs dates ont été proposées pour la création de la scriptura251 : les premières années du IVe siècle, lorsque la prise de Veii provoqua un accroissement des terres publiques252 ; la fin du IVe siècle et le début du IIIe siècle av. J.-C., qui auraient vu un phénomène similaire suite aux Guerres samnites253 ; l’année 267 av. J.-C., qui aurait été marquée par la création de nouveaux postes de questeurs, dont l’un chargé des calles254 ; les lendemains de la deuxième Guerre punique255, caractérisés par d’importantes confiscations opérées aux dépens des cités italiennes passées à Hannibal.

  • 256 D.H. 20, 15, 2.
  • 257 Cordiano 2017, p. 146 juge que Denys évoquait la Sila à l’occasion d’un excursus et que la région (...)
  • 258 Rich 1986, p. 512-513.

85Certains auteurs ont supposé que l’organisation de la scriptura et celle des forêts publiques furent contemporaines. Denys d’Halicarnasse termine en effet son récit de la conquête du Bruttium (entre 273 et 270 av. J.-C. d’après l’ordre des fragments de l’Ambrosianus) par une allusion aux revenus que rapportait aux Romains l’affermage de la Sila256. La difficulté réside dans la possibilité que l’exploitation des ressources forestières n’ait pas été exactement concomitante de la prise de contrôle du territoire en question257. J. Rich258 cependant tend à penser que les forêts publiques constituaient une province questorienne groupée avec les calles. La Sila aurait donc selon lui commencé à procurer des ressources aux Romains vers 267 av. J.-C.

  • 259 Bozza, 1939, I, p. 175-176 ; Burdese 1952, p. 44.
  • 260 On trouve une définition de l’ager quaestorius chez Hyg. lim. grom. p. 115 La. = p. 82-83 Campbell (...)
  • 261 Muzzioli 1975, p. 223-230.
  • 262 Sic. Flacc. grom. p. 136 La. = p. 102-105 Campbell = 1, 7-8 Guillaumin ; Lib. Col. p. 253 La. = p. (...)
  • 263 Gabba 1988, p. 19-24.
  • 264 Hermon 1997, p. 39-41, à partir d’une conjecture de Rudorff dans Lachmann 1848-1852, II, p. 288, s (...)
  • 265 Radke 1973, col. 1646 : il s’agissait des travaux hydrauliques du lac Vélin et de la construction (...)
  • 266 Di Giuseppe et al. 2002, p. 117-118 et 124 ; De Nardis 2009, p. 213.
  • 267 Campbell 2000, p. 473-474.
  • 268 Roselaar 2010, p. 122.

86F. Bozza259 avait daté de la fin du IVe siècle av. J.-C. l’institution de l’ager quaestorius260. Ce type de terres publiques, selon lui, était loué sur une très longue durée contre versement d’un capital initial puis d’un uectigal recognitif annuel modique. À l’appui de sa chronologie, F. Bozza invoquait le caractère rudimentaire du paiement exigé des locataires, qui renvoyait nécessairement à une époque ancienne, et la nécessité que la cité romaine ait soudainement disposé de nombreuses terres publiques disponibles, ce qui avait dû se produire au lendemain de la première Guerre samnite. En 1975, le repérage, sur le territoire de la Cures antique, de parcelles carrées de 10 actus de côté conduisit M. P. Muzzioli261 à identifier ces dernières avec des portions d’ager quaestorius : certains passages des agrimensores font en effet état d’agri quaestorii en Sabine262. M. P. Muzzioli estima que cette catégorie de terres avait été instituée au début du IIIe siècle av. J.-C., suite à la conquête de la Sabine par M’. Curius Dentatus. L’ager quaestorius aurait constitué, à l’intention de l’aristocratie romaine263, le pendant des assignations viritanes accordées dans le même temps à la plèbe, tout en permettant de remplir les caisses publiques. E. Hermon264 juge en revanche que le seul indice permettant de localiser les assignations opérées par M’. Curius serait l’emplacement des grands travaux qu’il fit effectuer265. Le consul de 290 av. J.-C. aurait été actif entre Reate et Interamna Nahars, tandis que les terres questoriennes de Cures évoquées par les arpenteurs romains remonteraient à des opérations réalisées à l’époque syllanienne. Les résultats du Tiber Valley Project ont confirmé la présence de blocs de 50 jugères associés à des sites médio-républicains à l’ouest de Cures, même s’il est difficile d’établir s’ils appartenaient à une véritable grille centuriée266. Cependant, B. Campbell267 et S. T. Roselaar268 s’interrogent sur l’appartenance des agri quaestorii à la catégorie des agri uectigales : il est donc possible que les distributions foncières du début du IIIe siècle n’aient donné lieu qu’à une recette ponctuelle.

Les dépenses

87Les sorties, quant à elles, consistaient dans les dépenses d’ordre militaire et diplomatique, les travaux publics, le ravitaillement de Rome, les gratifications diverses et plus ponctuellement quelques frais de transport. Les dépenses récurrentes ne semblent avoir concerné que les frais du culte public et le personnel servile de la cité.

Les dépenses militaires et diplomatiques

  • 269 Quelques textes font peut-être état de la distribution, par les pouvoirs publics romains, d’armes (...)
  • 270 Zonar. 7, 20, qui ne met pas en relation directe solde et tributum.
  • 271 Münzer 1953b, col. 943, n° 60 ; Münzer 1953a, col. 893-895, n° 1.
  • 272 Liv. 4, 49, 7-4, 50, 5.
  • 273 Pais 1894-1899, I/2, p. 45 : Plut Sull. 6, 16 raconte le meurtre d’un Postumius par ses propres so (...)
  • 274 A priori, cette innovation pourrait être datée de 403 av. J.-C. (Liv. 5, 7, 5-13) ou 401 av. J.-C. (...)
  • 275 Varro DVPR 381 Salvadore = 77 Riposati = 71 Pittà : Stipendium appellabatur aes quod militi semens (...)
  • 276 D.H. 5, 47, 1 ; Plin. nat. 34, 25 ; D.H. 19, 16, 3. Ce n’était donc pas un phénomène courant.

88Les dépenses entraînées par les campagnes militaires paraissent avoir constitué le poste le plus important des sorties. Comme on n’a pas trace avant 264 av. J.-C. d’achats de fournitures militaires269, ces frais doivent avoir compris essentiellement la solde et, ponctuellement, le remboursement du tributum. On a vu supra que Tite Live situe en 406 av. J.-C. l’instauration du stipendium. Zonaras270 fournit un récit alternatif de la création de la solde. Durant une campagne contre les Èques, les soldats romains auraient assassiné leur commandant en chef Postumius271 parce qu’il leur refusait l’accès au butin. Face à une recrudescence des attaques ennemies, les mutins auraient ensuite repris les armes pour Rome. Les sénateurs auraient donc finalement décidé de les récompenser en créant la solde. La comparaison des données de Zonaras et de Tite Live272 permet de rapporter les événements à l’année 414 av. J.-C. La version de Zonaras n’est en général pas prise en considération par les commentateurs modernes, sans doute parce qu’E. Pais273 a montré qu’elle calquait un épisode de la Guerre Sociale. Toutefois, cette variante indique que l’annaliste consulté par Dion Cassius attribuait, comme Tite Live, la création de la solde aux dernières années du Ve siècle. Une solde destinée aux cavaliers aurait pour sa part été mise en place aussitôt après celle des fantassins274. Les plus anciennes modalités du versement de la solde ne sont évoquées que par un fragment du livre II du De Vita populi Romani de Varron, qui précise que le stipendium était distribué en une ou deux fois sur l’année275. La restitution aux citoyens de leurs contributions de guerre, grâce au butin amassé, est pour sa part évoquée pour les années 503, 306 et 283 av. J.-C276.

  • 277 Liv. 5, 48, 8 ; 5, 50, 6-7 ; 6, 4, 2 ; 6, 11, 5 ; 6, 14, 11-12 ; D.H. 13, 9, 1-2 ; Plu. Cam. 28, 4 (...)
  • 278 Paul Fest. p. 139 L. Cette collecte aurait d’ailleurs été peu après remboursée sur le butin (Liv. (...)
  • 279 Liv. 5, 48, 8 (référence à un SC) ; 5, 50, 7 (mention du Trésor) ; D.H. 13, 9, 2 (supervision du p (...)
  • 280 Liv. 5, 50, 6. Sur ce passage, Briquel 2008, p. 295-305.
  • 281 Roth 2018 défend pour sa part l’hypothèse d’un tributum levé sur les citoyens romains présents hor (...)
  • 282 Liv. 5, 50, 6, qui exclut cette option, est contredit par Varro DVPR 379 Salvadore = 62 Riposati = (...)
  • 283 D.H. 19, 13, 1 ; App. Sam. 10, 11 ; D.C. frg. 40, 30 ; Eutr. 2, 12, 2 ; Per. 13, 3-4 ; Zonar. 8, 4 (...)
  • 284 Berrendonner 2006, p. 166-171.

89Par ailleurs, la cité romaine ne paraît avoir accepté qu’à deux reprises le principe du paiement à ses adversaires d’une indemnité ou d’une rançon. L’or versé aux Gaulois277 aurait été financé par un tributum exceptionnel (dit temerarium) complété par une conlatio des matrones278, et aurait transité par les caisses publiques279. Tite Live280 rapporte aussi qu’au lendemain de l’épisode gaulois, l’or récupéré sur l’ennemi fut déposé sous le siège de la statue cultuelle de Jupiter. L’anecdote éclaire peut-être les modalités de la levée de l’indemnité gauloise. On voit en effet difficilement comment les autorités romaines auraient pu organiser la perception d’une contribution dans une cité livrée aux ennemis281 : en dépit des dénégations liviennes, le recours aux réserves constituées par les offrandes métalliques des temples apparaît plus crédible282. Par ailleurs, il faut attendre les lendemains de la bataille d’Héraclée pour trouver dans les sources mention d’une ambassade destinée à racheter des prisonniers de guerre romains283. Le rachat des captifs semble s’être diffusé en Italie sous l’influence des pratiques hellénistiques284, mais en 280 av. J.-C., la restitution sans rançon des prisonniers romains par Pyrrhus aurait épargné une dépense à l’Aerarium.

  • 285 Zonar. 8, 6.
  • 286 Willems 1885, II, p. 429.
  • 287 Liv. 5, 28, 4 ; 9, 43, 26. Willems 1885, II, p. 429-430 ; Mommsen 1889-1896, VII, p. 372 ; Coudry (...)

90Les dépenses diplomatiques devaient pour leur part être très limitées. Zonaras285 insère dans son récit de la censure de 275 av. J.-C. une brève digression sur les fonds usuellement versés par le Trésor Public romain aux officiels envoyés en mission, mais on ne sait à quelle date cette pratique fut instaurée286. Enfin, Tite Live mentionne en 390 puis 306 av. J.-C. des présents offerts publice aux partenaires de la cité romaine, dans le cadre des échanges diplomatiques287.

Les travaux publics

  • 288 Le récit livien des triomphes de 293 av. J.-C. (Liv. 10, 46, 14) démontrerait que les manubiae n’é (...)
  • 289 Orlin 1997, p. 127-161.
  • 290 Le caractère public du financement ressort soit d’une mention explicite des sources, soit d’une al (...)
  • 291 Liv. 5, 55, 3 et 6, 4, 6 semble mentionner la fourniture de matériaux de construction aux citoyens (...)
  • 292 On notera tout particulièrement D.H. 8, 55, 3, où un projet de construction d’un temple fut précéd (...)
  • 293 D.H. 6, 17, 2 évoque l’utilisation par le dictateur Postumius de la dîme du butin. Aberson 1994, p (...)
  • 294 Aberson 1994, p. 72 et 197.
  • 295 D.S. 20, 36, 1-2. Bernard 2018b, p. 136 normalise sans arguments la situation de 312, en évoquant (...)
  • 296 Aberson 1994, p. 174 ; Trisciuoglio 1998, p. 122. La refonte des comices tributes par le censeur p (...)
  • 297 C’est, me semble-t-il, ce que l’on peut déduire de la suggestion de Humm 1996, p. 733, qui rappell (...)
  • 298 Pedroni 1995, p. 201 et n. 23 ; Torelli 1998, p. 199.
  • 299 D.H. 6, 17, 2 ; Liv. 6, 32, 1. Bernard 2018b, p. 109 et 155-157 s’oppose à l’existence d’une procé (...)
  • 300 Plin. nat. 34, 21 (Coarelli 1999b, p. 361 ; Sehlmeyer 1999, p. 86-88).

91Alors qu’on a généralement tendance à considérer que les travaux publics proto- et médio-républicains consistaient majoritairement dans des temples érigés ex manubiis288, E. M. Orlin289 a souligné l’importance des financements publics dans les opérations édilitaires antérieures à la première Guerre punique. Les constructions élevées sur fonds publics290 furent en fait relativement peu nombreuses entre 509 et 264 (voir annexe 2) : on en recense trois avant 483 av. J.-C., cinq entre 431 et 345, puis onze entre 312 et 268. Si l’on met à part le cas de la reconstruction de Rome suite à l’invasion gauloise, qui aurait été « subventionnée » par les autorités291, les bâtiments en question étaient, pour les deux tiers, des temples292. Après une première attestation de construction profane en 378 (l’enceinte urbaine), les réalisations de ce type (routes et aqueducs) se multiplièrent à partir de 312. Les entreprises édilitaires touchant les sanctuaires étaient supervisées par les consuls ou les dictateurs, les constructions profanes par les censeurs, mais à partir de 307/304 s’affirma, dans les deux domaines, le rôle des édiles curules. Les indications concernant l’origine des fonds utilisés pour les travaux publics sont limitées. Si les édiles paraissent avoir systématiquement eu recours au produit des amendes, les censeurs de 378 auraient levé un tributum spécifique et le butin aurait été mis à profit pour l’édification du temple de la triade aventine293 et pour l’Anio Vetus294. Le dossier le plus problématique est celui des travaux censoriaux d’Ap. Claudius Caecus, qui, selon Diodore295, auraient vidé les caisses publiques sans avoir été autorisés par le Sénat. On a supposé qu’Ap. Claudius avait contourné l’opposition du Sénat par le vote d’une loi296 ; qu’il aurait levé une contribution comparable au tributum de 378297 ; qu’il aurait mis la main, grâce à la publicatio du culte de l’Ara Maxima, sur la dîme d’Hercule298. La procédure suivie pour la réalisation des travaux ne retient en général pas l’attention des auteurs antiques. À deux reprises cependant, pour des épisodes antérieurs au milieu du IVe siècle, ils font état de la passation d’un contrat public299. On a, par ailleurs, quelques indications sur le financement public d’éléments de décor urbain300.

L’approvisionnement de Rome

  • 301 D.H. 5, 26, 4 ; Liv. 2, 34, 3 ; D.H. 7, 1, 3 et 7, 12, 2-3, Plu. Cor. 16, 1 ; D.H. 7, 20, 2-4 ; D. (...)
  • 302 D.H. 10, 54, 2.
  • 303 Liv. 2, 34, 3-4 ; D.H. 7, 20, 2 ; 10, 54, 2.

92Le ravitaillement de Rome aurait constitué un autre poste des dépenses de la cité républicaine. Dans des contextes de disette qui, à une exception près, sont tous antérieurs aux années 410 av. J.-C, les autorités auraient envoyé des émissaires dans les régions productrices de céréales, afin de procéder à des achats de blé301. Les textes font allusion soit à l’acquisition de stocks, sur fonds publics, par des personnages officiels mandatés à cette fin302, soit au rachat par la cité de céréales importées par des marchands, sollicités en ce sens par les pouvoirs publics303.

Les praemia

  • 304 D.H. 3, 22, 10 fait notamment allusion à la prise en charge par la cité, en vertu d’une loi votée (...)
  • 305 D.H. 5, 11, 3 et 5, 12, 2 ; Val. Ant. 21 P. = 22 Beck-Walter = 22 Chassignet= 25 Cornell ; Flor. e (...)
  • 306 Liv. 2, 5, 9 et D.H. 5, 13, 1 ; D.H. 5, 57, 3 ; Liv. 4, 45, 2 et DH 12, 6, 7.
  • 307 Il y avait deux versions sur la statue de Clélie, l’une qui en faisait la première statue érigée s (...)
  • 308 Publicola (Plu. Publ. 10, 6 ; Val. Ant. 17 P. = 18 Beck-Walter = 18 Chassignet = 21 Cornell = Asco (...)
  • 309 Voir supra, « Les autres recettes extraordinaires ».

93Les fonds tirés de l’Aerarium auraient également régulièrement servi à récompenser des actions exemplaires accomplies au service de la cité304. Ces gratifications auraient consisté dans des praemia305, offerts notamment aux dénonciateurs de crimes qui mettaient en danger l’existence de la République306, dans des statues honorifiques307, dans le don d’une domus308, dans l’organisation de funérailles et l’octroi d’une tombe publique309. Les exemples de praemia remontent tous au premier siècle de la République, à l’exception des statues équestres honorifiques, datées des années qui suivirent la Guerre latine.

Les frais de transport

  • 310 Liv. 3, 26, 11 ; D.H. 10, 52, 4 ; Plu. Cam. 8, 5 ; peut-être D.H. 8, 44, 1 et Per. 11, 3. Steinby (...)
  • 311 Plu. Cam. 6, 1.

94Quelques passages font allusion à des moyens de transport, notamment des navires, mis sur fonds publics à la disposition d’envoyés officiels de la cité romaine310. Les textes ne sont pas suffisamment explicites pour que l’on puisse déterminer si les auteurs antiques pensaient à la location par les pouvoirs publics de bateaux privés, par exemple marchands. La description chez Plutarque311 de l’euocatio de Iuno Regina suggère qu’il imaginait que la statue cultuelle avait été transférée à Rome dans le cadre de la passation d’un contrat public.

L’entretien des esclaves publics

  • 312 Liv. 9, 29, 9 ; 9, 34, 18 ; Val. Max. 1, 1, 17 ; Fest. p. 270 L. cf. D.H. 1, 40, 5. Halkin 1897, p (...)

95L’existence d’esclaves publics n’est évoquée que pour 312 av. J.-C., à propos des cérémonies cultuelles tenues à l’Ara Maxima312. Leur entretien occasionnait vraisemblablement quelques dépenses mineures pour la cité, mais les sources n’en disent mot.

Les frais du culte public

96Les dépenses liées au culte public se composaient principalement de la dotation accordée aux prêtres, ainsi que du coût des cérémonies et des offrandes.

  • 313 Liv. 1, 20, 3 ; D.H. 2, 6, 2 ; Fest. p. 42 L. Becker 1843-1867, II/2, 1853, p. 68 ; Marquardt 1888 (...)
  • 314 Willems 1885, II, p. 388 ; Mommsen 1889-1896, VII, p. 344 ; Saquete 2000, p. 110 ; Mekacher 2006, (...)
  • 315 Oros. 5, 18, 27 ; Lib. Col. p. 235 La. ; Sicul. Flacc. grom. p. 162-163 La. = p. 130 Campbell = 2, (...)
  • 316 Hyg. lim. grom. p. 117 La. = p. 84 Campbell = 4, 47 Guillaumin ; peut-être Cic. Phil. 13, 31. Bode (...)

97L’entretien des prêtres publics était, depuis l’époque royale, pris en charge par la cité313. Dans le cas des Vestales, la formule choisie aurait été soit un versement unique à l’entrée en fonctions, soit un versement annuel314. Comme on a, pour l’époque tardo-républicaine, mention de terres urbaines et rurales possédées par les collèges sacerdotaux315, il se pourrait que ces derniers se soient vu concéder des portions d’ager publicus, à charge pour eux d’en tirer les revenus qui leur étaient nécessaires316.

  • 317 Mommsen 1889-1896, VII, p. 342 affirmait que les animaux destinés aux sacrifices étaient originell (...)

98Aucun texte n’explicite comment étaient payés les animaux317 et les denrées indispensables à l’accomplissement des sacrifices.

  • 318 D.H. 6, 10, 1 et 7, 71, 2 = Fabius Pictor 16 P. = 20 Beck-Walter = 20 Chassignet = 15 Cornell ; Li (...)
  • 319 D.H. 7, 71, 2 et 7, 72, 13 (cinq cents mines d’argent) ; Ps. Ascon. Verr. II 1, 31 p. 217 St. (200 (...)
  • 320 Piganiol 1923, p. 28 estimait que le budget des jeux donné par Fabius Pictor correspondait aux chi (...)
  • 321 Thuillier 1990, p. 366, 368 et 371 pense que les jeux scéniques étaient financés par le lucar.
  • 322 Liv. 24, 18, 10 évoque la locatio par les censeurs des equi curules, identifiés comme les chevaux (...)
  • 323 Rawson 1981, p. 2-5 ; Bernstein 1998, p. 72-75. Rawson 1981, p. 8 fait une exception pour les Cons (...)
  • 324 Bernstein 1998, p. 73, qui s’appuie sur Liv. 6, 42, 13.
  • 325 Ascon. tog. cand. p. 72 St. : Praeterea Antonius redemptas habebat ab aerario uectigales quadrigas (...)

99Les modalités du financement des jeux publics à haute époque sont pour leur part discutées. Les sources semblent considérer que les ludi tenus suite à un vœu ratifié par le Sénat étaient payés par la cité318, et fournissent des renseignements sur le coût des Jeux Romains319 avant la (deuxième) Guerre punique320. J.-P. Thuillier321 en a déduit que le financement public des ludi et le recours aux contrats publics étaient déjà fréquents avant le IIIe siècle322. E. Rawson et F. Berstein en revanche jugent que pour les ludi circenses, les aristocrates romains engageaient initialement leurs équipages, comme leurs homologues de la Grèce archaïque323. Selon E. Rawson, ce système serait tombé en désuétude dans le courant du Ve siècle, soit en raison de moindres disponibilités économiques des élites romaines, soit par la volonté des pouvoirs publics de limiter la compétition aristocratique. F. Berstein pour sa part situe au lendemain des lois licinio-sextiennes le passage à un financement public des jeux324. Un passage d’Asconius325 pourrait suggérer que les contrats publics portant sur les sacra étaient, contrairement aux autres, ouverts aux sénateurs. Cette particularité témoignerait peut-être du rôle originel des aristocrates romains dans le financement des jeux.

  • 326 Plu. QR 98.

100Par ailleurs, Plutarque326 indique que les premiers contrats publics conclus par les censeurs en début de lustre portaient sur la nourriture des oies du temple de Iuno Moneta et sur la peinture de la statue de Jupiter Capitolin.

  • 327 Liv. 4, 20, 4.
  • 328 Liv. 5, 25, 7-8 ; Zonar. 7, 21. Le dépôt par les matrones romaines de leurs bijoux à l’Aerarium (L (...)
  • 329 Liv. 8, 20, 8 ; 10, 23, 12-13.

101Tite Live327 attribue en outre à Cornelius Cossus la dédicace d’une couronne d’or, ex pecunia publica, à Jupiter Capitolin. Comme il déclare que Cossus avait fait un butin considérable sur l’ennemi et que l’épisode se situe immédiatement après le dépôt des secondes dépouilles opimes dans le temple de Jupiter Férétrien, ce financement public paraît a priori incongru. On pourrait donc l’interpréter soit comme un vote du peuple affectant au Capitole une partie du butin, soit comme un contrat passé par la cité avec un orfèvre, pour transformer en couronne l’or pris aux Véiens. L’offrande promise à Apollon Pythien lors de la chute de Veii constituerait une forme de parallèle : elle aurait été réalisée grâce à la dîme du butin, versée au Trésor, à partir de laquelle les magistrats romains auraient acheté l’or nécessaire à la confection d’une coupe328. Le produit des condamnations paraît également avoir été parfois converti en offrandes329.

Les arguments de l’historiographie moderne

102Un certain nombre de recettes et de dépenses de la cité romaine (les indemnités de guerre et les rançons, les revenus de l’ager publicus, les entrées et les sorties liées aux échanges diplomatiques) ne sont apparemment attestées qu’à partir de la fin du IVe siècle av. J.-C. ou du début du IIIe. Elles sont donc contemporaines des premières frappes romaines, et pourraient a priori conforter la thèse d’une création concomitante de l’Aerarium et du monnayage. Toutefois, ces entrées et ces sorties sont minoritaires dans le tableau des finances publiques dressé par les sources littéraires. Du coup, les historiens modernes ont eu tendance à proposer une interprétation « normalisatrice » des autres textes, en s’appuyant sur deux grands types d’arguments. D’une part, la plupart des entrées et des sorties évoquées par les sources antiques pour la période antérieure à 264 av. J.-C. seraient de simples anachronismes. D’autre part, les opérations techniques liées à la perception des recettes et aux dépenses n’auraient pas été réalisables en l’absence de monnaie. Il faudrait donc abaisser à l’époque des Guerres samnites l’organisation du système des finances publiques romaines.

Les auteurs antiques coupables d’anachronismes ?

  • 330 Pour les recettes, on trouve le tributum ou le prix de vente du sel ; pour les dépenses, les praem (...)

103Il est vrai que les auteurs antiques ont tendance à rapporter à des dates symboliques, notamment celle de 509 av. J.-C., la création de diverses recettes ou dépenses publiques330. On a là, selon toute vraisemblance, une volonté étiologique qui témoigne d’une relative indifférence pour la chronologie effective. Les commentateurs modernes ont par conséquent souligné la propension des sources à l’anachronisme : les descriptions antiques des finances publiques romaines se révéleraient incompatibles avec le degré de développement atteint par l’Vrbs aux Ve et IVe siècles av. J.-C., sur le plan socio-économique autant qu’institutionnel.

  • 331 Welwei 2000, p. 26, 34 et 43.
  • 332 Finley 1980, p. 86, suivi par Cornell 1989a, p. 413 ; Cornell 1989c, p. 334 ; Lerouxel 2015, p. 10 (...)
  • 333 Clerici 1943, p. 506 ; Guarino 1984, p. 415 ; Guarino 1994, III, p. 255.
  • 334 Clerici 1943, p. 508-509.
  • 335 Münzer 1928a, n° 53, col. 1175-1176 ; Münzer 1928b, n° 87, col. 1211-1212.

104L’affectation à l’Aerarium, à partir du dernier quart du Ve siècle, du produit de la vente des prisonniers de guerre et la création de la uicesima en 357 av. J.-C. ont ainsi été jugées peu crédibles, car elles présupposeraient que l’Vrbs présentât déjà, à cette date, les caractères d’une société esclavagiste. K. W. Welwei331 estime ainsi qu’il est fort peu probable que les prisonniers de guerre aient fait l’objet de ventes avant la fin du IVe siècle, parce qu’il n’y avait alors pas de demande pour cette marchandise et parce que les commerçants susceptibles de servir d’intermédiaires n’existaient pas. « L’orthodoxie finleyienne » veut en effet que l’esclavage n’ait pu se diffuser sur une large échelle à Rome tant que le nexum fournissait la main d’œuvre nécessaire aux activités économiques332. L’historiographie a par ailleurs très majoritairement rejeté le témoignage de Tite Live sur la uicesima, en arguant que les esclaves n’étaient pas suffisamment nombreux au IVe siècle pour qu’une taxe sur les affranchissements fût lucrative pour la cité romaine333. L. Clerici334 suggérait par conséquent que la source de Tite Live avait confondu deux consuls nommés Manlius qui furent impliqués dans une guerre falisque335 : les événements rapportés par Tite Live pour l’année 357 devaient en réalité avoir eu lieu en 241 av. J.-C.

  • 336 Nicolet 1966-1974, I, p. 19, 37-38 et 41-45 ; Nicolet 1976a, p. 156 ; Nicolet 1977, p. 437. La mêm (...)
  • 337 Liv. 8, 8, 3.
  • 338 Le texte de l’Ineditum Vaticanum, assorti d’une traduction française, est repris chez Humm 2007, p (...)
  • 339 Liv. 7, 41, 8. En fait, Liv. 5, 12, 12 mentionne la solde des cavaliers à la date de 401.
  • 340 Fest. p. 508 L., avec la restitution <a> : Vectigal aes appellatur, quod ob tri<bu>tum et stipendium e</bu> (...)
  • 341 Liv. 8, 11, 16.

105Cl. Nicolet336 pensait de son côté que la création de la solde n’était pas envisageable avant 340 av. J.-C., en raison des insuffisances techniques des Romains en matière militaire et administrative. L’excursus de Tite Live sur l’organisation de « l’armée manipulaire »337 semble en effet lier l’introduction du stipendium des fantassins à l’adoption du bouclier long, le scutum, qui, aux dires de l’Ineditum Vaticanum, aurait été utilisé seulement à partir des Guerres samnites338. On ne trouverait pas non plus mention de la solde des cavaliers avant 342 av. J.-C339. Or, un lemme de Festus340 laisserait entendre qu’il y eut une époque où l’ensemble du corps civique romain acquitta une redevance destinée à la solde et aux indemnités équestres. Cette notice semble faire écho au passage de Tite Live341 qui indique qu’en 340 av. J.-C., les Romains accordèrent la ciuitas Romana aux equites Campani et qu’à partir de là, le populus Campanus versa à ces derniers un uectigal annuel. Comme le développement artistique de Capoue démontrerait qu’elle était une cité plus avancée que Rome, ce n’est pas le système romain qui aurait été transplanté à Capoue en 340, mais le système capouan qui aurait servi de modèle aux Romains.

  • 342 Humm 2005, p. 216, n. 222 ; Humm 2010, p. 287 ; Humm 2017, p. 306-307. Mommsen 1889-1896, IV, p. 6 (...)
  • 343 Nicolet 1966-1974, I, p. 43.
  • 344 Clerici 1943, p. 506 ; Humm 2005, p. 425-426 et 432. 

106D’autres impossibilités, de nature institutionnelle cette fois, contrediraient certaines affirmations présentes dans les sources. Les amendes infligées aux célibataires par les censeurs de 403 ne pourraient avoir existé, dans la mesure où la cura morum n’aurait été intégrée aux prérogatives censoriales qu’à partir de la fin du IVe siècle342. Ces multae exprimeraient donc une crainte de l’oliganthropie civique qui aurait en fait émergé à l’époque gracchienne343. Le récit livien de la création de la uicesima ne serait pas plus vraisemblable, puisque la réunion par un consul d’une assemblée législative tributim serait impossible avant la création des comices tributes, attribuée à la fin du IVe siècle344.

L’impossibilité technique d’un fonctionnement du Trésor sans monnaie

107Toutefois, le raisonnement des historiens modernes repose le plus souvent sur l’idée qu’un certain nombre d’opérations techniques étaient irréalisables faute de monnaie. La répartition entre les citoyens de la charge fiscale et plus généralement les paiements, de quelque nature qu’ils fussent, auraient eu pour condition nécessaire l’outil monétaire.

  • 345 Marchetti 1977, p. 107-131 ; Humm 2005, p. 313-314. Il n’est sans doute pas indifférent, à cet éga (...)
  • 346 Liv. 1, 43, 13 ; Fest. p. 500 L. ; cf. D.H. 4, 19, 1.

108P. Marchetti et M. Humm345 en particulier ont souligné les difficultés qu’aurait suscitées le calcul de l’impôt en l’absence de monnaie. Les sources indiquent en effet que le tributum était proportionnel au census346 : établir le rapport entre le montant du patrimoine de chaque citoyen et celui de la contribution exigible n’aurait pas été envisageable tant qu’on ne disposa pas d’une unité monétaire d’évaluation commune.

  • 347 Welwei 2000, p. 55.
  • 348 Clerici 1943, p. 506 ; De Martino 1980, p. 71 ; Welwei 2000, p. 37.
  • 349 Nicolet 1966-1974, I, p. 19, 37-38 et 41-45 ; Nicolet 1976a, p. 156 ; Nicolet 1977, p. 437.
  • 350 Humm 2005, p. 379.
  • 351 Liv. 4, 60, 6.
  • 352 A contrario, Karlowa 1885-1901, I, p. 246 et II, p. 20 et 645 estimait que le passage de la Royaut (...)
  • 353 Plu. Cam. 4, 7. Mommsen 1889-1896, VII, p. 342 ; Clerici 1943, p. 428 ; Bodei Giglioni 1974, p. 65 (...)
  • 354 Bodei Giglioni 1974, p. 67 ; Cifani 2016, p. 156.
  • 355 Frank 1924, p. 117 ; Frank 1933, p. 34 ; Cifani 2008, p. 303.

109La plupart des historiens modernes pensent en outre que la monnaie était indispensable à l’acquittement des dépenses publiques et au paiement par les citoyens des sommes qu’ils devaient au Trésor. L’argument a été invoqué pour la uenditio sub corona des prisonniers de guerre347, pour le versement de la uicesima348, pour le tributum et le stipendium, ou encore pour la réalisation des travaux publics. Cl. Nicolet349 a par exemple affirmé qu’une fiscalité de guerre était inconcevable avant l’introduction du monnayage. Il ne pouvait à son avis y avoir eu de tributum avant l’institution de la solde, puisque la contribution de guerre visait précisément à financer cette nouvelle dépense. Or, le terme qui désignait la solde, aes militare, devait nécessairement faire référence à un paiement en as. Le même raisonnement vaudrait pour les expressions aes equestre et aes hordearium. M. Humm350 invoque quant à lui le passage de Tite Live351 qui raconte la création du stipendium. La description des « lingots » de bronze amenés sur des chariots au Trésor Public montrerait combien le transport de la solde jusqu’aux champs de bataille soulevait d’insurmontables problèmes, qui ne purent être résolus que par l’adoption de la monnaie. Quant aux opérations édilitaires, puisque les locationes ne pourraient qu’être postérieures aux premières frappes romaines, elles auraient été réalisées grâce aux corvées352 imposées aux citoyens353, à la main d’œuvre militaire354 ou aux prisonniers de guerre355.

3. L’Aerarivm n’a-t-il pu exister qu’à partir du moment où les Romains ont frappé monnaie ?

110Il s’agit donc d’éprouver la validité des éléments sur lesquels l’historiographie s’est appuyée pour défendre la thèse d’une corrélation entre l’introduction du monnayage à Rome et la possibilité qu’il y ait des recettes et des dépenses publiques. À cet effet, il convient de faire préalablement le point sur la manière dont la cité romaine fonctionnait avant d’adopter la monnaie.

Les caractères du système pré-monétaire à Rome

  • 356 Plin. nat. 33, 42.
  • 357 Nenci 1968, p. 30 ; Crawford 1974, I, p. 37 ; Crawford 1976, p. 199-200 ; Crawford 1985, p. 19-20  (...)
  • 358 Varro ling. 5, 183 ; Gaius inst. 1, 122 ; Isid. etym. 16, 18, 8.

111Le système pré-monétaire de la cité romaine est connu par quelques textes et par des trouvailles archéologiques dont l’interprétation ne fait pas consensus. Un passage célèbre de Pline l’Ancien356 pourrait suggérer que Timée de Tauromenion attribuait au roi Servius Tullius l’introduction d’une unité de compte correspondant à la livre de bronze357. Différents textes358 indiquent en tout cas qu’avant de frapper des pièces, les Romains avaient recours au bronze pesé.

  • 359 Thomsen 1957-1961, I, p. 55-59 ; Crawford 1974, I, p. 131-133, n° 3-12.
  • 360 Thomsen 1957-1961, III, p. 202-206.
  • 361 Au sens technique, le mot raudus paraît avoir désigné le morceau de bronze que l’on utilisait dans (...)
  • 362 Thomsen 1957-1961, I, p. 109-110 (S. Marinella, La Bruna, Ariccia) ; Crawford 1969, p. 45, n° 13 ; (...)
  • 363 L’éléphant représenté sur les lingots RRC 9 ferait par exemple allusion à la Guerre de Pyrrhus : T (...)
  • 364 Thomsen 1957-1961, III, p. 143-147 (275-260 av. J.-C.) ; Crawford 1974, I, p. 41-42 et 131-133 (28 (...)
  • 365 Pedroni 1993, p. 112, 123, 128 et 130 ; Pedroni 1995, p. 205-207.
  • 366 RRC 3 et 4 ( = HN 255-256), auxquels il faut sans doute ajouter un exemplaire de RRC 8 (Drago 2016 (...)
  • 367 Catalli 2009, p. 289 et Crawford 2009, p. 195 considèrent qu’on ne peut étendre le raisonnement à (...)
  • 368 C’est l’option retenue par Lo Cascio 1980-1981, p. 344 ; Pedroni 1993, p. 125-132 ; Fusi Rossetti (...)
  • 369 On a proposé d’en faire des offrandes votives (Haeberlin 1910 ; Thomsen 1957-1961, III, p. 222) ; (...)
  • 370 Macellari - Pellegrini 2002, notamment p. 164 et 169-170.
  • 371 Pedroni 1993, p. 69.
  • 372 Parise 1987, p. 89 ; Panvini Rosati 1988, p. 24.
  • 373 Panvini Rosati 1988, p. 23 ; Neri 1998, p. 182 ; Catalli 2009, p. 290.
  • 374 Neri 1998, p. 183-184.
  • 375 Cocchi Ercolani 1975, p. 13. Bergonzi – Piana Agostinetti 1987, p. 173, 198 et 200 ont recensé les (...)
  • 376 Cocchi Ercolani 1975, p. 38 ; Bergonzi – Piana Agostinetti 1987, p. 168 ; De Marinis 1988, p. 201  (...)
  • 377 Burnett 1989, p. 54 ; Panvini Rosati 2000, p. 80 ; Catalli 2001, p. 16 ; Catalli 2009, p. 289.
  • 378 De Marinis 1988, p. 201 ; Cattani 1988, p. 206 ; Ferretti 1993, p. 96-97 ; Briquel – Massa-Pairaul (...)
  • 379 Cattani 1988, p. 206 ; Neri 1998, p. 120 ; Neri 2004, p. 17-18.
  • 380 On y a vu la matière première entreposée dans les ateliers de fondeurs (Cocchi Ercolani 1975, p. 4 (...)
  • 381 Pour Mommsen 1865, I, p. 174 ; Thomsen 1957-1961, III, p. 201 et 259 ou Bergonzi – Piana Agostinet (...)

112Par ailleurs, on a mis au jour dans la péninsule italienne des lingots de bronze parallélépipédiques, décorés de motifs359 (nommés aes signatum par les archéologues et les numismates), des pains et barres de bronze de facture plus grossière, dénués d’ornements ou portant des signes dits ramo secco, hasta ou arête de poisson360, et des morceaux de bronze plus ou moins réguliers (désignés par le terme d’aes rude361 dans les publications modernes). Les lingots décorés apparaissent dans des trésors qui contenaient également des as de la série lourde362. En outre, certains de leurs motifs paraissent commémorer des événements militaires de la première moitié du IIIe siècle av. J.-C363. Ils ont donc généralement été datés entre 280/275 et 242 av. J.-C.364, mais L. Pedroni365, qui voit dans les cornes d’abondance figurant sur le lingot RRC 3 (= HN 253-254) une allusion à la concession de la citoyenneté romaine aux Campaniens, a proposé de relever la chronologie des plus anciens exemplaires aux années 339-338 av. J.-C. Certains de ces lingots366 portaient une inscription Romanom, identique à celle que l’on trouve sur les pièces RRC 2 (= HN 252) et 13/1 : ceci suggère que ces lingots étaient émis par les autorités publiques romaines367. Un premier débat porte donc sur la possibilité de considérer ces lingots comme des multiples de l’as368, une seconde discussion touche à la fonction de ces objets369. Les savants se demandent en outre s’il faut faire des barres de bronze au ramo secco ou a spina di pesce des précédents des lingots décorés. La plus récente enquête systématique sur les ramo secco a conclu à l’existence de deux phases de production, correspondant respectivement à la première et à la seconde moitié du Ve siècle av. J.-C370. L. Pedroni371 a émis l’hypothèse que le ramo secco soit un signe de valeur, mais il semble démenti par le poids variable des barres entières découvertes dans une même zone géographique372. Les dernières études en date ont plutôt tendance à faire du ramo secco une marque de fabrique373, qui renverrait éventuellement à un atelier public374. Quant aux morceaux de bronze, on en trouve dans des contextes archéologiques dès le XIIIe siècle av. J.-C375. Les numismates qui se sont interrogés sur les éventuels rapports unissant barres ou pains de bronze et morceaux d’aes rude ont généralement conclu que les seconds résultaient de la fragmentation des premiers376. Certains auteurs estiment qu’il est impossible de dégager des constantes pondérales pour cette catégorie d’objets, et donc que l’aes rude était évalué par pesée377. En revanche, d’autres savants378 relèvent que sur un même site, voire sur des sites voisins, la masse des morceaux d’aes rude tend à tourner autour de valeurs récurrentes. En outre, on observe sur certains fragments des symboles simples qui pourraient suggérer que les exemplaires les plus petits étaient utilisés à l’unité et non au poids379. Les archéologues et numismates ont avancé des hypothèses contradictoires sur la fonction des pains et barres de bronze380, et débattu du caractère pré-monétaire ou non de l’aes rude381.

  • 382 Moretti Sgubini – Benedettini 2016, p. 173. L’exemplaire du sanctuaire de Mater Matuta à Satricum (...)
  • 383 Thomsen 1957-1961, I, p. 119-120.
  • 384 Cesano 1904, p. 423-426 ; Cesano 1927, p. 255 ; Thomsen 1957-1961, I, p. 120.
  • 385 Cesano 1927, p. 215-217 et 249-256 ; Thomsen 1957-1961, I, p. 119.
  • 386 Cesano 1942a ; Thomsen 1957-1961, I, p. 119.
  • 387 Cesano 1942b ; Thomsen 1957-1961, I, p. 116-117 ; Murgan – Kemmers 2016, p. 285.
  • 388 De Rossi 1871, p. 262-266 ; Garrucci 1885, I, p. 3 ; Thomsen 1957-1961, I, p. 110 ; Cocchi Ercolan (...)
  • 389 Pinza 1914, p. 132 (une des tombes 56-58), p. 138 (tombe 87), p. 145 (tombe 116), p. 148 (tombe 12 (...)
  • 390 Pasqui 1900, p. 58-59.
  • 391 Garrucci 1864, p. 151-153 ; Garrucci 1885, I, p. 4-5 ; Baglione 1992, p. 175 et n. 36.

113On n’a retrouvé de lingots type hasta, dans la zone correspondant au territoire de la cité romaine aux Ve et IVe siècles av. J.-C., qu’à Lucus Feroniae, où ils ont été interprétés comme des offrandes liées à la consécration du sanctuaire382. Des pains de bronze et des morceaux d’aes rude avaient été déposés dans de probables fosses votives à Nemi383, Norba384, Tibur385 et sur la Via Tiberina386, dans ce qui semble avoir été des trésors à Ardea387 et Aricia388 et dans des tombes appartenant aux nécropoles de l’Esquilin389, d’Ardea390 et de la Colombella à Praeneste391. On en conclura que les morceaux de bronze circulaient apparemment assez largement, qu’ils pouvaient aboutir entre les mains de particuliers et qu’ils étaient fonctionnellement utilisés comme le furent ensuite les monnaies.

  • 392 Van Alfen 2017, p. 50-51 et 53. Hollander 2007, p. 33 et 85 note l’utilisation comme unités de com (...)

114On peut donc supposer qu’avant de disposer de l’outil monétaire, les Romains utilisaient pour les transactions courantes le bronze pesé voire, pour les échanges du quotidien, de petits morceaux de métal ayant une valeur conventionnelle. Pour les transactions plus importantes en revanche, la livre de bronze pourrait avoir été essentiellement une unité de compte392.

La validité des thèses modernes rapportant à l’époque des Guerres samnites la création du système romain des finances publiques

115À la lumière de ces précisions, on peut désormais revenir aux arguments utilisés par les historiens modernes pour repousser à la fin du IVe siècle av. J.-C. la mise en place de la fiscalité et de la dépense publique romaines.

  • 393  Humm 2005, p. 379.
  • 394 Varron, cité supra n. 275.
  • 395 Le fait qu’on ait utilisé aussi les indemnités de guerre pour solder les troupes montre bien qu’on (...)
  • 396 Welwei 2000, p. 55 ; Clerici 1943, p. 506 ; De Martino 1980, p. 71.
  • 397 Gaius inst. 1, 17 ; Buckland 1908, p. 439 ; Watson 1987, p. 24.
  • 398 Cosentini 1950, p. 534.
  • 399 Welwei 2000, p. 55, à partir de Liv. 10, 46, 5.

116L’argument de « l’impossibilité technique » se heurte lui-même à diverses objections. La manière dont les auteurs modernes se représentent les paiements dans la Rome des Ve-IVe siècles apparaît en soi problématique. M. Humm393, on l’a vu, estime qu’il était pratiquement impossible de déplacer les quantités de bronze nécessaires au stipendium jusqu’aux champs de bataille. Toutefois, le seul texte qui éclaire les modalités du versement de la solde à haute époque394 déclare précisément que le stipendium était remis en une ou deux fois, donc avant le départ puis au retour des légions à Rome. La question du transport ne se posait donc pas395. De même, on s’est interrogé sur la possibilité que l’affranchissement des esclaves ait pu donner lieu à la perception, en bronze, d’une taxe396. Comme deux des trois formes de manumissions nécessitaient la présence d’un magistrat397 et que les affranchissements par la vindicte présentaient certaines similitudes avec la legis actio sacramento in rem398, il n’est a priori pas inconcevable que la procédure ait donné lieu à un versement à l’autorité publique. K. W. Welwei399 a d’ailleurs utilisé les données liviennes concernant le triomphe de 293 av. J.-C. pour calculer le prix moyen d’un prisonnier de guerre réduit en esclavage : il aboutit à 233 aes graue par individu. Si l’aes graue doit être identifié à une livre de bronze, cela représentait 76 kg de métal. La valeur de la uicesima, en l’occurrence, se monterait à 3,8 kg. de bronze, donc une masse parfaitement transportable.

  • 400 Humm 2005, p. 283-308 et 343.
  • 401 Gell. 6, 13, 1-3, citant Caton ; Paul Fest. p. 100 L.
  • 402 Beloch 1926, p. 291 ; Klotz 1939, p. 27 ; Momigliano 1963, p. 120 ; Heurgon 1969, p. 252 ; Magdela (...)
  • 403 Les références ont été rassemblées par Lo Cascio 2001, p. 567.
  • 404 Fraccaro 1956-1975, I, p. 488 ; Piéri 1968, p. 61-62 ; Lo Cascio 2001, p. 573.
  • 405 Liv. 4, 8, 2-7. Piéri 1968, p. 129-135.
  • 406 Lo Cascio 2001, p. 574-575.
  • 407 À l’époque tardo-républicaine, la professio, exprimée en monnaie (D.H. 4, 15, 6), incluait les pra (...)
  • 408 Piéri 1968, p. 50-52, récapitulant la bibliographie antérieure ; Nicolet 1976a, p. 97-98 ; Guarino (...)
  • 409 Humm 2005, p. 314.
  • 410 Toutefois, les travaux sur les comptabilités antiques (Minaud 2005, p. 143-149) ont montré que la (...)
  • 411 Piéri 1968, p. 49, qui il est vrai semble se référer à une période antérieure au Décemvirat.
  • 412 Humm 2005, p. 311 : « Comment peser des terres, un troupeau, une production artisanale ? ».
  • 413 Voir le testament per aes et libram (Gaius inst. 2, 102-103 ; Kaser 1955, I, p. 92-94 ; Watson 197 (...)
  • 414 Girard 1895, p. 310 ; Behrends 1982, p. 63 ; Watson 1987, p. 48.
  • 415 Fest. p. 320 L.
  • 416 Storchi Marino 1993, p. 239-241 et 249.

117On ne voit pas non plus pourquoi l’estimation précise du patrimoine des citoyens lors du census devrait impérativement nécessiter l’existence de la monnaie. Il est établi que la structuration du corps civique romain en cinq classes censitaires, qu’il faut vraisemblablement situer à la fin du IVe siècle av. J.-C.400, fut le point d’aboutissement d’une longue évolution. L’état originel du système servien401 aurait opposé une unique classis à l’infra classem402. Comme le cens primitif paraît avoir correspondu à la comptabilisation des citoyens qui arma ferre possent403, l’évaluation des patrimoines se serait initialement limitée à une vérification de l’aptitude du citoyen à présenter, lors du dilectus, une panoplie404. À un moment donné, vraisemblablement en liaison avec la création de la deuxième classe, la procédure du cens se serait transformée pour intégrer un véritable enregistrement des patrimoines. G. Piéri datait ce changement de la création de la censure (443 av. J.-C. d’après la chronologie livienne)405, E. Lo Cascio opte pour le siège de Veii406. On ignore dans quelle unité étaient exprimés les bona censui censendo que les citoyens avaient à déclarer aux Ve et IVe siècles407. Les modernes ont supposé que la superficie des propriétés foncières, le bétail ou les res mancipi avaient pu servir d’unité de compte408. G. Piéri et à sa suite M. Humm409 ont objecté que la surface des propriétés foncières ne permettait pas de tenir compte du rendement des différentes catégories de terres410, et que les res mancipi ne comprenaient pas le petit bétail, qui devait pourtant au Ve siècle constituer une part non négligeable du patrimoine des citoyens. En fait, comme le relève M. Humm lui-même, le seul critère de classification des citoyens évoqué par les sources est le nombre d’aera possédés. Reste à savoir ce que désigne ce terme. Sur ce point, les arguments que G. Piéri et M. Humm opposent à l’idée qu’aes puisse désigner une unité pondérale de bronze ne sont pas convaincants. Les « difficultés de transport » une nouvelle fois invoquées411 sont sans objet : à l’époque historique, les citoyens qui faisaient leur déclaration devant les censeurs n’amenaient pas leur argent avec eux. La différence de nature entre ce que l’on estimait et l’instrument permettant l’évaluation412 ne vaut pas non plus preuve, car un tel raisonnement conduirait aussi à exclure qu’on ait jamais pu fixer le prix d’un objet en monnaie. Aux Ve-IVe siècles av. J.-C., le patrimoine d’un adsiduus devait normalement comprendre les biens dont il avait hérité et ceux qu’il avait acquis. Or, les plus importantes procédures de transfert, en matière patrimoniale, s’effectuaient per aes et libram413. Il y avait donc énonciation devant témoins de la valeur de l’objet transmis et peut-être, pour certains achats, paiement effectif d’une quantité de bronze pesé414. Ces données pouvaient faire l’objet d’enregistrement et être ensuite déclarées au cens. Festus415 fait par exemple allusion au fait qu’on comptabilisait au cens le raudus, c’est-à-dire le bronze non travaillé. La corrélation qu’A. Storchi Marino416 a pu établir entre les mesures prises au IVe siècle av. J.-C. pour régler la question des dettes et la tenue des cens l’a amenée à conclure que l’aes alienum, le bronze emprunté au créancier, était déclaré au censeur. Il semble par conséquent qu’on puisse tout à fait concevoir, à partir du milieu du Ve siècle, une estimation des principales composantes du patrimoine des citoyens en unités de valeur correspondant à des livres de bronze. À partir de ce chiffre, on pouvait calculer la part du tributum due par chacun.

  • 417 Gatti 1970, p. 133.
  • 418 Burnett 1989, p. 48 et 53 ; Burnett 1998, p. 35 ; Burnett 2006, p. 42 et 44 ; Burnett 2012, p. 309 (...)
  • 419 Mohr Mersing 2007, p. 231-233.

118Sur le plan chronologique, comme C. Gatti l’avait déjà constaté417, les options des historiens modernes ne sont elles-mêmes pas exemptes d’anachronismes. Cl. Nicolet estimait que la solde n’avait fait son apparition qu’avec l’adoption du monnayage, et que la première attestation du stipendium équestre remontait à l’année 342 av. J.-C. À cette date toutefois, il n’y avait pas plus de monnaie romaine qu’à la fin du Ve siècle av. J.-C. Les travaux d’A. Burnett conduisent d’ailleurs à discuter plus généralement la pertinence des conclusions de Cl. Nicolet sur la chronologie du tributum et du stipendium. Les projections qui permettent d’évaluer l’importance quantitative des premières émissions romaines, de bronze comme d’argent, montrent en effet qu’elles furent au départ limitées et intermittentes : ceci exclut que ces frappes aient pu servir au paiement de la solde418. Il n’y a ainsi pas de lien logique entre introduction de la monnaie à Rome et organisation d’une fiscalité de guerre419, ce qui signifie, pour notre propos, que la mise en place du Trésor Public ne fut pas nécessairement corrélée à l’introduction du monnayage.

  • 420 Burnett 1978, p. 141-142. Voir aussi Pedroni 1996b, p. 68.
  • 421 D.H. 9, 56, 5 ; Liv. 8, 14, 8.
  • 422 En 311, avec la mise en place des duumuiri nauales, il dut y avoir au plus construction de 20 navi (...)
  • 423 Woytek 2014, p. 208.
  • 424  Crawford 1985, p. 25 a vu dans la construction de la Via Appia l’occasion du passage des Romains à (...)
  • 425 Après la bataille d’Héraclée : Per. 13, 3 ; D.H. 19, 13, 2 ; App. Samn. 10, 4 ; D.C. frg. 40, 30 ; (...)
  • 426 En 299 av. J.-C. : Liv. 10, 11, 9.

119La relation entre l’accroissement de la dépense publique et l’apparition de la monnaie romaine doit alors être précisée. Comme on l’a vu, les sources ne font jamais état de l’achat de fournitures militaires avant la première Guerre punique. Il semble donc difficile d’expliquer l’introduction de la monnaie à Rome par la nécessité, envisagée un temps par A. Burnett420, de financer l’équipement des légions. Les dépenses navales paraissent également être demeurées limitées avant 264 av. J.-C. On a mention de navires confisqués aux Antiates en 469 et 338421 et la création des duumuiri nauales en 311 av. J.-C. doit avoir coïncidé avec une réorganisation de la flotte romaine, mais les nouvelles constructions de navires réclamèrent-elles une innovation dans les moyens de paiement422 ? Somme toute, c’est l’hypothèse d’une dépense publique signifiante mais ponctuelle, et orientée vers des destinataires étrangers déjà insérés dans un système monétaire, qu’il faut vraisemblablement privilégier pour rendre compte des premières frappes de didrachmes romains d’argent423. On pensera soit à la rémunération de techniciens qualifiés employés dans certains programmes de travaux publics424, soit au paiement de la rançon de citoyens romains425, soit à des achats publics de céréales dans un contexte de disette426.

Comment les sources littéraires nomment-elles les unités dans lesquelles étaient effectués les versements à l’Aerarium et ses paiements ?

120Le vocabulaire employé par les sources pour désigner les entrées et les sorties du Trésor Public avant la première Guerre punique n’est pas incompatible avec l’idée que l’Aerarium fonctionnait avant que le monnayage ne fût introduit à Rome.

  • 427 Chrèmata : D.S. 20, 36 ; D.H. 5, 13, 1 ; 7, 12, 2-3 ; 7, 20, 2-4 ; 9, 25, 4 ; Zonar. 8, 1 et 8, 3  (...)
  • 428 Voir le prix de vente du blé en as, en Liv. 4, 16, 2 ; D.H. 5, 57, 3 ; 7, 71, 2 ou 12, 6, 7, qui s (...)
  • 429 D.H. 5, 12, 2 ; 5, 57, 3 ; 6, 94, 3 ; 7, 71, 2 ; 8, 30, 2 ; 10, 21, 6-8 ; 12, 6, 7 ; 14, 12, 1 ; 1 (...)
  • 430 Liv. 9, 37, 10 et 10, 46, 5 cite seulement la remise de l’or et l’argent du butin, sur le champ de (...)

121Certes, les auteurs antiques s’expriment souvent de manière assez vague, en évoquant simplement les chrèmata ou la pecunia427 qui entrent ou sortent des caisses publiques. En outre, ils convertissent parfois dans les unités monétaires qui leur étaient contemporaines les recettes et les dépenses mentionnées par leurs sources, dans des calculs dont les présupposés nous échappent428. Les auteurs grecs, qui plus est, tendent à considérer que les finances publiques romaines étaient primitivement fondées sur l’argent429, vraisemblablement parce que le système des cités grecques fonctionnait sur ce principe. Les sources de langue latine, à l’inverse, ne font que très rarement état de l’entrée ou de la sortie de métaux précieux du Trésor Public430.

  • 431 Rançon : Liv. 10, 31, 3 ; indemnité de guerre : Liv. 10, 37, 5 ; tributum : Varro ling. 5, 181 ; F (...)
  • 432 Thomsen 1957-1961, III, p. 259 ; Crawford 1974, I, p. 37 ; Crawford 1982, p. 98.
  • 433 Liv. 4, 45, 2 ; 4, 60, 6 ; 10, 46, 5, 12 et 14.
  • 434 Pour le tributum de 406 : Clerici 1943, p. 436 ; Ogilvie 1965, p. 623 ; Gatti 1970, p. 133 ; Gabba (...)
  • 435 Plin. nat. 33, 42 : populus Romanus ne argento quidem signato ante Pyrrhum regem deuictum usus est (...)
  • 436 Varro ling. 5, 183 : Per trutinam solui solitum : uestigium etiam nunc manet in aede Saturni, quod (...)
  • 437 Varro ling., 5, 182 ; Fest. p. 379 L. et Paul Fest. p. 379 L. Cf. Dig. 50, 16, 27 (Ulp.).
  • 438 Plin. nat. 33, 43. Le terme stipendium doit étymologiquement avoir fait référence à du métal pesé  (...)
  • 439 Plin. nat. 18, 15 et 34, 21.
  • 440 Cf. également Liv. 5, 25, 5, conlatio stipis, à propos de la dîme d’Apollon.
  • 441 Desnier 1987, p. 222-224, à partir de Varro ling. 5, 182. Sur les aspects idéologiques de la stips(...)
  • 442 Zeggio 2016, p. 169-172.
  • 443 Desnier 1987, p. 226 et 229-230.

122Les auteurs latins évoquent principalement des paiements en bronze, ce qui montre qu’ils avaient gardé mémoire de la spécificité romaine des Ve-IVe siècles av. J.-C. L’unité dans laquelle étaient évalués ces versements est le plus souvent nommée aes431 : il faut vraisemblablement comprendre un poids d’une livre de bronze432. Tite Live adjoint parfois au mot aes le qualificatif graue433. Les commentateurs434 traduisent généralement aes graue par « as libral » et estiment que le Padouan rapportait à tort l’usage de la monnaie de bronze aux Ve et IVe siècles av. J.-C. Toutefois, la désignation des as coulés par l’expression aes graue est moderne, et rien n’assure que Tite Live voulait par ces mots faire référence à des pièces. Le « bronze lourd » pourrait faire allusion aux opérations de pesée auxquelles il avait été soumis à son entrée ou à sa sortie de l’Aerarium435. On sait d’ailleurs par Varron436 qu’au Ier siècle av. J.-C. encore, une balance était conservée dans l’aedes Saturni. Il s’agissait peut-être d’un fossile d’un état proto-républicain du Trésor Public. Le second terme utilisé par les auteurs latins est stips. Varron et Festus postulent un lien étymologique entre stips et stipendium437, et Pline l’Ancien définit le stipendium comme « le poids d’une stips »438. Le même auteur439 évoque la collecte effectuée au profit de L. Minucius en 438 av. J.-C. par l’expression stipe conlata440. Le terme stips, qui renvoyait aux offrandes déposées dans les trésors des sanctuaires, ne paraît à l’origine pas avoir désigné obligatoirement une monnaie441. Il semblerait qu’on puisse le rapprocher des objets métalliques mis au jour dans les dépôts votifs442. J.-L. Desnier443 pense que la racine *stip- a le sens de « qui a été établi par contrat » et que la stips était une unité de valeur garantie par les pouvoirs publics.

Une hypothèse sur les attributions initiales de l’Aerarium

123Dès lors, que déduire des données rassemblées jusqu’à présent sur la mise en place et les attributions primitives de l’Aerarium ?

  • 444 Varro ling. 5, 183 : Ab aere aerarium appellatum ; Plin. nat. 34, 1 : Proxime dicantur aeris metal (...)

124Les auteurs antiques voyaient dans le mot Aerarium un dérivé d’aes444 : pour eux, le Trésor Public était donc un endroit où l’on conservait du bronze, un peu comme un arsenal (armarium) était le lieu où l’on entreposait des armes.

  • 445 Gagé 1976, p. 226 et 239.
  • 446 Mazzei 2005, p. 24, 33, 35-36, 59, 65 a proposé de voir dans les objets métalliques accumulés dans (...)
  • 447 Aberson 1994, p. 99-100. Thulin 1921, col. 219 souligne les liens de Saturne et de Lua, déesse à l (...)
  • 448 On pense ici au financement des jeux, évoquée par Serv. georg. 3, 18. La documentation épigraphiqu (...)

125Ce dépôt de bronze présentait la particularité d’être placé dans un temple. Le fait qu’on ait pu désigner par le mot stips les entrées et les sorties de l’Aerarium souligne la dimension sacrée qui dut être celle du Trésor Public romain à l’origine. J. Gagé445, qui avait relevé la mention récurrente des collationes stipis dans les textes évoquant la Rome archaïque, y voyait la trace d’une très ancienne solidarité de type religieux, qui aurait uni les membres de la communauté civique romaine. L’usage de thésauriser du bronze dans un sanctuaire paraît avoir été initialement lié, dans la culture latiale et plus spécifiquement dans la culture romaine, à trois types d’activités, le dépôt d’offrandes par les fidèles dans les trésors des temples446, la consécration de la partie la plus précieuse du butin pris à l’ennemi447, et peut-être la remise aux sanctuaires des sacramenta. Il serait, dans cette optique, logique que ces dépôts aient été initialement utilisés pour les besoins des temples eux-mêmes, en finançant par exemple la célébration de cérémonies cultuelles448.

  • 449 Gagé 1976, p. 236.
  • 450 Pouthier 1981, p. 98 ; Miano 2015, p. 110.
  • 451 Degrassi 1963, p. 198-199 ; Miano 2015, p. 109. Varro ling. 6, 22 ; Macr. sat. 1, 10, 18.
  • 452 Macr. sat. 1, 10, 19 et Fest. p. 202 L. D.H. 3, 32, 4 attribue à Tullus Hostilius le vœu d’instaur (...)
  • 453 Pouthier 1981, p. 22, 25 et 105-112 liait Ops à la richesse et la bonne conservation des récoltes  (...)
  • 454 Le Glay 1966, p. 453, 456, 464 ; Guittard 1976, p. 53 ; Pouthier 1981, p. 125-126. Cf . Fest. 202  (...)
  • 455 Versnel 1993, p. 101, 104 et 107.
  • 456 Coarelli 1976-1977, p. 374 ; Coarelli 1983-1985, I, p. 208-225.
  • 457 Versnel 1993, p. 106-107. Voir aussi Magdelain 1990, p. 184-185, qui souligne la dénomination du m (...)
  • 458 L’idée est de Warde Fowler 1920, p. 25-26.

126J. Gagé449 estimait qu’une complémentarité fonctionnelle avait très tôt lié les stipes du Capitole à celles de l’aedes Saturni. Les premières auraient constitué une sorte de réserve à laquelle on ne touchait pas, tandis que les secondes étaient destinées au financement des besoins de la communauté. Si l’on admet cette idée, deux questions se posent : pourquoi les ressources du temple de Saturne en particulier auraient-elles été orientées vers les dépenses collectives profanes, et à partir de quand le sanctuaire reçut-il cette affectation ? Comme on l’a vu, les dépenses publiques étaient extrêmement limitées dans la Rome d’avant la première Guerre punique. Entre la fondation de la République et la fin du Ve siècle av. J.-C., on n’a mention que de sorties ponctuelles et souvent mineures. Les plus anciennes et les seules qui pourraient avoir été relativement récurrentes étaient les frais engagés pour assurer le ravitaillement des citoyens, lors des crises frumentaires. Or, il y avait une proximité topographique, sur le Forum, entre les lieux de culte archaïques de Saturne et d’Ops450. Cette contiguïté se traduisait également dans le calendrier rituel, puisque les Fasti Amiterni indiquent que les Opalia se célébraient le 19 décembre, tandis que les Saturnales tombaient le 17451. Le lien des deux divinités était justifié par un mythe qui faisait d’Ops l’épouse de Saturne452. Ops était l’Abondance divinisée453 ; Saturne lui-même était initialement le dieu de « la puissance de la terre »454 ou de l’ouverture des réserves de blé455. F. Coarelli456 et H. S. Versnel457 ont postulé un lien entre Saturne et le mundus du Forum, et supposé que ce dernier ait été originellement un silo collectif458. Cette spécialisation agricole et nourricière de Saturne pourrait expliquer pourquoi on se serait tourné, pour financer le ravitaillement de Rome au Ve siècle av. J.-C., vers les trésors de l’aedes Saturni.

  • 459 Contrairement à ce qu’écrivent Pina Polo – Díaz Fernández 2019, p. 22, rien n’assure que l’aedes S (...)
  • 460 Zevi 1987, p. 125 : « Erario pubblico e bronzo pesato, commercio, annona e frumentazioni si legano (...)
  • 461 Momigliano 1969, p. 331-347 ; Nicolet 1976d, p. 46-47 ; Zevi 1993, p. 673 et 705-708 ; Coarelli 19 (...)
  • 462 Münzer 1932c, col. 1950-1955, n° 40.

127La « transformation » du temple de Saturne en caisse publique, dans le courant du Ve siècle av. J.-C.459, découla donc peut-être d’initiatives visant à assurer l’approvisionnement de la cité460. Ceci pourrait éclairer rétrospectivement le récit étiologique que nous avons pensé reconstituer et qui liait un Minucius à la dédicace de l’aedes Saturni et à la création de la questure. Les Minucii en effet, jusqu’à la construction de la Porticus Minucia, s’étaient forgés une réputation d’aristocrates nourriciers de la cité461. L. Minucius462, le premier responsable public qui aurait occupé, dans les années 440-430, une charge spécifiquement liée à l’approvisionnement, et dont l’action fut remarquable au point de justifier l’élévation d’un monument, pourrait avoir attaché son nom à la première utilisation, à des fins profanes, des réserves métalliques de l’aedes Saturni.

 

128En définitive, contrairement à l’opinion avancée par une partie de l’historiographie moderne, il ne semble pas légitime d’établir une corrélation entre l’adoption du monnayage par les Romains et la création de l’Aerarium. Avant la fin du IVe siècle av. J.-C., les paiements, qu’ils aient été effectués par les particuliers au bénéfice de la caisse civique, ou au contraire par les autorités, au profit des adjudicataires de contrats publics ou des citoyens-soldats, ont pu se faire en nature, en bronze pesé ou par des jeux d’écritures comptables. Plus généralement, s’il faut bien voir dans la mise en place connexe du tributum et du stipendium le franchissement d’un palier majeur dans l’organisation de la fiscalité et de la dépense publique romaines, cette étape a pu se dispenser de la présence de la monnaie. L’établissement de l’assiette de l’impôt de guerre ne nécessitait que l’existence d’une unité de compte, pas celle de l’outil monétaire. Par ailleurs, les travaux d’A. Burnett suggèrent que les frappes qui précédèrent l’introduction du quadrigat demeurèrent insuffisantes pour répondre aux besoins créés par l’instauration de la solde.

  • 463 Avec le versement de plus en plus régulier des différentes catégories de la praeda au Trésor et la (...)
  • 464 C’est alors que se multiplient les procès pour amende et qu’aurait été introduite la uicesima.
  • 465 Se généralisent les indemnités de guerre et les uectigalia.

129C’est plutôt une mutation dans la définition même de la collectivité civique et des objectifs qu’elle s’assignait qui aurait permis la naissance du Trésor Public à Rome. La survie de la cité, en certaines circonstances, nécessitait la mobilisation de ressources collectives ; en outre, la stabilité du régime républicain excluait qu’on laissât l’initiative individuelle satisfaire ces impératifs. L’unité de la cité et son identité politique se seraient alors en partie forgées autour de l’idée de dépense publique légitime. Les crises frumentaires du Ve siècle av. J.-C., qui contraignirent les autorités à pourvoir à l’approvisionnement des citoyens, pourraient avoir initié cette évolution. L’affectation des réserves métalliques de l’aedes Saturni aux besoins vitaux de la communauté aurait alors été déterminée par les compétences attribuées au dieu Saturne et par les liens qu’il entretenait avec Ops. Dès la seconde moitié du Ve siècle, l’accroissement continu des projets édilitaires et militaires de l’Vrbs aurait conduit à orienter vers les caisses publiques des recettes de plus en plus conséquentes. Les entrées de la cité romaine auraient alors acquis leur configuration canonique en trois étapes majeures, d’abord les dernières décennies du Ve siècle463, puis les lendemains du compromis patricio-plébéien de 367464, enfin le tournant des IVe et IIIe siècles av. J.-C.465, correspondant à la deuxième Guerre samnite.

  • 466 Covino 2011, p. 5, qui voit dans les questeurs un instrument de contrôle du consulat, souligne l’i (...)
  • 467 Liv. 4, 43, 3-5 et 4, 44, 2.
  • 468 Tac. ann. 11, 22, 4-5.
  • 469 Pour Tite Live, on aurait créé en 422-421 deux assistants supplémentaires des consuls pour les cam (...)
  • 470 Chez Tite Live, la première mention d’un questeur que l’on trouve après 421 se rapporte au context (...)
  • 471 Tite Live situe le passage à l’élection en 422-421 av. J.-C., Tacite place la première désignation (...)
  • 472 D.H. 5, 34, 4 ; 6, 96, 3-4 ; 7, 63, 2 ; 11, 46, 4.
  • 473 Liv. 3, 69, 8. Il s’agit de la plus ancienne mention, dans une source latine, de l’Aerarium comme (...)
  • 474 Liv. 4, 15, 8.
  • 475 Les quaestores parricidii, aux dires des textes qui les mentionnent, auraient agi dans le cadre de (...)
  • 476 Le seul cas potentiel concerne l’emplacement de la maison de Sp. Cassius : il est difficile de dét (...)
  • 477 Dans le même sens, Pina Polo – Díaz Fernández 2019, p. 20.

130La progressive définition des attributions questoriennes, dans cette perspective, mettrait elle aussi en lumière la charnière des années 440-420 av. J.-C466. Tite Live467 et Tacite468, avec des divergences469, placent dans la seconde moitié du Ve siècle le doublement du nombre des questeurs et la distinction de leurs compétences domi et militiae470. Les deux historiens sont par ailleurs les seules sources qui fassent état d’une modification à la même époque du mode de désignation de ces magistrats, avec le passage à l’élection471. Les activités des questeurs, durant la période précédente, coïncidaient déjà, chez Denys d’Halicarnasse, avec celles des quaestores tardo-républicains472. Chez Tite Live en revanche, c’est pour la première fois en 446 av. J.-C. que l’on voit les questeurs, lors d’un dilectus, aller chercher les enseignes militaires déposées au Trésor473 puis, en 438, procéder à la vente des biens de Sp. Maelius474. Si l’on fait abstraction des passages de Denys évoqués à l’instant, les questeurs, dans la première moitié du Ve siècle, n’apparaissent jamais que dans un contexte judiciaire475. Comme les sources ne font pas état dans ce contexte de confiscations patrimoniales qui auraient bénéficié au Trésor Public476, il me semble plus prudent d’estimer que les compétences des subordonnés des consuls s’élargirent aux finances publiques plus par l’adjonction de nouvelles attributions dans le contexte des années 440-420 que comme une conséquence de ces fonctions judiciaires477.

 

131À partir du moment où, dans les premières décennies du IIIe siècle av. J.-C., le système des finances publiques républicaines acquit ses caractères canoniques (utilisation de l’instrument monétaire et typologie des recettes et des dépenses à peu près fixée), son fonctionnement et son efficience deviennent susceptibles d’une analyse plus précise. Il convient de voir, en premier lieu, si les Romains s’avérèrent capables de mettre en place une organisation administrative susceptible d’assurer le recouvrement de l’impôt et l’exécution de la dépense publique, la conservation de la pecunia publica et ses mouvements.

Notas

1 Thomsen 1957-1961, III, p. 15, 23 et 25.

2 Burnett 1978, p. 129 ; Burnett 1989, p. 36 et 40 ; Holloway 1992, p. 227 ; Burnett 1998, p. 35-36 ; Taliercio Mensitieri 1998, p. 49 ; Vitale 1998, p. 157 ; Burnett 2012, p. 300 et 310 ; Burnett – Crawford 2014, p. 251 ; Lo Cascio 2014, p. 207.

3 Caccamo Caltabiano 1981, p. 33-36 a classé chronologiquement les monnaies napolitaines de bronze montrant au droit une tête d’Apollon et au revers un protome de taureau en fonction de la disposition de leur légende. RRC 1 devrait être rapprochée du groupe 4 de ces monnaies (le premier où la légende est à la fois en ligne droite et exprimée au génitif). Le groupe 5 se caractérise ensuite par la présence de marques alphabétiques et par le volume très important des émissions. Or, l’augmentation considérable des frappes napolitaines ne pourrait s’expliquer que par la conclusion du foedus de 326 av. J.-C. avec Rome et le besoin de solder les contingents fournis à l’Vrbs. Les monnaies RRC 1 devraient donc être datées avant 326. Burnett 1989, p. 58-61 a récusé cette typologie à partir d’un argument essentiel, l’inexistence, à ses yeux, des groupes 4 et 5 Caccamo Caltabiano, qui d’après leur poids et leurs caractéristiques ne seraient que des subdivisions de son groupe 3.

4 Pedroni 1993, p. 30-31, reprenant Mommsen 1865, III, p. 224-225.

5 Thomsen 1957-1961, III, p. 78-81 ; Crawford 1974, I, p. 131 ; Burnett 1989, p. 37 et 61 ; Catalli 2001, p. 47 et 103 ; Burnett 2012, p. 306 ; Burnett – Crawford 2014, p. 251.

6 Le poids des didrachmes romains d’argent semble avoir décru de série en série, ce qui doit renvoyer à une évolution chronologique : Thomsen 1957-1961, III, p. 61 ; Burnett 1998, p. 28.

7 Thomsen 1957-1961, III, p. 92-99 et 261, suivi dans un premier temps par Crawford 1974, I, p. 37-39 : la tête de cheval figurant au revers serait reprise à des monnaies puniques, ce qui n’aurait été envisageable que durant les phases d’amitié entre Rome et Carthage, donc au lendemain soit du traité de 306 av. J.-C., soit du traité de 278 av. J.-C. Par ailleurs, RRC 13/1 est copiée par une monnaie en bronze de Cosa qui est nécessairement postérieure à la déduction de la colonie, en 273 av. J.-C., mais ne doit avoir que quelques années d’écart avec son original romain. Il faudrait donc dater RRC 13/1 vers 280-275. Pour sa part, Hollstein 1998-1999, p. 150-155 identifie le droit de RRC 13/1 comme une représentation de Quirinus, et lie en conséquence la monnaie au consul de 293 av. J.-C. L. Papirius Cursor, qui dédia le temple de ce dieu.

8 Burnett 1978, p. 121 : dans les trésors de Valesio et de Campanie, les didrachmes napolitains enfouis avec les exemplaires de RRC 13/1 orientent vers une datation autour de 300 av. J.-C. Burnett 1998, p. 29, après Mitchell 1973, p. 101-103, 105 et 107, a ensuite invoqué le parallèle des monnaies tarentines : RRC 13/1 coïnciderait avec la période Taras V Evans ; or, le passage de Taras IV à Taras V correspondrait à l’expédition d’Alexandre le Molosse en Italie. A. Burnett a été rejoint par Crawford 1982, p. 99 ; Crawford 1985, p. 29 ; Marchetti 1993a, p. 43 et 50, n. 92.

9 Vitale 1998, p. 151 souligne que les premiers didrachmes romains sont diffusés dans les zones stratégiques pour Rome de l’époque de la troisième Guerre samnite. La chronologie du trésor de Valesio a été soit jugée impossible à préciser (Van Keuren 1986, p. 422), soit abaissée aux années 285-280 av. J.-C. (Fischer-Bossert 1999, p. 347). Garraffo 1989, p. 24 situe le début de la période Taras VI en 282-281 av. J.-C. Fischer-Bossert 1999, p. 425 date la période Taras V entre 320 et 281 av. J.-C. et en conclut qu’on ne peut écarter absolument la chronologie haute d’A. Burnett pour RRC 13/1, mais qu’il semble plus raisonnable de revenir à l’hypothèse de R. Thomsen.

10 Thomsen 1957-1961, I, p. 63-64 ; III, p. 54-55 et 61 : comme le trésor de Capoue contenait des as lourds Janus/Mercure (RRC 14/1), des as lourds Apollon/Apollon (RRC 18/1) et des didrachmes RRC 13/1, les trois catégories doivent avoir été approximativement contemporaines.

11 Thomsen 1957-1961, III, p. 71, qui relève toutefois que la conclusion à laquelle il parvient est problématique : les deuxième et troisième émissions d’as lourds (RRC 18/1 et 19/1) sont en effet plus pesantes que la première, ce qui contredit l’idée communément admise d’une progressive réduction du poids des as avec le temps.

12 Thomsen 1957-1961, III, p. 221.

13 Dig. 1, 2, 2, 30 (Pompon.), croisé avec la Per. 11, 8, a été interprété en ce sens. Voir introduction, « Les richesses de la cité » et note 32.

14 Dans un premier temps, Crawford 1974, I, p. 133-134 et 136 semble avoir repris à son compte le raisonnement de R. Thomsen, mais en faisant coïncider exactement la date des séries lourdes d’as et celle des séries lourdes de didrachmes.

15 Pedroni 1993, p. 83-91.

16 Burnett 1978, p. 129 et n. 33.

17 Datation vers 300 av. J.-C. : Burnett 1978, p. 129, suivi par Crawford 1982, p. 99 ; Marchetti 1993a, p. 50 ; Vitale 1998, p. 103-104 et 160 ; Catalli 2001, p. 105. Datation vers 280-275 av. J.-C. : Burnett 1989, p. 64, rejoignant Crawford 1985, p. 40-45.

18 Burnett – Crawford 2014, p. 251.

19 Jaia – Molinari 2011, p. 91.

20 Burnett 1989, p. 55 ; Burnett 2012, p. 310-311 ; Cornell 1989a, p. 418.

21 Mattingly 1991, p. 278 ; Parise 1998, p. 203 ; Catalli 2001, p. 103. On rapprochera de cette conception l’interprétation de Breglia 1952, p. 134 et Pedroni 1993, p. 52 et p. 160-162, pour qui le monnayage romain fut une arme destinée à concurrencer la monnaie tarentine dans les années de la Guerre de Pyrrhus.

22 Caccamo Caltabiano 1981, p. 47 ; Pedroni 1993, p. 30-31. Coarelli 2013, p. 34-36 et 53 et Coarelli 2014, p. 270 a avancé l’hypothèse que les pièces RRC 13/1 aient été émises pour payer le uectigal versé aux equites Campani (Liv. 8, 11, 16).

23 Bernard 2018a, p. 9 et 19 ; Bernard 2018b, p. 141-143 et 175-180.

24 L’option de Marchetti 1993a, p. 27, 55, 60 et 65, qui fait des didrachmes à légende Romano ou Roma des monnaies frappées par les communautés italiennes alliées des Romains, afin de pourvoir à la solde des contingents fournis à l’Vrbs, n’est pas tenable car on voit mal comment une légende monétaire pourrait ne pas renvoyer à la cité émettrice. Les dépenses militaires financées par les émissions monétaires pourraient avoir consisté dans la solde des légions (Breglia 1952, p. 25 ; Pedroni 1993, p. 52 ; Marchetti 1993a, p. 28), les dépenses navales (Burnett 1978, p. 141-142 ; Burnett 1989, p. 50 ; Crawford 1985, p. 38 ; Holloway 1992, p. 228 et 233 ; Coarelli 2013, p. 145), ou les achats de fournitures militaires (Burnett 1978, p. 141-142 ; Pedroni 1996b, p. 68).

25 Crawford 1982, p. 99 ; Crawford 1985, p. 29 ; Jaia – Molinari 2011, p. 93 ; Coarelli 2013, p. 144-145.

26 Burnett 1978, p. 124 ; Burnett 2015, p. 821 ; Crawford 1985, p. 47 ; Pedroni 1995, p. 220-222 ; Pedroni 1996a, p. 17.

27 Pedroni 1996b, p. 65.

28 Mommsen 1889-1896, VII, p. 351.

29 Liv. 2, 5, 9 ; D. H. 5, 13, 1.

30 Une autre traduction française est disponible dans Scheid 2012, p. 60.

31 Cf. Plu. Publ. 11, 3.

32 Boulogne 2002, p. 105.

33 Calpurnius Pison : Flacelière – Chambry – Juneaux 1957-1983, II, p. 53-54 ; Valerius Antias : Soltau 1905 (non vidi) ; Flacelière – Chambry – Juneaux 1957-1983, II, p. 53-54 ; Alfisi 1974-1975, p. 10-11 ; Affortunati – Scardigli 1992, p. 119 ; Denys : Flacelière – Chambry – Juneaux 1957-1983, II, p. 53-54 ; Gabba 2000, p. 197.

34 Alfisi 1974-1975, p. 11-12.

35 Delvaux 1989, p. 135-138. Fenestella semble être mort sous le règne de Tibère ; il avait écrit un ouvrage historico-philologique dont la section consacrée à l’époque royale est citée par Sen. epist. 108, 31. Sur le personnage, Wissowa 1909, col. 2177-2179 ; Accornero 1978, p. 43-45, 54-55, 58, 66-67 ; Marshall 1980, p. 349-351 ; Cornell 2013, I, p. 489-496 (A. Drummond).

36 Alfisi 1974-1975, p. 14.

37 Rotondi 1912, p. 191 ; Flach 1994, p. 68-69, n° 12.

38 Plu. Publ. 9, 4.

39 Plu. Publ. 12, 5-6.

40 La construction du temple serait soit antérieure, soit concomitante à la création du Trésor Public.

41 La création de la questure du Trésor suppose que le Trésor existe déjà ou vient d’être créé.

42 Les sources sont commodément rassemblées par Pensabene 1984, p. 13-15 et Coarelli 1999a, p. 234-236.

43 Liv. 2, 19, 3-2, 20, 13.

44 Liv. 2, 21, 3.

45 Je m’en suis tenue aux chapitres 1-33 du livre II, estimant, à la suite de Soltau, que la première sécession de la plèbe fermait la première phase des débuts de la République.

46 Liv. 2, 8, 5 ; 2, 18, 5 ; 2, 33, 3. Calpurnius Pison est cité en 2, 32, 3, mais pour écarter sa version de la première sécession plébéienne.

47 Soltau 1897, p. 147. L’argument est essentiellement que Liv. 2, 18, 6 mentionne la tradition qui faisait du premier dictateur romain un Valerius : toutefois, le raisonnement ne paraît pas tenable, puisque Tite Live repousse précisément cette version.

48 Ogilvie 1965, p. 272, 276, 284, 286 ; Musti 1970, p. 116 : comme la création de la dictature est liée à la bataille du Lac Régille et que Tite Live suit Licinius Macer pour la chronologie de cet événement, Macer doit également être la source de Tite Live sur le premier dictateur.

49 D.H. 5, 47, 2 et 5, 74, 4 (sur l’invention de l’ouatio et sur l’origine albaine de la dictature : la seconde fois, c’est pour ne pas suivre Licinius Macer).

50 Musti 1970, p. 116 et 119 ; Mora 1999, p. 25-26 (pour qui l’annaliste Gellius aurait été la source de Licinius Macer).

51 Mora 1999, p. 24-26 semble raisonner sur la base du « principe gentilice » (les annalistes mettraient en valeur des personnages historiques qui portaient le même nomen qu’eux). Toutefois, dans le cas de Postumus Cominius, Postumus ne peut être compris comme un gentilice.

52 Chassignet 1999a, p. XLIX-LI, et frg. 25 (= 24 P. = 25 Beck-Walter = 27 Cornell). Cn. Gellius paraît avoir écrit dans la seconde moitié du IIe siècle av. J.-C. Rawson 1976, p. 713-717 ; Chassignet 1999b, p. 85-87 ; Cornell 2013, I, p. 252-255 (J. Briscoe).

53 Cardauns 1976, p. 50, frg. 73. Le traité varronien remonte aux lendemains de Pharsale (Lehmann 1997, p. 160).

54 Enn. ann. I, XXIII Vahlen = XVIII Skutsch = XIX Flores.

55 Walt 1997, p. 85-87 ; Chassignet 2004, p. LVIII.

56 À moins que Gellius n’ait évoqué plusieurs étapes de l’histoire édilitaire de l’aedes Saturni.

57 Liv. 2, 18, 5.

58 Pour D.H. 5, 73, 1, c’est en l’An 11, qui est toujours une année où T. Larcius fut consul.

59 Lanciani 1985, p. 257 ; De Ruggiero 1913, p. 155 ; Lugli 1947, p. 30.

60 Gjerstad 1962, p. 757-762.

61  Gjerstad 1962, p. 760 et 762 identifie le roi L. Tarquin évoqué par Macrobe avec Tarquin l’Ancien, alors que D.H. 6, 1, 4 suggère qu’il s’agit plutôt de Tarquin le Superbe.

62 Gjerstad 1962, p. 758-759 : Tite Live et Denys évoquent une dédicace effectuée par les consuls de l’année 497 av. J.-C. ; Varron, cité par Macrobe, parle du dictateur T. Larcius. Or, Tite Live datait la dictature de T. Larcius de 501 av. J.-C., D.H. 5, 71, 2 de 498. La tradition concernant le temple de Saturne permettrait d’attribuer la dictature de T. Larcius à l’année 497.

63 Platner – Ashby 1929, p. 463 ; Coarelli 1976-1977, p. 356-375 ; Coarelli 1983-1985, I, p. 206 ; Coarelli 1999a, p. 234 ; Guittard 1976, p. 63 ; Guittard 1983, p. 31 ; Richardson 1980, p. 51-52 ; Pensabene 1984, p. 9 ; Maetzke 1991, p. 58 ; Richardson 1992, p. 343.

64 Pour une présentation synthétique assortie de la bibliographie, Cifani 2008, p. 109 et 111.

65 Catalano et al. 2001, p. 188.

66 Nörr 1976, p. 531.

67 Urso 2005, p. 41 et 165.

68 Urso 2016, p. 145. Une anticipation de cette idée se trouve déjà chez Schwegler 1867-1870, II, p. 134.

69 Urso 2005, p. 163-193 : dans les livres de Dion Cassius sont insérées des « fiches » sur la création et les développements des magistratures romaines. Comme Dion ne dit mot des magistratures créées sous l’Empire, sa source doit être républicaine. La critique de César présente dans le passage portant sur la dictature permettrait de dater plus précisément cette source du second Triumvirat. A priori, on pourrait penser à Trebatius Testa ou à Aelius Tubero, mais comme le premier était proche de César, il vaut mieux opter pour le second. On relèvera toutefois que pour Dell’Oro 1960, p. 8, l’ouvrage de Tubero ne concernait que les fonctions de sénateur (cf. Gell. 14, 7, 13 et 14, 8, 2).

70 Sur Pomponius, Nörr 1976, p. 497-604. Bretone 1984, p. 209-283. Le texte que l’on a au Digeste, selon toute vraisemblance, n’est pas directement de Pomponius, mais d’un épitomateur post-classique.

71 Bretone 1970, p. 182, repris dans Bretone 1984, p. 283.

72 Schulz 1946, p. 169.

73 Bretone 1970, p. 177-182, repris dans Bretone 1984, p. 275-283. Stolfi 2002, p. 277-289 croise les hypothèses de F. Schulz et M. Bretone.

74 Nörr 1976, p. 518-523 pour Varron, p. 527- 529 pour le De iure ciuili cicéronien.

75 Nörr 1976, p. 531-532.

76 Sur le genre constitué par les libri de officio, Schulz 1946, p. 242-247 ; Dell’Oro 1960, notamment p. 98-101 pour le De officio quaestoris d’Ulpien.

77 Riba 1919, col. 1039, n° 79 ; Wissowa 1919, col. 1031-1033, n° 68, qui suppose qu’il s’agit du même ouvrage que les Commentarii M. Iunii cités par Varro ling. 6, 95 ; Dell’Oro 1960, p. 4 et 6 ; Zucchelli 1975, p. 119-125 ; Rankov 1987, p. 90 ; Sehlmeyer 2003, p. 164-165.

78 Sonnet 1936, col. 2251-2261, n° 7 ; Dell’Oro 1960, p. 9 ; Nicolet 1966-1974, II, p. 1043-1044, n° 350 ; Taylor 1968, p. 474-475 ; Bauman 1985, p. 123-136 ; Demougin 1988-1992, II, p. 96, n° 90 ; D’Orta 1984, p. 949-961 ; D’Orta 1990 ; D’Orta 1993, p. 283-287 et 294.

79 Dell’Oro 1960, p. 9.

80  Caimi 1984, p. 122-124 ; Wallinga 1992, p. 359-380 ; Mazza 2004, p. 220 ; Dubuisson - Schamp 2006, p. XXXI.

81 Caimi 1984, p. 151-160 ; Dubuisson – Schamp 2006, p. CLXXXIII.

82 Caimi 1984, p. 161-172 résume les hypothèses possibles sur la base de la bibliographie antérieure (erreur de Jean le Lydien, utilisation de Gaius par Pomponius, utilisation par Jean le Lydien d’un manuel dont circulaient deux versions, l’une attribuée à Gaius et l’autre à Pomponius. Cette dernière option, avancée par A. D’Ors, est critiquée par Bretone 1984, p. 222).

83 Bandy 1983, p. 274 ; Caimi 1984, p. 172 ; Cloud 1998, p. 99 et 107 (qui corrige ce qu’il affirmait dans Cloud 1971, p. 19-23) ; Urso 2005, p. 40, n. 8 ; Humbert 2018, p. 688-689. Il me semble que Dubuisson - Schamp 2006, p. CLXXXV ont commis une erreur d’inattention lorsqu’ils qualifient 1, 26, 2-3 de citation d’Ulpien.

84 Les flèches indiquent l’utilisation certaine d’un auteur par un autre, les pointillés une probable dérivation.

85 Pina Polo – Díaz Fernández 2019, p. 10-19.

86 Becker 1843-1867, II/2, p. 328 ; Petry 1845, p. 11 ; Wagner 1848, p. 1 ; Zumpt 1865-1869, I/1, p. 52 ; Schwegler 1867-1870, II, p. 131 ; Willems 1872, p. 258 ; Willems 1880, p. 297 ; Lange 1876-1879, I, p. 385.

87 Mommsen 1889-1896, IV, p. 221-224, synthétisé dans Mommsen 1893, p. 180.

88 Cic. rep. 2, 62 ; D.H. 10, 56, 2.

89 Mispoulet 1882-1883, I, p. 125 ; De Sanctis 1907-1957, I, p. 417.

90 Jones 1972, p. 34 ; Tondo 1973, p. 136 ; Garofalo 1985, p. 422, n. 36 ; Amirante 1987, p. 86 et 88 ; Lassen 1992, p. 149 ; Kunkel 1995, II, p. 510. Pour les quaestores parricidii en particulier, Karlowa 1885-1901, I, p. 57-58 ; De Francisci 1959, p. 619 ; Giuffrè 1989, p. 38-39 ; Santalucia 1979a, p. 109 ; Santalucia 1994, p. 13, 110, 155 et n. 30 ; Santalucia 1998, p. 21 ; Giovannini 1984, p. 26 ; Lintott 1999, p. 134 ; Covino 2011, p. 1-2 ; Falcon 2020, p. 101.

91 Fest. p. 247 L. : Parrici[di] quaestores appellabantur, qui solebant creari causa rerum capitalium quaerendarum. Nam parricida non utique is, qui parentem occidisset, dicebatur, sed qualemcumque hominem indemnatum. Ita fuisse indicat lex Numae Pompili regis his composita uerbis : ‘Si qui hominem liberum dolo sciens morti duit, paricidas esto’. Fest. p. 310 L., pour lequel Mommsen 1889-1896, IV, p. 237, suivant Godefroy, proposait la restitution suivante : quaestores [primum creabantur quaerendis rebus] capitalibus, unde [in XII tabulis quaestores parri]cidi appellantur. Crawford 1996, II, p. 702 souligne que cette restitution est très aléatoire.

92 Becker 1843-1867, II/2, p. 335.

93 Varro ling. 5, 81.

94 Becker 1843-1867, II/2, p. 329-330 : comme les questeurs existaient à l’époque royale et que les sources n’évoquent, pour cette période, d’autres fonctions judiciaires que celles des duumuiri perduellionis, il fallait en conclure que les quaestores parricidii se confondaient avec ces derniers. Ceci expliquerait que le procès de Sp. Cassius (en 486 av. J.-C.) soit décrit par les auteurs antiques indifféremment comme un procès questorien ou comme une procédure de perduellio conduite par des duumvirs.

95 Becker 1843-1867, II/2, p. 333 et 335.

96 Becker 1843-1867, II/2, p. 335.

97 Zumpt 1865-1869, I/1, p. 73 et 76-77.

98 Financières pour les premiers, judiciaires pour les seconds.

99 Zumpt 1865-1869, I/1, p. 74 : Plu. Publ. 2, 3, lorsqu’il décrit la création des questeurs du Trésor, indique qu’ils devaient être choisis parmi les jeunes gens. Or, l’un des questeurs qui instruisirent le procès de M. Volscius en 458 av. J.-C., T. Quinctius Capitolinus (Liv. 3, 25, 3), avait déjà été trois fois consul.

100 Zumpt 1865-1869, I/1, p. 75-76 : on peut comprendre le texte de Zonaras comme disant que les questeurs financiers se confondaient avec les questeurs judiciaires, mais il faut préférer une lecture univoque de toutes les sources.

101 Mommsen 1889-1896, IV, p. 237 et n. 2.

102 Dig. 1, 2, 2, 22 (Pompon.).

103 Liv. 4, 43, 3.

104 Lange 1876-1879, I, p. 385-387, 665 et 881 ; Karlowa 1885-1901, I, p. 256-257 ; Mispoulet 1882-1883, I, p. 127 ; De Sanctis 1907-1957, I, p. 418 ; Bonfante 1923, I, p. 90 ; Arangio Ruiz 1937, p. 97.

105 Latte 1936, p. 24-28 notamment.

106 Heuss 1944, p. 112 ; Kaser 1950, p. 78 ; Bleicken 1955, p. 112, n. 1 ; Cloud 1971, p. 19 et 25-26 ; Lintott 1972, p. 235 ; Kunkel 1995, II, p. 511-512 et 523 (qui envisage toutefois l’éventualité que les questeurs urbains se soient occupés de procès capitaux avant la fin du IIIe siècle av. J.-C.) ; Lintott 1999, p. 134 ; Cloud 2003, p. 107 ; Covino 2011, p. 1. Ont repris cette thèse, en Italie, Guarino 1981a, p. 213 ; en Russie, Dementyeva 2009.

107 Staveley 1954, p. 425 ; Santalucia 1979a, p. 112 ; Garofalo 1989, p. 19-23 ; Càssola – Labruna 1991, p. 130 ; Muñiz Coello 2014, p. 511 ; Falcon 2020, p. 99. Thomas 1981, p. 661-663 soulignait qu’aucune source ne soutient que les quaestores parricidii poursuivaient les homicides volontaires. Varron et Festus (p. 247 L.) sont par ailleurs les seules sources qui déclarent que les questeurs avaient compétence sur les procès capitaux. Y. Thomas en concluait que les quaestores parricidii devaient être spécialisés dans les parricides au sens strict.

108 Mispoulet 1882-1883, I, p. 125 concluait pour sa part à un non liquet.

109 Mommsen 1889-1896, IV, p. 244 ; Karlowa 1885-1901, I, p. 256 ; apparemment Bonfante 1923, p. 40 ; Muñiz Coello 2014, p. 503, 514 et 537.

110 Becker 1843-1867, II/2, p. 333 et 336 ; Petry 1845, p. 11 et 35 ; Wagner 1848, p. 12 et 21 ; Lange 1876-1879, I, p. 387 ; Karlowa 1885-1901, I, p. 256 ; De Sanctis 1907-1957, I, p. 419 ; De Martino 1972-1975, I, p. 287 ; Jones 1972, p. 34 ; Amirante 1987, p. 88 ; Santalucia 1979a, p. 111 ; Càssola – Labruna 1991, p. 130.

111 Karlowa 1885-1901, I, p. 257, suivi par G. De Sanctis, F. De Martino, B. Santalucia, F. Càssola et L. Labruna (références à la note précédente) ; Falcon 2020, p. 100 et 102. Amirante 1987, p. 88 avance une hypothèse un peu comparable, en voyant dans la confiscation des biens de l’incensus l’origine de l’Aerarium.

112 Zumpt 1865-1869, I/1, p. 65, 73 et 77 ; Palmer 1970, p. 240 ; Tondo 1973, p. 136 ; Covino 2011, p. 5.

113 Wagner 1848, p. 22 ; Schwegler 1867-1870, II, p. 137 et 139 ; Latte 1936, p. 32-33 ; Kunkel 1995, II, p. 512 ; Stewart 1998, p. 30 et 69.

114 Coli 1956, p. 191 ; Martino 1972-1975, I, p. 287.

115 Liv. 4, 43, 3.

116 On peut déduire de leur opposition sur les modalités de la désignation des questeurs que M. Iunius Gracchanus n’est pas la source de Tacite.

117 Madvig 1881-1882, I, p. 440.

118 On retrouverait cette conception dans le discours de Canuleius chez Liv. 4, 4, 3.

119 Pomponius, sur ce point, peut être rapproché de Plutarque, pour qui la questure, comme la prouocatio, étaient des limites apportées à l’imperium. Ceci explique aussi sans doute pourquoi il précisait que les quaestores parricidii étaient élus.

120 Zonaras concorde donc avec Plutarque (voir infra).

121 Varro ling. 5, 81.

122 Macr. sat. 1, 8, 1.

123 Dig. 1, 13, 1.pr. (Ulp.).

124 Chassignet 1999a, p. XIII, à la suite de Peter, Cichorius et Schanz-Hosius, refuse d’attribuer à Hemina un traité De censoribus. Sur Hemina, Scholz 1989, p. 167-181 ; Forsythe 1990, p. 326-344 ; Santini 1995, p. 11-38 ; Chassignet 1998, p. 321-335 ; Chassignet 1999a, p. IX-XVI.

125 Sur Tuditanus, Cichorius 1902, p. 588-595 ; Münzer 1921b, col. 1442 notamment, n° 92 ; Chassignet 1999a, p. XXVIII-XXXIII ; Sehlmeyer 2003, p. 163-164. J’écarte Gellius, dans la mesure où il semble avoir développé une option différente sur la création du temple de Saturne. D’Orta 1993, p. 284-286.

126 Wissowa 1919, col. 1032-1033, n° 68, suivi par Zucchelli 1975, p. 123 et Rankov 1987, p. 90.

127 Plu. Publ. 12, 3 ; Münzer 1932a, col. 1942, n° 17. 

128 Liv. 2, 21, 1 ; D.H. 6, 1, 4 ; Münzer 1932b, col. 1945-1946, n° 32.

129 RRC 242/1 et 243/1 : Wiseman 1996, p. 57-74 ; Evans 2011, p. 659-660, qui envisage également l’hypothèse d’un monument honorifique pour le consul de 458 L. Minucius, associé à une représentation du dieu Consus.

130 Münzer 1932a, col. 1942, n° 17 : chez Plu. Publ. 3, 3, un C. Minucius est le premier priuatus à prendre la parole dans une contio, en 509, d’ailleurs sur un argument financier.

131 Gagé 1966, p. 118-119 ; Gagé 1976, p. 247.

132 Magdelain 1973, p. 409 = Magdelain 1990, p. 504.

133 Voir infra, « Les contributions de guerre : tributum ex censu et impôt acquitté par les uiduae et les orbi ».

134 Clerici 1943, p. 411 ; Gatti 1970, p. 134 et n. 27 ; Cloud 2003, p. 119.

135 Clerici 1943, p. 408.

136 Coudry 2009a, p. 21-79, et plus particulièrement p. 23-32.

137 Coudry 2009a, p. 29-30 ; Östenberg 2009, p. 61.

138 Où cela reste un projet.

139 En 495, 494, 493, 492, 481, 478, 469, 459, peut-être 449, 427 av. J.-C.

140 Des ventes de prisonniers de guerre à Rome sont évoquées en 503 et 495, puis en 389, 385, 356, 347 et 293 av. J.-C. Garcia Morcillo 2008, p. 157.

141 En 509, 496, 495 ?, 449, 396, 389, 368, 309 et 293 av. J.-C. Tagliamonte 2006, p. 266 suppose que les armes récupérées dans les temples pour armer les troupes romaines au lendemain de Cannes pourraient avoir été originellement des spolia capturés sur les Samnites.

142 En 389, 368 et 293 av. J.-C.

143 En 410 et 396 av. J.-C.

144 En 503, 462, 389, 347 av. J.-C.

145 La remise du tributum aux citoyens en 503, 306 et 283 av. J.-C. ; peut-être des dépenses cultuelles en 496 av. J.-C. ; le remboursement aux matrones romaines de l’or offert à la cité en 389 av. J.-C.

146 D.H. 5, 49, 2 ; D.H. 8, 82, 1 ; App. Sam. 4, 1 ; Liv. 10, 31, 3 ; Liv. 10, 46, 10 ; peut-être Liv. 10, 46, 5. Prachner 1995, p. 1-40.

147 Liv. 10, 46, 10.

148 Fernandez Nieto 1989, p. 383-385 ; Ñaco del Hoyo 2003, p. 28-46 ; France 2007a, p. 340-341 = France 2017, p. 459 ; Ungern-Sternberg 2009, p. 247-264.

149 D.H. 8, 68, 3 ; D.H. 9, 17, 1 ; D.H. 9, 36, 2 ; Liv. 2, 54, 1 ; D.H. 9, 59, 4 ; Liv. 5, 27, 15 ; Liv. 5, 32, 5 ; Liv. 8, 2, 4 ; Liv. 8, 36, 11 ; Liv. 9, 41, 7 ; Liv. 9, 43, 6-7 et 9, 43, 21 ; Liv. 10, 5, 12 ; Liv. 10, 46, 12.

150 D.H. 8, 68, 2 ; Plu. Cam. 10, 8 ; Liv. 10, 37, 5 et Zonar. 8, 1 ; Liv. 10, 46, 12 ; Zonar. 8, 6.

151 En 394 (Liv. 5, 27, 15), le versement de l’indemnité de guerre permet d’éviter la levée du tributum. En 322 (App. Sam. 4, 1), une ambassade samnite se rend à Rome pour racheter ses prisonniers : il serait vraisemblable que l’or versé à cette occasion ait été déposé au Trésor. Pour 294, le texte de Zonar. 8, 1 va explicitement dans ce sens. 

152 Liv. 8, 36, 11 ; 9, 43, 6 ; 10, 5, 12 ; 10, 37, 5 ; 10, 46, 12 utilise le terme de pactio.

153 Liv. 9, 41, 7.

154 D.H. 5, 49, 2 et 8, 82, 1. Les mentions, chez Denys d’Halicarnasse, d’indemnités de guerre au début du Ve siècle av. J.-C. doivent soit renvoyer à une phase où les Romains exigeaient des prestations en nature de leurs ennemis (par exemple le ravitaillement de leurs troupes), soit être de simples rétroprojections de réalités ultérieures.

155 App. Sam. 4, 1 ; Liv. 10, 31, 3 ; Liv. 10, 46, 10.

156 Liv. 4, 27, 15 et Plu. Cam. 10, 8 ; Liv. 10, 37, 5 et Zonar. 8, 1 ; Liv. 10, 46, 12 ; Zonar. 8, 6. Comme l’avait noté Crawford 1976, p. 205 et Crawford 1985, p. 23, le récit livien se montre sur ce point extrêmement cohérent, puisqu’il commence à faire état d’indemnités de guerre utilisées pour le financement de la solde dix ans après l’introduction de cette dernière, qu’il situe lors du siège de Veii (Liv. 4, 59-60).

157 Catalli 1990, p. 101-104 et 115 : une série à la roue porte au revers un motif de cratère qui évoque les exemplaires céramiques du IVe siècle av. J.-C. Dans les séries velsu, un revers orné d’un taureau rappelle certaines pièces campaniennes datées du IVe siècle.

158 D.H. 5, 20, 1 ; Plu. Publ. 12, 3-4. Selon Liv. 1, 43, 13 et D.H. 4, 19, 1, le tributum ex censu aurait été inventé par Servius Tullius. Cic. rep. 2, 40 dit seulement que les adsidui étaient des contribuables.

159 D.H. 4, 43, 2.

160 D.H. 5, 47, 1 ; D.H. 6, 22, 1 ; Liv. 2, 23, 5 et Zonar. 7, 14 ; Sall. hist. 1, 11 M.

161 Richard 1978, p. 499 et 540 ; Cornell 1995, p. 266-267 souligne la difficulté de cette reconstruction (le tributum ne devait pas exister à cette époque).

162 D.H. 8, 73, 3 et 5. Les échos gracchiens de ce passage ont été mis en évidence par Gabba 1964, p. 35-36 et Gabba 1974, p. 135-137.

163 Il s’agit du fameux épisode des Fabii à la Crémère (Liv. 2, 48, 5-2, 50, 11 ; D.H. 9, 15, 2 ; Eutr. 1, 16, 1).

164 Liv. 4, 36, 2.

165 Liv. 4, 59, 11-4, 60, 8 ; D.S. 14, 16, 5, qui situe les faits sous le tribunat consulaire de P. Cornelius, N. Fabius et L. Valerius, se montre très elliptique.

166 Flor. epit. 1, 12, 8 met pour sa part l’accent sur l’allongement de la durée des campagnes résultant du siège de Veii.

167 Liv. 5, 10, 5 ; 5, 12, 7 ; 6, 31, 4 ; 10, 46, 6 ; Zonar. 8, 3 ; Plin. nat. 34, 25 ; D.H. 19, 16, 3.

168 Marquardt 1888, p. 208 ; Walter 1860, I, p. 268 ; De Sanctis 1907-1957, I, p. 357 ; Mohr Mersing 2007, p. 231 n’excluent pas l’existence d’une contribution de guerre dès l’époque royale.

169 Clerici 1943, p. 427 et 449, n. 5 ; De Martino 1972-1975, I, p. 213-214 ; Nicolet 1976b, p. 22 ; Crawford 1976, p. 205 ; Gabba 1977, p. 16 ; Marchetti 1977, p. 114-115 ; Richard 1983, p. 190 ; Cornell 1995, p. 267.

170  Becker 1843-1867, II/2, p. 73 ; Marquardt 1888, p. 115 ; De Sanctis 1907-1957, II, p. 140-141 ; Clerici 1943, p. 408 et 434 ; Rawson 1971, p. 29 ; Crawford 1976, p. 204 ; Gabba 1975, p. 145 ; Gabba 1977, p. 15 et 24 ; Fraccaro 1956-1975, IV, p. 59 ; Ogilvie 1976, p. 152 ; Boren 1983, p. 428 et 432 ; Massa-Pairault 1986, p. 40 ; Cornell 1989b, p. 301 ; Storchi Marino 1993, p. 240.

171 Fest. p. 71 L., 95 L., 247 L. ; Cato orat. frg. 68-69, ap. Prisc. gramm. II, p. 318-319 H. ; Varro ling. 8, 71 ; Gaius inst. 4, 27.

172 Fest. p. 91 L. ; Gaius inst. 4, 27.

173 Liv. 1, 43, 9.

174 Le Dig. 50, 16, 242, 3 indique que Labeo comprenait dans cette catégorie non seulement les veuves, mais les femmes célibataires. Marquardt 1888, p. 219 voyait dans les sommes payées par les uiduae le tributum in capita mentionné par Fest. p. 500 L.

175 Cic. rep. 2, 36.

176 Plu. Cam. 2, 4-5.

177 Mommsen 1889-1896, VI/1, p. 290, n. 2. Oakley 1997-2005, II, p. 386 développe une variante de l’interprétation de Mommsen : l’aes equestre aurait au départ été financé par le Trésor Public, puis on aurait affecté cette dépense aux orphelins.

178 Kubitschek 1893, col. 682.

179 Hill 1952, p. 11.

180 Belot 1866, I, p. 143 et 147 ; Lange 1876-1879, I, p. 550 ; Becker 1843-1867, II/1, p. 251.

181 On n’aurait donc pas de renseignement sur l’origine des fonds dépensés par le Trésor pour l’aes equestre, à moins de tirer de Fest. p. 508 L. l’idée que c’était le tributum qui servait à cet effet.

182 Nicolet 1966-1974, I, p. 40 tire de Fest. p. 508 L. l’idée qu’à partir d’un certain moment, l’aes equestre fut financé par l’ensemble des contribuables.

183 Mommsen 1889-1896, VI/1, p. 291 ; VI/2, p. 73.

184 Hill 1943, p. 134 ; Walbank 1957-1979, I, p. 722.

185 Gabba 1977, p. 26. Cosme 2007, p. 23 suggère à l’inverse que ce fut à partir de 214 av. J.-C. que les orbi et uiduae contribuèrent aux indemnités équestres.

186 Kubitschek 1893, col. 683 et Marchetti 1978, p. 202-203 estiment qu’en Liv. 7, 41, 8, aera désigne le stipendium des cavaliers.

187 Becker 1843-1867, II/2, p. 73 ; Lange 1876-1879, I, p. 547-551 ; Marquardt 1888, p. 115 ; Hill 1943, p. 132 ; Clerici 1943, p. 435. Cohen 1972, p. XXVIII.

188 Willems 1885, II, p. 408 ; Nicolet 1966-1974, I, p. 45 ; Gabba 1977, p. 25.

189 Plu. Publ. 11, 4, peut-être D.H. 5, 19, 4 ; Rotondi 1912, p. 191 ; Flach 1994, p. 67, n° 11.

190 Cic. rep. 2, 60 ; D.H. 10, 48, 1 et 10, 50, 1-2 (qui nomme les consuls en question Sp. Tarpeius et A. Terminius) ; Gell. 11, 1, 2 (qui évoque une loi Aternia) ; Fest. p. 268-270 L. (qui parle d’une loi Tarpeia) ; Rotondi 1912, p. 200 ; Flach 1994, p. 98-101, n° 23.

191 Fest. p. 268-270 L. ; Rotondi 1912, p. 200-201 ; Flach 1994, p. 101-103, n° 24.

192 Cic. rep. 2, 60 (les consuls se seraient nommés C. Iulius et P. Papirius) ; Liv. 4, 30, 1 et 3 (qui donne aux magistrats les noms de L. Papirius Crassus et L. Iulius). On considère que Fest. p. 220 L. se rapporte également à la loi Iulia Papiria ; Rotondi 1912, p. 211-212 ; Flach 1994, p. 248-250, n° 45.

193 Zumpt 1865-1869, I/1, p. 317 et Tondo 1969, p. 269 envisageaient que la loi Valeria n’ait concerné que le sacramentum, mais les auteurs qui ont admis l’historicité de cette loi l’ont généralement interprétée comme une loi sur la multa maxima, qui fixait le niveau d’amende au-delà duquel le citoyen devait être jugé par les comices (Huschke 1874, p. 46 ; Karlowa 1885-1901, I, p. 168 ; Manfredini 1976, p. 207, n. 23).
La loi Aternia Tarpeia était pour Cicéron une loi de multa et sacramento. De Sanctis 1907-1957, I, p. 54 estimait donc qu’elle avait dû réguler la legis actio sacramento. Zumpt 1865-1869, I/1, p. 322 et 328 ; Lange 1876-1879, I, p. 684 ; Hellebrand 1935, col. 544 ; Staveley 1954, p. 420 ; Poma 1984, p. 189 ; Garofalo 1989, p. 62 ; Lovisi 2006, p. 52 ; Lanfranchi 2015, p. 166 jugent que la loi Aternia Tarpeia reconnaissait officiellement aux magistrats de la plèbe le droit d’infliger des amendes ; Herrlich 1872, p. 9 et Karlowa 1885-1901, I, p. 171, qu’elle étendait aux questeurs la coercitio. En général toutefois, les modernes en ont fait une loi établissant une multa maxima, au-delà de laquelle le peuple était appelé à juger (Schwegler 1867-1870, II, p. 612 ; Huschke 1874, p. 46 ; Mommsen 1889-1896, I, p. 181 ; Neumann 1901, col. 202 ; Nippel 1988, p. 16 ; Santalucia 1998, p. 44 ; Flach 1994, p. 100 ; Effer-Uhe 2013, p. 389). Manfredini 1976, p. 221-230 a défendu pour sa part l’idée que la loi Aternia Tarpeia ne fut pas une loi consulaire de 454, mais un plébiscite de 448 av. J.-C., qui fixa les principes de la conversion des amendes en aera.
La loi Menenia Sestia aurait, selon Huschke 1874, p. 46-47, soit réaffirmé les principes de la loi Aternia Tarpeia, qui n’était pas appliquée, soit établi sa sanctio. Effer-Uhe 2013, p. 390-391 propose que la loi Menenia Sestia ait élargi aux décemvirs les prérogatives reconnues aux autres magistrats par la loi Aternia Tarpeia.

Schwegler 1867-1870, II, p. 610 ; Lange 1876-1879, I, p. 622 ; Madvig 1881-1882, II, p. 452-453 ; Botsford 1909, p. 287 attribuaient à la loi Iulia Papiria l’établissement d’une équivalence entre bétail et aera. Zumpt 1865-1869, I/1, p. 331 estimait que la loi Iulia Papiria obligea les magistrats du peuple à prononcer des amendes évaluées en bronze ; Karlowa 1885-1901, I, p. 169, qu’elle rendit obligatoire le paiement des amendes en bronze, qui était optionnel dans la loi Aternia Tarpeia (dans le même sens, Ogilvie 1965, p. 582 ; Magdelain 1978, p. 65-66 ; Venturini 1981, p. 190). Manfredini 1976, p. 221-230 jugeait pour sa part que la loi Iulia Papiria, en révisant le rapport entre têtes de bétail et unités métalliques, visait à inciter aux paiements en bronze. Firpo 2005, p. 402-403 et 415-416 et Van Alfen 2017, p. 53 relèvent pour leur part que si la loi Iulia Papiria rendit l’aestimatio plus favorable (Cic. rep. 2, 60), c’est bien que cette dernière existait avant 430. La loi Aternia Tarpeia aurait donc établi des équivalences entre amendes en bétail et en bronze, sur la base des prix du marché de l’époque, et la loi Iulia Papiria adapté ces valeurs aux nouvelles réalités des années 430.

194 Degrassi 1947, p. 25 ; Liv. 3, 32, 5, où Menenius et Sestius sont le dernier couple consulaire précédant le Décemvirat.

195 Cic. rep. 2, 60, qui ne précise pas l’objet de ces amendes.

196 Val. Max. 2, 9, 1 ; Plu. Cam. 2, 4.

197 Daguet-Gagey 2015, p. 143-150. Sur la juridiction édilicienne en général, Bauman 1974, p. 245-264, notamment p. 252 et 264 ; Garofalo 1989, p. 87-128.

198 Liv. 7, 28, 9 : iudicia… populi ; dicta dies ; 10, 23, 11 : diem… dixerunt.

199 Mommsen 1889-1896, IV, p. 185 ; Garofalo 1989, p. 141-167.

200 Feneratores : Plin. nat. 33, 19 ; Liv. 7, 28, 9 ; 10, 23, 11 ; pecuarii : Liv. 10, 23, 13 ; 10, 47, 4.

201 Santalucia 1994, p. 72-73 ; Manzo 2001, p. 126-127.

202 Santalucia 1994, p. 75-76.

203 Lanfranchi 2015, p. 543.

204 Bleicken 1955, p. 116.

205 Santalucia 1994, p. 61 ; Lovisi 2006, p. 46. Venturini 1981, p. 194 juge pour sa part qu’en 476 (D.H. 9, 27, 3-4), la plèbe se vit reconnaître le droit de traduire des patriciens devant le concile, mais qu’une limite fut apportée aux amendes que pouvait voter l’assemblée plébéienne.

206 Lovisi 2006, p. 55.

207 Lovisi 2006, p. 46.

208 Mommsen 1889-1896, III, p. 375-376 ; Neumann 1901, col. 203.

209 D.H. 18, 5, 4 ; Per. 11, 4 ; Bravo – Griffin 1988, p. 447-521.

210 Chez Denys d’Halicarnasse, les poursuites intentées contre Postumius paraissent motivées principalement par le triomphe qu’il avait célébré de sa propre initiative. Les tribuns de la plèbe seraient donc intervenus pour renforcer l’autorité du Sénat, et il serait logique que l’énorme amende en argent exigée de Postumius ait abouti au Trésor Public. Dans la version livienne toutefois, Postumius est condamné pour avoir fait travailler ses soldats sur ses propres terres, ce qui peut être interprété comme une offense à l’encontre de la plèbe.

211 Cic. rep. 2, 60.

212 Varro ling. 5, 180 ; Fest. p. 468 L. ; Gaius inst. 4, 13-14. Klingmüller 1914, col. 1667-1674 ; Talamanca 2001, p. 150-151 ; Spagnuolo Vigorita 2003, p. 84-90 ; Fascione 2006, p. 149-157. Le procès de Virginie constitue un exemple de cette procédure (Noailles 1942a, p. 106-138).

213 Albanese 1964, p. 106-108.

214 Gaius inst. 4, 13-14. On trouve les mêmes éléments chez Fest. p. 468 L.

215 Liv. 3, 38, 12 déclare que le second collège décemviral fut contraint de recourir à la prise de gages pour obliger les sénateurs à siéger. Or, Varron chez Gell. 14, 7, 10, dans le « guide des séances du Sénat » qu’il avait rédigé à l’intention de Pompée, indiquait que le magistrat qui convoquait l’assemblée pouvait frapper d’amende ou saisir une partie des biens des sénateurs récalcitrants. Willems 1885, II, p. 165 ; Mommsen 1889-1896, VII, p. 93-95 ; Volterra 1969, p. 22 ; Coudry 1989, p. 366-369 ont jugé que ces sanctions demeuraient théoriques, et que l’épisode de 449 était fictif.

216 Volterra 1956, p. 298-312, avec bibliographie antérieure.

217 Plu. Cam. 39, 3 ; Val. Max. 6, 3, 4 et Per. 14, 3 ; Zonar. 7, 19. Cf. D.H. 4, 15, 6 ; 5, 75, 3.

218 D.H. 8, 81, 3 ; 8, 87, 5 ; 10, 33, 3.

219 Il s’agit des soutiens de Tarquin le Superbe (D.H. 5, 13, 4), de Sp. Cassius (Liv. 2, 41, 11 ; D.H. 8, 78, 5 et 8, 79, 3-4 ; Val. Max. 6, 3, 1 b, dans la version d’un procès capital conduit par les questeurs), des ennemis des décemvirs (Liv. 3, 37, 8 ; D.H. 10, 60, 2), de Sp. Maelius (Liv. 4, 15-16 ; D.H. 12, 4, 6), de Manlius Capitolinus (Liv. 6, 20, 1 et 6, 20, 13, Val. Max. 6, 3, 1 a ; Plu. Cam. 39, 3 ; D.C. frg. 26, 1 ; Vir. Ill. 24, 6 : la procédure aurait consisté dans un procès devant les comices centuriates ou devant des duumuiri perduellionis), de Vitruvius Vaccus (Cic. dom. 101 ; Liv. 8, 19, 4 et 8, 20, 8-9).

220 L’or coronaire n’a pas à être envisagé ici, car il n’était pas déposé à l’Aerarium, mais au Capitole : Coudry 2009b, p. 155-162 en particulier.

221 D.H. 20, 14, 2 ; Val. Max. 4, 3, 9 ; D.C. frg. 41.

222 Plu. Publ. 23, 4 ; Apul. apol. 18, 21 ; Eutr. 1, 11, 4 ; Vir. Ill. 15, 6 ; Amm. 14, 6, 11 ; Aug. civ. 5, 18 ; Antioch. Hist. FGH IV fr. 43 p. 555 Müller ; cf. Liv. 2, 16, 7 et D.H. 5, 48, 3 ; Zehnacker 1990, p. 324 ; Affortunati 1989, p. 153-156 ; Wesch-Klein 1993, p. 7 ; Blasi 2007-2008, p. 1055 ; Viglietti 2017, p. 240-250. Dans le cas de Menenius Agrippa (Liv. 2, 33, 11 ; D.H. 6, 96, 1-3), les fonds réunis par la plèbe n’auraient pas été déposés au Trésor, mais offerts à la famille du défunt.

223 Plin. nat. 18, 15 et 34, 21.Torelli 1993a et b est d’avis que le don offert à Minucius consistait en fait dans une statue représentant un boeuf (Liv. 4, 16, 2), qui aurait été exposée à l’emplacement d’un lieu de culte gentilice ; Evans 2011, p. 659-660 pense plutôt à un monument familial progressivement constitué entre les Ve et IVe siècles.

224 Varron chez Serv. georg. 3, 18.

225 Liv. 2, 34, 7 ; Liv. 4, 16, 2 (voir aussi Zonar. 7, 20, en 438 av. J.-C.).

226 Gell. 1, 12, 18. Saquete 2000, p. 117 ; Wildfang 2006, p. 64-66 ; Bätz 2012, p. 54.

227 Liv. 2, 9, 6 décrit la mise en place du régime républicain comme une abolition de la fiscalité antérieure, et notamment des portoria. De Laet 1949, p. 45 et 55-56.

228 Liv. 2, 9, 6, avec des divergences sur la leçon du texte. (Weissenborn – Müller 1962-1963, II, p. 32 ; Bayet - Baillet 1941, p. 14-15).

229 Liv. 29, 37, 3 ; D.C. frg. 57, 70.

230 Becker 1843-1867, II/2, p. 123, n. 27 ; Madvig 1881-1882, I, p. 386 ; Cagnat 1882, p. 238 et 244 ; Cimma 1981, p. 31-33. En revanche, Kniep 1896, p. 73-74, Clerici 1943, p. 463 ; De Martino 1972-1975, II/2, Naples, p. 268 ; Carusi 2008, p. 200 pensaient plutôt à un prix fixé par les autorités ou à des mesures anti-spéculation.

231 Fernandez Nieto 2006, p. 218-221.

232 Carusi 2008, p. 200-201.

233 Bradley 1984, p. 175-182 ; Günther 2008, p. 95-99.

234 Liv. 7, 16, 7-8. L’établissement du texte fait difficulté, puisqu’un certain nombre de manuscrits portent tributum en lieu et place de tributim, mais la construction de la phrase se révèle impossible si l’on admet la leçon tributum.

235 Liv. 27, 10, 11.

236 Cic. Att, 2, 16, 1= SB n° 36.

237 Amirante 1988, p. 38.

238 Botsford 1909, p. 297 ; Di Porto 1981, p. 327 ; Poma 1987-1988, p. 102 ; Hölkeskamp 1987, p. 96 ; Vaahtera 1993, p. 100-101 ; Oakley 1997-2005, II, p. 181.

239 Mommsen 1985, I, p. 224 ; Willems 1880, p. 150.

240 Ferenczy 1976, p. 66 ; Di Porto 1981, p. 376 ; Hölkeskamp 1987, p. 95-96.

241 Botsford 1909, p. 202 ; Di Porto 1981, p. 316 et 318 ; Amirante 1988, p. 43.

242 Liv. 3, 54, 11 ; 5, 46, 7.

243 Liv. 7, 27, 4.

244 Pedroni 1995, p. 214 préfère mettre en relation la loi Manlia avec le plébiscite de Duilius et Menenius sur le fenus unciarium : la loi Manlia aurait alors eu pour objectif d’équilibrer les entrées et les sorties de l’Aerarium.

245 Mommsen 1889-1896, IV, p. 351.

246 Cimma 1981, p. 19 ; Milazzo 1993, p. 47-53.

247 Plin. nat. 18, 11-12. Trapenard 1908, p. 28.

248 Liv. 10, 23, 13 ; 10, 47, 4.

249 Tibiletti 1948, p. 228-229 (repris dans Tibiletti 2007, p. 78-79) ; Burdese 1952, p. 38 et 55 ; Manzo 2001, p. 125-126.

250 App. BC 1, 33-34.

251 Trapenard 1908, p. 36 et Clerici 1943, p. 453 estimaient que la scriptura apparut peu après la création de la censure.

252 Burdese 1952, p. 39.

253 Skydsgaard 1974, p. 29 ; Botteri 1977, p. 319-320 ; Roselaar 2010, p. 135.

254 Tac. ann. 11, 22, 5 ; Per. 15, 8. Skydsgaard 1974, p. 17-18, puisque Tac. ann. 4, 27, 3 atteste qu’un questeur avait pour province les calles ; Rich 1986, p. 513.

255 Harris 1976, p. 99-100 ; Corbier 1991, p. 167.

256 D.H. 20, 15, 2.

257 Cordiano 2017, p. 146 juge que Denys évoquait la Sila à l’occasion d’un excursus et que la région ne passa sous domination romaine qu’au lendemain de la 2e Guerre punique.

258 Rich 1986, p. 512-513.

259 Bozza, 1939, I, p. 175-176 ; Burdese 1952, p. 44.

260 On trouve une définition de l’ager quaestorius chez Hyg. lim. grom. p. 115 La. = p. 82-83 Campbell = 2, 23 Guillaumin et Sic. Flacc. grom. p. 152 La. = p. 118-119 Campbell = 3, 1 Guillaumin : Campbell 2000, Appendix 5 p. 472-474 ; Chouquer – Favory 2001, p. 109 ; Sacchi 2006, p. 457-461.

261 Muzzioli 1975, p. 223-230.

262 Sic. Flacc. grom. p. 136 La. = p. 102-105 Campbell = 1, 7-8 Guillaumin ; Lib. Col. p. 253 La. = p. 192-193 Campbell.

263 Gabba 1988, p. 19-24.

264 Hermon 1997, p. 39-41, à partir d’une conjecture de Rudorff dans Lachmann 1848-1852, II, p. 288, suivie par Bozza 1939, I, p. 175 et n. 2 et Burdese 1952, p. 44 et n. 98.

265 Radke 1973, col. 1646 : il s’agissait des travaux hydrauliques du lac Vélin et de la construction de la Via Curia (D.H. 1, 14 ; Varron chez Serv. Aen. 7, 712 ; Cic. Att. 4, 15, 5 = SB n° 90).

266 Di Giuseppe et al. 2002, p. 117-118 et 124 ; De Nardis 2009, p. 213.

267 Campbell 2000, p. 473-474.

268 Roselaar 2010, p. 122.

269 Quelques textes font peut-être état de la distribution, par les pouvoirs publics romains, d’armes (Liv. 3, 8, 7 ; 3, 15, 7-8 ; 3, 42, 7 ; 6, 6, 14 ; Oros. 4, 1, 3), de blé (Liv. 6, 6, 14) et de vêtements (ici offerts aux ennemis vaincus : D.H. 6, 25, 4). L’historiographie récente s’est surtout intéressée à la période postérieure à 264 av. J.-C. mais a conclu que les autorités romaines approvisionnaient leurs troupes essentiellement par des filières non marchandes (Erdkamp 1995, p. 182 ; Erdkamp 1998, p. 113 et 121 ; Roth 1999, p. 100). L’état des sources pour les années 509-264 av. J.-C. paraît aller dans le même sens : les fournitures militaires semblent avoir été réunies principalement grâce aux butins (D.H. 5, 47, 1-2 ; Liv. 7, 37, 17 : dans les deux cas, il s’agit d’armes), aux indemnités de guerre (blé : D.H. 5, 49, 2 ; 8, 68, 2-3 ; 9, 17, 1 ; 9, 36, 2 ; 9, 59, 4 ; Liv. 2, 54, 1 ; 8, 2, 4 ; 9, 43, 6-7 ; 9, 43, 21 ; 10, 5, 12 ; 10, 37, 5 ; vêtements : D.H. 9, 59, 4 ; Liv. 9, 41, 7 ; 9, 43, 6-7 ; 9, 43, 21 ; 10, 37, 5) et aux dons de cités amies (D.H. 7, 20, 3 ; D.C. frg. 18, 5 ; D.C. frg. 36, 15 ; Zonar. 8, 6).

270 Zonar. 7, 20, qui ne met pas en relation directe solde et tributum.

271 Münzer 1953b, col. 943, n° 60 ; Münzer 1953a, col. 893-895, n° 1.

272 Liv. 4, 49, 7-4, 50, 5.

273 Pais 1894-1899, I/2, p. 45 : Plut Sull. 6, 16 raconte le meurtre d’un Postumius par ses propres soldats (cf. Per. 75, 1 ; Val. Max. 9, 8, 3 ; Oros. 5, 18, 22).

274 A priori, cette innovation pourrait être datée de 403 av. J.-C. (Liv. 5, 7, 5-13) ou 401 av. J.-C. (Liv. 5, 12, 9-12). Gabba 1977, p. 26-27 pensait que la solde accordée aux cavaliers enrôlés volontaires de 403 av. J.-C. fut étendue en 401 aux détenteurs du cheval public.

275 Varro DVPR 381 Salvadore = 77 Riposati = 71 Pittà : Stipendium appellabatur aes quod militi semenstre aut annuum dabatur. On doit pouvoir en déduire que la solde était le plus souvent versée au retour des troupes à Rome, et qu’elle n’était sans doute pas proportionnelle au nombre de jours de service, comme elle le sera plus tard, mais prenait la forme d’une indemnité forfaitaire.

276 D.H. 5, 47, 1 ; Plin. nat. 34, 25 ; D.H. 19, 16, 3. Ce n’était donc pas un phénomène courant.

277 Liv. 5, 48, 8 ; 5, 50, 6-7 ; 6, 4, 2 ; 6, 11, 5 ; 6, 14, 11-12 ; D.H. 13, 9, 1-2 ; Plu. Cam. 28, 4 ; Flor. epit. 1, 13, 17 ; Oros. 2, 19, 9 ; Per. 5, 12 ; Fest. p. 500 L.

278 Paul Fest. p. 139 L. Cette collecte aurait d’ailleurs été peu après remboursée sur le butin (Liv. 6, 4, 2). Sur ce point, l’ex-voto à Apollon de 396 et l’indemnité de 390 av. J.-C. constituent des doublets destinés à expliquer un certain nombre de privilèges accordés aux femmes romaines.

279 Liv. 5, 48, 8 (référence à un SC) ; 5, 50, 7 (mention du Trésor) ; D.H. 13, 9, 2 (supervision du paiement aux Gaulois par les questeurs).

280 Liv. 5, 50, 6. Sur ce passage, Briquel 2008, p. 295-305.

281 Roth 2018 défend pour sa part l’hypothèse d’un tributum levé sur les citoyens romains présents hors de Rome.

282 Liv. 5, 50, 6, qui exclut cette option, est contredit par Varro DVPR 379 Salvadore = 62 Riposati = 64 Pittà. Pour des exemples archéologiques d’offrandes métalliques dans des sanctuaires, Cazanove – Estienne 2009, p. 8-18.

283 D.H. 19, 13, 1 ; App. Sam. 10, 11 ; D.C. frg. 40, 30 ; Eutr. 2, 12, 2 ; Per. 13, 3-4 ; Zonar. 8, 4, 4.

284 Berrendonner 2006, p. 166-171.

285 Zonar. 8, 6.

286 Willems 1885, II, p. 429.

287 Liv. 5, 28, 4 ; 9, 43, 26. Willems 1885, II, p. 429-430 ; Mommsen 1889-1896, VII, p. 372 ; Coudry 2004, p. 536-537.

288 Le récit livien des triomphes de 293 av. J.-C. (Liv. 10, 46, 14) démontrerait que les manubiae n’étaient normalement pas versées au Trésor Public : Bradford Churchill 1999, p. 90 ; Tarpin 2009, p. 87-91.

289 Orlin 1997, p. 127-161.

290 Le caractère public du financement ressort soit d’une mention explicite des sources, soit d’une allusion au vote d’un sénatus-consulte, soit, comme le suggère Orlin 1997, p. 116 et 148, d’une consultation des Livres Sibyllins préliminaire au lancement des travaux ou encore de l’intervention de duumuiri aedi locandae.

291 Liv. 5, 55, 3 et 6, 4, 6 semble mentionner la fourniture de matériaux de construction aux citoyens par les pouvoirs publics, ainsi que la possibilité de s’approvisionner en matériaux dans les carrières et les forêts publiques.

292 On notera tout particulièrement D.H. 8, 55, 3, où un projet de construction d’un temple fut précédé par l’acquisition du terrain concerné sur fonds publics.

293 D.H. 6, 17, 2 évoque l’utilisation par le dictateur Postumius de la dîme du butin. Aberson 1994, p. 29-32 et 217-218 ; Trisciuoglio 1998, p. 129-130, n. 79.

294 Aberson 1994, p. 72 et 197.

295 D.S. 20, 36, 1-2. Bernard 2018b, p. 136 normalise sans arguments la situation de 312, en évoquant un financement voté par le Sénat.

296 Aberson 1994, p. 174 ; Trisciuoglio 1998, p. 122. La refonte des comices tributes par le censeur pouvait lui permettre d’y obtenir une majorité, mais il n’avait pas pouvoir de convoquer lui-même une assemblée du peuple.

297 C’est, me semble-t-il, ce que l’on peut déduire de la suggestion de Humm 1996, p. 733, qui rappelle que le censeur avait accru le nombre des contribuables (en créant probablement de nouvelles classes censitaires).

298 Pedroni 1995, p. 201 et n. 23 ; Torelli 1998, p. 199.

299 D.H. 6, 17, 2 ; Liv. 6, 32, 1. Bernard 2018b, p. 109 et 155-157 s’oppose à l’existence d’une procédure de locatio censoriale à cette époque, mais on peut l’envisager pour la main-d’œuvre qualifiée.

300 Plin. nat. 34, 21 (Coarelli 1999b, p. 361 ; Sehlmeyer 1999, p. 86-88).

301 D.H. 5, 26, 4 ; Liv. 2, 34, 3 ; D.H. 7, 1, 3 et 7, 12, 2-3, Plu. Cor. 16, 1 ; D.H. 7, 20, 2-4 ; D.H. 9, 25, 4 ; D.H. 10, 54, 2 ; Liv. 4, 12, 9 et Zonar. 7, 20 ; Liv. 4, 25, 4 ; 4, 52, 5 ; 10, 11, 9. Virlouvet 1985, p. 11-13. Pais 1894-1899, I/1, p. 541 et 547 ; De Ruggiero 1895-1985, III, p. 225-228 (G. Cardinali) et Erdkamp 2000, p. 53-58 rejettent globalement ces données, mais De Sanctis 1907-1957, II, p. 16 ; Momigliano 1969, p. 344 ; Garnsey 1996, p. 224 et 236-238 ; Auliard 2004, p. 285 se montrent plutôt confiants dans l’historicité des frumentationes du Ve siècle. Bresson 2008, II, p. 185 relève que la procédure d’achat de grains décrite par Tite Live est similaire à celle attestée pour les sitônai des cités grecques.

302 D.H. 10, 54, 2.

303 Liv. 2, 34, 3-4 ; D.H. 7, 20, 2 ; 10, 54, 2.

304 D.H. 3, 22, 10 fait notamment allusion à la prise en charge par la cité, en vertu d’une loi votée sous le règne d’Ancus Martius, de l’éducation des triplés.

305 D.H. 5, 11, 3 et 5, 12, 2 ; Val. Ant. 21 P. = 22 Beck-Walter = 22 Chassignet= 25 Cornell ; Flor. epit. 1, 18, 21 ; Gell. 3, 8, 1-4 ; Eutr. 2, 14, 2.

306 Liv. 2, 5, 9 et D.H. 5, 13, 1 ; D.H. 5, 57, 3 ; Liv. 4, 45, 2 et DH 12, 6, 7.

307 Il y avait deux versions sur la statue de Clélie, l’une qui en faisait la première statue érigée sur fonds publics, l’autre qui y voyait un monument financé par des priuati (Liv. 2, 13, 11 ; D.H. 5, 35, 2 ; Plin. nat. 34, 29 ; Plu. Publ. 19, 8 ; Per. 2, 14 ; Vir. Ill. 13, 4 : Papi 1995a, p. 226 ; Sehlmeyer 1999, p. 98-101). On trouve ensuite la statue d’Horatius Cocles (Liv. 2, 10, 12 ; D.H. 5, 25, 2 ; Plin. nat. 34, 29 ; Plu. Publ.16, 9 ; Coarelli 1999c, p. 361 ; Sehlmeyer 1999, p. 92-96) ; celle de la Vestale Taracia (Plin. nat. 34, 25 ; Lega 1995, p. 363-364) ; celle offerte à L. Minucius en 438 av. J.-C (Liv. 4, 16, 2 et Per. 4, 6 ; D.H. 12, 4, 6) ; celles des ambassadeurs tués à Fidenae en 438 av. J.-C. (Liv. 4, 17, 6 et Per. 4, 7 ; Plin. nat. 34, 24 ; Sehlmeyer 1999, p. 63) ; les statues équestres des consuls de 338 (Liv. 8, 13, 9 ; Eutr. 2, 7, 3 ; Papi 1995b, p. 229 ; Sehlmeyer 1999, p. 48-50) ; la statue équestre triomphale du consul Marcius, en 306 (Liv. 9, 43, 22 ; Papi 1995c, p. 229-230 ; Sehlmeyer 1999, p. 57-60).

308 Publicola (Plu. Publ. 10, 6 ; Val. Ant. 17 P. = 18 Beck-Walter = 18 Chassignet = 21 Cornell = Ascon. Pis. 52, p. 18 St. ; Coarelli 1995, p. 209-210) ; M. Valerius, frère de Publicola (D.H. 5, 39, 4 ; Plu. Publ. 20, 2) ; Manlius Capitolinus (Vir. Ill. 24, 5).

309 Voir supra, « Les autres recettes extraordinaires ».

310 Liv. 3, 26, 11 ; D.H. 10, 52, 4 ; Plu. Cam. 8, 5 ; peut-être D.H. 8, 44, 1 et Per. 11, 3. Steinby 2007, p. 47-48 met en parallèle l’ambassade à Delphes citée par Plu. Cam. 8, 5 et les « navires sacrés » attestés pour les légations des cités grecques aux cérémonies panhelléniques.

311 Plu. Cam. 6, 1.

312 Liv. 9, 29, 9 ; 9, 34, 18 ; Val. Max. 1, 1, 17 ; Fest. p. 270 L. cf. D.H. 1, 40, 5. Halkin 1897, p. 49-51 ; Palmer 1965, p. 292-308.

313 Liv. 1, 20, 3 ; D.H. 2, 6, 2 ; Fest. p. 42 L. Becker 1843-1867, II/2, 1853, p. 68 ; Marquardt 1888, p. 99.

314 Willems 1885, II, p. 388 ; Mommsen 1889-1896, VII, p. 344 ; Saquete 2000, p. 110 ; Mekacher 2006, p. 40 pensent à une dotation unique remise lors de l’accession à la prêtrise, sur la base de Tac. ann. 4, 16, 4 et Liv. 1, 20, 3, qui fait référence au versement d’un stipendium. Wildfang 2006, p. 71 est favorable à un versement chaque année.

315 Oros. 5, 18, 27 ; Lib. Col. p. 235 La. ; Sicul. Flacc. grom. p. 162-163 La. = p. 130 Campbell = 2, 29 Guillaumin ; Fest. p. 204 L.

316 Hyg. lim. grom. p. 117 La. = p. 84 Campbell = 4, 47 Guillaumin ; peut-être Cic. Phil. 13, 31. Bodei Giglioni 1978, p. 9-11 ; Saquete 2000, p. 110 ; Wildfang 2006, p. 72 ; Mekacher 2006, p. 40.

317 Mommsen 1889-1896, VII, p. 342 affirmait que les animaux destinés aux sacrifices étaient originellement pris dans les troupeaux publics. Walter 1860, I, p. 276 jugeait pour sa part que la fourniture des animaux de sacrifice donnait lieu à la passation d’un contrat public censorial.

318 D.H. 6, 10, 1 et 7, 71, 2 = Fabius Pictor 16 P. = 20 Beck-Walter = 20 Chassignet = 15 Cornell ; Liv. 4, 12, 2 ; 5, 31, 2 ; 5, 50, 4 (Bernstein 1998, p. 103-106 considère que l’épisode n’est pas historique).

319 D.H. 7, 71, 2 et 7, 72, 13 (cinq cents mines d’argent) ; Ps. Ascon. Verr. II 1, 31 p. 217 St. (200000 nummi).

320 Piganiol 1923, p. 28 estimait que le budget des jeux donné par Fabius Pictor correspondait aux chiffres de la fin du IIIe siècle.

321 Thuillier 1990, p. 366, 368 et 371 pense que les jeux scéniques étaient financés par le lucar.

322 Liv. 24, 18, 10 évoque la locatio par les censeurs des equi curules, identifiés comme les chevaux utilisés lors des ludi circenses.

323 Rawson 1981, p. 2-5 ; Bernstein 1998, p. 72-75. Rawson 1981, p. 8 fait une exception pour les Consualia, dont elle suppose qu’ils étaient financés par des fonds sacrés.

324 Bernstein 1998, p. 73, qui s’appuie sur Liv. 6, 42, 13.

325 Ascon. tog. cand. p. 72 St. : Praeterea Antonius redemptas habebat ab aerario uectigales quadrigas, quam redemptionem senatori habere licet per legem. Badian 1972, p. 101, 120, 151.

326 Plu. QR 98.

327 Liv. 4, 20, 4.

328 Liv. 5, 25, 7-8 ; Zonar. 7, 21. Le dépôt par les matrones romaines de leurs bijoux à l’Aerarium (Liv. 5, 25, 8) semble avoir été un moyen de pallier la faible quantité d’or disponible sur le marché romain.

329 Liv. 8, 20, 8 ; 10, 23, 12-13.

330 Pour les recettes, on trouve le tributum ou le prix de vente du sel ; pour les dépenses, les praemia aux dénonciateurs ou les statues honorifiques.

331 Welwei 2000, p. 26, 34 et 43.

332 Finley 1980, p. 86, suivi par Cornell 1989a, p. 413 ; Cornell 1989c, p. 334 ; Lerouxel 2015, p. 109, 130 et 145 ; Rosafio 2016, p. 95.

333 Clerici 1943, p. 506 ; Guarino 1984, p. 415 ; Guarino 1994, III, p. 255.

334 Clerici 1943, p. 508-509.

335 Münzer 1928a, n° 53, col. 1175-1176 ; Münzer 1928b, n° 87, col. 1211-1212.

336 Nicolet 1966-1974, I, p. 19, 37-38 et 41-45 ; Nicolet 1976a, p. 156 ; Nicolet 1977, p. 437. La même idée était énoncée chez Latte 1936, p. 31, mais sans qu’aucun argument ne soit avancé.

337 Liv. 8, 8, 3.

338 Le texte de l’Ineditum Vaticanum, assorti d’une traduction française, est repris chez Humm 2007, p. 299-303.

339 Liv. 7, 41, 8. En fait, Liv. 5, 12, 12 mentionne la solde des cavaliers à la date de 401.

340 Fest. p. 508 L., avec la restitution <a> : Vectigal aes appellatur, quod ob tri<bu>tum et stipendium et aes equestre et hordiar<ium a> populo debetur.

341 Liv. 8, 11, 16.

342 Humm 2005, p. 216, n. 222 ; Humm 2010, p. 287 ; Humm 2017, p. 306-307. Mommsen 1889-1896, IV, p. 61 et n. 1 semble déjà avoir douté que le célibat pût faire l’objet d’une nota censoriale. Schmäling 1938, p. 26 et Suolahti 1963, p. 47-48 se montrent plus nuancés, et soulignent que la démographie était un enjeu majeur pour une cité guerrière comme Rome.

343 Nicolet 1966-1974, I, p. 43.

344 Clerici 1943, p. 506 ; Humm 2005, p. 425-426 et 432. 

345 Marchetti 1977, p. 107-131 ; Humm 2005, p. 313-314. Il n’est sans doute pas indifférent, à cet égard, que l’article de P. Marchetti cherche à montrer que le tributum était un impôt de quotité, au taux d’1 ‰.

346 Liv. 1, 43, 13 ; Fest. p. 500 L. ; cf. D.H. 4, 19, 1.

347 Welwei 2000, p. 55.

348 Clerici 1943, p. 506 ; De Martino 1980, p. 71 ; Welwei 2000, p. 37.

349 Nicolet 1966-1974, I, p. 19, 37-38 et 41-45 ; Nicolet 1976a, p. 156 ; Nicolet 1977, p. 437.

350 Humm 2005, p. 379.

351 Liv. 4, 60, 6.

352 A contrario, Karlowa 1885-1901, I, p. 246 et II, p. 20 et 645 estimait que le passage de la Royauté à la République avait vu le système des contrats publics se substituer aux munera et que les patres familias louaient leur familia aux autorités. Kniep 1896, p. 86 ; Strong 1968, p. 97 ; Cimma 1981, p. 51 n’écartent pour leur part pas l’hypothèse que les travaux publics aient déjà été affermés au IVe siècle.

353 Plu. Cam. 4, 7. Mommsen 1889-1896, VII, p. 342 ; Clerici 1943, p. 428 ; Bodei Giglioni 1974, p. 65 ; Cifani 2016, p. 153 ; Bernard 2018a, p. 9.

354 Bodei Giglioni 1974, p. 67 ; Cifani 2016, p. 156.

355 Frank 1924, p. 117 ; Frank 1933, p. 34 ; Cifani 2008, p. 303.

356 Plin. nat. 33, 42.

357 Nenci 1968, p. 30 ; Crawford 1974, I, p. 37 ; Crawford 1976, p. 199-200 ; Crawford 1985, p. 19-20 ; Pedroni 1993, p. 67 ; Pedroni 1995, p. 198 et 201-202 ; Catalli 2001, p. 21 ; Woytek 2014, p. 199 ; Van Alfen 2017, p. 49. Selon Pedroni 1996a, p. 22, le Vir. Ill. 7, 8, qui crédite Servius Tullius de l’invention des pondera, ferait allusion à la même réalité.

358 Varro ling. 5, 183 ; Gaius inst. 1, 122 ; Isid. etym. 16, 18, 8.

359 Thomsen 1957-1961, I, p. 55-59 ; Crawford 1974, I, p. 131-133, n° 3-12.

360 Thomsen 1957-1961, III, p. 202-206.

361 Au sens technique, le mot raudus paraît avoir désigné le morceau de bronze que l’on utilisait dans la procédure per aes et libram (Varro ling. 5, 163 ; Fest. p. 320-322 L.).

362 Thomsen 1957-1961, I, p. 109-110 (S. Marinella, La Bruna, Ariccia) ; Crawford 1969, p. 45, n° 13 ; p. 46, n° 16 ; p. 47, n° 21.

363 L’éléphant représenté sur les lingots RRC 9 ferait par exemple allusion à la Guerre de Pyrrhus : Thomsen 1957-1961, III, p. 145-147.

364 Thomsen 1957-1961, III, p. 143-147 (275-260 av. J.-C.) ; Crawford 1974, I, p. 41-42 et 131-133 (280-242 av. J.-C.).

365 Pedroni 1993, p. 112, 123, 128 et 130 ; Pedroni 1995, p. 205-207.

366 RRC 3 et 4 ( = HN 255-256), auxquels il faut sans doute ajouter un exemplaire de RRC 8 (Drago 2016, p. 278).

367 Catalli 2009, p. 289 et Crawford 2009, p. 195 considèrent qu’on ne peut étendre le raisonnement à tous les lingots ornés de motifs.

368 C’est l’option retenue par Lo Cascio 1980-1981, p. 344 ; Pedroni 1993, p. 125-132 ; Fusi Rossetti 1994-1995, p. 20 ; Wolters 1999, p. 11, mais récusée par Haeberlin 1910.

369 On a proposé d’en faire des offrandes votives (Haeberlin 1910 ; Thomsen 1957-1961, III, p. 222) ; des lingots réservés aux opérations per aes et libram (Haeberlin 1910) ; la matière première des frappes monétaires civiques (Herbig 1956, p. 11) ; la forme sous laquelle était versée la solde (Peruzzi 1985, p. 147) ; des poids-étalons utilisés par les censeurs (Pedroni 1993, p. 111 et 135) ; des objets destinés aux relations des Romains avec les zones déjà entrées dans l’économie monétaire (Pedroni 1993, p. 137) ; des moyens de paiement et de thésaurisation (Fusi Rossetti 1994-1995, p. 29).

370 Macellari - Pellegrini 2002, notamment p. 164 et 169-170.

371 Pedroni 1993, p. 69.

372 Parise 1987, p. 89 ; Panvini Rosati 1988, p. 24.

373 Panvini Rosati 1988, p. 23 ; Neri 1998, p. 182 ; Catalli 2009, p. 290.

374 Neri 1998, p. 183-184.

375 Cocchi Ercolani 1975, p. 13. Bergonzi – Piana Agostinetti 1987, p. 173, 198 et 200 ont recensé les morceaux de bronze (fragments de pains de bronze, puis aes rude) présents dans les tombes d’Italie centrale entre les VIIIe et IIIe siècles av. J.-C.

376 Cocchi Ercolani 1975, p. 38 ; Bergonzi – Piana Agostinetti 1987, p. 168 ; De Marinis 1988, p. 201 ; Briquel – Massa-Pairault 1997, p. 134 ; Catalli 2001, p. 16 ; Catalli 2009, p. 289.

377 Burnett 1989, p. 54 ; Panvini Rosati 2000, p. 80 ; Catalli 2001, p. 16 ; Catalli 2009, p. 289.

378 De Marinis 1988, p. 201 ; Cattani 1988, p. 206 ; Ferretti 1993, p. 96-97 ; Briquel – Massa-Pairault 1997, p. 135 proposent même de classer les morceaux d’aes rude de Marzabotto en différentes séries qui constitueraient les multiples d’une unité de 5 g., pensée pour être équivalente à la drachme grecque ; Drago 2016, p. 277.

379 Cattani 1988, p. 206 ; Neri 1998, p. 120 ; Neri 2004, p. 17-18.

380 On y a vu la matière première entreposée dans les ateliers de fondeurs (Cocchi Ercolani 1975, p. 45), l’instrument des échanges commerciaux (Ampolo 1974, p. 385 ; Cocchi Ercolani 1975, p. 12 et 45 ; Cristofani 1986, p. 141 ; Kroll 2008, p. 32), le moyen de paiement exigé en cas de versement aux autorités publiques (Ampolo 1974, p. 388 ; De Marinis 1988, p. 202 ; Panvini Rosati 1988, p. 24 ; Parise 1991, p. 92), des objets produits spécifiquement pour servir d’offrandes votives (Cocchi Ercolani 1975, p. 45 ; Parise 2002, p. 177), ou bien des objets à la valeur fiduciaire, destinés à la thésaurisation (Cocchi Ercolani 1975, p. 45 ; Bergonzi – Piana Agostinetti 1987, p. 173 ; Catalli 2001, p. 18 ; Bernard 2018a, p. 7).

381 Pour Mommsen 1865, I, p. 174 ; Thomsen 1957-1961, III, p. 201 et 259 ou Bergonzi – Piana Agostinetti 1987, p. 219, le fait que l’on trouve des fragments d’aes rude dans des contextes archéologiques où figurent également des monnaies suggère une continuité entre les deux catégories. En revanche, Cocchi Ercolani 1975, p. 45 estime qu’on ne peut parler de fonction pré-monétaire pour des objets évalués au poids.

382 Moretti Sgubini – Benedettini 2016, p. 173. L’exemplaire du sanctuaire de Mater Matuta à Satricum semble remonter à la seconde moitié du Ve siècle, donc à une période où le site était contrôlé par les Volsques (Stibbe 1981, p. 307 ; Macellari - Pellegrini 2002, p. 91-92, n° 25).

383 Thomsen 1957-1961, I, p. 119-120.

384 Cesano 1904, p. 423-426 ; Cesano 1927, p. 255 ; Thomsen 1957-1961, I, p. 120.

385 Cesano 1927, p. 215-217 et 249-256 ; Thomsen 1957-1961, I, p. 119.

386 Cesano 1942a ; Thomsen 1957-1961, I, p. 119.

387 Cesano 1942b ; Thomsen 1957-1961, I, p. 116-117 ; Murgan – Kemmers 2016, p. 285.

388 De Rossi 1871, p. 262-266 ; Garrucci 1885, I, p. 3 ; Thomsen 1957-1961, I, p. 110 ; Cocchi Ercolani 1975, p. 33.

389 Pinza 1914, p. 132 (une des tombes 56-58), p. 138 (tombe 87), p. 145 (tombe 116), p. 148 (tombe 127), p. 150 (tombes 140-140a) ; Colini 1931-1939, p. 117 (tombes 3-4).

390 Pasqui 1900, p. 58-59.

391 Garrucci 1864, p. 151-153 ; Garrucci 1885, I, p. 4-5 ; Baglione 1992, p. 175 et n. 36.

392 Van Alfen 2017, p. 50-51 et 53. Hollander 2007, p. 33 et 85 note l’utilisation comme unités de compte, à l’époque tardo-républicaine encore, des métaux précieux pesés.

393  Humm 2005, p. 379.

394 Varron, cité supra n. 275.

395 Le fait qu’on ait utilisé aussi les indemnités de guerre pour solder les troupes montre bien qu’on privilégiait un mode de financement qui évitait les problèmes de transport.

396 Welwei 2000, p. 55 ; Clerici 1943, p. 506 ; De Martino 1980, p. 71.

397 Gaius inst. 1, 17 ; Buckland 1908, p. 439 ; Watson 1987, p. 24.

398 Cosentini 1950, p. 534.

399 Welwei 2000, p. 55, à partir de Liv. 10, 46, 5.

400 Humm 2005, p. 283-308 et 343.

401 Gell. 6, 13, 1-3, citant Caton ; Paul Fest. p. 100 L.

402 Beloch 1926, p. 291 ; Klotz 1939, p. 27 ; Momigliano 1963, p. 120 ; Heurgon 1969, p. 252 ; Magdelain 1971, p. 116-119 ; Guarino 1975, p. 115-116 ; Fraccaro 1956-1975, IV, p. 32 ; Richard 1977, p. 231 ; Richard 1983, p. 183 ; Momigliano 1989, p. 103.

403 Les références ont été rassemblées par Lo Cascio 2001, p. 567.

404 Fraccaro 1956-1975, I, p. 488 ; Piéri 1968, p. 61-62 ; Lo Cascio 2001, p. 573.

405 Liv. 4, 8, 2-7. Piéri 1968, p. 129-135.

406 Lo Cascio 2001, p. 574-575.

407 À l’époque tardo-républicaine, la professio, exprimée en monnaie (D.H. 4, 15, 6), incluait les praedia appartenant à la catégorie des res mancipi (Cic. Flacc. 80 ; Fest. p. 50 L.), les bâtiments (Varro ling. 5, 160), les familiae serviles (Cic. leg. 3, 7 ; Liv. 39, 44, 3), l’instrumentum fundi (Gell. 6, 11, 9), les biens meubles (Liv. 39, 44, 2) et le numéraire. Sur tous ces aspects, Nicolet 1976a, p. 97-101 ; Northwood 2008, p. 260.

408 Piéri 1968, p. 50-52, récapitulant la bibliographie antérieure ; Nicolet 1976a, p. 97-98 ; Guarino 1975, p. 124.

409 Humm 2005, p. 314.

410 Toutefois, les travaux sur les comptabilités antiques (Minaud 2005, p. 143-149) ont montré que la notion d’amortissement était étrangère à l’estimation censitaire des biens.

411 Piéri 1968, p. 49, qui il est vrai semble se référer à une période antérieure au Décemvirat.

412 Humm 2005, p. 311 : « Comment peser des terres, un troupeau, une production artisanale ? ».

413 Voir le testament per aes et libram (Gaius inst. 2, 102-103 ; Kaser 1955, I, p. 92-94 ; Watson 1975, p. 52-66 ; Amelotti 1996, p. 403-405) et les opérations concernant les res mancipi (Gaius inst. 1, 119 ; XII Tables 6, 1 : Crawford 1996, II, p. 652 et 654-655).

414 Girard 1895, p. 310 ; Behrends 1982, p. 63 ; Watson 1987, p. 48.

415 Fest. p. 320 L.

416 Storchi Marino 1993, p. 239-241 et 249.

417 Gatti 1970, p. 133.

418 Burnett 1989, p. 48 et 53 ; Burnett 1998, p. 35 ; Burnett 2006, p. 42 et 44 ; Burnett 2012, p. 309-310 ; Burnett – Molinari 2015, p. 85 et 96.

419 Mohr Mersing 2007, p. 231-233.

420 Burnett 1978, p. 141-142. Voir aussi Pedroni 1996b, p. 68.

421 D.H. 9, 56, 5 ; Liv. 8, 14, 8.

422 En 311, avec la mise en place des duumuiri nauales, il dut y avoir au plus construction de 20 navires. Thiel 1954, p. 31-37, suivi par Steinby 2007, p. 61 et 72, considérait de plus qu’en 278 av. J.-C., parallèlement à la conclusion du quatrième traité romano-carthaginois, les Romains passèrent à un système naval fondé principalement sur leurs alliés. Dans cette optique, l’essentiel des frais de construction et d’entretien des navires devait retomber sur les socii.

423 Woytek 2014, p. 208.

424  Crawford 1985, p. 25 a vu dans la construction de la Via Appia l’occasion du passage des Romains à l’instrument monétaire. Bernard 2018a, p. 9 et 2018b, p. 150-152 récuse cette interprétation en arguant que la datation des premiers didrachmes romains doit être abaissée, mais sa propre lecture semble caractéristique de la sous-évaluation du rôle de la puissance publique par l’historiographie anglo-saxonne contemporaine. Le raisonnement qui fait de la monnaie de bronze un outil des échanges économiques entre particuliers ne peut être transposé tel quel à la monnaie d’argent, et la carte de répartition des trésors contenant des didrachmes éclaire la circulation de ce type de monnaies, pas les raisons pour lesquelles elles ont été émises. Si l’on date les premiers didrachmes romains après 280 av. J.-C., il faudrait donc plutôt penser qu’ils financèrent un programme édilitaire tel que celui de M’. Curius.

425 Après la bataille d’Héraclée : Per. 13, 3 ; D.H. 19, 13, 2 ; App. Samn. 10, 4 ; D.C. frg. 40, 30 ; Eutr. 2, 12, 2 ; Zonar. 8, 4, 4.

426 En 299 av. J.-C. : Liv. 10, 11, 9.

427 Chrèmata : D.S. 20, 36 ; D.H. 5, 13, 1 ; 7, 12, 2-3 ; 7, 20, 2-4 ; 9, 25, 4 ; Zonar. 8, 1 et 8, 3 ; pecunia : Varro ling. 5, 177 et 181 ; Liv. 2, 5, 9 ; 5, 10, 5 ; 10, 46, 10.

428 Voir le prix de vente du blé en as, en Liv. 4, 16, 2 ; D.H. 5, 57, 3 ; 7, 71, 2 ou 12, 6, 7, qui s’exprime en drachmes ou en mines.

429 D.H. 5, 12, 2 ; 5, 57, 3 ; 6, 94, 3 ; 7, 71, 2 ; 8, 30, 2 ; 10, 21, 6-8 ; 12, 6, 7 ; 14, 12, 1 ; 18, 5, 4 ; 19, 16, 3 ; Plu. Cam. 39, 4. 

430 Liv. 9, 37, 10 et 10, 46, 5 cite seulement la remise de l’or et l’argent du butin, sur le champ de bataille, à l’un des consuls de 310 av. J.-C. et le versement à l’Aerarium, en 293 av. J.-C., de argenti […] pondo mille octingenta triginta.

431 Rançon : Liv. 10, 31, 3 ; indemnité de guerre : Liv. 10, 37, 5 ; tributum : Varro ling. 5, 181 ; Fest. p. 508 L. ; solde : Liv. 5, 7, 12 ; 7, 41, 8 ; Fest. p. 2 et 508 L. ; amendes : Liv. 7, 16, 9 ; sacramenta : Varro ling. 5, 180, Gaius inst. 4, 14 ; Fest. p. 468-469 L. On a mention de subdivisions de cette unité en Plu. Publ. 23, 4 et Plin. nat. 34, 21.

432 Thomsen 1957-1961, III, p. 259 ; Crawford 1974, I, p. 37 ; Crawford 1982, p. 98.

433 Liv. 4, 45, 2 ; 4, 60, 6 ; 10, 46, 5, 12 et 14.

434 Pour le tributum de 406 : Clerici 1943, p. 436 ; Ogilvie 1965, p. 623 ; Gatti 1970, p. 133 ; Gabba 1977, p. 24 ; pour la vente des prisonniers de 293 : Welwei 2000, p. 55.

435 Plin. nat. 33, 42 : populus Romanus ne argento quidem signato ante Pyrrhum regem deuictum usus est. Libralis — unde etiam nunc libella dicitur et dupondius — adpendebatur assis ; quare aeris grauis poena dicta.

436 Varro ling. 5, 183 : Per trutinam solui solitum : uestigium etiam nunc manet in aede Saturni, quod ea etiam nunc propter pensuram trutinam habet positam.

437 Varro ling., 5, 182 ; Fest. p. 379 L. et Paul Fest. p. 379 L. Cf. Dig. 50, 16, 27 (Ulp.).

438 Plin. nat. 33, 43. Le terme stipendium doit étymologiquement avoir fait référence à du métal pesé : Boren 1983, p. 428 ; Crawford 1976, p. 204 ; Crawford 1985, p. 23.

439 Plin. nat. 18, 15 et 34, 21.

440 Cf. également Liv. 5, 25, 5, conlatio stipis, à propos de la dîme d’Apollon.

441 Desnier 1987, p. 222-224, à partir de Varro ling. 5, 182. Sur les aspects idéologiques de la stips, Zehnacker 1990, p. 319-324.

442 Zeggio 2016, p. 169-172.

443 Desnier 1987, p. 226 et 229-230.

444 Varro ling. 5, 183 : Ab aere aerarium appellatum ; Plin. nat. 34, 1 : Proxime dicantur aeris metalla, cui et in usus proximum est pretium, immo uero ante argentum ac paene ante aurum Corinthio, stipis quoque auctoritas, ut diximus. Hinc aera militum, tribuni aerarii et aerarium, obaerati, aere diruti ; Isid. etym. 15, 5, 3 : Aerarium uocatum quia prius aes signatum ibi recondebatur. Hoc enim olim in usus erat auro argentoque nondum signato : ex quorum metallis quamuis postea facta fuisset pecunia, nomen tamen aerarii permansit ab eo metallo unde pecunia [nomen] initium sumpsit ; Isid. etym. 16, 18, 5 : Antiquissimi nondum auro argentoque inuento, aere utebantur. Nam prius aerea pecunia in usu fuit, post argentea, deinde aurea subsecuta est, sed ab ea, qua coepit, et nomen retinuit. Vnde et aerarium dictum, quia prius aes tantum in usus fuit, et ipsum solum recondebatur, auro argentoque nondum signato ; ex quorum metallis quamuis postea fuisset facta pecunia, nomen tamen aerarii permansit ab eo metallo unde initium sumpsit.

445 Gagé 1976, p. 226 et 239.

446 Mazzei 2005, p. 24, 33, 35-36, 59, 65 a proposé de voir dans les objets métalliques accumulés dans les dépôts votifs le contexte dans lequel s’élabora la notion d’unité de valeur, qui permit à terme le passage au monnayage. Les dépôts votifs étaient nombreux autour du temple de Saturne : Colini 1941, p. 86-97 ; Sciortino 2005, p. 88 et 91-92.

447 Aberson 1994, p. 99-100. Thulin 1921, col. 219 souligne les liens de Saturne et de Lua, déesse à laquelle on consacrait les armes prises aux ennemis.

448 On pense ici au financement des jeux, évoquée par Serv. georg. 3, 18. La documentation épigraphique tardo-républicaine, par exemple avec le règlement de l’aedes de Furfo (CIL I², 756 = IX, 3513), envisage la possibilité que les offrandes effectuées dans le sanctuaire soient vendues au profit de ce dernier.

449 Gagé 1976, p. 236.

450 Pouthier 1981, p. 98 ; Miano 2015, p. 110.

451 Degrassi 1963, p. 198-199 ; Miano 2015, p. 109. Varro ling. 6, 22 ; Macr. sat. 1, 10, 18.

452 Macr. sat. 1, 10, 19 et Fest. p. 202 L. D.H. 3, 32, 4 attribue à Tullus Hostilius le vœu d’instaurer des fêtes à Cronos et Rhea (Saturne et Ops ?) ; Fabius Pictor 16 P. = 20 Beck-Walter = 20 Chassignet = 15 Cornell indique que les statues de Cronos et Rhea figuraient côte à côte dans la pompa circensis.

453 Pouthier 1981, p. 22, 25 et 105-112 liait Ops à la richesse et la bonne conservation des récoltes ; Miano 2015, p. 99 et 119 en fait plutôt la déesse du « welfare of the State ».

454 Le Glay 1966, p. 453, 456, 464 ; Guittard 1976, p. 53 ; Pouthier 1981, p. 125-126. Cf . Fest. 202 L.

455 Versnel 1993, p. 101, 104 et 107.

456 Coarelli 1976-1977, p. 374 ; Coarelli 1983-1985, I, p. 208-225.

457 Versnel 1993, p. 106-107. Voir aussi Magdelain 1990, p. 184-185, qui souligne la dénomination du mundus comme mundus Cereris (Fest. p. 126 L.).

458 L’idée est de Warde Fowler 1920, p. 25-26.

459 Contrairement à ce qu’écrivent Pina Polo – Díaz Fernández 2019, p. 22, rien n’assure que l’aedes Saturni ait été construite pour servir de Trésor Public.

460 Zevi 1987, p. 125 : « Erario pubblico e bronzo pesato, commercio, annona e frumentazioni si legano con connessioni reciprocamente necessarie. » F. Zevi lie la naissance de l’Aerarium à celle du régime républicain, en évoquant l’appropriation par la cité romaine du Trésor royal. Cependant, les sources ne vont pas tout à fait dans ce sens.

461 Momigliano 1969, p. 331-347 ; Nicolet 1976d, p. 46-47 ; Zevi 1993, p. 673 et 705-708 ; Coarelli 1997, p. 300-301. Les Minucii plébéiens de l’époque tardo-républicaine n’avaient sans doute aucun lien de parenté avec les Minucii, vraisemblablement patriciens, attestés à plus haute époque : on aurait là un des nombreux cas de généalogies fictives forgées par les lignées aristocratiques de la fin de la République.

462 Münzer 1932c, col. 1950-1955, n° 40.

463 Avec le versement de plus en plus régulier des différentes catégories de la praeda au Trésor et la création probable du tributum.

464 C’est alors que se multiplient les procès pour amende et qu’aurait été introduite la uicesima.

465 Se généralisent les indemnités de guerre et les uectigalia.

466 Covino 2011, p. 5, qui voit dans les questeurs un instrument de contrôle du consulat, souligne l’importance, dans la structuration de la questure, des années qui suivirent le Décemvirat ; Pina Polo – Díaz Fernández 2019, p. 21-23.

467 Liv. 4, 43, 3-5 et 4, 44, 2.

468 Tac. ann. 11, 22, 4-5.

469 Pour Tite Live, on aurait créé en 422-421 deux assistants supplémentaires des consuls pour les campagnes militaires (avec tâche de seconder les magistrats supérieurs dans leurs fonctions de commandement, ou afin de gérer le butin ?). Selon Tacite en revanche, on serait passé en 446 à l’élection des questeurs qui accompagnaient les consuls militiae, puis, dans les années suivantes, auraient été mis en place les questeurs urbains.

470 Chez Tite Live, la première mention d’un questeur que l’on trouve après 421 se rapporte au contexte du partage du butin lors de la campagne contre les Èques de 414 av. J.-C. (Liv. 4, 50, 2-3 ; cf. Zonar. 7, 20). C’est seulement à partir de 410 av. J.-C. (Liv. 4, 53, 10) que l’on voit un questeur vendre la praeda au profit du Trésor.

471 Tite Live situe le passage à l’élection en 422-421 av. J.-C., Tacite place la première désignation des questeurs par le peuple romain en 446.

472 D.H. 5, 34, 4 ; 6, 96, 3-4 ; 7, 63, 2 ; 11, 46, 4.

473 Liv. 3, 69, 8. Il s’agit de la plus ancienne mention, dans une source latine, de l’Aerarium comme lieu où l’on conserve des objets de valeur.

474 Liv. 4, 15, 8.

475 Les quaestores parricidii, aux dires des textes qui les mentionnent, auraient agi dans le cadre de causes capitales dont les sources ne précisent pas la nature : Dig. 1, 2, 2, 23 ; Fest. p. 247 et éventuellement p. 310 L. (Falcon 2020, p. 86, 92, 94). Pour les juristes modernes, parricidium, au Ve siècle, signifiait soit meurtre en général (Lange 1876-1879, I, p. 386 ; Tondo 1973, p. 138 et 165 ; Watson 1979, p. 6 ; Santalucia 1984, p. 56-58 et Santalucia 1994, p. 13 ; Magdelain 1984, p. 549-570 = Magdelain 1990, p. 519-538 ; Magdelain 1986, p. 327 = Magdelain 1990, p. 64 ; Lassen 1992, p. 149 ; Humbert 2018, p. 689 ; Rivière 2021, p. 182-183. Selon Heuss 1944, p. 98 ; Kupiszewski 1971, p. 602 ; Cloud 1971, p. 3 ; Jonca 2004, p. 47 et 50 ; Falcon 2020, p. 96, les quaestores parricidii devaient apprécier si l’acte avait été accompli intentionnellement), soit meurtre d’un pater familias (Coli 1956, p. 191 ; Guarino 1981a, p. 106), soit parricide au sens strict (Arangio Ruiz 1937, p. 74 ; Thomas 1981, p. 645 et 663), soit exécution privée (Lovisi 1999, p. 83 ; contra Humbert 2018, p. 691). Cascione 1999, p. 158-159 et 164-165 s’appuie sur Varro ling. 5, 81, qui pose une continuité entre les attributions judiciaires des questeurs et celles des triumvirs capitaux, pour conclure que les questeurs agissaient originellement dans le cadre d’un système accusatoire relevant du seul magistrat, puis présidaient aux exécutions capitales. Toutefois, le texte de Varron ne parle pas, au sens strict, des quaestores parricidii.
Par ailleurs, des questeurs nude dicti auraient présidé au procès de Sp. Cassius en 485 (Gabba 2000, p. 141-150 ; Kołodko 2016, p. 376-383) et à celui de Volscius Fictor en 458 (Vicenti 1988, p. 23-43 ; Piazza 1991, p. 44-56 et Piazza 1992, p. 357-365 ; Kołodko 2016, p. 384-390). L’affaire de Volscius Fictor n’est évoquée que par Liv. 3, 24, 3-7 ; 3, 25, 2-3 et 3, 29, 6, qui fait état d’une accusation pour un faux témoignage proféré lors de la procédure tribunicienne engagée contre K. Quinctius en 461. Comme Mommsen 1907, II, p. 352 pensait qu’un faux témoignage prononcé dans le cadre d’une cause capitale était assimilable à une tentative d’assassinat, Ogilvie 1965, p. 437 concluait que le cas de Volscius avait dû tomber dans la sphère de compétence des quaestores parricidii, chargés des affaires de meurtre. Toutefois, le récit livien montre une certaine hésitation dans la reconstruction de la procédure : la première étape du procès Volscius semble être une assignation à comparaître émanant de deux questeurs, dans ce qui paraît être un procès comitial (Liv. 3, 24, 7). Pourtant, au final, c’est le dictateur L. Quinctius Cincinnatus – au demeurant père de la victime – qui préside à la condamnation (Liv. 3, 29, 6 ; en Liv. 3, 25, 2-3, la seconde assignation à comparaître était le fait d’un questeur qui se trouvait déjà être parent de la victime). On retrouve les mêmes oscillations dans le cas de Sp. Cassius, à propos duquel on évoquait une sorte d’anticipation des procès d’époque impériale devant le Sénat (D.H. 8, 79, 1 ; Val. Max. 6, 3, 1b), un procès questorien (Cic. rep. 2, 60 ; Liv. 2, 41, 11 ; D.H. 8, 77, 1 et 8, 87, 2), mais aussi un jugement dans le cadre domestique (Liv. 2, 41, 10 ; Val. Max. 5, 8, 2 ; Flor. epit. 1, 17, 7 ; Plin. nat. 34, 15). On ajoutera que les traces matérielles laissées par le procès de Sp. Cassius (la statue de bronze consacrée sur ses biens à Cérès - Liv. 2, 41, 10 ; D.H. 8, 79, 3 ; Val. Max. 5, 8, 2 ; Plin. nat. 34, 15 - et la consécration à Tellus de l’emplacement de sa maison - Cic. dom. 101 ; Liv. 2, 41, 11 ; D.H. 8, 79, 3 ; Val. Max. 6, 3, 1b), ainsi que l’évocation d’une exécution par précipitation (D.H. 8, 78, 5) pourraient tout à fait s’inscrire dans le cadre d’une procédure tribunicienne (Liou-Gille 1996, p. 175).
En définitive, pour séduisante que soit la reconstruction proposée par B. Santalucia pour les origines de l’accusation questorienne devant le peuple, il me semble qu’elle soulève quelques difficultés. D’une part, aucune source n’évoque, contrairement à ce qu’affirme Santalucia 1994, p. 13, les quaestores parricidii pour l’époque royale (les sources qu’il invoque ne parlent que de questeurs). Ensuite, il n’est pas exact d’affirmer, comme Santalucia 1994, p. 28, que la tradition antique considère unanimement les questeurs du Trésor comme l’équivalent des quaestores parricidii. En fait, la mention parricidii est la seule indication que nous possédions soit sur les crimes qui constituaient le domaine de compétence des quaestores parricidii, soit sur le type de sanction qu’ils faisaient infliger. On a en définitive l’impression que la tradition tardo-républicaine concevait les interventions judiciaires des questeurs au Ve siècle surtout comme une sorte de marqueur des procès publics capitaux de la cité patricienne, à une époque où la procédure conservait des caractères privés.

476 Le seul cas potentiel concerne l’emplacement de la maison de Sp. Cassius : il est difficile de déterminer si les sources font allusion à une confiscation ou à une consécration.

477 Dans le même sens, Pina Polo – Díaz Fernández 2019, p. 20.

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