Introduction

doi:10.4000/books.efr.38615

Le peuple et l’argent

Ce livre est recensé par

Michaël Girardin, Frontière·s, mis en ligne le 22 mars 2024. URL : https://journals.openedition.org/frontieres/1543 ; DOI : https://doi.org/10.4000/frontieres.1543

Introduction

p. 1-44

Texte intégral

Les Romains ont voulu que le temple de Saturne fût le Trésor Public, parce qu’on rapporte qu’à l’époque où il résida en Italie, aucun vol ne se commit sur son territoire, ou bien parce que sous son règne la propriété privée n’existait pas. Il n’était pas permis d’enclore les terres ou de diviser un champ par une limite ; on se procurait les choses pour l’usage de tous… Aussi c’était chez lui qu’était déposé l’argent commun aux citoyens, parce que sous son règne chacun avait eu en partage l’ensemble des biens communs1.

1Dans les premières décennies du V^e siècle ap. J.-C., lorsqu’il s’efforça de recueillir la substance de la culture latine païenne dans les Saturnales, Macrobe rassembla les pièces de la tradition sur le dieu Saturne, dont les fêtes servaient de cadre aux conversations savantes qu’il dépeignait. Reprenant le topos qui assimilait le règne de Saturne à l’âge d’or2, Macrobe proposa une étiologie de l’utilisation de l’aedes Saturni du Forum comme Trésor : la conservation des fonds publics dans le sanctuaire de Saturne aurait en quelque sorte été le fossile d’une époque où la propriété privée n’existait pas, et où la cité romaine vivait dans un état originel de communauté idéale.

2A priori, cette conception semble fort lointaine de celle d’un Cicéron, qui a pu assigner aux lois et aux cités la fonction de préserver la propriété privée3. Pourtant, le Trésor Public apparaît régulièrement dans l’œuvre cicéronienne, lorsque l’orateur énumère ce que sont à ses yeux les composantes essentielles de la res publica4. Le Trésor est pour Cicéron, au même titre que les institutions religieuses, politiques et judiciaires, que les membres des deux premiers ordres ou les territoires qui constituent l’empire, l’un des fondements de la puissance romaine. Il est aussi l’un des éléments majeurs du patrimoine matériel que les ciues Romani possèdent conjointement. De l’époque républicaine à l’Antiquité tardive par conséquent, les contemporains semblent avoir considéré que le Trésor Public participait de la définition de la communauté civique.

1. Les dénominations du Trésor Public

3Dans les sources littéraires et épigraphiques latines, le terme le plus fréquemment employé pour nommer le Trésor Public romain est Aerarium5. Fiscus, dans les textes pré-augustéens, a le plus souvent une acception concrète – panier ou sac contenant de l’argent6, mais dans une lettre de Cicéron et un texte d’Antistius Labeo repris au Digeste7, il pourrait être synonyme d’Aerarium. Par ailleurs, quelques occurrences de fiscus semblent a priori susceptibles de faire référence à la caisse des gouverneurs de province8. Dans la mesure où ces derniers étaient tenus, à l’issue de leur mandat, de déposer un bilan comptable auprès des services du Trésor9, il faudrait considérer les fisci provinciaux comme des annexes de l’Aerarium10. En fait, dans le seul passage d’un auteur républicain qui puisse vraiment faire allusion à la caisse d’un gouverneur11, fiscus est également susceptible d’avoir son sens matériel le plus courant12. Dans l’étude qui suivra, les fonds publics confiés aux gouverneurs de provinces ne seront donc pas envisagés pour eux-mêmes : on examinera seulement leurs rapports avec « l’administration centrale » des finances romaines13.

4En grec, dans les sources littéraires, à côté de deux occurrences de thesauroi14, tamieion était généralement employé15. [Aira]rion semble avoir été utilisé seulement dans les sources épigraphiques d’époque impériale16.

5Par ailleurs, dans un certain nombre d’expressions techniques latines, l’adjectif substantivé publicum fait référence au Trésor Public17. L’équivalent grec semble avoir été dèmosion18. On peut voir simplement dans ces termes l’abréviation d’Aerarium publicum ou de dèmosion tamieion, mais le choix de retenir l’adjectif suggère que le Trésor représentait en quelque sorte la quintessence de ce qui était commun aux citoyens romains. Dans l’elogium de Duilius19, poplo[…]20 me semble signifier « verser au Trésor » plutôt que « distribuer aux citoyens »21, car deux inscriptions tardo-républicaines qui se rapportent à des opérations édilitaires22 évoquent les dépenses engagées sur fonds publics par l’expression populo constat, « il en a coûté au peuple »23. Ceci faisait allusion au rapport, assimilable à la propriété, que la collectivité civique romaine entretenait avec ce qui constituait ses « biens patrimoniaux »24, ici les deniers publics, mais identifiait aussi en un certain sens le populus Romanus avec son Trésor. Si la dénomination d’une institution révèle quelque chose de la manière dont un peuple se représente son fonctionnement politique, une étude de l’Aerarium à l’époque républicaine pourrait montrer comment les Romains pensaient leur cité.

2. Les bâtiments de l’Aerarivm

6Concrètement, l’Aerarium, durant la République, correspondait à un ou plusieurs bâtiments localisés sur le Forum, où était déposé ce que le peuple romain avait de plus précieux.

Le contenu du Trésor Public

7Les biens thésaurisés à l’Aerarium comprenaient d’une part des objets de valeur, d’autre part des archives.

Les richesses de la cité

8Les objets conservés à l’Aerarium étaient de nature très diverse. Les textes qui fournissent une indication explicite sur le contenu du Trésor Public romain suggèrent qu’à l’époque proto-républicaine, ce furent d’abord les enseignes militaires qui y furent entreposées25. Par la suite, les objets déposés au Trésor semblent avoir présenté la caractéristique d’être majoritairement métalliques. Les récits qui situent à la fin du V^e siècle av. J.-C. la création concomitante de la solde et de la contribution de guerre affirment que cette dernière, avant d’être versée au Trésor, fut levée sous forme d’aes graue26. La même unité de bronze est évoquée, pour la période antérieure à la première Guerre punique, à la fois pour des paiements effectués par les autorités romaines27 et pour la remise à l’Aerarium, suite à un triomphe, d’une partie du butin28. La plus ancienne mention d’un dépôt d’argent au Trésor Public, toujours dans le contexte d’un triomphe, se place en 293 av. J.-C29. ; la plus ancienne attestation d’or semble datable de 260 av. J.-C30. Or, un passage de Varron transmis par Nonius31 évoque le moment où des lingots d’or et d’argent furent pour la première fois thésaurisés à l’Aerarium. Il serait envisageable de faire du stockage de lingots de métal précieux une conséquence de l’ouverture de l’atelier monétaire de Rome. Cette dernière est généralement datée par les modernes des années 289-269 av. J.-C.32, mais si on la lie à l’apparition de la légende Roma sur les monnaies romaines d’argent et de bronze33, il faut sans doute opter pour une chronologie légèrement plus basse34. Les textes font ensuite fréquemment état de la présence d’or et d’argent dans le Trésor aux II^e et I^er siècles av. J.-C35. L’encyclopédie de Pline l’Ancien36, qui semble s’appuyer sur des inventaires remontant aux années 157, 91 et 49 av. J.-C., fournit un récapitulatif du contenu de l’Aerarium classé en trois grandes catégories : l’or et l’argent, tout d’abord, estimés au poids ou en nombre de lingots (lateres), puis le numéraire. Les attestations de la présence à l’Aerarium des fonds publics, en monnaies, sont de fait nombreuses37.

9Le métal conservé au Trésor pouvait également prendre la forme d’objets précieux38. Par ailleurs, quelques allusions suggèrent que les butins de guerre, à la composition souvent hétéroclite, pouvaient être déposés au Trésor, peut-être temporairement, en l’attente de leur vente39.

10Enfin, en 49 av. J.-C., au moment où l’Aerarium tomba aux mains de César, il contenait 1500 livres de laserpicium. Cette plante médicinale originaire de Cyrénaïque constituait probablement une partie de l’impôt fourni par la province40.

Le « Trésor de la mémoire publique »41

11À partir des premières décennies du II^e siècle av. J.-C.42 est également attestée une fonction archivistique du Trésor Public43. Étaient versés au Trésor les sénatus-consultes (désormais indiqués SC)44, les textes de lois45, des listes de sénateurs ou magistrats qui s’étaient engagés par serment46, l’album des jurés des quaestiones et sans doute la composition des différentes cours47, probablement une liste des employés publics48. Plusieurs auteurs49 ont estimé que les archives des censeurs étaient systématiquement déposées à l’Aerarium à la fin de leur mandat, mais il s’agissait vraisemblablement plutôt des duplicata de certains documents à caractère financier50. En effet, la majorité des archives conservées au Trésor Public correspondait aux pièces comptables produites ou réceptionnées par ses « bureaux »51. Enfin, il faut relever qu’on n’a pas trace de la conservation de documents diplomatiques à l’Aerarium52, à l’exception éventuelle d’une copie du testament du roi lagide Ptolémée XII, qui aurait dû être versée au Trésor, mais qui resta entre les mains de Pompée en raison des troubles politiques53.

12On ne dispose que de rares indices sur la manière dont étaient organisées les archives de l’Aerarium. Les données les plus explicites concernent les SC, qui étaient apparemment transcrits, à partir de l’exemplaire des consuls, sur des « registres questoriens »54 (tabulae en latin, deltoi en grec). Un passage de Flavius Josèphe indique que les SC qui y étaient versés étaient référencés par année, numéro de tabulae et numéro de cera, donc sans doute de « page » à l’intérieur d’un « registre »55. Le même système de classement est évoqué dans un SC d’Aphrodisias56, qui révèle qu’un SC daté du 2 octobre apparaissait dans un « registre questorien » numéroté « 1 ». Comme il paraît peu crédible que tous les documents antérieurs à octobre aient été rassemblés dans un seul premier « registre », ou qu’on ait commencé cette année-là à n’enregistrer des SC qu’à l’automne, J. Reynolds en a déduit que les tabulae questoriennes étaient probablement organisées sur une base mensuelle, leur numérotation recommençant chaque mois à partir de « 1 »57. S’il est permis d’extrapoler à partir de cet unique exemple58, on postulera que le classement des archives, à l’Aerarium, reposait plutôt sur des principes chronologiques59.

L’Aerarivm : aspects archéologiques et topographiques60

L’Aerarium et l’aedes Saturni

13À l’exception d’un passage quelque peu indirect de Varron, ce sont principalement des sources littéraires tardives qui identifient l’Aerarium à l’aedes Saturni du Forum :

Varro ling. 5, 183 : Per trutinam solui solitum : uestigium etiam nunc manet in aede Saturni, quod etiam nunc propter pensuram trutinam habet positam. Ab aere Aerarium appellatum.

Solin 1, 12 :
Aedem etiam, quae Saturni aerarium fertur…

Macr. sat. 1, 8, 3 :
Aedem uero Saturni aerarium Romani esse uoluerunt.

Origo gent. Rom. 3, 6 :
Aedes quoque sub cliuo Capitolino, in qua pecuniam conditam habebat, aerarium Saturni, hodieque dicetur.

Serv. Aen. 8, 319 :
qua die simili et promiscuo uictu utuntur serui et liberi ideo in aede ipsius Saturni aerarium, quod ibi potissimum pecunia seruaretur, eo quod illi maxima credatur.

Serv. Aen. 8, 322 :
nam ideo et acceptae a populo leges in aerario claudebantur, quoniam aerarium Saturno dicatum erat, ut hodieque aerarium Saturni dicitur.

Paul Fest. p. 2 L., s. u. Aerarii tribuni :
Aerarium sane populus Romanus in aede Saturni habuit.

Mirabilia Romae :
Templum Concordiae […] iuxta aerarium publicum, quod erat templum Saturni.

14Le dégagement, à partir de 181061, de la portion du Forum située au pied du Capitole permit à L. Canina d’identifier l’aedes Saturni avec le temple dont huit colonnes étaient conservées en élévation62. Les fouilles archéologiques n’ont fourni par la suite que de maigres renseignements sur l’apparence qu’avait le sanctuaire avant sa restauration par L. Munatius Plancus, entre 42 et 31 av. J.-C. Les sondages effectués au début des années 1980, à l’occasion des travaux de démantèlement de la Via del Foro Romano, ont seulement mis en évidence dans le podium du temple des structures en opus quadratum de cappellaccio, englobées dans la masse de caementicium revêtue de blocs de travertin qui doit, elle, correspondre à l’intervention de Plancus63. Les documents iconographiques ne sont guère plus parlants. Les environs de l’aedes Saturni sont représentés sur les reliefs traditionnellement désignés sous le nom d’Anaglypha Traiani, mais dans leur état impérial64. Le morceau du plan de marbre sévérien qui porte la légende […Sat]urni est brisé à l’endroit où était figuré le temple de Saturne65. L. Richardson et M. Steinby estiment que le fragment 19, où l’on avait pensé voir les temples de Saturne et de Concordia, ne se rapporte en fait pas à la zone du Forum66, mais P. L. Tucci a récusé cette idée sur la base d’un nouveau rapprochement des fragments 19 et 227 a-b67. Quoi qu’il en soit, la possible représentation de l’aedes Saturni donnée par la FUR – un temple hexastyle, avec un escalier d’accès frontal – est très schématique. En définitive, le seul point fermement établi est qu’à l’époque républicaine, des inscriptions étaient fixées sur les murs du sanctuaire68. G. Lugli69 a vu dans un rectangle de 1,4 m. de haut sur 7,3 m. de large, dessiné sur le podium du côté de la basilique Iulia, le lieu d’affichage de ces textes. Pour leur part, les sources littéraires républicaines qui évoquent l’Aerarium ne font état que la présence de statues ornementales70 et de marches extérieures71.

L’Aerarium Sanctius

15Une section de l’Aerarium était nommée Aerarium Sanctum ou Sanctius72. Selon Tite Live, on y conservait, sous forme d’or, le produit de l’impôt sur les affranchissements, la uicesima manumissionum, afin de faire face aux situations critiques73. Florus74 déclare que César s’empara de l’Aerarium Sanctum lorsqu’il prit le pouvoir en 49. Comme les autres textes75 qui se rapportent aux mêmes événements ne font état que de l’Aerarium, et que Lucain76 évoque la rupture des portes de l’aedes Saturni, on a le plus souvent fait de l’Aerarium Sanctius une arca ou une chambre-forte située à l’intérieur du temple de Saturne77.

16Toutefois, le passage d’Appien78 qui traite de l’appropriation par César des fonds publics en 49 paraît faire allusion à deux types de fonds, ceux conservés dans les caisses publiques et l’argent « intouchable ». Appien précise que ce dernier était thésaurisé depuis la prise de Rome par les Gaulois, qu’il était demeuré intact et qu’il était destiné à une éventuelle guerre gauloise. Or, le récit livien des lendemains de l’épisode gaulois évoque la récupération de l’or qui avait constitué la rançon des Romains et son dépôt sous la statue cultuelle de Jupiter Capitolin79. Dans la mesure où le temple du Capitole semble avoir été, traditionnellement, un lieu où l’on effectuait des dépôts d’or80, peut-être préférera-t-on alors y localiser l’Aerarium Sanctius81. En 49, César se serait donc emparé à la fois du Trésor Public sur le Forum et du fonds de réserve du Capitole.

La localisation des services administratifs du Trésor

17Les différentes localisations qui ont été avancées par les modernes pour l’Aerarium dépendent en fait d’un postulat, à savoir la réunion en un même endroit ou la dissociation entre plusieurs sites des caisses publiques, des documents comptables et du reste des archives. En pratique, deux grandes options ont été envisagées : la première veut que tout le contenu du Trésor Public, jusqu’au coup de force césarien de 49 av. J.-C., soit demeuré dans le temple de Saturne ; la seconde estime qu’en raison de l’inflation des archives, il fut nécessaire d’aménager une ou plusieurs annexes de l’Aerarium.

18L’hypothèse d’une localisation pérenne de l’Aerarium à l’intérieur de l’aedes Saturni reçut la caution de G. Lugli82. Les fouilles de 1898 avaient en effet mis au jour une petite salle aménagée au sud-est du bâtiment, sous un avant-corps de l’escalier du temple83. Les marches qui permettaient d’y accéder portent la trace de trous circulaires et rectangulaires, peut-être laissés par un système de fermeture84. Toutefois, l’exiguïté de l’espace disponible (30 m² seulement) suscita des réticences85. Une seconde solution consistait à situer le Trésor dans des pièces situées à l’intérieur même du podium, mais l’existence de tels espaces n’a pu être formellement démontrée86. Enfin P. Pensabene87, toujours pour des raisons de place, exclut que ce soit la cella de l’aedes Saturni qui ait abrité l’Aerarium.

19L’hypothèse alternative consistait donc à supposer que l’accumulation du numéraire et des archives avait imposé leur transfert dans un ou plusieurs bâtiments annexes, qu’il s’agissait dès lors d’identifier88. A priori, on pouvait s’appuyer pour ce faire sur l’identification des lieux d’activité des magistrats en charge du Trésor Public et de leurs appariteurs.

Les lieux d’exercice des questeurs et de leurs appariteurs

20T. Mommsen89 jugeait que les édiles curules avaient compétence sur les archives du Trésor Public sur la base de trois arguments90. Le premier était l’inscription dite de la schola Xantha (CIL VI, 103)91, qui montrait selon lui que les appariteurs des édiles curules utilisaient une partie de l’Aerarium comme local officiel. H. Jordan92 avait en effet donné comme provenance à CIL VI, 103 le portique dit des Dei Consentes93, voisin du temple de Saturne94. Cependant, il semble difficile que la Schola des appariteurs édiliciens ait pu être construite à cet emplacement avant l’époque flavienne95 et il paraît imprudent de postuler qu’elle existait déjà sous la République. Pour justifier l’idée que les édiles curules avaient la garde des archives du Trésor, T. Mommsen recourait par ailleurs à un passage de Tite Live96 qui fait référence à un vol commis à l’Aerarium par les appariteurs d’un édile curule – ce qui prouve que ces employés avaient accès aux services du Trésor – et à la mention, chez Dion Cassius97, du transfert aux questeurs, en 11 av. J.-C., de la tâche d’archiver les dogmata (comprendre les SC), alors que cette prérogative revenait jusque-là aux tribuns de la plèbe et aux édiles. Toutefois, Dion Cassius fait ici nécessairement référence aux édiles plébéiens, puisqu’il associe ces magistrats aux tribuns98 : le passage n’évoque aucunement des compétences archivistiques des édiles curules99. L’accès au Trésor des appariteurs des édiles curules, quant à lui, pouvait découler des informations qu’ils avaient à y transmettre, non signaler qu’ils y étaient employés de façon permanente100. D’ailleurs, aucune titulature épigraphique d’appariteur édilicien n’inclut la mention ab Aerario101, alors qu’elle est bien attestée chez les appariteurs questoriens102.

21Il faut par conséquent se limiter aux attestations des questeurs, seuls magistrats dont on est certain qu’ils étaient responsables de l’Aerarium103. Le lieu de découverte de deux documents épigraphiques pourrait a priori signaler l’endroit où les questeurs exerçaient leurs activités. Le premier est la loi Cornelia de XX quaestoribus, qui indique que le temple de Saturne était le siège des questeurs urbains104. Les humanistes donnent deux indications divergentes sur la provenance de ce texte105, mais, selon J.-L. Ferrary, elles peuvent être réconciliées et orientent vers le secteur des églises S. Omobono et S. Giovanni Decollato106. Comme on a retrouvé à peu près au même endroit des dédicaces faites à Jupiter et au peuple romain par des souverains et peuples orientaux, il en concluait que ces inscriptions, originellement placées sur le Capitole, furent précipitées en contrebas par l’effondrement d’un pan de la colline107. Il me semble que l’on peut également supposer que la lex Cornelia était exposée à l’origine sur un mur du temple de Saturne108, car d’autres documents épigraphiques qui semblent liés au temple furent découverts dans la même zone qu’elle109, ce qui suggère un phénomène de remploi au Haut Moyen Âge. Le second document est une inscription honorifique d’Ostie, élevée à un questeur par les « hommes d’affaires » de l’area Saturni110. Cette place est également mentionnée par une autre inscription, retrouvée à Alger111, et il serait possible que l’area évoquée par la borne CIL VI, 1265112 soit aussi l’area Saturni. Ce dernier document provient soit de l’église S. Maria della Consolazione, soit de S. Salvatore in statera113. E. De Ruggiero114 situait donc l’area Saturni « verso la chiesa della Consolazione ». Toutefois, le terme area désigne en général un espace ouvert entourant un autel115, et l’ara Saturni a été plus vraisemblablement localisée par F. Coarelli devant la façade du temple de Saturne au Forum116. On aurait donc, une fois encore, une inscription provenant des environs de l’aedes Saturni et remployée dans les églises du Vico Jugario. D’autres documents lient plus génériquement l’activité des questeurs au Forum. La Table d’Héraclée117 indique que les passations de marchés publics questoriens (en l’occurrence relatifs aux travaux d’entretien de la voirie à Rome) avaient lieu palam in foro. Une scholie à Cicéron semble en outre associer les subsellia des questeurs à ceux des tribuns de la plèbe et des triumvirs capitaux118, qui siégeaient respectivement à la tabula Valeria119 et à la colonne Maenia120. Si le texte ne se limite pas à suggérer une continuité des activités judiciaires des triumuiri capitales par rapport à celles des questeurs121, il pourrait indiquer que les magistrats responsables du Trésor oeuvraient sur le Forum, en différents points d’un espace situé devant la façade de l’aedes Saturni.

22C’est donc peut-être plutôt des inscriptions relatives aux appariteurs des questeurs qu’il serait envisageable de tirer des indications. Cependant, à l’exception de la lex Cornelia de XX quaestoribus122, qui fait savoir que les noms des appariteurs questoriens devaient être affichés sur un mur du temple de Saturne, la documentation est d’époque impériale, et ne fournit donc aucune certitude pour les réalités républicaines :

CIL VI, 1495, 1496 = 32270a, 32270b123 et 37144-37145124 : différents fragments d’inscriptions semblent livrer les Fastes des sex primi, « chefs de bureaux » des scribes, pour les années 13-20, 27-28 et 80-81 ap. J.-C. L’un de ces fragments (CIL VI, 32270b) fut découvert près de la colonne de Phocas, l’autre (CIL VI, 37144) près des Rostres césariens. D. Vaglieri125 estimait que ces Fastes devaient être exposés sur une paroi du temple de Saturne.

CIL VI, 816126 : connue uniquement par la tradition manuscrite127, la dédicace de la schola des uiatores quaestorii proviendrait de « botega scura circo Flaminio ».

CIL VI, 1019 : Diuae Piae / Faustinae / uiatores q(uaestorii) / ab aer(ario) Saturni : la petite base de marbre, décorée d’un urceus et d’une patère, aurait été découverte entre les temples de Vespasien et de Concordia. Elle provenait donc de l’édicule dont les restes sont encore observables entre les deux sanctuaires, et dont la construction fut contemporaine de celle du temple de Vespasien128.

23On est encore renvoyé au secteur du temple de Saturne et de l’area Saturni, mais l’exemple de CIL VI, 816 suggère soit que des inscriptions ont pu être déplacées à l’époque moderne, soit qu’une schola, étant un espace de réunion et de représentation avant tout, ne constitue pas un indice certain pour localiser un lieu d’exercice professionnel129. Dès lors, les sources archéologiques sont-elles susceptibles d’apporter des éléments supplémentaires ?

Aerarium et « Tabularium »

24A. W. Becker puis H. Jordan130, de façon assez vague, avaient suggéré qu’il devait y avoir un lien entre l’Aerarium et le complexe que l’on désigne communément comme le « Tabularium »131. R. Delbrück132 précisa cette intuition en identifiant dans l’« édifice sud-ouest » du Forum une annexe du Trésor Public. Les puissantes substructions du Capitole portent en effet l’empreinte d’une construction aujourd’hui disparue. Au deuxième niveau, les arcades de la galerie ne se poursuivent pas jusqu’à l’extrémité sud-ouest de la structure, ce qui suggère que l’architecte respecta une construction préexistante. Puisque cette dernière était voisine du temple de Saturne, R. Delbrück en concluait qu’il s’agissait probablement d’une dépendance de l’Aerarium, qui aurait été érigée avant 78 av. J.-C.133 à l’endroit où l’on voit actuellement le portique des Dei Consentes134.

25C’est à F. Coarelli qu’il revint de développer les implications de la découverte de R. Delbrück, dans une série de contributions qui montrent l’évolution progressive de sa réflexion. Dans un article de 1994135, le savant italien suggérait que l’« édifice sud-ouest » du Forum était fonctionnellement lié à l’Atelier monétaire. R. Delbrück avait déjà observé, à mi-hauteur des soutènements du « Tabularium », la trace d’une porte aujourd’hui murée, qui devait originellement être accessible par un escalier intérieur au « bâtiment sud-ouest ». Cette porte donnait sur le corridor, éclairé par une rangée de petites fenêtres, qui court sur toute la largeur de la façade du « Tabularium », avant de rejoindre par un escalier interne ses « salles nord-est ». Eu égard à la proximité de ces salles avec le temple de Iuno Moneta, F. Coarelli suggérait d’y placer l’Officina Monetae136. S’il y avait un parcours sécurisé qui unissait l’Atelier monétaire et le « bâtiment sud-ouest »137, ce dernier devait bien être une annexe du Trésor et probablement abriter les fonds publics138. En revanche, les archives de l’Aerarium, qui occupaient une place considérable, étaient probablement conservées ailleurs139, peut-être dans le bâtiment mis en évidence derrière le temple de Veiovis par les fouilles d’A. M. Colini des années 1930140. Ces structures, réétudiées par P. Mazzei en 2014141, semblent correspondre à un édifice à pavements mosaïqués, aménagé à la fin du IIIe siècle av. J.-C. et reconstruit avec une orientation légèrement différente, coordonnée à celle des basiliques du Forum, dans la première moitié du IIe.

26Revenant en 2009 sur la topographie du secteur nord du Forum, F. Coarelli qualifiait désormais l’« édifice sud-ouest » d’« archivio repubblicano »142. Il explicitait sa pensée dans un article publié l’année suivante143. L’inscription CIL VI, 1314, qui fait état d’une substructio et d’un tabularium construits par le consul de 78 av. J.-C. Q. Lutatius Catulus144, devait selon lui être exposée dans un cadre rectangulaire encore visible en hauteur sur les soutènements du Capitole, entre le portique des Dei Consentes et le temple du Diuus Vespasianus. Le tabularium de Catulus était par conséquent l’édifice le plus proche, soit le « bâtiment sud-ouest », c’est-à-dire les archives de l’Aerarium. P. L. Tucci a objecté, à raison selon nous, que le témoignage des humanistes145 exclut pour CIL VI, 1314 la provenance suggérée par F. Coarelli.

27Dans un volume paru en 2019 mais dont la teneur avait été anticipée dès 2013, F. Coarelli146 réaffirme ses positions et propose d’identifier les archives de l’Aerarium (c’est-à-dire pour lui le tabularium de Catulus connu par CIL VI, 1314) avec les archives des édiles mentionnées par Polybe, où étaient conservés les traités romano-carthaginois147. Ce rapprochement avait en fait déjà été fait au XIX^e siècle par L. Lange et plus récemment par P. Mazzei148. Le raisonnement de F. Coarelli repose sur l’idée que par sa localisation, son contenu et les magistrats qui en étaient responsables, le bâtiment évoqué par Polybe doit se confondre avec les archives de l’Aerarium. Premièrement, les propos de Polybe, qui localise les archives des édiles « près du temple de Jupiter Capitolin », peuvent se rapporter au « bâtiment sud-ouest », car certaines sources littéraires situent le secteur ouest du Forum in Capitolio149 et Polybe ne ferait allusion au sanctuaire de Jupiter Optimus Maximus que par approximation, à l’intention de ses lecteurs grecs150. Deuxièmement, le lieu de conservation des traités ne pourrait être que les archives de l’Aerarium151. Troisièmement, des archives dépendant des édiles n’étaient vraisemblablement pas localisées sur la colline du Capitole, car ces magistrats étaient actifs dans le secteur du Forum152. Cependant, aucun de ces arguments n’est probant. D’une part, Polybe mentionne le Capitole à quatre reprises dans son œuvre avant 3, 26, 1153, sans jamais faire référence au temple de Jupiter Optimus Maximus. Cette précision, en 3, 26, 1, doit donc bien avoir pour finalité de localiser le bâtiment dont parle Polybe à proximité du sanctuaire. Par ailleurs, rien n’étaye l’idée que les traités étaient archivés à l’Aerarium154. En revanche, un nombre assez conséquent de sources épigraphiques et littéraires évoquent des documents diplomatiques gravés sur des tables de bronze et conservés au Capitole, près de Jupiter Optimus Maximus155. Enfin, comme on l’a vu, les édiles n’avaient pas compétence sur les archives de l’Aerarium. Le « trésor des édiles » du Capitole doit par conséquent avoir été un bâtiment spécifique, localisé près du temple de Jupiter Capitolin et utilisé pour la conservation et l’affichage des documents diplomatiques. Il est envisageable que le tabularium publicum cité par une série de diplômes militaires datés entre 85 et 88 ap. J.-C156. soit une réfection du bâtiment connu par Polybe.

28Dès lors, est-il possible d’aller plus avant ? Le dossier invite à se concentrer sur la situation post-syllanienne du nord-ouest du Forum, car la datation du « Tabularium » est fixée de façon sûre au début du I^er siècle av. J.-C. et c’est à partir du moment où ce complexe exista qu’il est établi que l’« édifice sud-ouest », probable annexe du temple de Saturne, fut fonctionnellement relié aux « salles nord-est » par un corridor sécurisé. En outre, la documentation épigraphique disponible renvoie à la même phase chronologique et au même secteur. La question qui s’impose est par conséquent de déterminer si le tabularium de Catulus (CIL, VI, 1314) est identifiable avec les archives de l’Aerarium. Pour répondre par l’affirmative, il faudrait disposer d’indices suggérant soit que le tabularium de Catulus abritait le même type de documents que ceux conservés au Trésor Public, soit qu’il avait un lien topographique avec l’« édifice sud-ouest ».

29Le bâtiment érigé par le consul de 78 n’est pas mentionné comme tel dans les sources littéraires, et l’on ignore quels genres de documents il abritait. Les attestations en général de tabularia à Rome sont d’ailleurs des plus rares pour l’époque républicaine : elles se limitent au tabularium des censeurs à l’Atrium Libertatis157 et à un tabularium incendié, évoqué par Cicéron158 dans le De Natura deorum, dialogue censé se dérouler en 77-76 av. J.-C. R. Sablayrolles159 estime que le tabularium de Catulus doit être une réfection de celui cité par Cicéron, mais en fait rien ne l’assure160. En l’état de la documentation, il est donc impossible de répondre sur le premier point.

30Il est également difficile de préciser la localisation du tabularium de Catulus respectivement à l’« édifice sud-ouest ». La provenance de CIL VI, 1314 constitue a priori le seul indice sur lequel s’appuyer, mais rien ne garantit que l’inscription ait été retrouvée en place. CIL, VI, 1314 fut découverte, d’après le témoignage des humanistes, dans le magasin au sel du Palazzo Senatorio161. Une seconde inscription mentionnant des travaux réalisés par Catulus (CIL, VI, 1313162) fut pour sa part retrouvée en 1845 dans les « grandi camere che esistono nel lato orientale », donc de toute évidence les « salles nord-est » du « Tabularium »163. H. Jordan164 considérait que CIL VI, 1313 et 1314 avaient été découvertes in situ, car il jugeait peu probable qu’elles se soient retrouvées en définitive près l’une de l’autre en ayant été déplacées ; il notait toutefois que dans ce cas, les deux inscriptions devaient dans l’Antiquité avoir été affichées à l’intérieur d’un bâtiment165, ce qui n’est pas très fréquent166. Suivant cette hypothèse, CIL VI, 1313 et 1314 auraient été exposées chacune à une extrémité d’un complexe correspondant aux sept « salles nord-est » ou à ces salles augmentées d’une aile perpendiculaire située sous l’actuelle façade du Palazzo Senatorio167. Cette structure, qui à lire CIL VI, 1314 se composait au moins d’une substructio et d’un dépôt d’archives168, était liée à « l’édifice sud-ouest » par le corridor sécurisé et serait dès lors interprétable comme une annexe de l’Aerarium169. Cependant, il est également envisageable que les inscriptions de Catulus aient été retrouvées en remploi. En effet, entre 1833 et 1841, E. Sarti avait découvert, au-dessus de la porte menant à la première des « salles nord-est », une inscription extrêmement lacunaire et aujourd’hui perdue170. Ce texte évoque de toute évidence une opération édilitaire menée par au moins deux individus171, et contrairement à ce qu’a supposé P. L. Tucci, il paraît exclu de rapporter le document à Catulus172. Comme il ne semble y avoir aucun rapport entre l’inscription lacunaire et CIL VI, 1313, retrouvée à proximité immédiate173, il serait envisageable que ces pierres soient des remplois utilisés au Moyen-Âge pour des travaux au Palazzo Senatorio. Par conséquent, s’il reste vraisemblable que les inscriptions de Catulus proviennent du secteur du Capitole, rien n’atteste que le tabularium édifié par le consul de 78 ait eu un quelconque rapport avec l’Aerarium.

31En définitive, le seul point ferme reste donc l’utilisation du « bâtiment sud-ouest » comme probable annexe administrative du temple de Saturne, et ses liens avec les « salles nord-est », qu’il faille les interpréter, comme le faisait F. Coarelli dans les années 1990, comme un rapport fonctionnel entre deux services administratifs différents (Trésor et Monnaie), ou comme un agrandissement des espaces dépendant de l’« édifice sud-ouest », à la faveur d’un grand projet de « monumentalisation » du secteur inter duos lucos au début du Ier siècle av. J.-C.

3. L’interprétation des finances publiques romaines par l’historiographie : « il grande semplicismo della finanza repubblicana » ?174

32Les études modernes qui ont pris pour sujet les finances publiques romaines présentent une constante interprétative, l’idée du « primitivisme » en la matière de la Rome républicaine. Si on laisse de côté les monographies antérieures à 1750175, il est net que les livres consacrés aux finances de l’Vrbs se multiplièrent, dans les États allemands, à partir de l’époque napoléonienne. Outre-Rhin, la réflexion sur l’organisation du prélèvement fiscal, qui s’inscrivait dans la tradition intellectuelle du caméralisme176, fut vraisemblablement ressentie comme l’une des conditions nécessaires au relèvement après le traumatisme que représentèrent les guerres révolutionnaires et napoléoniennes177. Un processus comparable accompagna, en France, la mise en place du régime républicain, dans les années qui suivirent Sedan178. De cet ensemble de publications se détachent, par la fermeté de leurs lignes interprétatives, les ouvrages parus entre 1840 et 1945, qui relèvent principalement de deux grandes catégories, les tableaux raisonnés des recettes et des dépenses d’une part179, les synthèses de droit public de l’autre180.

Les travaux consacrés au Trésor Public romain entre 1840 et 1945 au prisme de la réflexion du XIX^e siècle sur la fiscalité

La lecture positiviste du système romain des finances publiques

33L’historiographie de la seconde moitié du XIX^e siècle, tant en Allemagne qu’en France, a fondé l’idée d’une faiblesse structurelle des finances publiques de la Rome républicaine sur deux principaux arguments, l’un intellectuel, l’autre institutionnel. Elle a ainsi conditionné les interprétations avancées jusqu’au milieu du XX^e siècle et marqué de son empreinte y compris les travaux de Cl. Nicolet et de son école, qui pourtant allaient apporter un éclairage bien différent.

34Le premier obstacle au perfectionnement d’une administration financière aurait résidé dans les représentations des Romains eux-mêmes, et notamment dans la manière dont ils concevaient la fiscalité et la dépense publique. La cité, idéalement, devait « vivre du sien », l’impôt ne pouvant être qu’une source complémentaire de financement181. La fiscalité romaine, par conséquent, n’aurait jamais acquis un caractère totalement régulier182 et l’impôt aurait toujours été pensé sur le modèle de l’emprunt remboursable183. Qui plus est, la conquête du bassin méditerranéen, en fournissant à l’Vrbs des marges de manœuvre considérables, aurait freiné le développement de son système fiscal : à partir du moment où il suffisait, en cas de besoin, d’accroître la ponction sur les provinces, il n’était pas nécessaire de rentabiliser l’exploitation des terres publiques ou d’améliorer l’organisation du prélèvement en Italie184. Les Romains n’auraient donc jamais cherché à disposer d’un personnel administratif suffisant pour assumer ce qui nous semble être l’une des prérogatives régaliennes majeures, la perception de l’impôt. Ils auraient délégué cette tâche à des intermédiaires privés, tribuni aerarii pour le tributum185, publicains pour les uectigalia186, se plaçant du coup dans une situation de dépendance à leur égard187. Dans le même temps, les citoyens romains auraient toujours eu une conception restrictive de la dépense publique188. Dans l’optique mommsénienne, la cité romaine ignorait tout simplement cette notion à l’origine, et les finances civiques auraient ensuite été organisées de façon à décharger l’Aerarium des dépenses récurrentes189. À Rome, le consensus tôt établi sur les recettes et les dépenses aurait ainsi conduit à soustraire les questions financières du débat public : en définitive, la manière dont on gérait le Trésor de la première puissance du monde antique n’aurait pas été un enjeu politique190. À cela se serait ajouté le fait que la communauté romaine ne parvint jamais totalement à développer une conception du public distincte du privé, ce qui aurait drastiquement restreint les possibilités concernant la gestion des fonds civiques et la rédaction des documents comptables191. Les dépenses auraient par exemple toujours été limitées à l’encaisse disponible192 ; jusqu’à une date tardive, les sénateurs se seraient refusés à voter des sorties dont le montant n’était pas précisé193 ; à l’opposé de la règle contemporaine de non-affectation prédéterminée des recettes, ils auraient systématiquement cherché à mettre en correspondance certains types d’entrées et certains types de dépenses194. Ces pratiques auraient empêché l’adoption d’instruments sophistiqués comme l’emprunt public195 et amené, en cas d’imprévu ou de difficulté financière, à solliciter principalement la générosité privée196. La tenue des documents comptables, de même, serait demeurée rudimentaire. Aucune règle commune de présentation des comptes publics n’aurait été imposée aux magistrats197 ; les registres auraient été dressés par des scribes qui se partageaient la tâche par journées ou par objet ; les archives étaient difficiles d’accès et périodiquement mises au rebut198 : il était donc en pratique impossible de dresser un budget199 ou d’avoir une vue prospective des finances publiques200.

35Par ailleurs, le système institutionnel républicain aurait souffert de dysfonctionnements qui interdisaient une gestion efficace des fonds civiques. La sous-évaluation de l’importance des enjeux financiers aurait conduit à confier la supervision du Trésor aux questeurs, c’est-à-dire à de jeunes magistrats inexpérimentés201, et la prise de décision au Sénat, assemblée de plusieurs centaines de personnes, peu apte à trancher des questions techniques202. D’autre part, les tâches des différentes instances institutionnelles n’auraient jamais été précisément définies, ce qui aurait démultiplié les procédures administratives redondantes et suscité des conflits de compétences203. La place essentielle donnée à l’initiative des magistrats, notamment des magistrats supérieurs, aurait limité les capacités de prévision204 et l’annualité de leurs mandats nui à la continuité des décisions205. De plus, l’Vrbs n’aurait jamais été en mesure de développer des instruments de contrôle des responsables publics206. Enfin, la crise du I^er siècle av. J.-C. aurait accentué ces tendances, en renforçant les prérogatives des titulaires de l’imperium207 et en amenant la législation tribunicienne à empiéter sur les compétences sénatoriales208.

36Toutefois, la reconstruction de l’historiographie du XIX^e et du début du XX^e siècle portait en elle-même sa propre contradiction, puisqu’elle conduisait également à souligner la sophistication de l’administration financière romaine et la qualité de ses performances. On trouve chez les mêmes critiques du système romain l’idée que la République aurait été capable de mettre en place, dès le milieu du IV^e siècle av. J.-C., une banque publique209 ; qu’elle aurait su recourir à des systèmes complexes de paiement210 ; que l’ornatio prouinciarum, dans une certaine mesure, équivalait au vote d’un budget211 ; que la capacité de prévision et de contrôle des services de l’Aerarium était non négligeable. Le recours à l’affermage aurait en effet permis de connaître précisément, sur les cinq ans à venir, le montant des recettes fiscales, et la stabilité de la composition des entrées après 167 av. J.-C. aurait donné aux autorités publiques la possibilité d’agir dans un cadre qu’elles maîtrisaient. De plus, la cité romaine serait parvenue à garantir l’intégrité et l’économie des fonds civiques grâce à l’enregistrement de sûretés, à la production de tout un ensemble de pièces justificatives, à la définition de lignes de crédits qui permettaient d’encadrer l’action des magistrats212.

L’empreinte des débats financiers du XIX^e siècle sur les historiens de Rome

37Les tiraillements de l’historiographie du XIX^e siècle résultent vraisemblablement de l’usage paradoxal qui fut fait, dans la construction des États nationaux, de la référence à Rome, considérée à la fois comme un modèle légitimateur et comme un état historique désormais dépassé. Les historiens de l’époque paraissent, d’une part, avoir projeté sur la fiscalité romaine républicaine les traits des systèmes fiscaux qui leur étaient contemporains, c’est-à-dire le choix, face aux réticences des contribuables213, d’alimenter les entrées publiques par les revenus du domaine214, de privilégier les impôts indirects215, de bâtir une fiscalité reposant sur un empire216. En outre, ils semblent avoir parfaitement intégré les principes libéraux alors dominants, qui préconisaient la limitation drastique de la dépense publique217. A contrario, dans des années marquées, tant en France qu’en Allemagne, par la création d’un appareil administratif puissant et d’organes de contrôle de la dépense publique218, la faiblesse de la cité romaine sur ces deux points permettait de créditer les États-nations d’une supériorité sur leur glorieux prédécesseur romain.

L’apport de Cl. Nicolet et de son école

38À partir du milieu des années 1960, les travaux de Cl. Nicolet puis de son école marquent une rupture qui peut être décrite comme un « retour de balancier » en direction d’une conception plus « moderniste » de l’« administration » républicaine : elle conduisit à réinterpréter les principes du fonctionnement financier de la cité romaine.

39Chez Cl. Nicolet, les finances publiques émergèrent très tôt comme thème de recherche219, mais c’est la fiscalité qui fut mise au centre de la réflexion. Il est frappant, à cet égard, que le chapitre du Métier de citoyen intitulé « Aerarium » 220 porte sur le citoyen romain devant l’impôt, bien plus que sur le Trésor Public au sens strict. Dans les faits, c’est très vraisemblablement la fréquentation des cercles mendésistes qui amena Cl. Nicolet à s’intéresser aux questions fiscales221. Elles font surface à trois reprises dans sa thèse222, notamment dans la partie centrale, où un chapitre s’intéresse à l’implication des chevaliers dans les sociétés de publicains. Dès l’année universitaire 1969-1970, Cl. Nicolet mettait au programme de son séminaire de l’EPHE les societates, « l’étude promettant d’être longue »223. Alimentée d’abord par la préparation de l’édition du livre VI de Polybe pour la CUF224 et par la lecture de Publicans and Sinners d’E. Badian225, renouvelée ensuite par la découverte du Monumentum Ephesenum, l’enquête, qui aurait dû déboucher sur un livre226 mais ne fut jamais terminée, donna lieu à au moins 9 articles échelonnés sur 30 ans227. C’est donc la « chair humaine » de la méthode prosopographique, appliquée en l’occurrence aux acteurs du recouvrement, qui fournit la matière des premières enquêtes de Cl. Nicolet sur les sujets fiscaux. On notera à cet égard que l’erreur est parfois productive : le rapport de l’EPHE pour l’année 1971-1972 explique que c’est pour vérifier une hypothèse de B. Cohen, « qui pense que le nom officiel et collectif des publicani était tribuni aerarii », que fut entrepris un recensement systématique des occurrences de ce dernier terme. L’enquête conduisit à l’idée que les « tribuns du Trésor » étaient responsables de la perception du tributum. Il devint du coup nécessaire de « faire le point sur le problème de l’impôt direct chez les Romains »228, d’où la mise en place, fin 1974, d’un programme de recherche du Centre Glotz sur la fiscalité229 et la rédaction d’une série d’articles et de monographies centrées sur la contribution de guerre230. C’est semble-t-il dans la préface du Métier de citoyen qu’apparut pour la première fois l’idée que Rome était « une civilisation de l’écrit » et qu’un paragraphe posa, en faisant référence aux travaux de A. H. Jones et B. Cohen231, le problème de l’existence d’une « administration » à l’époque républicaine232. La question fut à son tour traitée dans le cadre de programmes collectifs du CNRS, une nouvelle fois en partant des hommes, avec Des ordres à Rome (1984)233, puis en glissant, sans doute à la faveur des travaux préparatoires à L’inventaire du monde, aux documents, avec La mémoire perdue (1994, 1998 et 2001234). La préface du volume de 1994235 conclut que la dimension « paperassière » de la cité républicaine était inhérente à la structuration timocratique du corps civique et au caractère procédurier des Romains, mais qu’elle s’amplifia par l’effet de la conquête, afin de répondre au défi que représentait, pour l’entretien d’armées stationnées hors d’Italie et pour la perception de l’impôt provincial, la maîtrise de l’espace. Dans le cadre de la démonstration visant à prouver la réalité et la sophistication de l’organisation administrative romaine, le Trésor Public se vit attribuer une position centrale, dans la mesure où il aurait rassemblé les personnels les plus nombreux et les plus qualifiés236. Cl. Nicolet souligna le formalisme élaboré des pièces comptables, mis en lumière par la thèse de son élève É. Fallu237 ; la multiplicité des documents utilisés pour la mise en œuvre de la dépense publique238 ; l’archivage, suivant des principes complexes, des actes administratifs239 ; le raffinement des techniques de paiement employés au profit des caisses publiques240 ; la capacité des autorités à innover sur le plan technique pour résoudre les crises conjoncturelles241 ; l’existence, à défaut d’un budget, de « règles budgétaires »242.

40S’ils s’étaient appliqués à perfectionner la gestion de leurs finances publiques, les Romains de la République ne se désintéressaient donc pas entièrement du sujet. En conséquence, il fallait réexaminer la thèse suivant laquelle ils n’auraient pas théorisé les questions fiscales et financières et envisager le problème sous l’angle de l’histoire des idées. Le premier volet de l’analyse porta sur la teneur du débat public dans la cité romaine. La publicité des décisions relatives à l’emploi des fonds publics243, la présence constante des arguments financiers dans les discours tenus devant le peuple244, le nombre élevé des lois à caractère financier245 prouvaient que ces dossiers constituaient bien un enjeu politique. Passant ensuite aux techniques financières, Cl. Nicolet mit en avant les emprunts de la Rome républicaine au monde grec : la gestion du Trésor Public était donc susceptible d’apporter des éléments sur l’hellénisation intellectuelle des II^e et I^er siècles av. J.-C246. Enfin, l’organisation fiscale de la cité romaine montrait en filigrane les caractères fondamentaux de cette dernière, parce que l’impôt exprime les principes sur lesquels une communauté politique est structurée247. Le tributum républicain manifestait ainsi moins un rejet de la fiscalité par les Romains qu’il n’illustrait une conception de la cité comme societas, reposant sur le partage proportionnel des « apports de fonds » et des bénéfices248. Le pivot de la réflexion de Cl. Nicolet fut dès lors formé par la notion d’intérêt, individuel et collectif249. À l’époque tardo-républicaine, le citoyen, assujetti à la fiscalité indirecte et conscient de la possibilité d’une réapparition du tributum, ne pouvait demeurer indifférent aux sujets fiscaux250. L’organisation de la communauté politique suivant le principe de l’égalité géométrique et la levée des impôts par le biais de l’affermage rendaient les plus riches, donc les groupes dirigeants, particulièrement sensibles à la question251. La représentation de la cité comme entité destinée à satisfaire l’intérêt collectif de ses membres252 impliquait que les Romains, comme communauté politique, se fussent interrogés sur la nature de leur fiscalité et sur la pertinence des dépenses publiques. L’histoire de Rome, à partir de la seconde moitié du II^e siècle av. J.-C. serait alors celle d’une société politique où les intérêts des ciues, comme individus ou comme catégories, se dissocièrent progressivement de l’intérêt de la communauté253. À la même époque, en la personne des Gracques, émergea une réflexion sur l’emploi des bénéfices matériels de la conquête qui cristallisa ces tensions sur les usages du Trésor Public254.

L’historiographie postérieure à Cl. Nicolet

41Jusqu’à une date récente, les chercheurs ne se sont plus intéressés aux finances publiques républicaines que modérément255, et ont privilégié des approches qui ne mettaient pas au premier plan l’histoire administrative ou l’histoire des idées, mais plutôt l’histoire politique ou économique. On disposait en effet depuis les années 1970 ou d’enquêtes ponctuelles, qui s’arrêtaient généralement sur des exemples de « crise financière »256, ou d’études numismatiques, qui s’élargissaient au thème des finances publiques soit dans le cadre d’excursus, soit à l’étape de leurs conclusions257.

42Depuis les années 2000, on observe un regain d’intérêt pour la question, qui a suscité des publications sur la fiscalité provinciale258, le financement des campagnes militaires et le tributum259, les magistrats et les appariteurs attachés à l’Aerarium260, et les conséquences de la conquête sur les finances publiques romaines261. Ces travaux, qui émanent en bonne part d’auteurs anglo-saxons, réaffirment comme une évidence le caractère « minimaliste »262 de l’administration financière républicaine263, tout en projetant parfois sur la Rome antique des conceptions ouvertement anachroniques264.

43Les récentes monographies de Ph. Kay, The Roman Economic Revolution, et de J. Tan, Power and Public Finance at Rome, présentent le point commun d’imputer à l’aristocratie sénatoriale une responsabilité majeure dans l’échec de la Rome républicaine. Pour Ph. Kay, les activités des financiers de l’aristocratie auraient nui au développement des banques, et ainsi freiné tant l’essor économique que la structuration de la puissance publique265. Pour J. Tan, qui reprend une idée d’A. et P. Eich266, les sénateurs romains auraient commencé par abolir le tributum pour s’affranchir du devoir de rendre des comptes au peuple267, puis ils auraient confisqué les profits de l’empire268 et consciemment affaibli le Trésor Public269, en privilégiant l’affermage des impôts provinciaux270, pour éviter que l’Aerarium ne devienne l’instrument de l’ambition de l’un d’eux271. Cette vision, alors qu’elle dresse un tableau très critique du recours à la locatio, finit paradoxalement par rejoindre les conclusions d’E. Badian272.

44Si l’on souhaite étudier l’Aerarium républicain comme révélateur de l’identité civique romaine, il faut donc, à l’heure actuelle, non seulement tenter de tracer une voie entre « néo-primitisme » et lecture modernisante des finances publiques romaines, mais aussi compléter l’approche sociologique et économique de l’historiographie contemporaine par l’histoire des idées politiques.

4. Objet et plan de l’étude

45Les pages qui suivent auront donc pour objet l’administration et les représentations de l’Aerarium à l’époque républicaine, entre la mise en place de la res publica libera et la prise du pouvoir par César en 49 av. J.-C. Cette dernière, en effet, marqua une rupture nette, puisqu’elle coïncida à la fois avec l’appropriation des finances civiques par un titulaire unique de l’imperium – situation que Lucain273 résume par le vers Pauperiorque fuit tunc primum Caesare Roma – et avec l’inflexion en un sens monarchique des règles suivies pour la gestion des caisses publiques274. Si les sources épigraphiques assimilent parfois l’Aerarium au populus Romanus, et font donc du Trésor Public une métonymie de la collectivité civique275, peut-être pourra-t-on, en étudiant l’administration des caisses publiques à l’époque républicaine, cerner comment les ressortissants de l’Vrbs276 définissaient leur communauté politique, autrement dit déterminer quelles finalités ils lui assignaient.

46À cette question, l’historiographie récente a répondu que la Rome républicaine était une cité vouée à la conquête, et que la structuration de ses finances publiques participait du processus de construction de l’« État » romain par la guerre277. Le modèle proposé par Ch. Tilly278 pour rendre compte de la formation des États européens à la charnière des époques médiévale et moderne279 est ainsi plaqué sur la République romaine, sans qu’en soient discutées la pertinence280 ou les limites281.

47Dès lors, il semble préférable de partir du discours que les Romains eux-mêmes tenaient sur leur cité. Pour mener l’enquête, la célèbre définition cicéronienne de la res publica282, complétée par un passage du Pro Sestio283, fournit le fil d’Ariane : la « chose publique » est une entité rapportée à une association humaine constituée en vue d’un accord en droit, mais aussi par et pour l’utilitas communis284. À lire le De inuentione, l’utilitas se compose elle-même de l’incolumitas et de la potentia285. La pecunia relève des deux dimensions, puisqu’elle est et un moyen qui permet à une cité de sauvegarder son intégrité, et l’un des critères qui déterminent, respectivement aux autres communautés, sa puissance et son rang. Or, ce sont les divergences d’appréciation concernant l’utilitas qui sont à l’origine des discordes civiques286. S’interroger sur le « projet » de la cité romaine, du point de vue de la pecunia publica, revient donc, en premier lieu, à définir la légitimité en matière de dépense collective, puis à tenter de comprendre comment les Romains envisageaient la relation entre le peuple romain et l’argent public.

48Ces questions seront envisagées en quatre temps. Deux chapitres essayeront tout d’abord de déterminer si la gestion des finances civiques, dans la Rome républicaine, pâtit durablement des insuffisances techniques de l’Vrbs, en d’autres termes si la structuration d’une administration de l’Aerarium fut particulièrement tardive et demeura un processus en substance inachevé. Un troisième chapitre évaluera dans quelle mesure les faiblesses du système institutionnel et politique romain pesèrent sur le gouvernement des finances publiques et la possibilité d’en contrôler les responsables. À la lumière des résultats obtenus, on examinera, dans un quatrième et dernier chapitre, quelles étaient les représentations du Trésor Public dans le discours et la pensée politique tardo-républicains, et quelle définition de la cité romaine ces constructions proposent, car « jusqu’à la fin, le Trésor sera bien, au sens fort de l’expression, celui du peuple romain »287.

Notes de bas de page

1 Macr. sat. 1, 8, 3 : Aedem uero Saturni Aerarium Romani esse uoluerunt, quod tempore quo incoluit Italiam fertur nullum in eius finibus furtum esse commissum aut quia sub illo nihil erat cuiusquam priuatum :

Nec signare solum aut partiri limite campum

Fas erat ; in medium quaerebant…

Ideo cum apud eum locaretur populi pecunia communis, sub quo fuissent cunctis uniuersa communia.

2 Le Glay 1966, p. 453-455 et 474-476 ; Brisson 1992, p. 158-159 et 168-171 ; Guittard 2003, p. 230-232 ; Deproost 2008, p. 41-52.

3 Cic. off. 1, 51 ; 2, 73. Wood 1988, p. 105, 112, 120, 129-132, discuté par Jackson Barlow 2012 ; Hammer 2014, p. 59-62 ; Straumann 2016, p. 139-144, 164-172, 185-189 ; Moatti 2018, p. 120, 197-198, 312-313.

4 Cic. leg. agr. 2, 15 : At ego a primo capite legis usque ad extremum reperio, Quirites, nihil aliud cogitatum, nihil aliud susceptum, nihil aliud actum nisi uti X reges aerari, uectigalium, prouinciarum omnium, totius rei publicae, regnorum, liberorum populorum, orbis denique terrarum domini constituerentur legis agrariae simulatione atque nomine ; Catil. 2, 25 : senatus, equites Romani, Vrbs, aerarium, uectigalia, cuncta Italia, prouinciae omnes, exterae nationes ; Sest. 98 : Huius autem otiosae dignitatis haec fundamenta sunt, haec membra, quae tuenda principibus et uel capitis periculo defendenda sunt : religiones, auspicia, potestates magistratuum, senatus auctoritas, leges, mos maiorum, iudicia, iuris dictio, fides, prouinciae, socii, imperii laus, res militaris, aerarium ; Vatin. 10 : quaero, Vatini, utrum tandem putes huic ciuitati, huic rei publicae, huic urbi, his templis, aerario, curiae, uiris his quos uides, horum bonis, fortunis, liberis, ciuibus ceteris, denique deorum immortalium delubris, auspiciis, religionibus, melius fuisse et praestabilius me ciuem in hac ciuitate nasci an te ; leg. 3, 7 : la tâche des censeurs sera de veiller aux templa, uias, aquas, aerarium, uectigalia. Voir également les discours de M. Aemilius Lepidus et Licinius Macer chez Sall. hist. 1, 55, 13 (leges, iudicia, aerarium, prouinciae, reges) et 3, 48, 6 M. (Itaque omnes concessere iam in paucorum dominationem, qui per militare nomen aerarium, exercitus, regna, prouincias occupauere…).

5 Rhet. Her. 2, 17 ; Cic. Arch. 11 ; Att. 1, 16, 11 = SB n° 16; 7, 1, 6 = SB n° 124; 7, 12, 2 = SB n° 135 ; 7, 15, 3 = SB n° 139 ; 10, 8, 6 = SB n° 199 ; Balb. 61 ; Catil. 2, 25 et 4, 15 ; dom. 23, 124 ; Flacc. 43, 80 ; fam. 5, 20, 2 = SB n° 128 ; Font. 3-4 ; leg. 3, 7, 11 et 41 ; leg. agr. 1, 4 ; 1, 12 ; 1, 15 ; 2, 10 ; 2, 15 ; 2, 32 ; 2, 36 ; 2, 47 ; 2, 72 ; 2, 98 ; Manil. 37 ; off. 2, 72; 2, 74; 2, 76 ; 3, 88 ; 3, 90 ; de orat. 2, 171 ; parad. 43; Phil. 5, 12; 5, 15 ; Pis. 37, 57, 61, 86 ; prov. 11; ad Q. fr. 1, 3, 7 = SB n° 3; 3, 5, 6 = SB n° 25; har. resp. 16, 55, 58, 60; p. red. in sen. 18 ; Sest. 54, 98, 103 ; Tusc. 3, 48 ; Vatin. 5, 10, 29, 36 ; Verr. II 1, 36 ; 1, 77 ; 1, 81 ; 1, 83 ; 1, 98 ; 3, 164-165 et 167 ; 3, 173-174 ; 3, 177 ; 3, 182 ; 3, 195 ; 3, 197 ; 3, 202 ; Caes. civ. 1, 6, 3 ; 1, 14, 1 ; 3, 108, 6 ; Varro ling. 5, 180 ; Sall. Catil. 52, 12 ; Jug. 31, 9 et 25 ; 41, 7 ; 85, 3 ; hist. 1, 55, 13 ; 2, 98, 3 ; 3, 48, 6 M. ; rep. 2, 10, 7 ; Liv. 2, 5, 9 ; 3, 31, 4 ; 4, 45, 2 ; 4, 53, 10 ; 4, 60, 5 ; 5, 20, 4 ; 5, 25, 8 ; 7, 16, 7 ; 7, 21, 8 ; 7, 27, 8 ; 10, 46, 5-6 et 14 ; 22, 32, 4 ; 22, 60, 3 ; 22, 61, 1 ; 23, 48, 5 et 10 ; 23, 49, 4 ; 24, 18, 2, 10 et 13 ; 26, 35, 9 ; 28, 9, 16 ; 28, 38, 5 et 14 ; 28, 41, 11 ; 29, 16, 2 ; 29, 37, 12-13 ; 30, 39, 7 ; 30, 45, 3 ; 31, 49, 2 ; 31, 50, 2 ; 32, 7, 4 ; 32, 26, 4 ; 33, 23, 8 ; 34, 5, 10 ; 34, 6, 11 ; 34, 10, 4 ; 37, 57, 12 ; 38, 55, 5, 8 et 13 ; 38, 58, 1 ; 39, 4, 8 ; 39, 5, 7 ; 39, 19, 3 ; 39, 29, 6 ; 40, 41, 7 ; 41, 28, 6 ; 45, 4, 1 ; 45, 35, 6 ; 45, 37, 10 ; 45, 39, 6 ; 45, 43, 8 ; Val. Max. 2, 9, 1 ; 3, 7, 1e-f ; 4, 3, 9 ; 4, 4, 6 ; 4, 4, 7 ; 4, 4, 10 ; 5, 3, 2 a ; 5, 6, 8 ; 6, 5, 1 c ; 7, 2, 3 ; 7, 6, 1 c ; Vell. 1, 9, 6 ; 2, 39, 2 ; 2, 40, 3 ; Ascon. Pis. 52 p. 19 St. ; Mil. 41 p. 36 St.; Corn. 72 p. 58 St. ; tog. cand. 94 p. 72 St. ; Sic. Flacc. grom. p. 137 La. = 104 Campbell = 1, 8 Guillaumin ; Sen. Consol. ad Heluiam 12, 6 ; Plin. nat. 19, 40 ; 33, 55-56 ; Suet. Iul. 11, 1 ; 28, 3 ; Aug. 36, 1 ; 94, 3 ; Gell. 4, 18, 10 ; Flor. epit. 1, 22, 24 ; 1, 44, 5 ; 2, 1, 3 et 7 ; 2, 12, 2 ; 2, 13, 21 ; Fest. p. 266 et 478 L. ; Ps. Ascon. Verr. II 1, 36 p. 233 St. Voir aussi Quint. decl. min. 341, 5. Lex Bantina = CIL I², 582, l. 24 = Crawford 1996, I, n° 7, p. 201 ; Lex repetund. = CIL I², 583, l. 59, 61, 64, 66, 69, 72, 79 = Crawford 1996, I, n° 1, p. 71-73 ; Lex agraria = CIL I², 585, l. 46 = Crawford 1996, I, n° 2, p. 118 ; Lex Cornelia de XX quaestoribus = CIL I², 587, col. I, l. 1, 2, 10, 15, 19, 23, 27, 31 = Crawford 1996, I, n° 14, p. 294-295 ; Tab. Heracl. = CIL, I², 593, l. 37, 39, 47, 48 = Crawford 1996, I, n° 24, p. 364, auxquels il faut ajouter les mentions de l’Aerarium incluses dans les titulatures d’appariteurs (voir infra chapitre 2, « Les agents de l'Aerarium »).

6 Lucil. 428-429 Marx ; Cic. Verr. I 22 et 24 ; II 3, 183 ; Lex repetund. = CIL I², 583, l. 67-68 = Crawford 1996, I, n° 1, p. 72. Herrlich 1872, p. 21 ; Rostowzew 1909, col. 2385 ; De Ruggiero 1895-1985, III, p. 96 (M. Rostowzew) ; Steffensen 1967, p. 254-285 ; Fallu 1974, p. 96.

7 Cic. ad Q. fr. 3, 4, 5 = SB n° 24 : De fisco quid egerit Scipio, quaeram ; Dig. 48, 13, 11 (9), 6 (Paulus libro singulari de iudiciis publicis) : Eum, qui pecuniam publicam in usus aliquos retinuerit nec erogauerit, hac lege teneri Labeo libro trigensimo octauo scripsit. Cum eo autem, qui, cum prouinciam abiret, pecuniam, quae penet se esset, ad aerarium professus retinuerit, non esse residuae pecuniae actionem, qui eam priuatus fisco debeat, et ideo inter debitores eum ferri : eamque ab eo is, qui hoc imperio utitur, exigeret, id est pignus capiendo, corpus retinendo, multam dicendo. Sed eam quoque lex Iulia residuorum post annum residuam esse iussit. Lenel 1889, I, col. 1181, n° 1267 et n. 1 et Kniep 1896, p. 156 jugeaient que le texte était interpolé et qu’il fallait corriger fisco en Aerario ou populo. Watson 1985, IV, p. 833 rend fiscus par « the imperial treasury », mais je ne comprends pas pourquoi, à l’époque augustéenne, une somme déclarée auprès des services de l’Aerarium aurait été due à un service dépendant du Prince.

8 Cic. Verr. II 3, 197 ; Suet. Aug. 101, 4 ; Dig. 48, 13, 11 (9), 6.

9 Voir chapitre 3, « Le dépôt des comptabilités à l’Aerarium ».

10 Jones 1950, p. 22 ; Garzetti 1953, p. 315 et n. 3 et p. 321 et n. 1 ; Millar 1964, p. 37 ; Brunt 1966, p. 75-76 = Brunt 1990, p. 134 et 136 ; Baldacci 1969, p. 350 ; Alpers 1995, p. 253 et 259.

11 Cic. Verr. II 3, 197 : Quaternos HS, quo mihi senatus decreuit et ex aerario dedit, ego habebo et in cistam transferam de fisco.

12 Steffensen 1967, p. 254-285 ; Fallu 1974, p. 96 ; Rusiashvili 2015, p. 810.

13 Sur ce point, Berrendonner 2014, p. 175-179 et 183-185.

14 Cela semble être une particularité de D.C. 41, 17, 2 ; 43, 48, 3.

15 Plb. 6, 13, 1 ; D.H. 8, 73, 5 ; 9, 15, 1 ; 19, 16, 3 ; Plu. Caes. 35, 6 ; Luc. 29, 10 ; Pomp. 45, 4 et 62, 1 ; Caes. 28, 8 ; Cic. 12, 2 ; Cato Mi. 17, 1-3 ; 18, 3 et 9 ; Moralia 534 C-D = De la fausse honte 15 ; Moralia 808 E = Préceptes politiques 13 ; App. BC 1, 474 ; 2, 27 et 41 ; 3, 54 et 79 ; 5, 67 ; Hann. 231 ; IG IV²-1, 63, l. 7.

16 On le trouve par exemple dans le Monumentum Ephesenum : AE 2008, 1353 = Cottier et al. 2008, p. 66, l. 103 ; p. 70, l. 111 ; p. 74, l. 125.

17 Plaut. Persa 68 a ; Cic. leg. agr. 2, 59 (referre in publicum) ; Verr. II 3, 170 (de publico accipere), 4, 9 ; Caes. civ. 2, 18, 5 (in publicum addicere) ; 2, 21, 2 ; Varro ling. 5, 95 ; 6, 74 ; Liv. 2, 5, 1 ; 2, 42, 2 ; 4, 15, 8 ; 5, 22, 1 ; 10, 23, 11 ; 38, 23, 10 (redigere in publicum) ; 5, 23, 10 (deferre in publicum) ; 26, 36, 5 et 11 ; 34, 5, 9 ; 34, 6, 11 ; 39, 7, 4 (conferre in publicum) ; 38, 54, 3-5 ; 38, 59, 1 ; 38, 60, 1 (referre in publicum) ; 2, 16, 7 (dare de publico) ; 4, 59, 11 (accipere de publico) ; 22, 60, 3 (redimere de publico) ; 1, 43, 9 ; 7, 16, 3 ; 25, 12, 9 ; 45, 44, 15 ; Flor. epit. 1, 22, 25 (in publicum deferre) ; Frontin aq. 94, 4 ; str. 3, 15 ; Gaius inst. 4, 13 et 16 (cedere in publicum) ; Gell. 1, 12, 18 (redigere in publicum) ; Macr. sat. 3, 14, 13 (accipere de publico). Lex agraria = CIL I², 585, l. 74 = Crawford 1996, I, n° 2, p. 120 : [post dies (centum uiginti) proxsumos…nisei] praedium ante ea ob eum agrum locum in publico obliga<t>um erit in publicu[mue datum ita u(tei) s(upra) s(criptum)] e(st), agrum locum, quo pro agro loco satis ex h(ac) l(ege) arb(itratu) pr(aetoris) supsignatum non erit, pequnia praesenti uendito.

18 Le terme n’est alors pas inséré dans des locutions qui auraient un sens technique : Plb. 11, 3, 2 ; D.H. 5, 11, 3 ; 5, 31, 3 ; 5, 39, 4 ; 5, 69, 1 ; 6, 29, 4 ; 6, 30, 2 ; 7, 24, 2 ; 7, 63, 2-3 ; 9, 15, 5 ; 10, 21, 6 ; 12, 6, 7 ; 20, 14, 2 ; Plu. Cor. 20, 5 ; Fab. 22, 6 ; Marc. 19, 7 ; Cato Ma. 1, 1 ; 10, 6 ; 15, 2 ; 18, 3 ; Aem. 28, 10 et 38, 1 ; CG 9, 4 et 17, 6 ; Sull. 37, 5 ; Pomp. 36, 10 ; Caes. 55, 1 ; Cato Mi. 6, 7 ; 17, 2 ; App. BC 3, 73 ; D.C. 45, 9, 4 ; 46, 31, 4 ; 49, 15, 3 et 5 ; 49, 43, 1 ; 52, 28, 4 ; 52, 30, 4 ; 53, 2, 1 et 3 ; 53, 15, 5 ; 53, 22, 2 et 4.

19 CIL I², 25, l. 13-17.

20 Le verbe donare qu’on place habituellement dans la lacune est une restitution et l’on pourrait aussi penser à un composé de ferre.

21 Contra Degrassi 1937, p. 48 ; Beck 2005, p. 221 et Burnett – Molinari 2015, p. 80-81 et 95, c’est l’hypothèse qu’envisagent Bona 1960, p. 140 ; Kondratieff 2004, p. 25 (qui ne la retient pas, parce qu’il pense qu’on devrait avoir en ce cas une mention de l’Aerarium, mais, précisément, les usages épigraphiques ne vont pas nécessairement en ce sens) et Coudry 2009a, p. 72. Kondratieff 2004, p. 22-26 se range finalement à l’avis que Duilius a dû procéder à un remboursement du tributum sur son butin, mais cela impliquerait que la praeda ait transité par le Trésor Public.

22 AE 1996, 255 = 2006, 185 = 2014, 115a : Quilici 1996, p. 227-228 et 234, n. 30 ; Gregori – Buccellato 2006, p. 351-360. CIL I², 808 = VI, 3824 = VI, 31603 = VI, 40904 a = ILLRP 465 = AE 1995, 90 = AE 2000, 254 = 2012, 297 = 2015, 13. Hülsen 1896, p. 90 et Pena 2012, p. 151 et 154 datent le document de l’époque syllanienne ; Giovagnoli 2012, p. 208 de la première moitié du I^er siècle ; Guidobaldi 1995, p. 298 et 311 ; Guidobaldi 2000, p. 280 et 287 et Coarelli 2016, p. 215 et 217 des années 110-100 av. J.-C.

23 On trouve des parallèles à l’emploi de populus au sens d’Aerarium dans la lex repetundarum (CIL I², 583, l. 66 = Crawford 1996, I, n° 1, p. 72), dans la loi agraire de 111 (CIL I², 585, l. 19-20, 70-73, 83 et 89 = Crawford 1996, I, n° 2, p. 115 et 120-122), dans la Table d’Héraclée (CIL I², 593, l. 19, 97, 107 et 125 = Crawford 1996, I, n° 24, p. 363 et 366-368), dans la lex Valeria Aurelia (Crawford 1996, I, n° 37-38, p. 521, l. 2), ou dans la lex Quinctia (Crawford 1996, II, n° 63, p. 794, l. 14).

24 Robbe 1979, p. 893.

25 Liv. 3, 69, 8 ; 4, 22, 1 ; 7, 23, 3 : les attestations couvrent la période 446-350 av. J.-C. Töpfer 2011, p. 106.

26 Liv. 4, 60, 5.

27 Liv. 4, 45, 2 (420 av. J.-C.). Cf. Liv. 7, 21, 8 (351 av. J.-C.).

28 Liv. 10, 46, 5 ; 12 et 14 (293 av. J.-C.).

29 Liv. 10, 46, 4-5 et 14. En Liv. 9, 37, 10 (310 av. J.-C.), on pourrait avoir une situation similaire, mais Tite Live ne fait pas explicitement état d’un dépôt à l’Aerarium.

30 CIL I², 25, l. 13 (elogium de Duilius).

31 Varro ap. Non. 520 M. = DVPR 103 Riposati = 424 Salvadore = 94 Pittà : Varro de uita populi Romani lib. III : nam lateres argentei atque aurei primum conflati atque in aerarium conditi. Riposati 1939, p. 259 et Salvadore 2004, p. 15 estiment que le livre III du De uita populi Romani couvrait les années 264-146 ; Pittà 2015, p. 65 qu’il traitait des années 272-133.

32 Les deux points de référence généralement utilisés pour dater l’entrée en activité de la Monnaie romaine sont d’une part la création des triumvirs monétaires, d’autre part le début des frappes d’argent à Rome même. La date traditionnelle admise pour la création des triumuiri monetales (Dig. 1, 2, 2, 30) serait 289, puisqu’ils sont cités par Pomponius aux côtés des triumuiri capitales, eux-mêmes instaurés, selon la Per. 11, 8, à cette date (Eckhel 1795, p. 61 ; Mattingly 1945, p. 65 ; Thomsen 1957-1961, I, p. 32 et III, p. 172-179 et 259 ; Zehnacker 1973, I, p. 66 ; Pedroni 1991, p. 245 ; Pedroni 1993, p. 29 et 70-80 ; contra Walter 1860, I, p. 281 ; Amandry 1976, p. 59-63 ; Marchetti 1993a, p. 25, n. 2 ; Marchetti 1993b, p. 101-102 ; Cascione 1999, p. 5 ; Coarelli 2013, p. 112 ; Marchetti 2014, p. 185 ; Burnett – Crawford 2014, p. 258). Une datation alternative a été avancée, correspondant aux années de la deuxième Guerre punique, soit en raison de la titulature des magistrats monétaires, qui impliquerait l’existence d’un monnayage romain d’or (Barthélémy 1847, p. 354), soit en vertu d’un lien établi entre magistrats monétaires et introduction du denier (Crawford 1974, II, p. 602 et n. 2 et p. 617). D’autre part, une série de témoignages littéraires sur les débuts des frappes d’argent à Rome permettrait de situer chronologiquement en 269 l’ouverture de Moneta (le texte majeur est Plin. nat. 33, 42 et 44 : Mattingly 1945, p. 67 ; Thomsen 1957-1961, I, p. 33-34 et 160 ; III, p. 153 et 261-262 ; Zehnacker 1973, I, p. 54 et 67 ; Crawford 1974, I, p. 35-36 ; Pedroni 1991, p. 245, 256 et 258 ; Pedroni 1993, p. 26, 37, 46 ; Pedroni 1996b, p. 35 ; Marchetti 1993a, p. 60 ; Hollstein 1998-1999, p. 138 et 151 ; Coarelli 2011, p. 63-64 ; Coarelli 2013, p. 13, 26, 104-106 ; contra, Burnett 1978, p. 122 – qui cependant p. 129 situe vers 280-270 av. J.-C. les premières frappes d’argent effectuées à Rome même ; Burnett 1998, p. 31 ; Burnett – Crawford 2014, p. 258 ; Burnett – Molinari 2015, p. 94).

33 Coarelli 2013, p. 50 ; Coarelli 2014, p. 285 ; Burnett – Molinari 2015, p. 94.

34 Crawford 1974, I, p. 40. Le trésor de Nora, mis au jour en 2008, fournit des éléments sur la chronologie des didrachmes romains à légende Roma : Burnett – Crawford 2014, p. 25 jugent que ce trésor ne peut être antérieur au passage de la Sardaigne sous domination romaine ; Gorini 2015, p. 35 situe les didrachmes romains à légende Roma, d’après leur degré d’usure, après les dernières émissions napolitaines.

35 Liv. 28, 38, 5 ; 30, 45, 3 ; 32, 7, 4 ; 33, 27, 3 ; 34, 6, 11 ; 34, 10, 4 ; 38, 55, 5, 8 et 13 ; 39, 5, 7 ; 39, 29, 6 ; 41, 28, 6 ; 45, 4, 1 ; 45, 43, 8 ; Cic. leg. agr. 2, 59 ; Pis. 61 ; Plin. nat. 19, 40.

36 Plin. nat. 33, 55-56.

37 Caes. civ. 1, 6, 3 ; 1, 14, 1 ; Liv. 7, 16, 7 ; 27, 10, 11 ; 28, 9, 16 ; 28, 38, 5 ; 31, 49, 2 ; 33, 23, 8 ; 34, 10, 4 ; Plin. nat. 33, 55-56 ; Plu. Caes. 35, 6 ; App. BC 2, 164 ; Flor. epit. 2, 13, 21 ; Quint. inst. 10, 3, 3. ; D.C. 41, 17, 2. La nature des pièces de monnaie est parfois indiquée : as (Liv. 28, 9, 16 ; 39, 19, 3), sesterces (Cic. Att. 7, 1, 6 = SB n° 124 ; Liv. 28, 9, 16 ; Vell. 1, 9, 6 ; Val. Max. 3, 7, 1e), monnaies hispaniques d’Osca (Liv. 34, 10, 4), cistophores (Cic. Att. 2, 16, 4 = SB n° 36).

38 Val. Max. 4, 3, 9 (dépôt momentané, en 273 av. J.-C., des munera offerts aux ambassadeurs romains par le souverain lagide).

39 Liv. 45, 39, 6 (167 av. J.-C. : statues d’or, d’ivoire et de marbre, tableaux, étoffes, argenterie) ; Cic. Verr. II 1.57 (74 av. J.-C. : statues). Östenberg 2009, p. 88-89.

40 Plin. nat. 19, 40. Badian 1965, p. 119 et n. 65, puisque Plin. nat. 19, 39 évoque apparemment un achat de silphium sur fonds publics par les consuls de 93 av. J.-C., estimait que les Romains n’avaient pas immédiatement confié l’exploitation des agri regii de Cyrénaïque à des publicains (contra, De Ruggiero 1895-1985, II-2, p. 1431 (R. Paribeni) ; Romanelli 1943, p. 40 ; Laronde 1987, p. 455 ; Laronde 1988, p. 1008, qui considéraient ce silphium comme un revenu du domaine ; Chamoux 1985, p. 171, qui y voyait un impôt provincial en nature ; Oost 1963, p. 13 et Braund 1985, p. 322, qui en faisaient un don des populations locales à Rome : cependant, l’expression utilisée par Pline, aduecta publice, donne à mon avis raison à Badian). Comme la provincialisation de la Cyrénaïque n’eut véritablement lieu qu’en 74, il paraît logique que les terres royales, transformées en ager publicus, aient en tout cas à partir de là été affermées : Nicolet 1979a, p. 264 ; Ñaco del Hoyo 2007, p. 225 ; Struffolino 2014, p. 355-363.

41 L’expression est empruntée à Moatti 2003, p. 40 et Moatti 2007, p. 219, n. 10.

42 Et non le début du V^e siècle, comme l’écrivent Pina Polo – Díaz Fernández 2019, p. 22 et 196, qui confondent archives de la plèbe et archives du peuple. Les sources sont Liv. 39, 4, 8, pour les SC et Sisenna 117 P. = 11 Ch. = 11 Beck-Walter = 26 Cornell, pour les lois.

43 Il va de soi que les archives antiques ne répondent pas à la définition des archives modernes et on entendra donc ici « archives » simplement comme un dépôt conservatoire de documents publics réalisé à l’initiative des autorités civiques. L’Aerarium n’était pas les archives de la cité, où tous les documents administratifs auraient été centralisés (comme le suggèrent Pina Polo – Díaz Fernández 2019, p. 112 ou Díaz Fernández – Pina Polo 2021, p. 46 et 56) : la République romaine entreposait ses archives en plusieurs endroits (temple de la triade aventine, Capitole, atrium Libertatis, temple des Nymphes...), suivant la typologie des pièces. Sur les archives de l’Aerarium, Becker 1843-1867, II/2, p. 351 ; Lange 1876-1879, I, p. 889 ; Karlowa 1885-1901, I, p. 259 ; De Ruggiero 1895-1985, I, p. 301 ; Kubitschek 1894, col. 669 ; Millar 1964, p. 34 ; Posner 1972, p. 166 ; Williamson 1987, p. 164, n. 15 ; Kunkel 1995, p. 518-521 ; Williamson 1995, p. 243 ; Williamson 2005, p. 250 ; Bats 1994, p. 29 ; Muñiz Coello 1997, p. 424-427 ; Muñiz Coello 2014, p. 517 ; Díaz Fernández – Pina Polo 2021, p. 46-47 et 51.

44 Cic. Catil. 1, 4 ; Phil. 5, 12 ; Liv. 39, 4, 8 ; J. AJ 14, 219 ; Plu. Cato Mi. 17, 4 ; Suet. Aug. 94, 3 ; SC d’Aphrodisias : Reynolds 1982, n° 8, p. 57. Cf. Mommsen 1858, p. 190-192 = Mommsen 1905-1910, III, p. 290-313 ; Mommsen 1889-1896, IV, p. 183 et 246 ; Lange 1876-1879, II, p. 419-420 ; Madvig 1881-1882, I, p. 319 ; Karlowa 1885-1901, I, p. 259 ; Willems 1885, II, p. 216-219 ; Mispoulet 1899, p. 90-91 ; Posner 1972, p. 167-168 ; Bats 1994, p. 27 ; Coudry 1989, p. 570-573 ; Coudry 1994, p. 65-72 ; Culham 1989, p. 102 ; Williamson 1995, p. 243 et 245 ; Meyer 2004, p. 110-112 ; Moatti 2007, p. 221.

45 Sisenna 117 P. = 11 Ch. = 11 Beck-Walter = 26 Cornell ; Cic. leg. 3, 11 ; Suet. Iul. 28, 3 ; Schol. Bob. Sest.135 p. 140 St. ; Serv. Aen. 8, 322. Voir également Plu. Cato Mi. 16, 3. Gagliardi 2009 pense qu’il s’agissait à la fois des rogationes promulguées, ceci à partir de la loi Iunia Licinia de 62 av. J.-C., et des textes des lois votées. On trouvera dans son article la bibliographie antérieure (à laquelle on ajoutera Posner 1972, p. 169 et Ferrary 2012a, p. 13).

46 Différentes lois datées de la fin du II^e siècle av. J.-C. et du premier consulat de César prévoyaient que les magistrats (Lex Bantina = CIL I², 582, l. 14-19 = Crawford 1996, I, n° 7, p. 200 ; Fragment de Tarente = CIL I², 2924, l. 20 = Crawford 1996, I, n° 8, p. 212 ; Lex de prouinciis praetoriis, copie de Delphes, bloc C, l. 8-15 = Crawford 1996, I, n° 12, p. 242-243 ; loi agraire de Saturninus : App. BC 1, 137 ; loi agraire de César : Cic. Att. 2, 18, 2 = SB n° 38 ; Schol. Bob. Planc. 52, p. 161 St. ; App. BC 2, 12) ou les sénateurs (Lex Bantina = CIL I², 582, l. 23-25 = Crawford 1996, I, n° 7, p. 200-201 ; loi agraire de Saturninus : Plu. Mar. 29, 2 et 6-8 ; App. BC 1, 131 ; lex Iulia agraria : sans doute Cic. Sest. 61 ; Plu. Cato Mi. 32, 5-11 ; App. BC 2, 12 ; D.C. 38, 7, 2) prêtassent serment, devant un questeur urbain, qu’ils les respecteraient. Luzzato 1955, p. 39 = Luzzato 1984, p. 301 et Bleicken 1955, p. 229 ont vu dans cette recherche de légalisme formel un moyen utilisé par le courant popularis pour se prémunir du sénatus-consulte ultime. Le serment était suivi de l’enregistrement, par les questeurs, du nom des intéressés dans les tabulae publicae (Lex Bantina = CIL I², 582, l. 20-22 = Crawford 1996, I, n° 7, p. 200 ; Fragment de Tarente = CIL I², 2924, l. 22-23 = Crawford 1996, I, n° 8, p. 212). Contra Pina Polo – Díaz Fernández 2019, p. 115, les textes ne précisent pas, en revanche, si d’autres serments requis des responsables publics étaient prononcés devant les questeurs urbains (serment général aux lois, lors de la prise de fonctions des magistrats ; serment du magistrat en fin de mandat ; serment du préteur lors de l’établissement de l’album des jurés pour les quaestiones). Le serment devant les questeurs ne semble avéré que pour les généraux qui sollicitaient le triomphe, suite à un plébisicite de 62 av. J.-C. (Val. Max. 2, 8, 1).

47 Madvig 1881-1882, I, p. 519 ; Karlowa 1885-1901, I, p. 259 ; Mommsen 1889-1896, IV, p. 247 ; Mantovani 2000, p. 664-665 ; Moreau 2000, p. 694, 697 et 706 ; Pina Polo – Díaz Fernández 2019, p. 116, n. 201. D.C. 39, 7, 4 déclare que les questeurs procédaient au tirage au sort des jurés, au moins pour la quaestio de ui, mais éventuellement pour l’ensemble des quaestiones. Pour les différentes interprétations proposées de ce passage, voir chapitre 2, « Les tâches plus ponctuelles dont étaient investis les questeurs ».

48 C’est peut-être ce qu’on peut inférer de la lex Cornelia de XX quaestoribus = CIL I², 587, l. 38-41 = Crawford 1996, I, n° 14, p. 296 et des indications de Frontin. aq. 96, 1, valables pour les débuts de l’ère impériale.

49 Lange 1876-1879, I, p. 804 ; Madvig 1881-1901, I, p. 518 ; Humbert 1886, I, p. 43 ; Mommsen 1889-1896, IV, p. 249 ; Posner 1972, p. 171 ; Pina Polo – Díaz Fernández 2019, p. 114.

50 Liste des aerarii (Liv. 29, 37, 12-13) ; probablement contrats publics (Lex agraria = CIL, I², 585, l. 46 = Crawford 1996, I, n° 2, p. 118 ; Plu. QR 42).

51 Voir chapitre 2, « Les tabulae publicae à caractère financier ».

52 Pour les traités, Avram 2009, p. 213 et n. 8, p. 217-218 et n. 18, p. 223 et 228 défend l’idée que seul le SC d’accompagnement était archivé. Dans l’inscription Reynolds 1982, n° 6, p. 42, l. 26-31, qui à première vue pourrait constituer un contre-exemple, les demosioi deltoi où était déposé un traité doivent être le fonds de documents gravés sur bronze du Capitole (Robert 1989, p. 29).

53 Caes. civ. 3, 108, 6. Lucan. 8, 449 ; D.C. 42, 35, 4 ; Per. 112 ; Ampel. 35, 6 ; Eutr. 6, 21 concordent sur le fait qu’Aulète avait donné l’epitropeia de ses enfants au peuple romain, et que le Sénat avait confié cette mission à Pompée. Sur le testament de Ptolémée XII, Heinen 1966, p. 10-19 ; Braund 1984, p. 136-137 ; Lampela 1998, p. 173. Il faut peut-être comprendre soit que César évoque en fait le SC reconnaissant Ptolémée XIII comme ami et allié du peuple romain, soit que le testament contenait des clauses créatrices de créances en faveur du peuple romain.

54 Je mets des guillemets à « registres » dans la mesure où ce terme n’est employé ici que par commodité (sur l’apparence matérielle des tabulae questoriennes, voir chapitre 2, « Les tabulae publicae à caractère financier »).

55 De Ruggiero 1895-1985, II-1, p. 203. Pour Nadjo 1989, p. 258, cera désignait une tabula à l’intérieur d’un codex.

56 Reynolds 1982, n° 8, p. 57 (le texte est en partie restitué) ; Sherk 1969, n° 29, p. 170. On retrouve le système de classement par tabulae et cerae, pour d’autres types de documents, dans les SC de agro Pergameno (Sherk 1969 n° 12, l. 20, p. 65), de Itanorum et Hierapytniorum litibus (Sherk 1969, n° 14, l. 75, p. 82) et d’Oropos (Sherk 1969, n° 23, l. 58-59, p. 135), ainsi qu’au I^er siècle de notre ère, dans la Table d’Esterzili (CIL X, 7852, codex d’un proconsul, où le signe Ɔ pourrait avoir été l’abréviation de cera) et sur une inscription de Trebula Suffenas (AE 1999, 571 b = 2007, 444. Le registre comptable concerné paraît avoir été ici un calendarium).

57 Reynolds 1982, p. 66. Le SC de J. AJ 14, 219, daté du 11 avril 44, apparaissait dans un « registre » numéroté 2. Ouvrait-on un nouveau « registre » toutes les nouvelles nundinae ?

58 Ferrary 1998, p. 156 = Ferrary 2012d, p. 381 note qu’on ne possède aucune preuve formelle que les textes législatifs aient été rassemblés par années.

59 Pina Polo – Díaz Fernández 2019, p. 112.

60 La date de dépôt de mon manuscrit n’a pas permis la consultation de l’ouvrage annoncé de P. Mazzei, Il Campidoglio. Dalle origini alla fine dell’antichità, II, Rome, 2022, auquel je renvoie donc le lecteur.

61 de Tournon 1855, II, p. 263-268.

62 Canina 1831, p. 159 ; Canina 1845, p. 274. Jusqu’alors, on voyait dans l’édifice actuellement reconnu comme le temple de Saturne le temple de Concordia ou de Iuno Moneta (de Tournon 1855, II, p. 268).

63 Maetzke 1991, p. 60 et 62. Le podium du temple de Saturne était donc plein à l’époque impériale, ce qui rend irrecevables les conclusions de Tuori 2018, p. 222-226.

64 Brizio 1872, p. 318 ; Hammond 1953, p. 137 ; Torelli 1992, p. 92 et 95-96.

65 Fragment 18 d : Rodriguez Almeida 1980, I, p. 96-98, Tav. XIII ; https://formaurbis.stanford.edu/fragment.php ?record =88.

66 Richardson 1980, p. 57-58 ; Steinby 1989, p. 28. Le fragment 19, perdu, n’est connu que par le Cod. Vat. Lat. 3439 (14 r.).

67 Tucci 2013-2014, p. 101-113.

68 Lex Cornelia de XX quaestoribus = CIL, I², 587, col. II, l. 40 = Crawford 1996, I, n° 14, p. 296 ; D.C. 45, 17, 3 ; Varro ling. 5, 42 : post aedem Saturni in aedificiorum legibus priuatis parietes postici muri sunt scripti. Guittard 1983, p. 37-39 traduit « derrière le temple de Saturne, dans les lois concernant les édifices privés, les parois de derrière sont mentionnées comme étant des murs ». Collart 1954, p. 27 comprend pour sa part « derrière le temple, les parois extérieures du mur, au milieu des lois concernant les édifices privés, portent l’inscription SATVRNI ».

69 Lugli 1947, p. 38.

70 Liv. 31, 50, 2.

71 Cic. Font. 4.

72 Cic. Att. 7, 21, 2 (= SB n° 145, 8 février 49) ; Caes. civ. 1, 14, 1 ; Liv. 27, 10, 11 ; Flor. epit. 2, 13, 21. De Libero 1998, p. 129 et Woytek 2003, p. 93, n. 182 jugent que l’Aerarium Sanctum cité par Florus doit être l’Aerarium tout court, le comparatif désignant la caisse de réserve, mais cette idée me semble fragile car aucune autre source ne qualifie le Trésor Public républicain de sanctum. En revanche, pour comparaison, les inscriptions grecques impériales qui font référence au Fiscus témoignent d’une oscillation courante entre hieron tamieion et hierotaton tamieion.

73 Liv. 27, 10, 11 ; Quint. inst. 10, 3, 3 ; Becker 1843-1867, III/2, p. 124 ; Madvig 1881-1882, II, p. 350 ; Willems 1872, p. 347 ; Willems 1885, II, p. 378 ; Marquardt 1888, p. 205 ; Kubitschek 1894, col. 671 ; Fabre 1931, p. 26 ; Frank 1933, p. 37 ; Clerici 1943, p. 412.

74 Flor. epit. 2, 13, 21.

75 Plu. Caes. 35, 6 ; Pomp. 62, 1 ; App. BC 2, 41.

76 Lucan. 3, 115-116.

77 Brunt 1971, p. 549 ; De Libero 1998, p. 112 et 127 ; Günther 2008, p. 100.

78 App. BC 2, 41 : ὁ δὲ Καῖσαρ ἐς Ῥώμην ἐπειχθεὶς τόν τε δῆμον, ἐκ μνήμης τῶν ἐπὶ Σύλλα καὶ Μαρίου κακῶν πεφρικότα, ἐλπίσι καὶ ὑποσχέσεσι πολλαῖς ἀνελάμβανε καὶ τοῖς ἐχθροῖς ἐνσημαινόμενος φιλανθρωπίαν εἶπεν, ὅτι καὶ Λεύκιον Δομίτιον ἑλὼν ἀπαθῆ μεθείη μετὰ τῶν χρημάτων : τὰ δὲ κλεῖθρα τῶν δημοσίων ταμιείων ἐξέκοπτε καὶ τῶν δημάρχων ἑνὶ Μετέλλῳ κωλύοντι θάνατον ἠπείλει. τῶν τε ἀψαύστων ἐκίνει χρημάτων, ἅ φασιν ἐπὶ Κελτοῖς πάλαι σὺν ἀρᾷ δημοσίᾳ τεθῆναι, μὴ σαλεύειν ἐς μηδέν, εἰ μὴ Κελτικὸς πόλεμος ἐπίοι. ὁ δὲ ἔφη Κελτοὺς αὐτὸς ἐς τὸ ἀσφαλέστατον ἑλὼν λελυκέναι τῇ πόλει τὴν ἀράν. Trad. La Roue à Livres, J.-I. Combes-Dounous : Pendant ce temps, César se hâta de se rendre à Rome, où le peuple était terrorisé au souvenir des maux endurés du temps de Marius et Sylla : César le rassura en lui donnant maints espoirs et en lui faisant maintes promesses, et, signifiant à ses adversaires sa clémence, il leur dit qu’il avait capturé Lucius Domitius et que, même lui, il l’avait laissé partir sans lui faire de mal et avec son argent. Toutefois, il fit sauter les verrous des caisses publiques et menaça de mort Metellus, le seul des tribuns qui s’y opposât. Il emporta en outre l’argent intouchable, qui, dit-on, avait été déposé, lors des invasions gauloises, assorti d’une malédiction publique interdisant de rien en toucher, sauf en cas de guerre avec les Gaulois : il affirma qu’il avait lui-même soumis les Gaulois de la façon la plus assurée, et qu’il avait par là délivré la cité de la malédiction. Cf. App. BC 2, 138.

79 Liv. 5, 49, 1 et 5, 50, 6 (cf. Plu. Cam. 29, 2) et Plin. nat. 33, 14. Voir aussi Liv. 6, 14, 11-12, durant l’affaire de Manlius Capitolinus. Pour une lecture de l’épisode gaulois, Briquel 2008, p. 289 et 295-302 essentiellement.

80 L’or coronaire était déposé au Capitole (Coudry 2009b, p. 165). Suet. Iul. 54, 3 évoque peut-être l’existence d’or conservé au Capitole en 59 av. J.-C., mais le passage peut également faire simplement allusion à des ornamenta du sanctuaire.

81 Selon Walter 1860, I, p. 267 et Kubitschek 1894, col. 672, l’Aerarium Sanctius n’était pas uniquement une arca spécifique, mais un lieu distinct de l’Aerarium à proprement parler.

82 Lugli 1946, p. 149-151 ; Lugli 1947, p. 32-36. Il avait été précédé par Jordan 1871-1907, I-2, p. 363 et n. 71 et Lanciani 1897, p. 293 = Lanciani 1985, p. 258.

83 Pensabene 1984, p. 25. Dans son état actuel, la pièce voûtée est postérieure à la restauration du temple par L. Munatius Plancus. On peut certes, à titre d’hypothèse, supposer qu’un espace équivalent existait durant la phase précédente du bâtiment, mais aucun élément matériel ne l’assure.

84 Lugli 1947, p. 36 ; Pensabene 1984, p. 20.

85 Pensabene 1984, p. 25 et 63 ; Coarelli 1999a, p. 234-236.

86 Cette hypothèse avait été avancée par Fea 1819, p. 249 ; Fea 1820, p. 100 ; De Ruggiero 1913, p. 158 ; Richardson 1980, p. 55-56 et Richardson 1992, p. 344 (qui estime que l’accès à l’intérieur du podium se faisait au niveau du palier de l’escalier situé en façade, suivant un schéma emprunté au capitolium de Pompéi), mais elle a été critiquée par Lugli 1947, p. 29 et Pensabene 1984, p. 80 et 176 : on ne peut en effet établir si la partie du podium située sous la cella était initialement pleine ou creuse (à partir de la restauration de Plancus, le podium semble en tout cas avoir été entièrement rempli d’opus caementicium).

87 Pensabene 1984, p. 80 invoque l’encombrement de la cella par la statue cultuelle.

88 L’historiographie du XIX^e siècle et du début du XX^e siècle avait privilégié deux hypothèses aujourd’hui abandonnées. La première consistait à placer cette dépendance à l’arrière de l’aedes Saturni (suivant Marliani 1544, p. 21, Nibby 1839, p. 114-115 ; Canina 1845, p. 277 ; Jordan 1871-1907, I-2, p. 150 et 364-365), mais les fouilles effectuées depuis le début du XX^e siècle au nord-ouest du Forum n’ont pas permis d’y vérifier l’existence de locaux administratifs (Vaglieri 1907, p. 525 ; Maetzke 1991, p. 71-74 ; Catalano et al. 2001, p. 188). Une seconde option, avancée par Platner-Ashby 1929, p. 464, consistait à localiser les services du Trésor Public sur l’area Saturni.

89 Mommsen 1889-1896, IV, p. 184 et n. 4 et p. 246, suivi par Walbank 1957-1979, I, p. 353 ; Volterra 1969, p. 30 ; De Martino 1972-1975, II, p. 239 ; Daguet-Gagey 2015, p. 224-225, 261 et 303 ; Angius 2016, p. 421.

90 En fait, Th. Mommsen cite également Cic. Cluent. 126 (Nuper hominem tenuem, scribam aedilicium, D. Matrinium, cum defendissem apud M. Iunium Q. Publicium praetores et M. Plaetorium C. Flaminium aediles curules, persuasi, ut scribam iurati legerent eum, quem idem isti censores aerarium reliquisse subscripserunt), qui ne fait en réalité pas référence à l’Aerarium, mais à la sanction censoriale infligée à un appariteur édilicien (Bur 2018, p. 90 et 96). Mommsen invoque en outre la Table d’Héraclée (CIL I², 593, l. 34 = Crawford 1996, I, n° 24, p. 364) pour affirmer que les édiles disposaient d’un local officiel aput forum : cependant, le document en question ne parle que de leur tribunal.

91 Bollmann 1998, p. 56 et 254-256, n° A 12 ; Chioffi 1999, p. 257-258. Le texte du CIL VI, 103 = EDR 161419 et 161231, légèrement corrigé, est le suivant : (côté interne) C(aius) Auillius Licinius Troisus curator / scholam de suo fecit // (en dessous) Bebryx Aug(usti) l(ibertus) Drusianus A(ulus) Fabius Xanthus cur(atores) scribis librariis et praeconibus aedil(ium) cur(ulium) scholam / ab inchoato refecerunt marmoribus ornauerunt Victoriam Augustam et sedes aeneas et cetera ornamenta de sua pecunia faciunda curauerunt // (côté externe) Bebryx Aug(usti) l(ibertus) Drusianus A(ulus) Fabius Xanthus cur(atores) imagines argenteas deorum s(eptem) et ( ?) / mutulos cum tabella aenea de sua pecunia dederunt // Bebryx Aug(usti) l(ibertus) Drusianus A(ulus) Fabius Xanthus cur(atores) scribis librariis et praeconibus aedil(ium) cur(ulium) scholam / ab inchoato refecerunt marmoribus ornauerunt Victoriam Augustam et sedes aeneas et cetera ornamenta dederunt.

92 Jordan 1871-1907, I-2, p. 366-368 cite simplement p. 366 des témoignages remontant au XVI^e siècle mais doit avoir utilisé Marliani 1544, p. 29. L’inscription aurait été découverte selon ce dernier sub Concordiae templo (donc, au pied du temple de Saturne, au regard de l’identification du bâtiment comme le temple à huit colonnes que Marliani propose p. 28), dans un contexte archéologique caractérisé par la présence d’un portique et de tabernae.

93 Nieddu 1985, p. 26 ; Nieddu 1986, p. 45-48 ; Nieddu 1995, p. 9-10.

94 A. Manuce, Vat. Lat. 5241, p. 302 ; J. Matal, Vat. Lat. 6040 f. 8 bis (non vidi) ; P. Ligorio, Libro VII delle antichità, Paris. Ital. 1129, p. 32 indiquent en revanche que l’inscription fut retrouvée à proximité de l’arc de Septime-Sévère. La découverte à cet endroit d’une inscription honorifique élevée par des appariteurs édiliciens (CIL VI, 1648 = 41296) pourrait renforcer cette idée. Hülsen 1888, p. 210-213 avait du coup récusé la possibilité que le secteur du portique des Dei Consentes ait pu être fouillé avant le début du XIX^e siècle. Coarelli 2009, p. 77-81 et 2019, p. 44 a réaffirmé la valeur des indications fournies par B. Marliani, sur la base d’un dessin de G. A. Dosio, antérieur à 1569 (Pensabene 1984, p. 157), qui prouve que le temple du Diuus Vespasianus était alors partiellement dégagé. F. Coarelli en déduit que la partie nord du portique des Dei Consentes avait également été mise au jour, car le dessin de Dosio montre de ce côté une levée de terre verticale. En revanche, une gravure de 1575 d’É. Du Pérac, reproduite dans Pensabene 1984, p. 158, donne à voir les colonnes du Diuus Vespasianus prises dans la terre jusqu’à mi-hauteur et la zone du portique des Dei Consentes apparemment recouverte.

95 Coarelli 2009, p. 79 et Coarelli 2019, p. 45 date sa première phase de l’époque trajanéenne. L’argument utilisé par Chioffi 1999, p. 257 (suivie par Mazzei 2009, p. 357-358, n. 31) pour faire remonter la Schola Xantha à l’époque tardo-républicaine est ténu : la réfection due à Bebryx et Fabius Xanthus pourrait relever des réaménagements augustéens du secteur. Or, ceux-ci n’ont concerné que le temple de Saturne lui-même et l’arc de Tibère, et l’on voit mal où placer la Schola tant que l’« édifice sud-ouest » (sur lequel voir infra) existait.

96 Liv. 30, 39, 7 (202 av. J.-C.) : Pecuniam ex aerario scribae uiatores aedilicii clam egessisse per indicem damnati sunt, non sine infamia Luculli aedilis.

97 D.C. 54, 36, 1 : καὶ τοῖς ταμίαις τὰ δόγματα τὰ ἑκάστοτε γιγνόμενα διὰ φυλακῆς ποιεῖσθαι ἐκελεύσθη, ἐπειδὴ οἵ τε δήμαρχοι καὶ οἱ ἀγορανόμοι οἱ πρότερον αὐτὰ ἐπιτετραμμένοι διὰ τῶν ὑπηρετῶν τοῦτ᾽ ἔπραττον, καί τις ἐκ τούτου καὶ διαμαρτία καὶ ταραχὴ ἐγένετο.

98 Mommsen 1889-1896, IV, p. 2. Liv. 3, 55, 13 signale que l’une des composantes du compromis de 449 av. J.-C. fut la faculté donnée aux édiles plébéiens d’archiver les SC au temple de Cérès ; Pomponius au Dig. 1, 2, 2, 21 dit que les édiles de la plèbe étaient préposés aux temples où la plèbe déposait le texte de ses décisions ; Zonar. 7, 15 indique que les édiles de la plébe conservaient les plébiscites, les lois et les SC (à comprendre comme les textes normatifs du peuple qui concernaient la plèbe : Becker 2017, p. 51). On considère généralement qu’avec la fin de la lutte des ordres, donc globalement à partir de 287 av. J.-C., soit la conservation des SC par les magistrats de la plèbe n’eut plus de raison d’être, soit l’Aerarium concentra les deux séries d’archives, celles des édiles plébéiens et celles des questeurs (voir Mommsen 1858, p. 191 et n. 1, qui notait qu’on n’a aucune mention des archives du temple de Cérès à l’époque tardo-républicaine). On objectera que la première hypothèse semble démentie par D.C. 54, 36, 1, que la seconde aurait conduit à d’inutiles doublets, et que l’argument de T. Mommsen est a silentio. Il est tout à fait possible que le sanctuaire de Cérès ait continué, jusque sous Auguste, à abriter les copies des SC, et que le Prince ait transformé les questeurs, auxquels il venait de retirer la surveillance du Trésor, en gardiens des tabulae publicae. Rich 1990, p. 216 et Coudry 1994, p. 67 comprennent d’ailleurs, à mon avis justement, qu’en 11 av. J.-C., Auguste mit fin à la pratique de déposer un double des SC au temple de Cérès.

99 En outre, si l’on considère la typologie des documents archivés à l’Aerarium (cf. supra), on doit noter que les édiles ne jouaient institutionnellement aucun rôle dans leur élaboration, sauf pour la liste des appariteurs qui dépendaient d’eux.

100 C’était l’interprétation de Madvig 1881-1882, I, p. 513, qui pensait que les scribes des édiles n’avaient accès au Trésor que dans la mesure où le produit des amendes y était déposé. T. Mommsen n’envisageait pas l’hypothèse puisqu’il postulait l’existence d’une caisse des édiles détachée de l’Aerarium.

101 Purcell 2001, p. 659 se trompe sur ce point.

102 CIL I², 1313 = VI, 1816 = ILLRP 812 = ILS 1895 ; AE 1959, 147 = 1968, 33 = 1987, 67 ; CIL VI, 1929 ; éventuellement AE 1991, 115.

103 Rhet. Her. 1, 21 ; Cic. Att. 2, 6, 2 = SB n° 26 ; fam. 2, 17, 4 = SB n° 117 ; Phil. 9, 16 ; 14, 38 ; Verr. II 1, 11 ; 1, 37 ; Liv. 33, 42, 2 ; 39, 7, 5 ; 39, 19, 4 ; 42, 6, 11 ; Val. Max. 2, 2, 8 ; Suet. Aug. 36, 1. Même chose dans les inscriptions latines, Lex repetund. = CIL I², 583, l. 68 et 72, d’où reconstruction des l. 66 et 79 = Crawford 1996, I, n° 1, p. 72-73 ; Lex agraria = CIL I², 585, l. 46 = Crawford 1996, I, n° 2, p. 118 ; Lex Cornelia de XX quaestoribus = CIL I², 587, col. I, l. 1, 3, 10, 15, 19, 23, 27, 31 = Crawford 1996, I, n° 14, p. 294-295 ; Lex Bantina = CIL I², 582, l. 11, 20, 24 = Crawford 1996, I, n° 7, p. 200-201 ; SC de Asclepiade = CIL I², 588 = VI, VIII, 3, 40890, l. 13 = Sherk 1969, n° 22, p. 126 ; Tab. Heracl. = CIL I², 593, l. 37 et 39 = Crawford 1996, I, n° 24, p. 364. Dans les sources grecques : SC de Asclepiade = CIL I², 588 = VI, VIII, 3, 40890, l. 26 = Sherk 1969, n° 22, p. 127 ; J. AJ 14, 219 ; Plu. TG 10, 8 ; App. BC 1, 137.

104 CIL I², 587, col. I, l. 1-3, 10, 15, 19, 23, 27, 31 ; col. II, l. 40 = Crawford 1996, I, n° 14, p. 293-300.

105 Ferrary 1985, p. 435-439 = Ferrary 2012d, p. 20-23. P. Ligorio, Libro VII delle antichità, Paris. Ital. 1129, p. 288 (cf. Lanciani 1989-2002, I, p. 298) évoque la « parte di dietro della chiesa di San Salvatore in Astatera sotto la rupe capitolina » et J. Matal, Vat. Lat. 6034, f. 8 r (image 14 de l’édition numérique de la BAV) les « radices Tarpei montis, prope Ioannis Florentinor(um) ».

106 Hülsen 1927, p. 453 écrit que S. Salvatore in Statera fut redédié à S. Omobono à la fin du XVI^e siècle.

107 Ferrary 2009, p. 60.

108 C’est l’avis de Varvaro 2000, p. 111 et de Gagliardi 2009.

109 CIL VI, 1932, relief de marbre sculpté représentant un sac de monnaie assorti de la légende uiator / ad / aerarium, aurait été vu pour la première fois, selon une lettre de Ficoroni datée de juillet 1734, près du temple d’Hercule au Forum Olitorium. Lanciani 1989-2002, VI, p. 107 relève qu’en 1733, des travaux avaient été effectués à S. Giovanni, ce qui pourrait fournir une indication sur la provenance. En outre, CIL VI, 10621 = 32272 = 37142 = AE, 1891, 126, deux morceaux d’une table de marbre, découverts respectivement dans les fondations d’une maison située Via di Montecaprino et « au pied » du temple de Saturne, portaient une inscription restituée par T. Mommsen [ut ad aerarium nomina eorum, qui secundum id] / decretum [creati erunt, eius anni consulibus et pra]et(oribus) aerario praescr[iptis publice proponantur, itemque ibidem proponatur] / sei quit de le[gendis scribis quaestoriis Cn. Piso] L. Se[n]tius cos a(lter) a(mbo)ue si ei[s uidebitur, dum ne quid] / c(ontra) l(eges) tulerin[t, aliue qui magistratus deind]e ferent cens(uere) i(n) s(enatu) f(uerunt) CCCCV[….] / L. Aeliu[s …se]x prim c[ur] (Lanciani 1883, p. 228, n° 643).

110 CIL I², 810 = XIV, 153 = ILLRP 435 = Caldelli – Cébeillac-Gervasoni – Zevi 2006, n° 6.1, p. 85 = 2010, n° 7.1, p. 92 : M(arco) Acilio M(arci) f(ilio) Canino / q(uaestori) urb(ano) / negotiatores ex area / Saturni. Caldelli 2014, p. 586.

111 CIL VIII, 9249 : […] Licinio Q(uinti) fil(io) ? [Q]uir(ina tribu) ? Donato dec(urioni) patriae / Rusguniens(i)um tum ad causas fiscales / tuendas in prouinciam Balicam beneficio / studiorum prima aetate iuuentutis electo / deque pro meritis actibus ad defensionem / populi a<u>rea Saturni in sacrum Vrbem ( !) / promoto Valeria Victorina P R.

112 CIL VI, 1265 : L(ucius) Calpurnius Piso / M(arcus) Salluius / pr(aetores) aer(arii) / aream ex s(enatus) c(onsulto) a priuatis / publica pecunia / redemptam terminauer(unt). Sur ce document, daté des règnes d’Auguste ou de Tibère, Corbier 1974, p. 55-57.

113 CIL VI, p. 275 ; Lanciani 1989-2002, I, p. 258.

114 De Ruggiero 1913, p. 158.

115 Pouthier 1981, p. 87-88.

116 Coarelli 1999a, p. 236. Cette idée avait déjà été avancée par Nibby 1839, p. 108, qui se fondait sur la FUR 18 d pour identifier l’area avec la place située à l’avant du sanctuaire, et par Jordan 1871-1907, I-2, p. 363-368, qui pensait que l’area Saturni correspondait plutôt à l’emplacement occupé à l’époque impériale par le temple de Vespasien.

117 Tab. Heracl. = CIL I², 593, l. 37 = Crawford 1996, I, n° 24, p. 364.

118 Ps. Ascon. Div. 48 p. 200 St. : Sunt enim subsellia tribunorum triumuirorum quaestorum et huiuscemodi minora iudicia exercentium, qui non in sellis curulibus nec in tribunalibus, sed in subsellis considebant.

119 Coarelli 1983-1985, II, p. 53 ; Coarelli 1999d, p. 16. La localisation émane de Plin. nat. 35, 22.

120 Dale Johnson 1927, p. 39 ; Coarelli 1983-1985, II, p. 50 et 52 ; Torelli 1993a, p. 301-302 ; Cascione 1999, p. 194. La colonne se trouvait à peu près à l’emplacement de l’arc de Septime-Sévère.

121 Cascione 1999, p. 165.

122 Lex Corn., col. II, l. 39-41 = Crawford 1996, I, n° 14, p. 296.

123 Lanciani 1882, p. 411-412 ; Lanciani 1883, p. 226-227, n° 642. Les découvertes d’alors semblent avoir concerné la zone s’étendant entre la colonne de Phocas et le temple de Saturne : Sisani 2004, I, p. 61.

124 Vaglieri 1900, p. 270 ; Hülsen 1902, p. 273-274, n° 60-61.

125 Vaglieri 1900, p. 270, raisonnant à partir du texte de la lex Cornelia de XX quaestoribus (CIL I², 587, col. II, l. 40 = Crawford 1996, I, n° 14, p. 296).

126 In honorem domus August(ae) / u(iatores) q(uaestorii) scholam uetustate corruptam S P RET L S S = ? s(ua) p(ecunia) ref(ecerunt) q(ui) i(nfra) s(cripti) s(unt) / L(ucius) Venuleius Agatho M(arcus) Aurel(ius) Aug(ustorum) lib(ertus) December M(arcus) Aurelius Spendon C(aius) Gemellius Priuatus / dedic(atum) (ante diem) V Idus Maias Fuluio Pio Pontio Pontiano co(n)s(ulibus) curat(ore) C(aio) Gemellio Priuato (238 ap. J.-C.).

127 A. Morillon Cod. Amstelaedamensis 111, f. 41’ (non vidi).

128 De Angeli 1992, p. 72-73.

129 Bollmann 1997, p. 210 et 215-216 ; Bollmann 1998, p. 56 ; Goffaux 2011, p. 64-67.

130 Becker 1843-1867, I, p. 317 ; Jordan 1871-1907, I-2, p. 151 et 365.

131 Suivant F. Coarelli, j’utiliserai donc ce terme, entre guillemets, pour désigner l’ensemble des restes archéologiques formant le soubassement de la Mairie de Rome et des Musées Capitolins.

132 Delbrück 1907, I, p. 46 essentiellement.

133 Le « bâtiment sud-ouest » est antérieur au « Tabularium », que R. Delbrück datait de 78 av. J.-C. sur la base des inscriptions CIL, VI, 1313 et 1314. Coarelli 1991-1994, p. 45 proposait pour terminus post quem pour la construction de l’« édifice sud-ouest » l’année 167 av. J.-C., car Tite Live fait état de la construction des principaux monuments publics républicains et la partie conservée de son œuvre ne dit mot du « bâtiment sud-ouest » : l’édification de ce dernier devait donc être mentionnée dans la partie perdue des Ab Vrbe condita libri.

134 Pensabene 1984, p. 78-81 a avancé une hypothèse alternative ou complémentaire. Dans la mesure où le « portique » des Dei Consentes repose sur des niveaux républicains (la paroi du fond de la 6^e taberna inclut des blocs de tuf d’époque républicaine : Nieddu 1985, p. 26 ; Nieddu 1986, p. 42 et 48), il a proposé d’y reconnaître les restes de la porticus érigée entre le temple de Saturne et le Senaculum par les censeurs de 174 av. J.-C (Liv 41, 27, 5-9 : censores [...] cliuom Capitolinum silice sternendum curauerunt, et porticum ab aede Saturni in Capitolium ad senaculum, ac super id curiam), et d’y localiser certains des bureaux de l’Aerarium. Toutefois, Lugli 1946, p. 151 ; Richardson 1980, p. 61-62 ; Coarelli 1983-1985, I, p. 199-202 optent de façon plus convaincante pour une orientation du portique construit en 174 vers le nord-est, puisque le Senaculum se trouvait à peu près à l’emplacement du temple tibérien de Concordia (Varro ling. 5, 156 ; Fest. p. 470 L. ; Coarelli 1983-1985, I, p. 205-206).

135 Coarelli 1991-1994, essentiellement p. 40-46.

136 Coarelli 1991-1994, p. 43 et Coarelli 1996b, p. 279-280. La contiguïté de l’Atelier monétaire et du temple de Iuno Moneta ressort de Liv. 6, 20, 13 et Suid., s. v. Monèta, II, p. 408 Adler ; cf. Val. Max. 6, 3, 1a et Plu. Cam. 36, 9. Le temple de Iuno Moneta avait été localisé par Giannelli dans le jardin de l’Aracoeli, où des murs en blocs de tuf et de cappellaccio furent retrouvés en 1876 puis 1887 (Giannelli 1978, p. 63-66 ; Giannelli 1980-1981, p. 11-15 ; Giannelli 1996, p. 124 ; Coarelli 1991-1994, p. 30-35 ; Coarelli 2013, p. 103-104 ; Coarelli 2019, p. 38, 78-79, 83-87 ; Tucci 2005, p. 12-17 ; Tucci 2006, p. 67 ; Tucci 2013-2014, p. 82). Arata 2007, p. 122-129 et plan p. 118 a voulu déplacer le temple de Iuno Moneta plus au nord, Ov. fast. 6, 183-186 indiquant que le temple était arce (…) in summa, mais Tucci 2013-2014, p. 72-82 a avancé des contre-arguments qui semblent décisifs. Tucci 2005, p. 11 et 20-24 et Tucci 2013-2014, p. 65-72 défend l’idée que le temple de Iuno Moneta, endommagé par l’incendie du Capitole de 83 av. J.-C., aurait été reconstruit à un nouvel emplacement, qu’il situe derrière l’actuelle Galerie des Musées Capitolins. Cela aurait entraîné un déplacement de l’Atelier monétaire derrière le temple de Veiovis (Tucci 2005, p. 10 et 27 ; Tucci 2013-2014, p. 89), à l’endroit où fut mis au jour en 1938 (Serafini 1943-1945, p. 109-112 ; Crawford 1969, p. 56, n° 60 ; Burnett – Molinari 2015, p. 21-31) un groupe de monnaies qui pourraient avoir été des pièces destinées à la refonte (idem chez Coarelli 2013, p. 105-106). Cependant, Burnett – Crawford 2014, p. 258 et Burnett – Molinari 2015, p. 32 font du dépôt monétaire un dépôt votif lié au sanctuaire de Veiovis.

137 Les structures du « Tabularium » sont, de façon sûre, datées du I^er siècle av. J.-C. par le type de mortier utilisé (Danti-Marra 2014, p. 254-256). L’hypothèse de F. Coarelli de 1994 repose donc sur l’idée implicite qu’un équivalent fonctionnel du corridor du premier niveau existait déjà au II^e siècle av. J.-C., pour unir « édifice sud-ouest » et Atelier monétaire.

138 Idem chez Tucci 2005, p. 9-10.

139 Coarelli 1991-1994, p. 45.

140 Colini 1939, p. 201 ; Colini 1942, p. 6-7 ; Colini 2000, p. 188.

141 Mazzei 2014.

142 Coarelli 2009, p. 78. Il montre que l’édification du temple du Diuus Vespasianus entraîna une recomposition complète de la zone, avec la fermeture du couloir qui unissait « édifice sud-ouest » et « salles nord-est » du « Tabularium » ; le déplacement de l’Atelier monétaire vers la regio III ; la destruction du « bâtiment sud-ouest », remplacé par le premier état du portique des Dei Consentes, ce qui aurait amené au transfert des archives civiques vers le Tabularium Principis.

143 Coarelli 2010, p. 121-123 ; Coarelli 2019, p. 30 et 37.

144 CIL VI, 1314 = VI, 31597 b = CIL I², 737 = ILLRP 367 : Q(uintus) Lutatius Q(uinti) f(ilius) Q(uinti) [n(epos)] Catulus co(n)s(ul) / substructionem et tabularium / de s(enatus) s(ententia) faciundum coerauit [ei]demque / prob[auit]. Le texte, aujourd’hui perdu, est une reconstruction de Mommsen 1858, p. 211 à partir du Vat. Lat. 10687, f. 55 – image 30 du manuscrit digitalisé par la BAV (qui donne q lutatius q f q catulus cos / subtuctionem (sic) et tabulari/um de s. s. faciendum / coerauit / [….] de aque pro) et des humanistes N. Signorili (Descriptio Vrbis Romae, dans Valentini-Zucchetti 1953, IV, p. 207 : q lutatius aquae pro) et P. Bracciolini (Vat. Lat. 9152, f. 33 (non vidi) : q. lutatius. q. f. q. catulus / cos subtructionem de s. s. faciundum / curauere et De Varietate Fortunae, f. 6-6v., éd. Merisalo 1993, p. 92-93 : Q. Lutatium Q. f. et Q. Catulum coss substructionem et tabularium de suo faciundum coerauisse).

145 Tucci 2013-2014, p. 47. N. Signorili indique : in fundamentis Capitolii, ubi nunc est salare maius (Valentini-Zucchetti 1953, IV, p. 207) ; P. Bracciolini in antiquo Capitolio, ubi sal reponitur (Vat. Lat. 9152, f. 33 = CIL, VI-1, p. XXXVI, n° 56) et extant in Capitolio fornices duplici ordine nouis inserti edificiis publici nunc salis receptaculum, in quibus sculptum est litteris uetustissimis atque admodum humore salis exesis (Merisalo 1993, p. 92-93). Le magasin au sel, dit Salara ou Camellaria, était la salle à deux nefs qui donnait sur la façade du Palazzo Senatorio : Rodocanachi 1912, p. 73 et 96-97 ; Sommella Mura 1999, p. 17 ; Bedon 2008, p. 18. La vente du sel à la porte de la tour de Nicolas V, du côté du Forum, est postérieure à la construction de ce dernier ouvrage en 1451 et donc à l’époque où N. Signorili et P. Bracciolini ont vu CIL VI, 1314 : ce fait ne peut donc être invoqué à l’appui de la thèse de F. Coarelli.

146 Coarelli 2013, p. 164-166, qui est une réédition mise à jour de Coarelli 1991-1994, p. 43-45 ; Coarelli 2019, p. 28-37.

147 Plb. 3, 26, 1 : τούτων δὴ τοιούτων ὑπαρχόντων, καὶ τηρουμένων τῶν συνθηκῶν ἔτι νῦν ἐν χαλκώμασι παρὰ τὸν Δία τὸν Καπετώλιον ἐν τῷ τῶν ἀγορανόμων ταμιείῳ... Trad. CUF E. Foulon : Cela étant, alors que les traités sont conservés maintenant encore sur des tables de bronze, dans le trésor des édiles, près du temple de Zeus Capitolin…

148 Lange 1876-1879, I, p. 889 ; Mazzei 2009, p. 343-347, qui identifie l’édifice mentionné par Polybe avec l’atrium publicum in Capitolio cité par Liv. 24, 10, 9 et qui en fait p. 351 le précédent du tabularium de Catulus ; Filippi 2012, p. 167. Ces auteurs, cependant, situent les bâtiments en question sur le Capitole.

149 Liv. 41, 27, 7 (porticum ab aede Saturni in Capitolium ad senaculum) ; peut-être D.C. 45, 17, 2, qui cite le temple de Saturne au milieu de sanctuaires situés sur le Capitole.

150 Coarelli 2019, p. 21 et 32-33.

151 Coarelli 2019, p. 32.

152 Coarelli 2019, p. 32.

153 Plb. 1, 6, 2 ; 2, 18, 2 ; 2, 31, 5 ; 3, 22, 1.

154 Sur les spécificités de l’archivage des traités, Avram 2009, p. 213, n. 8 ; 217-218 et n. 18 ; 223 et 228. Voir supra, « Le Trésor de la mémoire publique ».

155 Moatti 2018, p. 275-278. Si l’on écarte les cas d’inscriptions élevées sur autorisation du Sénat par les bénéficiaires mêmes d’un privilège, on a : Memn. Fr.Gr.Hist. 434, III B, p. 350 Jacoby, l. 16-18 (traité entre Rome et Héraclée du Pont, 189 av. J.-C.) ; App. Syr. 203 (traité d’Apamée, 188 av. J.-C.) ; OGIS 762, l. 11-15 (traité entre Rome et Cibyra, première moitié du II^e siècle av. J.-C.) ; SEG, 35, 1985, n° 823, l. 41-42 (traité entre Rome et Maroneia, entre 167 et les années 140 av. J.-C.) ; J. AJ 12, 416 (traité entre Rome et les Juifs, 161 av. J.-C.) et 14, 188 et 266 ; Sherk 1969, n° 16, A, l. 5-7, p. 95 (traité entre Rome et Astypalaea, 105 av. J.-C.) ; IG IV-1, 63, l. 6-8 (traité entre Rome et Épidaure, fin du II^e siècle av. J.-C.) ; peut-être AE 1997, 1319, l. 14-15 (traité entre Rome et Callatis, vers 100 av. J.-C.) ; Cic. Phil. 3, 30 ; 5, 11-12 (44 av. J.-C.) ; Reynolds 1982, n° 8, l. 90-92, p. 61 (privilèges aux Aphrodisiens, 39 av. J.-C.). Pour l’époque impériale, J. BJ 2, 216.

156 CIL XVI, 35 et 159 ; AE 1939, 126 ; Roxan 1978, n° 3, p. 32-33 ; Roxan 1994, n° 139, p. 254-255 ; Holder 2006, n° 329 et 330, p. 719-722.

157 Liv. 43, 16, 12-13 (169 av. J.-C.).

158 Cic. nat. deor. 3, 74: Veniamus in forum. Sessum it praetor. Quid ut iudicetur ? qui tabularium incenderit. Quod facinus occultius : at se Q. Sosius splendidus eques Romanus ex agro Piceno fecisse confessus est. Qui transscripserit tabulas publicas : id quoque L. Alenus fecit, cum chirographum sex primorum imitatus est ; quid hoc homine sollertius ? cognosce alias quaestiones….sicae ueneni peculatus, testamentorum etiam lege noua quaestiones. Cf. Cic. Rab. Perd. 8 : An de peculatu facto aut de tabulario incenso longa oratio est expromenda ? quo in crimine proquinquus C. Rabiri iudicio clarissimo, C. Curtius, pro uirtute sua est honestissime liberatus, ipse uero Rabirius non modo in iudicium horum criminum, sed ne in tenuissimam quidem suspicionem uerbo est umquam uocatus. Mommsen 1858, p. 207, n. 1 pensait que Cicéron faisait allusion dans le De Natura deorum à un tabularium municipal ; Mazzei 2009, p. 315, n. 117 fait remarquer que Cicéron évoque aussitôt après les sexprimi, « chefs de bureaux » du Trésor, ce qui ancrerait selon elle plutôt l’ensemble des faits à Rome.

159 Gros 2001, p. 110-111 et Palombi 2010, p. 78 ont lié les réalisations de Catulus à un projet de restructuration d’ensemble de la colline du Capitole, destiné à réparer les dégâts de l’incendie de 83 av. J.-C., mais comme les sources littéraires (Cic. Verr. II 4, 69 et 82 ; Per. 98 ; Val. Max. 6, 9, 5 ; Plin. nat. 19, 23 et 33, 57 ; Plu. Publ. 15, 1 ; Suet. Iul. 15, Aug. 94, 12-13 ; Gell. 2, 10 ; D.C. 37, 44, 1-2 et 43, 14, 6) n’attribuent à Catulus que la restauration du temple de Jupiter Optimus Maximus – on ajoutera que le formulaire de CIL VI, 1314 ne fait pas explicitement référence à une réfection – Sablayrolles 1996, p. 777-778 juge que le tabularium mentionné par Cicéron a dû être détruit dans un incendie daté entre 85 et 80 av. J.-C., mais différent de celui de 83.

160 Il me semble qu’un rapprochement ne pourrait être étayé que par un argument, l’identification de l’incendie qui frappa le bâtiment cité chez Cicéron avec celui du Capitole de 83, ce que précisément R. Sablayrolles récuse. Cic. nat. deor. 3, 74 juxtapose un procès concernant l’incendie d’un tabularium et un procès pour faux à l’Aerarium parce qu’ils relevaient de la même quaestio de peculatu, non parce qu’ils concernaient nécessairement le même service administratif. S’il faut tenter d’identifier le tabularium évoqué dans le De Natura deorum, a priori, dans les années suivant la Guerre Sociale, ce sont peut-être les archives des censeurs qui étaient les plus susceptibles d’être visées par un incendie criminel.

161 Voir supra note 145.

162 CIL VI, 1313 = 31597 a = CIL I², 736 = ILLRP 368 : [Q(uintus) Lu]tatius Q(uinti) f(ilius) Q(uinti) n(epos) C[atulus co(n)s(ul)] / [de s]en(atus) sent(entia) faciundu[m coerauit] / eidemque [p]rob[auit].

163 Canina 1851, p. 272. L’interprétation proposée par Tucci 2013-2014, p. 50 ne me semble pas recevable, parce qu’il ne cite pas le seul passage véritablement utile de Canina.

164 Jordan 1876, p. 159.

165 Jordan 1881, p. 70.

166 Coarelli 2019, p. 30 exclut cette possibilité, mais on a comme parallèles l’une des inscriptions de l’acropole de Ferentinum (CIL I², 1524) et l’inscription de l’aerarium de Préneste (CIL I², 1463 = XIV, 2975).

167 Ceci dépend de l’endroit où les humanistes ont vu CIL VI, 1314 à l’intérieur du Magasin au sel. Coppola 2012, p. 19, n. 60 cite Colini 2000, p. 248, qui signale l’existence, devant la statue du Nil du Palazzo Senatorio, d’un mur monumental construit en pépérin, avec un seuil de travertin. Ce mur appartenait peut-être à un bâtiment républicain.

168 La proposition de Tucci 2013-2014, p. 55, suivant laquelle la substructio devrait se confondre avec le tabularium (et signifiant id est) est difficilement acceptable parce qu’elle ne correspond pas à l’usage le plus fréquent de la coordination dans l’épigraphie républicaine.

169 Tucci 2005, p. 31 propose d’en faire les archives de la Monnaie romaine, édifiées après la destruction du temple de Iuno Moneta durant l’incendie du Capitole de 83 av. J.-C. Cependant, les libri lintei contenant les noms des magistrats du Ve siècle av. J.-C. et les coins utilisés pour la fabrication des monnaies (Zehnacker 1973, I, p. 41 et 55) n’occupaient probablement pas assez d’espace pour nécessiter un bâtiment spécifique. Comme substructio désignait les soutènements d’une construction (Cic. Mil. 53 et 85 ; Caes. civ. 2, 25, 1 ; Vitr. 5, 3, 3 ; 1, 5, 3 et 7 ; Frontin aq. 3, 1 ; 5, 5 ; 6, 6 ; 7, 8 ; 9, 3 ; 10, 7 ; 14, 4 ; 15, 6 ; 18, 5-6 ; 122, 1 ; CIL XI, 5276-5277) et que Delbrück 1907, I, p. 42-43 avait supposé l’existence d’un second étage surplombant les « salles nord-est », on pourrait peut-être postuler une structure un peu similaire à celle du côté oriental du forum de Préneste (Gatti 2017, p. 127-132), où une substructio servant d’aerarium soutenait un possible local administratif. Cette hypothèse impliquerait de déplacer l’Officina Monetae un peu au nord-ouest, puisqu’il est sûr qu’elle se trouvait dans la zone dite inter duos lucos (Liv. 6, 20, 13 ; Cic. dom. 101. Cf. Ov. fast. 3, 429-430; Vitr. 4, 8, 4; Liv. 1, 8, 5).

170 EDR 123696: […]us / […]o / […]las / […]m / […]unt. Sommella Mura 1999, p. 18 et p. 313, fig. 5.

171 Le verbe final est au pluriel. À la fin de la deuxième ligne, il est peu probable qu’on ait eu ex senatus consulto écrit en entier, car cette formule était généralement abrégée et on ne la trouve en toutes lettres que sur des inscriptions qui font référence à des limites (CIL I², 584, 633 bis, 634, 636, 2501 ; la seule exception est CIL I², 834). Les deux premières lignes de l’inscription Sarti doivent donc plutôt correspondre à deux formules onomastiques se terminant par des cognomina, l’un en -us et l’autre en -o.

172 Contra Tucci 2013-2014, p. 53-54, il ne peut s’agir de Catulus et de son architecte, car il est très rare qu’un architecte apparaisse sur une inscription édilitaire ayant pour sujet un magistrat (CIL X, 1443 ; X, 4587 ; XI, 6509, tous en contexte municipal ; CIL III, 6588, qui associe un préfet d’Egypte à un architecte), et eu égard à la différence de rang entre les personnages, leurs deux noms ne sont jamais coordonnés. Il paraît également peu crédible de penser à l’association de Catulus et de son collègue au consulat M. Aemilius Lepidus, car leurs relations furent tout de suite exécrables et Lépide avait sans doute déjà quitté Rome en mai 78 (Catulus apparaît seul sur le SC de Asclepiade).

173 Mazzei 2009, p. 367 tire des archives Sarti conservées à l’Archivio Storico Capitolino l’idée que les inscriptions EDR 123696 et CIL VI, 1313 formaient les deux faces opposées d’une même architrave, mais je ne suis pas sûre que l’inscription n° 5 des notes d’E. Sarti soit CIL VI, 1313. Par ailleurs, si EDR 123696 se référait à des travaux accomplis dans les « salles nord-est », on voit mal comment restituer le complément d’objet direct de la troisième ligne : fistulas, pilas, caulas, trabeculas n’ont pas grand sens à l’intérieur du « Tabularium », et dans l’épigraphie républicaine escalier se dit gradus plus que scalae.

174 Clerici 1943, p. 419, reprenant peut-être Dureau de la Malle 1840, II, p. 402 (« Le système des finances de la République était très simple »).

175 Boulanger 1612 recense de façon assez confuse les passages des sources littéraires antiques qui se rapportent aux impôts, et les classe de sorte à montrer que la fiscalité du royaume de France respectait les mêmes principes que celle de l’Empire romain. Braun – Donat 1670 et Burmann 1734 voient dans la République romaine un modèle d’organisation fiscale à suivre pour alléger le poids de l’impôt dû aux guerres incessantes du temps. Non vidi Henning 1668.

176 Tribe 1988, p. 35-118.

177 North 2012, p. 160; Grimmer-Solem 2015, p. 86. Von Bosse 1804-1805, p. 42-45 affirme que si la France avait mieux veillé sur ses dépenses, elle se serait épargné la Révolution, avant de dresser un tableau des entrées et sorties de la Rome antique qui illustre l’idéal de limitation de la dépense publique et le rôle central des revenus du domaine. Hegewisch 1804, p. 46 et 52 défend, sur la base de l’exemple romain, le principe de la contribution fiscale des plus riches. Heukelom 1821, p. 28 vante l’excellence du système censitaire romain, qui permettait la mobilisation massive des citoyens et la modulation de la pression fiscale en fonction des besoins.

178 Humbert 1886, I, p. 10 célèbre le droit romain comme antidote aux principes du droit germanique. G. Humbert, républicain dès 1848, député en 1871, était sans doute sensible à la question allemande en raison de ses origines lorraines (Robert – Bourloton – Cougny 1890, III ; Jolly 1960-1977, VI, p. 1981-1982 ; Potton 2007, p. 267-268).

179 Dureau de la Malle, 1840, II, p. 376-430, 439-441, 444-459, 464-466, 475-476, 485-487, 490 ; Guarini 1841 ; Marquardt 1888 ; Frank 1933 ; Clerici 1943.

180 Göttling 1840, p. 334-339 ; Becker 1843-1867, II/2, p. 231-238, 348-357, 370-383 ; 1853, II/2, p. 65-85 et 120-162 ; Walter 1860, I, p. 266-281 ; Lange 1876-1879, I, p. 389, 538-551, 665-666, 798, 813-819, 885-898, 923-929 ; II, p. 433-435 ; Madvig 1881-1882, I, p. 287-289, 399-417, 442-450, 511-519 ; II, p. 348-402 ; Willems 1872, p. 204, 329-348 ; Willems 1880, p. 284-285, 343-356 ; Willems 1885, II, p. 329-463 ; Mommsen 1848, p. 1-57 ; Mommsen 1889-1896, I, p. 366-367, 377, 380-420 ; IV, p. 108-160, 185-191, 220-267 ; VII, p. 325-360 ; Mispoulet 1882-1883, I, p. 125-129, 176-177 ; II, p. 211-236. Il faut mettre à part Herrlich 1872, qui porte sur les procès entre l’Aerarium ou le Fiscus et les particuliers, et Humbert 1886, I, qui s’intéresse au contrôle financier.

181 Dureau de la Malle 1840, II, p. 410 et 417 ; Mommsen 1889-1896, VII, p. 339 ; Nicolet 1976b, p. 58 et 62 ; Nicolet 1976a, p. 202 et 205 ; Nicolet 1976c, p. 189 = Nicolet 2000, p. 72-73 ; Nicolet 1977, p. 440 = Nicolet 2000, p. 81 et 83 ; Nicolet 1979a, p. 238-239.

182 Humbert 1886, I, p. 21; Marquardt 1888, p. 209.

183 Becker 1843-1867, III/2, p. 126 ; Lange 1876-1879, I, p. 539 ; Nicolet 1976a, p. 224-227 ; Nicolet 1979a, p. 240.

184 Becker 1843-1867, III/2, p. 138 ; Frank 1933 p. 60 et 158 ; Nicolet 1976a, p. 228 ; Nicolet 1977, p. 448 = Nicolet 2000, p. 80 ; Nicolet 1979a, p. 240 et 247 ; Nicolet 1988a, p. 272.

185 Becker 1843-1867, III/2, p. 130 ; Walter 1860, I, p. 273 ; Herrlich 1872, p. 8 ; Willems 1872, p. 347 ; Lange 1876-1879, I, p. 540 ; Madvig 1881-1882, I, p. 184 ; Mispoulet 1882-1883, II, p. 235 ; Willems 1885, II, p. 357 et 407 ; Humbert 1886, I, p. 52 ; Marquardt 1888, p. 321 ; Nicolet 1976a, p. 220 ; Nicolet 1976b, p. 46-55 ; Nicolet 1976c, p. 191-192 = Nicolet 2000, p. 75 ; Nicolet 1979a, p. 262.

186 Madvig 1881-1882, I, p. 400 ; Mispoulet 1882-1883, II, p. 229 ; Willems 1885, II, p. 364 et 372 ; Rostowzew 1902, p. 368 ; Clerici 1943, p. 413, 418, 454, 472 n. 1; Nicolet 1976a, p. 13 ; Nicolet 1979a, p. 260-261.

187 Herrlich 1872, p. 8 remarquait que la res publica réclamait rarement leur dû à ses débiteurs ; Mommsen 1889-1896, VII, p. 353-354 soulignait que les redemptores qui affermaient le droit de percevoir les uectigalia versaient par tranches annuelles ce qu’ils devaient à la cité, alors que les autorités romaines payaient immédiatement et en une fois les sommes dues aux adjudicataires des marchés publics.

188 Nicolet 1977, p. 437 = Nicolet 2000, p. 81.

189 Mommsen 1889-1896, VII, p. 342 et 351. Cf. Humbert 1886, I, p. 21-22 ; Marquardt 1888, p. 127-130, 144-148 et 186-187.

190 Willems 1885, II, p. 456 ; Fallu 1974, p. 428.

191 Humbert 1886, I, p. 47. Cf. Fallu 1974, p. 73 et 245 ; Nicolet 1979 a, p. 242 ; Meyer 2004, p. 30.

192 Willems 1885, II, p. 434 ; Marquardt 1888, p. 105 ; Mommsen 1889-1896, VII, p. 352.

193 Lange 1876-1879, I, p. 817 ; Willems 1885, II, p. 389 et 434 ; Mommsen 1889-1896, IV, p. 119 et 137.

194 Madvig 1881-1882, I, p. 413 ; Willems 1885, II, p. 388 et 397 ; Nicolet 1976a, p. 219. Ceci expliquait, pour les auteurs du XIX^e siècle, l’existence de caisses détachées de l’Aerarium (celles des édiles, des pontifes et l’Aerarium Sanctius), alimentées par des revenus spécifiques et destinées à financer des objets définis : Willems 1880, p. 355 ; Willems 1885, II, p. 371, 378 et 388 ; Humbert 1886, I, p. 46 ; Marquardt 1888, p. 101-105 ; Mommsen 1889-1896, IV, p. 254.

195 Clerici 1943, p. 501.

196 Frank 1933, p. 62 ; Clerici 1943, p. 499.

197 Willems 1885, II, p. 460.

198 Humbert 1886, I, p. 47-48 ; Fallu 1974, p. 63.

199 Becker 1843-1867, III/2, p. 66 voyait dans le Principat augustéen le tournant qui permit pour la première fois l’établissement d’un bilan des recettes et des dépenses ; Willems 1880, p. 743 ; Willems 1885, II, p. 379 et 456 ; Marquardt 1888, p. 97 ; De Sanctis 1907-1957, IV/1, p. 515 ; Nicolet 1979a, p. 241 ; Corbier 2008, p. 226-227.

200 Humbert 1886, I, p. 48 ; Clerici 1943, p. 419.

201 Becker 1843-1867, II/2, p. 357 ; Mommsen 1889-1896, IV, p. 259.

202 Humbert 1886, I, p. 73 invoque le parallèle des assemblées françaises durant la Révolution.

203 Trois points ont été soulignés, le fait que certaines prérogatives liées au gouvernement des finances publiques, comme la faculté d’établir un nouvel impôt, ne relevaient pas de la principale instance compétente en matière financière, le Sénat (Becker 1843-1867, II/2, p. 235 ; Mispoulet 1882-1883, I, p. 176 ; II, p. 231 ; Willems 1885, II, p. 354 et 360 ; Mommsen, 1889-1896, VII, p. 338 ; De Sanctis 1907-1957, IV/1, p. 516 ; De Martino 1972-1975, II/2, p. 206 ; Nicolet 1976a, p. 230) ; la superposition des compétences des différentes instances institutionnelles (Becker 1843-1867, II/2, p. 235 ; Lange 1876-1879, I, p. 885 ; Humbert 1886, I, p. 36 ; Mommsen 1889-1896, VII, p. 234 ; Clerici 1943, p. 417 ; Fallu 1974, p. 99) ; l’impossibilité, par voie de conséquence, de parvenir à un calendrier cohérent des décisions budgétaires (Willems 1885, II, p. 433 ; Clerici 1943, p. 418 ; Fallu 1974, p. 51).

204 Une part non négligeable des entrées aurait dépendu de décisions prises par les seuls magistrats (Marquardt 1888, p. 365 ; Willems 1885, II, p. 369 ; Mommsen 1889-1896, VII, p. 321 ; O’Brien Moore 1935, col. 737 ; Clerici 1943, p. 495 ; Coudry 2009a, p. 27, 36 et 50). Militiae, les magistrats supérieurs étaient libres de l’emploi du butin ou des indemnités de guerre (Willems 1885, II, p. 366) et pouvaient décider de frapper monnaie (Willems 1880, p. 744 ; Willems 1885, II, p. 439 ; Marquardt 1888, p. 41).

205 Clerici 1943, p. 415.

206 Ceci en raison des réticences à contraindre les titulaires de l’imperium (Willems 1885, II, p. 331 ; Mommsen 1889-1896, VII, p. 308 et 356 ; Fallu 1974, p. 133 et 247), de la difficulté à préciser la responsabilité des différents acteurs de la vie publique (Willems, 1885, II, p. 369 ; Clerici 1943, p. 419), et de l’incapacité à mettre en place des instances institutionnelles spécifiquement chargées du contrôle financier (Laboulaye 1845, p. 118 ; Mispoulet 1882-1885, II, p. 461 ; Humbert 1886, I, p. 63 et 73-74 ; Fallu 1974, p. 317).

207 Willems 1885, II, p. 419 et n. 4 ; Mommsen 1889-1896, VII, p. 361 ; Frank 1933, p. 333.

208 Willems 1885, II, p. 346 ; Frank 1933, p. 241, 424 et 438 ; Nicolet 1979a, p. 246.

209 Marquardt 1888, p. 79.

210 Mommsen 1889-1896, VII, p. 354-355 : les redevances annuelles à verser par les sociétés de publicains pouvaient être affectées à l’avance au gouverneur de la province dans laquelle ils étaient actifs ; la Table d’Héraclée montre que le Trésor Public assignait certains de ses débiteurs à ses créanciers.

211 Willems 1880, p. 743 ; Fallu 1974, p. 98.

212 Herrlich 1872, p. 13 ; Humbert 1886, I, p. 53-57.

213 Sur les résistances devant l’impôt, Klein 1974, p. 108 et 114 ; Stern 1989, p. 429 ; Spoerer 2010, p. 115 ; Droz 1970, p. 66, 96, 140 ; Schnerb p. 126-129 ; Delalande 2011, p. 45.

214 Klein 1974, p. 125 (leur montant doubla en Prusse entre 1848 et 1866) ; Stern 1989, p. 410, 419, 457 (en 1913, ils formaient 75 % des revenus ordinaires de la monarchie prussienne, grâce notamment à la régie des chemins de fer) ; Spoerer 2010, p. 116 et 127.

215 Le Steuerreform de 1818-1820, qui permit à la Prusse d’assainir des finances publiques durement éprouvées par l’énorme indemnité de guerre imposée par Napoléon, reposait sur le développement des taxes à la consommation et des tarifs douaniers (Klein 1974, p. 113-114). Le maintien de ce type de fiscalité au cours du XIX^e siècle fut le choix d’une monarchie autoritaire, qui souhaitait s’exempter de la question du consentement à l’impôt (Spoerer 2010, p. 114 ; North 2012, p. 161) et, à partir de 1871, la solution adoptée pour le financement du Reich (Stern 1989, p. 442, 465, 467). En France, la préférence, héritée de l’Ancien Régime, pour les impôts indirects (ils représentaient en 1813 53 % des revenus publics, et 58 % en 1913) fut justifiée par la nécessité de protéger le citoyen de l’intrusion de l’État, dont la déclaration de revenus était le symbole (Schnerb 1973, p. 63, 67-69, 75, 184 ; Stern 1989, p. 365, 376, 390). Ce principe fut notamment réaffirmé par A. Thiers (Schnerb 1973, p. 166 ; Delalande 2011, p. 67).

216 Brunschwig 1960, p. 94 et 98 ; Martin 1990, p. 378-379 et 407.

217 Schnerb 1973, p. 74 ; Delalande 2011, p. 117.

218 Au cours du XIX^e siècle, l’administration publique devint l’un des principaux postes de dépense des États (Spoerer 2010, p. 110 pour la Prusse ; Schnerb 1973, p. 111, Stern 1989, p. 401 pour la France). Dans le même temps, les Cours des Comptes se multiplièrent en Europe : celle de Prusse fut créée en 1872.

219 Nicolet 1963.

220 Il s’agit en fait d’une republication modifiée de Nicolet 1976b.

221 Berrendonner 2019, p. 192-193.

222 Nicolet 1966-1974, I, p. 29-45 et 598-601 ; p. 317-355.

223 Nicolet 1970-1971, p. 308.

224 Plb. 6, 17, 2-5, l’une des sources essentielles sur les contrats publics dans la Rome républicaine, fournit la matière de Nicolet 1971.

225 Nicolet 1973-1974, p. 279 ; Nicolet 1979b, p. 69-95 = Nicolet 2000, p. 297-319.

226 Nicolet 1976b, p. 4, n. 5 ; 7, n. 10 et 61, n. 97 ; Nicolet 1976c, p. 187, note liminaire ; Nicolet 1984, p. 20.

227 Ces contributions sont rassemblées dans Nicolet 2000. On y ajoutera Nicolet 1999, p. 191-215.

228 Nicolet 1972-1973, p. 271.

229 Van Effenterre 1979, p. XIX ; Christol 2011, p. 87-88.

230 Nicolet 1976a, p. 200-278 ; Nicolet 1976b, dont Nicolet 1976c, p. 187, note liminaire = Nicolet 2000, p. 71, est un résumé ; Nicolet 1977, p. 435-452 = Nicolet 2000, p. 79-91.

231 Jones 1949, p. 38-55 ; Cohen 1972.

232 Nicolet 1976a, p. 7 et 14.

233 C’est à B. Cohen qu’est revenue la tâche de traiter dans ce volume les apparitores, c’est-à-dire les « agents de l’administration ».

234 Où l’on trouve la contribution de Purcell 2001 sur l’ordre des scribes.

235 Nicolet 1994a, p. XI.

236 Nicolet 1990b, p. 118, suivant Niebuhr 1836, V, p. 413-416.

237 Fallu 1974, d’où Nicolet 1976b, p. 56 ; Nicolet 1979a, p. 237 et 242 ; Nicolet 1988a, p. 294 (qui va jusqu’à évoquer un usage statistique de ces documents) ; Nicolet 1994a, p. XII.

238 L’exemple invoqué dans Nicolet 1976a, p. 263-271 est celui des frumentationes.

239 Le Monumentum Ephesenum a fourni sur ce point des données essentielles : Nicolet 1990a, p. 682 et 697-698 = Nicolet 2000, p. 339 et 351.

240 Nicolet 1994c, p. 222 = Nicolet 2000, p. 286-287.

241 Nicolet 1963, p. 417-436 ; Nicolet 1979a, p. 252-259.

242 Nicolet 1977, p. 436 = Nicolet 2000, p. 79.

243 Nicolet 1976a, p. 234 ; Nicolet 1976b, p. 61 ; Nicolet 1979a, p. 266 ; Nicolet 1990b, p. 12.

244 Nicolet 1976a, p. 202-204 et 249 ; Nicolet 1976b, p. 3-7 et 97.

245 Nicolet 1976b, p. 62-64, à partir de la liste dressée par Rotondi 1912, p. 92-93.

246 Nicolet 1963, p. 418-425 et 434 ; Nicolet 1965, p. 142-158 ; Nicolet 1976a, p. 25, 205, 216-220, 224, 250-252 ; Nicolet 1976b, p. 1, 7, 9, 40, 69, 71 ; Nicolet 1976c, p. 187-188 et 190-191 ; Nicolet 1979a, p. 238, 245, 259-260 ; Nicolet 1982, p. 942-945 = Nicolet 1988a, p. 195-199.

247 Nicolet 1976a, p. 10. Ceci explique, chez Nicolet 1976a, p. 205-209 ; Nicolet 1976b, p. 9-10 ; Nicolet 1976c, p. 189 = Nicolet 2000, p. 72, la référence récurrente au passage fameux du Ps. Arist. Oec. 2, 1, 4-5, qui dresse une typologie des fiscalités en fonction des régimes politiques, et chez Nicolet 1988a, p. 197, l’étude des relations entre structure censitaire et organisation fiscale.

248 Nicolet 1976a, p. 27, 204 et 254-255 ; Nicolet 1976b, p. 19, 22-27, 58 ; Nicolet 1979a, p. 239 ; Nicolet 1977, p. XV et p. 435 et 439.

249 Il me semble que de ce point de vue, la pensée de Cl. Nicolet doit quelque chose à von Jehring 1886, II, p. 232-233, qui écrivait que dans la Rome antique, « Les intérêts de l’État sont donc non-seulement indirectement, mais directement, ceux de l’individu, comme les intérêts de la société sont les intérêts de tous les associés ».

250 Nicolet 1976a, p. 201-202 ; Nicolet 1976b, p. 4 et 6.

251 Nicolet 1976b, p. 7 ; Nicolet 1979a, p. 262 et 268.

252 Nicolet 1976a, p. 25, 204 ; Nicolet 1976b, p. 8.

253 Nicolet 1976a, p. 276 ; Nicolet 1976b, p. 86 ; Nicolet 1977, p. 448 = Nicolet 2000, p. 90. Lo Cascio 2016, p. 153-157 souligne le creusement des écarts de fortune à l’intérieur de la société romaine tardo-républicaine.

254 Nicolet 1965, p. 152 ; Nicolet 1976a, p. 273 ; Nicolet 1977, p. 450 ; Nicolet 1979a, p. 240 ; Nicolet 1979c, p. 295-299.

255 En revanche, l’étude des finances publiques au Haut-Empire a été marquée par Corbier 1974 ; Alpers 1995 ; Lo Cascio 2000, p. 97-174.

256 L’époque de la deuxième Guerre punique et les années 80 av. J.-C. ont principalement retenu l’attention : Harl 1996, p. 27-36 ; Buraselis 1996 ; Ferrer Maestro 2003 ; Saccoccio 2004 ; Gabrielli 2012, p. 81-86 ; Ñaco del Hoyo 2012. Verboven 1994 ; Pedroni 2006 ; Lo Cascio 2018.

257 Sur la corrélation entre dépenses publiques et émissions monétaires, Zehnacker 1973, I, p. 455-459 ; Crawford 1974, II, p. 604 et 633-707 ; Harl 1996, p. 25-26. Sur les techniques employées pour les paiements publics, Hollander 2007, p. 35-37 et 41, 89-104. Sur les enjeux financiers de la guerre civile de 49-48, Woytek 2003, p. 9-83.

258 Merola 2001a et b ; Ñaco del Hoyo 2003, 2005, 2007, 2010. Maganzani 2002a et b s’inscrit dans une optique différente puisqu’elle examine les relations entre publicains et contribuables à la lumière des sources juridiques.

259 Mohr Mersing 2007; Serrati 2007, p. 488-491; Bleckmann 2016; Rosenstein 2016a et b; Taylor 2017.

260 David 2007, 2012 et 2019 ; Muñiz Coello 2014 ; Angius 2016 ; Pina Polo – Díaz Fernández 2019.

261 Kay 2014 a pour objet la croissance économique provoquée par la conquête entre 200 et 50 av. J.-C. ; Tan 2017 le rôle des finances publiques dans les évolutions qui portèrent de la République au Principat.

262 L’adjectif est emprunté au titre de Ñaco del Hoyo 2010.

263 Les arguments invoqués sont ceux que l’on trouvait dans l’historiographie du XIX^e siècle : les finances de la cité romaine étaient gérées comme celles d’une maison privée (Wolters 2007, p. 410) ; l’administration romaine était des plus réduites (Kay 2014, p. 11, 25, 29 ; Tan 2017, p. 21-24) et n’avait pas la capacité de centraliser les données permettant d’organiser une fiscalité provinciale ou de contrôler les profits de la guerre (Ñaco del Hoyo 2010, p. 176 ; Bleckmann 2016, p. 89) ; le système fiscal était arriéré (Taylor 2017, p. 172) et le recours à l’affermage des impôts signale un « Low Capacity Regime » (Tan 2017, p. 40-41, 43, 64, 72, 75) ; l’Aerarium n’était qu’une structure de stockage (Kay 2014, p. 26) ou servait seulement à monétiser le butin (Ñaco del Hoyo 2003, p. 207) ; les capacités financières des particuliers, sénateurs et publicains, étaient supérieures à celles de la cité (Kay 2014, p. 12, 15, 333 ; Bleckmann 2016, p. 90 ; Tan 2017, p. 4, 16-17, 28) ; Rome n’atteignit la rationalité administrative qu’avec Auguste (Ñaco del Hoyo 2003, p. 238 ; 2007, p. 231 ; 2010, p. 181).

264 Kay 2014, p. 59, 83, 282, 331 crédite C. Gracchus d’avoir introduit à Rome la notion de budget ; Kay 2014, p. 244 et 260 déplore l’absence d’interventions publiques dans le secteur bancaire ; Tan 2017, p. XXV décrit l’Aerarium comme une instance de pouvoir, comme s’il s’agissait d’un Ministère des Finances ; Pina Polo – Díaz Fernández 2019, p. 22, 84, 89, 112, 201 l’imaginent comme des « archives nationales » et, p. 67, 86-90, 95, 201-202, projettent les règles de la comptabilité publique contemporaine sur la Rome républicaine.

265 Kay 2014, p. 265 et 283, qui souligne l’absence de recours à la dette publique ; Kay 2018, p. 171.

266 Eich – Eich 2005, p. 29.

267 Tan 2017, p. 94, 173, 175, qui du coup privilégie le schéma traditionnel de l’évolution chronologique de la fiscalité républicaine, sans tenir compte des travaux de T. Ñaco del Hoyo.

268 Tan 2017, p. 70.

269 Tan 2017, p. XXV.

270 Tan 2017, p. XXVI, qui repose sur le présupposé, p. 43, 64, 72, 75, que l’écart entre ce que les contribuables versaient et ce que le Trésor Public touchait était très considérable.

271 Tan 2017, p. 60.

272 Badian 1972, p. 116 : « The real exploiters were the governing elite. »

273 Lucan. 3, 168.

274 Jehne 1987, p. 79 ; Ferrary 2010, p. 18.

275 Cf. supra, « Les denominations du Trésor Public ».

276 Ou du moins, les auteurs des textes qui nous sont parvenus, comme représentants des cercles de gouvernement ou d’une élite lettrée.

277 Eich – Eich 2005, p. 7-11 ; Tan 2017, p. XXII.

278 Son influence est explicitement revendiquée par Eich – Eich 2005, p. 8 et Tan 2017, p. XVIII.

279 Tilly 1990, p. 11-12, 14, 20, 26, 70, 79 : les États naissent du besoin de financer la guerre. L’organisation d’une fiscalité, l’apparition d’un Trésor Public et d’une administration centrale sont les principales manifestations de la formation d’un « État national ».

280 Tilly 1990, p. 1-2 définit l’État comme une structure coercitive qui contrôle un territoire et affirme que les cités-États étaient des États. L’historiographie anglo-saxonne qualifie donc la Rome antique de State, sans s’interroger sur la connotation wébérienne évidente de la définition de Ch. Tilly et sur la possibilité d’appliquer à Rome la notion de monopole de la violence légitime. L’historiographie allemande, pour sa part, privilégie plus prudemment la catégorie de Staatlichkeit (en dernier lieu, Lundgreen 2014).

281 Ch. Tilly n’envisage ni le rôle majeur joué par l’Église dans la structuration des États européens, comme contre-pouvoir à l’autorité monarchique, ni les évolutions intellectuelles et les interactions entre pouvoir et société, à l’intérieur des États en devenir, qui firent émerger les notions de société civile ou de personne juridique (sur l’importance de ces éléments dans la définition de l’État, Portinaro 1999, p. 19, 25, 27, 35-36).

282 Cic. rep. 1, 39 : Est igitur, inquit Africanus, res publica res populi, populus autem non omnis hominum coetus quoque modo congregatus, sed coetus multitudinis iuris consensu et utilitatis communione sociatus. Les traductions et commentaires proposés pour cette phrase font de l’utilitatis communio ou la motivation initiale de la réunion des hommes en communauté politique (Pohlenz 1948, p. 204 ; Büchner 1952, p. 97 ; Stark 1966, p. 334 ; Werner 1972, p. 165 ; Bréguet 1980, p. 222 ; Schofield 1995, p. 70 ; Kaster 2006, p. 309 ; cf. Varvaro 1998b, p. 480) ou la finalité de cette association (Walker Keyes 1928, p. 65 ; Perelli 1972, p. 290 ; Berti 1963, p. 29 ; Wood 1988, p. 128 ; Zetzel 1995, p. 129). Voir également Cic. off. 3, 28.

283 Cic. Sest. 91 : res ad communem utilitatem, quas publicas appellamus.

284 Sur la notion d’utilitas communis chez Cicéron, Gaudemet 1951, p. 467-471 ; Cerami 1969, p. 214 et 222-225 ; Longo 1972, p. 11-15 ; Honsell 1978, p. 97-98 ; Hibst 1991, p. 131-137 ; Asmis 2004, p. 578 ; López Barja de Quiroga 2007b, p. 207-213 ; Scevola 2012, p. 348-361 ; Stagl 2017, p. 515 ; Moatti 2018, p. 194-195.

285 Cic. inv. 2, 168-169 : 168. Vtilitas autem aut in corpore posita est aut in extrariis rebus ; quarum tamen rerum multo maxima pars ad corporis commodum reuertitur, ut in re publica quaedam sunt quae, ut sic dicam, ad corpus pertinent ciuitatis, ut agri portus, pecunia, classis, nautae, milites, socii, quibus rebus incolumitatem ac libertatem retinent ciuitates, aliae uero quae iam quiddam magis amplum et minus necessarium conficiunt, ut urbis egregia exornatio atque amplitudo, ut quaedam excellens pecuniae magnitudo, amicitiarum ac societatum multitudo. 169. Quibus rebus non illud solum conficitur, ut saluae et incolumes, uerum etiam ut amplae atque potentes sunt ciuitates. Quare utilitatis duae partes uidentur esse, incolumitas et potentia. Incolumitas est salutis tuta atque integra conseruatio ; potentia est ad sua conseruanda et alterius adtenuanda idonearum rerum facultas. Trad. CUF G. Achard : Pour ce qui est de l’utile, il consiste soit dans des éléments corporels, soit dans des éléments extérieurs. La plus grande part – et de loin – de ces choses se rapporte pourtant aux avantages corporels : ainsi, dans la cité, beaucoup d’éléments concernent, pour ainsi dire, le corps de l’État : par exemple le territoire, les ports, l’argent, la flotte, les marins, les soldats, les alliés, tous moyens qui permettent aux cités de garder leur intégrité et leur liberté ; mais d’autres éléments ont une visée plus élevée et moins nécessaire : par exemple la beauté et la grandeur exceptionnelle d’une ville, une richesse extraordinaire, un grand nombre d’amis et d’alliés. Tous ces avantages aboutissent non seulement à protéger et à sauvegarder les États, mais aussi à les rendre grands et puissants. Aussi il semble qu’il y ait deux parties dans l’utile : la sécurité et la puissance. La sécurité consiste à garantir d’une manière sûre et complète notre salut ; la puissance est la possibilité de disposer de moyens suffisants pour conserver nos biens et diminuer ceux des autres. On trouve dans la Rhet. Her. 3, 3, une préfiguration de ces idées : Vtilitas in duas partes in ciuili consultatione diuiditur : tutam, honestam. Tuta est quae conficit instantis aut consequentis periculi uitationem qualibet ratione. Haec distribuitur in uim et dolum quorum aut alterum separatim aut utrumque sumemus coniuncte. Vis decernitur per exercitus, classes, arma, tormenta, euocationes hominum et alias huiusmodi res. Dolus consumitur in pecunia, pollicatione, dissimulatione, maturatione men<ti>tione et ceteris rebus de quibus magis idoneo temporeloquemur si quando de re militari aut de administratione rei p. scribere uelimus. Honesta res diuiditur in rectum et laudabile. Trad. CUF G. Achard : Dans un débat politique l’utile se divise en deux parties : la sécurité et l’honnêteté. La sécurité permet d’éviter par quelque moyen que ce soit un danger présent ou à venir. Elle se subdivise en force et en ruse, que l’on traitera séparément ou ensemble. La force repose sur les armées, les flottes, les armes légères, l’artillerie, les levées d’hommes et les autres moyens de cette sorte. La ruse emploie l’argent, les promesses, la dissimulation, l’action rapide, le mensonge et tous les autres expédients, expédients dont nous parlerons en un temps plus propice si nous désirons un jour traiter de l’art militaire ou de l’administration de l’État. L’honnêteté comporte ce qui est droit et ce qui est louable.

286 Cic. rep. 1, 49 : ex utilitatis uarietatibus, cum aliis aliud expediat, nasci discordias ; Cic. Sest. 103 : cum multis in rebus multitudinis studium ac populi commodum ab utilitate rei publicae discrepabat. A contrario, l’idéal politique et moral à atteindre est l’équivalence de l’utilitas communis et de l’utilitas individuelle (Cic. off. 3, 52). Hammer 2014, p. 41 ; Moatti 2018, p. 193-194.

287 Nicolet 1977, p. 437 = Nicolet 2000, p. 80.

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