Épilogue
françois Ier était-il un prince italien ?
p. 463-470
Texte intégral
1La catastrophe de Pavie en février 1525, dix ans après la venue sur le trône d’un jeune roi ambitieux flatté de se voir dépeint comme un nouvel Hannibal par ses thuriféraires courtisans, aurait pu marquer la fin de toute prétention à une politique italienne de la monarchie française. Le niveau des pertes, le massacre de la grande noblesse française, l’emprisonnement du roi, les fourches caudines de traités sans concession : beaucoup de données brutes auraient pu inciter à tourner au plus vite une page d’histoire faite de quelques victoires brillantes et de conquêtes plus ou moins durables, mais aussi et surtout d’humiliations militaires et de dépenses sans limites, les unes comme les autres étant difficiles à soutenir pour le Royaume1. Mais cela aurait signifié faire bon marché de données plus immatérielles comme la conscience intime de la légitimité des droits et prétentions du Roi sur telle ou telle partie de la péninsule ou encore l’écoute attentive prêtée à ce qui circulait dans certains cercles de lettrés quant à la mission singulière du Roi Très Chrétien appelé à œuvrer pour l’unité de la « République chrétienne », ce qui passait aussi par un rapport spécifique avec l’Italie et avec Rome notamment. C’est sans doute une des raisons pour lesquelles le tropisme italien de la monarchie française ne s’est jamais démenti pendant le règne de François Ier, un règne qui devait encore durer plus de vingt ans après la catastrophe de 1525. De fait, le roi n’a jamais cessé d’entretenir une « politique italienne » jusqu’à sa mort en 1547. L’analyse pourrait donc sembler d’une linéarité sans faille et elle pourrait aller jusqu’à proposer au lecteur l’image d’un souverain qui, pour partie au moins, devait être considéré et pouvait se considérer, comme un « prince italien » naturel, et ce pour des raisons strictement territoriales – nous entendons par là : sans aller chercher l’histoire convenue de sa supposée fascination pour l’influence artistique et littéraire de la péninsule cultivée sur les barbares d’outremonts... Nous avons pu d’ailleurs rappeler dans notre introduction que l’hypothèse d’une monarchie française « polysynodale » à l’image de la monarchie espagnole était loin d’être absurde. L’absence de conscience claire de ce que pouvaient être les « frontières » de la France et la confusion possible existant entre celles-ci et celles qui concernaient les possessions personnelles du souverain allaient d’ailleurs parfaitement dans le sens d’une flexibilité de la conception de l’extension du territoire dépendant du bon vouloir du souverain2. La multiplicité des liens juridiques possibles (selon l’éventail de ce qu’autorisait l’héritage juridique féodal et impérial) entre les puissances, grandes, moyennes ou petites, tout comme les distinctions éventuelles entre possessions de la couronne et possessions personnelles, allaient également dans le même sens : l’octroi et l’obtention des investitures (notamment l’investiture impériale pour Milan et l’investiture pontificale pour Naples) évoluaient au fil du temps, représentant encore des enjeux majeurs, quel que fût le degré de réalité de ces actes de droit dans une conjoncture donnée.
2Ceci étant, il n’en reste pas moins que, si la continuité de la politique italienne du Royaume est manifeste, on ne peut rapporter à une politique identique la reconquête du Duché de Milan en 1515, la guerre de Lombardie de 1524-1525, la campagne de Lautrec dans le Royaume de Naples en 1528 ou la conquête de la Savoie et d’une partie du Piémont en 1536, pour ne parler que des initiatives politico-militaires les plus importantes de la couronne durant une vingtaine d’années (ces trois dernières campagnes sont appelés dans les fragments d’histoire de Guillaume Du Bellay la « première, la « seconde » et la « tierce guerre Cesarienne ». La première relève d’une logique dynastique et patrimoniale traditionnelle : le jeune roi qui appartient à la famille des Orléans revendique l’héritage des Visconti3. En 1515, François Ier se considère donc comme « chez lui » dans un Duché de Milan, dont Louis XII n’avait d’ailleurs été chassé que trois ans plus tôt. La deuxième initiative évoquée plus haut est le dernier épisode d’une guerre ouverte en 1521 et s’inscrit dans le cadre d’une contre-attaque du roi faisant suite à l’échec de l’invasion de la Provence par les troupes impériales et à leur retraite vers la plaine du Pô : marcher sur Pavie, c’est alors tenter de faire sauter un verrou militaire important et de susciter une bataille rangée décisive. La nouvelle aventure napolitaine, quant à elle, constitue l’un des volets d’une campagne militaire en plusieurs épisodes dépendant d’une complexe alliance anti-impériale – la ligue de Cognac – qui avait été voulue par les principales puissances italiennes plus que par le Royaume de France et qui donna lieu à une guerre de mouvement tragique – conduisant au sac de Rome en mai 1527 et mobilisant l’ensemble de la profondeur stratégique de la péninsule italienne : dans ce cadre, Lautrec envahit très provisoirement une partie limitée du Royaume de Naples, mais son action ne relève pas vraiment d’une politique de moyenne durée (même si François Ier ne s’interdit pas de revendiquer ses droits sur les Royaumes de Naples et de Sicile, comme il l’avait déjà fait en 1525 avec l’expédition du duc d’Albany). Le dernier exemple évoqué plus haut – le cas de la Savoie et du Piémont – est d’une interprétation complexe car il traduit à la fois une projection militaire offensive (le roi veut ouvrir des « portes » et imposer le libre passage de ses troupes pour la nouvelle « descente » en Italie qu’il projette) et une prétention patrimoniale (la mère du roi, Louise de Savoie, pouvait fonder quelques exigences sur ce point et François Ier souhaite récupérer le Bugey et le pays de Bresse), mais cette conquête va se transformer dans les faits en l’illustration d’une politique de l’occasion (faute d’un autre objectif crédible, le roi se rabat en dernière instance sur celui-ci qui est plus aisé à atteindre) et d’une logique territoriale défensive (constitution d’une « marche », voire d’un bastion, pour le Royaume de France). Il n’est pas inintéressant de remarquer à cet égard que Guillaume et Martin Du Bellay dans leurs Mémoires considèrent le Piémont comme terre française au titre de la Gaule cisalpine et transalpine.
3Les différences que nous avons relevées entre ces campagnes successives sont tout sauf négligeables car elles montrent une forme d’adaptation à la fois spontanée et sophistiquée de l’action royale aux conjonctures, sans se soucier toujours d’une cohérence des déploiements potentiels de légitimité, mais en tenant le plus grand compte, en revanche, des différentes possibilités qu’offrent la diversité territoriale, la stratification des situations juridiques et les rapports de force au sein de la péninsule. Dans cette perspective, la réalité géographique et la distribution des multiples États (et régimes) qui la composent est d’une importance cruciale : François Ier a pu avoir une politique italienne constante entre autres parce qu’il a su tirer le plus grand profit de la diversité des « territoires italiens ». Du coup, pour comprendre les formes prises par la présence française en Italie durant cette trentaine d’années, il convenait, comme nous avons tenté de le faire, de ne pas focaliser toute l’attention sur une partie seulement de la péninsule ni sur une modalité unique (militaire ou institutionnelle) de cette présence. Nous avons donc pris le parti d’essayer de tout embrasser, non pour brosser un tableau complet (il manque malheureusement beaucoup de cas d’étude dans notre ouvrage, à commencer – pour ne citer que les deux manques les plus cruels – par le Duché de Ferrare ou le Marquisat, puis Duché, de Mantoue), mais pour restituer l’image de cette multiplicité des formes et des facteurs qui prévalent dans les entreprises royales au-delà des monts, au fil d’un entrelacs juridique et territorial qui n’est pas pour rien, paradoxalement, dans la difficulté que nous éprouvons à raisonner sur des frontières non encore stabilisées, mais qui tendent – de façon ni linéaire ni progressive – à devenir des limites stables (ne serait-ce que celle de la barrière alpine). Du coup aussi, s’impose une attention nécessaire au « grand jeu » militaire et diplomatique qui fait de la rivalité entre Habsbourg et Valois le cœur de l’histoire du continent pendant un demi-siècle ; un grand jeu qui trouvait des incarnations micro-historiques dans des situations péninsulaires que nous n’avons pu traiter toutes ici – pour des raisons matérielles et anecdotiques plus que par choix. Tout devient d’ailleurs encore plus mouvant et moins aisément lisible du fait de cette temporalité tour à tour précipitée ou ralentie qui est propre à la guerre ouverte et aux négociations qui l’accompagnent, surtout quand le combat a lieu sur plusieurs fronts en même temps (notamment avec la pression impériale ou anglaise sur la frontière nord), heurtant ainsi la très longue durée pluriséculaire des prétentions et revendications dynastiques.
4Un élément supplémentaire de complexité est né de la diversité des modalités de la présence française en Italie durant ces années-là. Entre 1494 et 1515, les buts de guerre de Charles VIII puis de Louis XII avaient été assez clairs, portés qu’ils étaient par une volonté de conquête territoriale revendiquée (Naples d’abord, puis Milan et encore Naples ensuite) et par une modalité d’intervention constante et échelonnée dans le temps de façon attendue et donc prévisible (rassemblement d’une armée puissante, campagne militaire assez rapide, installation de troupes d’occupation et de nouvelles institutions fondées sur des alliances avec une partie des groupes dirigeants locaux). En revanche, pour François Ier, après une première étape où il semble s’inscrire dans les pas de ses prédécesseurs, avec sa conquête du Milanais en quelques semaines4, les choses se compliquent à partir du début des années 1520 et jusqu’à la fin de son règne : confronté à la fragilité de ses armées, à la nécessité de se défendre sur plusieurs fronts et aux coûts croissants de la guerre, le roi et ses conseillers doivent se montrer inventifs et avoir recours à un répertoire d’action de plus en plus diversifié, faute de pouvoir recourir aux stratégies somme toute plus simples de deux souverains précédents5. À la logique de la conquête et de l’annexion, François Ier mêle ainsi celles du complot, des politiques matrimoniales réelles ou rêvées, de l’héritage patrimonial revendiqué, de l’influence, de l’alliance, de l’amitié politique, l’ensemble visant à mettre en place à terme une possible hégémonie sur la péninsule autant et plus qu’un contrôle direct dont il n’a plus les moyens et que personne ne souhaite. La conscience qu’il est besoin d’alliés contre les Impériaux conduit donc à diversifier la typologie de ses relations avec les puissances italiennes, grandes ou petites : toute politique française dans la péninsule requiert donc une gestion sophistiquée de la variété des territoires italiens, ce qui suppose un volet de formes différenciées pour la présence du Roi et de ses représentants au-delà des Alpes. On pourrait proposer, pour décrire cette stratégie polymorphe, d’avancer les termes de « contournement » et de « substitution » : quand il se croit assez fort (et assez en fonds…) pour faire campagne, c’est le levier militaire qui est choisi (en 1515, en 1525, en 1528, en 1535) ; quand ce n’est pas le cas, il tente la voie dynastico-patrimoniale (on pense aux négociations de mariage d’Henri et de Catherine de Médicis que le roi voudrait faire dépendre de l’obtention de fiefs en Italie pour les nouveaux mariés, ou encore aux discussions commencées à la mort du duc Sforza pour donner Milan à un cadet du roi de France, comme dot de son mariage soit avec la jeune veuve, la duchesse Christina, soit avec une fille de Ferdinand ou bien avec la fille de l’empereur) ou celle des complots suscités chez les alliés de Charles Quint (à Florence, à Sienne, à Gênes mais aussi à Ferrare) ; il n’oublie jamais d’arguer de ses droits passés sur Milan (voire sur Naples et sur la Savoie) : il serait même prêt à « échanger » certaines possessions contre la « récupération » du Duché de Milan ; il joue, si besoin est, des alliances avec les Turcs (pression sur les côtes italiennes) et les Protestants (menace des Suisses, fragilisation de la route qui relie les différents domaines impériaux, alliance de revers) mais promet à l’occasion le renouveau de la croisade et la lutte contre les schismatiques. La mort, en 1545, de Charles d’Orléans – à qui aurait dû échoir Milan par le biais d’un mariage avec une Habsbourg – rappelle la continuité, jusqu’aux dernières années du règne de son père, de cette politique polymorphe : l’événement contribue à une redistribution des cartes une nouvelle fois et fait échapper Milan aux projets royaux. Pendant ce temps, la pax hispanica s’installe durablement en Italie6 et le temps n’est plus aux grandes batailles mais plutôt aux coups de force et tentatives secrètes pour influer sur le degré de proximité des régimes en place avec l’empereur. Le théâtre de la rivalité entre Habsbourg et Valois, puis entre Habsbourg et Bourbon, se déplace dès lors vers les grandes plaines du nord de l’Europe. Les « guerres d’Italie » ne concernent plus la péninsule que de façon périphérique : dans les faits, l’invasion du Duché de Savoie débouche sur la constitution d’un bastion, que Henri II songe, dans un premier temps, à intégrer au Royaume et moins à échanger contre le Milanais (même s’il pense toujours avoir des droits à défendre sur la Lombardie) ; la Corse est occupée parce qu’une occasion est saisie (même si elle peut aussi aider à déplacer le conflit et à construire une base arrière pour une éventuelle expédition maritime vers le sud de l’Italie, puisque la voie terrestre n’est plus sérieusement praticable). Ces « guerres d’Italie » vont ainsi, non sans quelque paradoxe, se conclure en Picardie (mais cela avait commencé dès 1513) en 1557 avec la bataille de Saint-Quentin (écho catastrophique de Pavie trente ans après et l’une des pires défaites de l’histoire militaire de la couronne française – même si Philippe II n’en tire pas d’avantage décisif) : en 1559, les traités du Cateau-Cambrésis sont signés entre des adversaires ruinés et épuisés, le roi de France ne pouvant soutenir des conflits sur plusieurs fronts (Calais, Naples, Pyrénées… .). À la fin de cette première « guerre mondiale »7, selon le mot de Braudel, la péninsule, à partir de 1559, serait ainsi « précipitée dans une paix de longue, très longue durée, comme condamnée à rester hors des belligérances par une sorte de mise en prison politique »8. Pourtant l’absence de linéarité et la complexité des politiques royales dans la péninsule en général et de celle de François Ier en particulier, tendent à relativiser cette césure et à redonner tout leur poids aux contradictions et aux ambivalences d’une action dont la rationalité n’est pas toujours manifeste.
5Parler des relations entre François Ier et les territoires italiens ne signifie donc ni tenter le pari saugrenu d’une quelconque exhaustivité posée a priori (qui reviendrait à vouloir parler de chacune des composantes de la péninsule par souci d’une complétude italo-centrée) ni revenir, avec les « guerres d’Italie », à la narration d’un des chapitres idéalisés d’un roman national français aussi désuet que dangereux, mais bien plutôt s’intéresser à ce que l’exemple italien peut nous dire d’un équilibre européen et des formes de déploiement de la nouvelle politique de puissance des monarchies nationales qui ont, peu auparavant, achevé leur unification. Pour ce faire, puisque notre focalisation portait sur les actions du souverain français et sur les réactions qu’elles pouvaient susciter dans la péninsule, il nous semble possible de relever que François Ier, certes, ne s’y interdit aucune entreprise et qu’il y eut recours à un éventail considérable de justifications, de formes et de mobiles pour ces entreprises, mais qu’il serait en revanche parfaitement discutable de postuler une cohérence et une linéarité de sa politique outremonts. Quoi qu’il en soit, symétriquement, il nous est apparu aussi que, si telle ou telle faction, tel ou tel protagoniste de l’histoire politique éclatée de la péninsule pouvait s’appuyer sur la politique française, cette dernière était un facteur toujours perçu du côté « italien », comme étranger : on y avait recours pour susciter un équilibre différent entre les forces présentes dans la péninsule (dans la lignée des politiques pontificales depuis Jules II), en espérant le manipuler ponctuellement (comme avait tenté de le faire Ludovic le More avec Charles VIII) ; mais personne, en Italie, ne souhaitait son maintien dans une politique de moyenne ou longue durée. La permanence de la monarchie française comme acteur de la scène italienne impliquait en effet, mécaniquement, qu’elle y jouât un rôle dominant, ce dont aucun État italien ne voulait, qu’il fût rival, ennemi, adversaire, allié, voisin ou ami (et parfois tour à tour l’un et/ou l’autre). L’histoire du règne de François Ier et de sa politique italienne est aussi l’histoire de la prise de conscience croissante de cet état de fait du côté royal, au-delà même des péripéties de la lutte contre l’Empire des Habsbourg et des défaites militaires françaises successives. Plus qu’une intégration de l’Italie dans les possessions de la couronne, c’est la présence d’Italiens à la cour, au gouvernement et, plus généralement, dans les groupes dirigeants en France qui va marquer l’époque et la monarchie française, jetant les fondements d’une « France italienne »9, qui suscita après la Saint Barthélémy des réactions xénophobes, violentes mais somme toute limitées au regard de la parfaite et durable intégration de ces élites italiennes dans le Royaume. François Ier a pu sans doute à un moment ou à un autre caresser l’idée d’être un « prince italien », mais la chose ne pouvait être essentielle ni dans sa politique ni dans ses choix stratégiques pour au moins trois raisons : en premier lieu, la péninsule était trop restreinte pour une propagande royale de longue durée fondée sur le mythe d’un souverain franc, descendant du nord pour combattre les tyrans et libérer le monde ; en second lieu, au-delà de 1529, l’option militaire devint toujours plus difficile à envisager, après la série de revers subis ; enfin, il est malaisé de croire que cette illusion ne se soit pas dissipée au fil des ans, et encore plus qu’elle ait bénéficié de quelque soutien solide et durable dans la péninsule (y compris parce que perdura longtemps l’idée que les Français avaient potentiellement la force et l’envie nécessaires pour de nouvelles aventures italiennes)10.
Notes de bas de page
1 Voir J.-M. Le Gall, L’Honneur perdu… cité.
2 Il va de soi qu’il existe une forte conscience des limites existantes (la barrière des Alpes peut être évoquée, les frontières juridictionnelles font aussi partie des débats, etc.) mais cela ne construit pas pour autant une conscience de la stabilité des frontières d’un État.
3 Comme on le sait, cela est possible du fait du mariage, en 1387, de Valentina Visconti avec Louis d’Orléans, frère de Charles VI et grand-père de Louis XII, lui-même père de l’épouse de François, Claude de France, car la dot de Valentina avait inclus explicitement le maintien de tous ses droits sur le Duché de Milan.
4 Mais, en l’occurrence, les choses s’avèrent déjà un peu différentes quand on songe que cette conquête est beaucoup plus lente que les précédentes et que l’emblématique victoire de Marignan a dépendu de l’échec de négociations avec les Suisses qui faillirent aboutir (voir, sur ce point, D. Le Fur, Marignan. 1515, Paris, 2003).
5 Au passage, ils se montrent capables de tirer parti des enseignements de cette culture politique et diplomatique spécifique à la péninsule que les petits États italiens transmettent dans une certaine mesure aux grandes monarchies nationales (la migration d’une partie non négligeable du personnel diplomatique, militaire et politique ultramontain vers la couronne française joua à cet égard un rôle non négligeable).
6 Qu’il nous soit permis de renvoyer ici au numéro de la revue Asterion (https://asterion.revues.org/2777 ; 2016, n° 15, dossier consacré à Après la guerre, dirigé par Ch. Biet et J.-L. Fournel) et notamment à l’article de R. Descendre, J.-L. Fournel et J.-C. Zancarini intitulé Après les Guerres d’Italie : Florence, Venise, Rome (1530-1605).
7 L’expression est de Fernand Braudel et se trouve notamment dans la troisième partie, plus événementielle, de son ouvrage sur la Méditerranée. Nous serons conduits à la nuancer plus loin au nom d’une distinction qui devient de plus en plus sensible au XVIe siècle entre le monde et l’Europe. Voir F. Braudel, La Méditerranée et le monde méditerranéen à l’époque de Philippe II, Paris, 1949 (nous citons à partir de la neuvième édition, Paris, 1990), vol. II, p. 225 et suivantes (le titre donné au chapitre inaugural de la troisième partie est « 1550-1559 : reprise et fin d’une guerre mondiale »).
8 Le modèle italien, Paris, 1989, p. 52 (le texte reprend une contribution de Fernand Braudel à la Storia d’Italia, vol. 2, tomo 2°, éd. R. Romano e C. Vivanti, Turin, 1974, p. 2092-2248). À propos du traité qui, dans la narration traditionnelle, met fin aux « guerres d’Italie », Bertrand Haan parle, dans le titre d’un ouvrage récent, de « paix pour l’éternité » (cf. B. Haan, Une paix pour l’éternité, Madrid, 2010).
9 Voir J.-F. Dubost, La France italienne (XVIe-XVIIe siècles), Paris, 1997. Mais voir aussi pour une vision plus littéraire et culturelle de cette France italienne, les travaux de Jean Balsamo auteur d’une thèse sur « L’Italie française » (soutenue à l’Université Paris IV en 1988) dont il tira l’ouvrage intitulé Les rencontres des muses. Italianisme et anti-italianisme dans les lettres françaises à la fin du XVIe siècle, Genève, 2000).
10 Nous remercions Didier Le Fur pour sa relecture de notre « épilogue » et ses suggestions.
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