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Les cardinaux entre Cour et Curie

 | 
François Jankowiak
, 
Laura Pettinaroli

Les cardinaux, artisans de la diplomatie pontificale

Diplomates et cardinaux, la diplomatie au service du Saint-Siège dans le recrutement et l’organisation de la Curie : esquisse d’évaluation

Olivier Sibre

Résumé

La diplomatie pontificale se décline sous différentes formes à travers lesquelles s’entremêlent parfois les fonctions et parcours de représentations et celle de cardinal. L’article montre la place modeste, finalement, de la diplomatie pontificale dans l’accession au cardinalat, mais en même temps précise son rôle de fonction publique du Saint-Siège particulièrement bien délimitée, confirmée par son statut international. Le cardinal demeure une participation interne, polymorphe et complexe au gouvernement pontifical, exprimant tardivement la diversité des Églises locales, face à une diplomatie demeurée profondément européenne voire italienne.

Texte intégral

1Cet article a pour objet de mettre en perspective l’articulation entre cardinalat et diplomatie du Saint-Siège, ou du moins d’en proposer une esquisse, afin de mieux comprendre l’enchevêtrement de la mondialisation catholique, comme gouvernance et représentation globale du pape et de l’Église.

  • 1  Cf. par exemple, F. Jankowiak, La Curie romaine de Pie IX à Pie X, Rome, 2007 (BEFAR, 330) et O. P (...)
  • 2  Sans vouloir revenir ici sur l’ensemble de l’historiographie, les colloques sur les pontificats co (...)

2En effet, si la diplomatie du Saint-Siège fait régulièrement l’objet d’une historiographie particulière, comme celle de la Curie romaine1, même si les croisements sont aussi récurrents2, la jonction entre le Sacré Collège et le corps diplomatique du Saint-Siège passe par les problématiques de la représentation du pape, sujet de droit international, et toujours reconnu comme souverain spirituel et temporel, et celles de la mondialisation de l’Église suivant l’expansion européenne à partir du XVe siècle.

  • 3  Ph. Levillain, Un convegno sulla diplomazia pontificia : la difficile arte dell’equilibro, dans OR(...)
  • 4  Cf. O. Sibre, Le Saint-Siège et l’Extrême-Orient (Chine, Corée, Japon) de Léon XIII à Pie XII (188 (...)

3En avril 2014 à Rome, j’ai proposé un projet sur la diplomatie du Saint-Siège (Dictionnaire et Histoire de la Diplomatie du Saint-Siège, DiHDiSS)3 conçu dans une perspective systémique, prosopographique et synthétique. En effet, mon champ de recherche initial s’intéresse particulièrement aux emboîtements d’échelles, notamment au niveau de la représentation pontificale, conduisant à mieux visualiser le fonctionnement polycratique et interdicastériel de la Curie, et à comprendre l’homme et le fonctionnaire au service du Saint-Siège4.

  • 5  Cf. É. Poulat, L’Église c’est un monde : l’Ecclésiosphère, Paris, 1986.

4Les cardinaux irriguent l’ensemble de « l’ecclésiosphère »5 (Émile Poulat), y compris la diplomatie du Saint-Siège. Ils sont issus de parcours très éclairants pour comprendre l’évolution de l’institution catholique, à travers ses acteurs et ses structures, notamment entre la fin de l’Europe curiale et chrétienne, et l’entrée dans l’ère du système international sécularisé, dominé par l’État-nation : Curie, jeux d’échelle de la gouvernance romaine, insertion de l’Église au sein du système international, comprise à l’échelle globale, du point de vue politique, culturel, ou social.

  • 6  B. Barbiche, Bulla, legatus, nuntius : études de diplomatique et de diplomatie pontificales, XIIIe(...)
  • 7  Cf. C. Pieyre, Légation du cardinal Francesco Barberini en France en 1625, Paris, 2005.

5De ce point de vue, l’étude des cardinaux-légats est difficile, moins pour l’époque médiévale ou moderne6, que pour l’époque contemporaine en raison de missions ponctuelles qui n’ont plus l’ampleur diplomatique, comme celle du cardinal Barberini en 1625 à Paris7, ni la stabilité de certaines légations de l’époque moderne qui pouvaient durer. Passer par le parcours diplomatique et comprendre sa place dans l’accès au cardinalat au sein de l’Église, dans le service de la Curie, et du magistère pontifical en particulier, permet un découplage qui peut ensuite mieux éclairer la place du cardinal-légat dans la représentation mondiale du pape. Nous reviendrons donc sur quelques chiffres permettant d’évaluer la place de l’activité diplomatique dans l’élévation au cardinalat. Dans cette perspective, l’histoire longue de l’Église bimillénaire s’impose pour comprendre la situation et les enjeux contemporains. L’article s’articulera donc en trois temps, traitant d’abord de la longue genèse de la diplomatie pontificale et de l’émergence du cardinalat, puis du personnel diplomatique et du cardinalat interrogeant la naissance d’une fonction publique, avant et après la debellatio (perte des États pontificaux) ; et enfin les rapports entre diplomatie et Sacré Collège.

La longue genèse de la diplomatie pontificale, et l’émergence du cardinalat

6Pour comprendre l’articulation initiale entre diplomatie pontificale et Sacré Collège, il est utile de rappeler la genèse des fonctions. L’échelle opératoire de comparaison semble être la question du rapport au monde et à l’Église universelle.

  • 8  Sur ce point et les lignes suivantes, se référer à l’ouvrage synthétique mais bien informé de M. F (...)
  • 9  Cf. M. Feldkamp, La diplomatie… cit. et J.-M. Mayeur et alii (dir.), Histoire du christianisme, 3, (...)

7Aussi pourrait-on parler véritablement de cardinaux, au sens strict, à partir du moment où ils passent du terrain liturgique et strictement romain, à celui de conseillers du pape pour l’Église universelle, voire lorsqu’ils deviennent véritablement électeurs de l’évêque de Rome. On doit donc, pour cela, s’en tenir, d’une façon ou d’une autre, à la réforme grégorienne8. En revanche, la représentation du pape auprès d’autres évêques et du pouvoir politique peut être considérée comme antérieure, vraisemblablement liée à l’édit « dit de tolérance » de Constantin de 313. En effet, le premier envoyé papal9 siège au synode d’Arles en 314, où il représente Sylvestre Ier.

  • 10  Cf. J. Gaudemet, Légat (Antiquité), dans DHP, 2003, p. 1008.
  • 11  Le titre de « légat a latere » (de latere meo, « remplaçants ») apparaît en 860 d’abord pour les é (...)

8De façon assez générale, les premiers représentants du pape sont envoyés aux conciles dans lesquels ils siégeaient voire présidaient en lieu et place du pape dont ils exerçaient la primauté. D’où le titre de légat10 qui s’imposa. Ils étaient principalement issus du diocèse de Rome et le représentaient en conciles mais aussi dans les synodes des Églises d’Orient. On pourrait affirmer que ce clergé romain, en représentation du pape, pouvait initier la fonction de cardinal-légat11. On peut du moins d’emblée s’interroger sur le rôle de la fonction de représentation du pape dans l’affirmation et la définition progressive des contours du cardinalat.

  • 12  Cf. C. Fraisse-Coué, Grégoire et l’Orient, dans J.-M. Mayeur et alii (dir.), Histoire du christian (...)

9En même temps, cette représentation devint de facto une mission auprès de l’autorité politique : l’empereur Marcien convoquait le concile de Chalcédoine en 451 et présidait avec l’impératrice Pulcherie la dernière session. Julien de Chios, envoyé du pape, lui permettait effectivement d’exister à l’échelle conciliaire universelle et de maintenir ainsi sa place ecclésiologique, politique et géopolitique dans l’espace méditerranéen de la Basse Antiquité. La mission assimilait ce « représentant du pape » aux « apocrisiaires », envoyés de la cour impériale d’Orient, qui étaient des civils et militaires. Cette fonction avait été adoptée, en réciprocité par les patriarches d’Orient, pour se faire représenter auprès de l’empereur12.

10La grande activité conciliaire des Églises d’Orient et le poids de Constantinople conduisirent donc à rendre la représentation du pape permanente auprès du pouvoir religieux et temporel à partir d’Agapet Ier (535), et à faire porter au représentant du pape le titre et les fonctions d’apocrisiaire. Ainsi, on vit à Rome l’élection de papes diplomates dès le VIe siècle : Vigile (537-555), puis Pélage Ier (556-560), et enfin Grégoire le Grand (590-604). On peut donc avancer que cette fonction a pu faciliter l’élection au trône pontifical dès le VIe siècle, grâce à la connaissance de la cour d’Orient, seule survivance effective de la fonction impériale.

  • 13  Cf. M. Franco, Imperi paralleli. Vaticano e Stati Uniti : due secoli di alleanza e conflitto 1788- (...)

11Cependant, comme le note encore Michael Feldkamp, il n’y a pas de solution de continuité complète avec le nonce moderne, les apocrisiaires n’ayant aucun droit de juridiction. Pour autant, à l’époque contemporaine, le nonce n’est pas le seul représentant du pape, si l’on songe aux délégués apostoliques, envoyés auprès des Églises locales en principe mais négociant de facto avec le pouvoir politique. Par exemple, la délégation apostolique à Washington est érigée en 1894 mais devient nonciature seulement un siècle plus tard13.

  • 14  Cf. M. Feldkamp, La diplomatie… cit., p. 19.
  • 15  Cf. Vicario apostolico, dans Dizionario di Storia (2011), http://www.treccani.it/enciclopedia/vica (...)
  • 16  B. Dompnier, Continuité de la Réforme catholique, dans J.-M. Mayeur et alii, Histoire du christian (...)
  • 17  Cf. G. Pizzorusso, Le monde et/ou l’Europe : la congrégation de la Propaganda Fide et la politique (...)
  • 18  Il fut nommé, le 4 juillet 1702, vicaire apostolique avec les facultés de légat a latere, pour pro (...)
  • 19  O. Sibre, Le Saint-Siège et l’Extrême-Orient… cit., p. 144.

12Par ailleurs, une autre fonction de représentation apparut sous Innocent Ier (402-417) celle de « vicaires apostoliques », qui chargeait certains évêques d’assurer en lieu et place du pape sa fonction de primat et donc le contrôle de toutes les ordinations épiscopales14. La nomination de vicaires apostoliques et de légats de mission était exclusivement limitée à la partie latine de l’empire romain d’Occident, et la fonction d’envoyé direct du pape n’était que provisoire. À partir de Boniface VIII, les vicaires apostoliques étaient chargés des sièges vacants15. Au XVIIe siècle pour les territoires de missions, la Propaganda Fide16 les utilise pour administrer un territoire pas encore érigé en diocèse, mais dont le titulaire est toutefois évêque in partibus infidelium afin de court-circuiter les patronats espagnols et portugais. Comme le souligne justement Giovanni Pizzorusso17, si les nonciatures sont alors des prolongements de l’action centrale de la Propagande notamment en Europe, dans les espaces extra-européens, la Propaganda Fide cherche à établir des relations directes avec la hiérarchie missionnaire. La fonction de vicaire apostolique associée à l’ordination épiscopale permet alors de mettre en place certaines pratiques sur les sacrements ou le règlement des querelles entre ordres religieux. Lorsque cela ne suffisait pas, ou bien pour aller plus loin, le Saint-Siège envoyait un représentant extraordinaire du pape comme ce fut le cas au XVIIIe siècle en Chine, avec le visiteur apostolique et légat a latere, Maillard de Tournon18, qui revint cardinal, créé lors du consistoire du 1er août 170719. L’esprit tridentin et l’universalisme de la Propagande obtenaient, avec les vicaires apostoliques, les moyens juridiques au développement de son propre univers ecclésial qui, au lieu de laisser la place à des Églises locales, eut tendance à se pérenniser ad vitam aeternam jusqu’au début du XXe siècle.

  • 20  B. Barbiche, Les « diplomates » pontificaux du Moyen Âge tardif à la première modernité, dans A. J (...)
  • 21  Cf. notamment la thèse d’Amandine Leroux, Les collecteurs pontificaux dans le royaume de France (1 (...)
  • 22  Cf. B. Barbiche, Les « diplomates » pontificaux… cit.

13Ce ne fut qu’à l’époque médiévale, et surtout à partir du XIe siècle, que l’élaboration du système canonique de l’Église latine et l’apogée de son rôle religieux et politique sous Innocent III permirent l’établissement d’un réseau de représentants légitimes et juridiquement fondés, qui créait une Europe pontificale : légats, collecteurs et nonces20. Qu’il s’agisse de la nomination des évêques, de la fiscalité, des conflits de juridiction, le pape s’imposait un certain temps comme la suprême légitimité du pouvoir politique des souverains d’Occident. La rupture avec Constantinople renforçait l’unité canonique et politique de la papauté, et sa fiscalité européenne signifiait plus que toute autre une soumission qui fut progressivement jugée intolérable21 sur le plan théologique, mais aussi culturel, politique, économique et fiscal. Là encore, comme le souligne fort bien Bernard Barbiche, il n’y eut pas de solution de continuité directe entre les charges de représentant pontifical de quelque nature que ce soit, et l’apparition des nonciatures permanentes, l’accord se faisant sur celle de Venise en 1500 comme première nonciature stricto sensu22.

  • 23  Cf. M. Feldkamp, La diplomatie… cit., p. 25.

14Quoi qu’il en soit, le Décret de Gratien fixait trois fonctions de légats : legati a latere, legati missi (aussi appelés nuntii apostolici), et legati nati. Tous ces types de légats possédaient la juridiction déléguée pour une mission tout spéciale plus ou moins étendue, selon le cas et la personne23. Le nombre croissant au XIIe siècle de cardinaux légats exprime directement la montée en puissance de la dignité cardinalice. Autrement dit, c’est la fonction de représentation qui semblait encore légitimer davantage le cardinalat.

Personnel diplomatique et cardinalat : la naissance d’une fonction publique, en transition avant et après la debellatio

15Le rappel de cette genèse permet de montrer, ce qui n’est pas une évidence historiographique, que la fonction de représentant pontifical est antérieure à celle du cardinalat. Si le cardinalat est un héritage de la gestion du diocèse de Rome, la représentation de son évêque a signifié son existence et sa reconnaissance universelle durant les premiers siècles, dès que la loi romaine le permit, soit dès 313. Par ailleurs, le représentant de l’évêque de Rome incarnait très tôt non seulement une fonction de représentation ecclésiale et religieuse, mais aussi politique en pratique, notamment auprès de l’empereur romain d’Orient. De même, la montée en puissance du cardinalat à l’époque médiévale semble se renforcer avec les missions de légation.

  • 24  G. Barberini, Le Saint-Siège, sujet souverain de droit international, Paris, 2003.
  • 25  Cf. notamment, J.-M. Ticchi, Aux frontières de la paix, bons offices, médiations, arbitrages du Sa (...)
  • 26  D. Gaurier, Histoire du droit international : de l’Antiquité à la création de l’ONU, Rennes, 2014, (...)
  • 27  Cf. Sacrae congregationis de propanganda fide memoria rerum, 350 anni a servizio delle missioni, 1 (...)
  • 28  Cf. les initiatives chinoises et japonaises de 1917 à 1923 pour établir des relations diplomatique (...)

16Cette clarification semble importante car elle montre – et l’époque contemporaine l’illustre absolument – que la légitimité historique et juridique du pape, et du Saint-Siège par le pape, est très fortement liée à son droit de légation active24. C’est ce droit que Léon XIII défend, dans un contexte difficile de perte des États25 et de naissance d’un droit international séculier dont les chaires se multiplient à partir des années 1870 en Europe26. C’est un droit et un attribut de sa souveraineté qu’il défend en augmentant le nombre d’envoyés pontificaux permanents, y compris dans les espaces colonisés27. Cette représentation du pape est même très active durant la Première Guerre mondiale, et l’activité de la Secrétairerie d’État fait l’admiration des États qui recherchent en 1919 des relations permanentes avec le Saint-Siège, plaque tournante de l’information multilatérale, dans le cadre du nouveau système de « sécurité collective »28.

  • 29  Cf. notamment I. Cardinale, Le Saint-Siège et la diplomatie : aperçu historique, juridique et prat (...)

17Autrement dit, les traités multilatéraux fixant le système diplomatique mondial, tels ceux de Vienne de 1815 et de 1961, mais aussi la pratique, confirment avec ou sans États pontificaux, avec ou sans accords avec le royaume d’Italie, le statut de sujet de droit international du Saint-Père, donc du Saint-Siège via la souveraineté confiée au successeur de Pierre, et révélé par l’exercice de sa représentation diplomatique29.

18Ce qui signifie, en d’autres termes, que la perte d’une « fonction publique des États pontificaux » après 1870 est moins discriminante pour la survie de l’indépendance de la gouvernance mondiale de l’Église que le maintien de son réseau de représentation. Aussi, ce simple rappel souligne à lui seul que la représentation pontificale ad extra, au-delà des provinces des États pontificaux, constitue un élément crucial du maintien de l’appareil ecclésial et des rapports de souverainetés non pas seulement avec les Églises locales, en Europe et dans le monde, mais aussi et surtout à l’égard des sujets de droit international triomphants depuis la fin du XIXe siècle, à savoir les États-nations.

19Le cardinalat n’est reconnu par aucun traité de droit international, si ce n’est peut-être par le biais de la citoyenneté vaticane qui lui est associée depuis les accords du Latran en 1929. Si tout cardinal peut représenter le pape, cette mission est temporaire, même si parfois très longue encore à l’époque moderne. Par ailleurs, la fonction de secrétaire d’État, qui se met en place progressivement au XVIIe siècle, après celle de cardinal-neveu – sans solution de continuité complète – demeure assez générale, jusqu’à la constitution d’une section ou congrégation chargée exclusivement de la « politique étrangère » du Saint-Siège, encore qualifiée d’antichambre de cette politique étrangère. C’est la congrégation des Affaires ecclésiastiques extraordinaires créée officiellement à l’époque du Congrès de Vienne.

  • 30  ENA : École Nationale d’Administration. Grande école française créée en 1945 par le gouvernement p (...)
  • 31  Par exemple, C. Pigozzi, Le Vatican indiscret, Paris, 2012.

20Il est donc intéressant de noter que l’on identifie facilement aujourd’hui le secrétaire de la congrégation des Affaires ecclésiastiques à un « ministre des Affaires étrangères » du pape, et le secrétaire d’État à son « premier ministre ». Cette fonction est devenue cruciale pour le pontificat actuel dont la diplomatie très active veut prendre des initiatives, et pour cela s’attache des hommes issus justement d’une structure dévouée à la formation des diplomates pontificaux depuis le milieu du XIXe siècle, l’Académie pontificale ecclésiastique, « l’ENA30 du Saint-Siège », désignée abusivement ainsi par certains journalistes31.

  • 32  Archives de l’Académie pontificale ecclésiastique.
  • 33  Cf. DBC.
  • 34  Cf. A. G. Filipazzi, Rappresentanze e Rappresentanti pontifici, dalla seconda metà del XX secolo, (...)
  • 35  Cf. Ph. Chenaux, Pie XII, Diplomate et pasteur, Paris, 2003, p. 38-47. Pacelli peut être comptabil (...)
  • 36  C. Prudhomme, L’Académie pontificale ecclésiastique et le service du Saint-Siège, dans MEFRIM, 116 (...)
  • 37  Pontificia Accademia Ecclesiastica, Terzo centenario (1701-2001), Rome, 2003.
  • 38  « La Pira représente les catholiques italiens à la Semaine sociale de Pau sur les problèmes de la (...)

21La question paraît donc simple à ce stade : avec une institution, l’Académie des nobles ecclésiastiques – réformée vers 1850 par Pie IX convoquant une commission cardinalice sur ce dossier32 – les diplomates pontificaux constituent-ils à l’époque contemporaine la seule « haute fonction publique » du Saint-Siège ? Si oui, le Sacré Collège a-t-il un rôle effectif dans la gestion des affaires globales de l’Église du point de vue international ? Autrement dit, le cardinalat, en dehors des réunions du Sacré Collège, a-t-il une fonction propre en dehors de l’élection pontificale ? La véritable fonction du cardinal n’est-elle pas définie par sa fonction initiale : préfet de congrégation, archevêque d’une grande capitale, théologien de renommée internationale ? Rien ne forme au cardinalat, et si l’on s’en tient aux diplômes, seules certaines fonctions semblent contribuer à y accéder33. À l’époque contemporaine, certaines nonciatures européennes auprès de puissances catholiques y conduisent ou y conduisaient directement : Paris, Madrid, Vienne, ou encore Rome plus récemment après les accords du Latran34. Autrement dit, si le cardinalat est un aboutissement, le sommet d’une carrière ecclésiastique, même si idéalement il s’agit de l’élection au pontificat, l’accès à la diplomatie pontificale repose non seulement sur la cooptation des élus mais aussi sur des talents de négociateur, ainsi que sur une formation en droit canonique qu’il s’agisse de l’Académie ou de toute autre institution comme l’université du Latran dont était issu Eugenio Pacelli35. L’Académie pontificale ecclésiastique n’est pas une structure exclusive pour devenir représentant du pape comme l’a bien montré Claude Prudhomme36. Cela ne l’était pas du tout au XVIIIe siècle37. Même dans les années 1950, l’universitaire laïc Giorgio La Pira endosse les habits de négociateur officieux38.

  • 39  L. Pettinaroli, La politique russe du Saint-Siège (1905-1939), Rome, 2015 (BEFAR, 367).

22S’il n’y a pas de « bureaux » permanents spécifiques du Sacré Collège, il y a la Secrétairerie d’État et la congrégation des Affaires ecclésiastiques extraordinaires pour la « politique étrangère », et la diplomatie. Le secrétaire d’État devient nécessairement cardinal, s’il ne l’est déjà : Consalvi, Antonelli, Simeoni, Rampolla, Merry del Val, Gasparri, Pacelli etc. Bien entendu, cela ne gomme pas les rapports interdicastériels, la correspondance multidicastérielle de certaines nonciatures, ou délégations apostoliques, l’existence de commissions ad hoc pour gérer des relations officieuses, comme la commission pro Russia dans les années 1920-193039 ou la commission inter-dicastérielle pour les affaires de Chine depuis 2008.

23Dès lors il est possible d’esquisser une évaluation de l’internationalisation du Sacré Collège, par rapport à celle du corps diplomatique du Saint-Siège, pas seulement du point de vue de la nationalité des intéressés mais en fonction aussi de la géographie mondiale des postes créés aux XIXe et XXe siècles, ou encore en fonction de la nationalité des élèves de l’Académie pontificale ecclésiastique. Il est utile également de vérifier rapidement la place du parcours de représentation dans l’accès au cardinalat, au moins pour le XIXe siècle.

Diplomatie et Sacré Collège : l’enjeu de l’internationalisation pour assumer la mondialisation

  • 40  La création d’un Secrétariat pour l’économie a « réduit » l’espace de la secrétairerie d’État aux (...)

24L’internationalisation du Sacré Collège est une donnée importante pour mieux comprendre la mondialisation de l’Église catholique puisque, par définition, elle ouvre la porte à l’élection d’un pontife non italien, voire non européen. Le pape François, élu en 2013, a d’ailleurs engagé des réformes curiales qui mettent l’accent sur la mission diplomatique de la Secrétairerie d’État40, s’appuyant sur d’anciens élèves de l’Académie pontificale ecclésiastique, qu’il s’agisse du cardinal Parolin ou du successeur de Mgr Mamberti, Mgr Paul Richard Gallagher.

  • 41  Pour ces données chronologiques, voir notamment Sacrae congregationis de propanganda fide memoria (...)
  • 42  Ibid.

25Les représentants pontificaux précèdent la nomination d’un premier cardinal local du moins pour les espaces « extra-occidentaux »41. L’Australasie (délégation apostolique comprenant l’Australie, la Nouvelle-Zélande, l’Océanie et l’Indonésie) connaît son premier délégué apostolique en 1914. Le père Norman Thomas Gilroy travaille à la délégation apostolique, et devient le premier cardinal australien au consistoire du 18 février 1946, dans la même promotion que Mgr Tien Ken-Sin, premier cardinal chinois nommé in petto. Or, le premier délégué apostolique chinois était arrivé à Pékin à l’automne 1922. Le premier visiteur apostolique en Corée arrive en 1947, et nommé délégué apostolique en 1949. Mgr Kim Su-hwan est créé cardinal en 1969. Pour le Japon, c’est Mgr Doi, premier archevêque japonais de Tokyo en 1936, créé cardinal en 1960, après être notamment passé au service de la délégation apostolique de Tokyo érigée en 1919. Pour l’Inde, c’est Valerian Gracias, créé cardinal en 1953. Or, la délégation apostolique est érigée pour les Indes britanniques en 188142.

  • 43  Pontificia Accademia Ecclesiastica, Terzo centenario (1701-2001), Roma, 2003.

26Par conséquent, même si les titulaires des représentations pontificales sont assumées encore pour ce premier XXe siècle par des Européens, et pour 90 % d’entre eux environ par des Italiens, la diplomatie pontificale précède l’arrivée de l’Église locale au sein du Sacré Collège43. En revanche, le premier cardinal américain est créé en 1875, et la délégation apostolique érigée en 1893. Le premier cardinal africain est créé en 1960. Il est tanzanien. Or, la délégation apostolique à Mombasa pour l’Afrique orientale a été érigée en 1934. Sans entrer dans les détails, les chronologies sont beaucoup plus proches de l’érection de la représentation pontificale pour les États d’Amérique du Sud. Il faudrait donc distinguer le processus de nomination d’un cardinal pour une Église nouvelle et de son inclusion à la gouvernance globale de l’Église, ce qui a contribué à l’internationalisation progressive du Sacré Collège depuis 1946 précisément, de la nomination des représentants pontificaux qui relève d’une logique de projection de l’administration centrale, majoritairement italienne, pour des papes jusqu’il y a peu exclusivement italiens, et dont l’une des missions est de s’insérer dans le corps diplomatique standard. On notera également que le Saint-Siège semble beaucoup plus prudent dans les espaces relevant de cultures non-européennes pour la nomination des cardinaux que dans les espaces de culture européenne à majorité catholique.

  • 44  Ibid., p. 278-290.

27Les élèves de l’Académie pontificale ecclésiastique, avant 1960, ont une origine peu diversifiée : italiens très essentiellement, et plus seulement romains, avec quelques Français, Suisses, Polonais, Espagnols, voire Anglais et Américains, un Australien dans les années 195044. Le tournant est l’année 1960, tournant non modifié et renforcé sous Paul VI avec des diplomates non-Européens plus nombreux, et non-occidentaux : Kenya, Afrique noire, Inde, Japon, Corée, Chine, Vietnam, Amérique du Sud (Colombie, Brésil notamment), États-Unis etc. De ce point de vue, le pontificat de Jean XXIII semble marquer là aussi un tournant, qui n’attend pas le Concile proprement dit.

28En 1960, sur une promotion de dix étudiants, on compte seulement trois Italiens, et deux non-Européens. En 1970 sur une promotion de douze, un seul non-Européen, un Américain. La tendance est donc d’introduire les candidats extra-européens, ou plutôt extra-occidentaux à dose homéopathique, et de façon irrégulière. Mais ces chiffres ne concernent que les étudiants de l’Académie.

29De ce point de vue, il apparaît que le Collège cardinalice anticipe cette internationalisation davantage que le personnel diplomatique du Saint-Siège. Il est intéressant de noter à cet égard l’importance du consistoire de 1946 avec la création du premier cardinal chinois et de nombreux cardinaux des Amériques, et de celui de 1953 en raison également du nombre de cardinaux non-Européens créés.

30On peut donc justement s’interroger sur le fonctionnement d’un appareil qui délègue des « nationaux », autrement dit des Italiens, mais dont la dimension ecclésiale et globale impose plus rapidement la nomination de cardinaux extra-européens pour faire émerger les Églises locales. C’est un peu comme si l’appareil diplomatique devait conserver une empreinte culturelle européenne forte, et italienne en particulier car il est au service direct d’une papauté qui n’est plus italienne depuis Jean-Paul II, ni même européenne depuis deux ans avec le pape François. Il semblerait donc que l’appareil stricto sensu et sa fonction publique tendent à maintenir une culture locale, italienne et européenne, malgré la mondialisation de l’Église. Bien sûr, il faudrait comparer cette évolution à d’autres institutions formant à la diplomatie pontificale, c’est-à-dire d’autres formations universitaires et parcours, et surtout avec le personnel des bureaux de la Curie.

  • 45  A. Dupuy, La diplomatie du Saint-Siège après le Second Concile du Vatican : le pontificat de Paul (...)

31En effet, si l’on se penche sur le ratio global du personnel diplomatique (non réductible au nombre de représentations) du Saint-Siège entre Italiens et non-Italiens, on constate45, pour un nombre absolu très stable de diplomates (toute fonction confondue) en 1964 environ 92 Italiens et 27 d’origine non italienne ; en 1979 environ 70 Italiens, environ 50 non-Italiens. L’évolution de ce ratio est constante du début à la fin du pontificat de Paul VI, avec augmentation régulière des non-Italiens et une baisse du nombre d’Italiens. Pour ce qui concerne le rapport Européens (Italiens exclus) /non-Européens, en 1964 on compte environ 20 Européens non-Italiens, et environ 7 non-Européens. On passe en 1979 à environ 30 Européens, et 20 non-Européens. La part des non-Européens dans l’échantillon des non-italiens est donc passée de 1/4 à 2/5e. Autrement dit, si la part d’Italiens baisse nettement dans le ratio global à la fin du pontificat de Paul VI, cela se fait en même temps avec une augmentation des non-Européens et non des Européens non-Italiens.

32En revanche, au conclave qui élit Jean-Paul Ier, on compte 55 cardinaux non-Européens sur 111, ce qui représente la moitié du total. On est loin des évolutions du personnel diplomatique pontifical.

33De ce point de vue, à l’issue du pontificat de Paul VI, l’expression mondiale de l’Église passe bien davantage par le Sacré Collège que par le personnel diplomatique qui représente le pape, même si une évolution est en cours et régulière. Bien sûr les cardinaux, comme toujours, ont des missions extraordinaires de légats, qu’il faudrait étudier en détail mais dont l’importance semble plus faible qu’à l’époque médiévale et moderne. En revanche, si le personnel diplomatique s’internationalise peu, l’expansion du réseau diplomatique explose même si le nombre d’« agents » évolue peu, traduisant une économie de personnel, ou le recrutement d’administratifs sur place, non clercs, et non comptabilisés. Pour exemple, on passe de 61 représentations pontificales au début du pontificat de Paul VI à 109 à la fin du même pontificat. On constate que le Saint-Siège suit complètement le mouvement des indépendances et des recompositions géopolitiques en particulier en Afrique.

Tableau 24 – Les représentations pontificales : au début et à la fin du pontificat de Paul VI.

Tableau 24 – Les représentations pontificales : au début et à la fin du pontificat de Paul VI.

34N’ayant pu développer ici la question délicate et complexe des légations de cardinaux à l’époque contemporaine, il est néanmoins possible d’esquisser, outre la question de l’internationalisation du corps diplomatique et du Sacré Collègue, une évaluation transversale de la place du parcours diplomatique dans l’accès au cardinalat.

  • 46  Pour tous ces éléments, cf. DBC, p. 23-73
  • 47  Ibid.

35D’après le Dictionnaire biographique de cardinaux du XIXe siècle46, pour le pontificat de Pie VII on compte 99 cardinaux créés, 25 % sont Européens non-italiens. Les deux tiers des Italiens se rattachent plus ou moins à la Curie, dont 12 se répartissent entre Curie et légations (États pontificaux), Curie/nonciature comme De Gregorio, légations (Casoni, Zondadari, Gravina, Morozzo), légations/nonciatures (Turriozzi). Seul Caleppi passa toute sa carrière dans le service diplomatique. Mais au total, on note sept anciens nonces. Parmi les cardinaux de Léon XII, on relève 5 nonces sur 25 cardinaux créés. Grégoire XVI crée 75 cardinaux dont 8 nonces. Il faut également prendre en compte les fonctions de la diplomatie au sein de la Curie. Ainsi le cardinal Frezza fit des Affaires ecclésiastiques extraordinaires un des principaux organes de planification de la Curie47.

  • 48  Cf. http://www2.fiu.edu/∼mirandas/bios1882-ii.htm

36Sur un total de 123 cardinaux créés par Pie IX, 36 sont passés par une nonciature. Léon XIII crée 147 cardinaux. Vingt-et-un prélats appartiennent à la diplomatie (ils sont tous Italiens), en qualité de nonces, internonces, délégués apostoliques. On compte un seul nonce non italien, le Polonais Włodzimierz Czacki qui a été introduit très tôt en Curie, et avec une seule expérience de nonciature, en France de 1879 à 1882, obtenant la barrette cardinalice pour le biais de cette nonciature de premier rang en 188248.

37Cette esquisse nous permet d’avancer qu’au XIXe siècle le passage par la représentation diplomatique reste assez relatif pour accéder au cardinalat, et parfois même un poste en nonciature de premier rang (Madrid, Paris, Vienne notamment) apparaît comme un prétexte du cursus honorum pour justifier, dans des délais parfois courts (quelques années), l’accès au cardinalat. Par ailleurs, il faudrait également préciser que cette activité diplomatique, si elle se spécialise et s’individualise avec la création de la Congrégation des Affaires ecclésiastiques extraordinaires, demeure toujours polymorphe, et concerne plusieurs dicastères, ce que montre très bien l’activité des délégations apostoliques ou même celle des nonciatures.

Conclusion

38S’il apparaît utile de croiser l’étude des cardinaux et du cardinalat avec le parcours et la place des diplomates pontificaux, il ne peut concerner qu’une minorité, certes non négligeable, de l’échantillon des cardinaux et des diplomates concernés.

39L’étude de la diplomatie pontificale apporte un éclairage différent, et met en avant le rôle particulier d’un personnel dont une partie est directement formée pour servir l’administration du Saint-Siège, héritière s’il en est, de l’administration pontificale des États avant 1870.

  • 49  Cf. les articles cités de C. Prudhomme, note 36.

40S’il est beaucoup plus aléatoire et difficile, notamment à l’époque contemporaine, de se voir garantir un accès au cardinalat sauf pour quelques sièges cardinalices et certaines responsabilités curiales, en revanche le parcours conduisant à la carrière diplomatique, quoique divers, comme le soulignait Claude Prudhomme49, est tout à fait repérable. Il exprime surtout un élément très important d’une réalité ecclésiale et internationale particulière à toutes les échelles de présence au monde de l’Église catholique.

41On aurait donc tout intérêt à mutualiser une approche cardinalice et diplomatique non seulement du fonctionnement de la Curie mais de l’Église en général, aux différents seuils de gestion et de connexion des réseaux, et des structures de traitement de l’information et d’action. Bien sûr une telle perspective nécessite la prise en compte de réalités locales diverses, sur tous les plans, culturel, politique, social, mais aussi la poursuite de travaux « intra-curiaux ».

Notes

1  Cf. par exemple, F. Jankowiak, La Curie romaine de Pie IX à Pie X, Rome, 2007 (BEFAR, 330) et O. Poncet, La nonciature de France (1819-1904) et ses archives, Cité du Vatican, 2006 (CAV, 59).

2  Sans vouloir revenir ici sur l’ensemble de l’historiographie, les colloques sur les pontificats contemporains montrent bien la transversalité des approches pour comprendre le Saint-Siège.

3  Ph. Levillain, Un convegno sulla diplomazia pontificia : la difficile arte dell’equilibro, dans OR, 7-8 aprile 2014, p. 4.

4  Cf. O. Sibre, Le Saint-Siège et l’Extrême-Orient (Chine, Corée, Japon) de Léon XIII à Pie XII (1880-1952), Rome, 2012 (CEFR, 459). L’analyse court en filigrane tout au long de l’ouvrage, et se révèle à travers la proposition du concept de « polycratie vaticane ».

5  Cf. É. Poulat, L’Église c’est un monde : l’Ecclésiosphère, Paris, 1986.

6  B. Barbiche, Bulla, legatus, nuntius : études de diplomatique et de diplomatie pontificales, XIIIe-XVIIe siècles, Paris, 2007.

7  Cf. C. Pieyre, Légation du cardinal Francesco Barberini en France en 1625, Paris, 2005.

8  Sur ce point et les lignes suivantes, se référer à l’ouvrage synthétique mais bien informé de M. F. Feldkamp, La diplomatie pontificale de Sylvestre Ier à Jean-Paul II, Paris, 2000.

9  Cf. M. Feldkamp, La diplomatie… cit. et J.-M. Mayeur et alii (dir.), Histoire du christianisme, 3, Les Églises d’Orient et d’Occident (432-610), Paris, 1998.

10  Cf. J. Gaudemet, Légat (Antiquité), dans DHP, 2003, p. 1008.

11  Le titre de « légat a latere » (de latere meo, « remplaçants ») apparaît en 860 d’abord pour les évêques ensuite pour les cardinaux détachés auprès des autorités politiques les plus importantes et chargés d’amples fonctions de représentation de la papauté. Le titre est officialisé par la réforme de Grégoire VII. Cf. M. Feldkamp, La diplomatie… cit., p. 120.

12  Cf. C. Fraisse-Coué, Grégoire et l’Orient, dans J.-M. Mayeur et alii (dir.), Histoire du christianisme, 3… cit., p. 887-888.

13  Cf. M. Franco, Imperi paralleli. Vaticano e Stati Uniti : due secoli di alleanza e conflitto 1788-2005, Milan, 2005.

14  Cf. M. Feldkamp, La diplomatie… cit., p. 19.

15  Cf. Vicario apostolico, dans Dizionario di Storia (2011), http://www.treccani.it/enciclopedia/vicario-apostolico_ (Dizionario_di_Storia)/

16  B. Dompnier, Continuité de la Réforme catholique, dans J.-M. Mayeur et alii, Histoire du christianisme, 9, L’Âge de raison, Paris, 1999, p. 230.

17  Cf. G. Pizzorusso, Le monde et/ou l’Europe : la congrégation de la Propaganda Fide et la politique missionnaire du Saint-Siège (XVIIe siècle), dans Bulletin de l’Institut d’histoire de la Réformation, Genève, 2014, XXXVI, https://www.unige.ch/ihr/files/1814/2347/5375/Article_PropagandaFide_Pizzorusso.pdf.

18  Il fut nommé, le 4 juillet 1702, vicaire apostolique avec les facultés de légat a latere, pour promouvoir la foi en Chine, dans les royaumes des Indes orientales et régler la querelle entre congrégations autour du dossier de la pratique des « rites chinois », et de la stratégie jésuite fort critiquée par leurs adversaires franciscains et/ou dominicains. Il arriva à Macao le 2 avril 1705 et gagne Pékin le 4 décembre 1705. Reçu par l’empereur Kang-hi, il s’oppose à la conception jésuite d’une compatibilité entre religion catholique et préservation des croyances et rites locaux. Il est banni par l’empereur à Macao où il est incarcéré par les Portugais, mais où il a le temps de rédiger le rapport à Rome suggérant l’interdiction des « rites chinois ». Le pape le nomme alors cardinal. Cf. Charles-Thomas Maillard de Tournon, Mémoires pour Rome sur l’état de la religion chrétienne dans la Chine avec le Décret de Notre S.P. le pape Clément XI, sur l’affaire des cultes chinois, et le mandement de M. le Cardinal de Tournon, sur le même sujet de 1709. Voir également D. E. Mugello, The Chinese rites controversy : its history and meaning, Nettetal, 1994, C. von Collani, Thomas and Tournon : Mission and money, in the History of the relations between the Low Countries and China in the Qing era (1644-1911), Leuven, 2003, p. 115-136.

19  O. Sibre, Le Saint-Siège et l’Extrême-Orient… cit., p. 144.

20  B. Barbiche, Les « diplomates » pontificaux du Moyen Âge tardif à la première modernité, dans A. Jamme et O. Poncet (dir.), Offices et papauté (xive-xviie siècle), charges, hommes, destins, Rome, 2005 (CEFR, 334).

21  Cf. notamment la thèse d’Amandine Leroux, Les collecteurs pontificaux dans le royaume de France (1316-1521), étude d’un milieu, San Marino, Université de San Marino, octobre 2008.

22  Cf. B. Barbiche, Les « diplomates » pontificaux… cit.

23  Cf. M. Feldkamp, La diplomatie… cit., p. 25.

24  G. Barberini, Le Saint-Siège, sujet souverain de droit international, Paris, 2003.

25  Cf. notamment, J.-M. Ticchi, Aux frontières de la paix, bons offices, médiations, arbitrages du Saint-Siège (1878-1922), Rome, 2002 (CEFR, 294).

26  D. Gaurier, Histoire du droit international : de l’Antiquité à la création de l’ONU, Rennes, 2014, nouv. éd. remaniée.

27  Cf. Sacrae congregationis de propanganda fide memoria rerum, 350 anni a servizio delle missioni, 1622-1972, Vol. III/2, 1815-1972, Rome-Fribourg-Vienne, 1976, et C. Prudhomme, La stratégie missionnaire du Saint-Siège sous Léon XIII (1878-1903), Rome, 1994 (CEFR, 186).

28  Cf. les initiatives chinoises et japonaises de 1917 à 1923 pour établir des relations diplomatiques avec le Saint-Siège et ouvrir leur représentation à Rome auprès du pape, dans O. Sibre, Le Saint-Siège et l’Extrême-Orient… cit. et A. Miranda, Santa Sede e Società delle Nazioni, Benedetto XV, Pio XI e il nuovo internazionalismo cattolico, Rome, 2013.

29  Cf. notamment I. Cardinale, Le Saint-Siège et la diplomatie : aperçu historique, juridique et pratique de la diplomatie pontificale, Paris-Tournai-Rome-New York, 1962.

30  ENA : École Nationale d’Administration. Grande école française créée en 1945 par le gouvernement provisoire de la République française, et chargée de former les hauts fonctionnaires dont les carrières évoluent en fait entre la haute fonction publique et le secteur privé.

31  Par exemple, C. Pigozzi, Le Vatican indiscret, Paris, 2012.

32  Archives de l’Académie pontificale ecclésiastique.

33  Cf. DBC.

34  Cf. A. G. Filipazzi, Rappresentanze e Rappresentanti pontifici, dalla seconda metà del XX secolo, Rome, 2006.

35  Cf. Ph. Chenaux, Pie XII, Diplomate et pasteur, Paris, 2003, p. 38-47. Pacelli peut être comptabilisé parmi les anciens étudiants du Latran, en précisant qu’à son époque il était inscrit à l’Apollinaire (1895-1902), ou « facultés du Séminaire romain », sis au palais Saint-Apollinaire (Ernesto Buonaiuti), à proximité de la maison paternelle et juste derrière la piazza Navona. L’Apollinaire fut définitivement installé par Pie XI au Latran.

36  C. Prudhomme, L’Académie pontificale ecclésiastique et le service du Saint-Siège, dans MEFRIM, 116-1, 2004, p. 61-89. Voir également Id., Les hommes de la secrétairerie d’État : carrières, réseaux, culture, dans MEFRIM, 110-2, 1998, p. 475-493

37  Pontificia Accademia Ecclesiastica, Terzo centenario (1701-2001), Rome, 2003.

38  « La Pira représente les catholiques italiens à la Semaine sociale de Pau sur les problèmes de la guerre et de la paix ainsi qu’au congrès de Pax Christi en août, à Altenberg. Il devient ainsi une sorte d’ambassadeur itinérant mais officieux au service de la paix. » (M. Launay, L’Église et les défis européens, Paris, 1999, p. 47).

39  L. Pettinaroli, La politique russe du Saint-Siège (1905-1939), Rome, 2015 (BEFAR, 367).

40  La création d’un Secrétariat pour l’économie a « réduit » l’espace de la secrétairerie d’État aux affaires « politiques » et « internationales », et a quelque peu déclassé, ipso facto, le secrétaire d’État. Cf. notamment Diario Vaticano / La segreteria di Stato ha perso il controllo sull’economia, Cité du vatican, 5 marzo 2014, http://chiesa.espresso.repubblica.it/articolo/1350732?refresh_ce.

41  Pour ces données chronologiques, voir notamment Sacrae congregationis de propanganda fide memoria rerum, 350 anni a servizio delle missioni, 1622, 1972, vol. III/2, 1815-1972, Rome, 1976.

42  Ibid.

43  Pontificia Accademia Ecclesiastica, Terzo centenario (1701-2001), Roma, 2003.

44  Ibid., p. 278-290.

45  A. Dupuy, La diplomatie du Saint-Siège après le Second Concile du Vatican : le pontificat de Paul VI, 1963-1978, Paris, 1980, p. 284-305.

46  Pour tous ces éléments, cf. DBC, p. 23-73

47  Ibid.

48  Cf. http://www2.fiu.edu/∼mirandas/bios1882-ii.htm

49  Cf. les articles cités de C. Prudhomme, note 36.

Table des illustrations

Titre Tableau 24 – Les représentations pontificales : au début et à la fin du pontificat de Paul VI.
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Auteur

Agrégé et docteur en histoire, actuellement secrétaire scientifique au labex EHNE (Écrire une Histoire Nouvelle de l’Europe, Paris-Sorbonne). Il travaille sur l’activité globale de l’Église, notamment à travers la représentation pontificale, en particulier en Asie orientale. Il a publié Le Saint-Siège et l’Extrême-Orient (Chine, Corée, Japon) de Léon XIII à Pie XII, 1880-1952 (CEFR, 2012).

© Publications de l’École française de Rome, 2017

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